Où va la crise ?
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Où va la crise ?
L’actualité de la crise: comment poursuivre dans l’assistanat ? par François Leclerc
"L’idée est d’emprunter aux pays disposant d’importants surplus pour prêter à ceux qui ont besoin de financer leurs déficits ou leur développement, comme une super banque mondiale d’investissement, qui saurait s’entourer de garanties. Tout en leur proposant des rendements meilleurs que ceux que les bons du Trésor américains peuvent leur procurer, compte non tenu des incertitudes qui planent à leur sujet.
Ce programme suppose de donner aux prêteurs de sérieuses garanties pour les convaincre, la première d’entre elle étant d’accroître bien plus que prévu actuellement la répartition des droits de vote et des droits de tirage spéciaux au sein du FMI. Ce serait un premier pas vers un nouveau Bretton-Woods, où serait ensuite décidé une refonte globale du système monétaire international, pour laquelle les Chinois ont déjà avancé quelques idées force, et qui parachèverait l’édifice.
Mais cela ne pourra se réaliser qu’au prix de la perte par les Etats-Unis du statut privilégié du dollar. Leur économie pourra alors espérer retrouver son équilibre, non sans une profonde transformation de celle-ci et de la société. L’Europe n’y échappera pas non plus.
Dans ce nouveau contexte, il n’est pas exclu que puissent se glisser des éléments en rupture avec le système actuel, porteurs de leur propre dynamique…"
"L’idée est d’emprunter aux pays disposant d’importants surplus pour prêter à ceux qui ont besoin de financer leurs déficits ou leur développement, comme une super banque mondiale d’investissement, qui saurait s’entourer de garanties. Tout en leur proposant des rendements meilleurs que ceux que les bons du Trésor américains peuvent leur procurer, compte non tenu des incertitudes qui planent à leur sujet.
Ce programme suppose de donner aux prêteurs de sérieuses garanties pour les convaincre, la première d’entre elle étant d’accroître bien plus que prévu actuellement la répartition des droits de vote et des droits de tirage spéciaux au sein du FMI. Ce serait un premier pas vers un nouveau Bretton-Woods, où serait ensuite décidé une refonte globale du système monétaire international, pour laquelle les Chinois ont déjà avancé quelques idées force, et qui parachèverait l’édifice.
Mais cela ne pourra se réaliser qu’au prix de la perte par les Etats-Unis du statut privilégié du dollar. Leur économie pourra alors espérer retrouver son équilibre, non sans une profonde transformation de celle-ci et de la société. L’Europe n’y échappera pas non plus.
Dans ce nouveau contexte, il n’est pas exclu que puissent se glisser des éléments en rupture avec le système actuel, porteurs de leur propre dynamique…"
Invité- Invité
Re: Où va la crise ?
Juillet 2010
Vivre sur terre c’est bon, souffrir et se taire c’est non !
Depuis ces dernières décennies, le ton est donné partout sur la planète: pas de révolte ni de coup d’état qui donnent les peuples vainqueurs. Pas de justice ni d’humilité. Les acteurs politico-financiers, les bourgeois, les capitalistes, ont des armes (militaires, financières et médiatiques) et les utilisent sans vergogne. Dans ce système, ils ne sont pas jugés coupables. Quelques gestes et gesticulations de l’ordre du symbole. Presque rien. Les partis anticapitalistes, écologistes, entres autres, soutenus par de nombreux intellectuels, prônent une alternative salvatrice, simple et logique. Ils sont naturellement dénoncés par les pontes de la pensée unique, les profiteurs, droit dans leurs bottes. La faute aux dogmes des enseignements scolaires me dites-vous ? Nous le savons, jouer au capitaliste comporte des risques: endettement, isolement, mensonge, hypocrisie, dépendance, homophobie, désastres sanitaires, guerres, etc. Ce jeu est contagieux. Il est mortel pour la biodiversité ! Il attire à lui une foule de personnes désinformées qui veut acquérir ou garder des privilèges obsolètes. La tête dans les nuages, les pieds dans la tombe. Dans l’Egypte antique, bien avant le déluge des chrétiens, les peuples croyaient à la vie après la mort. Ils supportaient le pouvoir et accomplissaient des travaux titanesques en vue d’être protégé et sauvé par le pharaon. L’organisation des sociétés et de l’information, aujourd’hui mondialisée, n’est pas très éloignée de cette époque. Pourquoi trimons-nous ? A qui profite l’intox et l'omerta ?
Soit les capitalistes supportés par leurs fans aveuglés décident de rester au pouvoirs, et nous pouvons surnommer cette crise « La crise mortelle ». Soit les peuples informés, et donc au fait de la situation, les chassent de leurs trônes en passant à l’action dans les rues et dans les urnes. Je pense fermement que parmi tous les systèmes économiques que l’homme peut créer (et il est capable de travaux titanesques, n’est-ce pas ?), il y en a un de bon ! Moi, du haut de mes petites études, j’en vois un gros comme une montagne. Encore faudrait-il que cela se sache...
Le clou de cet ultime acte d’insubordination serait que nous le surnommions « la déchéance (des autoritaires) pacifique ».
Vivre sur terre c’est bon, souffrir et se taire c’est non !
Depuis ces dernières décennies, le ton est donné partout sur la planète: pas de révolte ni de coup d’état qui donnent les peuples vainqueurs. Pas de justice ni d’humilité. Les acteurs politico-financiers, les bourgeois, les capitalistes, ont des armes (militaires, financières et médiatiques) et les utilisent sans vergogne. Dans ce système, ils ne sont pas jugés coupables. Quelques gestes et gesticulations de l’ordre du symbole. Presque rien. Les partis anticapitalistes, écologistes, entres autres, soutenus par de nombreux intellectuels, prônent une alternative salvatrice, simple et logique. Ils sont naturellement dénoncés par les pontes de la pensée unique, les profiteurs, droit dans leurs bottes. La faute aux dogmes des enseignements scolaires me dites-vous ? Nous le savons, jouer au capitaliste comporte des risques: endettement, isolement, mensonge, hypocrisie, dépendance, homophobie, désastres sanitaires, guerres, etc. Ce jeu est contagieux. Il est mortel pour la biodiversité ! Il attire à lui une foule de personnes désinformées qui veut acquérir ou garder des privilèges obsolètes. La tête dans les nuages, les pieds dans la tombe. Dans l’Egypte antique, bien avant le déluge des chrétiens, les peuples croyaient à la vie après la mort. Ils supportaient le pouvoir et accomplissaient des travaux titanesques en vue d’être protégé et sauvé par le pharaon. L’organisation des sociétés et de l’information, aujourd’hui mondialisée, n’est pas très éloignée de cette époque. Pourquoi trimons-nous ? A qui profite l’intox et l'omerta ?
Soit les capitalistes supportés par leurs fans aveuglés décident de rester au pouvoirs, et nous pouvons surnommer cette crise « La crise mortelle ». Soit les peuples informés, et donc au fait de la situation, les chassent de leurs trônes en passant à l’action dans les rues et dans les urnes. Je pense fermement que parmi tous les systèmes économiques que l’homme peut créer (et il est capable de travaux titanesques, n’est-ce pas ?), il y en a un de bon ! Moi, du haut de mes petites études, j’en vois un gros comme une montagne. Encore faudrait-il que cela se sache...
Le clou de cet ultime acte d’insubordination serait que nous le surnommions « la déchéance (des autoritaires) pacifique ».
Invité- Invité
L’actualité de la crise: un scenario d’épouvante ou d’horreur ? par François Leclerc
L’actualité de la crise: un scenario d’épouvante ou d’horreur ? par François Leclerc
"Tous les dirigeants occidentaux s’interrogent aujourd’hui, séparément mais sur la même question : où faut-il placer le curseur, entre mesures d’austérité et de relance publique, une fois admis qu’il ne peut plus être compté sur la relance privée ? Quels moyens avons-nous de rassurer les marchés ? tentent-ils aussi de jauger. Une des réponses a déjà été trouvée à cette dernière question : ne pas imposer à leurs représentants, les mégabanques, des contraintes réglementaires aux incidences financières trop lourdes. Mais cela ne sera pas suffisant.
Sortir de ce dilemme nécessiterait de tourner le dos à ce qui a été engagé. C’est à dire d’entamer rien de moins qu’une politique de redistribution de la richesse, grâce notamment à l’outil fiscal. Cela n’impliquerait d’ailleurs ni de faire fonctionner la planche à billet, ni d’accroître les déficits, ces deux épouvantails honnis. Mais c’est une horreur impensable !
Il est donc préféré de continuer à s’enfermer dans des choix impossibles, résolus sur le papier par de belles phrases inapplicables qui conjuguent harmonieusement rigueur et croissance à tous les temps. Tant que la magie du pouvoir des mots peut encore opérer auprès de ceux qui les prononcent comme de ceux qui doivent les écouter."
"Tous les dirigeants occidentaux s’interrogent aujourd’hui, séparément mais sur la même question : où faut-il placer le curseur, entre mesures d’austérité et de relance publique, une fois admis qu’il ne peut plus être compté sur la relance privée ? Quels moyens avons-nous de rassurer les marchés ? tentent-ils aussi de jauger. Une des réponses a déjà été trouvée à cette dernière question : ne pas imposer à leurs représentants, les mégabanques, des contraintes réglementaires aux incidences financières trop lourdes. Mais cela ne sera pas suffisant.
Sortir de ce dilemme nécessiterait de tourner le dos à ce qui a été engagé. C’est à dire d’entamer rien de moins qu’une politique de redistribution de la richesse, grâce notamment à l’outil fiscal. Cela n’impliquerait d’ailleurs ni de faire fonctionner la planche à billet, ni d’accroître les déficits, ces deux épouvantails honnis. Mais c’est une horreur impensable !
Il est donc préféré de continuer à s’enfermer dans des choix impossibles, résolus sur le papier par de belles phrases inapplicables qui conjuguent harmonieusement rigueur et croissance à tous les temps. Tant que la magie du pouvoir des mots peut encore opérer auprès de ceux qui les prononcent comme de ceux qui doivent les écouter."
Invité- Invité
Hop !
L’actualité de la crise: la nouvelle promesse du capitalisme financier, par François Leclerc
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Invité- Invité
...
Quelles nouvelles règles du jeu ? par François Leclerc
"Le caractère radical et global de ces principes, les ruptures qu’ils représenteraient et les applications à inventorier qu’ils nécessiteraient, ne devraient pas être un obstacle à leur discussion. L’idée est de ne plus s’en tenir aux aménagements possibles du système – qui se restreignent – mais de partir de la configuration du suivant, en dépit de l’abstraction de l’exercice. En définissant les bornes – les dispositions concrètes – qui jalonneront les chemins conduisant à sa concrétisation. Afin de concilier utopie et réalisme, car le réalisme n’est plus de s’inscrire dans un existant en crise et de s’y accrocher."
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Invité- Invité
...
Marianne, « Renverser la loi de la jungle », le 21 août 2010Auteur : Paul Jorion
"MARIANNE.- Deux ans après le début de la « grande crise » et trois mois après la crise grecque, c’est la question qui agite tous les acteurs politiques et économiques européens. Peut-on encore « moraliser » le capitalisme, c’est-à-dire concilier la morale et le capitalisme ?
Paul JORION. – Je ne le crois pas. Car, à partir du moment où l’éthique est introduite dans le capitalisme, on obtient un autre système que le capitalisme. Depuis que le capitalisme existe, de nombreuses crises auraient dû constituer des occasions de tout remettre à plat. Mais manifestement, l’animal résiste à toutes les tentatives d’instaurer de l’éthique. La logique sous-jacente au capitalisme échappe à ce que l’anthropologue Johann Friedrich Blumenbach a appelé le processus d’auto-domestication de l’espèce. Avec, comme conséquence, une disparition partielle de l’agressivité, par l’invention d’institutions nous permettant de domestiquer nos pulsions les plus dangereuses. L’élaboration de la notion de démocratie depuis l’antiquité grecque, par moments successifs, avec, entre autres, la Révolution anglaise et la Déclaration d’indépendance américaine, fut l’occasion d’un apaisement progressif de l’agressivité par l’auto-domestication de l’espèce."
