Re: La Tunisie

[verié2]

Sparta
Dans ces conditions, avec l'appui reconnu des masses prolétariennes tunisiennes, il ne reste qu'à impulser ces cadres à la prise du pouvoir. On ne cessera pas de revenir à cet immense théorème : "La crise de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire du prolétariat".

C'est une vision totalement caricaturale, qui correspondait, dans l'esprit de Trotsky, à la situation de 1940, alors qu'il existait une puissante internationale communiste dirigée par les staliniens, c'est à dire une "mauvaise direction" ou une direction contre-révolutionnaire. Mais, aujourd'hui, il n'existe plus rien de tel. Un mouvement communiste doit être reconstruit à l'échelle internationale, il ne suffit pas d'une "bonne direction". Ce mouvement ne pourra se construire qu'au travers de diverses épreuves et étapes, dont la révolution tunisienne fait partie. Et une direction, ça ne s'improvise pas, ça se construit aussi dans les combats, en même temps qu'un parti.

Alors, certes, la révolution tunisienne doit être poussée le plus loin possible, mais croire que l'UGTT pourrait jouer le rôle d'un parti révolutionnaire est assez illusoire. Même si l'UGTT gouvernait, ce serait aujourd'hui dans le cadre de l'Etat bourgeois. Au prix de réformes sociales sans doute, l'UGTT serait inévitablement amenée à gérer l'Etat bourgeois. Pour reprendre l'exemple de la Bolivie, on a vu, lors de la révolution de 1953, la COB (syndicat unique, qui s'appuyait surtout sur les mineurs, prendre pratiquement le pouvoir, après une révolution autrement plus profonde, puisque la classe ouvri-re avait écrasé l'armée et la police ! Ca n'a pas empêché la COB de participer à la reconstruction d'un Etat bourgeois. Mais le rapport de forces a été favorables aux travailleurs pendant plusieurs dizaines d'années et les mineurs ont bénéficié de réformes sociales.

[Sparta]

Sparta
Dans ces conditions, avec l'appui reconnu des masses prolétariennes tunisiennes, il ne reste qu'à impulser ces cadres à la prise du pouvoir. On ne cessera pas de revenir à cet immense théorème : "La crise de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire du prolétariat".

C'est une vision totalement caricaturale, qui correspondait, dans l'esprit de Trotsky, à la situation de 1940, alors qu'il existait une puissante internationale communiste dirigée par les staliniens, c'est à dire une "mauvaise direction" ou une direction contre-révolutionnaire. Mais, aujourd'hui, il n'existe plus rien de tel. Un mouvement communiste doit être reconstruit à l'échelle internationale, il ne suffit pas d'une "bonne direction". Ce mouvement ne pourra se construire qu'au travers de diverses épreuves et étapes, dont la révolution tunisienne fait partie. Et une direction, ça ne s'improvise pas, ça se construit aussi dans les combats, en même temps qu'un parti.

Alors, certes, la révolution tunisienne doit être poussée le plus loin possible, mais croire que l'UGTT pourrait jouer le rôle d'un parti révolutionnaire est assez illusoire. Même si l'UGTT gouvernait, ce serait aujourd'hui dans le cadre de l'Etat bourgeois. Au prix de réformes sociales sans doute, l'UGTT serait inévitablement amenée à gérer l'Etat bourgeois. Pour reprendre l'exemple de la Bolivie, on a vu, lors de la révolution de 1953, la COB (syndicat unique, qui s'appuyait surtout sur les mineurs, prendre pratiquement le pouvoir, après une révolution autrement plus profonde, puisque la classe ouvri-re avait écrasé l'armée et la police ! Ca n'a pas empêché la COB de participer à la reconstruction d'un Etat bourgeois. Mais le rapport de forces a été favorables aux travailleurs pendant plusieurs dizaines d'années et les mineurs ont bénéficié de réformes sociales.

La révolution tunisienne est en cours. Je ne peux dire au prolétariat tunisien : "Attention, il faut attendre d'avoir une bonne direction"... Certes, l'ugtt, prise dans son ensemble, ne pourra pas jouer ce rôle de "bonne direction". Ni, d'ailleurs, ses cadres les plus combattifs. Seuls des révolutionnaires armés du projet socialiste peuvent en être. Mais, aujourd'hui, nous sommes devant un choix : laisser mourir la révolution tunisienne par un gouvernement de transition bourgeois ou prendre le pouvoir même avec une direction pas achevée au sens révolutionnaire et socialiste, mais qui est du côté du prolétariat. Les évolutions, dont parle le camarade Verié, sont à prendre réellement en considération. Mais, elles ne sont pas opposées à une prise du pouvoir par l'aile radicale du mouvement prolétarien révolutionnaire avec toutes ses variantes. Au "Gouvernement bourgeois de Transition", une seule réponse : un "Gouvernement Révolutionnaire". En France, la gauche révolutionnaire donnerait chère pour renverser rien que Sarko. Pour cela, la balise de la restriction "révolutionnaire" et "bonne direction" est réduite de taille. Alors, que pouvons dire d'un renversement de toute la bourgeoisie tunisienne en cette période révolutionnaire du prolétariat tunisien ?

[yannalan]

Eninel, ton analyse est assez juste en soi, la révolution est à un carrefour et il n'y a personne pour montrer un chemin qui n'aboutisse pas à une impasse genre Roumanie. Les masses sont encore mobilisées, certes.
Tu as plein d'idées pour eux, tu reproches à Besancenot de ne pas donner de conseils plus utiles, en faisant des comparaisons avec Trotski à Tours. D'abord, à Tours, il y avait un tas de gens favorables à Trotski e tqui l'écoutaient et Trotski avait pour lui l'exemple d'une révolution réussie.
Ce que nous n'avons,ni toi, ni moi, ni Besancenot.
Le " Front du 14 janvier" réunit des forces tellement disparates qu'on ne voit pas très bien où il va aller, en tout cas pas vers des bases de classe, fait être lucide.

