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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 9:52

Un article de Lutte ouvrière qui résume bien la situation :
Le cancer qui avait empêché la prise de fonction d'Hugo Chavez à la présidence de l'État vénézuélien, après sa quatrième victoire à l'élection présidentielle en octobre dernier, l'a finalement terrassé le 5 mars. Dans trente jours devrait avoir lieu une nouvelle élection où Nicolas Maduro, le dauphin que Chavez avait lui-même désigné, et qui assure l'intérim, devrait porter les couleurs du mouvement chaviste.

Chavez était apparu en 1992 dans la vie politique du Venezuela avec une tentative malheureuse de coup d'État. Celle-ci se voulait une réponse aux fusillades que la social-démocratie au gouvernement avait déclenchées, en 1989, contre les classes populaires alors qu'elles protestaient contre des hausses de prix insupportables. Après sa tentative, Chavez avait été incarcéré.

Au Venezuela, la vie politique reposait depuis des dizaines d'années sur un pacte d'alternance entre deux partis, la droite et la social-démocratie. Dans les années quatre-vingt-dix, l'usure du système politique ouvrit une voie au mouvement de Chavez. Sorti de prison, il lança un « mouvement bolivarien » pour participer aux élections. L'évocation de la figure de Simon Bolivar faisait appel au sentiment national des classes populaires et cherchait à rallier tous ceux qui aspiraient à un changement. Le discrédit des partis traditionnels fit le reste et, en 1999, Chavez fut élu à l'élection présidentielle à la tête d'un mouvement politique qui cherchait encore ses repères.

Il commença par réviser la constitution puis mit en place des missions sociales, offrant des solutions d'urgence pour la nourriture, le logement, l'éducation ou la santé, notamment avec l'aide de médecins venus de Cuba. Ces missions allaient lui attirer, jusqu'à sa mort, la sympathie de la population la plus déshéritée. Car en Amérique latine, les inégalités sont criantes et tous ceux qui à un moment ou un autre ont un peu tenu compte des besoins des classes populaires en ont reçu ensuite le soutien. La social-démocratie du Venezuela l'avait elle-même pratiquée dans les années soixante-dix.

Cette politique sociale était possible grâce à la rente pétrolière d'un pays sur ce plan aussi riche que l'Arabie Saoudite. Mais elle n'était pas du goût des classes possédantes, des banquiers, des patrons de presse, de la haute hiérarchie militaire et de toute la bureaucratie qui prospéraient sur la rente pétrolière en en écartant les classes populaires. En 2002, ce monde de nantis, encouragé par les États-Unis, se mobilisa pour renverser Chavez en pensant que la tâche serait facile. Mais il eut la surprise de découvrir que le petit peuple mais aussi une partie de l'armée, se mobilisait pour défendre Chavez, et le coup d'État échoua lamentablement.

L'opposition a continué de dénoncer Chavez comme un pur dictateur en passant sur le fait qu'il a organisé pendant quatorze ans élection sur élection, et même un référendum qui aurait pu le chasser du pouvoir s'il l'avait perdu.

Son pouvoir stabilisé, Chavez s'est affiché comme le partisan d'un « socialisme du 21e siècle » et a accolé l'étiquette « socialiste » au nom de son parti. Mais, en pratique, si l'État a pris le contrôle de l'industrie du pétrole, il n'y a eu nulle expropriation des classes possédantes. Chavez a plutôt cherché, et trouvé, un compromis avec elles, y compris avec certains de ceux qui avaient tenté de le renverser en 2002, comme le patron de presse Cisneros.

Sur le plan international, la rente pétrolière lui a permis également d'entretenir de bonnes relations non seulement avec Cuba et la Bolivie d'Evo Morales mais également avec l'Argentine ou le Brésil. S'il a aussi cultivé des relations avec des dictatures comme l'Iran ou la Libye de Kadhafi, il s'agissait d'abord de remplir ses carnets de commandes. D'ailleurs, malgré toutes les déclarations anti-impérialistes et anti-américaines de son leader, le Venezuela est resté le principal fournisseur de pétrole des États-Unis comme dans le passé.

Et si Chavez a maintenu les missions sociales qui ont fait reculer la pauvreté et lui ont valu sa popularité, il a aussi laissé se développer une corruption dont ont profité certains dirigeants chavistes, au point qu'on parle d'une « boli-bourgeoisie ».

Après la mort de Chavez, sa popularité assurera sans doute encore le succès de son parti à la prochaine présidentielle. Mais les rivalités entre les différents clans du parti bolivarien pourraient se réveiller, tandis que l'opposition de droite, qui rêve de revanche, cherchera elle aussi à tirer profit de la disparition de celui qui a été sa bête noire pendant quatorze ans.

Il reste une question pour la population vénézuélienne : si la politique sociale du leader « bolivarien » a amélioré un peu la situation d'au moins une partie d'entre elle, son sort devra-t-il toujours dépendre de la venue ou non d'un sauveur, ou bien les travailleurs, les pauvres de ce pays pourront-ils se donner les moyens d'imposer eux-mêmes leurs exigences à la bourgeoisie et à l'impérialisme ?

Jacques FONTENOY

verié2

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Message  stef Jeu 7 Mar - 10:43

Où est la différence de fond entre cet article et le communiqué NPA ?

stef

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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 10:53

stef a écrit:Où est la différence de fond entre cet article et le communiqué NPA ?
C'est tout de même surprenant que tu ne vois pas les différences ! Shocked
D'une part le ton du communiqué du NPA est beaucoup plus élogieux, d'autre part il évoque des "divergences" avec Chavez - or nous ne pouvons avoir de divergences qu'avec des gens qui se situent sur le même terrain de classe. Le communiqué du NPA est très équivoque en parlant "d'approfondir la révolution bolivarienne"...
Enfin l'article de LO souligne clairement les compromis de Chavez avec la bourgeoisie et le développement d'une nouvelle fraction de bourgeois et bureaucrates privilégiés, la boli-bourgeoisie etc.


Dernière édition par verié2 le Jeu 7 Mar - 11:06, édité 1 fois

verié2

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Message  Ephraïm Jeu 7 Mar - 11:00

Gayraud de Mazars a écrit:Salut camarades,

Il y a des morts qui ne meurent jamais !

Hugo Chavez, un phare s'est éteint

Les chroniques vénézuéliennes, par Jean Ortiz. Hugo Chavez est mort ce mardi à l'âge de 58 ans des suites de complications respiratoires. Chroniqueur de l'actualité vénézuélienne pour l'Humanité.fr, l'universitaire Jean Ortiz revient sur la vie du président de la république bolivarienne du Venezuela.

http://www.humanite.fr/monde/hugo-chavez-un-phare-sest-eteint-516827

GdM



Une de mes chansons préférées affirme:

Il n'est pas de sauveurs suprêmes, ni dieu, ni césar, ni tribun.


