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Message  Roseau Lun 28 Mai - 5:40

Une des façons de changer le rapport de force, à moins de limiter le parti au rôle de syndicat,
sans aucune ambition politique, c'est de savoir et dire qui on est, ce qu'on propose,
bref avoir une perspective politique.
Le "gouvernement de toute la gauche", comme déjà expliqué, c'est un gouvernement bourgeois,
comme la gauche plurielle, le théatre de l'Alternance.
Le "gouvernement des travailleurs", comme la "révolution sociale", c'est notre gouvernement,
notre pouvoir. C'est la perspective des MR, naturellement inscrite dans les Principes du NPA.
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Message  Prado Mar 29 Mai - 10:42

gérard menvussa a écrit:
Pour toi, " un gouvernement de toute la gauche sociale et politique qui refuse l’austérité, un gouvernement capable d’imposer l’annulation de la dette" ce serait nécessairement un "gouvernement ouvrier" ?

Evidemment : pas pour toi ? Reste a savoir si Syriza est capable de former ce gouvernement. qui ne peut être uniquement une création "ex nihilo". Mais là, il y a création (si je suis bien) de structures d'auto organisation, etc.
Gaston ni personne sur ce site MR, en dehors de missionnaires des politiciens FdG,
ne défendrait en France "un gouvernement de toute la gauche sociale et politique",
car cela ne voudrait rien dire, ou plutôt si, en l'état actuel des rapports de force,
une nouvelle gauche plurielle, autrement dit un gouvernement bourgeois.

C'est précisément ce que je dis : le mot d'ordre de "gouvernement ouvrier" est inapplicable en l'état... En tout cas en france. Il faut donc avant de parler du "gouvernement des travailleurs" changer "l'état actuel des rapports de force"... On peut éventuelement parler du "gouvernement des travailleurs" même actuelement, a la seule condition que d'oeuvrer en même temps a la "modification des rapports de force. Mais en gréce, les "rapports de forces" ne sont pas tout a fait les même qu'en france, la mobilisation de la classe non plus...

Il n'existe pas, je crois, de définition homologuée de "gouvernement ouvrier". Dans le Programme de transition de 1938, un chapitre est consacré au "gouvernement ouvrier et paysan". Mais on ne peut pas dire que tout y soit d'une limpidité absolue. Et quand on y lit que "L'agitation sous le mot d'ordre de gouvernement ouvrier et paysan garde dans toutes les conditions une énorme valeur éducative", on se demande si l'auteur de ce texte n'a pas bu un verre de trop. Le IVe congrès de l' Internationale communiste a voté une "résolution sur la tactique de l'I.C." dont le chapitre XI (du moins dans la version française) est consacré au "gouvernement ouvrier". Pour la petite histoire, il existe un chapitre IX (la conquête de la majorité)...mais pas de chapitre X. Les derniers paragraphes de la version française diffèrent de la version anglaise sur un point épineux. Dans la version française, il est écrit "les deux autres types de gouvernement ouvrier auxquels peuvent participer les communistes ne sont pas encore la dictature du prolétariat". Ce que j'ai souligné n'existe pas dans la version anglaise.
Bref, il n'y a pas de vérité révélée sur le "gouvernement ouvrier" à rechercher dans les textes sacrés, mais seulement des éléments de réflexion qui peuvent être précieux.
Pour revenir sur la déclaration du bureau exécutif de la IV, il faut faire, je crois, la distinction entre, d'une part," un gouvernement de toute la gauche sociale et politique qui refuse l’austérité" et est "capable d’imposer l’annulation de la dette" (sans doute en s'appuyant sur la mobilisation de la population) et, d'autre part, un gouvernement qui aura réussi effectivement à sortir de l'austérité et à remettre le pays sur les rails. Dans le premier cas, on a un gouvernement qui résiste à l'impérialisme ; dans le second cas, on un gouvernement qui n'a pas hésité à s'attaquer hardiment au pouvoir du Capital pour que ses bonnes intentions deviennent réalité. Le premier, je ne le qualifierais pas de "gouvernement ouvrier". Le second....peut-être. confused

Le plus important est l'attitude qu'on doit avoir envers un gouvernement qui s'engage dans la voie de la rupture avec l'impérialisme et la capitalisme (j'avais soumis quelques réflexions là-dessus dans mon message précédent).
Roseau contourne le problème en posant une alternative:
= "Le "gouvernement de toute la gauche" c'est un gouvernement bourgeois, comme la gauche plurielle, le théatre de l'Alternance.
= Le "gouvernement des travailleurs", comme la "révolution sociale", c'est notre gouvernement,
notre pouvoir.

Or, il existe des cas intermédiaires.

Prado

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Message  Roseau Mar 29 Mai - 13:27

Merci pour la qualité de la discussion !
Je crois que tout le monde appréciera ces discussions entre MR, sans qu'elles soient pourries par les trolls.

Je veux bien croire, Prado, qu'il existe des gouvernements intermédiaires,
entre "gouvernements bourgeois" et "gouvernements des travailleurs"
(je fais l'hypothèse, à vérifier, qu'on est tous d'accord pour "actualiser" la formule
qui n'est pas sans rapport à l'autre vieille formule de "dictature du prolet" voir explication Bensa...).
Mais il faudrait pour pouvoir s'orienter prendre des exemples assez connus,
ou faciles à étudier et dire si il fallait soutenir, s'opposer, et sur quels points ?

Par exemple le Chili d'Allende: intermédiaire ?
Le Portugal en 1974 ?
Hypothèse encore improbable, mais faisons la quand même,
d'un gouvernement de toute la Gauche en Grèce (Syriza, Antarsya, KKE, Pasok),
Bourgeois, ouvrier, intermédiaire ?
L'important, je suis d'accord, n'étant pas bien sur de faire un diagnostic,
les sectes s'en chargent, mais de savoir que faire pour pousser la dynamique vers le pouvoir des travailleurs.
Roseau
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Message  Gaston Lefranc Mar 29 Mai - 14:45

Oui, merci Prado pour la qualité de tes messages. Ce que j'en retiens, de ces textes de l'Internationale communiste, c'est qu'un gouvernement des travailleurs n'est pas forcément la dictature du prolétariat au sens plein du terme, mais c'est un gouvernement qui s'engagerait dans la rupture avec le capitalisme.

Quelles mesures de rupture ? On peut en discuter. Mais un gouvernement Syriza, qui refuserait d'appliquer le mémorandum mais qui renégocierait avec les gouvernements bourgeois un nouveau plan, n'est ni de près ni de loin un gouvernement ouvrier, puisque Syriza n'a pas du tout l'intention de rompre avec le capitalisme et de s'en donner les moyens, mais juste d'appliquer une politique antilibérale. A partir du moment où la mise en place d'une telle politique est impossible, cela signifie que Syriza ne peut que mettre en place, d'une façon ou d'une autre, l'austérité.

Les conditions minimales pour que les révolutionnaires soutiennent/participent à un gouvernement sont à mon avis l'annulation de la dette, l'expropriation des grands groupes capitalistes, la sortie de l'UE, le monopole du commerce extérieur. Interpeller Syriza sur cette base là me semble juste : il ne faut ni être sectaire, ni se fourvoyer dans un appel à gouvernement de "gauche" à mener une politique anti-austérité (illusoire) dans le cadre du capitalisme.


Gaston Lefranc

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Message  Roseau Mar 29 Mai - 16:01

Gaston Lefranc a écrit: puisque Syriza n'a pas du tout l'intention de rompre avec le capitalisme et de s'en donner les moyens, mais juste d'appliquer une politique antilibérale. A partir du moment où la mise en place d'une telle politique est impossible, cela signifie que Syriza ne peut que mettre en place, d'une façon ou d'une autre, l'austérité.
Le pire, c'est qu'une politique "anti-libérale", c'est à dire capitaliste keynésienne
telle que fort bien proposée en détail par le FdG,
(je ne dispose pas du programme aussi détaillé de Syriza, seulement ce qui a été référencé sur ce fil)
ne mènerait qu'à un effondrement économique, dont toute la gauche serait rendue responsable,
autrement dit un boulevard cette fois-ci pour une prise de pouvoir par les fascistes
et l'anéantissement du mouvement ouvrier.
Roseau
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Message  Roseau Mar 29 Mai - 16:10

Slavoj Žižek:« les Grecs ne sont pas des victimes passives : ils sont en guerre avec l'establishment économique européen et ils ont besoin de notre solidarité dans leur lutte, parce qu'elle est aussi la nôtre. (...) En sauvant la Grèce de ses sauveurs autoproclamés, nous sauverons l'Europe ».
http://www.lrb.co.uk/2012/05/28/slavoj-zizek/save-us-from-the-saviours
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Message  Roseau Mar 29 Mai - 18:39

En 2011, l’Etat grec a payé plus de plus de 15 milliards € pour les intérêts de la dette publique,
soit près de 77% du déficit budgétaire.
Hors paiement des intérêts de la dette le déficit budgétaire aurait été de 2,1% du PIB et non de 9,1%.
Roseau
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Message  verié2 Mar 29 Mai - 18:52

Gaston Lefranc
Les conditions minimales pour que les révolutionnaires soutiennent/participent à un gouvernement sont à mon avis l'annulation de la dette, l'expropriation des grands groupes capitalistes, la sortie de l'UE, le monopole du commerce extérieur.
Pas convaincu par cette façon de poser le problème, du moins par cette seule façon, à savoir sous l'angle du programme de gouvernement.

