Islamophobie
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Re: Islamophobie
Belgique : Louboutin contre une affiche islamophobe
Christian Louboutin a saisi la justice, mardi 24 septembre, pour demander l’arrêt d’une campagne anti-islam où apparaissent ces célèbres chaussures à semelles rouges en Belgique. Sur cette affiche, on peut voir de dos, une femme portant une mini-jupe noire, laissant dévoiler ses jambes et portant des chaussures de luxe Louboutin. Signée par l’association flamande Femmes contre l'islamisation (VTI), l’affiche titrée « Liberté de l'islam » dévoile un message clairement islamophobe.
A côté des jambes dénudées, différents traits indiquent à quelle hauteur une jupe est acceptable au regard de l’islam. Tout en bas, au niveau des pieds, un degré porte la mention « conforme à la sharia » alors qu’en remontant, des qualificatifs injurieux sont annotés pour signifier les soi-disant visions qu’ont les musulmans des femmes portant des jupes plus courtes. Le trait le plus haut indique « lapidation ».
Les jambes mises en scènes sont celles d'Anke Van dermeersch, une ancienne Miss Belgique devenue sénatrice du parti d'extrême droite Vlaams Belang, fait savoir la presse belge. Ce parti qui dit combattre l’« islamisation » de la Belgique mène régulièrement des campagnes de ce type. Une nouvelle fois, il y a de quoi indigner les musulmans.
Christian Louboutin, lui, ne veut pas être associé à une telle campagne. Il estime qu’elle nuit à son image et a donc saisi en urgence le tribunal de commerce d'Anvers, le fief du Vlaams Belang, afin qu'il fasse cesser la diffusion de cette image et que tout le matériel soit détruit.
« Est-ce qu'une personnalité politique peut encore librement faire campagne en portant des vêtements de marques? Est-ce qu'elles peuvent encore téléphoner avec un iPhone ou un Blackberry, porter des lunettes Armani ou Chanel, comme Kris Peeters, ou rouler avec un vélo Eddy Merckx sans être poursuivies? », a réagi VTI dans un communiqué. « Outre l'argument absurde sur le préjudice pour la marque, il n'y a aucune base juridique à une telle demande. Le droit des marques au Benelux ne s'applique pas dans ce cas, notamment parce que VTI n'a pas d'activités commerciales », argue l’association extrémiste.
Le tribunal tranchera vendredi 27 septembre.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
La marche forcée de la bourgeoisie pour construire des boucs émissaires dans la classe populaire ne réussit pas au Quebec aussi bien que dans une France rongée par le racisme et la veulerie d'une grande partie de la gauche .
Les lois racistes prises par des politiciens bourgeois européens et canadiens, les campagnes de haine menées par les médias de la bourgeoisie européens et canadiens pour susciter des discriminations contre des minorités, souvent religieuses, et toujours dans la classe populaire, sont répercutées dans le monde, dans la plupart des régions du monde et suscitent des réactions fortes .
Les peuples du monde voient, savent ce qui se passe en France et au Canada contre les minorités qui se trouvent dans la classe populaire.
Les lois racistes prises par des politiciens bourgeois européens et canadiens, les campagnes de haine menées par les médias de la bourgeoisie européens et canadiens pour susciter des discriminations contre des minorités, souvent religieuses, et toujours dans la classe populaire, sont répercutées dans le monde, dans la plupart des régions du monde et suscitent des réactions fortes .
Les peuples du monde voient, savent ce qui se passe en France et au Canada contre les minorités qui se trouvent dans la classe populaire.
La manif au Quebec du 14 septembre contre l'islamophobie
Plusieurs dizaines de milliers de personnes mobilisées.
http://www.aufaitmaroc.com/actualites/monde/2013/9/14/manifestation-a-montreal-pour-denoncer-le-caractere-discriminatoire-du-projet-de-charte-des-valeurs-quebecoises_215243.html#.UkaQdj9Oc8U
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Islamophobie
Néanmoins, le virage de Caroline Fourest, si ridicule qu'il soit, le bouquin d'Askalovitch cité, les dossiers consacrés par Le Monde et Libération à l'islamophobie, avec de longs interviews des auteurs d'un livre contre l'islamophobie, l'utilisation par LO du terme islamophobie et la prise de position par son conseiller municipal d'Argenteuil, sont autant de symptômes d'une prise de conscience, sans doute tardive, au sein de la gauche et de l'extrême gauche. Ca ne signifie pas que l'islamophobie a reculé, mais qu'elle a subi une petite défaite.Copas
La marche forcée de la bourgeoisie pour construire des boucs émissaires dans la classe populaire ne réussit pas au Quebec aussi bien que dans une France rongée par le racisme et la veulerie d'une grande partie de la gauche .
Ceux qui, à gauche et à l'extrême-gauche, entendent continuer à nier l'existence de l'islamophobie comme phénomène raciste spécifique vont être de plus en plus isolés.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Il y a effectivement des progrès car les dégâts commencent à se faire jour contre une partie du prolétariat. Le problème c'est que les médias continuent leur offensive pour favoriser le racisme et les phobies de plus en plus brutales.verié2 a écrit:Néanmoins, le virage de Caroline Fourest, si ridicule qu'il soit, le bouquin d'Askalovitch cité, les dossiers consacrés par Le Monde et Libération à l'islamophobie, avec de longs interviews des auteurs d'un livre contre l'islamophobie, l'utilisation par LO du terme islamophobie et la prise de position par son conseiller municipal d'Argenteuil, sont autant de symptômes d'une prise de conscience, sans doute tardive, au sein de la gauche et de l'extrême gauche. Ca ne signifie pas que l'islamophobie a reculé, mais qu'elle a subi une petite défaite.Copas
La marche forcée de la bourgeoisie pour construire des boucs émissaires dans la classe populaire ne réussit pas au Quebec aussi bien que dans une France rongée par le racisme et la veulerie d'une grande partie de la gauche .
Ceux qui, à gauche et à l'extrême-gauche, entendent continuer à nier l'existence de l'islamophobie comme phénomène raciste spécifique vont être de plus en plus isolés.
Si une partie des journaux comme Libération et le Monde commencent à comprendre, ça fait belle lurette que ceux-ci sont marginalisés dans le prolétariat et des personnes dangereuses comme Valls l'ont bien compris.
Une partie de la gauche continue d'aller vers la droite, vers des formes de doriotisme et accepte. quand on va sur certains sites de gauche on voit des bataillons fachos et des rouges-bruns progresser et parler de voix de plus en plus forte. Les dégâts parmi les travailleurs sont terribles.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Islamophobie
La LDJM se penche sur les suites à donner à l'affaire Léa Salamé
le 27 septembre, 2013
Chronique LDJM du 27 septembre 2013
Lors d’un débat consacré à l’islamophobie diffusé sur iTélé, la journaliste Léa Salamé a sous-entendu qu’il était nécessaire de « se boucher le nez » au contact « des barbus et des femmes voilées ». Sur les réseaux sociaux, cette dernière s’est justifiée en arguant d’une « expression imagée ».
Quelle est l’appréhension juridique de tels faits ?
Il convient d’écarter la qualification pénale d’incitation à la haine raciale, ou à raison de l’appartenance religieuse dans la mesure où il pourrait être considéré, conformément aux dires de Léa Salamé, qu’une telle phrase n’avait pas pour objet de pousser à la discrimination ou à la haine envers les musulmans. La diffamation, prévue par la loi du 29 juillet 1881, ne semble pas avoir vocation, non plus, à s’appliquer dans ce cas. Il s’agit, en effet, de « l’allégation d’un fait portant honneur ou à la considération de la personne ». Or, en l’espèce, aucun fait n’est allégué. Dans ce cas, lorsqu’une expression outrageante, terme de mépris ne renfermant l’imputation d’aucun fait, il s’agit, au sens de l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881, d’injure ; et en l’espèce d’injure raciale.
Pour autant, dans le cadre d’une plainte pour injure raciale, le prononcé d’une phrase outrageante peut-il être justifié par autre dessein, même celui de dénoncer ? Le tribunal de Grand Instance de Montpellier dans un jugement du 29 septembre 2005 a eu à répondre à une situation similaire, sur beaucoup de points. Dans cette affaire, qui opposait Dieudonné à France 3 pour injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion ou de son origine par voie audiovisuelle et, Marc Olivier Fogiel en qualité de complice, était en cause un SMS diffusé au cours de l’émission – qui s’est avéré être écrit par un assistant du présentateur – faisant référence aux « odeurs des Blacks ». Le Tribunal a noté que l’intention de nuire est présumée en matière d’injure. La réplique des prévenus était d’indiquer que le SMS fabriqué avait pour objet de dénoncer l’humour odieux et déplacé s’exerçant à l’encontre de la communauté noire. Le tribunal correctionnel décida que « la seule référence en l'occurrence à l'odeur des personnes de race noire renferme une connotation raciste, méprisante et outrageante », et condamna les prévenus, France 3, et Marc-Olivier Fogiel, au paiement d’amende et de dommages-intérêts.
En résumé, la qualification qui pourrait, éventuellement, être utilisée dans ce type de cas serait celle d’injure raciale, prévue à l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881. Les autres qualifications d’incitation à la haine raciale et de diffamation apparaissant moins adaptées. Par ailleurs, notons que, dans la mesure où ces faits ont été commis par le biais de moyens audiovisuels, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pourrait être saisi afin d’instruire de tels faits.
Le raisonnement juridique pousse à toujours postuler et envisager les différentes solutions possibles, qui pourraient être soutenues. L’état du droit n’est jamais figé.
La LDJM se penche sur les suites à donner à cette affaire.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Cette polémique là n'a pas lieu d'être : Léa Salamé a caricaturé les propos des islamophobes pour faire ressortir leur racisme, elle s'en est d'ailleurs expliqué.
Extrait :
Version confirmée par Marwan Muhammad.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Islamophobie
La LDJM a été chercher Karim Achoui pour mettre à sa tête, ça suffit déjà à la décrédibiliser...
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Islamophobie
http://www.rue89.com/2013/09/30/islamorama-dessin-trop-plantu-246201
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Assez bizarrement, certain(e)s ne voient que l'aspect antimusulman. D'autres ne voient que l'aspect antiouvrier Mais la réalité, c'est que l'intéret de ce dessin, c'est de voir comment ces deux aspects s'articulent parfaitement !
