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Message  Toussaint Dim 9 Jan - 3:32

Je ne vais pas partir dans un examen des positions du courant LO depuis le début de la décolonisation, ce serait faire précisément ce que souhaitent les Vals et cie. Je ne vais pas non plus partir sur LO et la question nationale, mais souligner qu'une fois de plus, lorsqu'on dit la nécessité de défendre les droits religieux, individuels et collectifs, des musulmans-e-s, et notamment leurs droits à la libre expression publique, y compris en tant que tels dans les débats politiques, Vals parle de se mettre à la remorque des courants communautaristes et islamistes. De soutien aux religieux réactionnaires et à l'oppression des femmes, à l'imposition du voile et autres calomnies.

Ce qui montre à nouveau que pour les vals, il n'est de musulman tolérable qu'invisible, caché, réprimé. Que la liberté religieuse des musulmans équivaut au développement de l'extrême droite religieuse islamiste et l'oppression religieuse des femmes. Que donc cette liberté est à combattre, ou, à tout le moins qu'on ne la défendra pas contre les attaques actuelles, bien utiles même si pas vraiment esthétiques.

L'"antiracisme sérieux" (sic...) est donc un antiracisme dans lequel la parole de celles et ceux effectivement en butte au racisme n'a pas de légitimité, celle-ci étant le seul apanage des antiracistes ne partageant pas les tares des musulmans et autres communautaristes. Lequel mot communautarisme fait une entrée remarquable dans les outils d'analyse marxistes-révolutionnaires. En effet, vals m'apprend beaucoup. Mais je crois surtout qu'à l'examen, il emprunte les catégories d'analyse républicaines bourgeoises disqualifiant comme communautaristes les comportements des diverses minorités. C'est ainsi qu'une mosaïque culturelle totale comme les Indigènes de la République, englobant pourtant explicitement tous les "français de souche" qui le souhaitaient, unifiée seulement par une thèse politique, a été définie comme communautariste, voire guidée par l'ntégrisme musulman...

La question posée, c'est de savoir si dans ce pays et en Europe, est ou pas en train de monter un rejet de l'Islam et des musulmans essentialisés et désignés comme une menace, si ce rejet est ou pas le résultat d'actions politiques, de propagandes orchestrées à des fins de division des opprimés à l'initiative de la bourgeoisie, de l'impérialisme, relayées par la très grande majorité des médias et un éventail politique allant de la droite la plus radicale à l'extrême gauche. Que cela se situe sur fond de crise profonde du capitalisme et d'offensive de la bourgeoisie contre tous les acquis sociaux, de répression, de guerres. Et de défaites répétées de la classe ouvrière. La question posée est celle de savoir s'il est nécessaire de s'opposer à ce racisme déferlant qui frappe essentiellement les classes populaires et les secteurs les plus exploités de la classe ouvrière, les femmes notamment.

La question posée est donc de savoir le rôle que doivent assumer les révolutionnaires dans la bataille contre ce racisme.

Vals a clairement fait savoir de quel côté de l'islamophobie il se situait. Et arrêtons de parler de défi, ou de provocation, comme si vals ne pensait pas ce qu'il dit ou qu'il pétait les plombs sur son clavier. Cela, c'est chercher des raisons de se voiler la face devant la gravité de cette position politique, parce que c'en est une. A défaut d'être respectable, elle est claire et vient de quelqu'un dont rien ne permet de penser qu'il raconterait et répèterait jusqu'à satiété des choses qu'il ne pense pas. Et cela ne fait que confirmer les inquiétudes, non tant sur le courant de LO, dont l'importance est très marginale, et de plus en plus marginale, mais sur la gravité de la déferlante raciste dans ce pays.
Toussaint
Toussaint

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Message  Toussaint Dim 9 Jan - 3:43

