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Grèce - Page 5 Empty Re: Grèce

Message  Byrrh Jeu 29 Jan - 12:00

Communiqué de presse d'OKDE - Spartakos (section grecque de la IVème Internationale - "SU") sur le résultat des élections, 26/01/2015.

Trad. Stan Miller

Lors des élections du 25 janvier, le gouvernement des mémorandums et les partis qui géraient la crise du capitalisme grec sous l'ère de l'austérité ont subi une grande défaite. Le facteur qui a détruit le gouvernement Nouvelle Démocratie – PASOK ainsi que les gouvernements bourgeois l'ayant précédé a été la pression du mouvement ouvrier, de la jeunesse et des opprimés. Malgré leurs contradictions et leurs reflux, les grèves, occupations, manifestations et en général les luttes des années passées peuvent faire chuter des gouvernements et gagner.

L'instabilité du mode de gouvernement du système politique, conséquence de la crise et de la pression du mouvement social, a également rendu possible l'arrivée de Syriza au pouvoir. La victoire d'un parti qui vient de la gauche réformiste fait écho aux aspirations de vastes couches de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie de mettre fin aux conséquences de la crise et de l'austérité, aspirations qui se retranscrivent cependant aujourd'hui dans une logique de représentation plutôt que de participation directe.

Cependant, non seulement le gouvernement dirigé par Syriza n'a pas l'intention de faire obstacle au fonctionnement du capitalisme, mais semble également incapable d'arrêter l'austérité. La haine du gouvernement ND-PASOK ayant fait pencher ultimement la balance du côté de Syriza, sa direction a tenté de revenir sur ses promesses passées. Syriza a gagné sur la base d'un programme minimum de « sauvetage », pour « changer ce que l'on peut, pas ce que l'on veut ». Le nouveau gouvernement est un gouvernement de collaboration de classe, pas uniquement du fait de la collaboration avec le parti nationaliste des Grecs Indépendants mais du fait du programme même de Syriza. Selon les mots mêmes du nouveau premier ministre, ce gouvernement est un gouvernement de salut social et pas un gouvernement de la gauche.

La polarisation sociale et politique entre la gauche et la droite a renforcé la crise du centre, comme le montre l'effondrement du Pasok et de Dimar (NDT : Gauche Démocratique).

Le pourcentage de suffrages obtenus par Aube Dorée confirme l'hypothèse que ce parti néo-nazi a des racines sociales dans les couches petites bourgeoises ruinées de la société mais aussi chez ceux qui dans les classes populaires se tournent vers l'individualisme. On peut observer cependant un clair effondrement des suffrages de AD par rapport aux élections européennes et aux élections nationales de 2012. Les faibles scores d'AD dans des régions où elle avait atteint des succès précédemment comme le centre d'Athènes et également l'affaiblissement de sa présence dans la rue montre que ce courant fasciste subit actuellement un recul et n'est pas en position pour l'instant de répandre la terreur. C'est une énorme opportunité pour le mouvement antifasciste de détruire AD une bonne fois pour toutes et d'éliminer cette arme de secours du capitalisme avant que celui-ci ne s'en serve.

Les 40,000 votes d'Antarsya et principalement sa campagne sur le terrain montrent que la gauche anticapitaliste s'affirme comme un courant politiquement et socialement existant même si cela se traduit peu dans les votes. C'est un fait cependant que le pourcentage de votes obtenu par Antarsya n'est pas un succès. La coalition avec MARS n'a clairement pas porté ses fruits électoralement. Les reculs en termes programmatiques par exemple sur la question du pouvoir ouvrier n'ont pas été payants électoralement.

Dans la période qui arrive, la gauche anticapitaliste et révolutionnaire doit expliquer que les conquêtes sociales se gagnent de haute lutte. Elle doit expliquer qu'il n'y a pas de sauvetage possible des interêts des travailleurs sans rupture avec les interêts coalisés des banquiers et des industriels et sans rupture avec les institutions de l'Etat bourgeois. Elle doit se situer dans l'opposition au gouvernement de Syriza et du côté des travailleurs. Avec comme objectif l'unité d'action de tous les travailleurs, mais également un programme anticapitaliste clair, sans amoindrissements et alliances qui le remettraient en cause au nom de l'obtention de résultats rapides et du pragmatisme, Antarsya peut jouer un rôle extrêmement important dans la lutte de classe dans la période qui s'ouvre face à nous.

Byrrh

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Message  Byrrh Ven 30 Jan - 16:31

Edito du courant Anticapitalisme & Révolution du NPA (26/01/2015) :

Après la victoire de Syriza en Grèce : les travailleurs devront continuer à se battre !

Syriza, le parti anti-austérité grec vient de remporter des élections législatives anticipées qui ont eu lieu dans la foulée d’une nouvelle vague de luttes. Le gouvernement de droite, qui avait encore aggravé les conditions de vie déjà dramatiques de la classe ouvrière grecque, a chuté sous la pression populaire. Les travailleurs grecs peuvent en être fiers ! Cette victoire est à mettre à leur compte ! Aujourd’hui, leurs espoirs se tournent vers Syriza et son leader Tsipras. Mais suffit-il de faire confiance à ceux qui se hissent au pouvoir ? Sûrement pas ! Nous sommes bien placés, ici en France, pour savoir que l’on a payé cher de telles illusions ! Les espoirs dans les programmes réformistes et dans les gouvernements populaires peuvent conduire aussi à la démoralisation et à la défaite si la classe ouvrière et la jeunesse n’interviennent pas activement dans la lutte contre la droite et le capitalisme, avec leurs revendications et leurs objectifs propres.

Alors que faire ?
Alexis Tsipras, le porte-parole de Syriza, a fait  campagne autour de mesures telles que la hausse du salaire minimum de 540 à 750 euros, la mise en place d’un système de santé gratuit. Il est évidemment logique et nécessaire d’exiger qu’elles soient adoptées immédiatement. Mais la « Troïka » (composée d’experts, représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international), et derrière elle les banquiers, en particulier allemands et français, sont loin de s’avouer vaincus : eux qui se sont engraissés sur la « dette » grecque vont tout faire pour maintenir leurs profits, et exercent déjà une forte pression sur Syriza. Les premiers signes que Tsipras envoie avec la constitution de son gouvernement et l'accord avec le parti nationaliste de droite ANEL vont à l’opposé d’une politique de défense inconditionnelle des intérêts de celles et ceux d’en bas et sont en contradiction avec la volonté exprimée dans les élections. Comme s’il était possible de s’appuyer sur des représentants de la classe dirigeante grecque... pour la faire céder, elle et ses partenaires de l’Union Européenne ! Tsipras cherche explicitement à « renégocier » la dette avec la « Troïka » et non plus à l’annuler. Ce n’est pourtant pas aux travailleurs grecs de payer la dette mais aux capitalistes et aux banquiers de la supporter. Le seul moyen pour ceux d’en bas pour arracher quoi que ce soit de positif et de durable, c’est de briser leur pouvoir de nuisance.

La lutte de classes est la seule voie
Il n'y a pas le choix : ce qui doit être à l’ordre du jour, c’est la mobilisation, l'organisation du peuple grec et la solidarité active des peuples d'Europe. C'est la seule manière d’affronter les défis qui nous attendent. Une mobilisation générale est nécessaire. Aucune confiance dans les négociations avec les prédateurs ! Pour remettre en cause l’austérité, il faut s’attaquer aux intérêts de ceux qui l’organisent et qui en bénéficient, c’est-à-dire les capitalistes grecs et européens. Et celles et ceux qui ont la capacité, qui ont intérêt à leur arracher le pouvoir réel, c’est à dire le contrôle des banques et des secteurs-clés de l’économie, ce sont les travailleurs et les jeunes de Grèce. Ce n’est pas l’objectif de Syriza, mais ce doit être celui des travailleurs grecs.

La mobilisation des travailleurs d'Europe et en France joue un rôle important et nous avons une responsabilité directe à ce sujet. C'est le meilleur soutien à apporter au peuple grec. D'une façon immédiate, on doit demander que le gouvernement Hollande -et le gouvernement Merkel, et toute l'UE- acceptent le non paiement de la dette et que les « pertes » de cette décision soient à la charge des banques. Nos propres luttes contre Hollande et l’austérité, contre la loi Macron, doivent converger avec celles des travailleurs de Grèce et de toute l'Europe.

Byrrh

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Message  Prado Sam 31 Jan - 12:18

Interview de Georges Katrougalos, nouveau ministre (ou vice-ministre ?) de la réforme administrative.

