Islamophobie
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Re: Islamophobie
La défense de Bas les voiles par Poutou n'est très probablement qu'un "ricochet" de la promotion de ce livre par LO, car les courants des ex militants de LO (VdT comme Fraction), sont restés pour l'essentiel - hélas - sur les positions de LO sur cette question. (Parfois plus nuancés pour la Fraction).
Est-ce bien sérieux d'avancer des arguments de ce genre...?
"BAS LES VOILES" a été publié en 2003.....!
Poutou n'était plus à LO depuis de très nombreuses années....!
Pourquoi lirait-il plus et se revendiquerait-il plus les bouquins conseillés par LO que ceux proposés par la LCR, puis le NPA ?
Ce serait un sous-marin ? Grave tout de même puisqu'il est porte-parole national et candidat du NPA aux présidentielles...!
Restons sérieux et évitons ce genre de gaudriole : Philippe Poutou est un militant chevronné, ce n'est pas un gamin et il milite depuis plus de dix ans dans le groupe LCR/NPA ...
Accordons lui au moins le crédit de savoir ce qu'il raconte dans les medias et de ne pas aller chercher chez LO qu'il ne fréquente plus, ses références ou ses arguments de campagne !
Sinon, ça s'appelle du mépris pour le camarade élu par le NPA pour le représenter !!!
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Islamophobie
Avec l'accélération de la crise, les deux organisations, les seules à défendre l'alternative socialiste, sans laquelle nous allons vers la barbarie, devraient présenter un programme et un candidat commun. Ce qui les unit, dans le tsunami qui arrive désormais très vite, est dix fois plus important que ce qui les divise.
Entièrement d'accord.
"BAS LES VOILES" a été publié en 2003.....!
Poutou n'était plus à LO depuis de très nombreuses années....!
De très nombreuses années? Hum... quelques années tout au plus. Ensuite, la filiation avec les prises de position de VDT à l'époque, soit en 2003-2004 est évidente.
Lutte Ouvrière n°1833 du 19 septembre 2003
Un pamphlet salutaire : « Bas les voiles! » par Chahdortt Djavann
En effet... 2003. J'ai dit abondamment ce que je pensais des positions de LO sur tout cela, et jusque dans les deux dernières années, je n'en retire rien. J'ai parlé des positions de LO ces derniers mois et ces dernières semaines, la "sacrée évolution" dont parle gérard menvussa au sujet de Nathalie Arthaud étant encore plus récente. Je pourrais aussi citer la couverure de Rouge au moment de la sinistre position de la LCR sur la loi scélérate, soutenant, non la loi, mais le principe d'exclusion, montrant une petite fille cheminant entre deux mâchoires d'un grand loup, l'une intégriste (ni foulard), l'autre étatique (ni loi). Pas mieux en fait. Le "ni-loi" étant une divergence tactique avec LO, le PS, la droite et l'extrême droite dans la lutte pour dévoiler ou exclure: pour le BP de la LCR et le sieur PF Grond, c'était mieux sans loi, ce triste sire l'avait prouvé à Aubervilliers en présidant lui-même le conseil de discipline.
Vérié, LO n'a pas été seule à diffuser Chahdortt Djavann. La LCR l'a fait, et a vendu ses livres à la Brèche, en particulier "Bas les voiles!". Lors du grand meeting de Lille pour les régionales de 2004, avec Arlette et Besancenot, il y avait 6 exemplaires de "Bas les voiles!" en vente sur le stand. Je les ai tous achetés et cela fut très mal pris par la direction régionale. Rien ne me dit que le NPA aujourd'hui ne diffuse plus ce torchon, ni la Brèche.
Ni PF Grond ni la LCR, ni le NPA ne sont revenus sur cette question en demandant l'abrogation de la loi. Le PF Grond affirme qu'il peut militer avec des musulmanes voilées dans le parti mais qu'il les exclurait de son lycée pour protéger les autres élèves. Posture de canaille politique. Cynisme éhonté, brutal, disqualificateur. A tout le moins, LO a au moins la décence de la cohérence et l'honnêteté minimale sur ce point, à défaut d'une position correcte, et ne drague pas les suffrages, voire les adhésions de personnes qu'elle exclurait de l'enseignement. Il y a des limites à l'opportunisme et l'hypocrisie, le NPA sur la question de l'Islam en France les a depuis longtemps explosées.
Philippe Poutou est un militant chevronné, ce n'est pas un gamin et il milite depuis plus de dix ans dans le groupe LCR/NPA ...
Accordons lui au moins le crédit de savoir ce qu'il raconte dans les medias et de ne pas aller chercher chez LO qu'il ne fréquente plus, ses références ou ses arguments de campagne !
Sinon, ça s'appelle du mépris pour le camarade élu par le NPA pour le représenter !!!
Propos de bon sens... Notons que monsieur Poutou est longuement revenu sur sa prestation pathétique mais qu'il n'a pas eu un mot de rectification sur sa publicité pour le torchon raciste de la monarchiste déclarée (et de tradition familiale monarchiste, il suffit de lire son nom) qu'est Chahdortt Djavann. Si monsieur Poutou n'a pas eu un mot sur ce point, j'en déduis que personne n'a trouvé à redire non plus dans son équipe de campagne ni dans la direction du NPA.
Quant à une position claire, centrale de ce parti sur la discrimination spécifique des musulmans, j'attends. Sans même rêver à une autre chose qui serait prendre l'initiative politique d'une campagne de défense des musulmans contre l'islamophobie et la politique raciste de ce gouvernement, comme du suivant.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Islamophobie
La lcr et le npa ont toujours demandé l'abolition de la loi, et continuent de le faire. LO a toujours approuvé cette loi, et continue de le faire !Ni PF Grond ni la LCR, ni le NPA ne sont revenus sur cette question en demandant l'abrogation de la loi
Il se trouve que "ce parti" participe avec le CCIF (le comité contre l'islamophobie) a la lutte contre la décision (scandaleuse) de Montreuil (contrairement à ton parti, qui soutient cette éviction) et participe (mais c'est compliqué en raison du caractére universitaire de la chose) au séminaire "contre l'islamophobie" qui publi cet avis, que je trouve tout a fait éclairant sur les enjeux de la loi inique en préparation dans le sénat "de gauche"Quant à une position claire, centrale de ce parti sur la discrimination spécifique des musulmans, j'attends. Sans même rêver à une autre chose qui serait prendre l'initiative politique d'une campagne de défense des musulmans contre l'islamophobie et la politique raciste de ce gouvernement, comme du suivant.
L’extension de la “fonction publique”: argument juridique d’une discrimination légale par capillarité
3 décembre 2011
Par Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed
Le 7 décembre 2011, les sénateurs français vont discuter d’une proposition de loi déposée le 25 octobre par Mme Françoise Laborde, sénatrice radicale de Haute-Garonne depuis septembre 2008, dont l’objectif est d’”étendre l’obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le respect du principe de laïcité”. La justification de cette loi est accessible dans le rapport de la commission des lois du Sénat, rédigé par Alain Richard, sénateur PS du Val d’Oise (le contenu et la liste des auditionnés sont emblématiques de l’orientation du rapport). Cette proposition de loi est perçue comme une “nouvelle étape” après le vote de la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux aux élèves de l’école publique et fait explicitement référence à l’”affaire Baby Loup”, du nom de la crèche associative de Chanteloup-les-Vignes où Fatima Afif, directrice-adjointe et salariée depuis 1997, a été licenciée le 19 décembre 2008 pour “insubordination, menaces et faute grave”.
Salariées de la petite enfance
Fatima Afif et son avocat
Mme Afif aurait enfreint le règlement intérieur de l’association parce qu’elle portait le hijab. Elle avait alors saisi la HALDE qui avait conclu, conformément à sa propre “jurisprudence” (voir par exemple les délibérations du 14 décembre 2009 et du 21 mars 2011), à une discrimination fondée sur un critère religieux (délibération du 1er mars 2010) avant de se raviser officiellement suite à l’arrivée de Jeanette Bougrab, en octobre 2010, à la tête de l’institution (délibération du 28 mars 2011). Mme Afif saisit entre-temps le Conseil des Prud’hommes de Mantes-la-Jolie, qui valide en décembre 2010 le licenciement pour “faute grave” et “insubordination caractérisée et répétée”. Le Conseil considère également que le règlement intérieur de la crèche, qui interdit le port de signes religieux au nom du principe de “neutralité”, est “licite” (dépêche AFP, la décision du Conseil n’a pas été rendue publique à notre connaissance), décision confirmée par la cour d’appel de Versailles le 27 octobre 2011. Dans son arrêt, la cour d’appel stipule que, “compte tenu de leur jeune âge, [les enfants accueillis dans la crèche] n’avaient pas à être confrontés à des manifestations ostentatoires d’appartenance religieuse” et que “les restrictions [à l’expression des convictions religieuses des salariés] ainsi prévues [par le règlement intérieur] apparaissent dès lors justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées“. Cet arrêt est salué par le Haut Conseil à l’Intégration qui, dans sa recommandation du 2 septembre 2011, justifie le licenciement et exhorte le gouvernement à légiférer.