Je poste donc, faute de réponse, le texte de Delphy, qui me semble important à connaître.
QUE VEULENT VRAIMENT LES BLANCS ?
Caste et classe en France
Par Christine Delphy.
La question que je pose ici, c’est celle des campagnes d’opinion et des loi ou propositions de loi anti-musulmanes en France ; qui commencent apparemment en 89 avec la première affaire du foulard, mais en fait bien avant par une dénonciation permanente depuis au moins trente ans du danger que représente l’islam, en France en Europe et dans le monde, dénonciation bien documentée par Thomas Deltombe1. Où veulent en venir les autres, qui sont mes congénères : les non-musulmans, les « de souche », les Blancs bref, les vrais Français ?
La façon dont je l’aborde peut-elle expliquer le racisme anti-musulman dans le reste de l’Europe ? Dans la mesure où je fais la part belle aux catégories créées dans la colonie française d’Algérie, il semble a priori que non. Mais outre que j’invoque d’autres facteurs, communs à toute l’Europe, et que ces catégorisations sont, dans leur principe de hiérarchisation entre colonisateurs et autochtones, typiques de la colonisation ; outre que quasiment tous les pays européens ont colonisé des territoires au cours des 19è et 20è siècles, je pense que le modèle ici présenté peut donner des pistes pour comprendre le racisme dans d’autres pays.
Ce caveat fait, je voudrais commencer par cette citation d’un M. Le Vigan. Ce Monsieur dit au moyen d’un blog :
« Houria Bouteldja de l’association Les Indigènes de la République écrit : « Aussi douloureux que cela puisse être ressenti par les écorchés du drapeau et les thuriféraires d’une France éternelle et gauloise, nous transformons la France. En d’autres termes, elle aussi, s’intègre à nous. Certes en y mettant le temps, mais nul besoin d’une conspiration fomentée par les masses arabo-négro-berbères, ni d’un quelconque complot ourdi par des cellules dormantes de barbus-le-couteau-entre-les-dents. La France ne sera plus jamais comme dans les films de Fernandel. Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Église, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité » (19 septembre 2009).
M. Le Vigan ajoute : Ces propos provocateurs ne font en fait que dire ce qui se passe vraiment. Ils ne sont pas une menace, ils disent le vrai…. L’ennui c’est que la nouvelle que nous annonce Mme Bouteldja n’est pas bonne : c’est la fin d’une France européenne. »
Voici apparemment la préoccupation d’une grande partie de la France : grande comment ? Telle est la question. Assez grande pour être courtisée avec succès par Nicolas Sarkozy. Et pour inclure des personnes qui, sans voter pour le FN ou l’UMP, sont sensibles à cette question, mais qui, comme la droite, et encore plus que la droite, hésitent à la formuler directement, et utilisent beaucoup d’alibis et de subterfuges pour justifier leur refus d’accepter comme des concitoyens à part entière les descendants de populations colonisées.
Les alibis sont de plusieurs ordres, mais principalement, ces derniers temps, en appellent à deux thèmes principaux : la peur de l’islam et la défense des « droits des femmes » (pardon, de « La » femme). Alibis certes, mais qui ne naissent pas de rien.
En effet, dans certaines colonies, la religion des autochtones réduits au statut de sujets a été érigée en ligne principale de démarcation entre les dominants et les dominés, entre les colonisateurs et les colonisés.
En Algérie en particulier. Peut-être parce que l’islam était, bien avant la colonisation du Maghreb par la France, un mauvais objet et déjà une ligne de démarcation entre Eux et Nous. La première période du stigmate va de la reconquête espagnole, au tournant de l’an mil, jusqu’à la conquête française de l’Algérie. Le monde arabo-musulman est vu comme un concurrent, c’est en termes de rivalité militaire et politique que l’Occident s’affronte à lui, et se définit par cet affrontement.
La deuxième période s’ouvre en 1830 avec la conquête et la colonisation de l’Algérie par la France. L’image de l’islam, la nature du stigmate changent radicalement. Les Musulmans ne sont plus les rivaux d’avant, représentés par le sultan ottoman et ses fastes ou par les pirates barbaresques dont il faut défendre la côte méditerranéenne. A l’opposé de ces images finalement assez glorieuses, ils sont incarnés par un peuple conquis, dépossédé, dirigé, humilié, un peuple auquel les autorités militaires et administratives mais aussi les simples colons peuvent infliger n’importe quel traitement. Un peuple qui a été transformé en une masse d’ouvriers agricoles et de domestiques, et qu’on enferme le soir dans ses « gourbis », un mot qui en français contemporain est devenu synonyme -- on se demande pourquoi ?-- de taudis.
L’islam sera donc réinterprété par les vainqueurs comme la religion mais plus largement la culture des vaincus ; et c’est dans cette culture qu’il faudra trouver les raisons de leur subjugation et de leur abaissement, car le/la dominé.e est toujours responsable de la domination qu’il/elle subit. Cette nouvelle interprétation puisera aussi dans les théories raciales dites modernes qui apparaissent avec la colonisation de l’ensemble de l’Afrique et de l’Orient.
Dans une troisième période, plus d’un siècle après les conquêtes coloniales, apparaissent de nouveaux griefs contre l’islam, griefs qui ne viennent pas du fond du Moyen-Age européen, ni du siècle et demi de colonisation française et anglaise au Maghreb et au Machrek, mais de la politique internationale et plus précisément américaine. Plus précisément encore, des entreprises de ce que Michel Warshawski appelle la recolonisation du monde.
On pensera aux attentats du 11 septembre. Mais il ne faut pas oublier les guerres anti-arabes qui précèdent ces attentats: l’expédition de Suez ; la première guerre du Golfe, en 1991 ; la guerre d’Afghanistan en 2001 ; l’invasion de l’Irak en 2003.
Comment les Franco-anglais–américains expliquent-ils ces guerres d’agression ? Les Américains ont certes décrété « axe du mal » le monde musulman. Mais avait-on besoin, dans l’hexagone, d’une telle représentation pour réguler les rapports entre populations ? Non. Elle tombe sur un terreau propice, et elle tombe à pic pour galvaniser le racisme; en effet d’une part les victimes de celui-ci protestent de plus en plus, d’autre part la commission européenne leur donne raison, et édicte en 2000 une directive contre les discriminations raciales, directive à laquelle la France va faire semblant d’obéir en 2008.
Mais les Français avaient déjà, en 130 ans de colonisation, élaboré leur propre division du monde entre les bons et les méchants, ou plutôt entre les bons et les mauvais.
En effet, dès la colonisation de l’Algérie, la religion des autochtones devient le prétexte à leur infériorité de fait. Cette religion, le droit, les coutumes et la façon de vivre qui lui sont associées, toute cette culture au sens anthropologique du terme, expriment aux yeux coloniaux une infériorité morale ; et celle-ci justifie l’infériorité de fait construite par les multiples mécanismes formels et les pratiques informelles qui constituent la domination (n’importe quelle domination). Musulman devient un mot de code pour indigène. La Cour d’appel d’Alger 1903 le dit clairement : « le terme musulman n’a pas un sens purement confessionnel, mais désigne au contraire l’ensemble des individus d’origine musulmane qui, n’ayant point été admis au droit de cité, ont nécessairement conservé leur statut personnel musulman, sans qu’il y ait lieu de distinguer s’ils appartiennent ou non au culte mahométan. (C’est moi qui souligne).» Ainsi, ce qui est désigné par le mot « Musulman » ou plus largement « Indigènes » dans l’Algérie coloniale, c’est en théorie le fait d’être régi, pour ce qui concerne le droit civil, par les règles coraniques (ou mosaïques pour les indigènes juifs). Mais de cette régulation des affaires familiales par un droit différent du droit commun français découle un statut : absence de citoyenneté, statut donc de sujet, libertés restreintes (code pénal indigène) ; et ce statut est en fait établi ou régi par la descendance, et non par la croyance ou la pratique religieuses.2
L’islam est donc vu par les colonisateurs comme une religion mais aussi comme une culture—ce qui est une vision sociologique ; mais, et c’est là que les choses se gâtent, cette culture est attachée au groupe d’une façon biologique. En effet, en parlant d’une origine musulmane, les juges font appel à l’idée d’un ancêtre commun. Les Musulmans sont donc la descendance de cet ancêtre originel, ils forment une lignée ; leur supposée ascendance commune est censée fonder une parenté réelle : une similitude de type biologique entre toutes les personnes qui la partagent. Ces notions de descendance d’un ancêtre commun sont précisément constitutives des concepts d’ethnie ou de race. La religion devient donc un mot de code pour désigner une race (ou une ethnie, qui veut dire la même chose), pour parler de la race de ceux qu’on appelle de façon interchangeable –ce qui est logique dans cette vision -- « Musulmans » ou « Arabes ».
Ainsi considéré, l’islam est héréditaire ; il est créé lors de la reproduction biologique du groupe. Il devient la ligne de partage entre deux groupes, eux aussi héréditaires bien sûr. Or que sont, dans la théorie sociologique, des classes héréditaires ? Ce sont des castes. C’est ainsi que par transmutation de l’islam de religion en caractère biologique hérité, sans qu’il soit nécessaire de parler de races un système de castes raciales est officiellement créé en Algérie.
Que sont les castes ? L’auteur américain, William Lloyd Warner3, qui le premier a utilisé le mot pour la sociologie des pays industrialisés, les définit comme des classes entre lesquelles il y a moins de possibilité de mouvement qu’entre les classes. Ainsi, pour aller vite, une fille d’ouvrière aura des chances d’accéder à la classe petite-bourgeoise, bien que moins qu’une autre non originaire de la classe ouvrière ; mais en revanche, une fille née dans la caste des Arabes restera dans cette caste sa vie durant. Et c’est là que le distinction entre castes et classes devient intéressante : en effet, comme on ne manquera pas de se récrier, la jeune Arabe pourra cependant, alors que sa mère était prolétaire, s’élever dans la classe petite-bourgeoise. Mais elle gardera toute sa vie le stigmate de caste. Les castes recoupent en grande partie les classes : ainsi, l’immense majorité d’une caste inférieure se retrouve dans la classe inférieure. Mais elles ne les recoupent pas entièrement : ainsi, un petite-bourgeoise arabe est inférieure à une petite-bourgeoise blanche, comme une prolétaire arabe ou noire est inférieure à une prolétaire blanche. Lloyd Warner compare les castes à une ligne qui divise la société de façon verticale tandis que les classes la divisent de façon verticale. Cette représentation graphique n’importe que dans la mesure où on ne pourra dire que les castes ont disparu que le jour où leurs lignes se confondront totalement avec les lignes de classe ; prétendre que c’est déjà le cas, comme prétendre que les lignes de genre ont disparu, c’est nier que les femmes sont concentrées du point de vue de leur métier propre dans la classe inférieure et quasiment absentes de la classe la plus haute ; et nier aussi qu’ elles occupent le bas de chaque classe. Bref, nier l’existence des castes exige de faire fi de hiérarchies qui tout en se combinant avec le système de classes ne peuvent pas y être réduites.
Dans ce système de castes raciales -- qui par ailleurs se combine aussi avec le système de castes de genre -- d’un côté de la ligne, les Français ou ceux qui peuvent le devenir : les étrangers d’hérédité européenne. De l’autre les sujets de la puissance (que celle-ci soit la monarchie, l’Empire ou la République). Des « infractions spéciales à l’indigénat non prévues par la loi française »4 s’accumulent après la capitulation : de 3 en 1830 elles sont plus de 30 en 1881, et constituent un « code de l’indigénat ».
En théorie, à partir d’un senatus-consulte de Napoléon III en 1865, il est possible pour les indigènes musulmans et juifs de devenir citoyens, s’ils abandonnent leur « statut personnel », c’est-à-dire le droit coranique ou le droit mosaïque qui règlent les matières familiales, mariage et héritage. Mais même quand un homme -- car ce n’est pas possible pour une femme -- est prêt à abandonner le statut coranique et les coutumes qui le distinguent du code civil français, l’administration le lui refuse. En revanche à la même époque la naturalisation d’une 3è catégorie de population présente en Algérie devient automatique : celle des « étrangers », espagnols, italiens, maltais ; puis celle des Juifs indigènes par le décret Crémieux. Dès lors, il ne reste plus, d’indigènes, que les Musulmans.
Entre 1830 et 1962, date de l’indépendance, diverses tentatives d’élargir les droits des indigènes seront faites ; mais elles se heurteront toutes à l’opposition farouche des « Français d’Algérie ».
