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Islamophobie

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Message  Invité Dim 8 Fév - 14:22

varié a écrit:Le voile n'est pas le seul élément permettant d'évaluer l'émancipation. Il n'en reste pas moins que le voile est un symbole religieux, donc qu'il est le symptome une certaine aliénation,

Le voile ne nous concerne pas en t'en que non musulmans, ceci dit le voile est aussi un outil de libération contre le colonialisme.

Viols, voiles, corps de femmes dans la Guerre d'Algérie

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Longtemps, il n'y eut pas de mots pour qualifier, raconter, nommer la guerre d'Algérie, dont on marque ce 1er novembre 2014, le 60ème anniversaire du déclenchement avec la Toussaint rouge, ou sanglante, du 1er novembre 1954. Conflit emblématique de la décolonisation, un colloque pluridisciplinaire et international qui s'est déroulé à Paris à la mi octobre a révélé l'omniprésence du sexe et du corps des femmes dans les actes et les discours de ces huit années de violences de part et d'autre de la Méditerranée. Ces viols, dévoilements forcés, et autres tortures spécifiques infligées aux combattantes algériennes hantent encore les deux pays, la France et l'Algérie.
http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-29432-Viols-voiles-corps-de-femmes-dans-la-Guerre-d-Algerie.htm

Je ne dit pas que le voile est libérateur, mais il dénonce une violence criminel contre les femmes dont elle ne peuvent échappé en temps de guerre. Islamophobie - Page 30 288865_vignette_devoilement2

Affiche destinée à convaincre les Algériennes de se dévoiler en 1958

Ilhem Moussaid n'a pas soulever cette aspect du voile dans les débat au NPA, le titre de cette article est prémonitoire: Laïcité : le NPA ne lève pas tout à fait le voile

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Message  verié2 Dim 8 Fév - 14:35

Jesuisfred
le voile est aussi un outil de libération contre le colonialisme.
Je ne dirais pas cela de cette façon, mais plutôt que "le port du voile a pu être une forme de résistance au colonialisme", en raison en particulier des opérations de dévoilement forcé.

verié2

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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 1:25

C'est des propos que Dieudonée pourrait tenir, les antiraciste raciste ça va bien! Il y a pas plus pourries comme argument. Le bon blanc comme le bon noir ou le bon musulmans sifflerait ton argument qui pour ma par est une généralité débile.
En plus c'est argument sous couvert d'anticolonialisme, dissimule un raciste ordinaire, je ne suis pas antifrançais parce que je suis née quelque part comme tout le monde, ton argument est culpabilisant et une insulte pour ceux qui raisonne en internationalisme, ici il y a pas de race, mais des travailleurs opprimé qui recherche la dignité et le respect qu'ont nous dois.

Very Happy Very Happy Very Happy

Merci de la leçon, bwana.
Plus sérieusement, le concept de blanc n'est pas ici une question de race biologique, mais tu n'as qu'à remonter les posts, je ne vais pas répéter comme un perroquet du Gabon et je maintiens chaque mot.

Quant au voile instrument de lutte contre le colonialisme, précisons que malgré ce que racontent LO et la plupart des partis blancs, les musulmanes visibles ne sont pas dans leur grande majorité des étrangères ni des immigrées, mais des françaises. Que le voile soit mis en réaction des injonctions des medias, de l'état et de la plupart des partis blancs, évidemment. Mais si on parle d'elle, Ilhem a beaucoup essayé de se défendre, sauf que sa voix a été couverte par les vociferations islamophobes.
Toussaint
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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 1:50

Sur LO, on reste bien dans le cadre que nous avons toujours évoqué, les partis blancs se disant progressistes ou, mieux, révolutionnaires, ont un droit sur les musulmanes et les travailleurs appartenant à des minorités visibles, le droit de calomnier, insulter, exclure, stigmatiser, discriminer, et leurs cibles doivent surtout se taire, et ne pas appeler par leur nom ce qu'on leur fait subir... car, enfin, comment peut-on, des gens si bien!

La dernière vient de sortir, ce n'est pas de leur faute si ces gens-là insultent, désignent les musulmanes visibles à la vindicte de la population et de leurs militants, pauvres chous, c'est qu'ils sont d'une tradition communiste anti-religieuse... Cela donne évidemment tous les droits sur les indigènes à assimiler, à commencer par le mépris et l'arrogance.

Ben, je maintiens encore, les racistes sont ceux qui harcèlent, stigmatisent, discriminent, insultent les gens appurtenant à des cultures ou des croyances qu'ils jugent inférieures, ou dangereuses. Par rapport à qui ils se croient le droit d'injonction à l'assimilation qu'ils exercent avec mépris et arrogance. C'est très exactement ce que fait LO de façon répétée, depuis plus de 10 ans et j'attendrai une autocritique de la secte (ou de l'organisation monolithiquement sectaire) pour les saLOperies qu'elle a faites contre les musulmans de ce pays et du monde avant de cesser de la considérer raciste.

Quant au racisme anti-blanc, c'est un concept intéressant, mais là aussi, je fatigue, il y a des posts sur ce sujet.

Un des derniers rappels sur ce point, ensuite j'éviterai de répondre aux sottises, l'imprégnation islamophobe raciste a été un processus, mais il me semble difficile de le nier, au vu même des posts de vérié et des nombreux posts des loïstes sur ce forum, des textes de la secte dans son torchon hebdomadaire comme dans LDC, sa revue "théorique". Un simple exemple, par les temps qui courent, lorsque la secte considère les musulmanes voiles comme des militantes intégristes, elle les désigne publiquement à la haine publique, après, des années durant, les avoir exclues de l'école publique. Que la direction de la secte soit engagée jusqu'au cou dans cette abjection ne fait aucun doute. Maintenant, c'est vrai que dans le champ politique blanc, répondre aux insultes des civilisateurs est mal vu, ben faudra vous y faire.
Toussaint
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Message  Invité Lun 9 Fév - 7:40

Toussaint a écrit:
C'est des propos que Dieudonée pourrait tenir, les antiraciste raciste ça va bien! Il y a pas plus pourries comme argument. Le bon blanc comme le bon noir ou le bon musulmans sifflerait ton argument qui pour ma par est une généralité débile.
En plus c'est argument sous couvert d'anticolonialisme, dissimule un raciste ordinaire, je ne suis pas antifrançais parce que je suis née quelque part comme tout le monde, ton argument est culpabilisant et une insulte pour ceux qui raisonne en internationalisme, ici il y a pas de race, mais des travailleurs opprimé qui recherche la dignité et le respect qu'ont nous dois.

Very Happy   Very Happy   Very Happy

Merci de la leçon, bwana.
Plus sérieusement, le concept de blanc n'est pas ici une question de race biologique, mais tu n'as qu'à remonter les posts, je ne vais pas répéter comme un perroquet du Gabon et je maintiens chaque mot.

Quant au voile instrument de lutte contre le colonialisme, précisons que malgré ce que racontent LO et la plupart des partis blancs, les musulmanes visibles ne sont pas dans leur grande majorité des étrangères ni des immigrées, mais des françaises. Que le voile soit mis en réaction des injonctions des medias, de l'état et de la plupart des partis blancs, évidemment. Mais si on parle d'elle, Ilhem a beaucoup essayé de se défendre, sauf que sa voix a été couverte par les vociferations islamophobes.

Désolé mais le faite que t'est un concepts m’étonne un peut, c'est de la rhétorique, sauf que dans ton cas c'est un raciste théorisé par t'est soins. J'ai pas a m'habitué !

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Message  verié2 Lun 9 Fév - 10:32

Toussaint
Merci de la leçon, bwana
Ton obstination à voir dans tous les antiracistes "présumés blancs" des racistes qui s'ignorent et à ironiser ainsi pour les décrédibiliser est pénible, Toussaint. D'autant que tu ne connais pas la couleur de peau des gens qui écrivent sur le net. Tes outrances ne décrédibilisent d'ailleurs que les parties justes et intéressantes de tes propos.

Cette histoire du terme "blanc" utilisé comme "concept" et non comme couleur de peau ne tient pas la route. C'est à peu près au niveau des dessins de Charlie qui représentent Taubira en Guenon, en disant "c'est pour dénoncer la vision du Front National". Lu ou vu par 99 % des gens, c'est ni plus ni moins du racisme.

Il existe d'autres façons que la couleur de peau pour exprimer les conceptions paternalistes voire colonialistes ou semi colonialistes d'une partie de la population, voire de certains militants. Quant il a parlé du rôle de l'aristocratie ouvrière dans le soutien à l'impérialisme, Lénine n'a pas éprouvé le besoin de parler de la couleur de peau de ses membres.

Cette façon de parler sans arrêt de "blanc" n'est que pure démagogie vis à vis des catégories "non blanches" - pas faciles à définir d'ailleurs - pour tenter de se tailler une chasse gardée dans lesdites catégories.

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Message  MO2014 Lun 9 Fév - 12:15

verié2 a écrit:

...tu ne connais pas la couleur de peau des gens qui écrivent sur le net.
Cette histoire du terme "blanc" utilisé comme "concept" et non comme couleur de peau ne tient pas la route.
...c'est ni plus ni moins du racisme.

Chacun a sa peine. La mienne c'est de te voir propager que nous défendrions une sorte de racisme "anti-blanc"...
Cela été répété cent fois ici même, le blanc dans n'est pas une couleur, n'est une race, n'est pas biologique ni culturel... c'est une construction sociale basée sur des rapports de domination et d'exploitation du colonialisme ou des systèmes post coloniaux. Tu devrais lire un au hasard: Aimé Césaire, Frantz Fanon, Malcolm X, plus récemment Saïd Bouamama, Sadri Khiari, ou les textes du PIR...etc. Mais au vu de tes remarques je crois que tu t'es toujours passé de ces lectures et que tu refuses que les noirs ou les arabes, le d'indigènes aient leurs théoriciens de la libération.

"
L'ouvrier blanc exploité bénéficie (sans l'avoir demandé) d'un avantage relatif, d'un distance sociale produites par les discriminations racistes.
...
COMPRENDRE un système de domination c'est prendre en compte non seulement le clivage entre les dominés et les dominants mais aussi intégrer dans l'analyse l'organisation de la "concurrence" entre dominés que met en oeuvre ce système pour se reproduire. Les discriminations racistes sont avec les discriminations sexistes...un des outils clefs de la mise en concurrence.
...
"
SB.

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Message  verié2 Lun 9 Fév - 16:44

MO2014
Chacun a sa peine. La mienne c'est de te voir propager que nous défendrions une sorte de racisme "anti-blanc"...
Cela été répété cent fois ici même, le blanc dans n'est pas une couleur, n'est une race, n'est pas biologique ni culturel... c'est une construction sociale
Le terme "racisme anti blanc" est beaucoup utilisé par la droite et l'extrême-droite racistes pour nous faire croire que les "Blancs" seraient aujourd'hui, dans la France de 2015, des victimes. Or, si ce racisme existe sans doute, on ne peut pas renvoyer dos à dos le racisme des privilégiés, des oppresseurs et celui des opprimés. Mais ce n'est pas pour autant que nous devons encourager le racisme de ces derniers.

Or, le racisme contenu dans l'utilisation systématique du qualificatif "blanc" par MO2014 et Toussaint n'est pas celui de gens qui vivent quotidiennement une oppression, une discrimination, mais celui d'intellectuels, de politiques qui entendent attiser ce sentiment, l'instrumentaliser. Ce qui est très différent.

Tu as beau nous répéter que ce n'est jamais qu'un concept sans rapport avec la couleur, ce sont des arguties destinées à un public prompt à écouter des arguments sophistiqués. Pour le commun des mortels, "blanc" est une couleur et en l'occurrence une couleur de peau. Imagine un instant l'extrême-droite nous expliquer que parler de "jaunes", de "Youpins", de "Bougnoules" etc, ce ne sont que des concepts parce qu'il y aurait des idéologies "jaune", "arabe", "juive". Suspect

Je n'ai pas la naïveté de croire que je vais vous convaincre. Le communautarisme fondé sur le fait d'être "non Blanc" et/ou descendant des colonisés est le fonds de commerce du PIR. Je me garderai bien de classer pour autant le PIR dans l'extrême-droite et les ennemis de la classe ouvrière comme le font certains. On verra, s'il se développe, quels choix il fera. Mais le fait qu'il se revendique de bases communautaires et non de bases de classe n'augure rien de bon, même si, par ailleurs, des gens comme Bouamana disent des choses très justes et très intelligentes sur différents points.

