La Tunisie
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Re: La Tunisie
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: La Tunisie
A noté que des expatrié Français sont rentrés pour fuir la révolution pour une démocratie, se qui signifie que c'est bon citoyen préférait la dictature, pour se rassuré c'est brave gens son venue s'abrité dans un pays ou ils était mal traité.
Moralement ont aurait du leurs refusé cette volte face, les pauvre expatrie forcé de rentré, et ils ont même pas de synthole les pauvres.
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Re: La Tunisie
Indécences franco-tunisiennes
17 Janvier 2011 Par Jean-François Bayart
Trois ans après avoir intitulé une chronique «Obscénité franco-tchadienne» (1), je me vois obligé d'en titrer une autre «Indécences franco-tunisiennes», tant le bilan de l'hyper-président se situe décidément aux antipodes des promesses de l'hyper-candidat en faveur de la démocratie urbi et orbi et relève de la pornographie diplomatique. Certes, Nicolas Sarkozy n'a été que le dernier en date des chefs d'Etat français à prodiguer un soutien inconditionnel au régime de Ben Ali. Il ne fut pas le seul à avoir la berlue quand il voyait «progresser l'espace des libertés» en Tunisie, et son prédécesseur, Jacques Chirac, avait tenu des propos tout aussi scandaleux. Quant à François Mitterrand, il n'avait pas montré plus de réticence à l'encontre de la restauration autoritaire dans laquelle n'avait pas tardé à s'engager l'homme du «Changement», deux ans après sa prise du pouvoir, le 7 novembre 1987, qu'à l'égard des processus similaires qui avaient prévalu en Afrique subsaharienne dans le sillage du grand mouvement de revendication démocratique de 1989-1990 ou qu'à celui de l'écrasement du Front islamique du salut par l'armée, en Algérie, en 1992.
Pourtant, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a pulvérisé les records de l'insanité et de la cécité politiques. A tout seigneur tout honneur, la palme de l'incompétence et de l'Hénormité revient sans doute à Michèle Alliot-Marie qui, ministre des Affaires étrangères, et à deux reprises, n'a su que proposer le «savoir-faire» français en matière de maintien de l'ordre, alors que les morts se comptaient déjà par dizaines. Drôle de conception de la diplomatie, singulière idée de la démocratie! Le propos était d'autant plus surréaliste que «MAM», ancienne ministre de la Défense, puis de l'Intérieur, est mieux placée que quiconque pour savoir que la Place Beauvau a développé une coopération policière de grande ampleur avec la Tunisie de Ben Ali, depuis vingt-trois ans, avec les résultats que l'on voit. La France a vendu à celui-ci des moyens techniques surdimensionnés qui lui permettaient d'écouter deux fois l'ensemble de ses sujets. Elle lui a envoyé des officiers de liaison et des agents du SCTIP qui ont pu observer de près la manière dont le régime surveillait, emprisonnait, battait, torturait et condamnait à la mort sociale les opposants (et leur famille).
Aussi faut-il prendre au mot la déclaration pontifiante du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, le 11 janvier, rappelant qu'«avant de juger un gouvernement étranger» il fallait «bien connaître la situation». La «situation», les autorités françaises la «connaissaient» fort bien, de l'intérieur, pour en être parties prenantes (et trébuchantes puisque cette coopération policière charriait son lot de contrats). Il leur était aussi loisible de lire les travaux de science politique que les chercheurs d'un CNRS dont elles sont promptes à railler l'improductivité avaient publiés: par exemple Le Syndrome autoritaire. Politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali de Michel Camau et Vincent Geisser (Presses de Sciences Po, 2003), ou La Force de l'obéissance. Economie politique de la répression en Tunisie de Béatrice Hibou (La Découverte, 2006). Même la désespérance sociale de la jeunesse, à l'origine du soulèvement, était parfaitement documentée grâce aux remarquables analyses de Samy Elbaz (2). Et la fragilité de la réussite économique de la Tunisie avait bel et bien été annoncée dès la fin des années 1990 (3). Il n'y avait pas un pan du régime de Ben Ali qui restait ignoré.