Même si, comme le souligne Prado, il n'existe pas de définition "marxiste officielle" indiscutable du "gouvernement ouvrier", il me semble que, dans l'esprit de Trotsky et du Programme de transition, il s'agissait d'un gouvernement des partis ouvriers s'appuyant sur une vigoureuse mobilisation, voire sur une organisation en conseils/soviets, dans lesquels les communistes révolutionnaires ne seraient pas majoritaires. Les dirigeants des partis ouvriers réformistes seraient donc mis au pied du mur, devant les masses organisées, et sommés d'appliquer ce programme minimum.

En l'absence, d'une part de partis ouvriers de masse ; d'autre part de mobilisation massive de la classe, le mot d'ordre de "gouvernement ouvrier" perd toute signification, ou du moins ne peut être employé que d'une façon propagandiste, ce n'est donc plus un mot d'ordre d'action, mais un objectif non immédiat.

C'est cette confusion entre des mots d'ordre d'action immédiate dans une période, sinon pré révolutionnaire de mobilisation et d'organisation intenses de la classe, et la propagande générale, qui aboutit bien souvent à un flou artistique équivoque, comme on l'a vu dans les campagnes de Poutou et Arthaud. Il va de soi qu'avancer comme mot d'ordre "un gouvernement de toute la gauche", c'est encore pire, voire catastrophique, car cela revient à revendiquer aujourd'hui un gouvernement bourgeois de gauche. Même pas un gouvernement de type Allende, dont on connait les conséquences, car, au Chili, il y avait une véritable mobilisation et de puissants partis ouvriers. (Le PS chilien était alors un parti ouvrier. Rien à voir avec le PS français, ni même avec Syrza.)
__
PS Je me félicite moi aussi de la volonté de discussion sérieuse manifestée sur ce sujet, notamment par Prado.

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Message  gérard menvussa Mar 29 Mai - 19:19

un gouvernement des travailleurs n'est pas forcément la dictature du prolétariat au sens plein du terme, mais c'est un gouvernement qui s'engagerait dans la rupture avec le capitalisme.

Je suis assez d'accord la dessus. Mais c'est justement en rapport avec les objectifs du "un gouvernement de toute la gauche sociale et politique qui refuse l’austérité, un gouvernement capable d’imposer l’annulation de la dette" Ou alors il faut m'expliquer comment on peut arriver à l'annulation de la dette et le refus de l'austérité dans le cadre du systéme politique actuel...

@Vérié
Il va de soi qu'avancer comme mot d'ordre "un gouvernement de toute la gauche", c'est encore pire, voire catastrophique, car cela revient à revendiquer aujourd'hui un gouvernement bourgeois de gauche.
Sauf que revendiquer "un gouvernement de toute la gauche" et "un gouvernement de toute la gauche qui refuse l'austérité et exige l'annulation de la dette" ce n'est pas la même chose DU TOUT ! Puisqu'une partie de la gauche ne refuse aucunement l'austérité (au contraire) et invoque la dette comme une nécessité impérieuse dont on ne saurait se soustraire...
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Message  Roseau Mar 29 Mai - 20:25

gérard menvussa a écrit:

@Vérié
Il va de soi qu'avancer comme mot d'ordre "un gouvernement de toute la gauche", c'est encore pire, voire catastrophique, car cela revient à revendiquer aujourd'hui un gouvernement bourgeois de gauche.
Sauf que revendiquer "un gouvernement de toute la gauche" et "un gouvernement de toute la gauche qui refuse l'austérité et exige l'annulation de la dette" ce n'est pas la même chose DU TOUT ! Puisqu'une partie de la gauche ne refuse aucunement l'austérité (au contraire) et invoque la dette comme une nécessité impérieuse dont on ne saurait se soustraire...

Il ne suffit pas d'être à la gauche du PASOK, pas plus qu'en France à la gauche du PS,
pour offrir une alternative zconomique cohérente.
Cela permet d'emplir des urnes, mais les urnes ne se mangent pas.
En rester à la différence ou "indépendance" vis à vis du PS ,ou du PASOK permet de faire n'importe quoi.

Imaginons ce "gouvernement de toute la gauche qui refuse l'austérité et exige l'annulation de la dette".

Faisons-lui ce crédit: il ne refuse pas sur le papier, mais revient effectivement sur l'austérité.
Il rétablit toutes les rémunérations avant coupes sombres,
réembauche les masses de fonctionnaires remerciés, relance les services publics,
revient sur la hausse des impôts, etc
Face à un effondrement du taux de profit, c'est la fuite immédiate des capitaux (il en reste),
la fermeture des principales entreprises.

C'est aussi un déficit fiscal énorme.
Mais comme nous lui faisons aussi crédit pour pas seulement "exiger" l'annulation,
mais annuler la dette, aucun capitaliste ne lui prêtera plus.

Outre le conflit ouvert avec les pays créditeurs, allant sans doute jusqu'au blocus commercial,
la seule solution c'est la planche à billet, donc frapper monnaie,
la nouvelle drachme par exemple, et en l'absence de contrôle des prix, une inflation sévère.

Entretemps, tous les capitaux auront fui, car cette gauche n'a pas prévu le contrôle des changes,
ni l'expropriation du capital, pas même celle du secteur financier!

Bref, revenir sur l'austérité et ne pas payer la dette sont des conflits majeurs avec le capital,
sans avoir les moyens de l'affronter,
et aboutir à un effondrement économique,
dont "toute la gauche" sera rendue responsable par les nazis arrivant au pouvoir sous les hourras!

Se donner les moyens de l'affronter, c'est défendre la nécessité d'exproprier le capital,
de contrôler les mouvements de capitaux, le commerce extérieur, bref une alternative socialiste,
qui devra s'imposer par la force des travailleurs auto-organisés,
à un moment armés, et en solidarité avec les autres peuples d'Europe,
qui ne devront arrêter le risque d'aggression non seulement économique, mais militaire.

Syriza n'y est pas prêt, et n'y prépare personne.
C'est la tâche d'un parti révolutionnaire, quel que soit sa position sur les élections...


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Message  verié2 Mar 29 Mai - 20:27

un gouvernement des travailleurs n'est pas forcément la dictature du prolétariat au sens plein du terme, mais c'est un gouvernement qui s'engagerait dans la rupture avec le capitalisme.
Il faut comprendre cette distinction dans le cadre d'une dynamique qui va permettre de passer d'une situation de gouvernement des organisations ouvrières, dans le cadre de l'Etat bourgeois, mais sur la base d'une très forte mobilisation, à une situation de prise de pouvoir par les organes autonomes du prolétariat. Donc une situation où il y a une amorce de double pouvoir, mais où les partis ouvriers réformistes restent majoritaire.
revendiquer "un gouvernement de toute la gauche" et "un gouvernement de toute la gauche qui refuse l'austérité et exige l'annulation de la dette" ce n'est pas la même chose DU TOUT !
Ca n'a pas de sens. Dans la situation actuelle, cette revendication - ou ce mot d'ordre - n'est pas avancé dans le cadre d'une dynamique. Ca revient à demander à une "gauche" qui n'a pas grand chose à voir avec des partis ouvriers à appliquer une politique révolutionnaire...

La différence, c'est qu'on peut en effet demander cela à des partis qui organisent des ouvriers, sont soumis à leur pression, leur contrôle etc. Sinon, c'est comme de demander à Hollande d'interdire les licenciements...

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Message  gérard menvussa Mar 29 Mai - 20:41

sur la base d'une très forte mobilisation, à une situation de prise de pouvoir par les organes autonomes du prolétariat
Donc en l'absence d'une "très forte mobilisation" et "d'une situation de prise de pouvoir par les organes autonomes du prolétariat", le mot d'ordre de "gouvernement des travailleurs" n'a aucun sens pratique.