Ca n'empêche nullement d'ailleurs de manifester aux côtés du PIR dans certaines circonstances et même de signer des appels avec lui. Car on ne voit pas en quoi on pourrait le faire avec le PCF, Mélenchon et cie, qui, eux, ont déjà montré à d'innombrables reprises de quel côté ils se placent, et pas avec le PIR...

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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 18:34

Y a-t-il un « racisme anti-blanc » ?

Publié le 10 mars 2006 par Sadri Khiari
Politique de la racaille


Bien des « Français d’origine française » – des Blancs – peuvent se sentir agressés par mon propos. Et je le regrette. Il n’est nullement dans mon intention, pas plus que dans celle du Mouvement des indigènes, de suggérer une culpabilité collective. Cependant, le fait de se sentir ainsi agressés ne révèle-t-il pas un problème ?

Lorsqu’il est dit qu’un individu qui consomme et travaille, participe à la reproduction du capital, qu’il le veuille ou non, qu’il soit de droite ou de gauche, cet individu se sent-il agressé ? Quand il est enseignant, responsable dans l’administration, journaliste, chercheur dans un laboratoire pharmaceutique, se sent-il agressé si on lui fait remarquer les incidences de son activité professionnelle en termes de reproduction d’un système inégalitaire ? Soupçonne-t-il chez le sociologue de la domination une volonté d’instaurer une sorte de culpabilité collective ? Non. Il paraît donc intéressant de se demander pourquoi le reproche d’ « agressivité » a été opposé au discours indigène.

Nous avons vu plus haut que certains Blancs ont pu trouver inconvenant de se réclamer d’un « nous » qui revendique une filiation d’oppression et de lutte avec les anciens esclaves et les colonisés [1] ; d’autres se sont sentis « agressés » par la formule « Nous, Noirs, Arabes, Musulmans etc… ». Pourtant, les gens de gauche qui ont entre les mains un tract où figure la formule « Nous, les ouvriers… » ne se sentent nullement agressés même s’ils ne sont pas ouvriers. Ce sont les bourgeois et les personnes qui en partagent les valeurs, précisément ceux qui sont dans l’autre camp, qui se sentent agressés. De même, depuis peu (et comme résultat des luttes menées par les homosexuels), un hétérosexuel non-homophobe ne se sentira pas agressé par un tract intitulé « nous les homo ». C’est peut-être finalement que ces combats semblent plus légitimes. Non pas que l’antiracisme le soit moins dans l’esprit des personnes dont je parle, mais il ne l’est qu’à la condition de s’inscrire dans le cadre d’un combat considéré comme vraiment légitime par les Blancs, c’est-à-dire une lutte sociale et universaliste. On comprend donc que les Noirs, les Arabes, les Musulmans, etc. se sentent eux-mêmes agressés par ceux qui se sentent agressés par leur auto-affirmation en tant que Noirs, Arabes ou Musulmans. Oui, nous sommes noirs, comme Aimé Césaire revendiquait sa couleur noire. Oui, bien que magnifique spécimen de type caucasien, je suis Noir !

« Soit, nous dira-t-on sans grande conviction, admettons que le système dans son ensemble soit ségrégationniste, on ne peut de toute façon considérer que tous les Français blancs soient racistes, quand bien même – admettons-le aussi – ils bénéficieraient indirectement et involontairement du régime postcolonial. Pourquoi ne pas parler d’un champ politique postcolonial mais d’un champ politique blanc qui est une catégorie raciale ? Vous ne dites pas seulement les “partis blancs”, vous dites aussi les “Blancs”, le “Blanc”. Peut-on parler de “Blancs” sans sombrer dans l’ethnicisme, le racial et le biologique ? Ne risque-t-on pas ainsi d’alimenter une forme de racisme anti-Blanc ? »

Mais qui sont les populations exclues du champ politique sinon celles qui ne sont pas blanches ou considérées comme telles ? Parler de Blancs, ce n’est pas essentialiser le Blanc en tant que blanc, ce n’est pas dire le Blanc est mauvais, intrinsèquement mauvais, coupable à jamais des crimes de ses ancêtres.« Humainement, personnellement, la couleur n’existe pas. Politiquement elle existe. »(James Baldwin) [2] Politiquement, c’est-à-dire comme rapport social. Le Blanc est un rapport social et non un fait naturel. Il n’existe en tant que tel que comme moment d’un rapport social d’oppression et de lutte contre cette oppression. Il ne leur est pas antérieur.

Lorsque nous parlons de Blancs, c’est pour pointer la réalité d’un système politique au sein duquel la ségrégation d’origine coloniale est toujours active et auquel, malgré eux souvent, les individus ne peuvent échapper. Car si tout le monde subit, d’une certaine façon, le legs colonial, celui-ci est fondé sur une discrimination ethnique ou culturelle. De ce point de vue, les personnes qui ne sont pas issues de la colonisation font partie de la société dominante même si elles y sont intégrées dans une position subalterne. Elles appartiennent au monde des dominants même si elles ont fait le choix individuel de nier subjectivement leur propre situation. La capacité de certains Blancs à s’arracher à cette détermination est sans doute précieuse ; elle doit assurément être encouragée mais ne peut fonder ni l’analyse du réel ni une stratégie politique, au sens d’en être l’axe privilégié.

(…)

Le racisme, on ne le répétera jamais assez, est un système de domination. Il produit la stigmatisation de l’Autre dans le même temps où il instaure hiérarchisations et discriminations. La notion de racisme, comme hétérophobie, est une notion abstraite qui identifie des réalités historiques trop différentes et conduit, sur le plan politique, à l’impasse de l’antiracisme comme gadget éthique. L’être humain se méfie comme de la peste de tout ce qui lui paraît différent : et alors ? S’il s’agit d’un comportement quasiment inné ou naturel, il n’y a rien à y faire et ce ne sont pas des campagnes éducatives pour l’élévation morale du genre humain qui y changeront grand chose. S’il s’agit de relations sociales et politiques bien spécifiques, alors, si l’on veut combattre la détestation de l’Autre qui en procède, on se doit de définir précisément ces relations sociales et politiques. De ce point de vue, on ne peut évidemment identifier dans une même catégorie la haine raciale du dominant à l’encontre du dominé et la haine raciale du dominé à l’encontre du dominant. Toutes deux sont produites par le même système raciste mais l’une en est un agent actif tandis que l’autre constitue une réaction voire une forme de résistance au système raciste. L’une est armée, l’autre est désarmée. C’est pourquoi, lorsqu’il analyse la condition spécifique du colonisé, Albert Memmi parle d’un « racisme édenté » [3]. Ce racisme n’est pas une modalité de la domination et toute la différence est là. Quand un commerçant blanc refuse d’employer un indigène, c’est du racisme même si ce refus procède d’une simple logique commerciale : préserver sa clientèle habituelle qui, elle, pourrait être raciste ; quand un commerçant marocain refuse d’employer un Blanc et lui préfère un Marocain, ce n’est pas du racisme ; c’est un acte de soutien à un opprimé même si la motivation réelle est tout simplement d’être entre-soi (le fameux « communautarisme ») et même si le commerçant marocain n’aime pas les Blancs.

Quand nous employons la notion générique de racisme, il faut constamment avoir à l’esprit cette distinction fondamentale entre le racisme à proprement parlé, indissociable de la domination, du « racisme édenté » propre aux dominés. Sur le plan de l’analyse comme sur le plan de la lutte politique, on ne saurait les assimiler.

Lorsque des dominés renoncent à cette forme de racisme contre eux-mêmes – réverbération du racisme dont ils sont l’objet -, qui consiste à se croire réellement inférieurs aux dominants et à vouloir leur ressembler à tout prix, et s’affirment au contraire supérieurs, c’est bien une nouvelle illusion puisque nul n’est supérieur à personne, c’est une démarche ambivalente certes, comme l’est la vie réelle, mais cela peut être en même temps un moment de leur lutte contre la domination qu’ils subissent. Le mouvement d’émancipation des Noirs aux Etats-Unis a été et demeure traversé par un racisme anti-Blanc, il n’en demeure pas moins un mouvement d’émancipation. On peut considérer qu’une telle idéologie ne peut conduire à terme qu’à une impasse du point de vue des objectifs de libération du peuple noir et, plus généralement, du point de vue des idéaux égalitaires ; pour autant, peut-on appréhender ce racisme dans l’absolu, indépendamment du contexte historique précis de son émergence ? Ne faut-il pas plutôt en comprendre les ressorts et pointer les contradictions ? « Toute thèse affirmant la supériorité d’une race est condamnable » écrit Claude Julien [4] mais, ajoute-t-il aussitôt, « elle obtient le prodigieux résultat de rendre aux Black Muslims la fierté et la dignité humaines que le racisme des Blancs leur refuse » :

« En exaltant la négritude, les Black Muslims libèrent le Noir de la honte et du sentiment d’infériorité qui lui ont été imposés par des siècles d’esclavage, de mépris, d’injustices. »

Mis en perspective historique, contextualisé, ce « racisme édenté » a été en même temps que réactionnaire du point de vue des valeurs d’égalité, un moment progressiste de la lutte pour l’égalité des Noirs et des Blancs aux Etats-Unis. Dans le même esprit, Albert Memmi écrivait :

« Le racisme du colonisé n’est en somme ni biologique ni métaphysique, mais social et historique. Il n’est pas basé sur la croyance à l’infériorité du groupe détesté, mais sur la conviction, et dans une grande mesure sur un constat, qu’il est définitivement agresseur et nuisible. Plus encore, si le racisme européen moderne déteste et méprise plus qu’il ne craint, celui du colonisé craint et continue d’admirer. Bref, ce n’est pas un racisme d’agression, mais de défense. (…) C’est pourquoi on peut soutenir cette apparente énormité : si la xénophobie et le racisme du colonisé contiennent, assurément, un immense ressentiment et une évidente négativité, ils peuvent être le prélude d’un mouvement positif : la reprise en main du colonisé par lui-même. »

Redire Memmi, aujourd’hui, dans un contexte idéologique marqué par l’hégémonie de l’antiracisme abstrait, conduit au pilori, une plaque d’infamie clouée au front : « Coupable de hiérarchiser les racismes » ! Bien plutôt, il s’agit, pour nous, de ne pas confondre dans une même « haine de l’autre » des phénomènes différents, de saisir leurs dynamiques historiques et les paradoxes des luttes des dominés, dominés également par les valeurs des dominants qu’ils combattent.

Son rejet du racisme, Malcolm l’attribue à son pèlerinage à la Mecque et à ses voyages en Afrique durant les mois qui suivent sa rupture avec les Black Muslim. Durant ces voyages, explique-t-il, il a pu rencontrer de nombreux blancs, blonds, aux yeux bleus complètement dénués de racisme anti-Noir ; il a pu voir, en Algérie et au Maroc, d’autres blancs, eux-mêmes traités en Noirs, et qui avaient été violemment colonisés ; il a pu surtout constater que d’autres peuples étaient en lutte contre l’Amérique qui dominait le monde comme elle dominait les Noirs en son propre sein :

« Auparavant, j’ai permis que l’on se servît de moi pour condamner en bloc tous les Blancs, et ces généralisations ont injustement blessé certains d’entre eux. (…) je me refuse dorénavant à condamner en bloc toute une race (…). Je ne suis pas raciste et je ne souscris à aucun des dogmes du racisme. » [5]

Il ne cessera de le répéter par la suite [6], tout en continuant à parler de « l’homme blanc » :

« Tous nous avons subi, dans ce pays, l’oppression politique imposée par l’homme blanc, l’exploitation économique imposée par l’homme blanc et la dégradation sociale imposée par l’homme blanc. Lorsque nous nous exprimons ainsi, cela ne veut pas dire que nous sommes anti-Blancs, mais que nous sommes opposés à l’exploitation, opposés à la dégradation, opposés à l’oppression. Et si l’homme blanc ne veut pas que nous soyons ses ennemis, qu’il cesse de nous opprimer, de nous exploiter, de nous dégrader. » [7]

Malcolm X met en cause le système ségrégationniste mais, sans faire du Blanc un coupable éternel. Il souligne sa participation à ce système car, dans les conditions de l’Amérique, seule une petite minorité des Blancs parvient elle-même à se détacher du racisme anti-Noir.

