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Grèce - Page 15 Empty Re: Grèce

Message  Albert Lun 5 Mar - 19:50

Un article sur la situation en Grèce: http://lacolonnedefer.wordpress.com/2012/02/19/situation-en-grece-interview-de-dimitra-prof-au-chomage/

Albert

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Grèce - Page 15 Empty Jeudi jour J

Message  Roseau Ven 9 Mar - 0:43

Pourquoi certains créanciers de la Grèce pourraient préférer une faillite du pays au plan de sauvetage européen
http://www.les-crises.fr/jour-j-grece/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+les-crises-fr+%28Les-Crises.fr%29
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Message  Roseau Dim 11 Mar - 0:17

Les banques se sauvent et le marché des CDS n’est pas tué

Par Martine Orange et Rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/europe/grece-les-banques-se-sauvent-et-le-marche-des-cds-nest-pas-tue.html
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Grèce - Page 15 Empty Un plan de sauvetage des banques

Message  Roseau Dim 11 Mar - 0:32

http://www.cadtm.org/Le-CADTM-denonce-la-campagne-de
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Grèce - Page 15 Empty Le mot REVOLUTION a toutes les sauces...

Message  irneh09218 Dim 11 Mar - 13:09

http://observers.france24.com/fr/content/20120308-revolution-patates-grecs-decident-passer-supermarches-vente-direct-agriculteurs-pomme-terre

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Message  gérard menvussa Mer 14 Mar - 21:17

Sur "ESSF" (Europe Solidaire Sans frontiére)

Pour un mouvement de masse européen de solidarité avec le peuple grec et de résistance active aux politiques d’austérité
MITRALIAS Yorgos
13 février 2012



Pourquoi les malheurs du peuple grec émeuvent tant l’opinion publique en Europe ? Et pourquoi, de jour en jour, cette émotion de plus en plus diffuse et profonde se transforme en volonté d’agir, de faire quelque chose afin de manifester sa solidarité à la population grecque ? La réponse n’est pas difficile : si le drame grec émeut et même révolte les gens c’est parce qu’il n’est plus perçu comme extérieur à leurs préoccupations, comme un cas isolé, une exception à la règle. En somme, parce qu’il est reconnu comme ce qu’il a toujours été, dès son début, un cas/test inventé et imposé de force par ceux d’en haut afin qu’ils expérimentent et mesurent sur les cobayes grecs les endurances et les résistances des victimes de leurs politiques juste avant de les généraliser partout en Europe !

Ce n’est donc pas une surprise si le parallélisme entre la Grèce de nos jours et l’Espagne de 1936 fait mouche et est repris par tant d’acteurs politiques et sociaux en Europe. La résistance du peuple grec en 2012 fait barrage à l’extension de l’agression brutale du capital contre le monde du travail en Europe exactement comme la résistance des peuples de l’ Etat espagnol faisait barrage en 1936 à l’extension de la peste brune – et au déclenchement de la guerre – partout en Europe et au monde ! Si le barrage grec cède maintenant, c’est qu’il y aura bientôt inondation de pratiquement toute la plaine européenne...

Le fait qu’il y a de plus en plus de citoyens européens, des syndicats ouvriers, des formations politiques et des mouvements sociaux qui perçoivent le drame grec comme étant emblématique d’une toute nouvelle époque historique du capitalisme néolibéral est une nouveauté absolue aux conséquences très importantes. En effet, ceci signifie que le vent est en train de tourner dans cette Europe malgré et contre la propagande officielle, appuyée par les grands medias, qui continue de prêcher (depuis deux ans !) que « la faute est exclusivement aux grecs ». Mais, elle signifie surtout qu’il y a désormais des franges de plus en plus consistantes des sociétés européennes disponibles sinon prêtes à donner à leur sentiment de solidarité envers le peuple grec un sens et un contenu nouveau : celui qui fait de la résistance grecque à la barbarie capitaliste L’AVANT POSTE d’un combat commun plus universel, qui les concerne directement parce que c’est leur propre combat contre les mêmes politiques du même ennemi de classe !

La conclusion saute aux yeux : il y a désormais les ingrédients pour tenter de construire un mouvement de masse en Europe à la fois en solidarité avec le peuple grec et contre les politiques d’austérité pratiquées par les directions de l’UE. Mais, dirait-on, de quel mouvement parle-t-on ? Quel pourrait être son ampleur et sa durée, ses structures et sa radicalité ?
Tout d’abord, nous considérons que ce mouvement pourrait et devrait se construire sur la base de caractéristiques fondamentales suivantes : être européen c.à.d. s’étendre à tout le continent, être unitaire, « généraliste », de masse, de longue haleine et disposer des structures stables à la base de nos sociétés (comites de base autogérés et fédérés). Nous nous expliquons…

a) L’exigence d’être totalement unitaire est fondée sur la reconnaissance du fait que les politiques d’austérité actuelles visent un très large éventail des secteurs sociaux, menaçant au moins certains d’eux d’une véritable extinction ! En somme, même s’il y a exagération dans la prétention de nos bons amis américains de parler au nom du fameux 99% de la société, le fait est qu’on a jamais vu autant de gens objectivement et parfois, même « subjectivement » unis contre un même ennemi de classe non seulement commun et –chose très importante- perçu comme tel. C’est exactement sur cette « communauté » d’intérêts qu’il faudra bâtir la nature profondément unitaire de ce mouvement, en évitant tout sectarisme et « avangardisme ». Le « tous ensemble » doit dominer.

b) Il est évident qu’une telle situation (plutôt inédite) favorise la création d’un mouvement de masse car il s’agit de vouloir mobiliser et regrouper toutes les victimes de cette véritable « guerre sociale » du capital contre l’écrasante majorité des citoyens. Cette caractéristique est accentuée du fait que l’offensive réactionnaire n’est plus seulement « économique » mais qu’elle déborde sur le social, le politique et même le culturel et l’éthique. En somme, elle est globale posant des dilemmes véritablement existentiels à la société et aux citoyens.

c) Étant donné que ces politiques d’austérité frappent –bien qu’avec des intensités différentes- toutes les populations européennes, il va de soi que ce mouvement peut et doit être européen -et qu’il doit être organisé comme tel-, autrement il est condamné d’avance à l’échec…

d) La longue durée de ce mouvement est rendue obligatoire par le fait qu’il est censé se confronter à une offensive de longue haleine de l’ennemi de classe global, laquelle nous fait entrer dans une nouvelle période historique. Cette longue durée est renforcée par la perspective – tout à fait réelle – que la crise grecque s’éternise sans qu’elle puisse conduire à court terme une issue favorable à l’un ou à l’autre camp.

e) La conséquence logique en est que le mouvement européen de masse doit se préparer à une lutte de longue haleine, planifier ses activités et s’investir dans un projet a long terme. Ceci veut aussi dire qu’il doit se doter des structures non pas éphémères mais ayant une certain continuité et stabilité.

f) Ce mouvement doit aussi être « généraliste », c.à.d. ne pas se limiter a une résistance partielle (p.ex. strictement économique) à l’offensive réactionnaire qui est « globale » étant à la fois économique, sociale, culturelle, patriarcale, environnementale et même « philosophique » et éthique. Il doit donc, regrouper sous le même toit organisationnel toutes les résistances, essayant –ce qui n’est pas donné d’avance- de les doter d’un dénominateur commun afin de les unifier dans la lutte.

Ceci étant dit il reste à cerner avec plus de précision le rôle que devra jouer dans un tel mouvement européen la solidarité avec le peuple grec. D’abord, il faut dire que cette solidarité avec la Grèce n’est pas un fardeau mais plutôt un atout de taille pour la construction et le développement d’un mouvement de masse contre les politiques d’austérité. La résistance du peuple grec émeut –a juste titre- des millions d’européens et ce faisant elle facilite grandement la prise de conscience que les malheurs des grecs illustrent le sort que les puissants de ce monde réservent a nous tous. Réagissant d’abord avec leurs tripes face au drame grec, les salariés et autres citoyens européens prennent juste après conscience qu’ils font aussi partie de ce drame, par delà les frontières et les intérêts dits « nationaux », par delà et contre toute la propagande officielle. En somme, ils découvrent la communauté d’intérêts de ceux d’en bas et l’internationalisme en acte, chose d’une importance capitale à une époque de crise systémique si cataclysmique qu’elle ressuscite les « démons » (nationalistes, racistes et même…guerriers) des années ’30 chez plusieurs factions de la bourgeoisie européenne…

Cependant, il faut admettre que ce sentiment de solidarité n’est pas eternel, il doit être entretenu jour après jour afin qu’il soit suffisamment fort et diffus pour pouvoir « entretenir » un mouvement de solidarité de longue haleine qui est même doté des comites de base partout en Europe. Alors, les perspectives du « laboratoire » grec sont-elles propices à entretenir l’intérêt, l’émotion et surtout le sentiment de solidarité active que suscite ce drame grec ?

La réponse à cette question capitale est un Oui catégorique. Oui, elles peuvent garantir tout ca pour deux raisons : a) parce que tout indique qu’il n’y a pas d’issue prochaine au drame grec car aucun de ses deux protagonistes (ceux d’en haut et ceux d’en bas) n’a les moyens d’écraser l’autre. Ce qui nous conduit à la conclusion que l’actuel équilibre instable pourrait s’éterniser conduisant soit à un pourrissement de la situation soit a des explosions de plus en violentes mais sans lendemain. En tout cas, on peut être sûr que la crise grecque est ici pour y rester et dominera l’actualité européenne (et internationale) pour longtemps. b) parce que la colère de l’immense majorité de la population grecque est si profonde que que la suite de l’histoire sera emmaillée d’événements et explosions de tout ordre aptes à maintenir mobilisée l’opinion publique européenne favorable au combat du peuple grec. Il y a aura surement des « temps morts » mais ils ne seront pas en mesure de faire baisser la tension du mouvement de solidarité, d’autant plus que nous pouvons déjà prévoir qu’il y aura de plus en plus d’ « événements » similaires dans d’autre pays européens.

C’est d’ailleurs la crise grecque et le combat du peuple grec qui offrent tout à fait naturellement la revendication et le mot d’ordre central du mouvement européen : refus et répudiation de la dette qui n’est pas la notre et refus total des mesures et des plans d’austérité. Et le tout sous l’enseigne très éthique de la notion fondamentale d’« état de nécessité » du droit international qui impose que la satisfaction des besoins élémentaires des humains ait la priorité absolue sur la satisfaction des créanciers. Dans la situation actuelle de polarisation grandissante entre ceux qui prônent la soumission à l’austérité au nom du remboursement de la dette et ceux qui rejettent catégoriquement ce chantage, ces deux revendications/mots d’ordre seraient largement suffisants au moins pour le lancement de ce mouvement européen. Et ceci d’autant plus que chacun (mouvement social, syndicat, force politique ou simple individu) serait libre au sein de ce mouvement de défendre et de mettre en avant ses propres conceptions du contenu et de la forme des luttes à mener à condition, évidemment, de partager et de défendre les deux revendications centrales susmentionnées.

Evidemment, l’acceptation d’un cadre programmatique si peu fournie n’est pas exempte ni de risques ni de dangers pour le développement de ce mouvement. Cependant, ces risques doivent être acceptées et assumées en toute conscience car ce qui importe le plus actuellement c’est qu’il y ait le plus grand regroupement possible de forces de toute espèce derrière le rejet net et clair des politiques d’austérité de la réaction européenne. Ce regroupement maximal est imposé par le besoin urgentissime de faire apparaitre au niveau européen une force de masse capable de rivaliser avec notre ennemi de classe commun si bien rodée, organisé, expérimenté, coordonné, surarmé et surtout décidé d’en découdre avec la plèbe. Ici le facteur temps joue un rôle capital et l’ignorer c’est déjà ouvrir la porte à son écrasement : On ne peut pas se permettre le luxe d’attendre que murissent ni les fameuses « conditions objectives » ni les mystérieuses « conditions subjectives » car l’ennemi de classe n’attend pas et est déjà en train de lancer une offensive frontale contre laquelle il faut nous défendre avant qu’il soit trop tard. C’est-à-dire avant que le mouvement populaire soit défait et perde toute capacité de résistance –peut être- pour des décennies !...