Revenons a ce propos de "gouvernement de toute la gauche politique et sociale qui refuse l'austérité et imposera la fin de la dette"

Dans la situation actuelle, cette revendication - ou ce mot d'ordre - n'est pas avancé dans le cadre d'une dynamique.
Comment ça, il n'y a pas de dynamique de mobilisation des travailleurs en Gréce ? Vraiment ? Shocked

une "gauche" qui n'a pas grand chose à voir avec des partis ouvriers à appliquer une politique révolutionnaire...
Dans l'état actuel des choses, qui organise les ouvriers mobilisés (parce que des mobilisations, il y en a ! Des gréves générales, il y en a, etc)

La situation de la gréce et celle de la france n'ont rien de comparable "a priori"...
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Message  Prado Mer 30 Mai - 0:16

Une petite précision pour éviter les faux débats. De même que chaque trotskiste (ou apparenté) a sa définition du gouvernement ouvrier (ou des travailleurs), chaque pays a sa définition de la gauche. En Grèce, le terme de "gauche" n'inclut pas le PASOK. Un gouvernement de toute la gauche au sens grec ne comprendrait donc pas le PASOK.

Le chapitre du programme de transition de 1938 sur le gouvernement ouvrier et paysan (comme tout ce programme d'ailleurs !) demanderait une explication de texte et une discussion à la lumière des expériences que l'on a connues depuis le moment où il a été écrit. Pour ma part, je comprends que dans l'esprit de son auteur, le "gouvernement ouvrier et paysan" est proche de la dictature du prolétariat (et qu'en fait il y a peu de chances pour que l'on passe par un tel gouvernement avant le passage à la dictature du prolétariat). Il y a 30 ans, il y eut une discussion sur la nature du pouvoir mis en place par les sandinistes. La thèse défendue par le SWP (USA) était qu'ils avaient mis en place un gouvernement ouvrier et paysan ( qui aurait sans doute eu pour tâche de démanteler le pouvoir du Capital).

Gaston, je suis favorable à "se fourvoyer dans un appel à un gouvernement de "gauche" à mener une politique anti-austérité (illusoire)"... à condition qu'en même temps, comme je l'écrivais dimanche, on fournisse le mode d'emploi, c'est-à-dire quelque chose du type de ce que tu proposes, et qui en gros revient à prendre en mains les leviers de l'économie pour qu'elle échappe aux règles du capitalisme (ce qui passe par une combinaison de décisions dans les sphères politiques / d'intervention des travailleurs dans les entreprises / de la construction d'un mouvement de solidarité au moins à l'échelle de l'Europe). Et je crois que l'idée même d'un programme de transition c'est que dans la lutte pour des objectifs simples mais vitaux, on est confronté à des difficultés qui amènent à aller de plus en plus loin dans la remise en cause du système capitaliste et dans le degré de mobilisation et d'organisation autonome.
Ceci dit, une interpellation d'un gouvernement de SYRIZA pour mener une réelle politique anti-austérité n'a de sens que si ce gouvernement montre une certaine détermination. Pour le moment, j'ai l'impression que les dirigeants de SYRIZA soufflent le chaud et le froid. Si, comme on peut le comprendre à la lecture d'une interview de Rena Dourou, une députée européenne de Synaspismos (SYN pour les initiés), tout sera fait pour éviter des sanctions de la part de l'UE, ce n'est peut-être pas la peine de perdre trop de temps en "interpellations". En passant, je signale que la même députée a fait une réponse aux attaques de Daniel Cohn Bendit contre SYRIZA qui est affligeante en ce qui concerne le risque de dictature militaire :
http://www.lepartidegauche.fr/actualites/international/reponse-rena-dourou-deputee-syriza-daniel-cohn-bendit-16005#.T8VJCNV1CXM

Gérard, tu écris : "Mais c'est justement en rapport avec les objectifs du "un gouvernement de toute la gauche sociale et politique qui refuse l’austérité, un gouvernement capable d’imposer l’annulation de la dette" Ou alors il faut m'expliquer comment on peut arriver à l'annulation de la dette et le refus de l'austérité dans le cadre du systéme politique actuel... " A mon avis, un gouvernement peut obtenir l'annulation de la dette si la mobilisation est suffisamment puissante en Grèce et en Europe, sans que pour autant la Grèce sorte du système politique (ou économique) actuel. De même, il est possible sans énormes bouleversements de refuser l'austérité et d'appliquer le programme en 5 points énoncé dans la déclaration du bureau exécutif (et attribué à SYRIZA). Par contre, arriver effectivement à sortir de l'austérité sans tomber dans une autre crise, c'est une autre paire de manches comme l'a montré Roseau. Pour faire cela, il faut, pour reprendre la formule du programme dit de transition "entrer dans la voie de la lutte pour le gouvernement ouvrier et paysan".

Vérié, je n'ai pas compris ce que tu veux dire par "Ca n'a pas de sens. Dans la situation actuelle, cette revendication - ou ce mot d'ordre - n'est pas avancé dans le cadre d'une dynamique. Ca revient à demander à une "gauche" qui n'a pas grand chose à voir avec des partis ouvriers à appliquer une politique révolutionnaire...
La différence, c'est qu'on peut en effet demander cela à des partis qui organisent des ouvriers, sont soumis à leur pression, leur contrôle etc. Sinon, c'est comme de demander à Hollande d'interdire les licenciements..."

C'est qui cette ""gauche" qui n'a pas grand chose à voir avec des partis ouvriers" ? Le PASOK ou la gauche au sens grec ? Ou les deux ?

Prado

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Message  Copas Mer 30 Mai - 0:51

Les analyses qui se concentrent sur les contenus des programmes des partis plus ou moins déterminés sans traiter la question de la mobilisation des masses, la qualité de leur organisation, la qualité de leur centralisation, la puissance et le sentiment unitaire de celles-ci, sont des analyses qui sont hors jeux je le crains.

Pour la Grèce, il y a incontestablement des mobilisations de masse, mais elles sont aussi incontestablement très divisées et sans organes unitaires.

Aucune discussion sur un gouvernement des travailleurs, ou des moutures intermédiaires ne peut se faire sans analyse et traitement de ces questions dominantes. Sauf à se situer dans un cadre propagandiste, ce qui est honorable.
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Message  Gaston Lefranc Mer 30 Mai - 1:05

Prado : Gaston, je suis favorable à "se fourvoyer dans un appel à un gouvernement de "gauche" à mener une politique anti-austérité (illusoire)"... à condition qu'en même temps, comme je l'écrivais dimanche, on fournisse le mode d'emploi, c'est-à-dire quelque chose du type de ce que tu proposes, et qui en gros revient à prendre en mains les leviers de l'économie pour qu'elle échappe aux règles du capitalisme (ce qui passe par une combinaison de décisions dans les sphères politiques / d'intervention des travailleurs dans les entreprises / de la construction d'un mouvement de solidarité au moins à l'échelle de l'Europe).

Gaston : on est d'accord je crois. Les révolutionnaires ne peuvent pas se contenter d'un positionnement abstrait "contre l'austérité" : il faut interpeller les forces réformistes sur des actes concrets de rupture. La tactique de Front unique, qui se place évidemment dans une perspective de mobilisation des masses (c'est pour cela qu'il n'y a pas lieu d'opposer cette tactique d'interpellation à la mobilisation des masses), doit se faire sur des points précis et concrets. Même si Syriza n'a pas un programme anticapitaliste, même réformiste, il convient à mon avis de les interpeller sur les moyens à mettre en oeuvre pour mettre fin à l'austérité, même s'il faut évidemment aussi les interpeller sur l'auto-défense (face aux nazis et aux forces de répression), sur l'auto-organisation, etc. C'est dans une perspective de mobilisation que les révolutionnaires doivent s'adresser aux directions réformistes, on est tous d'accord je crois pour considérer que cette mobilisation de la classe est la clé de la situation, et qu'il n'y a évidemment rien à attendre des directions réformistes.

Gaston Lefranc

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Message  Babalu Mer 30 Mai - 8:06

Gaston Lefranc a écrit: C'est dans une perspective de mobilisation que les révolutionnaires doivent s'adresser aux directions réformistes, on est tous d'accord je crois pour considérer que cette mobilisation de la classe est la clé de la situation, et qu'il n'y a évidemment rien à attendre des directions réformistes.
tout à fait d'accord!
voici la déclaration de SOB du 9 mai:



Les travailleurs et le peuple ont voté contre la faim et la pauvreté du “Mémorandum” et les paquets imposés par l'Union européenne

Mobilisation de masse pour empêcher le contournement de la volonté populaire et imposer le non-paiement de la dette et la rupture avec les esclavagistes de l'euro et l'UE!