Les Ghandi, Castro, Chavez, Staline, Mao, Guevara, De Gaulle, et consor, ou leurs petits frères Hollande, Mélanchon, Mittérand, sont des plaies sanglantes pour les travailleurs. Seule l'auto-organisation des travailleurs peu permettre une voix pour sortir l'humanité du marasme dans laquelle elle s'entraine elle-même par la bourgeoisie et ses bonapartistes ou fascistes aux pouvoirs des Etats bourgeois.

Citer l'humanité, ce journal ex-stalinien, qui a participé à la fin de la grève et aux négociation abjectes de Grennelle, ouvert au capital d'un grand groupe capitaliste, depuis maintenant plus de 10 ans, montre bien la ligne politique de ceux qui cherchent des héros au détriment d'une classe ouvrière qui seule représente l'avenir de l'humanité.

Ephraïm

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Message  FirstQuarterStorm Jeu 7 Mar - 11:06

stef a écrit:Quelques citations de Trotsky à propos du régime mexicain de la fin des années 30, qui ressemblait fort au chavisme et que le communiqué me semble rerendre largement.
Sans succomber aux illusions et sans crainte de la calomnie, les ouvriers avancés soutiendront totalement le peuple mexicain dans sa lutte contre les impérialistes. L'expropriation du pétrole, ce n'est ni du socialisme, ni du communisme. Mais c'est une mesure hautement progressiste d'auto‑défense nationale. Marx, bien sûr, ne considérait pas Abraham Lincoln comme un communiste; mais cela ne l'empêchait pas de nourrir la plus profonde sympathie pour la lutte que Lincoln dirigeait. La I° Internationale envoya au président de la guerre civile un message de salut et Lincoln, dans sa réponse, apprécia hautement ce soutien moral.
Le prolétariat international n'a aucune raison d'identifier son programme avec le programme du gouvernement mexicain. Les révolutionnaires n'ont nul besoin de changer de couleur, de s'adapter et de jouer les flatteurs à la manière de l'école du G.P.U. de ces courtisans qui, au moment du danger vont vendre et trahir le camp le plus faible. Sans abandonner sa propre identité, chaque organisation ouvrière honnête dans le monde entier, et avant tout la Grande‑Bretagne, a le devoir de prendre une position intransigeante face aux brigands impérialistes, leur diplomatie, leur presse et leurs mercenaires fascistes. La cause du Mexique, comme la cause de l'Espagne, comme la cause de la Chine, est la cause de la classe ouvrière internationale.

La différence avec les anti-libéraux se situe essentiellement sur 2 plans
1/ Nous n'avons pas à glorifier une politique chaviste restant dans les limites de la propriété privée.
2/ La question d'un mvt ouvrier indépendant (donc le refus du PSUV, etc.) reste décisive.
Que serait la vie si chaque matin ne réservait potentiellement sa surprise... Aujourd'hui 07/03/2013, Trotsky remonte dans mon estime.

FirstQuarterStorm

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Message  stef Jeu 7 Mar - 11:19

verié2 a écrit:D'une part le ton du communiqué du NPA est beaucoup plus élogieux, d'autre part nous ne pouvons avoir de divergences qu'avec des gens qui se situent sur le même terrain de classe.
Marx à Lincoln a écrit:Les ouvriers d'Europe sont persuadés que si la guerre d'Indépendance américaine a inauguré l'époque nouvelle de l'essor des classes bourgeoises, la guerre antie-sclavagiste américaine a inauguré l'époque nouvelle de l'essor des classes ouvrières. Elles considèrent comme l'annonce de l'ère nouvelle que le sort ait désigné Abraham Lincoln, l'énergique et courageux fils de la classe travailleuse, pour conduire son pays dans la lutte sans égale pour l'affranchissement d'une race enchaînée et pour la reconstruction d'un monde social.

Je t'accorde qu'écrire "approfondissement de la lutte contre les classes possédantes" est exagéré, mais je te rappelle l'expropriation du pétrole et les concessions aux masses qui en ont résulté, quand même....


stef

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Message  Ephraïm Jeu 7 Mar - 11:26

Roseau a écrit:Le culte de boutique aveugle. Vals ne sait plus lire... Laughing
Un para entier critique, y compris bien sûr concernant la
"lutte contre les classes dominantes du Venezuela"


ça le culte de boutique, vraie gangrenne pour tous les militants et pour la révolution comuniste n'est pas ce que LO fait le moins mal.
Je dirais même que c'est ce qui guide sa politique depuis sa fondation, depuis même Voix Ouvrière. Vérié a assez critiqué cela (pas toujours clairement d'ailleurs) tout cela depuis des années.


Et en effet, la lutte contre les classes dominantes ne fait pas une politique pour la classe ouvrière, encore moins quand celle-ci n'est pas même citée. C'est le cas de l'article du NPA. Cet article n'a d'autre intérêt que de se mettre derrière les nationalistes prétendument anti-impérialiste, ce qui n'est même pas le cas de Chavez. Chavez fait partie de ces pays non-alignés du temps de la guerre froide, qui ont les moyens d'une politique vaguement indépendante de l'impérialisme du fait de faire partie de l'OPEP et de controler une partie de la rente prétrolière mondiale. Dans cette répartition mondiale des richesses, les dirigeants de l'IRAN ou du VENEZUELA et autres pays de l'OPEP, organisés ensemble depuis des dizaines d'années peuvent donc mettre quelque peu le poing sur la table et commettre leurs horreurs contre les femmes, les pauvres, les classes opprimées et en même temps faire face aux imprérialistes qui leur achète le pétrole.

La sortie du nucléaire (qui m'est chère et qu'il est nécessaire d'articuler avec la révolution prolétaire et communiste), sans sortie du capitalisme renforcerait ces marchands. Chavez n'était qu'un type à la tête d'une boutique de vente du pétrole. RIen d'autre. Qui le pleure, pleure donc un capitaliste comme il y en a tant. Et un oppresseur, comme DSK, comme Obama, comme Mao, comme Staline, comme Guévara. Mittérand c'est un peu différent: il a mené 3 fois une politique fasciste pour les intérêts de la bourgeoisie (sous Pétain, guerre d'ALgérie, Génocide au Rwanda).

Concernant l'article du NPA, nous sommes donc dans ce cadre de pleurer un capitaliste nationaliste.

Concernant la phrase citée, "lutte contre les classes dominantes du Venezuela", une première question: qui lutte contre les classes dominantes? toutes les autres classes qui ne sont pas dominantes. ça ne fait pas de ces classes des communistes. La lutte de classe est quotidienne, c'est le moteur de l'histoire. le simple fait de se lever pour aller travailler fait partie de la lutte contre les classes dominante pour la survie quotidienne et pour ne pas mourir trop vite de leur système.