« Nous ne reconnaissons pas la “troïka”»
LE MONDE ECONOMIE | 29.01.2015
Propos recueillis par Alain Salles et Adéa Guillot (Athènes, correspondance)

La réforme de l’administration publique grecque est l’un des plus vastes chantiers en Grèce. L’un des plus stratégiques aussi pour le tout nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras puisqu’il représente un axe de compromis possible dans les difficiles négociations qui s’annoncent avec les créanciers du pays. Mercredi 28 janvier, le constitutionnaliste Georges Katrougalos, nouveau ministre de la réforme administrative, par ailleurs député européen de Syriza, prend tout juste possession de son vaste bureau avec vue sur le Parlement. Il sort de deux heures de passation de pouvoir avec son prédécesseur, Kyriakos Mitsotakis, qui confie en quittant les locaux « avoir le sentiment d’avoir bien travaillé » et affirme « se tenir à la disposition du nouveau ministre pour toute précision sur les dossiers en cours ».

Vous venez d’annoncer la réembauche de fonctionnaires licenciés ces dernières années à la demande des créanciers du pays dans le cadre des mémorandums. Vous ne craignez pas d’envoyer à l’Europe le signal d’un retour en arrière ?

Tout d’abord mes prédécesseurs ont inscrit toute leur action de réforme dans le cadre des objectifs quantitatifs de réduction de la fonction publique dictés par la « troïka » [le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne] qu’ils ne contestaient pas. Nous, nous ne reconnaissons ni le mémorandum ni la « troïka ». Je suis donc libre de dessiner seul les contours de la réforme que je crois nécessaire.
J’ai décidé de réembaucher les quelque 2 000 fonctionnaires victimes de licenciements injustes, en dehors de toute procédure d’évaluation. Comme les 500 femmes de ménage du ministère de l’économie ou les gardiens d’école qui ont été écartés simplement pour répondre à l’objectif de 15 000 licenciements d’ici à fin 2014. Le coût et les modalités juridiques de ces réintégrations restent encore à préciser, mais c’est la première mesure symbolique que je compte prendre dans les prochains jours.

Où en est la fonction publique et quelles sont vos priorités ?

Quantitativement, le nombre d’agents a diminué drastiquement depuis 2011 et nous sommes désormais au-dessous de la moyenne européenne quant à la taille de notre fonction publique. On ne peut pas la réduire plus. Nous voulons nous attaquer au problème du clientélisme. Tous les ministres se sont heurtés à des résistances au sein de leurs services, mais nous sommes un parti neuf, sans clientèle politique, et le premier ministre m’a donné carte blanche pour lutter contre ce fléau.

Pourtant nombre de vos électeurs, et même certains de vos députés, sont des transfuges du parti socialiste grec (Pasok) qui a beaucoup d’obligés dans les services…

C’est vrai et ils feront sans doute pression sur nous pour que nous ne fassions rien, mais on ne peut pas plaire à tout le monde et nous avons aujourd’hui une chance historique de changer les choses, car les élites politiques traditionnelles sont affaiblies et nous pouvons donc assainir la situation.

Syriza en campagne a annoncé qu’il souhaitait mettre fin à l’évaluation des agents lancée depuis septembre 2014, changer le régime de la mobilité de fonctionnaires mis en place ces derniers mois. Autant d’actions lancées sur le conseil de la « task force », l’équipe d’assistance technique diligentée par l’Europe pour épauler la Grèce dans son effort de réformes. Allez-vous travailler avec la task force ?

Autant nous ne voulons pas accepter les diktats de la « troïka », autant l’aide technique de la task force sera bienvenue si elle va dans le sens de ce que nous souhaitons mettre en place. Je ne suis pas contre l’idée d’un schéma de mobilité, car il y a des services surpeuplés et d’autres en sous-effectif. Je ne suis pas non plus contre le principe de l’évaluation, mais certainement pas l’évaluation telle qu’elle a été envisagée jusqu’ici, avec des quotas. On demandait aux chefs de service de donner la note la plus haute à 25 % maximum de leur personnel, puis une note moyenne à 60 % d’entre eux et, enfin, la note la plus mauvaise aux 15 % restants. C’est inepte ! Mon programme n’est pas encore détaillé, mais je compte légiférer dans les six mois.

C’est assez vague…

Je viens de prendre mes fonctions ! La philosophie de ce que je veux faire devrait suivre cette progression. Un : évaluation des besoins des services. Deux : établissement des profils de postes. Trois : évaluation des agents et mobilité. J’aimerais mettre en place cinq municipalités pilotes et faire de mon ministère le modèle de cette réforme. Et puis finaliser l’unification des grilles salariales ou revoir le fonctionnement des conseils disciplinaires. Mon ministre de tutelle doit encore valider ces propositions.

Votre prédécesseur s’est heurté à l’opposition des syndicats. Comment allez-vous les convaincre de vous faire confiance ?

Je vais négocier avec eux. Et puis surtout l’évaluation ne sera plus couplée à un objectif de licenciements. Si l’on rassure les fonctionnaires en leur garantissant qu’il s’agit d’une simple réorganisation des services, alors je suis sûr qu’ils accepteront l’évaluation, car c’est LE moyen pour lutter contre le clientélisme et la corruption. Et puis, vous savez, les syndicats ont changé pendant cette crise. Ils ont perdu en audience et ont compris la nécessité de changer les choses.

La réforme administrative et la lutte contre la fraude fiscale apparaissent comme les deux principaux axes de compromis pour l’instant dans la manche de votre gouvernement en vue des négociations avec les créanciers…
Oui, c’est vrai, et mon boulot est de préparer le plus rapidement possible nos propositions. L’administration a toujours été le grand malade en Grèce, mais les deux partis qui se partageaient le pouvoir jusqu’ici n’avaient aucun intérêt à le soigner, car ils en profitaient. Cela s’achève aujourd’hui.

Propos recueillis par Adéa Guillot et Alain Salles

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Message  verié2 Sam 31 Jan - 13:15

"les syndicats ont changé pendant cette crise. Ils ont perdu en audience et ont compris la nécessité de changer les choses."
Shocked
Comment faut-il interpréter cela ? Un changement à la CFDT ?

verié2

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Grèce - Page 5 Empty Varoufakis maltraité par l'Empire BBC...

Message  Roseau Sam 31 Jan - 14:13

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Message  Isildur Dim 1 Fév - 12:12

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1536/Economie/article/detail/2201807/2015/01/31/La-Grece-ne-cherche-pas-le-conflit.dhtml

Engagements européens
Pour lui cela "ne signifie en rien que nous ne respecterons pas nos engagements envers la Banque centrale européenne ou le Fonds monétaire international", détenteurs de créances que la Grèce doit rembourser dans les prochains mois.

Ca sent le sapin non?

Ils ne devaient pas engager un moratoire ?

Isildur

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Message  Babel Dim 1 Fév - 13:14

- Arrêt de la privatisation de l'électricité grecque, de celle de l'Organisme des ports du Pirée et de Thessalonique ; accès gratuit à l'électricité pour les chômeurs de longue durée.

- Demande de suspension du processus de privatisation sous sa forme actuelle, par le biais du TAIPED, dont la direction et le conseil d’administration sont remerciés ; tous les contrats déjà conclus vont faire l’objet d’un contrôle quant à leur légalité. Instauration d'un Fond du Patrimoine de l'Etat.

- Attribution de la nationalité grecque aux enfants de migrants nés en Grèce, mesure qui pourrait s'élargir à ceux qui ne sont pas nés en Grèce mais y sont arrivés très jeunes et y ont suivi leur scolarité.

- Rétablissement du salaire minimum à 751€, du treizième mois de retraite et redressement des retraites complémentaires qui avaient été supprimées.

- Réintégration des enseignants des Lycées Professionnels, des gardiens scolaires et des personnels administratifs des universités mis en disponibilité, -ce qui avait provoqué une grève de plusieurs mois dans les universités. Annonce d’un programme complet pour l'éducation dans les prochains jours.

- Réintégration des 595 femmes de ménage du ministère des Finances, dont l’action revendicative symbolisait la lutte contre le Mémorandum.

Ajoutons, dans la gamme des gestes symboliques, le retrait des grilles entourant le parlement, place Syntagma.

Parce qu’elle prend le contre-pied de la politique imposée par la dictature des créanciers de la dette et entend réparer quelques-unes des injustices commises au cours de ces dernières années, l’annonce des premières mesures prises par le gouvernement Tsipras a quelque chose de réjouissant.