Les élections législatives de dimanche dernier ont eu une résonance européenne et mondiale. Ces mêmes jours, il y avait plusieurs scrutins dans plusieurs pays européens, dont la France, le Royaume-Uni, Italie, etc.

La presse capitaliste même, au service inconditionnel des vautours de Berlin et de Bruxelles, a reconnu que ces scrutins se sont transformés, d'une manière ou d'une autre, en référendums contre les politiques d'ajustement et d'austérité. Ils ont exprimé un clair rejet de la liquidation complète des conquêtes historiques des travailleurs, des jeunes et des masses du continent, sacrifiés pour sauver le grand capital européen, et en particulier les brigands de la finance, d'une crise historique dont ils sont les seuls responsables.

Mais parmi les différentes élections, celle de Grèce est placée à un niveau qualitativement supérieur. Ici, non seulement le rejet est clair. La chose la plus importante est qu’en Grèce le rejet va jusqu’à la rupture du bipartisme, avec l'effondrement des deux partis traditionnels, la Nouvelle Démocratie (conservateur) et le PASOK (social-libéral) - et le passage d'une grande partie des votes à des partis principalement de gauche, qui ont rejeté d'une manière ou d'une autre le Mémorandum et les paquets de l'UE.

Après l'effondrement virtuel de Papandreou et du PASOK, après les grandes mobilisations d'octobre de l'an dernier, le gouvernement de l'UE en novembre a imposé un gouvernement «technique» dirigé par le banquier Lucas Papademos, soutenu par une coalition de la Nouvelle Démocratie, du PASOK et de l'extrême droite Laos. Ces trois partis ont formé un gouvernement avec Papademos, ils se sont effondrés lors du vote de dimanche 6!

C'est un fait politique important qui place la Grèce à un niveau supérieur de radicalisation par rapport au reste de l'Europe. En France et en Grande-Bretagne, pour exprimer le rejet de l'austérité et de l'ajustement, la plupart ont continué à voter pour l'autre pôle du piège bipartite: pour Hollande et le PS, et pour le travaillisme, respectivement. Mais ni le PS français ni le Parti travailliste britannique ne sont de véritables alternatives pour rompre avec ces politiques! La démagogie de la «croissance» de Hollande, devenue à la mode ces dernières semaines, alimentée par la résurgence de la crise européenne, n'implique pas un changement radical, même en termes capitalistes.

En Grèce, cependant, les deux pôles historiques du trompeur carrousel bipartite -le PASOK et la Nouvelle Démocratie, et son partenaire junior, l'extrême droite du Laos - ont coulé dans les élections.

Mais le vote populaire, non seulement a gravement détérioré ce mécanisme frauduleux de la domination politique de la bourgeoisie: l'alternance entre des partis qui, fondamentalement, ont le même programme. Il a également marqué un bond en avant de l’état d'esprit des masses vers la rupture avec la zone euro et même avec l'Union européenne. C’est un autre aspect fondamental de l'élection de dimanche. Et cela est doublement important, car les sentiments anti UE et anti euro se sont exprimés à la fois dans l'abstention (qui a atteint un niveau historique de 38%) et dans le rejet des partis qui ont formé un gouvernement sous les diktats de l'Union européenne.

Ce sentiment face à l'euro et l'Union européenne, qui aujourd’hui tend à la rupture, n’existait pas au départ. Dans les premiers jours, il y avait des illusions. La dure réalité de la pauvreté et les ajustements fiscaux de Berlin et Bruxelles ont mis les choses au clair. Mais le facteur décisif dans ce changement dans la conscience des masses, étaient l'énorme mobilisation de février. Les grandes grèves et les manifestations ont marqué un avant et un après. Et en Grèce, contrairement à ce qui s'est passé dans les élections françaises, le sentiment populaire anti-UE et anti euro n’a pas été capitalisé principalement par l'extrême droite, comme c'est malheureusement le cas en France.

La mobilisation de masses ouvrière, de la jeunesse et populaire est nécessaire pour sortir la Grèce de l'impasse politique

Dans le même temps, il convient de noter que les élections ont abouti à une impasse politique. Leurs résultats - à la fois l'abstention élevée comme le vote lui-même - expriment le rejet de la soumission à l'UE et au Mémorandum de la faim, du chômage et de la misère.

Cependant, la machinerie parlementaire laisse tout en suspens. Personne ne semble avoir, jusqu'à présent, la majorité pour former un gouvernement! Même avec l'escroquerie constitutionnelle du cadeau de 50 places extra à la Nouvelle Démocratie, il a été impossible de former un nouveau gouvernement qui pourrait continuer à mettre en œuvre les ajustements de l'UE! En outre, un tel gouvernement, même ayant les votes parlementaires nécessaires n'aurait pas la légitimité.

Le problème est qu’il n’y a pas non plus une sortie parlementaire de gauche. Alexis Tsipras, le chef de Syriza (Coalition de la gauche radicale), qui est le "vainqueur moral" électoral a fait campagne dans les hauteurs, pour former un gouvernement basé sur un programme de 5 points, le premier d'entre eux étant de déclarer nul le mémorandum imposée par l'UE.

Mais la «lutte» de Tsipras pour former un gouvernement se limite aux réunions avec d'autres leaders parlementaires. Il est très difficile que, "à froid", les chiffres permettent de former un gouvernement "à gauche", d'autant plus avec le rejet du KKE, le Parti communiste, qui a une politique ultra sectaire.

Dans cette situation, si personne ne parvient à former un gouvernement, il y aurait un appel à de nouvelles élections. Nous croyons que ce serait très négatif: l'appel à de nouvelles élections fournit une opportunité pour la droite, l'Union européenne et la bourgeoisie grecque en harmonie avec elle, afin de préparer une contre-attaque.

Le gros problème est que Syriza ainsi que la gauche démocratique bougent exclusivement dans le sale marécage parlementaire. Et le KKE pratique au XXIe siècle un sectarisme stalinien de "troisième période" . Ainsi, il élude le problème, sous prétexte que Syriza n'est pas pour une rupture avec la zone euro.

En effet, Syriza et la gauche démocratique ne veulent pas la rupture avec l'euro ou encore moins avec l'Union européenne. Elles sont des formations politiques similaires au Front de Gauche de Mélenchon en France ou Die Linke Lafontaine-Gysi en Allemagne: non seulement elles sont pour la «réforme» de l'UE, mais elles sont organiquement allergiques à la mobilisation de masse, et à tout chose qui ne soit pas les élections et le marécage parlementaire.

Mais la seule façon de sortir de l'impasse post-électorale frauduleuse n’est pas dans les réunions dans ce marécage, mais la mobilisation! Que les masses qui ont voté d'une façon ou d'une autre contre le mémo et les paquets de l'UE, imposent dans les rues ce qu'elles ont exprimé lors du vote!

Il est probable que Tsipras et Syryza spéculent qu'une nouvelle élection pourrait leur donner plus de voix et de sièges. Mais comme cela arrive souvent, les spéculations de ce genre de courants politiques électoraux ont tendance à recevoir un retour de bâton .

Dans ce contexte, un autre facteur négatif est l'attitude des bureaucraties des centrales syndicales grecques GSEE, ADEDY et la Fédération des enseignants. Tsipras les a invités à une rencontre pour discuter leurs propositions. La réponse des bureaucrates était que les syndicats "n'ont pas de rôle constitutionnel dans la formation du gouvernement." Ces traîtres «se lavent les mains». Comme si les travailleurs ne souffraient pas de la faim et des mesures de licenciements prises par les gouvernements!

C’est que les bureaucrates traîtres de la GSEE, ADEDY etc sont principalement liés au PASOK ou à la Nouvelle Démocratie. Ils ont toujours fait tout pour empêcher la grève générale illimitée, lorsqu’elle a été à l’ordre du jour. Mais, ces derniers mois dans le mouvement syndical, la croissance des comités de l'action syndicale, comités de grève et d'autres organes, a été remarquable et ils conduisent des luttes qui vont au-delà des directions bureaucratiques.

Nous croyons que les militants ouvriers et jeunes indépendants de ces bureaucraties devraient prendre l'initiative dans la promotion d'une large mobilisation de masse pour faire respecter la volonté populaire exprimée le 6 mai: Basta des plans d’austérité! A bas le mémorandum et toutes les mesures prises par la troïka! La mobilisation de millions de personnes qui ont voté contre le mémo et les paquets, peut résoudre cette impasse politique!