[verié2]

Sparta

La révolution tunisienne est en cours. Je ne peux dire au prolétariat tunisien : "Attention, il faut attendre d'avoir une bonne direction"... (...) Alors, que pouvons dire d'un renversement de toute la bourgeoisie tunisienne en cette période révolutionnaire du prolétariat tunisien ?

D'abord, les travailleurs tunisiens, comme l'ensemble de la population, ne nous attendent pas pour se révolter, et nous ne pouvons bien évidemment que soutenir et applaudir leur révolte. Ce qui n'empêche pas d'en voir les limites. Pour le moment, on est encore assez loin du renversement de la bourgeoisie tunisienne : aucune force significative ne se revendique du prolétariat tunisien, aucune ne prétend lutter pour sa prise de pouvoir et le socialisme, ni l'UGTT, ni même ce Front du 14 janvier qui tient un langage "radical démocratique", mais pas un langage de classe. On ne peut pas exclure que les forces les plus radicales aillent plus loin qu'elles ne le prévoient aujourd'hui, poussées par la base, mais de là à proclamer un pouvoir révolutionnaire internationaliste...

Alors, que pouvons nous faire ? Lancer des grands mots d'ordre et appels au prolétariat tunisien, alors que nous ne sommes pas sur place, même pas par petit groupe local interposé, ça n'a pas grande signification. En revanche, nous pouvons essayer d'influencer, voire d'organiser des travailleurs tunisiens émigrés, si nous en avons la possibilité, les inciter à s'organiser sur des bases de classe. Ca n'implique pas de ne pas soutenir le mouvement actuel en dépit de ses limites. Au travers de ce mouvement se formera peut-être une fraction révolutionnaire. Et nous devons bien entendu dénoncer le rôle néfaste de l'impérialisme français. Mais cela, beaucoup de gens le font déjà, ou au moins dénoncent la complicité du gouvernement. Là où nous pouvons, même très minoritaires, jouer un rôle important, c'est en défendant les idées communistes internationalistes, pas en se contentant de glorifier le mouvement.

[Roseau]

Olivier Besancenot, invité de "Ce soir ou jamais", sur France 3, à partir de 23h.

Réunion publique-débat du NPA : soutien à la révolution Tunisienne, lundi 31 janvier, Saint Denis, 20:30, Bourse du Travail

[gérard menvussa]

Accueil



Tunisie, le peuple s’organise







mardi 25 janvier 2011


Publié dans : Hebdo
Tout est à nous ! 87 (27/01/11) *







Crédit Photo:

Photothèque Rouge/Akremi Mesbah





En Tunisie, c’est de plus en plus la rue qui décide. Et celle-ci
refuse les replâtrages du régime Ben Ali. De partout monte l’exigence
d’un démantèlement pur et simple du système précédent et de son
parti-État. Bravant le couvre-feu, des manifestants sont venus de tout
le pays pour camper sous les fenêtres d’un gouvernement dont ils
exigent la démission.
Nous laissons la parole à des
Tunisiens engagés dans cette révolution.
Déclaration
constitutive d’un Conseil local et d’un Conseil régional pour protéger
la révolution et gérer les affaires (extraits)
Siliana, le 16/01/2011


[...] Nous appelons à continuer la lutte et la mobilisation pour
s’opposer aux manœuvres qui visent la récupération de notre intifadha et
l’instrumentalisation du sang de nos martyrs.
Nous rejetons
l’installation de Mebazaa (président du Parlement) et la décision de
confier à Ghannouchi (ancien Premier ministre de Ben Ali) la mission de
la formation d’un gouvernement provisoire se basant sur une
Constitution illégale et un Parlement non représentatif.
Nous
considérons toute unité avec les assassins et les corrompus, un coup
scandaleux contre la révolution et une tentative misérable que notre
peuple va abattre. Nous appelons également les forces vives à prendre
la place qui est la leur, au sein des masses et à assumer leurs
responsabilités historiques, politiques, et morales.

Et, suite
au vide administratif dans la wilaya* de Siliana, en raison de la fuite
de la plupart des fonctionnaires régionaux et locaux corrompus,
affiliés au parti RCD, face aux demandes populaires à rendre des
comptes judiciaires,
Nous déclarons une élection publique :
- d’
un conseil local pour la protection de la révolution et la gestion des
affaires (de la ville)*,
- d’un conseil régional pour la protection
de la révolution et la gestion des affaires (de la wilaya).
Pour la
gestion des affaires de la ville et de la wilaya dans le cadre local et
régional et la coordination sur le plan national jusqu’à la rédaction
d’une nouvelle Constitution garantissant les droits de toutes les
sensibilités nationales et l’élection d’un nouveau Parlement
représentatif et populaire.
La détermination des tâches et des plans
sera confiée aux membres des conseils élus en consultation avec la
base.
Vive les luttes de notre peuple sur le chemin de la liberté et
de la dignité !

*ajouté par le traducteur, Mohamed Amami
Déclaration constitutive du conseil local provisoire pour
gérer les affaires de la ville de Sidi Bou Ali