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Invité- Invité
...
A propos de l’appel : « L’appétit des spéculateurs aura des conséquences sociales désastreuses »Auteur : Paul Jorion
"Msrs. Bové, Louail, Dufour et Morin, faites-nous plaisir : transcendez les rivalités traditionnelles au sein du monde paysan, pour prendre plutôt le parti de la race humaine toute entière : appelez un chat, un chat, et réclamez que seuls les négociants soient admis sur les marchés à terme des matières premières, réclamez avec nous l’interdiction pure et simple des paris sur les fluctuations de prix. Les problèmes de l’heure exigent la prévalence de l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Adoptez ce parti, nous vous en serons reconnaissants."
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Invité- Invité
Quelle est l'avenir du capitalisme?
Plutôt que de s’interroger sur l’éthique du capitalisme ou de la possibilité de le réformer, de redistribuer les richesses où non, ne faudrait-il pas s’interroger sur son existence ?
Se demander s’il est encore un système capable de faire vivre l’humanité ?
Si non, alors se poser la question de comment le dépasser et le remplacer par quoi ?
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
Se demander s’il est encore un système capable de faire vivre l’humanité ?
Si non, alors se poser la question de comment le dépasser et le remplacer par quoi ?
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
lucas- Messages : 7
Date d'inscription : 02/08/2010
Re: Où va la crise ?
lucas a écrit:Plutôt que de s’interroger sur l’éthique du capitalisme ou de la possibilité de le réformer, de redistribuer les richesses où non, ne faudrait-il pas s’interroger sur son existence ?
Se demander s’il est encore un système capable de faire vivre l’humanité ?
Si non, alors se poser la question de comment le dépasser et le remplacer par quoi ?
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
Au jour d'aujourd'hui, les solutions afin de modifier les structures du système se multiplient et sont intégrées dans les programmes des partis anticapitalistes.
Invité- Invité
Comment d'après vous dépasser le système actuel et par quoi le remplacer ? Hein ?
« La Survie de L’Espèce », par Grégory Maklès et Paul Jorion
Invité- Invité
Re: Où va la crise ?
Derrière l’austérité budgétaire: une nouvelle agression contre le salariat
Par
Alain Bihr
le Lundi, 23 Août 2010
Depuis ce printemps, la
quasi-totalité des gouvernements des Etats centraux ont inscrit parmi
les priorités de leur agenda la réduction de leur dette publique, en
engageant en conséquence des politiques de restriction budgétaire plus
ou moins drastiques. En comprendre les raisons et les enjeux, notamment
comment ces politiques s’inscrivent dans la dynamique de la crise
financière de 2007-2008 et, plus largement, de la crise structurelle du
capitalisme qui débuté dans les années 1970 constitue le premier objet
de cet article. Mais celui-ci se propose aussi d’expliquer pourquoi
cette nouvelle phase de la crise revêt une importance particulière pour
les salariés.
Quelques généralités préalables sur la dette publique
Avant tout, quelques rappels s’imposent
sur la nature de la dette publique. Ces rappels ne sont nécessaires que
parce qu’il continue à régner à son sujet tout un ensemble d’opinions
erronées, largement confortées il est vrai par le discours dominant dont
elle fait l’objet, qui font obstacle à la compréhension de la nature de
la dette publique et ses différentes fonctions [1].
La principale erreur consiste en
l’occurrence à ne pas comprendre que l’Etat n’est pas un agent
économique comme un autre. Si, comme n’importe quel agent privé
(entreprise ou ménage), son endettement résulte toujours d’un excédent
de ses dépenses par rapport à ses recettes, sa situation diffère
fondamentalement de celle de ce dernier par le fait qu’un Etat dispose
d’une bien plus grande latitude pour fixer le niveau des unes comme
celui des autres – c’est là le bénéfice de sa souveraineté. Tout Etat
dispose en effet d’une large capacité d’augmenter ses recettes qui sont
essentiellement d’ordre fiscal: il lui suffit d’élargir les assiettes
[le montant auquel s’applique un taux d’imposition] et d’augmenter les
taux des impôts existants voire d’en instituer de nouveaux. Même si la
pression fiscale connaît elle-même des limites, elle offre à l’Etat une
possibilité d’augmenter rapidement et de manière substantielle ses
recettes dans des proportions inconnues des agents privés. Quant à ses
dépenses, il peut les restreindre à des échelles et à des rythmes
également impraticables par ces derniers: quelle est l’entreprise qui
peut décider du jour au lendemain de coupes claires dans certains de ses
services sans mettre en cause son existence à court voire très court
terme ?
Une seconde différence entre le
processus d’endettement des agents privés et celui des agents publics
(appareils centraux des Etats, pouvoirs d’Etat périphériques, organismes
de protection sociale), qui explique d’ailleurs en partie la
précédente, tient au caractère politique des décisions qui président à
la fixation tant des dépenses que des recettes, partant à
l’établissement de leur équilibre (rare) ou déséquilibre (fréquent).
Entendons par là que recettes publiques et dépenses publiques et par
conséquent les éventuels déficits et dettes publics dépendent en
définitive du rapport des forces entre les différents blocs sociaux [2],
par conséquent classes sociales, fractions de classes, couches et
catégories sociales qui s’affrontent au sein des Etats – en un mot de la
lutte des classes.
La dette publique est donc de part en
part un artefact politique: sa création de même que sa gestion résultent
de décisions politiques. Quant à l’universalité du phénomène (on ne
connaît pas d’Etat capitaliste qui ne soit endetté), elle s’explique par
les fonctions que remplit cette dette. En premier lieu, elle permet de
réduire la contribution des classes, couches et catégories fortunées et
aisées (au premier rang desquelles on compte la quasi-totalité de la
bourgeoisie) au financement des frais généraux de la société (que
couvrent en bonne partie les dépenses publiques) tout en leur permettant
de s’enrichir un peu plus encore. En effet, le surcroît de contribution
que l’Etat serait en droit de leur demander en tant que contribuables,
au vu du niveau de leurs revenus et de la part de l’épargne dans ces
derniers, de manière à équilibrer ses dépenses par ses recettes
fiscales, se trouve converti en créances faites à l’Etat de manière à
lui permettre de couvrir une partie de ses dépenses par le recours à
l’emprunt. En somme, la dette publique, résultant de l’insuffisante
contribution fiscale de la partie la plus fortunée et aisée de la
population d’un Etat, permet simultanément à cette dernière d’acquérir
un droit à prélever une part supplémentaire de la richesse sociale
produite dans le cadre de cet Etat sous la forme des intérêts de la
dette publique [3].
En deuxième lieu, de tous les titres
dont se constitue le capital financier (celui des banques, des
compagnies d’assurance, des fonds de placement, etc.), ceux des dettes
publiques sont les plus sûrs. Tout simplement parce que, contrairement à
ce qu’on entend souvent dire, un Etat ne peut pas faire faillite comme
un simple agent privé (une entreprise ou un ménage).
Quand il n’est plus en mesure d’honorer
ses engagements, de faire face au service de sa dette (de rembourser une
partie du principal et de payer les intérêts échus à une date donnée),
ses créanciers ou d’autres (dont aujourd’hui le FMI) «restructurent» sa
dette: ils rééchelonnent les remboursements des prêts anciens, ils lui
en accordent de nouveaux, le tout moyennant souvent une augmentation des
taux et la prise de garanties sur des éléments du patrimoine de l’Etat
ou de certaines de ses recettes, tout en exigeant de lui une gestion
plus drastique de ses finances.
Bref, un Etat qui n’est plus
(momentanément) en mesure de faire face à son endettement se retrouvera
tout simplement… un peu plus et un peu plus longuement endetté encore et
moins libre de ses décisions. Quant à la récusation pure et simple de
sa dette par un Etat, possibilité qu’offre toujours en dernière instance
sa souveraineté et qui illustre au plus haut point le caractère
d’artefact de la dette publique, elle est extrêmement rare: elle ne peut
être le fait que d’un pouvoir révolutionnaire, marquant sa volonté de
rompre avec l’ordre capitaliste ; le dernier exemple en date est celui
de la jeune Union des républiques socialistes soviétiques…
Pas étonnant, dans ces conditions, que
l’endettement des Etats ait constitué en tout temps et en tout lieu leur
contribution la plus décisive à l’accumulation du capital financier ;
et qu’aujourd’hui encore les titres des dettes publiques représentent
une part importante du capital financier sur le plan mondial.
En dernier lieu, et comme le suggèrent
directement les lignes précédentes, cet endettement est aussi tout
simplement un moyen direct de placer l’Etat sous la coupe du capital
financier en particulier et du capital en général. Ceux qui payent sont
toujours ceux qui commandent en dernière instance : tenir les cordons de
la bourse, c’est être en droit de contrôler voire de commander l’usage
qui est fait de l’argent qui en sort. Difficile pour un Etat endetté de
ne pas céder aux sollicitations de ses créanciers en leur accordant des
avantages et des privilèges sur différents plans (à commencer par le
plan…fiscal) ; plus difficile encore de mener une politique par trop
ouvertement contraire à leurs intérêts. Autrement dit, la dette publique
est aussi un mécanisme d’aliénation de la souveraineté de l’Etat au
bénéfice du capital.
Comme le disait déjà Marx: «La dette
publique, en d'autres termes l'aliénation de l'Etat, qu'il soit
despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte
l'ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale
qui rentre réellement dans la possession collective des peuples
modernes, c'est leur dette publique [4]
Pourquoi les dettes publiques des Etats centraux ont-elles crû ?
L’analyse précédente nous fait
comprendre pourquoi la dette publique est une donnée structurelle. Son
niveau dépend cependant de la conjoncture, notamment économique, ainsi
que des politiques engagées par les gouvernements. Avec le
ralentissement de la croissance de l’échelle et du rythme de
l’accumulation du capital qui a caractérisé l’entrée dans la crise
structurelle au cours des années 1970, les dettes publiques se sont
aggravées de manière presque mécanique: avec le ralentissement de la
croissance, les recettes publiques (essentiellement fiscales) ont eu
tendance à diminuer tandis que certaines dépenses (relances
conjoncturelles anticycliques, subventions aux secteurs et aux régions
les plus affectés par la crise, augmentation des allocations de chômage,
investissements publics dans la formation et les nouvelles
infrastructures publiques, etc.) se sont, au contraire, accrues.
L’enclenchement des politiques
néolibérales au tournant des années 1980 n’a rien arrangé, bien au
contraire, qui ont compté les finances publiques parmi leurs cibles
favorites : l’allégement des prélèvements obligatoires (impôts et
cotisations sociales), à coup de baisse des taux et de rétrécissement
des assiettes, a compté parmi leurs réalisations majeures (sous ce
rapport comme sous tous les autres, elles auront été des politiques
favorables aux intérêts des classes et couches dominantes et
privilégiées), que les coupes sombres par ailleurs réalisées dans
certaines dépenses publiques (souvent au détriment des couches
populaires) n’ont pas permis de compenser, entraînant une aggravation de
la dette publique.
Ce sont donc des finances publiques la
plupart du temps déjà en mauvais état que la crise financière des années
2007-2008, déclenchée par l’éclatement de la bulle immobilière aux
Etats-Unis, mais aussi en Espagne et en Irlande et largement diffusée
par l’intermédiaire de la titrisation des dettes, est venue très
brutalement et amplement dégrader.
Trois effets de cette crise se sont
conjugués. D’une part, pour éviter la faillite des organes du capital
financier (les banques, les institutions de crédit hypothécaires, les
compagnies d’assurance, les fonds de placement, etc.) les plus
lourdement menacés par cette banqueroute généralisée, tous les
gouvernements des Etats centraux y sont allés de leur plan de sauvetage,
en reprenant à leur compte leurs créances douteuses, en leur consentant
des prêts ou en entrant même purement ou simplement dans leur capital,
autrement dit en les nationalisant en tout ou en partie, tout en
garantissant par ailleurs les prêts interbancaires (pour éviter la
contraction du credit crunch, la contraction du crédit) et les dépôts
bancaires (pour éviter le retrait massif des déposants).
