Islamophobie
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Re: Islamophobie
Voici ce que j'ai écrit:
Voici ce que me répond Vals:
Et ce que me répond Achille:
Vals a raison sur un point, assez intéressant, la question du voile en effet a dans votre beau pays un fond colonial. Et vérié a raison de renvoyer le militant de LO à son prédécesseur anti-voile célèbre, le général Massu.
Parce que ce que montre la question du voile, c'est la propension des partis Français, LO, FN, Ump, PS, PG à civiliser, émanciper par la force et la contrainte, bref à perpétuer un paternalisme et un autoritarisme typiquement colonial sur les cultures et religions minoritaires.
On n'est pas sur un fil sur les sans-papiers, ni sur les Kanaks, ni sur les ROMs, ni sur d'autres questions nationales ou de discrimination. Que Vals et Achille me reprochent d'oublier les sans-papiers ou les ROMs dans un fil sur l'islamophobie montre assez le sérieux. Puisque sur un fil traitant de l'homophobie, je parle de l'homophobie, que sur un fil traitant de l'islamophobie je parle de l'islamophobie, cela veut dire que toutes les autres discriminations n'existent plus à mes yeux... Comiques, va...
Fondamentalement, ce que dit vérié conforte mon analyse de l'existence d'un front raciste. Certes, il ne s'agit pas du front constitué, institutionnalisé, mais bien de frapper ensemble tout en marchant séparé. Frapper ensemble les musulmanes visibles, les exclure, les intimider, les insulter ("sous-femmes", dit le camarade de LO, Vals), les accuser de toutes les arriérations (moyenâgeuses), les licencier, etc... A Aubervilliers, c'est la Présidence qui a interdit toute démarche d'apaisement au proviseur et qui a imposé le conseil de discipline réclamé et tenu par des cadres de LO et de la LCR... On a vu se former un front du même genre pour licencier une travailleuse musulmane à qui on ne reprochait que son voile.
LO, vérié n'est pas antimusulmane pour combattre le NPA ou la LCR. L'alliance LO-LCR de 2004 a été portée sur les fonds baptismaux sur fond d'affaire d'Aubervilliers et du tandem qu'y a formé PF Grond. La LCR a viré de bord à ce moment et s'est alignée sur PF Grond et LO. Dans la LCR les plus acharnés contre les musulmanes voilées ont été les républicains déclarés ou honteux, et les gens issus de VDT, Raymond, Galia, Yvan, Séverine, la section de Valenciennes créée par Raymond... Avec les mêmes accents que Vals et cie, que LO le plus souvent.Ensuite savoir si les militants de LO sont racistes, quelle importance? C'est les chevaux légers du front islamophobe. Evidemment LO n'est pas une orga raciste, pas encore, mais elle y va tout droit, et bon nombre de ses militants le sont. En tout cas, Vals l'est et il le démontre régulièrement lorsqu'à l'occasion il se lâche. Il n'est pas le premier sur ce forum et on le voyait s'enthousiasmer pour Chalot et son joli site, pour Riposte Laïque, etc... jusqu'à ce que la liaison revendiquée avec les Identitaires ne fasse trop tache sur son rouge. LO forme ses militants au racisme antimusulman. Depuis longtemps, au moins 10 ans, avec les saletés de Djavann que Poutou idolâtre (tiens, encore un de VDT, est-ce aussi un hasard?) et que Vals et tous les gens de LO sur ce forum défendent.
La question centrale dans un fil sur l'islamophobie est de savoir ce qu'il faut faire pour la combattre.
Je vois beaucoup d'énergie à débattre avec des racistes antimusulmans se réclamant de la gôche pour certains, de la révolution pour d'autres, mais aucune proposition de travail et d'orientation. Aucune proposition de construction de structures ad-hoc. Il n'y aura même pas de "touche pas à mon pote".
On doit parfaitement soutenir les gens qui se battent dans la communauté musulmane contre les courants d'extrême droite religieuse.
(...)
Certes, il y a des courants d'extrême droite musulmane, comme il y a des courants d'extrême droite chrétiens, bouddhistes, obscurantistes, et bien d'autres choses encore. Certes ces courants font leur miel du détournement des révoltes collectives et individuelles en les dénaturant et en donnant un paravent tout fait à l'impérialisme et à la Bourgeoisie. Certes il y a des femmes voilées de force, certes il y a bien des pays où l'Islam, religion d'état a le rôle du catholicisme dans l'Ancien Régime en France. Certes le masculinisme se donne souvent pour justification la religion.
Voici ce que me répond Vals:
(...)Le vrai racisme, c'est Toussaint et ses pareils.
Qui tentent de transformer le véritable et indispensable anti-racisme militant en mouvement de défense de l'obscurantisme...
Qui tentent de faire oublier le vrai racisme et la xénophobie, en ne parlant que d'une religion qu'il faudrait privilégier.
(...)
Le racisme évident de Toussaint, c'est celui qui consiste aussi à considérer que certaines catégories de femmes n'ont pas besoin d'avoir les mêmes droits, la même liberté sexuelle et sociale, sous prétexte qu'ont peut les laisser crever dans les tenailles religieuses et machistes....et comme il le dit si bien, elles aiment ça....
Cet antiracisme à géométrie variable, donc un racisme authentique, c'est celui du Monde Diplo et de quelques intellectuels égarés, pour qui la lutte de classe et l'internationalisme ont laissé place au relativisme culturel, à l'éloge du communautarisme et à un anti-impérialisme de pacotille, à la remorque des courants les plus réactionnaires du tiers-monde...
l'on voit de pseudo-marxistes se vautrer dans un paternalisme neocolonial vis à vis d'une religion qu'ils considèrent comme vénérable puisqu'ils lui assignent d'être celle des pauvres immigrés arabes ...qu'ils n'imaginent pas attirer dans leur rêts autrement qu'en flattant les préjugés les plus réacs et sexistes
Et ce que me répond Achille:
Ces grands diviseurs qui charcutent l'antiracisme entre le "bon" et le "mauvais" vont finalement un jour rejoindre frère Tarik, Dieudonné, oumma.com ou même les pire obscurantistes qui ont le mépris de la démocratie, des conquêtes sociales, des femmes... les adeptes de Lefebvre ou l'institut Civitas, ... Toussaint me fait penser à la Dame Patronnesse chantée par le grand Jacques
Vals a raison sur un point, assez intéressant, la question du voile en effet a dans votre beau pays un fond colonial. Et vérié a raison de renvoyer le militant de LO à son prédécesseur anti-voile célèbre, le général Massu.
Parce que ce que montre la question du voile, c'est la propension des partis Français, LO, FN, Ump, PS, PG à civiliser, émanciper par la force et la contrainte, bref à perpétuer un paternalisme et un autoritarisme typiquement colonial sur les cultures et religions minoritaires.
On n'est pas sur un fil sur les sans-papiers, ni sur les Kanaks, ni sur les ROMs, ni sur d'autres questions nationales ou de discrimination. Que Vals et Achille me reprochent d'oublier les sans-papiers ou les ROMs dans un fil sur l'islamophobie montre assez le sérieux. Puisque sur un fil traitant de l'homophobie, je parle de l'homophobie, que sur un fil traitant de l'islamophobie je parle de l'islamophobie, cela veut dire que toutes les autres discriminations n'existent plus à mes yeux... Comiques, va...
Fondamentalement, ce que dit vérié conforte mon analyse de l'existence d'un front raciste. Certes, il ne s'agit pas du front constitué, institutionnalisé, mais bien de frapper ensemble tout en marchant séparé. Frapper ensemble les musulmanes visibles, les exclure, les intimider, les insulter ("sous-femmes", dit le camarade de LO, Vals), les accuser de toutes les arriérations (moyenâgeuses), les licencier, etc... A Aubervilliers, c'est la Présidence qui a interdit toute démarche d'apaisement au proviseur et qui a imposé le conseil de discipline réclamé et tenu par des cadres de LO et de la LCR... On a vu se former un front du même genre pour licencier une travailleuse musulmane à qui on ne reprochait que son voile.
LO, vérié n'est pas antimusulmane pour combattre le NPA ou la LCR. L'alliance LO-LCR de 2004 a été portée sur les fonds baptismaux sur fond d'affaire d'Aubervilliers et du tandem qu'y a formé PF Grond. La LCR a viré de bord à ce moment et s'est alignée sur PF Grond et LO. Dans la LCR les plus acharnés contre les musulmanes voilées ont été les républicains déclarés ou honteux, et les gens issus de VDT, Raymond, Galia, Yvan, Séverine, la section de Valenciennes créée par Raymond... Avec les mêmes accents que Vals et cie, que LO le plus souvent.Ensuite savoir si les militants de LO sont racistes, quelle importance? C'est les chevaux légers du front islamophobe. Evidemment LO n'est pas une orga raciste, pas encore, mais elle y va tout droit, et bon nombre de ses militants le sont. En tout cas, Vals l'est et il le démontre régulièrement lorsqu'à l'occasion il se lâche. Il n'est pas le premier sur ce forum et on le voyait s'enthousiasmer pour Chalot et son joli site, pour Riposte Laïque, etc... jusqu'à ce que la liaison revendiquée avec les Identitaires ne fasse trop tache sur son rouge. LO forme ses militants au racisme antimusulman. Depuis longtemps, au moins 10 ans, avec les saletés de Djavann que Poutou idolâtre (tiens, encore un de VDT, est-ce aussi un hasard?) et que Vals et tous les gens de LO sur ce forum défendent.
La question centrale dans un fil sur l'islamophobie est de savoir ce qu'il faut faire pour la combattre.
Je vois beaucoup d'énergie à débattre avec des racistes antimusulmans se réclamant de la gôche pour certains, de la révolution pour d'autres, mais aucune proposition de travail et d'orientation. Aucune proposition de construction de structures ad-hoc. Il n'y aura même pas de "touche pas à mon pote".
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Dégradations d'une vingtaine de tombes dans le carré musulman du cimetière de Vitry-sur-Seine
Probablement des gens qui veulent lutter contre l'obscurantisme...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
La question de créer des structures spécialisées dans la lutte contre l'islamophobie, c'est encore un autre débat. Tu dois savoir que LO n'a jamais créé de structures spécialisées (femmes, Chili, logement, racisme, CPE etc) contrairement à la LCR dont c'était l'attitude systématique. LO a tout au plus parfois soutenu certaines structures qui se sont créées en dehors d'elle : SOS au tout début, NPNS, DAL, quelques comités locaux.Toussaint
Je vois beaucoup d'énergie à débattre avec des racistes antimusulmans se réclamant de la gôche pour certains, de la révolution pour d'autres, mais aucune proposition de travail et d'orientation. Aucune proposition de construction de structures ad-hoc. Il n'y aura même pas de "touche pas à mon pote".