Suite à la décision de confier à Mohamed Ghannouchi, la mission de
former un nouveau gouvernement chargé d’organiser les nouvelles
élections présidentielles dans le pays ;
Après le vide
administratif et de gestion dans les villes de Sidi Bou Ali, wilaya de
Sousse ;
Nous, citoyens de la ville de Sidi Bou Ali rassemblés à la
« Place du Peuple » en ville déclarons :
- nous rejetons cette
décision qui se base sur une Constitution antidémocratique et
impopulaire, et qui ne garantit pas les droits de toutes les
sensibilités nationales dans le pays ;
- nous refusons la domination
du parti au pouvoir et à sa continuation à contrôler la vie politique
dans le pays, à travers ses symboles et ses valets dans le
gouvernement;
- nous élisons, d’une façon publique, un Conseil local
temporaire pour qu’il gère les affaires de la cité et pour travailler
dans le cadre de la coordination régionale et nationale pour retrouver
le fonctionnement normal de la vie civile, économique, culturelle et
politique dans le pays jusqu’à ce qu’une nouvelle Constitution d’une
société démocratique et populaire ouvre la voie à des élections pour
assurer la dévolution pacifique du pouvoir et sans aucun monopole. Et
veille à ce qu’il représente l’ensemble des parties nationales.
Les
fonctions de ce Conseil sont :
- La formation de comités de sécurité
pour protéger les quartiers,
- Aider à reprendre la vie économique
quotidienne et à assurer les nécessités de la vie quotidienne des
citoyens,
- Assurer la réouverture des institutions civiles
(banques, hôpitaux, municipalités, écoles, instituts, ...)
- Assurer
la propreté de la ville,
- Coordonner avec les conseils locaux et
régionaux formés,
- Communiquer et assurer la liaison avec l’armée
nationale tant qu’elle est la seule institution qui veille,
aujourd’hui, sur le pays.

Nous décidons de nous répartir sur les
comités suivants :
- Comité de la propagande et des médias ;
-
Comité de la communication avec l’Armée nationale ;
- Comité de la
protection des quartiers ;
- Comité de la propreté de la ville ;
-
Comité de la logistique ;
- Comité de sensibilisation, d’orientation
et de culture.

[Eninel]

M. Ghannouchi est prêt à rencontrer les manifestants tunisiens
LEMONDE.FR avec AFP | 28.01.11 | 15h17 • Mis à jour le 28.01.11 | 15h21


Le premier ministre de transition tunisien, Mohammed Ghannouchi, est prêt à rencontrer les manifestants qui font le siège du gouvernement pour discuter de leurs demandes, a indiqué vendredi 28 janvier Abdessalam Jrad, le patron de la puissante centrale syndicale l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).

Selon M. Jrad, des concertations ont eu lieu dans la matinée entre des représentants syndicaux et les manifestants qui campent depuis dimanche sous les fenêtres du gouvernement à la Casbah, siège du premier ministère.

Le secrétaire général de l'UGTT a ajouté avoir parlé avec M. Ghannouchi, qui a accepté le principe d'une rencontre avec ces manifestants, sans préciser quand elle aura lieu.

L'Union tente de convaincre les manifestants de rentrer dans leurs provinces après la formation, jeudi soir, d'un nouveau gouvernement de transition épuré des principaux caciques de l'ancien régime Ben Ali auquel la centrale a donné son aval tacite.

Après les gentils militaires, ce sont les gentils "syndicalistes" qui tentent de renvoyer les jeunes paysans vers leur misére. Une motion toute particulière à ce "camarade" Jrad; entremetteur de service à la solde de Ghannouchi et du seul ministre RCD restant à son côté, le ministre de "l'industrie", en vérité le ministre du patronat tunisien.

Quelle honte quand même pour cette bureaucratie UGTT, vent debout et face au peuple, en défense d'un inacceptable statu quo politique !

Qui va gagner cette partie ? Difficile de le dire loin de Tunis. Sans doute la réponse est liée à la tournure des évenements en Egypte. Le début d'une autre révolution au Caire (pour ne pas parler d'Alger) , dynamisera d'un coup le processus révolutionnaire à Tunis, et placera la direction de l'UGTT dans une contradiction intenable.

Souvenons-nous de ces mots de Robespierre à Desmoulin à la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 : " La Révolution ne fait peut-être que commencer ! "

Et en Tunisie en ce moment, à l'échelle de la Révolution Française, nous sommes juste avant le 04 aout 1789.

Ghannouchi nous la joue Iznogoud, L'ignoble, l'immonde, le vil grand Vizir (avec Jrad dans le rôle de Dilat Laraht ) devenue enfin Ce bon Calife Haroun El Poussah, allant pacifiquement vers son peuple pour le raisonner.

Cet écran de fumée étant dressé pour masquer une réalité un peu plus ragoutante. Il n'y a plus en Tunisie qu'un appareil militaro-policier nu. Il n'y a plus de parti populaire soutenant le régime, plus de parlement croupion, plus de corps intermédiaires enracinés dans le peuple. Il n'y a qu'une monarchie bourgeoise absolue.

Et cela existera tant qu'il n'y aura pas eu la nuit de la déclaration des Droits de l'Homme du 04 aout. Mais pour ce type de Déclaration, il faut une Constituante.

Il va y avoir vite une Constituante à Tunis. Parce que en Egypte la colére monte, monte, monte.

La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique.(pascal)

A bas le tyran Hosni Moubarak ... l'honni.

[yannalan]

Tu sais Eninel, il: y a des forums tunisiens ou maghrébins où tu pourrais leur dire directement... %ais les références à la Révolution française vont passer assez mal...La France et la République ils ont eu ça assez longtemps

[Eninel]

Tu sais Eninel, il: y a des forums tunisiens ou maghrébins où tu pourrais leur dire directement... %ais les références à la Révolution française vont passer assez mal...La France et la République ils ont eu ça assez longtemps

Mais mon cher camarade Yannalan, nous sommes pleinement engagés dans le cadre de révolutions bourgeoises et démocratiques. N'est ce pas ce qu'inconsciemment tu espéres, toi qui trembles, à la seule invocation de la Dictature du Prolétariat ?

Pour le reste, ne t'inquiètes pas pour le prestige de la Révolution Française. Elle a et elle gardera jusqu'à la fin du monde une portée universelle.

[yannalan]

toi qui trembles, à la seule invocation de la Dictature du Prolétariat ? Laughing

Et de quel droit tu me dis des conneries pareilles ? Tu te bases sur quoi ?

[Eninel]

toi qui trembles, à la seule invocation de la Dictature du Prolétariat ? Laughing

Et de quel droit tu me dis des conneries pareilles ? Tu te bases sur quoi ?