Accepter tranquillement l'enterrement de ces élections revient à donner une nouvelle chance aux ennemis des travailleurs et le peuple grec!

Parallèlement à cela, il est essentiel d'avancer dans cette crise politique avec la tâche stratégique de fond: encourager toutes les formes d’organisation indépendante les comités de grève, les coordinations de lutte qui se mettent en place, les expériences de l'occupation des lieux de travail et essayer de les centraliser au niveau régional et national, travaillant pour une perspective de pouvoir des exploités et des opprimés, des travailleurs.


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Message  verié2 Mer 30 Mai - 9:13

Prado
C'est qui cette ""gauche" qui n'a pas grand chose à voir avec des partis ouvriers" ? Le PASOK ou la gauche au sens grec ? Ou les deux ?
Je viens d'apprendre sur ce forum que "la gauche au sens grec" ne comprend pas le PASOK...

Cela-dit, même au sens grec, (bien que je ne connaisse pas très bien la situation, vous pourrez rectifier), je n'ai pas l'impression que Syriza soit un parti ouvrier... au sens que Trotsky donnait à ce terme dans les années trente, c'est à dire un parti organisant des dizaines de milliers d'ouvriers militants sur des bases de classe, comme les PC et les PS de l'époque en France ou en Allemagne.

Il en résulte que la tactique ne peut pas être la même. De plus, pour lancer des appels au Front Unique, il faut soi-même représenter une force conséquente, sinon cela revient à demander à des dirigeants réformistes ou bourgeois de faire notre politique sans aucun moyen concret de faire pression sur eux. En l'absence de cette force, on ne peut faire que de la propagande et agir sur le terrain pour tenter de construire cette force. Sinon, c'est du vent.

Mais, dans mon intervention, je ne pensais pas à la seule Grèce mais au concept général de gouvernement ouvrier distinct de la dictature du prolétariat. Et, c'est vrai, comme le dit Prado, qu'il n'est pas du tout certain qu'une telle formule verra le jour...
__
PS On peut noter que le terme "gauche", en Argentine, ne concerne pratiquement que les partis d'extrême-gauche qui ont d'ailleurs été seuls avec quelques groupes syndicaux proches à manifester le 1er mai. Alors que la présidence Kirchner peut être considérée comme péroniste "de gauche" au sens où nous l'entendons en France...

La notion "de gauche" reste néanmoins floue et le concept traditionnel de partis ouvriers me semble plus judicieux à utiliser.


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Message  ramiro Mer 30 Mai - 11:50

29 Mai 2012 Athènes manifestation de protestation contre les attaques racistes de la police et les néo-nazis . La manifestation a été organisée par l'union des étudiants de l'Université d'économie d'Athènes et pris en charge par les organisations antiracistes et antifascistes...

https://www.youtube.com/watch?v=lgN5P4D_2Z8&feature=youtu.be
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Message  Roseau Mer 30 Mai - 13:47

ramiro a écrit:29 Mai 2012 Athènes manifestation de protestation contre les attaques racistes de la police et les néo-nazis . La manifestation a été organisée par l'union des étudiants de l'Université d'économie d'Athènes et pris en charge par les organisations antiracistes et antifascistes...

https://www.youtube.com/watch?v=lgN5P4D_2Z8&feature=youtu.be

Merci Ramiro.
Voilà une contribution indirecte au débat.
Ca a l'air massif, combattif (le ton, le fond comprends pas...) et organisé-protégé
Tu saurais qui a soutenu?
PS Pour une fois la "science" économique n'est pas en retard...

Et pour vos illustrations

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Grèce - Page 22 Empty sur le front économique

Message  Roseau Mer 30 Mai - 21:03

Les producteurs d’électricité ne peuvent plus payer leurs factures de gaz,
a averti la Corporation publique de gaz (DEPA).
et qu'elle sera bientôt contrainte de couper l’approvisionnement en gaz aux producteurs d’électricité.
http://www.lomniscience.com/2012/05/la-grece-bientot-privee-delectricite.html

L’assureur crédit Coface, filiale de la banque d’investissement Natixis,
a indiqué hier qu’il avait cessé de fournir des contrats d’assurance crédit
pour les exportations à destination de la Grèce,
en raison de la difficulté croissante à recouvrer les créances des importateurs grecs.
http://www.zonebourse.com/NATIXIS-4673/actualite/NATIXIS-Coface-a-cesse-d-assurer-les-exportations-vers-la-Grece-14349258/
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Message  sylvestre Ven 1 Juin - 10:45

Un vif débat est en cours dans la gauche révolutionnaire internationale autour de la Grèce et en particulier de l'attitude à adopter envers Syriza. On peut noter notamment une réaction courroucée d'un militant de la section de la Quatrième Internationale en Grèce à la déclaration du CI de la dite QI, déjà postée ici.

A lire aussi l'échange entre Panos Garganas (SEK, Antarsya) et Stathis Kouvelakis.
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Message  Roseau Ven 1 Juin - 18:01

D'après auteur d'un blog sur Médiapart (attention j'ignore tout du sérieux de l'auteur...)

les différents volets du programme électoral de SyRizA en vue des élections du 17 juin
Source: http://blogs.mediapart.fr/blog/mehdi-zaaf/010612/le-programme-electoral-de-syriza-en-details

Economie

- Dès l’entrée au vigueur d’un gouvernement de « gauche », le mémorandum serait purement et simplement annulé.

- Renégociation de la dette au niveau européen, négociation pour un moratoire sur le remboursement de la dette.

- Audit de la dette

- Renégociation des prêts contractés

- Indexation des taux d’intêrets de la dette sur le taux de croissance

- Nationalisation des banques qui ont fait l’objet de recapitalisation

- Création d’un mécanisme de contrôle des dépenses publiques

- Gel des réductions des dépenses sociales

- Abolition des mesures prises à l’encontre des intêrets des travailleurs

Retablissement des conventions collectives supprimées par l’austérité
Rétablissement du salaire minimum à 751€
Réhaussement des minimas sociaux
Fiscalité

- Reduction de la TVA pour les produits de première nécessité

- Révision du système fiscal, pour le rendre plus « juste »

- Annulation des taxes spéciales, particulièrement pour les personnes sans emploi et les retraités

- Lutte contre l’évasion fiscale

Etablir un registre de tous les grecs « tricheurs » qui placent leur argent à l’étranger, et les taxer convenablement
Application d’une mesure « à l’américaine » déchouant la nationalité à quiconque ne paie pas ses impôts en Grèce
Négociation avec la Suisse d’un accord spécial, permettant de taxer les dépots grecs qui s’y trouvent.
- Négociation avec les armateurs, pour revoir les 46 lois d’exemption de taxes qui les concernent, et réfléchir à un régime de taxation approprié.

Relance de la production

- Exploitation des ressources naturelles et minières

- Reduction de la TVA sur les activités liées au tourisme

- Soutien de la production agricole par des prêts à taux faibles

- Gel de la privatisation des entreprises publiques, et renationalisation de toutes celles qui ont été privatisées

Réformes structurelles

- Réadministration de l’administration étatique

- Suppression de l’immunité ministérielle

- Passage à un système électoral de proportionnelle « pure »

- Lutte contre la corruption :

Dans le secteur public
Entre Médias et Etat
Immigration

- Reconception de la politique d’immigration. Négociation dans un cadre européen.

- Intégration des immigrés présents sur le territoire

- Lutte contre le trafic d’êtres humains

Politique Internationale

- Politique pacifique, assurant la sécurité et la souveraineté du pays.

- Amélioration des relations avec la Turquie

- Négociation pour une solution convenable au problème chypriote

- Proposition d’un nouveau nom à l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine (FYROM), qui prendrait en compte l’aspect géographique

On doit noter le fait qu'aucune mention n'ait été faite dans le sens de l'établissement d'une taxation de l'Eglise. Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'une partie importante des grecs refuse encore aujourd'hui de toucher au statut sacré de l'Eglise. Il est probable qu'en défendant une telle mesure, Alexis Tsipras perderait un certain nombre de voix.

Assurant que SyRizA a toute l'expertise requise pour l'application de ce programme, il a terminé son discours en insistant sur le droit des grecs à l'espoir, et à la dignité.