Autre qeustion: qui peut unifier ces luttes des paysans, artisans, boutiquiers, et autres professions cassées par le grand capital et les banques? la classe ouvrière. Et ça jamais NPA, POI ou LO ne le disent, ni ne le font. On l'a vu en septembre octobre 2010.

l'article de LO ne permet pas plus de clarté que celui du NPA, puisqu'il mélange les pauvres et la classe ouvrière, alors que JAMAIS dans le manifeste communiste Marx ne parle de PAUVRE. Il parle de PROLETAIRES ce qui est très différent.

Mais depuis plusieurs années, les éditos de LO n'utilisent plus ce vocabulaire scientifique. Seuls quelques articles, lus par les militants (et presque uniquement par eux), se rappellent que les travailleurs existent.

En ce sens, hormis se plaindre que Chavez n'était pas contre les classes possédentes (et quoi de plus normal, s'il l'avait été conséquemment, il aurait développé un programme communiste) en plus de l'article du NPA, l'article de Fontenoy n'a pas grand chose de plus SUR LE FOND, comme dit précédemment. Le fond est le même. La forme, c'est toujours de pleurnicher que les autres ne sont pas communistes.

Jamais lutte ouvrière ne pourra armer les travailleurs pour un programme communiste révolutionnaire offensif avec de telles larmes. LO n'est pas fière d'être communiste, comment les travailleurs qu'elle souhaite -prétendument- guider vers la voix de la révolution pourraient-ils être fiers de devenir communistes?

QUant à ceux qui suivent un nationaliste plutôt que chercher une alternative internationaliste, ils ne cherchent pas à défendre une politique de classe non plus.
Bref le fond des deux articles est sensiblement le même: le désarmement idéologique de la classe ouvrière et surtout de ses militants qui se veulent sincèrement révolutionnaires et qui ne peuvent grace à ces articles, y voir goutte dans ce qu'était réellement Chavez.


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Ephraïm

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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 11:31



je te rappelle l'expropriation du pétrole et les concessions aux masses qui en ont résulté, quand même....
Peron, s'il ne se revendiquait pas du "socialisme", même "bolivarien", a mené une politique très proche de celle de Chavez. La prospérité de l'Argentine lui a permis d'améliorer un peu le sort d'une partie du peuple. Lui aussi s'adressait "directement" aux gens, dialoguait avec des individus, réglait des situations particulières, offrait divers biens de consommation à ses interlocuteurs dans la tradition paternaliste.
Marx à Lincoln
Marx est en effet très élogieux (trop ?) vis à vis de Lincoln. Mais en aucun cas il ne le présente comme révolutionnaire ou représentant des classes populaires. Surtout, Marx a écrit cela à une époque où le développement du capitalisme avait encore un caractère progressiste et était incontournable. Il le souligne d'ailleurs très clairement : ce développement du capitalisme a permis le développement des classes ouvrières.


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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 11:39


Article de Lutte ouvrière
si la politique sociale du leader « bolivarien » a amélioré un peu la situation d'au moins une partie d'entre elle, son sort devra-t-il toujours dépendre de la venue ou non d'un sauveur, ou bien les travailleurs, les pauvres de ce pays pourront-ils se donner les moyens d'imposer eux-mêmes leurs exigences à la bourgeoisie et à l'impérialisme ?
L'article de LO est tout de même clair sur les forces sociales qui sont capables de changer vraiment la situation : les travailleurs et les pauvres. Alors Ephraim peut reprocher à LO de ne pas employer un "vocabulaire marxiste scientifique", à savoir en l'occurrence du genre :"la classe ouvrière en s'appuyant sur les masses populaire urbaines et paysannes". Mais, franchement, ça veut strictement dire la même chose.

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Message  Ephraïm Jeu 7 Mar - 12:42

Roseau a écrit:
Ephraïm a écrit:les taudis des colines de Caracas face aux tour des banques européennes, françaises et américaines.
Ca fait un moment qu'il n'est pas allé au Vénézuéla... Laughing
car justement, c'est une des raisons de l'appui massif des classes populaires:
j'ai bien connu ces taudis, ils ont beaucoup reculé!
Ca ne fait pas une révolution, ça ne fait pas le pouvoir des travailleurs,
les MR, au Vénézuéla et ici ne cessent de le dire...
mais cela... Laughing démasque les sectaires et affabulateurs.
Restons sérieux un moment.

Merci pour vos insultes. Elles sont particulièrement éclairantes. Vous méprisez les ignorants, les mal-informés en les insultants. Ce comportement fait partie d'une posture sociale. Les ignorants prolétaires, vous les battez dans votre classe comme le faisait l'Ecole de la 3e république? l'ambiance néfaste de la torture de l'enfance dans les écoles républicaines depuis 1882 et pendant près d'un siècle, vous la regrettez au point d'avoir besoin d'insulter quelqu'un qui n'a pas vos informations? quel beau comportement de la générosité communiste vous proposez et vous donnez là. Ainsi, ces insultes ne vous honorent pas. Elles dénotent au contraire une attitude de classe qui n'est pas la mienne.

Ainsi, ces insultes montrent surtout nous avons deux projets politiques différents; c'est un fait, et pourtant c'est un droit que vous ne semblez pas m'accroder. C'est donc bien que vous ne souhaitez pas discutez avec le sérieux que vous revendiquez et que vous proposez.

Selon vous, est-il important d'exprimer et de laisser s'exprimer les desaccrods pour bâtir une société utile à toute l'humanité, et une société riche de la diversité humaine?

QUoi qu'il en soit, le fait que vous insultiez montre juste que vous cherchez à dévaloriser sans arguments quelqu'un qui a un autre projet politique que vous.

Je dois aussi vous remercier pour ces renseignements sur le recul des taudis et bidonvilles.
Cependant, reculer n'est pas supprimer. Comment ont-ils reculé? par la mobilisation du prolétariat ou par l'interention de l'Etat? le prolétariat s'est-il emparé des tours des banques impérialistes de Caracas? a-t-il pu profiter des villas des riches rentiers du pétrole et des grandes propriétés terriennes pour faire aller ses enfants ou ses vieux parents en vacances ou retraite confortable?

En tant que léniniste, mon programme est la destruction de l'état bourgeois. Cela au profit d'une organisation du prolétariat pour faire foncitonner la société.

Sont-ce les comités de quartiers auto-organisés qui ont permis de faire reculer ces taudis? ou bien la main-mise de l'état pour bien encadrer le prolétariat et éviter qu'il prenne suffisemment confiance en lui pour avoir envie de prendre les reine de la société vénézuelienne?