Les sommes engagées dans ces opérations
de sauvetage de l’automne 2008 ont été faramineuses: pour rappel, 700
milliards de dollars (Mds $) par les Etats-Unis, 500 milliards de livres
(Mds £) par le Royaume-Uni, 1700 milliards d’euros (Mds €) par les
Etats de la zone euro, etc.
En somme, les gouvernements de ces Etats
ont alors fait le choix de sauver le crédit privé (et le capital
financier qui en est l’intermédiaire et le bénéficiaire) moyennant une
aggravation considérable de l’endettement public, appliquant une
nouvelle fois le principe de la socialisation des pertes pour perpétrer
la pratique de la privatisation des bénéfices.
D’autre part, pour limiter les effets
récessifs prévisibles de la communication de la crise financière
(notamment dans sa dimension bancaire) à «l’économie réelle», ces mêmes
gouvernements ont engagés au cours de l’hiver et du printemps 2009 des
plans de soutien et de relance en y consacrant à nouveau des sommes
massives. Là encore, pour rappel, 825 Mds $ aux Etats-Unis, 200 Mds €
dans l’Union européenne, 585 Mds € en Chine, 115 Mds € au Japon.
Enfin, la récession économique ou, au
mieux, le fort ralentissement de la croissance que ces plans de relance
n’ont pas pu empêcher auront, là encore, souvent fortement réduit les
recettes fiscales des Etats. A titre d’exemple, en France, la taxe sur
la valeur ajoutée (TVA) n’a rapporté que 129,4 Mds € en 2009 contre 137
Mds € en 2008, l’impôt sur les sociétés baissant pour sa part contre
49,5 Mds € en 2008 à 20,6 Mds € en 2009 [5].
Certes, entre-temps, une partie des
sommes avancées par les Etats au plus fort de la crise financière pour
sauver les segments du capital financier les plus exposés (en
particulier les banques) ont été récupérées, soit parce que les
garanties sur les emprunts bancaires n’ont pas eu à jouer soit que les
banques aient remboursé (avec intérêt) l’argent qui leur avait été
prêté. Ainsi, sur les 700 Mds $ du programme anticrise états-unien,
seuls (si l’on peut dire !) 100 Mds $ ont été effectivement utilisés ;
auxquels viennent cependant s’ajouter les 400 Mds $ consacrés à sauver
de la faillite les organismes de prêts hypothécaires, Freddie Mac et
Fannie Mae, ainsi que la Federal Housing Finance Agency, dans le but de
soutenir tout le secteur de l’immobilier menacé d’effondrement, en
risquant d’entraîner dans la dépression toute l’économie états-unienne
[6].
Par contre, les sommes injectées dans le
circuit économique par les mesures de relance contracycliques ne leur
sont pas revenues, si ce n’est sous la forme d’un niveau de recettes
fiscales supérieur à ce qu’il aurait été sans elles ; car, sans ces
mesures, la récession économique aurait été encore plus sévère et la
chute des recettes encore plus accentuée. Quant aux recettes ainsi
perdues, elles le sont définitivement et sans espoir de restitution.
Le résultat général ne s’est évidemment
pas fait attendre: depuis le début de l’année 2009, on a assisté à un
creusement des déficits budgétaires et une explosion des dettes
publiques dans l’ensemble des Etats centraux. Entre 2008 et 2009, le
déficit public est passé de 2 % à 6,2 % du PIB sur l’ensemble de la zone
euro (de 0 % à 3,3 % pour l’Allemagne, de 0,4 % à 3,4 % en Autriche, de
0,7 % à 5,3 % aux Pays-Bas, de 1,2 % à 6 % en Belgique, de 2,7 % à 5,3 %
en Italie, de 3,3 % à 7,5 % en France, de 4,1 % à 11,2 % en Espagne, de
2,8 % à 9,4 % au Portugal, de 7,3 % à 14, 3 % en Irlande, de 7,7 % à
13,6 % en Grèce), de 4,9 à 11,5 % au Royaume-Uni et d’un excédent
budgétaire de 2,5 % à un déficit de 0,5 % en Suède ; tandis qu’entre
2007 et 2009, ce même déficit est passé de 2,8 à 11 % aux Etats-Unis, de
2,4 à 7,2 % au Japon et que la Corée du Sud passait d’un excédent
budgétaire de 4,7 % à un budget tout juste en équilibre. Et les dettes
publiques ont bondi de même: entre 2008 et 2009, de 69,4 à 78,7 % du PIB
dans l’ensemble de la zone euro (de 89,8 à 96,7 % en Belgique, de 66 à
73,2 % en l’Allemagne, de 43,9 à 64 % en l’Irlande, de 67,5 à 77,6 % en
la France, 106,1 à 115,8 en l’Italie, de 66,3 à 76,8 % au Portugal), de
52 à 68,1 % au Royaume-Uni et, entre 2007 et 2009, de 62 à 83 % aux
Etats-Unis, de 167 à 193 % au Japon et de 30 à 35 [7].
Car, pour financer ces déficits
croissants, tous ces Etats ont fait appel au marché financier,
alourdissant ainsi d’autant les dettes de leur Etat. Evidemment pour le
plus grand intérêt (à tous les sens du terme) des «investisseurs
institutionnels» (banques, compagnies d’assurance, fonds de placement,
fonds de pension, etc.), remis en selle par les plans de sauvetage
antérieurement conduits par ces mêmes Etats, auxquels, en guise de
remerciement, ces acteurs financiers se sont empressés de prêter de
l’argent mais à des taux d’intérêts allant eux-mêmes croissant au fur et
à mesure où leurs besoins de financement se sont aggravés et se sont
concurrencés sur ce marché, en engageant cependant ainsi un cercle
vicieux pour tout le monde, créanciers autant que débiteurs auxquels il
faut désormais tenter de mettre fin.
Pourquoi et comment les gouvernements des Etats centraux veulent-ils maintenant se désendetter ?
La nécessité dans laquelle se trouvent
aujourd’hui les Etats centraux de se désendetter résulte tout d’abord de
la pression qu’exercent sur eux ce que la novlangue néolibérale en
cours nomme «les marchés», c’est-à-dire les «investisseurs
institutionnels» qui ont été jusqu’à présent et qui resteront à l’avenir
leurs principaux créanciers.
Au cours de ces derniers mois, cette
pression s’est exercée par l’intermédiaire d’une hausse des taux
d’intérêt, d’autant plus marquée que le niveau d’endettement des Etats
emprunteurs était déjà élevé et, avec lui, les risques de défaut de
paiement, alourdissant ainsi les conditions d’obtention par ces derniers
de nouveaux prêts. Evidemment, les dits créanciers ont en la
circonstance tout intérêt à dramatiser la situation pour faire monter
encore les taux d’intérêt auxquels ils s’apprêtent à consentir de
nouveaux prêts… pour permettre à leurs débiteurs de leur rembourser les
emprunts précédents !
Ils peuvent compter à cette fin sur
l’action de spéculateurs (au rang desquels ils comptent souvent
eux-mêmes) en jouant à cette fin de trois leviers: la complicité des
agences de notations qui évaluent le risque de défaut de paiement des
différents emprunteurs et dont les créanciers sont par définition les
principaux clients (or, tout épicier vous le dira, il ne faut pas
décevoir ses clients !) ; la spéculation à la baisse sur les cours des
titres anciens, baisse qu’ils provoquent en les vendant massivement à
terme et à découvert (sans les posséder) ; enfin la spéculation à la
hausse sur le cours des credit default swaps (CDS) liés aux dettes
publiques [8].
Plus fondamentalement, si tout créancier
profite de l’endettement de son débiteur et s’il possède en ce sens un
intérêt fondamental à ce que cet endettement non seulement se perpétue.
mais encore s’aggrave, il doit néanmoins aussi veiller à ce que son
débiteur reste toujours en état de rembourser sa dette et de lui verser
les intérêts courants sur cette dernière.
Si, comme je l’ai rappelé plus haut, de
tous les débiteurs possibles, les Etats sont d’une part ceux qui peuvent
s’endetter le plus et ceux dont le crédit est en principe le plus
solide, il arrive néanmoins un point où leur endettement est tel que
leur défaut de paiement devient possible et même probable. Et, même si
lorsqu’il survient un tel défaut n’expose pas les créanciers des Etats
au risque d’être ruinés (encore une fois, un Etat ne peut pas faire
faillite), il ne va pas sans inconvénient pour eux: au mieux, il les
contraint à des provisions supplémentaires, ce qui limite leur volume
d’activités et réduit par conséquent l’échelle de leur valorisation ; au
pire, la restructuration de la dette de leurs débiteurs s’accompagne
d’une dévalorisation partielle des titres des dettes antérieurs, donc à
des pertes sèches. Bref, un créancier doit veiller à ce que
l’endettement de son débiteur reste contenu à un niveau qui demeure
soutenable par ce dernier ; et il lui faut exiger, le cas échéant, qu’il
adapte son «train de vie – le rapport entre ses dépenses et ses
recettes – à cette exigence.
Or, survenant après des lustres
d’endettement croissant des Etats, le creusement des déficits publics et
l’explosion des dettes publiques enregistrée depuis le début de l’année
2009 a de quoi inquiéter les «investisseurs institutionnels» sur la
capacité de leurs débiteurs – ou du moins de certains d’entre eux – de
faire face à leurs engagements. Tirer la sonnette d’alarme sous la forme
d’une simple hausse des taux d’intérêts et d’une spéculation sur les
titres émis ne leur suffit plus ; il faut qu’ils obtiennent de leurs
débiteurs les plus lourdement endettés qu’ils engagent une remise en
ordre de leurs finances garante de la poursuite du remboursement de leur
dette et du versement de leurs intérêts. Et les négociations entourant
la concession de nouveaux prêts leur en fournit bien évidemment
l’occasion et le moyen: s’il veut obtenir que ses créanciers continuent à
lui faire crédit (dans tous les sens du terme), le débiteur lourdement
endetté n’a pas d’autre choix que de se soumettre à leurs injonctions et
de procéder à une telle remise en ordre en s’engageant derechef dans
cette voie.
Cette voie est en principe double. Pour
réduire le déficit public et dégager un solde primaire positif (un solde
des finances publiques avant imputation de la charge de la dette) de
manière à entamer un processus de désendettement (de réduction de la
dette), on peut soit augmenter les recettes soit diminuer les dépenses,
en conjuguant si possible les deux à la fois. En fait, la première de
ces voies répugne à des gouvernements prisonniers de dogmes néolibéraux
leur interdisant de recourir à un surcroît de prélèvements obligatoires,
ne serait-ce qu’en revenant sur les dispositifs d’allégement de ces
derniers adoptés au cours des trois dernières décennies [9].
Si, sous la pression de la nécessité,
certains ont été malgré tout conduits à y recourir, leur choix s’est
porté sur une augmentation des impôts indirects (principalement la TVA).
Dans la mesure où ils constituent aussi la forme la plus injuste
d’imposition puisqu’ils frappent proportionnellement plus les bas que
les hauts revenus, ce choix signe son caractère de classe – conformément
à l’ensemble de la politique dans le cadre de laquelle il se situe,
ainsi qu’on le verra encore.
En fait, l’essentiel de la réduction de
l’endettement public est attendu d’une compression des dépenses
publiques: gel voire baisse nominale des salaires des fonctionnaires,
réduction du nombre de ces derniers par non remplacement lors de leur
départ en retraite voire par licenciement pur et simple d’un certain
nombre d’entre eux, réduction consécutive du champ des missions des
services publics voire démantèlement de certains de ces services, coupes
claires pratiquées dans les subventions ou allocations publiques y
compris parmi celles assurant un revenu minimum aux populations les plus
pauvres, etc., figurent désormais parmi les priorités inscrites à
l’agenda de la totalité des Etats centraux, comme elles l’ont été durant
ces dernières décennies à celui des Etats périphériques qui ont été
soumis aux «plans d’ajustements structurels» du FMI et de la Banque
mondiale.