Mehdi ZAAF

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Grèce - Page 22 Empty Position de l'OKDE Spartakos sur la sortie de l'UE

Message  Antonio Valledor Ven 1 Juin - 20:53

Sur Europe Solidaire aujourd'hui, la traduction d'un texte de janvier 2012:


La gauche grecque et la question de l’Union européenne. Sur la sortie de l’euro et le désengagement anticapitaliste de l’UE


AFTHINOS Pantelis , MELAMPIANAKI Zeta , KOUSIANTAS Kostas

5 janvier 2012

Depuis que le capitalisme grec est entré dans le tourbillon de la crise financière mondiale, et en particulier à partir de l’éclatement de la crise de la dette, les questions de l’Union européenne (UE) et de l’euro sont apparues parmi les plus importantes dans les débats au sein des forces de gauche et du mouvement ouvrier qui tentent d’élaborer des réponses politiques et sociales radicales face aux crises du système. Ces débats ont acquis une plus grande importance encore parmi les courants politiques et les forces qui veulent forger un projet politique révolutionnaire dans l’objectif d’une transformation socialiste de la société.

C’est un débat essentiel. L’adhésion à l’UE et à la zone euro constitue un choix stratégique des capitalistes grecs. C’est la voie concrète par laquelle le capitalisme grec s’est intégré dans la chaîne impérialiste globale. C’est le processus concret par lequel le capitalisme grec participe à la concurrence internationale et au partage de la plus-value et du profit. En conséquence, il ne peut y avoir aujourd’hui un programme et une réelle perspective révolutionnaire sans faire l’analyse des formes particulières que prennent la participation et le rôle du capitalisme grec dans la division capitaliste internationale du travail, et sans tenir compte de la nécessité de rompre avec cette participation.

C’est précisément sur ces choix stratégiques de la classe capitaliste que les blocs politiques et sociaux qui s’alternent au pouvoir gouvernemental se sont forgés et c’est à partir d’eux – désignés comme des soi-disant « objectifs nationaux » - qu’ils tentent de gagner l’allégeance et le consensus de la classe ouvrière. Il ne fait aucun doute que la participation à l’UE et à la zone euro est la nouvelle « Grande Idée » du capitalisme grec, au nom de laquelle ils appellent - surtout maintenant, en période de crise - les classes subalternes à subir les sacrifices terribles qui sont imposés au travers des Mémorandums et des Programmes de stabilité.

Cette insertion dans l’UE habilite le capitalisme grec à jouer un rôle de force périphérique - un sous-impérialisme local - dans les Balkans et dans la Méditerranée orientale. La participation à l’UE a fait du capital grec le supplétif des grandes puissances impérialistes européennes et des Etats-Unis dans leurs interventions dans les Balkans et en Europe orientale (un exemple de cela est le fait que l’expansion de Coca-Cola dans ces régions se fait par le biais de la société grecque « 3E »). Même aujourd’hui, en période de crise, c’est la Grèce qui a été choisie par la Chine comme base d’opération pour pénétrer les marchés européens. L’introduction de l’euro a enrichi la classe dirigeante grecque. Elle a obtenu, avec une telle monnaie forte et des taux d’intérêts bas, les capitaux nécessaires pour prendre part aux juteuses privatisations des secteurs publics dans les pays de l’Europe orientale. Cela a fait de la Grèce, au cours de la dernière décennie, un pays exportateur de capitaux.

Sans sa participation à l’UE et à la zone euro, la Grèce ne pourrait pas jouer un tel rôle dans la région. Les difficultés que rencontre le capitalisme turc pour jouer rôle similaire – puisqu’il est toujours exclu de l’UE – montre très clairement les raisons pour lesquelles la classe dirigeante grecque veut maintenir coûte que coûte son statut en tant que pays du noyau dur de la zone euro. Si la Grèce se retrouve forcée de quitter l’euro, les résultats seront destructeurs pour la classe dominante grecque. Elle perdra à la fois son rôle géopolitique stratégique, l’accès à des fonds importants et ses avantages importants dans son conflit avec le capitalisme turc.

En outre, elle perdra son arme la plus efficace dans sa volonté de dominer le prolétariat. Les institutions de l’UE sont les principaux organisateurs des attaques néolibérales sur tout le continent européen car elles permettent de mettre le poids combiné de toutes les classes dirigeantes européennes au service de chacune d’elle. L’exemple de la privatisation d’Olympic Airways, où l’Etat et le capitalisme grec ont systématiquement utilisés la pression de la Commission et de la Cour européenne dans le but de mettre en œuvre leur politique, illustre le rôle de ces institutions. L’euro lui-même est un instrument de subordination de la classe ouvrière et de dissolution des syndicats en les exposant à la concurrence du « libre marché » de la monnaie unique. Les combats qui ont marqué la lutte des classes en Grèce à partir de 2001 (la lutte contre la réforme néolibérale des retraites) jusqu’à aujourd’hui ont la même caractéristique : la volonté de la classe dominante de transférer le coût d’une monnaie forte - telle qu’est l’euro – sur le dos de la classe ouvrière. Le meilleur exemple en est probablement la demande permanente de la SEV (l’association des industriels grecs) que l’augmentation des salaires inscrits dans l’ESS (les accords salariaux annuels entre les syndicats et les capitalistes) soit déterminé par le taux d’inflation moyen de la zone euro et non par le taux d’inflation - beaucoup plus important - de la Grèce. Ce souhait a finalement été satisfait avec la capitulation honteuse de la GSEE (Confédération grecque des syndicats du secteur privé) en 2010.

La pire et la plus terrifiante des perspectives pour la classe dominante grecque est qu’une éventuelle sortie de l’UE de la Grèce pourrait également signifier le commencement de la fin pour cette Union elle-même. Dans les conditions actuelles, une sortie de la Grèce de l’UE pourrait provoquer une série d’événements déstabilisateurs, une tendance à d’autres sorties de l’euro qui seraient, très probablement, le signal d’un effondrement général. Le capitalisme grec se retrouverait sans le soutien de l’impérialisme international dans son offensive d’ensemble qu’il s’efforce de mener dans la région ; des intimidations contre la République de Macédoine voisine sur la question de son nom à la poursuite de sa nouvelle alliance avec l’État d’Israël dans la Méditerranée orientale ou encore dans son nouveau conflit avec le capitalisme turc autour du contrôle des ressources pétrolières de cette région.

Cela explique pourquoi, jusqu’à présent, les think tanks bourgeois n’ont pas produit de stratégie alternative sur la manière de maîtriser la crise en incluant le scénario d’une sortie de l’euro et d’un retour à la monnaie nationale, le drachme, afin de doter le capitalisme grec des instruments de mise en œuvre d’une politique de rechange. Une telle issue ne pourrait que priver les capitalistes grecs de tous les avantages décrits ci-dessus. Les seuls cas où les think tanks bourgeois seraient inévitablement forcés – même à contre-cœur – à penser à un retour au drachme seraient un effondrement complet de l’euro où le risque pour le capitalisme grec de perdre le contrôle du système bancaire.

Si le capitalisme grec se retrouve forcé de quitter l’euro et l’UE, cela provoquera une énorme crise systémique et une inévitable crise de gouvernance. Mais une sortie de l’UE ne peut représenter une avancée pour la classe ouvrière qu’à la seule condition qu’elle soit le résultat des actions d’un mouvement ouvrier luttant dans une perspective transitoire, pour des revendications qui remettent en question la propriété et la gestion capitalistes de l’économie. Sur cette base, le rapport de forces pourrait changer de façon décisive en faveur de la classe ouvrière au travers de la crise politique majeure qu’une telle issue produirait. La conscience des travailleurs un grand pas en avant vers son émancipation en brisant l’un des arguments les plus importants de la domination idéologique bourgeoise : celui du « paradis européen ». Le mouvement ouvrier européen doit se débarrasser du fardeau de la « voie unique européenne », surtout au regard de l’exemple grec.
Les « européistes » de la gauche grecque

Plusieurs courants de la gauche avancent une série de fausses objections contre la nécessité d’inclure la revendication de la sortie de l’euro et de l’UE dans un programme de transition actualisé.

A) La première et principale objection est liée à l’idée que l’Union européenne, en tant qu’institution supranationale, joue objectivement un rôle « progressiste » car elle serait en quelque sorte un dépassement de l’Etat bourgeois national.