AUrez-vous l'obligeance ce discuter avec ce sérieux que vous pronez ces questions? ou allez vous encore vous servir de ces quesitons pour esquiver et éviter de dire comment vous y répondez grâce à votre programme social et politique particulièrement utile à toute l'humanité?


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Message  FirstQuarterStorm Jeu 7 Mar - 12:44

Finalement, ce que dit Trotsky au sujet du Mexique est assez proche de ce que j'écris dans l'article que j'ai pondu en hâte hier - et retoqué ce matin : http://servirlepeuple.over-blog.com/article-mort-d-hugo-chavez-au-venezuela-115947040.html
En effet, sur le fond (pas tout à fait sur la forme) le chavisme était assez comparable au cardenisme mexicain des années 30, ou à l'Unité populaire d'Allende au Chili (1970-73), ou à un certain 'péronisme de gauche' (Campora, Jeunesses péronistes, Montoneros) des années 70... En revanche,
Peron, s'il ne se revendiquait pas du "socialisme", même "bolivarien", a mené une politique très proche de celle de Chavez. La prospérité de l'Argentine lui a permis d'améliorer un peu le sort d'une partie du peuple. Lui aussi s'adressait "directement" aux gens, dialoguait avec des individus, réglait des situations particulières, offrait divers biens de consommation à ses interlocuteurs dans la tradition paternaliste.
il était TRÈS différent du VRAI péronisme, le péronisme de Perón, le péronisme de droite.
Le rapport de force entre la bourgeoisie aux commandes du mouvement et les forces populaires organisées qu'elle était obligée de chevaucher n'était pas du tout le même. D'où 'peut-être' (peut-être ironique, hein) le fait que Perón ne se présentait pas du tout comme 'socialiste' ni 'marxisant', mais au contraire (explicitement) comme 'meilleur rempart' des possédants argentins, et anticommuniste primaire, secondaire et tertiaire. Il s'appuyait sur les masses ouvrières les plus arriérées, celles qui s'étaient formées dans l'industrialisation des années 30 mais n'avaient pas encore une réelle conscience ouvrière, tandis que le PSA, le PCA et certains trotskystes ou anarcho-syndicalistes amenaient les prolétaires plus avancés... du côté de l'ambassade US en 'défense de la démocratie'. Perón ne représentait d'ailleurs pas une 'créature politique atypique', il se rattachait totalement à un courant historique de la droite argentine, la tradition 'rosiste' (Rosas, 19e siècle), c'est à dire la bourgeoisie platense (région de Buenos Aires) plus nationaliste, contre l'oligarchie de l'intérieur plus compradore assumée. Perón venait à un moment où la crise générale du capitalisme (grands krach de 1873 et 1929, guerres mondiales) avait paradoxalement servi l'Argentine, et l'avait mise 'au bord' de l'impérialisme, au bord d'être un petit pays impérialiste comme l'Italie ou l'Espagne aujourd'hui. Le péronisme avait vocation à assumer ce 'saut' vers le statut petit-impérialiste, comme Mussolini en Italie. Ceci comportait effectivement (comme au Venezuela avec Chavez) une affirmation du caractère national de la production contre l'appropriation impérialiste du produit, si bien que si le PSA, le PCA et la plupart des trotskystes ont été farouchement hostiles, il s'est trouvé des 'dissidences' pour soutenir Perón (Borlenghi -socialiste, Puiggros -communiste, des trotskystes pensant que cela développerait l'industrie donc la classe ouvrière donc servirait objectivement leur cause). Mais Perón était un homme d'ordre, un homme de droite avec une certaine 'doctrine sociale' catholique (encyclique Rerum Novarum), et n'a jamais prétendu le contraire, en 1955 il est parti en exil... en Espagne franquiste, pas au Mexique qui accueillait plutôt les exilés de gauche du continent.
On ne peut pas tracer un trait d'égalité avec Chavez, qui avait une pensée beaucoup plus complexe et a été 'choisi' (si l'on peut dire les choses ainsi) parce qu'il correspondait à un rapport de force très différent (le pays était devenu objectivement ingouvernable par les deux grands partis traditionnels, ce n'était pas le cas de l'Argentine en 1945).

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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 13:11

Tu écris toi-même dans l'article dont tu fournis le lien :

FirstQuarterStorm
le ‘bolivarisme’ de Chávez et consorts était un nationalisme bourgeois social-réformiste, teinté de populisme et de dénonciation de l’hégémonie historique nord-américaine sur le continent, chose assez typique (historiquement, au cours des 60 ou 70 dernières années) de l’Amérique latine ; et découlant de la conjonction, du ‘frottement’ contradictoire de deux phénomènes :
Et
le chavisme était assez comparable au cardenisme mexicain des années 30, ou à l'Unité populaire d'Allende au Chili (1970-73), ou à un certain 'péronisme de gauche' (Campora, Jeunesses péronistes, Montoneros) des années 70...

Mais tu nuances à la fin de ton post :
On ne peut pas tracer un trait d'égalité (entre Peron et) Chavez, qui avait une pensée beaucoup plus complexe et a été 'choisi' (si l'on peut dire les choses ainsi) parce qu'il correspondait à un rapport de force très différent
Chacun de ces phénomènes présente évidemment des spécificités, en raison des structures des pays considérés comme de leur histoire, de la conjoncture, mais ils sont fondamentalement de même nature sociale, comme tu le constates toi-même. Personne ne trace de trait d'égalité en prétendant que ce serait exactement la même chose.

Tu cites par exemple Allende, qui avait la particularité de s'appuyer sur un mouvement ouvrier (PC-PS-syndicats) très organisé, qui le contestait en partie et risquait de le dépasser, ce qui n'est pas du tout le cas de Chavez. Quant à Péron, il a tout de même réussi à se créer une base sociale dans la classe ouvrière, alors que Moralés a pour base sociale essentielle une partie de la paysannerie dont les cocaleros.

Mais le point commun essentiel reste le caractère "nationaliste bourgeois populiste" et la forte personnalité charismatique de ces caudillos, derrière des discours idéologiques qui peuvent varier. La "complexité" que tu prêtes à la pensée de Chavez n'a vraiment qu'un rôle mineur dans cette affaire...