Voici donc, une première ébauche d’un projet concernant l’urgente nécessité de construire et faire développer en Europe la réponse de ceux d’en bas à la guerre qui sont en train de lancer contre eux la Sainte Alliance de l’UE, du FMI et du capital. Le débat est lancé. Passons aux actes…

Yorgos Mitralias
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Message  fée clochette Mer 14 Mar - 21:21

gérard menvussa a écrit:Yorgos MitraliasAthènes, 13 mai 2012

hein ? Shocked scratch scratch
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Message  gérard menvussa Mer 14 Mar - 21:41

Ca c'est l'avant garde de l'avant garde ! Toujours en avance sur les masses...
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Message  Roseau Sam 17 Mar - 8:53

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Message  Roseau Lun 19 Mar - 6:23

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Grèce - Page 15 Empty Eleftherotypia, journal grec sous contrôle ouvrier

Message  CCR Ven 30 Mar - 11:15

Interview de Dina Daskalopoulou, journaliste d’Eleftherotypia, un journal grec sous contrôle ouvrier


Source: Courant Communiste Révolutionnaire du NPA

Si la presse et la bourgeoisie ont tendance à dire que la Grèce a été « sauvée » de la faillite, ce qui est plus que discutable [1], personne ne peut se cacher du fait que les travailleurs et le peuple, eux, n’ont pas été sauvés du tout. Salaires de misère, chômage technique, entreprises qui ferment à tour de bras, voilà le quotidien des Grecs, que personne ne peut occulter. Mais par delà les journées de grève et de manifestations pour contrer la brutale offensive des capitalistes locaux et de leurs tuteurs de la Troïka, la résistance s’organise, par en bas, de façon parfois extrêmement radicale. C’est ce que nous raconte Dina Daskalopoulou, journaliste d’Eleftherotypia (Presse Libre en grec), un quotidien marqué à gauche, fondé en 1975, qui tirait à plus de 100.000 exemplaires… et qui se trouve contrôlé par les travailleurs et les journalistes eux-mêmes depuis février, lorsque le propriétaire, Thanassis Tegopoulos, a voulu mettre la clef sous la porte [2]…


« Nous vivons dans des conditions extrêmes. Nos solutions, elles aussi, sont extrêmes »



RIO : Dina, tu travailles pour l’un des plus importants journaux de Grèce, Eleftherotypia, qui a subi les contrecoups de la crise en cours. Comment cela a-t-il affecté vos conditions de travail ?

Dina Daskalopoulou :Nous n’avons pas été payés depuis le moisd’août mais nous avons continué à travailler sans être payés pendant plusieurs mois afin de soutenir le journal. A un moment donné, on ne pouvait plus continuer comme ça. La direction voulait nous mettre la pression pour qu’on accepte des réductions de salaire. Le 22 décembre, nous avons donc décidé de nous mettre en grève reconductible. Pour pouvoir nous en sortir, nous avons fait appel à la solidarité autour de nous, pour solliciter un soutien financier et même alimentaire. Mais la grève n’a pas fait changer d’idées à nos patrons !

Nous avons aussi décidé de publier un journal de grève, Oi Ergazomenoi, (Les travailleurs- d’Eletherotypia -),sous notre propre contrôle, pour continuer à payer nos salaires, mais aussi pour ne pas perdre le contact avec nos lecteurs et puis parce que nous voulions parler des grèves et des luttes de tous les travailleurs grecs. Aujourd’hui, la Grèce est un terrain d’expérimentation pour les néolibéraux. Et c’est un champ de bataille pour nous tous.

RIO : Comment fonctionne la production du journal de grève ?

Dina : Tout d’abord, nous nous réunissons en AG assez régulièrement pour prendre toutes les décisions qui concernent la grève. Chacun des 870 travailleurs du journal - le personnel du nettoyage, les journalistes et les imprimeurs - représentent une voix, ce qui a permis d’installer une nouvelle forme de solidarité parmi nous qui n’existait pas avant. Afin de mettre en place les décisions prises par l’AG, nous avons élu un comité composé de 15 membres (dans lequel malheureusement il n’y a que trois femmes) qui possède un mandat direct et révocable à tout moment par décision d’AG. Ce comité est en charge de rester en contact avec nos avocats, mais aussi avec les gens qui nous soutiennent, pour organiser des conférences de presse, etc.

Lorsque nous avons décidé de publier notre journal de grève, nous avons également mis en place un comité de rédactionqui est en charge de mettre au point les numéros que nous éditons. Pour l’instant nous avons réussi à éditer deux numéros. Le premier a été publié avec l’aide des journalistes, photographes et imprimeurs qui ont collaboré de manière gratuite pour que nous puissions l’imprimer. Nous avons vendu plus de copies du premier numéro que n’importe quel autre journal en Grèce ! Et ce grâce à la solidarité et à la diffusion. Avec l’argent que nous avons récolté, nous avons pu produire le deuxième numéro et aider à financer la grève. Nous n’avons pas de revenus publicitaires et nous ne pouvons pas non plus utiliser les infrastructures de l’entreprise : lorsqu’ils ont su que nous produisions un journal de grève, d’abord ils ont coupé le chauffage, interdit l’accès à notre système de publication et après ils nous ont empêché d’entrer dans nos bureaux. Mais finalement, avec la solidarité de ceux qui sont autour de nous, nous avons réussi à prouver que nous pouvons produire un journal sans patrons.

RIO : Quel type de débat vous avez parmi les travailleurs du journal ?

Dina : Au sein de l’AG, à laquelle participent, selon les moments, entre 150 et 550 personnes, nous discutons de la grève, mais également de la situation politique en général. Les réunions sont souvent longues, mais elles nous permettent d’exprimer clairement nos opinions et de réfléchir à notre situation et à nos possibilités d’action. Nous discutons de notre futur professionnel, mais également du type de journal que nous voulons produire, et plus généralement, de la façon dont on veut vivre. Le débat au sein de l’AG reste ouvert. Il y a encore des travailleurs qui soutiennent nos patrons. Il y en a également qui pensent que nous devrions conclure un accord monétaire avec eux et quitter l’entreprise, ou ceux qui croient que nous devrions trouver de nouveaux patrons. Mais il y en a, comme moi, qui pense qu’il faut se battre pour le contrôle ouvrier du journal. La plupart pense qu’il faudrait suivre la voie légale et faire pression pour que nos patrons nous cèdent le journal. Je crois, et je ne suis pas la seule, qu’il faut aller plus loin, qu’il faudrait occuper le journal et prendre le contrôle de la production.

Au début de la grève, les gens qui soutenaient le contrôle ouvrier étaient très minoritaires, mais ce n’est plus le cas. Et cela n’est pas arrivé parce que du jour au lendemain nous sommes devenus révolutionnaires, mais parce que le contrôle ouvrier est devenu une nécessité pour nous : c’est la seule façon de survivre. La plupart des travailleurs ne sont pas des révolutionnaires. Il y a quelques mois encore, nous vivions « normalement », comme n’importe quel grec issu des classes moyennes, et tout à coup, tout à explosé. Nous vivons dans des conditions extrêmes, ce qui rend nos solutions extrêmes aussi.

RIO : Qu’est-ce que cette expérience àEleftherotypiasignifie pour toi ?

Dina : Nous sommes en capacité de prendre toutes les décisions par nous mêmes. Nous avons démontré que nous pouvions faire marcher un journal sans nos patrons, tout en respectant la démocratie interne. Cette expérience témoigne d’un nouveau processus en Grèce. Avant, la démarche était de voter pour un représentant syndical tous les deux ans et de lui laisser prendre toutes les décisions. Maintenant, nous pouvons prendre nos vies en main !

Cette orientation n’est pas commune dans l’extrême gauche grecque. Le plus grand parti à la gauche de lasocial-démocratie(PASOK) est le Parti Communiste Grec (KKE), ne s’intéresse pas du tout à nous. Ils soutiennent d’autres grèves, comme par exemple celle à Hellenic Steel (une usine qui produit de l’acier), qui d’ailleurs est en conflit depuis plus de 5 mois, mais ils ne veulent pas discuter de contrôle ouvrier, car… ils ont peur de ne plus pouvoir le contrôler. Cependant, il y a quelques partis de la gauche radicale en Grèce qui soutiennent notre lutte. SYRIZA par exemple, même s’ils sont divisés sur les orientations à prendre.

A mon avis, la Grèce ne pourra pas surmonter cette crise sur le plan national. On ne pourra pas gagner tous seuls, en Grèce, de notre côté. Nous avons besoin d’une perspective internationale afin de combattre les soi-disant « solutions » que les capitalistes nous proposent partout en Europe. Nous avons besoin d’une solidarité internationale et d’un combat, tous ensemble, qui pourront apporter des solutions aux problèmes que nous rencontrons tous les jours et surtout faire payer aux capitalistes leur crise ! Ils n’ont pas de patrie, nous non plus !

22/03/12

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[1] Voir à ce sujet J. Chingo, « Accord sur la question de la dette grecque. Report du défaut de paiement par crainte de l’effondrement de la zone euro », 24/02/12, www.ccr4.org/Report-du-defaut-de-paiement-par

[2] Les propos ont été recueillis le 22 mars 2012 par Stefan Schneider, pour l’Organisation Révolutionnaire Internationaliste (Revolutionäre Internationalistische Organisation, www.klassegegenklasse.org), section sympathisante de la FT-QI en Allemagne.


CCR

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Grèce - Page 15 Empty L’offensive semi-colonisatrice de l’Union Européen

Message  CCR Lun 2 Avr - 17:05

L’offensive semi-colonisatrice de l’Union Européenne… et les raisons de la résistance des travailleurs et de la jeunesse en Grèce


Philippe Alcoy

Source: Courant Communiste Révolutionnaire du NPA

« Même en envisageant le scénario le plus optimiste, les mesures d’austérité imposées à Athènes risquent de faire plonger le pays dans une récession si importante que la Grèce ne sera pas capable de sortir du trou de sa dette au cours des trois années du nouveau plan de sauvetage de 170 milliards d’euros (136 milliards débloqués qui viennent s’ajouter aux 34 milliards d’euros restant du premier plan de sauvetage de 110 milliards) »1. Bien que cela puisse paraître « surréaliste » et d’un cynisme incroyable, ces mots appartiennent aux « experts » de la « Troïka » (FMI-UE-BCE) eux-mêmes qui les ont écrits dans un document « confidentiel » dont le Financial Times s’est procuré une copie


Ces déclarations révèlent clairement que ce qui est actuellement en jeu en Grèce n’est pas du tout le « sauvetage » de ce pays mais plutôt celui des monopoles financiers créditeurs, notamment allemands et français, qui se sont enrichis pendant des années en spéculant sur le dos des travailleurs et des masses de la Grèce et qui maintenant se trouvent « trop exposés » au risque d’une faillite grecque. En ce sens, ce nouveau « plan d’aide » [1] s’inscrit dans la continuité de celui de 2010 : gagner du temps pour épargner le plus possible les créanciers privés et éviter une faillite (désormais inévitable ?) désordonnée de la Grèce. Précisément, une analyste dans Les Echos explique clairement comment les créanciers privés bénéficient de ce « gain de temps » : « plus le temps passe, plus la part des créanciers privés [dans la dette grecque] décroît par rapport aux officiels (FMI, Union européenne), du fait des échéances obligataires qui tombent » [2].

Par ailleurs, parallèlement à ce processus de « sauvetage indirect » des grandes banques impérialistes exposées à la dette grecque, il y a un autre processus qui se développe actuellement dans la péninsule hellénique : une offensive semi-colonisatrice de la part de l’Europe sur le pays. En effet, les puissances impérialistes centrales de l’UE sont en train de resserrer « le cercle des privilégiés », c’est-à-dire la poignée de pays impérialistes qui se partagent le monde. Ce qu’ils commencent à dire c’est qu’il n’y a plus de place dans le « club » pour les impérialismes de deuxième ou troisième zone comme la Grèce mais aussi le Portugal, l’Irlande voire l’Espagne et même l’Italie. C’est dans ce cadre qu’ils ont entamé une offensive pour transformer la Grèce en une semi-colonie ou, comme dirait un analyste du Financial Times, en « la première colonie de la zone euro ».

C’est ainsi que les impérialistes poussent la Grèce à céder une grande partie de sa richesse nationale à des multinationales, à ouvrir certains secteurs de l’économie(taxis, pharmaciens, coiffeurs) jusqu’à présent « préservés » de « l’affrontement direct » avec les groupes monopolistiques, à privatiser des entreprises d’Etat, à fermer des services publics et bien évidemment à dépouiller les travailleurs et les masses populaires, y compris une partie de la petit-bourgeoisie, des acquis conquis tout au long du XXe siècle grâce à leurs luttes.

Si l’on sait que, lors des crises capitalistes, les grands groupes monopolistiques « avalent » les plus petits, dans l’actuelle crise internationale historique du capitalisme, il n’y a aucun doute que les impérialismes les plus puissants d’Europe essayeront « d’avaler » les plus faibles.