Le choix de ces moyens s’explique
aisément. Ils ne sont pas seulement cohérents avec le paradigme
néolibéral auquel continuent à se référer l’ensemble des gouvernements
des Etats centraux, quelle que soit leur orientation ou «couleur
politique affichée et en dépit des catastrophes que le néolibéralisme a
déjà provoquées, au premier rang desquelles on compte la crise
financière de 2007-2008. Un paradigme qui enseigne qu’il faut toujours
privilégier l’offre sur la demande, donc préférer un surcroît
d’enrichissement des plus riches (dont l’épargne finance
l’investissement, donc l’offre) à un moindre appauvrissement des plus
pauvres (dont les dépenses de consommation courante abondent la
demande).
Dans ces conditions, il faut autant que
possible éviter un surcroît d’imposition qui pourrait s’en prendre à
l’épargne des possédants (les ménages fortunés ou aisés) ou, pire
encore, peser sur le capital (en minorant sa valorisation) ; et, si une
augmentation des impôts s’impose, il faut frapper en priorité les
revenus des plus pauvres plutôt que celui des plus riches, en recourant
de préférence à l’imposition indirecte plutôt qu’à l’imposition directe
(sur les revenus ou le patrimoine). Du moins, ne pourra-t-on pas accuser
les gouvernements actuels de manquer de constance: c’est par les mêmes
méthodes qui ont abouti au surendettement potentiel des Etats centraux
qu’ils entendent aujourd’hui désendetter ces derniers. Autant se
proposer de redonner du souffle à un asphyxié en l’étranglant ! On
devine d’emblée les résultats qu’il faut en attendre.
En fait, ces gouvernements font mieux
que persister dans la voie néolibérale qu’ils suivent depuis trois
décennies. Avec les politiques de désendettement des Etats qu’ils
viennent d’adopter, c’est une nouvelle étape sur la voie du programme
néolibéral de «low coast society» qu’ils s’apprêtent à franchir: la
compression des dépenses publiques qu’ils entendent mettre en œuvre vise
à abaisser le coût général des moyens sociaux de consommation
(équipements collectifs et services publics), qui sont aussi pour partie
des moyens de production socialisés, qui constituent autant de frais
généraux de la production capitaliste. Or certains de ces moyens (le
système d’enseignement et les systèmes publics de protection sociale de
l’enfance, de la santé, de l’invalidité, de la vieillesse, etc.)
comptent parmi les conditions majeures de reproduction de la force
sociale de travail. Si bien que la compression des dépenses publiques
constitue en fait directement une attaque contre les éléments socialisés
du salaire. En somme, au-delà d’une enième opération de préservation
des intérêts du seul capital financier ou de sauvetage de ses éléments
les plus menacés par le risque de défaut de paiement des Etats, les
politiques de réduction des dépenses publiques poursuivent un objectif
de plus vaste portée, intéressant le capital dans son ensemble, la
baisse du coût social de reproduction de la force sociale de travail: en
un mot, une dévalorisation de cette dernière. C’est ce que nous allons
voir à présent.
La situation particulière de la zone euro
Auparavant, disons quelques mots des
spécificités de la situation dans laquelle se trouvent les Etats de la
zone euro sous l’angle des processus précédents. Dans cette zone, une
grande partie des titres de la dette publique sont détenus par des
banques européennes: «Au 31 décembre 2009, les banques ayant leur siège
dans la zone euro représentaient près des deux tiers (62 %) de
l’exposition totale de toutes les banques internationales envers les
résidents des pays de la zone euro en difficulté (Espagne, Grèce,
Irlande et Portugal). Leurs créances globales s’élevaient à $727
milliards sur l’Espagne, $402 milliards sur l’Irlande, $244 milliards
sur le Portugal et $206 milliards sur la Grèce. [10]
En conséquence, les doutes quant à la
capacité de certains Etats européens (notamment ceux que désigne le
délicat acronyme anglais de PIIGS: Portugal, Ireland, Italy, Greece and
Spain) d’honorer leurs engagements, qui ont crû au rythme du creusement
de leurs déficits et de l’alourdissement de leur dette respective, ont
rejailli au cours de ces derniers mois sur la situation de ces banques
et ont progressivement recréé en Europe un risque de credit crunch
(contraction du crédit) sur le marché interbancaire, les banques
européennes répugnant de plus en plus à se faire mutuellement crédit,
dans l’ignorance ou au contraire la trop bonne connaissance de leurs
degrés respectifs d’engagement dans le financement des dettes publiques
européennes, comme au plus fort de la crise financière à l’automne 2008.
Par ailleurs, la crainte grandissante
d’un défaut de paiement de la Grèce, alimentée par une forte dégradation
de sa situation financière au cours de 2008-2009 et aggravée par
l’annonce d’un déficit budgétaire et d’un état des finances publiques
plus détérioré, encore que ce qui avait été primitivement annoncé à
l’occasion d’un changement de majorité parlementaire, y a déchaîné la
spéculation contre l’euro et donné libre cours à la rumeur de risque
d’éclatement de la zone euro.
Longs à se mettre d’accord face à une
situation exacerbant les conflits entre les intérêts nationaux et
totalement inédite au regard des traités régissant l’Union européenne et
la zone euro, les gouvernements des Etats de cette zone, n’y ont
finalement réagi qu’en mai dernier. En premier lieu, en affirmant leur
solidarité collective de façade face à la difficulté grandissante de la
Grèce à continuer à emprunter sur le marché financier international:
leur aide a pris la forme… d’un prêt de 110 Mds € dont 30 apportés par
le FMI. De plus, ils ont créé un fonds européen doté de 750 Mds € (dont
250 Mds € apportés par le FMI) pour faire face à des difficultés
similaires auxquelles pourraient devoir faire face d’autres Etats de la
zone euro dans les prochains temps, comme cela est prévisible, les plus
exposés étant le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Ce fonds sera abondé
par des emprunts sur le marché financier, cependant garantis par les
Etats européens. Encore de quoi aggraver un peu plus le déficit de ces
Etats pour sauver leurs créanciers…et permettre à ces derniers de
continuer à prêter aux premiers sans (trop) de risque.
En deuxième lieu, la Banque centrale
européenne (BCE) est désormais autorisée à racheter des titres de dette
publique des Etats européens, ce que sa lutte obsessionnelle contre
l’inflation lui interdisait jusqu’alors contrairement à ce que faisait
de longue date son homologue états-unienne, la Fed. De la sorte, elle
espère d’une part accroître la liquidité sur le marché des titres
publics, d’autre part toute tension sur ce marché qui ne pourrait que
faire grimper les taux d’intérêts sur les emprunts futurs tout en
dévalorisant les titres déjà en circulation, en nuisant à leurs
détenteurs, les créanciers des Etats. Une nouvelle fois, il s’agit de
préserver le capital financier.
Si ces deux premières mesures sont
totalement contraires aux traités régissant l’institution de la monnaie
unique européenne (ce qui explique les réticentes des plus rigoureux
d’entre eux, en tête desquels on trouve le gouvernement allemand – mais
que valent des traités face à l’impératif catégorique de sauver le
capital financier dont les titres sont libellés dans cette monnaie ?),
les suivantes s’inscrivent par contre dans la plus pure orthodoxie
néolibérale.
Car, en contrepartie, la plus stricte
rigueur budgétaire est exigée de tous les Etats membres, sommés de
ramener d’ici 2013 ou 2014 au plus tard leur déficit public dans les
limites prévues par le traité de Maastricht (3 % du PIB au plus). La
Grèce a dû promettre de réduire son déficit de près de cinq points de
PIB dès cette année, en le ramenant de 13,6 % à 8,7 %, et d’économiser
30 Mds en trois ans, en taillant dans les dépenses publiques
(suppression des 13e et 14e mois de traitement des fonctionnaires,
blocage de l’embauche, non-remplacement de quatre fonctionnaires sur
cinq, diminution des subventions aux hôpitaux de 600 millions d’euros,
réduction des subventions aux fonds de retraite de 540 millions d’euros,
etc.) et en augmentant les prélèvements fiscaux (taxes supplémentaires
sur le tabac, l’alcool, l’essence, les téléphones portables, impôt
spécial sur les entreprises profitables et l’immobilier de valeur, lutte
contre une fraude et une évasion fiscales érigées de longue date en
sport national, etc.)
Et de semblables mesures vont être mises
en œuvre dans tous les Etats de la zone euro: dans les trois ans à
venir, l’Espagne s’est engagée à économiser 65 Mds € moyennant la baisse
du salaire des fonctionnaires de 5 %, le non-remplacement de neuf
fonctionnaires sur dix et un report de l’âge du départ à la retraite de
65 à 67 ans ; le Portugal a gelé le salaire des fonctionnaires jusqu’en
2013 et suppression de 73 000 postes en quatre ans ; l’Italie promet
d’économiser 27 Mds € moyennant le non-remplacement de quatre
fonctionnaires sur cinq et le report de l’âge du départ à la retraite de
59 à 61 ans d’ici 2013; la France 45 Mds € moyennant le non
remplacement d’un fonctionnaire sur deux et le report du départ de l’âge
de la retraite de 60 à 62 ans d’ici 2016, tandis qu’on agite des
projets de licenciements des fonctionnaires ; l’Etat irlandais a baissé
les salaires de ses fonctionnaires de 10 %, ne remplacera plus ces
derniers lors du départ à la retraite, taille dans les allocations de
chômage et augmente de surcroît les impôts. Même la pourtant vertueuse
Allemagne a promis d’économiser 81 Mds € dans les quatre ans à venir
pour ramener son déficit budgétaire de 5 à 3 % de son PIB, qui devra ne
pas dépasser les 10 Mds € en 2016, moyennant notamment un report du
départ de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029. Bref,
la course au moins disant social est désormais ouverte au sein de la
zone euro sous couvert de réduction des dettes publiques.
Les «ajustements structurels auxquels
les gouvernements de la zone euro vont ainsi contraindre leur population
seront d’autant plus drastiques que, du fait qu’ils sont désormais
prisonniers de cette zone, ils ne pourront pas jouer de l’effet de
relance économique (gonflant les recettes fiscales) dont ils pouvaient
bénéficier précédemment par la dévaluation monétaire ou par une
politique laxiste du crédit, susceptibles de participer à la relance
mais aussi de doper l’inflation et de dévaluer d’autant leurs dettes
libellées en monnaie nationale. Bref, en ayant perdu la maîtrise de ces
deux instruments traditionnels de politique économique que sont le taux
de change et le taux d’intérêts, les gouvernements de la zone euro ne
peuvent plus que se tourner vers leurs concitoyens et contribuables pour
leur présenter et leur faire payer l’addition de l’endettement
antérieur de leurs Etats respectifs… au profit du capital et des couches
fortunées et aisées.
Le spectre de la dépression
Quels sont les effets socioéconomiques
prévisibles des plans d’austérité budgétaire engagés par les
gouvernements des Etats européens ?
En premier lieu, il est clair qu’ils ne
parviendront pas à stopper la croissance des dettes publiques, encore
moins à les faire diminuer. C’est que, en dépit de leur caractère
drastique, les coupes claires prévues dans les dépenses publiques seront
insuffisantes tout comme le sera la progression des recettes fiscales
du fait de la mollesse de la reprise économique (d’ailleurs bridée par
la compression des dépenses publiques – je vais y revenir) pour rétablir
l’équilibre budgétaire et encore moins dégager un solde primaire
positif permettant d’entamer un processus de désendettement. Tout juste
ces plans d’austérité parviendront-ils à contenir les déficits
budgétaires et à ralentir la croissance des dettes publiques, en évitant
leur dérive incontrôlable: c’est d’ailleurs là leur objectif immédiat,
conforme à cela aux vœux des opérateurs financiers créanciers des Etats
européens.