Simplement, la plupart des politiques, des hauts fonctionnaires, des journalistes et des intellectuels français ont préféré prendre pour argent comptant son discours de légitimation et se persuader qu'il était un rempart nécessaire contre l'islamisme, l'ultime défenseur des droits de la femme, un «miracle», un havre de «stabilité» et d'«ouverture» à l'Occident. Nonobstant les évidences. La répression du parti islamique le plus modéré du monde arabe, Ennahda (Renaissance), a fait de la Tunisie l'une des principales pourvoyeuses de djihadistes convertis à la cause de Ben Laden et n'a pas empêché l'attentat contre la synagogue de Djerba en 2002, que le régime avait pitoyablement essayé de travestir en banal accident, à la grande fureur de l'Allemagne dont plusieurs ressortissants avaient péri dans l'explosion.
Le statut juridique des femmes est peut-être meilleur en Tunisie qu'au Maroc ou en Algérie, mais ces dernières n'y ont toujours pas les mêmes droits de succession que les hommes: la rente bourguibienne en la matière est depuis longtemps épuisée. Le «miracle économique» était pour l'essentiel un trompe l'œil, et l'aisance des classes moyennes reposait sur un surendettement toxique. Enfin, l'effondrement subit de Ben Ali et les violences auxquelles il donne lieu nous rappellent de quoi était faite cette «stabilité» et confirme que les eaux dormantes sont les plus dangereuses. A laisser trop longtemps fermée la cocotte minute, elle explose, et le spectre de la guerre civile guette maintenant le mythique «pays du jasmin». La triste vérité est que les élites françaises, toutes professions confondues, se sont lourdement compromises et ont entraîné l'Union européenne dans leur illusion, voire leur veulerie (je mettrai à part Frédéric Mitterrand qui jusqu'au bout a soutenu Ben Ali, mais qui a des circonstances atténuantes s'il est vrai qu'il est citoyen tunisien: il était à la merci de la police du régime!)
L'exercice d'auto-justification et de rétro-clairvoyance auquel se livrent les uns et les autres depuis quelques jours n'en est que plus comique, la médaille d'or devant cette fois-ci être attribuée à l'amiral Jacques Lanxade, ambassadeur de France à Tunis de 1995 à 1999, dont la langue de bois était d'ébène lorsqu'il était en fonction, et qui assure aujourd'hui sans rire que «cette révolution était inéluctable», que «la dérive autoritaire de ce régime le condamnait» et qu'il en avait averti Paris «dès 1999» (4). Les connaisseurs apprécieront à leur juste valeur ce plaidoyer pro domo –et rendront hommage à Yves Aubin de la Messuzière, en poste de 2002 à 2005, qui, de pair avec son équipe, en particulier son premier conseiller, Jean-Pierre Filiu, et son conseiller culturel, Jean Hannoyer, mit en œuvre une diplomatie aussi professionnelle que lucide et courageuse, étant enfin l'ambassadeur de France près la Tunisie, et non l'inverse.
Désormais, Nicolas Sarkozy entend se tenir aux côtés du peuple tunisien dans sa marche vers la démocratie. Mieux vaut tard que jamais. Sauf que le soutien de la France aux démocrates équivaut au baiser de la mort, si l'on en juge par la séquence tchadienne de 2007-2008 (5). Sauf aussi que les erreurs d'hier ne prédisposent pas à la sagacité du lendemain. Jusqu'à preuve du contraire, il est moins question, à Tunis, de «transition démocratique» ou de «révolution politique», comme on l'entend dire, que de reproduction ou de restauration autoritaire. Bien sûr, c'est un vaste et remarquable mouvement social qui a ébranlé le régime, et l'on ne saluera jamais suffisamment le courage dont ont fait preuve les manifestants. Ces derniers, au demeurant, reprenaient le flambeau des protestataires des années précédentes qui avaient déjà exprimé leur colère, notamment à Gafsa, en 2008 et 2009, et à Benguerdane, en 2010, au péril de leur liberté, voire de leur vie.
Néanmoins, Ben Ali a été chassé vendredi par une révolution de palais plutôt que par la foule: soit par les hiérarques du parti unique, qui se sont débarrassés de leur fondé de pouvoir avant que celui-ci ne les entraîne dans sa chute ; soit par l'armée, dont l'un des chefs d'état-major, Rachid Ammar, venait d'être renvoyé, qui désapprouvait le bain de sang et qui n'était sans doute pas fâchée de prendre sa revanche sur la police. La Tunis de janvier 2011 fait plus penser à la Bucarest de décembre 1989 qu'à une situation réellement révolutionnaire. La chute a été trop rapide pour être honnête.
