La Tunisie
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Tunisie
C.R.L.D.H.T
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS - Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34
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Urgent - Alerte
Arrestation du journaliste Fahem Boukaddous
Nous venons d'apprendre l'arrestation ce matin, 15 juillet 2010, du journaliste Fahem Boukaddous.
Il est à rappeler que Fahem Boukaddous, qui a quitté l'hopital le mercredi 14 juillet 2010, a été condamné, le 6 juillet à 4 ans de prison ferme par la cour d'appel de Gafsa (Lire communiqué CRLDHT ci-dessous)
La cour d'appel de Gafsa confirme la condamnation
du journaliste Fahem Boukadous à 4 ans de prison
La Cour d’appel de Gafsa a confirmé aujourd’hui, mardi 6 juillet 2010, la condamnation prononcée en première instance à l’encontre du journaliste Fahem Boukadous à quatre ans de prison ferme.
Fahem Boukadous, hospitalisé à Sousse depuis plusieurs jours, est poursuivi suite à la couverture journalistique qu’il a assurée du mouvement social du bassin minier de Gafsa en 2008. Il a été condamné par contumace à 6 ans de prison ferme en décembre 2008, puis de nouveau en appel en février 2009 en même temps que les leaders du mouvement de protestation sociale du bassin minier de Gafsa.
M. Fahem Boukadous est sorti de la clandestinité le 24 novembre 2009, et s’est présenté à la justice pour faire opposition à sa condamnation par contumace. Il a été condamné en première instance à 4 ans de prison ferme. Il vient de connaître le même sort que Hassen Ben Abdallah, qui a subi le même jugement sévère de 4 ans de prison, prononcé à son encontre par la même Cour .
M. Boukaddous, dont la santé est en état critique, est actuellement hospitalisé à Sousse (Centre-Est de la Tunisie) et risque l’incarcération à tout moment.
Le CRLDHT dénonce ce procès scandaleux et inique, dans un Etat, la Tunisie, où la justice délibère en absence même de l’ «accusé» empêché d’être présent physiquement pour des raisons de santé. .
Il exige la libération immédiate de MM. Fahem Boukadous et Hassen ben Abdallah et l’arrêt des poursuites à leur encontre.
Le CRLDHT tient le gouvernement tunisien pour responsable de toute dégradation de l’état de santé de M.Fahem Boukadous.
Le CRLDHT rappelle que le dossier du bassin Minier n’est pas clos et exige l’arrêt des poursuites à l’encontre de MM Maher Fajraoui (condamné par contumace à 10 ans de prison) et Mouhiédine CHERBIB, membre fondateur du CRLDHT, condamné par contumace à 2 ans et 15 jours de prison ainsi que le rétablissement de tous les anciens (et nouveaux détenus) dans l’intégralité de leurs droits, à commencer par celui de retrouver leurs emplois.
Paris, le 06 juillet 2010
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
La Tunisie
Collectif de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid. Répression sanglante du pouvoir tunisien à Sidi Bouzid.
samedi 25 décembre 2010
Après le décès avant hier du jeune Houcine Falhi à Sidi Bouzid, le jeune Mohamed Amari (24 ans), atteint par une balle en pleine poitrine, est mort aujourd'hui à Menzel Bouzaïene.
La police n'a pas hésité aujourd'hui à tirer sur les manifestants dans cette ville. Sidi Bouzid connait depuis 8 jour un important mouvement de protestation populaire, les manifestations et les affrontement avec les forces de répression s'est étendu à la plupart des villes de la région (Sidi Bouzid, Meknassi, Jelma, Menzel Bouzaïene, Sidi Ali Ben Aoun...).
Devant la gravité de la situation et afin d'exprimer notre solidarité avec la population de Sidi Bouzid, le Collectif de Solidarité avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid appelle en urgence à un rassemblement demain, samedi 25 décembre 2010, à 14h00 à Paris près de la station de métro Couronnes (métro couronnes, ligne 2).
Le 24 décembre 2010.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: La Tunisie
TUNIS — De violents affrontements ont opposé vendredi des manifestants et la police dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest tunisien) faisant un tué et des blessés, a-t-on appris de sources officielle et syndicale.
Le ministère de l'Intérieur a fait état d'un mort et deux blessés parmi les "assaillants" et de plusieurs blessés parmi les agents de sécurité, dont deux sont dans le coma.
Selon une source syndicale contactée par l'AFP, les affrontements qui se sont produits à Menzel Bouzayane, une localité à 60 km de Sidi Bouzid, en proie à des troubles sociaux depuis plusieurs jours, ont fait un mort et dix blessés. Mohamed Fadhel, syndicaliste de l'enseignement secondaire a affirmé que le manifestant décédé, Mohamed Ammari, 18 ans, a été touché à la poitrine.
Plus de deux milles habitants de Menzel Bouzayane (280 km au sud de Tunis) ont participé à cette manifestation, décrite comme "très violente" par M. Fadhel.
Dans un communiqué diffusé par l'agence gouvernementale TAP, le ministère de l'Intérieur affirme que "des groupes d'individus ont incendié la locomotive d'un train et mis le feu à trois véhicules de la garde nationale, avant d'attaquer le poste de la garde nationale de la ville".
Après avoir essayé de les dissuader, des agents de la garde nationale ont été amenés "à recourir aux armes dans le cadre de la légitime défense", selon la même source.
M. Fadhel a indiqué que des renforts de police dépêchés de Sidi Bouzid, ont encerclé la ville de Menzel Bouzayane en en interdisant les accès ajoutant que les forces de l'ordre ont procédé à une vague d'arrestation.
La région de Sidi Bouzid est en proie à des troubles sociaux à la suite d'une tentative de suicide d?un Tunisien de 26 ans, diplômé de l'université.
Le 17 décembre, Mohammed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, s?est fait confisquer sa marchandise par la police municipale, n?ayant pas les autorisations nécessaires.
Désespéré, le jeune homme s'était aspergé d'essence pour s'immoler par le feu. Grièvement brûlé, il a été transféré dans un centre médical près de Tunis.
Ce premier incident a provoqué des protestations qui ont dégénéré en affrontements entre la police et des habitants.
Le pouvoir avait affirmé que ces heurts n'étaient qu'un "incident isolé" et dénoncé leur exploitation à des fins politiques "malsaines" par l'opposition.