Le gel annoncé des privatisations imposées par la  troïka lui permet d’afficher sa volonté de « mettre fin à l’austérité et de parvenir à un effacement d’une partie au moins de la dette colossale du pays.  » (dixit Tsipras)

Sur le plan international, cette posture trouve son prolongement dans le rejet de toute négociation de la dette avec la troïka, couplée à une fin de non-recevoir de l’aide de 7 milliards d’euros, - promise à la Grèce d’ici fin février, en échange de la poursuite de la politique mémorandaire. Appelant à une négociation entre gouvernements européens, Varoufakis, le ministre des finances, déclare au New York Times : «  les sept milliards, nous n’en voulons pas, ce que nous voulons c’est repenser tout le programme  ».

Voici donc accumulés, en moins d'une semaine, les signes d’une volonté de rupture avec la politique d’austérité et de privatisation de la quasi-totalité des biens publics du gouvernement précédent. En cela, ces mesures méritent d’être saluées.

Mais cela n’empêche pas de les accueillir aussi avec circonspection.

Suffisamment populaires pour asseoir la popularité du leader de l’exécutif, elles traduisent de façon spectaculaire une volonté de reconquête de la souveraineté nationale conforme, en cela, aux termes d’un programme politique soucieux de faire vibrer la fibre patriotique. Dans une nation dominée, ce genre de posture ne peut manquer de plaire à l’écrasante majorité de la population.

Sont ainsi dessinés les contours d’une ligne souverainiste, où la restauration de l’Etat-providence se fonde sur l’adoption d’une politique économique néo-keynésienne, associant relance de la demande intérieure et volonté protectionniste.

L’alliance avec les Grecs indépendants trouve ainsi sa pleine légitimation, ces derniers ayant proposé la mise en place « d’une commission d'audit de la dette, avec pour but (d’en effacer) la partie odieuse et intenable. »

En affichant sa détermination à mettre fin à cette « politique de soumission » du pays, Tsipras fait de la récupération de la dignité nationale et de la souveraineté populaire l’axe central de sa politique. Et tout se passe comme s'il nourrissait par là l'espoir de prendre la stature d'une sorte Chavez méditerranéen. On le voit jusque dans son intention proclamée de se placer à la tête d'un gouvernement « de salut national », prêt à « verser son sang » pour rétablir « la dignité des Grecs » bafouée par des années de Mémorandums.  

Isildur a écrit: Ca sent le sapin non ?

Ben... avec seulement 2 milliards en caisse, l’objectif de financer un programme de dépenses publiques évalué à 12 milliards sur deux ans relève pas mal du vœu pieu.

Le gouvernement espère en effet trouver dans les ressources de la lutte contre l’évasion fiscale et la contrebande, la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fond de stabilité financière  de quoi financer ce programme. Sauf que, selon le quotidien Kathimerini, la Grèce doit également rembourser, courant 2015, 22,5 milliards d’euros à ses créanciers européens, dont 4 milliards d’ici à la fin mars, et 8 milliards en juillet-août. Ce sont d’ailleurs ces échéances qui obligent le gouvernement à « négocier avec (ses) partenaires une remise » sur la somme allouée, comme l’affirme Georges Stathakis, l’un des artisans de ce projet économique.

Face aux pays-leaders de l’eurozone, la seule voie qui s’ouvre à lui est de faire monter les enchères, pour négocier un réaménagement et un rééchelonnement dans les meilleurs termes possibles. Or, la réaction des marchés devant les mesures prises récemment donne le ton : celui de l’intransigeance. L'obligation à dix ans de la Grèce est repassée au-dessus de 10% et le cours des banques grecques s'est effondré de -25 à -30%

Déjà fragilisé par des retraits opérés par des épargnants, inquiets de l'arrivée de Syriza, le secteur bancaire se voit dans l’obligation de calmer l’angoisse des investisseurs devant la menace des possibles « conséquences fatales pour le système financier grec » en cas d’arrêt du programme d'aide de l'UE, formulée la Banque centrale allemande.

Or, sans un accord avec la troïka, les banques grecques seront exclues du financement de la BCE, ce qui risque d’avoir pour effet de provoquer un vent de panique chez les petits épargnants, que l’on verra se ruer en masse devant les guichets afin d’exiger le retrait de leurs dépôts bancaires.

Pour couronner le tout, l'agence de notation Standard's and Poor's menace d'abaisser de stable à négative la note "B" de la Grèce, sous prétexte que « certaines des politiques économiques et budgétaires promues par le nouveau gouvernement récemment élu en Grèce, mené par le parti de gauche Syriza, sont incompatibles avec le cadre politique négocié entre le précédent gouvernement et les créanciers officiels » du pays.

L'idée d'un « New deal européen » défendue par Varoufakis, qui consiste à chercher parmi les pays d’Europe des alliés capables d’infléchir l’orthodoxie budgétaire défendue par l’Allemagne, a manifestement du plomb dans l’aile. C’est dans l’espoir de le réactiver, tout en rassurant les « partenaires européens », qu’il entreprend avec Tsipras depuis samedi une tournée des capitales européennes.

La gestion de la dette a beau avoir été confiée à la banque franco-américaine Lazard, laquelle plaide en faveur d’une restructuration, jugée « absolument nécessaire » et « possible » pour « réduire de moitié la dette détenue par les institutions publiques en Grèce » (soit l’équivalent de 100 milliards d’euros sur 200), rien n’indique que cet objectif ait quelque chance de se réaliser.

Surtout quand on sait que les chefs de la zone euro excluent par avance tout « nouvel effacement » de la dette : « Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce » a récemment déclaré Merkel.

Voilà donc un gouvernement fraîchement élu placé dans l'obligation de résoudre la quadrature du cercle : comment rester au sein de l’eurozone tout en affichant une volonté de rupture ? Comment s’assurer « la plus grande coopération avec les institutions » internationales, UE-BCE-FMI, sans passer par les fourches caudines  de la troïka dont elles sont l’expression ? Sa dénonciation de la « délégation tripartite, anti-européenne, construite sur une base branlante », en la personne du groupe d’experts délégué par la troïka pour venir dicter tous les ans à Athènes les réformes à entreprendre, en échange du prêt, ressemble à une rodomontade dans la pure tradition populiste.  

Tant que la crise ne sera pas attaquée à la racine, d’abord par une nationalisation sous contrôle ouvrier du secteur bancaire et des grandes entreprises, un arrêt immédiat du paiement de la dette, et une rupture unilatérale avec l’Euro et l’Union Européenne, toute volonté de rupture se brisera sur les mêmes obstacles insurmontables.

Pour tenter de desserrer l’étau, le gouvernement grec, parallèlement aux négociations en cours avec ses créanciers européens, cherche à entretenir d’étroites relations commerciales avec la Russie. Le but est d’abord d’atténuer le poids de l’embargo commercial, imposé depuis cet été par le Kremlin sur les importations de produits agricoles issus de l’UE, et de relancer le tourisme russe en Grèce : le million de vacanciers russes à s’y être rendu en 2013 en fait le 3e groupe de visiteurs, ce qui constitue une manne touristique que la récente plongée du rouble risque de remettre en question.

De son côté, la Russie est à la recherche d’alliés potentiels pour assouplir la ligne de sanctions économiques adoptée par l’UE, et mise « sur les forces eurosceptiques en Europe méridionale et en France » : la Grèce pourrait par ailleurs servir de « pont énergétique », en étant avec la Turquie le point de passage des gazoducs russes vers l’Europe.

Et il semblerait qu’en dépit de la chute du rouble, provoquée par la baisse des cours du pétrole, les réserves de devises russes soient largement suffisantes pour financer l’octroi d’un crédit de plusieurs milliards au gouvernement Tsipras. Par ailleurs, même sans l’apport d’aides financières, un simple rabais sur les livraisons de gaz russe et la levée de l’embargo commercial sur les produits agricoles grecs pourraient substantiellement profiter à l’économie hellénique.

Telle semble être la seule échappatoire qui s’ouvre actuellement à l’équipe Tsipras, en cas d'échec avec l'Europe de la finance, pour ne pas rapidement sombrer corps et biens.

Mais le risque que comporte un tel accord est de placer Athènes directement dans l’orbite de Moscou. De Charybde à Scylla.  Quid alors de sa volonté affichée d’indépendance nationale ?