Entre nous, c'est en cela que son coté "islamophobe" est extrémement visible : déja parce que concernant la question du travail du dimanche, ce ne sont pas les "barbus" qui sont en pointe, mais les chrétiens... Et autre remarque : ce ne sont pas les barbus qui veulent interdire l'école aux filles voilées, c'est les militant(e)s de LO... Mais si Plantu aurait mis un miliitant de LO à la gauche du dessin, celui ci aurait eu un sens totalement différent...
Entre nous, c'est en cela que son coté "islamophobe" est extrémement visible : déja parce que concernant la question du travail du dimanche, ce ne sont pas les "barbus" qui sont en pointe, mais les chrétiens... Et autre remarque : ce ne sont pas les barbus qui veulent interdire l'école aux filles voilées, c'est les militant(e)s de LO... Mais si Plantu aurait mis un miliitant de LO à la gauche du dessin, celui ci aurait eu un sens totalement différent...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Islamophobie
Tout à fait ! Et ce dessin exprime d'ailleurs globalement un mépris de classe, souvent présent aussi chez Cabu : le Musulman et le cégétiste ont la même tête, tous deux sont aux yeux de Plantu des "beaufs" vulgaires et autoritaires qui appartiennent au bas peuple.Assez bizarrement, certain(e)s ne voient que l'aspect antimusulman. D'autres ne voient que l'aspect antiouvrier Mais la réalité, c'est que l'intéret de ce dessin, c'est de voir comment ces deux aspects s'articulent parfaitement !
On n'imagine évidemment pas Plantu produire un dessin de ce genre pour ridiculiser le PS au travers des figures peu ragoutantes de certains de ses élus jugés pour violences conjugales...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Autre exemple récent de l'islamophobie de Plantu, à propos des incidents de Trappes où le comportement brutal et raciste de la police a déclenché une émeute :
En plus du sympathique policier tricolore, on notera, en arrière plan, les non moins sympathiques Français "normaux" et élégants, outrés de voir passer ces barbares...
En plus du sympathique policier tricolore, on notera, en arrière plan, les non moins sympathiques Français "normaux" et élégants, outrés de voir passer ces barbares...
Dernière édition par verié2 le Mar 1 Oct - 18:28, édité 1 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
On pourrait ajouter que Plantu aime bien aussi ceux qui exploitent les Musulmans. Car combien de Musulman(e)s triment comme manutentionnaires, caissières ou vendeurs chez Casto ou Leroy Merlin ?Plantu n'aime pas les "intégristes musulmans", mais adore ceux qui les financent
l
Dans une caricature parue dans le quotidien Le Monde, Plantu s'est permis de faire un parallèle entre la position du syndicat CGT qui lutte contre le travail du dimanche et l’interdiction d'aller à l’école des filles voilées. Une interdiction formulée par un barbu enturbanné, qui incarne pour Plantu le prototype même de l’intégriste musulman. Quel est le rapport entre ces deux situations? Rappelons seulement à Plantu que c'est la loi du 15 mars 2004 qui interdit les filles voilées de se rendre au collège et au lycée et non les injonctions de quelques barbus que Plantu tente de faire passer pour une caractéristique de l’Islam de France.
Mais les desseins de Plantu auraient une quelconque crédibilité s’il n’avait pas accepté un prix du Qatar avec à la clef un chèque de 10 000 euros ! Une micro-monarchie classée comme Etat esclavagiste, qui finance par ailleurs des mouvements intégristes voire djihadistes dans le monde. Mais pour Plantu l’argent n ‘a pas d’odeur surtout quant il vient de ce pays anti-démocratique qui pratique cet islam rigoriste qu’il prétend dénoncer dans ces desseins.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
On pourrait ajouter que Plantu aime bien aussi ceux qui exploitent les Musulmans. Car combien de Musulman(e)s triment comme manutentionnaires, caissières ou vendeurs chez Casto ou Leroy Merlin ?Plantu n'aime pas les "intégristes musulmans", mais adore ceux qui les financent
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Mais les desseins de Plantu auraient une quelconque crédibilité s’il n’avait pas accepté un prix du Qatar avec à la clef un chèque de 10 000 euros ! Une micro-monarchie classée comme Etat esclavagiste, qui finance par ailleurs des mouvements intégristes voire djihadistes dans le monde. Mais pour Plantu l’argent n ‘a pas d’odeur surtout quant il vient de ce pays anti-démocratique qui pratique cet islam rigoriste qu’il prétend dénoncer dans ces desseins.
C'est la preuve qu'il n'est pas raciste...
Bon d'accord, on se souviendra de Mohammed Ibn al-Dhib al-Ajami, condamné à la prison à vie pour ses poèmes critiques appelanr au printemps arabe et critique envers le régime, mais bon, c'est juste pour dire et les arabes ne sont pas murs à la démocratie comme disait un démocrate sioniste, donc là les musulmans ça le fait, surtout quand ils ont les mains qui tiennent le knout contre le peuple.
la prison à vie pour un poète critique, amoureux de Rimbaud. Par Taoufik Ben Brik
Neuf poètes, six hommes et trois femmes, habillés de complets et de robes de soirée, étaient assis autour du bureau de Jalloul Azzouna, président de la Ligue tunisienne des écrivains libres.
Ils sirotaient leur café tout en devisant. L’un des six costumes s’était lancé dans une longue tirade sur le poète qatari Mohamed Al-Ajmi, alias Ibn Al-Dhib, le louveteau ou fils du loup, condamné par la justice de Doha à la perpétuité, le 29 novembre 2012.
Koulouna Tounès, « Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive », son dernier poème qui retrace les heurs et malheurs du printemps arabe, avait été jugé coupable d’hérésie par le tribunal des cheikhs en Djellaba. Sans recours. On l’accuse d’avoir critiqué l’émir et fait l’éloge du printemps arabe.
il a été condamné parce qu’il a qualifié le principe héritier, Tamim Ibn Hamad Al-Thani, l’enfant aîné de Cheikha Mouza, la préférée du Cheikh du Qatar, de morveux « Joueur de Playstation », dit un costume noir ;
pas du tout. C’est le Cheikh en personne qui a ordonné son arrestation. Ibn Al-Dhib s’est permis de moquer le club fermé des Emirs du golfe, rétorque la robe immaculée ;
tu te goures, ma belle. De source sûre, c’est pas l’histoire classique du « poète et du tyran ». Ibn Al-Dhib a eu le culot d’inciter les Qataris à renverser le cheikh, dit le costume délavé
quoi qu’il en soit, on tient notre poète, notre casus-belli. C’est justement ce qu’on cherche pour qu’on croque ce « Cheikh » qui n’arrête pas de s’immiscer dans nos affaires, dit le costume bon marché…
La police des poètes n’est pas de ce monde
.../... la suite
L’Union des écrivains tunisiens a accueilli « avec consternation » la nouvelle de la condamnation à perpétuité du poète qatari Mohamed Dhib Al-Ajmi, à cause de son poème intitulé «Nous sommes tous la Tunisie», qui fait l’apologie de la Révolution de la Dignité.
L’Union a condamné cette injustice infligée au poète qatari et invite toutes les organisations arabes et mondiales dédiées à la défense des droits de l’homme et à la liberté d’expression à agir pour libérer ce créateur courageux et mettre fin à sa tragédie. »
Dans un communiqué diffusé ce mardi 4 décembre, l’Union des écrivains précise que cette affaire sera exposée devant les délégations qui participeront au congrès des écrivains de l’Asie et de l’Afrique, prévu en Egypte du 8 au 10 décembre 2012, ainsi que devant le congrès de l’Union des écrivains arabes, prévu à Bahreïn du 22 au 25 décembre 2012.
Source: http://www.mag14.com/culture-a-medias/54-culture/1248-les-ecrivains-tunisiens-soutiennent-le-poete-qatari.html
Plantu ? une cuvette ... Vite !Mohammed Al-Ajami, alias Ibn Al-Dhib, a été condamné à la perpétuité et jugé sous trois accusations : incitation au renversement du régime, diffamation du prince héritier, Tamim Ben Hamad Al-Thani, et atteinte à la Constitution.
Plus sérieusement il a été immolé pour un poème dans lequel il indiquait que Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive. .
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Islamophobie
http://oumma.com/175488/fourest-accuse-ccif-detre-financeIslamophobie : quand Caroline Fourest supprime des mots dans son texte de 2003
Dans un texte de 2003, Caroline Fourest attribue mensongèrement la paternité du mot « islamophobie » aux mollahs iraniens. Aujourd’hui, il manque des mots au texte. Et quels mots !
http://www.al-kanz.org/2013/10/01/islamophobie-caroline-fourest/
Dernière édition par Toussaint le Mar 1 Oct - 23:59, édité 1 fois
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
http://oumma.com/175542/debat-entre-une-voilee-non-voilee-quebec-video
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Une mère d’élève voilée a-t-elle été interdite de sortie scolaire à Gagny ?
le 1 octobre, 2013 - 11:27
Nul n'ignore que la tentation est grande de légiférer à tout prix contre tous les voiles, et qu’il n’y a qu’un petit pas à franchir ou en l’occurrence une petite circulaire à diffuser pour s'autoriser à interdire ce qu’aucun texte de loi ne proscrit, pas encore du moins…
Que s’est-il véritablement passé à l’école primaire Emile-Cote de Gagny, en Seine-Saint-Denis, la semaine dernière, alors que le Parisien se faisait l’écho lundi du refoulement sans autre forme de procès d’une maman voilée d’une écolière de CM1, privée de sortie scolaire par un laïcisme sectaire et illégal ? Une version des faits aujourd’hui contestée par le directeur de l’établissement scolaire, Patrice Pignolet, qui affirme avoir été dépassé par l’ampleur médiatique de l’affaire, évoquant un "malentendu lié à la charte de la laïcité instituée par Vincent Peillon", et qu’après avoir reçu la mère de famille concernée et l’inspecteur académique, cette dernière a bien rejoint l’encadrement parental chargé de superviser l’excursion des enfants dans l’Yonne.
Pour ce directeur du temple du savoir et du savoir-être, cette nouvelle affaire de voile, qui n’en est pas une, a été hâtivement montée en épingle, aussi est-il intéressant de se reporter aux témoignages des principaux protagonistes de l’histoire qui avaient confié au Parisien leur incompréhension et consternation.