La question de savoir pourquoi LO a adopté ces positions est intéressante en effet.LO, vérié n'est pas antimusulmane pour combattre le NPA ou la LCR. L'alliance LO-LCR de 2004 a été portée sur les fonds baptismaux sur fond d'affaire d'Aubervilliers et du tandem qu'y a formé PF Grond.
Si l'on considère le panorama politique, on constate :
-Du côté des partisans de l'interdiction du voile : l'extrême-droite, la droite, la majorité de la gauche (PS/PG/une partie du FdG), une partie du NPA, LO, le clan des "féministes laico-bourgeoises" (Badinter, Fourest etc)
-Du côté des opposants aux lois et campagnes islamophobes : une partie du NPA, une partie des Verts, diverses personnalités féministes et intellectuelles (Delphy, Benbassa, Tevanian etc), divers petits groupes d'EG, une partie importante du PCF.
Il y a donc une division assez nette qui partage une partie de la gauche et de l'extrême-gauche. Seule LO et... la droite ne sont pas divisées sur la question.
Il est possible, au départ, que LO ait été influencée par "ses" enseignants et soit tombée dans le panneau de NPNS. Mais LO en a fait ensuite une véritable arme contre le NPA à l'époque d'Ilhem Moussaid. L'hostilité au voile est devenue un label féministe LO permettant à cette organisation d'en remontrer à la LCR/NPA qui a longtemps critiqué l'absence d'intervention de LO sur ce terrain. De plus, quand on s'engage en terrain inconnu, on commet généralement des erreurs. La LCR, plus avertie, mieux au fait des positions des courants féministes, n'a jamais entretenu d'illusion sur NPNS et Fadela Amara, ou du moins s'en est clairement démarquée beaucoup plus tôt.
Autres problèmes de LO, c'est d'une part que LO ne revient jamais sur ses erreurs, d'autre part que LO a tendance à tordre fortement le baton quand il s'agit de polémiquer avec les autres groupes. (Exemple : "l'écologie préoccupation de bobos").
Donc LO a chauffé ses militants en cognant sur les suppôts des islamistes. Et quiconque ne partageait pas ses positions devenait un suppôt des islamistes. A cela s'ajoute une paresse intellectuelle de militants qui ont cru trouver leur bonheur dans la lecture de Fourest, Djavann et cie. Enfin, LO est une organisation monolithique où il est difficile de faire entendre un point de vue critique. Dans cette ambiance, il eut fallu être kamikaze...
Dès lors, il devenait impossible, dans ce climat, que des voix contestataires s'élèvent au sein de LO, sous peine d'être immédiatement dénoncées comme complices des religieux, ennemies des femmes. A mon avis, la politique identitaire et sectaire de la direction de LO a alors rencontré la tendance naturelle de militants de certains milieux, notamment enseignants, soumis à la pression de leurs collègues. C'est ainsi que peut s'expliquer la promotion faite par des enseignants de LO du film raciste et sécuritaire La journée de la jupe.
Ajoutons aussi des conceptions anti-religieuses plus proches de celles des anarchistes que de celles des marxistes. (En dépit d'une centralisation "léniniste" hyper poussée, il y a toujours eu un certain fond anarcho syndicaliste à LO...)
On en arrive ainsi à un aveuglement assez stupéfiant pour une "vieille" organisation pourtant d'ordinaire très circonspecte face à tous les politiciens et intellectuels bourgeois. Il est difficile de savoir si LO est désormais coincée, comme l'apprenti sorcier, par la machine qu'elle a lancée ; si tous les militants partagent les positions caricaturales exprimées ici par Vals ; ou si certains militants ont tout de même une vision plus lucide. Je pencherais pour la seconde hypothèse car, à l'époque de NPNS, je me souviens que des militant(e)s avaient déjà beaucoup de réticences vis à vis de la politique menée à l'égard d'une Fadela Amara. De plus, le discours de LO a connu pas mal de couacs et de contradictions, par exemple les déclarations de Nathalie Arthaud à Radio Orient.
Conclusion : je ne désespère pas, contrairement à Toussaint. Mais il est possible que certains milieux de LO soient bien infectés par le virus...
Dernière édition par verié2 le Mar 30 Avr - 17:57, édité 2 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Comment les sympathisants de LO qui interviennent sur ce forum expliquent-ils qu'il y ait un débat riche et nuancé au sein du PCF, en dépit de tout ce que nous pouvons reprocher à ce parti, et qu'il n'y en ait (et ait eu) strictement aucun au sein de LO ? Les positions de LO tomberaient-elles du ciel comme les tables de la loi ?
Extrait d'un article de Fabienne Haloui sur le site du PCF du Vaucluse
http://vaucluse.pcf.fr/37818
On se réfugie derrière de grands idéaux, sur le fait que le port du voile s’apparente à des symboles négatifs (oppression, soumission..), sauf que ce sont aux femmes qui font le choix de le porter de définir le sens et la fonction de leur foulard, il ne s’agit pas de décider pour elles !
La question n’est pas de répondre si on est pour ou contre le port du foulard, la question est de savoir si on respecte les femmes qui ont fait le choix d’en porter un.
Légiférer une fois encore sur une interprétation de la laïcité et la pratique de l’islam serait la pire des choses : en fixant de nouveaux interdits, on poursuivrait dans la voie de la stigmatisation, on favoriserait le communautarisme et le repli identitaire que l’on prétend combattre.
Certains élus de la république, ont fait le choix de labourer les terres de l’extrême droite, exploitant les peurs et les difficultés des gens, en déplaçant la question sociale sur le terrain identitaire, en présentant le musulman comme le nouvel ennemi de l’intérieur (hier le juif) menaçant notre identité, la laïcité à coup de pain au chocolat, de viande hall et de foulard imposé.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Les positions de LO tomberaient-elles du ciel comme les tables de la loi ?
Trop fort, Vérié !!!!!
Notre "Docteur es LO" continue de progresser.
Bon, au lieu de brasser, rebrasser, touiller et retouiller vos graves questions,
la seule vraie référence pour les positions réelles de LO, c'est sa presse et son expression officielle....et RIEN ni PERSONNE d'autre, moi compris.
Mais vous pouvez aussi laisser LO en dehors de vos passionnantes conjectures car il me semble que ce n'est pas de ce côté là que vous trouverez matière à construire un "front" sur vos bases délirantes.
Utilisez plutôt votre énergie pour construire ce front avec les "indigènes", les réseaux de Frère Tarik, l'UOIF, et toutes ces forces du style "ecole pour tous(tes), "mamans toutes égales" plus les quelques idiots utiles du Diplo....
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Islamophobie
Bien entendu. C'est d'ailleurs sur des articles de LO et des déclarations de Nathalie Arthaud que je me suis toujours appuyé dans cette discussion polémique.Vals
la seule vraie référence pour les positions réelles de LO, c'est sa presse et son expression officielle
LO est une composante importante de l'extrême-gauche. Difficile d'en faire abstraction.vous pouvez aussi laisser LO en dehors de vos passionnantes conjectures
De plus, comme tu le sais, la Fraction L'Etincelle reste proche de LO sur beaucoup de points. (Ce n'est pas un secret...) S'interroger sur les causes et origines des prises de position de LO sur cette question me semble donc tout à fait légitime et intéressant.
Au delà des discours des individus et des organisations, je ne t'apprendrai pas qu'il faut toujours essayer de décoder pour comprendre les bases sociale d'une politique. C'est d'ailleurs ce que fait LO, souvent de façon très simpliste, quand elle décrète que les positions de telle ou telle orga sont liées à sa nature petite bourgeoise, aux intérêts spécifiques des petits bourgeois qui la composent.
Pour ma part, les positions relativement récentes prises par LO sur les révoltes des jeunes de banlieue comme sur les campagnes islamophobes m'interpellent. Je cherche donc à comprendre et je souhaiterais discuter avec des camarades qui cherchent eux aussi à comprendre, car s'insulter n'a aucun intérêt, sinon pour les sectaires celui de creuser le fossé entre militants et d'éviter de réfléchir et de discuter honnêtement et sérieusement.
Donc je m'interroge. Pourquoi cette question suscite-t-elle des débats dans beaucoup de milieux et de partis, notamment au PCF, au NPA, chez les Verts etc et pas à LO ? Si tu as une réponse, si d'autres en ont, je suis preneur...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Une article intéressant passé assez inaperçu. Ce qui est possible avec la religion catholique ne le serait-il pas avec la religion musulmane ?
Arthaud est arrivée à Lutte ouvrière "par le catholicisme"
Par AFP, publié le 13/04/2012 à 14:59, mis à jour à 14:59
"Si vous nous croyez tous issus du même moule, eh bien vous vous trompez", déclare la candidate trotskiste à l'Elysée.
"Moi, je suis arrivée à LO par le catholicisme. Mes parents, qui sont des gens généreux, m'ont appris, à travers le catholicisme, l'action pour les autres et l'indignation", explique Nathalie Arthaud.
Elle confie s'être engagée en 1986 "quand (elle avait) 16 ans, au moment de la famine en Ethiopie". "On me disait qu'on ne pouvait rien faire, alors que c'était une question de volonté politique", ajoute-t-elle.
Interrogée sur la perspective d'un score très faible le 22 avril, elle relève: "Il n'y a aucun désespoir chez nous. Pour LO, les moments électoraux ne sont pas essentiels. Ce qui est fondamental, c'est que le peuple descende dans la rue, comme en 1995, 1968 ou 1936."
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Il se trouve que le catholicisme aujourd'hui en France ne considère pas utile de faire porter aux femmes des marques de soumission.
Cela dit, je connais aussi des femmes et des hommes engagés à LO après avoir été éduqués en milieu musulman (ou juif...) et avoir perçu la contradiction évidente qui existe entre les dogmes religieux (y compris une certaine morale humaniste ou caritative) et les perspectives de libération de l'humanité nécessitant une révolution sociale....
Mais à ma connaissance, il n'y en a pas se revendiquant de Jésus Christ, de Mahomet ou de Moïse et encore moins choisissant d'arborer le voile de soumission.....
Donc, je ne vois ni où est le problème, ni ce que cette info(intéressante) vient faire dans ce sujet.
Cela dit, je connais aussi des femmes et des hommes engagés à LO après avoir été éduqués en milieu musulman (ou juif...) et avoir perçu la contradiction évidente qui existe entre les dogmes religieux (y compris une certaine morale humaniste ou caritative) et les perspectives de libération de l'humanité nécessitant une révolution sociale....
Mais à ma connaissance, il n'y en a pas se revendiquant de Jésus Christ, de Mahomet ou de Moïse et encore moins choisissant d'arborer le voile de soumission.....
Donc, je ne vois ni où est le problème, ni ce que cette info(intéressante) vient faire dans ce sujet.
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Islamophobie
Cette info nous rappelle que ce que les gens font, par exemple pour aider les autres, comme Nathalie Arthaud quand elle était jeune catho, sous l'influence de ses parents, est plus important que ce qu'ils ont dans la tête et... sur la tête.Vals
je ne vois ni où est le problème, ni ce que cette info(intéressante) vient faire dans ce sujet.
