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Re: Libye
A ce point, ça devient délire. J'ai exagéré à peine..
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Libye
C'est vrai qu'on dirait que cet "éminent blogueur" a pris des leçons auprès du "ministre de l'information" de Saddam hussein
Mohammed Saïd al-Sahaf
Mohammed Saïd al-Sahaf
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Libye
Comme on le voit, les habitants de Tripoli ne se sont pas soulevés et libérés. Ils ont été "libérés" par des forces extérieures, souvent venues de loin, qui ne semblent pas particulièrement appréciées...
Attention tout de même à l'européo-centrisme. La propagande de l'ennemi est toujours tournée en ridicule, de même que le mode de vie des potentats africains est plus volontiers moqué que celui de nos politiciens et milliardaires nationaux. Essayez donc d'imaginer ce qu'un Africain peut penser de la propagande de Sarko sur la protection des civils et la défense de la démocratie, de sa ridicule virée en Libye avec BHL, de son bling bing...
]
Libye - Les habitants de Tripoli réclament le départ des combattants armés
Le Point.fr
La présence persistante d'hommes armés circulant dans la ville suscite des craintes parmi les civils.
Des femmes protestent, ici, le 30 septembre, contre la présence d'armes partout dans Tripoli.
Des centaines de combattants ont afflué de toute la Libye pour prendre Tripoli, mais dans la capitale désormais aux mains des anti-Kadhafi depuis plus d'un mois, les habitants, excédés par les tirs en pleine ville, sont de plus en plus nombreux à réclamer le départ des hommes armés. En prenant Bab al-Aziziya, le QG de Muammar Kadhafi à Tripoli, les combattants des nouvelles autorités libyennes ont mis fin à 41 années de règne sans partage du Guide toujours en fuite, mais leur installation dans la capitale est aujourd'hui une menace pour la stabilité, jugent les Tripolitains.
Une ville pacifiée ?
"Il est temps qu'ils rentrent chez eux. Ici, ce n'est pas leur ville. Tripoli est pacifiée, pourquoi doivent-ils rester ?" s'interroge Hamza Bonwara, un jeune homme de 27 ans, rencontré sur la place des Martyrs, ex-Place Verte et haut lieu du régime Kadhafi. "Ils s'en fichent de Tripoli. Ils ont toujours leurs armes avec eux et ils tirent en l'air. C'est dangereux et ça fait peur aux gens", poursuit le jeune homme. Comme Hamza, beaucoup d'habitants reprochent aux combattants venus de Misrata, plus à l'est, ou de Zenten, plus au sud, et qui tiennent encore les postes de contrôle autour de la ville, les tirs à l'arme automatique en pleine ville, les rodéos à bord de pick-up lourdement armés et les nuits de "tirs de joie".
Certains responsables du Conseil national de transition (CNT) ont appelé les combattants à revenir dans leurs villes d'origine, mais d'autres assurent que leur présence est toujours nécessaire pour sécuriser la capitale. "Ce sont de réelles inquiétudes, mais nous ne pouvons pas laisser un vide" en matière de sécurité en leur disant de partir, affirme par exemple Jalal al-Gallal, un porte-parole du CNT. "Rien ne doit se faire dans la précipitation. Ils vont partir et nous discutons actuellement du calendrier et des conditions de ce retrait", précise-t-il.
Contrôle limité
Mais certains groupes armés semblent échapper au contrôle du CNT, ce qui cause l'inquiétude de plusieurs de ses alliés. En visite à Tripoli cette semaine, le sénateur américain John McCain avait ainsi insisté sur le fait qu'il était "important pour le CNT de continuer à rassembler les nombreux groupes armés présents à Tripoli et au-delà sous son autorité". Sur le terrain, les combattants assurent que leur présence est nécessaire dans la capitale. "Il n'y a pas assez de combattants originaires de Tripoli pour protéger la ville, alors nous devons rester", explique Siraj al-Sak, venu de Ghariane, à 85 kilomètres au sud de la capitale, et qui surveille la place des Martyrs juché sur un pick-up.
"Nous aussi, on s'est battu contre Kadhafi, on peut très bien s'occuper de Tripoli", assure pourtant Nadir Mohammed, un Tripolitain de 34 ans. "Nous sommes reconnaissants du soutien qu'ils nous ont apporté contre Kadhafi, mais maintenant ils doivent partir", insiste-t-il. Dans un magasin à deux pas de la place, Maria Gerguri, 20 ans, se dit de plus en plus effrayée par les nombreux hommes armés qui circulent en ville. "Pourquoi sont-ils ici ? Le gouvernement doit s'assurer qu'ils rentrent chez eux", déclare-t-elle, avant d'ajouter : "Ils sont les bienvenus à Tripoli. Mais sans leurs armes."
Gérard Menussa
on dirait que cet "éminent blogueur" a pris des leçons auprès du "ministre de l'information" de Saddam hussein
Attention tout de même à l'européo-centrisme. La propagande de l'ennemi est toujours tournée en ridicule, de même que le mode de vie des potentats africains est plus volontiers moqué que celui de nos politiciens et milliardaires nationaux. Essayez donc d'imaginer ce qu'un Africain peut penser de la propagande de Sarko sur la protection des civils et la défense de la démocratie, de sa ridicule virée en Libye avec BHL, de son bling bing...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Libye
C'est pas de l'européo centrisme que de ne pas croire à n'importe quelle ânerie du moment que celui qui l'écrit est noir.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Libye
Non, mais l'europeo-centrisme consiste à être moins vigilant et moins sarcastique à l'égard de la propagande de "nos" médias... Et les événements de Libye viennent de montrer une fois de plus que nombre d'humanistes de gauche, voire de gens qui se revendiquent du marxisme, se laisse assez facilement berner par des discours sur la protection des civils...yannalan a écrit:C'est pas de l'européo centrisme que de ne pas croire à n'importe quelle ânerie du moment que celui qui l'écrit est noir.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Libye
El norte de Níger sería la base estratégica de la Yamahiriya
Noticia sin confirmar se refiere a un acuerdo de alto nivel entre personalidades importantes de la Yamahiriya y la parte nigeriana para que el norte musulmán de este país sea una base segura a largo plazo del Estado libio en lucha contra la invasión imperialista. La noticia incluye otra: un grupo de 200 combatientes del Frente Polisario habrían llegado a Níger para instruir a las tropas del Éjército libio en tácticas de guerra de guerrillas en el desierto. Sean ciertas o no estas noticias parece evidente que el imperialismo con su agresión brutal contra Libia ha hecho del desierto del Sahara una zona de guerra. Fuente https://www.facebook.com/pages/STOP-...711849?sk=wall
Noticia sin confirmar se refiere a un acuerdo de alto nivel entre personalidades importantes de la Yamahiriya y la parte nigeriana para que el norte musulmán de este país sea una base segura a largo plazo del Estado libio en lucha contra la invasión imperialista. La noticia incluye otra: un grupo de 200 combatientes del Frente Polisario habrían llegado a Níger para instruir a las tropas del Éjército libio en tácticas de guerra de guerrillas en el desierto. Sean ciertas o no estas noticias parece evidente que el imperialismo con su agresión brutal contra Libia ha hecho del desierto del Sahara una zona de guerra. Fuente https://www.facebook.com/pages/STOP-...711849?sk=wall
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
80% de Tripoli sous la bannière verte.
Etats Unis d'Afrique ( LVO) : Malgré sa supériorité écrasante dans les airs, l'OTAN est battu sur le terrain. Aujourd'hui, les citoyens de Bani Walid, à l'aube d'une surprise. Au lieu de bombes conventionnelles, des avions de l'OTAN ont largué des milliers de tracts offrant aux résidents de quitter la ville.
Ce soir (30 Septembre) nsnbc a confirmé que le siège de Bani Walid et Syrte a échoué. Bien qu'il y ait de sévères affrontements autour des deux villes. La résistance est composée des forces militaires et des milices tribales qui ont œuvré de concert.
De violents combats ont éclaté aujourd'hui sur la place verte à Tripoli. Un dépôt de munitions de l'OTAN dans le port de Tripoli a été saisit par les forces libyennes fortement engagées dans la reprise de l’aéroport militaire, ainsi que la reprise de l'aéroport civil de Tripoli.
L'OTAN et ses "amis" ont tellement mentis qu'il n'y a aucune raison de ne pas croire la contre propagande des pro Kadhafi... avec "modération" bien évidemment...
Ce soir (30 Septembre) nsnbc a confirmé que le siège de Bani Walid et Syrte a échoué. Bien qu'il y ait de sévères affrontements autour des deux villes. La résistance est composée des forces militaires et des milices tribales qui ont œuvré de concert.
De violents combats ont éclaté aujourd'hui sur la place verte à Tripoli. Un dépôt de munitions de l'OTAN dans le port de Tripoli a été saisit par les forces libyennes fortement engagées dans la reprise de l’aéroport militaire, ainsi que la reprise de l'aéroport civil de Tripoli.
L'OTAN et ses "amis" ont tellement mentis qu'il n'y a aucune raison de ne pas croire la contre propagande des pro Kadhafi... avec "modération" bien évidemment...
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
Re: Libye
Non, mais l'europeo-centrisme consiste à être moins vigilant et moins sarcastique à l'égard de la propagande de "nos" médias...
Je suis bien d'accord ! Mais qu'est ce qui te fait dire que mon attitude serait motivée le moins du monde par "l'européo-centrisme" ?
Sur ce coup là, ils peuvent se payer le luxe (parce que c'est un luxe, payé d'ailleurs fort cher) d'avoir une propagande moins "bas du front" que celle des derniers rangs kadahfistes.... Ce qui n'empéche pas de constater qu'il s'agit bien de "progagande", qu'il faut d'ailleurs déchiffrer ! C'est comme les petites annonces immobilière : quand on te dit "cet appartement est à saisir dans son jus", ça veut dire que l'electricité date de mathusalem, "quelques travaux a prévoir, ça signifie "bientôt ces ruines seront à toi"... Bref, quand la propagande occidentale dit "il y a quelques problémes avec la population" cela signifie que le peuple est a bout....
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Libye
Lutte de Classe
N°138
septembre-octobre 2011
Libye - Sarkozy veut obtenir les fruits de son soutien à l’opposition armée
Fin août, la chute de Tripoli, prise par les insurgés libyens, mettait fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, vieille de 42 ans. Il aura donc fallu plus de six mois à la rébellion pour prendre la capitale libyenne, malgré le soutien des bombardiers et des vaisseaux de l’armée française, des États-Unis, de l’OTAN. Mais à l’heure où nous écrivons, on ne peut pas dire que la guerre est finie en Libye : certaines parties du territoire échappent complètement au contrôle des insurgés. Quant à Kadhafi, il n’a pas été fait prisonnier et, apparemment, personne ne sait où il se cache.
Mais surtout, même si toutes les chancelleries du monde occidental saluent cette issue comme une libération du peuple libyen et une victoire de la démocratie, il ne s’agit pas de cela.
De la contestation a la guerre civile, soutenue par l’intervention militaire de l’impérialisme...
C’est le 15 février 2011 que la contestation a pris naissance en Libye, au cœur de la révolte dans le monde arabe. Suivant de quelques semaines la chute de Ben Ali en Tunisie, et de quelques jours celle de Moubarak en Égypte, les premières manifestations contre Kadhafi ont eu lieu à Benghazi, ville de l’est du pays, siège depuis plusieurs années de l’opposition au clan du dictateur. Ces manifestations exprimaient la révolte contre le régime dictatorial, contre les arrestations arbitraires, contre les assassinats d’opposants. Et dès le début, la réaction du régime a été de réprimer le plus durement possible, en tirant sur les manifestants.
Dans un premier temps, les réactions du gouvernement français restèrent dans la même veine que les propos de Michèle Alliot-Marie face au début de la révolte en Tunisie. À Paris, le gouvernement condamnait donc « l’usage excessif de la force ayant entraîné plusieurs morts ainsi que de nombreux blessés » et, le 18 février, la France et le Royaume-Uni annonçaient la suspension de leurs exportations de matériel de sécurité à destination de la Libye. Dans le même temps, les chancelleries dénonçaient du bout des lèvres la répression meurtrière à Bahreïn et l’intervention de l’armée saoudienne. Finalement, derrière les phrases creuses, les puissances impérialistes exprimaient d’abord leur solidarité avec la répression des révoltes, même quand, par la suite, cherchant des solutions politiques pour préserver la stabilité générale, elles se sont démarquées des régimes en place.
Dans ce contexte de révolte contre les régimes autoritaires de la région, la rébellion qui se développait en Libye prit assez rapidement un caractère différent. Plus qu’une mobilisation de la population contre la dictature, elle devint une guerre civile pour le contrôle du pays, entre la plupart des clans et celui de Kadhafi.
Dans ce cadre, les grandes puissances auraient bien voulu pouvoir dicter sa conduite à Kadhafi comme elles l’avaient fait avec Ben Ali et Moubarak. Mais non seulement Kadhafi ne se laissa pas dicter sa politique par les grandes puissances, mais en plus, en quelques jours, il reprit du terrain sur les forces rebelles, menaçant de les écraser. Un mois après les premières manifestations, les troupes pro-Kadhafi semblaient prêtes à reprendre Benghazi.
Il faut dire que les rapports entre l’impérialisme et la Libye n’étaient pas les mêmes qu’avec l’Égypte ou la Tunisie. En Égypte en particulier, c’est l’armée – c’est-à-dire une armée formée, instruite et en contact politique permanent avec les États-Unis – qui a chassé le dictateur en place et qui a conservé le contrôle du nouveau pouvoir. Rien de tel n’existait en Libye : les opposants qui ont pris les armes pour chasser Kadhafi ne représentaient pas un appareil déjà constitué.
Les grandes puissances se divisèrent donc sur l’attitude à avoir en Libye, car ces opposants ne représentaient pas une alternative suffisamment sérieuse aux yeux de certains états-majors occidentaux. La France misa sur la victoire des rebelles alors que les États-Unis et l’Allemagne restaient plus circonspects, attendant de voir l’évolution sur le terrain. Dès les premiers jours de mars, Sarkozy mena toute une campagne pour aboutir à une intervention militaire en Libye, sans succès au début. Mais devant le danger de voir l’opposition écrasée à Benghazi, le Conseil de sécurité de l’ONU vota, le 16 mars, une résolution autorisant les bombardements sur la Libye.
L’intervention militaire en Libye n’avait aucun rapport avec la défense de la démocratie et le droit des peuples. Le développement de la guerre civile avait ouvert la possibilité de mettre en place un pouvoir plus à la solde, plus dépendant des grandes puissances et donc plus soumis à leurs volontés que le précédent.
Celles-ci avaient certes su se servir de Kadhafi durant des décennies, et même collaborer à l’occasion à ses basses œuvres, mais l’occasion s’offrait à présent à elles de voir s’installer à Tripoli un régime plus docile.
Enfin, cette guerre civile offrait aussi la possibilité de rebattre les cartes de la présence impérialiste en Libye : les grandes puissances, si elles peuvent s’entendre pour imposer leur ordre sur le monde, n’en oublient pas pour autant la concurrence qui les oppose.