Le risque est donc grand de voir le régime se refermer comme une huître à la première occasion venue, comme il l'avait déjà fait après le «Changement» du 7 novembre 1987, ou à l'instar de la République algérienne après les émeutes d'octobre 1988 et l'intermède démocratique auquel avait mis fin l'armée à la suite de la victoire électorale du Front islamique du salut.
Quatre considérations le font redouter.
En premier lieu, le parti islamique Ennahda est sans doute la seule force politique organisée, disposant d'une véritable base sociale, en dépit de la terrible répression qu'il a subie et de l'exil de ses principaux leaders. S'il menace d'arriver au pouvoir, l'opinion tunisienne peut être tentée de se réfugier à nouveau derrière une dictature protectrice qui sans nul doute bénéficiera du soutien de l'Occident.
En deuxième lieu, ceux que l'on nomme les « démocrates », quelle que soit la détermination de certains d'entre eux, n'ont précisément pas hésité à cautionner l'écrasement policier de la mouvance islamique entre 1989 et 1994, leur libéralisme s'arrêtant là où commençait le militantisme d'Ennahda. Leur capacité à démocratiser le pays est sujette à caution et supposerait de toute manière qu'ils surmontent leurs divisions picrocholines (6).
En troisième lieu, le régime Ben Ali ne reposait pas seulement sur la coercition, mais aussi –comme l'a démontré Béatrice Hibou– sur de multiples transactions, en particulier économiques, qui forgeaient un consensus, en même temps qu'elles garantissaient le contrôle politique et social de la population. Le crédit bancaire a été un rouage central de cette économie politique et morale du «pacte de sécurité» que l'Etat avait octroyé à la société –une économie politique dont rien ne dit que le renversement de la «Famille» suffira à la mettre à bas. La dénonciation de la «corruption» d'une «mafia» prédatrice ne peut tenir lieu d'analyse et participe d'un certain infantilisme.
Enfin, le régime Ben Ali s'inscrit dans une longue tradition de réformisme étatique et autoritaire que le beylicat, province ottomane, avait héritée des Tanzimat, qu'il a consacrée avec le Pacte fondamental de 1857 –dit justement, en arabe, «Pacte de sécurité» (Ahd al-amar)– sous-jacent à la Constitution de 1861, que le Protectorat français a recomposée au service de ses intérêts impériaux, et dont le Néo-Destour a été l'apothéose nationaliste. Ben Ali n'a fait que prolonger cette tradition en la mettant au goût du jour, celui d'un néo-libéralisme de façade et d'un Partenariat euroméditerranéen de complaisance.
La crise politique actuelle intervient à la confluence de ces différents facteurs. Les tenants d'un pouvoir autoritaire –que l'on aimerait pouvoir qualifier de « sortant », mais il serait prématuré de ne voir dans les milices du RCD que de simples «nostalgiques» tant peut-être l'avenir leur appartient encore– cherchent précisément à faire regretter aux Tunisiens ce fameux «pacte de sécurité» en enclenchant une stratégie de la tension pour redonner au «consensus» sa légitimité. Le pari n'est pas aussi insensé qu'il y paraît. En effet, l'opposition «démocrate», voire islamiste, n'est pas étrangère à cette mythologie politique. La «tunisianité» dont chacun se gargarise, de part et d'autre de la mer Méditerranée, n'est que l'expression idéologique de cette culture politique du pacte réformiste autoritaire (7). Dans un très bel essai, Hélé Béji avait décrypté dès 1982 le «désenchantement national» et expliqué comment «l'instance qui m'a libérée est bien celle qui me domine aujourd'hui», en un «dédale monstrueux» 8. Force est de reconnaître que la Tunisie reste un havre du nationalisme arabe, nonobstant sa légendaire «ouverture». L'ennemi qu'elle devra vaincre pour se démocratiser, avant même l'«amitié» intéressée et bornée de la France et de l'Union européenne, est son propre orgueil identitaire. Un orgueil que flatte son aura, trop vite décernée, d'avoir couvé la première révolution dans le monde arabe.
(1) Jean-François Bayart, «Obscénité franco-tchadienne», Le Monde, 12 février 2008.
(2) Samy Elbaz, « Quand le régime du "changement" prône la "stabilité" : mots et trajectoire de "développement" en Tunisie », Revue Tiers monde, 4 (200), 2009, pp. 821-835.