Sans revenir sur le détail de la controverse, on souhaite mettre en lumière un des principaux enjeux juridiques du licenciement de M. Afif: la dimension de “mission de service public” accordée à la fonction de responsable de crèche. Depuis le XIXe siècle, les agents de la fonction publique française doivent faire preuve de “neutralité religieuse” justement parce qu’il s’agit d’un service public mais, cette exigence de neutralité religieuse n’était pas appliquée au secteur privé. Dans cette perspective, la première délibération sur le cas Afif de la HALDE considérait que le règlement intérieur de l’association “Baby Loup” était illicite:
“le règlement intérieur est modifié afin d’y faire figurer explicitement le principe de laïcité et de neutralité. En l’espèce, il apparaît que ces deux principes ne s’appliquent pas aux salariés de l’association qui n’exerce pas une mission de service public. En outre, le règlement intérieur tel qu’appliqué par l’association revient à interdire de manière générale et absolue la liberté religieuse au sein de l’association. Le règlement intérieur apparaît donc illicite. Le port du voile ne constitue pas à lui seul un acte de prosélytisme. Les restrictions apportées à la liberté religieuse doivent être justifiées par la nature spécifique de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché. En l’espèce, l’employeur n’évoque aucun argument de ce type dans la lettre de licenciement qui fixe le cadre du litige. Faute d’éléments objectifs étranger à toute discrimination, le licenciement de la réclamante est fondée sur sa religion et donc discriminatoire. Ce motif contamine les autres motifs du licenciement. Il est proposé de présenter des observations devant le conseil des prud’hommes.”
Ce n’est donc pas un hasard si la seconde délibération de la HALDE recommande au gouvernement d’”examiner l’opportunité d’étendre aux structures privées des secteurs social, médicosocial et de la petite enfance chargées de missions de service public ou d’intérêt général, les obligations notamment de neutralité qui s’imposent aux structures publiques de ces secteurs”. De fait, la proposition de loi Laborde ne fait que reprendre cette recommandation en souhaitant étendre le qualificatif “mission de service public” à des secteurs d’activités privées.
Parents d’élèves interdites de sorties scolairesAffiche du Collectif "Mamans toutes égales", 2011.
Même s’il ne s’agit pas d’une activité professionnelle (et rémunérée), c’est le même principe juridique qui est mobilisé par les partisans de l’exclusion des parents d’élèves portant le hijab pour les sorties scolaires. Le règlement intérieur de l’école élémentaire Paul Lafargue de Montreuil prévoit que “les parents volontaires pour accompagner les sorties scolaires doivent respecter dans leur tenue et leurs propos la neutralité de l’école laïque“. Cette disposition est contestée par une parent d’élèves et membre du collectif “Maman toutes égales”, Sylvie Osman, devant le tribunal administratif de Montreuil, mais celui-ci statue en faveur du chef d’établissement et du recteur de l’académie de Créteil. L’arrêt du tribunal du 22 novembre 2011 (ta_montreuil_22.11.11_0) stipule que “les parents d’élèves volontaires pour accompagner les sorties scolaires participent (…) au service public de l’éducation“. De ce point de vue, le règlement intérieur n’est qu’une “application du principe constitutionnel de neutralité du service public à l’accompagnement des scolaires par les parents d’élèves”.
Le principal ressort juridique de l’exclusion des femmes portant le hijab de la sphère scolaire et économique consiste donc en l’extension de la mission de service public. Or, l’extension proposée par la proposition de loi Laborde va encore plus loin, puisqu’elle introduit une obligation de neutralité dans les dispositifs législatifs relatifs à la qualification professionnelle (article L. 2324-1 du code de la santé publique) et à l’agrément des personnes habilitées à accueillir de jeunes enfants (article L. 227-1 et article L. 423-23 du code de l’action sociale et des familles s’agissant des assistantes maternelles et des assistants familiaux). Autrement dit, si le Parlement vote cette loi, les femmes portant le hijab seraient interdites de travailler non seulement dans différentes structures collectives (crèches, haltes garderies, jardins d’enfants), mais aussi à domicile (crèche familiale, assistantes maternelles). La loi exclurait ainsi plusieurs milliers de femmes, notamment immigrées, qui trouvent dans le secteur de l’assistance à l’enfance le seul moyen de subvenir à leur moyens ou de compléter leurs faibles revenus1. En novembre 2008, on comptait plus de 283 000 assistantes maternelles, déclarées au centre Pajemploi [organisme du réseau des unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale (URSSAF)], qui ont accueilli plus de 800 000 enfants. On ignore bien sûr le nombre de femmes portant le hijab mais celles-ci risquent de ne plus pouvoir obtenir leur agrément d’assistante maternelle.
Le précédent du XIXe siècle
L’idée d’une exclusion justifiée par l’intégration dans la “fonction publique” d’une activité privée n’est pas nouvelle. Cet argument juridique était central au XIXe siècle pour légitimer l’exclusion des étrangers (mais aussi des femmes et des naturalisés) d’activités professionnelles ne relevant pas directement de la fonction publique élective. Serge Slama a bien montré comment le “privilège du national” s’est imposé dans le droit français et analysé le processus par lequel l’exclusion, cantonnée aux fonctions politiques sous la Révolution de 1789, s’est étendue aux officiers publics et ministériels (huissier, courtier, etc.), aux auxiliaires de justice (arbitres, experts, etc.) et à certaines professions libérales ou agréées (avocats, médecins, etc.). La corporation des avocats est la première à se mobiliser pour exclure les étrangers de ses rangs et “les avocats ont entièrement construit l’exclusion des étrangers en parvenant à imposer l’idée que leur activité est une fonction publique et que, comme toute fonction publique, elle doit être réservée aux nationaux”2. À la fin du XIXe siècle, l’exigence de la qualité de Français pour exercer la profession d’avocat n’est pas venue des élus du peule mais des conseils de l’Ordre des avocats, validée par les tribunaux judiciaires et soutenue par la doctrine universitaire. Il faut attendre un décret du 20 juin 1920 pour formaliser l’exclusion des étrangers de la corporation des avocats.
La comparaison est éclairante pour comprendre la construction d’une nouvelle “évidence sociale” (une activité devient une “mission de service public” dès lors que des acteurs se mobilisent et réussissent à universaliser leur point de vue) et la force de cet argument juridique mais, pour le cas des parents d’élèves et des travailleuses de la petite enfance qui portent le hijab, l’exclusion ne concerne pas que des étrangères. En effet, si la loi est votée, une véritable discrimination légale serait instaurée dans le monde du travail et au sein même de la “communauté nationale française” comparable juridiquement à celle qui touchait, à différents moments de l’histoire de France, les femmes françaises, les naturalisés et les juifs français, qui leur interdisait d’accéder à certaines professions. Avec l’exclusion des jeunes filles scolarisées (loi du 15 mars 2004), des parents d’élèves, des travailleuses de la petite enfance, etc., il se produit un processus de discrimination légale par capillarité: la logique d’exclusion se dissémine petit à petit dans plusieurs espaces sociaux et une nouvelle étape s’appuie sur les arguments juridiques “porteurs” de l’étape antérieure, condition essentielle pour être légitimée juridiquement.
Compléments:
Communiqué du Collectif contre l’islamophobie en France sur la proposition de loi Laborde.
Communiqué de la commission Islam & Laïcité, du Nouveau parti anti-capitaliste et du syndicat SUD sur l’affaire de Montreuil.
N'ayant pas de baguette magique, je ne sais pas jusqu'a où va aller l'implication du npa. En tout cas, celle qui existe au niveau des mères privées de sortie me semble tout a fait significative. Mais toussaint va encore dire que c'est pour glaner quelques voix. Pauvre type, va...