Une première remarque préliminaire à ce sujet : le concept d’institutions supranationales bourgeoises qui pourraient faire contrepoids aux États nations est un reflet du cosmopolitisme bourgeois et non de l’internationalisme prolétarien. L’internationalisme prolétarien a été condensé dans des mots d’ordre tels que « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » ; « L’unité nationale est un piège, les prolétaires n’ont pas de patrie », « L’ennemi est dans notre propre pays » ; « La défaite de « notre » gouvernement dans une guerre est le moindre mal ». Ce sont des mots d’ordre internationalistes qui rompent avec le consensus national bourgeois pour promouvoir la solidarité des travailleurs. L’internationalisme n’a rien à voir avec la défense de l’ONU, de la Cour internationale de La Haye et d’autres institutions européennes bourgeoises.

La réponse à cette fausse approche de la nature de l’UE est résumée par un document important adopté par le 14e Congrès mondial de la Quatrième Internationale. Selon cette déclaration :

« Loin de répondre aux aspirations sociales et internationales des travailleurs, des femmes, des jeunes et des nationalités opprimées, l’Union européenne est l’expression régionale de la globalisation de l’économie mondiale. C’est un instrument des secteurs les plus puissants du grand capital pour la concurrence inter-impérialiste et pour une lutte tous azimuts contre la classe ouvrière européenne et le Tiers Monde. » [1]

Cette analyse repose sur les thèses de Lénine sur l’importance et le rôle d’une possible unification de l’Europe (à son époque). Lénine écrivait en 1915 à propos du mot d’ordre sur les « États-Unis européens » : « Du point de vue des conditions économiques de l’impérialisme, c’est-à-dire des exportations de capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales « avancées » et « civilisées », les États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires. (...) Certes, des ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et entre puissances. En ce sens, les États-Unis d’Europe sont également possibles, comme une entente de capitalistes européens ... dans quel but ? Dans le seul but d’étouffer en commun le socialisme en Europe, de protéger en commun les colonies accaparées contre le Japon et l’Amérique, extrêmement lésés dans l’actuel partage des colonies, et qui se sont renforcés au cours de ces cinquante dernières années infiniment plus vite que l’Europe monarchique et arriérée, laquelle déjà pourrit de vieillesse. Comparée aux États-Unis d’Amérique, l’Europe dans son ensemble signifie stagnation économique. Sur la base économique d’aujourd’hui, c’est-à-dire en régime capitaliste, les États-Unis d’Europe signifieraient l’organisation de la réaction en vue de contenir le développement plus rapide de l’Amérique. Les temps sont révolus où l’œuvre de la démocratie et celle du socialisme étaient liés uniquement à l’Europe. » [2]

Il suffit de jeter un regard superficiel sur l’UE pour comprendre qu’elle n’est en aucun cas un dépassement de l’Etat nation. En effet, elle reste au stade d’une union lâche d’Etats indépendants, au sein de laquelle les principaux outils des politiques bourgeoises (justice, armée, police, bureaucratie d’Etat et budget) sont toujours dans les mains des Etats nationaux. Il ne s’agit même pas d’une union ayant une économie cohérente puisque les niveaux de productivité, de concurrence et d’impact de la crise restent inégaux. Et, bien entendu, il n’existe toujours pas de classe capitaliste européenne au-dessus des Etats-nations.

En réalité, l’UE est une instance de coordination des classes capitalistes nationales dans leurs actions contre la classe ouvrière, contre leurs concurrents internationaux et contre les peuples d’autres pays. Des actions communes qui alimentent et sont alimentées par un processus parallèle de subversion de la démocratie parlementaire bourgeoise la plus élémentaire au niveau des Etats nationaux, étant donné que les décisions importantes concernant chaque Etat bourgeois sont prises dans les réunions du Conseil de l’UE, tandis que dans le même temps les institutions de l’UE sont utilisées comme un obstacle aux revendications des travailleurs. Dans ce sens, la construction de l’UE et de la zone euro est une stratégie nationale pour les capitalistes, et non pas une stratégie supranationale qui entre en conflit avec leurs solutions au niveau national.

L’UE n’est donc pas une construction « objectivement progressiste », elle est réactionnaire et doit être renversée, c’est à dire dissoute. En raison du fait que la lutte des classes s’effectue principalement au niveau national - pour les raisons que nous avons déjà décrites - et d’une manière inégale entre les différents mouvements des différents pays, la dissolution de l’Union européenne ne peut pas être un processus se déroulant de manière simultané dans toute l’Europe. Il passera d’abord au niveau national par la sortie de l’UE des pays où la lutte de la classe ouvrière mettra en déroute les politiques de la classe dominante, sapant ainsi les fondements de la fonction de l’État national bourgeois et provoquant une crise dans les institutions de l’UE.

B) Il existe une autre objection selon laquelle la revendication d’une sortie de l’UE n’est pas une revendication transitoire car elle peut être également adoptée par des forces politiques bourgeoises.

Théoriquement, cette position exprime la conception erronée selon laquelle les revendications transitoires ne peuvent jamais, par définition, être adoptées par un gouvernement bourgeois. Ce n’est pas exact. Un programme de transition inclus d’une manière unifiée et combinée plusieurs types de revendications. Il s’agit de revendications qui visent à un transfert effectif des richesses de la classe capitaliste aux travailleurs, des exigences qui pourraient être intégrées dans le système capitaliste « en général », mais qui dans le contexte actuel entrent directement en conflit avec les choix stratégiques de la classe dominante et provoquent un affaiblissement et une déstabilisation importante du système. Il s’agit de revendications qui contestent directement la propriété et la gestion capitalistes de l’économie dans son ensemble et qui sapent les fondements de l’Etat bourgeois. La mise en avant de ces exigences par le mouvement ouvrier implique le développement d’une dynamique anticapitaliste qui conduit les deux principales classes de la société à entrer dans un conflit qui pose la question du pouvoir.

Il existe donc des revendications qui, d’une manière générale, peuvent être intégrées dans le capitalisme, mais qui dans le contexte actuel vont à l’encontre des choix essentiels de la classe bourgeoise. La sortie de l’UE est une revendication transitoire cruciale dans la période actuelle, mais bien entendu sous la seule condition qu’elle soit intégrée dans un programme anticapitaliste plus large - c’est pourquoi nous parlons d’un « désengagement anticapitaliste de l’UE ».

Le fait que cette revendication est également avancée par des forces nationalistes ou d’une manière réformiste n’implique pas automatiquement qu’elle ne devrait pas être avancée par les internationalistes. Dans le même sens, l’exigence d’une sortie de l’OTAN a, pour les internationalistes, une dimension profondément anti-impérialiste et internationaliste, tandis que pour le Parti communiste grec et pour Synaspismos/SYRIZA, il s’agit principalement d’une demande en faveur d’une défense nationale plus efficace de la Grèce contre la Turquie. En outre, la sortie de l’OTAN pourrait également être une option pour la classe dirigeante grecque. Rappelons que K. Karamanlis voulait que le capitalisme grec sorte de l’aile militaire de l’OTAN en 1974, huit ans après que de Gaulle l’ait décidé pour la France. Aujourd’hui, dans ce dernier pays, Le Pen soutient également la sortie de l’UE et de l’OTAN. Ce genre de positionnement n’a pourtant pas empêché la gauche radicale et révolutionnaire française de mener campagne pour le « Non » à la Constitution européenne - alors que l’extrême droite se prononçait également en ce sens - ou d’exiger de quitter l’OTAN.

C) Dans la même logique, il y a également objection selon laquelle exiger la sortie de l’UE et de l’euro est une sorte de subordination de la stratégie révolutionnaire à la théorie réformiste « d’étapes » intermédiaires bourgeoises sur la voie au socialisme.

Comme nous l’avons déjà souligné ci-dessus, un programme de transition peut inclure des revendications qui peuvent être intégrées dans le capitalisme, c’est à dire qu’il peut inclure des éléments qui pourraient être présentes dans un programme réformiste de gauche « étapise ».

La différence est que le programme de transition lutte pour ces demandes en les articulant avec d’autres qui portent directement atteinte aux principes fondamentaux de la propriété et de l’Etat capitalistes et qui s’accompagnent – surtout - du mot d’ordre de contrôle des travailleurs.

Aucune revendication - même l’arrêt unilatéral du remboursement de la dette et l’annulation de cette dernière, avec laquelle l’OKDE est bien entendu d’accord – n’est pas, en soi et à elle seule en faveur des intérêts du peuple et de la classe ouvrière si elle n’est pas accompagnée par l’exigence du contrôle des travailleurs, si on ne sait pas qui va contrôler (pour nous : le prolétariat) ces mesures et qui va en subir les conséquences (les capitalistes).