D'anciennes discussions mon camarade, sur Robespierre, le comité de salut public et la Vendée, sur l'ancien forum.

Ton aversion pour la terreur légendaire. Et la Dictature du Prolétariat, se sera la Terreur, parce que il n'y a pas de justice sans force.

Enfin , peut-être que je me trompe et qu'enfin tu accepteras l'idée que Lénine et les bolchéviks ont même été assez mesurés dans l'excercise de la terreur, vue les circonstances historiques exceptionnelles de l'époque.

En ce cas, bien venu au club des amis du peuple camarade : "inflexible vis à vis des tyrans parce que compatissant vis à vis de la misére du peuple ".

Mais si tu veux, on peut poursuivre notre discussion par mail. Peut-être que nos camarades sont un peu saoulé de nos prises de bec ?

[yannalan]

La Terreur, ça peut se faire avec intelligence, mais bon on n'est pas sur un fil historique, ouvre en un si ç t'amuse. Aujourd'hui on a passé l'ère des révolution bourgeoises.
Pour ta gouverne, je n'ai rien contre la dictature du prolétariat, quand c'est le prolétariat qui l'exerce et j'ai toujours trouvé débile de rejeter le concept sous prétexte que "ça fait peur".

[Eninel]

La Terreur, ça peut se faire avec intelligence, mais bon on n'est pas sur un fil historique, ouvre en un si ç t'amuse. Aujourd'hui on a passé l'ère des révolution bourgeoises.
Pour ta gouverne, je n'ai rien contre la dictature du prolétariat, quand c'est le prolétariat qui l'exerce et j'ai toujours trouvé débile de rejeter le concept sous prétexte que "ça fait peur".

Et oui camarade, tu es pour "la dictature du prolétariat, quand c'est le prolétariat qui l'exerce ", j'imagine la classe prise dans sa globalité.

Donc, en toute logique, tu es contre la dictature des jacobins, exercant la terreur au nom du peuple, contre la dictature des bolcheviks exercant la dictature du prolétariat au nom du prolétariat international, mais contre une partie du prolétariat russe si nécessaire.

Croire que dans une révolution, tout un peuple, toute une classe sociale, est révolutionnaire, c'est ne rien comprendre à la réalité des processus historiques et politiques réelles - matérialistes - et non idéaux et idéalisés par des militants ouvriers comme tu en es un .

Irréprochable sur le plan moral, mais trompé par une vision fausse de la vraie vie et des logiques même de la lutte des classes.

Si les peuples (lorsque l'on parle d'une révolution populaire), si le prolétariat (lorsque l'on parle d'une révolution ouvrière) étaient au même niveau politique, au même moment, il n'y aurait pas de barricades, il n'y aurait pas de révolutions. Mais hélas, les guerres civiles sont le fait qu'une fraction du peuple (ou de la classe majoritaire ) se rangent dans le camp de la réaction, contre le camp du progrès historique.

Nous avons observé cela en France, au Etats-Unis et en Russie. Nous l'observons actuellement même en Tunisie et en Egypte.

Les Révolutions, les guerres civiles, c'est fondamentalement une lutte : travailleurs contre travailleurs, prolétariat contre prolétariat, intelligence contre obscurantisme.

Nous sommes tous les deux, intelligents (au moins avons-nous l'intelligence d'être dans le camp du progrès historique, dans le camp du communisme ). N'allons pas sur un fil historique pour aller au fond des choses et traîter ces questions théoriques. Ces questions, elles sont brûlantes d'actualités. Elles sont politiques et actuelles. Elles déterminent jusqu'à un certain point le sort de l'histoire qui se déroule sous nos yeux dans les pays arabes, qui va arriver maintenant très vite dans notre pays.

Tu nous dis que "la Terreur peut se faire avec intelligente". Hélas non camarade. Mais l'intelligence doit nous amener à construire, au delà de nos differences, un parti ouvrier révolutionnaire et une internationale ouvrière révolutionnaire suffisament influente pour sortir à temps le maximum de travailleurs de l'obscurantisme politique de la réaction, pour être une avant garde - un parti communiste- qui comme une sage femme, accélere et rend moins douloureux, l'accouchement.

Il ne peut y avoir d'accouchement sans du sang. Il ne peut y avoir de République, de Socialisme, sans verser le sang des paysans vendéens par exemple, le sang de ceux qui défendent ce soir les régimes Ben Ali ou Moubarak. Il y en a, et ce ne sont pas tous des capitalistes bourgeois, loin de là !

Dernier point théorique. Pour dépasser le cadre réactionnaire des révolutions bourgeoises et nationales, encore faut-il que les organisations ouvrières réorientent et replacent leurs agitations et leurs propagandes sur le terrain de la révolution prolétarienne et internationaliste, qu'ils recommencent à exposer les idées communistes aux ouvriers. En sommes nous là ?

Non !


Alors les organisations bourgeoises (laics et religieuses) ont un boulevard qui s'ouvre devant elle. Pour l'instant les ouvriers tunisiens et égyptiens comptent leurs morts, pour une cause qui n'est pas directement la leur.

Merci les dirigeants de l'UGTT et toutes les directions ouvrières qui limitent leurs agitations et leurs discours à des réformes démocratiques et sociales ... dans le capitalisme sénile contemporain.

Je suis assez d'accord avec toi lorsque tu dis que le temps des révolutions bourgeoises est derrière nous. C'est la base de la Révolution Permanente de Trotsky:

Socialisme ou barbarie ! Dictature des Soviets ou Dictature du Talon de Fer.

[gérard menvussa]

Tout ça n'a qu'un rapport assez distant avec le réel... On doit plutot se pencher sur les révoltes de la jeunesse dans les pays arabes, et la forme spécifique qu'elle prend (entre rejet de l'autoritarisme "des vieux", et révolte sociale) Comme d'habitude dans les "révoltes jeunes", le chemin peut être escarpé, et le but final assez vague, tout ça est compensé par une formidable énergie...