Ainsi, si l’impérialisme français a choisi le camp des insurgés et même de prendre la tête des soutiens à ceux-ci, c’est fondamentalement dans l’espoir de récupérer ainsi une position plus favorable auprès du prochain pouvoir en Libye, notamment en ce qui concerne ses intérêts pétroliers et dans les travaux publics.
La guerre elle-même faisait bien les affaires des marchands de canons français. D’un côté elle a servi de vitrine pour les Rafale de Dassault. Mais pas seulement ! Elle a aussi enrichi directement ses marchands d’armes. Le coût de la guerre a été évalué à 320 millions d’euros par le ministre de la Défense lui-même… ce qui signifie des millions d’euros passés des caisses de l’État à celles de Lagardère, de Dassault et de quelques autres.
Pour les marchands de canons, la Libye de Kadhafi était depuis longtemps un marché intéressant. Les avions et les bombes qui ont servi à tuer les insurgés ne sortaient pas de nulle part. Pour connaître l’arsenal dont disposait Kadhafi, il suffisait de regarder… les factures d’exportation des industriels de l’armement français.
… et par les partis de gauche en France
Le Parti socialiste, ne craignant ni le ridicule ni de faire étalage de sa servilité aux yeux de tous, a soutenu cette intervention impérialiste.
Le 17 mars, Martine Aubry a commencé par saluer la décision de bombarder la Libye, puis a ajouté : « J’ai honte pour l’Europe. On a été infoutus d’être au rendez-vous d’un peuple martyrisé et qui le sera encore plus par l’incapacité des puissants de ce monde à se mettre d’accord. » Le PS se retrouvait fidèle au poste, le petit doigt sur la couture du pantalon pour applaudir et voter des deux mains les interventions militaires de l’impérialisme français.
Du côté des Verts, le ton n’était guère différent. Yves Cochet donna un bon point à Sarkozy : « On n’aime pas la guerre, bien entendu. Mais là, il faut intervenir, c’est le droit d’ingérence. Nicolas Sarkozy s’est rattrapé par rapport à son invitation de Kadhafi il y a trois ans, il a su rebondir. Incontestablement, la France s’est bien comportée. »
Quant à Mélenchon, il a été un chaud partisan de l’intervention, au nom du « processus révolutionnaire en cours » en Libye. « J’approuve l’idée qu’on brise le tyran pour l’empêcher de briser la révolution. » Il a même osé comparer la situation de la Libye avec la révolution espagnole de 1936. Il a voté la motion du Parlement européen demandant à l’ONU d’intervenir. Apparemment, pour un Mélenchon qui a chanté sur tous les tons que l’intervention en Libye n’avait rien à voir avec la guerre en Irak ou en Afghanistan, il n’était en rien contradictoire qu’une coalition de brigands impérialistes, de pilleurs et de puissances coloniales et néocoloniales, prenne subitement la défense militaire d’un « processus révolutionnaire » !
Seul le PC, parmi les partis de gouvernement, a eu une position un peu plus réservée. Sans oser se dire contre cette intervention, il dénonça le risque d’un engrenage, la logique de guerre et s’est dit « inquiet ». « Est-ce vraiment la protection du peuple libyen que cherchent les puissances occidentales ? (...) Le Parti communiste français, dans ces graves circonstances, rappelle le désastre des guerres en Irak et en Afghanistan qui furent chaque fois déclenchées au nom de la protection des populations et de la démocratie. » Au-delà de ces pleutres questionnements – comme si la question se posait vraiment ! –, on était très loin d’une critique de l’impérialisme français.
La guerre déclenchée contre la Libye en mars 2011 a donc reçu le soutien des partis gouvernementaux en France. Et, entre mars et août, les grandes puissances se sont lancées dans une intervention militaire aux conséquences imprévisibles : les récentes aventures militaires de l’impérialisme en Afghanistan et en Irak ont montré comment un tel conflit peut parfaitement s’embourber. Mais il faut rappeler que les rapports de l’impérialisme avec Kadhafi étaient plus complexes que ceux établis avec les autres dictateurs du Moyen-Orient.
Kadhafi et l’impérialisme : d’un semblant d’opposition à la collaboration étroite
La Libye, comme quasiment tous les pays d’Afrique, a subi les dévastations de la colonisation. Elle fut d’abord, entre 1911 et 1914, l’enjeu d’une guerre sans merci menée par l’Italie qui voulait l’arracher à l’Empire ottoman. Puis, Mussolini reprit le chemin de la guerre pour imposer la domination italienne à cette région du monde en 1934. Enfin, la Libye fut le théâtre de batailles importantes durant la Seconde Guerre mondiale. Victime de ces guerres et du pillage colonial, le pays sortit exsangue de cette première partie du 20ème siècle. En 1947, le Royaume-Uni prit le relais de l’Italie dans la domination sur la Libye.
En 1951, Idriss 1er se fit proclamer roi de Libye par une Assemblée constituante. Le pays semblait alors ne disposer d’aucune richesse propre, les principales recettes du Trésor de l’État provenant de la vente de la ferraille des épaves qu’avaient laissées les armées qui s’étaient affrontées sur son sol, ainsi que de la location de bases américaines et britanniques.
Dans les années suivantes, des gisements d’hydrocarbures furent découverts. En février 1954 arrivaient les premiers géologues de la Standard Oil. Le 18 avril 1959, les premiers gisements importants étaient découverts à Zelten, au voisinage du golfe de Syrte. Dix ans plus tard, 44 sociétés exploitaient le pétrole libyen, 2 400 puits avaient été forés, dont 50 % productifs. De huit millions de tonnes en 1962, la production de pétrole brut atteignait 126 millions en 1968, 150 millions en 1969 et 492 millions en 1990.
Mais ces richesses, si elles permirent de grands bouleversements dans le sort et la situation du pays, profitèrent avant tout aux compagnies pétrolières des grandes puissances. Sous la protection des troupes anglaises, qui restèrent stationnées dans le pays jusqu’en 1969, les compagnies pétrolières occidentales imposèrent leurs prix.
En 1969, un jeune officier nationaliste, Mouammar Kadhafi, orchestra un coup d’État contre le roi Idriss 1er, âgé de 80 ans et parti se faire soigner en Turquie. Kadhafi se plaçait dans la lignée de Nasser l’Égyptien et reprenait à son compte les discours sur le « socialisme arabe » et l’unité arabe. Il nationalisa le secteur pétrolier et les banques. En 1970, pour la première fois, il imposa une augmentation du prix du baril de pétrole.
Il instaura alors une dictature militaire, mais qui, en utilisant les richesses du pétrole, assura un certain développement du pays. À l’extérieur, il mena une politique identique à celle des autres nationalistes, disputant le contrôle de territoires avec ses voisins, soutenant certains mouvements nationalistes, s’autoproclamant du côté des Palestiniens en lutte.
Du fait de son nationalisme, Kadhafi devint peu à peu la bête noire des États-Unis. Les souvenirs des ravages du pillage colonial d’abord, puis l’hostilité des grandes puissances à ces furtives tentatives d’indépendance, permirent à Kadhafi d’apparaître comme un opposant à l’impérialisme, et lui permirent finalement de conserver un certain crédit auprès d’une partie de la population.
Dans les années soixante-dix, l’antiaméricanisme affiché du dictateur confortait les gouvernements français dans leurs espoirs d’accéder au pétrole libyen. En 1970, un accord fut signé avec Paris pour l’achat par la Libye d’une centaine de Mirage. En 1973, Kadhafi fut reçu à l’Élysée par Pompidou.
En 1982, cependant, la France et la Libye entraient en conflit ouvert au Tchad, voisin de la Libye. Les troupes de l’impérialisme français intervenaient, pour la énième fois, au Tchad, pour soutenir le régime d’Hissène Habré, tandis que son adversaire, Goukouni Oueddei, recevait le soutien direct des troupes libyennes, qui avaient annexé la zone frontalière entre les deux pays depuis 1973. Mais cela n’empêcha pas Mitterrand d’envoyer Roland Dumas en mission secrète à Tripoli pour tenter de négocier avec Kadhafi. D’ailleurs, Roland Dumas ne renie toujours pas ses liens avec le dictateur et il continue à s’en justifier : « Kadhafi séduit par son mystère. C’est un original dans ce monde où l’on manque d’originalité. Un dirigeant hors normes qui a la fantaisie de prétendre gouverner sans État. Il fait fi de tout ce qui nous est cher. Il a des lubies, mais il n’est pas fou. Ce n’est pas parce que la tante Marcelle a des lubies qu’elle est folle ! De toute façon, je ne le changerai pas. » Le dictateur Kadhafi devenait un simple « original ». Et à l’heure où Dumas osait parler d’un pouvoir « sans État », les opposants se faisaient atrocement torturer dans les prisons du régime.
La démagogie nationaliste de Khadafi et ses revendications territoriales ont fini par agacer les États-Unis, qui, pour le remettre à sa place, au début des années quatre-vingt, organisèrent le boycott commercial de la Libye et allèrent, en 1986, jusqu’à bombarder Tripoli et Benghazi. Accusé de terrorisme, le régime fut mis au ban des relations internationales durant presque deux décennies. Officiellement du moins : car, même durant cette période, les liens n’ont jamais été rompus entre Kadhafi et l’impérialisme. Les grandes puissances, d’un côté, imposaient des sanctions contre la Libye, de l’autre négociaient des accords avec le régime à propos de ces sanctions.
Dès 1998, les relations diplomatiques reprenaient entre la Libye et la Grande-Bretagne. En 2003, les sanctions internationales étaient levées. Mais les puissances impérialistes n’attendirent même pas la levée officielle des sanctions décidée par les Nations unies pour se ruer sur les champs de pétrole et les marchés de ce pays riche mais sous-équipé, soudain rouverts après quinze années de gel.
En France, un des grands commissionnaires des intérêts français en Libye fut le mari de Michelle Alliot-Marie, Patrick Ollier. C’est lui qui a fondé en 2003 à l’Assemblée nationale un groupe d’amitié où siège notamment Olivier Dassault, député (UMP) de l’Oise et administrateur de Dassault Aviation. Depuis que le couple est passé en disgrâce, les langues se délient, d’ailleurs. « Ce qui branche Patrick en Libye, c’est d’être attendu au pied de la passerelle par une super-bagnole noire portant un drapeau français. Les gros dossiers comme les ventes d’armes passent par l’Élysée », assure le député Éric Raoult, membre du groupe d’amitié France-Libye et qui, insiste-t-il, n’a « jamais mis les pieds en Libye ».
Le symbole de ces relations décomplexées avec la dictature libyenne fut la réception de Kadhafi en grande pompe à Paris en 2007. Mais cette réception n’était que la partie émergée de l’iceberg, derrière laquelle se cachaient des intérêts sonnants et trébuchants.
La France a cherché à se tailler une place de choix dans les échanges économiques avec la Libye, pour le pétrole, mais pas seulement. En 2010, les exportations françaises s’élevaient à un milliard d’euros et concernaient aussi bien EADS que Vinci, Total, Accor ou Veolia. Aéroports de Paris participe à la modernisation de l’aéroport de Tripoli. Vinci participe à la construction de la « Grande Rivière », un immense tuyau de 4 200 km qui doit acheminer vers la côte l’eau extraite des nappes souterraines du désert.
L’odeur de l’or noir, qui justifie tout
La Libye produit moins de 2 % du pétrole mondial, mais elle recèle les plus grandes réserves d’or noir du continent africain, entre 40 et 60 milliards de barils. Et les raffineurs apprécient la qualité de son pétrole. Des pays européens, comme l’Italie, la France et l’Allemagne, sont les premiers consommateurs de brut libyen, mais aussi de gaz transporté par gazoduc le long de la frontière tunisienne, qui rejoint l’Italie sous les eaux de la Méditerranée.
Pour ce qui est des intérêts britanniques, BP et Shell (société anglo-hollandaise) sont installés en Libye. Londres comme Paris ont vendu des armes à la dictature. Les pétroliers allemands ne sont pas non plus en reste et s’activent pour exploiter des gisements qui leur ont été accordés.
Mais c’est l’Italie qui est restée la principale puissance impérialiste en Libye. Depuis 2008, les échanges économiques entre les deux pays ont atteint onze milliards d’euros. Le pétrolier ENI importe de Libye un quart de l’énergie consommée en Italie. Des entreprises italiennes ont des contrats pour construire des autoroutes, bâtir une usine d’assemblage d’hélicoptères ou encore réaliser la signalisation d’une ligne ferroviaire.
Et enfin, les puissances européennes n’ont pas hésité à utiliser la dictature libyenne, son armée, ses capacités de répression pour transformer le pays en gardien des frontières du monde riche, contre les candidats à l’immigration. Des accords furent scellés entre la Libye et l’Italie, en particulier, pour arrêter les migrants, les interner dans des conditions particulièrement inhumaines en Libye, les empêcher de rejoindre l’Europe.
La chute de Tripoli a permis, enfin, de dévoiler une partie de ces ententes sordides entre les grandes puissances et Kadhafi. L’organisation Human Rights Watch a retrouvé des documents prouvant la collaboration entre les services secrets américains, anglais et français avec la dictature. Cette collaboration a pris des formes multiples, des échanges de prisonniers, une aide apportée à Kadhafi dans la répression des opposants en échange d’une aide apportée par Kadhafi dans l’arrestation de présumés terroristes ; mais aussi des entraînements communs, alors même que les différents gouvernements connaissaient l’utilisation de la torture dans les prisons libyennes et que les documents vont jusqu’à évoquer une complicité britannique dans des cas de torture.
Et aujourd’hui la chute de Kadhafi permet de rendre publics certains aspects de cette collaboration. C’est une société française, par exemple, qui a fourni un système de surveillance du Web en Libye. Baptisé Eagle, ce système a permis au régime de lire tous les mails et de pister toutes les connexions des internautes libyens. Et c’est la même société française qui a fourni à Kadhafi ce fameux 4x4 furtif ultra sophistiqué dans lequel il a pu s’enfuir et rester pour le moment introuvable.
La diplomatie française à la recherche d’un pouvoir légitime en Libye
L’intervention impérialiste dans cette guerre a donc duré plus de cinq mois avant la chute de Tripoli. Des bombardements, des dévastations, en ont résulté comme dans toutes les guerres. Pendant plusieurs semaines, il a même semblé que l’enlisement était difficilement évitable. Mais l’état de délabrement de l’armée libyenne et les bombardements impérialistes ont permis aux insurgés de remporter une victoire dont l’avenir seul pourra dire si elle est définitive. Mais pendant que les bombardiers semaient la mort dans les villes libyennes, la diplomatie française organisait ses liens avec l’opposition.