Avec la fin de la 2è guerre mondiale, les Américains exigent que l’Europe qu’ils ont sauvée en finisse avec son traitement des colonies car ce traitement leur a coûté cher en défections vers les Japonais des Asiatiques colonisés ; les Anglais, Français et Hollandais sont obligés de revoir leur copie par la force de leur puissant allié. Mais même alors, les choses ne changent que très lentement dans les colonies françaises, et particulièrement en Algérie. En 1944 le « statut pénal de l’indigène » est supprimé, les mêmes tribunaux traitent indigènes et colons. En 1946, la citoyenneté est accordée à tous les nationaux et en 1947, deux collèges électoraux sont créés. Si les hommes indigènes ont des droits politiques, puisqu’ils votent dans un collège séparé (ce qui donne aux voix blanches 5 fois le poids des voix indigènes), il faut bien les distinguer des Français à part entière ou « Français de souche européenne » : le terme indigène est remplacé par celui de « Français musulman ». En 1956, le double collège est dissout, et en 1958 le droit de vote est accordé aux femmes musulmanes. Mais il est déjà trop tard : la guerre dure déjà depuis 4 ans, et va se terminer avec l’indépendance dans 4 autres années.
Il faut noter ici que les acteurs de cette terrible guerre sont aujourd’hui encore, pour une bonne partie, sur le territoire français métropolitain :
--d’une part les anciens conscrits, les « petits gars du contingent » -- plus de 300.000 personnes ;
--d’autre part les pieds-noirs et leurs descendants rapatriés en 1962—environ un million. Ils se conçoivent comme dépossédés de sa terre natale -- l’Algérie -- par les Arabes, des êtres qu’ils avaient appris à considérer comme inférieurs. De plus, parmi les pieds-noirs rapatriés, on compte une majorité de Juifs (dits tantôt orientaux, tantôt sépharades) ; ils descendent des juifs autochtones d’Algérie, qui étaient des indigènes, comme les Musulmans, avant le décret Crémieux. Les grands-parents de ces pieds-noirs furent transformés en citoyens français alors que leurs congénères musulmans restaient des indigènes ; mais ils ne conquirent pas seulement la fin de leur statut d’indigène ; conquérant le statut des colons, ils conquirent les mêmes droits que ceux-ci sur les Musulmans.
--enfin des Algériens, ayant ou non la nationalité française, immigrés en métropole après la guerre d’indépendance, ayant fait la guerre d’un côté ou de l’autre, et leurs descendants nés en France et Français de plein droit, une population qui excède largement le million.
C’est donc en tant que caste inférieure que les Français de métropole ont connu les Arabes. L’islam, conçu comme héréditaire, est censé constituer la matrice de cette « race ». Aux Français Blancs, qui voient cette population comme fondamentalement différente d’eux, depuis le début des temps, et jusqu’à la fin des temps, qu’importent les discussions scientifiques sur la notion de « race » ? Les blogs sont pleins de cette perception vécue sur le mode de l’évidence –le même mode sur lequel est perçue la « différence des sexes »-- d’une différence naturelle, ineffaçable, constitutive de l’être dans tous ses traits, y compris les plus infimes.
Les castes du système colonial sont ainsi reconstituées en métropole, certes à des fins classiques d’exploitation ; mais à la différence de l’exploitation « sociale » ou capitaliste « simple », elles s’appuient sur une catégorisation et donc une perception raciales, qui sont elles mêmes héritées de la situation coloniale à laquelle la période actuelle succède sans hiatus idéologique, et ce d’autant moins que les liens ont toujours été serrés entre les deux territoires, l’Algérie et la métropole, pendant la colonisation. On s’en aperçoit à la constance de la terminologie, tous les Arabes étant considérés comme musulmans quelle que soit leur religion, et les Blancs retrouvant avec bonheur l’expression « Français de souche » qui n’avait jamais vraiment disparu.
Devant le refus réitéré de les traiter en égaux, les descendants des immigrés maghrébins se révoltent, de multiples façons : de toutes les façons. Mais devant l’échec, encore à ce jour attesté, on voit apparaître des symptômes bien connus des sociologues : en effet comment interpréter la « réislamisation » ? Sinon comme ce phénomène bien connu en sociologie de « retournement du stigmate »? Des personnes sont appelées musulmanes en raison de leurs origines, et ce terme est utilisé avec les connotations qu’il avait dans la période coloniale, afin de les faire apparaître comme moins citoyennes que les autres, de les renvoyer à un statut inférieur d’indigènes. Appliqué à des personnes qui sont de jure des citoyens égaux, ce traitement suscite un comportement de rébellion dont l’une des manifestations est de revendiquer la « différence infâmante » et d’abord de revendiquer la différence tout court : « Vous me traitez comme différent, je vais me montrer différent ». Ces manifestations n’excluent nullement la recherche de voies classiques, politiques, pour parvenir à l’égalité de traitement. De plus la réislamisation elle-même, quand elle se produit, est à la fois la recherche d’une communauté autre que la communauté nationale qui exclut, et une façon de prendre la loi au pied de la lettre et de demander l’application de la laïcité : de l’acceptation de toutes les religions sans préférence pour aucune. Ainsi la revendication islamique est à la fois affirmation d’une spécificité et revendication d’une égalité de traitement. Le port de vêtements comme le foulard ou le niqab n’a pas non plus un sens univoque : comme l’ensemble de la réislamisation, il revendique à la fois une spécificité –« je suis musulmane »—et une communauté –« comme vous, j’ai une religion, et comme la vôtre elle mérite le respect ».
Devant ces manifestations, la société dominante fait semblant de s’étonner. Soit elle nie qu’elle exerce la moindre discrimination, soit elle admet que certes, il peut y avoir des discriminations, oui, il peut y en avoir. Bon, mais ça veut dire qu’il peut ne pas y en avoir, non ? C’est ainsi qu’écrivent les journalistes. La personne dominante fait semblant de croire que la discrimination, les insultes, sont un risque statistique. Elle fait semblant d’y voir des accidents : on peut y échapper. Elle se demande pourquoi ces gens s’énervent. Elle ne comprend pas que sa blague est la 10è du jour, la centième de la semaine, et que la personne qui l’écoute a déjà 33 ans de blagues derrière elle. Les dominants trouvent ceux qui ne rient pas à la blague susceptibles, voire « paranoïaques ».
Même quand il admet que cette population peut avoir des griefs, le groupe dominant prétend ne pas comprendre pourquoi cette population est en colère. Rien n’excuse aux yeux de la société dominante les comportements de la population discriminée. Celle-ci devrait garder, face aux discriminations, le calme et le sourire d’une population « normale » : d’une population non soumise à des « blagues » hilarantes, non persécutée par des injustices, non lassée par la répétition des blagues et des injustices. Ces attentes de la société dominante sont déraisonnables ; elles montrent que cette société dominante feint seulement de reconnaître l’existence des discriminations. Sinon, pourquoi ferait-elle semblant de ne pas comprendre l’effet sur un être humain de l’injustice et de l’humiliation chaque jour de leur vie ? Puisqu’elle le comprend très bien quand il s’agit d’elle ? Si elle ne le comprend pas s’agissant de cette autre population, cela ne peut signifier qu’une chose : elle fait semblant de reconnaître qu’il existe des discriminations, mais en fait, elle ne les considère pas comme des discriminations, c’est-à-dire comme injustes ; elle les considère comme normales, adéquates : justes, quand elles s’appliquent à cette population-là.
En réalité, devant les manifestations qui paraissent défier la version française de l’intégration, devant la revendication islamique, la société française est poussée dans ses retranchements. Prenons pour exemple la dernière perle d’Eric Besson : il ne compte pas se convertir à l’islam car, dit-il, « je suis trop attaché au caractère laïc de notre république ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’un ministre ne peut pas avoir de religion ? Quid de Christine Boutin ? Qu’un citoyen ne peut avoir de religion ? Quid alors de la loi de 1905 dont le premier article garantit la liberté de conscience et le libre exercice public des cultes ?
Beaucoup voient la réislamisation comme une erreur stratégique des descendants d’immigrés : ce ne serait pas la bonne façon de lutter contre leur statut inférieur. Mais on peut se demander si, en provoquant des débats comme celui sur le foulard, sur la « burqa », sur l’identité nationale, ces descendants ne mettent pas au contraire le nez de la société française dans ses contradictions, des contradictions qui seront de plus en plus intenables ; qui poussent par exemple cette société à redéfinir la laïcité comme synonyme de l’athéisme. L’athéisme, dans cette nouvelle version de la laïcité, deviendrait une obligation citoyenne. Ceci contrevient totalement à la Constitution, mais aussi à la Convention européenne des droits humains, mais aussi à toutes les conventions internationales sur les droits fondamentaux. Et tout simplement à la laïcité de la loi de 1905 elle-même. Car un athéisme obligatoire ne serait-il pas une nouvelle religion d’Etat ?
Autre contradiction : l’islam est constamment défini comme une religion qui ne connaît pas la distinction entre le temporel et le spirituel, et qui si on la laisse se déchaîner, va forcément donner naissance à une idéologie totalitaire qui « mélangerait » la politique et la religion, au lieu de les tenir bien séparés, comme nous le faisons, nous qui répétons aux Musulmans que la religion appartient au « privé », et même à « l’intime », sans d’ailleurs jamais définir ces termes.
Car il est constamment entendu que les Blancs au contraire connaissent ces distinctions et s’y tiennent quelles que soient leurs croyances. Mais alors, comment comprendre toutes ces funérailles nationales qui se déroulent à Notre Dame de Paris (une grande église catholique)? Comment comprendre que personne n’ait protesté quand Christine Boutin a fondé le 26 juin 2009 le « parti chrétien-démocrate » ? Qu’elle ait été au contraire félicitée par ces parangons de la laïcité, J. P. Raffarin et A.Juppé ? Comment comprendre que le président de la République soit chanoine de Latran ? Comment comprendre que Bayrou puisse se déclarer chrétien à la télévision sans que personne ne le traite d’Ayatollah ? Que le regroupement le plus important du parlement européen soit le parti populaire européen, ouvertement démocrate-chrétien, et dont l’UMP fait partie ? Comment comprendre la présence aux élections régionales de mars 2010 de « listes chrétiennes » ?. (Imaginons ce qui se serait passé si une « liste musulmane » avait été déposée).
Comment comprendre que la société dominante qui se réclame de la liberté de conscience, veuille interdire toute croyance autre que l’athéisme, dans le même temps qu’elle assimile le christianisme à un simple trait culturel, mais un trait culturel qui définirait l’identité nationale ? Comment comprendre que se rejoignent dans la dénonciation de l’islam, tandis qu’ils évitent de s’affronter entre eux, les nostalgiques du catholicisme religion d’Etat d’une part et d’autre part les adversaires déclarés de toute religion, mais qui doivent pour l’instant faire de grands détours pour ne pas voir les nombreuses églises qui sont sur leur chemin et n’ont rien de privé, encore moins d’intime ?
Toutes ces disputes et débats ont abouti à un océan de contradictions qu’on ne peut plus déchiffrer, ni même organiser logiquement, à une bouillie où une vache perdrait son veau.
Je ne parlerai pas ici des arguments contre le foulard et contre la « burqa », ni de la conversion au féminisme de personnes aussi inattendues dans ce domaine que la totalité des hommes politiques, tout à coup préoccupés de la dignité de « La » femme. Je lirai seulement ce petit mot envoyé au Monde par Nancy Huston, et qui résume, ou devrait résumer l’opinion de toutes les féministes : « Je ne dois pas être la seule à avoir éclaté de rire en lisant … que l'égale dignité homme-femme figurerait, selon l'UMP, au premier rang des principes fondamentaux de l'identité nationale ». Je pense que ces conversions subites, ces débats et combats sont tous des épiphénomènes de la volonté de maintenir un système de castes. Et celui-ci dépend, pour sa légitimité morale, de la diabolisation de l’islam et de toutes ses manifestations. L’islam est utilisé exactement comme au temps de la colonie, comme repoussoir, marque de non-appartenance à la communauté nationale.
Le deux poids deux mesures, le côté ouvertement anti-immigrés du débat sur l’identité nationale a condamné ce dernier en présentant une version trop caricaturale du refus de pleine citoyenneté. Mais cela ne signifie pas que sur le moyen et le long terme, il n’atteindra pas son but : libérer la parole raciste, rendre de plus en plus dicible ce refus d’une partie de la population française d’accepter une autre partie de la population sur des bases d’égalité réelle, et pas seulement formelle. Car ce qui est en jeu, ce n’est pas le renvoi dans leurs pays d’origine des descendants d’immigrés : leur pays, c’est la France. Ce qu’on leur refuse, ce n’est pas d’être ici ; mais d’y être chez eux, et de s’y conduire comme chez eux. Ce n’est pas leur présence qui, contrairement aux apparences, fait problème : c’est leur statut. Ce qu’on veut légitimer, c’est leur statut de sous-citoyens. Mais le but de maintenir en vie un système de castes entre en conflit avec les normes démocratiques. De ces deux dynamiques, on ne peut pas prévoir laquelle prévaudra5.
Christine Delphy, 18 mars 2010.