Le 22 décembre, un jeune Tunisien de Sidi Bouzid, s'était électrocuté au contact de câbles de haute tension après avoir escaladé un poteau électrique en criant qu'il ne voulait "plus de misère, plus de chômage", selon Ali Zari, un dirigeant syndicaliste.
Le ministre de Développement, Mohamed Nouri Jouini s'est déplacé jeudi à Sidi Bouzid, pour annoncer des mesures présidentielles pour la création d'emplois et le lancement de projets d'un montant de 15 millions de dinars (1 dinar= 0,52 euro).
Lors d'une conférence de presse, le Parti démocratique progressiste (opposition légale) a appelé vendredi à mettre fin à la compagne d'arrestation et à l'ouverture d'un dialogue avec les composantes de la société civile et les jeunes chômeurs.
Azadi- Messages : 82
Date d'inscription : 27/12/2010
Re: La Tunisie
Suite à la répression, la manifestation s'est générralisée et tendue
prise du palais du gouverneur
Les manifs se sont étendues
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: La Tunisie
Tunisie
Cours nouveau au Maghreb
http://npamenton.unblog.fr/2011/01/01/tunisie-nouvelles-tentatives-de-suicide-de-jeunes-chomeurs-nouvelles-mobilisations-de-la-classe-populaire-et-au-tour-des-avocats-detre-attaques-par-le-regime-corrompu-de-ben-ali/
- nouvelles tentatives de suicide de jeunes chômeurs,
- nouvelles mobilisations de la classe populaire
- au tour des avocats d'être attaqués par le régime de Ben Ali
- une situation suivie de près par les autres peuples d'Afrique du Nord
le régime de Ben Ali craque de toutes parts face aux colères populaires.
les mobilisations placent de fait les syndicats de travailleurs unifiant les révoltes populaires au centre des solutions politiques, face à la petite clique qui dirige la Tunisie et qui ne survit que par un recourt de plus en plus déterminé à la violence et à la délinquance policière.
la poussée populaire, de loin en loin, agglomère des couches sociales distinctes, jusqu'à des hommes et femmes, dans l'appareil d'état, qui vacillent et n'en peuvent plus de subir le despotisme d'un régime agonisant.
pour la première fois dans un pays du Maghreb, c'est d'abord la classe populaire, le prolétariat moderne, avec ses organisations, qui se dresse face à un régime dictatorial corrompu au service d'un capitalisme débridé. Et cette classe populaire entraine à sa suite toutes les forces vives du pays, quelque soit leurs origines, quelques soient leurs fonctions.
Les chocs de la crise du capitalisme et le désir de la bourgeoisie du monde de profiter de celle-ci pour prélever un morceau encore plus large des richesses produites de par le monde, créent partout dans le monde des tensions énormes et des résistances de plus en plus puissantes. Cela touche les pays du “nord ” comme ceux du “sud”. Il y a eu une phase de plusieurs mois de secousses des classes populaire et de la jeunesse en Europe cet automne . Cette première phase est pour l'instant suspendue pendant la trêve des confiseurs, le froid, et surtout par le besoin de reprendre son souffle , de comprendre ce qu'il manque pour gagner.
Au Maghreb (et aussi en Egypte) des batailles de la classe populaire, des grèves de la faim de jeunes chômeurs, des grèves ouvrières et aussi dans les services d'état, des émeutes sur le logement , etc, ont parsemé depuis deux ans la vie de ces sociétés.
Depuis quelques semaines, l'intensité des réactions populaires s'est accrue notablement. La Tunisie, pour un ensemble de raisons particulières est l'état où ces réactions ont montré une inflexion significative. C'est un tournant important qui fait écho aux résistances sociales et quasi-émeutes survenues en Algérie et au Maroc.
Au delà, la question tunisienne est l'endroit du Maghreb où la place du prolétariat moderne urbain et celle de ses expressions organisées se sont les plus avancées sous le choc des évènements. Nul doute que cet aspect sera enregistré au Maroc et en Algérie.
C'est un cours nouveau spécifique à la Tunisie, encore très fragile, qui place une classe candidate au pouvoir, de fait. Le soutien aux organisations de la classe populaire politiques et syndicales est d'autant plus important car elles représentent l'expression organisée du peuple tunisien.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: La Tunisie
L’Intifada tunisienne
mercredi 5 janvier 2011À la suite de l’immolation par le feu d’un jeune chômeur le 17 décembre, se déroule en Tunisie la révolte la plus importante depuis les « émeutes du pain » de 1984.
L’Intifada tunisienne est née dans un contexte de paupérisation de la population et de chômage de la jeunesse, notamment diplômée.
Face à cela, une première réaction a été la fuite dans l’émigration, et pour des destinations qui en disent long, l’Algérie étant devenue pour certaines populations frontalières une terre d’exil économique. Une seconde conséquence a été le suicide de jeunes chômeurs dont plusieurs par immolation (onze suicides de chômeurs pour la seule ville de Bousalem en 2010). Une troisième en a été une remontée des luttes ouvrières, avec un pic de grèves en mars dernier et des révoltes pour l’emploi et contre le chômage. Ces dernières ont notamment secoué de janvier à juin 2008 la région du bassin minier de Gafsa-Redeyef et, en 2010, la ville de La Skhira ainsi que la région de Ben Guerdane.
Dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, une région agricole, les paysans de Regueb ont les premiers occupé les terres dont ils étaient menacés d’être chassés en juin dernier par les banques. Regueb, d’où vient la famille du jeune Bouazizi dont l’immolation, le 17 décembre, a été l’étincelle qui a mis le feu à la Tunisie.
Le mouvement est parti du centre du pays, mais actuellement la population manifeste partout spontanément pour l’emploi. Y participent de nombreux diplômés chômeurs et des syndicalistes. Le mouvement s’est élargi aux avocats, catégorie en pointe dans la lutte contre la dictature, et la reprise des cours devrait permettre l’entrée en lutte des lycéens et des étudiants, promis au chômage. Les manifestants réclament des emplois. Ils dénoncent la corruption, le parti au pouvoir, la « Trabelsia », c’est-à-dire la famille au pouvoir qui a pillé la richesse du pays. Ils exigent le départ de Ben Ali, président depuis 23 ans. Des locaux honnis sont attaqués, mis à sac ou incendiés : police, garde nationale, stèles érigées à la gloire de la dictature, locaux des chefs-lieux de délégations.