Le 27 février, un Conseil national de transition (CNT) de 31 membres s’est formé, présidé par Moustapha Abdeljelil, ancien ministre de la Justice du gouvernement de Tripoli, qui avait eu le flair de rejoindre les insurgés au début du mouvement. Le président de ce conseil, ainsi que son porte-parole et bien d’autres encore, ont exercé des responsabilités importantes au sein du régime de Kadhafi. Mais on trouve aussi dans ce conseil, des anciens monarchistes ainsi que des islamistes. Et l’envoyé spécial du quotidien français Le Monde à Benghazi lui-même était obligé de reconnaître qu’« on ne sent pas parmi la population un enthousiasme phénoménal vis-à-vis du Conseil national de transition ».
L’enthousiasme était plutôt à chercher du côté français. En effet, le passage de la région autour de Benghazi, la Cyrénaïque, à l’opposition à partir du 23 février signifiait que les gisements et les infrastructures capables de fournir 70 % des exportations de pétrole du pays passaient dans les mains de cette opposition. Alors dans ce contexte, la France ne ménagea aucun effort pour imposer, à travers son soutien militaire, la plus grande mainmise sur le CNT.
La chute de Tripoli entraîna le ralliement au CNT d’un certain nombre de dignitaires du régime Kadhafi. Il semble que ce soit le propre cousin de Kadhafi, le général Mohamed Barrani Ichkal, qui ouvrit les portes de la ville aux insurgés. De même, le plus proche compagnon du dictateur en 1969, devenu numéro deux du régime par la suite, avant de connaître la disgrâce, se rallia à l’opposition... la veille de la prise de la capitale. L’outsider de cette débandade semble être le général Mohamed Hamali el-Kahsi, numéro deux des services de sécurité libyens qui, lui, a attendu la prise de Tripoli pour faire allégeance au nouveau régime.
Auparavant, d’autres hommes forts de la dictature avaient rejoint l’opposition. Outre les anciens ministres de la Justice et de l’Intérieur, qui ont participé à la fondation du CNT, le ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, et le ministre du Pétrole, Chokri Ghanem, sont venus les rejoindre. Les uns après les autres, les ministres du régime fuyaient.
Tous ces ralliements ne font que souligner la nature foncièrement non démocratique du nouveau pouvoir. À peine arrivé au pouvoir, le CNT a d’ailleurs affiché la couleur en affirmant que l’islam servirait de référence politique au nouveau régime.
D’autre part, depuis le début de la guerre, les insurgés sont accusés de crimes de guerre contre les immigrés africains sur le sol libyen. De même que la dictature de Kadhafi avait servi en particulier à arrêter et à enfermer dans des camps les migrants venus d’Afrique subsaharienne, de même les opposants ont continué à s’en prendre à cette fraction la plus pauvre de la population libyenne. Aujourd’hui un certain nombre d’entre eux tentent de fuir ce pays et les exactions qu’ils subissent. Et il est notable que la France refuse de les accueillir. Dans son « combat pour la démocratie », le soutien aux anciens responsables de la dictature est plus urgent que celui aux populations en danger !
Le problème principal des grandes puissances est à présent la question du pétrole libyen et de son repartage.
Fin août, le quotidien Libération publiait une lettre affirmant que des accords secrets avaient été conclus entre la France et le CNT dès le mois d’avril, promettant aux trusts français 35 % du pétrole libyen. Les démentis se sont multipliés de part et d’autre, bien sûr, mais le meilleur vient certainement du ministre de l’Énergie, Éric Besson, qui a estimé sur Europe 1 « qu’il ne serait “pas choquant” que la France soit récompensée pour son rôle dans la chute du régime Kadhafi », tout en démentant l’existence d’un accord avec la rébellion.
Le président de Total a lui aussi nié l’existence de cet accord. Mais dans un entretien avec la presse, Christophe de Margerie expliquait le 19 septembre : « Nous avons de bonnes raisons de penser que nos sites de production sont en bon état en dépit du conflit, (…) nous devrions donc reprendre rapidement l’exploitation. » Et d’ajouter qu’il voit « des opportunités pour de nouvelles affaires... Nous pouvons par exemple aider à développer l’exploitation au niveau local. » Pas d’accord, mais des opportunités nouvelles !
Le voyage de Sarkozy et Cameron en triomphateurs à Benghazi et à Tripoli le 15 septembre symbolise mieux encore que n’importe quel discours qui sont les grands gagnants de cette guerre en Libye. Sarkozy a voulu ainsi consacrer sa nouvelle position forte en Libye, gagnée, prétend-il, par son acharnement à obtenir l’aval de l’ONU pour une intervention militaire en Libye afin de soutenir les insurgés. La boucle est bouclée. Cette intervention visait à profiter d’une situation pour installer un nouveau pouvoir à Tripoli, entièrement aux mains des grandes puissances. Et ces deux chefs d’État viennent se faire acclamer comme des libérateurs, sur un continent dont une grande partie de l’histoire est marquée par le pillage orchestré par ces mêmes puissances.
Mais ce voyage a certainement eu aussi comme objectif de tenter de donner une légitimité à un régime qui n’en a guère pour l’instant, en dehors de sa capacité à se faire reconnaître par les grandes puissances.
Loin d’être un pouvoir reconnu par la population, le CNT ne représente pour l’instant que des bandes armées, elles-mêmes rivales entre elles.
Cette situation ne peut satisfaire les grandes puissances, qui voudraient éviter un nouveau scénario à l’irakienne. D’autant plus qu’elles n’ont pas de présence militaire opérationnelle sur place et ne peuvent donc jouer que difficilement leur rôle de gendarme de l’ordre établi.
La population pauvre de Libye n’a semble-t-il guère joué de rôle dans la guerre civile entre les clans armés qui se sont disputé le pouvoir. Il est trop tôt pour savoir si de cette guerre sortira un régime stable, une dictature religieuse, ou militaire, ou les deux, marionnette aux mains des impérialistes, à qui ceux-ci laisseront comme seul rôle la répression contre la population. Ou si, comme cela a été le cas bien souvent dans l’histoire de ces régions, le pays s’enfoncera dans une guerre civile interminable, avec une partition de fait du territoire.
L’intervention militaire de l’impérialisme a débarrassé le pays de Kadhafi, mais les classes populaires n’ont certainement pas à s’en féliciter.
21 septembre 2011
N°138
septembre-octobre 2011
Libye - Sarkozy veut obtenir les fruits de son soutien à l’opposition armée
Fin août, la chute de Tripoli, prise par les insurgés libyens, mettait fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, vieille de 42 ans. Il aura donc fallu plus de six mois à la rébellion pour prendre la capitale libyenne, malgré le soutien des bombardiers et des vaisseaux de l’armée française, des États-Unis, de l’OTAN. Mais à l’heure où nous écrivons, on ne peut pas dire que la guerre est finie en Libye : certaines parties du territoire échappent complètement au contrôle des insurgés. Quant à Kadhafi, il n’a pas été fait prisonnier et, apparemment, personne ne sait où il se cache.
Mais surtout, même si toutes les chancelleries du monde occidental saluent cette issue comme une libération du peuple libyen et une victoire de la démocratie, il ne s’agit pas de cela.
De la contestation a la guerre civile, soutenue par l’intervention militaire de l’impérialisme...
C’est le 15 février 2011 que la contestation a pris naissance en Libye, au cœur de la révolte dans le monde arabe. Suivant de quelques semaines la chute de Ben Ali en Tunisie, et de quelques jours celle de Moubarak en Égypte, les premières manifestations contre Kadhafi ont eu lieu à Benghazi, ville de l’est du pays, siège depuis plusieurs années de l’opposition au clan du dictateur. Ces manifestations exprimaient la révolte contre le régime dictatorial, contre les arrestations arbitraires, contre les assassinats d’opposants. Et dès le début, la réaction du régime a été de réprimer le plus durement possible, en tirant sur les manifestants.
Dans un premier temps, les réactions du gouvernement français restèrent dans la même veine que les propos de Michèle Alliot-Marie face au début de la révolte en Tunisie. À Paris, le gouvernement condamnait donc « l’usage excessif de la force ayant entraîné plusieurs morts ainsi que de nombreux blessés » et, le 18 février, la France et le Royaume-Uni annonçaient la suspension de leurs exportations de matériel de sécurité à destination de la Libye. Dans le même temps, les chancelleries dénonçaient du bout des lèvres la répression meurtrière à Bahreïn et l’intervention de l’armée saoudienne. Finalement, derrière les phrases creuses, les puissances impérialistes exprimaient d’abord leur solidarité avec la répression des révoltes, même quand, par la suite, cherchant des solutions politiques pour préserver la stabilité générale, elles se sont démarquées des régimes en place.
Dans ce contexte de révolte contre les régimes autoritaires de la région, la rébellion qui se développait en Libye prit assez rapidement un caractère différent. Plus qu’une mobilisation de la population contre la dictature, elle devint une guerre civile pour le contrôle du pays, entre la plupart des clans et celui de Kadhafi.
Dans ce cadre, les grandes puissances auraient bien voulu pouvoir dicter sa conduite à Kadhafi comme elles l’avaient fait avec Ben Ali et Moubarak. Mais non seulement Kadhafi ne se laissa pas dicter sa politique par les grandes puissances, mais en plus, en quelques jours, il reprit du terrain sur les forces rebelles, menaçant de les écraser. Un mois après les premières manifestations, les troupes pro-Kadhafi semblaient prêtes à reprendre Benghazi.
Il faut dire que les rapports entre l’impérialisme et la Libye n’étaient pas les mêmes qu’avec l’Égypte ou la Tunisie. En Égypte en particulier, c’est l’armée – c’est-à-dire une armée formée, instruite et en contact politique permanent avec les États-Unis – qui a chassé le dictateur en place et qui a conservé le contrôle du nouveau pouvoir. Rien de tel n’existait en Libye : les opposants qui ont pris les armes pour chasser Kadhafi ne représentaient pas un appareil déjà constitué.
Les grandes puissances se divisèrent donc sur l’attitude à avoir en Libye, car ces opposants ne représentaient pas une alternative suffisamment sérieuse aux yeux de certains états-majors occidentaux. La France misa sur la victoire des rebelles alors que les États-Unis et l’Allemagne restaient plus circonspects, attendant de voir l’évolution sur le terrain. Dès les premiers jours de mars, Sarkozy mena toute une campagne pour aboutir à une intervention militaire en Libye, sans succès au début. Mais devant le danger de voir l’opposition écrasée à Benghazi, le Conseil de sécurité de l’ONU vota, le 16 mars, une résolution autorisant les bombardements sur la Libye.
L’intervention militaire en Libye n’avait aucun rapport avec la défense de la démocratie et le droit des peuples. Le développement de la guerre civile avait ouvert la possibilité de mettre en place un pouvoir plus à la solde, plus dépendant des grandes puissances et donc plus soumis à leurs volontés que le précédent.
Celles-ci avaient certes su se servir de Kadhafi durant des décennies, et même collaborer à l’occasion à ses basses œuvres, mais l’occasion s’offrait à présent à elles de voir s’installer à Tripoli un régime plus docile.
Enfin, cette guerre civile offrait aussi la possibilité de rebattre les cartes de la présence impérialiste en Libye : les grandes puissances, si elles peuvent s’entendre pour imposer leur ordre sur le monde, n’en oublient pas pour autant la concurrence qui les oppose.
Ainsi, si l’impérialisme français a choisi le camp des insurgés et même de prendre la tête des soutiens à ceux-ci, c’est fondamentalement dans l’espoir de récupérer ainsi une position plus favorable auprès du prochain pouvoir en Libye, notamment en ce qui concerne ses intérêts pétroliers et dans les travaux publics.
La guerre elle-même faisait bien les affaires des marchands de canons français. D’un côté elle a servi de vitrine pour les Rafale de Dassault. Mais pas seulement ! Elle a aussi enrichi directement ses marchands d’armes. Le coût de la guerre a été évalué à 320 millions d’euros par le ministre de la Défense lui-même… ce qui signifie des millions d’euros passés des caisses de l’État à celles de Lagardère, de Dassault et de quelques autres.
Pour les marchands de canons, la Libye de Kadhafi était depuis longtemps un marché intéressant. Les avions et les bombes qui ont servi à tuer les insurgés ne sortaient pas de nulle part. Pour connaître l’arsenal dont disposait Kadhafi, il suffisait de regarder… les factures d’exportation des industriels de l’armement français.
… et par les partis de gauche en France
Le Parti socialiste, ne craignant ni le ridicule ni de faire étalage de sa servilité aux yeux de tous, a soutenu cette intervention impérialiste.
Le 17 mars, Martine Aubry a commencé par saluer la décision de bombarder la Libye, puis a ajouté : « J’ai honte pour l’Europe. On a été infoutus d’être au rendez-vous d’un peuple martyrisé et qui le sera encore plus par l’incapacité des puissants de ce monde à se mettre d’accord. » Le PS se retrouvait fidèle au poste, le petit doigt sur la couture du pantalon pour applaudir et voter des deux mains les interventions militaires de l’impérialisme français.
Du côté des Verts, le ton n’était guère différent. Yves Cochet donna un bon point à Sarkozy : « On n’aime pas la guerre, bien entendu. Mais là, il faut intervenir, c’est le droit d’ingérence. Nicolas Sarkozy s’est rattrapé par rapport à son invitation de Kadhafi il y a trois ans, il a su rebondir. Incontestablement, la France s’est bien comportée. »
Quant à Mélenchon, il a été un chaud partisan de l’intervention, au nom du « processus révolutionnaire en cours » en Libye. « J’approuve l’idée qu’on brise le tyran pour l’empêcher de briser la révolution. » Il a même osé comparer la situation de la Libye avec la révolution espagnole de 1936. Il a voté la motion du Parlement européen demandant à l’ONU d’intervenir. Apparemment, pour un Mélenchon qui a chanté sur tous les tons que l’intervention en Libye n’avait rien à voir avec la guerre en Irak ou en Afghanistan, il n’était en rien contradictoire qu’une coalition de brigands impérialistes, de pilleurs et de puissances coloniales et néocoloniales, prenne subitement la défense militaire d’un « processus révolutionnaire » !
Seul le PC, parmi les partis de gouvernement, a eu une position un peu plus réservée. Sans oser se dire contre cette intervention, il dénonça le risque d’un engrenage, la logique de guerre et s’est dit « inquiet ». « Est-ce vraiment la protection du peuple libyen que cherchent les puissances occidentales ? (...) Le Parti communiste français, dans ces graves circonstances, rappelle le désastre des guerres en Irak et en Afghanistan qui furent chaque fois déclenchées au nom de la protection des populations et de la démocratie. » Au-delà de ces pleutres questionnements – comme si la question se posait vraiment ! –, on était très loin d’une critique de l’impérialisme français.
La guerre déclenchée contre la Libye en mars 2011 a donc reçu le soutien des partis gouvernementaux en France. Et, entre mars et août, les grandes puissances se sont lancées dans une intervention militaire aux conséquences imprévisibles : les récentes aventures militaires de l’impérialisme en Afghanistan et en Irak ont montré comment un tel conflit peut parfaitement s’embourber. Mais il faut rappeler que les rapports de l’impérialisme avec Kadhafi étaient plus complexes que ceux établis avec les autres dictateurs du Moyen-Orient.