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Grèce - Page 5 Empty Syriza et Podemos, dans Là bas si j'y suis

Message  Roseau Lun 2 Fév - 4:53

Notamment débat Eric Toussaint - Frédéric Lordon
http://cadtm.org/Syriza-et-Podemos
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Message  Isildur Mar 3 Fév - 9:01

Propos d'un marxiste occasionnel... Shocked

, assurant par ailleurs qu’« il ne serait pas sage de revenir sur des privatisations terminées. »


Prenant l’exemple du port du Pirée, dont une partie a été concédée au groupe chinois Cosco, M. Varoufakis déclare que « les investissements » de ce dernier « sont très positifs pour la Grèce »
De façon plus générale, le ministre grec des finances dit considérer « les investissements étrangers, et notamment chinois » comme « une grande source d’espoir pour améliorer nos structures et renforcer notre compétitivité. » « Ce gouvernement peut assurer aux investisseurs étrangers qu’ils trouveront face à eux des esprits ouverts », lance-t-il.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/02/athenes-veut-arreter-d-imiter-sisyphe_4567736_3234.html#Fz0J8QzZ5X3xTYc5.99


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Message  Copas Mar 3 Fév - 20:02

Isildur a écrit:Propos d'un marxiste occasionnel... Shocked

, assurant par ailleurs qu’« il ne serait pas sage de revenir sur des privatisations terminées. »


Prenant l’exemple du port du Pirée, dont une partie a été concédée au groupe chinois Cosco, M. Varoufakis déclare que « les investissements » de ce dernier « sont très positifs pour la Grèce »
De façon plus générale, le ministre grec des finances dit considérer « les investissements étrangers, et notamment chinois » comme « une grande source d’espoir pour améliorer nos structures et renforcer notre compétitivité. » « Ce gouvernement peut assurer aux investisseurs étrangers qu’ils trouveront face à eux des esprits ouverts », lance-t-il.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/02/athenes-veut-arreter-d-imiter-sisyphe_4567736_3234.html#Fz0J8QzZ5X3xTYc5.99


Le message est subliminal vis à vis de la Chine.
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Message  Isildur Mer 4 Fév - 8:27

Décodeur ?, parce que là, voor mij, ça devient de la géopolitique de haut vol. Very Happy

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Message  Copas Jeu 5 Fév - 0:47

Isildur a écrit:Décodeur ?, parce que là, voor mij, ça devient de la géopolitique de haut vol. Very Happy

Le gouvernement grec cherche des alliés et des sources de refinancement (Chine et Russie).
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Message  Copas Jeu 5 Fév - 0:59

La BCE vient d'attaquer la Grèce en coupant les fonds aux banques grecques.

Les reculades de Tsipras face à la BCE et aux grands intérets financiers ont été interprétés comme une autorisation d'attaquer par la BCE.
Pendant que le ministre de l'économie grec avait de franches et cordiales discussions, l'étranglement de la Grèce s'est accélérée. La décision  de la BCE a fait baisser encore plus l'euro par ailleurs.

C'est une déclaration de guerre au peuple grec.

Grèce : le coup de force de la BCE

La BCE a annoncé ce mercredi soir qu'elle cessait d'accepter les titres grecs comme collatéraux. Le système bancaire grec n'est désormais relié à la zone euro que par le programme d'accès à la liquidité d'urgence qui est soumis à un accord avec les créanciers d'ici au 1er mars.

La BCE met la pression sur la Grèce. Ce mercredi soir, l'institution de Francfort a levé l'éligibilité des obligations d’état grecques comme collatéraux pour les opérations normales de refinancement dans la zone euro. Ceci signifie que, pour venir retirer des liquidités auprès de la BCE, les banques ne pourront plus donner comme garanties les titres grecs.

La suite .../...  


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Message  Babel Jeu 5 Fév - 12:33

Copas a écrit:La BCE vient d'attaquer la Grèce en coupant les fonds aux banques grecques.

Les reculades de Tsipras face à la BCE et aux grands intérets financiers ont été interprétés comme une autorisation d'attaquer par la BCE.
Pendant que le ministre de l'économie grec avait de franches et cordiales discussions, l'étranglement de la Grèce s'est accélérée. La décision  de la BCE a fait baisser encore plus l'euro par ailleurs.

C'est une déclaration de guerre au peuple grec.
Disons plutôt que la partie de poker continue.

En menaçant de provoquer un mouvement de panique bancaire, sous la forme d’une crise des liquidités, la BCE met le gouvernement Tsipras sous pression.

C’est la façon qu’a trouvée cette institution monétaire de manifester son indépendance : venir à l’appui de la contre-offensive de l’axe Berlin-Paris-Bruxelles (Merkel-Hollande-Juncker) aux propositions de restructuration et de rééchelonnement de la dette grecque.

Au moment même où Tsipras et Varoufakis effectuent leur tournée européenne, dans l’espoir illusoire de voir des gouvernements des pays membres de l’eurozone se rallier à leur cause, la BCE joue la crise et décide de s’attaquer au portefeuille.

Mais on reste dans le bluff.

Certes, les 4 banques grecques qui détiennent les 9/10e  des parts du marché  bancaire (Banque nationale grecque, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank) vivent sous l'assistance respiratoire de la BCE, leur recapitalisation en 2013-2014 ayant été assurée par le Fonds européen de stabilité financière.

Et c'est la BCE qui tient les cordons de la bourse. En tant qu’institut monétaire de la zone euro, elle maîtrise la liquidité bancaire. Et en tant que créancier membre de la troïka, elle contrôle l’émission des obligations à court terme qui, par le biais de mécanismes financiers assez tordus, les T-bills, permettent aux banques d’acheter de la dette, sous garantie de l’Etat.

Tsipras, en décidant de se passer des 7 milliards d’euros de la dernière tranche d’aide de la troïka, rend le recours au T-bills indispensable pour la poursuite du paiement des créances, d'un montant de 20 milliards d’euros, à régler courant 2015. C'est pourquoi les banques grecques, qui assurent aujourd’hui une part du financement de la dette publique, en ont besoin.

Or, celles-ci sont confrontées depuis décembre à d’importants retraits des dépôts, dont le montant total demeure encore mystérieux : 10 milliards ? Plus ? Si l'on sait que des retraits à hauteur de 3 milliards ont été effectués en décembre, le montant exact de ceux de janvier n'a pas encore été rendu public par la Banque nationale de Grèce.

Mais, selon Le Monde, il faudrait que ces montants atteignent le seuil critique de 25 % des dépôts, équivalent à 40 milliards sur les 162 de fonds propres, pour devenir alarmants.

Et, de toute façon, le secteur bancaire est encore assuré de pouvoir s’alimenter en liquidités, en faisant appel au ELA (« emergency liquidity assistance »), un mécanisme d’urgence qui permet de débloquer des fonds d’aide aux quatre principaux établissements de crédit, via la Banque de Grèce. C’est ce qu’il a fait le 22 janvier dernier, en réclamant un financement pour faire face aux retraits des dépôts. La prolongation de cette aide vient d'être confirmée hier, mercredi 4 février, comme l'indique l’article que tu cites :
Pour le moment, la BCE ne « coupe » pas le robinet à la Grèce. Certes, les banques grecques ne pourront guère aller, faute de collatéraux, se refinancer au guichet de la BCE. Les banques grecques pourront, en revanche, toujours bénéficier de l'accès à l'aide à la liquidité d'urgence (ELA) qui, cet après-midi, a été confirmé jusqu'au 28 février. Avec cet accès, les banques pourront continuer à fonctionner normalement, mais pendant 25 jours. Pas un de plus. Surtout, la BCE peut couper cette aide normalement « temporaire » à tout moment.

Fortes de cette possibilité de continuer à user de cet expédient, les banques ont les moyens de se fournir en liquidités d’urgence à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros, et de faire ainsi face à leurs échéances. Du moins, sous contrôle et pour un temps très court.

Le chantage que la BCE adresse au gouvernement grec est donc simple : soit vous rentrez dans le rang et vous continuez à payer, soit on vous coupe le robinet. Jouer sur les rumeurs alarmistes d’une asphyxie financière du pays lui permet de peser de tout son poids sur les négociations en cours.

La seule seule réponse à la hauteur de cette menace, ce serait pour le gouvernement grec décider de :
- rompre les négociations sur la restructuration et le réaménagement de la dette, et de refuser de poursuivre son paiement ;
- nationaliser le secteur bancaire, afin de s'assurer le contrôle des flux et des changes, et de tourner le crédit vers les besoins de la population ;
- prononcer la sortie immédiate du pays de la zone euro.

_________________
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/04/interrogations-sur-l-etat-de-sante-reel-des-banques-grecques_4569769_3234.html#crt67gStwX6J6EE8.99

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/03/partie-de-poker-entre-athenes-et-la-bce_4568769_3234.html#bTRpkKzq5DqVbokJ.99

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Message  Babel Jeu 5 Fév - 14:53

Pour mieux comprendre l'origine et les enjeux du problème de la dette :
- un très bon papier de Pierre Khalfa, lu sur le site essf, et paru initialement sur le blog de cet auteur :
Questions sur la dette grecque – Des choix avant tout politiques
http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque

- une émission d'arte, proposée en commentaire à son article : http://www.arte.tv/guide/fr/048762-000/la-dette-une-spirale-infernale (pas encore vue dans son intégralité.)