Les religions peuvent être vécues et interprétées d'innombrables façons, à la manière de Khomeiny ou du pape François (ancien de la Garde de fer), ou à celle de Camillo Torres et de... Nathalie Arthaud.
Cette contradiction est d'autant moins évidente pour les croyants que tu trouveras des théologiens pour expliquer que la nécessité de la révolution sociale découle de l'Evangile (et probablement du Coran). Mais, même sans faire appel à des théories sophistiquées, les gens peuvent lutter et vivre avec leurs contradictions, ce n'est pas important. Alors, ce délire sur une tradition qui consiste à cacher ses cheveux...la contradiction évidente qui existe entre les dogmes religieux (y compris une certaine morale humaniste ou caritative) et les perspectives de libération de l'humanité nécessitant une révolution sociale....
Mais il estime utile de mobiliser contre le mariage homosexuel et, s'il ne fait pas porter aux femmes des marques de soumission, il a bien d'autres moyens de pression idéologiques pour tenter de maintenir les femmes dans la soumission. (Au passage, je te signale que des réseaux d'écoles cathos se sont ligués pour réhabiliter le port de la jupe, qui a été longtemps à sa manière un symbole de soumission féminine avec l'interdiction du port du pantalon...La fameuse "journée de la jupe".)Il se trouve que le catholicisme aujourd'hui en France ne considère pas utile de faire porter aux femmes des marques de soumission.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Ce qui est possible avec la religion catholique ne le serait-il pas avec la religion musulmane ?
Si la question de la position de LO sur l'Islam était autre chose que du racisme, oui, évidemment. Mais ce que dit Arthaud montre précisément que la position de LO sur l'Islam n'a rien à voir avec la question de la critique marxiste de la religion, c'est de l'islamophobie, c'est à dire du racisme, point barre. Ensuite, savoir à quel point ils sont irrécupérables ne m'intéresse pas, cela sera une question de rapports de forces. Comme toujours avec le racisme.
Bon, au lieu de brasser, rebrasser, touiller et retouiller vos graves questions,
la seule vraie référence pour les positions réelles de LO, c'est sa presse et son expression officielle....et RIEN ni PERSONNE d'autre, moi compris.
Mais vous pouvez aussi laisser LO en dehors de vos passionnantes conjectures car il me semble que ce n'est pas de ce côté là que vous trouverez matière à construire un "front" sur vos bases délirantes.
Utilisez plutôt votre énergie pour construire ce front avec les "indigènes", les réseaux de Frère Tarik, l'UOIF, et toutes ces forces du style "ecole pour tous(tes), "mamans toutes égales" plus les quelques idiots utiles du Diplo....
Amusant et malhonnête, comme d'habitude. Je crois savoir et avoir contacté que pour trouver un désaccord entre ce que dit un militant de LO et son orga, il faut se la raconter. Toi-même Vals a déjà dit sur ce fil ou sur un autre que tu n'avais pas la moindre divergence avec ton organisation sur la question du voile et ce que tu appelles les "sous-femmes". Donc, sur d'autres sujets tu peux peut-être te la jouer "lonesome racist", sur la question de l'islamophobie, tu as déjà expliqué que tu n'avais aucun désaccord avec les positions de ton organisation et cela se vérifie assez régulièrement.
Quant à laisser en dehors LO de la bataille contre le racisme antimusulman, parle à vérié, en ce qui me concerne, je sais où se trouve LO, aux côtés du PS, du FN, de l'UMP et du PG pour faire la chasse aux musulmanes visibles, partout où vous pouvez. La bataille contre le racisme est aussi une bataille contre vous. En ce qui me concerne je n'ai aucun doute. Il y a bien eu un ou deux textes qui semblaient indiquer une timide évolution (et, interrogé sur la contradiction entre ce que disait LO et tes obsessions, tu avais alors fait la mise au point que je rappelle plus haut). Mais depuis, les racistes de LO se sont bien repris et ont signé leur alliance pour soutenir les interdictions professionnelles contre les femmes musulmanes visibles.
Quant à faire alliance avec Tarik Ramadan contre le racisme antimusulman, en effet, cela me semble tout à fait souhaitable et nécessaire. Et travailler avec les assos musulmanes aussi. Quant au Diplo et aux Indigènes, en effet aussi, ainsi que le CEPT, et bien d'autres, oui, merci, Vals, c'est en effet des gens qui sont tout à fait susceptibles de participer à cette bataille. Mais je crains qu'il n'y ait aussi des forces bien plus variées, comme l'a montré la mésaventure du FDG qui voulait se faire mousser avec une figure de femme arabe comme vous les aimez et s'est retrouvé confronté à une de ces tellement nombreuses femmes solidaires de leurs sœurs que vous discriminez, stigmatisez, agressez, licenciez, calomniez, insultez. Il est vrai que le statut d'avant-garde autoproclamé que vous vous décernez avec une confondante modestie et un sens des réalités encore plus sidérant vous donne le droit de dire qui est qui et qui a droit à quoi et de vous instaurer grands éducateurs des masses aliénées.
Enfin, vérié, tu dis que tu es moins désespéré que moi sur LO? oui, en effet.
Et tu me dis que lorsque je parle d'une structure antiraciste, je dois savoir queLO n'en construit jamais. En effet, LO ne construit jamais aucun cadre unitaire en dehors des syndicats, ils ne construisent que LO avec le succès qu'on sait depuis des décennies... Mais LO ne m'intéresse pas. Je ne pense pas du tout proposer à LO de s'engager contre l'islamophobie, ils sont LE pilier de l'islamophobie dans le mouvement ouvrier, comme tu le signales toi-même, comme d'hab monolithiques et comme d'hab se considérant infaillibles à la façon des papes catholiques de jadis. Je ne vois ni l'intérêt de le leur proposer, ni d'en discuter avec eux. D'ailleurs leur porte-parole sur le FMR te met les choses au point: "vous pouvez aussi laisser LO en dehors de vos passionnantes conjectures" ... Et je suis d'accord avec lui.
Non, en ce qui me concerne, je pense simplement que tant que les musulman-e-s seront impunément livré-e-s à la vindicte des racistes de tout poil dans ce pays, il y a nécessité de construire une solidarité permanente avec eux. Et c'est d'autant plus nécessaire que les forces d'extrême droite musulmane profitent évidemment de la situation et que les gens comme Ilhem, Myriam ou d'autres se trouvent bien pris entre deux feux. Lorsque notre camarade lilloise a essuyé des attitudes et des paroles de haine dans la LCR, elle s'est trouvée aussi confrontée aux vrais intégristes, bien plus dangereux qui l'ont menacée de leurs flacons d'acide sur elle et sa sœur, sa famille. Le choix était vite fait. Lorsque Hannah a été rejetée par la LCR, la section d'Alain Krivine (et grâce à lui), elle était aussi insultée par les intégristes quoique pas menacée comme Myriam (à ce que j'en sais, et j'en ignore beaucoup). Entre les racistes islamophobes et les salafistes, les femmes voilées qui veulent lutter sont bien prises en étau. C'est cet étau aussi qu'il faut briser.
Quant aux accusations des racistes sur le fait que nous soutenons les religieux et les salafistes, il suffit de relire les posts. Je pense que rejeter les femmes musulmanes et les discriminer comme le proposent les gens de LO, de l'UMP, du PS et du FN, liste non exhaustive ne peut les aider à lutter. Les camarades indonésiens l'ont bien compris, il suffit de voir les liens sur l'Indonésie, curieux que Vals, si attentif (à juste titre) aux maltraitances des femmes en terres d'Islam n'ait pas de commentaires à faire sur ces camarades ouvrières, lutte de classe, féministes ouvrières et... voilées. Les salafistes soutenant la Garda Metal?
Ce sont les musulmanes qui briseront les courants d'extrême droite religieuse et ce n'est pas en les rejetant et en les insultant, en les sommant de ressembler à des clichés racistes coloniaux que nus pouvons les aider. C'est en construisant avec elles des espaces d'action, contre le racisme mais aussi sur tous les combats ouvriers.
Lorsque notre camarade lilloise allait à la mosquée, elle parlait des activités de la section de la LCR, et en particulier de la lutte des sans-papiers, alors en grève de la faim. Lorsqu'on la critiquait sous son engagement, elle répondait simplement "Vous dites que l'Islam est la solidarité, mais pourquoi a-t-il fallu que je rencontre et adhère à une orga révolutionnaire pour militer aux côtés des sans-papiers, des syndicats ouvriers? Venez avec moi et vous pourrez vraiment être solidaires de ceux qui luttent contre l'injustice!" La réponse était embarrassée. Et le militantisme LCR lui donnait des munitions pour se battre pour l'autonomie des femmes et leur mise en mouvement. Cela, c'est un travail de masse d'émancipation. Se faire insulter par des non-musulmans, souvent de culture chrétienne comme Arthaud, se faire discriminer, cela n'aide pas à s'émanciper. On leur enjoint de se soumettre... aux usages républicains majoritaires. Et ce sont des "marxistes" qui font cela. Il y a toujours eu et il y a encore une gauche coloniale...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Il se trouve que le catholicisme aujourd'hui en France ne considère pas utile de faire porter aux femmes des marques de soumission.
Décidément, le représentant de LO est dans la caricature...
Au passage, je te signale que des réseaux d'écoles cathos se sont ligués pour réhabiliter le port de la jupe, qui a été longtemps à sa manière un symbole de soumission féminine avec l'interdiction du port du pantalon...La fameuse "journée de la jupe".
Pas seulement.
Le film a été projeté dans beaucoup d'endroits par des enseignants.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
D'ailleurs leur porte-parole sur le FMR te met les choses au point: "vous pouvez aussi laisser LO en dehors de vos passionnantes conjectures" ... Et je suis d'accord avec lui.
Ouf....
Cela dit il n'y a aucun porte-parole de LO ici.
Quant au film, "la journée de la jupe", puisque certains en reparlent, est un excellent film à voir et faire circuler.
Quant à faire alliance avec Tarik Ramadan contre le racisme antimusulman, en effet, cela me semble tout à fait souhaitable et nécessaire. Et travailler avec les assos musulmanes aussi. Quant au Diplo et aux Indigènes, en effet aussi, ainsi que le CEPT, et bien d'autres, oui, merci, Vals, c'est en effet des gens qui sont tout à fait susceptibles de participer à cette bataille.
De rien, mais si je peux t'aider, n'hésite pas....
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Islamophobie
Une analyse de Mona Chollet sur le film que la voix de LO dans le FMR trouve excellent comme nombre de ses camarades et nombre de catholiques de tout poil, y compris blanc de blanc...