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Message  Roseau Jeu 7 Mar - 13:39

Un dossier très riche rassemblé par le NPA34,
y compris le doc video sur le coup d'Etat de 2002,
vaincu par le degré d'organisation à la base dans les quartiers populaires
http://npaherault.blogspot.fr/2013/03/venezuela-hugo-chavez-est-mort.html#more

J'y ajoute déclaration hier de Marea Socialista (en espagnol)
http://www.aporrea.org/actualidad/n224502.html
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Message  FirstQuarterStorm Jeu 7 Mar - 14:40

Tu cites par exemple Allende, qui avait la particularité de s'appuyer sur un mouvement ouvrier (PC-PS-syndicats) très organisé
Oui, l'expérience UP était clairement 'un cran au-dessus' de l'expérience 'bolivarienne', ça ne fait pas de doute... on ne parle pas de la même époque. La fin des années 60, début des années 70, 'le fond de l'air est rouge' (copyright Chris Marker) au niveau mondial et en Amérique du Sud c'est indiscutablement le moment où la conscience, l'organisation, la radicalité et l'antagonisme ouvriers et populaires est à son apogée. Depuis (même s'il y en avait déjà quelques unes à l'époque) il y a eu les grandes dictatures et le 'néolibéralisme' (terme qui ne veut rien dire d'un point de vue marxiste, mais désigne là-bas un ordre semi-colonial particulièrement féroce) qui leur a succédé. Il est évident que ce que 'chevauchait' Chavez était bien moins puissant, c'est sans doute pourquoi une bonne partie de l'oligarchie (et des monopoles occidentaux, y compris US) n'a pas jugé utile le coup d’État de 2002, ce qui (ajouté à la mobilisation populaire) a conduit à son échec... Mais Perón, lui, 'chevauchait' clairement la classe ouvrière 'fraîche' (à peine prolétarisée, sans conscience ouvrière et tradition de lutte) et l'a enfermée dans ses syndicats fantoches ; tandis que les browderiens du PC amenaient les plus avancés dans le marécage... de l'alignement sur l'ambassade US (ce qu'on fait les hoxhistes vénézuéliens en 2002, mais il n'est pas dit qu'ils soient autre chose qu'un cercle d'intellectuels, ça fait donc moins de dégâts...).
En fait le chavisme était au-dessus du péronisme mais au-dessous de l'allendisme, en terme de rapport de force nationalisme bourgeois/mouvement social. Concernant Allende, pour mémoire, il est intéressant de rappeler qu'il s'appuyait plus sur le PC, ultra-modéré, que sur son propre parti le PS qui s'était radicalisé (Carlos Altamirano), se proclamait 'marxiste-léniniste' et prônait, avec le MIR et tous les ML, maos, guévaristes et cubanistes divers et variés, l'armement des ouvriers et des paysans (bon, ensuite, Altamirano est revenu à des positions soc'dem' tout à fait classiques)... CQFD. Je ne sais pas ce que pensaient les trotskystes chiliens, généralement en Amérique du Sud il y a une multitude de courants (morénistes, lambertistes, SU etc.) et en général, leurs relations sont exécrables.

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Message  CCR Jeu 7 Mar - 14:55

A la suite de la disparition d’Hugo Chávez

Comité de rédaction

Source: http://www.ccr4.org/A-la-suite-de-la-disparition-d-Hugo-Chavez

Dès l’annonce officielle de la mort du président Hugo Chávez ce sont des centaines de milliers de Vénézuéliennes et de Vénézuéliens qui sont descendus dans les rues des principales villes du pays pour dire à la fois leur douleur, leur tristesse et leur inquiétude. Au même moment, c’était la fête dans les quartiers chics de Caracas, là où l’on peut trouver les principaux soutiens de l’opposition la plus réactionnaires et pro-impérialiste, là où l’on a soutenu toutes les menées déstabilisatrices contre le gouvernement bolivarien, à commencer par le coup d’Etat d’avril 2002.


Pour les masses vénézuéliennes qui sont descendues dans la rue et ont commencé aujourd’hui à défiler devant son cercueil, Chávez incarnait ce gouvernement qui leur avait permis de réduire, du moins en partie, la pauvreté. Dans un pays riche en hydrocarbures sur lequel s’était nourri les pires dictateurs au service des « majors », et qui avait par la suite alimenté le régime corrompu COPEI-AN, le chavisme a profité des cours élevés du brut afin de redistribuer, au bénéfice des classes populaire, une partie de cette rente pétrolière. L’amélioration relative des conditions de vie et de travail (logement, emploi, éducation, santé, etc.) pour des millions de Vénézuéliens sous le chavisme sont sans doute les plus grandes avancées que des millions d’exploités du pays ont obtenues depuis les années 1970. Et ça, c’était déjà énorme pour eux. C’est ce que symbolise Chavez pour des millions de personnes. C’est cela qu’ils pleurent aujourd’hui.

Et pourtant, le « socialisme du XXI siècle » ou « socialisme bolivarien », promis par Chávez en 2005, n’a de socialiste que le nom. Le chavisme a su garantir, tout au long de ces années, les principaux ressorts du système capitaliste vénézuélien, la propriété privée des moyens de production, y compris des multinationales, tout en offrant, à travers l’ensemble des rouages de « l’Etat bolivarien », ses syndicats et le PSUV, une soupape de sécurité et un instrument de canalisation du mouvement ouvrier et populaire.

Hugo Chavez a en effet représenté une des clefs d’un processus politique de conciliation de classe et de reconstruction de l’Etat bourgeois vénézuélien et d’un de ses piliers fondamentaux, les forces armées. Son le rôle a été de contenir la révolte et le profond mécontentement des masses exploitées et opprimées et de dévier la lutte des classes populaires afin de construire un nouveau paradigme de gouvernabilité : avec une fraction de l’armée, dont Chávez était issu, et surtout avec la « bolibourgeoisie », la « bourgeoisie bolivarienne », « nationale », favorable à un changement du régime de « Punto Fijo » tout en préservant le régime bourgeois. Le chavisme est, en ce sens, l’expression institutionnalisée de la colère qui avait éclaté lors de la grande révolte du « Caracazo », noyée dans le sang en 1989, mais aussi l’instrument de sa contention, de façon à garantir le capitalisme vénézuélien contre toute explosion incontrôlée des masses ouvrières, paysannes et populaires, et contre tout-processus d’auto-organisation pouvant aboutir à une remise en cause du caractère semi-colonial et corrompu d’un système économique, politique et social alimenté par la rente pétrolière.