(Cette conférence a été prononcée à: « La France d’aujourd’hui en débat », Semaine anti-coloniale, le Samedi 20 février 2010, Salle Jean Dame, 17 rue Leopold Bellan, 75002 Paris)
1 Thomas Deltombe, L’islam imaginaire : la construction médiatique de l’islamophobie en France (1975-2005), Paris : La Découverte, 2005.
2 Todd Shepard, « Une république française « post coloniale », mis en ligne le 18.11.2006.
3 William Lloyd Warner, The Emergent American Society, Yale University Press, 1967.
4 Charles André Ageron, Les Algériens musulmans et la France(1871-1919), Paris, PUF, 1968, Vol.1, p.171.
5 On peut se demander si ce qui a été présenté, et qui lie le statut actuel des « descendants des colonisés » au statut de leurs ascendants dans un territoire colonisé, peut expliquer le racisme anti-turc en Allemagne, et plus généralement le racisme anti-musulman dans des pays européens qui n’ont pas colonisé des territoires musulmans, et qui parfois, comme les pays scandinaves, n’ont colonisé aucun territoire. Il est certain que l’empreinte coloniale ne peut pas expliquer la totalité des cas du racisme européen ; en revanche, elle semble faciliter la production des formes les plus virulentes, les plus systémiques, de ce racisme.
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Message  verié2 Dim 9 Jan - 11:44