Kadhafi et l’impérialisme : d’un semblant d’opposition à la collaboration étroite
La Libye, comme quasiment tous les pays d’Afrique, a subi les dévastations de la colonisation. Elle fut d’abord, entre 1911 et 1914, l’enjeu d’une guerre sans merci menée par l’Italie qui voulait l’arracher à l’Empire ottoman. Puis, Mussolini reprit le chemin de la guerre pour imposer la domination italienne à cette région du monde en 1934. Enfin, la Libye fut le théâtre de batailles importantes durant la Seconde Guerre mondiale. Victime de ces guerres et du pillage colonial, le pays sortit exsangue de cette première partie du 20ème siècle. En 1947, le Royaume-Uni prit le relais de l’Italie dans la domination sur la Libye.
En 1951, Idriss 1er se fit proclamer roi de Libye par une Assemblée constituante. Le pays semblait alors ne disposer d’aucune richesse propre, les principales recettes du Trésor de l’État provenant de la vente de la ferraille des épaves qu’avaient laissées les armées qui s’étaient affrontées sur son sol, ainsi que de la location de bases américaines et britanniques.
Dans les années suivantes, des gisements d’hydrocarbures furent découverts. En février 1954 arrivaient les premiers géologues de la Standard Oil. Le 18 avril 1959, les premiers gisements importants étaient découverts à Zelten, au voisinage du golfe de Syrte. Dix ans plus tard, 44 sociétés exploitaient le pétrole libyen, 2 400 puits avaient été forés, dont 50 % productifs. De huit millions de tonnes en 1962, la production de pétrole brut atteignait 126 millions en 1968, 150 millions en 1969 et 492 millions en 1990.
Mais ces richesses, si elles permirent de grands bouleversements dans le sort et la situation du pays, profitèrent avant tout aux compagnies pétrolières des grandes puissances. Sous la protection des troupes anglaises, qui restèrent stationnées dans le pays jusqu’en 1969, les compagnies pétrolières occidentales imposèrent leurs prix.
En 1969, un jeune officier nationaliste, Mouammar Kadhafi, orchestra un coup d’État contre le roi Idriss 1er, âgé de 80 ans et parti se faire soigner en Turquie. Kadhafi se plaçait dans la lignée de Nasser l’Égyptien et reprenait à son compte les discours sur le « socialisme arabe » et l’unité arabe. Il nationalisa le secteur pétrolier et les banques. En 1970, pour la première fois, il imposa une augmentation du prix du baril de pétrole.
Il instaura alors une dictature militaire, mais qui, en utilisant les richesses du pétrole, assura un certain développement du pays. À l’extérieur, il mena une politique identique à celle des autres nationalistes, disputant le contrôle de territoires avec ses voisins, soutenant certains mouvements nationalistes, s’autoproclamant du côté des Palestiniens en lutte.
Du fait de son nationalisme, Kadhafi devint peu à peu la bête noire des États-Unis. Les souvenirs des ravages du pillage colonial d’abord, puis l’hostilité des grandes puissances à ces furtives tentatives d’indépendance, permirent à Kadhafi d’apparaître comme un opposant à l’impérialisme, et lui permirent finalement de conserver un certain crédit auprès d’une partie de la population.
Dans les années soixante-dix, l’antiaméricanisme affiché du dictateur confortait les gouvernements français dans leurs espoirs d’accéder au pétrole libyen. En 1970, un accord fut signé avec Paris pour l’achat par la Libye d’une centaine de Mirage. En 1973, Kadhafi fut reçu à l’Élysée par Pompidou.
En 1982, cependant, la France et la Libye entraient en conflit ouvert au Tchad, voisin de la Libye. Les troupes de l’impérialisme français intervenaient, pour la énième fois, au Tchad, pour soutenir le régime d’Hissène Habré, tandis que son adversaire, Goukouni Oueddei, recevait le soutien direct des troupes libyennes, qui avaient annexé la zone frontalière entre les deux pays depuis 1973. Mais cela n’empêcha pas Mitterrand d’envoyer Roland Dumas en mission secrète à Tripoli pour tenter de négocier avec Kadhafi. D’ailleurs, Roland Dumas ne renie toujours pas ses liens avec le dictateur et il continue à s’en justifier : « Kadhafi séduit par son mystère. C’est un original dans ce monde où l’on manque d’originalité. Un dirigeant hors normes qui a la fantaisie de prétendre gouverner sans État. Il fait fi de tout ce qui nous est cher. Il a des lubies, mais il n’est pas fou. Ce n’est pas parce que la tante Marcelle a des lubies qu’elle est folle ! De toute façon, je ne le changerai pas. » Le dictateur Kadhafi devenait un simple « original ». Et à l’heure où Dumas osait parler d’un pouvoir « sans État », les opposants se faisaient atrocement torturer dans les prisons du régime.
La démagogie nationaliste de Khadafi et ses revendications territoriales ont fini par agacer les États-Unis, qui, pour le remettre à sa place, au début des années quatre-vingt, organisèrent le boycott commercial de la Libye et allèrent, en 1986, jusqu’à bombarder Tripoli et Benghazi. Accusé de terrorisme, le régime fut mis au ban des relations internationales durant presque deux décennies. Officiellement du moins : car, même durant cette période, les liens n’ont jamais été rompus entre Kadhafi et l’impérialisme. Les grandes puissances, d’un côté, imposaient des sanctions contre la Libye, de l’autre négociaient des accords avec le régime à propos de ces sanctions.
Dès 1998, les relations diplomatiques reprenaient entre la Libye et la Grande-Bretagne. En 2003, les sanctions internationales étaient levées. Mais les puissances impérialistes n’attendirent même pas la levée officielle des sanctions décidée par les Nations unies pour se ruer sur les champs de pétrole et les marchés de ce pays riche mais sous-équipé, soudain rouverts après quinze années de gel.
En France, un des grands commissionnaires des intérêts français en Libye fut le mari de Michelle Alliot-Marie, Patrick Ollier. C’est lui qui a fondé en 2003 à l’Assemblée nationale un groupe d’amitié où siège notamment Olivier Dassault, député (UMP) de l’Oise et administrateur de Dassault Aviation. Depuis que le couple est passé en disgrâce, les langues se délient, d’ailleurs. « Ce qui branche Patrick en Libye, c’est d’être attendu au pied de la passerelle par une super-bagnole noire portant un drapeau français. Les gros dossiers comme les ventes d’armes passent par l’Élysée », assure le député Éric Raoult, membre du groupe d’amitié France-Libye et qui, insiste-t-il, n’a « jamais mis les pieds en Libye ».
Le symbole de ces relations décomplexées avec la dictature libyenne fut la réception de Kadhafi en grande pompe à Paris en 2007. Mais cette réception n’était que la partie émergée de l’iceberg, derrière laquelle se cachaient des intérêts sonnants et trébuchants.
La France a cherché à se tailler une place de choix dans les échanges économiques avec la Libye, pour le pétrole, mais pas seulement. En 2010, les exportations françaises s’élevaient à un milliard d’euros et concernaient aussi bien EADS que Vinci, Total, Accor ou Veolia. Aéroports de Paris participe à la modernisation de l’aéroport de Tripoli. Vinci participe à la construction de la « Grande Rivière », un immense tuyau de 4 200 km qui doit acheminer vers la côte l’eau extraite des nappes souterraines du désert.
L’odeur de l’or noir, qui justifie tout
La Libye produit moins de 2 % du pétrole mondial, mais elle recèle les plus grandes réserves d’or noir du continent africain, entre 40 et 60 milliards de barils. Et les raffineurs apprécient la qualité de son pétrole. Des pays européens, comme l’Italie, la France et l’Allemagne, sont les premiers consommateurs de brut libyen, mais aussi de gaz transporté par gazoduc le long de la frontière tunisienne, qui rejoint l’Italie sous les eaux de la Méditerranée.
Pour ce qui est des intérêts britanniques, BP et Shell (société anglo-hollandaise) sont installés en Libye. Londres comme Paris ont vendu des armes à la dictature. Les pétroliers allemands ne sont pas non plus en reste et s’activent pour exploiter des gisements qui leur ont été accordés.
Mais c’est l’Italie qui est restée la principale puissance impérialiste en Libye. Depuis 2008, les échanges économiques entre les deux pays ont atteint onze milliards d’euros. Le pétrolier ENI importe de Libye un quart de l’énergie consommée en Italie. Des entreprises italiennes ont des contrats pour construire des autoroutes, bâtir une usine d’assemblage d’hélicoptères ou encore réaliser la signalisation d’une ligne ferroviaire.
Et enfin, les puissances européennes n’ont pas hésité à utiliser la dictature libyenne, son armée, ses capacités de répression pour transformer le pays en gardien des frontières du monde riche, contre les candidats à l’immigration. Des accords furent scellés entre la Libye et l’Italie, en particulier, pour arrêter les migrants, les interner dans des conditions particulièrement inhumaines en Libye, les empêcher de rejoindre l’Europe.
La chute de Tripoli a permis, enfin, de dévoiler une partie de ces ententes sordides entre les grandes puissances et Kadhafi. L’organisation Human Rights Watch a retrouvé des documents prouvant la collaboration entre les services secrets américains, anglais et français avec la dictature. Cette collaboration a pris des formes multiples, des échanges de prisonniers, une aide apportée à Kadhafi dans la répression des opposants en échange d’une aide apportée par Kadhafi dans l’arrestation de présumés terroristes ; mais aussi des entraînements communs, alors même que les différents gouvernements connaissaient l’utilisation de la torture dans les prisons libyennes et que les documents vont jusqu’à évoquer une complicité britannique dans des cas de torture.
Et aujourd’hui la chute de Kadhafi permet de rendre publics certains aspects de cette collaboration. C’est une société française, par exemple, qui a fourni un système de surveillance du Web en Libye. Baptisé Eagle, ce système a permis au régime de lire tous les mails et de pister toutes les connexions des internautes libyens. Et c’est la même société française qui a fourni à Kadhafi ce fameux 4x4 furtif ultra sophistiqué dans lequel il a pu s’enfuir et rester pour le moment introuvable.
La diplomatie française à la recherche d’un pouvoir légitime en Libye
L’intervention impérialiste dans cette guerre a donc duré plus de cinq mois avant la chute de Tripoli. Des bombardements, des dévastations, en ont résulté comme dans toutes les guerres. Pendant plusieurs semaines, il a même semblé que l’enlisement était difficilement évitable. Mais l’état de délabrement de l’armée libyenne et les bombardements impérialistes ont permis aux insurgés de remporter une victoire dont l’avenir seul pourra dire si elle est définitive. Mais pendant que les bombardiers semaient la mort dans les villes libyennes, la diplomatie française organisait ses liens avec l’opposition.
Le 27 février, un Conseil national de transition (CNT) de 31 membres s’est formé, présidé par Moustapha Abdeljelil, ancien ministre de la Justice du gouvernement de Tripoli, qui avait eu le flair de rejoindre les insurgés au début du mouvement. Le président de ce conseil, ainsi que son porte-parole et bien d’autres encore, ont exercé des responsabilités importantes au sein du régime de Kadhafi. Mais on trouve aussi dans ce conseil, des anciens monarchistes ainsi que des islamistes. Et l’envoyé spécial du quotidien français Le Monde à Benghazi lui-même était obligé de reconnaître qu’« on ne sent pas parmi la population un enthousiasme phénoménal vis-à-vis du Conseil national de transition ».
L’enthousiasme était plutôt à chercher du côté français. En effet, le passage de la région autour de Benghazi, la Cyrénaïque, à l’opposition à partir du 23 février signifiait que les gisements et les infrastructures capables de fournir 70 % des exportations de pétrole du pays passaient dans les mains de cette opposition. Alors dans ce contexte, la France ne ménagea aucun effort pour imposer, à travers son soutien militaire, la plus grande mainmise sur le CNT.
La chute de Tripoli entraîna le ralliement au CNT d’un certain nombre de dignitaires du régime Kadhafi. Il semble que ce soit le propre cousin de Kadhafi, le général Mohamed Barrani Ichkal, qui ouvrit les portes de la ville aux insurgés. De même, le plus proche compagnon du dictateur en 1969, devenu numéro deux du régime par la suite, avant de connaître la disgrâce, se rallia à l’opposition... la veille de la prise de la capitale. L’outsider de cette débandade semble être le général Mohamed Hamali el-Kahsi, numéro deux des services de sécurité libyens qui, lui, a attendu la prise de Tripoli pour faire allégeance au nouveau régime.
Auparavant, d’autres hommes forts de la dictature avaient rejoint l’opposition. Outre les anciens ministres de la Justice et de l’Intérieur, qui ont participé à la fondation du CNT, le ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, et le ministre du Pétrole, Chokri Ghanem, sont venus les rejoindre. Les uns après les autres, les ministres du régime fuyaient.
Tous ces ralliements ne font que souligner la nature foncièrement non démocratique du nouveau pouvoir. À peine arrivé au pouvoir, le CNT a d’ailleurs affiché la couleur en affirmant que l’islam servirait de référence politique au nouveau régime.
D’autre part, depuis le début de la guerre, les insurgés sont accusés de crimes de guerre contre les immigrés africains sur le sol libyen. De même que la dictature de Kadhafi avait servi en particulier à arrêter et à enfermer dans des camps les migrants venus d’Afrique subsaharienne, de même les opposants ont continué à s’en prendre à cette fraction la plus pauvre de la population libyenne. Aujourd’hui un certain nombre d’entre eux tentent de fuir ce pays et les exactions qu’ils subissent. Et il est notable que la France refuse de les accueillir. Dans son « combat pour la démocratie », le soutien aux anciens responsables de la dictature est plus urgent que celui aux populations en danger !
Le problème principal des grandes puissances est à présent la question du pétrole libyen et de son repartage.
Fin août, le quotidien Libération publiait une lettre affirmant que des accords secrets avaient été conclus entre la France et le CNT dès le mois d’avril, promettant aux trusts français 35 % du pétrole libyen. Les démentis se sont multipliés de part et d’autre, bien sûr, mais le meilleur vient certainement du ministre de l’Énergie, Éric Besson, qui a estimé sur Europe 1 « qu’il ne serait “pas choquant” que la France soit récompensée pour son rôle dans la chute du régime Kadhafi », tout en démentant l’existence d’un accord avec la rébellion.
Le président de Total a lui aussi nié l’existence de cet accord. Mais dans un entretien avec la presse, Christophe de Margerie expliquait le 19 septembre : « Nous avons de bonnes raisons de penser que nos sites de production sont en bon état en dépit du conflit, (…) nous devrions donc reprendre rapidement l’exploitation. » Et d’ajouter qu’il voit « des opportunités pour de nouvelles affaires... Nous pouvons par exemple aider à développer l’exploitation au niveau local. » Pas d’accord, mais des opportunités nouvelles !