Pour renforcer son assise politique et sociale et répondre à cette colère, le chavisme a dû recourir à une démagogie soi-disant « anti-impérialiste », bien rôdée, en prenant notamment quelques mesures nationalistes comme la nationalisation (avec rachat) de certaines entreprises étrangères ou vénézueliennes (dans le secteur des hydrocarbures ou de la métallurgie, dans le cas de Sidor par exemple) mais aussi en faisant quelques concessions aux masses. Le chômage, la pauvreté et l’analphabétisme ont ainsi reculé partiellement au Venezuela, mais c’est surtout l’effet de la redistribution de la rente pétrolière par l’Etat bolivarien. Ce n’est pas pour autant que les travailleurs au Venezuela sont aujourd’hui moins exploités et opprimés. De ce point de vue, Chávez est l’expression relativement timorée –quoiqu’à certains moments le plus à gauche par rapport à d’autres gouvernements latino-américains- , au XXI siècle, de ce qu’ont pu représenter, à d’autres époques, des expériences nationalistes bourgeoises ou de « bonapartisme sui generis » en Amérique latine. Si on compare le régime bolivarien à ces autres expériences d’ailleurs, Chávez a su s’appuyer davantage sur les pauvres et les forces armées plus que sur le mouvement ouvrier organisé, comme avaient pu le faire un Cárdenas au Mexique ou un Perón en Argentine dans les années 1930 et 1940.

Il n’en reste pas moins que tapie dans l’ombre ou se manifestant ouvertement comme lors des dernières élections, la bourgeoisie réactionnaire et ses tuteurs impérialistes sont prêts à reprendre tout ce qui a été concédé aux classes populaires depuis 1998. Dans ce cadre, le chavisme, à travers ses courroies de transmission politiques et syndicales, ne sont aucunement une garantie contre ce retour en arrière. D’où l’inquiétude palpable chez les masses dans les manifestations de mardi soir, à la suite de l’annonce du décès de Chávez.

A l’encontre de ceux qui, sur sa gauche, on pu vouloir poursuivre les mobilisations contre l’ordre bourgeois et l’impérialisme, contre les multinationales et la grande propriété foncière, le régime n’a jamais fait cesser la répression. C’est sous Chávez que des dirigeants syndicaux et de mouvements sociaux ont été assassinés par les « sicarios » à la solde des multinationales, et ces crimes sont toujours restés impunis. Le dernier en date a eu lieu moins de quarante-huit heures avant la disparition de Chávez. Dimanche 3 mars le représentant du peuple originaire Yukpa,Sabino Romero, a été assassiné par des hommes de main à la solde de latifundistes.

Sur le versant extérieur, Chávez a pu s’opposer à la politique militaire agressive de l’impérialisme nord-américain, notamment en matière d’interventions militaires directes, comme en Irak en 2003, en Haïti en 2004 ou au cours des différentes offensives sionistes contre les palestiniens ou le Liban. Cependant, « l’intégration latino-américaine » promise par Chávez n’a jamais été un instrument pour mener une lutte conséquente contre l’impérialisme étasunien et les impérialistes européens et leurs multinationales. Et surtout, alors que nous rentrons dans la troisième année des « printemps arabes », Chávez a été un des principaux soutiens des pires dictatures de la région, comme en témoigne sa solidarité sans faille avec Khadafi ou Al-Assad.

Mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre à première vue, l’impérialisme aussi manifeste aujourd’hui son inquiétude. Les analystes les plus lucides savent en effet que, Chávez disparu, aucun de ses « dauphins » plus ou moins désignés et qui se déchirent déjà pour prendre le contrôle des principaux leviers de pouvoir ne serait à même d’être aussi efficace, en termes de consensus et de canalisation de la colère sociale, que ne l’a été Chávez.

La douleur manifestée par la grande majorité des travailleurs, de la jeunesse et des masses du Venezuela est aussi le reflet de la grande souffrance que le peuple vénézuélien endure depuis des décennies et que le chavisme a certes fait reculer sans jamais remettre en cause les bases même de ce système. C’est ce dont témoigne le fait que la répartition de la richesse au niveau national entre capital et travail n’a pas été foncièrement modifiée ou qu’aucun développement économique et industriel sérieux n’a vu le jour depuis la fin des années 1990, Chávez maintenant le caractère fondamentalement rentier de l’économie vénézuélienne qui la caractérise depuis les premières décennies du XX siècle. L’expérience chaviste montre à nouveau combien la bourgeoisie nationale et toutes ses variantes ou expressions est incapable de rompre avec les mécanismes-mêmes qui génèrent cette souffrance : la domination impérialiste et, par conséquent, le caractère semi-colonial de l’Etat capitaliste vénézuélien.

En tant qu’internationalistes, le meilleur hommage que nous pouvons rendre aux masses vénézuéliennes, dans ce moment de deuil, c’est de défendre le drapeau du socialisme, la nécessité d’une révolution ouvrière, la seule qui puisse permettre d’en finir avec les problèmes structurels auxquels ont à faire face les masses vénézuéliennes. C’est en ce sens que le Courant Communiste Révolutionnaire appuie le combat des marxistes révolutionnaires vénézuéliens qui œuvrent à une alternative au chavisme et au PSUV, de classe et socialiste.

06/03/2013.

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Message  FirstQuarterStorm Jeu 7 Mar - 15:12

Position que je partage dans les grandes lignes ; il est en effet intéressant de souligner que Chavez s'appuyait plus sur la 'plèbe informelle' (les bidonvilles) que sur la classe ouvrière organisée proprement dite, même s'il s'y appuyait aussi, ainsi que sur la paysannerie pauvre et le prolétariat rural... Par contre il aurait fallu préciser que Perón s'appuyait sur la classe ouvrière certes, mais la classe ouvrière en soi, pas 'pour soi', pas les ouvriers conscients de leurs intérêts de classe justement, mais au contraire ceux qu'il pouvait facilement acheter en mode clientéliste avec sa CGT fantoche.

Dans les deux cas il faut souligner que la question agraire n'a pas du tout été prise à bras le corps, tout juste peut-être effleurée, en se cachant derrière le fait que ces pays sont fédéraux, qu'il faut d'abord que la 'révolution' contrôle les assemblées et les gouvernements provinciaux et municipaux, etc. Or c'est bien sûr une question centrale, sans laquelle on ne peut pas parler de début de commencement de révolution en Amérique latine.