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: Islamophobie
Sans aucun doute ! Mais tu es assez expérimenté pour savoir que les militants transmettent toujours pendant longtemps les positions, ou une partie des positions, des partis et groupes dont ils sont issus. Par exemple, les ex du POI ont généralement tendance à accorder une grande importance à la dénonciation de "l'Europe de Maastricht", même quand ils critiquent leur ancien parti sur bien d'autres points.Vals
Philippe Poutou est un militant chevronné
J'ai la faiblesse de penser que les ex de LO n'échappent pas à la règle. Le constater n'a strictement rien de méprisant. Moi-même, ma première réaction au moment de la polémique sur le foulard à l'école, a été de suivre la position de LO, dont j'ai pourtant
été exclu... en 1974, sans réfléchir beaucoup à cette question qui ne me passionnait pas. Et ce sont les débats sur ce forum qui m'ont conduit à m'interroger relativement récemment. Il y a beaucoup de positions à propos desquelles on a tendance à vivre ainsi "sur nos acquis".
Poutou est un militant tout à fait estimable ! Mais rien ne dit qu'il a relu récemment le livre de Djavann ni même appris les positions qu'elle a prises au moment de la révolte des banlieues et lors de la commission Gérin, où elle s'est affichée non pas comme anti islamiste mais comme anti Musulmans, avec des arguments souvent ridicules.
__
A Toussaint.
Je trouve très déplaisant que tu parles de M. Poutou - méprisant et distant - ou de LA Djavann - même si je n'ai aucune sympathie pour cette dernière, ça sonne de façon sexiste.
Sinon, je t'ai posé une question : disposes-tu des textes de l'intervention de Djavann à la commission Gérin ?
verié2- Messages : 8494
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Re: Islamophobie
Gauvain- Messages : 764
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Re: Islamophobie
Toussaint a écrit: Je pourrais aussi citer la couverure de Rouge au moment de la sinistre position de la LCR sur la loi scélérate, soutenant, non la loi, mais le principe d'exclusion, montrant une petite fille cheminant entre deux mâchoires d'un grand loup, l'une intégriste (ni foulard), l'autre étatique (ni loi).
Couverture ? Au sens de "une" ? Je serais curieux que nous scannes ça, parce que je suis à peu près sûr qu'il n'y a jamais eu de couv' de Rouge sur ce sujet... Un dessin de Faujour en pages intérieures, c'est possible.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Islamophobie
Je serais curieux que nous scannes ça, parce que je suis à peu près sûr qu'il n'y a jamais eu de couv' de Rouge sur ce sujet...
Je n'ai pas gardé ce truc immonde. Mais avec ma section de l'époque (section Lille-Moulins), nous avons refusé de le vendre à la criée exactement pour cette raison. Je n'ai pas gardé le torchon, en revanche, je pourrais sans doute retrouver un passage d'un texte interne local où la section est vigoureusement attaquée pour ce refus de vendre Rouge.
Je trouve très déplaisant que tu parles de M. Poutou - méprisant et distant - ou de LA Djavann - même si je n'ai aucune sympathie pour cette dernière, ça sonne de façon sexiste.
Le Poutou et Madame Djavann seraient donc mieux? Va pour Le Poutou et madame Djavann. Je ne méprise pas le Poutou, simplement je ne le considère pas dans le même camp que moi sur la question de la lutte contre le racisme, puisqu'il a comme unique référence dans ses interventions sur laquestion du voile un torchon raciste. Vous pouvez toujours me citer ce que fait le NPA par ailleurs, je sais aussi ce que fait son candidat, sa voix aux présidentielles, lorsqu'il parle des musulmanes voilées. Il cite un pamphlet raciste. Dont acte. Il revient sur l"émission où il a cité son texte de référence sur le voile, il peut moduler, préciser, rectifier, que nenni! il ne dit pas un mot à ce sujet. Il précise qu'il n'avait pas d'ennemis sur le plateau, donc ni le souverainiste nationaliste français islamophobe ni les islamophobes déchaînés de l'émission ne sont ses ennemis. Il a un point commun important avec eux, il bouffe du voile. Je pense qu'il sait ce qu'il dit, je ne le méprise pas, je prends acte de ce qu'il dit, au contraire de tous ceux qui essaient de faire passer ses propos pour une sorte de borborygme anodin.
voter LO parce qu'on trouve le NPA islamophobe, c'est pour le moins curieux
Je ne voterai pas LO parce que le NPA est largement contaminé, autant que LO, par l'islamophobie. Je voterai LO parce qu'ils sont ouvertement communistes et révolutionnaires, eux, à la différence du NPA. Et oui, LO a infléchi sa position.
La lcr et le npa ont toujours demandé l'abolition de la loi
En tout cas, le représentant du NPA ne semble pas le savoir. Parce que le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a pas du tout été dans ce sens. Et qu'en revoyant avec ses petits camarades du NPAson intervention chez Ruquier, aucun ne s'est dit "merde, on n'a pas demandé l'abrogation de la loi de 2004", et pour cause...
Le NPA et la LCR demandant l'abrogation de la loi de 2004, je souhaite à mon tour voir le texte. Quand? Où? Parce que s'il s'agit de la position du BP et son crapuleux "ni loi, ni voile", alors publions ce texte infâme et on pourra l'analyser et voir avec le recul ce que l'on y trouve aujourd'hui. Ce n'est pas très utile, sauf si on vient me dire bientôt que la LCR a "lutté" contre la loi qu'elle a contribué à faire naître.
Qu'on ne me fasse pas le coup du "ni loi, ni voile", qui équivalait à "pas de voile". La LCR n'a rien fait pour s'opposer à la loi, rien et pour cause, un de ses dirigeants avait donné le signal de départ de la chasse aux musulmanes pratiquantes et joint l'exemple à la parole. Je n'ai jamais vu la LCR ni le NPA dire qu'ils s'opposaient à toute exclusion pour crime de voile. Et pour cause, des enseignants de la LCR, pas seulement Grond ont participé au harcèlement républicain des mahométanes rebelles. Il faut des noms, des exemples? A quoi bon? Mais j'en ai, évidemment. Là dessus, rien, pas une autocritique, rien, donc je conclus que la position des sinistres PF Grond et ses acolytes n'a pas changé. Et même si demain le sieur Grond se disait pour abroger la loi, cela ne suffit pas, loin de là, lorsque ce prof a exclu ses élèves à Aubervilliers, la loi n'existait pas, il pensait que c'était mieux d'exclure sans loi, point barre, comme il l'a fait.
Que par ailleurs lui et ses amis fassent mine, maintenant de s'opposer à la chasse aux mamans voilées me fait bien rire. Cette évolution est dans la droite ligne de la loi de 2004, nous l'avions annoncé à l'époque, nous le disions partout, y compris sur le FMR. Les tartufferies ne me convainquent pas. La main droite veut ignorer ce que dit la main gauche, on clame avec les loups à la télé pour racler les votes perdus avec Ilhem, mais par ailleurs, comme dirait l'autre, on pleurniche à Montreuil loin des phares des médias, mais au vu des musulmans. Bof.
Cela va dans le bon sens? Oui. Cela efface ce qu'a dit le Poutou? Non. Lui-même ne voit rien de regrettable, à l'évidence, dans ses propos. Et encore un coup, même si cela vous déplaît, il est celui qui porte le programme et les propositions du NPA.
il n'a pas cité des passages du livre ni développé aucun argumentaire précis
Mais personne ne cite des passages ni ne développe des argiments précis autour de ce torchon raciste. Et pour cause. Lorsque je l'ai dénoncé pour racisme en 2004, des copains de la direction de la LCR étaient choqués du terme "raciste". J'avais le livre, avec les pages précises, j'ai lu pendant quelques minutes, ils étaient pétrifiés. C'est cela qui est intéressant, les gens qui le lisent parce que c'est un livre contre le voile ne voient même pas les propos typiquement sexistes, racistes et xénophobes. Ils les avalent comme une lettre à la poste, justement, et cela montre hélas bien des choses... Lorsqu'on lit sans ciller que les femmes musulmanes piègent leurs pauvres maris en cachant leur laideur sous le voile jusqu'après le mariage, c'est bien que l'ensemble du propos a conditionné victorieusement le lecteur. Lorsque des années après on sort Djavann à des islamophobes comme un gage de bonne pensée, c'est qu'on n'a jamais remarqué rien dans sa prose nauséabonde. Et lorsque l'équipe autour du candidat n'y voit rien à redire, permettez-moi de penser que ce ne sont pas tous des imbéciles. Ils ont simplement une ligne politique.
Alors je suis peut-être un "pauvre type".