Le voyage de Sarkozy et Cameron en triomphateurs à Benghazi et à Tripoli le 15 septembre symbolise mieux encore que n’importe quel discours qui sont les grands gagnants de cette guerre en Libye. Sarkozy a voulu ainsi consacrer sa nouvelle position forte en Libye, gagnée, prétend-il, par son acharnement à obtenir l’aval de l’ONU pour une intervention militaire en Libye afin de soutenir les insurgés. La boucle est bouclée. Cette intervention visait à profiter d’une situation pour installer un nouveau pouvoir à Tripoli, entièrement aux mains des grandes puissances. Et ces deux chefs d’État viennent se faire acclamer comme des libérateurs, sur un continent dont une grande partie de l’histoire est marquée par le pillage orchestré par ces mêmes puissances.
Mais ce voyage a certainement eu aussi comme objectif de tenter de donner une légitimité à un régime qui n’en a guère pour l’instant, en dehors de sa capacité à se faire reconnaître par les grandes puissances.
Loin d’être un pouvoir reconnu par la population, le CNT ne représente pour l’instant que des bandes armées, elles-mêmes rivales entre elles.
Cette situation ne peut satisfaire les grandes puissances, qui voudraient éviter un nouveau scénario à l’irakienne. D’autant plus qu’elles n’ont pas de présence militaire opérationnelle sur place et ne peuvent donc jouer que difficilement leur rôle de gendarme de l’ordre établi.
La population pauvre de Libye n’a semble-t-il guère joué de rôle dans la guerre civile entre les clans armés qui se sont disputé le pouvoir. Il est trop tôt pour savoir si de cette guerre sortira un régime stable, une dictature religieuse, ou militaire, ou les deux, marionnette aux mains des impérialistes, à qui ceux-ci laisseront comme seul rôle la répression contre la population. Ou si, comme cela a été le cas bien souvent dans l’histoire de ces régions, le pays s’enfoncera dans une guerre civile interminable, avec une partition de fait du territoire.
L’intervention militaire de l’impérialisme a débarrassé le pays de Kadhafi, mais les classes populaires n’ont certainement pas à s’en féliciter.
21 septembre 2011
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Libye
[quote="verié2"]Comme on le voit, les habitants de Tripoli ne se sont pas soulevés et libérés. Ils ont été "libérés" par des forces extérieures, souvent venues de loin, qui ne semblent pas particulièrement appréciées...
L'article ne dit pas que seules des forces extérieures à Tripoli ont participé aux combats.
Même Saïf al Islam Kadhafi a reconnu que des habitants de Tripoli se sont soulevés (...et qu'ils les ont laissés faire afin de repérer les cellules qui étaient clandestines jusque là).
]
Libye - Les habitants de Tripoli réclament le départ des combattants armés
Le Point.fr
La présence persistante d'hommes armés circulant dans la ville suscite des craintes parmi les civils.
L'article ne dit pas que seules des forces extérieures à Tripoli ont participé aux combats.
Même Saïf al Islam Kadhafi a reconnu que des habitants de Tripoli se sont soulevés (...et qu'ils les ont laissés faire afin de repérer les cellules qui étaient clandestines jusque là).
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Libye
Un article qui va au fond des choses notamment les forces en présence (ce que Copas appelle une caractérisation marxiste des classes en lutte) dont la conclusion me semble de bon sens à mille lieux de l'hallucinante vision d'une Lybie où les masses se seraient soulevés contre toute évidence :Vals a écrit:Lutte de Classe N°138 septembre-octobre 2011
Libye - Sarkozy veut obtenir les fruits de son soutien à l’opposition armée
La population pauvre de Libye n’a semble-t-il guère joué de rôle dans la guerre civile entre les clans armés qui se sont disputé le pouvoir. Il est trop tôt pour savoir si de cette guerre sortira un régime stable, une dictature religieuse, ou militaire, ou les deux, marionnette aux mains des impérialistes, à qui ceux-ci laisseront comme seul rôle la répression contre la population. Ou si, comme cela a été le cas bien souvent dans l’histoire de ces régions, le pays s’enfoncera dans une guerre civile interminable, avec une partition de fait du territoire.
L’intervention militaire de l’impérialisme a débarrassé le pays de Kadhafi, mais les classes populaires n’ont certainement pas à s’en féliciter.
21 septembre 2011
1-la transformation extrêmement rapide d'une situation de manifestation à une guerilla de fait
2-de l'extrême difficulté pour les forces du CNT de liquider la résistance kadhafiste avec l'appui de l'OTAN
3-de l'absence de toute organisation de masse - soit aidée par le CNT soit auto-formée - pour en finir avec la soldatesque kadhafiste
4-de l'absence de toute image des masses en liesse au profit de manifestations en plan serré - voir à ce sujet la maigreur des manifestations lors de la visite de Sarkozy
Rien, absolument rien ne vient à l'appui des thèses des Copas sur un mouvement des masses lybiennes !
Mais comme LO le mentionne, attendons ...
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Libye
Kadafhi, personnellement, je ne l'ai jamais soutenu, je me suis toujours demandé comment certain dirigeant peuvent comme chavez le soutenir . On ne peut pas dire qu'il à fait de grande chose pour son peuple sur le plan intérieur, son soutient à certain groupe comme les brigades rouges et son combat anti-impérialiste sont louable mais la répression folle contre sa propre population m'inspire plutôt un sentiment d'opposition vis à vis de lui. Je suis parfaitement conscient de ce qui se cache derrière cette intervention et derrière certain rebelle, que l'intervention occidentale n'est pas motivée seulement par le soucis de protéger la population contre cet drôle d’énergumène, que le pétrole attise les ambitions mais continuer à soutenir ce dictateur n'est pas concevable, même si il est un anti-impérialiste et un anti-américain convaincu. Je trouve d’ailleur assez étonnant le soutient de la part de certain camarade à ce fou, anti-communiste tout comme Nasser. Je rejoint certains camarade dans leur dénonciation de l'intervention en lybie qui est motivé également par le pétrole, je pense que je ne suis pas le seul à croire que si la lybie ne possédait pas au temps de pétrole, les chars de kadhafi auraient eut tout le temps nécessaire pour noyer dans le sang le début de révolution à benghazi et l'intervention aurait été inexistante, au mieux tardive mais ce n'est pas pour autant que soutenir cet homme est une juste cause, simplement parce qu'il lutte contre l'impérialisme, je trouve que certain camarade font comme l'urss, c'est à dire de soutenir des dirigeants simplement pour la raison qu'ils sont anti-capitaliste ou anti-américain, une peu comme l'urss avec nasser qui pourtant à persécuté les communistes Égyptiens en somme de la réalpolitique et cela est dommage.
ernesto- Messages : 22
Date d'inscription : 25/09/2011
Re: Libye
Kadafhi, personnellement, je ne l'ai jamais soutenu, je me suis toujours demandé comment certain dirigeant peuvent comme chavez le soutenir . On ne peut pas dire qu'il à fait de grande chose pour son peuple sur le plan intérieur, son soutient à certain groupe comme les brigades rouges et son combat anti-impérialiste sont louable mais la répression folle contre sa propre population m'inspire plutôt un sentiment d'opposition vis à vis de lui. Je suis parfaitement conscient de ce qui se cache derrière cette intervention et derrière certain rebelle, que l'intervention occidentale n'est pas motivée seulement par le soucis de protéger la population contre cet drôle d’énergumène, que le pétrole attise les ambitions mais continuer à soutenir ce dictateur n'est pas concevable, même si il est un anti-impérialiste et un anti-américain convaincu. Je trouve d’ailleur assez étonnant le soutient de la part de certain camarade à ce fou, anti-communiste tout comme Nasser. Je rejoint certains camarade dans leur dénonciation de l'intervention en lybie qui est motivé également par le pétrole, je pense que je ne suis pas le seul à croire que si la lybie ne possédait pas au temps de pétrole, les chars de kadhafi auraient eut tout le temps nécessaire pour noyer dans le sang le début de révolution à benghazi et l'intervention aurait été inexistante, au mieux tardive mais ce n'est pas pour autant que soutenir cet homme est une juste cause, simplement parce qu'il lutte contre l'impérialisme, je trouve que certain camarade font comme l'urss, c'est à dire de soutenir des dirigeants simplement pour la raison qu'ils sont anti-capitaliste ou anti-américain, une peu comme l'urss avec nasser qui pourtant à persécuté les communistes Égyptiens en somme de la réalpolitique et cela est dommage.
ernesto- Messages : 22
Date d'inscription : 25/09/2011
Re: Libye
Je suis d'accord avec Ernesto !
Une situation "semblable" a celle de la lybie ou les impérialistes se gardent bien d'intervenir, c'est celle de la syrie ! Dotée de moins de pétrole et/ou de gaz, cela permet que sa soldatesque puisse allégrement massacrer son peuple !
Une situation "semblable" a celle de la lybie ou les impérialistes se gardent bien d'intervenir, c'est celle de la syrie ! Dotée de moins de pétrole et/ou de gaz, cela permet que sa soldatesque puisse allégrement massacrer son peuple !
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
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Localisation : La terre
Re: Libye
Eugene Duhring a écrit: à mille lieux de l'hallucinante vision d'une Lybie où les masses se seraient soulevés contre toute évidence
Copas n'est pas seul à avoir des hallucinations.
Article publié dans LE MONDE, deux semaines après la libération de Tripoli :
========================================================
A Tripoli, où les habitants contrôlent leurs quartiers, la vie économique redémarre
| 05.09.11 | 11h21 • Mis à jour le 05.09.11 | 11h21
TRIPOLI, ENVOYÉ SPÉCIAL - Il l'avait théorisée, eux l'ont réalisée. Mais sans lui, malgré lui, après lui. La Jamahirya, la fameuse "République des masses" chère àMouammar Kadhafi, existe bel et bien, elle se trouve ici et maintenant, à Tripoli, dans cette capitale dépourvue de tête mais qui tient remarquablement debout. Ses habitants y exercent le pouvoir "du peuple, par le peuple et pour le peuple"que le Guide libyen professait dans son petit Livre vert, mais qu'il n'a jamais appliqué.
Deux semaines après la chute d'un régime de fer, il est étonnant de constater à quel point les Tripolitains se débrouillent bien sans autorité. Le contraste est frappant avec Bagdad, qui avait subi, en avril 2003, une semaine de pillages, sous le nez de l'armée américaine, avant de retrouver un semblant de calme, mais pas vraiment d'ordre, ni d'électricité. Rien de tel à Tripoli. Ici, les ministères, le musée, les écoles, les banques, les centres commerciaux et même les commissariats sont intacts, à de rares exceptions près. L'eau est toujours coupée, mais les habitants se débrouillent grâce à des distributions effectuées par camion-citerne. De jour en jour, plus de commerçants rouvrent, non sansavoir repeint leurs devantures – obligatoirement vertes sous le colonel Kadhafi – aux couleurs de la révolution. Les queues devant les stations-service s'organisent dans le calme. Et, pour parer au manque de liquidités, les banques ont commencé à distribuer 250 dinars (150 euros) par titulaire de compte.
Par endroits, les camions poubelles ont même repris du service. C'est le cas àSouk Al-Jomaa, l'un des plus grands et des plus remuants quartiers de Tripoli. Comme partout ailleurs en ville, les grands axes du quartier sont gardés par des miliciens locaux, qui ont mis en place des petits barrages tous les 300 mètres. Chaque rue est aussi barrée par des chicanes improvisées. Tout se passe dans une ambiance calme, plutôt débonnaire.
"Aucun d'entre nous n'est un militaire ou un policier, explique Ibrahim Al-Zneidi, un étudiant en économie. On fait ça pour le bien du quartier et parce qu'on n'a rien d'autre à faire. On se connaît tous. Dès qu'un inconnu passe par ici, on vérifie son coffre et ses papiers." Un peu boudiné dans son treillis flambant neuf, il patiente sous un parasol, une kalachnikov chinoise, saisie dans les arsenaux du régime, à la main. "Elle m'a été donnée par le conseil militaire du quartier. Tout est enregistré : le numéro de l'arme, le nom et l'adresse de celui qui l'a reçue. Dès qu'on me demandera de la rendre, je la ramènerai." Son supérieur, Larifi Edali, est un ingénieur pétrolier de 42 ans aux yeux bleus intenses. C'est lui qui délivre les précieux sésames, de petites fiches cartonnées imprimées aux couleurs de la révolution. Il s'est retrouvé propulsé "responsable militaire" de son quartier pour ses contacts clandestins avec la rébellion à Benghazi et Misrata. Il était l'un des rares ici à s'être procuré une kalachnikov, achetée à prix d'or (6000 dinars) au marché noir. "Quand le signal de l'attaque a été donné, le 20 août à 8heures, nous nous sommes retrouvés dans les mosquées. Tout le quartier était là. Nous n'en parlions pas parce que c'était trop dangereux, mais il était évident que nous attendions tous ce moment." Le quartier, durement réprimé en février, est tombé cette fois-ci en quelques heures ; les combattants venus des monts Nefoussa et de Misrata y ont été accueillis à bras ouverts. Soigneusement préparé par une poignée de militants et, surtout, ardemment désiré par la grande majorité des habitants, le soulèvement a pris le colonel Kadhafi par surprise, comme un tapis que les Tripolitains auraient tiré sous ses pieds.
"Le Conseil national de transition [CNT] avait donné des consignes pour éviterles destructions, confirme M. Edali. Et nous avions bien appris des émeutes en février, durant lesquelles le commissariat central avait été incendié." Repeint à la hâte par le régime Kadhafi, il est comme neuf et bourdonne déjà d'activité. Un peu plus d'une centaine de policiers ont repris du service, aidés par des thuwar, des révolutionnaires en armes. Samir Douzan, l'un d'entre eux, est particulièrement heureux de travailler ici : "La dernière fois que j'y ai mis les pieds, en 2006, je me suis fait tabasser et j'ai passé vingt-quatreheures en détention pour m'être plaint de ne pas avoir été payé par un haut gradé qui m'avait commandé une robe de mariée, raconte le commerçant. J'ai dû payer1000 dinars de bakchich pour sortir. Si je pouvais tenir ce policier entre mes mains…" Le policier en question n'est pas revenu à son poste, comme aucun des anciens agents qui travaillaient là. "Kadhafi faisait exprès de mettre des policiers qui n'étaient pas du coin, pour éviter qu'ils sympathisent avec la population", explique Abdelhafiz Ibrahim, un policier à la retraite habitant Souk Al-Jomaa. Ses collègues sont tous du quartier. La Libye est ainsi, un immense et petit village, qui fonctionne en autarcie et où la confiance ne s'accorde qu'à ceux qu'on connaît.
Larifi Edali, le chef militaire, est inséparable du chef du comité civil du quartier,Sadik Al-Alem, ancien pilote de ligne de la compagnie privée Al-Bouraq. A 55 ans, il a été propulsé à la tête de son quartier, à cause de sa réputation de piété et de probité. "Le lendemain du soulèvement, le 21 août, nous nous sommes retrouvés le soir à la mosquée. Ceux qui étaient là ont décidé très rapidement de désigner une dizaine de responsables pour chaque sujet important: la santé, la sécurité, etc. Si l'on ne veut plus de moi, je rentrerai à la maison", assure-t-il. Sadik Al-Alem et la vingtaine de chefs de quartier de Souk Al-Jomaa ont désigné Abdel Nasser Al-Bouni, un notable, pour les représenter au conseil municipal de la ville de Tripoli, lui-même formé d'une vingtaine de membres, qui en réfère au CNT, dont le président, Moustafa Abdeljalil, est encore à Benghazi. Parallèlement, l'Unité de stabilisation de la Libye, une équipe d'une centaine d'experts sous la houlette du "premier ministre" Mahmoud Jibril, est à l'œuvre pour faire redémarrer le pays au plus vite.