La maman voilée victime d'un ostracisme humiliant, à la fois pour elle et son enfant, relatait un jeudi matin de l’arbitraire :"Depuis la maternelle, j'accompagnais fréquemment mes filles pour les excursions", a-t-elle expliqué au Parisien. "Mais cette fois, c'est différent : Jeudi dernier, l'institutrice m'a expliqué que l'école avait des directives et que je ne pouvais pas participer à la sortie scolaire", s'indignait-elle.
Toujours selon le Parisien, le sursaut véritablement laïc et citoyen est venu des parents d’élèves et notamment de la Fédération des parents d’élèves (FCPE) qui appelait à manifester son désaccord contre cette injustice flagrante avant le départ de la sortie scolaire lundi matin : "Aucun texte de loi n'interdit aux mamans voilées de participer à des excursions scolaires. De fait, la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques ne s'applique qu'aux élèves et ne donne aucune directive concernant les parents", dénonçait la FCPE, en précisant au Parisien que ce genre d'interdiction pousse au communautarisme en interdisant aux parents d'être "acteurs de la scolarité de leur enfant".
Muré dans le mutisme, le directeur de l’école primaire éludait alors les questions qui fâchent, aussi légitimes soient-elles, la FCPE ayant indiqué que ce dernier se retranchait derrière de nouvelles directives. Prudente, l’Inspection académique commençait à battre sa coulpe en parlant d'une maladresse : "Si une erreur a été commise, elle sera réparée dès la première heure". Un repentir qui est arrivé un peu tard, car le mal était déjà fait et la loi de 1905 un peu plus dévoyée…
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Un proche de Jean-Claude Gaudin clame son islamophobie
Christophe FORCARI (Libération) 3 octobre 2013 à 21:26 L’ombre de Patrick Buisson, conseiller maurrassien de Sarkozy, plane sur une publication ouvertement islamophobe. Après seulement 14 numéros, la petite lettre baptisée «Islam confidentiel», paraissant le vendredi, jour de la grande prière musulmane, connaît déjà un réel succès sur la Toile. Son directeur de publication n’est autre que Guillaume de Thieulloy, l’assistant parlementaire du sénateur-maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Dans son premier éditorial, le collaborateur du maire de Marseille dénonce un danger «civilisationnel. Jamais aucune religion ne s’est propagée en France et dans toute l’Europe à une telle vitesse». Animateur de plusieurs sites catholiques proches de l’extrême droite, il s’est assuré les services de l’ancien rédacteur en chef de Minute, Bruno Larebière, pour la confection de cette lettre. Ce dernier a eu l’occasion de côtoyer Patrick Buisson lorsque celui-ci dirigeait l’hebdomadaire d’extrême droite en 1983. La même année, Guillaume de Thieulloy s’impliquait très fortement dans la campagne de Jean-Claude Gaudin face au socialiste Michel Pezet.
Christophe FORCARI
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
On apprend que Estrosi, maire de Nice (droite dure proche de l'extrême-droite), a empêché la construction d'une mosquée sous le prétexte qu'elle aurait été financée par l'Arabie saoudite et qu'il ne veut pas que "sa ville" subissent ainsi l'influence de capitaux étrangers.
Assez drôle dans une ville et une région qui sont massivement envahies par les capitaux de la mafia russe, investis dans les villas de luxe, l'immobilier, les boîtes de nuit et la prostitution...
Assez drôle dans une ville et une région qui sont massivement envahies par les capitaux de la mafia russe, investis dans les villas de luxe, l'immobilier, les boîtes de nuit et la prostitution...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Ceux qui pensaient que les Roms avaient provisoirement fait oublier les Musulmans peuvent jeter un oeil sur la couverture de l'Express de cette semaine.
On note l'hypocrisie de cet hebdo qui signale, tout en bas de page, L'escalade de l'islamophobie. Sans doute pour mieux nous expliquer que les Musulmans portent la responsabilité de cette escalade...
On note l'hypocrisie de cet hebdo qui signale, tout en bas de page, L'escalade de l'islamophobie. Sans doute pour mieux nous expliquer que les Musulmans portent la responsabilité de cette escalade...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
La Bataille du voile, par Franz Fanon
Franz Fanon, encore une fois, nous transporte par son intelligence !
http://www.cahiersdusocialisme.org/2013/09/25/la-bataille-du-voile/
http://www.cahiersdusocialisme.org/2013/09/25/la-bataille-du-voile/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Islamophobie
La fabrication "made in France" d'un "problème musulman"
http://www.franceculture.fr/emission-la-suite-dans-les-idees-islamophobie-la-fabrication-made-in-france-d-un-probleme-musulman-2
http://www.franceculture.fr/emission-la-suite-dans-les-idees-islamophobie-la-fabrication-made-in-france-d-un-probleme-musulman-2
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Islamophobie
A lire : un chapitre de "Islamophobie" (de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed)
http://www.contretemps.eu/lectures/lire-chapitre-islamophobie-abdellali-hajjat-marwan-mohammed
http://www.contretemps.eu/lectures/lire-chapitre-islamophobie-abdellali-hajjat-marwan-mohammed
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Islamophobie
Islamophobie : “L’enjeu caché, c’est ‘vous n’êtes pas chez vous"
http://www.lesinrocks.com/2013/10/13/actualite/islamophobie-lenjeu-cest-netes-pas-chez-11426603/
Analysant les discriminations quotidiennes, juridiques et intellectuelles subies par les musulman-e-s, les sociologues Abdellali Hajjat (Université Paris Ouest Nanterre) et Marwan Mohammed (CNRS) ont publié, le 26 septembre, le livre ‘Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le ‘problème musulman’”. Entretien.
Vous débutez et concluez le livre sur le cas de Sirine. Dans son collège de Villiers-sur-Marne, elle ôtait son voile mais refusait d’enlever un bandeau. Mise à l’écart au sein de l’établissement public, elle en fut finalement exclue. Avant d’être accueillie – avec le même bandeau – par le second collège public de la ville, sans problème aucun. Qu’incarne le cas de Sirine pour vous?
M.M. : Si il n’y avait pas eu d’initiatives pour rendre publique cette affaire, elle se serait déroulée dans le silence. C’est justement son caractère hors champs, hors visibilité, qui renvoie pour nous à la banalité de l’islamophobie. Comme dans la majorité des cas, elle ne fait pas de bruit et touche surtout des femmes portant le hijab dans leur quotidien : la scolarité, le travail, les transports publics, les rapports avec les institutions, etc. Les agressions physiques ou les dégradations de cimetières musulmans et de mosquées constituent, même si ce n’est pas de manière systématique, des événements dont on entend parler Or l’islamophobie vécue renvoie d’abord à des discriminations diluées. Deuxièmement, le déroulement de l’histoire de Sirine est révélateur d’autres choses. D’abord c’est une initiative de quelques enseignants puis de la principale du collège. Ce n’est pas forcément une mobilisation massive mais un petit groupe de personnes qui se sentent légitimes pour violer le droit à la scolarité d’une jeune fille qui porte un bandeau et une jupe. Car Sirine enlève son hijab devant le collège, conformément à la loi du 15 mars 2004. Puis la jeune fille résiste, elle refuse d’enlever son bandeau. De là, une série de procédures se déclenche, amenant les institutions à se positionner. Il y a une forme d’acharnement : on a une affaire qui est partie de quelques enseignants et qui va monter jusqu’au rectorat, au député-maire, puis au ministre de l’éducation et passer par toute une série de tribunaux (du tribunal administratif jusqu’au Conseil d’Etat, ndlr). Finalement, avec la même tenue et après exclusion définitive, le second collège public de la même ville, situé à 1 kilomètre du premier, l’a ensuite acceptée…
A.H. : Cette histoire révèle aussi l’idée de racialisation religieuse et d’islamophobie par capillarité. Dès lors que, dans l’espace public, la visibilité religieuse musulmane est construite en “problème”, le port du hijab est disqualifié. Or Sirine continue de porter le hijab à l’extérieur, donc on va interpréter son comportement à l’intérieur de l’école à l’aune de son appartenance religieuse. Ainsi son bandeau et sa jupe deviennent des habits religieux et son indocilité devient, pour ces enseignants, une preuve de cette religiosité. Cette grille de lecture tend à interpréter son comportement, à l’intérieur comme l’extérieur de l’école, comme déterminé par son appartenance religieuse.
Qu’entendez-vous par l’expression : “islamophobie par capillarité” ?
A.H. : Nous ne sommes pas en présence d’un phénomène naturel mais social. S’il y a une transversalité des formes de racialisation religieuse, c’est le fruit d’un travail collectif. En 1989, parmi les élites françaises une minorité était en faveur de la prohibition. Pourquoi quinze ans plus tard se retrouvent-ils majoritaires ? La construction d’un “problème musulman” s’est effectuée au niveau des savoirs et de la mobilisation de certains acteurs. Nous cherchons dans le livre à comprendre ce lent basculement idéologique. Qui sont-ils ? Comment la laïcité est-elle redéfinie ? Pourquoi la question musulmane est-elle devenue tellement centrale ?
Une centralité qui, selon vous, exclue toujours l’islamophobie ?
A.H. : La question du déni d’islamophobie s’appuie sur une certaine conception de l’intégration, de l’immigration et du religieux dans l’espace public. Cela renvoie à une certaine spécificité de l’histoire politique et de l’histoire religieuse française, où les institutions religieuses catholiques ont été des facteurs de remise en cause de l’Etat républicain. Le problème musulman est également connecté au problème de l’immigration. L’un des principaux enjeux est la légitimité présentielle des musulmans sur le territoire.
L’enjeu caché, car non avouable, serait finalement la remise cause de la présence des musulmans sur le territoire français ?
AH : Au bout du compte c’est cela. Quand on lit les textes des islamophobes revendiqués il faut “tirer dans le tas”, organiser une expulsion massive, etc. Derrière le discours du Front national, idem. Pour d’autres, adeptes d’un régime juridique d’exception, la “solution” au “problème musulman” n’est pas aussi radicale. Mais il s’agit toujours d’une logique d’exclusion dans certains espaces sociaux comme l’école, la structure de la petite enfance, l’entreprise privée, etc. Globalement, l’enjeu c’est : “vous n’êtes pas chez vous”. Vous n’êtes pas légitimes à être sur le territoire, c’est ça l’enjeu caché.