Mais en ce qui me concerne, je n'ai jamais soutenu les exclusions ni le virage polituqe de la Ligue sur les exclusions. Alors va pour le pauvre type. Sans doute qu'à ce titre je pourrais aussi bien voter Poutou?
Toussaint- Messages : 2238
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Re: Islamophobie
Quel est votre point de vue sur les risques pris par votre parti de toucher à certains dogmes laïques? La question du voile notamment, a énormément divisé l’organisation (lire nos articles). Autrement dit, selon vous, peut-on se réclamer de l’islam et de l’anticapitalisme?
On n’est pas arrivé à régler cette question. Les événements ont fait qu’on n’a pas pu discuter suffisamment pour tomber d’accord. On a bien vu combien cette question est complexe. On n’est pas un parti athée, mais un parti laïque. Il y a la volonté de ne pas discriminer et de faire en sorte que chaque camarade puisse se défendre comme il est. Mais il y a aussi la crainte que si on laisse trop de place à la croyance, cela puisse déboucher sur quelque chose d’incontrôlable. Dans le cas de la camarade (Ilham Moussaïd, candidate aux régionales en 2010), porter le voile n’avait rien d’intégriste, elle affirme son féminisme et ceux qui militaient avec elle n’y voyaient pas d’inconvénient. Et à partir du moment où on lui dit qu’elle ne peut porter son voile et apparaître sur des affiches, c’est un peu l’Occident qui impose son point de vue.
Alors, comment on fait? On se dit que le voile c’est l’oppression de la femme, mais on se rend compte que sur le terrain, c’est bien plus compliqué… On n’a pas trouvé la réponse. Moi je suis plutôt pour qu’on dise “Interdiction du voile” chez les militants. Mais on voit très bien que ce n’est pas satisfaisant, et qu’il y a des camarades sincères qui ne se sentent pas du tout dominés par l’intégrisme. C’est hyper compliqué…
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: Islamophobie
Ce passage me pose problème... Car on peut très bien être athée et en même temps ne pas discriminer... Moi chuis athée, je ne suis pas laïque. Après avoir réfléchit à ça pendant qq dizaines d'années, j'en arrive actuellement à la conclusion que ce concept de laïcité pourrait bien être un truc bourgeois pour nous faire accepter l'inacceptable... Du coup, moi je ne l'accepte plus... Je ne marche plus dans cette combine...PP a écrit:On n’est pas un parti athée, mais un parti laïque. Il y a la volonté de ne pas discriminer et de faire en sorte que chaque camarade puisse se défendre comme il est. Mais il y a aussi la crainte que si on laisse trop de place à la croyance, cela puisse déboucher sur quelque chose d’incontrôlable.
Certains vont peut-être trouver que je chipotte, mais des organisations féministes sont contre cette expression("la femme") car elles considèrent qu'il n'y a pas "la femme" mais des femmes... Certaines voient dans cette expression réductrice une simplification de type patriarcale...Alors, comment on fait? On se dit que le voile c’est l’oppression de la femme
BV72 ki rejette désormais le concept de laïcité.
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Islamophobie
Duzgun- Messages : 1629
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Re: Islamophobie
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Islamophobie
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: Islamophobie
Directeur adjoint du Monde diplomatique et spécialiste du Proche-Orient, Alain Gresh a suivi de près les révolutions arabes. Il a notamment critiqué les « éditocrates », ces éditorialistes français qui recommencent à brandir le spectre de l'islamisme.
Le printemps arabe a-t-il poussé les médias à nuancer leurs propos en ce qui concerne "l'islamisme et les islamistes ?
Les révolutions arabes ont créé un intérêt car il y a eu une espèce d'illusion. Comme il n'y avait, au départ, pas d'islamistes aux révolutions Il n'y avait, pour les journalistes, plus d'islamistes du tout. Aujourd'hui, le réveil est un peu brutal car les résultats des élections qui ont eu lieu en Tunisie, en Egypte et au Maroc montrent que ce n'est pas vrai!
Néanmoins, il y a certainement un effort fait, dans la presse écrite surtout, pour donner une image plus balancée de ce qu'est Ennahda, par exemple. Mais la presse écrite n'a que peu d'influence par rapport à la télé et la radio qui forment le courant dominant. Il pose les islamistes comme principal danger et va jusqu'à créer une sorte de guerre de civilisation. France Inter, par exemple, une radio publique, est un bastion de l'islamophobie et sa couverture de sujets liés à l'islam relève, pour moi, de la pire propagande.
Comment ce courant islamophobe a-t-il pu devenir dominant ?
Le racisme anti-arabes a été remplacé par une dénonciation de l'islam qui était d'autant plus facile à mettre en œuvre qu'une partie de la gauche y participait. Dès lors, on ne pouvait la qualifier de raciste. Cette islamophobie a connu des hauts et des bas dans le cadre de la crise économique et sociale en France. Ce sera un thème important de la campagne électorale. Le Sénat qui vient de basculer à gauche illustre le fait que les différences partisanes s'estompent. Parmi les premiers textes discutés, il y a une loi qui doit interdire aux accompagnatrices ou éducatrices dans des structures privées de porter le voile ; un texte proposé par la Gauche. C'est étonnant, cela montre ses priorités.
Le vocabulaire utilisé influence beaucoup le contenu du discours, notamment « islamiste ». Comment l'utilisez-vous ?
En effet, il est très important et on est piégé par ce vocabulaire. Voltaire utilisait le mot « islamisme » en parallèle à « islam ». C'est la science politique française qui a créé le terme « islamiste », car on aime les choses qui globalisent. Les politiques ont repris ce terme surtout après la chute du mur de Berlin en 1989. Il fallait trouver un autre ennemi pour justifier les budgets de la défense. Aujourd'hui, on met sous la dénomination « islamiste » des choses très différentes comme Hezbollah, Al Qaïda, les Frères Musulmans etc. On sait plus quel vocabulaire utiliser, c'est compliqué et cela facilite les amalgames. La seule manière de lutter contre ces amalgames est de montrer concrètement la diversité qui se cache derrière le mot « islamistes ». C'est pour cela que je n'utilise le mot qu'au pluriel.
Quelles conséquences a eu l'emploi à outrance du mot islamisme ?
Aujourd'hui, une peur se déclenche chez les gens quand on parle de l'islam. Cette hostilité n'est pas seulement liée à la situation extérieure mais aussi à la situation européenne. Les musulmans ont pris la place des juifs des années 30 dans les fantasmes occidentaux. Preuve en est l'évolution de forme de l'extrémisme de droite en Europe vers une position pro-israélienne et anti-musulmane partout en Europe. Un des derniers partis à ne pas avoir fait cette évolution c'est le Front National, mais les efforts de Marine Le Pen vont dans ce sens. Elle veut à tout prix établir des relations avec Is
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: Islamophobie
Publié le 30/12/2011 03:50 - Modifié le 30/12/2011 à 12:10 | Pierre Vincenot
L'apéro "saucisson pinard" fait polémique
société
Un avion en flamme s'écrase dans un ciel de nuages noirs. L'affiche du groupe d'extrême droite « Résistance républicaine » qui annonce une conférence le 26 janvier à Toulouse suivie d'un apéro saucisson pinard, a tous les ingrédients pour alimenter la peur de l'autre. L'image anxiogène est renforcée par un titre en bleu blanc rouge : « 2012 l'année de tous les dangers ».
Ce débat sera animé par Christine Tasin et Pierre Cassen, principal contributeur du site « Riposte laïque », souvent épinglé pour ses thèses extrémistes par les associations de défense des droits de l'homme.
L'Islam dans le viseur
Si la date de cet apéro est fixée, le lieu de la manifestation reste secret et les participants devront débourser 6 euros pour savoir où ils doivent se rendre le 26 janvier. Pour l'instant, la préfecture n'a pas été informée d'une quelconque manifestation, mais la déclaration auprès des autorités peut être faite 72 heures avant. « Résistance républicaine » est qualifié de « groupe d'extrême droite », par la police. Ces extrémistes voient les musulmans comme des adversaires. Le représentant des jeunes du Front National de la Haute-Garonne avoue connaître ce groupe, mais ne pas participer à ses actions.
En 2010 déjà, « Résistance républicaine » avait créé la polémique en organisant un apéro saucisson-pinard avec le bloc identitaire, mouvement d'extrême droite. Il avait été interdit à Paris.
