Quatre moniteurs de colonie de vacances ont été suspendus par la mairie PCF de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour avoir observé le jeûne du ramadan, leur employeur invoquant un danger pour la sécurité des enfants. Pour les animateurs, "c'est l'incompréhension et la révolte", dit leur avocat Me Mohand Yanat, qui a indiqué, lundi 30 juillet, leur intention de "saisir le juge compétent pour faire valoir leurs droits", après que le BondyBlog a révélé l'affaire. "Comment peut-on préjuger des capacités d'une personne eu égard à sa pratique d'une religion ?" s'insurge-t-il.
Les animateurs ont été suspendus après la visite d'un responsable des centres de vacances lors d'un séjour sportif à Port-d'Albret, dans les Landes, qui a débuté le 5 juillet. "Il est venu voir si tout se déroulait correctement avec les enfants, et c'était le cas, puis il est venu déjeuner avec nous. Il s'est mis à ma table, et a remarqué qu'à l'heure du déjeuner je ne mangeais pas et Moussa non plus", a raconté l'un des animateurs, Nassim, au BondyBlog.
CONTRAT DE TRAVAIL
Le responsable a rappelé aux animateurs que, selon leur contrat de travail, ils devaient se restaurer et s'hydrater pendant la journée. Les quatre animateurs ont finalement été remerciés. Ils "n'ont pas respecté, en cours de séjour, les obligations de leur contrat de travail, pouvant ainsi mettre en cause la sécurité physique des enfants dont ils avaient la responsabilité, a expliqué la mairie dans un communiqué. Ce défaut d'alimentation et d'hydratation pouvait conduire ces agents à ne plus être en pleine possession des moyens requis pour assurer le bon déroulement et la sécurité des activités du séjour, ainsi que la sécurité physique des enfants dont ils avaient la charge."
"Il y a trois ans, on a eu un cas de figure très douloureux : une jeune animatrice qui avait refusé de s'alimenter et avait fait un malaise, a justifié la directrice de cabinet du maire, Nicole Varet. Le problème, c'est qu'elle conduisait un véhicule avec des enfants et qu'elle a eu un accident avec des blessés graves, notamment un enfant."
"LIBERTÉ INDIVIDUELLE"
Pour Me Yanat, "on a déguisé les choses. Ce n'est pas l'état de santé qui dérange mais le fait de pratiquer le ramadan", estime-t-il. "Je n'ai jamais vu ce type de clause dans une entreprise privée", a commenté Inès Dauvergne, responsable diversité au sein de l'association d'entreprises IMS-Entreprendre pour la cité. "L'entreprise ne peut interdire de manière absolue aux salariés de pratiquer le jeûne, de sauter un repas ou de faire un régime. C'est la liberté individuelle des salariés de se restaurer ou non le midi", affirme Mme Dauvergne.
"Il y a beaucoup de stéréotypes sur les gens qui pratiquent le ramadan de la part des gens qui ne le pratiquent pas, relève-t-elle. Certaines entreprises notent une baisse de la productivité mais, dans la plupart des cas, les salariés sont tout à fait capables d'effectuer leur travail."