MM : Il faut bien voir que le discours islamophobe s’est articulé aux enjeux de souveraineté de l’Etat, à l’identité nationale, à certaines valeurs républicaines comme la laïcité, ou aux questions féministes, etc. Le discours islamophobe est parvenu à diffuser l’idée que les principaux fondements républicains sont menacés par l’islam. Cela permet de comprendre pourquoi de l’extrême gauche à l’extrême droite, sur la question de l’islam, il y a beaucoup moins de divergence que sur d’autres sujets, notamment d’éthique économique et sociale.
Taper sur l’islam créerait donc du consensus politique ?
AH : La centralité de l’islamophobie dans le champ politique s’explique par ses logiques de fonctionnement. On s’attache à analyser les conditions de possibilités de l’islamophobie. L’UMP et le PS sont de moins en moins différents du point de vue de la politique économique. Du coup, les logiques de distinction se posent de plus en plus sur les questions dites “sociétales” : le mariage pour tous, l’immigration, l’islam… Il y a une surenchère compensatoire proportionnelle à l’impuissance des partis majoritaires à contrer les effets sociaux de l’économie capitaliste. Par ailleurs, il se répand une certaine analyse électorale, qui peut être contestée mais qui, en attendant, produit des effets en termes de programme politique. L’idée est qu’il y aurait une montée de la xénophobie populaire, de plus en plus de “racisme d’en bas”, qui se reporterait sur un vote Front national. Et, pour récupérer ce vote, on va adapter les discours : durcissement sur les politiques migratoires et sur les musulmans. Cette analyse électorale, très ancrée chez les politologues de Sciences Po, les conseillers en communication et les sondeurs, produit de la xénophobie et de l’islamophobie. Nous faisons l’hypothèse, qui mérite d’être analysée par de futures enquêtes, que ce phénomène s’auto-alimente et parcourt les différentes strates de la société. Ce phénomène circulaire entre les” élites” n’est évidemment pas homogène, mais il construit “un problème musulman”.
Après les attentats du 11 Septembre, vous pointez l’accélération d’un continuum entre islam, islamisme et terrorisme. Comment mesure-t-on l’impact d’un tel événement ?
A.H. : Ce continuum préexiste au 11 septembre. Il opérait déjà en France pour analyser les attentats attribués au GIA (Groupe islamique armé) et l’affaire Khaled Kelkal en 1995. Mais, en comparant la situation avant et après 2001, on observe un basculement dans le traitement médiatique et dans la manière d’envisager la question musulmane par les grands médias et les politiques. Ceci est bien expliqué dans le livre de Thomas Deltombe, L’islam imaginaire (La Découverte, 2005).
M.M. : Le soupçon d’intégrisme est plus ancien qu’on ne le croit généralement. Quant à le mesurer, c’est bien difficile, mais c’est un continuum qui alimente un climat de suspicion qui parasite le quotidien des musulmans. A l’époque, Gaston Defferre dénonçait : “des grèves saintes, d’intégristes, de musulmans, de chiites.”
Vous songez au discours tenus lors des grèves dans les usines Citroën au début des années 80 ?
AH : A l’époque, ces mobilisations syndicales d’immigrés ont été rapidement dénoncées par les patrons des usines comme ayant un caractère religieux. Alors qu’elles avaient avant tout un caractère syndical. Le conflit religieux se substitue à la lutte des classes… Mais d’un coté, il s’agit de parents immigrés. Dans la mesure où ils se sont socialisés dans leur pays, le fait qu’ils soient musulmans est considéré comme “normal”. Mais il y a une grosse différence d’approche par rapport aux enfants d’immigrés post-coloniaux nés en France. Car il existe une croyance générale, fortement ancrée dans “l’idéologie dominante”, dans le processus d’intégration-assimilation, que la religiosité musulmane viendrait contre-carrer, posant ainsi un “problème d’intégration”. En 1987, lors de la commission Marceau Long (sur la réforme de la nationalité française, ndlr), le chercheur Bruno Etienne disait : “Il y a 5% de pratique chez les enfants d’immigrés” et le processus d’intégration la fera disparaitre. Or en 1989, la croyance en l’extinction de la religiosité musulmane chez les enfants d’immigrés vole en éclats. Comme pour toutes les minorités, comme les enfants de juifs ou de chrétiens africains, les enfants de musulmans ont un taux élevé de reproduction de la pratique religieuse d’une génération à l’autre. C’est un phénomène sociologique classique qui renvoie aux tensions existant entre majoritaires et minoritaires. Pourtant, ce fait social est généralement perçu comme une remise en cause de l’homogénéité nationale.
D’où vient l’idée que cela contredirait “l’idéal républicain” ?
A.H. : La fin des années 1980 correspond à l’émergence du discours sur l’échec de l’intégration. Le 9 novembre 1989, dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur, des intellectuels comme Elisabeth Badinter, Elisabeth de Fontenay, Régis Debray, Alain Finkielkraut et Catherine Kintzler dénoncent comme un “Munich de l’école républicaine” le refus du gouvernement de légiférer. Cette tribune révèle un sentiment de quasi trahison des enfants d’immigrés, surtout les filles. On leur dit : “on vous donne la possibilité de rentrer à l’école publique, de vous intégrer, mais vous ne respectez pas le contrat en restant musulmanes”. En résumé : si l’on admet des formes culturelles différentes, séparées des formes majoritaires, on remettrait en cause l’autorité de l’Etat.
Bien qu’officiellement remplacé, le HCI (Haut conseil à l’intégration) a récemment fait parler de lui avec son rapport suggérant l’interdiction du voile à l’université. Pourquoi préconise-t-il cette mesure ?
A.H. : Cette préconisation s’inscrit dans la logique de construction du “problème musulman” par capillarité. Là où des présumés musulmans se trouvent, il y a un “problème” qui peut se poser du point de vue des valeurs, notamment de la laïcité. La laïcité n’est plus seulement la liberté de conscience et de culte, mais doit confiner la religion à l’espace privé. Cette redéfinition de la laïcité est un véritable coup de force symbolique et ne vise que les musulman-e-s, puisque les organisateurs de processions catholiques, par exemple au Puy-en-Velay, ne sont pas inquiétés. Comme le répète le sociologue Jean Baubérot, la laïcité n’était pas du tout définie ainsi auparavant, il parle d’une “laïcité falsifié”. Le HCI a participé à la réinvention d’une tradition laïque, qui passe par une reconstruction du passé. Je lisais aujourd’hui un article disant que les écoliers interprètent désormais la laïcité comme une interdiction et non comme une liberté religieuse… Avalisées par le Parlement, les lois du 15 mars 2004 (sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école publique, ndlr) et celle de 2010 sur l’interdiction du niqab dans l’espace public ont instauré une nouvelle norme laïque. Dès lors que cette norme est devenue “universelle”, on peut lui soumettre toute une série de situations: hôpitaux, universités, entreprises privés, etc. Il semble très difficile de revenir en arrière, comme si un effet domino se produisait. Ce phénomène engendre l’idée que les corps et les consciences des musulmans doivent être contrôlées partout.
Vous convoquez également Michel Foucault pour analyser une volonté de discipliner les corps et les esprits…
M.M. : Il y a un nœud entre attente d’assimilation et disciplinarisation. Ce qu’on appelle : “l’injonction d’intégration” qui renvoie à une égalité sous condition. Cela repose sur une double logique de contrôle social et d’exclusion, bien que nous ne soyons pas en présence d’un racisme classique. L’islamophobie est une grille de lecture qui tend à analyser le comportement des présumés musulmans à partir du signe religieux.
“Présumés” musulmans ?
M.M. : L’islamophobie ne touche pas uniquement les musulmans pratiquants. Certains Sikhs ont été pris pour des musulmans aux Etats Unis et agressés pour cela, voire assassinés. Pris de peur, certains Sikhs ont jugé utile de manifester leur différence pour dire : “on n’est pas musulman”… En France, une femme non musulmane qui était en chimiothérapie portait un foulard car elle avait perdu ses cheveux. Elle a été humiliée en juin 2012 à l’aéroport de Nantes par les agents de sécurité qui, lors d’un contrôle, ont exigé qu’elle l’enlève. Sans parler des individus issus de pays musulmans mais qui ne partagent pas cette foi.
A.H. : C’est l’idée que la qualification religieuse devient un signe permanent et dominant. Quelqu’un d’origine algérienne et athée est assigné à une identité religieuse musulmane. Cela renvoie aux réflexions de Jean-Paul Sartre sur la question juive. Cette assignation enferme la personne dans son identité juive, on a ce même processus du côté musulman.
Vous appelez cette identité imposée : “islamité”
A.H. : Oui, cela est comparable à la judéité telle qu’elle a été définie au XIXème siècle. Comme le soulignait Hanna Arendt, on peut “échapper” au judaïsme par la conversion, mais on ne peut pas “échapper” à la judéité. L’islamité comme attribut racial existait durant la période coloniale, comme l’illustre la ségrégation sociale et politique. Même converti au christianisme, l’indigène musulman d’Algérie ne sort pas de sa condition de musulman. Cependant, l’islamité coloniale est différente de l’islamité post-coloniale. La judéité issue de l’antisémitisme et l’islamité coloniale avait un fond racial beaucoup plus fort que l’islamité post-coloniale. De nos jours, les musulmans en France ne sont pas dans la même situation politique et juridique, mais l’islamophobie contemporaine tend à faire de l’islamité un attribut permanent et définitif. On ne peut pas en sortir.
Vous, par exemple, y avez-vous été personnellement confronté ?
A.H. : On a une expérience de minoritaire. Nous sommes des transfuges des classes populaires et des héritiers de l’immigration post-coloniale. Nos trajectoires nous ont rendu sensibles à ces questions. Comme l’ont démontré les études féministes, tout savoir est un savoir situé.
M.M. : On attend de voir la conséquence que peut avoir le fait de s’appeler Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed lorsqu’on s’exprime sur l’islamophobie, d’autant que le discours islamophobe n’est pas très original. Par ailleurs, ce n’est pas un hasard si le premier séminaire universitaire dédié à l’islamophobie est de notre initiative. On s’attend à deux formes de critiques : une argumentée et raisonnée sur l’ouvrage. Ce qui est vital à la vie intellectuelle. Et un second registre, celui de la disqualification. On n’échappera pas au soupçon de collusion avec les “islamistes”, à l’instar de ceux qui refusent d’ostraciser les populations, personnalités ou mouvements se revendiquant de l’islam pratiqué.