Toussaint
Il n'y a donc personne à LO qui soit opposé à l'Islamophobie? Dont acte. Mais alors, que personne sur le FMR, n'est-ce pas, Byrrh, Vérié, Roseau, et tant d'autres, ne fasse comme si de rien n'était et que cette orga était encore celle de 1969.

Le problème, Toussaint, c'est que tu ne sembles connaître LO que sous cet angle de la complaisance par rapport à l'islamophobie, et que tu privilégies cet angle. Or cette question, même si elle est devenue "identitaire" pour LO, qui peut ainsi se présenter à peu de frais comme l'organisation la plus féministe, la plus anti-religieuse etc, est loin d'être centrale pour LO. Ce n'est pas du tout une préoccupation essentielle des militants de LO, sauf peut-être pour les enseignants confrontés à des élèves portant le foulard. Les préoccupations centrales de LO, et son activité, restent centrés, en dehors des campagnes électorales et de la préparation de la fête, sur l'intervention dans les entreprise. Les militants parlent beaucoup plus des questions sociales, de l'intervention syndicale, des luttes etc que de l'islam.

Il ne s'agit donc que d'un aspect, mineur, de la vie et de la politique de LO. Même si LO a consacré un certain nombre d'articles et même d'éditos à l'opération Gérin, ceux-ci ne représentent qu'une très faible proportion de la littérature de LO.

Donc, on ne peut pas réduire LO à ses positions sur le foulard, la commission Gérin et les jeunes des banlieues. De plus, la vision des militants n'est pas aussi tranchée que tu semble le croire. Ils ont le sentiment très sincère de combattre toutes les formes de racisme et je suis convaincu que, dans toutes les entreprises, les militants de LO réagissent à des propos racistes et même islamophobes - des plaisanteries douteuses sur les Arabes et/ou les Musulmans par exemple. Si nous prenons la question de la sécurité par exemple, LO est capable à la fois de voter pour la police municipale, de revendiquer une police de proximité, mais de dénoncer vigoureusement les bavures. Contradictions ? Certes, mais les militants sont certainement toujours convaincus qu'il faudra détruire l'Etat bourgeois.

Donc, il ne faut pas caricaturer LO. Il existe des éléments, tels son attachement au monde du travail, ses positions de classe, qui peuvent permettre d'espérer un redressement quand il faudra vraiment choisir son camp. Bien sûr, le temps, en l'absence de luttes, ne joue pas en faveur de ce redressement et l'histoire nous a montré que les partis évoluent généralement vers la droite et l'intégration dans le système, pas le contraire. Ce qui est vrai aussi d'ailleurs pour la LCR et le NPA, sous d'autres formes.