Les indigènes sont opprimés en tant qu’Arabes ou que Noirs dans une société qui privilégie les Blancs, comment pourraient-ils lire la réalité de cette société à travers une autre grille que la grille ethnique ou raciale ? « C’est habituellement le raciste blanc qui a créé le raciste noir. » [8] Il ne s’agit certes pas de« refaire à rebours le chemin de Malcolm X », comme le craint Daniel Bensaïd [9], mais de ne pas rejeter indistinctement ceux qui commencent là où il a commencé. Supprimer le postcolonialisme, c’est reconnaître, pour les supprimer, les frontières qui clivent une société basée sur les discriminations ethniques. Ce combat se mène dans la durée mais sans céder à la tentation ultimatiste (poser la fin comme précondition), sans craindre les situations paradoxales, il constitue dès l’abord un axe majeur.


Ce texte est extrait du livre de Sadri Khiari, Pour une politique de la racaille. Immigré-e-s, indigènes, jeunes de banlieue [Editions Textuel, 2006]



notes

[1] Ecartons tout de suite l’argument étrange formulé maintes fois selon lequel, il serait « indécent » pour des Blancs de prétendre s’identifier à un « nous » qui renvoie aux descendants d’esclaves et de colonisés. Je ne peux que répéter ici ce que nous avions écrit Alix Héricord, Laurent Levy et moi-même :

« Ainsi de même qu’il y a plein de bonnes raisons de participer à une manifestation de défense de l’avortement sans être une femme ou sans être une femme qui a avorté, de même qu’il y a plein de bonnes raisons de participer à une gaypride sans avoir de pratiques homosexuelles, de même qu’on peut participer à un mouvement de précaires sans l’être (ou du moins pas encore) ou à une manif de sans-papiers tout en ayant sa carte d’identité dans la poche, il n’est pas besoin de brandir son arbre généalogique pour participer à un mouvement des « indigènes de la République ». L’usage expansif de la 1ère personne du pluriel depuis les années 70 dans les luttes pour l’émancipation a fait émerger des sujets politiques complexes dont nous ne comprenons pas pourquoi les “indigènes” seraient exclus. »

On pourrait ajouter qu’il n’a jamais semblé ridicule aux militants d’organisations d’extrême-gauche de se définir comme « militants ouvriers » du simple fait qu’ils s’identifiaient au combat ouvrier ; leur position sociale réelle n’entrant aucunement en ligne de compte dans cette auto-définition.

[2] James Baldwin, La prochaine fois le feu, op.cit., p.134

[3] Albert Memmi, Le Racisme.

[4] Cl. Julien, préface à Malcolm X, op.cit., p.25

[5] Malcom X, op.cit., p.96

[6] Un mois avant son assassinat, il déclarait au journal Young Socialiste, organe de l’organisation de jeunesse du SWP (IVème internationale) :

« Tout d’abord, je ne suis pas un raciste. Je suis ennemi de toutes les formes de racisme et de ségrégation, de toutes les formes de discrimination. Je crois aux droits de la personne humaine et au fait que toute personne doit être respectée, peu importe la couleur de sa peau. »

[7] Malcolm X, op.cit., p.59

[8] Malcolm X, ibidem, p.234

[9] Daniel Bensaïd formule cette crainte dans son livre Fragments mécréants, qui reprend, en les développant, les reproches aterrants qu’il avait adressés au Mouvement des Indigènes de la République au printemps 2005 dans une tribune parue dans Libération. (Précision du collectif Les mots sont importants)
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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 18:35

Fragments sur le champ politique blanc

Publié le 7 mars 2006 par Sadri Khiari

Politique de la racaille


Un militant du MRAP a eu la malencontreuse idée d’employer la formule « PS blanc », déchaînant une gigantesque campagne de dénonciation au sein de l’association antiraciste. Il n’y a pourtant nulle trace de racisme dans cette formule. Elle se contente de prendre acte de la nature postcoloniale du système politique et de ses différentes composantes. Le PS est blanc, comme est blanc l’ensemble du champ politique dont est exclue cette frange de la population qui a pour stigmate de n’être pas blanche ou de n’être pas considérée comme telle du fait de son origine coloniale.

(…)

On pourrait, avec les mêmes précautions, parler de partis masculins. Dans un numéro récent de Politis, Joan Scott cite une formule tout à fait pertinente de l’historienne Michelle Perrot :

« L’universel est un cache-sexe qui ne recouvre le plus souvent que du masculin et qui a servi à exclure les femmes du gouvernement de la cité » [Politis du 20 octobre 2005].

Dire cela ne choque plus grand monde aujourd’hui – du moins, à gauche. Il est désormais largement admis que les institutions constitutives du champ politiques sont dominées par des hommes – ce qui est difficilement contestable – et qu’elles reproduisent des logiques de domination masculine. De manière similaire, comme on parle de partis bourgeois et qu’on pourrait parler de partis masculins, il est parfaitement légitime de définir comme blancs des mouvements qui contribuent à la reproduction des hiérarchisations ethniques de la société postcoloniale.

(…)

Aux Etats-Unis, non plus, la nationalité américaine ne fait guère de sens pour de nombreux Noirs. Malgré la conquête des droits civiques, ils savent bien qu’ils n’ont qu’une place subordonnée dans le système politique. Malcolm X l’exprime parfaitement bien :

« Je ne suis pas démocrate, je ne suis pas républicain et je ne me tiens pas même pour un Américain. (…) Ces Hongrois qui viennent de débarquer, ils sont déjà des Américains ; les Polonais sont déjà des Américains ; les émigrants italiens sont déjà des Américains. Tout ce qui est venu d’Europe, tout ce qui a les yeux bleus, est déjà américain. Et depuis le temps que nous sommes dans ce pays, vous et moi, nous ne sommes pas encore des Américains. »

Ou encore :

« L’ “homme” (blanc) lui dit et lui répète : “vous êtes américain”. Mais mon vieux, comment pouvez-vous vous prendre pour un Américain, alors que jamais vous n’avez été traité en Américain dans ce pays ? (…) Supposons que dix hommes soient à table, en train de dîner, et que j’entre et aille m’asseoir à leur table. Ils mangent ; mais devant moi il y a une assiette vide. Le fait que nous soyons tous assis à la même table suffit-il à faire de nous tous des dîneurs ? Je ne dîne pas tant qu’on ne me laisse pas prendre ma part du repas. Il ne suffit pas d’être assis à la même table que les dîneurs pour dîner. »

Comment les Français issus de l’immigration pourraient-ils se reconnaître dans les institutions politiques françaises alors que celles-ci les invitent au mieux à s’asseoir à leur table mais que leurs assiettes restent désespérément vides ? Le reproche qui leur est fait de ne pas participer au système politique n’est en vérité qu’une expression supplémentaire de l’injonction paradoxale à l’« intégration ». On vous exclut et on vous somme en même temps de vous intégrer. Comme vous ne le faites pas, c’est bien vous le coupable et non pas le système politique. Et comme vous êtes coupables, cela prouve bien que celui-ci a raison de vous exclure !
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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 18:37

SOS Racisme… des potes qui nous voulaient du bien

Publié le 26 novembre 2013 par Sadri Khiari


Le succès de SOS-Racisme a généralement été appréhendé comme une simple opération de « récupération », concoctée dans les cabinets de Mitterrand et favorisée par « l’immaturité » des mouvements « beurs ». Dans sa thèse sur le traitement médiatique de l’association anti-raciste, P. Juhem [1] a mis en lumière les multiples déterminations qui ont rendu possible la « récupération ». Plutôt que de recourir à l’hypothèse fantaisiste d’une vaste manipulation engagée par une sorte de « comité central » des médias dominé par les socialistes, il a tenté de repérer les logiques spécifiques au champ médiatique, la pluralité des facteurs (enjeux internes, compétitions, stratégies commerciales, évolution du profil idéologique des journalistes, etc.), qui ont convergé pour aboutir à une gigantesque campagne de promotion de SOS-Racisme, sans minimiser, pour autant, la volonté politique de certains responsables socialistes – en premier lieu, Mitterrand – et l’efficacité de leurs interventions dans un contexte favorable.

Les énormes subventions reçues, le soutien de plus en plus affirmé de la gauche, des médias et de nombreux intellectuels ont incontestablement contribué, en effet, au succès de SOS-Racisme. On doit y voir également l’effet de dispositifs propres au système postcolonial. La « récupération » apparaît comme une menace inhérente à celui-ci – ce qui ne signifie pas inévitable – et non pas comme le seul produit d’intérêts politiques circonstanciés et de stratégies habilement menées. On a parfaitement raison de condamner de ce point de vue la politique du PS mais il est tout aussi important de saisir pourquoi, malgré leur bonne volonté, de nombreux militants antiracistes ont pu jouer le jeu d’une entreprise d’exclusion/inclusion.

Au début des années 80, « les Beurs deviennent trop subversifs » [2]. La Marche pour l’Egalité et les multiples formes d’action qui l’ont précédé ou suivi donnent aux jeunes issus de l’immigration une formidable visibilité qui inquiète, dans un contexte politique mouvant. L’abandon des promesses qui avaient conduit Mitterrand au pouvoir et l’adoption d’une politique de rigueur ne suscite pas la mobilisation sociale qu’espérait l’extrême gauche. La tendance politique dominante, notamment au sein de la jeunesse lycéenne et étudiante, n’est plus à la contestation mais plutôt à la désaffection vis-à-vis de l’engagement politique tandis qu’avec le recul des paradigmes marxistes s’imposent les idéologies molles de la défense des droits de l’homme et du progrès « sociétal ». La droite, par contre, progresse. Elle remporte plusieurs élections municipales partielles et repart à l’offensive comme en témoignent les gigantesques manifestations pour « l’école libre ». Le Front national connaît, quant à lui, ses premières grandes victoires (élections européennes). La « bête immonde » resurgit, craignent de nombreux secteurs de la gauche, assimilant la nouvelle situation à la montée du fascisme dans les années 30. Pour beaucoup, la lutte antifasciste devient la priorité de l’heure et l’antiracisme devient l’arme de cette lutte, d’autant plus efficace leur semble-t-il qu’un antiracisme moral et englobant peut permettre un large rassemblement de forces et remobiliser la jeunesse sur des « valeurs de gauche ».

Dans ce contexte, le mouvement « beur » pose incontestablement problème. L’irruption des enfants de l’immigration sur la scène publique inquiète. Il alimenterait le discours du Front national. Il embarrasse le pouvoir socialiste déterminé à restreindre l’immigration, mais il peut constituer aussi une nouvelle ressource électorale pour la gauche. D’une part, parce que de nombreux jeunes issus de l’immigration ont le droit de vote mais également parce que la problématique antiraciste qui est la sienne suscite la sympathie de larges franges de la jeunesse. Il s’agit dès lors de l’encadrer, de neutraliser ses tendances les plus contestataires et d’aseptiser son discours. « Convergence 84 révéla, écrivent Ahmed Boubeker et Nicolas Beau, une réelle capacité de mobilisation des cités. Personne pourtant pour canaliser cette révolte. Une place était à prendre ; message vite compris par Harlem Désir et ses potes : le jour même de l’arrivée de Convergence, 5000 badges « Touche pas à mon pote » de SOS-Racisme étaient vendus. L’idée du mélange, débarrassée de ses relents égalitaires, était reprise par Harlem Désir : « Vivons avec nos ressemblances, quelles que soient nos différences » : ce slogan de Convergence permettait à chacun, français ou immigré, de s’exprimer, sans complexes, sur la société multiraciale. Les beurs avaient perdu ce monopole. Avec SOS-Racisme, la société française reprenait la parole. Le relais était passé. » [3] C’est, en effet, à l’occasion de la seconde Marche, organisée par « Convergence 84 » que le petit groupe constitué autour de Julien Dray, transfuge de la LCR au Parti socialiste, apparaît sur la scène publique en diffusant massivement la fameuse petite main jaune. Mogniss Abdallah y voit un «talisman, hybride de la main de Fatma et de l’étoile jaune des Juifs sous le nazisme » [4]. Alors que les jeunes issus de l’immigration avaient manifesté contre le racisme particulier dont ils sont l’objet, SOS met en avant une vision exclusivement moralisante et non politique du racisme, détachée de l’histoire sociale et politique concrète. La référence implicite à l’étoile jaune n’est pas non plus innocente. Elle n’est pas sans lien avec le « choix exclusif de l’UEJF comme co-fondatrice de l’association » [5] suppose Mogniss Abdallah. En décembre 1983, de nombreux marcheurs étaient fiers de porter le Keffieh, symbole du peuple palestinien. Le « talisman » de SOS suggère, quant à lui, que la question palestinienne ne serait qu’un conflit entre juifs et arabes soluble dans l’antiracisme. M.Abdallah décrypte également le slogan « Touche pas à mon pote ». Celui-ci met « en scène un Français (anti-raciste) s’adressant à un autre Français (raciste, donc souvent suspect d’accointance avec le FN) pour protéger son « pote » issu de l’immigration. Le « pote » devient par un spectaculaire retournement de situation le spectateur passif d’un enjeu politique franco-français où il est question de cordon sanitaire anti-FN ou d’un « front républicain » pour des échéances électorales et les « combinazzione » à venir » [6]. Le racisme apparaît ainsi comme un rapport inter-individuel, une forme d’hétérophobie portée par l’extrême-droite. L’antiracisme devient une posture éthique, un combat qui se déroule entre Blancs.