Restauration d’un capitalisme « super-exploiteur » en Europe

Se servant de l’excuse de la crise, l’impérialisme est en train de mener une vraie « guerre de classe » contre les exploités en Grèce. Son but final c’est la restauration d’un capitalisme « super-exploiteur », c’est-à-dire un système d’exploitation débarrassé de tout type de concession aux masses (congés payés, durée légale de la journée de travail, conventions collectives, sécurité sociale, services publics gratuits, entre autres). Et cela non seulement dans les pays impérialistes de deuxième zone d’Europe, mais à terme dans tous les pays impérialistes où le prolétariat bénéficie encore de certains droits. En effet, dans ces pays la bourgeoisie a dû faire des concessions, non sans résistance, au mouvement ouvrier par peur de la « menace communiste » mais aussi (et surtout) comme déviation des mouvements révolutionnaires pouvant remettre en question ses intérêts. Et ce, après le carnage des Guerres Mondiales et les souffrances imposées aux masses suite à la crise des années 1930.

Dans les pays d’Europe Centrale et de l’Est, « l’arrière-cour » de l’UE, il est évident que l’impérialisme va profiter aussi de la crise pour renforcer l’exploitation du prolétariat de ces pays, comme le montrent les « mesures d’austérité » imposées dans des pays comme la Roumanie, la Hongrie, la Croatie, l’Estonie, entre autres.

La Grèce est devenue en quelque sorte le « fer de lance » de ce projet réactionnaire. Comme déclare un groupe d’intellectuels et d’artistes dans une tribune dans Libération : « Il s’agit surtout de faire de la Grèce le laboratoire d’un changement social qui, dans un deuxième temps, se généralisera à toute l’Europe. Le modèle expérimenté sur les Grecs est celui d’une société sans services publics, où les écoles, les hôpitaux et les dispensaires tombent en ruine, où la santé devient le privilège des riches, où les populations vulnérables sont vouées à une élimination programmée, tandis que ceux qui travaillent encore sont condamnés aux formes extrêmes de la paupérisation et de la précarisation » [3]. Ainsi, ce qui se passe actuellement en Grèce ne concerne nullement les seules masses grecques : c’est ce que, en ces temps de crise, tous les dirigeants bourgeois préparent pour les travailleurs et les couches populaires en Europe ! Si des doutes persistaient, il n’y aurait qu’à voir la brutale réforme du code du travail actuellement menée par le gouvernement de Mariano Rajoy [4].

Cependant, même si les différentes bourgeoisies réussissent à instaurer ce « capitalisme super-exploiteur » cela ne voudrait pas dire pour autant qu’elles auraient dépassé la crise historique que traverse le capitalisme. Il est très probable qu’elles doivent aller au-delà et soient obligées d’imposer des souffrances inouïes aux masses au milieu d’une période de crises et guerres que seul des révolutions prolétariennes pourraient empêcher ou arrêter.

De la thérapie de choc…

« Le second plan d’aide est construit un peu différemment du premier. Il insiste moins sur l’austérité que sur la recherche de compétitivité. C’est pour cela que les bailleurs de fonds ont exigé des baisses de salaire dans le secteur privé » [5]. En clair, dans un premier temps on a œuvré à limiter ou directement à éliminer des services publics essentiels pour les couches populaires de la Grèce, à mettre un terme à certains avantages dont bénéficiaient les fonctionnaires (13ème et 14ème mois, une certaine stabilité de l’emploi), à baisser leurs salaires, à diminuer fortement les budgets de certains ministères considérés « non rentables » (éducation, santé, culture), etc. On a appelé cela « austérité ». Maintenant, il s’agit, d’une part, d’augmenter le taux d’exploitation en balayant les droits les plus élémentaires des travailleurs, en baissant les salaires dans le public et dans le privé, et d’autre part, de privatiser tout ce qui peut l’être… tout en continuant à appliquer « l’austérité » bien évidemment ! Comme il ne pouvait pas en être autrement dans le capitalisme, la « recherche de la compétitivité » n’est ni plus ni moins que l’approfondissement de l’exploitation et de la précarité des masses.

(Banque centrale de Grèce à Athènes rebaptisée Banque de Berlin par des manifestants en février dernier)

Passons en revue certaines des mesures incluses dans le nouveau « Mémorandum » : le SMIC connaîtra une diminution de 22%, il passera de 761€ bruts à environ 590€ bruts (490€ nets) ; pour les jeunes de moins de 25 ans il y aura une réduction supplémentaire de 10% (c’est-à-dire 32% de moins au total), ce qui veut dire que leur SMIC sera de 400€ nets. Les contrats à temps plein pourront être transformés en temps partiels à la guise des patrons. Les salaires seront gelés jusqu’en 2015 et les augmentations automatiques seront suspendues jusqu’à ce que le chômage passe au-dessous de la barre de 10%. Il y aura une réduction de 20% des retraites de plus de 1 000 euros par mois et d’entre 20% et 30% pour les retraites complémentaires de plus de 150 euros par mois. Les conventions de branche disparaîtront et les conventions collectives prendront fin un an après la mise en œuvre du nouveau plan. En 2012 il y aura 15 000 suppressions de postes de fonctionnaires et d’ici 2015 ce seront 150 000 postes qui disparaîtront ; 4 fonctionnaires sur 5 partant à la retraite ne seront pas remplacés. Ces mesures et d’autres seront complémentées par des privatisations de services publics essentiels comme l’eau et le gaz naturel, entre autres.

Ces attaques terribles pour les travailleurs et les couches populaires jetées dans la paupérisation, se mènent dans un contexte où le chômage officiel dépasse la barre de 20% (dont plus de 50% parmi les moins de 25 ans) et où 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Mais même si ces chiffres sont effrayants en soi, les témoignages de la « traduction concrète de l’austérité » sur le terrain nous montrent d’une façon beaucoup plus « fine » ce que les chiffres montent « en gros ».

…à la thérapie après le choc

« Les larmes que je vois ici sont les mêmes que celles que j’ai vues dans des pays en guerre » [6]. C’est ainsi que s’exprime un religieux orthodoxe de 71 ans qui a été présent dans plusieurs pays en guerre pour apporter de « l’aide humanitaire ». Peut-être ces mots, venant de quelqu’un dont on ne voit pas l’intérêt d’exagérer, reflètent ce que veut dire concrètement « austérité » pour les masses de la Grèce aujourd’hui : une guerre brutale contre leurs conditions de vie.

Mais celui-ci n’est pas le seul témoignage en ce sens que l’on peut trouver. Depuis le début de la crise, les récits de ce genre se multiplient dans la presse. C’est ce que l’on peut lire par exemple dans un reportage sur un centre d’aide (surtout psychologique) à des Grecs surendettés, Ekipzo. En effet, lors des réunions organisées par Ekipso on peut trouver « une mosaïque d’expériences qui illustrent les formes diverses et variées que peut prendre le surendettement. Des consommateurs qui se servent d’une carte de crédit pour en approvisionner une autre, des chefs de famille qui se sont endettés “jusqu’au cou” lors de problèmes de santé et qui n’ont jamais pu relever la tête, des gens qui vivent dans l’impasse en attendant une issue qui n’arrive jamais. “La situation est intenable. Les sociétés de crédit nous appellent jusqu’à dix fois par jour et nous menacent”, raconte Konstantinos Venerdos, qui a dû prendre récemment sa retraite pour raisons de santé. “J’ai fait une demande de règlement à l’amiable, mais les banques m’ignorent. Je n’ai que 5 euros en poche pour finir le mois, et la panique me gagne. Je pense de plus en plus au suicide pour mettre fin à tout cela…’’ (…) Soumis à un stress intenable, ceux qui s’adressent à Ekipzo ont aussi des soucis de santé bien réels, le plus souvent résultat de leur détresse psychologique, notamment des problèmes cardiaques et d’estomac… “On vient de me diagnostiquer un ulcère, raconte Dimitri. Je n’ai jamais dû une drachme à personne de toute ma vie. Aujourd’hui, je n’arrive plus à rembourser mon prêt”, poursuit cet ancien commerçant, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. En pleine crise économique, il a dû fermer sa boutique l’année dernière » [7].

Par ailleurs, on note également un degré important de décomposition sociale directement lié à la profondeur de la crise. Alors qu’à Athènes on estime le nombre de Sans Domicile Fixe à 25 000, un autre phénomène se développe dans les rues de la capitale grecque : les drogues bon marché particulièrement destructrices pour la santé. En effet, jusqu’à présent ce phénomène était facilement observable avant tout dans des pays de la périphérie capitaliste, mais depuis quelques mois la « Sisa » à fait son apparition dans les rues d’Athènes : « Tout le monde en prend dans la rue : le shoot d’héro a augmenté de 3 à 20 euros, contre 2 ou 3 euros pour la sisa’’, raconte Nikos, 37 ans dont dix-sept ans d’héroïne et quelques mois de sisa (Σίσα, prononcer « chicha ») (…) Très facile à fabriquer, extrêmement toxique, la sisa est principalement composée de liquide de batterie et de détergent. Elle se fume à la pipe sous forme de cailloux blancs. Particulièrement abrasive et réputée « pire que le Krokodil » dans la rue, les conséquences physiques et psychiques de sa consommation en trois mois seraient comparables, selon l’Observatoire national des drogues, à dix-huit mois très intensifs d’héroïne par intraveineuse. Dans la rue, on dit qu’on n’y survit pas plus d’un an (…) Pourtant, dans sa course à la réduction de la dette, l’Etat a fermé un tiers des centres de prévention et de désintoxication » [8]. Ce fléau s’accompagne d’une augmentation de 52% par rapport à 2010 des infections de HIV à cause des drogues par injection.

Un autre élément de la réalité grecque qui exprime clairement les souffrances que le capitalisme et sa crise imposent aux masses c’est le phénomène d’abandon d’enfants par des parents pauvres. Un reportage du Courrier International nous livre un témoignage poignant : « Un soir, Anna était encore à l’école. Et sa maman ne venait toujours pas la chercher. Les instituteurs ne savaient pas quoi faire. Puis la petite a sorti de sa poche un papier. C’était une note qu’elle ne pouvait déchiffrer à son âge. "Anna, je ne viendrai pas te chercher ce soir. Je n’ai pas d’argent, je ne peux plus m’occuper de toi. Pardon. Ta maman". La personne qui raconte cette histoire m’en parle comme d’un cas quotidien. (…) "Il y a encore deux ans, 95 % des admissions dans nos centres d’accueil concernaient des cas de mineurs maltraités", explique Marine, qui travaille depuis dix-neuf ans dans un de ces centres. "Alors qu’aujourd’hui, la moitié des demandes vient de parents très pauvres. Huit fois sur dix, ce sont des familles monoparentales qui n’ont pas de parents autour d’eux", poursuit-elle. "Le plus souvent, les enfants viennent avec leur mère. Elle leur montre la chambre, le lit et me présente. Puis elle s’en va en disant ’je t’aime’ et l’enfant reste collé à la porte en voyant sa mère s’éloigner", raconte encore Marina, qui succombe à l’émotion en racontant ces scènes de séparation » [9].

En Grèce, un pays capitaliste développé, le capitalisme est en train d’exhiber avec une puissance jamais vue depuis la crise des années 30 tout son caractère brutal et réactionnaire pour les travailleurs, les couches populaires et même une partie des classes moyennes ruinées. La dégradation aussi rapide des conditions de travail et de vie est en train de provoquer un ravage de la santé non seulement physique mais mentale des masses, comme l’indique l’augmentation du taux de suicide, entre autres : entre 25% et 40% selon les chiffres depuis le début de la crise.

Dans un tel contexte, les déclarations cyniques de Charles Dallara, directeur de l’Institut de la Finance Internationale (IIF) qui représente les créanciers privés de la Grèce, ne peuvent être prises que comme une provocation et un appel à la révolte : « Si les citoyens grecs peuvent faire preuve d’encore un peu de patience et de persévérance, l’adoption de cette nouvelle feuille de route de rigueur [le nouveau Mémorandum] va changer subitement le climat et concourir à la relance » [10].

Vers une radicalisation des luttes ?

Mais une partie importante des travailleurs et des couches populaires ne se laissent pas abattre et résistent, souvent de façon héroïque. Ainsi, les parlementaires des partis du « gouvernement technocratique de transition », le PASOK et Nouvelle Démocratie (ND, centre-droit), avaient fixé le vote du nouveau « Mémorandum » dimanche 12 février. Face à une très forte pression des masses exaspérées, les bureaucraties des principales centrales syndicales, GSEE du secteur privé et Adedy pour le public, ont été obligées d’appeler à une grève générale de 48h avec manifestations contre le plan de la « Troïka » et le gouvernement, le 10 et 11 février. De fait, les grèves et manifestations se sont prolongées pendant 3 jours, jusqu’au dimanche 12/2. Les partis « d’extrême gauche » et le syndicat PAME lié au Parti Communiste Grec (KKE) ont aussi appelé à manifester, même si ce dernier l’a fait séparément. Des dizaines de milliers de travailleurs, de retraités et de jeunes ont manifesté pendant ces trois jours. Et cela malgré le fait que le syndicat des transports d’Athènes avait fait grève pendant toute la journée des 10 et 11/2, ce qui limitait les possibilités de déplacement pour aller manifester. Le dimanche 12/2 a sans doute été la journée où il y avait le plus de monde : rien qu’à Athènes on calcule que 100 000 personnes ont protesté.