(3) Béatrice Hibou, «Les marges de manœuvre d’un "bon élève" économique : la Tunisie de Ben Ali», Les Etudes du CERI, 60, décembre 1999.
(4) Journal du Dimanche, 15 janvier 2011, p.
(5) Jean-François Bayart, «L’hypo-politique africaine d’un hyperprésident», Savoir-agir, 5, septembre 2008, pp. 164-165.
(6) Pour une critique (de l’intérieur) de l’opposition « démocrate », voir Sadri Khiari, Tunisie : le délitement de la cité. Coercition, consentement, résistance, Paris, Karthala, 2003.
(7) Sadri Khiari, Tunisie : le délitement de la cité, op. cit., et Béatrice Hibou, La Force l’obéissance, op. cit., chapitres 8 et 9.
( Hélé Béji, Désenchantement national. Essai sur la décolonisation, Paris, François Maspero, 1982, p. 14.
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: La Tunisie
gérard menvussa a écrit:Effectivement, plutôt que de jouer la mouche du coche, dénonçons la mascarade du gouvernement "d'union" nationale ! Et l'illusion que le départ de ben ali signifierais que "la révolution a gagné" ! C'est une magnifique victoire, certe, mais la révolution tunisienne ne fait que commencer... Le marionnettiste est parti, c'est maintenant ses pantins qu'il faut maintenant chasser, comme l'on bien compris une bonne partie des tunisiens...
Je pense que se serait plus efficace de dénoncer le comportement des dirigent Français.
Le risque c'est d’être accusé d'ingérence car se pays a connue la colonisation.
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Re: La Tunisie
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: La Tunisie
gérard menvussa a écrit:C'est indispensable de dénoncer "les dirigeants français", mais ça ne sert à rien...
Ça dépend pour quoi, si tu dénonce pour dénoncer c'est utile mais effectivement cela ne servira a rien.
En revanche cella informe pédagogiquement votre électoral, et évite les accusation d'ingérence et autre procédé d'intention stratégique de l'état Français, qui ne tardera pas a servir d'argument.
pourquoi vouloir a tout pris donnée des leçon a un peuple qui lute contre un régime autoritaire, alors que ont est pas foutu de se débarrassé des idées fasciste ici?
Et de plus.
Début de mea culpa pour un exécutif français sévèrement critiqué sur la Tunisie
Sévèrement critiqué pour avoir mollement et tardivement soutenu la Révolution du jasmin, le gouvernement français a amorcé lundi un début de mea culpa, en reconnaissant avoir sous-estimé la colère des Tunisiens face au régime "dictatorial" de Zine el Abidine Ben Al
http://actu.orange.fr/politique/debut-de-mea-culpa-pour-un-executif-francais-severement-critique-sur-la-tunisie_88557.html
Tunisie: les ministres maintenus ont "les mains propres" déclare le Premier ministre
Les ministres qui avaient servi sous le régime Ben Ali et qui ont été maintenus dans le gouvernement tunisien ont "les mains propres" et ont toujours agi pour "préserver l'intérêt national", a déclaré mardi sur la radio française Europe 1 le Premier ministre Mohammed Ghannouchi
http://actu.orange.fr/monde/tunisie-les-ministres-maintenus-ont-les-mains-propres-declare-le-premier-ministre_88783.html
Le ton change un peut.
Invité- Invité
Re: La Tunisie
La manif du 15 janvier à Paris :
sylvestre- Messages : 4489
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Re: La Tunisie
Écrit par Yassin Temlali Dimanche, 16 Janvier 2011 20:45
Tunisie - Divergences de l’opposition face à un système-RCD relooké
La transition démocratique va-t-elle être menée par le parti officiel, le RCD moyennant un petit lifting et quelques figures honnies offertes en pâture à la vindicte populaire ? Au-delà de l’euphorie et des inquiétudes, les signes d’un changement politique radical ne sont pas évidents. Le système RCD relooké pourrait profiter des divergences de l’opposition pour rester au pouvoir. Ici, un état des lieux des forces en présence et de leurs vues dans une Tunisie en ébullition.