Si le discours de SOS évoluera progressivement au fur et à mesure de l’enracinement du mouvement et des nouveaux enjeux politiques qui se poseront à lui, à sa fondation, la nouvelle association s’attache à se présenter comme a-politique, ni trop de gauche ni de droite. « Alors que quelques années auparavant un mouvement se proclamant « apolitique » aurait rencontré l’opposition de toutes les organisations politiques et antiracistes « de gauche », note P. Juhem (…), au contraire en 1985, l’affichage de « l’apolitisme » du mouvement est la condition de sa réussite, à la fois à l’égard de journalistes qui se réjouissent de la « fin des idéologies » et vis-à-vis de jeunes qui sont proportionnellement plus nombreux qu’auparavant à être indifférents à l’égard de « la politique ».» [7] SOS apparaît ainsi comme le cadre idéal pour mobiliser la jeunesse et canaliser la révolte des banlieues.

La finalité de l’association antiraciste est double. Il s’agit d’inclure les « beurs » dans des logiques politiques qui ne sont pas les leurs et d’exclure du champ politique ceux qui développent une orientation en rupture avec le consensus antiraciste basé sur l’intégration individuelle. Cette exclusion se réalise par diverses procédures. La première est évidemment de donner à SOS une légitimité qu’elle n’a pas en la présentant comme l’héritière de la Marche de 1983[8]. La seconde consiste à marginaliser les mouvements autonomes qui n’ont guère d’alliés dans le champ politique blanc ni, évidemment, de subventions. Le soutien gigantesque dont bénéficie SOS lui permet alors d’occuper tout l’espace antiraciste. Les mouvements autonomes sont soumis, quant à eux, à une terrible injonction qui contribuera à aggraver les dissensions en leur sein : se résoudre à une alliance avec SOS, c’est-à-dire accepter son hégémonie et les enjeux (blancs) qui sont les siens, ou prendre le risque de l’isolement avec – déjà – l’accusation de diviser le mouvement antiraciste. Ainsi, si SOS ne parvient pas à s’implanter réellement dans les cités, elle réussira néanmoins à gagner des militants comme Kaïssa Titous et Malik Lounès qui se résignent à y voir le seul cadre de regroupement possible et espèrent avoir suffisamment d’influence pour en changer l’orientation. « Lors du premier congrès de SOS-Racisme à Epinay-sur-Seine en 1986, rapporte P. Juhem, le principal débat aura lieu entre, d’une part, Julien Dray et la direction historique de l’association et, d’autre part, Kaïssa Titous qui, soutenue par les militants de la LCR, tentera de constituer au sein de SOS une tendance « beur », attachée à défendre la spécificité des « jeunes issus de l’immigration maghrébine ». D’autres batailles seront menées, notamment pour que l’association antiraciste prenne partie en faveur du peuple palestinien ou s’oppose à l’engagement des troupes françaises lors de la première guerre du Golfe. Mais ces batailles, si elles n’ont pas toujours été sans résultats, ne pouvaient pas rendre la parole à ceux qui en avaient été exclus.

Au principe de SOS, il y a en effet l’exclusion des « Beurs » du champ politique ou leur implication dans des enjeux qui leur sont extérieurs. SOS n’existe que comme cadre de mobilisation et de pression au sein du jeu des forces politiques blanches en instrumentalisant les problématiques de l’immigration et du racisme. Les « beurs » sont appelés à y trouver leur place à la condition de s’insérer dans les enjeux du champ politique blanc et de ne pas en bousculer les règles. SOS n’a pas « récupéré » le mouvement pour l’égalité au sens où elle s’est contentée d’en prendre la direction ; en exploitant ses ambivalences, elle l’a projeté dans le plan politique blanc. Ce faisant, elle a retourné le mouvement contre lui-même.

Sadri Khiari

Source : ce texte est extrait du livre de Sadri Khiari, Pour une politique de la racaille.Immigré-e-s, indigènes, jeunes de banlieue, que nous recommandons vivement.

[1] Juhem, P., Thèse de science politique : « SOS-Racisme, histoire d’une mobilisation « apolitique ». Contribution à une analyse des transformations des représentations politiques après 1981 ».

[2] Bouamama, S., Dix ans de marche des Beurs. Histoire d’un mouvement avorté, Desclée de Brouwer, 1994, p.4

[3] Ibidem, p.91

[4] Ibid., p.69

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] « SOS-Racisme est le premier mouvement de masse de l’après-guerre fondé sur des résolutions d’ordre exclusivement éthique. Il ne propose aucun projet de société, ne nourrit aucune ambition politique. Ses adhérents, pour la plupart des jeunes, ne se font guère d’illusions sur l’état du monde, […].Ils ne croient pas davantage aux promesses d’un monde lointain », Marek Halter, La main ouverte, Le Monde, 16 juin 1985 (cité par P. Juhem).

[8] « À la fin de 1984, il n’y a pas d’organisation nationale ou de porte-parole qui puisse revendiquer représenter l’ensemble des « jeunes issus de l’immigration ». Lorsque SOS-Racisme apparaît les journalistes peuvent, sans risque d’être démentis, faire de l’association l’héritière des « marches » et la représentante naturelle des « beurs ». » Ibidem.
Toussaint
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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 18:54

MO2014, je te propose de ne plus répondre sur les accusations de racisme anti-blanc portées, notamment par vérié en pleine mauvaise foi réitérée, qui est capable de ne pas voir le racisme de LO pour mieux accuser celles ou ceux qui le remettent en cause et osent le nommer tel qu'il est, tel que nous l'avons vu s'en prendre aux musulmans et aux immigrés de ce pays, enjoints par la secte de s'intégrer et de s'assimiler, accusés d'intégrisme pour pratique visible de l'Islam. Les Indigènes doivent dire merci aux bons blancs qui les défendent des méchants blancs et ne jamais accuser ceux qui les insultent en se réclamant de la libération universelle, le bon indigène doit modérer sa réponse aux insultes des bons blancs, et ne jamais confondre leurs insultes avec celles des méchants blancs.

J'ai posté trois textes assez clairs de Sadri, et je ne répondrai plus quant à moi aux fausses ingénuités et vraies malhonnêtetés d'un vérié qui prétend voir dans l'adjectif blanc un terme raciste malgré les multiples explications. La mauvaise foi blanche, on connaît, on la rencontre tous les jours. Le paternalisme blanc qui ravale l'indigène, le noir, l'arabe, le musulman au statut d'objet parlé, comme dit Saïd devant avaler les insultes, les exclusions, les violences et les stigmatisations d'une secte raciste parce qu'elle se dit révolutionnaire, on connaît par coeur, pour ces gens-là, des organisations blanches peuvent tout se permettre sans que les concernés y voient autre chose que des "analyses" et des "divergences" "entre camarades". Nous ne sommes pas les camarades de LO car LO a toujours prouvé sur le terrain et sans tous ses textes son mépris de caste, sa haine de toutes les religions, cultures ou nationalités opprimées. Eux sont les camarades de LO avec qui ils ont une divergence mineure, celle de l'islamophobie. Dont acte.

Pour nous, question de point de vue, c'est une question centrale, essentielle, et sur laquelle en effet nous jugeons de la nature de cette secte.

Ci-dessous, un dernier article de Sadri qui montre parfaitement en quoi nous ne considérons pas qu'il s'agisse d'une question secondaire et comment les qualificatifs de la secte raciste LO sont parfaitement partie prenante de l'ensemble de l'offensive de la classe dominante; j'attire en particulier l'attention sur les beurs, nouveaux vecteurs selon la secte raciste de l'antisémitisme et du fascisme actuels, selon les textes bavés de leur dernier congrès:





L’islamophobie, axe fondamental de la contre-révolution coloniale

Publié le 2 février 2015 par Sadri Khiari, membre du PIR



Le texte qui suit est un extrait, légèrement redécoupé, du livre de Sadri Khiari : « La contre-révolution coloniale, de De Gaulle à Sarkozy », La Fabrique, 2009.

Tout est là. Être français et musulman, du point de vue de l’ « identité nationale » républicaine, est un oxymoron. Il n’est pas possible d’être l’un et l’autre à la fois. Tant, du moins, que la conception même de la nation, telle qu’elle s’est construite dans la République, n’est pas radicalement recomposée, tant que l’« identité nationale » articule privilège « gaulois » et privilège blanc-européen-chrétien. L’offensive contre les musulmans – et contre l’Islam, de manière générale constitue ainsi l’un des volets de la défense de ce double privilège face au spectre indigène. C’est un axe autour duquel s’est construit le consensus blanc.

Pour Thomas Deltombe qui étudie l’islamophobie médiatique, « ce sont les grandes grèves de l’industrie automobile, entre 1982 et 1984, qui marquent un tournant décisif dans les relations entre le gouvernement et les immigrés: la référence à l’islam va être utilisée par le gouvernement pour discréditer une grève qui n’a pas grand-chose de religieux. Alors que la grève des OS débute au printemps 1982 dans les usines Citroën et Talbot d’Aulnay-sous-Bois et de Poissy, les médias s’intéressent rapidement à l’aspect « islamique » de cette mobilisation que les leaders syndicaux habituels ont du mal à canaliser. Les mosquées d’entreprise fleurissent tout à coup sur les écrans de télévision. Les photos des OS en prière s’étalent dans la presse écrite. Les caricaturistes transforment les cheminées d’usine en minarets. La rumeur gonfle d’une manipulation « intégriste ». La presse d’extrême droite, bien sûr, se défoule contre les ouvriers « khomeynistes ». Gaston Deferre, le ministre socialiste de l’Intérieur, évoque «les grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites». Le lendemain, le Premier ministre, Pierre Mauroy, déclare: «Les principales difficultés qui demeurent sont posées par des travailleurs immigrés dont je ne méconnais pas les problèmes mais qui, il faut bien le constater, sont agités par des groupes religieux et politiques, qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises[1] ».

Le front de l’islam est donc ouvert; il prendra d’autant plus d’importance dans la stratégie du Pouvoir blanc que les nouvelles générations issues de l’immigration sont de plus en plus nombreuses à se revendiquer de la religion de leurs parents. En 1989, la fatwa iranienne contre Salman Rushdie, puis la première « affaire » du voile ont scellé ainsi une nouvelle étape dans la construction du consensus blanc, un consensus encore plus large désormais puisqu’il s’étend désormais jusqu’à une frange de l’extrême gauche. Le premier bénéficiaire en est le Front national. Le 26 novembre 1989, il obtient des scores exceptionnels aux élections législatives partielles à Dreux et à Marseille. À peine les résultats du scrutin sont-ils connus que le Premier ministre socialiste, Michel Rocard, déclare que la France ne peut pas « héberger toute la misère du monde »[2], relayé par Mitterrand qui estime que « le seuil de tolérance a été atteint dans les années 1970 » [3]. Jacques Chirac, pour sa part, affirme que la France a « un problème de saturation »[4]; il réclame la fermeture des frontières, davantage de répression à l’encontre de l’immigration irrégulière, la réforme du droit d’asile et du Code de la nationalité. Parler de l’islam en France, c’est bien parler de l’immigration!