Vous entrez exactement dans les statistiques propres à l’islamophobie dont vous parlez, parmi les musulmans, les surdiplômés s’avèrent encore plus sensibles aux discriminations.
A.H. : Plus on s’élève socialement, plus on est confronté à des logiques de concurrence pour des biens rares. Et plus des phénomènes de rejet apparaissent. Ce phénomène sociologique fut analysé par Norbert Elias entre “établis” et “marginaux”. C’est ce qui fondent aussi la comparaison entre antisémitisme et islamophobie. Au moment où il y a une logique d’ascension sociale et de concurrence entre minoritaires et majoritaires, apparaissent les formes de rejets les plus virulentes par ces derniers.
Comment vous êtes vous intéressés à l’islamophobie ?
Marwan Mohammed (M.M.) : D’une part, en étant en contact constant avec les quartiers populaires et les populations musulmanes, nous avons senti monter des craintes fortes et des inquiétudes sur les questions d’islamophobie. Notamment, en raison des évolutions de l’actualité et la succession de polémiques sur les musulmans. Par ailleurs, nous avons fait le constat que la réflexion collective sur le sujet était quasiment absente du champ académique français.
Abdellali Hajjat (A.H.) : Un même constat mais à travers des trajectoires différentes. Marwan est spécialiste du monde des bandes, de la délinquance et des sorties de délinquance. Je suis plutôt spécialisé dans la sociologie du droit de la nationalité et l’histoire des mobilisations de l’immigration post-coloniale. Pour réfléchir à cette question, nous avons monté un séminaire à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales). L’idée était de créer un espace universitaire pour s’interroger sur ce que les sciences sociales peuvent dire sur l’islamophobie.
D’où vient cette erreur selon laquelle le mot “islamophobie” aurait été inventé par des mollahs iraniens afin de censurer la critique de la religion musulmane ?
A.H. : On ne sait pas exactement mais cela a été repris par des gens comme les essayistes Caroline Fourest, Pascal Bruckner, etc., qui, à notre connaissance, ne donnent pas de sources. Pendant la Révolution iranienne (1979) et après, il y a eu une disqualification des femmes et des individus qui refusaient les mesures du nouveau régime. Pour autant, le terme d’islamophobie n’existe pas en persan. En revanche, d’autres mots existent pour désigner l’”hostilité à l’islam”. Donc l’origine iranienne du terme relève de la légende et il nous semble qu’il s’agit d’une manière de disqualifier les individus et groupes qui l’utilisent. Comme l’ont démontré plusieurs chercheurs, dont les travaux sont présentés dans notre livre, le mot “islamophobie” a été employé la première fois au début du XXème siècle, par des ethnologues-administrateurs français qui jugeaient contre-productive l’attitude de l’administration coloniale envers les populations musulmanes. Il semble que la crainte de certains intellectuels réside dans le fait que le terme islamophobie soit utilisé pour empêcher toute critique de l’islam en tant que dogme religieux.
Vous reconnaissez que son utilisation comme “outil contre la liberté d’expression” est à éviter…
M.M. : Tout comme l’accusation d’antisémitisme visant les opposants à l’Etat israélien, il pourrait y avoir de l’”excès” dans l’usage du terme d’islamophobie. Cependant nous ne disposons pas de beaucoup d’exemples.
A.H. : Les exemples à disposition vont plutôt dans le sens inverse. On entend toujours : “Il y a un tabou sur l’islam“. Il suffit d’observer objectivement les champs médiatique et politique pour constater qu’il n’y en a pas. Bien au contraire, il existe une “libération” de la parole critiquant l’islam en tant que religion ou stigmatisant les musulman-e-s. En France, l’enjeu du bannissement de l’usage du terme d’”islamophobie” correspond à la question de la reconnaissance du phénomène islamophobe en lui même et de la “responsabilité” des professionnels de la parole publique dans la légitimation d’un rejet des musulman-e-s. Le bannir “invisibilise” les actes discriminatoires qui existent bel et bien, cela “dé-responsabilise” ceux qui les légitiment. Par ailleurs, le terme d’”islamophobie” est celui qui est utilisé par les acteurs, tant ceux qui se revendiquent “islamophobes” que ceux qui combattent l’islamophobie. C’est ce constat pragmatique que font la plupart des chercheurs anglophones.
Les instances internationales comme l’ONU et l’Union européenne, elles, ne semblent pas embarrassées avec le terme…
A.H. : Après la conférence de Durban, en 2001, Doudou Diène, le rapporteur spécial des Nations Unies (sur les formes contemporaines de racisme, ndlr) et Kofi Annan, secrétaire général, se sont mis à utiliser le terme. Des Etats et notamment ceux de l’OCI (Organisation de la coopération islamique, qui regroupe 57 Etats membres) ont milité pour une reconnaissance du terme par l’ONU. Cela se concrétise par des sessions, des rapports. Au niveau des institutions européennes, plusieurs instances chargées des discriminations l’utilisent sans que cela constitue un “problème”. Il y a aussi l’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) qui a commandé des rapports et organisé des colloques qui, de fait, ont légitimé l’usage du terme en s’appuyant sur les différents acteurs nationaux tel que le CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France). Une forme de reconnaissance que ce collectif n’a pas en France.
Qui a crée le CCIF en 2003 ?
M.M. : Il n’existe pas encore d’enquête sociologique sur le CCIF. Une chercheuse, Houda Asal, étudie actuellement les mobilisations contre l’islamophobie. D’après nos observations, il s’agit une poignée de militants, au début essentiellement de jeunes hommes, instruits, diplômés et français, qui participaient aux mêmes listes de diffusion d’information. Et les commentaient. Les propos de Claude Imbert, directeur du Point, qui a déclaré (sur LCI le 24 octobre 2003, ndlr): “Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire” vont servir d’élément déclencheur à un projet qui existait déjà.
Comment “quantifier” l’islamophobie chaque année ?
M.M. : Il y a essentiellement trois sources*. Le CCIF, le ministère de l’Intérieur et les enquêtes d’opinion de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) sur “l’hostilité à l’islam”. Le CCIF s’est imposé auprès des instances internationales et des principales ONG comme la principale source de référence sur les actes islamophobes. La définition du CCIF se veut très restrictive, elle se cantonne aux actes qui portent atteinte aux personnes et aux institutions musulmanes. Le ministère de l’Intérieur, lui, s’appuie sur les enregistrements des services de police et de gendarmerie notant des atteintes en raison de “l’appartenance religieuse”. Mais nous manquons cruellement de statistiques sur les procédures civiles, notamment aux prudhommes. En tout cas, il y a un écart important entre les données du CCIF et l’Intérieur qui s’explique par les modalités de recueil des données. Mais malgré cette différence, la tendance est la même : on constate une augmentation régulière et rapide des actes islamophobes depuis au moins 4 ans.
Vous expliquez qu’un autre souci provient des associations anti racistes, pourquoi sont-elles extrêmement divisées sur l’islamophobie ?
M.M. : Ces mouvements ont été traversés par des clivages internes qui ont plus largement révélé des conceptions différentes de la laïcité, du cosmopolitisme et de la place des musulmans. Historiquement, les mouvements anti racistes “généralistes” ont un lien fort avec la lutte contre l’antisémitisme : le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) depuis la Seconde guerre mondiale, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) depuis les années 30 et la LDH (Ligue des droits de l’hommes) au moment de l’affaire Dreyfus. Ils ont été animés par des militants et intellectuels engagés, pas seulement juifs, souvent de gauche et à des moments très particuliers de l’histoire nationale. A partir de la guerre de 1967 notamment, s’est posé la question de leur positionnement sur le conflit israélo-palestinien. Lors de la première intifada (1987) puis de la seconde (2000), ces associations ont été secouées par un débat sur la question de la priorité des luttes. Quelle hiérarchie ? Il s’est construit une opposition entre la judéophobie, qui peut exister marginalement chez les dits Arabes ou musulmans, et le racisme que ces derniers subissent. Comment articuler les deux ? Pourquoi ne peut-on pas dénoncer les deux en même temps ? Vient ensuite la question de l’islamophobie. Dans les mouvements antiracistes dominants, l’appartenance religieuse musulmane pose question : elle n’est généralement pas perçue comme une liberté, mais comme un élément qui remet en question les fondements de la République. Du coup, le malaise vis à vis de la reconnaissance de la légitimité de la religiosité musulmane, s’exprime également au sujet de la légitimité de la lutte contre l’islamophobie.
Vous consacrez un chapitre qui compare l’islamophobie et l’antisémitisme, pourquoi ?
M.M. : On essaye de présenter les travaux anglophones qui existent sur l’aspect comparatif de ces deux phénomènes. En quoi y a-t-il des correspondances et des différences ? Notre approche se fait plutôt par l’histoire sociale des juifs et des musulmans.
Un point commun entre ces deux formes de racisme serait de pâtir de chimères, pouvez-vous préciser ?
M.M. : Gavin Langmuir, historien spécialiste du Moyen Age et de l’antisémitisme, considère que ce qui distingue un discours antisémite, c’est quand un fait est transformé en quelque chose de complètement chimérique ou mythique. Il donne notamment l’exemple des sacrifices rituels. Au Moyen Age, on avait un enfant dans un bourg qui disparaissait, c’était le fait objectif, mais on ne savait pas pourquoi. Cette disparition pouvait alors parfois être attribuée au bouc émissaire juif et devenir ensuite une croyance forte. Autre exemple, le mythe des noirs qui violent les femmes blanches. Langmuir dit que le mythe apparait quand la minorité est dans une forte dépendance économique et sociale. On a un phénomène analogue pour l’islamophobie avec le mythe de “l’islamisation” décortiqué par le chercheur Raphaël Liogier. Tout une série de mythes ont émergé comme celui du “pain au chocolat”, “le terroriste au cinq slips de l’usine AZF”, “les mosquées de Roissy”, etc.
Quel rôle joue ce mythe ?