J'enrage autant que toi, crois le bien, à voir LO (et même la Fraction l'Etincelle, bien qu'un peu plus nuancée) prendre de telles positions. Mais tout n'est pas joué.

verié2

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Message  Vals Dim 9 Jan - 19:30

Toussaint Aujourd'hui à 3:32

.Je ne vais pas partir dans un examen des positions du courant LO depuis le début de la décolonisation, ce serait faire précisément ce que souhaitent les Vals et cie. Je ne vais pas non plus partir sur LO et la question nationale, mais souligner qu'une fois de plus, lorsqu'on dit la nécessité de défendre les droits religieux, individuels et collectifs, des musulmans-e-s, et notamment leurs droits à la libre expression publique, y compris en tant que tels dans les débats politiques, Vals parle de se mettre à la remorque des courants communautaristes et islamistes. De soutien aux religieux réactionnaires et à l'oppression des femmes, à l'imposition du voile et autres calomnies.

Ce qui montre à nouveau que pour les vals, il n'est de musulman tolérable qu'invisible, caché, réprimé. Que la liberté religieuse des musulmans équivaut au développement de l'extrême droite religieuse islamiste et l'oppression religieuse des femmes. Que donc cette liberté est à combattre, ou, à tout le moins qu'on ne la défendra pas contre les attaques actuelles, bien utiles même si pas vraiment esthétiques.

L'"antiracisme sérieux" (sic...) est donc un antiracisme dans lequel la parole de celles et ceux effectivement en butte au racisme n'a pas de légitimité, celle-ci étant le seul apanage des antiracistes ne partageant pas les tares des musulmans et autres communautaristes. Lequel mot communautarisme fait une entrée remarquable dans les outils d'analyse marxistes-révolutionnaires. En effet, vals m'apprend beaucoup. Mais je crois surtout qu'à l'examen, il emprunte les catégories d'analyse républicaines bourgeoises disqualifiant comme communautaristes les comportements des diverses minorités. C'est ainsi qu'une mosaïque culturelle totale comme les Indigènes de la République, englobant pourtant explicitement tous les "français de souche" qui le souhaitaient, unifiée seulement par une thèse politique, a été définie comme communautariste, voire guidée par l'ntégrisme musulman...


Ce n'est pas toi que j'invitais à retrouver l'hitoire des positions de LO, mais ceux qui croient voir des "dérapages" à tous les coins de rue et en appellent, de l'extérieur, à un redressement qui entrainerait LO dans les malheureuses dérives qui sont les leurs.

La libre adhésion à une religion (ici, l'islam) est l'affaire de ceux qui la choisissent, de même que la libre expression de leurs croyances....et il n'est nullement besoin de ma "tolérance" et encore moins de mon soutien pour exister .
Puisque Toussaint dit ne pas vouloir recevoir des leçons, c'est également mon cas .
Que j'ai une conception de la lutte contre le racisme et la xénophobie aux antipodes de celle de Toussaint et de ses amis, c'est une évidence et j'affirme régulièrement cette différence pour qu'il n'y ait aucune confusion à ce propos.

Il n'est pas question pour moi, sous prétexte d'antiracisme, de soutenir des comportements sexistes, ou des propagandes obscurantistes...
Quels soient l'habillage des politiques de dicrimination, de chasse aux boucs émissaires étrangers ou immigrés, je les combats sans avoir besoin de m'aligner derrière des marques d'oppression des femmes telles que le voile islamique, ou de revendiquer le "droit" aux tenues infâmantes comme la burqa.
Que les "républicains" hypocrites ou l'extrême-droite dénoncent ces tristes symboles pour justifier leurs saloperies racistes et faire diversion, ça ne change rien à l'affaire.

Quand à mon rejet total des "communautarismes" , je le revendique intégralement comme un combat contre les divisions de la classe ouvrière, qu'il soit le fait des nationalistes franchouillards ou des réactionnaires religieux et de leurs complices, naîfs ou conscients.

Alors, c'est sûr, cette conception communiste de l'unité des exploités et du droit inaliénable des femmes à l'émancipation, n'a rien à voir avec les jérémiades empreintes de religiosité d'un Toussaint, d'un Oudiste ...et de ceux qui les suivent de près dans leur négation de la lutte de classes comme priorité absolue des révolutionnaires.

C'est mon avis et je le partage...
Et quelques injures et amalgames de plus d'un Toussaint, d'un Oudiste, d'un Roseau, d'un Tarik Ramadan, des "indigènes républicains" ou de ceux qui portent leurs valises n'y changeront rien.
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Message  Roseau Dim 9 Jan - 22:05

Assez d'affabulation pour détourner le sujet: en ce qui me concerne, je n'ai jamais injurié Vals.
J'ai au contraire noté simplement ses pétages de plomb comme l'indice utile d'une absence d'argument.
C'est sa méthode, qui n'a rien à voir avec la tradition MR, pas la mienne.

La question posée plusieurs fois sur ce fil est claire.
La réponse pas du tout.
Tout le monde est depuis longtemps conscient du caractère raciste de la campagne islamophobe.
Vals s'est déclaré ouvertement "islamophobe" et Jacqouille l'a suivi.
Vals et Jacqouille comprennent-ils, maintenant, au vu de l'ampleur prise par cette campagne,
qu'ils ne devraient plus se coller cette étiquette?
Je répète: c'est une main tendue, et savoir reconnaitre une erreur est une qualité.
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Message  Toussaint Lun 10 Jan - 2:29

Je ne crois pas que Tarik Ramadan sache même que Vals existe, alors l'insulter... mais bon. Chacun sa pathologie.

Bon, dérives contre dérapages... Trotsky reconnaîtra les siens. Et comme il ne s'est pas trop manifesté récemment, on a le temps de voir.

Il n'est pas question pour moi, sous prétexte d'antiracisme, de soutenir des comportements sexistes, ou des propagandes obscurantistes...

Il n'est pas question de "soutenir" quoi que ce soit de ce genre. Ce dont il est question est d'opposer à la propagande et aux actes racistes anti-musulmans une défense des droits des musulmans et musulmanes à l'expression libre, y compris sur la place publique, de leurs convictions religieuses. Et de leur droit à être "chez eux en France", comme les catholiques ou les ouailles de LO, comme un Hortefeux ou un Vals. Qu'ils valent bien. Il n'est pas question de soutenir la foi ou les idées musulmanes, qui sont l'affaire des musulman-e-s, pas la nôtre.

Quant aux comportements sexistes, je suis pour leur répression, à commencer par l'achat et la vente du corps humain, sous quelque forme que ce soit. Chiche! Mais je crains fort que si on devait réprimer effectivement les comportements sexistes, l'islam ne serait certainement pas le plus gros problème en France. Et je doute fort que les Vals et cie, de même que l'ensemble de la classe politique seraient d'accord.