Installés sous un palmier dattier chargé de grappes mûres, Sadik Al-Alem et Larifi Edali n'ont pas une minute à eux. Ils appellent les fonctionnaires pour les inciter à reprendre le travail, trouvent des locaux pour installer un centre d'aide sociale pour les plus démunis, organisent des distributions d'eau ou de nourriture aux rebelles en faction, envoient un camion au port afin de récupérer de l'aide humanitaire acheminée par un cargo maltais. Les réunions de ce conseil municipal improvisé sont publiques, et chacun a le droit d'y participer : "On ne peut pas dire aux gens “attends !” ou “tais-toi !”", justifie M. Alem. Ils ont tellement entendu cela sous le régime Kadhafi qu'ils ne le supporteraient pas."Pour plus d'efficacité, le conseil tient des réunions restreintes dans les locaux de la "police électrique", chargée sous le colonel Kadhafi de traquer les fraudeurs. Quant au comité militaire de Souk Al-Jomaa, installé dans un collège, il est déjà en train de déménager à cause de la rentrée scolaire, prévue le 17 septembre.
Christophe Ayad
Dernière édition par Prado le Lun 3 Oct - 12:39, édité 1 fois
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Libye
Eugene Duhring a écrit:
21 septembre 2011
Un article qui va au fond des choses notamment les forces en présence (ce que Copas appelle une caractérisation marxiste des classes en lutte) dont la conclusion me semble de bon sens à mille lieux de l'hallucinante vision d'une Lybie où les masses se seraient soulevés contre toute évidence :
1-la transformation extrêmement rapide d'une situation de manifestation à une guerilla de fait
2-de l'extrême difficulté pour les forces du CNT de liquider la résistance kadhafiste avec l'appui de l'OTAN
3-de l'absence de toute organisation de masse - soit aidée par le CNT soit auto-formée - pour en finir avec la soldatesque kadhafiste
4-de l'absence de toute image des masses en liesse au profit de manifestations en plan serré - voir à ce sujet la maigreur des manifestations lors de la visite de Sarkozy
Rien, absolument rien ne vient à l'appui des thèses des Copas sur un mouvement des masses lybiennes !
Mais comme LO le mentionne, attendons ...
Tu devrais plutôt prendre en compte les arguments portés sur la caractérisation de classe du régime Kadhafi et t'essayer à dire quelque chose plutôt que de chercher à attaquer les personnes qui insistent sur le caractère sur la réalité d'une société (qui se divise en classes, même en Libye, et de de moins en moins suivant des allégeances claniques qui permettaient au clan grand bourgeoise de diriger la Libye).
La tentative pour éviter que des camemberts caricaturent en permanence ce qui se passe dans d'autres pays parce que leur imaginaire colonial le dicte est puérile.
Là où on essaye de comprendre une société de classes, les Duhring and co sont dans la poubelle.
Tout passe par la négation d'un mouvement et d'un soulèvement populaire. Le raisonnement est à rebours, puisque l'impérialisme est intervenu aux côtés d'un soulèvement populaire c'est que celui-ci n'existe pas, qu'il n'y a pas de classes en Libye mais des clans et des tribus, etc...
Le niveau zéro du raisonnement.
Si on applaudit pas aux délires démontés un à un jusqu'à maintenant c'est que forcement on est du côté des impérialistes.
Après quand on se garde de traiter des modes de domination des classes, de leur genèse et leur structure, quand on se garde de traiter des classes populaires dominées, d'en comprendre leur genèse et leur structure on s’empêche à jamais de comprendre ce qui se passe.
Là je vois que Duhring fait un pas de côté pour se ranger derrière un avis de la revue "lutte de classes" ça le regarde, l'essentiel étant apparemment de pouvoir rester sous la couette quand des peuples se soulèvent contre leurs oppresseurs (car on ne sait jamais hein ?).
Aucune réponse n'est satisfaisante quand l'impérialisme intervient pour appuyer un soulèvement populaire. Mais ça ne signifie pas qu'il faille nier ce soulèvement et les aspirations qui le motivent. Et surtout qu'on doive rester l'arme au pied quand les peuples appellent au secours. Sinon, sans solidarité , c'est bien l'impérialisme qui se glisse dans le jeu, et de fait.
Pas de réponse facile mais soutient au soulèvement populaire contre la tyrannie, pour la liberté d'expression et pour controler ses propres affaires.
Ca ne signifie nullement que le peuple libyen court vers le socialisme, mais qu'une bataille progressiste est engagée, qu'elle peut perdre ou être détournée par un groupe petit bourgeois s'essayent à devenir bourgeois qui fasse du kadhafisme sans Kadhafi.
Les ressentis populaires ont toutes les complexités des libérations de 1944-45 en Europe, zone américaine, avec quasiment rien comme troupes impérialistes au sol.
Nous ne sommes pas du tout dans les scénarios afghans ou irakiens d'occupation.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Libye
Globalement, même s'il ne traite pas de tous les aspects, l'article de LO est un des plus corrects qu'on a pu lire récemment dans la presse d'extrême-gauche. Il rejoint la position du SWP américain qui expliquait qu'on ne peut pas se réjouir du renversement de Kadhafi dans ces conditions, contrairement à la position équivoque du NPA.
__
A Copas,
Tu parles sans arrêt d'analyse de classes, après avoir nié le rôle des clans, tribus et régions. Très sincèrement, désolé, ton point de vue est totalement incompréhensible : j'ai eu beau chercher, je ne vois aucune analyse de classe dans ton discours confus.
La seule chose que j'en retiens, c'est que tu persistes à voir un mouvement révolutionnaire dans cette guerre civile clanique sponsorisée par l'impérialisme...
__
A Copas,
Tu parles sans arrêt d'analyse de classes, après avoir nié le rôle des clans, tribus et régions. Très sincèrement, désolé, ton point de vue est totalement incompréhensible : j'ai eu beau chercher, je ne vois aucune analyse de classe dans ton discours confus.
La seule chose que j'en retiens, c'est que tu persistes à voir un mouvement révolutionnaire dans cette guerre civile clanique sponsorisée par l'impérialisme...
Dernière édition par verié2 le Lun 3 Oct - 17:30, édité 1 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Libye
verié2 a écrit:Globalement, même s'il ne traite pas de tous les aspects, l'article de LO est un des plus corrects qu'on a pu lire récemment dans la presse d'extrême-gauche. Il rejoint la position du SWP américain
En fait de l'ISO (International Socialist Organization) dont le journal s'intitule Socialist Worker.
Le journal du SWP américain (groupe ex-IVème internationale, pro-castriste) est The militant
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Libye
La rose pour Copas, les épines pour les autres. A l'un une compréhension marxiste de la société lybienne, aux autres la négation, l'incompréhension, le degré zéro de la dialectique. Petit problème : à aucun moment ou presque sur les dizaines de pages d'intervention du "maître à penser la société lybienne", il n'y a eu aucune preuve tangible à l'appui de son "analyse théorique des classes lybiennes" justifiant le soi-disant mouvement des masses. Non seulement aucune preuve mais toutes celles avancées jusque là par tes contradicteurs ont été retoquées d'une chiquenaude sans davantage de preuve de réfutation là encore. Tout juste du haut de son anathème, Copas daigne t'il concéder un : A la marge !Copas a écrit:Eugene Duhring a écrit:
21 septembre 2011
Un article qui va au fond des choses notamment les forces en présence (ce que Copas appelle une caractérisation marxiste des classes en lutte) dont la conclusion me semble de bon sens à mille lieux de l'hallucinante vision d'une Lybie où les masses se seraient soulevés contre toute évidence :
1-la transformation extrêmement rapide d'une situation de manifestation à une guerilla de fait
2-de l'extrême difficulté pour les forces du CNT de liquider la résistance kadhafiste avec l'appui de l'OTAN
3-de l'absence de toute organisation de masse - soit aidée par le CNT soit auto-formée - pour en finir avec la soldatesque kadhafiste
4-de l'absence de toute image des masses en liesse au profit de manifestations en plan serré - voir à ce sujet la maigreur des manifestations lors de la visite de Sarkozy
Rien, absolument rien ne vient à l'appui des thèses des Copas sur un mouvement des masses lybiennes !
Mais comme LO le mentionne, attendons ...
Tu devrais plutôt prendre en compte les arguments portés sur la caractérisation de classe du régime Kadhafi et t'essayer à dire quelque chose plutôt que de chercher à attaquer les personnes qui insistent sur le caractère sur la réalité d'une société (qui se divise en classes, même en Libye, et de de moins en moins suivant des allégeances claniques qui permettaient au clan grand bourgeoise de diriger la Libye).
La tentative pour éviter que des camemberts caricaturent en permanence ce qui se passe dans d'autres pays parce que leur imaginaire colonial le dicte est puérile.
Là où on essaye de comprendre une société de classes, les Duhring and co sont dans la poubelle.
Tout passe par la négation d'un mouvement et d'un soulèvement populaire. Le raisonnement est à rebours, puisque l'impérialisme est intervenu aux côtés d'un soulèvement populaire c'est que celui-ci n'existe pas, qu'il n'y a pas de classes en Libye mais des clans et des tribus, etc...
Le niveau zéro du raisonnement.
Si on applaudit pas aux délires démontés un à un jusqu'à maintenant c'est que forcement on est du côté des impérialistes.
Après quand on se garde de traiter des modes de domination des classes, de leur genèse et leur structure, quand on se garde de traiter des classes populaires dominées, d'en comprendre leur genèse et leur structure on s’empêche à jamais de comprendre ce qui se passe.
Là je vois que Duhring fait un pas de côté pour se ranger derrière un avis de la revue "lutte de classes" ça le regarde, l'essentiel étant apparemment de pouvoir rester sous la couette quand des peuples se soulèvent contre leurs oppresseurs (car on ne sait jamais hein ?).
Aucune réponse n'est satisfaisante quand l'impérialisme intervient pour appuyer un soulèvement populaire. Mais ça ne signifie pas qu'il faille nier ce soulèvement et les aspirations qui le motivent. Et surtout qu'on doive rester l'arme au pied quand les peuples appellent au secours. Sinon, sans solidarité , c'est bien l'impérialisme qui se glisse dans le jeu, et de fait.
Pas de réponse facile mais soutient au soulèvement populaire contre la tyrannie, pour la liberté d'expression et pour controler ses propres affaires.
Ca ne signifie nullement que le peuple libyen court vers le socialisme, mais qu'une bataille progressiste est engagée, qu'elle peut perdre ou être détournée par un groupe petit bourgeois s'essayent à devenir bourgeois qui fasse du kadhafisme sans Kadhafi.
Les ressentis populaires ont toutes les complexités des libérations de 1944-45 en Europe, zone américaine, avec quasiment rien comme troupes impérialistes au sol.
Nous ne sommes pas du tout dans les scénarios afghans ou irakiens d'occupation.
Je passe sur la couette et cie surtout venant d'un travailleur en France, loin très très loin du théâtre d'opérations comme on dit, qui estime juste "dommage" que l'extrême-gauche n'ait pas été l'organisatrice de la classe ouvrière pour s'opposer à l'intervention impérialiste ... sans plus s'étendre. Je préfère ma couette à ta petite affliction sur l'absence de réaction du NPA dont tu te réclames par exemple sur l'intervetion impérialiste . Mais il est vrai que si à priori on est face à un soulèvement populaire alors à posteriori on accepte à la Achcar l'intervention comme un moindre mal.
Lamentable intervention de ta part et qui fait la part belle aux procédés que tu dénonces en donnant une désagréable sensation : celui qui connait et qui sait tout, celui qui ne peut être contredit. De plus, sur ce forum, chacun exprime son opinion et non l'opinion d'un quelconque parti, donc si j'estime tes positions nulles, c'est toi personnellement que j'attaque !
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Libye
La rose pour Copas, les épines pour les autres. A l'un une compréhension marxiste de la société lybienne, aux autres la négation, l'incompréhension, le degré zéro de la dialectique. Petit problème : à aucun moment ou presque sur les dizaines de pages d'intervention du "maître à penser la société lybienne", il n'y a eu aucune preuve tangible à l'appui de son "analyse théorique des classes lybiennes" justifiant le soi-disant mouvement des masses. Non seulement aucune preuve mais toutes celles avancées jusque là par tes contradicteurs ont été retoquées d'une chiquenaude sans davantage de preuve de réfutation là encore. Tout juste du haut de son anathème, Copas daigne t'il concéder un : A la marge !
les autres hum, nous sommes nombreux à penser qu'on ne fait pas d'anti-impérialisme sans les peuples , donc la tentative d'attaque personnelle (un vieux truc bien connu : comment tu ne peux avoir raison contre tout le monde !) essaye de ne pas répondre .
Je ne suis pas maitre à penser de la société libyenne, mais c'est bien toute une série d'intervenants qui re-barbouillent la situation en fonction de leurs fantasmes .
Y a t il des classes en Libye ? oui non ? comment ça marche ?
Paysannerie ?
Nomades ?
Monde rural ?
Il n'y a plus grand chose.
Alors, à quoi avons-nous affaire et quelles sont les possibles dans une société où la bourgeoisie est très concentrée et en osmose avec le pouvoir fasciste , que le prolétariat urbain est très majoritaire avec beaucoup d'immigrés avec des positions et droits différends suivant les nationalités, la petite bourgeoisie faible .
Mais de quoi est composée la société libyenne dans son immense majorité ?
Qu'est ce qui se passe dans des sociétés développées avec de grands prolétariats urbains très communiquant et bien formés, et que la bourgeoisie est très concentrée autour de quelques familles en osmose avec un appareil milicien sur-armé très violent dans ses méthodes de commandement ? Des soulèvements, des insurrections, dés que le peuple en a l'opportunité.
Chacune a sa trajectoire, ses particularités ... mais elles ont des points communs.
Je passe sur la couette et cie surtout venant d'un travailleur en France, loin très très loin du théâtre d'opérations
J'ai bien un permis de travail, mais non je ne travaille pas en France ...
Ah mais la difference c'est qu'au concret je travaille avec des camarades de dizaines de nationalités, et qu'ensuite sur l'anti-impérialisme et le contact avec des jeunes Libyens pas de problème.
Je vois que tu cherches sur la personne ce qui pourrait invalider un raisonnement.
Je pense quand à moi qu'il a fallu se battre dur pour qu'une partie de l'extrème gauche accepte que des masses étaient en mouvement dans le monde dit "arabo-musulman" , que ce n'étaient pas des soulèvements exotiques dans un tiers monde imaginaire, mais qu'enfin il y avait des grands prolétariats en mouvements là (alors qu'avant c'étaient surtout des petites-bourgeoisies nationalistes), que pour la première fois la mise en mouvement de ceux-ci marquaient la similarité dans la puissance brute et numérique de ces prolétariats sur toutes les rives de la Méditerranée, sud, nord, Est et Ouest.