A.H. : Il est irréfutable, il se propage comme une rumeur. Et il entretient la permanence du danger, de la menace de proximité, de l’ennemi intérieur. Et parfois, il rencontre des faits : un réseau terroriste ici, une cellule de trois apprentis “djihadistes” là-bas. C’est interconnecté à la menace souterraine, tout comme le complot juif. Le mythe de l’islamisation prend deux formes. Il y a ceux qui croient à la conspiration comme Anders Behring Breivik, Bat Ye’or (pseudonyme de Gisèle Littman-Orebi, idéologue et essayiste britannique, ndlr), etc. et relèvent plutôt de l’extrême droite. Mais d’autres partisans du mythe, comme la démographe Michèle Tribalat, s’oppose à cette première version. Elle dit néanmoins qu’il y a une autre forme d’islamisation qui serait celle des valeurs. C’est plus subtil. Les valeurs françaises d’égalité et de laïcité seraient remises en cause à travers les demandes d’accommodement à l’école, à l’hôpital, etc. Pour elle, l’islamisation correspond aussi à la reproduction de la religiosité de génération en génération. C’est la où l’on entre dans quelque chose d’assez chimérique. Ce passage de la demande individuelle d’accommodement dans une société cosmopolite, elle est banale. Les Chinois veulent privatiser une partie du 13ème arrondissement pour un festival, ce n’est pas une attaque anti-républicaine du milieu chinois. A Metz, pour le nouvel an juif, il y a une rue qui va être bloquée pendant trois jours, cela ne constitue pas un “problème juif”. Une demande similaire émanant de musulmans serait impossible. Pour nous la chimère elle est là, quand on construit une menace à partir d’un fait que l’on peut comprendre tout autrement, c’est-à-dire sociologiquement.
recueilli par Geoffrey Le Guilcher
* A cela il faut ajouter l’enquête TeO (Trajectoires et Origines) qui offre des informations sur l’expérience des discriminations en raison de nombreux motifs, notamment l’appartenance à une religion.
http://www.lesinrocks.com/2013/10/13/actualite/islamophobie-lenjeu-cest-netes-pas-chez-11426603/
Analysant les discriminations quotidiennes, juridiques et intellectuelles subies par les musulman-e-s, les sociologues Abdellali Hajjat (Université Paris Ouest Nanterre) et Marwan Mohammed (CNRS) ont publié, le 26 septembre, le livre ‘Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le ‘problème musulman’”. Entretien.
Vous débutez et concluez le livre sur le cas de Sirine. Dans son collège de Villiers-sur-Marne, elle ôtait son voile mais refusait d’enlever un bandeau. Mise à l’écart au sein de l’établissement public, elle en fut finalement exclue. Avant d’être accueillie – avec le même bandeau – par le second collège public de la ville, sans problème aucun. Qu’incarne le cas de Sirine pour vous?
M.M. : Si il n’y avait pas eu d’initiatives pour rendre publique cette affaire, elle se serait déroulée dans le silence. C’est justement son caractère hors champs, hors visibilité, qui renvoie pour nous à la banalité de l’islamophobie. Comme dans la majorité des cas, elle ne fait pas de bruit et touche surtout des femmes portant le hijab dans leur quotidien : la scolarité, le travail, les transports publics, les rapports avec les institutions, etc. Les agressions physiques ou les dégradations de cimetières musulmans et de mosquées constituent, même si ce n’est pas de manière systématique, des événements dont on entend parler Or l’islamophobie vécue renvoie d’abord à des discriminations diluées. Deuxièmement, le déroulement de l’histoire de Sirine est révélateur d’autres choses. D’abord c’est une initiative de quelques enseignants puis de la principale du collège. Ce n’est pas forcément une mobilisation massive mais un petit groupe de personnes qui se sentent légitimes pour violer le droit à la scolarité d’une jeune fille qui porte un bandeau et une jupe. Car Sirine enlève son hijab devant le collège, conformément à la loi du 15 mars 2004. Puis la jeune fille résiste, elle refuse d’enlever son bandeau. De là, une série de procédures se déclenche, amenant les institutions à se positionner. Il y a une forme d’acharnement : on a une affaire qui est partie de quelques enseignants et qui va monter jusqu’au rectorat, au député-maire, puis au ministre de l’éducation et passer par toute une série de tribunaux (du tribunal administratif jusqu’au Conseil d’Etat, ndlr). Finalement, avec la même tenue et après exclusion définitive, le second collège public de la même ville, situé à 1 kilomètre du premier, l’a ensuite acceptée…
A.H. : Cette histoire révèle aussi l’idée de racialisation religieuse et d’islamophobie par capillarité. Dès lors que, dans l’espace public, la visibilité religieuse musulmane est construite en “problème”, le port du hijab est disqualifié. Or Sirine continue de porter le hijab à l’extérieur, donc on va interpréter son comportement à l’intérieur de l’école à l’aune de son appartenance religieuse. Ainsi son bandeau et sa jupe deviennent des habits religieux et son indocilité devient, pour ces enseignants, une preuve de cette religiosité. Cette grille de lecture tend à interpréter son comportement, à l’intérieur comme l’extérieur de l’école, comme déterminé par son appartenance religieuse.
Qu’entendez-vous par l’expression : “islamophobie par capillarité” ?
A.H. : Nous ne sommes pas en présence d’un phénomène naturel mais social. S’il y a une transversalité des formes de racialisation religieuse, c’est le fruit d’un travail collectif. En 1989, parmi les élites françaises une minorité était en faveur de la prohibition. Pourquoi quinze ans plus tard se retrouvent-ils majoritaires ? La construction d’un “problème musulman” s’est effectuée au niveau des savoirs et de la mobilisation de certains acteurs. Nous cherchons dans le livre à comprendre ce lent basculement idéologique. Qui sont-ils ? Comment la laïcité est-elle redéfinie ? Pourquoi la question musulmane est-elle devenue tellement centrale ?
Une centralité qui, selon vous, exclue toujours l’islamophobie ?
A.H. : La question du déni d’islamophobie s’appuie sur une certaine conception de l’intégration, de l’immigration et du religieux dans l’espace public. Cela renvoie à une certaine spécificité de l’histoire politique et de l’histoire religieuse française, où les institutions religieuses catholiques ont été des facteurs de remise en cause de l’Etat républicain. Le problème musulman est également connecté au problème de l’immigration. L’un des principaux enjeux est la légitimité présentielle des musulmans sur le territoire.
L’enjeu caché, car non avouable, serait finalement la remise cause de la présence des musulmans sur le territoire français ?
AH : Au bout du compte c’est cela. Quand on lit les textes des islamophobes revendiqués il faut “tirer dans le tas”, organiser une expulsion massive, etc. Derrière le discours du Front national, idem. Pour d’autres, adeptes d’un régime juridique d’exception, la “solution” au “problème musulman” n’est pas aussi radicale. Mais il s’agit toujours d’une logique d’exclusion dans certains espaces sociaux comme l’école, la structure de la petite enfance, l’entreprise privée, etc. Globalement, l’enjeu c’est : “vous n’êtes pas chez vous”. Vous n’êtes pas légitimes à être sur le territoire, c’est ça l’enjeu caché.
MM : Il faut bien voir que le discours islamophobe s’est articulé aux enjeux de souveraineté de l’Etat, à l’identité nationale, à certaines valeurs républicaines comme la laïcité, ou aux questions féministes, etc. Le discours islamophobe est parvenu à diffuser l’idée que les principaux fondements républicains sont menacés par l’islam. Cela permet de comprendre pourquoi de l’extrême gauche à l’extrême droite, sur la question de l’islam, il y a beaucoup moins de divergence que sur d’autres sujets, notamment d’éthique économique et sociale.
Taper sur l’islam créerait donc du consensus politique ?
AH : La centralité de l’islamophobie dans le champ politique s’explique par ses logiques de fonctionnement. On s’attache à analyser les conditions de possibilités de l’islamophobie. L’UMP et le PS sont de moins en moins différents du point de vue de la politique économique. Du coup, les logiques de distinction se posent de plus en plus sur les questions dites “sociétales” : le mariage pour tous, l’immigration, l’islam… Il y a une surenchère compensatoire proportionnelle à l’impuissance des partis majoritaires à contrer les effets sociaux de l’économie capitaliste. Par ailleurs, il se répand une certaine analyse électorale, qui peut être contestée mais qui, en attendant, produit des effets en termes de programme politique. L’idée est qu’il y aurait une montée de la xénophobie populaire, de plus en plus de “racisme d’en bas”, qui se reporterait sur un vote Front national. Et, pour récupérer ce vote, on va adapter les discours : durcissement sur les politiques migratoires et sur les musulmans. Cette analyse électorale, très ancrée chez les politologues de Sciences Po, les conseillers en communication et les sondeurs, produit de la xénophobie et de l’islamophobie. Nous faisons l’hypothèse, qui mérite d’être analysée par de futures enquêtes, que ce phénomène s’auto-alimente et parcourt les différentes strates de la société. Ce phénomène circulaire entre les” élites” n’est évidemment pas homogène, mais il construit “un problème musulman”.
Après les attentats du 11 Septembre, vous pointez l’accélération d’un continuum entre islam, islamisme et terrorisme. Comment mesure-t-on l’impact d’un tel événement ?
A.H. : Ce continuum préexiste au 11 septembre. Il opérait déjà en France pour analyser les attentats attribués au GIA (Groupe islamique armé) et l’affaire Khaled Kelkal en 1995. Mais, en comparant la situation avant et après 2001, on observe un basculement dans le traitement médiatique et dans la manière d’envisager la question musulmane par les grands médias et les politiques. Ceci est bien expliqué dans le livre de Thomas Deltombe, L’islam imaginaire (La Découverte, 2005).
M.M. : Le soupçon d’intégrisme est plus ancien qu’on ne le croit généralement. Quant à le mesurer, c’est bien difficile, mais c’est un continuum qui alimente un climat de suspicion qui parasite le quotidien des musulmans. A l’époque, Gaston Defferre dénonçait : “des grèves saintes, d’intégristes, de musulmans, de chiites.”
Vous songez au discours tenus lors des grèves dans les usines Citroën au début des années 80 ?
AH : A l’époque, ces mobilisations syndicales d’immigrés ont été rapidement dénoncées par les patrons des usines comme ayant un caractère religieux. Alors qu’elles avaient avant tout un caractère syndical. Le conflit religieux se substitue à la lutte des classes… Mais d’un coté, il s’agit de parents immigrés. Dans la mesure où ils se sont socialisés dans leur pays, le fait qu’ils soient musulmans est considéré comme “normal”. Mais il y a une grosse différence d’approche par rapport aux enfants d’immigrés post-coloniaux nés en France. Car il existe une croyance générale, fortement ancrée dans “l’idéologie dominante”, dans le processus d’intégration-assimilation, que la religiosité musulmane viendrait contre-carrer, posant ainsi un “problème d’intégration”. En 1987, lors de la commission Marceau Long (sur la réforme de la nationalité française, ndlr), le chercheur Bruno Etienne disait : “Il y a 5% de pratique chez les enfants d’immigrés” et le processus d’intégration la fera disparaitre. Or en 1989, la croyance en l’extinction de la religiosité musulmane chez les enfants d’immigrés vole en éclats. Comme pour toutes les minorités, comme les enfants de juifs ou de chrétiens africains, les enfants de musulmans ont un taux élevé de reproduction de la pratique religieuse d’une génération à l’autre. C’est un phénomène sociologique classique qui renvoie aux tensions existant entre majoritaires et minoritaires. Pourtant, ce fait social est généralement perçu comme une remise en cause de l’homogénéité nationale.