Ils sont rares les signes d’un changement politique radical qui ferait de la chute de Zine El Abidine Ben Ali le début d’une époque nouvelle et non d’une autre « Ere du changement ». Le pays est gouverné par un symbole du Parti officiel, Fouad Mbazaâ, qui, pas plus tard qu’en novembre 2010, priait l’ancien président de se porter candidat aux présidentielles de 2014. Son Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, est celui-là même dont le gouvernement a réprimé les manifestations de ces dernières semaines, et bien qu'il soit présenté comme un simple « technocrate », son image ne peut être dissociée de celle de l’Etat-RCD. Les élections présidentielles annoncées dans quelque deux mois seront organisées par ces deux hommes, qui traînent le boulet de leur appartenance à un régime massivement rejeté pendant un mois de troubles. Les manifestants arrêtés depuis le 18 décembre 2010 ont été libérés mais des militants politiques sont encore sous les verrous, dont Ammar Amroussia, un dirigeant du PCOT, le journaliste Fahem Boukeddous et Hassan Ben Abdallah, dirigeant de la contestation populaire dans le Bassin minier de Gafsa (janvier-juin 2008). L’armée, présentée comme « neutre », semble déterminée à assurer la continuité du système sous une forme aménagée. Si elle fait arrêter d’anciens ministres de l’Intérieur, elle offre sa protection à d’autres anciens responsables non moins impliqués dans les exactions policières de ces 23 dernières années. Le « modèle tunisien », célébré par le FMI et la Banque mondiale, et dont l’échec a été magistralement démontré, n’est pas remis en cause. On a presque déjà oublié que le feu de la révolte qui a provoqué la chute d’un des plus anciens despotes de la région s’est allumé dans l’arrière-pays déshérité, marginalisé par un système économique très dépendant de l’économie européenne. Seule la corruption est dénoncée et seuls Ben Ali et sa famille sont désignés à la vindicte populaire, comme si le pillage des ressources tunisiennes était le fait d’une poignée d’hommes et de femmes et que personne au sein du Parti-Etat n’avait profité de leurs largesses ou leur a offert sa protection.
Gouvernement d’union nationale…
L’opposition aborde ce nouveau contexte divisée en deux camps. Le premier rassemble les partisans d’une transition douce que conduirait un gouvernement de coalition. Il comprend le Parti démocratique progressiste (PDP) de Mohamed Nedjib Chebbi, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) de Mustapha Ben Djaafer et El Tajdid (ancien Parti communiste), présidé par Ahmed Brahim. Les deux premières personnalités ont en commun d’avoir été empêchés de se porter candidats aux présidentielles par une loi électorale qui exigeait d’eux le soutien préalable à leur candidature de dizaines d’élus. Ahmed Brahim, quant à lui, a affronté Ben Ali lors de l’élection de 2009 et, naturellement, il n’avait nulle chance d’obtenir plus que 1,57 % des suffrages exprimés. Les trois hommes ont, toutefois, des parcours contrastés. Mohamed Nejdib Chebbi est issu de la gauche radicale, plus précisément de l’organisation maoïsante appelée El Amel El Tounsi (le Travailleur tunisien), dont est également issu le Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT). Mustapha Ben Djaafer est un ancien militant du Parti socialiste destourien (ancêtre du Rassemblement constitutionnel démocratique, RCD) qu’il a quitté avant de créer, avec d’autres dissidents, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), en 1978, et le FDTL, en 1994.
…Assemblée constituante
Le second camp estime qu’une véritable transition passe par le « démantèlement du système Ben Ali » et l’élection d’une assemblée constituante qui rédigerait une nouvelle Constitution. Il comprend le PCOT et le mouvement islamiste El Nahda, qui ne rejette pas l’option d’un gouvernement d’union (Habib El Louz, Al Djazira, 16 janvier 2011) s’il n’est pas conduit par un des symboles du RCD, à l’image de l’actuel Premier-ministre (Rached Ghanouchi, Al Djazira, 15 janvier). Cette attitude est partagée par des militants démocrates à l’exemple de Sihem Ben Sedrine, du Conseil national pour les libertés (CNLT). Le Congrès pour la République (CPR) de l’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Moncef Merzouki, paraît proche des positions radicales de ses anciens partenaires au sein du « Front démocratique du 18 Octobre ». Comme les responsables d’El Nahda, il accepte l’idée d’un gouvernement unitaire mais pas dans le cadre du système-RCD (« El Watan, 15 janvier 2011).