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Message  Gaston Lefranc Jeu 7 Mar - 15:12

Après comme avant la mort de Chavez
Défense du Venezuela contre l’impérialisme !
Pour l’indépendance de classe du mouvement ouvrier !
Pour une alternative réellement socialiste au nationalisme bourgeois « bolivarien » !
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-473.pdf

Gaston Lefranc

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Message  Ephraïm Jeu 7 Mar - 15:23

En tant qu’internationalistes, le meilleur hommage que nous pouvons rendre aux [prolétaires et travailleurs], dans ce moment de deuil, c’est de défendre le drapeau du socialisme, la nécessité d’une révolution ouvrière, la seule qui puisse permettre d’en finir avec les problèmes structurels auxquels ont à faire face les masses vénézuéliennes.
Merci

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Message  FirstQuarterStorm Jeu 7 Mar - 16:07

L'article du CCR a un mérite indiscutable à mes yeux, c'est de reconnaître le chavisme comme phénomène social de masse... Et de le faire dès son premier paragraphe. Parce qu'à mon humble avis qui n'est que le mien, si l'on ne part pas de là, on ne va nulle part...
Jusqu'à présent ce que j'ai pu lire, que ce soit en bon françoys ou en castillan, c'est :
- soit l'avant-garde (plus ou moins autoproclamée) évolue complètement 'hors réel' : le bolivarisme c'est de la grosse merde, oui oui merci mon ami on a compris, mais au Venezuela les 2/3 au moins des classes populaires laborieuses (si ce n'est pas les 3/4) votent Chavez et lui vouent un culte quasi religieux, donc concrètement le communiste authentique de là-bas il fait quoi ?
- soit le bolivarisme c'est super, plein de progrès pour les masses, continuons sur cette voie, on peut l'aiguilloner 'par la gauche' et le 'rappeler' à ses engagements 'socialistes', mais il n'y a pas de réelle contradiction avec lui, c'est un truc plus ou moins bourgeois mais ami...
En résumé : sous un enrobage marxiste de rigueur, soit la ligne de Libé soit celle du Monde Diplo (organes types de la 'gauche' bourgeoise occidentale)...
La lutte des classes est un rapport d'UNITÉ ET LUTTE : unité au sens que le prolétariat révolutionnaire, qu'on le veuille ou non, s'insère dans une société productive (capitaliste, ou capitaliste dominée par l'impérialisme et semi-féodale) donnée, une réalité sociale donnée, avec d'autres classes elles-mêmes pas forcément unies sur toutes les questions, des contradictions entre ces classes et fractions de classes etc., et cette réalité sociale peut différer sensiblement selon quelle fraction de la classe dominante dirige, et les méthodes, stratégies, plans d'action révolutionnaires différer du même coup ; et lutte au sens que tout le monde ici connaît.
Or dans toutes les positions depuis 15 ans sur le chavisme, j'ai toujours eu cette impression que soit il n'y a pas d'unité (on est complètement hors-réel, le réel étant que Chavez et le PSUV ont un réel mouvement populaire de masse derrière eux), soit pas de lutte (la réalité est la 'révolution bolivarienne' et c'est très bien comme ça).

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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 16:38


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j'ai toujours eu cette impression que soit il n'y a pas d'unité (on est complètement hors-réel, le réel étant que Chavez et le PSUV ont un réel mouvement populaire de masse derrière eux), soit pas de lutte
Pour faire l'unité, il faut au moins être deux. Ce qui signifie que le préalable est de constituer des organisations indépendantes sur des bases de classe, et d'abord l'embryon d'un parti. Sinon, cette prétendue unité revient à s'aligner derrière les Chavez et cie et à leur servir de supplétifs, voire de caution de gauche si on représente quelque chose.

Ca me semble un premier principe, tel qu'il est d'ailleurs exprimé sous diverses formes dans certains des textes mis en ligne plus haut. Or, pour constituer une organisation communiste indépendante, il faut commencer par avoir les idées claires sur le caractère de ce fameux mouvement "bolivarien" (ou assimilés) et ne pas se laisser éblouir par son caractère de masse. Beaucoup de leaders d'Etats du tiers monde ont aussi des "masses pauvres" derrière eux. Ahmanidejad par exemple.

Tu as remarqué toi-même d'ailleurs que les gens qui sont derrière Chavez ne le sont pas en tant qu'ouvriers, avec une conscience de classe.

Une fois qu'on a compris cela, sur place, évidemment toutes sortes de tactiques peuvent être envisagées pour ne pas se couper des masses, ce qui ne doit pas être toujours facile ni possible. Je n'ai pas la science infuse.

Dans les textes précédents, pour ceux qui en doutaient ou le niaient, on remarque que le pouvoir de Chavez laissait volontiers les sicaires du patronat faire leur sale boulot. Chavez, comme tous ses émules, aimait bien les pauvres et les ouvriers, à condition qu'ils soient à sa botte...

Dans des pays impérialistes comme la France, où toute une frange de la petite bourgeoisie tiers-mondiste gauchisante (tu as cité le Monde Diplo mais il y a aussi le FdG etc) est en adoration devant les leaders charismatiques comme Chavez, il me semble qu'on doit rappeler quelques principes fondamentaux, ce qui n'empêche pas de dénoncer la bourgeoisie française quand elle s'en prend à ces régimes et surtout quand elle soutient ou mène des interventions militaires pour les renverser...

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Message  FirstQuarterStorm Jeu 7 Mar - 16:49

Pour faire l'unité, il faut au moins être deux
Non non, je ne parlais pas d'alliance politique. Je parlais de l'unité sociale : dans la société capitaliste, bourgeoisie et prolétariat sont 'unis' dans une même réalité sociale, le capitalisme fonctionne avec l'une ET l'autre, mais ils sont en contradiction, en lutte et cette lutte est le moteur de l'histoire dans une société capitaliste - unité relative des contraires, une des trois lois du matérialisme dialectique. Je l'entendais dans ce sens là : l'avant-garde organisée du prolétariat ne peut pas évoluer 'hors réel', ignorer la réalité sociale, politique, économique etc. qui l'entoure. Elle fait 'partie' de cette réalité, elle y est 'unie' dans ce sens-là. Et au Venezuela, depuis 1999, cette réalité s'appelle qu'on le veuille ou non la (pseudo) 'révolution bolivarienne' d'Hugo Chavez. Les révolutionnaires (les vrais, les communistes) de là-bas ne peuvent pas s'en abstraire, c'est ce que je voulais dire.

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Message  verié2 Jeu 7 Mar - 16:55


FirstQuarterStorm
Les révolutionnaires (les vrais, les communistes) de là-bas ne peuvent pas s'en abstraire, c'est ce que je voulais dire.
Et tu en conclus quoi ?

verié2

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Message  Ephraïm Jeu 7 Mar - 16:57

A mon avis, tenir compte des points de vus militant de ce pays peut ne pas être inutile, voire être utile:
Ni deuil, ni célébration !
L’heure de l’autonomie des luttes sociales est arrivée!


Quand s’additionnent une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir, on ne pouvait qu’attendre ce dénouement: le caudillo est mort et un changement important sur la scène politique vénézuélienne est en marche.

En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chávez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu’a conjurer la fidélité absolue à son souvenir par l’obéissance à ses dispositions pour sa succession. Ce qui met en évidence la fragilité d’un gouvernement qui voulut renfoncer son supposé caractère “socialiste et populaire” avec la pratique d’un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation des âmes. Le disparu a été lui-même l’auteur principal de cette fin. Le "secretisme" qui entoura sa maladie était motivé par les mêmes ressorts de la centralisation extrême du pouvoir. Ce qui, par manque de cohérence idéologique interne, laisse ses successeurs s’affronter entre eux pour l’héritage du commandement, avec un claire avantage pour les hauts bureaucrates et la caste militaire, en pleines manœuvres de négociation pour assurer l’impunité de leurs corruptions.