Dans ces conditions, ramener les dettes
publiques européennes dans la limite de 60 % prévue par le traité de
Maastricht devient pure utopie: selon le dernier scénario de référence
de l’OCDE, à l’horizon 2025, la dette autrichienne s’élevait à 83 % du
PIB, la dette néerlandaise à 85 %, la dette espagnole à 85 % ; la dette
allemande à 86 %, la dette finlandaise à 97 %, la dette portugaise à 109
%, la dette française à 113 %, la dette irlandaise à 132 %, la dette
italienne à 130 %, la dette grecque à 137 %, pour une moyenne de 101 %
pour l’ensemble de la zone euro ; seule la dette luxembourgeoise (53 %
du PIB) se situerait sous la limite de référence (elle ne s’élevait
encore qu’à 11 % en 2007) [11].
Dans ces conditions, on comprend que
«les marchés» (les opérateurs financiers dans la novlangue néolibérale)
n’aient pas été emballés par l’annonce de ces plans. Les taux d’intérêts
exigés pour consentir de nouveaux prêts à la Grèce ont a peine fléchi
(ce qui témoigne du manque de confiance des créanciers dans la capacité
de cette dernière à assainir ses finances publiques); ceux consentis au
Portugal, à l’Irlande, à l’Espagne et même à l’Italie restent
sensiblement supérieurs à ceux accordés à l’Allemagne ou même à la
France ; la BCE continue à devoir prêter massivement aux banques
privées, preuve que ces dernières se méfient toujours autant les unes
des autres ; le Libor (taux auquel ce prêtent les banques sur le très
court terme) est passé de 0,25 % à 0,55 % en mars dernier. En
conséquence, l’euro a continué à se déprécier (– 20 % face au dollar et –
13 % face aux devises des principaux partenaires commerciaux de la zone
depuis décembre 2009), etc.
Pour parvenir à ralentir davantage
l’endettement des Etats européens, il faudrait recourir non pas à des
coupes entre plus claires dans les dépenses mais à des augmentations
substantielles d’impôts. A titre d’exemple, alors que ne pas remplacer
le départ en retraite d’un fonctionnaire sur deux ne permet à l’Etat
français que d’économiser 500 millions d’euros par an, en dégradant
irrémédiablement les services publiques que ces suppressions d’emploi
affectent, l’abaissement de la TVA dans la restauration (nullement suivi
par les baisses des prix et les créations d’emploi promises) a
occasionné une perte de recettes fiscales annuelle de 3 Mds € tandis que
les exonérations de cotisations sociales patronales lui coûtent
(théoriquement) annuellement 25 Mds € supplémentaires [12]. Mais on sait
aussi pourquoi les gouvernements européens ne sont pas disposés à
puiser dans ces ressources potentielles de recettes fiscales !
Si les plans d’austérité actuellement
mis en œuvre par les gouvernements européens ont peu de chance de
rétablir l’équilibre financier de leurs Etats respectifs, ils risquent
inversement, en deuxième lieu, non seulement de briser la timide reprise
économique qui s’est dessinée à la fin de 2009 mais de faire plonger à
nouveau l’Europe dans la récession voire la dépression.
C’est que ces plans vont inévitablement
limiter la demande finale. Directement, tout d’abord en réduisant les
dépenses publiques: le nombre des emplois publics, les salaires réels
voire nominaux des salariés de l’Etat, les revenus de transferts
sociaux, les commandes publiques, etc. Car tel est l’effet immédiat des
coupes claires dans les budgets des différents ministères. Et surtout
indirectement: le ralentissement de la croissance, a fortiori toute
nouvelle récession, va gonfler le nombre des chômeurs (travailleurs
licenciés et jeunes ne trouvant pas de premier emploi), mais aussi des
travailleurs et travailleuses précaires, accroître la durée moyenne du
chômage, faire basculer un nombre croissance de chômeurs et chômeuses
dans la pauvreté et l’assistanat public, exercer en conséquence une
pression sur les salaires (ralentissement de la hausse des salaires
réels dans le meilleur des cas, stagnation dans la plupart des cas,
voire quelquefois baisse sous l’effet d’un chantage aux licenciements),
inciter les ménages à accroître leur épargne de précaution (pour ceux du
moins qui en conserveront les moyens). En un mot, ces politiques vont
déséquilibrer un peu plus le partage de la «valeur ajoutée» (de la
richesse socialement supplémentaire annuellement produite) entre
salaires et plus-value, au détriment des premiers et au bénéfice de la
seconde. J’ai eu l’occasion de montrer qu’il est précisément au cœur de
la phase actuelle de la crise structurelle du capitalisme et qu’il est
notamment responsable, in fine, de tous les désordres qui ont conduit à
la crise financière de 2007-2008 ; elles ne peuvent donc qu’aggraver le
mal profond dont pâtit actuellement l’économie capitaliste, responsable
de sa langueur de fond et de la répétition continue, depuis une
vingtaine d’années, de ses relances avortant rapidement en crises
financières et en récessions [13].
Et la baisse de l’euro, favorisant en
principe les exportations vers les zones où la reprise économique est
vigoureuse (l’Asie en priorité), ne parviendra pas à compenser les
différents facteurs de récession précédents, notamment du fait du
caractère hautement autocentré de l’Europe: son taux d’ouverture
commercial (importations + exportations / PIB) n’est que de 16% [14].
Ce qui menace ainsi l’économie
européenne, c’est bien l’enclenchement d’une spirale dépressive du fait
de la contraction de la demande sous l’effet de la nécessité et de la
volonté de désendettement des Etats. Certains économistes l’évoquent
déjà ouvertement: «Alors que les agents privés sont loin d’avoir cessé
de se désendetter, on attend des agents publics qu’ils le fassent
également. Une situation très dangereuse et qu’on connaît bien depuis
Irving Fisher. La debt deflation [processus de baisse généralisée des
prix et de l’activité du fait de la volonté des agents économiques de
privilégier leur désendettement] a ainsi caractérisé une bonne partie
des années 1930, et c’est la menace qui pèse aujourd’hui sur l’économie
européenne. Nous n’avons pas évité la crise des années 1930, mais
seulement sa première étape.» [15]
Si ce scénario catastrophe n’est
heureusement pas le plus probable, il est par contre à peu près certain
que l’Europe connaîtra une nouvelle crise de la dette publique en Grèce,
mais aussi sans doute au Portugal, en Espagne, en Irlande, au plus tard
à l’horizon 2013-2014, et sans doute avant, dès lors qu’il apparaîtra
que ces Etats ne sont pas en mesure de tenir leurs engagements de
réduction de leurs déficits, le ralentissement de la croissance et, a
fortiori, toute nouvelle récession limitant d’autant leurs recettes
fiscales et en accroissant automatiquement certaines de leurs dépenses
économiques (subventions aux secteurs les plus affectés par la
récession) ou sociales (ce qui reste d’allocations de chômage et de
revenus minimaux).
Cette nouvelle crise sera d’autant plus
grave que leur situation financière se sera encore dégradée entre-temps.
Et comme une grande part des titres émis par ces Etats sont détenus par
des banques européennes, la nouvelle crise de la dette publique se
poursuivra en crise bancaire, plombant ainsi l’ensemble de «l’économie
réelle» européenne, en menaçant la stabilité financière des Etats qui
leur ont apporté leur garantie.
L’alternative serait par conséquent une
relance concertée de la demande interne dans les Etats qui dégagent des
excédents extérieurs importants et dont les déficits publics sont les
moins importants, tels que l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et les
Etats nordiques. Mais on n’en prend visiblement pas le chemin dans une
Union européenne (UE) encore largement dominée par le heurt des intérêts
nationaux (les conflits d’intérêts entre les différents blocs
nationaux) et dont les institutions actuelles ne prévoient au demeurant
aucun mécanisme de «gouvernance économique commune au-delà de la police
des déficits publics.
Les développements précédents suggèrent
cependant que ce sont, en troisième lieu, les salarié·e·s qui vont
constituer les principales victimes des politiques d’austérité
budgétaire engagés par les gouvernements européens. Déjà rudement
affectés par les trois décennies précédentes de croissance ralentie,
périodiquement entrecoupées de récessions, leur situation risque de se
dégrader encore plus rudement sous l’effet de ces politiques. D’une
part, celles-ci vont s’en prendre directement au salaire indirect: aux
éléments socialisés du salaire prenant la forme du versement de
prestations diverses (allocations de chômage, remboursement de soins
médicaux, pensions d’invalidité ou de vieillesse, etc.) ou de mise à
disposition gratuite de différents équipements collectifs et services
publics (école, équipements sportifs et culturels, dispensaires et
hôpitaux, etc.). En un mot, ces politiques vont donner un sérieux coup
d’accélérateur et une ampleur sans précédent au démantèlement
jusqu’alors rampant de ce qu’il est convenu d’appeler l’Etat-providence
ou l’Etat social. Car, à coup sûr, de toutes les facettes d’un Etat
qu’il s’agit de soumettre à une diète sévère, c’est bien ce dernier qui
risque de connaître le plus le régime du pain sec et de l’eau claire.
D’autre part, et comme je l’ai déjà
mentionné, les effets récessifs voire dépressifs de ces mêmes politiques
vont dégrader les conditions d’emploi, de travail et de rémunération de
l’ensemble des salariés, signifiant une aggravation de leur taux
d’exploitation, un gonflement de «l’armée de réserve industrielle» (le
développement de la précarité et du chômage), l’extension de la pauvreté
et de la misère, avec son cortège inévitable de désespérance et de
révoltes impuissantes dont les manifestations (plongée dans la
délinquance, émeutes dans les quartiers populaires) finissent toujours
par se retourner contre leurs auteurs qui en sont aussi les principales
victimes.
En bref, les politiques d’austérité
budgétaire actuellement engagés par les gouvernements européens vont
marquer, à coup sûr, une nouvelle étape dans l’offensive que mène le
capital contre les travailleurs pour leur faire payer le prix de plus en
plus fort de sa propre crise. Cette nouvelle étape marque en même temps
une réorientation de cette offensive, qui vise désormais davantage le
salaire indirect que le salaire direct.
Après s’en être pris depuis trois
décennies essentiellement aux conditions d’échange et d’usage de la
force de travail, en intensifiant son exploitation, en comprimant les
salaires, en dégradant la protection juridique des salariés, le capital,
par Etat interposé, compte s’en prendre désormais aux conditions de
reproduction de la force de travail: ce seront un enseignement de masse
dégradé, un habitat social encore plus rare et plus dégradé, des
nouvelles vague de «déremboursement» (de quelle invention poétique la
novlangue n’est-elle pas capable pour suggérer le contraire de ce
qu’elle dit»!) des soins médicaux, de nouvelles «franchises médicales»
(qui affranchissent surtout l’Etat de son devoir d’assistance aux
malades impécunieux), une baisse généralisée et drastique des pensions
de retraite sciemment préparée sous couvert d’un recul de l’âge légal de
départ en retraite et d’une augmentation de la durée des cotisations
pour pouvoir accéder à une pension à taux plein, etc.
Ce que ces politiques préparent – voire
visent (sans le dire, évidemment !) – c’est le démantèlement pur et
simple des piliers institutionnels de consolidation du rapport salarial
datant de l’époque fordiste avec pour effet une aggravation de
l’émiettement du salariat entre la partie, se rétrécissant comme peau de
chagrin, qui continuera à bénéficier de l’héritage de cette
consolidation et le restant qui en sera progressivement dépossédé ou qui
sera même d’emblée placé hors de son champ.
Une seule solution: l’annulation !
Principales victimes actuelles et plus
encore potentielles des politiques d’austérité budgétaire, les salariés,
en emploi ou au chômage, sont aussi les seuls qui puissent les tenir en
échec. La radicalité même de l’attaque dont ils vont faire l’objet de
la part du capital ne peut les laisser sans réaction sous peine de
connaître une régression de leurs conditions matérielles et sociales
d’existence de caractère historique, qui serait sans précédent depuis
l’aube du capitalisme dans les formations centrales et notamment en
Europe.