Je note au passage que la dénonciation des tristes symboles est reconnue par Vals comme le moyen de justifier les "saloperies racistes". Pour lui, la meilleure réponse au racisme anti-musulman serait que ses victimes ressemblent enfin au français lambda, bouffent comme lui et s'habillent itou. Bref, se cachent et rasent les murs, comme jadis. Mais quid des droits? De la construction des mosquées, des carrés musulmans, de l'interdiction de propos racistes et mensongers de gens comme Chahdortt Djavan? Quid de mesures précises pour garantir l'égalité de droit de la religion musulmane avec les religions chrétiennes?

Vals se lave les mains de la campagne islamophobe parce qu'il en partage les prémisses et les fondamentaux. Et il oppose l'unité d'une classe ouvrière abstraite à son unification par le refus de toutes les discriminations. Parfait. Cela ne fait que confirmer, non mes insultes, mais mon analyse.
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Message  gérard menvussa Lun 10 Jan - 22:30

La semaine derniére (ou était ce avant) j'ai fait quelque chose qui ne m'étais plus arrivé depuis longtemps ; j'ai acheté et lu "Charlie Hebdo". Et qu'est ce que je lit dans ce journal ? Qu'il y a une déferlante raciste sous couvert de "laicité" et qu'en fait l'islamophobie, c'est du racisme respectable. Et qu'en tout état de cause, la laïcité n'est pas "le droit d'attaquer telle ou telle religion" ou d'attaquer toutes les religions, mais "le droit à l'indifférence, le droit de ne pas avoir à être concerné par la religion !" Un article signé par Bernard Maris que j'ai aussitot fait encadrer dans mes chiottes (ou elle remplace l'extrait de citation de spinoza, j'ai de vraies toilettes d'intello) Malheureusement, je me le suis fait piquer (d''habitude c'est plutot le pq que mes invités me taxent)
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Message  gérard menvussa Lun 10 Jan - 22:40

ll n'est nul besoin de stigmatiser le comportement de Vals pour avoir un avis sur les dérives de LO (et encore heureux !) Leur attitude contante totalement acritique devant les petit bougeois (et petites bourgeoises) de NPNS, leur refus de condamner l'attaque haineuse contre le seul islam d'ou qu'elle vienne sont caractéristique : celle d'un groupe centriste voguant au gré du vent ! Jacques Kergoat le signalait déja il y a trente ans... Et l'oportunisme leur marque de fabrique... Il n'y a qu'a voir leur attitude lors des municipales...

Mais bon, la question de LO ne se pose pas... La question, c'est plutot "le npa est il encore redressable". Moi je pense que oui*. Evidemment oudiste et Toussaint pensent le contraire, sinon ils seraient avec nous (et le résultat du combat moins aléatoire)

* Mais ça va être dur !
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Message  Marco Pagot Mar 11 Jan - 2:17

gérard menvussa a écrit:La semaine derniére (ou était ce avant) j'ai fait quelque chose qui ne m'étais plus arrivé depuis longtemps ; j'ai acheté et lu "Charlie Hebdo". Et qu'est ce que je lit dans ce journal ? Qu'il y a une déferlante raciste sous couvert de "laicité" et qu'en fait l'islamophobie, c'est du racisme respectable. Et qu'en tout état de cause, la laïcité n'est pas "le droit d'attaquer telle ou telle religion" ou d'attaquer toutes les religions, mais "le droit à l'indifférence, le droit de ne pas avoir à être concerné par la religion !" Un article signé par Bernard Maris que j'ai aussitot fait encadrer dans mes chiottes (ou elle remplace l'extrait de citation de spinoza, j'ai de vraies toilettes d'intello) Malheureusement, je me le suis fait piquer (d''habitude c'est plutot le pq que mes invités me taxent)

ah tiens toi aussi t'as racheté pour voir ?
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Message  Marco Pagot Mar 11 Jan - 2:17

gérard menvussa a écrit:ll n'est nul besoin de stigmatiser le comportement de Vals pour avoir un avis sur les dérives de LO (et encore heureux !) Leur attitude contante totalement acritique devant les petit bougeois (et petites bourgeoises) de NPNS, leur refus de condamner l'attaque haineuse contre le seul islam d'ou qu'elle vienne sont caractéristique : celle d'un groupe centriste voguant au gré du vent ! Jacques Kergoat le signalait déja il y a trente ans... Et l'oportunisme leur marque de fabrique... Il n'y a qu'a voir leur attitude lors des municipales...

Mais bon, la question de LO ne se pose pas... La question, c'est plutot "le npa est il encore redressable". Moi je pense que oui*. Evidemment oudiste et Toussaint pensent le contraire, sinon ils seraient avec nous (et le résultat du combat moins aléatoire)

* Mais ça va être dur !

oh putain on est encore d'accord
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Message  Toussaint Mar 11 Jan - 4:24

Mais je pense que le NPA est redressable. Je pense aussi, et je crois l'avoir dit que c'est même la seule orga française qui le soit. Si je ne l'ai pas dit, voici qui est fait.
Redressable puisqu'on y trouve tant de camarades qui se sont battus et se battent encore contre le racisme islamophobe. Et parmi eux, des gens que j'admire beaucoup, comme John Mullen, Catherine Samary, Léon Crémieux, Aguirre, plusieurs autres, d'autres que je lis ici et j'apprécie, comme toi, GM, Roseau, Axel, la Fée, Babel, Sylvestre, Brutus, Yannalan, je ne peux citer tout le monde. Sans parler des copains de la IV qui n'ont pas marché dans le piège, comme les cdes belges, et pas mal d'autres. Je ne suis pas au NPA fondamentalement parce que je vis en Guyane, et que la construction du NPA n'y est guère prévue. Ni souhaitable, d'ailleurs. OB a été explicite sur ce point, je dis cela avant qu'on me dise que c'est parce que je ne veux pas de parti révolutionnaire en Guyane. Est-ce que je serais resté au NPA en métropole? Bah, cela dépend totalement de l'endroit. Il faut aussi pouvoir travailler avec les militants. Lorsque c'est impossible, mieux vaut en tirer les conséquences. Pour avoir connu certains contextes et débats proprement délirants, c'est la réponse que je peux donner.
Maintenant, de là à risquer un pronostic, c'est une autre histoire. Je note que bien des camarades que j'ai cités ne sont pas d'un optimisme exacerbé sur l'issue des débats. Comme tu dis: "Mais ça va être dur !" C'est en effet l'impression que cela donne. Et dans un tel contexte, avec de tels antécédents, il est difficile d'imaginer que des militantes musulmanes pratiquantes puissent rester, ou même aujourd'hui adhèrent avant un certain temps. Et une défaite au congrès scellerait la question pour un bon moment. Et une orientation mi-chèvre, mi-chou serait une défaite.