En ce qui concerne les oppositions de droite et sociale-démocrate, la nouvelle situation intervient avant qu'elles n'aient surmonté leurs déroutes aux présidentielles du 7-O et aux régionales du 16-D. Élections où elles s’étaient laissées aller à des illusions exagérées comme à l’offre d’un "populisme de riches", promettant aux électeurs de maintenir le recours aux instruments du clientélisme qui ont tant servi à Chávez. Maintenant, cette opposition accommodante veut croire qu’une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l’accès à ce pouvoir politique duquel des ambitions, des erreurs, une paresse et une incompétence l’ont éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu’elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à ceux pratiqués par la « bolibourgeoisie » chaviste.

Ces calculs mesquins et opportunistes, qui égalent le "Grand Pôle Patriotique" et "l’opposition de la Table d’Unité Démocratique", nous laissent face à la grave situation dans laquelle se trouve ce pays: inflation galopante, chômage grandissant et précarité dans le travail, dévaluation monétaire, effrayante insécurité personnelle, crise dans les services d’eau et électricité, éducation et santé, manque de logement, travaux publics obsolètes ou mal exécutés, attention uniquement démagogique face aux besoins extrêmes des plus nécessiteux, et un et cetera qui même lointain n’en est pas moins néfaste.

Mais ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux bandes en lutte pour la “Silla de Miraflores” (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C’est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur chantage permanent à notre appui électoral en échange de solutions qui n’arrivent jamais ou sont ridiculement incomplètes. C'est le moment de déborder ces oligarchies politiques pourries et de construire, à partir du bas, une vraie démocratie, avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut accroître l’indignation généralisée devant la situation dont nous pâtissons et la convertir en luttes sociales autonomes, larges et autogestionnaires, et dire aux politiciens du pouvoir que nous n'avons pas besoin d'eux comme intermédiaires ou comme gracieux donateurs de ce que, d’en bas et unis, nous pouvons obtenir, sans recours aux “mains blanches” ou aux “bérets rouges”.

Collectif éditeur du Libertaire (El Libertario)
http://www.nodo50.org/ellibertario/
Caracas, mardi 5 mars 2013

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Message  Ephraïm Jeu 7 Mar - 16:58

verié2 a écrit:

FirstQuarterStorm
Les révolutionnaires (les vrais, les communistes) de là-bas ne peuvent pas s'en abstraire, c'est ce que je voulais dire.
Et tu en conclus quoi ?

Faut-il toujours conclure quand on discute de l'appréciation d'une situation en perpétuel changement?

Ephraïm

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Message  Rougevert Jeu 7 Mar - 16:59

CCR a écrit:

Hugo Chavez a en effet représenté une des clefs d’un processus politique de conciliation de classe et de reconstruction de l’Etat bourgeois vénézuélien et d’un de ses piliers fondamentaux, les forces armées. Son le rôle a été de contenir la révolte et le profond mécontentement des masses exploitées et opprimées et de dévier la lutte des classes populaires afin de construire un nouveau paradigme de gouvernabilité : avec une fraction de l’armée, dont Chávez était issu, et surtout avec la « bolibourgeoisie », la « bourgeoisie bolivarienne », « nationale », favorable à un changement du régime de « Punto Fijo » tout en préservant le régime bourgeois. Le chavisme est, en ce sens, l’expression institutionnalisée de la colère qui avait éclaté lors de la grande révolte du « Caracazo », noyée dans le sang en 1989, mais aussi l’instrument de sa contention, de façon à garantir le capitalisme vénézuélien contre toute explosion incontrôlée des masses ouvrières, paysannes et populaires, et contre tout-processus d’auto-organisation pouvant aboutir à une remise en cause du caractère semi-colonial et corrompu d’un système économique, politique et social alimenté par la rente pétrolière.

Je pense que pour écrire cela, il faut expliquer une particularité politique et historique régionale du Vénézuela.
Or cette explication manque.
C'est à mon avis et en l'absence de peuves objectives d'une montée du mécontentement (sur quelles bases) et d'autorganisation, pourquoi ce paragraphe a une allure à la fois ampoulée (le "paradigme de gouvernalité", j'adôôre) et paranoïaque.

CCR a écrit:
Pour renforcer son assise politique et sociale et répondre à cette colère, le chavisme a dû recourir à une démagogie soi-disant « anti-impérialiste », bien rôdée, en prenant notamment quelques mesures nationalistes comme la nationalisation (avec rachat) de certaines entreprises étrangères ou vénézueliennes (dans le secteur des hydrocarbures ou de la métallurgie, dans le cas de Sidor par exemple) mais aussi en faisant quelques concessions aux masses. Le chômage, la pauvreté et l’analphabétisme ont ainsi reculé partiellement au Venezuela, mais c’est surtout l’effet de la redistribution de la rente pétrolière par l’Etat bolivarien. Ce n’est pas pour autant que les travailleurs au Venezuela sont aujourd’hui moins exploités et opprimés. De ce point de vue, Chávez est l’expression relativement timorée –quoiqu’à certains moments le plus à gauche par rapport à d’autres gouvernements latino-américains- , au XXI siècle, de ce qu’ont pu représenter, à d’autres époques, des expériences nationalistes bourgeoises ou de « bonapartisme sui generis » en Amérique latine. Si on compare le régime bolivarien à ces autres expériences d’ailleurs, Chávez a su s’appuyer davantage sur les pauvres et les forces armées plus que sur le mouvement ouvrier organisé, comme avaient pu le faire un Cárdenas au Mexique ou un Perón en Argentine dans les années 1930 et 1940.

Il n’en reste pas moins que tapie dans l’ombre ou se manifestant ouvertement comme lors des dernières élections, la bourgeoisie réactionnaire et ses tuteurs impérialistes sont prêts à reprendre tout ce qui a été concédé aux classes populaires depuis 1998. Dans ce cadre, le chavisme, à travers ses courroies de transmission politiques et syndicales, ne sont aucunement une garantie contre ce retour en arrière. D’où l’inquiétude palpable chez les masses dans les manifestations de mardi soir, à la suite de l’annonce du décès de Chávez.
C'est finalement faire peu de cas des changements réels et de l'intérêt pour les "pauvres", et les "prolétaires en soi "provoqués par les décisions du gouvernement de Chavez.

Bref, au lieu de s'interroger et de réfléchir, comme tout bon marxiste devrait le faire, chacun ici profite de l'occasion pour réaffirmer ses certitudes....acquises de haute lutte. Rolling Eyes
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