Copas a écrit:sur le site du Jura libertaire
http://juralibertaire.over-blog.com/
pile poil (mon commentaire)
La Commission Administrative du syndicat ouvrier UGTT, vient de clore ses travaux à Tunis.
Nous avions un peu d'appréhension, de peur que le courant droitier, regroupé autour du Secrétaire Général A. Jrad ne réussisse à infléchir la décision de la Commission Administrative vers un revirement par rapport aux décisions de la dernière CA. Celle-ci avait en effet décidé de sortir du gouvernement de M. Ghannouchi, etc…
Par ailleurs, place Med Ali où se trouve le siège de l'UGTT des centaines de syndicalistes se sont rassemblés pour scander «JRAD DÉGAGE» ! En effet, A. Jrad a toujours été un allié de Ben Ali jusqu'à sa chute le 14 janvier dernier.
Bref, voici les décisions de la CA du 21 janvier 2011 :
— Maintien de toutes les décisions du précédent CA ;
— Appel à des manifestations et des grèves ;
— Invite les partis politiques, les associations et les différents conseils (justice, avocats, journalistes…) à se réunir avec l'UGTT à partir de demain, en vue de constituer UN GOUVERNEMENT DE LA RÉVOLUTION, enfin le nom importe peu…
Autrement dit, vous l'avez tous compris, la révolution va se donner la chose qui lui manquait cruellement, et à défaut de mieux, un organe politique.
Fathi Chamkhi (courriel), 21 janvier - 16h23.
par ailleurs la marche sur Tunis des habitants de la région centre-ouest vient de se terminer et à rencontrer un grand succès à chacune de ses étapes.
d'autres mobilisations et marches sont en cours et l'UGTT est à chaque fois, sans s'y substituer, là pour encadrer, aider, donner des moyens, notamment aux jeunes, pour participer à ces démonstrations, même si il existe de puissantes contradictions à l'œuvre dans l'UGTT et entre l'UGTT et le mouvement politico-social.
les pas-chassés et les embuches se multiplient pendant que la pression populaire se maintient, que l'appareil d'état est en partie en cours de décomposition et que de l'autre un noyau dur se reconstitue pour reprendre la main et bloquer le processus révolutionnaire.
la police est en train de craquer fortement, on retrouve de plus en plus de policiers dans les cortèges
il est clair que, dans la phase actuelle, seul un gouvernement de l'UGTT pour la satisfaction des revendications sociales et politiques du prolétariat moderne de Tunisie, pour la prise en main par les travailleurs de toutes les entreprises qui étaient dans les mains des benalistes et leurs alliés, est le point de passage pour faire progresser l'appropriation par les masses de leur propre destin.
Ce sont là des mots ronflants mais l'issue et la poursuite du processus de libération est à ce prix.
la révolution continue
Bonsoir camarade Copas. Ton enthousiasme révolutionnaire, extrêmement positif, te prédispose à rechercher des raccourcis historiques, sans trop t'embarrasser de cette sacrée théorie marxiste (accumulation de l'expérience de toute la lutte des classes passée), et certains principes suivant lesquels, par exemple, le rôle historique d'un syndicat ouvrier n'est pas d'administrer un pays, surtout un pays capitaliste, mais défendre les intêrets moraux et matériels, économiques et sociales, d'un prolétariat donné contre la bourgeoisie et contre un Etat, qu'il soit bourgeois ou ouvrier. Pour Lénine, même après une révolution ouvrière, même face à un gouvernement ouvrier, un prolétariat a besoin de l'existence d'une organisation spécifique à la défense de ses intêrets, un syndicat. C'est armé de ces principes fondamentaux que je tempére ton enthousiasme:
l'UGTT ne se résume pas à la majorité de sa direction. Si cela était un gouvernement aurait déjà existé.
C'est la seule organisation ouvrière de ce pays, et pratiquement la seule organisation tout court (pour l'instant) en dehors de l'appareil d'état.
Elle se retrouve en position de réclamer le pouvoir, il faut la pousser en ce sens sur la base d'un programme de satisfaction des revendications des travailleurs, de l'intégralité des libertés individuelles et collectives , de la prise en main des entreprises qui ont été dirigées par les benalistes et leurs alliés, du soutien aux initiatives de pouvoir des travailleurs.
La nécessité d'avancer pour un gouvernement de l'UGTT c'est la nécessité de barrer la route aux solutions de gouvernements bourgeois et cela aurait un immense impact en Méditerranée, celà ne signifie pas un blanc seing à la direction de l'UGTT
Comme toi, je note avec satisfaction la tenue de cette commission administrative et les progrès accomplis depuis cette désastreuse entrer dans le gouvernement actuel, initiative heureusement vite avortée.
Cette commission, notons qu'il ne s'agit pas d'une conférence ou d'un congrès extraordinaire, s'ouvrant à des délégués élus par une base plus ou moins importante (restant sujette à caution quant à son existence réelle). Cette "commission administrative", en d'autre terme cette direction bureaucratique, semble prendre le taureau par les cornes et devenir le fer de lance de la contestation de la rue face à ce gouvernement d'assassins et de corrompus en place.
Par l'intermédiaire de l'organisation de gréves et de manifestations (tous cela au pluriel, nous français nous savons de ce qu'il en retourne de ces bureaucraties syndicales employant le pluriel en lieu et place du singulier: elles ne veulent pas entendre parler de Grève Générale) ), cette direction ouvrière donc, dit vouloir renverser ce pouvoir en place et aller jusqu'à "un gouvernement révolutionnaire".