La réponse du pouvoir est la même depuis 23 ans : déploiement policier, arrestations, torture, procès et agressions physiques, notamment des journalistes et des avocats voulant briser l’omerta. Mais la révolte spontanée s’est transformée en résistance. Trois semaines après le déclenchement du mouvement, les populations continuent de descendre dans la rue, malgré les morts, les blessés et l’état de siège et en dépit de la faiblesse, voire de l’inexistence de l’auto-organisation.
La seule force qui maille le pays, faute d’opposition en capacité de le faire, est l’UGTT, la centrale syndicale unique. On retrouve en pointe dans les mobilisations les mêmes fédérations que celles qui avaient pleinement soutenu les inculpés de Gafsa-Redeyef : enseignement, poste et télécommunications, certains secteurs de la santé, etc. Nombre d’unions locales et régionales soutiennent la population, mais ne l’organisent pas, comme l’avaient fait en 2008 les syndicalistes et les militants de Redeyef, permettant au mouvement d’être centralisé dans cette région, afin de se construire dans la durée. Reste à déplorer l’attitude de la direction confédérale de l’UGTT qui s’est désolidarisée officiellement de mobilisations organisées par certaines de ses structures et des slogans hostiles au régime qui y étaient scandés.
Ben Ali sait qu’il peut compter sur les puissances impérialistes. Pour sa part, le NPA est pleinement engagé dans l’élargissement du mouvement de solidarité qui s’est déjà manifesté à Paris, Londres, Genève, Montréal, Berne, Bonn, Munich et au Caire.
Corinne Quentin
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: La Tunisie
LEMONDE.FR avec Reuters, AFP | 09.01.11 | 11h52 • Mis à jour le 09.01.11 | 15h16
La tension ne baisse pas en Tunisie. Des coups de feu étaient signalés,
dimanche 9 janvier, à Kasserine, dans l'ouest du pays, où des
affrontements avaient lieu entre manifestants et forces de l'ordre.
Dans la nuit, des heurts ont éclaté à Thala, autre ville de l'ouest du
pays.
Les informations les plus contradictoires circulaient dimanche sur le nombre de victimes. Ahmed Nejib Chebbi,
un dirigeant de l'opposition, a évoqué le chiffre de vingt personnes
tuées par balles dans ces deux villes. Il a appelé le président à faire
cesser le feu.
"Les informations qui nous proviennent de Kasserine et Thala
font état d'au moins vingt morts tombés sous les balles depuis samedi
dans des affrontements qui se poursuivaient ce matin même", a déclaré Ahmed Nejib
Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP,
opposition légale), expliquant tenir ses informations des relais de son
parti dans les deux villes.
Manifestation à Tunis contre la cherté de la vie le chômage, samedi 8 janvier.AP/Hassene Dridi
Selon des témoignages concordants recoupés par l'AFP, au moins
quatre personnes ont été tuées dimanche et plusieurs blessées par
balles à Kasserine, à 290 km au sud de Tunis. Ces sources avaient
affirmé que le bilan devrait s'alourdir dans les heures à venir en
raison d'un "grand nombre de blessés graves".
Sur les quatre tués dans des affrontements avec la police, trois ont été tués par balles et identifiés. Il s'agit de Raouf Bouzid, Mohamed Amine Mbarki et Rabah Nasri, a indiqué Sadok Mahmoudi,
membre du bureau exécutif du syndicat régional de Kasserine. Ce
syndicaliste a fait état d'un quatrième tué sans précision d'identité.
Samedi soir, des affrontements à Thala, localité situé à 50 km de
Kasserine, avaient fait au moins quatre morts et six blessés graves,
selon des sources syndicales. L'agence de presse donne le nom des
victimes, obtenus auprès d'habitants de Thala ayant requis l'anonymat :
Marwane Jomni, 20 ans, Ahmed Boulaabi, 30 ans, Mohamed Omri, 17 ans et Nouri Boulaabi, 30 ans. Le gouvernement a fait état dimanche de deux morts dans cette ville.
Selon les autorités, la police a agi "en état de légitime défense" à Thala. "Plusieurs personnes ont été blessées parmi les forces de l'ordre, dont trois grièvement",
précise le communiqué du gouvernement, qui affirme que la police a
ouvert le feu après avoir procédé à des tirs de sommation pour empêcher
des manifestants de s'en prendre à des bâtiments gouvernementaux.
À "LA MÉMOIRE DES MARTYRS"
Samedi, un nouveau marchand ambulant s'est immolé par le feu à Sidi Bouzid.
Agé de 50 ans, Moncef Ben K., marié et père de famille, s'est aspergé
d'essence alors que se tenait le marché de la ville. Il a été emmené en
ambulance et son état est jugé grave. Au même endroit, à Sidi Bouzid,
capitale agricole située au coeur de la Tunisie, un vendeur de fruits
et légumes, Mohamed Bouazizi, 26 ans, s'était immolé par le feu le 17
décembre avant de décéder le 4 janvier.
Son geste de désespoir a provoqué une vague de contestation et de
manifestations contre le chômage et la cherté de la vie sans précédent
depuis vingt ans dans tout le pays. Depuis la mi- décembre, plusieurs
autres cas de suicides ont été signalés. Samedi, la ville de Metlaoui,
dans la région minière de Gafsa, enterrait un jeune qui s'était
également immolé par le feu.
Lors
d'une manifestation à Tunis, samedi 8 janvier. Un enfant porte une
pancarte où on peut lire : "Liberté pour tous les prisonniers".AFP/FETHI BELAID
Lors d'un rassemblement public organisé samedi à Tunis, l'Union
générale des travailleurs tunisiens (UGTT), centrale syndicale unique,
a apporté son appui aux revendications "légitimes" des manifestations de Sidi Bouzid
et d'ailleurs. Des centaines de personnes strictement encadrées par des
centaines de policiers en civil et des unités anti-émeutes, ont alors
observé une minute de silence à "la mémoire des martyrs" du mouvement social.
Aura- Messages : 262
Date d'inscription : 28/06/2010
Re: La Tunisie
Contacté par Mediapart ce dimanche, un dirigeant du syndicat UGTT évoque le chiffre d'«au moins cinq morts tués par balles à Thala», ville située dans le centre ouest de la Tunisie, «bouclée par les soldats et sous couvre-feu total», selon le syndicaliste. Un dirigeant du parti d'opposition PDP évoque lui un bilan d'«au moins 20 morts.» Les autorités tunisiennes évoquent un bilan de huit morts, tués par les soldats «en état de légitime défense».