[Sparta]

Tout ça n'a qu'un rapport assez distant avec le réel... On doit plutot se pencher sur les révoltes de la jeunesse dans les pays arabes, et la forme spécifique qu'elle prend (entre rejet de l'autoritarisme "des vieux", et révolte sociale) Comme d'habitude dans les "révoltes jeunes", le chemin peut être escarpé, et le but final assez vague, tout ça est compensé par une formidable énergie...

Actuellement, dans les pays arabes, la situation est au stade de "révoltes de la jeunesse" ? N'était-elle pas bien au delà de ça ? Situation de "révolte" ou situation de "révolution" ? "Rejet de l'autoritarisme des vieux" ou "rejet du régime bourgeois" ? Au début du mouvement de contestation, c'était la jeunesse qui avait occupé les devants de la scène. Mais, après, en Tunisie comme en Egypte, le prolétariat a fait son irruption sur le plateau des luttes transcroissant ainsi la révolte en véritable révolution sociale. Il ne s'agit pas d'une lutte générationnelle des jeunes contre les vieux, mais d'une révolution des masses déshéritées contre la bourgeoisie et son régime. Il est vrai, qu'avec l'absence d'un parti ouvrier révolutionnaire, le projet social du mouvement peine à paraitre, mais cela n'empêche nullement son caractère de mouvement social révolutionnaire dont le fer de lance est le prolétariat et la jeunesse.

[Roseau]

Révolution tunisienne : « Le peuple veut dissoudre ce gouvernement »
vendredi 28 janvier 2011
Entretien avec Nizar Amami, syndicaliste PTT et porte-parole de la Ligue de la gauche ouvrière
http://www.npa2009.org/content/r%C3%A9volution-tunisienne-%C2%AB%E2%80%89le-peuple-veut-dissoudre-ce-gouvernement%E2%80%89%C2%BB

[Eninel]

Révolution tunisienne : « Le peuple veut dissoudre ce gouvernement »
vendredi 28 janvier 2011
Entretien avec Nizar Amami, syndicaliste PTT et porte-parole de la Ligue de la gauche ouvrière
http://www.npa2009.org/content/r%C3%A9volution-tunisienne-%C2%AB%E2%80%89le-peuple-veut-dissoudre-ce-gouvernement%E2%80%89%C2%BB

Après la chute du dictateur et face aux exactions des bandes armées lancées par l’ancien régime, des comités d’autodéfense se sont mis en place.
Aujourd’hui, face à la vacance du pouvoir local, ces comités ont pris le contrôle des anciens locaux du RCD pour gérer les affaires de certaines villes et gouvernorats (préfectures). Ils montrent ainsi la voie et tracent les contours des nouvelles étapes du processus révolutionnaire.
Ces comités sous toutes leurs formes et modalités d’action défendent les acquis de cette révolution. Ils ne sont pas prêts à s’arrêter avant d’avoir obtenu la satisfaction de toutes leurs revendications, comme le montre le slogan actuel « le peuple veut dissoudre ce gouvernement ». (extrait)

Nouvelle manifestation de l'actualité du Programme de Transition, de Trotsky et de l'ex-IV internationale, sur le reste.

A une certaine étape de la mobilisation des masses sur les mots d'ordre de la démocratie révolutionnaire, les soviets peuvent et doivent surgir. Leur rôle historique dans chaque période donnée, en particulier leurs rapports avec l'assemblée nationale, est déterminé par le niveau politique du prolétariat, par la liaison entre celui-ci et la classe paysanne, et par le caractère de la politique du parti prolétarien. Tôt ou tard, les soviets doivent renverser la démocratie bourgeoise. Eux seuls sont capables de mener la révolution démocratique jusqu'au bout et d'ouvrir ainsi l'ère de la révolution socialiste.

Y a pu ka !

[gérard menvussa]

Tout ça n'a qu'un rapport assez distant avec le réel... On doit plutot se pencher sur les révoltes de la jeunesse dans les pays arabes, et la forme spécifique qu'elle prend (entre rejet de l'autoritarisme "des vieux", et révolte sociale) Comme d'habitude dans les "révoltes jeunes", le chemin peut être escarpé, et le but final assez vague, tout ça est compensé par une formidable énergie...

Actuellement, dans les pays arabes, la situation est au stade de "révoltes de la jeunesse" ? N'était-elle pas bien au delà de ça ? Situation de "révolte" ou situation de "révolution" ? "Rejet de l'autoritarisme des vieux" ou "rejet du régime bourgeois" ? Au début du mouvement de contestation, c'était la jeunesse qui avait occupé les devants de la scène. Mais, après, en Tunisie comme en Egypte, le prolétariat a fait son irruption sur le plateau des luttes transcroissant ainsi la révolte en véritable révolution sociale. Il ne s'agit pas d'une lutte générationnelle des jeunes contre les vieux, mais d'une révolution des masses déshéritées contre la bourgeoisie et son régime. Il est vrai, qu'avec l'absence d'un parti ouvrier révolutionnaire, le projet social du mouvement peine à paraitre, mais cela n'empêche nullement son caractère de mouvement social révolutionnaire dont le fer de lance est le prolétariat et la jeunesse.

Ce qui est sur, c'est que le processus révolutionnaire a commencé par une "révolte de la jeunesse", et que celle ci reste largement en pointe de la mobilisation. Et pas comme la "révolte de mai 68", la position "sociale" des différentes jeunesses n'ayant rien à voir... Cela donne un sens "social" et "politique" tout a fait intéressant... Sinon, je ne vois pas en quoi "le prolétariat a fait irruption sur le plateau des luttes transcroissant ainsi la révolte en véritable révolution sociale." Le prolétariat en terme de "classe pour soi" n'apparait pas (pour le moment) comme sujet et comme acteur spécifique. On peut le regretter, penser qu'il ne s'agit que d'une situation passagère, les faits sont là. Il se trouve par ailleurs que ces "jeunesses" sont largement plus "ouvrières" que lors d'anciennes irruptions de la jeunesse "comme sujet spécifique"... Il ya là une possibilité de former une colonne vertébrale de direction (ouvrière) qui reste largement à construire (et dont l'urgence se fait sentir chaque jour...