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Message  Gaston Lefranc Jeu 5 Fév - 14:59

Tout à fait d'accord avec toi Babel.

Varoufakis a déclaré hier : "La BCE est la banque centrale de la Grèce". Tsipras, en refusant d'envisager de rompre avec l'UE, se place totalement entre les mains de l'UE, de la BCE, etc. Il n'a aucune marge de manœuvre. Dans ces conditions, la "négociation" n'est qu'un autre nom de capitulation.

Tsipras devrait réquisitionner la BC grecque, imprimer des euros pour un secteur bancaire nationalisé. Cela entraînerait alors immédiatement la rupture avec l'UE et l'euro, ce que Tsipras refuse absolument.

La fuite des capitaux est déjà très importante, et Tsipras laisse faire car il ne veut pas remettre en cause la "liberté" de circulation du capital.

Le NPA doit bien sur afficher sa solidarité avec le peuple grec contre l'UE, la BCE, etc. mais il devrait aussi indiquer ce qu'il faudrait faire pour se donner les moyens de rompre avec l'austérité, ce qu'il se refuse à faire, comme en témoigne encore le communiqué d'aujourd'hui :
https://npa2009.org/communique/le-peuple-grec-ne-doit-rien-ni-letat-francais-ni-la-bce

Il était proposé de rajouter au moins cette phrase dans le communiqué : "La rupture avec l'austérité exige la réquisition de la Banque centrale grecque, la nationalisation des banques et des entreprises stratégiques, sous contrôle des travailleurs"...... cela a été refusé.





Gaston Lefranc

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Message  Babel Jeu 5 Fév - 16:02

Gaston Lefranc a écrit:
Le NPA doit bien sur afficher sa solidarité avec le peuple grec contre l'UE, la BCE, etc. mais il devrait aussi indiquer ce qu'il faudrait faire pour se donner les moyens de rompre avec l'austérité, ce qu'il se refuse à faire, comme en témoigne encore le communiqué d'aujourd'hui :
https://npa2009.org/communique/le-peuple-grec-ne-doit-rien-ni-letat-francais-ni-la-bce

Il était proposé de rajouter au moins cette phrase dans le communiqué : "La rupture avec l'austérité exige la réquisition de la Banque centrale grecque, la nationalisation des banques et des entreprises stratégiques, sous contrôle des travailleurs"...... cela a été refusé.
Je viens de le lire. Pour être aimable, je dirai que ce communiqué est juste dans ses grandes lignes, mais terriblement timoré sur le fond. A quoi peut servir de dénoncer le caractère illégitime de la dette, si on ne se prononce pas explicitement pour son annulation pure et simple ? Affirmer
Le gouvernement français doit cesser d’exiger le remboursement de la dette grecque.

L’annulation totale de la dette grecque, ou même partielle comme le demande aujourd’hui  le gouvernement grec, ne doit pas être payée par les contribuables français (...) C'est aux banques et aux financiers de payer la dette dont ils ont été et sont les principaux bénéficiaires.

Cela, il faudra l'intervention des travailleurs et des peuples pour l'imposer
n'a de sens que si ces phrases sont complétées par des mots d'ordre revendicatifs qui tracent les axes d'une politique anticapitaliste. Au lieu de cela, on laisse planer l'ambiguïté sur le caractère partiel ou total de son annulation, et on se contente de faire des appels au peuple, en forme de voeux pieux.

Si l'on veut vraiment être audible et crédible en affirmant qu'il faut que "les classes populaires de tous les pays d’Europe cessent de payer pour accroître les profits des banques et du patronat", alors il faut indiquer les grandes lignes d'une campagne dont ces mêmes classes populaires seraient à même de se saisir.

Mais non, on préfère encore une fois s'en tenir à la problématique du couteau sans lame.

Pour revenir au chantage de la BCE, le comble, c'est que, bien entendu, l'état-major de Syriza en avait prévu le déroulement. En décembre dernier, Varoufakis prédisait un scénario à l'identique, lors d'une interview accordée à une chaîne de télé privée :
Si Syriza n’est pas disposé à faire face à la menace de la BCE concernant la fermeture des distributeurs de billets, et de dire au président de la BCE Mario Draghi que celui-ci n’a pas le droit de placer un gouvernement nouvellement élu sous cette menace purement dictatoriale et arbitraire, qui n’est prévue par aucun traité européen ni par le statut de la BCE, et de lui raccrocher au nez, alors il n’a aucune raison d’être élu !

Les gens doivent se préparer à la probabilité d’une telle menace de la part de la BCE, car celle-ci y a déjà eu recours en 2009 en Irlande ; elle l’a déjà fait à Chypre, elle l’a fait ou laissé entendre qu’elle le ferait à la Grèce en juin 2012. Nous savons, depuis le cas de l’Irlande, que la BCE décroche le téléphone et menace un gouvernement élu de fermer les distributeurs de billets.

Angela Merkel et Wolfgang Schaüble ont un simple objectif : si Syriza participe à un nouveau gouvernement, ce gouvernement sera écrasé de manière à ce que, dans l’espace d’une semaine, il souscrive à la logique du 3e mémorandum. Ils préfèrent que ce soit un nouveau gouvernement qui l’applique, en l’intimidant dès les premiers jours ou les premières semaines de son mandat.
Voilà ce qu'il déclarait. Tout en restant dramatiquement muet sur les moyens envisagés pour la riposte.

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Message  verié2 Jeu 5 Fév - 16:15

Babel
Tout en restant dramatiquement muet sur les moyens envisagés pour la riposte.
Il est clair que, quand on cherche à montrer patte blanche, on ne peut même pas menacer de mobilisation populaire, d'expropriation, d'appel aux autres peuples d'Europe. Et pourtant, les réformistes intelligents savent sans doute que leurs "interlocuteurs" de connaissent que le rapport de force. Mais ils ne sont pas prêts à mettre en marche des forces populaires qu'ils risqueraient de ne plus pouvoir contrôler. Ils préféreront encore se suicider, moralement ou physiquement, comme Allende et beaucoup d'autres avant et après lui.

Alors, je crois, comme Babel et Gaston Lefranc, que ça ne sert à rien de se contenter de vagues déclaration pour avoir l'air d'être à l'unisson avec des gens qui, en France et ailleurs, feraient la même politique suicidaire. Tout en soutenant évidemment le peuple grec contre l'impérialisme européen, nous devons analyser et critiquer clairement la politique de Tsipras.

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Grèce - Page 5 Empty Lutte Ouvrière - 6 février 2015

Message  olac2013 Ven 6 Fév - 14:37

Lutte Ouvrière a écrit:
Grèce : comment le succès de Syriza peut-il déboucher sur une avancée pour les travailleurs ?