C'est cela qui est en mouvement. Ca peut échouer comme toute chose, être récupéré par la bourgeoisie , mais l'instabilité due à la taille du prolétarait et la concentration de la bourgeoisie (à quelques familles corrompues) crée des situations explosives.
Vérié en me répondant avait dit qu'un régime ne tient pas 40 ans sans base sociale. Il a raison. Mais le régime de Kadkhafi n'était plus depuis une quinzaine d'années ce qu'il avait été auparavant et sa base sociale se rapprochait de plus en plus au tour de taille de ses milices surarmées avec un appareil d'état proche dédié , + les familles et les porte-cotons.
Une bourgeoisie pour dominer dans ce type de société n'a plus qu'à se précipiter dans un bain de sang. Une phase de transition vers un régime démocrate bourgeois est très compliquée.
Et je le répéterai un certain nombre de fois y compris pour dire que le passage de la Chine au capitalisme sans fard va créer un gros problème de transition avec des soulèvements et peut-être des insurrections, car les soulèvements existent et sont de plus en plus nombreux (à la difference des pays de l'Est où la bureaucratie corrompue dirigeait, là c'est la bourgeoisie).
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Libye
a Eugene Durhing :
Je suis d'accord avec toi, la répression en syrie à fait plus de mort que celle de lybie avant le début des affrontements armés mais toujours rien, aucune intervention (je ne parle pas forcément d'intervention militaire ) ,seulement des palabres, des menaces, des " bachar ce n'est pas bien ce que tu fais, cesse tout de suite'. Je suis dégouté d'entendre les médias bourgeois dire à la une que les régimes occidentaux ont pris conscience et ont retenus la leçon d'avoir soutenu des dictatures,cela me fait marrer, le cas de la syrie que tu nous cites n 'est que le suivant à une situation similaire: celui du bahreïn, la, la france n'a pas envoyé ses rafales et ses mirages et les usa leurs f-16 pour protéger les manifestants quand le régime à fait appel à l'armée saoudienne pour écraser ces manifestations, non bien sur que non, leurs revendications n 'étaient pas aussi légitime que celle des lybiens ! En vérité les sois disantes démocraties soutiennent ces régimes tant que c'est possible,jusqu’à' la fin, on continue à faire de l'argent tant que ça ne pète pas en espérant justement que ça n'explose pas, le voila le capitalisme !
Pour en revenir à la lybie, il était urgent pour ce peuple de connaitre la démocratie mais il 'est aussi peu nécessaire de la construire n’importe comment que de ne pas la faire, comme disait le ché :" Abattre une dictature est facile, construire une société nouvelle est difficile » . Je ne pense pas que les lybiens veulent faire une révolution pour que leur nation nouvel devient un état vassal des usa et de la france elle même vassale de ces derniers. Un des buts de cette intervention est de s'accaparer le pétrole, tout en essayant de l déguiser derrière une intervention humaine, je ne prétendrais pas non plus que les avions de la coalition bombardent sur tout ce qui bouge comme l'affirme kadafi, je laisse ça pour ses partisans mais les faits sont la : à peine kadafi viré, totale signe un contrat qui lui réserve le droit d'exploitation d'une partie du pétrole lybien ou quelque chose comme ça donc ... Sarko doit en saliver, maintenant que son pays et l'occident globalement est sous contrôle us et qu'il à compris que la france ne peut plus jouir autant qu'avant de sa puissance comme De Gaulle qui était comme il était mais qui au moins a essayé 'éviter à la france un contrat de suzeraineté ricaine sur la france, son intervention avait donc le but de retrouver cette puissance en se rabattant sur une région peut etre plus faible : l'afrique, un des buts de cette intervention est donc de recréer la france-afrique dominé par la france. Je ne veux pas mettre tous les problèmes de l'afrique sur la france, en revanche elle n' a eus de cesse d vouloir empêcher tout mouvement révolutionnaire sur ce continent, rappelez vous que c'est sous cet opportuniste de mitterrand que la france à encouragé kadafi à financé le cout d'état contre thomas sankara avec le résultat que l'on sais: un dictateur corrompus soutenu par la france.Tout ça pour vous dire que bien que je sois favorable au départ de kadafi, il est légitime et normal se se demander ou va aller la révolution lybienne.
Ps : désoler d'avoir dévié un peu le sujet
Je suis d'accord avec toi, la répression en syrie à fait plus de mort que celle de lybie avant le début des affrontements armés mais toujours rien, aucune intervention (je ne parle pas forcément d'intervention militaire ) ,seulement des palabres, des menaces, des " bachar ce n'est pas bien ce que tu fais, cesse tout de suite'. Je suis dégouté d'entendre les médias bourgeois dire à la une que les régimes occidentaux ont pris conscience et ont retenus la leçon d'avoir soutenu des dictatures,cela me fait marrer, le cas de la syrie que tu nous cites n 'est que le suivant à une situation similaire: celui du bahreïn, la, la france n'a pas envoyé ses rafales et ses mirages et les usa leurs f-16 pour protéger les manifestants quand le régime à fait appel à l'armée saoudienne pour écraser ces manifestations, non bien sur que non, leurs revendications n 'étaient pas aussi légitime que celle des lybiens ! En vérité les sois disantes démocraties soutiennent ces régimes tant que c'est possible,jusqu’à' la fin, on continue à faire de l'argent tant que ça ne pète pas en espérant justement que ça n'explose pas, le voila le capitalisme !
Pour en revenir à la lybie, il était urgent pour ce peuple de connaitre la démocratie mais il 'est aussi peu nécessaire de la construire n’importe comment que de ne pas la faire, comme disait le ché :" Abattre une dictature est facile, construire une société nouvelle est difficile » . Je ne pense pas que les lybiens veulent faire une révolution pour que leur nation nouvel devient un état vassal des usa et de la france elle même vassale de ces derniers. Un des buts de cette intervention est de s'accaparer le pétrole, tout en essayant de l déguiser derrière une intervention humaine, je ne prétendrais pas non plus que les avions de la coalition bombardent sur tout ce qui bouge comme l'affirme kadafi, je laisse ça pour ses partisans mais les faits sont la : à peine kadafi viré, totale signe un contrat qui lui réserve le droit d'exploitation d'une partie du pétrole lybien ou quelque chose comme ça donc ... Sarko doit en saliver, maintenant que son pays et l'occident globalement est sous contrôle us et qu'il à compris que la france ne peut plus jouir autant qu'avant de sa puissance comme De Gaulle qui était comme il était mais qui au moins a essayé 'éviter à la france un contrat de suzeraineté ricaine sur la france, son intervention avait donc le but de retrouver cette puissance en se rabattant sur une région peut etre plus faible : l'afrique, un des buts de cette intervention est donc de recréer la france-afrique dominé par la france. Je ne veux pas mettre tous les problèmes de l'afrique sur la france, en revanche elle n' a eus de cesse d vouloir empêcher tout mouvement révolutionnaire sur ce continent, rappelez vous que c'est sous cet opportuniste de mitterrand que la france à encouragé kadafi à financé le cout d'état contre thomas sankara avec le résultat que l'on sais: un dictateur corrompus soutenu par la france.Tout ça pour vous dire que bien que je sois favorable au départ de kadafi, il est légitime et normal se se demander ou va aller la révolution lybienne.
Ps : désoler d'avoir dévié un peu le sujet
ernesto- Messages : 22
Date d'inscription : 25/09/2011
@ Ernesto
"il était urgent pour ce peuple de connaitre la démocratie".
KADHAFI est aussi un théoricien, celui du LIVRE VERT et de la « troisième théorie universelle ».
Ce n’est pas faire preuve de démagogie que d’affirmer que la « Troisième théorie Universelle » appliquée en Libye est un exemple pratique de DEMOCRATIE DIRECTE, qui mérite toute notre attention afin de définir une alternative au sein de nos sociétés occidentales.
La « Troisième Théorie Universelle » ne repose pas sur la dialectique parlementariste (langue de bois), mais sur une réalité pratique qui donne à l’homme une autre dimension que la béatitude cathodique et consumériste. La participation de toutes et de tous en véritables citoyens est la structure clé de ce socialisme révolutionnaire à visage humain !
Minutieusement analysée, la « Troisième Théorie Universelle » de Moammar Kadhafi renforce des possibilités considérables. Là où le Marxisme-léninisme (dont l’utopie active n’a pu être menée à bien) a échoué, le Socialisme révolutionnaire libyen conduit vers ce principe idéalisé…
Là où le capitalisme mondial emprisonne « l’idée » dans les normes autorisées par « l’American Way of Life », la démocratie directe fait preuve de liberté, de justesse et d’efficacité et cela à tous les niveaux. La Jamahiriya arabe Libyenne synthétise qualitativement les grandes réflexions doctrinales de PROUDHON, MARX, LENINE, NIEKISCH dans un socialisme tourné vers le progrès.
La « Troisième Théorie Universelle », politiquement réaliste, a le mérite d’avoir analysé les concepts de la Révolution française de 1789, de la Révolution bolchévique de 1917 et des différents mouvements sociaux et socialistes des XIXème et XXème siècle.
De fait, le principe démocratique est purgé des tares, propres à l’incertitude des différents théoriciens de la révolution… Le « Livre vert » est un outil de propagande pour un véritable socialisme et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est ce que la société de « l’Homo Oeconomicus » ne peut supporter et c’est pourquoi les USA et leurs larbins occidentaux appliquent envers la « Jamahiriya Arabe Libyenne » une politique d’agression constante.
En présentant la pensée de Moammar KADHAFI, exprimée dans le "LIVRE VERT", il nous faut souligner l’origine géographique, historique et culturelle de cette pensée et les réactions qu’elle suscite. L’auteur de cette pensée est un homme issu du Tiers-Monde : monde du refus et de la révolte, engendrée par la domination qu’exercent les plus forts et les plus avancés technologiquement. Ces derniers s’ingénient à inventer des modes de domination afin de maintenir l’aliénation culturelle et de préserver le pillage économique.
De cette appartenance géographique et culturelle, surgit la source de l’hostilité à toute pensée, provenant du monde des opprimés, zone d’ombre, monde en quête de la Vérité, voulant affirmer son existence, libérée de toutes formes et systèmes de domination. Ainsi, apparaît ce phénomène d’agression contre la pensée et les positions de l’homme. Moammar KADHAFI, La Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste, et le peuple Arabe Libyen sont devenus la cible des campagnes de presse orchestrées par les forces impérialistes. Ainsi, se délimite aujourd’hui le cadre naturel de la lutte que mènent les peuples opprimés. Deux forces s’affirment dans cet affrontement : d’un côté, celle représentant la dynamique de l’histoire et œuvrant pour une existence libre ; de l’autre, celle hostile à cette dynamique, qui combat à reculons, consciente à terme de perdre les justifications de son influence dans son milieu environnant sinon son existence même.
« L’ampleur des participations aux colloques internationaux consacrés à la pensée de Kadhafi depuis deux décennies (les plus importants se sont tenus à Madrid et à Caracas au début des années 80) met en valeur l’authenticité de cette pensée, de ses origines humaines, géographiques et culturelles. Elle concrétise l’essence de l’homme dans son existence réelle, physique et morale, quel qu’il soit, dépourvu de toutes formes d’avilissement, d’arrogance et d’isolationnisme. Ce sont là, les maux qui affectent l'homme, au sein d’une réalité fondée sur un déséquilibre explosif... Car ce que les forces hostiles aux progrès et à la liberté de l’homme considèrent comme un équilibre, n’est en réalité que la perpétuité de situations injustes, où s’affirment les règles de l’oppression, du pillage et de la domination, établies par les plus avancés technologiquement, à une période où les opprimés se trouvaient justement dans un état d’assujettissement » écrit Said Hafiana.(ex-ambassadeur de Libye à Paris d'origine berbère)
Bien évidemment, à prendre avec modération.
KADHAFI est aussi un théoricien, celui du LIVRE VERT et de la « troisième théorie universelle ».
Ce n’est pas faire preuve de démagogie que d’affirmer que la « Troisième théorie Universelle » appliquée en Libye est un exemple pratique de DEMOCRATIE DIRECTE, qui mérite toute notre attention afin de définir une alternative au sein de nos sociétés occidentales.
La « Troisième Théorie Universelle » ne repose pas sur la dialectique parlementariste (langue de bois), mais sur une réalité pratique qui donne à l’homme une autre dimension que la béatitude cathodique et consumériste. La participation de toutes et de tous en véritables citoyens est la structure clé de ce socialisme révolutionnaire à visage humain !
Minutieusement analysée, la « Troisième Théorie Universelle » de Moammar Kadhafi renforce des possibilités considérables. Là où le Marxisme-léninisme (dont l’utopie active n’a pu être menée à bien) a échoué, le Socialisme révolutionnaire libyen conduit vers ce principe idéalisé…
Là où le capitalisme mondial emprisonne « l’idée » dans les normes autorisées par « l’American Way of Life », la démocratie directe fait preuve de liberté, de justesse et d’efficacité et cela à tous les niveaux. La Jamahiriya arabe Libyenne synthétise qualitativement les grandes réflexions doctrinales de PROUDHON, MARX, LENINE, NIEKISCH dans un socialisme tourné vers le progrès.
La « Troisième Théorie Universelle », politiquement réaliste, a le mérite d’avoir analysé les concepts de la Révolution française de 1789, de la Révolution bolchévique de 1917 et des différents mouvements sociaux et socialistes des XIXème et XXème siècle.
De fait, le principe démocratique est purgé des tares, propres à l’incertitude des différents théoriciens de la révolution… Le « Livre vert » est un outil de propagande pour un véritable socialisme et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est ce que la société de « l’Homo Oeconomicus » ne peut supporter et c’est pourquoi les USA et leurs larbins occidentaux appliquent envers la « Jamahiriya Arabe Libyenne » une politique d’agression constante.
En présentant la pensée de Moammar KADHAFI, exprimée dans le "LIVRE VERT", il nous faut souligner l’origine géographique, historique et culturelle de cette pensée et les réactions qu’elle suscite. L’auteur de cette pensée est un homme issu du Tiers-Monde : monde du refus et de la révolte, engendrée par la domination qu’exercent les plus forts et les plus avancés technologiquement. Ces derniers s’ingénient à inventer des modes de domination afin de maintenir l’aliénation culturelle et de préserver le pillage économique.
De cette appartenance géographique et culturelle, surgit la source de l’hostilité à toute pensée, provenant du monde des opprimés, zone d’ombre, monde en quête de la Vérité, voulant affirmer son existence, libérée de toutes formes et systèmes de domination. Ainsi, apparaît ce phénomène d’agression contre la pensée et les positions de l’homme. Moammar KADHAFI, La Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste, et le peuple Arabe Libyen sont devenus la cible des campagnes de presse orchestrées par les forces impérialistes. Ainsi, se délimite aujourd’hui le cadre naturel de la lutte que mènent les peuples opprimés. Deux forces s’affirment dans cet affrontement : d’un côté, celle représentant la dynamique de l’histoire et œuvrant pour une existence libre ; de l’autre, celle hostile à cette dynamique, qui combat à reculons, consciente à terme de perdre les justifications de son influence dans son milieu environnant sinon son existence même.