C’est exactement avec cette même logique nous abordons la sortie de l’UE. Nous ne pouvons la concevoir que comme le résultat d’un mouvement qui lutte et qui impose un programme anticapitaliste contre « sa » classe dominante. En conséquence, nous le concevons comme une « rupture anticapitaliste », comme le résultat d’une lutte anticapitaliste plus générale et non comme une « étape nécessaire » qui devrait être atteinte avant que le mouvement ouvrier puisse lutter dans de meilleures conditions ou dans le cadre d’une situation « objectivement meilleure » pour la classe ouvrière.

C’est précisément parce que la sortie de l’UE doit être la conséquence d’une lutte anticapitaliste que nous ne saurions, par exemple, jamais apporter notre soutien à un gouvernement simplement parce qu’il conduirait la Grèce à sortir de l’UE tout en appliquant des politiques néolibérales afin de faire payer le coût d’un tel choix à la classe ouvrière.

Par contre, pour la gauche patriotique, pour qui la sortie de l’UE est conçue comme une étape stratégique, son soutient à un tel gouvernement constituerait un fâcheux dilemme. Un bon exemple de cela est le soutien que cette gauche patriotique apporte au gouvernement du Sud de la Chypre de Tassos Papadopoulos parce qu’il s’est opposé au Plan Anan dans le référendum qui a été organisé en 2004. Entraînée par la théorie selon laquelle le capitalisme grec serait entièrement subordonné aux pays impérialistes et aurait perdu sa souveraineté nationale, la gauche patriotique voit l’adhésion de la Grèce à l’UE comme une sorte de mise sous tutelle de la classe capitaliste grecque et non comme un outil décisif au mains de ces capitalistes grecs pour renforcer leur politique offensive dans la région. La gauche patriotique considère la sortie de l’UE comme une condition préalable pour un développement des luttes du mouvement ouvrier et non comme le résultat de ces luttes. Ainsi, à partir de ce point de vue, la sortie de l’UE représente une solution réformiste qui doit créer de meilleures conditions pour mener des politiques plus favorables à la classe ouvrière.

En réalité, les choses sont différentes. Nous ne pouvons pas avancer dans notre lutte pour la socialisation des banques, sans compensation et sous contrôle des travailleurs, tout en restant dans l’Union européenne. Il n’est pas possible d’avancer dans le contrôle des travailleurs sur le système monétaire et de crédit si au même moment la politique de taux de change et des taux d’intérêts sont définis par la Banque centrale européenne. Il ne peut pas y avoir de contrôle des travailleurs sur la monnaie en restant dans la zone euro. Il n’y a aucune chance de voir un gouvernement de partis ouvriers qui applique un programme anticapitaliste, ni un gouvernement révolutionnaire des comités des travailleurs, tout en restant dans les carcans des programmes de stabilité, des traités de Maastricht et de Lisbonne. Il est évident qu’une rupture avec ces traités fondamentaux de l’UE signifie nécessairement une sortie de cette Union.

De tout ce qui précède, il est clair qu’un programme d’expropriations contre la classe capitaliste et un programme de contrôle des travailleurs ne sont pas possibles dans le cadre de l’UE et de la zone euro. Toute avancée en direction d’un tel programme permettra de créer les conditions pour la sortie de ces institutions. C’est pour cette raison qu’un programme anticapitaliste contemporain doit inclure d’une manière claire la sortie de la zone euro en tant que revendication étroitement liée à celle du contrôle des travailleurs sur l’économie.

D) Certains secteurs argumentent qu’il serait préférable que ce soit l’UE elle-même qui fasse le choix d’expulser un pays plutôt que de mettre en avant un tel mot d’ordre.

Mais pourquoi un gouvernement de partis ouvriers qui met en œuvre un programme anticapitaliste ou un gouvernement révolutionnaire des comités de travailleurs tolérerait l’humiliation d’être exclu par des impérialistes ?

On ne peut le concevoir que dans le seul cas où ce choix d’une sortie de l’UE de sa propre initiative impliquerait que ce gouvernement se place en confrontation avec le mouvement ouvrier du reste de l’Europe. Mais ce ne sera sans doute jamais le cas car l’UE est dans un processus de délégitimation rapide aux yeux des travailleurs européens. Le soutient envers l’euro et l’UE est en baisse constante tandis que les luttes contre les mesures dictées par les traités européens augmentent sans cesse.

Dans ces conditions, si un gouvernement ouvrier ne prend pas l’initiative de sortir de l’UE et se laisse expulser par les capitalistes, cela revient à légitimer l’UE en tant qu’institution (et dans les fait, c’est comme si ce gouvernent demandait à l’UE de le maintenir dans l’Union alors que les capitalistes veulent l’expulser), ce qui constituerait un coup irréparable contre le mouvement ouvrier européen.
Notre objectif : La dissolution de l’Union européenne

L’objectif du mouvement ouvrier européen et grec devrait être la dissolution de l’Union européenne. Les crises structurelles profondes que traverse le capitalisme illustrent l’incapacité de ce dernier à unifier harmonieusement les peuples d’Europe et brisent les illusions réformistes selon lesquelles les capitalismes européens pourraient sereinement surmonter leur concurrence et unifier le continent européen. Tout cela confirme les thèses marxistes révolutionnaires selon lesquelles l’unification de l’Europe ne peut être obtenue qu’au travers d’une révolution socialiste qui brise l’UE et démantèle les Etats bourgeois.

Le mot d’ordre stratégique pour l’Europe doit être « NON à l’Europe du capital, de la guerre, du racisme et de la répression - OUI à l’Europe des travailleurs et des mouvements sociaux » ; c’est le mot d’ordre des « États-Unis socialistes d’Europe ».

La concrétisation de ces mots d’ordre ne peut pas passer par la réforme de l’UE, mais seulement par sa dissolution et par la construction d’une nouvelle union, basée sur des institutions de démocratie directe qui pourraient surgir dans la lutte contre les programmes néo-libéraux promus par l’UE et la zone euro.

Nous affirmons résolument la nécessité stratégique de développer des liens étroits et organiques entre les travailleurs et les mouvements sociaux en Europe, car aucune victoire contre le néolibéralisme ne peut être durable - même dans les pays en dehors de l’UE - sans l’extension de cette victoire dans le reste de l’Europe. Nous savons qu’une telle extension victorieuse ne peut être viable sans l’extension d’une révolution dans tout le continent.

Mais, en tous les cas, nous devons préciser les mesures qui conduiraient à une telle dissolution de l’Union européenne. Puisque l’arme principale des capitalistes pour la mise en œuvre de leurs attaques contre la classe ouvrière demeure l’Etat national et que la lutte des classes se développe principalement au niveau national, un programme anticapitaliste doit préciser à ce niveau là la revendication qui mènera à cette dissolution de l’UE. Et, puisque l’UE n’est pas un Etat unique supranational, mais une union d’États, la manière dont elle pourra être dissoute ne peut être que par le biais de la sortie de ses membres.

Les revendications en faveur de la désobéissance et de la rupture avec l’UE, du désengagement anticapitaliste et l’appel simultané aux mouvements sociaux européens pour une action commune visant à la dissolution de l’Union européenne sont autant d’applications concrètes au contexte politique actuel de la Grèce.

Il est temps que la gauche grecque évalue à sa justesse la place de cette question politique. Non comme une « étape » afin que le peuple grec se débarrasse de sa « dépendance », ni comme une voie garantissant le développement de la production capitaliste et offrant ainsi de meilleures conditions aux mouvement ouvrier, mais comme la conséquence logique de la lutte anticapitaliste pour la transformation et pour le contrôle des travailleurs sur l’économie et la société.

Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki

[1] Voir (version anglaise de ce docment) sur ESSF (article 23979), The European Union – Document adopted at the 14th World Congress of the FI.

[2] Lénine « A propos du mot d’ordre pour les Etats-Unis d’Europe ».


* Traduction : Ataulfo Riera et Sylvia Nerina.

Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas et Zeta Melampianaki sont membres de l’OKDE-Spartakos, section grecque de la Quatrième Intenationale.

Antonio Valledor

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Message  sylvestre Ven 1 Juin - 22:53

Socialist Review spoke to Giorgos Pittas, a journalist from the Greek socialist newspaper Workers' Solidarity, about the political situation in Greece following elections in May that saw a dramatic fall in support for parties backing austerity.
Greece at a crossroads
sylvestre
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Message  Roseau Sam 2 Juin - 17:09

Du triste sort de l’Espagne, comme preuve du bon sens des électeurs grecs
par Yanis Varoufakis
http://www.huffingtonpost.fr/yanis-varoufakis/crise-grece-economie-espagne_b_1524405.html?ref=france
Roseau
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