Désormais l’offensive contre l’islam n’allait plus cesser de s’amplifier, scandée par les convulsions de la politique internationale et leurs incidences parfois meurtrières en France[5]. De 1993 à 1995, c’est la deuxième cohabitation. Jacques Chirac est de nouveau Premier ministre; Charles Pasqua retrouve son portefeuille place Beauvau. Il ne ménagera aucun effort pour alimenter la peur de l’islam et justifier l’appui apporté par son gouvernement à la junte militaire algérienne qui, depuis l’« arrêt du processus électoral» en janvier 1992, mène une véritable guerre contre les organisations politiques islamistes. La gauche partage cette même orientation au nom de la défense de la laïcité et de l’émancipation des femmes. Bonne occasion également de réactiver la vieille division coloniale entre Kabyles et Arabes. Les premiers seraient des démocrates, laïcs, respectueux du droit des femmes. Vraiment civilisés. Les seconds, tout le contraire. À la rentrée 1994, le ministre de l’Éducation nationale, François Bayrou, annonce l’interdiction du voile dans les établissements publics. Le Conseil d’État annule la décision, mais la polémique est relancée. Une autre future candidate à l’élection présidentielle, Ségolène Royal, déclare alors sur France 2: « Je voudrais quand même rappeler que, pour le port du voile, on tue en Algérie. Je crois qu’on ne doit pas faire un amalgame entre tous les signes extérieurs de religion. Ce que je crois aussi, c’est qu’il faut s’interroger sur le degré de liberté de ces jeunes filles car, derrière le voile, je pense qu’il y a un mouvement politique d’adultes, l’islamisme, qui cherche quand même à subvertir l’école laïque et qui cherche surtout à subvertir l’égalité des droits pour les filles »[6]. Dans Les Damnés de la terre, Fanon mentionnait déjà ce type de discours coloniaux. « Là, écrivait-il, on entend à longueur de journée des réflexions odieuses sur le voile des femmes, sur la polygamie, sur le mépris supposés des Arabes pour le sexe féminin »[7].

Dans le débat public, islam, immigration, banlieues, sécurité sont systématiquement associés. Thomas Deltombe souligne ainsi que les médias « insistent sur l’attraction « naturelle » des jeunes de banlieue pour les thèses islamistes »[8]. En 1995, soupçonné d’être impliqué dans des attentats terroristes, Khaled Kelkal est tué de sang-froid par des policiers. Aux yeux du plus grand nombre, il est la preuve flagrante que les jeunes musulmans des cités ont une propension quasi naturelle à la violence. « La grande interrogation des médias, remarque encore Deltombe, va consister à se demander si le jeune homme a agi parce qu’il est « islamiste » ou parce qu’il est « de banlieue ». Pendant un mois, l’islam devient un phénomène de banlieue et la banlieue un quasi-phénomène islamique, dont Kelkal serait le symbole »[9].

Je pourrais poursuivre, faire le récit détaillé de tous les prétextes qui ont été impudemment utilisés par les forces politiques blanches, leurs intellectuels et leurs médias afin de réactiver les plus abjectes représentations coloniales – du barbare qu’il faut supplicier au sauvage à civiliser. Dans la République laïque, on n’ose guère en appeler publiquement au souvenir des croisades, mais, incidemment, par petites touches, entre les mots, le message subliminal est le même que celui qu’énonce clairement George Bush: la civilisation chrétienne est menacée par les hordes musulmanes. La fureur islamophobe, attisée par les attentats du Il septembre 2001 et le nouveau colonialisme américain, atteint son comble en 2003 avec l’affaire des sœurs Alma et Lila Levy[10], la loi contre le voile[11] et la sordide campagne contre Tariq Ramadan. De l’extrême droite à l’extrême gauche, le front blanc se resserre. Rares seront ceux, principalement au sein de la gauche radicale, qui prendront alors le risque de s’écarter du consensus blanc.

L’offensive islamophobe a pris diverses formes: répressive, idéologique, mais aussi intégrationniste. L’intégrationnisme, comme tactique politique coloniale, a deux facettes. Elle consiste, rappelons-le : à semer le trouble dans la conscience des colonisés, à dissoudre leurs identités, à camoufler les inégalités statutaires. Elle consiste aussi à diviser les colonisés, à promouvoir en leur sein des élites et des flics qui auront la charge de les encadrer et de les contrôler, notamment au travers d’instances particulières de représentation, enchâssées dans les dispositifs institutionnels du Pouvoir blanc. Si la première facette de cette tactique prend la forme de la valorisation de l’« islam modéré», de la promotion des musulmans « modernistes », des musulmanes « émancipées », sa seconde facette, à la fois complémentaire et antagonique, à peine ébauchée à l’époque giscardienne, a commencé à être sérieusement mise en œuvre par le ministre socialiste de l’Intérieur Pierre Joxe, qui instaure en 1989 l’éphémère Conseil de réflexion sur l’islam en France (Corif). Les velléités d’organisation du culte musulman, sous l’égide de l’État, seront poursuivies par tous les ministres de l’Intérieur qui lui ont succédé. Charles Pasqua, Jean-Louis Debré, Jean-Pierre Chevènement et, enfin, Nicolas Sarkozy, le plus malin de tous, auquel nous devons le Conseil français du culte musulman (CFCM) qui est parvenu à rassembler les principales organisations musulmanes sous le patronage du ministère de l’Intérieur. En échange de leur « loyalisme », des efforts qu’elles mènent pour vider l’islam de tout esprit de rébellion, de leur collaboration à la politique de surveillance des populations musulmanes notamment dans les cités, ces organisations se voient accorder une légitimité institutionnelle, quelques concessions destinées à faciliter les pratiques cultuelles, et, bien sûr, le partage entre elles – et non sans tensions- du « marché » de l’islam français.

Aziz Zemmouri et Vincent Geisser ont mis en évidence l’inspiration que cette politique a puisée dans la gestion de l’islam colonial, la similarité de leurs substrats idéologiques et des finalités qui les animent. « Dès les premiers temps de la conquête, écrivent-ils, l’administration coloniale tenta d’imposer un « clergé musulman »-, la formule était employée par certains administrateurs coloniaux -, censé servir loyalement les intérêts de la France »[12]. À travers la « fonctionnarisation » des « clercs musulmans », expliquent-ils, il s’agissait de garantir leur soutien aux autorités coloniales « et surtout de prévenir toute tentative de résistance religieuse ». Hier comme aujourd’hui, l’officialisation de la représentation de l’islam sous la tutelle de l’administration « avait pour contrepartie logique une politique de surveillance et de répression des religieux dits « indépendants », dont les activités étaient jugées subversives ». L’organisation d’une représentation institutionnalisée de l’islam s’est accompagnée de la volonté de développer des structures officielles de formation d’« imams sur mesure » et d’étouffer les associations soucieuses de favoriser l’épanouissement d’un islam indépendant. La politique du gouvernement à cet égard est relayée par les instances intermédiaires de l’État, collectivités locales et municipalités, principales médiations de la résistance populaire blanche dans les quartiers qui, souvent en s’appuyant sur les rapports fournis par les Renseignements généraux, « pratiquent une forme de favoritisme à l’égard de certaines associations musulmanes réputées « modérées » et « présentables », au détriment d’autres « peu fréquentables », auxquelles on accole assez facilement les étiques d' »intégristes » et/ou de « fondamentalistes ». Les cas de villes comme Montpellier, Marseille ou Vénissieux sont exemplaires de cette gestion autoritaire, où les maires tentent de promouvoir un « islam municipal », loyal et fidèle, ostracisant dans le même temps toutes les autres organisations musulmanes »[13].

On aurait tort, cependant, de ne voir dans l’islamophobie contemporaine que les flatulences tardives d’une vieille peur chrétienne de l’« islam conquérant ». Ses puanteurs sont les mêmes, mais ce qui fermente dans les boyaux de l’islamophobe, ce n’est pas la haine de l’islam en tant que croyance. Celle-ci est bien plus le produit de la politique islamophobe que sa motivation initiale. Il ne s’agit pas tant de défendre ou d’étendre la chrétienté pour elle-même que d’en consacrer la mémoire comme l’une des composantes de la blanchitude. Les islamophobes qui nous disent n’avoir pour ennemi que l’« islam radical » ne sont donc hypocrites qu’à moitié. Ils ne défendent pas la chrétienté contre l’islam; ils défendent la suprématie blanche dans la forme relativement sécularisée qui est la sienne aujourd’hui. L’« islam radical », du point de vue de ces républicains, c’est tout bonnement l’islam indocile, rétif à l’occidentalisation, l’islam creuset d’une dissidence indigène. Le musulman qui veut pouvoir exprimer son islamité dans l’espace public est pour eux un islamiste radical non pas parce qu’il remettrait en cause la laïcité, mais parce qu’il incite les indigènes à s’affirmer dans l’espace public. Il est un terroriste non pas parce qu’il assassine des « victimes innocentes », mais dès lors qu’il s’introduit par effraction dans l’espace public. Peu leur importe que Tariq Ramadan soit favorable ou non à la lapidation; à leurs yeux, il est un « intégriste », il entretient des liens avec le « terrorisme », parce qu’il dit aux musulmans: ne restez pas en dehors de l’espace public, faites de la politique. Quand les islamophobes dénoncent le « prosélytisme musulman », ils ne parlent pas tant de prosélytisme religieux que d’incitation à l’occupation indigène de l’espace public. Quand ils interdisent le voile à l’école, ils interdisent l’accès de l’espace public aux indigènes qui rechignent à être « beurisés ». Quand ils assurent défendre l’émancipation des femmes musulmanes tout en respectant leur foi, c’est encore un leurre: ils veulent, en fait, interdire aux femmes leur émancipation en tant qu’indigènes. Les musulmans (et plus largement les indigènes) ne sont les bienvenus dans l’espace public qu’à la stricte condition qu’ils s’en prennent à d’autres musulmans, c’est-à-dire qu’ils se battent contre eux-mêmes. La République est une religion islamophobe. L’islamophobie ne combat pas le musulman en tant que musulman mais le musulman en tant que rebelle potentiel à l’ordre blanc, et c’est pourquoi tout musulman est un intégriste ou un terroriste en puissance. Elle ne se développe pas principalement dans le champ de l’intolérance religieuse mais dans celui de la lutte raciale. Elle ne constitue donc qu’un volet de cette contre-offensive coloniale qui est menée contre l’ensemble des indigènes et, plus particulièrement, contre l’espace privilégié de leurs résistances, les cités populaires où se nouent les différentes facettes de la politique sécuritaire.



Sadri Khiari, membre du PIR



Extrait de son livre : « La contre-révolution coloniale, de De Gaulle à Sarkozy« , La Fabrique, 2009



Notes

[1] Th. Deltombe, L’Islam Imaginaire, p.50. La référence au chiisme est évidemment inspirée de la révolution iranienne. Les évènements au Moyen-Orient ont en effet des répercussions directes en France où ils alimentent l’islamophobie. Ainsi, l’engagement des troupes française depuis septembre 1982 dans le cadre d’une « force multinationale » stationnée au Liban a des implications immédiates: enlèvement de ressortissants français, successions d’attentats à Paris et Marseille. Les Palestiniens et les musulmans libanais sont présentés comme de terribles barbares face auxquels les chrétiens du Liban et l’Etat d’Israël se défendent comme ils peuvent.

[2] « Sept sur Sept », TF1, 3 décembre 1989, cité dans Th. Deltombe, L’Islam Imaginaire, p.118

[3] Allocution présidentielle, TF1, Antenne 2, 10 décembre 1989, cité dans Th. Deltombe, L’Islam Imaginaire, p.118

[4] JT de 20 heures, TF1, 8 décembre 1989, cité dans Th. Deltombe, L’Islam Imaginaire, p.118

[5] Vagues d’attentats au milieu des années 1990.

[6] Le 25 octobre 1994, Th. Deltombe, L’Islam Imaginaire, p.230

[7] F.Fanon, Les Damnés de la Terre, Paris, La découverte, 2004, p.156

[8] Th. Deltombe, L’Islam Imaginaire, p.205

[9]Ibid, p.244

[10]A la rentrée 2003, les deux élèves sont exclues par le conseil de discipline du lycée d’Aubervilliers parce qu’elles refusent de retirer leurs voiles. De puis les mois de mai-juin, la polémique sur le voile avait été relancée par le gouvernement de droite dans le contexte d’un puissant mouvement de grève contre la réforme des retraites. Le PS n’est pas en reste: Jack Lang dépose une proposition de loi visant à interdire le port du « foulard » à l’école. Pour sa part, Laurent Fabius défend l’interdiction des « signes religieux ostentatoires » à l’école et dans l’espace public.