Ils ne comprennent que la force
Une analyse critique du film de Jean-Paul Lilienfeld : La Journée de la jupe
par Mona Chollet
17 avril 2009
Il en dit des choses, ce film, par sa seule palette de couleurs ! Prenez l’une des images que l’on a vues partout : Sonia Bergerac, la prof de français interprétée par Isabelle Adjani, coincée contre un mur par l’un de ses élèves, un grand Noir prénommé Mouss. Le teint diaphane, ses yeux bleus remplis à la fois de défi et de désarroi, elle porte un chemisier d’une blancheur éclatante, tandis que son agresseur est engoncé dans un blouson d’un noir brillant, avec un col de fourrure sombre. Tout au long du film, Madame Bergerac fait ainsi une tache lumineuse, symbole de pureté, de fragilité, d’innocence et de… blancheur, au milieu de ses élèves basanés.
Ceux qui ont vu le film savent que, dans cette scène, Mouss menace Sonia Bergerac de viol. En des termes exquis, qui plus est. Il lui montre qu’il connaît son adresse (« 22, boulevard de Belleville, 4e étage droite »), et il ajoute : « T’as une idée de ce que ça te fera de sentir deux bites te ramoner en même temps, salope ! » Du moins, c’est ce qu’on lit dans le scénario, dont nous avons pu voir une copie. C’est la version sobre. Car, dans le film, Mouss ajoute cette délicate incise : « Deux belles bites de bamboulas » – juste au cas où la dimension raciale de la chose n’aurait pas été assez évidente.
Sur le plateau régnait apparemment une folle ébullition créative. Quelques minutes plus tard, quand la prof braque sa classe avec l’arme qu’elle a découverte dans le sac de Mouss, le scénario voulait qu’elle crie : « Maintenant, vous allez me dire qui m’avait lancé des gommes sur la tête le premier jour ! » Mais, au moment du tournage, le réalisateur a dû juger qu’à la réflexion, cette histoire de gommes, c’était un peu léger ; si bien que, dans le film, Madame Bergerac crie plutôt : « Vous allez me dire qui me laisse des mots dégueulasses dans mon casier ! »
Chacun ses traditions : pendant que le Nègre se propose de violer la femme blanche, le policier du RAID interprété par Denis Podalydès, Labouret, a des peines de cœur (Bergerac, Labouret, Béchet : c’est fou comme, dans ce film, les vrais Français ont des noms qui fleurent bon la vraie France). Entre deux séances de négociations, il se carapate dans un couloir désert pour appeler sa femme qui vient de le quitter et la supplier de revenir. Salauds d’immigrés qui nous empêchent de vaquer tranquillement à nos marivaudages séculaires.
Le racisme, cette escroquerie
On sait que, pour donner un retentissement maximal à chacun de ces « grands retours au cinéma » qu’elle effectue à intervalles réguliers depuis une vingtaine d’années, Isabelle Adjani aime y adjoindre son ralliement spectaculaire à l’une des grandes causes du moment. En recevant son César pour Camille Claudel, en 1989, elle avait lu sur scène un extrait des Versets sataniques de Salman Rushdie. En 2005, toujours aux César, voulant réclamer la libération d’Ingrid Betancourt, elle avait réclamé par erreur celle de l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, à la vive surprise de l’assistance, qui croyait la femme la plus riche du monde en sécurité dans sa résidence de Neuilly-sur-Seine.
Avec La Journée de la jupe, le film dérangeant et sans tabous qui va à contre-courant de la bien-pensance politiquement correcte (au point que les médias, dans leur pitoyable frilosité, ne lui ont consacré que quelques petites dizaines d’articles dithyrambiques), le rôle et la « grande cause » se confondent. Sous la menace de son arme, Sonia Bergerac inflige à ses élèves interloqués un long monologue, telle une actrice qui part en vrille et tient la jambe à son auditoire lors d’une cérémonie de remise de récompenses.
Cette fois, la « grande cause » consiste à parachever, en toute bonne conscience, la diabolisation déjà bien avancée du « jeune de banlieue ». Le scénariste et réalisateur du film, Jean-Paul Lilienfeld, déclare, dans un entretien à Primo-Europe (un site obsédé par le péril islamique, et dont il est l’invité après Ivan Rioufol, Pierre-André Taguieff, Eric Marty et la moitié de l’équipe de Charlie Hebdo) : « Je pense que ces ados sont victimes d’une double discrimination : sociale et raciale. Et tout ce qui peut être fait d’efficace pour supprimer le racisme et la pauvreté aura mon approbation. Mais être une victime n’empêche pas d’être un bourreau. »
Sauf que, à l’évidence, comme beaucoup de ses concitoyens, le côté « bourreau » le passionne nettement plus que le côté « victime », qui représente pourtant une réalité incomparablement plus massive – à moins de prétendre que chaque adolescent noir ou arabe de banlieue se balade avec les images d’un viol sur son téléphone portable et un flingue dans son sac ; ce que l’opinion hystérique, à ce stade, n’est sans doute pas très loin de croire, certes.
Quand, dans La Journée de la jupe, le côté « victime » est évoqué, c’est toujours pour le décrédibiliser, pour le montrer comme une escroquerie. Ainsi, lorsque, dans l’attroupement qui s’est formé devant le collège à l’annonce de la prise d’otages, une mère arabe se plaint du racisme aux journalistes (« les gens y sont racistes »), un commerçant asiatique intervient aussitôt pour clamer, dans son sabir pittoresque, que c’est son fils à elle qui est raciste : « C’est eux pas vouloir de nous ! Moi j’ai pris le café-tabac… Trois fois tout cassé ! Son fils dans la bande ! (…) Pas nous racistes ! Eux faire partir tous les autres ! Eux rien faire et jaloux de nous. Mais moi travailler ! » Eh, oui : les Arabes sont des feignants et des délinquants. Et ce n’est pas du racisme : c’est ce brave Jaune qui l’affirme !
Le machisme, l’islam, l’antisémitisme, les tournantes… Fidèle adaptation au cinéma des Territoires perdus de la République [1], La Journée de la jupe aligne avec soin tous les clichés que la féroce propagande de ces dernières années a installés dans les têtes comme autant d’évidences. Les personnages n’ont aucune épaisseur propre, aucune individualité ; ils sont là pour incarner des stéréotypes. Ainsi, quand le jeune Karim (celui qui a saccagé le café-tabac de l’Asiatique) s’assied sur une chaise qui se brise soudain en deux, cet incident n’a lieu que pour permettre de lui faire dire : « C’est quoi, cette chaise de feuj ! » Et pour permettre à Sonia Bergerac de lui ordonner élégamment, en le braquant avec son arme : « Répète après moi, pelle à merde ! “En France, l’injure raciste est punie par la loi.” » Le garçon finit par s’exécuter. Orgasme collectif dans la salle de cinéma.
Pour des femmes en jupe et des hommes qui en ont
Ce film à thèse, lourdement idéologique, est aussi l’occasion de régler leur compte à toutes ces endives molles d’enseignants de gauche, relativistes, démissionnaires et démagogiques – comprenez : à tous ceux qui ne voient pas dans leurs élèves une horde de barbares malfaisants. Ils sont ici caricaturés de manière si grotesque que c’est surtout le scénario qui se ridiculise. Il y a le prof qui se balade toujours avec le Coran dans son cartable, « comme ça je gagne leur respect en m’intéressant à leur culture » ; celui qui porte des pantalons baggy et parle en verlan, expliquant qu’il s’entend très bien avec ses élèves car ils « kiffent les mêmes musiques », et qui, s’étant fait casser la gueule, refuse qu’on dise qu’il est fait « agresser » : « On discutait, on s’est pas compris, c’est tout. » Il s’indigne qu’on lui suggère de porter plainte : « Vous voulez que je porte plainte contre un cri de détresse ?! »
Non seulement les collègues et le proviseur de Sonia sont des imbéciles masochistes, mais ils se rendent odieux en accablant la jeune femme, sans craindre de tirer sur l’ambulance : ils affirment qu’elle est « limite raciste », « islamophobe », et que, refusant de « tenir compte du contexte », elle s’obstine à porter des jupes qui sont « un appel au viol ». Ils ont tous, dans leur physique, quelque chose de mou, d’empâté ; quelque chose d’efféminé, pour tout dire. Au fond, ce sont des couards qui se défilent devant l’envahisseur.
L’amie de Sonia, seule prof à prendre sa défense, leur lance d’ailleurs : « Elle est peut-être en jupe, mais elle baisse pas son froc, elle ! » En somme, ce dont la France a besoin, c’est de vrais hommes, qui ne « baissent pas leur froc », et de vraies femmes, qui portent des jupes et des talons. Chacun dans son rôle, et les vaches seront bien gardées, et les mahométans n’auront qu’à bien se tenir.
Un physique mou, un discours inconscient et angéliste jusqu’à la bêtise face au péril qui menace la communauté nationale : c’est aussi comme cela que sont représentés les défenseurs des droits de l’homme dans 24 Heures Chrono, série américaine réactionnaire mettant en scène un agent du contre-terrorisme, Jack Bauer. On se souvient notamment, dans la quatrième saison, de l’avocat d’une ONG hypocritement baptisée « Amnesty Global », engagé par un terroriste arabe pour obtenir sa remise en liberté afin qu’il puisse accomplir son sinistre dessein.
Par comparaison, cette femmelette d’avocat faisait admirablement ressortir la virilité et la lucidité de Bauer, dont il contrariait la mission avec son obstination procédurière et butée. Tout était mis en œuvre pour que le téléspectateur, à qui l’on avait auparavant montré en long et en large à quel point le terroriste était odieux et prêt à tout, et qui partageait donc avec le héros la conscience de la gravité et de l’urgence de la situation, ait envie de le massacrer de ses propres mains.
A la réflexion, La Journée de la jupe présente de nombreux points communs avec 24 Heures. Dans la septième saison de la série, actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis, le président est une présidente : Allison Taylor. Comme Sonia Bergerac, elle symbolise la femme libérée, orgueil de l’Occident, et se bat comme une lionne pour préserver les valeurs de son pays, qui est, dit-elle, « un pilier du Bien dans le monde ». Comme Sonia Bergerac, tabassée par Mouss, la présidente Taylor se fait gifler par un colosse noir déloyal qui ne respecte rien : il s’agit d’un dictateur africain génocidaire, à la tête d’un pays appelé le « Sangala », qui s’est introduit avec des hommes en armes dans la Maison Blanche et projette de l’assassiner.
La France sous le joug gauchiste
Les deux productions partagent aussi une vision du monde totalement fantasmatique et un brin paranoïaque. Dans 24 Heures, au bout de six saisons, l’Amérique, à force de s’attirer l’ire des méchants par ses excès de vertu (eh oui, car ça leur donne des complexes, à ces bons à rien), est un pays martyr : en quelques années, des terroristes ont successivement tenté de larguer une bombe nucléaire sur Los Angeles, répandu un virus mortel dans plusieurs villes, perpétré des séries d’attentats-suicides, tué douze mille personnes dans une explosion atomique… Bref : le 11-Septembre toutes les semaines, ou presque.