L’enjeu n’est pas seulement de sauver
quelques-unes des conquêtes sociales les plus importantes des luttes
antérieures conduites par les travailleurs et leurs organisations ;
chacun doit bien avoir conscience – et ce sera un des objectifs de la
mobilisation que de faire naître et conforter une pareille conscience –
que ce qui se joue ici, c’est la préservation de ces acquis de la
civilisation que constituent la prise en charge par la société des plus
faibles et des plus démunis de ses membres: enfants et vieillards,
malades et infirmes ; bien plus, que la lutte a mené est en définitive
celle de la vie, de sa préservation, de son renforcement et de son
intensification, contre la mort: contre le règne du capital, cette
accumulation de travail mort qui ne tolère finalement de la vie que ce
qu’il peut en exploiter sous forme de travail vivant, tel un vampire qui
se perpétue et se régénère en suçant le sang de ses victime [16].
Le caractère crucial de ces enjeux ne
garantit pas pour autant qu’une telle mobilisation aura lieu ni a
fortiori qu’elle sera à la hauteur de ces derniers. D’autant plus que
cette nouvelle agression du capital intervient dans une situation de
dégradation continue du rapport des forces entre capital et travail,
conjuguant l’émiettement du salariat, l’affaiblissement de son niveau
général de combativité, l’emprise continue sur lui d’organisations
syndicales et politiques héritières de l’ancien mouvement ouvrier
social-démocrate mais aujourd’hui acquises au social-libéralisme et
toutes prêtes à enrayer, dévoyer et brader les luttes éventuelles, la
faiblesse particulière des forces anticapitalistes. Dans ces conditions,
si de telles luttes devaient cependant avoir lieu, il importerait pour
ces dernières forces d’y intervenir avec des mots d’ordre clairs.
Au minimum, il faudrait exiger que la
réduction des déficits publics se fasse moyennant non pas une réduction
des dépenses (notamment sociales), mais une hausse des recettes
fiscales, en taxant davantage le capital (et notamment le capital
financier) comme les revenus et les patrimoines des ménages riches et
aisés. Ce qui aurait la double vertu et de ne pas peser sur le niveau de
la demande (sinon marginalement sur celle des produits de luxe)
puisqu’on s’en prendra qu’à l’épargne de ces ménages et de corriger (un
peu) des inégalités de revenus et de patrimoine qui n’ont pas cessé de
se creuser au cours de ces deux dernières décennies.
Mais, plus radicalement, une
revendication de pure justice fiscale et sociale serait de répudier
l’ensemble des dettes publiques: ce ne serait que faire payer d’un seul
coup aux créanciers des Etats l’ensemble des arriérés d’impôts qu’ils
n’ont pas acquitté, en contribuant ainsi à creuser la dette publique,
tout en accumulant une épargne dont l’usage spéculatif débridé a été
directement responsable de la crise financière, dont la résolution a
dégradé une seconde fois les finances publiques. En somme, leur faire
payer le juste prix de leur incivisme et de leur rapacité.
Texte publié sur le site Alencontre : www.alencontre.org
Alain Bihr a publié récemment aux Editions page deux, Collection Empreinte, «La logique méconnue du capital» (2010)
Notes
1. Je
reprends ici la substance de deux articles antérieurs sur la dette
publique: «Sommaire rappel de quelques vérités élémentaires sur la dette
publique» A Contre-Courant, n°162, février-mars 2005 (repris sous
«Dette publique» in La novlangue néolibérale, Editons Page deux,
Lausanne, 2007) ; et «Que cache la croissance de la dette publique ?», A
Contre-Courant, n°211, janvier-février 2010..
2. Un
bloc social est un système, quelquefois fort complexe, d'alliances
hiérarchisées entre différentes classes, fractions, couches ou
catégories sociales, quelquefois rivales entre elles par ailleurs ;
alliances constituées sous la direction de l'une d'entre elles qui y
occupe ce qu’on appelle une position hégémonique ; et dont l’unité est
assurée par un réseau d’organisations communes ainsi que par une
idéologie commune.
3. Le
fait que, de nos jours, «globalisation» financière aidant, les titres de
la dette publique de l’immense majorité des Etats ne soient plus
majoritairement détenus par leurs ressortissants et contribuables, mais
puissent se concentrer entre mains de ressortissants d’autres Etats ne
modifie pas fondamentalement le raisonnement précédent: qu’elle soit
prêtée à leur propre Etat ou à des Etats tiers par l’intermédiaires des
acteurs financiers que sont les banques, les compagnies d’assurance, les
fonds de placements, etc., l’épargne des ménages fortunés et aisés
pourrait toujours être mise à contribution (dans tous les sens du terme)
pour financer les dépenses publiques par le biais de l’impôt plutôt que
par celui de la dette. Sous ce rapport, la «globalisation financière
n’a fait qu’universaliser (en mondialisant son champ d’exercice) le
procédé d’enrichissement de ces ménages qui opère par le biais de
l’endettement des Etats.
4. Le Capital, Editions Sociales, tome III, page 196.
5. Institut national de la statistique et des études économiques, «Principaux impôts par catégorie»
6. Chiffres cités par Frédéric Lordon, «L’urgence du contre-choc», Le Monde Diplomatique, mars 2010, page 9.
7. Eurostat, Newsrelease Euroindicators 55/2010, avril 2010 ; et OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, n°87, mai 2010, page 255
8. Les
credit default swaps (en français: couvertures de défaillance) sont des
contrats d’assurance destinés à garantir les créanciers contre
d’éventuels défauts de paiement de la part de leurs débiteurs. Mais,
contrairement à une classique prime d’assurance, leur niveau n’est pas
fonction de la probabilité du risque mais uniquement du rapport entre
demande et offre de ce type de contrat. De surcroît, ce type de contrat
peut s’acquérir alors même que l’on ne possède pas le titre de crédit
sur lequel il porte et que l’on encourt donc pas le risque de défaut de
paiement qu’il couvre ; c’est comme si on pouvait s’assurer contre la
destruction de la voiture du voisin ! Enfin, ce sont des titres
liquides, c’est-à-dire qu’on peut les revendre après les avoir souscrits
ou rachetés. Lorsqu’ils portent sur des titres de la dette publique
d’un Etat, leurs achats massifs provoquent, au mieux, la hausse de leurs
cours (ce qui permet aux spéculateurs de réaliser au passage des
«plus-values spéculatives), tout en nuisant au crédit des titres sur
lesquels ils portent et en faisant monter les taux d’intérêts auxquels
doivent être émis les titres suivants, dégradant ainsi réellement la
situation de l’Etat débiteur et augmentant le risque d’un défaut réel de
paiement de sa part ; au pire, ces achats massifs provoquent ce défaut
et permettent aux spéculateurs d’empocher le montant de l’assurance.
Quand on est assuré contre l’incendie de la voiture du voisin, on a
évidemment tout intérêt à la voir partir en fumée !
9. A
titre d’exemple, si les allégements de prélèvements obligatoires
introduits depuis 1999 n’existaient pas, la dette publique française
serait de 20 points de PIB inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui et la
charge des intérêts de la dette de 0,5 point de PIB inférieur à son
niveau actuel. Cf. Paul Champsaur et Jean-Philippe Cotis, Rapport sur la situation des finances publiques, La Documentation française, mai 2010, page 13
10. Banque des règlements internationaux, Bulletin trimestriel, juin 2010, pages 4-5
11. OCDE, ibid.
12. Chiffres cités par Laurent Cordonnier, «Un pays peut-il faire faillite»?», Le Monde Diplomatique, mars 2010, page 10.
13.
«Sur la crise (1): «Le triomphe catastrophique du néolibéralisme», A
Contre-Courant, n°199, novembre 2008 ; «A propos d’un excès de
plus-value», mis en ligne sur le site A l’Encontre, le 20 janvier 2009;
«Pour une approche multidimensionnelle des crises de la production
capitaliste», mis en ligne sur le site A l’Encontre le 13 juin 2009.
14.
Chiffre cité par Laurent Jeanneau et Guillaume Duval, «Zone euro: la
croissance au péril de la rigueur», Alternatives Economiques, n°293,
juillet-août 2010, page 19.
15.
Jacques Le Cacheux, «La sortie de crise sera plus dure à gérer que la
crise elle-même», Alternatives Economiques, n°291, mai 2010, page 73.
16. «Prendre aux mots la dimension mortifère du capitalisme contemporain», mis en ligne sur le site A l’Encontre le 9 juin 2010.
rougeole- Messages : 38
Date d'inscription : 09/07/2010
Age : 32
...
L’actualité de la crise: les Irlandais vont-ils montrer le chemin ? par François Leclerc
"Plus précisément, c’est l’Irlande qui devrait en être l’occasion immédiate, la crise grecque destinée à mûrir plus lentement, et l’espagnole restant toujours sur le fil du rasoir. Le cas irlandais – déjà remarqué en raison de l’ampleur de la récession qu’a connu le pays et de la rigueur du plan d’austérité qui y a été engagé – est en effet à lui tout seul un résumé exemplaire des contradictions dans lesquelles se trouve la zone euro. Comme une mise à nu des mécanismes de contagion entre dette privée et publique qui dominent la scène européenne et ne sont pas prêts d’être résolus."
Invité- Invité
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La politique du pire et ceux qui en bénéficientAuteur : Paul Jorion
"Le milieu financier croit-il sincèrement que l’on puisse faire comme avant ? Que l’on pourra empêcher que les récessions s’enchaînent les unes aux autres, comme on est en train de l’observer aujourd’hui ? Que l’on découvrira enfin la recette qui permettra à tout le monde de vivre en permanence à crédit ? Que les tensions entre déflation et hyperinflation ne conduiront pas un jour à la catastrophe ? Que le désordre monétaire, où la question qui se pose en ce moment est de savoir quelle devise chute moins vite que les autres, se résoudra de lui-même ? Ou serait-ce que les atermoiements visent plus prosaïquement à vider la caisse avant fermeture définitive ? Il reste après tout encore à plumer les pays émergents, le boom actuel sur le marché des changes prouvant que les établissements financiers se sont déjà mis à l’ouvrage ; faisons leur confiance, ils ne feront de ces pays émergents qu’une bouchée – avec, il faut bien le dire, la complicité active de ceux-ci : la Chine ne vient-elle pas d’autoriser la création de son premier hedge fund ? Les cyniques auront d’ailleurs beau jeu de demander si entre faire comme avant et vider la caisse avant liquidation, il existe bien une différence."
"Le milieu financier croit-il sincèrement que l’on puisse faire comme avant ? Que l’on pourra empêcher que les récessions s’enchaînent les unes aux autres, comme on est en train de l’observer aujourd’hui ? Que l’on découvrira enfin la recette qui permettra à tout le monde de vivre en permanence à crédit ? Que les tensions entre déflation et hyperinflation ne conduiront pas un jour à la catastrophe ? Que le désordre monétaire, où la question qui se pose en ce moment est de savoir quelle devise chute moins vite que les autres, se résoudra de lui-même ? Ou serait-ce que les atermoiements visent plus prosaïquement à vider la caisse avant fermeture définitive ? Il reste après tout encore à plumer les pays émergents, le boom actuel sur le marché des changes prouvant que les établissements financiers se sont déjà mis à l’ouvrage ; faisons leur confiance, ils ne feront de ces pays émergents qu’une bouchée – avec, il faut bien le dire, la complicité active de ceux-ci : la Chine ne vient-elle pas d’autoriser la création de son premier hedge fund ? Les cyniques auront d’ailleurs beau jeu de demander si entre faire comme avant et vider la caisse avant liquidation, il existe bien une différence."