PDP et El Tajdid : le préalable d’une amnistie générale
Il n’est pas sans signification que le premier camp soit composé de partis reconnus (le PDP depuis 1988, le FDTL depuis 2002 et El Tajdid depuis 1981, sous le nom de Parti communiste tunisien) qui espèrent passer à la postérité comme les artisans de la transition tout en faisant l’expérience de la gestion des affaires publiques. Ces partis ne jugent pas le présent cadre constitutionnel totalement inadéquat pour amorcer une mutation démocratique et perçoivent l’ancien-actuel Premier ministre, Mohamed Ghanouchi, comme une « personne non corrompue » (Attia Athmouni, du bureau politique du PDP « Le Journal du Dimanche », 16 janvier 2011). Ils ne conditionnent leur participation à un gouvernement d’union que par la proclamation d’une amnistie générale et la reconnaissance des courants qui « ont déjà déposé des demandes d’agrément sans jamais l’obtenir » (cette formulation pourrait exclure El Nahda). Ils évoquent, certes, la refonte de l’arsenal juridique hérité de l’ère Ben Ali (loi électorale, etc.), mais ils n’envisagent pas de la mener dans le cadre d’institutions totalement nouvelles. Le deuxième camp est composé, quant à lui, de partis qui n’ont pas subi seulement d’importantes restrictions à leur activité (PDP, El Tajdid), mais la négation pure et simple de leur droit à l’existence et qui redoutent que cette injustice ne perdure encore. Le PCOT et El Nahda attirent l’attention sur le fait que la Constitution tunisienne a été taillée sur mesure pour les deux seuls présidents qui ont gouverné le pays depuis son indépendance, il y a de cela 55 ans. Ils rappellent que le 7 novembre 1987, Ben Ali a fait à l’opposition des promesses d’ouverture avant de lui réserver une impitoyable répression.
Une autre ligne de partage : la légalisation d’El Nahda
Une autre ligne de partage pourrait bientôt traverser l’opposition et séparer les partisans de la légalisation du courant islamiste de ses adversaires. A priori, le PDP, le PCOT et le CPR (ces deux derniers, eux-mêmes illégaux), ne verront pas d’un mauvais œil la reconnaissance d’El Nahda mais ce ne sera pas forcément le cas d’autres forces, comme El Tajdid, rétif à l’idée de donner une légitimité politique à des mouvements religieux. Les positions de l’ancien Parti communiste sur cette question bénéficient du soutien d’autres groupes (non reconnus) comme Parti socialiste de gauche (une scission du PCOT), qui ont été ses alliés au sein de l’Initiative démocratique (présidentielles 2009). Elles pourraient être aussi soutenues par des associations qui craignent que la légalisation d’El Nahda n’annonce la fin de la laïcité spécifique tunisienne et la remise en cause des droits des femmes. Le régime relooké de Fouad Mbazaâ pourrait, de son côté, agiter l’épouvantail d’une prise de pouvoir par les islamistes, pour convaincre les grandes puissances d’entériner le changement contrôlé qu’il a amorcé et diviser l’opposition comme Ben Ali a réussi à le faire après le coup d’Etat du 7 novembre 1987.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: La Tunisie
EN DIRECT. Tunisie : trois ministres démissionnent
13h25. Les trois ministres appartenant à la centrale syndicale tunisienne UGTT démissionnent du gouvernement de transition formé la veille, à la demande de leur organisation, annonce Houssine Dimassi, nommé la veille ministre de la Formation et de l'emploi. Les deux autres ministres démissionnaires, selon M. Dimassi, sont Abdeljelil Bédoui (ministre auprès du Premier ministre) et Anouar Ben Gueddour (secrétaire d'Etat auprès du ministre du Transport et de l'équipement). Un peu plus tôt, la centrale avait indiqué ne pas reconnaître le gouvernement d'union nationale et demandé aux ministres issus de ses rangs de démissionner.
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
Re: La Tunisie
Attaquée sur la Tunisie, la diplomatie française présente sa défense
La chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, devenue le symbole des réticences françaises à soutenir la Révolution de jasmin en Tunisie, a balayé mardi les appels à sa démission mais admis que Paris n'avait pas prévu l'ampleur du soulèvement populaire.
http://actu.orange.fr/politique/attaquee-sur-la-tunisie-la-diplomatie-francaise-presente-sa-defense_88839.html
ET dans le même article.
La ministre a mis en avant le grand nombre de ressortissants français en Tunisie (plus de 20.000).
Donc certain de c'est ressortissent qui ont fuit l'horrible France et ça fiscalité horrible.
Merde tien...