Tout au long des trois jours il y a eu des affrontements avec les forces de répression, notamment dimanche 12/2 quand des milliers de manifestants se montraient prêts à envahir le Parlement pour essayer d’empêcher le vote. Selon plusieurs témoignages, la police (environ 3 000 policiers à Athènes) a commencé à tirer des gaz lacrymogènes sans aucune raison en direction de la foule qui se rassemblait devant le Parlement, avec l’objectif de la disperser. Certains manifestants ont répondu en lançant des cocktails Molotov, des pierres, etc. Mais l’air irrespirable a fait que le gros des manifestants s’est dispersé un peu partout autour du Parlement. La répression a été forte.

(Manifestants tenant une pancarte sur laquelle on peut lire Contre la faillite, annulation de la dette et controle des travailleurs)

Durant les jours et semaines qui ont précédé ces journées, d’autres phénomènes de résistance et de lutte se sont développés, notamment les grèves et occupations de bâtiments publics et de lieux de travail. Des mairies, des préfectures, des universités, et même des Ministères, ont été occupés par des travailleurs. Ainsi, le bâtiment du Ministère de la Santé à Athènes a été occupé par des travailleurs de la santé mentale, contre les coupes budgétaires et la dégradation des conditions de travail. Un autre exemple est celui de la grève avec occupation des travailleurs d’Elliniki Halivourgia (Aciérie Grecque) qui dure depuis le 31 octobre dernier. Les travailleurs de cette entreprise s’opposent au chantage du patron qui veut imposer des baisses de salaires et la réduction de la journée de travail pour soi-disant « ne pas être obligé de fermer l’usine ». On peut évoquer également le cas de l’hôpital de Kilkis que les travailleurs ont déclaré « sous contrôle ouvrier », contre les coupes budgétaires et les attaques imposées par un gouvernement qu’ils « ne reconnaissent pas ». Enfin, un autre exemple d’initiative des travailleurs contre les attaques du patronat, du gouvernement et de la Troïka : le journal Eleftherotypia (« Liberté d’expression ») [11]. Le propriétaire de celui-ci ne payait pas ses employés depuis le mois d’août 2011 et, en décembre, il avait décidé d’entamer la procédure pour se déclarer en faillite. C’est alors que ses 800 travailleurs (journalistes, secrétaires, personnel de l’imprimerie, techniciens, etc.) se mettent en grève. Mais ils ne s’arrêtent pas là et, quelques semaines plus tard, les grévistes décident d’éditer un journal des travailleurs en lutte. Le 15 février, le premier numéro de « Les Travailleurs » (d’Eleftherotypia) était dans les rues, devenant l’un des journaux les plus vendus en Grèce (31 000 exemplaires vendus). Ici aussi, la question du contrôle des travailleurs est posée.

Ceux-ci ne sont que quelques exemples des luttes héroïques que sont en train de mener les travailleurs en Grèce. Ces luttes montrent qu’il y a une certaine évolution vers la radicalisation d’une frange du mouvement ouvrier. Mais en même temps, elles laissent à découvert les faiblesses importantes des travailleurs. En effet, même si pratiquement toutes ces grèves et occupations font appel à la solidarité de la population et des autres travailleurs, en les incitant à suivre leur exemple, la coordination entre eux semble inexistante. Cela les conduit à mener des luttes parfois très radicales mais chacun de son côté. Mais il y a un autre problème plus important, encore plus palpable : le manque de perspectives des masses qui luttent, se mobilisent et s’affrontent à la répression policière. Même s’il y a un refus profond des mesures d’austérité criminelles, la peur des conséquences d’un défaut de paiements et d’une éventuelle sortie de l’euro est présente chez beaucoup de travailleurs et de secteurs des classes moyennes, ce qui est renforcé précisément par l’absence de voie alternative. C’est cette réalité qui permet aux représentants politiques du grand capital grec associé à la Troïka de faire du chantage aux masses : c’est soit l’austérité soit le désastre.

Les bureaucraties syndicales : une politique criminelle

La politique et l’orientation des bureaucraties des principaux syndicats, profondément corrompues et compromises avec les partis traditionnels du régime, compte beaucoup dans cette situation. Au lieu d’œuvrer à ce qu’il y ait convergence et coordination entre les différentes luttes, grèves et occupations, dans un mouvement de l’ensemble des opprimés, les bureaucraties font tout pour empêcher cette jonction. Parfois, elles s’opposent directement et ouvertement aux initiatives des travailleurs, comme dans le cas de la lutte des travailleurs de l’hôpital de Kilkis. Au niveau national, si les bureaucrates appellent à des journées de grève et de manifestation, c’est avant tout à cause de la pression de la base. Mais ils le font pour « décompresser », de temps en temps, le mécontentement populaire et sans aucune perspective. En effet, lors de ces journées appelées par les syndicats, des milliers de travailleurs font grève, se mobilisent, font face à la répression, mais sans réussir jusqu’à présent à faire reculer les attaques. Cela est, en partie, une conséquence de ce caractère dispersé des journées de grève et de l’absence d’alternative. Ainsi, les « actions » organisées par la bureaucratie syndicale, au lieu de faire avancer les masses et aider à ce que leurs luttes soient victorieuses, les démoralisent et font qu’elles perdent confiance en leurs forces et capacités d’action. Une des dernières démonstrations de cette politique néfaste de démobilisation des masses de la part des bureaucraties syndicales, a été apportée par le secrétaire général du GSEE, Yannis Panagopoulos, qui, le lendemain même de l’adoption du nouveau Mémorandum, écrivait une lettre demandant une intervention en faveur des travailleurs grecs, ni plus ni moins qu’au… Parlement Européen ! Comme on voit toute leur politique est d’éviter que les masses agissent directement, en créant des illusions (de moins en moins crédibles d’ailleurs) sur les institutions bourgeoises et de les contenir dans le cadre légal bourgeois.

De son côté, la politique de la centrale syndicale PAME, liée au KKE, ne vaut pas mieux. Cette centrale a une orientation de « syndicat rouge », complètement sectaire vis-à-vis du mouvement d’ensemble des travailleurs, de la jeunesse et de la base des autres syndicats. C’est ainsi que, lors des manifestations massives du 12 février contre l’adoption des attaques anti-ouvrières au Parlement, et alors que des manifestants étaient réprimés sauvagement par la police, le PAME, qui avait mobilisé des milliers de militants et de sympathisants, manifestait de son côté tout seul, complètement désolidarisé des travailleurs et des jeunes tabassés par les forces de répression. Ainsi, derrière la « rage verbale » et la supposée « radicalité » des néostaliniens, on voit qu’ils ne sont qu’un complément de la politique de division des bureaucraties d’ADEDY et de la GSEE. Le PAME-KKE peut bien « cracher du feu » contre la Troïka, l’UE et ses laquais locaux, sa politique concrète ne demeure pas moins un obstacle pour la lutte et la victoire des opprimés.

Un approfondissement de la crise des « partis traditionnels » et du régime ?


Malgré ces obstacles au sein du mouvement ouvrier, le mécontentement des masses est déjà en train de provoquer des dégâts chez les représentants politiques traditionnels du grand capital grec (PASOK et ND) et d’ébranler le régime politique. C’est en effet dans ce cadre que le parti nationaliste LAOS, la troisième composante du « gouvernement technique de transition » instauré par la Troïka après la démission de Papandréou, annonçait le 10/2 que ses parlementaires ne voteraient pas le nouveau plan et que ses ministres quittaient le gouvernement. En même temps, 43 membres des deux partis qui restent de la « coalition » soit ont démissionné, soit ont été expulsés pour n’avoir pas voté le plan. Cependant, Georges Karadzaferis, président du LAOS, s’est aussitôt empressé de demander « un nouveau délai avant les prochaines législatives [prévues pour le mois d’avril, NdR], en avertissant que si elles ont lieu maintenant, cela conduirait à une montée en force de la gauche. "Je ne veux pas jeter la Grèce dans les bras des communistes", a-t-il affirmé » [12].

(Evangelos Venizelos president du parti socialiste (PASOK) a gauche et Antonis Samaras president du parti conservateur Nouvelle-Democratie a droite)

Ces déclarations du leader nationaliste ne reflètent pas simplement des considérations électoralistes (son parti ayant été « grillé » pour sa participation au gouvernement), mais une réelle inquiétude de la part non seulement de la bourgeoisie grecque mais aussi de l’impérialisme lui-même. Ce n’est pas pour rien que l’une des conditions pour l’octroi du nouveau « plan d’aide » était l’engagement par écrit des partis politiques à continuer d’appliquer les mesures d’austérité dictées par la Troïka. C’est dans ce même sens que vont les déclarations du ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, qui conseillait aux grecs de « repousser la date des élections » (prévues pour le 6 mai a priori). Cela a fait écrire à un analyste du Financial Times « nous sommes arrivés à un point où le succès n’est plus compatible avec la démocratie. Le ministre allemand des finances veut prévenir un choix démocratique « erroné » (…) La zone euro veut imposer son choix de gouvernement à la Grèce - la première colonie de la zone euro » [13]. Il faudrait aussi interpréter la décision de verser l’aide à la Grèce sur un compte bloqué, en partie comme mesure préventive face à ces risques politiques.

Tout le monde est conscient de la crise du régime politique grec et du danger que cela peut représenter pour les intérêts de la bourgeoisie locale et ceux de l’impérialisme. En effet, « le système politique [grec] est dans sa plus grande tourmente depuis la fin de la dictature militaire en 1974. Et l’establishment politique est en chute libre. (…) Public Issue, un institut de sondages, estime que l’indice d’opinion favorable de Syriza [Alliance de la “gauche radicale”, NdR] est de 12%, et celui de la Gauche Démocratique de Kouvelis est de 18%. Le Parti Communiste de Grèce (KKE), le plus ancien parti du pays, recueil un 12,5% d’opinion favorable. La combinaison des résultats de ces trois partis de gauche atteindrait théoriquement 42,5%, suffisamment pour former un gouvernement, même sans le PASOK ». Bien que tout cela reste des sondages et que la possibilité que ces trois forces forment ensemble un gouvernement semble très peu probable, ce que ces chiffres montrent particulièrement c’est l’effondrement du PASOK, l’un des piliers du bipartisme grec depuis la chute de la dictature en 1974 : « depuis la victoire aux élections de 2009 avec 43,9% des voix, le PASOK est tombé à 8% d’opinion favorable - l’une des plus grandes chutes que les experts en élections en Europe aient jamais enregistrées. Même si les sondeurs déclarent que les opinions changent plus rapidement que le temps qu’ils ont de poser les questions, la tendance est la même dans les résultats de toutes les enquêtes menés par les instituts les plus importants : la domination bipartite du PASOK et de ND, qui se sont partagés le pouvoir pendant ces 40 dernières années, est finie » [14].

Même si, comme on voit, des deux partis traditionnels du régime, c’est avant tout le PASOK qui subit un effondrement historique, la ND aussi est en train de perdre du terrain, notamment depuis la création du mouvement des Grecs Indépendants, un nouveau parti de droite fondé par l’ex-député ND, Panos Kammenos. Ce parti s’oppose au nouveau Mémorandum en utilisant une rhétorique nationaliste et est en train d’attirer et regrouper des anciens députés ND, exclus du parti pour avoir refusé de soutenir le plan de la Troïka. En effet, « la création du mouvement des Grecs indépendants de Panos Kammenos illustre comment le plan de redressement de l’UE et du FMI a fait exploser le parti Nouvelle démocratie, qui ratissait traditionnellement assez large. Panos Kammenos a dévoilé le 10 mars sa plate-forme électorale à Distomo, là où les nazis avaient massacrés 200 villageois lors de représailles. Le symbole est peu subtil. Pour cet ancien député de ND, les forces politiques se divisent désormais en deux camps : ceux qui accepteront la perte de vastes pans de souveraineté, et les Grecs qui résisteront aux dictats d’une Europe germanique » [15]. Ce parti est crédité dans les derniers sondages de 6,5% d’intentions de vote. De son côté, la droite nationaliste, le LAOS, du fait d’avoir participé au « gouvernement technique » de la Troïka, même si maintenant elle en est sortie, a été discréditée et stagne aux alentours de 5%. Par contre, le parti néo-fasciste Chrissi Avgi (Aurore Dorée), même s’il reste marginalisé, pourrait atteindre la barre des 3% et entrer au Parlement. Et cela sans mentionner des groupes fascisants qui commencent à constituer des « gardes civiles » pour « lutter contre la délinquance » et « protéger les citoyens contre les non-Grecs et les anti-Grecs ».