[11] La loi sur la laïcité, votée en mars 2004, interdit le port de tout signe religieux « ostensible » à l’école.

[12] A.Zemouri, V.Geisser, Marianne et Allah. Les politiques français face à la « question musulmane », Paris, La Découverte, 2007, p.82

[13] Ibid, p.26
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Message  Invité Lun 9 Fév - 19:09


Chacun a sa peine. La mienne c'est de te voir propager que nous défendrions une sorte de racisme "anti-blanc"...

Désolé c'est du raciste tout cour, et je vous emmerde . Pour moi je vous mets au même niveaux que dieudonée, Le concept de raciste antiblanc je ne l'est personnellement pas invoqué, les raciste sont tous de la même race de connard finie.


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Message  Invité Lun 9 Fév - 19:37

verié2 a écrit:
Toussaint
Merci de la leçon, bwana
Ton obstination à voir dans tous les antiracistes "présumés blancs" des racistes qui s'ignorent et à ironiser ainsi pour les décrédibiliser est pénible, Toussaint. D'autant que tu ne connais pas la couleur de peau des gens qui écrivent sur le net. Tes outrances ne décrédibilisent d'ailleurs que les parties justes et intéressantes de tes propos.

Cette histoire du terme "blanc" utilisé comme "concept" et non comme couleur de peau ne tient pas la route. C'est à peu près au niveau des dessins de Charlie qui représentent Taubira en Guenon, en disant "c'est pour dénoncer la vision du Front National". Lu ou vu par 99 % des gens, c'est ni plus ni moins du racisme.

Il existe d'autres façons que la couleur de peau pour exprimer les conceptions paternalistes voire colonialistes ou semi colonialistes d'une partie de la population, voire de certains militants. Quant il a parlé du rôle de l'aristocratie ouvrière dans le soutien à l'impérialisme, Lénine n'a pas éprouvé le besoin de parler de la couleur de peau de ses membres.

Cette façon de parler sans arrêt de "blanc" n'est que pure démagogie vis à vis des catégories "non blanches" - pas faciles à définir d'ailleurs - pour tenter de se tailler une chasse gardée dans lesdites catégories.

C'est du racisme point bar, a partir du moment qu'il y a une théorisation de race, ça va bien plus loin qu'un racisme ordinaire ou "antiblanc" comme ils disent. En plus Toussaint a un concept qui colle pile poile a la théorie de Dieudo Soral qui font des antiracistes des raciste.
C'est du foutage de gueule et j'ai personnellement aucune leçon a recevoir des partisan de Dieudonée!

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Message  verié2 Lun 9 Fév - 19:47

Toussaint
je ne répondrai plus quant à moi aux fausses ingénuités et vraies malhonnêtetés d'un vérié qui prétend voir dans l'adjectif blanc un terme raciste malgré les multiples explications. La mauvaise foi blanche, on connaît
Il y a en effet impossibilité de communiquer entre nous et je crois que tu ne souhaites pas communiquer : tu veux seulement créer un fossé avec tout ce qui te sembles plus ou moins "blanc". Pour trouver grâce à tes yeux, il faudrait se rallier à cette vision. Un militant "blanc" est nécessairement au mieux paternaliste au pire raciste. Tu cherches ainsi à dresser ceux que tu définis comme "non blancs" contre toutes les organisations existantes pour les organiser séparément... sous ta direction, ou plus exactement sous celle du PIR dont tu as adopté le point de vue.

Cette démagogie n'est pas sans rappeler celle des maoïstes des années soixante-dix qui se voulaient eux aussi plus "immigrés" que les immigrés eux-mêmes et allaient jusqu'à avancer des revendications qu'ils n'avançaient pas eux-mêmes, par exemple des salles de prière dans des foyers. Les Maoïstes n'en étaient d'ailleurs pas moins "blancs " pour autant, ils étaient même des caricatures de "bwanas" qui prétendaient diriger les immigrés (et les pauvres en général). Que cette démagogie soit reprise aujourd'hui par des intellectuels qui ont plus ou moins la même couleur de peau ou les mêmes origines que ceux qu'ils cherchent à manipuler ne change pas grand chose sur le fond.

La prise en main de leur destins par ces catégories passe par la prise de conscience qu'ils appartiennent à une seule et même classe ouvrière que ces fameux "blancs" (qui n'existent pas puisqu'il ne s'agirait que d'un concept abstrait ?). Ca n'exclut d'ailleurs pas qu'ils puissent, dans certaines circonstances, s'organiser de façon séparée, c'est un problème purement tactique. Mais rien n'indique que ce soit nécessaire dans la France de 2015. L'expérience récente que nous avons vécue à la SNCF avec des jeunes Beurs dont certains sont influencés par Dieudonné-Soral nous confirme plutôt dans l'idée que nous pouvons tous coopérer dans la même organisation... sans "bwanas" de quelque couleur qu'ils soient, mais avec des camarades qui ont la volonté de prendre leur sort en mains.

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Message  MO2014 Lun 9 Fév - 20:21

Je suis d'accord avec toi Toussaint ce sera ma dernière réponse a l'impossible dialogue avec verie2. Tout a été dit explique cite en long en large . des references ont été donne, des travaux ont été produits, rien y fait ... Apres l'injure de racismle de celui qui ne voit pas celui de ses "camarades" de LO, maintenant celle de petit bourgeois...
Très bien les choses sont claires tu as choisis ton camp et tu l'as exprimé avec details : les indigènes, les nègres et le arabes, ces " français" issus de l'immigration n'auront a tes yeux pas le droit d'utiliser le terme blanc pour caractériser le champs politique qui sert de cadre a la domination coloniale. Les discriminations relatives entre dominés souchiens et français issus de l'immigration ne sont donc pas le résultat d'un système de domination sociale a connaitre a analyser pour trouver les formes politiques qui permettront de le combattre, car selon toi elles sont déjà matérialisées dans une classe ouvrière idéalisée et abstraite et "non communauriste" noire ou arabe et... Dans ton communautariste blanc évidemment.
,
Finalemlent tes desaccords avec lo ne sont qu'un posture. sur la question de la lutte conne les discriminations racistes de l'état colonial du es bien plus proche des fondamentaux de la raciste LO que de celle du pir et des penseurs des luttes de libération decoloniales

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Message  verié2 Lun 9 Fév - 20:50

Qui n'approuve pas le PIR à 100 % est un raciste blanc (conscient ou non), ainsi pourrait se résumer le propos de MO2014. Les justifications byzantines à l'emploi du terme blanc n'y changent pas grand chose. Néanmoins, je ne serai pas aussi catégorique que certains et, en dépit de cette démagogie, je ne placerai pas le PIR au même niveau que les racistes... "blancs", les vrais. Car je ne pense pas que le PIR, même s'il en avait les moyens, se lancerait dans des agressions contre les organisations ouvrières qu'il considère comme "blanches". Il se contente d'organiser son pré carré, ou du moins d'essayer pour le moment.
MO2014
un système de domination sociale a connaitre a analyser pour trouver les formes politiques qui permettront de le combattre, car selon toi elles sont déjà matérialisées dans une classe ouvrière idéalisée et abstraite et "non communauriste" noire ou arabe et... Dans ton communautariste blanc évidemment.
Voilà ce qui nous divise. Je ne pense pas que ces catégories soient indispensables pour comprendre les divisions au sein de la classe ouvrière - lesquelles ne se limitent pas du tout à l'opposition "indigènes/blancs"...

Ca n'empêche nullement de lutter contre le racisme de façon non paternaliste. Par exemple en mobilisant ceux qui en sont victimes, mais pas exclusivement, pour établir un rapport de forces avec les racistes. Car en effet on ne combat pas le racisme (ni le fascisme) avec des bons sentiments et des discours humanistes.

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Message  olac2013 Lun 9 Fév - 21:58

Jusqu'à quand sera toléré sur ce forum (marxiste ?) que LO soit traité de "secte raciste" ?
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Message  Eugene Duhring Lun 9 Fév - 22:08

verié2 a écrit:Qui n'approuve pas le PIR à 100 % est un raciste blanc (conscient ou non), ainsi pourrait se résumer le propos de MO2014. Les justifications byzantines à l'emploi du terme blanc n'y changent pas grand chose. Néanmoins, je ne serai pas aussi catégorique que certains et, en dépit de cette démagogie, je ne placerai pas le PIR au même niveau que les racistes... "blancs", les vrais. Car je ne pense pas que le PIR, même s'il en avait les moyens, se lancerait dans des agressions contre les organisations ouvrières qu'il considère comme "blanches". Il se contente d'organiser son pré carré, ou du moins d'essayer pour le moment.
MO2014
un système de domination sociale a connaitre a analyser pour trouver les formes politiques qui permettront de le combattre, car selon toi elles sont déjà matérialisées dans une classe ouvrière idéalisée et abstraite et "non communauriste" noire ou arabe et... Dans ton communautariste blanc évidemment.
Voilà ce qui nous divise. Je ne pense pas que ces catégories soient indispensables pour comprendre les divisions au sein de la classe ouvrière - lesquelles ne se limitent pas du tout à l'opposition "indigènes/blancs"...

Ca n'empêche nullement de lutter contre le racisme de façon non paternaliste. Par exemple en mobilisant ceux qui en sont victimes, mais pas exclusivement, pour établir un rapport de forces avec les racistes. Car en effet on ne combat pas le racisme (ni le fascisme) avec des bons sentiments et des discours humanistes.
Une fois n'est pas coutume, j'adhère à près de 100% à tes dernières interventions en précisant que je n'ai jamais qualifié de fasciste le PIR mais de symétrique du FN dans le sens où d'un côté le FN cherche à séparer le bon français du mauvais immigré de préférence de couleur et de l'autre côté le PIR qui lui répond "chiche" en séparant le français privilégié raciste et soutien de son impérialiste par défaut du bon immigré de couleur évidemment. Le PIR est une réponse déformée interclassiste au FN. Et malheureusement la montée du FN nourrira en retour la rhétorique racialiste du PIR et pas pour le meilleur mais évidemment pour le pire.
MO sur ce forum en est une caricature.
J'ai une pensée pour ces nombreux camarades en particulier issus du Maghreb organisés en politique ou dans le syndicat et que le PIR incidemment exhorte à choisir son camp. En ce sens, le PIR pour moi est un ennemi de la classe ouvrière ... Aucune unité possible avec cette organisation.

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Message  Eugene Duhring Lun 9 Fév - 22:15

olac2013 a écrit:Jusqu'à quand sera toléré sur ce forum (marxiste ?) que LO soit traité de "secte raciste" ?
Attention, toute demande de modération des propos infects de Toussaint et MO seront immédiatement qualifiés pour ce qu'ils sont consciemment ou inconsciemment : racistes, islamophobes et soutien de son propre impérialisme.
Le racialisme a pour avantage de satisfaire à toutes les situations, de se satisfaire à lui même. Un contradicteur et hop : un putain de raciste !

Eugene Duhring

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Message  marxmarx Lun 9 Fév - 22:36

Toussaint et Mo2014 traitent des militants communiste de "salauds" et de racistes à longueur de post ne sont pas modérés

Et quand on a le malheur de qualifier leurs litanies monochromes, on l'est !  Shocked

verié2 a écrit:Qui n'approuve pas le PIR à 100 % est un raciste blanc (conscient ou non), ainsi pourrait se résumer le propos de MO2014.
C'est pire que ça : meme si tu approuves le pir, tu es raciste puisque tu es blanc
Avec des antiracistes comme ça, plus besoin de racistes

marxmarx

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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 22:45

Qui n'approuve pas le PIR à 100 % est un raciste blanc


Argument crapuleux. Qui parle d'approuver à 100%? Où? Quand? En revanche pour parler des positions des uns et des autres, encore faut-il les connaître. Et y répondre par une argumentation, ce que peu de gens et toi moins que tout autre font.

je ne placerai pas le PIR au même niveau que les racistes... "blancs", les vrais. Car je ne pense pas que le PIR, même s'il en avait les moyens, se lancerait dans des agressions contre les organisations ouvrières qu'il considère comme "blanches".

La condescendance et le maintien de la calomnie, toute une illustration du champ politique blanc lorsque d'indigènes il s'agit.