La signification du vote de l'électorat populaire grec est sans ambiguïté. C'est un vote contre l'austérité, malgré la pression des principaux bailleurs de fonds de la Grèce représentés par la Troïka - FMI, BCE et Commission européenne - et malgré le chantage de tous ceux qui prédisaient une apocalypse financière en cas de victoire de Syriza.
Par contre, il est beaucoup plus difficile d'appréhender ce qu'il y a derrière ce vote, c'est-à-dire de savoir dans quelle mesure il est le reflet d'une combativité ouvrière. Il peut être l'expression d'un rejet purement électoral des partis ayant mis en œuvre l'austérité. Il peut tenir du réflexe et de l'illusion électoralistes : pour changer de politique, on essaye de changer l'équipe au pouvoir. Ce vote peut donc relever d'un simple geste électoral, sans que les électeurs qui l'ont fait aient réalisé à quoi il les engage. Mais, même s'il s'agissait d'un geste strictement électoral, il s'est porté sur Syriza et non sur Aube dorée, le parti néo-nazi, ce qui témoigne d'un vote autrement plus conscient.
Mais ce vote de l'électorat populaire peut être aussi le reflet de la volonté de ne pas se laisser faire. Les travailleurs grecs ont d'ailleurs montré ces dernières années une combativité importante, en protestant contre les licenciements, en se mobilisant à des dizaines de milliers lors de journées de grève générale.
De loin, il est difficile de mesurer l'état d'esprit et la combativité des classes populaires en Grèce. Mais c'est bien cette question de la combativité des travailleurs qui est décisive pour l'avenir.
Le bras de fer entre Tsipras et les dirigeants européens
Tous les regards se focalisent sur le bras de fer que le gouvernement Tsipras a engagé avec les institutions internationales de la bourgeoisie. L'enjeu est pour lui de desserrer l'étau financier qui le prive de toute marge de manœuvre. L'enjeu pour la bourgeoisie internationale, représentée par les diverses institutions que sont le FMI, la Commission européenne et les États européens, c'est que ne soient contestés ni la dette ni surtout le droit de la finance à prélever sous forme d'intérêts sa prébende sur l'État grec, en réalité sur ses classes exploitées. Le paiement de la dette a toujours été une loi d'airain pour la bourgeoisie. Et, dans cette période de crise et de financiarisation de l'économie, la bourgeoisie compte plus que jamais sur cette manne représentée par l'endettement des États.
Mais les deux camps ont une chose en commun, ils redoutent autant l'un que l'autre l'affrontement brutal. Par crainte des réactions populaires qu'il pourrait entraîner, mais dans l'immédiat surtout par crainte des mouvements spéculatifs. Car une nouvelle crise de la dette grecque pourrait provoquer une crise financière européenne et ébranler l'euro.
Les protagonistes de cette épreuve de force préféreraient sans doute trouver un terrain d'entente. Les milieux financiers sont peut-être prêts à renégocier la dette grecque, à condition que soient préservés leurs intérêts sonnants et trébuchants. Ce n'est pas impossible. Tout créancier sait qu'un débiteur vivant rapporte plus qu'un débiteur mort. Encore ne faudrait-il pas sembler céder sous la pression populaire, et encore faudrait-il que tous arrivent à se mettre d'accord. Rien que les différences de ton employé entre Paris et Berlin montrent que ce n'est pas si simple.
Tsipras d'un côté, les hommes politiques à la tête des institutions de la bourgeoisie européenne, de l'autre, ont sans doute intérêt à chercher le compromis, mais rien ne dit qu'ils le trouveront.
Il est vain et inutile de pointer les compromissions auxquelles les ministres de Syriza sont prêts pour prédire ce qu'ils feront ou ce qu'ils ne feront pas. Ce ne sont pas des révolutionnaires et ils ne le cachent pas. Tsipras et tous ses ministres le disent, ils pensent comme tout dirigeant « responsable » de la bourgeoisie. Le tonitruant ministre des Finances grec, Varoufakis, a rassuré : « Le gouvernement grec n'agira pas de façon unilatérale. » Pour ne pas affoler les marchés financiers, les dirigeants grecs jurent, comme les autres, qu'ils ont le souci de l'équilibre budgétaire. Et, à infiniment plus forte raison, ils ont le respect de la propriété privée. Aucun d'eux ne veut défier les lois du capitalisme.
Parier ou non sur la détermination de Tsipras, sur le fait qu'il peut trahir et ne pas aller jusqu'au bout de ses propres engagements, est une perte de temps. On ne peut savoir à l'avance s'il est de l'étoffe d'un Hollande ou de celle d'un Chavez. Et comment l'enchaînement des événements l'amènera-t-il à réagir ? L'avenir le dira. Mais l'essentiel n'est pas là.
L'épreuve de force est entre les travailleurs et la bourgeoisie
Tsipras ne s'est pas seulement engagé à renégocier la dette. Il a annoncé des mesures concrètes pour les travailleurs : l'augmentation du salaire minimum et des petites pensions, la réembauche de milliers de fonctionnaires, entre autres. Si les travailleurs veulent que ces mesures qui les concernent directement soient mises en œuvre, c'est d'eux que cela dépend.
C'est pourquoi il ne faut pas se focaliser sur le poker menteur qui se déroule dans les bureaux des représentants de la bourgeoisie et faire dépendre le sort des travailleurs grecs de la détermination ou de la force de conviction d'un gouvernement. Ils ont intérêt à s'immiscer dans le bras de fer pour peser eux-mêmes, en gardant leurs propres revendications en ligne de mire.
Même si le gouvernement grec parvient à renégocier la dette, où est par exemple la garantie que l'augmentation du salaire minimum s'appliquera ?
L'annonce de cette augmentation peut d'abord se perdre dans les méandres parlementaires. Et elle peut surtout se perdre face à la résistance de la bourgeoisie grecque. Il ne suffira pas d'un décret gouvernemental pour que le grand patronat grec, habitué à régner en maître et à verser des salaires au noir, respecte ce salaire minimum. Pour la bourgeoisie avide d'un pays pauvre, comme pour ses donneurs d'ordres que sont les capitalistes des pays riches, la question des bas salaires est une question cruciale. Le simple fait d'annoncer cette augmentation ne peut que soulever leur hostilité.
Le gouvernement grec a promis de remplir les caisses de l'État en faisant payer des impôts aux oligarques grecs et à l'Église orthodoxe. C'est un fait que rien de sérieux ne peut se faire en Grèce sans toucher aux immenses fortunes que ces gens-là ont accumulées et que l'Église, premier propriétaire foncier du pays, a accumulées. Et gageons que les popes seront plus sensibles aux velléités de leur faire payer des impôts qu'au refus de Tsipras de prêter serment sur la bible !
Les milieux aisés de Grèce n'ont pas dit leur dernier mot. Il faut noter que Nouvelle démocratie, le parti de droite dans lequel se reconnaît la bourgeoisie, grande, moyenne, si ce n'est la plus petite, a maintenu ses résultats. Et c'est sans compter qu'ils disposent de bien des relais dans l'appareil d'État. Pour mettre des bâtons dans les roues du nouveau gouvernement, ils ne manqueront pas de moyens.
Est-ce pour tenter d'amadouer ces milieux que Tsipras a noué une alliance avec un parti de droite souverainiste ? Ce parti, Les Grecs indépendants, a en effet déjà participé au pouvoir. Son chef de file, ancien ministre dans le gouvernement Caramanlis, s'est chargé en personne de la privatisation d'un terminal du port du Pirée en 2008. Ses liens avec les milieux affairistes sont notoires. Aujourd'hui il est ministre de la Défense. Son programme souverainiste et ses saillies racistes dénonçant « les bouddhistes, les juifs, les immigrés qui ne payent pas d'impôt », quand l'Église orthodoxe « risquait de perdre ses monastères », parlent au milieu le plus réactionnaire, et en particulier à l'armée.
Mais penser que l'on peut amadouer des ennemis de ce genre en en plaçant certains au ministère de la Défense est un leurre. Cela fut le raisonnement d'Allende au Chili en 1970. En plaçant Pinochet à la tête de l'armée, il pensait mettre celle-ci de son côté. Trois ans plus tard, le même Pinochet faisait un coup d'État plongeant le Chili dans une dictature militaire.
La seule garantie pour les travailleurs que les avancées qui leur ont été promises soient mises en œuvre, réside dans leur capacité de se mobiliser et de s'organiser.
La nécessaire mobilisation des travailleurs
Le danger de la situation serait que la classe ouvrière reste passive face au bras de fer entre Tsipras et les dirigeants européens. Sans intervention des masses, sans pression populaire qui puisse faire plier la bourgeoisie internationale comme les oligarques grecs, ce sont les mesures favorables à la classe ouvrière qui risquent d'être sacrifiées.
La classe ouvrière grecque recèle des trésors de combativité. La population qui se battait hier contre la privatisation de l'eau à Thessalonique, les femmes de ménage du ministère de l'Économie qui se battaient contre leur licenciement, les dizaines de milliers de femmes et d'hommes qui ont répondu « présent » à chacune des journées de grève générale, les militants ouvriers qui se sont battus pied à pied contre les licenciements, seraient autant de points d'appui pour imposer les mesures promises.
Au-delà du bras de fer entre Tsipras et l'Union européenne, la bourgeoisie grecque et internationale se prépare à l'épreuve de force. Pour arracher les avancées qui leur tiennent à cœur, les travailleurs devront se battre. Le résultat dépendra de leur degré de conscience et de leur degré d'organisation.
Selon Tsipras, le gouvernement « est prêt à verser son sang » pour « rétablir la dignité des Grecs ». Mais le peuple grec n'a pas besoin que des ministres se sacrifient pour lui, il a besoin d'une politique qui lui permette d'imposer ses revendications.
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Message  verié2 Ven 6 Fév - 17:59

En gros d'accord avec cet article de LO. La comparaison avec Allende est judicieuse, car Allende lui aussi cherchait le compromis impossible, entre la bourgeoisie, l'armée, l'impérialisme et la classe ouvrière. Toutefois, Allende avait derrière lui des partis ouvriers puissants, des travailleurs organisés qui descendaient dans la rue par centaines de milliers. Ce n'est pas du tout le cas de Tsipras, même s'il a été soutenu par des manifs. L'impérialisme et la bourgeoisie grecque n'auront donc probablement pas à se débarrasser de Tsipras de la même manière, d'autant que celui-ci ne tient pas un discours aussi "radical", même superficiellement, que Allende et n'a même pas pris des mesures comparables pour le moment.