Pour Jean-François Mignard, président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme en Haute-Garonne, « c'est une provocation et une tentative désespérée de l'extrême droite qui essaie d'exploiter les tensions et la crise actuelle ». Ces groupes entretiennent « un discours alarmiste et xénophobe avec un petit côté années trente », s'insurge le président. Il insiste sur le fait que l'avenir est basé « sur un modèle républicain, fondé sur la fraternité », et qu'il est important de donner une autre image de la République.
Duzgun- Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010
Re: Islamophobie
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Douai/actualite/Secteur_Douai/2012/01/17/article_des-tags-a-caractere-nazi-sur-la-facade.shtml
Montigny-en-Ostrevent : des tags à caractère nazi sur la façade de la future mosquée
mardi 17.01.2012, 05:14 - J. C.
Les lettres en capitale, hautes chacune de près d'un mètre, barrent sur toute sa longueur la façade de la future mosquée de Montigny-en-Ostrevent : « ADOLPHE PRESIDENT ». Le chantier n'est pas encore terminé que ce futur lieu de culte musulman installé dans la rue Maurice-Ravel est déjà défiguré. ...
En plus de cette référence fautive mais sans équivoque à Hitler, le ou les auteurs de ces tags ont également dessiné des croix celtiques, un homme en train de faire le salut nazi, le mot « HEI » (certainement mal orthographié si l'on doit comprendre « heil »), le tout à la bombe de peinture rouge... Les services de police de Somain ont été avertis ce week-end mais les tags auraient été faits dans la semaine, sans que l'on connaisse exactement la date.
Les investigations s'annoncent particulièrement difficiles, du fait de l'absence de traces d'effraction (le chantier est facilement accessible), de l'absence de revendications et de l'absence de témoins.
C'est la première fois que le chantier de la mosquée de Montigny-en-Ostrevent est la cible de telles souillures.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
sur le site de l'Initiative Communiste Ouvrière
Islam, islamisme, islamophobie, etc.
Camille Boudjak Animateur du site "Révolution en Iran", auteur de "Un totalitarisme contre les femmes" (ICAHK, 2008)
23 mars 2012
Interdiction des minarets en Suisse, déclarations de Marine Le Pen sur « l’occupation » de la France par les musulmans, « assises contre l’islamisation » à Paris, vandalisme contre des mosquées et des cimerières musulmans, assiste-t-on à une montée de ce qui est appelé « islamophobie » ?
Le terme d’islamophobie est un mot ambigüe que nous, communistes, préférons ne pas utiliser puisqu’il introduit une confusion, et ceux qui l’utilisent jouent beaucoup sur cette confusion, entre la critique de la religion musulmane, légitime comme toute critique religieuse, voir la dénonciation de l’oppression au nom de la religion dans les pays du Maghreb et du Machrek, et les discriminations et le racisme que subissent des personnes considérées comme musulmanes, discriminations et racisme que nous combattons comme toutes les autres formes de racisme et de discriminations. Prenons par exemple le site britannique « islamophobia watch », il dénonce, au nom de la « lutte contre l’islamophobie, à la fois des campagnes que nous, communistes, soutenons, comme celles contre les exécutions d’homosexuels en Iran, pour les droits des femmes au Moyen-Orient, contre la Charria, etc., et des cas de discriminations racistes ou xénophobes que nous combattons. Le mot est tellement ambigüe que l’on peut se demander s’il désigne les discriminations, réelles que subissent des êtres humains considérés « musulmans », ou des attaques contre l’Islam, en tant que religion. C’est pourquoi il faut mieux ne pas l’utiliser, d’autant que nous avons d’autres mots, comme racisme et xénophobie, qui permettent de bien mieux expliquer le phénomène auquel nous assistons.
Prenons justement les différentes campagnes de l’extrême-droite européenne « contre l’islamisation », ce sont bel et bien des campagnes racistes et xénophobes. Lorsque ces campagnes sont menées par des catholiques traditionalistes, leur but n’est pas de convertir au christianisme les populations considérées comme musulmanes, et lorsque ce type de campagne est lancé au nom de la laïcité, le but n’est pas de promouvoir l’athéisme chez les musulmans. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas tant la religion qui est visée que les personnes considérées comme croyants en cette religion. Et la base d’ailleurs de la critique de toutes ces campagnes vis-à-vis de l’Islam, ce n’est pas la religion elle-même, mais le fait que l’Islam est considéré comme religion étrangère, ce que ces campagnes reprochent d’ailleurs aux personnes considérées comme musulmanes c’est, bien plus que leurs pratiques religieuses, le fait qu’elles sont considérées comme étrangères. Prenons par exemple les néo-fascistes du Bloc Identitaire, qui mènent des campagnes contre la nourriture Hallal ou ont participé aux Assises contre l’Islamisation, un de leurs slogans à Nice, c’est « Non au kebab, oui à la socca »... Inutile de rappeler que le kebab n’a rien de religieux. Quant à Riposte Laïque, co-organisatrice avec les néo-fascistes « identitaires » de ces assises, il suffit de lire la haine qui était déversée dans leur prose à l’encontre de la CGT lors des grèves de travailleurs sans-papiers pour voir que derrière leur réthorique « laïque » contre l’Islam, il s’agit avant tout de s’attaquer aux étrangers, qu’ils soient, comme c’est le cas des sans-papiers, musulmans, chrétiens, animistes, chintoïstes, athées ou hindouistes. La conclusion, d’ailleurs, de ces assises, appelée « Manifeste de Paris », précise clairement « Nous réaffirmons face à l’islamisation de l’Europe notre indéfectible attachement à notre civilisation plurimillénaire, à ses valeurs et à ses traditions ». On a bien lu « civilisation plurimillénaire, valeurs et traditions » de l’Europe, mot d’ordre on ne peut plus creux et réactionnaire. Faut-il rappeler que les luttes pour la laïcité, contre la main mise de l’Eglise sur nos vies, pour les droits des femmes, contre l’homophobie, etc. ont toutes été menées contre les « valeurs » et « traditions » de cette « civilisation plurimillénaire » ? Rien que pour la France, la séparation de l’Eglise et de l’Etat date de 1905, soit à peine plus d’un siècle, et pendant des siècles, ce même pays se proclamait « fille aînée de l’Eglise » ! Et même bien plus près de nous, on peut rappeler le rôle de l’Eglise catholique dans les dictatures de Franco en Espagne et de Salazar au Portugal. Et on peut souligner le poids de l’Eglise catholique, aujourd’hui, dans des pays comme la Pologne ou l’Irlande. La laïcité, par exemple, est tout sauf « plurimillénaire » en Europe. Pour ce qui concerne les droits des femmes, la « civilisation plurimillénaire » en Europe, c’est les femmes considérées comme de simples choses tout juste bonne à la reproduction dans la Grèce antique, le sexocide de la chasse aux sorcières à l’époque médiévale, le code Napoléon en France qui fait de la femme une « mineure à vie », etc. La défense d’une soi-disant et mythique « civilisation plurimillénaire » a toujours été et reste un mot d’ordre réactionnaire. Les combats pour l’égalité, la liberté et le progrès social ont toujours été et restent des luttes contre les « valeurs et traditions » des soi-disants « civilisations plurimillénaires ».
Bref, il apparaît très clairement que toutes ces campagnes dites « contre l’islamisation » sont en fait et avant tout des campagnes xénophobes contre les étrangers et les immigrés. En Europe, une partie des personnes désignées comme « étrangères » par ces racistes étant originaires de pays du Maghreb, du Moyen-Orient ou du sous-continent indien, bref des pays où l’Islam est la religion majoritaire, ils s’en prennent à l’Islam, comme ils s’en prendraient à l’hindouisme, à l’animisme ou au shintoïsme si c’était de ces régions que venaient nombre « d’étrangers ». Nous n’avons finalement pas besoin du mot « d’islamophobie » pour désigner ces campagnes réactionnaires, le mot de xénophobie convient parfaitement et est même beaucoup plus juste pour dénoncer ces campagnes. Leur programme n’est pas d’exclure l’Islam, mais d’exclure tout ce qui semble « étranger » à ces nationalistes dont le monde s’arrête aux limites de leurs villages ou régions, et d’expulser un maximum « d’étrangers » en général, et en particulier les Arabes, Turcs, ou Pakistanais, qu’ils soient pratiquants ou non, croyants ou non, musulmans ou non.
N’y a-t-il malgré tout une civilisation européenne opposée, ou du moins radicalement différente d’une civilisation arabo-musulmane ?