« L’ampleur des participations aux colloques internationaux consacrés à la pensée de Kadhafi depuis deux décennies (les plus importants se sont tenus à Madrid et à Caracas au début des années 80) met en valeur l’authenticité de cette pensée, de ses origines humaines, géographiques et culturelles. Elle concrétise l’essence de l’homme dans son existence réelle, physique et morale, quel qu’il soit, dépourvu de toutes formes d’avilissement, d’arrogance et d’isolationnisme. Ce sont là, les maux qui affectent l'homme, au sein d’une réalité fondée sur un déséquilibre explosif... Car ce que les forces hostiles aux progrès et à la liberté de l’homme considèrent comme un équilibre, n’est en réalité que la perpétuité de situations injustes, où s’affirment les règles de l’oppression, du pillage et de la domination, établies par les plus avancés technologiquement, à une période où les opprimés se trouvaient justement dans un état d’assujettissement » écrit Said Hafiana.(ex-ambassadeur de Libye à Paris d'origine berbère)
Bien évidemment, à prendre avec modération.
irneh09218- Messages : 502
Date d'inscription : 18/07/2010
Age : 73
Localisation : L'Ametlla de mar
Re: Libye
L'existence de tribus, de clans etc n'est ni un fantasme ni une invention journalistique. Certes, en occident, le terme "tribu" a une connotation péjorative, voire raciste. Mais c'est une forme d'organisation traditionnelle, à base clanique et familiale, qui joue un grand rôle dans nombre de pays du Moyen Orient. Les divisions régionales ne sont pas non plus une invention. La "nation libyenne" est très récente, artificielle et fragile, comme nombre de nations issues des découpages coloniaux et post coloniaux.
Copas
Je ne suis pas maitre à penser de la société libyenne, mais c'est bien toute une série d'intervenants qui re-barbouillent la situation en fonction de leurs fantasmes .
Y a t il des classes en Libye ? oui non ? comment ça marche ?
En ce qui concerne les classes sociales, elles existent bien évidemment en Libye, mais, à part, répéter qu'il y a un "large prolétariat urbain", tu ne nous donnes pas beaucoup d'indications sur la question. As-tu seulement étudié le sujet ?
Selon Wikipedia :
Le pétrole est la ressource quasi unique du pays qui reste fortement dépendant de l'étranger pour tout le reste. (93 % des ressources du pays). Le pétrole contribue directement à la formation du PNB à hauteur de 35 %, le secteur des services représente 45 % du PIB, la construction 7 %, l'industrie 7 % et l'agriculture 8 % (chiffres de 2005)
C'est un cas de figure très particulier, qui rapproche davantage la Libye de l'Arabie Saoudite que de la Tunisie ou de l'Egype. Une des caractéristiques de l'industrie pétrolière, c'est qu'elle emploie un personnel réduit. Sans aller jusqu'à dire qu'il n'y a pas de prolétariat en Libye en dehors des immigrés (comme l'a affirmé un militant du Moyen Orient à l'université d'été), il est évident que ceux-ci - 2 millions dans un pays de 6 millions d'habitants ! - en représente la majeure partie.
Une bonne partie de la population a - ou plutôt avait - un niveau de vie très élevé par rapport aux standards de la région, en raison de la manne pétrolière.
Nous voyons donc bien que ce n'est pas le prolétariat qui s'est massivement soulevé, d'autant que les révoltes ne se sont accompagnées d'aucune grève, aucune manifestation sur des revendications prolétariennes, contrairement à ce qui s'est passé en Egypte et en Tunisie. Ce "mouvement" s'est même lancé contre la partie la plus exploitée du prolétariat. Cas de figure qu'on voit lors de mouvements fascistes (puisque tu aimes bien employer le terme fasciste à tout bout de champ), mais jamais dans les révolutions prolétariennes qui toutes, de la commune à la révolution russe, ont ouvert leurs bras aux prolétaires étrangers.
Resterait à connaître la composition sociale des forces armées - disparates - du CNT. Dans quelle mesure elles sont composées de mercenaires, de la partie la plus pauvre de la population "libyenne d'origine" de certaines régions qui sert ainsi de chair à canon à la bourgeoisie et aux chefs de clans locaux qui escomptent une redistribution de la manne pétrolière. Les medias interviewent toujours des individus valorisant, genre ingénieur de retour d'exil ou commerçant, mais ne nous disent rien ou très peu de chose sur cette masse de pauvres types qui ne veulent plus quitter Tripoli et tirent régulièrement en l'air, blessant des passants. Comment sont-ils logés ? Nourris ? Payés ? Se payent-ils sur l'habitant ? Lequel est pressé de les voir partir...
Bien entendu, Copas, tu n'en sais pas plus que nous. Tu donnes même l'impression d'en savoir moins. Et, si quelqu'un nourrit des fantasmes, c'est bien toi, avec tes illusions sur une grande révolution populaire dont une poignée de politiciens voleraient la "victoire"...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Libye
[quote="verié2"]
Comme je l'ai expliqué dans une réponse à Eugène Duhring (lundi 26 sept), il faut faire une distinction entre mouvement "populaire" et mouvement "prolétarien". En Libye, la composante "prolétarienne" du mouvement "populaire" est assurément beaucoup plus faible qu'en Tunisie et en Egypte, pas seulement en raison de la composition de la société libyenne mais parce qu'il n'existait pas d'organisation ouvrière (ni d'organisation légale du tout en raison de la répression). Ceci dit, il faudrait prendre en compte le fait qu'une grande partie de la population était au chômage. Combien ? C'est difficile à dire (je me méfie de toutes les statistiques concernant le Libye) ; j'ai vu plusieurs chiffres, l'un des plus bas étant 25% (ce qui ne veut pas dire nécessairement que ces personnes étaient sans ressources).
Jusqu'à preuve du contraire, écrire Ce "mouvement" s'est même lancé contre la partie la plus exploitée du prolétariat. est exagéré. Certains, faisant partie de ce "mouvement", l'ont fait. Mais peut-on pour autant attribuer ce comportement à l'ensemble du mouvement ? Par ailleurs, tu sembles oublier qu'une des motivations, sinon la motivation prédominante, de ces agisements était le fait que Kadhafi a employé comme mercenaires des hommes à la peau noire.
En ce qui concerne la composition des forces armées du CNT :
- tu oublies les militaires professionnels ;
- les mercenaires : d'où vient cette idée à part de l'article douteux d'un journal pakistanais trouvé par G. Lefranc, faisant état d'un recrutement par le CIA en Afghanistan (et un autre article du même journal parlant d'enfants et d'adolescents interceptés laissait penser qu'ils allaient plutôt servir de main d'oeuvre dans un émirat quelconque) ? Rumeur ou information ?
- il semble qu'il y ait pas mal d'étudiants parmi les combattants.
Tu sembles écarter complètement l'hypothèse que parmi ceux qui vont ainsi se battre, beaucoup le font par idéalisme, pour que leur pays soit débarrassé d'une dictature. Ce qui n'en fait pas pour autant des saints.
Tu parles d'une " masse de pauvres types qui ne veulent plus quitter Tripoli". Ils restent peut-être à Tripoli simplement parce qu'ils en ont reçu l'ordre. Déjà avant le 20 août on faisait état d'un plan prévoyant qu'une force armée resterait à Tripoli pour y assurer l'ordre à la place de la police (qui s'est volatilisée dans sa plus grande partie). Comme tu l'écris, on sait très peu de choses sur les combattants qui sont aujourd'hui à Tripoli. Alors, n'extrapolons pas trop à partir de nos préjugés.
Nous voyons donc bien que ce n'est pas le prolétariat qui s'est massivement soulevé, d'autant que les révoltes ne se sont accompagnées d'aucune grève, aucune manifestation sur des revendications prolétariennes, contrairement à ce qui s'est passé en Egypte et en Tunisie. Ce "mouvement" s'est même lancé contre la partie la plus exploitée du prolétariat. Cas de figure qu'on voit lors de mouvements fascistes (puisque tu aimes bien employer le terme fasciste à tout bout de champ), mais jamais dans les révolutions prolétariennes qui toutes, de la commune à la révolution russe, ont ouvert leurs bras aux prolétaires étrangers.
Resterait à connaître la composition sociale des forces armées - disparates - du CNT. Dans quelle mesure elles sont composées de mercenaires, de la partie la plus pauvre de la population "libyenne d'origine" de certaines régions qui sert ainsi de chair à canon à la bourgeoisie et aux chefs de clans locaux qui escomptent une redistribution de la manne pétrolière. Les medias interviewent toujours des individus valorisant, genre ingénieur de retour d'exil ou commerçant, mais ne nous disent rien ou très peu de chose sur cette masse de pauvres types qui ne veulent plus quitter Tripoli et tirent régulièrement en l'air, blessant des passants. Comment sont-ils logés ? Nourris ? Payés ? Se payent-ils sur l'habitant ? Lequel est pressé de les voir partir...
Comme je l'ai expliqué dans une réponse à Eugène Duhring (lundi 26 sept), il faut faire une distinction entre mouvement "populaire" et mouvement "prolétarien". En Libye, la composante "prolétarienne" du mouvement "populaire" est assurément beaucoup plus faible qu'en Tunisie et en Egypte, pas seulement en raison de la composition de la société libyenne mais parce qu'il n'existait pas d'organisation ouvrière (ni d'organisation légale du tout en raison de la répression). Ceci dit, il faudrait prendre en compte le fait qu'une grande partie de la population était au chômage. Combien ? C'est difficile à dire (je me méfie de toutes les statistiques concernant le Libye) ; j'ai vu plusieurs chiffres, l'un des plus bas étant 25% (ce qui ne veut pas dire nécessairement que ces personnes étaient sans ressources).
Jusqu'à preuve du contraire, écrire Ce "mouvement" s'est même lancé contre la partie la plus exploitée du prolétariat. est exagéré. Certains, faisant partie de ce "mouvement", l'ont fait. Mais peut-on pour autant attribuer ce comportement à l'ensemble du mouvement ? Par ailleurs, tu sembles oublier qu'une des motivations, sinon la motivation prédominante, de ces agisements était le fait que Kadhafi a employé comme mercenaires des hommes à la peau noire.
En ce qui concerne la composition des forces armées du CNT :
- tu oublies les militaires professionnels ;
- les mercenaires : d'où vient cette idée à part de l'article douteux d'un journal pakistanais trouvé par G. Lefranc, faisant état d'un recrutement par le CIA en Afghanistan (et un autre article du même journal parlant d'enfants et d'adolescents interceptés laissait penser qu'ils allaient plutôt servir de main d'oeuvre dans un émirat quelconque) ? Rumeur ou information ?
- il semble qu'il y ait pas mal d'étudiants parmi les combattants.
Tu sembles écarter complètement l'hypothèse que parmi ceux qui vont ainsi se battre, beaucoup le font par idéalisme, pour que leur pays soit débarrassé d'une dictature. Ce qui n'en fait pas pour autant des saints.
Tu parles d'une " masse de pauvres types qui ne veulent plus quitter Tripoli". Ils restent peut-être à Tripoli simplement parce qu'ils en ont reçu l'ordre. Déjà avant le 20 août on faisait état d'un plan prévoyant qu'une force armée resterait à Tripoli pour y assurer l'ordre à la place de la police (qui s'est volatilisée dans sa plus grande partie). Comme tu l'écris, on sait très peu de choses sur les combattants qui sont aujourd'hui à Tripoli. Alors, n'extrapolons pas trop à partir de nos préjugés.
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Libye
C'est justement ce qu'il faudrait savoir ! Mais, parmi les premiers portraits de combattants publiés, il y avait celui d'un berger qui expliquait qu'il avait trouvé sa voie et espérait devenir militaire professionnel après la victoire...Prado
Tu sembles écarter complètement l'hypothèse que parmi ceux qui vont ainsi se battre, beaucoup le font par idéalisme, pour que leur pays soit débarrassé d'une dictature. Ce qui n'en fait pas pour autant des saints.
Justement, les chômeurs sont particulièrement manipulables et utilisables comme mercenaires.Ceci dit, il faudrait prendre en compte le fait qu'une grande partie de la population était au chômage
Difficile à dire évidemment. Mais ces agressions ont tout de même eu une envergure suffisante pour que quasiment tous les immigrés soient contraints à la fuite ! Et aucune réaction de défense des immigrés et des victimes des brimades, assassinats et tortures de Noirs de la part d'éléments du CNT n'a été signalée !Jusqu'à preuve du contraire, écrire Ce "mouvement" s'est même lancé contre la partie la plus exploitée du prolétariat. est exagéré. Certains, faisant partie de ce "mouvement", l'ont fait. Mais peut-on pour autant attribuer ce comportement à l'ensemble du mouvement ?
Et alors ? Les ratonnades et lynchages racistes démarrent toujours par des rumeurs fondées ou non... De plus, une partie de la population libyenne est noire...une des motivations, sinon la motivation prédominante, de ces agisements était le fait que Kadhafi a employé comme mercenaires des hommes à la peau noire.
Il y a tout de même des mercenaires et militaires venus du Quatar. De plus, l'emploi de mercenaires par les puissances occidentales s'est beaucoup développé, c'est un phénomène de "privatisation" incontestable. Il faut y ajouter, fait établi, que des valises de billets ont été apportées en Libye pour acheter des chefs de tribu.les mercenaires : d'où vient cette idée à part de l'article douteux d'un journal pakistanais trouvé par G. Lefranc, faisant état d'un recrutement par le CIA en Afghanistan
La seule chose qu'on ne sait pas, c'est le nombre de ces mercenaires, tout comme celui des troupes au sol de l'OTAN.
Bref, d'accord pour demeurer prudents, faute d'infos précises sur certains points. Mais nous en savons tout de même suffisamment pour avoir certaines certitudes :
-La prise de Tripoli comme de nombreuses villes a été faite par des troupes venues d'autres régions, il n'y a pas eu de soulèvement populaire. Il n'y a pas eu non plus de manifestations de liesse, style libération de Paris, sinon les médias se seraient empressés de nous les montrer.
-Les troupes du CNT sont mal accueillies dans nombre de villes et ne sont donc pas du tout représentatives de l'ensemble de la population. Sinon, la résistance de Syrte et de Bani Walid et de bien d'autres localités, malgré des souffrances terribles, dont on parle moins serait incompréhensible.
-Le régime de Kadhafi ne s'est pas écroulé comme un château de cartes, il a résisté et résiste encore depuis des mois à la plus formidable coalition militaire du monde, ce qui prouve qu'il a incontestablement une base sociale qui ne se limite pas à ses mercenaires. Ces derniers auraient déserté ou se seraient rendus depuis longtemps...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
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