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Message  chejuanito Sam 7 Fév - 14:52

Réponse aux discussions sur le fil congrès du npa:

cerise75 a écrit:c'est n'importe quoi , qui c'est qui dirige en grece , un gouvernement de gauche!!!! non?
je rappelle que syrisa a 149 députés , qu,ils étaient obligés de trouver un accord avec Ben oui des gens qui sont contre la Troïka et contre l'austérité , cest la moindre des choses .
le systeme politique grec est plus complexe qu'en France et les premières mesures de syrisa montrent
qu'ils sont indéniablement a gauche Very Happy
au fait et la 4ème inter en grece c'est quoi ?
Non, Syriza n'était pas techniquement obligé de s'allier avec l'Anel, ils avaient plusieurs autres possibilités y compris en respectant le droit constitutionnel grec (comme de tenter un gouvernement minoritaire et demander un vote de confiance, sinon, nouvelles élections puisque personne en capacité de former un gouvernement), la vérité c'est que toute autre possibilité que l'alliance avec l'ANEL risquait de mettre en péril la stabilité du régime actuel, ce que refuse à tout prix Syriza. Je m'étonne quand même de voir partout des gens d'Ensemble défendre l'alliance, ce que ne fait pas la gauche de Syriza qui l'a clairement critiquée, gauche de Syriza à qui Ensemble donne pourtant souvent la parole sur leur site, je cite ainsi la déclaration de DEA, publiée sur le site de Ensemble :

3. La décision de la direction de SYRIZA pour une coalition avec ANEL (Grecs indépendants) de Panos Kammenos sous-estime à tort cette dynamique. Ce n’était pas la réponse obligatoire liée aux résultats des élections et à la situation qui en découlait. En effet, existait le chemin consistant à réclamer un vote de «tolérance» par le Parlement [individuellement 151 députés ou plus pouvaient exprimer un vote de confiance au gouvernement Tsipras] sur la base des engagements de Thessalonique (du 14 septembre 2014) ainsi que du programme du Congrès fondateur de SYRIZA.

La décision du congrès de SYRIZA – qui a confirmé sa déclaration de fondation – a repoussé ainsi la recherche d’alliances politiques avec le centre-gauche [PASOK et forces ayant voté les mémorandums]. Cette option, nous le croyons, s’applique aussi (beaucoup plus!) pour le centre-droit.

Les «lignes rouges» [à ne pas passer] de ANEL sont en contradiction avec l’état d’esprit, les sentiments d’une grande partie de membres de SYRIZA et elles agissent comme une sorte de courroie de transmission du système sur le gouvernement de la gauche.

Dans ces conditions, l’accord de coalition gouvernementale avec l’ANEL compromet le projet politique pour un gouvernement de gauche développant une politique et une stratégie de transition.
Après, je ne suis pas sûr que l'alliance avec l'ANEL infléchira beaucoup la ligne de Syriza, mais c'est un signal négatif. Sur la question de l'immigration et du droit à la nationalité, Syriza semble vouloir quand même bien faire bouger les choses, je n'en suis pas sûr, mais je suppose que devant le parlement ils pourront quand même avoir le vote des sectaires du kke pour avoir une majorité sans l'ANEL. Sur le rapport à l'Eglise (ANEL étant très ortodoxe), Syriza envoie des signaux contradictoires. Sur les questions LGBT, Syriza n'a pas attendu que l'alliance (prévue de longue date) avec l'ANEL se concrétise pour reculer... Après, je pense que ce qui infléchira vraiment le cours des choses, c'est ce qui se passera en-dehors du parlement, et ça, il est trop tôt pour en juger. Au moment de l'élection, Kouvelakis reconnaissait un mouvement social sur une pente descendante (tout comme, contrairement aux soutiens français de Syriza, il notait que si Syriza a totalement aspiré le vote Pasok, ils ont un peu perdu sur leur gauche et sur l'abstention), nous verrons ce qui se passera après l'élection (qui, tous les observateurs l'ont noté, n'a pas soulevé les masses dans la rue, en dehors bien sûr des militants).
Quant à la question (purement rhétorique je le sais), sur la 4 en Grèce, évidemment puisque c'est ce que tu attendais, il pèsent peu électoralement parlant. Par contre, ce sont des groupes très militants (antarsya et les stals du kke ont été les plus actifs pendant la campagne, loin devant syriza qui était peu visible sur le terrain et dont le meeting central a moins réuni que celui du kke) et avec des implantations ouvrières solides bien que trop faibles. La section de la 4 intervient au sein d'antarsya, qui rappelons le a appelé à voter syriza au 2nd tour chaque fois qu'ils l'ont jugé nécessaire comme à Athènes à l'inverse des sectaires du kke qui ont mis Syriza et Pasok et ND au même niveau). Deux sections sympathisantes interviennent au sein de Syriza, ce qui ne les empêche pas d'être régulièrement critiques par exemple sur l'alliance avec l'ANEL.
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Grèce - Page 5 Empty «Non à un président de centre droit ou de droite"

Message  Roseau Dim 8 Fév - 1:09


Par Gianna Gaitani (notes A l’Encontre)

Les rumeurs selon lesquelles SYRIZA pourrait proposer pour la présidence de la République l’actuel commissaire européen Dimitris Avramopoulos [1] ou Kostas Karamanlis [2] ne devraient pas pouvoir continuer, sans réaction de la direction de Syriza. Elles renforcent les doutes créés au sein de la classe ouvrière et des forces populaires suite au choix d’un gouvernement de cohabitation avec les Grecs indépendants (ANEL et sa figure de proue Panos Kammenos) [3]. Elles sont un obstacle à ce que puisse s’approfondir affaiblissent la dynamique socio-politique issue de la victoire politico-électorale de Syriza.

Sur le fond, il n’y a aucune raison que ces candidatures soient évoquées. Même si la coalition avec Kammenos a été invoquée comme raison du «problème numérique» – 149 député·e·s, alors que 151 étaient nécessaires pour une majorité absolue parlementaire. Cela d’ailleurs à tort, parce qu’il y avait toujours la possibilité de demander le vote de «tolérance» devant le parlement sur la base de propositions concrètes. [4]

Pour l’élection du président ne se pose aucun problème «numérique» [5]. SYRIZA peut et doit choisir un président qui permettra de renforcer ses options politique congressuelles affirmées. Cela d’autant plus face à des choix très difficiles dans le futur.

Ce est aussi un argument erroné d’affirmer que l’élection d’un président de la République – tel que l’ex-vice-président de la Nouvelle Démocratie Dimitris Avramopoulos) peut renforce le «consensus» social en faveur de la politique de SYRIZA. Au même titre que la «cohabitation» ne peut que semer la confusion dans notre base sociale, tout en fournissant des armes politiques qui ne devraient pas être sous-estimées (par exemple droit au réexamen de projets de lois) pour les adversaires d’une politique qui, elle, devrait poursuivre avec constance le renversement de l’austérité.

SYRIZA doit choisir et soutenir comme candidat à la présidence de la République une personne qui va accroître la confiance des travailleurs et des forces populaires, la confiance dans l’engagement que nous allons assurer l’application de notre programme par tous les moyens nécessaires [6]. (Traduction d’Antonis Martalis. Texte publié sur le site de Red Network, le 2 février 2015)

Gianna Gaitani est députée de Thessalonique, membre de Syriza et de DEA (Gauche ouvrière internationaliste)

____

[1] Dimitris Avramapoulos est membre de la Nouvelle Démocratie. Il a été maire d’Athènes dès 1993 et réélu en 1998. En 2004, il est élu député de la ND et entre au gouvernement de Kostas Karamanlis comme ministre du Tourisme et de la Santé. Il occupera des postes ministériels sous le second gouvernement Karamanlis. Il a tenté de prendre la tête de la ND. Mais Antonis Samaras fut élu président et lui vice-président. Sous le gouvernement d’union nationale de Loukas Papadimos, il eut la responsabilité de la Défense nationale. Puis, il occupa le poste de ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Samaras et retourne dès juin 2013 au Ministère de la défense. Il sera récompensé par une nomination comme commissaire européen en septembre 2014 responsable des Migrations, certainement sur la base de la politique migratoire semi-criminelle du gouvernement Samaras. A son avantage, il a reçu de très nombreuses décorations telles que la Grand-Croix de l’ordre du Mérite au Portugal et en Espagne, de l’ordre de la Couronne en Belgique, ainsi que l’ordre de Léopold II de Belgique, de l’ordre national du Mérite de Malte, et la Croix de l’ordre de l’Amitié du Kazakhstan. De quoi être crucifié comme président. (Réd. A l’Encontre)