La Journée de la jupe révèle des angoisses équivalentes – ainsi qu’une complaisance à se dépeindre en victime assez savoureuse venant de quelqu’un qui dénonce le discours victimaire. Alors que, dans la vraie vie, l’opinion française est chauffée à blanc depuis environ six ans sur l’horreur de la condition des femmes en banlieue et la barbarie des Arabo-musulmans, ici ou ailleurs, Sonia Bergerac, incomprise, vilipendée, lâchée par tout le monde, semble être la seule à avoir conscience du danger que représentent ses enragés d’élèves. Le pays est paralysé par le « politiquement correct » ; les gauchistes tirent toutes les ficelles. A un moment, dans le collège, on aperçoit un panneau syndical tapissé d’affiches de la Confédération nationale du travail (CNT), comme si l’organisation anarchiste était hégémonique au sein de l’Education nationale.
Dans le scénario, on trouve même une séquence dans laquelle un journaliste de télévision interroge, devant les grilles du collège, un sociologue dont il présente le livre comme « passionnant », et qui invoque la responsabilité de la « barbarie néolibérale » dans le drame en cours ; mais quelqu’un a dû suggérer à Jean-Paul Lilienfeld de brider un chouïa son imagination, car la scène, sauf endormissement passager de ma part, ne figure pas dans le film. A la fin, Sonia Bergerac est portée en terre par trois pelés et un tondu, dont quelques-uns de ses élèves, qui jurent de reprendre le flambeau de son juste combat solitaire : pour l’attester, les filles sont venues en jupe, et la caméra, en un plan émouvant, s’attarde sur leurs mollets. Dans la vraie vie, combien on parie qu’une Sonia Bergerac aurait des funérailles nationales ?
Un ressort dramatique très banal veut qu’à force de charger le personnage du méchant, de souligner la noirceur irrémédiable de son âme et son sadisme sans bornes, on amène le spectateur à souhaiter ardemment qu’il soit mis hors d’état de nuire par quelque moyen que ce soit – un ressort que les propagandistes transposent dans la réalité avec une facilité désolante, exploitant l’appétit des sociétés humaines pour un ennemi à craindre et à haïr. Ainsi, dans La Journée de la jupe, une fois qu’il a été bien établi que Mouss et ses camarades sont des bêtes sauvages, et que cette pauvre Bergerac est à bout (rappelez-vous : ils lui laissent des mots dégueulasses dans son casier !), elle a carte blanche – c’est le cas de le dire.
Elle peut les traiter de « connards », de « crétins » (voire de « pelle à merde », comme on l’a vu, ce qui témoigne d’une créativité lexicale au moins aussi grande que celle qu’elle leur reproche), leur tirer dessus, leur donner des coups de boule avant de sautiller à travers la salle en chantant « Zidane il a marqué, Zidane il a marqué ! », les tenir en joue tout en les suppliant de ne pas se considérer comme des victimes (un sommet de comique involontaire), les humilier en tournant en dérision leurs rodomontades sexuelles [2], demander qui est vierge et qui ne l’est pas, parodier la « Star Ac’ » en leur faisant noter le nom d’un de leurs camarades sur une feuille tout en entretenant un mystère pervers sur le sort qu’elle réserve au gagnant… Dans le prologue du film, elle sanglote : « Je ne voulais pas… J’ai pas choisi… Je me suis retrouvée avec une arme dans la main pour me défendre. » Je n’ai fait que me défendre, j’avais les meilleures intentions du monde mais ils ne veulent rien savoir, ils ne comprennent que la force : l’archétype du discours colonial, qui semble connaître un grand retour en vogue en ce moment, dans des contextes divers.
Dans un entretien à Afrik.com, Jean-Paul Lilienfeld se justifie : « A vouloir se voiler la face, on laisse le terrain libre à ceux qui font un état des lieux et qui apportent des solutions racistes. C’est comme ça que Le Pen a eu la parole. Quand il a parlé des problèmes de l’immigration, tout le monde a dit qu’ils n’existaient pas parce que ça venait de lui. Pendant ce temps, le terrain était libre pour le Front national et ses théories racistes. Si des gens qui étaient du bon côté de la force, des humanistes, quelles que soient leurs opinions politiques, s’étaient emparés du problème, le terrain n’aurait pas été libre pour Jean-Marie Le Pen. »
Le hic, c’est que son film n’en apporte aucune, de solution. Loin de véhiculer un quelconque propos politique, comme certains se hasardent à l’affirmer en prétendant qu’il « dénonce les cités-ghettos », ou d’offrir la moindre perspective, il ne fait que stigmatiser un peu plus les enfants issus de l’immigration noire ou arabe, et autoriser à leur égard un déchaînement de haine effarant. Le seul gain politique d’un tel film, c’est que ce sont les « humanistes », et plus seulement l’extrême droite, qui clament que l’immigration est la source de tous les maux de la société. Faut-il vraiment considérer cela comme un gain ? On a comme un doute.
Les « humanistes », en tout cas, ont répondu présent. Sur Riposte laïque – autre site obsédé par la prétendue « islamisation de la France » –, dont toute l’équipe délire d’enthousiasme à propos du film, l’enseignante Christine Tasin en a au moins une à proposer, de « solution ». Dans un billet en vidéo, elle relève l’une des répliques du principal, interprété par Jackie Berroyer, qui lance, pour justifier le fait qu’il ne renvoie pas un caïd comme Mouss : « Jusqu’à 16 ans, c’est les vases communicants, on se les refile d’établissement en établissement, alors je préfère savoir à quels tarés j’ai affaire. » Rebondissant sur ce propos, elle déplore : « Les collèges ne peuvent pas se débarrasser des gens qui posent problème, ils sont contraints de les garder, tout ça parce que des pédagogues, des politiques, des bobos compassionnels, ont voulu rendre l’école obligatoire jusqu’à 16 ans. » C’est facile, finalement, de régler les problèmes de l’école : après les filles voilées, dehors les grands Noirs qui font peur ! En voilà, un beau projet républicain, ambitieux et progressiste.
« Déchaînement de haine », disions-nous. Sur Riposte laïque toujours, Anne Zelensky résume ainsi, sous le titre « Une jupe en forme de bombe », le sujet du film : « Comment une jeune prof de banlieue, Sonia, humiliée, harcelée, traquée quotidiennement par sa bande de salopards d’élèves, d’autant plus qu’elle ose porter la jupe, retourne la situation. Comment, sous la menace d’un revolver tombé du sac de l’un d’eux, qu’elle subtilise, elle va tenir en main ce ramassis de hors-la-loi, comment elle va leur apprendre de force ce qu’est justement la loi, la laïcité, le respect, le vrai, pas celui de leur code mafieux, comment elle va leur imposer de répéter avec elle que le vrai nom de Molière, c’est Jean-Baptiste Poquelin… Un vrai bonheur de voir à terre cette engeance, dont le must est Mouss, le détenteur du revolver. Un black, qui ne sait qu’éructer des immondices, qui fait régner la terreur, qui filme des viols collectifs sur son portable, qui n’hésite pas, après avoir piégé la prof, à se jeter sur elle et à la tabasser à mort. » « Bande de salopards », « ramassis de hors-la-loi », « engeance » : tant d’humanisme d’un coup, c’est à vous donner le vertige. On frémit à la pensée qu’au lieu de s’emparer de la question, Jean-Paul Lilienfeld aurait pu « laisser à nouveau le terrain libre à des idées extrêmes ».
Avoir des origines arabes est contraire à la laïcité
Pour achever ce feu d’artifice, Riposte laïque consacre encore à La Journée de la jupe un éditorial intitulé « LE film qui pulvérise l’islamiquement correct », dans lequel il se félicite de ce que le film ne fasse « aucune impasse sur la dénonciation de l’islamisation qui pourrit notre société ». Ah, oui. On ne vous l’avait pas dit ? Ce que ce film démontre, c’est la dangerosité de l’islam. Tout ça parce que les élèves s’envoient à la figure quelques vagues références à la religion. Bergerac elle-même établit assez rapidement qu’ils n’y connaissent que dalle et qu’ils font les malins, mais qu’importe : nos fins limiers de critiques ont décelé dans tout ça la très nette influence des imams radicaux. De toute façon, les gosses lancent parfois quelques mots d’arabe, ce qui est à soi seul une preuve flagrante d’intégrisme.
Pour achever de tirer des larmes d’émotion à Alain Finkielkraut, Sonia Bergerac reproche aussi à ses élèves leur goût pour le « people » et la « Star Ac’ » – encore un particularisme rétrograde imposé à la France des Lumières par l’immigration musulmane, chacun sachant que les oulémas se déchirent actuellement pour tenter de déterminer si le Prophète aurait voté plutôt pour Alice ou pour Mickels. Jean-Paul Lilienfeld partage en tout cas les convictions de Finkielkraut en matière de pédagogie. Quand on lui demande ce qu’il préconise, il répond (sur Afrik.com) : « Remettre le professeur au centre de l’école, pas l’élève. Celui qui sait est là pour transmettre son savoir. » [3]
Globalement, dans le film comme dans sa réception, c’est un vaste n’importe quoi, la grande braderie de l’amalgame fumeux. Dans le film, l’élève qui prend le parti de Madame Bergerac, Nawel, intervient pour la défendre parce qu’elle est, dit-elle, une rescapée des massacres en Algérie, que sa mère a été tuée et qu’elle ne « laissera plus jamais faire ça à une femme » devant elle ; ce qui confirme la prégnance du schéma algérien dans la lecture que beaucoup font de la réalité française (dans l’entretien à Primo-Europe, Jean-Paul Lilienfeld professe d’ailleurs son admiration pour l’inénarrable Mohamed Sifaoui [4]).
Sur RCJ, le 23 mars, Alain Finkielkraut, l’homme que préoccupe si fort le nombre de joueurs noirs dans l’équipe de France de football [5], qualifie le film d’« événement historique, et dit vouloir « opposer à l’esprit de Durban l’esprit de La Journée de la jupe ». Sur Vive le feu !, Sébastien Fontenelle persifle : « Leçon numéro 1 : pour éviter tout débordement raciste en Afrique du Sud, rien ne vaut le braquage d’un(e) collégien(e) de la Seine-Saint-Denis. »
Finkielkraut s’émerveille aussi de ce que l’héroïne n’ait jamais voulu révéler à ses élèves qu’elle était elle-même d’origine arabe, « car nous sommes dans une école laïque ». C’est aussi l’interprétation de Natacha Polony, qui, dans Marianne (4-10 avril 2009), explique cette discrétion par le fait que, pour la prof, « la laïcité n’est pas négociable ». Renversant. En quoi le fait d’avoir des origines arabes est-il incompatible avec la laïcité ? Et, dans ce cas, comment ceux qui, contrairement à Isabelle Adjani, ne peuvent dissimuler leurs origines, sont-ils censés faire pour « respecter la laïcité » ? Ce que dit La Journée de la jupe, c’est que le « bon » enfant d’immigré, c’est celui qui, comme Sonia Bergerac, se fond dans le paysage dès la deuxième génération, sans modifier en rien le visage de la société.