Ces divisions du monde, selon des frontières artificiellement créées, comme le Bosphore et l’Oural pour l’Europe, n’ont aucun sens au regard de l’histoire de l’humanité. Pour ceux qui prétendent qu’il y aurait une « civilisation européenne » à défendre face à une « islamisation », on peut déjà simplement rappeler qu’en Europe, plusieurs pays sont « de traditions », majoritairement musulmans, comme l’Albanie, le Kosovo ou une bonne partie de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que des républiques de la Fédération de Russie comme la Tchétchénie, l’Ingouchie, le Daguestan, l’Adyguée, ou le Tatarstan. Et si on veut parler des « millénaires » d’histoire européenne, alors la Grèce antique ne s’est pas arrêtée au Bosphore, l’Empire d’Alexandre le grand s’est étendu jusqu’à Babylone (actuel Irak) et Persépolis (actuel Iran), l’Empire Romain faisait le tour du bassin méditerranéen alors que le nord et l’est de l’Europe était considéré comme une « zone barbare ». L’Espagne arabo-musulmane a laissé des chefs d’œuvre d’architecture comme la mosquée de Cordou et la jota espagnol conserve une prononciation proche de la Hamza arabe, alors que Budapest doit ses bains à la conquête ottomane. Même dans le français, on trouve, selon les linguistes plusieurs centaines de mots d’origine arabe, et même pas une cinquantaine de mots provenant du gaulois. Et comme, dans une sainte alliance xénophobe « contre l’islamisation », on trouve aux côtés de personnes qui se réclament de la laïcité d’autres qui mettent en valeurs « les racines chrétiennes de l’Europe », peut-être faut-il rappeler d’où vient cette religion ? Née d’une scission du judaïsme, religion qui a déjà repris bien des aspects du zoroastrisme perse et des mythologies mésopotamiennes, le christianisme est une exportation de Palestine qui est d’ailleurs tellement européen qu’il convertira l’Ethiopie bien avant les Francs, sans même parler des slaves. A ces quelques exemples, il faudrait ajouter les apports scientifiques (l’algèbre par exemple), la philosophie grecque conservée par le monde arabe avant de revenir en Europe ou le commerce entre les deux rives de la méditerranée.
De la plus haute antiquité jusqu’à nos jours, toute l’histoire de l’Europe du Sud, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est liée. Si les moins ignorants des xénophobes européens reconnaissent une partie de ses liens, ils ajoutent alors aussitôt qu’ils ne valent rien car ils proviennent de guerres et de conquêtes. Ont-ils simplement parcouru en diagonale l’histoire de leur chère Europe ? L’arrivée du latin en Gaule est une conséquence de la conquête romaine, le nom de la France vient d’une invasion barbare d’Outre-Rhin, l’histoire commune de la France et de l’Angleterre partage cent années de guerres, les guerres de religion entre catholiques et protestants ont fait bien plus de morts en Europe que les croisades, quant au 20ème siècle, il a, en Europe, était marqué par deux guerres mondiales avant que le continent soit divisé d’un rideau de fer entre l’Est et l’Ouest.
Et si, déjà à l’Antiquité, faire de la méditerranée et du Bosphore une frontière infranchissable pour les humains était une absurdité, que penser d’une telle vision du monde aujourd’hui, où les moyens de transport et de communication modernes ont déjà en grande partie unifié le monde ? En 1848 déjà, Marx et Engels écrivaient « A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit. Les œuvres intellectuelles d’une nation deviennent la propriété commune de toutes. L’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle. » A la littérature qui est devenue universelle, on pourrait, aujourd’hui, ajouter la musique, le cinéma, bref toutes les productions de l’esprit. De Bombay à Rio de Janeiro, plusieurs générations de jeunes ont dansé et se sont amusés sur des musiques dont les origines viennent des rythmes des noirs américains descendant d’esclaves. A Marrakech, on se précipite sur des dernières productions de Bollywood, et à Pékin on regarde le dernier film sorti aux Etats-Unis. Les kebabs concurrencent les curry-wurscht à Berlin, tandis qu’on se régale de Pizzas à Istanbul et à Amman. Et ne parlons même pas du mouvement ouvrier, avec les œuvres de Marx, né en Allemagne et mort à Londres après un passage à Bruxelles, traduites et discutées en ourdou, de l’Internationale, écrite après la Commune de Paris, dont le refrain résonne en zoulou, en kurde, en hébreu ou en oudmourte dans toutes les manifestations ouvrières du monde ! Et c’est dans ce monde où « l’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour impossibles », ce monde où les frontières nationales sont déjà dépassées et n’attendent que le souffle puissant de la révolution prolétarienne pour disparaître aux poubelles de l’histoire comme la bourgeoisie a jeté les vieilles divisions féodales, qu’on vient tenter de nous enfermer dans cette toute petite pointe nord-occidentale de l’Eufrasie au nom d’une « civilisation européenne millénaire » qui n’a jamais existée ou, pire encore, dans cette petite région de cette pointe qu’est la France au nom de « l’identité nationale » ? Et c’est dans ce monde là, déjà et de plus en plus universel, qu’on voudrait nous faire croire qu’il y aurait une barrière infranchissable entre des êtres humains sous prétexte qu’ils sont nés à l’Est ou à l’Ouest du Bosphore, au Sud ou au Nord de la Méditerranée ?? Quelle absurdité pour la raison et quelle honte pour l’humanité !
Avec les attentats du 11 septembre, les talibans en Afghanistan ou la République Islamique en Iran, ne peut-on pas voir dans l’Islam un danger terroriste et une menace contre les libertés ?
Tout d’abord, il convient de différencier l’Islam, religion, et l’Islam politique, ou islamisme, qui est l’idéologie de groupes, partis et régimes. Comme religion, l’Islam n’est ni plus ni moins réactionnaire, terroriste ou liberticide que les autres religions. Du point de vue de la doctrine, l’Islam est une des trois religions du livre et sa vision du monde est très proche de celles du christianisme ou du judaïsme. Il ne s’agit pas, ici, de se lancer dans une discussion théologique et théorique de la critique de ces trois religions ou d’une seule de ces religions. Une analyse historique de ce qu’était l’Islam des origines ou une exégèses du Coran et de la Sunna ne nous apporterait pas grand chose pour décrire ce qu’est l’Islam aujourd’hui. Par contre, force est de constater qu’il existe de par le monde un certain nombre d’êtres humains qui se disent musulmans, comme d’autres se disent chrétiens, juifs ou bouddhistes, et, surtout, force est de constater qu’il ne s’agit pas de groupes homogènes. Que l’on parle de musulmans, de juifs ou de chrétiens, on trouve des patrons et des ouvriers, et parmi ces derniers certains qui participent activement à la lutte des classes. Pour ce qui est des chrétiens par exemple, il serait absurde et ce serait une faute politique de mettre dans le même panier un militant de la CIMADE aux côtés du quel nous luttons pour la régularisation des sans-papiers, et un intégriste militant d’extrême-droite. Tous deux, pourtant, se réclament du christianisme. Il en est de même pour les musulmans, où, au sein d’une même communauté religieuse, on trouve des militants progressistes, même des sympathisants communistes, et des réactionnaires. Prenons par exemple une chanteuse comme Deeyah, connue pour son engagement pour l’émancipation des femmes, elle ne s’en revendique pas moins, dans certaines interviews, de la religion musulmane. Même en Iran, le soulèvement armé organisé par les communistes de Komala au Kurdistan a bénéficié du soutien d’un religieux en la personne du Cheick Ezzedine Hosseiny. Lorsqu’en août 2011 nous avions organisé la campagne « 100 villes contre la lapidation » pour sauver Sakineh, une musulmane pratiquante a organisé, à sa façon, une protestation devant l’ambassade d’Iran à Bruxelles en y rompant le jeûne du Ramadan.
Ce ne sont là que quelques exemples qui montrent à quel point il serait absurde de considérer « les musulmans » comme une catégorie à part. Et regardons un peu autour de nous, chez les musulmanes et musulmans qui vivent en France : à côté de fondamentalistes, on a tous et toutes des copines ou des copains qui font ramadan mais ne crachent pas sur une bière ou un pastis, d’autres qui mangent hallal mais ne font pas les cinq prières ou le ramadan, des copines qui vivent des histoires d’amour avec des garçons « haram », etc, etc. Notons d’ailleurs, pour ce qui est de la France, que les statistiques sur le nombre de musulmans sont le plus souvent biaisées, puisqu’elles ne se basent ni sur la pratique ni sur les convictions religieuses, mais uniquement sur les origines. Lorsqu’il est question de plus de 4 millions de musulmans en France, on y intègre, sans leur poser de questions, tous ceux et toutes celles qui sont nés de parents turcs ou maghrébins. Or, selon les statistiques, 20% à 30% des descendants de familles musulmanes se déclarent « sans religion ».