[2] Konstantinos Karamanlis, dit Kostas, a été premier ministre du 10 mars 2014 au 6 octobre 2009. Le dirigeant du PASOK Giorgios Papandréou prit sa succession. Karamanlis est issu d’une grande famille politique et économique. En effet, son oncle, qui porte le même prénom (d’où Kostas pour le neveu), fut premier ministre à 4 reprises entre 1951 et 1981, un homme d’Etat bourgeois de relief dans l’histoire de la Grèce d’après la Seconde Guerre mondiale. Membre de la ND, il jouera aussi un rôle dans le Parti populaire européen. Une part de son prestige fut atteint par sa gestion plus que discutée lors des gigantesques incendies de l’été 2007 qui détruisirent une partie importante des forêts et des oliveraies. L’origine de ces incendies a toujours été l’objet de débats. Né en1956, donc relativement jeune, des interrogations planent sur l’acceptation de ce poste car cela impliquerait qu’il mette fin à sa carrière politique, à l’ombre d’une présidence. Toutefois, ce poste, dans le contexte d’un gouvernement de Syriza, serait le signe d’une assurance donnée aux classes dominantes grecques et internationales. (Réd. A l’Encontre)

[3] Panos Kammenos, après 2012, a mis l’accent sur la dimension politique anti-austérité, anti-mémorandums («prêts» de la troïka – BCE, UE, FMI – liés à des conditionnalités impliquant un programme brutral de contre-réformes dans tous les domaines et de privatisations) et anti-Union européenne. Son orientation hypernationaliste le pousse à déclarer par exemple que la mer Egée est un lac grec, ce qui relève presque d’un casus belli avec le gouvernement turc d’Erdogan. Il n’a pas manqué tout dernièrement de rappeler la prétention grecque les deux micro-îles d’Imia, dont «l’identité grecque», contre la Turquie, est revendiquée chaque année par Aube dorée. Ce fut encore le cas au début 2015. En outre, Kammenos maintient des liaisons affirmées avec l’appareil institutionnel économico-idéologico-politique qu’elle l’Eglise orthodoxe. (Réd. A l’Encontre)

[4] Il aurait été possible pour la direction de Syriza et le gouvernement de Tsipras de se présenter devant le parlement et de demander un vote de «tolérance» sur les points essentiels du programme de Thessalonique, ce qui aurait mis sous pression, peut-être, un ou deux députés du KKE (dont une fraction de la base était oscillante en fin de campagne) et quelques «indépendants». Cela d’autant plus dans la perspective d’un gouvernement de gauche centrant ses appuis vers des forces telles que celles du KKE et d’Antarsya. On ne peut que regretter que certaines composantes d’Antarsya n’aient pas mené une campagne pour l’élection de candidats de la gauche de Syriza lors de l’élection, entre autres dans la périphérie 1 et 2 d’Athènes. En Grèce existe le système des votes de préférence qui se concrétise par l’inscription d’une croix à côté des candidats que l’on veut avantager. (Réd. A l’Encontre)

[5] Pour la seconde édition de l’élection du président qui remplacera Karolos Papoulias, la majorité au 1er tour est de 180, puis de 151, puis majorité relative. (Réd. A l’Encontre)

[6] Diverses directions syndicales allemandes (IG Bau, IG Metall, Verdi, etc.) ont déclaré leur soutien à une politique anti-austérité de Syriza et s’opposent à la politique du gouvernement de coalition d’Angela Merkel pour ce qui est de son attitude face au gouvernement Tsipras. Cette déclaration a été signée par diverses personnalités allemandes et indique que la voie de l’austérité doit être modifiée. Certes, la crédibilité, en termes d’initiatives, d’une telle déclaration peut être interrogée. Néanmoins, il serait plus que nécessaire que les gauches syndicales de combat prennent une initiative européenne de soutien aux travailleurs grecs et aux sections de base d’ADEDY ou du GSEE, qui sont prêtes à engager une bataille, si nécessaire, pour faire appliquer, dans les plus brefs délais, le programme de Thessalonique de Syriza. (Réd. A l’Encontre)
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Message  Babel Dim 8 Fév - 13:58

" C'est terminé, et c'est alors acquis dans notre esprit. Nous résisterons si besoin jusqu'à la mort. Notre dignité est retrouvée, et ce n'est pas de la vengeance qu’il s’agit... mais tout simplement de cette justice enfin rendue... à nos morts de la crise comme à nos enfants qui ont quitté le pays par milliers pour émigrer", Maria et son mari, rencontrés dans un café de l’autre bout d’Athènes dans l’Ouest de l’agglomération.

Grèce - Page 5 20150212

Manière de voir. Je suis la Troïka. Athènes, février 2015

" Nous n'avons plus rien à perdre, nous comptons déjà nos morts par milliers, la mascarade doit cesser et l'Euro avec”, Vassílis, un journaliste... centriste, rencontré jeudi matin au centre-ville.
Propos recueillis par Panagiotis Grigoriou, in Carnet de notes d'un ethnologue en Grèce
Une analyse sociale journalière de la crise grecque

http://www.greekcrisis.fr/2015/02/Fr0405.html#deb

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Message  Copas Lun 9 Fév - 20:26

Grèce: vers un choc frontal

Par Stathis Khouvelakis

La déclaration de politique générale d’Alexis Tsipras de ce soir – dimanche 9 février – a été suivie avec une attention particulière tant dans le pays que dans les chancelleries européennes; et sans doute aussi aux USA.

Dans le pays, après le chantage de la BCE et les agressions continues des dirigeants européens, s’étend une atmosphère d’effervescence, de dignité retrouvée, de volonté à la fois de soutenir le gouvernement face au chantage et de faire pression pour empêcher tout recul.

A l’extérieur, et plus particulièrement dans les milieux dirigeants, on soupesait chaque mot et surtout chaque mesure annoncée pour jauger de la détermination du premier ministre (Alexis Tsipras) et de son gouvernement.

La plupart s’attendaient à une inflexion significative, annonçant un retrait, qui faciliterait un «compromis» lors des sommets européens de cette semaine, en réalité une soumission de la Grèce aux diktats. Ceux-là ont certainement été déçus. Car Alexis Tsipras n’a en réalité fait aucune concession de fond.

Certes, il a évité d’utiliser le terme «annulation de la dette». Mais il a fortement insisté sur son caractère non-viable, revendiqué sa «diminution» et sa «restructuration». Autre point: il n’a pas annoncé le rétablissement immédiat du SMIG (salaire minimum) à son niveau de 2009 (751 euros) mais il s’est engagé à le rétablir courant 2015 [ou début 2016, par contre le salaire minimum des jeunes a été élevé au niveau du salaire minimum des adultes; Réd. A l’Encontre]

Pour le reste, il a égrené tous les points du programme de Thessalonique de septembre 2014: mesures d’urgence pour faire face au désastre humanitaire (nourriture, rétablissement du courant électrique, transport et couverture médicale pour tous), rétablissement de la législation du travail, suppression des taxes injustes sur le foncier, réforme fiscale pour faire payer les riches, relèvement du seuil d’imposition à 12 mille euros, réintégration des fonctionnaires licenciés, fin des privilèges accordés aux médias privés, reconstitution de l’ERT [audiovisuel public, fermé brutalement en juin 2013 par Samaras; l’ERT disposait d’un signal dans tout le pays], activation des parts des banques détenues par l’Etat, fin de la mise en l’encan du patrimoine public (port, infrastructures, énergie), fin de la répression policière des mobilisations populaires.
La Suite .../...
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Message  Babel Mar 10 Fév - 11:50

Comprendre ce qui se joue en Grèce
Un excellent dossier de 7 articles, coordonné et introduit par Henri Wilno.

Sommaire :
Comprendre ce qui se joue en Grèce, H. Wilno
Syriza et le nouveau gouvernement face à leurs contradictions, JP Divès
Grèce : un tournant possible en Europe !, François Sabado
Syriza et les anticapitalistes : état des lieux avant bouleversement, Emil Ansker
Que s’est-il passé lors du comité central et du « congrès permanent » de Syriza ?, Panos Kosmas
« Une nouvelle fissure s’est ouverte, ne la laissons pas combler  », Déclaration électorale de l’OKDE-Spartakos
Et si Syriza prenait au mot l’UE et auditait la dette de la Grèce ?, Eric Toussaint

http://www.npa2009.org/idees/comprendre-ce-qui-se-joue-en-grece-0

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