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: La Tunisie
« Le chiffre de 35 morts s’appuie sur une liste nominative mais le nombre total des victimes est plus important. » a déclaré la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen
Le nombre de morts dans les émeutes en Tunisie s’élève à au moins 35, après les violences du week-end dans des localités du centre-ouest du pays, a indiqué mardi à l’AFP la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen.
« Le chiffre de 35 morts s’appuie sur une liste nominative », a-t-elle déclaré. « Mais le nombre total des victimes est plus important. Ca tourne autour de la cinquantaine mais c’est une évaluation », a-t-elle dit.Le bilan humain de cette révolte sociale, enclenchée le 17 décembre après l’immolation par le feu d’un jeune Tunisien de 26 ans, a « tragiquement augmenté » après les manifestations pendant le week-end dans les localités de Regeb, Thala et Kasserine, a-t-elle ajouté.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: La Tunisie
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article19755
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
L'UGTT, peut-elle assumer son rôle contestataire jusqu'au bout ?
Ecrit par El Adel 09-01-2011 11:25 (Extrait)
Au pays des jasmins, je me surprends à rêver. L'UGTT qui prône des réformes politiques, c'est l'information du jour. Rappelons que cette institution n'est plus à l'avant garde du combat social tellement elle s'est fondue pour ne pas dire complètement récupérée par le système. L'institution a failli à sa mission et ses responsables devraient commencer à nettoyer devant leur porte avant de nous préconiser des réformes. Mettez des gens responsables défenseurs des travailleurs et non des défenseurs de leur propre intérêts. Pour rétablir certaines vérités, il faut dire qu'un hiatus existe entre l'instance nationale de l'UGTT et ses représentations régionales, parlons de fossé pour être objectif et on devrait écouter ses responsables régionaux et locaux qui sont près du terrain, on devrait consolider et renforcer leur travail pour éviter ou au mieux contenir les crises que notre pays vient de connaitre...
C'est la véritable bataille syndicale interne que vit actuellement l'UGTT. D'une part, une bureaucratie au sommet dissoute complètement dans le système capitaliste tunisien, et, d'autre part, des syndicalistes de base, confrontés à la rigueur du capitalisme et de la répression. Si la basse syndicaliste appelle à des marches de soutien et avance des mots d'ordre de grève générale, la direction bureaucratique fait dans une plate-forme plutôt timide "déplorant les restrictions imposées aux unions régionales et locales, lors de mouvements syndicaux pacifistes, appelant à la libération de toutes les personnes arrêtées, exprimant leur solidarité avec les familles des victimes, appelant à juger les coupables, demandant la création d'une caisse de chômage, demandant des réformes politiques, à l’approfondissement de la démocratie...". En Tunisie, aujourd'hui, l'heure n'est pas à la négociation avec le pouvoir en place, mais à l'avancée d'actions de lutte, "marches permanentes", "grève générale nationale"..., avec une stratégie insurrectionnelle.
Sparta- Messages : 229
Date d'inscription : 05/12/2010
Re: La Tunisie
Tunisie: graves affrontements police/manifestants dans le centre de Tunis
(AFP) – Il y a 52 minutes
TUNIS — Des manifestants et les forces de l'ordre se sont affrontés dans le centre de Tunis mercredi en début d'après-midi et la police a eu recours aux gaz lacrymogènes pour disperser la foule, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des centaines de jeunes criant des slogans contre le régime sur la place de la porte de France ont essayé d'avancer vers l'avenue Habib Bourguiba, et les forces de sécurité leur ont barré la route en tirant des grenades lacrymogènes.
Aucun bilan de ces affrontements, les plus graves à se produire dans Tunis depuis le début des émeutes en Tunisie au mois de décembre, n'était disponible dans l'après-midi, alors que les violences ont cessé.
Des passants pris de panique, les yeux larmoyants ont été repoussés par la police dans les ruelles. Les souks se sont vidés et les commerces, y compris une grande surface, ont baissé leurs rideaux.
"Fermez, fermez, ils ont tous cassé", criaient des passants à l'adresse des vendeurs ambulants à l'entrée des souks.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: La Tunisie
L'indécence au pouvoir : MAM offre l'aide sécuritaire à la Tunisie
A ce niveau, on ne sait plus quel mot employer : connerie ? incompétence ? ignorance ? Comment Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères de la République, intervenant dans le cadre solennel de l'Assemblée nationale en lisant un texte écrit d'avance, a-t-elle pu proposer une coopération sécuritaire à la Tunisie au moment où les morts se comptent par dizaines ?
Invraisemblable ? Ecoutez-là donc, c'était dans le cadre de la séance des questions au gouvernement, mardi, en réponse à la question d'un député qui relevait l'« incohérence » entre la position française en faveur de la démocratie en Côte d'Ivoire, et son soutien « indéfectible à la dictature de M. Ben Ali ». La réponse de la ministre, après avoir « déploré » les violences :
« Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type.
C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays [Algérie et Tunisie, ndlr], dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité. » (Voir la vidéo de BFM-TV)
Ainsi donc, tout ce que la France trouve à dire à propos de la tuerie qui se déroule depuis plusieurs jours en Tunisie face au mouvement de la jeunesse, c'est que techniquement, c'est pas parfait et que notre « savoir-faire » est à sa disposition.
Après coup, le Quai a dû juger ce texte -officiel- indécent
La déclaration est à ce point hallucinante qu'elle a été ratiboisée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valéro, qui, mercredi, l'a pudiquement résumée de la sorte :
« Aujourd'hui, face à cette situation, la priorité doit aller à l'apaisement après des affrontements qui ont fait des morts. »
« Le ministre d'Etat a également rappelé que nous demandons “que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité.” »
Exit donc l'offre de partager cette « expertise » que le monde entier nous envie. L'indécence a dû sembler, a posteriori, trop grande, y compris au sein même du Quai d'Orsay, où, pourtant, la déclaration solennelle avait vu le jour.
Car la ministre ne s'est pas fait piéger au micro d'une radio ou par « l'Internet » : elle a lu un texte officiel, en réponse à une question posée à l'avance.