Il semblerait que, plus les moyens alloués à l’école diminuent, plus les inégalités se creusent, plus la violence sociale augmente, plus on voit s’intensifier le regard scrutateur et malveillant que pose la société sur les élèves qui en pâtissent le plus. Dans un entretien, en 2003, la psychiatre Marie Rose Moro, responsable de la consultation transculturelle à l’hôpital Avicenne de Bobigny, disait à quel point, lors des premières affaires de voile survenues dans les écoles, les interventions fracassantes de Finkielkraut et consort, hurlant à un « nouveau Munich » dès qu’ils avaient vu poindre le bout d’un foulard, avaient eu un effet désastreux : « Les intellectuels les plus en vue sont intervenus à grand bruit pour dire qu’il fallait se montrer très ferme, alors qu’il aurait fallu au contraire régler les choses tranquillement, négocier, parler, sortir de la confrontation… Ce n’est que comme cela qu’on peut dénouer ces situations. »
A force d’attribuer les moindres faits et gestes de ces élèves à leurs origines, on en oublie qu’ils sont avant tout des adolescents, c’est-à-dire des individus immatures, irréfléchis, qui, dans quelques années, n’auront plus rien de commun avec ce qu’ils sont aujourd’hui. Au lieu de figer leur état présent en leur braquant les projecteurs médiatiques en pleine face, au lieu d’en faire les méchants du film et de les abreuver d’injures, on ferait mieux de leur accorder un droit à l’oubli, de leur donner les moyens d’évoluer le mieux possible, et de donner aux adultes qui les entourent les moyens de les y aider.
Il n’est pas certain que les professeurs qui, par désarroi, encouragent la diabolisation de leurs élèves fassent le bon calcul. Bien plus qu’une culture ou une religion en tant que telle, ce qui influe sur la marge de manœuvre dont disposent les femmes, c’est la pression externe plus ou moins forte qu’une communauté sent peser sur elle – à tort ou à raison. Plus cette pression sera faible, moins elle éprouvera le besoin de se crisper, de se replier sur elle-même, de figer ses traditions, et moins les femmes risqueront de devoir affronter des conflits de loyauté. Accroître la stigmatisation d’une communauté en l’accusant d’opprimer les femmes, c’est donc alimenter ce qu’on dénonce, et nourrir un cercle vicieux. Le combat féministe doit être global, il ne doit pas accabler certaines communautés – voire servir de simple prétexte à un « racisme vertueux » – et en disculper d’autres.
Il n’est d’ailleurs pas innocent que La Journée de la jupe réclame, non pas que les femmes aient le droit de s’habiller comme elles veulent (avec un string, un voile, une toile de rideau, un costume de Zorro, etc.), mais qu’elles s’habillent en jupe : ayant eu amplement l’occasion de constater, en voyant son film, que Jean-Paul Lilienfeld perçoit sa propre communauté – celle des Français blancs, pour aller vite – comme assiégée et menacée, on peut se demander s’il ne cherche pas, lui aussi, à se rassurer en se raccrochant à une image des femmes telles qu’il les connaît.
La Journée de la jupe, un film de Jean-Paul Lilienfeld, avec Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Yann Collette, Jackie Berroyer. Une coproduction Arte France, Mascaret Films, Fontana, RTBF. Diffusé sur Arte le 20 mars et sorti en salles le 25 mars.
P.-S.
Cet article a été publié initialement sur le blog du Monde diplomatique
La Journée de la jupe, un film de Jean-Paul Lilienfeld, avec Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Yann Collette, Jackie Berroyer. Une coproduction Arte France, Mascaret Films, Fontana, RTBF. Diffusé sur Arte le 20 mars et sorti en salles le 25 mars.
Notes
[1] Lire la note de lecture de Dominique Vidal, ainsi que l’article d’Alain Gresh, « Les nouveaux habits du racisme », Le Monde diplomatique, avril 2004.
[2] Lire « Pourquoi je n’ai vraiment pas aimé La Journée de la jupe », par Jonathan Schel, Slate, 26 mars 2009.
[3] Cette passion des discours à sens unique et du respect inconditionnel de l’autorité, que ce soit dans une salle de classe ou dans les médias, est aussi ce qui justifie la détestation du philosophe pour Internet.
[4] Lire « Après avoir infiltré Al-Qaida, Sifaoui infiltre Arte », par Alain Gresh, Nouvelles d’Orient, 26 août 2007.
[5] Lire « Quand l’ignorance part en guerre au nom du savoir », Périphéries, 4 décembre 2005.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
A lire l'analyse, on comprend l'enthousiasme de Vals et LO pour ce film. Pas étonnant non plus, c'est comme pour le texte de Chahdortt Djavann qui affirmait que "les musulmans lavent leur honneur dans le sang" et que les hommes mariés étaient les victimes de femmes qui cachaient leur laideur derrière le voile pour piéger leurs pauvres maris. Savoureux de féminisme en effet, et quel superbe éclairage sur les rapports entre femmes et hommes en Iran, le pays de la monarchiste nostalgique dont LO est si fan.
Lorsque je parle de front raciste, il n'y a qu'à lire les soutiens enthousiastes à ce film, et les noms de ses promoteurs, LO et Vals sont bien les chevaux légers de ce véritable front très national dont le FN n'est qu'une des composantes.
Lorsque je parle de front raciste, il n'y a qu'à lire les soutiens enthousiastes à ce film, et les noms de ses promoteurs, LO et Vals sont bien les chevaux légers de ce véritable front très national dont le FN n'est qu'une des composantes.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Toussaint a écrit:
...je sais où se trouve LO, aux côtés du PS, du FN, de l'UMP et du PG pour faire la chasse aux musulmanes visibles, partout où vous pouvez. La bataille contre le racisme est aussi une bataille contre vous. En ce qui me concerne je n'ai aucun doute.
...
Quant à faire alliance avec Tarik Ramadan ...
Et voila au moins c'est clair la dame patronnesse Toussaint fait son coming out religieux en hésitant encore entre les frères musulmans, les salafistes quoique les anciens du côté le Lefebvre semble l'attirer aussi. Frère Tous Saints (le choix du pseudo est aussi très intéressants à la lecture de ces posts car il les célèbre tous, l'inconscient explique son esprit religieux. Bon je te laisse tu dois sans doute allez à l'office à moins que ce soit au dernier spectacle de Dieudonné avant d'aller arracher les affiches de LO, du PG cette nuit...
Achille- Messages : 2738
Date d'inscription : 24/12/2011
Re: Islamophobie
Amen. Inch'Allah j'arrive à temps.
Au fait, ta haine des monothéismes, ce n'est pas de la jalousie?
Au fait, ta haine des monothéismes, ce n'est pas de la jalousie?
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Toussaint a écrit: Amen. Inch'Allah j'arrive à temps.
Au fait, ta haine des monothéismes, ce n'est pas de la jalousie?
Vive les culs-bénis !
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Islamophobie
Tous saints est vraiment culculte ...
Achille- Messages : 2738
Date d'inscription : 24/12/2011
Re: Islamophobie
Un petit extrait du père Tévanian, parce que j'avais commencé à répondre sur le même ton sarcastique aux deux clowns du front raciste, mais bon, c'est leur technique, lorsqu'ils sont creux en arguments, ils pourrissent le fil, donc un peu de matière grise:
A voir aussi plus haut l'intéressant témoignage de la mère Arthaud et son passé très chrétien... déjà posté par vérié, dont je ne me lasse pas...
https://forummarxiste.forum-actif.net/t2361p810-islamophobie
C'est une si jolie illustration de ce que dit Tévanian...
Le texte qui suit est composé de deux extraits (le chapitre 6 et le chapitre 10) de La haine de la religion, qui vient de paraître aux éditions La Découverte.
Une fois admis que le croyant n’est pas nécessairement un zombie légitimiste et servile, une fois rappelé que sa « came » peut aussi bien faire de lui un activiste capable de dire « fuck », une nouvelle objection ne manque pas de surgir : c’est justement ce dynamisme et cet activisme qui posent problème, puisqu’ils transforment le monde, certes, mais dans le sens du pire – le fondement religieux de cet activisme étant forcément réactionnaire. Bref : d’une liberté que la religion, loin d’annihiler, viendrait alimenter, le croyant ferait un mauvais usage.
La question peut se formuler en ces termes : si l’on admet que, finalement, l’opium religieux peut faire du bien au croyant et le rendre hyperactif, ne doit-on pas malgré cela – ou mieux : à cause de cela – s’en méfier ? Cet opium ne conduit-il pas l’opiomane à empiéter sur le bonheur d’autrui ? Ne détruit-il pas le cerveau, ne rend-il pas bête et méchant, n’introduit-il pas au cœur de la pensée le poison de la réaction, de l’intolérance, du sexisme ou de l’homophobie ?
C’est ce genre d’interrogations, ou plutôt le besoin d’y apporter une réponse aussi sommaire qu’expéditive, qui fait le succès de tous les « livres noirs » de la religion en général ou de l’islam en particulier – dont la version la plus caricaturale est sans doute l’infect best-seller de Michel Onfray, Traité d’athéologie .
De l’interprétation
Ce livre révèle en effet plus clairement – et cruellement – que tout autre le fond proprement délirant des approches essentialistes du « poison religieux » :
« L’islam refuse par essence l’égalité métaphysique ontologique, religieuse, donc politique. »
« On peut se réclamer aujourd’hui du Prophète et boire de l’alcool, manger du porc, récuser le voile, refuser la charia, jouer aux courses, aimer le football, adhérer aux droits de l’homme, vanter les Lumières européennes – comme le prétendent ceux qui veulent moderniser la religion musulmane, vivre un islam laïque, moderne, républicain, et autres billevesées intenables. »
Outre qu’on ne voit pas en quoi un islam progressiste et égalitaire devrait nécessairement, comme le suggère Onfray, aller de pair avec la consommation de porc et d’alcool, le rejet du voile ou l’allégeance a-critique aux « Lumières européennes » (qui furent majoritairement, rappelons-le tout de même, esclavagistes et colonialistes ), il est assez remarquable que notre professeur d’athéisme décrète « intenables » des pratiques dont il reconnaît lui-même, dans la même phrase, qu’elles font partie de ce qu’« on peut » faire ! On peut, mais c’est intenable : on ne saurait mieux dire que nous avons ici déserté la réalité terrestre pour le ciel des idées. À rebours des lois les plus élémentaires de la logique et du vocabulaire, la disqualification d’un islam liberticide et inégalitariste « par essence » est étayée non pas par un constat empirique sur ce qui est (le constat, en l’occurrence, qu’il serait impossible de trouver un musulman progressiste, démocrate ou libertaire), mais par une opinion personnelle de notre « athéologue » sur ce qui doit être (certains possibles étant décrétés intenables).