L’existence de l’islamisme politique, c’est-à-dire, sous différentes formes, de partis ou de régimes réactionnaires religieux est un phénomène commun à toutes les religions. En Israël, des ultra-orthodoxes juifs tentent d’imposer l’apartheid sexiste, en Europe et aux Etats-Unis des groupes catholiques intégristes ou protestants fondamentalistes attaquent des centres d’IVG. Pour les Etats-Unis, on peut rappeler que le terrorisme fondamentaliste protestant a commis huit assassinats de médecins et d’employés de clinique entre 1993 et 2009. Et il faudrait ajouter à ce terrorisme fondamentalisme, l’existence, en Occident, d’un terrorisme d’extrême-droite comme l’a montré le massacre de cet été à Oslo ou le démantèlement d’une cellule néo-nazie armée en Allemagne. Si ce terrorisme là n’a pas de motivation religieuse, il partage, avec les terroristes fondamentalistes, chrétiens ou islamistes, les mêmes objectifs réactionnaires.
Courant réactionnaire, misogyne, d’extrême-droite, l’islamisme doit être combattu. Mais là aussi, il convient de rappeler que, pour meurtriers qu’aient été les attentats islamistes à New York, Madrid ou Londres, c’est en Algérie, en Iran, en Afghanistan, en Irak ou au Pakistan, par exemple, que l’on compte le plus de victimes de ces groupes et régimes terroristes. Même si, parmi les centaines de milliers d’opposants politiques exécutés en Iran on compte de nombreux communistes athées, bien des victimes du FIS ou du GIA en Algérie, des Talibans en Afghanistan, des groupes islamistes chiites ou sunnites en Irak, etc. sont des personnes de confession musulmane. C’est aussi les populations de ces pays qui subissent la chape de plomb des milices et des Etats islamistes. Bref, pour des communistes, pour des internationalistes, la lutte contre l’islamisme politique se base sur la solidarité internationaliste avec nos sœurs et frères de classe qui en sont victimes.
Enfin, sur le terrorisme, il semble nécessaire de revenir sur ce mot. D’habitude, on parle de terrorisme dans le cadre des guerres asymétriques, pour définir la stratégie militaire d’un groupe qui ne dispose pas encore du pouvoir d’Etat ou d’un Etat moins puissant que son adversaire. Pourtant, on pourrait donner une définition plus large du terrorisme, celui de l’utilisation de la terreur pour imposer une politique. Les bombardements sur Kaboul ont ainsi fait plus de morts que l’attentat sur le World Trade Center de New York. Le bilan de l’occupation de l’Irak se compte en centaines de milliers de morts. Et, plus loin dans l’Histoire, les bombardements sur Londres, Dresde ou Hambourg, les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, les bombardements des bidonvilles de Madagascar par l’armée française ou la « pacification » de l’Algérie, les tonnes de Napalm déversées sur le Vietnam... toutes ces actions de guerre peuvent bel et bien être assimilées à du terrorisme. Il ne s’agit pas, pour les communistes, d’élaborer une échelle de la barbarie et des souffrances humaines, nous pleurons dans un même sanglot les victimes d’un attentat à Tel Aviv et celles d’un bombardement sur Gaza, les victimes du 11 septembre et les familles afghanes et irakiennes tombées dans la « guerre contre le terrorisme », mais de souligner que le terrorisme n’est pas la seule marque de l’islamisme ni même du fondamentalisme religieux ou d’extrême-droite, mais bel et bien la terrible barbarie du militarisme et du capitalisme. C’est ainsi avec raison que nos camarades iraniens et irakiens n’ont eu de cesse depuis des années de dénoncer en Irak « les deux pôles du terrorisme », c’est-à-dire l’islamisme politique et le militarisme occidental.
Mais n’y a-t-il pas, à l’échelle mondiale, une guerre de l’Occident contre l’Islam, comme en Irak, en Afghanistan ou en Palestine ?
Cette idée d’une guerre de « l’Occident » contre « l’Islam » est une idée défendue par les courants islamistes. Nous ne sommes plus au Moyen-Age où l’Eglise lançait des croisades au nom de la religion, mais à l’époque du capitalisme. Ce qui intéresse les Etats-Unis en Irak ce n’est pas de combattre l’Islam, mais bien le pétrole. D’ailleurs, pour l’Irak, l’actuel gouvernement mis en place par les Etats-Unis est composé d’islamistes, en Afghanistan, le nom officiel du régime qui est défendu par les troupes américaines et européennes, c’est République Islamique d’Afghanistan, quant à la Palestine, les troupes d’occupation israéliennes ne traitent pas différemment aux check-points un Arabe Palestinien chrétien ou musulman. A l’inverse, en 1999, les Etats-Unis et les Etats d’Europe Occidentale sont intervenus aux côtés du Kosovo, pays à majorité musulmane, contre la Serbie, pays de tradition chrétienne orthodoxe. Et la monarchie théocratique d’Arabie Saoudite, là où se trouve d’ailleurs les lieux les plus sacrés de l’Islam, est alliée des Etats-Unis et de la France. Si les puissances impérialistes occidentales voulaient « faire la guerre à l’Islam » pourquoi bombarderaient-elles Kaboul ou Bagdad plutôt que La Mecque ? Croit-on vraiment que si un pays avec des réserves pétrolières comme l’Irak était hindouiste par exemple, les troupes américaines ne seraient pas intervenues ? Les puissances européennes ont colonisé la quasi-totalité des pays d’Afrique, d’Asie et d’Océanie, quelque soit la religion de ces pays. Les Etats-Unis sont intervenus en Corée, au Vietnam, au Chili ou à Grenade, pays qui ne sont pas musulmans. Ils y sont intervenus pour les mêmes raisons qu’ils le font aujourd’hui en Irak ou en Afghanistan, pour défendre leurs intérêts impérialistes.
Bien sûr, il y a des chrétiens fondamentalistes qui pensent, réellement, qu’en soutenant la guerre au Moyen-Orient, ils mènent une œuvre divine, comme des colons nationalistes religieux en Cisjordanie croient vraiment qu’ils obéissent aux ordres de Dieu et que l’Ancien Testament est un cadastre, ou des gosses fanatisés qui se font exploser en espérant que les commanditaires qui, eux, donnent des ordres loin du front et sans envoyer leurs propres enfants, tiendront promesse et qu’ils auront des dizaines de vierges à leur disposition après la mort. Il n’est pas nouveau que les religions soient utilisées dans les guerres, mais si on regarde de plus prêt, on s’aperçoit que les carnages au nom de la religion sont bien loin de montrer, même récemment, une division christianisme / Islam. En ex-Yougoslavie, les nationalistes serbes ont utilisé l’orthodoxie et les nationalistes croates le catholicisme pour s’entre-tuer. Aujourd’hui en Irak, on assiste à une guerre sectaire entre des groupes islamistes sunnites et chiites. Pour en rester à l’Irak, les massacres de sunnites au nom du chiisme et de chiites au nom du sunnisme n’ont pas pour raison fondamentale la victoire ou non d’Ali, mais sont une purification religieuse pour préparer un partage fédéraliste de l’Irak et de ses richesses entre bandes armées, comme la raison de la guerre entre Serbes et Croates n’était pas de régler le schisme entre les Eglises d’Orient et d’Occident, mais le partage de ce qui était la Yougoslavie.
Les théories du « choc des civilisations », entre Occident et monde « arabo-musulman », qu’elles soient déclinées sur le thème de « lutte contre l’islamisation de l’Europe » par les uns ou de « lutte contre l’occidentalisation du monde musulman » par les autres, proviennent de la même conception étriquée et réactionnaire du monde.
Tout cela semble bien logique, bien raisonnable, et pourtant, il apparaît que les idéologies racistes en Occident et les courants islamistes en Orient sont bien plus audibles que les idées communistes.