Une dictature ? « Tout à fait exagéré » pour Frédéric Mitterrand
Michèle Alliot-Marie va donc devoir incarner, pour longtemps, le cynisme de la France officielle face à la dictature de Ben Ali. Elle coiffe sur le poteau son collègue de la Culture, Frédéric Mitterrand, qui s'était bien placé, pourtant, en déclarant dimanche sur Canal + :
« Il y a une opposition politique mais qui ne s'exprime pas comme elle pourrait le faire en Europe. Mais dire que la Tunisie est une dictature univoque, comme on le fait si souvent, me semble tout à fait exagéré. »
Entre les « anathèmes » que Michèle Alliot-Marie ne veut pas prononcer, et la poursuite de cette complaisance vis-à-vis d'un régime qui fait tirer à balles réelles sur sa jeunesse, il y avait sans doute une attitude plus noble, plus respectueuse des Tunisiens, et une manière de dire le refus de ce qui se perpétue dans les villes tunisiennes que même la novlangue diplomatique permet.
De quoi regretter le silence de la France
Depuis plus de deux décennies, Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy, mais aussi, disons-le, une partie de la gauche française, ont délibérément fermé les yeux devant un régime dont on vantait les succès économiques et la laïcité, en refusant d'en voir la face à peine cachée, la main-mise d'un clan familial sur l'économie du pays, les pratiques mafieuses au plus haut niveau, les impasses sociales aujourd'hui criantes, et la répression de toute contestation, notamment sur le Web.
Le roi est nu aujourd'hui, aussi bien à Tunis qu'à Paris. Il aura fallu le suicide d'un jeune de Sidi Bouzid pour que craque, non seulement la façade de la dictature tunisienne, mais aussi l'ampleur de ses complicités de ce côté-ci de la Méditerranée.
Le silence de la France officielle devenait pesant après plusieurs semaines de révolte, et surtout après le massacre de Kasserine. La manière dont ce silence a été rompu par la ministre d'Etat fait regretter le temps où Paris se taisait. Au moins, pouvait-on espérer qu'à défaut d'avoir le courage de l'exprimer, Paris avait au moins la compassion et la solidarité qu'est en droit d'attendre le peuple tunisien.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: La Tunisie
c'est une reprise de la guerre avec le Maghreb que formule la France colonialiste.
La complicité de la bourgeoisie coloniale et petite-bourgeoisie raciste est active depuis longtemps, et le reste.
La déclaration de MAM ne fait que rappeler l'évidence: nulle part l'Etat français ne défend la démocratie.
Pour ne parler que de l'actualité: ni en Tunisie, ni en Algérie, ni au Côte d'Ivoire, ni au Niger, ni en Haiti.
Reste au camp du travail en France d'agir avec les peuples sous domination impérialiste
à combattre toute intervention, directe ou indirecte, et cet Etat lui-même,jusqu'à son effondrement.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: La Tunisie
liberation.fr a écrit:
12/01/2011 à 17h05 (mise à jour à 18h13)
Par MANUEL VICUÑA
Tunisie: arrestation d'un opposant politique
Le chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), fervent opposant au régime de Ben Ali, Hamma Hammami, 59 ans aurait été arrêté ce mercredi par la police tunisienne.
L'opposant aurait été interpellé peu avant midi à son domicile, près de Tunis, selon Adel Thabet porte-parole du PCOT en France qui explique : «sa porte a été fracturée, il a été arrêté sous les yeux de sa fille, lui ainsi que deux autres personnes». Il s'agit du premier dirigeant politique à être interpellé depuis le début des émeutes.
Suite au discours de Ben Ali du 10 janvier dernier, Hammami était intervenu dans une vidéo appelant le peuple à mettre un terme au régime au moyen d'élections pour une constitution démocratique.
Le dirigeant de ce parti «illégal» autrefois très présent à l'université, avait été condamné en 1999 par contumace à neuf ans de prison ferme. Recherché par la police, il vivait dans la clandestinité jusqu'à récemment.
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
La tunisie
MEETING de Solidarité avec le peuple tunisien
Ce Jeudi 13 Janvier
A partir de 18h
à la BOURSE DE TRAVAIL
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verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: La Tunisie
Prorpos recueillis par Hélène SallonVincent Geisser, sociologue à l'Institut de recherche sur le monde arabe et musulmanTunisie : les gages de Ben Ali, symboles d'un "régime aux abois"
LEMONDE.FR | 12.01.11 | 18h38 • Mis à jour le 13.01.11 | 08h42
Tandis que les affrontements ont gagné la capitale Tunis, mercredi, le régime tunisien a cherché à trouver une sortie de crise aux émeutes sociales que connaît le pays depuis quatre semaines. Le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a ainsi annoncé le limogeage du ministre de l'intérieur, Rafik Haj Kacem, ainsi que la libération de toutes les personnes détenues depuis le début du mouvement. Il a également annoncé, au cours d'une conférence de presse, la formation d'une commission d'enquête sur des actes de corruption présumés concernant des responsables publics, que dénoncent opposition et ONG. Vincent Geisser, sociologue à l'Institut de recherche sur le monde arabe et musulman, et auteur de plusieurs travaux sur la Tunisie, analyse les motivations et la portée des gages donnés par le président Ben Ali à la population tunisienne pour tenter de mettre un terme à la contestation.
Comment interpréter les mesures annoncées aujourd'hui par le pouvoir tunisien ?
Vincent Geisser : C'est une forme de recul du régime et du président Ben Ali qui montre que le régime est aux abois et tente de trouver une sortie politique. Cette alternance, ce balbutiement entre des formes de répression brutale et des gestes d'apaisement caractérisés par des mesures de relance et le traditionnel appel au dialogue national, est symptomatique de la faiblesse du pouvoir. Un régime qui limoge son ministre de l'intérieur n'est pas un régime qui contrôle la situation. Cet emballement est le signe de son impuissance et de sa volonté de reprendre la main.
Ces annonces doivent beaucoup à un fait nouveau, symboliquement très fort : la propagation du mouvement aux faubourgs de Tunis et aux abords-mêmes du palais de Carthage, lieu de résidence du président. En entrant dans la capitale, le message qui est transmis au régime est : "Donnez-nous notre liberté, partez".
Un deuxième symbole a été touché avec la mobilisation des gens à la cité Ettadhamen (Solidarité) de Tunis, qui est toujours présentée comme un symbole de l'action sociale du président et que Hillary Clinton avait elle-même visité lorsqu'elle était première dame des Etats-Unis. Cela montre que la contestation est en train de devenir un mouvement politique qui dépasse les revendications sociales des étudiants-chômeurs. On est entré dans une phase supérieure, avec un mouvement qui a évolué dans son recrutement sociologique : s'y sont joints les ordres professionnels avec les avocats, qui jouent un rôle énorme, les partis et mouvements d'opposition et, fait marquant, le syndicat unique, qui a toujours eu un rôle de représentation des salariés vis-à-vis du pouvoir et qui ici joue un rôle oppositionnel. Aujourd'hui, on retrouve ainsi dans le mouvement des cadres moyens et supérieurs, ainsi que des lycéens.