Peut-être serait-il utile de lire ou d'écouter ce que disent les gens dont on parle, ce serait le minimum. En l'occurence, il s'agit pour le PIR, non d'une logique d'affrontement, mais de recherche d'alliances; en tenant en compte qupour s'allier, il faut exister indépendamment, mais il en va des organisations blanches comme des organisations masculines à une époque, l'idée d'une indépendance politique et d'une auto-organisation indépendante de celles et ceux qu'ils ont ignorés ou maltraités est forcément une hostilité. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé lors de l'appel en 2005, des organisations comme la secte raciste qui vantaient au même moment... Malcolm X, loin et mort, nous ont traités de tous les noms, comme d'hab au premier chef de communautaristes, au second de marionnettes de ce pauvre Ramadan, de paravents de l'intégrisme et de Dieudonné, etc.

Ensuite, la notion de champ politique blanc dans un pays colonialiste et structurellement raciste, n'est pas une notion raciste, mais au contraire une dénonciation de la racialisation qui fait que par exemple la sexte raciste parle de "quartiers immigrés" en parlant des quartiers populaires, renvoyant à un statut d'indigène des gens qui sont français depuis de multiples générations et faisant d'antillais et de guyanais depuis plus longtemps français que les Niçois des "immigrés". C'est l'explication de la raison fondamentale pour laquelle la secte se croit autorisée à relayer dans la classe ouvrière l'injonction d'intégration et d'assimilation en portant sur les gens à intégrer un regard vertical, dans le meilleur des cas paternaliste, dans le pire, lorsque le non-intégré se rebiffe (cas des musulmans visibles) répressif, stigmatisant et radicalement hostile, le définissant comme un ennemi à combattre (ce qui est le cas lorsque le seul fait de porter un voile permet à la secte de ranger des personnes dans l'intégrisme militant, dans l'islam politique d'extrême droite).

Il est d'ailleurs intéressant de voir les injonctions de militants de partis blancs à considérer une secte qui depuis plus de 10 ans mène une politique islamophobe agressive sous un autre angle, d'en voir les aspects positifs, etc, un peu comme on peut encore entendre parler des bons côtés du colonialisme, certes, ils vous traitent comme des chiens, certes ils vous dicsriminent, vous stigmatisent, vous excluent et appuient votre licenciement, mais ce sont des militants révolutionnaires héroïques et il faut voir leurs bons côtés, bien plus importants que les détails qui vous fâchent parce que vous êtes des exaltés irrationnels. Very Happy Oui, bwana, le bon indigène ne se vexe pas, et sourit quand on l'insulte parce que le blanc dans le fond lui apporte tellement de choses... la théorie révolutionnaire, l'intégration, la libération de son arriération, l'accession à l'universel...

lutter contre le racisme de façon non paternaliste. Par exemple en mobilisant ceux qui en sont victimes

Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Heureusement que depuis pas mal de temps ils ont tendance à de mobiliser eux-mêmes sans leurs grands frères blancs, comme à Aubervilliers, ainsi que tu as pu le voir et chez les sans-papiers. Parce que les organisations blanches, euh... avaient autre chose à faire, disons.

pas exclusivement, pour établir un rapport de forces avec les racistes

Parfait, en effet, c'est bien la question du rapport de forces qu'il faut poser, mais encore faut-il que les organisations blanches acceptent de coexister avec les opprimés, en l'occurence avec les orgas musulmanes, ce qui est le cas du NPA. Parce que l'on a vu longtemps des organisations se poser le problèmede la solidarité avec les musulmans à condition que ceux-ci ne soient pas présents en tant que tels et ne se fassent pas voir. Et lorsque l'on voit qualifier systématiquement comme le fait la secte toute asso musulmane, tout penseur musulman, tout courant musulman comme intégriste, c'est à dire d'extrême droite et aujourd'hui potentiellement criminels, on ne peut que constater le chemin qui reste à parcourir.

Mais plus fondamentalement lorsqu'il s'agira de se mobiliser contre l'interdiction du port du voilé à l'université ou pour l'abrogation de la loi raciste de 2004, quelle sera la composition du front islamophobe? A Babyloup, qui a soutenu les licenciements? Etc... Etc... Qui se trouvera aux côtés des Gérin, des Valls, des Fourrest, des Marine Le Pen, des Ciotti, j'en passe et des meilleurs? Poser la question est y répondre. J'oubliais, ce n'est pas grave, il sufit de ne pas regarder certaines choses et les classer comme des divergences secondaires. Tout cela fait après tout, d'excellents mr comme disait la chanson. Ben non, on n'est plus en 2004, les saLOs qui ont soutenu la loi raciste et continuent à la soutenir, qui insultent et stigmatisent les musulman-e-s visibles perpètrent leurs saletés dans un contexte qui a évolué, et auquel ils ont contribué. Ils sont dans le camp en face, point barre. Et oui, c'est une ligne de démarcation fondamentale.
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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 22:46


verié2 a écrit:Qui n'approuve pas le PIR à 100 % est un raciste blanc (conscient ou non), ainsi pourrait se résumer le propos de MO2014.
C'est pire que ça : meme si tu approuves le pir, tu es raciste puisque tu es blanc

Very Happy Very Happy Very Happy Compliments, vérié, tu as attiré de nouveaux amis, je te les laisse.
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Message  Toussaint Lun 9 Fév - 22:51



Internationalisme décolonial, antiracisme et anticapitalisme

Publié le 28 octobre 2012 par Sadri Khiari

Intervention de Sadri Khiari au Colloque « Penser l’émancipation » qui s’est tenu à l’Université de Lausanne (Suisse) les 25 et 27 octobre 2012.


Il y aurait beaucoup à dire – à apprécier et à critiquer – sur l’internationalisme tel qu’il a été porté par le mouvement ouvrier, et notamment par ses tendances les plus radicales, au cours du siècle dernier. Idéal généreux d’émancipation humaine, il a connu des moments glorieux dont il m’est difficile de parler sans émotion. Les deux exemples qui me viennent immédiatement à l’esprit sont l’extraordinaire mouvement de solidarité suscité par la révolution espagnole et, évidemment, puisque cela me concerne directement, le soutien apporté par de nombreux mouvements internationalistes, communistes ou anarchistes, aux luttes anticolonialistes.

Je pourrais évoquer quantité d’autres exemples. Il se trouve qu’un ami m’a envoyé récemment un court extrait d’un texte de Trotsky datant de mai 1938 que je mourrais d’envie de partager à mon tour sans en trouver l’occasion. Cette conférence me la fournit. Le voici, il est magnifique : « Supposons que, dans la colonie française d’Algérie, éclate demain une rébellion, sous la bannière de l’indépendance nationale et que le gouvernement italien, poussés par ses propres intérêts impérialistes, livre des armes aux insurgés. Quel devrait être dans ce cas, le comportement des ouvriers italiens ? J’ai délibérément pris l’exemple d’une révolte contre un impérialisme démocratique et d’ingérence en faveur de rebelles par un impérialisme fasciste. Les ouvriers italiens doivent-ils empêcher l’envoi d’un navire avec des armes pour les Algériens ? Supposons qu’un quelconque gauchiste réponde à cette question par l’affirmative. Tout révolutionnaire, de concert avec les ouvriers italiens et les Algériens rebelles, rejetterait avec indignation cette réponse. Même si dans l’Italie fasciste à ce moment éclate une grève générale des marins, dans ce cas les grévistes doivent faire une exception en faveur des navires qui apportent de l’aide aux esclaves coloniaux, sinon ils seraient des syndicalistes jaunes, et non des ouvriers révolutionnaires [1]. »

En ces temps de guerres impériales, d’interventions ou de menaces d’intervention impérialistes ici ou là, ces phrases pourraient être longuement commentées, tant du point de vue des militants de gauche agissant dans le cadre d’un Etat impérialiste que du point de vue des militants agissants dans un pays en révolution auxquels un Etat impérialiste, en fonction de ses propres calculs, fournit une aide militaire. Mais là n’est pas le sujet de cette communication. Je me bornerais ici à souligner une des idées fortes de ce paragraphe, en l’occurrence : la priorité absolue que devraient donner les ouvriers au soutien à la lutte anticoloniale menée dans un pays dominé y compris lorsque ce soutien se fait au détriment de leurs propres luttes et risquent de les diviser eux-mêmes. Bon, je m’arrête pour en venir à ce dont je voudrais parler ici et qui n’est pas nécessairement sans rapports.

La question coloniale, sous une forme renouvelée, se pose désormais au cœur des métropoles impériales. Elle s’était déjà posé de cette manière aux Etats-Unis à travers la question noire. A propos de l’esclavage et de la guerre de sécession Marx avait proposé, quant à lui, des réponses inspirées d’une approche internationaliste. Au XXème siècle, le Parti communiste américain et les organisations trotskistes avaient également abordé de front cette problématique. Les Afro-américains, hélas, ne sont toujours pas sortis de l’auberge. La domination raciale, ce colonialisme intérieur, est toujours omniprésente aux Etats-Unis. Elle se double de plus en plus d’une autre forme de conflictualité raciale engendré par l’afflux massif de populations immigrées, originaires notamment des pays d’Amérique Latine.



C’est cela la forme nouvelle de colonialisme surgie au cours de ces dernières décennies et qui interroge profondément l’internationalisme traditionnel : l’émigration massive de populations du sud vers les métropoles impériales, leur stabilisation et leur reproduction. J’aborderai plus particulièrement cette question à partir du cas de la France où la gauche radicale a une fâcheuse tendance à oublier dans ses réflexions stratégiques l’importance décisive de populations opprimées issues des anciennes colonies et de ses « territoires d’Outre-mer ».

La gauche radicale ne méconnait pas totalement le lien étroit qui associe l’oppression subies par les populations issues de l’immigration et la domination impérialiste néo-coloniale. Elle n’en retient cependant qu’une des facettes, occultant ce qu’expliquait pourtant le sociologue Abdelmalek Sayyed, en l’occurrence que l’immigré n’est jamais seulement un immigré. Il demeure un émigré, indissociablement émigré-immigré. Lorsqu’en outre, il est originaire d’un pays colonisé ou dépendant et qu’il s’installe dans un Etat impérial, comme la France, un Etat producteur, en son propre sein, de hiérarchies raciales, l’émigré-immigré se déplace, en fait, dans un même continuum de relations de pouvoir marquées par la colonialité. Alors même qu’il s’insère dans la trame du pouvoir capitaliste, il reste, dans son statut social, politique, culturel, symbolique, pris, enserré dans les rapports coloniaux ou néo-coloniaux de domination. En cela, il se distingue réellement des immigrations intra-européennes. En cela, contrairement à ces dernières, il transmet à sa descendance son propre mouvement d’émigration-immigration et le rapport colonial qui en est la matrice. Pour la gauche radicale, cependant, une fois en France, l’immigré n’est plus qu’immigré et les générations qui le prolongent des Français comme les autres, non pas soumis aux rapports impérialistes néo-colonialistes mais à un manque de droits, à des préjugés racistes et aux discriminations qui en seraient la conséquence.

A cette incompréhension de la spécificité de l’immigration issue des anciennes colonies s’ajoute une vision réductrice de la notion de racisme. L’une des dimensions du rapport néo-colonial qui échappe, en effet, à la gauche, c’est qu’il perpétue également le rapport racial produit par la colonisation. Cette dernière, identifiée généralement à une période révolue de l’expansion impériale, est comprise par la gauche comme occupation de territoire, comme une forme d’oppression nationale doublée d’une exploitation de type capitaliste. Or, c’est sous l’angle des rapports sociaux qu’elle a développés qu’il faut appréhender la colonisation. Et l’une des caractéristiques sinon la caractéristique fondamentale de ces rapports sociaux, c’est leur racialisation. Le colonialisme moderne, en effet, cette forme sociale qui a accompagné la modernité capitaliste et étatique, c’est la construction d’une hiérarchisation sociale mondiale basée sur la notion de race, c’est la constitution d’une stratification statutaire des pouvoirs, fondement de la suprématie blanche, à tous les niveaux du lien social. On peut l’appeler colonialité ou racialité des rapports de pouvoir, elle continue d’être reproduite à l’échelle internationale par les nouvelles formes de domination impérialiste, indépendamment de l’occupation de territoires.