[Roseau]

La chronique depuis la Tunisie, de Alma Allende continue...
http://www.npa2009.org/content/chroniques-de-la-r%C3%A9volution-tunisienne-par-alma-allende

[alexi]

Ligue de la gauche ouvrière.

Quelqu'un connait ce groupe ?

[Sparta]

Tout ça n'a qu'un rapport assez distant avec le réel... On doit plutot se pencher sur les révoltes de la jeunesse dans les pays arabes, et la forme spécifique qu'elle prend (entre rejet de l'autoritarisme "des vieux", et révolte sociale) Comme d'habitude dans les "révoltes jeunes", le chemin peut être escarpé, et le but final assez vague, tout ça est compensé par une formidable énergie...

Actuellement, dans les pays arabes, la situation est au stade de "révoltes de la jeunesse" ? N'était-elle pas bien au delà de ça ? Situation de "révolte" ou situation de "révolution" ? "Rejet de l'autoritarisme des vieux" ou "rejet du régime bourgeois" ? Au début du mouvement de contestation, c'était la jeunesse qui avait occupé les devants de la scène. Mais, après, en Tunisie comme en Egypte, le prolétariat a fait son irruption sur le plateau des luttes transcroissant ainsi la révolte en véritable révolution sociale. Il ne s'agit pas d'une lutte générationnelle des jeunes contre les vieux, mais d'une révolution des masses déshéritées contre la bourgeoisie et son régime. Il est vrai, qu'avec l'absence d'un parti ouvrier révolutionnaire, le projet social du mouvement peine à paraitre, mais cela n'empêche nullement son caractère de mouvement social révolutionnaire dont le fer de lance est le prolétariat et la jeunesse.

Ce qui est sur, c'est que le processus révolutionnaire a commencé par une "révolte de la jeunesse", et que celle ci reste largement en pointe de la mobilisation. Et pas comme la "révolte de mai 68", la position "sociale" des différentes jeunesses n'ayant rien à voir... Cela donne un sens "social" et "politique" tout a fait intéressant... Sinon, je ne vois pas en quoi "le prolétariat a fait irruption sur le plateau des luttes transcroissant ainsi la révolte en véritable révolution sociale." Le prolétariat en terme de "classe pour soi" n'apparait pas (pour le moment) comme sujet et comme acteur spécifique. On peut le regretter, penser qu'il ne s'agit que d'une situation passagère, les faits sont là. Il se trouve par ailleurs que ces "jeunesses" sont largement plus "ouvrières" que lors d'anciennes irruptions de la jeunesse "comme sujet spécifique"... Il ya là une possibilité de former une colonne vertébrale de direction (ouvrière) qui reste largement à construire (et dont l'urgence se fait sentir chaque jour...

Oui, au début, le processus a pris ses racines dans la jeunesse. Mais, après, le prolétariat est venu se placer à côté d'elle. Ce phénomène suffit amplement à remettre la "révolte de la jeunesse" au passé. Il s'agit, aujourd'hui, d'une véritable révolution prolétarienne avec tout ce qu'elle implique comme sens. Le problème réside dans l'absence d'une direction révolutionnaire pour accomplir historiquement cette révolution. Nous sommes face à une révolution sans direction révolutionnaire socialiste. En outre, cette jeunesse, pour dépasser l'interprétation sociologique, est composé en grande partie de chômeurs et de prolétaires, ce qui appuie encore le caractère révolutionnaire prolétarien de cette situation. Le problème est dans le fait que cette révolution se doit d'accomplir la démocratisation du régime et la socialisation des moyens de production. La bourgeoisie tunisienne ne sera capable ni de démocratiser, ni, encore moins, de socialiser. C'est au prolétariat de le faire et, là, on revient à la fameuse direction révolutionnaire socialiste tunisienne encore faible ou absence. La question est d'apprécier les éléments qui permettent d'entrevoir la possibilité d'une naissance de cette direction révolutionnaire. Les forces socialistes révolutionnaires, encore faibles et éparpillées aujourd'hui, peuvent-elles trouver une circonstance favorable les propulsant à la tête de cette révolution comme direction ?

[BouffonVert72]

http://fr.news.yahoo.com/4/20110129/tts-tunisie-commercants-ca02f96.html

Des commerçants tunisiens veulent reprendre une vie normale


Impatients de reprendre le travail après des semaines de manifestations qui ont paralysé Tunis, des commerçants armés de bâtons et de couteaux gardaient samedi l'entrée du marché couvert, repoussant un petit groupe de manifestants.



Les commerçants se disent satisfaits du remaniement ministériel annoncé jeudi, qui a remplacé 12 ministres liés au président déchu Zine Ben Ali, tout en maintenant Mohamed Ghannouchi comme Premier ministre.

"Nous voulons la stabilité. Nous avons maintenant un gouvernement de transition (...) Nous sommes contre le chaos. Ces gens veulent tout changer en un jour", s'insurge Ahmed Oueslati, propriétaire d'une petite mercerie.

Vendredi, la police a démantelé un camp de fortune installé par des manifestants venus il y a une semaine de régions rurales pour réclamer la démission du gouvernement et qui ne se satisfont pas du remaniement.

Difficile de savoir si les manifestants de samedi provenaient de ce camp, ainsi que le pensaient certains commerçants, ou s'il s'agissait de bandes fidèles à Ben Ali tentant d'empêcher un retour à la normale, ainsi que l'affirmaient d'autres.