Les mesures annoncées par le pouvoir sont-elles susceptibles de faire retomber la mobilisation ?
Il y a une telle montée de la haine contre Ben Ali qu'il n'est pas sûr que ces annonces aient un effet d'apaisement : ce que veulent les manifestants, c'est le départ de Ben Ali. On a bien vu déjà qu'après l'annonce lundi de la création de milliers d'emplois pour les diplômés, les manifestations ont redoublé... Pour calmer la contestation, la poursuite de la répression et les vagues d'arrestations auront plus d'effet...
Tout le monde se rend bien compte qu'il s'agit d'un discours de diversion, même si c'est vrai qu'en ce qui concerne le limogeage du ministre de l'intérieur, on touche à un symbole : celui du ministre des ministres, un acteur central du régime qui a clairement une fonction de répression. Mais la population sait très bien que si la police a tiré à balles réelles sur les manifestants, la décision vient directement du Palais. L'annonce par Ben Ali qu'il va lutter contre la corruption a également un côté presque ridicule car cette corruption émane directement du Palais. Elle n'est pas le fait de la haute fonction publique tunisienne, qui est plutôt saine, mais de l'entourage et de la famille du président. La réelle alternative qui se pose au président dans la lutte contre la corruption est de dire "je pars" ou de désigner des boucs émissaires.
Les gages donnés par Ben Ali sont davantage destinés à apaiser les soutiens étrangers et à répondre aux pressions américaines. Cela permettra ainsi au président Ben Ali de gagner à court terme l'apaisement international mais les mécanismes classiques de répression et de surveillance vont être maintenus.
Le régime du président Ben Ali est-il réellement menacé par ce mouvement de contestation ?
On se trouve dans une période de flou et d'incertitude. Cela a beaucoup marqué les jeunes tunisiens qu'on ait pu tirer sur des gens à balles réelles. Dans la tête et le cœur de la population, Ben Ali, c'est fini. Le régime Ben Ali n'est pas fini en tant que système, mais il n'a plus de soutiens. Sa légitimité populaire et auprès des élites tunisiennes est désormais réduite à zéro. On voit mal comment ce régime usé va pouvoir se renouveler. Mais le régime Ben Ali étant ce qu'il est — un système répressif, marqué par une présidence omnipotente, un parti quasi-unique, une presse aux ordres du pouvoir et un degré extrême de verrouillage de l'espace public —, on peut en effet se demander comment il est possible d'insuffler un changement fondamental en Tunisie sans remettre en cause les fondements même du régime ?
M. Ben Ali propose une fois encore une forme de gouvernance axée sur l'ambivalence entre sécuritaire et dialogue. Le scénario que les Tunisiens réclament est que Ben Ali fasse de vraies annonces : celle notamment qu'il partira dans un ou deux ans, qu'il ne se représentera pas aux élections et l'initiation d'un processus de démocratisation, en donnant des garanties pour une réelle solution démocratique. Mais c'est impossible que ce scénario se réalise car on se trouve dans un système nourri par une logique sécuritaire et une logique de corruption. Si on touche à la moindre pièce du système, il s'effondre.
Les éléments de la fin du règne de Ben Ali sont là depuis dix ans. La façade de régime moderne luttant contre l'islamisme est en train de s'effriter. C'est certain que l'on s'oriente dans un nouveau cycle politique, celui de l'après-Ben Ali et que tant que celui-ci n'est pas amorcé, on aura une montée des mouvements sociaux en Tunisie à l'avenir. Mais, la question est de savoir combien de temps il faudra pour que le régime Ben Ali s'effondre ?
Entend-on des voix dissidentes au sein du régime qui pourraient laisser entrevoir une alternative à la présidence Ben Ali ?
Il n'y a pas de voix dissidentes au sein de l'appareil gouvernemental qui est composé de techniciens peu connus en tant qu'acteurs politiques, à l'exception de certains fidèles de Ben Ali. Mais certaines personnalités, ministres et anciens ministres, ont exprimé ces derniers jours des critiques et cela a été une motivation supplémentaire pour Ben Ali de vouloir reprendre l'initiative, car il craint de voir émerger une figure du sérail à même de capitaliser la contestation tout en ayant à la fois la main sur le système.
Certaines rumeurs disent également que ça commence à bouger dans l'armée et dans le parti et qu'il y aurait des frictions entre la police et l'armée.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: La Tunisie
Lutte Ouvrière n°2215 du 14 janvier 2011
Tunisie - Malgré la répression policière, la révolte s'étend
Mercredi 12 janvier, on a appris que le président tunisien Ben Ali avait limogé son ministre de l'Intérieur et promis la libération de toutes les personnes arrêtées depuis le début - il y a un mois - des manifestations qui secouent le pays. C'est au moins le signe de l'impuissance du pouvoir face à l'extension et à la détermination croissantes du mouvement, et cela malgré la répression.
« Ben Ali menteur, pilleur, casse-toi », clamaient les milliers de manifestants regroupés ces derniers jours, du 8 au 10 janvier, à Kasserine, Thala, Regueb, dans le centre-ouest tunisien. La police, tirant à balles réelles dans la foule, a fait de nombreux morts, plusieurs dizaines selon des participants et des ONG.
Pour le dictateur, intervenant à la télévision tunisienne le 10 janvier, il ne s'agissait là que d'« actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés » dont les véritables responsables étaient « certains partis qui veulent porter atteinte aux intérêts du pays, ou manipuler notre jeunesse ». Et d'annoncer cependant, en réponse à des événements... qui n'ont d'après lui pas eu lieu, 300 000 créations d'emploi, en plus de ceux déjà promis quelques jours plus tôt. Espérant sans doute rendre plus difficile la mobilisation des jeunes, il a décrété la fermeture, dès le 11 janvier et jusqu'à nouvel ordre, des lycées et des universités.