Invité- Invité
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Oui, la classe ouvrière française, tout le peuple français, tous les peuples du monde, commencent a en avoir marre des gardiens des structures capitalistes et de la dégradation de la planète. L'oppression et les répressions dépassent les bornes. Ils en ont marre de l'asservissement aux lois absurdes du libéralisme et s’emparent de plus en plus du champ politique afin de mettre le nez dans les déboires de ces coûteux dirigeants voyous. Alors que ces « élites professionnelles » se soucient exclusivement de leur entourage comme nous pouvons le voir chaque jour, les justes ripostes sociales, solidaires, s’activent, et les alternatives salvatrices logiques, simples et efficaces, s'amoncèlent. Oui, la crise globale est là, ancrée et va en empirant. Nous devons y mettre un terme ! Nous devons stopper les violentes et meurtrières concurrences du commerce internationale.
Nous sommes en 2010 et contre vents et marées les exploiteurs le confirment: « ce n’est pas à nous de payer les pots casser, c’est au peuple ». Notre réponse doit dépasser la hauteur de leur méprisable commandement.
Les dégâts que nous constatons et déplorons, déjà considérables, vont s’accroître. Il est inéluctable que le fin mot de l’histoire de cette crise soit porté par les multiples peuples de la Terre. Plus que jamais nous sommes tous acteurs et responsables du résultat, de notre futur ! Nous nous devons d’agir ! Soit, dignement, en commençant par envoyer balader les profiteurs lors d'une large coopération nationale et internationale, soit, lâchement, en nous soumettant à la cruauté aveugle politico-financière. Notre avenir dépend des réponses que nous apportons. L’avenir de nos enfants dépend des choix que nous faisons aujourd’hui. Une partie des françaises et des français en a gros sur la patate et n’ose encore s’exprimer. Qu’elle ne tremble pas ! Qu’elle ne s’abstienne pas ! Qu’elle balance sans hésitation et avec force ce qu’elle a accumulé sur le cœur ! Non, la politique n’est pas réservée qu’à une minorité. Il ne faut pas laisser raconter cela ! Depuis des décennies se sont les mêmes "experts" complaisants qui, se penchant plus sur la qualité des dirent que sur le juste fond, célébrant l’ordre sociale, faiseurs d’opinion, « bourreurs » de mous, se pavanent et prennent part à leur légitimation intellectuelle. Voilà, décomplexée, le sentiment méritoire de l'unité de la classe qui se dit « pensante ». Voilà, prémaché et vomie en boucle le « parfait pluralisme démocratique des médias », participant à la disqualification de toute contestation populaire ! Réussissant durant toutes ces années à dégoûter de la politique un grand nombre. C'est dégueulasse ! Et ce sont les mêmes quiches qui après avoir chanter les louanges de ce système que nous savons injuste qui reviennent à l'assaut et nous disent qu’il est en train de s’écrouler et menace de nous faire périr avec. Et ils sont toujours là à la radio, à la télé, à nous gonfler, à faire barrage à la réelle opposition et à l'information. Quelle jouissif temps fraternel ne vivons-nous pas !
Diviser pour régner et profiter ! Combien de temps ce leitmotiv va-t-il encore fonctionner ? Oui, c'est au peuple de prendre la direction des opérations et d'enchaîner les victoires indispensables ! Mais ce n'est évidemment pas l'avis de ce gouvernement sectaire, raciste, qui veut nous voir la fermer, rentrer dans les rangs et oublier ce pour quoi nos anciens se sont battus. Effectivement, seules d'humbles résistances, de lucides décisions nous sortirons de ce carcan dans lequel ces crapules d'accapareurs veulent nous garder. Aujourd'hui et pour toujours, contre ce système et ses champions du détournement d'argent, je lève mon point en soutien à toutes les partisanes et tous les partisans anticapitalistes, pour une autre France, une autre Europe et pourquoi-pas un autre monde. Soyez fiers de ce que vous faites, bon courage !
Invité- Invité
Où va la crise
Au sujet de la réponse de Papillon du 30 Aout
Ce serait bien que tu précises quelles solutions sont préconisées dans les programmes dont tu parles.
Pour moi une autre question se pose: qu'entend t'on par modifier les structures du système?
Ce système peut-il être modifié? ou réformé? ou alors il est en faillite et entraine l'humanité à sa perte.
De cette appréciation dépend les perpspectives et les moyens que l'on se donne pour dépasser le capitalisme et construire une société non pas basée sur le profit mais la satisfaction des besoins de l'humanité.
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
Ce serait bien que tu précises quelles solutions sont préconisées dans les programmes dont tu parles.
Pour moi une autre question se pose: qu'entend t'on par modifier les structures du système?
Ce système peut-il être modifié? ou réformé? ou alors il est en faillite et entraine l'humanité à sa perte.
De cette appréciation dépend les perpspectives et les moyens que l'on se donne pour dépasser le capitalisme et construire une société non pas basée sur le profit mais la satisfaction des besoins de l'humanité.
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
lucas- Messages : 7
Date d'inscription : 02/08/2010
...
lucas a écrit:Au sujet de la réponse de Papillon du 30 Aout
Ce serait bien que tu précises quelles solutions sont préconisées dans les programmes dont tu parles.
Pour moi une autre question se pose: qu'entend t'on par modifier les structures du système?
Ce système peut-il être modifié? ou réformé? ou alors il est en faillite et entraine l'humanité à sa perte.
De cette appréciation dépend les perpspectives et les moyens que l'on se donne pour dépasser le capitalisme et construire une société non pas basée sur le profit mais la satisfaction des besoins de l'humanité.
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
Ce système est encore en faillite et entraine effectivement une partie de l'humanité à sa perte, toute la biodiversité est touchée. Les rustines misent en place ne profiteront qu'un temps à une minorité ! Tout dépend de la capacité des peuples à réagir. Il faut changer de logiciel, donc "détruire" pour certains ou "modifier" pour d'autres (sachant que pour certaines structures capitalistes, quelques modifications suffisent pour qu'elles ne soient plus capitalistes du tout), remplacer les structures des institutions et des constitutions inacceptables et reconstruire une nouvelle Europe -puisque c'est une bonne base de travail-. Le but étant le socialisme du XXIe siècle crée à partir de valeurs qui ne font pas long feu dans ce système "psychopathe" comme l'humilité, le partage, la transparence, la solidarité, une réelle démocratie, etc.
« La classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’État et de la faire fonctionner pour son propre compte » Marx.
Les travailleurs, les peuples, ne peuvent pas se contenter de prendre telle quelle la machine productive capitaliste et de la faire fonctionner pour leur propre compte : ils doivent la transformer radicalement.
Comment ? En ce qui me concerne, j'approuve le NPA qui propose de commencer les luttes sur le terrain: Grève Générale Illimitée ! Jusqu'à satisfaction du peuple. C'est simple, logique et efficace.
Invité- Invité
Re: Où va la crise ?
BFM Radio, lundi 6 septembre 2010 à 10h46 – Désordres monétaires et émeutes de la faim Auteur : Paul Jorion
"L’accaparement fait l’actualité en ce moment, ainsi, le fret maritime est à ce point bon marché en l’absence d’une reprise économique, que des cargos inutilisés pour le transport sont mobilisés pour le stockage de gaz naturel liquide. Cela donne lieu à des comptes d’apothicaire : de combien peut-on faire grimper le prix en accaparant, alors que l’on perd du gaz liquide par « ébullition », parce qu’il se réchauffe au stockage ?"
Invité- Invité
Où va la crise
Pour répondre à Papillon du 7 septembre.
Le système capitaliste est un tout, ses lois s’imposent à l’ensemble du corps social et productif. Je vois mal comment quelques modifications peuvent faire qu’au sein du capitalisme des parties celui-ci ne soient plus capitalistes comme tu le dis ! On sait ce qu’il en est advenu du réformisme dans l’histoire, de Bernstein, aux Partis socialistes au pouvoir par exemple.
Et comme tu cites Marx justement, la question qui est posée aujourd’hui c’est celle de changer de système et ce changement ne peut passer que par la destruction du capitalisme. La transformation radicale de la société passe d’abord par un acte politique, la Révolution, puis ensuite par une transformation des rapports de production que l’on orientera non plus vers le profit mais vers la satisfaction des besoins et cela ce n’est plus le capitalisme, c’est la marche vers le communisme. Ce processus exclu comme tu le dis de « remplacer les structures des institutions et des constitutions inacceptables et reconstruire une nouvelle Europe ».
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
Le système capitaliste est un tout, ses lois s’imposent à l’ensemble du corps social et productif. Je vois mal comment quelques modifications peuvent faire qu’au sein du capitalisme des parties celui-ci ne soient plus capitalistes comme tu le dis ! On sait ce qu’il en est advenu du réformisme dans l’histoire, de Bernstein, aux Partis socialistes au pouvoir par exemple.
Et comme tu cites Marx justement, la question qui est posée aujourd’hui c’est celle de changer de système et ce changement ne peut passer que par la destruction du capitalisme. La transformation radicale de la société passe d’abord par un acte politique, la Révolution, puis ensuite par une transformation des rapports de production que l’on orientera non plus vers le profit mais vers la satisfaction des besoins et cela ce n’est plus le capitalisme, c’est la marche vers le communisme. Ce processus exclu comme tu le dis de « remplacer les structures des institutions et des constitutions inacceptables et reconstruire une nouvelle Europe ».
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
lucas- Messages : 7
Date d'inscription : 02/08/2010
Re: Où va la crise ?
lucas a écrit:Pour répondre à Papillon du 7 septembre.
Le système capitaliste est un tout, ses lois s’imposent à l’ensemble du corps social et productif. Je vois mal comment quelques modifications peuvent faire qu’au sein du capitalisme des parties celui-ci ne soient plus capitalistes comme tu le dis ! On sait ce qu’il en est advenu du réformisme dans l’histoire, de Bernstein, aux Partis socialistes au pouvoir par exemple.
Et comme tu cites Marx justement, la question qui est posée aujourd’hui c’est celle de changer de système et ce changement ne peut passer que par la destruction du capitalisme. La transformation radicale de la société passe d’abord par un acte politique, la Révolution, puis ensuite par une transformation des rapports de production que l’on orientera non plus vers le profit mais vers la satisfaction des besoins et cela ce n’est plus le capitalisme, c’est la marche vers le communisme. Ce processus exclu comme tu le dis de « remplacer les structures des institutions et des constitutions inacceptables et reconstruire une nouvelle Europe ».
Lucas - sympathisant de la Gauche Communiste.
Lucas, peux-tu m'expliquer par étape, disons sur un an, comment se passe la révolution, la destruction du capitalisme, la transformation des rapports de productions, dans un seul pays comme la France. Le tout sans prise d'arme.
En ce qui me concerne le communisme est un moyen non une fin et le socialisme du XXIe siècle n'est possible que lors d'une coopération internationale. Oui, quelques modifications par des lois de la structure même du capitalisme fait tomber des pans entiers de ce dernier et donc entérine sa destruction. Une image: le peuple coupe la tête du roi, la cour se soumet et le peuple est satisfait. Le capitalisme détruit est remplacer par quel autre système économique ? Donne moi des détails.
Invité- Invité
...
...l'objectif étant:
(1) de développer l’écologie au sein des luttes sociales et le social au sein des luttes écologistes
(2) de proposer un plan d’urgence social et écologiste qui doit forcément s’attaquer à la propriété privée et la logique du profit
(3) de préserver les ressources et répartir les richesses
(4) d'interdire les licenciements: en effet, concernant l’automobile, le transport routier ou le nucléaire, il faut une sortie de ces modes de production et de transports, mais assorti d’un vrai plan de reconversion à discuter avec les syndicats et les associations de l’environnement. Sinon écologie et emploi se retrouvent en concurrence et rien n’est pire
(5) de réinvestire dans la santé et les conditions de travail
(6) Pour limiter la casse climatique, de mettre en œuvre un plan d’urgence qui se décline par grands secteurs économiques - transport,
habitat, agriculture, industrie et énergie-, sans perdre de vue que tous ces domaines sont liés, ce qui implique une cohérence globale des
transformations à mener. Il faut d’abord réduire à la source les émissions de GES par une série de mesures qui concernent tous les
secteurs
(7) de réclamer de nouveaux services publics: un service public unifié du transport (SNCF, routes, bus, location de voitures) permettrait d’organiser les changements structurels sans pénaliser les salariés des différents secteurs. Ce service public doit être démocratique avec une prise en charge en partie décentralisée des besoins par les salariés et les usagers
( d’isoler massivement les logements avec un service public du logement qui permette l’accès au logement pour tous et leur rénovation
(9) de créer un service public unifié de l’énergie (EDF, AREVA, TOTAL) avec appropriation collective des profits. Ce service doit mettre
en œuvre une politique tarifaire avec comme principe, une tarification progressive plus chère pour les gaspillages qui financent la gratuité
d’un socle commun, qui correspond aux besoins
(10) de défendre une agriculture paysanne de proximité avec un contrôle public de la distribution en s’appropriant les profits de la grande distribution
...