"Ces gens sont seulement ici pour piller. Laissons le gouvernement faire son travail. Nous n'avons pas d'objection (au maintien de) Ghannouchi (...) Nous avons tenté de parler à ces gens, mais ils veulent un Premier ministre de Sidi Bouzid", s'énerve un commerçant en faisant référence à la ville d'où la "Révolution de Jasmin" est partie après le suicide par le feu d'un jeune diplômé sans emploi.

"Laissez les gens travailler et gagner leur vie. Les gens doivent fermer leur boutique quatre ou cinq fois par jour", crie un autre homme.
Avant l'incident avec les manifestants, les activités avaient commencé à reprendre un cours normal dans les petites rues de la vieille ville.

De nombreuses boutiques avaient rouvert et des ouvriers s'employaient à effacer les graffiti sur le bâtiment de l'ère ottomane abritant la primature.

Lin Noueihed; Nicole Dupont pour le service français

[alexi]

Le texte de Samuel Holder est très bien sauf que la spontanéité a ses limites, et comme toujours ce sont les plus organisés qui tireront leur épingle de cette situation politique et sociale.
Il n'en reste pas moins que cela reste une source d'espoir pour l'émancipation de tous les déshérités de la planète.
Culture et révolution

A nouveau : Vive la révolution tunisienne !

Nous assistons en plein hiver à un début de « printemps des peuples » au Maghreb et au Moyen Orient avec des manifestations au Yémen, en Égypte et en Algérie.

Après le peuple tunisien, c’est maintenant au tour du peuple égyptien de surgir sur la scène politique et sociale aux cris de : « Moubarak dégage ! », « La Tunisie est la solution ». A l’échelle de l’Égypte (80 millions d’habitants), le régime peut se dire que les manifestations sont numériquement modestes puisqu’il peut encore aligner autant de flics que de manifestants. Mais ces dizaines de milliers de manifestants dans les principales villes égyptiennes sont pour la plupart des jeunes qui, en dépit des tués, des blessés et des centaines d’arrestation, ont vaincu la peur, le repli sur soi et le fatalisme. Il n’est pas exclu, malgré les flics et l’armée de Moubarak, qu’ils soient rejoints bientôt par nombre de ces gens qui vivent avec moins de deux dollars par jour et qui constituent près de 50% de la population égyptienne.

De la révolte désespérée qui a conduit quelques personnes sans ressources à se donner spectaculairement la mort, nous sommes passés en quelques heures à une révolte collective porteuse d’espoir. « Du pain, la liberté et la paix ! », voilà comment un vieux manifestant au Caire formulait les choses hier. Des mots simples et terriblement redoutables pour tous les profiteurs en Égypte comme dans tous les pays du monde.

Quand des hommes et des femmes se redressent et agissent pour exiger la liberté et des conditions décentes d’existence, un avenir pour leurs enfants et pour eux-mêmes, des relations fraternelles et pacifiées entre les gens, ce sont les bases mêmes du capitalisme qui commencent à être ébranlées. Car le capital ne peut vivre et se reproduire qu’en prenant et en exploitant le plus grand nombre, en spéculant sur les denrées de premières nécessité comme sur les sources d’énergie, en stimulant les replis individualistes, en divisant les populations et en attisant les haines collectives.

Les affaires prospèrent sur un terreau de dictatures nationales et locales maffieuses ou au minimum, comme en France, sur des régimes présidentiels de plus en plus policier, soudés et corrompus par les grands groupes financiers, commerciaux et industriels.

La démocratie vivante qui s’épanouit dans la rue comme sur internet, qui prend en charge les aspirations sociales les plus justifiées, devient une menace pour toutes les classes dirigeantes. Quand on observe ce qui s’est déjà produit depuis le renversement de Ben Ali le 14 janvier dans différents pays, nous ne pouvons que dire à nouveau : Vive la révolution tunisienne !

LES AVEUX LES PLUS DOUX

Les agences de notation qui orientent les grands flux de la spéculation boursière à l’échelle mondiale ont commencé à baisser la note de la Tunisie ou s’apprêtent à le faire. D’autre part on assiste depuis 48 heures à un effondrement des valeurs à la Bourse du Caire à la suite des manifestations en Égypte. Toutes les institutions financières qui mènent le jeu économique mondial nous envoient des messages forts. Elles adorent les dictatures qui leurs garantissent de bas coûts de main d’œuvre. Elles détestent par conséquent les aspirations des peuples à la démocratie et au bien-être, ce qui incontestablement met, à terme, leurs profits en péril. Il est implacablement logique que les banques, compagnies d’assurances, fonds de pension et agences de notation estiment que toutes les formes de protection sociale, sécurité sociale et services publics qui existent encore dans certains pays doivent être détruits. Ces organes vitaux du capital formulent leurs demandes mortifères par le canal des gouvernements en exigeant la réduction des dépenses de l’Etat utiles aux citoyens et la réduction d’une dette dite abusivement publique et dont les groupes capitalistes sont entièrement responsables.

Casser cette logique, c’est ce que toutes les luttes ont commencé et vont continuer à faire, par les grèves, les manifestations, les révoltes individuelles et collectives ou les révolutions. Bref, par tous les moyens nécessaires.

CE QUE NOUS OFFRE LA RÉVOLUTION TUNISIENNE

Si nous nous en rendons compte, la révolution tunisienne nous aura rendu de grands services en Europe et en particulier en France. On peut même dire qu’il s’agit de cadeaux précieux qui n’ont aucune valeur marchande mais une grande valeur politique et humaine.

Les jeunes, les avocats, les salariés et tous les pauvres qui ont mis Ben Ali et ses proches en fuite ont par ricochet contribué à démasquer et à discréditer les gouvernants d’aujourd’hui. Déjà sérieusement plombé par l’affaire Woerth-Bettencourt, par l’affaire du Médiator (Servier-Xavier Bertrand, etc), par les condamnations en justice de Brice Hortefeux et bien sûr par le mouvement de défense des retraites, le gouvernement Sarkozy-Fillon-Alliot-Marie vient d’étaler, avec une stupidité remarquable, sa connivence avec les clans dictatoriaux et mafieux qui régnaient en Tunisie et cherchent à garder le pouvoir.