Mais de fait, depuis la mi-décembre, le mouvement de colère d'une grande partie de la population ne fait que s'amplifier. Protestant contre la pauvreté et la vie chère, contre le chômage et la confiscation par les milieux proches du pouvoir des rares emplois proposés aux jeunes diplômés à la fin de leurs études, contre la corruption du régime et de l'administration, les manifestants, dès le début et de plus en plus, dénoncent la dictature que fait régner depuis vingt-trois ans le président Ben Ali, appuyé par sa famille et son petit milieu de privilégiés. Après les avocats, les étudiants se mobilisent. L'un d'eux aurait été blessé sur le campus Al-Manar, près de la capitale. Des rassemblements étudiants auraient aussi eu lieu à la Manouba, dans les quartiers du Bardo, de l'Ariana, de Ben Arous, ainsi qu'à Sfax, Sousse, Nabeul, villes côtières et touristiques. Il circule même des bruits de grève générale.
La répression, les tirs policiers sur la foule ou sur des individus isolés, manifestants ou non, les multiples arrestations, les tabassages et les tortures, l'écrasement de toute liberté d'expression, rien n'est parvenu jusqu'à présent à faire taire la révolte populaire. L'utilisation d'Internet comme moyen de transmission, le téléphone, la lecture des blogs - avant leur fermeture et l'arrestation de leurs auteurs - la mobilisation des syndicalistes et des militants, dont beaucoup sont clandestins, les dénonciations venant des organisations pour les droits de l'homme : tout concourt à élargir la mobilisation et à faire tomber l'image d'un pays où « l'espace des libertés progresse », comme disait il y a peu Sarkozy.
L'Union européenne, très investie dans la « coopération » avec la Tunisie de Ben Ali, s'est sentie obligée, par la voix de sa commissaire aux Affaires étrangères, d'appeler le dictateur à de « la retenue dans le recours à la force ». Le Quai d'Orsay, encore plus hypocritement, a « déploré les violences qui ont fait des victimes » et souhaiterait « l'apaisement ». Ce qui n'a pas empêché le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, de prendre sur Canal Plus la défense de Ben Ali « souvent mal jugé [et qui] a fait beaucoup de choses »...
Mais quelles que soient les révoltantes prises de position des dirigeants occidentaux en faveur de leur ami et obligé Ben Ali, la solidarité et le soutien des travailleurs et militants de ces pays ne peuvent qu'aller à tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui se lèvent actuellement contre le régime, pour leur liberté et leur dignité.
Viviane LAFONT
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Le talon de fer et ....
Il circule même des bruits de grève générale.
... On a dit à l'organisation Lutte Ouvrière qu'il circulerait des bruits !!!???!!!!!!
Ca, évidemment, pour une organisation qui en 2003 considérait le mot-ordre de Grève Générale en France comme une "connerie", ces bruits qui cours à Tunis à de quoi prendre de cours !
Talon de fer ou Socialisme.
LO va-t-il s'exprimer un peu plus clairement sur la question dans les prochains jours, qu'à l'occasion de ce communiqué indigne d'une organisation ouvrière se réclamant du trotskysme, de part son contenu à minima et -véritable prouesse- sans aucune perspective, aucun mot ordre, aucun appel à un rassemblement à Paris, RIEN ?
Attendons.
Eninel- Messages : 1434
Date d'inscription : 31/07/2010
Re: La Tunisie
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: La Tunisie
http://www.google.fr/search?hl=fr&rlz=1T4SVEC_fr___DO405&tbs=nws%3A1&q=tunisie+manifestations&btnG=Rechercher&aq=f&aqi=&aql=&oq=&gs_rfai=
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: La Tunisie
L'époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie ni succession automatique à la tête de l'État desquels le peuple se trouve exclu. Notre peuple est digne d'une vie politique évoluée et institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la pluralité des organisations de masse.
Ben Ali, 7 novembre 1987
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Révolution permanente.
Programme de Transition
Léon Trotsky
Les pays arriérés et le programme des revendications transitoires
Les pays coloniaux et semi-coloniaux sont, par leur nature même, des pays arriérés. Mais ces pays arriérés vivent dans les conditions de la domination mondiale de l'impérialisme. C'est pourquoi leur développement a un caractère combiné : il réunit en lui les formes économiques les plus primitives et le dernier mot de la technique et de la civilisation capitalistes. C'est ce qui détermine la politique du prolétariat des pays arriérés : il est contraint de combiner la lutte pour les tâches les plus élémentaires de l'indépendance nationale et de la démocratie bourgeoise avec la lutte socialiste contre l'impérialisme mondial. Dans cette lutte, les mots d'ordre démocratiques, les revendications transitoires et les tâches de la révolution socialiste ne sont pas séparés en époques historiques distinctes, mais découlent immédiatement les uns des autres. A peine le prolétariat chinois eut-il commencé à organiser des syndicats qu'il fut contraint de penser aux soviets. C'est dans ce sens que le présent programme est pleinement applicable aux pays coloniaux et semi-coloniaux, au moins à ceux où le prolétariat est déjà capable d'avoir une politique indépendante.
Les problèmes centraux des pays coloniaux et semi-coloniaux sont : la RÉVOLUTION AGRAIRE, c'est-à-dire la liquidation de l'héritage féodal, et l'INDÉPENDANCE NATIONALE, c'est-à-dire le renversement du joug de l'impérialisme. Ces deux tâches sont étroitement liées l'une à l'autre.
Il est impossible de rejeter purement et simplement le programme démocratique : il faut que les masses elles-mêmes dépassent ce programme dans la lutte. Le mot d'ordre de l'ASSEMBLÉE NATIONALE (ou CONSTITUANTE) conserve toute sa valeur dans des pays comme la Chine ou l'Inde. Il faut lier indissolublement ce mot d'ordre aux tâches de l'émancipation nationale et de la réforme agraire. Il faut, avant tout, armer les ouvriers de ce programme démocratique. Eux seuls peuvent soulever et rassembler les paysans. Sur la base du programme démocratique révolutionnaire, il faut opposer les ouvriers à la bourgeoisie "nationale".
A une certaine étape de la mobilisation des masses sur les mots d'ordre de la démocratie révolutionnaire, les soviets peuvent et doivent surgir. Leur rôle historique dans chaque période donnée, en particulier leurs rapports avec l'assemblée nationale, est déterminé par le niveau politique du prolétariat, par la liaison entre celui-ci et la classe paysanne, et par le caractère de la politique du parti prolétarien. Tôt ou tard, les soviets doivent renverser la démocratie bourgeoise. Eux seuls sont capables de mener la révolution démocratique jusqu'au bout et d'ouvrir ainsi l'ère de la révolution socialiste.