Si l’on démêle les fils du raisonnement tortueux de Michel Onfray, et si l’on s’astreint à un minimum de rigueur dans les termes, ce n’est en réalité pas « l’islam par essence » qui doit être décrété rétif à l’idée même d’égalité, mais un islam bien particulier : l’islam « légitime », défini comme l’islam qu’on « doit » pratiquer pour complaire aux exigences de « cohérence » du Grand Mufti Michel Onfray – lisez plutôt :
« Le Coran ne permet pas la religion à la carte. Rien ne légitime qu’on écarte d’un revers de la main toutes les sourates qui gênent une existence confortable, bourgeoise et intégrée dans la post-modernité. En revanche, rien n’interdit, tout l’autorise même, une lecture scrupuleuse à partir de laquelle se justifient toutes les exactions auxquelles invite le texte sacré : personne n’est obligé d’être musulman, mais quand on se proclame tel, on doit adhérer à la théorie, aux enseignements et pratiquer en conséquence. Il en va du pur et simple principe de cohérence. »
C’est ce jeu proprement pervers sur la polysémie du verbe « permettre », ce glissement de « ce que le Coran permet », au sens moral du terme (ce que des textes déclarent licite, conforme aux prescriptions divines), à « ce que le Coran permet », au sens matériel du terme (ce qui demeure possible), qui conduit notre « athéologue » à incriminer « le musulman », en lieu et place d’une certaine lecture , sélective et littéraliste, du Coran :
« Le musulman n’est pas fraternel : frère du coreligionnaire, oui, mais pas des autres, tenus pour rien, quantités négligeables ou détestables ».
C’est ici Nietzsche, plutôt que Marx, qu’on a envie d’appeler au secours. Car loin des sophismes d’Onfray ou de son ami Robert Redeker (décrétant que « l’islam installe au plus intime de chaque musulman la paralysie de l’intelligence »), l’auteur de L’Antéchrist a toujours su prendre en compte la différence entre « une idée » et « les forces qui s’en emparent », et combiner ses attaques féroces contre le corpus dogmatique chrétien avec un minimum de bon sens – moyennant quoi, par exemple, lorsqu’il dénonce la morbidité du célèbre « Si ton œil est pour toi une source de tentation, arrache-le ! », il ajoute avec malice :
« Heureusement qu’aucun chrétien ne suit ce précepte ! » .
Cela dit, Marx nous aide beaucoup, sur ce point aussi, lorsqu’il invite à « redescendre sur terre », en d’autres termes à se fonder sur une analyse des réalités matérielles et des pratiques concrètes plutôt que sur les idées que peuvent s’en faire aussi bien les intéressés (en l’occurrence les croyants) que les observateurs extérieurs (en l’occurrence les athées). Car dès qu’on adopte cette posture – que Marx nomme matérialiste –, on est obligé de renoncer aux axiomes trop catégoriques, aussi bien « la religion rend passif et résigné » que « la religion rend conservateur ou réactionnaire », et à observer au contraire une pluralité d’usages sociaux différents, divergents voire antagonistes, de la croyance religieuse, qui s’enracinent dans une idée plus ou moins « progressiste », « sociale », « révolutionnaire » de la Justice divine – et donc dans des conceptions très diverses de ce que Dieu attend de nous. Pour les uns, Dieu nous demande le respect de l’autorité en place, pour les autres, il ordonne une vie sans histoires loin des vicissitudes de la politique, pour d’autres encore, il attend de nous l’engagement dans la cité et la contestation des pouvoirs terrestres – sur des bases politiques qui peuvent aller, pour le dire vite, de l’extrême droite à l’extrême gauche .
Les uns se caleront sur les contenus et les interprétations les plus étroitement autoritaristes, familialistes, traditionalistes, hétérosexistes des textes de référence, les autres mettront l’accent sur les appels à la tolérance, à l’amour et à la miséricorde que contiennent aussi lesdits textes de référence, voire sur une dimension égalitaire et libertaire – en valorisant par exemple, dans le cas de l’islam, le fameux « Pas de contrainte en religion » – et l’ensemble des versets « à portée universelle », posant des « valeurs éthiques intemporelles » comme « la justice, l’équité ou le respect de la dignité humaine » [1]. Bref, au professoral « On peut mais c’est intenable » de Michel Onfray, la réalité oppose un cinglant « C’est peut-être intenable mais on peut ! » – et tout cela n’a rien de spéculatif : c’est ce que font au quotidien et depuis les origines tous les fidèles de toutes les religions, et qui explique qu’il y a des croyants de droite et d’autres de gauche, un usage bourgeois et conservateur de la religion (« Dieu veut qu’on accepte son sort ») et un usage populaire et révolutionnaire (« Dieu veut qu’on se révolte »), des usages racistes de la religion (« Dieu bénit l’esclavage ») comme des usages antiracistes (« L’esclavage viole la loi divine »), des usages sexistes comme des usages antisexistes… « Dieu nous a voulus égaux » versus « Dieu nous a voulus inégaux ».
Des livres noirs
Tout cela devrait être évident, mais justement ne l’est pas – c’est tout le problème. Et c’est d’autant plus un problème à gauche, et plus encore dans la gauche anticapitaliste de tradition marxiste, qui est en principe la mieux placée pour comprendre ce type d’évidence. D’abord, on l’a vu, parce que l’approche matérialiste qui est censée prévaloir dans cette gauche consiste justement à déporter son regard du ciel à la terre, des idées au réel social, des représentations subjectives aux rapports de force objectifs, des textes aux contextes. Ensuite parce que les ressorts idéologiques qui aboutissent à décontextualiser et essentialiser « l’islam » ou « la religion », pour ensuite disqualifier tout individu qui s’en réclame, sont à peu de chose près les mêmes qui ont servi depuis quelques décennies – disons depuis le triomphe des « Nouveaux Philosophes » pour ce qui concerne la France – à disqualifier tout ce qui, de près ou de loin, pouvait s’apparenter à une référence marxiste ou communiste.
La question se pose en somme en ces termes : comment peut-on, quand à juste titre on soutient que les « livres noirs du communisme » ne disent pas tout de ce qu’a été et demeure l’engagement communiste, ne pas avoir le même raisonnement sur l’islam ou plus généralement sur la religion ? Comment peut-on, quand on est communiste et qu’on a soi-même eu à subir le même type d’amalgames et d’anathèmes, prendre pour argent comptant les « livres noirs de l’islam » et les « livres noirs de la religion » qui prospèrent aujourd’hui et faire comme s’ils nous disaient tout de l’engagement religieux ? Si Jean-Pierre Vernant ou Missak Manouchian, qui ont résisté au nazisme au nom de leur idéal communiste, ont voix au chapitre quand il s’agit d’appréhender « le communisme », pourquoi les figures de Martin Luther King, Malcolm X ou Desmond Tutu ne viennent-elles pas relativiser les condamnations unilatérales de « la religion » ? Et si l’on veut reprocher aux « théologiens de la libération » une vision trop étroite du combat social, oublieuse ou ambivalente sur l’égalité entre les sexes et entre les sexualités, que dire de la manière dont le mouvement communiste a pu lui aussi méconnaître, minimiser et souvent même bafouer ces dimensions de l’égalité sociale ?
Je pose la question autrement : si les chasses aux sorcières sont bel et bien une expérience chrétienne, et si dans certains pays certains tribunaux islamiques peuvent y être comparés, il existe aussi des formes sécularisées de ces chasses aux sorcières, que les communistes sont bien placés pour connaître puisque ce sont des communistes qui les ont aussi bien subies que pratiquées – je pense bien sûr aux procès de Moscou et autres purges staliniennes, aux « tribunaux populaires » et aux « autocritiques » de la Chine maoïste, mais aussi à l’épisode du maccarthysme aux États Unis. Cette mémoire pourrait et devrait rendre les communistes, et plus largement les progressistes, particulièrement sensibles, vigilants et réactifs face aux formes analogues que prennent aujourd’hui, en Europe et aux États-Unis, la « guerre au terrorisme islamique » ou le « combat laïc » – et je pense aussi bien aux lois antivoile de 2004 et 2010 qu’aux lois d’exception visant l’appartenance à « une organisation à visée terroriste » ou aux licenciements collectifs des bagagistes de Roissy, en décembre 2006.
Je ne fais ici que rappeler un principe que nous avons tous et toutes entendu dès le plus jeune âge, et que nous n’avons eu aucune difficulté à comprendre et adopter – un principe pourtant que quelques centimètres de tissu mal placés, sur les mauvaises têtes, font voler en éclats. Ce principe, amis communistes, dit : ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’il te fasse – et je dirais plutôt, en l’occurrence : ce que tu n’as pas aimé quand on te l’a fait.
Plus simplement encore, j’ai souvent entendu, pour justifier des attitudes injustifiables à l’égard des lycéennes, des étudiantes ou plus largement des femmes musulmanes portant le foulard, des cris du cœur qui tournaient autour de l’idée suivante :
« Tu comprends, moi, quand je vois un voile, je vois les femmes iraniennes obligées de porter le hijab, les Afghanes emmurées de force dans leur burqa, les Algériennes tuées ou vitriolées parce qu’elles ne portaient pas le voile, le Code de la famille, les lapidations… »
Et en fait non, je ne comprends pas. Je ne comprends pas, d’abord, ce moi qui trône en début de phrase et qui devient l’alpha et l’oméga d’un positionnement politique ou d’un choix éthique qui engage aussi autrui – et pour être plus précis : qui engage aussi, et d’abord, des jeunes femmes qui endurent l’injure, la stigmatisation et l’exclusion scolaire et sociale. Cultive ton moi, chéris-le, sois toi-même et vois dans leur voile ce que ton moi veut y voir, mais fous-leur la paix.
Je ne comprends pas non plus pourquoi ce sont des voiles et seulement des voiles que tu vois, et pas des femmes qui, accessoirement, et parmi un milliard d’autres attributs tout aussi ostensibles, portent un voile. Je ne comprends pas davantage pourquoi la vision dudit voile te téléporte en Algérie, en Iran ou en Afghanistan – ni pourquoi ce sont des femmes ici qui doivent au final payer pour les méfaits des hommes là-bas.
Mais ce que surtout je ne comprends pas, c’est que cette arrogance du moi, cette négation de l’autre, cette focalisation sur le symbole, cet écrasement des distances spatio-temporelles, bref ces amalgames bêtes et méchants, soient aussi répandus dans les rangs d’organisations comme Lutte Ouvrière, le PCF ou même feu la LCR et le tout nouveau NPA, qui défilent depuis des décennies sous des banderoles rouges, des faucilles et des marteaux.