Dans son écrasante majorité, cependant, la gauche persiste à interpréter le racisme d’un point de vue moral. Il serait une idéologie venant d’un passé pré-moderne, toujours vivace, l’expression de la haine de l’Autre, du rejet de la différence, d’une intolérance qui viendrait des âges les plus obscures, une disposition qu’attiseraient les forces les plus réactionnaires, relayées de manière démagogique par la bourgeoisie pour diviser les classes populaires.

L’incapacité à saisir le racisme dans la profondeur de ses rapports avec le capitalisme et l’impérialisme, n’est pas sans conséquences sur l’action que la gauche radicale mène sur le front de la lutte antiraciste. Elle se borne ainsi à une attitude pédagogique (« L’ennemi, c’est le banquier, pas l’immigré »), et agit contre les différents types de discriminations comme le ferait n’importe quelle association de défense des droits de l’homme, tout en l’accompagnant parfois d’un discours anticapitaliste. La démarche d’ensemble vise à favoriser l’intégration de tous dans la lutte considérée comme principale, en l’occurrence la lutte anticapitaliste.

Cette stratégie, finalement plus droitsdelhommiste qu’anticapitaliste ou internationaliste, a cependant lamentablement échoué. Les couches subalternes blanches sont de plus en plus sensibles à la rhétorique raciale, dans ses expressions nouvelles, tandis que les populations issues de l’immigration regardent la gauche, y compris la gauche radicale, avec méfiance. L’illusoire « Français, immigrés, même patron, même combat », version hexagonale du « prolétaires de tous les pays unissez-vous », ne fait recette ni chez les uns ni chez les autres. Ce n’est pas par hasard.

La gauche vitupère, donc, contre les forces politiques racistes, accusées d’opposer les travailleurs blancs aux travailleurs issus de l’immigration. Elle n’a pas tort. Ou seulement pour une part. Elle fait le même reproche aux mouvements qui, comme le Parti des indigènes de la république, affirment la nécessité de l’indépendance politique des populations issues de l’immigration. Elle a tort. Complètement. Elle ne perçoit pas, en effet, que, outre d’autres formes de hiérarchisations sociales propres notamment aux logiques capitalistes ou patriarcales, le monde du travail est déjà divisés, stratifiés, par les rapports raciaux et que les classes populaires blanches, en tant que groupe, que collectif, et non pas comme somme d’individus, ont des privilèges par rapport à l’ensemble des populations des anciennes colonies.

Ce sont ces privilèges, reposant sur la domination impériale et les rapports raciaux qui la prolongent en métropole, qui hiérarchisent les classes populaires et développent en leur sein des conflictualités qu’entretiennent à leur profit les classes dirigeantes. Dans l’entreprise comme dans les quartiers populaires, nous n’avons pas seulement les prolétaires, travailleurs, précaires ou chômeurs, qui s’opposent aux classes supérieures. Nous avons également les prolétaires blancs qui défendent leurs maigres privilèges de Blancs ou de « vrais Français » face aux prolétaires issus des colonies. La convergence entre les deux, induite par leur confrontation objective à un même système capitaliste, n’existe qu’à l’état de potentiel, un potentiel dont la réalisation se heurte à la barrière raciale qui structure l’ensemble du corps social. Loin d’être une vertu immanente aux rapports de production capitaliste, l’unité de classe ne saurait prendre forme autrement qu’en termes d’alliances conflictuelles qui dépendent pour exister de l’action stratégique, c’est-à-dire à la fois de la capacité des populations issues de l’immigration à s’organiser de manière indépendante autour de leurs propres enjeux et de la capacité des forces prolétariennes blanches à intégrer une démarche internationaliste.

Nous en sommes cependant encore loin. Car, l’internationalisme réclame à son tour d’être revisité. La gauche française a tenté de prendre la mesure des mutations impliquées par la dernière mondialisation et par la construction de l’Union européenne pour concevoir de nouvelles politiques en France, intégrées dans un projet internationaliste renouvelé, dont elle a cru un temps trouver l’ébauche au sein de l’altermondialisme. Il est vrai que l’internationalisme doit revêtir une nouvelle formulation. Il ne peut plus être compris uniquement en termes de solidarité entre les prolétariats par delà les frontières ni même en termes de convergence du prolétariat des Etats dominants avec les peuples colonisés et opprimés. On n’en trouvera pas cependant l’alternative si on fait l’impasse sur les transformations internes à l’Hexagone provoquées par l’afflux des populations originaires des anciennes colonies et leur enracinement en France. Cela peut sembler paradoxal mais les différentes mondialisations historiques, qui dans leurs logiques et dans leurs formes ne se sont sans doute pas succédées mais superposées, n’ont pas seulement développé des formes de globalisation de la lutte des classes dans un espace dépourvu pour partie de frontières, elles ont aussi juxtaposé des espaces et internalisé des frontières. Il est important, de ce point de vue là, de saisir les modalités et l’ampleur des bouleversements qu’implique l’internalisation des rapports coloniaux dans l’espace français. Non pas qu’ils en étaient complètement extérieurs à l’époque de l’Empire, mais, aujourd’hui, les rapports entre groupes racialisés, dominants et dominés (qu’autrefois, dans les territoires occupés, on appelait colons et colonisés), se tissent à la fois sur deux territoires – les pays dépendants et la puissance dominante – et sur un même territoire, le territoire français, lui-même reconfiguré, en fonction d’enjeux raciaux. Avec le territoire, c’est l’ensemble des relations sociales, des conflictualités et des enjeux politiques au sein de l’Hexagone, qui est profondément remodelé.

Autrement dit, une stratégie de classe dans les limites de l’espace politique français ne peut se concevoir qu’internationaliste et un internationalisme revu et corrigé doit intégrer nécessairement une nouvelle dimension, à savoir le déplacement partiel de l’espace de la lutte décoloniale et anti-impérialiste sur le territoire français où il se superpose et croise l’espace de la lutte des classes. Il faut désormais substituer à un internationalisme, conçu comme un rapport au-delà des frontières, un internationalisme domestique dont la question raciale, dans toutes ses dimensions, serait centrale. En un mot, un internationalisme décolonial.

Or, penser un internationalisme décolonial implique de rompre avec l’économisme profond qui caractérise l’acception du capitalisme qui me semble hégémonique encore au sein de la gauche radicale française. Une telle rupture aurait des conséquences importantes et positives sur sa manière de concevoir la lutte anticapitaliste. Le capitalisme est en effet principalement saisi, en France, à travers ses modalités économiques d’exploitation et la lutte politique anticapitaliste est principalement appréhendée comme une lutte contre l’exploitation capitaliste. Les rapports immédiats de production qui, selon Marx, détermineraient « en dernière instance » l’ensemble d’une formation sociale donnée, tendent ainsi à devenir la première instance de la politique. On le sait, pourtant, et Marx lui-même ne s’est pas privé de le répéter, que le Capital n’est pas qu’un rapport de production. C’est beaucoup d’autres choses. Et la lutte contre le capitalisme, si elle doit briser le rapport d’exploitation, doit briser ou démanteler aussi beaucoup d’autres choses. Plus encore, je dirais que la lutte politique a d’abord pour objet le pouvoir d’Etat et non pas le pouvoir dans l’usine.

N’importe quel militant appartenant à la gauche radicale me reprochera de formuler ainsi des évidences et, certes, on trouvera dans la littérature et dans la pratique des différents mouvements de la gauche radicale une certaine attention à d’autres dimensions de la société bourgeoise. Elles demeurent cependant subordonnées à la question du capitalisme comme rapport d’exploitation et n’acquièrent de réelles légitimités qu’après avoir subi une mise en forme qui les « articulerait » à ce rapport d’exploitation. Le féminisme, pour donner cet exemple, a en gros trouvé les moyens de cette mise en forme, aidé par la puissance des mouvements de femmes dans les années 1970 et par les nombreuses femmes présentes dans les organisations de gauche. La lutte antiraciste, non. Elle y parvient d’autant moins que, bien que victimes directes des rapports de production capitalistes, les populations issues de l’immigration semblent n’en n’avoir rien à battre. Le principal de leur combat est ailleurs. Il se développe autour de questions dont la gauche radicale ne saisit pas toujours le rapport avec la domination du capital ou qui lui paraissent sinon négligeables du moins secondes. Elles se résument en trois mots : dignité, respect, honneur. Que signifient politiquement ces trois mots ? Ils expriment la volonté d’en finir avec un statut ; un statut non-dit mais furieusement actif ; un statut qui n’est pas immédiatement lié à l’exploitation économique mais à toutes les dimensions du lien social ; le statut de race inférieure. Alors qu’un militant blanc anticapitaliste devrait y voir une mise en cause du Capital et de l’Etat bourgeois impérial à partir d’une autre perspective, il y voit une inversion dommageable des priorités, quand il n’aperçoit pas dans certaines revendications des populations immigrées (ainsi du droit de pratiquer leurs cultes comme ils l’entendent), une menace contre les acquis du mouvement ouvrier ou, dans les revendications culturelles, une entreprise de diversion encouragée par la bourgeoisie.

La conséquence d’une telle myopie, on en a eu un exemple ahurissant, il y a quelques années lorsque la majorité de la gauche radicale s’est alliée de fait aux partis bourgeois pour interdire le port du voile musulman à l’école. Plus généralement, ce qu’il faut noter pour le regretter, c’est l’impasse stratégique que révèle l’indifférence dramatique de la gauche radicale à l’égard d’une fraction importante du prolétariat des quartiers populaires, en l’occurrence les non-blancs.

Certes depuis la révolte de novembre 2005, la gauche radicale, à l’instar de tous les partis, semblent s’y intéresser plus que ce n’était le cas auparavant. Il n’en demeure pas moins qu’elle n’est pas prête à prendre en compte ce qui fait sa spécificité en tant que groupe dominé racialement, c’est-à-dire notamment ses revendications les plus importantes telles qu’il les exprime lui-même, sa culture de résistance dans ce qu’elle a de particulier, les formes et les contenus à travers lesquels il se politise et se radicalise, enfin sa volonté affirmée d’autonomie politique. Tout cela, qu’un internationalisme décolonial permettrait d’appréhender et de reconnaître, est perçu comme infra-politique, non-anticapitaliste, régressif voire parfois réactionnaire par la majorité de la gauche radicale.

Plutôt que de procéder aux révisions qui s’imposent, cette dernière fait généralement le choix conservateur de l’entre-soi blanc où l’on est sûr de parler le même langage, d’avoir les mêmes valeurs et de partager les mêmes enjeux. A la recomposition stratégique, peut-être douloureuse, qui permettrait de construire des passerelles entre le prolétariat blanc et le prolétariat non-blanc, elle ne cesse de préférer la recomposition tactique entre Blancs. Que d’exemples pourrais-je donner, en effet, de tentatives de recomposition qui ont vu, ces dernières années, se regrouper, se séparer, se rassembler à nouveau, différentes composantes de la « gauche de la gauche », sacrifiant systématiquement la question raciale et anti-impérialiste sur l’autel de l’unité, pour finalement se retrouver bon gré mal gré contraintes de s’allier au sein d’un Front de gauche, charpenté par des forces antilibérales, certes, mais également nationales-républicaines !

Si, comme je le crois, l’objectif politique de la gauche radicale est de prendre le pouvoir pour démanteler les mécanismes du capital, alors elle n’a pas d’autres choix, quitte à perdre certains alliés au sein du monde blanc, que de se tourner vers les catégories à la fois les plus exploitées et les plus opprimées que sont les masses prolétariennes issues des anciennes colonies et aux conditions que fixeront celles-ci. C’est la condition d’un nouveau bloc social révolutionnaire qui, pour continuer à parler comme on le faisait dans les années 60, sera décolonial ou ne sera point !
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Message  Eugene Duhring Lun 9 Fév - 22:58

Toussaint a écrit:
verié2 a écrit:Qui n'approuve pas le PIR à 100 % est un raciste blanc (conscient ou non), ainsi pourrait se résumer le propos de MO2014.
C'est pire que ça : meme si tu approuves le pir, tu es raciste puisque tu es blanc

Very Happy   Very Happy   Very Happy   Compliments, vérié, tu as attiré de nouveaux amis, je te les laisse.
Est-ce parce que tu es blanc que tu te sens obligé d'en faire des tonnes sur le registre racialiste à la PIR ? Une façon de donner des gages du blanc exceptionnellement noir à l'intérieur pour s'ouvrir la sympathie des PIRistes et des MO ? Pitoyable Toussaint !

Eugene Duhring

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