Sans aucun doute, la crise capitaliste actuelle d’envergure historique que traversent l’Europe et particulièrement la Grèce, a accéléré la crise du régime politique dans ce pays. En fait, plus la bourgeoisie grecque et la Troïka se voient « obligés » d’appliquer davantage d’attaques inouïes contre les masses pour sauver leurs intérêts, plus le mécontentement envers les partis du régime s’approfondit et plus les mécanismes de leur propre démocratie deviennent gênants pour les capitalistes. Dans ce cadre, on comprend aisément le pourquoi d’avoir imposé un « gouvernement technocratique » en Grèce (et dans d’autres pays en crise) [16], les déclarations de W. Schäuble sur les élections, et la possibilité de leur report. Ceci constituerait, même d’un point de vue strictement bourgeois, une violation de la démocratie sans précédents dans un pays impérialiste, depuis les 30 ou 40 dernières années. Dans ce contexte de crise, l’option bonapartiste devient de plus en plus attractive pour les classes dominantes et l’impérialisme. En ce sens, aucune provocation ou manœuvre n’est à exclure.

Face à cette situation, les partis « de gauche » qui semblent se renforcer suite à l’affaiblissement des partis du régime bipartite sont loin de représenter une alternative pour vaincre l’offensive du patronat et des principales puissances impérialistes de l’UE. Nous avons déjà mentionné l’orientation du KKE au sein du mouvement syndical à travers sa centrale PAME : une politique soi-disant « ultra-gauche » qui, concrètement, ne fait que diviser les travailleurs en lutte et, parfois même, les pousse à s’affronter entre eux, comme cela a été le cas en octobre 2011, quand le service d’ordre du PAME empêchait des manifestants de forcer le cordon de policiers qui protégeaient le Parlement [17]. Sur le plan politique, le KKE n’épargne pas les discours sur le socialisme, la nationalisation des moyens de production, le « pouvoir populaire », l’annulation de la dette, la sortie de l’euro, de l’UE et de l’OTAN, etc. Mais, concrètement, il ne fait rien pour que les travailleurs avancent vers ces objectifs, pour unifier « le peuple » contre les attaques des capitalistes. Il peut parler d’expropriation et dire qu’il faut s’en prendre à la propriété capitaliste, mais là où les staliniens jouent un rôle dirigeant comme dans la grève héroïque de l’« Aciérie Grecque », à part organiser la solidarité fondamentale, ils ne proposent aucunement le contrôle ouvrier comme alternative au chantage du patronat et encore moins l’auto-organisation des travailleurs. En fait, leurs discours « ultra-radicaux » ne sont qu’une couverture à une politique opportuniste et réformiste auto-proclamatrice. Tout en appelant à « isoler » ceux qui oseraient critiquer le KKE-PAME, ils considèrent que « le salut du peuple » ne peut passer que par rejoindre et renforcer le KKE : « Désormais, la question pour le peuple et pour chaque travailleur, pour les chômeurs, les travailleurs indépendants, les pauvres paysans, les jeunes et les femmes des couches populaires, pour chaque individu, ce n’est pas juste de se libérer des partis de la ploutocratie, mais de soutenir le KKE. C’est seulement de cette façon qu’il pourra y avoir une vraie rupture dans le fond » [18].

Quant à Syriza, il s’agit d’une coalition qui se présente comme « une gauche radicale et rénovatrice » mais n’est autre chose qu’une autre variante opportuniste et réformiste. Dans la situation actuelle, Syriza considère que la « voie unique de sauvetage » c’est la démission du gouvernement et la convocation immédiate d’élections. En effet, même si Alexis Tsipras, le principal dirigeant de Syriza, se prononce contre les plans d’austérité, il déclare vouloir « garder l’euro ». Il veut que « la Grèce reste un problème systémique pour l’Europe ». Son argument c’est que celle-ci est la seule façon de faire en sorte que les milliards des plans d’aide soient déboursés. Et la seule façon de faire en sorte que l’Europe, craignant le risque de contagion qui pourrait découler d’un défaut de la Grèce, diffère le remboursement de la dette grecque ou peut-être même l’annule un jour. (…) A part des augmentations de taxes pour les propriétaires de bateaux de luxe, Tsipras n’a pas vraiment de réformes radicales à offrir » [19].

Le parti de la Gauche Démocratique de Fotis Kouvelis, qui a été ministre de la Justice pendant 3 mois à la fin des années 1980, est le plus « modéré » des partis « de la gauche de la gauche ». D’ailleurs, politiquement on ne pourrait pas vraiment le mettre sur le même plan que la KKE et Syriza. Comme explique Stathis Kouvélakis dans un entretien, il s’agit « [d’]un parti minuscule, qui ne s’est jamais présenté aux élections, mais très avantagé par les médias, (…) issue d’une récente scission droitière de Syriza (…) En réalité ils ne sont pas plus à gauche que le PASOK, mais ils jouent tactiquement la carte d’une opposition « responsable », refusant les mesures mais sans aller jusqu’à la rupture, ce qui leur permet de capter une fraction significative de l’électorat modéré situé au centre-gauche. Il paraît à peu près certain qu’ils seront bientôt concurrencés par la nouvelle formation que ne vont pas manquer de lancer certains des députés dissidents du PASOK, avec l’appui de quelques personnalités » [20]. Ce parti semble être celui qui bénéficie le plus des « déçus » du PASOK (18% d’intention de vote). En effet, bien que la Gauche Démocratique n’ait pas signé l’engagement exigé par la Troïka et se déclare contre le nouveau Mémorandum, il considère que des réformes sont nécessaires non seulement « pour réduire la dette, mais pour maintenir la cohésion de la société grecque ». Ils veulent transformer le plan actuel en un « plan de croissance ». On voit alors que c’est peut-être le parti soi-disant « de la gauche du PASOK » le plus « récupérable » par le régime en cas d’urgence (sans écarter cette possibilité pour les deux autres non plus).

Face aux attaques radicales du patronat, il n’y a plus de tergiversations possibles : une réponse révolutionnaire du camp des opprimés s’impose !


Devant la brutalité des attaques de la Troïka associée au grand capital grec, la timidité des mesurettes proposées par ces partis réformistes et opportunistes est complètement impuissante et mène les travailleurs droit à l’impasse, à la défaite et donc à plus de souffrances. Dans l’état actuel de choses, où les principales puissances impérialistes de l’UE, avec le consentement de la bourgeoisie grecque, essayent de soumettre ouvertement la Grèce à leurs intérêts en utilisant « la dette publique » comme excuse, tout programme prétendant défendre sérieusement les intérêts des exploités ne peut partir que de l’exigence de cessation du payement de la dette et de l’annulation unilatérale de celle-ci. D’une telle mesure dépend la vie et le travail de millions de personnes en Grèce aujourd’hui.

Mais actuellement, ce n’est pas seulement l’Etat grec qui a une dette phénoménale. Beaucoup de travailleurs, d’artisans, de retraités, de petits paysans et commerçants sont endettés jusqu’au cou. Il faut imposer tout de suite une suspension du payement des dettes et une révision générale de la dette des particuliers pour déterminer des éventuelles annulations, réductions ou rééchelonnements de celles-ci, garantissant d’une part les petits épargnants et protégeant les petits artisans et commerçant de la faillite. Tout cela ne peut même s’envisager sans la nationalisation, sans indemnités ni rachat du système bancaire sous contrôle des travailleurs en créant une banque d’Etat unique. Cette mesure permettrait, entre autres, de régler le problème des dettes des particuliers, mais aussi d’assurer la mise à disposition de crédits bon marché pour les projets des travailleurs et pour les petits artisans et producteurs écrasés par la concurrence des monopoles.

Par ailleurs, la crise actuelle n’est pas simplement une « crise de la dette », mais une crise historique du système capitaliste lui-même. Sous prétexte de difficultés, les patrons jettent dans la rue des millions de travailleurs. D’autres invoquent des difficultés pour faire du chantage aux salariés et dégrader leurs conditions de travail, faire baisser leurs salaires et augmenter les taux d’exploitation. Ces arguments patronaux sont inadmissibles pour le mouvement ouvrier : il faut exiger l’ouverture des livres de comptabilité pour vérifier les dires des patrons ! Mais s’agissant d’une crise de dimensions historiques du capitalisme, même si des patrons sont en faillite, on ne peut pas accepter que ce soient les travailleurs qui payent : il faut nationaliser sous contrôle ouvrier toute entreprise qui ferme ou licencie massivement, ainsi que les principaux moyens de production qui dominent l’économie du pays ! C’est seulement de cette manière que l’on pourra mettre en œuvre effectivement le partage des heures de travail entre tous les travailleurs disponible et en finir avec ce fléau qu’est le chômage de masse qui, aujourd’hui, touche plus de 20% des travailleurs et plus de 50% parmi les moins de 25 ans, selon les chiffres officiels !

La nationalisation sous contrôle des travailleurs des principaux moyens de production, de transport et de communication permettra également une vraie planification démocratique de l’économie, dont les projets pourront être financés par la banque d’Etat. Une telle planification démocratique de l’économie n’aurait rien à voir avec la planification bureaucratique que le stalinisme a imposé dans l’ex-URSS et dans le reste des pays d’Europe de l’Est et Centrale dont les erreurs de planification étaient aberrants et la correction de ceux-ci très difficiles étant donné le régime dictatorial qui n’admettait aucun droit de regard ou de critique aux travailleurs et aux usagers. La planification démocratique de la production est inconcevable sans démocratie ouvrière et auto-organisation des travailleurs et des masses !

Précisément, il ne suffit pas de parler de nationalisation de l’économie, de socialisme, d’annulation de la dette, etc., comme le fait le KKE, et ne rien faire pour organiser la classe ouvrière face aux dangers qui la menacent. Il faut rompre la politique criminelle des bureaucraties syndicales de la GSEE, d’ADEDY et du PAME qui divise les forces des travailleurs en isolant leurs luttes et exiger la formation d’un front unique des organisations ouvrières où il y ait une totale liberté pour les tendances du mouvement ouvrier. Un tel front permettrait de coordonner les luttes au niveau local, régional et national et ainsi faciliter l’unité d’action. Mais pour cela, il doit être basé sur l’auto-organisation des travailleurs et des masses exploitées et sur les meilleures traditions de la démocratie ouvrière : il faut pousser les travailleurs à s’organiser en comités dans les usines, les entreprises, les lieux de travail et d’étude, dans les quartiers, comme c’est déjà le cas de beaucoup de grèves avec occupation dont nous avons parlé (hôpital de Kilkis, Aciérie Grecque, Journal Eleftherotypia, etc.). Ces comités doivent élire des délégués mandatés, révocables à tout moment, pour les tâches de direction et de coordination avec les autres comités régionaux et nationaux. En outre, face à la répression des forces armées et de police de l’Etat bourgeois et d’éventuelles bandes fascistes, ces comités doivent également organiser l’auto-défense et créer des milices de travailleurs.

Une telle unité des différentes tendances et organisations du mouvement ouvrier constituerait un pôle d’attraction pour des millions de travailleurs et aussi pour de larges secteurs des classes moyennes, ruinées. En outre, il est évident qu’une telle organisation, s’élargissant au reste du pays, ne pourrait pas rester une « simple » coordination de grèves et occupations. Elle deviendrait presque « naturellement » aussi un outil politique des travailleurs et des classes populaires. Une telle organisation basée sur la tradition de la démocratie ouvrière et représentant les masses en lutte contre les plans des capitalistes remettrait en question sans aucun doute la légitimité des institutions de l’Etat bourgeois, à commencer par son Parlement dont le caractère de chambre d’enregistrement des décisions de la Troïka et du grand capital grec est devenu évident pour tous. La question de la lutte pour le pouvoir serait ainsi posée aux travailleurs. Ces comités, seraient l’embryon et la base de leur pouvoir. Alors, une lutte ouverte et acharnée s’entamerait avec la bourgeoisie pour le pouvoir, ce qui exigerait des travailleurs qu’ils se dotent d’une direction politique révolutionnaire qui ne pourra pas être construite au cours des évènements. C’est pour cela que la construction d’un parti révolutionnaire est fondamentale et urgente pour les travailleurs et les masses en Grèce mais aussi partout dans le monde. Ce parti ne devra pas seulement se préparer pour la lutte décisive avec la bourgeoisie, il devra également lutter pour gagner la majorité des travailleurs, mais aussi la petit-bourgeoisie ruinée et écrasée par les monopoles impérialistes, au programme révolutionnaire. Il devra en outre lutter contre les courants fascistes et réactionnaires qui essayent de disséminer leur poison au sein du mouvement ouvrier et des masses pour les diviser, ainsi que contre les opportunistes et réformistes qui sèment tout type d’illusion vis-à-vis de la démocratie bourgeoise, de sorte que les travailleurs perdent confiance en leurs propres forces et action. La construction de ce parti révolutionnaire est fondamentale pour la victoire des travailleurs et des couches populaires de la société grecque contre l’offensive du grand capital impérialiste.