Vous ne me voyez pas venir ? Allez demander à un rescapé du génocide cambodgien ce que lui évoquent ce rouge, ces faucilles et ces marteaux. Pensez aux millions de déportés en Union soviétique ou en Chine. « Moi, quand je vois ce rouge, cette faucille, ce marteau, je pense à eux, et je vois le goulag, la Stasi, les geôles de Ceaucescu , les massacres des Khmers Rouges » : les raisons seraient au moins aussi nombreuses que pour le voile de condamner sans délais et sans appel, d’interdire lesdites couleurs et lesdits symboles, et de réprimer sans merci les dangereux salariés qui défilent pour sauver leurs retraites, leur salaires ou leurs emplois en arborant sans vergogne – et lâchons le mot : ostensiblement – ces symboles infâmes du totalitarisme et du massacre de masse.
À tel point, je le confesse, qu’il m’arrive, quand pour la douze-millième fois j’entends dans cette gauche le sempiternel « Pense aux femmes algériennes », quand pour la treize-millième fois j’entends le sempiternel « Pense aux femmes iraniennes », quand pour la trente-millième fois j’entends le sempiternel « Pense aux femmes afghanes », d’appeler Mac Carthy à la rescousse et de m’imaginer une gigantesque chasse aux communistes qui déferlerait sur la France de 2013 sur fond de « Pense aux Cambodgiens ». Pour de rire, bien entendu, juste en rêve. Pour le simple plaisir de faire subir – et donc sentir – à mes interlocuteurs antivoile l’injustice qu’en toute bonne conscience ils sont en train de commettre – et pas seulement en rêve, pour le coup.
Notes
[1] Cf. Zahra Ali, Féminismes islamiques, Editions La Fabrique, 2012
A voir aussi plus haut l'intéressant témoignage de la mère Arthaud et son passé très chrétien... déjà posté par vérié, dont je ne me lasse pas...
https://forummarxiste.forum-actif.net/t2361p810-islamophobie
C'est une si jolie illustration de ce que dit Tévanian...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Je viens de poster sur le fil Mali la position de Ramadan suite à l'intervention au Mali, cela date un peu, Janvier, mais bon, cela n'est pas dépassé. Et c'est légèrement mieux que les abstentionnistes complices de l'intervention au Mali du FDG...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
Ah enfin ! Merci Toussaint.
Je mettrais toutefois des nuances pour les personnes intervenant sur ce fofo, effectuer une égalité entre Achille et le raciste affiché vals, c'est un saut qualitatif que je n'eusses pas fait. Ce dernier est ouvertement raciste et apparemment, ca ne fait fait pas sauter l'assistance. Achille, à ma connaissance, n'est pas plus raciste que beaucoup de laïcard héritant du passé colonial et paternaliste de notre merveilleux pays. Nous sommes issus de notre éducation et tu ne peux pas demander la même chose d'un soc-dem que d'un marxiste-plus-rouge-que-lui-tu-meurs.
Je t'appuie complètement et c'est un plaisir de te lire sur ta dénonciation des apparentes différenciations entre racistes. Il y a, selon quelques posts sur ce sujet, des racistes fréquentables juste parce que ce sont des racistes camarades de classe. Ca montre qu'il y a une osmose et que la bagarre anti-raciste n'est pas si franche qu'annoncée même pour ceux qui se disent d'extrême gauche combattant toutes les formes de racisme.
NB : Et je crains de ne pas pouvoir te contrer sur le fait que même les orgas communistes libertaires sont traversées par un regard colonialiste et raciste. Même eux ne comprennent pas la portée des coups de butoir racistes. On se rend compte aujourd'hui combien la loi anti-foulard a entrainé la haine et l'exclusion des (pas des "sous-femmes", ce n'est pas ça que le raciste a dit) "sous-merdes".
Je mettrais toutefois des nuances pour les personnes intervenant sur ce fofo, effectuer une égalité entre Achille et le raciste affiché vals, c'est un saut qualitatif que je n'eusses pas fait. Ce dernier est ouvertement raciste et apparemment, ca ne fait fait pas sauter l'assistance. Achille, à ma connaissance, n'est pas plus raciste que beaucoup de laïcard héritant du passé colonial et paternaliste de notre merveilleux pays. Nous sommes issus de notre éducation et tu ne peux pas demander la même chose d'un soc-dem que d'un marxiste-plus-rouge-que-lui-tu-meurs.
Je t'appuie complètement et c'est un plaisir de te lire sur ta dénonciation des apparentes différenciations entre racistes. Il y a, selon quelques posts sur ce sujet, des racistes fréquentables juste parce que ce sont des racistes camarades de classe. Ca montre qu'il y a une osmose et que la bagarre anti-raciste n'est pas si franche qu'annoncée même pour ceux qui se disent d'extrême gauche combattant toutes les formes de racisme.
NB : Et je crains de ne pas pouvoir te contrer sur le fait que même les orgas communistes libertaires sont traversées par un regard colonialiste et raciste. Même eux ne comprennent pas la portée des coups de butoir racistes. On se rend compte aujourd'hui combien la loi anti-foulard a entrainé la haine et l'exclusion des (pas des "sous-femmes", ce n'est pas ça que le raciste a dit) "sous-merdes".
vilenne- Messages : 264
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Islamophobie
Je reviens sur ce point.Arthaud est arrivée à Lutte ouvrière "par le catholicisme"
La jeune Nathalie Arthaud, de famille catho, veut aider son prochain et rejoint une association d'aide aux victimes de je ne sais plus quelle région. Puis elle prend conscience que la charité ne suffit pas, qu'il faut changer le monde etc.
Pourquoi une jeune musulmane enfoulardée, animée des mêmes sentiments ne rejoindrait-elle pas une associationh d'aide aux victimes du Sahel ou du Tsunami ? Imaginons que cette association soit laïque et qu'elle lui dise : "Commence par retirer ton foulard, ma fille, ensuite tu pourras aider les victimes !" Ca ressemblerait un peu à Baby Loup, non ?
Et si on acceptait qu'une musulmane enfoulardée participe à une orga humanitaire (en attendant qu'elle prenne conscience qu'il faut changer le monde et rejoigne LO ou le NPA), serait-ce vraiment une atteinte intolérable aux droits des femmes ?
Sincèrement, Vals, qu'en penses-tu ?
___
PS Je pense que ceux qui accusent Vals de parler des "femmes sous merdes" font un contresens : c'est la vision des femmes qu'il prête aux intégristes, peut-être aux Musulmans en général, mais pas la sienne...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Exactement. C'est du "général". Et pour les racistes, on prête beaucoup au "général". Ainsi, l'individu est gommé derrière un foulard. Un foulard et ce n'est plus un femme en dessous, c'est une sous-merde. Un voile et ce n'est plus une femme en dessous, c'est une militante de la sous-merde. Un foulard, et l'intégriste est derrière car la femme enfoulardée ne saurait l'avoir choisie de son propre gré et pour des raisons qui lui sont propres.PS Je pense que ceux qui accusent Vals de parler des "femmes sous merdes" font un contresens : c'est la vision des femmes qu'il prête aux intégristes, peut-être aux Musulmans en général, mais pas la sienne...
Si philippot avait dit ce que ton camarade raciste de classe a dit, tu ne te contorsionnerais pas tant pour dire ce qu'il est : un raciste.
vilenne- Messages : 264
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Islamophobie
Cette excellente critique avait, me semble-t-il, déjà été mise en ligne ou en lien. C'est tout de même intéressant de revenir sur ce film, présenté élogieusement à la fête de LO, et que des militant(e)s de LO ont fait circuler dans des établissements scolaires... comme les cathos d'une chaîne d'établissements scolaires privés qui ont lancé cette fameuse "journée de la jupe".Une analyse critique du film de Jean-Paul Lilienfeld : La Journée de la jupe
par Mona Chollet
17 avril 2009
En effet, ce film n'est pas seulement islamophobe. Il l'est de toute évidence et Lilienfeld est clairement sioniste ou très influencé par les thèses sionistes - les Sionistes l'ont encensé et il a été longuement interviewé sur le site des "patrons juifs". Mais ce n'est pas l'aspect essentiel à mon avis. La journée de la jupe est tout simplement un film grossièrement raciste et sécuritaire qui stigmatise une fois de plus les "jeunes des cités", sans chercher à donner la moindre explication sociale à des comportements agressifs et délinquants. Il exprime ce que ressentent nombre d'enseignants, les fantasmes de certains, à savoir sortir un flingue en pleine classe et descendre quelques élèves ou au moins les terroriser. C'est pour une bonne part ce qui explique son succès médiatique, sans compter le retour d'Adjani.
En ce sens, l'idéologie sécuritaire du film coincide avec les positions adoptées par LO lors de la révolte des jeunes de banlieue, qualifiés alors par cette organisation de lumpen, voyous etc. Cela nous permet de voir le lien étroit entre islamophobie et sécuritarisme/stigmatisation des jeunes de banlieue. Les camarades qui critiquent les positions de LO sur la révolte des banlieues mais soutiennent ses positions sur le voile et la stigmatisation de l'Islam devraient y réfléchir.
Cela conforte aussi l'hypothèse selon laquelle les milieux enseignants, qui fournissent un très fort pourcentage des militants d'extrême-gauche, et en particulier de LO, ont joué un grand rôle dans les prises de position islamophobes.
Quoi qu'il en soit, c'est assez incroyable et inquiétant que des militants d'extrême-gauche ne ressentent pas le caractère raciste de ce film. En admettant même qu'ils croient sincèrement que ce film représente une tranche de la dure réalité de la vie des enseignants aujourd'hui (ce qui est déjà étonnant car le film présente une galerie de caricatures), comment ne comprennent-ils pas que, même si Lilienfeld se défend d'être raciste (mais qui l'admet ?), son film ne peut que conforter le racisme ? Les fascistes eux l'ont bien compris : ils ont passé en boucle des extraits du film sur leurs sites...
___
PS A Vilenne
Qui est Philippot ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Le texte ne semble préciser que les pays d'origine, mais tous les sites des partis d'extrême-droite (UCD, Ligue Wallone etc) soulignent que ce sont bien les Musulmans qui sont visés, avec des dessins racistes à la clé. Info qui, évidemment, fait chaud au coeur de leurs homologues tricolores...
Suisse : des tests ADN pour les demandeurs d’asile…
La proposition avait suscité un tollé… Mais le Conseil national, le Parlement suisse, a adopté mercredi, par 92 voix contre 85 — contre l’avis du Conseil fédéral (le gouvernement) — la motion demandant que des tests ADN soient réalisés sur certains demandeurs d’asile.
L’auteur de la motion, Christophe Darbellay, qui n’est pas de l’UDC mais du très centriste parti démocrate chrétien, a fait valoir que la criminalité étrangère a doublé depuis le printemps arabe et que les prélèvements permettraient de lutter efficacement contre le phénomène.
« Sont notamment visés les jeunes requérants en provenance du Maroc, de Tunisie ou d'Algérie surreprésentés dans la statistique criminelle. », expliquent les médias. Et le chef de la police commente : « Ça va nous permettre de gagner du temps dès le premier délit. »
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
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