D’où vient l’idée que cela contredirait “l’idéal républicain” ?
A.H. : La fin des années 1980 correspond à l’émergence du discours sur l’échec de l’intégration. Le 9 novembre 1989, dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur, des intellectuels comme Elisabeth Badinter, Elisabeth de Fontenay, Régis Debray, Alain Finkielkraut et Catherine Kintzler dénoncent comme un “Munich de l’école républicaine” le refus du gouvernement de légiférer. Cette tribune révèle un sentiment de quasi trahison des enfants d’immigrés, surtout les filles. On leur dit : “on vous donne la possibilité de rentrer à l’école publique, de vous intégrer, mais vous ne respectez pas le contrat en restant musulmanes”. En résumé : si l’on admet des formes culturelles différentes, séparées des formes majoritaires, on remettrait en cause l’autorité de l’Etat.
Bien qu’officiellement remplacé, le HCI (Haut conseil à l’intégration) a récemment fait parler de lui avec son rapport suggérant l’interdiction du voile à l’université. Pourquoi préconise-t-il cette mesure ?
A.H. : Cette préconisation s’inscrit dans la logique de construction du “problème musulman” par capillarité. Là où des présumés musulmans se trouvent, il y a un “problème” qui peut se poser du point de vue des valeurs, notamment de la laïcité. La laïcité n’est plus seulement la liberté de conscience et de culte, mais doit confiner la religion à l’espace privé. Cette redéfinition de la laïcité est un véritable coup de force symbolique et ne vise que les musulman-e-s, puisque les organisateurs de processions catholiques, par exemple au Puy-en-Velay, ne sont pas inquiétés. Comme le répète le sociologue Jean Baubérot, la laïcité n’était pas du tout définie ainsi auparavant, il parle d’une “laïcité falsifié”. Le HCI a participé à la réinvention d’une tradition laïque, qui passe par une reconstruction du passé. Je lisais aujourd’hui un article disant que les écoliers interprètent désormais la laïcité comme une interdiction et non comme une liberté religieuse… Avalisées par le Parlement, les lois du 15 mars 2004 (sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école publique, ndlr) et celle de 2010 sur l’interdiction du niqab dans l’espace public ont instauré une nouvelle norme laïque. Dès lors que cette norme est devenue “universelle”, on peut lui soumettre toute une série de situations: hôpitaux, universités, entreprises privés, etc. Il semble très difficile de revenir en arrière, comme si un effet domino se produisait. Ce phénomène engendre l’idée que les corps et les consciences des musulmans doivent être contrôlées partout.
Vous convoquez également Michel Foucault pour analyser une volonté de discipliner les corps et les esprits…
M.M. : Il y a un nœud entre attente d’assimilation et disciplinarisation. Ce qu’on appelle : “l’injonction d’intégration” qui renvoie à une égalité sous condition. Cela repose sur une double logique de contrôle social et d’exclusion, bien que nous ne soyons pas en présence d’un racisme classique. L’islamophobie est une grille de lecture qui tend à analyser le comportement des présumés musulmans à partir du signe religieux.
“Présumés” musulmans ?
M.M. : L’islamophobie ne touche pas uniquement les musulmans pratiquants. Certains Sikhs ont été pris pour des musulmans aux Etats Unis et agressés pour cela, voire assassinés. Pris de peur, certains Sikhs ont jugé utile de manifester leur différence pour dire : “on n’est pas musulman”… En France, une femme non musulmane qui était en chimiothérapie portait un foulard car elle avait perdu ses cheveux. Elle a été humiliée en juin 2012 à l’aéroport de Nantes par les agents de sécurité qui, lors d’un contrôle, ont exigé qu’elle l’enlève. Sans parler des individus issus de pays musulmans mais qui ne partagent pas cette foi.
A.H. : C’est l’idée que la qualification religieuse devient un signe permanent et dominant. Quelqu’un d’origine algérienne et athée est assigné à une identité religieuse musulmane. Cela renvoie aux réflexions de Jean-Paul Sartre sur la question juive. Cette assignation enferme la personne dans son identité juive, on a ce même processus du côté musulman.
Vous appelez cette identité imposée : “islamité”
A.H. : Oui, cela est comparable à la judéité telle qu’elle a été définie au XIXème siècle. Comme le soulignait Hanna Arendt, on peut “échapper” au judaïsme par la conversion, mais on ne peut pas “échapper” à la judéité. L’islamité comme attribut racial existait durant la période coloniale, comme l’illustre la ségrégation sociale et politique. Même converti au christianisme, l’indigène musulman d’Algérie ne sort pas de sa condition de musulman. Cependant, l’islamité coloniale est différente de l’islamité post-coloniale. La judéité issue de l’antisémitisme et l’islamité coloniale avait un fond racial beaucoup plus fort que l’islamité post-coloniale. De nos jours, les musulmans en France ne sont pas dans la même situation politique et juridique, mais l’islamophobie contemporaine tend à faire de l’islamité un attribut permanent et définitif. On ne peut pas en sortir.
Vous, par exemple, y avez-vous été personnellement confronté ?
A.H. : On a une expérience de minoritaire. Nous sommes des transfuges des classes populaires et des héritiers de l’immigration post-coloniale. Nos trajectoires nous ont rendu sensibles à ces questions. Comme l’ont démontré les études féministes, tout savoir est un savoir situé.
M.M. : On attend de voir la conséquence que peut avoir le fait de s’appeler Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed lorsqu’on s’exprime sur l’islamophobie, d’autant que le discours islamophobe n’est pas très original. Par ailleurs, ce n’est pas un hasard si le premier séminaire universitaire dédié à l’islamophobie est de notre initiative. On s’attend à deux formes de critiques : une argumentée et raisonnée sur l’ouvrage. Ce qui est vital à la vie intellectuelle. Et un second registre, celui de la disqualification. On n’échappera pas au soupçon de collusion avec les “islamistes”, à l’instar de ceux qui refusent d’ostraciser les populations, personnalités ou mouvements se revendiquant de l’islam pratiqué.
Vous entrez exactement dans les statistiques propres à l’islamophobie dont vous parlez, parmi les musulmans, les surdiplômés s’avèrent encore plus sensibles aux discriminations.
A.H. : Plus on s’élève socialement, plus on est confronté à des logiques de concurrence pour des biens rares. Et plus des phénomènes de rejet apparaissent. Ce phénomène sociologique fut analysé par Norbert Elias entre “établis” et “marginaux”. C’est ce qui fondent aussi la comparaison entre antisémitisme et islamophobie. Au moment où il y a une logique d’ascension sociale et de concurrence entre minoritaires et majoritaires, apparaissent les formes de rejets les plus virulentes par ces derniers.
Comment vous êtes vous intéressés à l’islamophobie ?
Marwan Mohammed (M.M.) : D’une part, en étant en contact constant avec les quartiers populaires et les populations musulmanes, nous avons senti monter des craintes fortes et des inquiétudes sur les questions d’islamophobie. Notamment, en raison des évolutions de l’actualité et la succession de polémiques sur les musulmans. Par ailleurs, nous avons fait le constat que la réflexion collective sur le sujet était quasiment absente du champ académique français.
Abdellali Hajjat (A.H.) : Un même constat mais à travers des trajectoires différentes. Marwan est spécialiste du monde des bandes, de la délinquance et des sorties de délinquance. Je suis plutôt spécialisé dans la sociologie du droit de la nationalité et l’histoire des mobilisations de l’immigration post-coloniale. Pour réfléchir à cette question, nous avons monté un séminaire à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales). L’idée était de créer un espace universitaire pour s’interroger sur ce que les sciences sociales peuvent dire sur l’islamophobie.
D’où vient cette erreur selon laquelle le mot “islamophobie” aurait été inventé par des mollahs iraniens afin de censurer la critique de la religion musulmane ?
A.H. : On ne sait pas exactement mais cela a été repris par des gens comme les essayistes Caroline Fourest, Pascal Bruckner, etc., qui, à notre connaissance, ne donnent pas de sources. Pendant la Révolution iranienne (1979) et après, il y a eu une disqualification des femmes et des individus qui refusaient les mesures du nouveau régime. Pour autant, le terme d’islamophobie n’existe pas en persan. En revanche, d’autres mots existent pour désigner l’”hostilité à l’islam”. Donc l’origine iranienne du terme relève de la légende et il nous semble qu’il s’agit d’une manière de disqualifier les individus et groupes qui l’utilisent. Comme l’ont démontré plusieurs chercheurs, dont les travaux sont présentés dans notre livre, le mot “islamophobie” a été employé la première fois au début du XXème siècle, par des ethnologues-administrateurs français qui jugeaient contre-productive l’attitude de l’administration coloniale envers les populations musulmanes. Il semble que la crainte de certains intellectuels réside dans le fait que le terme islamophobie soit utilisé pour empêcher toute critique de l’islam en tant que dogme religieux.
Vous reconnaissez que son utilisation comme “outil contre la liberté d’expression” est à éviter…
M.M. : Tout comme l’accusation d’antisémitisme visant les opposants à l’Etat israélien, il pourrait y avoir de l’”excès” dans l’usage du terme d’islamophobie. Cependant nous ne disposons pas de beaucoup d’exemples.