Contre l’offensive semi-colonisatrice des impérialistes de l’UE sur la Grèce ! Contre l’impérialisme Grec ! Pour une Fédération des Etats Unis Socialistes d’Europe !

Comme on l’a dit plus haut, il y a en ce moment une offensive sur la Grèce de la part des puissances centrales de l’UE, à commencer par l’Allemagne et la France, qui essayent de « dégrader » le pays Hellénique de « puissance impérialiste de seconde zone » à semi-colonie. Cela se voit non seulement dans les exigences par rapport aux concessions faites jadis aux masses mais aussi dans les demandes « d’ouverture » des entreprises d’Etat et des secteurs qui jouissaient d’une certaine « protection » par rapport aux capitaux étrangers. Cela se traduira concrètement par une plus grande domination du capital impérialiste sur l’économie grecque.

Cette situation provoque la résistance des masses, mais est en train, aussi , de produire des sentiments réactionnaires, notamment contre l’Allemagne. Ainsi, « des manifestants Grecs ont brûlé un drapeau allemand en face du Parlement lors d’une manifestation au début du mois, ce qui coïncide avec l’appel des avocats, des docteurs et de la Chambre Technique de Grèce au boycott des produits allemands. Les avocats et les ingénieurs sont parmi les groupes professionnels dont la Troïka a demandé la libéralisation pour permettre la concurrence dans l‘industrie. ‘‘Il ne manque plus que les Allemands plantent leur drapeau à l’Acropole’’, a déclaré Christos Spitzis, responsable de l’association des ingénieurs » [21]. Cette tendance nationaliste s’est manifestée au niveau des hautes instances de l’Etat quand le président grec, Karolos Papoulias, face aux réserves exprimées par le ministre allemand des finances W. Schäuble sur les capacités de la Grèce à « respecter ses engagements », haussait le ton en se demandant : « qui est-ce M. Schäuble pour insulter la Grèce ? ».

En même temps que les travailleurs luttent contre l’offensive impérialiste, ils doivent lutter pour éradiquer ces tendances nationalistes réactionnaires parmi les masses. Il ne suffit pas de dénoncer seulement les plans de l’UE et du FMI comme fait le KKE et bien d’autres. Il faut aussi dénoncer le nationalisme et surtout l’impérialisme grecs. Certes, la Grèce est en train d’être expulsée du « cercle des privilégiés », mais elle reste une puissance impérialiste, de seconde zone, qui exerce sa domination surtout sur les pays de la région. On ne peut pas dénoncer la tentative de contrôler l’économie grecque de la part du capital financier allemand, sans dénoncer l’emprise du grand capital grec dans les pays des Balkans. En effet, « en 1989, année-charnière de la chute du communisme dans les États du Sud-Est de l’Europe, les entrepreneurs grecs voyaient la région comme un Eldorado, et un Eldorado situé à leur porte, leurs voisins » [22]. Ainsi, en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie, en Macédoine et en Albanie, le secteur bancaire est contrôlé par des capitaux grecs à hauteur de 10-20% ; en Bulgarie, la Grèce est le troisième investisseur étranger ; en Roumanie, jusqu’avant le début de la crise, les investissements directs grecs s’élevaient à 3,1 milliards d’euros (6,5% du total) ; en Macédoine, ceux-ci sont de 1 milliard d’euros. En ce sens, quand on dit que la Grèce doit arrêter de payer et annuler unilatéralement sa dette, on doit aussi revendiquer l’annulation de la dette des pays de la Région vis-à-vis du capital financier grec !

On ne peut pas non plus dénoncer l’humiliation que la Troïka fait subir à la Grèce et ne rien dire de l’opposition réactionnaire de ce pays à la reconnaissance du nom de la Macédoine sous prétexte de supposées « revendications territoriales » de cette dernière. On ne peut pas passer sous silence le rôle anti-immigrés néfaste joué par la Grèce en tant que « protectrice des frontières extérieures de l’UE », dont la frontière est traversée par des milliers de personnes essayant d’entrer en Europe, fuyant souvent des guerres impérialistes comme celle en Afghanistan ou en Irak. Précisément, il est d’une importance fondamentale pour les travailleurs de Grèce d’exiger le retrait des plus de 200 militaires grecs de la mission de l’OTAN qui occupe actuellement le Kosovo, la KFOR, et le retrait tout court des troupes impérialistes de ce pays. En effet, il n’y a aucun doute qu’en cas de lutte révolutionnaire des travailleurs et des masses en Grèce, cette force armée impérialiste serait le premier bataillon de la réaction ! La solidarité et l’alliance entre les travailleurs Grecs et ceux des pays voisins est fondamentale et stratégique pour la victoire de la révolution en Grèce et dans la région !

C’est pour toutes ces raisons que la lutte des exploités en Grèce doit être plus que jamais marquée par un internationalisme prolétarien et révolutionnaire inconditionnel. La lutte des travailleurs de Grèce contre l’offensive impérialiste et contre « leur » propre impérialisme doit être une lutte exemplaire pour tous les opprimés d’Europe et du monde entier. Il faut entourer de solidarité leur lutte car ce que la Troïka « expérimente » en Grèce actuellement c’est ce qu’elle voudra imposer à tous les peuples en Europe et ailleurs. La barbarie de l’impérialisme du début du XXe siècle, qui a conduit aux monstruosités des Guerres Mondiales, a été partiellement « limitée » par les mouvements révolutionnaires des masses opprimées, notamment par la Révolution Russe de 1917, et, à défaut d’en finir avec ce système, certains acquis ont été arrachés non sans beaucoup de sacrifices. Mais le capitalisme avec ses crises a survécu et maintenant qu’il connaît une crise historique, il veut reprendre même les quelques concessions qu’il avait faites aux masses. Les travailleurs et les exploités de la société doivent se préparer à une lutte décisive contre le capitalisme pour y mettre fin d’une bonne fois pour toutes ! Une victoire du prolétariat en Grèce constituerait le « fer de lance » de la lutte pour une Fédération des Etats Unis Socialistes d’Europe et pour la victoire mondiale du socialisme !

21/03/2012.


-------------------------------------------


[1] Sur le nouvel accord entre la Troïka et le gouvernement grec voir Juan Chingo « Report du défaut de paiement par crainte de l’effondrement de l’euro ».

[2] Les Echos, « Les questions clefs soulevées par les négociations actuelles », 13/1/2012.

[3] Libération, « Sauvons le peuple grec de ses sauveurs ! », 21/2/2012.

[4] Voir Marc Barois et Paul Tanguy, « Etat Espagnol : Offensive du patronat et de la droite et première riposte du monde du travail ».

[5] Le Monde, « L’objectif des Européens est de mettre la Grèce sous cloche », 22/2/2012.

[6] Le Monde, « Grèce : les misères de Patras », 21/2/2012.

[7] Presseurop.eu, « Je n’ai que 5 euros et la panique me gagne », 16/2/2012.

[8] Rue89, « La sisa, « drogue de la crise » qui ravage les rues d’Athènes », 21/2/2012.

[9] Courrier International, « Les orphelins de la crise », 12/1/2012.

[10] 20minutes.fr, « Grèce : Les créanciers privés appellent à voter la rigueur », 13/2/2012.

[11] Voir « Nous vivons dans des conditions extrêmes. Nos solutions, elles aussi, sont extrêmes », Interview de Dina Daskalopoulou, journaliste a l’Eleftherotypia, publiée dans ce numéro.

[12] Athens News Agency, « Karadzaferis : Le LAOS ne votera pas le nouvel accord », 11/2/2012

[13] Financial Times, “Greece must default if it wants democracy”, 19/2/2012.

[14] Spiegel, « A Political Establishment in Freefall”, 21/2/2012.

[15] Le Courrier des Balkans, « Grèce : comment le « plan de sauvetage » a fait éclater la scène politique », 21/3/2012.

[16] Voir J. Chingo, « L’Europe et le tournant bonapartiste »

[17] Voir Ph. Alcoy « Grèce : C’est la poussée de la classe ouvrière qui est derrière la crise politique »

[18] KKE, « La réponse du KKE et du mouvement ouvrier de classe », 16/2/2012.

[19] Spiegel, article déjà cité

[20] Paru dans Revue des Livres n° 4, mars 2012.

[21] SETimes.com, “Greece, Germany in a war of words over austerity”, 21/2/2012.

[22] Le Courier des Balkans, « Économie : la Grèce emportera-t-elle les Balkans dans sa chute ? », 7/2/2010.


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Message  gérard menvussa Lun 2 Avr - 17:50

Grèce: les élections auront probablement lieu le 6 mai

La date "la plus probable" pour la tenue d'élections législatives anticipées en Grèce est le 6 mai, a indiqué lundi une source du ministère des Finances, dans l'attente de l'annonce officielle du calendrier.

Le parlement pourrait être dissous mercredi 11 avril, après le vote de dernières mesures législatives de relance et de dérégulation du marché du travail réclamées par les créanciers publics de la Grèce, UE et FMI, ouvrant ainsi la voie à la convocation d'élections pour le 6 mai, une date déjà avancée comme la plus probable par divers responsables politiques et les médias, selon cette source.

Interrogé dans la matinée sur une radio, Pantelis Kapsis, le porte-parole du gouvernement de transition de Lucas Papademos n'a pour sa part pas exclu que l'annonce formelle de la date puisse être encore ajournée à la semaine prochaine.
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Message  Achille Jeu 5 Avr - 18:05

Puisque mon âge avancé ne me permet pas de réagir de façon dynamique (mais si un Grec attrapait une Kalachnikov, je serais juste derrière lui), je ne vois pas d'autres solutions que cette fin digne de ma vie. Ainsi, je n'aurai pas à fouiller les poubelles pour assurer ma subsistance.

www.lemonde.fr/europe/article/2012/04/04/le-suicide-d-un-retraite-dans-les-rues-d-athenes-bouleverse-la-grece_1680523_3214.html

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Message  nico37 Sam 7 Avr - 19:38

Grèce: première distribution d'aide alimentaire pour le Secours populaire français, AFP 04.04

Paquets de madeleines sous un bras, conserves sous l'autre, des dizaines de Grecs en situation précaire ont pris livraison mercredi près d'Athènes des trente tonnes de produits alimentaires collectés par le Secours Populaire français (SPF) pour sa première mission dans le pays en crise.

Un fonds d'urgence de 10.000 euros a été débloqué par le Secours populaire pour venir en aide à un millier de familles grecques.
"C'est un premier geste de solidarité matérielle(...) mais il ne s'agit pas d'une visite éclair, nous sommes également ici pour voir comment nous allons pouvoir amplifier cette solidarité", a expliqué Julien Lauprêtre, président du SPF, qui accompagnait une délégation de l'organisation.
Pour la distribution des produits, le Secours populaire et son partenaire grec du Comité grec pour la solidarité démocratique internationale ont choisi deux lieux symboliques du marasme économique et social dans lequel est plongé le pays.
Le chantier naval de Perama, près du port du Pirée, employait "6.500 personnes en 2008 contre moins de 500 aujourd'hui", selon le président du syndicat local des métallurgistes Sotiris Poulikogiannis. Sur les quais au pied des paquebots géants, une foule discrète d'hommes peu loquaces ont défilé pour recevoir leur colis.
A quelques kilomètres de là, dans l'une des usines du groupe Halyvourgia, principal sidérurgiste grec, les salariés sont en grève depuis plus de cinq mois en réaction à un plan de licenciements et des projets de réduction du temps de travail associé à de fortes baisses de salaires.
"Je n'ai pas touché de salaire depuis le mois de novembre (début de la grève, ndlr), nous tenons grâce à la solidarité de la population", explique Kostas, employé depuis 22 ans, pour 1.500 euros mensuel, dans ce complexe industriel de 400 salariés.
Né en 1945, le Secours populaire est l'une des principales associations françaises luttant contre la précarité et l'exclusion. Aujourd'hui, l'association est confrontée dans l'Hexagone à "un raz-de-marée de misère" qui l'a conduit à aider trois millions de personnes en 2011, selon Julien Lauprêtre.
"Ce n'est pas une raison pour ne pas s'occuper de ce qui se passe ailleurs, au contraire", estime M. Lauprêtre qui souhaite amplifier le mouvement en lançant notamment un appel "aux amis et vedettes grecs vivant en France".
Il a rappelé que le Secours populaire était engagé de longue date aux côtés de la Grèce dont il a soutenu les "résistants communistes et démocrates" pendant la guerre civile puis les prisonniers politiques sous le régime des colonels.

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Message  Roseau Ven 13 Avr - 2:35

http://www.pauljorion.com/blog/?p=35841#comments
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Message  fée clochette Mar 24 Avr - 8:21

http://www.liberation.fr/monde/2012/04/23/les-salaires-du-prive-en-chute-libre-en-grece_813804

Les salaires du privé en chute libre en Grèce

La dérégulation du marché du travail en Grèce lancée dans le cadre des mesures d’austérité a déjà conduit à des baisses salariales en rafale dans le privé, selon un état des lieux dressé par l’Inspection du travail, présenté lundi par l’agence de presse grecque Ana.