Ils ont démasqué les responsables du Parti socialiste qui hébergeaient très confortablement le parti de Ben Ali (de même que celui de Laurent Gbagbo) au sein de leur club international : l’Internationale socialiste. Si nous avions un peu de mémoire et un peu d’exigence, la collection des déclarations et des actes de soutien à Ubu-Ben Ali et ses affidés, en toute connaissance de cause de la part de François Mitterrand, Hubert Védrine, Chevènement, Jospin, Delanoë et Strauss-Kahn devrait nous inspirer un dégoût définitif pour le Parti socialiste et ses fidèles supporters et alliés. Car leur soutien a contribué très concrètement à permettre à Ben Ali de maintenir tout un peuple dans la terreur pendant 23 ans, à emprisonner et torturer des journalistes, des avocats, des syndicalistes et aussi de simples quidams surpris en train de prier et qu’on a qualifié de « terroristes » pour faire du chiffre et complaire aux gouvernements occidentaux.

En s’emparant de la rue et de la parole dans une nouvelle et belle version de Mai 68, les Tunisiens nous ont fait savoir qu’on pouvait commencer une révolution avant de faire une grève générale. Ce qui ne les empêchera pas si nécessaire de faire une grève générale pour ne pas se faire voler leur révolution. Que chacun range son formalisme de la pensée à propos des étapes obligées de la lutte des classes au magasin des discussions byzantines périmées.

Bien plus, le soulèvement en Tunisie a redonné un sens et de belles couleurs au mot révolution. Que chacun s’efforce de ne pas tourner le dos à cette réalité en se réfugiant dans une « solidarité avec la lutte du peuple tunisien » aussi creuse que platonique. Il y a peut-être mieux à faire et à penser. Du reste la révolution ne doit pas être ravalée au rang d’un mythe, d’un slogan pour tee-shirt, d’un coup de chapeau nostalgique à de glorieux événements du passé. Il faut redire que cette révolution où les intégristes n’ont joué aucun rôle est une arme politique possible contre les réactionnaires islamistes, de même qu’elle est une arme politique possible contre le racisme et contre l’islamophobie, contre une certaine prétention en France, bien discutable, d’être le pays des droits de l’homme et même d’être le nombril de la lutte des classes.

Cette révolution en cours à deux pas de chez nous est une expérience collective, avec ses obstacles et ses avancées, une expérience difficile et enthousiasmante, qui peut se partager et devenir un bien commun, si nous le souhaitons, si nous le voulons.

LE CRÉPUSCULE DES SAUVEURS SUPRÊMES

La révolution tunisienne est déconcertante et presque vexante pour tous ceux qui s’imaginent qu’on ne peut pas se lancer dans une telle aventure sans leaders, de préférence charismatiques. Elle ruine cette idée qu’une population doit toujours être guidée et s’identifier à un individu exceptionnel pour aller de l’avant. En Tunisie il n’y a donc pas eu de Khomeiny, de Walesa, de Mandela, de Lula ou d’Obama. Donc jusqu’à présent, les gens sont dépourvus d’une figure susceptible de les décevoir, de les trahir ou de les aliéner en les dépossédant de leur pleine confiance dans leurs capacités de réflexion et d’action. Qui s’en plaindrait ? Certainement pas celui qui a composé les paroles de « L’Internationale » : « Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun ».

Ni tribun ! C’est là qu’il faut espérer que les évènements qui se déroulent actuellement en Tunisie, en Égypte ou au Yémen, ouvrent une nouvelle ère, celles de luttes et de révolutions modernes où chaque participant joue pleinement son rôle, avec ses particularités, et se découvre une nouvelle existence au sein du collectif en mouvement. L’absence (ou la mise sous le contrôle raisonnable par tous) d’une personnalité d’exception permet en fait à toutes les personnalités de se développer, de se respecter et de devenir « exceptionnelles ».

Ce qu’on présente comme des mouvements d’anonymes ne signifie en rien que des hommes et des femmes exceptionnellement courageux n’ont pas pris, aussi isolés ou minoritaires fussent-ils, l’initiative de la résistance, de l’affirmation de droits et de leur dignité face aux sbires de ces régimes. A cet égard, pour comprendre les soulèvements d’aujourd’hui, il y aura à revenir avec attention sur l’action de celles et ceux qui en janvier 2008 ont été au cœur des grèves et mobilisations dans la région minière de Gafsa en Tunisie, de même que sur l’action des salariés qui en avril 2008 se sont mis en grève dans l’usine textile de Mhallah el-Koubra, au nord du Caire. Cette grève a donné naissance au Mouvement du 6 avril en Égypte, un groupe de jeunes qui a pris l’initiative d’appeler à manifester ces derniers jours.

Samuel Holder
28/01/11

[Sparta]

...
Ce qu'on présente comme des mouvements d'anonymes ne signifie en rien que des hommes et des femmes exceptionnellement courageux n'ont pas pris, aussi isolés ou minoritaires fussent-ils, l'initiative de la résistance, de l'affirmation de droits et de leur dignité face aux sbires de ces régimes...

Ce n'est pas suffisant. Cela nous engagerait dans un éternel recommencement. C'est assez évolutionniste.

L'idéal est d'avoir, en plus de tout ce qui décrit plus haut, une direction politique révolutionnaire pour encadrer la révolution, prendre le pouvoir et achever tous ces régimes bourgeois despotiques. Sans cela, c'est énormément de sacrifices pour, malheureusement, se laisser voler la révolution.

[Roseau]

Video retour de Tunisie
https://www.dailymotion.com/video/xgucx8_point-actu-tunisie-avec-olivier-besancenot-le-31-01-2011_news

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