Et pourquoi-pas 365 propositions, une par jour ? (les 365 B.A. du NPA !)
Invité- Invité
Foutage de gueule
(le collatéral: après que le bien aura été mis en gage, il sert de collatéral au prêt, et si je faillis à le rembourser, la banque n'hésitera pas à le saisir, à le revendre ensuite pour tenter de récupérer le montant de sa mise)
...
Le crédit à la production
Troisième cas de figure après les exemples de crédits contractés pour l'achat d'un réfrigérateur ou d'un logement: la moisson. Cette fois, j'emprunte pour pouvoir cultiver mon champ. Le "collatéral" -la garantie de l'emprunt- n'est plus ici une maison, mais une moisson, or celle-ci n'existe pas dans le présent, mais est encore à venir. Même question que dans les deux cas précédents: la moisson m'aidera-t-elle à trouver l'argent nécessaire au remboursement des frais qu'elle aura nécessités ? La réponse ici est: "parfaitement", et c'est elle qui justifie, comme je l'ai déjà annoncé, que j'aie posé la question, lors des deux illustrations précédentes, celle du réfrigérateur et du logement: c'est cette moisson qui est en réalité hypothéquée, elle sert, si l'on veut de "collatéral", mais elle fait en réalité bien mieux encore: elle constitue la richesse nouvelle qui sera partagée entre moi, le laboureur-semeur-moissonneur, et celui qui a consenti les avances que constitue le prêt, lequel représente très précisément le capital qui aura fructifié. C'est en réalité, comme on va le voir, à partir de cas comme celui-ci, de crédit à la production, que le principe du prêt à intérêts a été mis au point.
Pour comprendre pleinement son mécanisme, il faut repartir d'abord de la vieille notion de métayage (en anglais sharecropping). Au départ, un rapport de forces: j'ai deux acteurs, l'un dispose de ressources qu'il peut avancer (de la terre, des outils, etc.), l'autre qui ne dispose que de sa force de travail. Ils concluent un contrat: le propriétaire met ses ressources à la disposition du métayer et, un an plus tard, celui-ci lui retourne une part de ce qu'il a pu produire -disons: une part sur 10 de sa récolte. Ce système de métayage est traditionnel dans la petite pêche, il est pratiqué dans le monde entier et on l'appelle alors "système à la part" (en anglais share system).
A la fin de l'année, le propriétaire récupère sa terre, son matériel -je simplifie ici: je ne parlerai pas de dépréciation, d'amortissemnt, etc.-, plus sa part sur 10, tandis que le métayer conserve 9 parts, moins les semences dont il aura besoin l'année suivante. Au début de l'année, on avait donc terre + outils, et à la fin on a terre + outils + récolte (qui se redistribu en 1 part pour le propriétaire et 9 parts pour le métayer). Il y a surplus, et le surplus c'est la récolte.
D'où vient la moisson ? L'économétricien Cantillon et le physiocrate Quesnay le savaient déjà au XVIIIe siècle, et Georges Bataille a repris l'idée au XXe dans La part maudite (1949): de l'action combinée des avances du propriétaire, du travail du métayer, et de la terre, de la pluie et du soleil. Bataille appelait cela "ébullition du monde". La moisson peut ainsi se résumer à l'aide de l'équation simplifiée: avances + travail + soleil.
Ce qu'on appelle généralement croissance, c'est ce que j'appelle ici "surplus": ce qu'on a obtenu à l'arrivée, déduction faite des avances qui avaient été consenties, soit travail + soleil. Le propriétaires reçoit sa part, disons (travail + soleil) / 10.
Dans un deuxième temps, le propriétaire dit au métayer: "Ecoutez, je n'ai pas la place chez moi pour engranger tout ce foin. Allez vendre tout ça au marché, et vous me donnerez 10% de ce que ça vous aura rapporté." Le métayer vend sa récolte et revient avec un paquet de billets dans sa poche: il a transformé sa récolte en argent; les billets dans sa poche représentent toujours, tout comme la moisson qu'il a vendue, travail + soleil.
Dans un troisième temps, le propriétaire dit cette fois au métayer: "Ecoutez, je n'ai pas le temps de m'occuper de vérifier ce que vous gagnez à la fin de l'année. Je reçois de vous parfois un peu plus, parfois un peu moins, en fonction de votre récolte. J'aimerais mieux qu'on regarde ce que vous m'avez versé, disons au cours des cinq dernières années, qu'on en calcule la moyenne et que vous me versiez désormais cette somme comme un fixe." Le système a désormais changé de nature: on est passé d'une logique de métayage à une logique de location, et, dans ce cas de figure, du point de vue de la récolte, le propriétaire recevra parfois (travail + soleil) / 11, parfois (travail + soleil) / 9, etc.
Dans ce cas de la location, le loyer étant cette fois un fixe, il est alors plus simple d'utiliser comme étalon la valeur des avances plutôt que celle du surplus. On dira dans ce cas que le loyer est, disons: avances / 20. Soit, traduit en termes de taux d'intérêt: 5 % par an. Inversement, si l'on voulait, selon la récolte, exprimer l'ancienne "part" par rapport aux avances, la part serait parfois de 6 %, parfois de 4 %, etc. Ce qui n'aurait pas changé, ce serait le fait que ces 6 % ou ces 4 % soient toujours ponctionnés de même manière sur travail + soleil.
Quarième temps: il fait intervenir cette fois l'intermédiation. Le propriétaire demande maintenant à un intermédiaire de collecter le loyer du métayer. Celui-ci verse les intérêts à cet intermédiaire que j'appellerai, pour plus de commodité, "banquier". La source des versements demeure toujours travail + soleil. Le banquier se rémunère à l'occasion de la transaction: le métayer lui verse 5,5 % et il verse, disons, 4,5 % au propriétaire, conservant 1 % pour lui (c'est la marge bancaire, déjà évoquée).
On aura compris du rapprochement de nos trois illustrations (le crédit à la consommation, le crédit au logement, le crédit à la production) que c'est effectivement le cas où les fonds prêtés constituent des avances -le dernier des trois cas examinés- qui définit le cadre le plus général au sein duquel les autres peuvent être interprétés.
Le crédit à la consommation constitue un dévoiement du crédit à la production qui l'a précédé historiquement, et se pose la question de savoir si la logique qui règle ce dernier aurait jamais dû s'appliquer au premier. Ma réponse est "non", comme on l'aura deviné...
La distinction entre crédit à la production et crédit à la consommation est cependant essentielle: ce dernier n'aurait jamais dû être; il a été engendré par l'histoire de nos sociétés dont la richesse a été confisquée dès l'origine par les guerriers, puis par ceux qui ont pris leur place lorsqu'il s'est avéré que l'argent accumulé conférait des pouvoirs aussi grands que ceux qui, au début, découlaient uniquement du recours à la force: celui de subordonner le temps des autres au sien propre. Le fait que l'on parlait autrefois, pour les intérêts réclamés dans le crédit à la consommation, d'"usure" plutôt que d'intérêts se fondait sur cette observation qu'une logique réglant la production avait été transposée abusivement du lieu où elle avait sa place vers un autre, la consommation, où elle pallie simplement la distribution hétérogène de l'argent au sein des populations.
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Plus les capitaux se trouvent absents de l'endroit où ils peuvent être utilisés à bon escient, plus l'on constatera que des intérêts auront été générés. Un corollaire immédiat en est que plus le capital est concentré, moins il est probable qu'il se trouvera à l'endroit optimal pour sa fructification.
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Dans le cas des prêts à la consommation, le montant du prêt sert à acheter un objet; or il n'existe qu'une relation très lointaine entre l'objet acheté et les intérêts qu'il faudra verser, et l'emprunteur devra donc ponctionner son salaire; dans ce cadre des prêts à la consommation, le versement d'intérêts est problématique, et lorsque le prêt se contente de suppléer un salaire insuffisant, les intérêts à verser sont manifestement iniques.
Si le capital a pu donner l'impression à son détenteur qu'il fructifiait de lui-même (et cette implication est inscrite dans notre comptabilité de la valeur actualisée), c'est qu'aux yeux de celui ou de celle qui l'emprunte les intérêts apparaissent comme une ponction légitime, justifiée par le fait qu'il ou elle n'aurait rien pu faire sans l'avance qui lui a été consentie. Il n'en demeure pas moins que les intérêts sont des commissions à régler en raison du fait que les fonds ne se trouvent pas au bon endroit - le capital, je l'ai dit en introduction, est l'argent quand il nous manque. Du fait que le capital ne se trouve pas là où il devrait être pour pouvoir intervenir comme moyen de production ou comme bouche-trou de revenus insuffisants, celui qui l'amène au bon endroit fait payer sa participation en invoquant le fait qu'il en est, après tout, le propriétaire.
Il y a à cela plusieurs conséquences. D'abord la spoliation de celui ou de celle qui produit la richesse en apportant sa force de travail, mais qui en est privé d'une part plus ou moins énorme, ayant dû se procurer ailleurs les avances nécessaires. Il y a aussi que plus l'allocation des fonds est hétérogène au départ, autrement dit plus il y a concentration des capitaux, plus il y aura d'intérêts à verser soit pour la production, soit pour la consommation, et plus aussi le prix final des choses aura gonflé, car il contiendra une part toujours plus grande d'intérêts.
Extraits de L'argent, mode d'emploi de Paul Jorion (Fayard, 2009)
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Les écrans de fumée des profiteurs nuisent à la santé des peuples !
Les branquignoles capitalistes font dans leurs couches !
L’actualité de la crise: pour prévenir, il faudrait guérir, par François Leclerc
"Ce ne sont ni les dernières prévisions de l’OCDE, ni celles que le FMI vient de rendre public dans une note de préparation destinée aux participants du prochain G20, qui viendront contredire ce sinistre présage. Nous sommes partis pour connaître dans la zone occidentale une longue période de très faible croissance économique – mesurée suivant la méthodologie actuelle – et en subir des conséquences économiques et sociales qui commencent seulement à être entrevues. En particulier en terme de persistance d’un taux élevé de chômage – dont il va falloir se résoudre à reconnaître qu’il est devenu structurel – d’extension des zones de pauvreté et d’accroissement de la précarité au sein de ce que l’on appelle les classes moyennes, dont les soubassements économiques et sociaux sont destinés à être progressivement sapés. Lentement le rideau se lève et un nouveau décor apparaît avant que les projecteurs ne l’éclairent plein feu."
Invité- Invité
... à la mord-moi-le-jonc...
Mon avis est que le programme d'urgence du NPA qui a pour objectif de préparer le socialisme du XXIe siècle par l’appropriation sociale des services et des branches essentiels - c'est à dire existants - sous le contrôle des salarié-e-s et de la population ne commande pas qu'une structure européènne existante - une banque européènne - soit d'abord détruite et reconstruite pour être opérationnelle rapidement afin d'augmenter les salaires, les pensions de retraite, les minima sociaux et satisfaire les besoins de la population. La destruction de ce système est obligatoire biensur et la réorganisation de l'économie est primordiale. Je n'ai pas la science infuse et je peux me gourer. Dans ce cas, mille excuses et donc qu'on me mette au parfum ou que l'on me rappelle ce que j'ai omis en chemin !
Dernière édition par papillon le Lun 13 Sep - 16:52, édité 1 fois
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