L’inspection du travail a recensé depuis février la signature de 33 133 contrats individuels dans 7 800 entreprises, consacrant des baisses variant de 22% à 28%, selon l’Ana.

Patronat et employés ont aussi signé depuis février 171 conventions d’entreprises, contre seulement 65 pour les cinq mois précédents. Concernant 4 500 salariés, ces conventions qui prévalent désormais sur les accords de branche imposent des coupes s'établissant dans une fourchette de 22% à 40%.

L’Inspection du travail a rendu publiques ces données à l’approche de l’expiration, le 14 mai, du délai pour la signature de nouvelles brèches conventions sectorielles.

En cas d'échec des négociations, le patronat pourra imposer la suppression de la plupart des acquis salariaux, ce qui selon les experts se traduirait par des baisses de 15 à 20% pour les employés concernés. Les représentants des supermarchés et des hôteliers ont déjà manifesté leur intention de s’engouffrer dans la brèche.

En cas d’accords individuels, les réductions pourront être encore plus radicales, jusqu'à 40%, avec un alignement sur le salaire minimum garanti au niveau national. Ce dernier a été amputé du 22%, à 586 euros brut sur 14 mois en février, lors du dernier durcissement en date de la politique d’austérité dictée à la Grèce sur endetté par ses bailleurs de fonds de l’UE et du FMI.

Ces derniers plaident régulièrement pour un nivellement par le bas des coûts salariaux, censé selon eux redonner de la compétitivité à l'économie grecque qui s’enfonce dans sa cinquième année consécutive de récession.

(AFP)
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Grèce - Page 15 Empty Antarsia pour la sortie de l'euro

Message  Babalu Dim 29 Avr - 21:21

Elecciones legislativas en Grecia | Entrevista con Petros Kostantinus, portavoz de la coalición de izquierda Antarsya
"Toda la sociedad griega se ha movido a posiciones radicales"

Antonio Cuesta
Gara

Petros Kostantinus es concejal del Ayuntamiento de Atenas y portavoz de la coalición Antarsya, una formación que agrupa a pequeños partidos que, desde 2009, no ha dejado de recibir importantes apoyos de sectores en lucha como la sanidad y las universidades. No considera factible cambiar la actual situación por la vía electoral, dentro del capitalismo, «ni dentro de esta democracia representativa sin control popular».


A principios de abril el KKE solicitó formalmente a la coalición Antarsya una reunión pues, ante «la profunda ofensiva contra la clase obrera», era necesario «coordinar, en el grado más alto posible, la acción de las fuerzas populares y articular un movimiento de masas capaz de derrotar el ataque del capitalismo». Como el KKE, Antarsya ha mantenido una constante y combativa presencia en todas las movilizaciones populares desarrolladas durante los últimos meses. En 2010 lograron un notable avance en las elecciones locales y de cara a las próximas legislativas es posible, incluso, su entrada en el Parlamento.

Petros Kostantinus, portavoz de la coalición y concejal del Ayuntamiento de Atenas, no considera factible cambiar la actual situación por la vía electoral, «no es posible dentro del capitalismo, ni dentro de esta democracia representativa de votar cada cuatro años sin ningún tipo de control popular». Considera sin embargo, que estas elecciones «son importantes porque los partidos burgueses van a perder la mitad de su apoyo electoral», y ello dará fuerza a las opciones de izquierda.

Las encuestas muestran una caída de los dos partidos mayoritarios y el crecimiento de las opciones de izquierda ¿Cómo analiza Antarsya estos datos?

La debacle de las políticas neoliberales ha movido a toda la sociedad griega hacia la izquierda. Y hacia posturas más radicales. Cuando hace dos años, Antarsya pidió la abolición de la deuda, todas las fuerzas políticas dijeron que eso no era realista. Pero abrimos un debate, hoy ampliamente asumido, sobre la cancelación de la deuda, la nacionalización de los bancos y el abandono del euro y la UE. Hoy la izquierda griega camina por una vía anticapitalista -no antineoliberal- y el discurso de oposición a la UE y al euro ha aumentado. Los sindicatos mayoritarios, tradicionalmente cercanos al Pasok, no han caído en el chantaje del gobierno de que la presión en la calle podía llevar a Grecia fuera de la zona euro. Lo que han demostrado es no estar dispuestos a más sacrificios por permanecer en la UE.

¿En qué situación se encuentra el movimiento popular?

Las luchas laborales y sociales se están incrementando en Grecia, en el último año y medio ha habido 17 huelgas generales, algunas de 48 horas de duración. Además hay centros de trabajo donde se están llevando a cabo importantes combates. La izquierda anticapitalista está aumentando su influencia y el efecto es que cada vez más personas están radicalizando sus luchas. El movimiento obrero es muy fuerte, y los trabajadores saben perfectamente lo que significan las políticas impuestas desde Bruselas, la gente tiene muy claro a qué se opone. En Grecia vivimos una abierta lucha de clases.

¿Cuáles son los objetivos políticos de Antarsya?

En primer lugar hay que echar al gobierno mediante la presión de los trabajadores con manifestaciones, huelgas, ocupaciones... y poner las empresas bajo control obrero, como ya está sucediendo en muchos lugares. A la vez nacionalizar la banca y ponerla al servicio de una economía social que apueste por el interés humano y no por los beneficios empresariales. Tenemos que defender y garantizar el derecho a la educación, a la salud y al trabajo. Otro punto importante es la lucha contra el auge del fascismo y la proliferación de bandas que actúan en colaboración con la policía. El racismo aumenta porque el capitalismo está endureciendo las condiciones de vida de los trabajadores.

¿Existe un riesgo de involución en la medida que avance el movimiento popular?

Creo que asistimos al colapso de la socialdemocracia y desde luego existe el riesgo de que pudiera haber un golpe de fuerza, no está cerrada esa posibilidad, pero yo no lo veo de forma inmediata. Lo que sí se está llevando a cabo, a medida que pierden el control, son políticas violentas para atemorizar a la población: represión policial, ataques contra inmigrantes o agresiones a sindicalistas.

Fuente: http://www.gara.net/paperezkoa/20120428/337468/es/Toda-sociedad-griega-ha-movido-posiciones-radicales

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Message  Roseau Jeu 3 Mai - 20:06

Un point de vue différent, dont je suis incapable de dire de qu'il vaut.

Soixante sept ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le procès de Nuremberg, nous voici donc en pleine République de Weimar à la grecque…
par MITRALIAS Yorgos
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25077
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Message  gérard menvussa Jeu 3 Mai - 21:38

C'est l'évidence même : une grave crise économique doublée d'une crise politique porte en elle un risque de fascisme. L'auteur, membre de la direction de SYRIZA) l'analyse fort justement...
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Message  Roseau Sam 5 Mai - 13:22


« Si les électeurs grecs votent pour une majorité qui n’honore pas ces engagements, la Grèce devra en supporter les conséquences », a déclaré selon les médias grec le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dans un discours à Cologne.
http://www.lesoir.be/actualite/le_fil_info/index.php#913866
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Message  Roseau Sam 5 Mai - 20:31

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Message  Bernard Quellmalz Sam 5 Mai - 23:00

Aube dorée, ils m'inquiètent passablement quand même ces gugus...

À part ça, la situation de la Grèce est un peu extrême, mais peut-être qu'après 2-3 ans de Hollandisme, la France ressemblera au deuxième tableau (on peut toujours rêver hein).

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Message  Babel Dim 6 Mai - 9:15

Roseau a écrit:Un point de vue différent, dont je suis incapable de dire de qu'il vaut.
Soixante sept ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le procès de Nuremberg, nous voici donc en pleine République de Weimar à la grecque…
par MITRALIAS Yorgos
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25077
gérard menvussa a écrit:C'est l'évidence même : une grave crise économique doublée d'une crise politique porte en elle un risque de fascisme. L'auteur, membre de la direction de SYRIZA, l'analyse fort justement...
Cet article est à mes yeux essentiel. L'auteur y expose clairement les dangers que comporte le pourrissement de la crise sociale et les responsabilités énormes de la gauche radicale face à celle-ci. Je le reproduis in extenso.

Soixante sept ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le procès de Nuremberg, nous voici donc en pleine République de Weimar à la grecque…
MITRALIAS Yorgos - 3 mai 2012

Dépourvue de traditions et des pratiques antifascistes, la gauche grecque, pratiquement toutes tendances confondues, assiste impuissante et désemparée à la répétition dans son pays du drame de la République de Weimar non pas comme une farce mais très probablement comme une tragédie annonciatrice de grands malheurs européens. Les faits récents en témoignent : après avoir investi, pendant ces derniers mois, ses espoirs dans cette gauche se situant à la gauche de la social-démocratie néolibérale (PASOK), la petite bourgeoisie grecque ruinée et aux abois s’en détourne en un temps record et est maintenant en train de chercher a l’autre extrémité de l’échiquier politique les solutions radicales à ses problèmes historiques et cataclysmiques…

En effet, il a suffit que les formations de la gauche plus ou moins radicale (KKE, Syriza, Antarsya, Gauche démocratique…) se montrent incapables d’exploiter le fait qu’elles monopolisaient de fait l’opposition au gouvernement dit d’Union Nationale du banquier Loucas Papadimos, pour que des pans entiers de la société grecque lui tournent, en quelques semaines, le dos et s’orientent vers des formations se situant aux antipodes de la gauche radicale, à l’extrême droite même néonazi ! C’est ainsi que ces partis et coalitions à la gauche du PASOK, voient non seulement se réduire plus que drastiquement ces 50%-54% des préférences qu’elles recueillaient toutes ensemble durant cet hiver, mais aussi que cette réduction se fasse en partie au profit d’une extrême droite violente, raciste et pogromiste, qui veut en découdre avec tout ce qui est rouge ou même rose. Et tout ça en quelques semaines, pratiquement d’un jour à l’autre !...

En réalité, tout ce qui se passe depuis des mois en Grèce illustre d’une manière saisissante l’énorme poids de la petite et moyenne bourgeoisie dans la société grecque et l’influence déterminante qu’elle est appelée à exercer sur les événements à venir. Mais attention, il ne s’agit plus seulement de ça. L’extrême paupérisation de cette « société de boutiquiers » à laquelle a conduit l’application de plans d’austérité successives, radicalise à l’extrême cette petite et moyenne bourgeoisie grecque désormais en haillons, la pousse loin de ses représentants politiques traditionnels, la transforme en auditoire bienveillant de tous ceux qui professent des solutions radicales à sa déchéance sociale. En somme, déracinée et désespérée, ruinée et aux abois, cette petite bourgeoisie grecque en colère est désormais disponible pour soutenir activement tout projet politique qui lui semblerait offrir des solutions radicales à son problème existentiel. Et c’est pourquoi elle suit de plus en plus régulièrement un mouvement de pendule, se tournant d’un extrême politique à l’autre en des laps de temps de plus en plus courts…

Tout ça peut paraitre évident et même « élémentaire » mais pas en Grèce, car c’est, malheureusement, un fait que les classes moyennes grecques ont toujours été et restent totalement absentes en tant que telles des analyses, des projets et des pratiques de l’ensemble des formations politiques de gauche de ce pays ! Cependant, cette tare qui pourrait passer presque inaperçue en « temps normal », devient à cette heure de la vérité qu’est l’actuel moment historique, un handicap colossal pouvant conduire au désastre non seulement le mouvement ouvrier mais aussi des générations entières des salariés et des citoyens grecs.

Les conséquences de cette « spécificité » de la gauche grecque sont déjà visibles et dramatiques. Faisant coïncider le marais petit-bourgeois grec avec le « peuple » mythique et fourre-tout de ses origines (staliniennes) idéologiques, qui est –nécessairement– toujours du bon coté, la gauche grecque se découvre maintenant totalement démunie de moyens de compréhension de ce qui est en train d’arriver à la base de la société grecque. C’est ainsi qu’elle prend, depuis quelques mois, des vessies pour des lanternes en identifiant comme étant nécessairement de « gauche » les manifestations de la colère petite bourgeoise dont la couleur politique n’est absolument pas donnée d’avance puisqu’elle est –par excellence- le plus critique des enjeux de l’affrontement entre le capital et le monde du travail.

Les résultats de cette « incompréhension » pavent déjà le chemin de cette inversion de tendance (aux dépens de la gauche et au profit de l’extrême droite) mentionnée au début de ce texte. Confondant par exemple toute critique virulente (ou même violente) du parlementarisme bourgeois avec une opposition radicale de gauche au régime bourgeois, la gauche grecque a abdiqué d’avance de son devoir historique de se battre jour après jour pour gagner à son projet politique ces couches petites bourgeoises, qui aiment promettre la potence aux 300 « traitres » du Parlement grec. Et c’est ainsi qu’elle n’a ni reconnu ni vu venir des concurrents politiquement diamétralement opposés à elle qui, eux, se battent très consciemment et méthodiquement pour gagner à leur cause cette petite bourgeoisie aux abois….