A.H. : Les exemples à disposition vont plutôt dans le sens inverse. On entend toujours : “Il y a un tabou sur l’islam“. Il suffit d’observer objectivement les champs médiatique et politique pour constater qu’il n’y en a pas. Bien au contraire, il existe une “libération” de la parole critiquant l’islam en tant que religion ou stigmatisant les musulman-e-s. En France, l’enjeu du bannissement de l’usage du terme d’”islamophobie” correspond à la question de la reconnaissance du phénomène islamophobe en lui même et de la “responsabilité” des professionnels de la parole publique dans la légitimation d’un rejet des musulman-e-s. Le bannir “invisibilise” les actes discriminatoires qui existent bel et bien, cela “dé-responsabilise” ceux qui les légitiment. Par ailleurs, le terme d’”islamophobie” est celui qui est utilisé par les acteurs, tant ceux qui se revendiquent “islamophobes” que ceux qui combattent l’islamophobie. C’est ce constat pragmatique que font la plupart des chercheurs anglophones.
Les instances internationales comme l’ONU et l’Union européenne, elles, ne semblent pas embarrassées avec le terme…
A.H. : Après la conférence de Durban, en 2001, Doudou Diène, le rapporteur spécial des Nations Unies (sur les formes contemporaines de racisme, ndlr) et Kofi Annan, secrétaire général, se sont mis à utiliser le terme. Des Etats et notamment ceux de l’OCI (Organisation de la coopération islamique, qui regroupe 57 Etats membres) ont milité pour une reconnaissance du terme par l’ONU. Cela se concrétise par des sessions, des rapports. Au niveau des institutions européennes, plusieurs instances chargées des discriminations l’utilisent sans que cela constitue un “problème”. Il y a aussi l’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) qui a commandé des rapports et organisé des colloques qui, de fait, ont légitimé l’usage du terme en s’appuyant sur les différents acteurs nationaux tel que le CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France). Une forme de reconnaissance que ce collectif n’a pas en France.
Qui a crée le CCIF en 2003 ?
M.M. : Il n’existe pas encore d’enquête sociologique sur le CCIF. Une chercheuse, Houda Asal, étudie actuellement les mobilisations contre l’islamophobie. D’après nos observations, il s’agit une poignée de militants, au début essentiellement de jeunes hommes, instruits, diplômés et français, qui participaient aux mêmes listes de diffusion d’information. Et les commentaient. Les propos de Claude Imbert, directeur du Point, qui a déclaré (sur LCI le 24 octobre 2003, ndlr): “Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire” vont servir d’élément déclencheur à un projet qui existait déjà.
Comment “quantifier” l’islamophobie chaque année ?
M.M. : Il y a essentiellement trois sources*. Le CCIF, le ministère de l’Intérieur et les enquêtes d’opinion de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) sur “l’hostilité à l’islam”. Le CCIF s’est imposé auprès des instances internationales et des principales ONG comme la principale source de référence sur les actes islamophobes. La définition du CCIF se veut très restrictive, elle se cantonne aux actes qui portent atteinte aux personnes et aux institutions musulmanes. Le ministère de l’Intérieur, lui, s’appuie sur les enregistrements des services de police et de gendarmerie notant des atteintes en raison de “l’appartenance religieuse”. Mais nous manquons cruellement de statistiques sur les procédures civiles, notamment aux prudhommes. En tout cas, il y a un écart important entre les données du CCIF et l’Intérieur qui s’explique par les modalités de recueil des données. Mais malgré cette différence, la tendance est la même : on constate une augmentation régulière et rapide des actes islamophobes depuis au moins 4 ans.
Vous expliquez qu’un autre souci provient des associations anti racistes, pourquoi sont-elles extrêmement divisées sur l’islamophobie ?
M.M. : Ces mouvements ont été traversés par des clivages internes qui ont plus largement révélé des conceptions différentes de la laïcité, du cosmopolitisme et de la place des musulmans. Historiquement, les mouvements anti racistes “généralistes” ont un lien fort avec la lutte contre l’antisémitisme : le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) depuis la Seconde guerre mondiale, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) depuis les années 30 et la LDH (Ligue des droits de l’hommes) au moment de l’affaire Dreyfus. Ils ont été animés par des militants et intellectuels engagés, pas seulement juifs, souvent de gauche et à des moments très particuliers de l’histoire nationale. A partir de la guerre de 1967 notamment, s’est posé la question de leur positionnement sur le conflit israélo-palestinien. Lors de la première intifada (1987) puis de la seconde (2000), ces associations ont été secouées par un débat sur la question de la priorité des luttes. Quelle hiérarchie ? Il s’est construit une opposition entre la judéophobie, qui peut exister marginalement chez les dits Arabes ou musulmans, et le racisme que ces derniers subissent. Comment articuler les deux ? Pourquoi ne peut-on pas dénoncer les deux en même temps ? Vient ensuite la question de l’islamophobie. Dans les mouvements antiracistes dominants, l’appartenance religieuse musulmane pose question : elle n’est généralement pas perçue comme une liberté, mais comme un élément qui remet en question les fondements de la République. Du coup, le malaise vis à vis de la reconnaissance de la légitimité de la religiosité musulmane, s’exprime également au sujet de la légitimité de la lutte contre l’islamophobie.
Vous consacrez un chapitre qui compare l’islamophobie et l’antisémitisme, pourquoi ?
M.M. : On essaye de présenter les travaux anglophones qui existent sur l’aspect comparatif de ces deux phénomènes. En quoi y a-t-il des correspondances et des différences ? Notre approche se fait plutôt par l’histoire sociale des juifs et des musulmans.
Un point commun entre ces deux formes de racisme serait de pâtir de chimères, pouvez-vous préciser ?
M.M. : Gavin Langmuir, historien spécialiste du Moyen Age et de l’antisémitisme, considère que ce qui distingue un discours antisémite, c’est quand un fait est transformé en quelque chose de complètement chimérique ou mythique. Il donne notamment l’exemple des sacrifices rituels. Au Moyen Age, on avait un enfant dans un bourg qui disparaissait, c’était le fait objectif, mais on ne savait pas pourquoi. Cette disparition pouvait alors parfois être attribuée au bouc émissaire juif et devenir ensuite une croyance forte. Autre exemple, le mythe des noirs qui violent les femmes blanches. Langmuir dit que le mythe apparait quand la minorité est dans une forte dépendance économique et sociale. On a un phénomène analogue pour l’islamophobie avec le mythe de “l’islamisation” décortiqué par le chercheur Raphaël Liogier. Tout une série de mythes ont émergé comme celui du “pain au chocolat”, “le terroriste au cinq slips de l’usine AZF”, “les mosquées de Roissy”, etc.
Quel rôle joue ce mythe ?
A.H. : Il est irréfutable, il se propage comme une rumeur. Et il entretient la permanence du danger, de la menace de proximité, de l’ennemi intérieur. Et parfois, il rencontre des faits : un réseau terroriste ici, une cellule de trois apprentis “djihadistes” là-bas. C’est interconnecté à la menace souterraine, tout comme le complot juif. Le mythe de l’islamisation prend deux formes. Il y a ceux qui croient à la conspiration comme Anders Behring Breivik, Bat Ye’or (pseudonyme de Gisèle Littman-Orebi, idéologue et essayiste britannique, ndlr), etc. et relèvent plutôt de l’extrême droite. Mais d’autres partisans du mythe, comme la démographe Michèle Tribalat, s’oppose à cette première version. Elle dit néanmoins qu’il y a une autre forme d’islamisation qui serait celle des valeurs. C’est plus subtil. Les valeurs françaises d’égalité et de laïcité seraient remises en cause à travers les demandes d’accommodement à l’école, à l’hôpital, etc. Pour elle, l’islamisation correspond aussi à la reproduction de la religiosité de génération en génération. C’est la où l’on entre dans quelque chose d’assez chimérique. Ce passage de la demande individuelle d’accommodement dans une société cosmopolite, elle est banale. Les Chinois veulent privatiser une partie du 13ème arrondissement pour un festival, ce n’est pas une attaque anti-républicaine du milieu chinois. A Metz, pour le nouvel an juif, il y a une rue qui va être bloquée pendant trois jours, cela ne constitue pas un “problème juif”. Une demande similaire émanant de musulmans serait impossible. Pour nous la chimère elle est là, quand on construit une menace à partir d’un fait que l’on peut comprendre tout autrement, c’est-à-dire sociologiquement.
recueilli par Geoffrey Le Guilcher
* A cela il faut ajouter l’enquête TeO (Trajectoires et Origines) qui offre des informations sur l’expérience des discriminations en raison de nombreux motifs, notamment l’appartenance à une religion.
Toussaint- Messages : 2238
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Re: Islamophobie
Thionville: une femme voilée frappée dans un magasin
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Islamophobie
LUTTE OUVRIERE 18 octobre 2013Crèche Baby Loup Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) : une structure féministe et militante
La cour d'appel de Paris s'est réunie jeudi 17 octobre pour examiner le conflit opposant la directrice de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, à l'une de ses employées.
Celle-ci avait été licenciée en 2008 pour avoir refusé d'enlever son voile islamique, contrevenant au règlement intérieur de la crèche qui met en avant les « principes de laïcité et de neutralité ». Trois procès ont déjà eu lieu. En 2010, le tribunal des prud'hommes de Mantes-la-Jolie avait donné raison à Natalia Baleato, la directrice, jugement confirmé l'année suivante par un arrêt de la cour d'appel de Versailles.
Mais en mars dernier, la Cour de cassation avait annulé le licenciement, estimant que la crèche étant une entreprise privée et non un service public, les principes de laïcité et de neutralité n'avaient pas lieu d'être, ajoutant en outre que le port du voile n'était pas explicitement interdit dans le règlement intérieur.
Ce jugement donnait des armes aux obscurantistes et, surtout, il portait directement atteinte à la volonté d'émancipation des femmes qui était à la base de la création de cette crèche pas comme les autres.
Ouverte il y a vingt-deux ans par une association féministe, la crèche ne se limitait pas à l'accueil des enfants, elle œuvrait aussi à l'insertion professionnelle des femmes. En étant ouverte sept jours sur sept et 24 heures sur 24, en acceptant d'accueillir les jeunes enfants, même pour des durées de quelques heures, et en offrant une formation professionnelle aux femmes, Baby Loup leur permettait d'accéder à l'emploi, c'est-à-dire d'acquérir une indépendance financière, premier pas vers leur émancipation.
La cour d'appel de Paris rendra son jugement le 23 novembre. Espérons que celui-ci invalidera celui de la Cour de cassation, mais en attendant, le mal est déjà fait, les bigots et les réactionnaires sont sortis renforcés du précédent verdict. Victime de pressions, d'insultes et même de menaces, l'équipe de la crèche a décidé de sa fermeture pour le 31 décembre.
Marianne LAMIRAL
mykha- Messages : 1079
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