Invité- Invité
Re: La Tunisie
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: La Tunisie
Ressortissants français (je parle pas des tunisien mais..)yannalan a écrit:Non, je pense qu'il y a beaucoup de franco-tunisiens, de gens d'origine tunisienne naturalisés français, et d'employés des sociétés françaises. Pour les impôts, isl préfèrent Bruxelles...
Mais quant même, ils ont a leurs manière soutenue un régime autoritaire et très répressif pour gagner plus, ils ont fermé leurs grande gueule, et maintenant que les tunisien ont besoin d'eux, c'est gros lâche se tire avec la caisse.
Et nous ont trouve rien a redire, alors que les raisons qui les ont fait partir de France est une haines du travailleurs qui défens son droit.
Cela dit il sont pas tous dans se cas, mais ils sont chié de revenir sans rien dire du régime qu'ils soutenais.
Tunisie: Fillon dit sa "confiance" à Alliot-Marie et critique le PS
François Fillon a dit mardi à l'Assemblée nationale "toute sa confiance" à sa ministre des Affaires étrangères, contestée pour sa prise de position sur la Tunisie, accusant le Parti socialiste "d'une exploitation peu honnête" de ses propos.
http://actu.orange.fr/politique/tunisie-fillon-dit-sa-confiance-a-alliot-marie-et-critique-le-ps_88999.html
Invité- Invité
Re: La Tunisie
Tu pense ce que tu veux. Tu fais parti de la communauté des : « nous sommes révolutionnaires, allez y ». T'a pas compris qu'une « révolution » c'est envoyer des gens au massacre. Tu n'est qu'un enfoirré.
@Yannalan
Petit « propriétaire tu es, petit tu restera...Vive la révolution des faux culs...S'il y a révolution, j'avancerais en reculant au cas ou...
Attention, on ne présente les « marionnettiste » qu'à la fin...Pour la Tunisie, les marionnettistes ont plusieurs apparences, mais ne vous détrompé pas, ce sont dans tous les cas des bourgeois... La haute bourgeoisie gérant le système capitaliste mondialisé, à mon avis faudra faire avec, pour expliquer tous les évènements ou transformations ( dito MAM).
En France, nous avons la « conscience de classes », les structures révolutionnaires qu'attendons nous pour montrer le chemin aux travailleurs Tunisiens?
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
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Localisation : L'Ametlla de mar
Re: La Tunisie
Le Parti Communiste libanais salue La victoire historique du peuple tunisien
La direction et les militants du Parti Communiste libanais saluent les actes héroïques enregistrés par « l’Intifada des pauvres » du peuple tunisien et ses leaders, dont, en particulier, la gauche tunisienne, contre la dictature de la mort exercée par Zein Al-Abidin Ben Ali et ses proches.
« L’Intifada des pauvres » a réalisé, hier, une victoire historique en supprimant le régime familial qui perdure, depuis 23 ans, et qui a transformé la Tunisie en une vaste prison, mais aussi en un pays où sévissent la corruption, le recel des biens publics et la mainmise des gouverneurs sur les secteurs productifs.
Mais, le résultat le plus important de cette victoire reste sans aucun doute, en plus de la fin de la dictature et de la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite, est la portée arabe qu’elle revêt, tant par les forces qui sont à la base de sa réalisation, et en premier lieu les forces de gauche et la Fédération générale des syndicats ouvriers, que par le programme et les mots d’ordre que le mouvement avait adoptés et poursuivis jusqu’à la victoire finale.
Cette portée nous pousse à affirmer que l’influence de ce qui s’est passé en Tunisie le 14 janvier 2011 sera marquante pour tous les peuples arabes. Nous pouvons même affirmer que ce 14 janvier constituera le point de départ d’un nouveau mouvement populaire dont les prémices se font sentir, non seulement en Tunisie, mais aussi en Algérie, en Égypte, en Palestine, au Liban, en Jordanie et au Koweït. Un mouvement qui s’élargit, prônant les deux slogans de la Résistance contre les projets politiques impérialistes et israéliens et du Changement démocratique.
Le Parti Communiste libanais, tout en s’inclinant devant les martyrs de « L’Intifada des pauvres », appelle à préserver la grande victoire réalisée grâce aux sacrifices du peuple tunisien et à aller de l’avant contre les forces de l’ancien régime qui tenteront de la faire avorter. Il appelle aussi les forces de la gauche et de la démocratie à poursuivre la voie jusqu’à la construction d’un nouveau régime basé sur la démocratie, le progrès social et l’égalité.