Cette situation déjà très inquiétante devient pourtant plus qu’alarmante du moment que la force qui monte en flèche parmi ces « concurrents politiquement diamétralement opposés » est un ex-groupuscule ultra violent de tueurs néonazis, appelé « Aube Dorée » (Chryssi Avghi) ! Force est d’avouer que sauf rares exceptions héroïques à l’intérieur de SYRIZA et d’ANTARSYA, la gauche grecque semble totalement désarmée devant ce péril néonazi qui constitue une nouveauté absolue dans l’histoire de la Grèce moderne. En effet, tant dans le subconscient collectif que dans la tradition de la gauche grecque, le « fasciste » n’a rien à voir avec le membre de l’Aube Dorée. C’est plutôt l’eternel « mouchard du quartier » légué à l’histoire du pays par tant de dictatures militaires et autres régimes policiers de vainqueurs de guerres civiles.

Cependant, le flic ou le mouchard qui n’est en dernière analyse qu’un fonctionnaire d’Etat, ne peut en aucune manière être assimilé ni a un fasciste ni a un néonazi. Et à plus forte raison à un mouvement et un parti néonazi. Alors, habituée comme elle est à appeler « fascistes » ceux qui n’étaient que des simples serviteurs subalternes des régimes forts, la gauche grecque semble maintenant totalement impréparée et sans défenses devant un mouvement politique néonazi qui prétend avoir les mêmes ennemis qu’elle (les plans d’austérité, les gouvernements des partis néolibéraux, la Troïka, les bureaucrates de Bruxelles,…) et qui en plus leur attribue souvent les mêmes noms (Ploutocratie, impérialisme, capitalisme cosmopolite, traitres de la patrie,…). Le résultat de cette « impréparation » est déjà tragique. Cette gauche grecque semble incapable non seulement de contrecarrer mais même d’expliquer la montée en flèche de l’Aube Dorée (en 3-4 mois, elle est passée de 1% a 6,5% des préférences des grecs) et tout laisse, malheureusement, présager son développement encore plus foudroyant dans les mois à venir.

Mais, encore plus alarmant que l’essor électoral est déjà le développement organisationnel et surtout l’extension de l’influence sociale et politique des néonazis grecs. Voici donc un événement récent qui en dit long sur cette « impréparation » de la gauche grecque et qui illustre parfaitement la dramaticité de la situation. Voulant répondre aux remous qu’avait provoqué le bon accueil réservé à une forte délégation de l’Aube Dorée par les ouvriers grévistes des Aciéries, qui mènent une lutte exemplaire depuis bientôt 5 mois sous la direction exclusive des syndicalistes du KKE, le BP de ce parti a sorti une déclaration fustigeant …« les pseudo-révolutionnaires de l’Aube Dorée et de SYRIZA » !

Comme on pouvait s’attendre, cette déclaration a provoqué maintes protestations car, selon la vieille habitude du KKE, elle mettait dans le même panier les néonazis et les militants de la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA). Mais, encore une fois est passé pratiquement inaperçu le fait que pour la direction du PC grec, les néonazis ne sont finalement que des… « pseudo-révolutionnaires » ! C’est à dire, presque inoffensifs et non pas une bande armée et violente servant les intérêts a long terme du capital et ayant pour objectif principal d’atomiser la classe ouvrière en détruisant pour longtemps ses organisations syndicales ainsi que les partis politiques de gauche.

Une telle méconnaissance de la nature des organisations fascistes de la part de la gauche grecque est surement annonciatrice de grands malheurs à venir. Et le pire c’est que ces malheurs ne se limiteront au niveau électoral. En effet, après avoir fait des immigrés le cible prioritaire de leurs expéditions militaires meurtrières, et encouragés par l’impunité scandaleuse dont ils jouissent, les néonazis grecs étendent désormais leur « champ d’action » à tout ce qui bouge à gauche et même au-delà (PASOK inclu), sans faire de distinction entre radicaux et réformistes. Leur projet est clair : se poser en alternative jusqu’au-boutiste au « système » et terroriser les foules usant une violence inouïe. Et tout ça sans jamais cacher leurs références hitlériennes. Même s’il est provisoire, le bilan de leur stratégie crève les yeux : Ca marche ! Ils attirent du monde et ils ont le vent en poupe…

Le pourquoi de ce succès cauchemardesque n’est pas dû seulement à la crise et au manque de traditions et de culture antifascistes dans la société et la gauche grecque. Ce succès est aussi explicable par le fait que l’extrême droite grecque profite des traditions racistes, chauvines, obscurantistes et réactionnaires cultivées et soigneusement entretenues depuis des décennies par l’idéologie et surtout la pratique « officielle », celle de l’Etat grec et de ses partis dominants. Ce n’est pas seulement que l’Etat grec est le seul en Europe (et au-delà) à ne pas être encore séparée de l’église (ultraconservatrice) ! C’est aussi que les SS grecs du temps de l’occupation nazie, sont toujours reconnus comme…résistants et touchent régulièrement leur pension pour les services rendus à la patrie reconnaissante. C’est que des cadres des partis au gouvernement se permettent de déclarer publiquement qu’on devrait faire des immigrés basanés du « chromo-shampoing » (allusion modernisée aux « juifs transformés en savon » à Auschwitz) et que des personnalités d’un parti de gauche proposent, sans provoquer des réactions, de résoudre la question de l’immigration, en parquant les immigrés sans nourriture sur « des rochers de la mer Egée » ! Si on ajoute à tout ça, que voulant contrecarrer l’influence grandissante de l’extrême droite raciste, les gouvernants jouent de plus en plus aux apprentis sorciers, lançant quotidiennement des véritables pogroms contre les immigrés et parlant d’eux à la TV comme s’ils étaient moins que des bêtes sauvages à exterminer, on peut comprendre tant la banalisation en cours des néonazis que leur succès auprès des foules désorientées et ruinées à la recherche d’alternatives radicales et surtout vengeresses.

Alors, doit-on conclure que la Grèce est condamnée d’avance à devenir la proie facile de l’extrême droite et à subir la « normalisation » de sa société encore rebelle aux diktats de la Troïka ? La réponse est Non. Rien, absolument rien n’est décidé d’avance, tout reste encore possible et aucun fatalisme n’est permis. Mais, à deux conditions fondamentales : que la gauche grecque
a) dépasse rapidement sa fragmentation et son sectarisme viscéral et apprenne d’urgence à unir ses forces devant l’ennemi de classe commun, et
b) forme un front unique de lutte antifasciste avant qu’il ne soit trop tard.


Cependant, le temps presse désespérément, la société grecque –et la classe ouvrière- se désagrège rapidement et c’est archi-faux de penser que l’approfondissement de la crise conduira fatalement à l’effondrement du régime et peut être du système lui-même. D’ailleurs, tant que l’actuelle situation clairement prérévolutionnaire ne se transforme en situation révolutionnaire (par les soins de la gauche radicale) alors oui, c’est presque fatal qu’elle vire à la contre-révolution, qu’elle devienne contre-révolutionnaire ! Et les signes de ces dernières semaines sont inquiétants : les deux grands partis gouvernementaux et néolibéraux voient leur chute libre arrêtée et reprennent confiance, tandis qu’à droite apparaissent de nouvelles formations politiques qui disputent aux partis de gauche le monopole de l’opposition aux mesures d’austérité. C’est vrai que pour l’instant, on n’est qu’au début de cette inversion de tendance et que la gauche grecque dispose encore d’un certain capital de confiance populaire. Cependant, attention : on assiste déjà en Grèce à une accélération exceptionnelle du cours de l’histoire et les renversements de situations se font désormais en l’espace de quelques semaines. Ceux qui ne comprennent pas cette caractéristique fondamentale des périodes « anormales » de l’histoire, comme celle qu’on traverse actuellement en Grèce, sont condamnées non seulement à ne pas comprendre ce qui se passe aux tréfonds de la société mais aussi à être pris en permanence au dépourvu par les événements sociaux et politiques « imprévus ». En somme, à être défaits avant même de livrer bataille…

Nous voici donc devant une autre grande faiblesse de la gauche grecque : pour elle, le temps politique et social reste toujours le même, inchangé et immobile, c’est un temps plat ou tout accélération de l’histoire est inconcevable et exclue d’avance ! C’est alors parce que le moment historique actuel ne diffère pas de n’importe quel autre que la direction du KKE (comme d’ailleurs celle trop réformiste de la Gauche Démocratique) présente comme unique solution à la crise le renforcement graduel de ce parti, feignant ainsi d’ignorer que tout (y inclus le sort du KKE lui-même) se joue non pas dans un futur indéfini mais aujourd’hui, dans les mois à venir. De même, la coalition d’extrême gauche ANTARSYA, bien que moins aveugle et sectaire que le KKE, ne voit pas comment elle pourrait s’allier maintenant à d’autres formations de gauche car trop faible pour l’instant pour faire le poids face par exemple à SYRIZA. Elle conseille donc…patience, faignant d’ignorer que l’histoire ne fait pas patience et nous promet des lendemains désastreux si on remet pour demain ce qu’on doit faire aujourd’hui. Enfin, la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA), bien que la plus unitaire de tous, se contente, avec ses successives propositions d’alliances électorales, de mettre au pied du mur les autres formations de gauche plutôt que d’œuvrer concrètement pour la création d’un front unique de gauche qui regroupe, organise et coordonne, en vue de les rendre efficaces, les résistances partout à la base de la société grecque, dont on a tant besoin aujourd’hui et pas demain…

Le fait est donc que remettre pour demain les décisions et les choix que l’urgence sociale et politique nous impose de prendre et de faire aujourd’hui c’est faire preuve d’une irresponsabilité criminelle envers la gauche grecque et internationale, les travailleurs grecs et européens. Car c’est maintenant et pas « plus tard », dans les combats d’aujourd’hui et pas d’un demain qui peut être n’existera plus, que va se jouer le sort pas seulement de nous-mêmes mais des générations à venir. Pas seulement de telle ou telle conquête des salariés mais de l’existence même des organisations du monde du travail dans son ensemble, de l’existence de la classe ouvrière en tant que telle ! Ne pas comprendre tout ca, les vrais enjeux de l’affrontement en cours, c’est alors ne pas avoir une idée claire, ne pas comprendre la profondeur et l’intensité exceptionnelle, les dimensions véritablement historiques de l’actuelle offensive du capital contre les travailleurs et les travailleuses, contre l’immense majorité de « ceux d’en bas » de nos sociétés. En somme, ne pas comprendre que c’est parfaitement concevable et réaliste la perspective d’un demain qui verrait notre sort déjà réglé, d’un demain qui ne nous laisserait plus aucune chance de nous battre pour les décennies à venir…

Notre conclusion est donc catégorique : pour être à la hauteur du enjeux historiques de la guerre lancée par la bourgeoisie grecque et internationale contre elle et le monde du travail, la gauche grecque doit s’éloigner de sa routine et de ses habitudes, de son mode traditionnel de faire de la politique, de penser et d’agir. En conséquence, elle doit tout d’abord prendre conscience que l’affrontement actuel n’est pas une simple répétition des précédents, mais quelque chose de nouveau qualitativement différent, qu’il est ici pour rester, qu’il aura une grande durée, et surtout qu’il est un combat global s’étendant sur toute la sphère des activités humaines. Si elle prend conscience de tout ça, de cette réalité absolument nouvelle, alors elle saura rendre son combat non seulement unitaire et radicale au maximum mais aussi enraciné aux profondeurs de la société dans un mouvement organisé de longue haleine et autour d’un projet alternatif pour une Europe des peuples et des travailleurs qui reste toujours à inventer.

Mais attention : Camarades, le temps presse et ce qui est encore possible aujourd’hui ne le sera probablement pas demain…

Babel

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Message  Babel Dim 6 Mai - 9:29

Bernard Quellmalz a écrit:Aube dorée, ils m'inquiètent passablement quand même ces gugus...
À part ça, la situation de la Grèce est un peu extrême, mais peut-être qu'après 2-3 ans de Hollandisme, la France ressemblera au deuxième tableau (on peut toujours rêver hein)
M'houais.
Ce ne sont pas des "gugusses", mais bel et bien des fascistes, dont l'influence auprès de la population ne cesse de croître.

La situation grecque actuelle n'a vraiment rien qui fasse rêver.

Deux articles du Monde à ce sujet :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/05/05/grece-pourquoi-un-parti-neonazi-pourrait-entrer-au-parlement_1695987_3214.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/05/04/grece-le-vote-de-la-colere-sert-l-extreme-droite_1695901_3214.html

Babel

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