Bien ! Pourquoi pas ! Mais avec quelles forces cette bureaucratie veut-elle engager ce combat de titan ? Et vers quoi veut-elle aller ?
Pour toi il est clair que:
il est clair que, dans la phase actuelle, seul un gouvernement de l'UGTT pour la satisfaction des revendications sociales et politiques du prolétariat moderne de Tunisie, pour la prise en main par les travailleurs de toutes les entreprises qui étaient dans les mains des benalistes et leurs alliés, est le point de passage pour faire progresser l'appropriation par les masses de leur propre destin.
A la distinction relevé plus haut entre le rôle historique du parti ouvrier et du syndicat ouvrier, je suis plutôt du même avis que toi:
Seul un gouvernement ouvrier, ou mieux un gouvernement du front unique ouvrier (il y a plusieurs partis ouvriers en Tunisie, dans son histoire et actuellement sur le terrain. Ils sont certes microscopiques, et suite à leurs interdiction en voie de réorganisations, mais ils existent) peut ouvrir une perspective progressiste en Tunisie. Mais hélas la direction de l'UGTT n'est pas sur la ligne du front unique ouvrier, mais bien sur la ligne de la démocratie. elle " Invite les partis politiques, les associations et les différents conseils (justice, avocats, journalistes…) à se réunir avec l'UGTT", sans distinctions de classe. Le gouvernement révolutionnaire qu'elle appelle de ses voeux n'est pas un gouvernement ouvrier, mais un gouvernement bourgeois.
Un gouvernement bourgeois en Tunisie, donc un gouvernement capitaliste inséré dans le marché mondial, peut-il aller à la satisfaction des revendications sociales des masses ? Excuse moi de douter fortement de cette probabilité.
Certains sur ce forum nous disent que le prolétariat en Tunisie est tout, aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif. Alors pourquoi un syndicat ouvrier doit-il faire la courte échelle aux organisations bourgeoises, même s'ils elles se présentent aux masses comme emplies d'un amour fou pour la démocrachie, et les organisations petites bourgeoises, par définition, bien anti-communistes ?
Mais va-t-on me répondre, il ne s'agit pas de cela, il s'agit d'unir le peuple dans toutes ses composantes sociales en vue de vaincre un ennemi commun, un gouvernement sortant qui s'accroche, honni par tous: jeunes, ouvriers, petits bourgeois et même une partie des capitalistes.
Bien! Admettons qu'il faille aller à la constitution d'un front populaire pour chasser le parti de la dictature. Là encore camarade, la démarche d'un syndicat ouvrier ne doit pas être celle actuelle. Avant d'aller à la constitution d'un front populaire, il faut préalablement mettre sur pied un front ouvrier. La direction de l'UGTT, sous l'influence de son flanc gauche, doit inviter dans son local central,exclusivement, les représentants de chaque parti ouvrier existant en Tunisie. Ensemble faire le point de l'histoire, de leur histoire, de la réalité du capitalisme contemporain et de la perspective du socialisme. S'entendre, au nom de l'immense responsabilité historique du moment, sur un programme politique mimimum inspiré par ce qui se dit dans la rue, s'allier, et ensuite seulement ensuite, ouvrir leur alliance aux représentants des autres partis non -ouvriers. Il faut dans les périodes révolutionnaires être extrêmement clair lorsque l'on s'adresse à la rue:
"Tunisiens ! Vous voulez que les choses changent, vous avez raison, nous aussi !
Tunisiens ! Vous voulez que de nouveaux hommes (femmes) portent l'avenir de notre peuple, vous avez raison, nous le voulons aussi !
Compatriotes, vous voulez chasser un gouvernement méritant la sentense d'un jury populaire, nous le voulons aussi, vous voulez une nouvelle constitution qui défendra les droits sociaux et les libertés, nous le voulons aussi.
Nous voulons l'organisation de l'élection d'une Constituante immédiatement.
Mais travailleurs salariés, l'élection d'une constituante n'est rien si celle est écrite par des patrons. C'est pourquoi à l'intérieur de l'alliance de l'ensemble des partis qui aspirent à la démocratie, votre syndicat UGTT forme avec les partis ouvriers un Front Unique. Le moment venu tout les tunisiens voteront.
Nous syndicat UGTT, nous vous appellons dès maintenant à vous préparer à voter pour les candidats des partis ouvriers,les candidats de votre choix, pour les candidats du front unique ouvrier. Il va sans dire que dans cette élection, il n'y aura aucun candidat de l'UGTT, car il n'est pas dans le rôle d'un syndicat de gérer le pays. Le rôle d'un syndicat, c'est de défendre les travailleurs contre n'importe quel gouvernement.
Pour le Socialisme, votez pour les révolutionnaires démocrates ouvriers !
Pour le maintien du Capitalisme, votez pour les révolutionnaires démocrates bourgeois ! " C'est de cette manière que le prolétariat, les intêrets du prolétariat, seront bien défendus, dans le front populaire à mettre en place.
Si la révolution arrive à pousser jusqu'à l'organisation d'une Constituante, l'UGTT doit immédiatement faire campagne pour le vote ouvrier, la seule manière que la nouvelle constitution à écrire, soit fortement sociale et ouvrière.
Pour le reste, permets moi d'insister sur l'erreur que commet la direction de l'UGTT de ne pas s'appuyer suffisamment sur les Comités de Vigilances existants. Sans eux, jamais les démocrates bourgeois ou ouvriers, ne vont réussir à ébranler le gouvernement en place, soutenu par l'Etat major militaire et la Maison Blanche.