Beyrouth, le 16 janvier 2011
Le Bureau politique Du Parti Communiste libanais
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: La Tunisie
Merci de m'autoriser à penser ce que je veux. En principe, je considère que ça ne vaut pas la peine de te répondre, ni même de te lire, vu les âneries que tu débites. Mais tu reproduis ici un préjugé réactionnaire si banal que ça vaut tout de même le coup de le souligner.irneh09218 a écrit:@Vérié
Tu pense ce que tu veux. Tu fais parti de la communauté des : « nous sommes révolutionnaires, allez y ». T'a pas compris qu'une « révolution » c'est envoyer des gens au massacre. Tu n'est qu'un enfoirré.
Eh bien non, ce ne sont pas les révolutionnaires qui envoient les gens au massacre. La Tunisie nous en donne un parfait exemple, puisqu'il n'y a pas pour le moment de révolutionnaires dans ce pays, ou très peu. Et cette absence n'a pas empêché des dizaines de milliers de gens de risquer leur peau et 78 d'entre eux (selon les derniers chiffres) de la perdre. Car ils ont estimé en effet, sans demander l'avis des révolutionnaires, ni le tien, qu'il était préférable de risquer sa peau que de continuer à vivre de cette façon. Et c'est quand des millions de gens pensent ainsi que se produisent des révolutions. Tout ce que peuvent faire les révolutionnaires, c'est d'aider les gens à s'organiser et avoir ainsi davantage de chance de réussir, de façon à ce que leur sacrifice ne soit pas inutile. Mais des massacres, il y en a partout dans le monde, sans la moindre intervention des révolutionnaires.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: La Tunisie
irneh09218- Messages : 502
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Localisation : L'Ametlla de mar
Re: La Tunisie
C'est un peu juste comme argumentationirneh09218 a écrit:Merci de confirmer ton statut d'"enfoiré"...
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: La Tunisie
Les modos, bougez-vous un peu....
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: La Tunisie
Les "ministres" de l"UGTT démissionnent suite à la demande qui leur a été faite par leur direction syndicale. Ainsi, l'UGTT refuse de reconnaitre le gouvernement de Mohammed Ghannouchi dans lequel les représentants du RCD s'y trouvent au nombre de 6. Par là, aussi, l'UGTT compte rejoindre le cri de révolte de la rue, car plus d'un millier de manifestants ont scandé, dans l'avenue Bourguiba (centre ville de Tunis), leur attachement à un gouvernement sans RCDistes. Une question se pose : comment l'UGTT compte-t-elle gérer la suite ?
Dernière édition par Sparta le Mar 18 Jan - 21:02, édité 4 fois
Sparta- Messages : 229
Date d'inscription : 05/12/2010
Re: La Tunisie
Faut m'expulser en tant que : "crapule", "déconneur", "antisémite", "anticommuniste", Au secours les modos...
Tu es sur d'avoir utilisé toutes les insultes... Pourtant, je ne demanderais jamais ton expulsion... Il est toujours intéressante d'observer la réaction de primates marxistes révolutionnaires confrontés à des évènements de 2011...
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
Re: La Tunisie
Elles donnent une image dégradée des MR et de ce forum,
ce qui empêche un progrès régulier de sa fréquentation.
Il est temps de protéger son objet.
Le message d'insulte devrait être viré ,et tous ce qui suit hors sujet, y compris celui-ci...
Si cette règle était enfin appliquée, je connais beaucoup de gens qui y retourneraient
au lieu d'y passer et dire: mais c'est n'importe quoi les MR...
Fin de parenthèse: la bonne nouvelle,
c'est que le peuple tunisien continue à réclamer le démantèlement de la dictature,
et que 4 ministres ont démissionné aujourd'hui.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: La Tunisie
Hugues- Messages : 36
Date d'inscription : 25/09/2010
Re: La Tunisie
Je ne vois pas pourquoi tu demanderais mon expulsion, Irneh. J'ai commencé par te répondre correctement, mais tu n'as répondu que par des insultes répétées et tu n'exposes aucune idée.
Comme dirait Marco Pagot "un pogu va bé, u troppu stroppiu". Il y a un moment où on en a ras le cul de tes conneries et on le dit.
Clairement.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: La Tunisie
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Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
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