C’est là une réalité. Depuis quelques années, c’est comme si les pires puanteurs remontaient des égouts de l’histoire. Fondamentalisme religieux, racisme, chauvinisme, antisémitisme, xénophobie... Au fur et à mesure que s’aggrave la crise du capitalisme, nous assistons à deux phénomènes contradictoires en apparence, d’un côté des contestations de masse, des grèves, des soulèvements et une formidable aspiration à la liberté et à l’égalité, de l’autre une ambiance de veille de pogrom. En Egypte, les femmes qui furent bien souvent aux premiers rangs du soulèvement contre la dictature de Moubarak sont harcelées, agressées, menacées par des bandes salafistes. Au Nigeria, la grève générale qui a uni les travailleurs de toute confession n’empêche pas les actes terroristes à l’encontre de chrétiens ou de musulmans selon les régions. En France, plus d’un an après une formidable grève contre la réforme des retraites, il n’y a pas un jour sans que les ministres et le Front National se lancent dans un concours de la petite phrase raciste la plus puante. Lors des dernières élections européennes, on a même pu voir apparaître un Parti Anti-Sioniste, en fait Parti Anti-Sémite, dont le seul programme est la haine des Juifs. Et on ne compte plus les attaques contre des mosquées, contre la maison des Roms, contre des cimetières juifs ou musulmans. Mais le paradoxe n’est qu’apparent. Dès que le pouvoir de Moubarak a commencé à vaciller en Egypte, les Etats-Unis ont commencé à étudier les possibilités d’un gouvernement basé sur les Frères Musulmans. Et c’est là un bien vieux jeux, déjà en 1979, pour briser la révolution en Iran, les puissances occidentales ont tout fait pour installer Khomeiny. Si les théories du « Choc des Civilisations » ne sont que des balivernes réactionnaires, il est une autre division, bien réelle, celle là, celle qui oppose ceux qui vendent leur force de travail, le prolétariat, et ceux qui en profitent, la bourgeoisie, en deux mots la lutte des classes. Menacé par sa propre crise, remis en cause par des mouvements de protestation, le capitalisme est, comme il l’a maintes et maintes fois montré dans l’histoire, prêt à tout, aux pires barbaries, pour continuer à extorquer la plus-value et à faire des profits.
Trotsky écrivait à juste titre « si le Parti Communiste est un parti d’espoir révolutionnaire, le fascisme comme mouvement de masses est alors un parti de désespoir contre-révolutionnaire. » Les idées ne surgissent pas de rien, elles ne se promènent pas dans le ciel, mais n’existent que lorsqu’elles deviennent une force matérielle, c’est à dire lorsqu’elles sont défendues et portées par des milliers, des dizaines de milliers voire des millions d’hommes et de femmes. Les idées réactionnaires, qu’il s’agisse du racisme ou du fanatisme religieux, ne sont pas non plus tombées du ciel. Ce sont des hommes et des femmes, en chair et en os, qui les défendent et les diffusent, en se basant sur ce désespoir contre-révolutionnaire. Si nous voulons opposer l’espoir révolutionnaire à ce désespoir contre-révolutionnaire, que la perspective du communisme fasse battre le cœur de millions de prolétaires et les entraîne au combat pour en finir avec cet enfer sur terre qu’est le monde bourgeois, c’est à nous, communistes, de transformer nos idées en force matérielle. Attendre « la situation objective favorable » comme d’autres attendent le messie ne suffira pas. C’est justement, au milieu de la lutte des classes, au cœur de la société telle qu’elle est aujourd’hui, que nous devons dresser notre drapeau, sans dissimuler la radicalité de notre programme, sans s’abaisser à dissimuler nos opinions et nos projets, en proclamant ouvertement que nos buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. On ne peut, bien sûr, être certain que nous y arriverons, mais nous ne pouvons pas faire autrement que d’essayer, en ce début de 21ème siècle où l’alternative est, plus que jamais, socialisme ou barbarie.
élie- Messages : 42
Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Islamophobie
On en revient à une discussion qui a donné lieu à des centaines d'échanges sur ce forum et sur celui de LO et qui a aujourd'hui été tranchée : le terme "islamophobie" s'est imposé, comme le terme "antisémitisme", qu'on peut trouver tout aussi ambigüe, sur le plan étymologique, comme par son instrumentalisation par les Sionistes, mais que personne ne songerait à contester.Le terme d’islamophobie est un mot ambigüe que nous, communistes, préférons ne pas utiliser puisqu’il introduit une confusion
L'islamophobie est une forme particulière d'hostilité à une catégorie qui se caractérise à la fois par sa religion et par ses origines ethniques, tout comme l'antisémitisme. Et, comme l'antisémitisme, l'islamophobie prend des formes de haine quasiment pathologique, obsessionnelle. Il suffit de considérer les délires de Riposte Laïque.
Le terme générique de "racisme" est insuffisant pour caractériser ce phénomène particulier, tout comme il est insuffisant pour caractériser l'antisémitisme. De toute manière, le terme s'est imposé et ceux qui le contestent encore mènent vraiment un combat d'arrière garde, totalement absurde, du moins pour ceux qui entendent combattre sincèrement l'islamophobie; Pour les autres, c'est évidemment différent...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
Manifestation sur suicide de Amina El Filali.mpg
https://www.youtube.com/watch?v=Oh0MMZvAxsw
Encore des femmes islamophobes...que fait la police ?
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Islamophobie
Voile : une maman interdite d'école
Mais la palme revient sans nulle doute à l’association des parents corses qui a réussi à obtenir « des concessions » (sic) de la part de la maman ostracisée. « Au début c’est sa belle-soeur qui va venir prendre ses enfants, puis elle-même viendra puisqu’elle ne sera plus habillée tout en noir, mais elle aura deux ou trois couleurs. Bien sûr pas du rouge. Mais elle aura ses vêtements faits de deux ou trois couleurs. »
Pas du rouge donc. L’association des parents d’élèves va donc statuer sur la garde-robe de la maman. En attendant, celle-ci est interdite d’école. Sa belle-soeur se chargera d’aller chercher l’enfant. Douce France.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Islamophobie
Sa jupe est trop longue et sombre, elle n’ira pas en classe
Depuis Lundi à Saint-Ouen-l’aumône dans le Val d’Oise, une jeune lycéenne se voit refusé l’accès aux classes de cours.
Pourquoi ?
Il est reproché à la jeune fille de 18 ans de porter une tenue provocante, non dans le sens du déshabillé mais plutôt du trop habillé qui rappelle une croyance. En effet, la jupe trop longue et sombre ne plait pas à la direction du Lycée Edmond-Rostand.
Si il n’y a pas d’exclusion de prévu, l’inspection met en avant que certes la lycéenne «enlève son voile avant d’entrer dans l’établissement […] Mais cela fait partie de l’éducation de faire des remarques aux élèves dont la tenue est provocante, comme pour une jeune fille qui vient à l’école le ventre à l’air. Ici, c’est plutôt une tenue qui rappellerait une croyance. Notre rôle est aussi de rappeler un certain nombre de principes comme la décence, le respect des personnes qui nécessitent une tenue correcte. C’est vraiment dans un but éducatif.»
Il y a quelques jours en Corse, une maman se voyait refuser l’accès à l’école de son enfant car habillé de noir. Qu’arrive-t-il à notre douce France ? Aurait-elle besoin d’égayer ces journées en y ajoutant des couleurs ?
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Islamophobie
Et d'autant plus bizarre que, en Corse, la tradition, dans de nombreux villages, est encore que les femmes, passée la trentaine, s'habillent... tout en noir avec des vêtements assez longs. Sinon, elles sont parfois très mal considérées !Willie Maley a écrit:Délirant.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
verié2 a écrit:Et d'autant plus bizarre que, en Corse, la tradition, dans de nombreux villages, est encore que les femmes, passée la trentaine, s'habillent... tout en noir avec des vêtements assez longs. Sinon, elles sont parfois très mal considérées !Willie Maley a écrit:Délirant.
Plus trop quand même de nos jours...
Pourtant, j'ai vécu jusqu'à mes 17 ans dans mon village de montagne, où il y a encore une très forte identité...
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
Re: Islamophobie
Peut-être, je ne suis pas un spécialiste... Mais j'ai vu le cas d'une femme venue du continent, mariée à un Corse, qui était très mal vue car elle ne s'habillait pas de cette façon, dans un village de la région de Sartène, il y a une quinzaine d'années.Plus trop quand même de nos jours...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Islamophobie
verié2 a écrit:Peut-être, je ne suis pas un spécialiste... Mais j'ai vu le cas d'une femme venue du continent, mariée à un Corse, qui était très mal vue car elle ne s'habillait pas de cette façon, dans un village de la région de Sartène, il y a une quinzaine d'années.Plus trop quand même de nos jours...
Ben oui, une quinzaine d'années quand même...
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
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