Le poids spécifique des diverses revendications démocratiques et transitoires dans la lutte du prolétariat, leurs liens mutuels et leur ordre de succession sont déterminés par les particularités et les conditions propres de chaque pays arriéré, pour une part considérable par le degré de son retard. Cependant, la direction générale du développement révolutionnaire peut être déterminée par la formule de la RÉVOLUTION PERMANENTE, dans le sens qui a été définitivement donné à cette formule par trois révolutions en Russie (1905, février 1917, octobre 1917).
Que l'on me permette d'attirer l'attention sur un point fondamental quant à la situation politique en Tunisie, pays -très- arrièré sous domination de l'impérialisme français, tenu depuis 25 ans d'une main de fer par une toute petite bourgeoisie -une famille- prévaricatrice et corrompue.
Il n'y a absolument aucune solution progressiste dans le cadre de ce seul pays. Il faut dès maintenant entreprendre une agitation inlassable en direction de la jeunesse maghrebine sur la nécéssité absolue de placer leur magnifique résistance nationale dans la perspective des Etats unis de l'Afrique du Nord, à tout le moins du Maghreb.
Jeunesse tunisienne, marocaine, algérienne, lybienne, mauritanienne, égyptienne même, vos difficultés de vie, l'impasse de votre avenir, sont exactement les mêmes. Seul un combat uni de tous, peut vous permettre d'espérer vaincre vos ennemis impérialistes, bourgeois locaux (laics et religieux). Vous étes les travailleurs de demain, à partir du moment où vous aiderez à mettre en place dans vos pays un gouvernement ouvrier magrhébin, un gouvernement révolutionnaire, grandiose exemple à imiter pour le reste de l'Afrique et pour le monde.
Chacun le dit, la jeunesse tunisienne en particulier et maghrebine en générale est instruite et intelligente. Que cette jeunesse alors apprennent vite à présent. Qu'elle lise et qu'elle refléchisse de la question de la Révolution permanente.
L'idée générale de ce concept est que les bourgeoisies compradors des pays arrièrés sont incapables de mener à bien les réformes démocratiques les plus élementaires, de résister à l'impérialisme. Seul le prolétariat est à même d'accomplir ces premières réformes. Mais encore faut-il qu'il y ai un prolétariat en nombre et suffisament expérimenté pour créer ses syndicats et soutenir un parti communiste.
Y a t-il un prolétariat en Tunisie ? Existe-t-il un parti communiste ? Non. La raison c'est que la Tunisie n'a pas ni le passé, ni les richesses naturelles de l'Algérie. la Tunisie est un pays extrêmement pauvre. Sa seule richesse c'est sa jeunesse et le courage et l'intelligence de son peuple.
Jeunesse de Tunisie, l'Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et de la Lybie, ne vous faites pas prendre au piége par des mot ordre de grève générale (de 24h00 cadenassée par des bureaucratie syndicales croupions et vendues), par le mot ordre d'élections et de Constituante. Ces revendications datent de l'immédiat post colonisation de l'époque de vos parents et grands parents. La bourgeoisie a eut 50 ans pour développer vos pays. Elle ne l'a pas fait, elle ne le fera jamais.
L'extrême gravité de votre situation matériel exige des mots-ordres d'une toute autre ampleur:
A une certaine étape de la mobilisation des masses sur les mots d'ordre de la démocratie révolutionnaire, les soviets peuvent et doivent surgir. Leur rôle historique dans chaque période donnée, en particulier leurs rapports avec l'assemblée nationale, est déterminé par le niveau politique du prolétariat, par la liaison entre celui-ci et la classe paysanne, et par le caractère de la politique du parti prolétarien. Tôt ou tard, les soviets doivent renverser la démocratie bourgeoise. Eux seuls sont capables de mener la révolution démocratique jusqu'au bout et d'ouvrir ainsi l'ère de la révolution socialiste.
Vous dit Trotsky: "les soviets peuvent et doivent surgir" ! Ce qui est à l'ordre du jour aujourd'hui au Maghreb, c'est de renverser "la démocratie bourgeoise" (démocratie ? triste euphémisme pour habiller des régimes dictatoriaux et tueurs à la Kadhafi, Bouteflica et Ben Ali), parce que seule la mobilisation des travailleurs et des paysans, par l'initiative et l'intelligence de la jeunesse, peuvent permettre de pousser jusqu'au bout la révolution démocratique, ouvrir la route vers le socialisme.
- pour des Comités de quartiers et de village dans tout le maghreb, élus et fédérés de bas en haut.
- pour les Etats unis du Maghreb.
- Démission immédiate et jugement par des tribunaux populaires de la famille Ben Ali.
- Gouvernement ouvrier issu et voulu par les Comités populaires.
- Ce gouvernement devra garantir les libertés fondamentales, satisfaire les revendications des travailleurs, pour cela refuser de payer la dette de l'Etat et exproprier la Famille ainsi que les capitalistes français.
- Appelez l'ensemble de la jeunesse et des travailleurs du Maghreb à se soulever contre les régimes en place, pour qu'ensemble, la jeunesse d'Afrique du Nord se forge un avenir.
Eninel- Messages : 1434
Date d'inscription : 31/07/2010
Re: La Tunisie
Slogans principaux : "Ben Ali assassin, Sarkozy complice !" et (en arabe) "Ben Ali dehors, la révolution continue" - du moins traduction qui m'a été faite par un participant.
Les meilleures interventions furent celles de Nathalie Arthaud et Olivier Besancenot, mais il faut noter aussi celle de la porte-parole de l'Alternative Rouge-verte (je crois) qui a fait le parallèle avec la révolte des banlieues de 2005.
Les interventions du PCF et de la CGT furent assez pleurnichardes, du genre solidarité... avec l'UGTT et appel aux instances européennes pour faire pression sur Ben Ali. Les différentes interventions de militants, avocats etc tunisiens furent surtout "démocratiques" et se limitèrent pour l'essentiel à dénoncer la dictature, la corruption et la mainmise de la famille Ben Ali sur le pays. A noter : un représentant (???) du PS n'a pas réussi à s'exprimer, aussitôt hué par la majorité de la salle dès qu'il a prononcé le mot PS. (Je n'ai pas entendu l'intervention du représentant du PdG.)
Dans la salle, une poignée d'islamistes (une demi douzaine maxi) a tenté de scander "Allah Akbar", mais a chaque fois été immédiatement couverte par d'autres slogans. L'hymne national tunisien (très nationaliste) a aussi été chanté.
En principe, manif samedi...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
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