Ce serait ennuyeux car alors, il ne resterait pour les musulman-e-s d'EG que les Indigènes (mais bon, leurs faiblesses sont à la vue) ou un éventuel parti musulman d'EG, pas évident à construire, tant la calomnie et la haine marqueraient sa création, outre même les problèmes politiques de base évidents... De toute façon, on en viendra un jour-là, même si beaucoup des personnes susceptibles de créer un tel parti sont aujourd'hui opposées à une telle démarche. Mais ce sera un approfondissement de la défaite.

Ce qui est ennuyeux dans les positions des gens de LO et certains du NPA, c'est qu'aujourd'hui on ne peut sérieusement nier l'existence d'une forte campagne et d'une forte vague islamophobes. Fortes et violentes. En 2004, certains pouvaient encore penser que nous délirions et voyions les choses en noir, voire étions piégés par un campisme d'un nouveau genre. Contrairement à ce que je croyais à l'époque, certains pouvaient en effet le penser. Aujourd'hui, même Vals doit le reconnaître en creux. Pour aussitôt s'en désintéresser, certes, mais son dernier post montre bien qu'il ne peut nier le phénomène qu'il refuse évidemment de nommer autrement que par des périphrases dilatoires. (Curieux ce truc si masculin de refuser constamment de reconnaître simplement l'évidence de son erreur et de transformer tout débat critique en invectives.)

Pas de réactions au texte de C. Delphy?
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Message  Roseau Mar 11 Jan - 7:49

@ Toussaint

1. D'abord merci 1000 fois pour les textes que tu as produit ici et dans l'ancien FMR. Bien qu'éloigné de France, ton apport est très précieux à la construction de ce qui sera le parti révolutionnaire, NPA ou autre.
2. OK, LO s'est fossilisé, sa Direction n'a plus rien à voir avec celle que 1969...Donc dérive , et pas seulement dérapage des plus fossilisés qui comme par hasard s'exprimeraient ici...Mais ça rue dans les brancards. La Direction semble perdue, pas tous les militants.
3. le texte de Delphy est absolument à lire. Il donne, parmi plein d'éclairages, tout le fond qui permet de comprendre que, en France, la rage islamophobique est héritage de la défaite de l'armée française face aux algériens, je devrais dire de notre victoire face au colonialisme. J'avais exprimé cette opinion déjà dans le précédent FMR.
J'en retiens aussi bien sûr aussi ceci:
Ainsi la revendication islamique est à la fois affirmation d’une spécificité et revendication d’une égalité de traitement. Le port de vêtements comme le foulard ou le niqab n’a pas non plus un sens univoque : comme l’ensemble de la réislamisation, il revendique à la fois une spécificité –« je suis musulmane »—et une communauté –« comme vous, j’ai une religion, et comme la vôtre elle mérite le respect ».
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Message  sylvestre Mar 11 Jan - 12:18

http://lmsi.net/Pour-100-des-musulmans-les

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Pour 100% des musulmans, les sondages sont plutôt une menace

Réflexions sur la construction médiatique de l’islamophobie

par Pierre Tevanian, 10 janvier

Pour 42% des Français, la « présence musulmane » est « plutôt une menace » : c’est ce que vient de nous apprendre un sondage réalisé par l’IFOP pour le journal Le Monde. On a raison de s’en alarmer, mais pas d’être étonné-e : l’islamophobie progresse, ou plus précisément elle s’épanouit, se lâche, s’exprime en toute bonne conscience. Par voix de sondage pour les 340 personnes (42% des 809 sondés) qui ont accepté de répondre aux questions bêtes et méchantes de l’IFOP et de choisir la plus violente des réponses proposées, mais aussi de mille autres manières, au quotidien : regards hostiles, propos injurieux, discriminations… Sans parler des formes les plus haut-de-gamme, celles qui précèdent, préparent et légitiment toutes les autres : la stigmatisation politique, éditocratique, journalistique… et sondagière.

Islamophobie - Page 23 Tourneur-6b3cfIl est bon de le rappeler : les sondages sont rarement neutres. Tous les scientifiques le savent : un instrument d’observation peut avoir un impact sur la réalité qu’il est censé enregistrer de manière objective, et même produire cette réalité – et c’est par excellence le cas des sondages d’opinion  [1].

C’est le cas, tout particulièrement, du sondage de l’IFOP, pour la simple raison, d’abord, que ce sondage est performatif : le simple fait de poser la question d’une éventuelle « menace islamique » contribue à semer le doute, inquiéter, et donc donner consistance à ladite menace. Chacun-e a déjà pu l’expérimenter : le meilleur moyen de susciter la peur dans une situation anodine, par exemple à la tombée du jour ou en cas de coupure de courant, est de poser la question de la peur. Que l’on demande « Tu as peur ? » ou qu’on affirme « Moi je n’ai pas peur », ou même qu’on déclare qu’« Il n’y a aucune raison d’avoir peur », le message implicite est le même : « Tu pourrais avoir peur », et il y a donc bien, en réalité, des raisons d’avoir peur.

Texte

Le sondage de l’IFOP est d’autant plus anxiogène qu’il ne dit pas, loin s’en faut, qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. Par les mots qu’il utilise, il construit au contraire, de manière discrète mais d’autant plus pernicieuse, une scène belliqueuse sur laquelle s’opposent d’un côté « la France », « notre pays », et de l’autre la spectrale « présence » d’une étrange « communauté musulmane » :

« Diriez-vous que la présence d’une communauté musulmane en France est :

- plutôt une menace pour l’identité de notre pays ;

- plutôt un facteur d’enrichissement culturel pour notre pays ;

- ni l’un ni l’autre. »

Aucun de ces mots n’est neutre. Parler d’une « communauté musulmane », tout d’abord, c’est immanquablement suggérer que les musulmans n’appartiennent pas à la communauté nationale, ou pas vraiment, ou pas loyalement : ce qui est faux et tendancieux – la plupart des musulmans vivant en France étant français, et rien (sinon le racisme) ne permettant de préjuger de leur manière d’être français.

Quant au mot « présence », il réactive, sous une forme à peine euphémisée, le sinistre « occupation » de Marine Le Pen qui a fait la une ces dernières semaines, en suggérant que ladite communauté musulmane forme un corps étranger, n’entretenant pas ou peu de relations avec le reste du pays. Ce qui, là encore, est tout simplement faux : les musulmans sont parfaitement intégrés dans la société française, fût-ce à des places subalternes dans la division du travail, et à la place du mort – je veux dire du bouc émissaire – dans le jeu politique et l’espace médiatique.

Cette inquiétante étrangeté de « la communauté musulmane » est ensuite opposée à « l’identité » du pays, ce qui achève de dicter « la bonne réponse » – en tout cas pour toute personne qui, dans la temporalité TGV des questions-réponses de l’IFOP, reste dans le vague et dans l’abstrait : à l’évidence, l’Autre s’oppose à l’Identique, donc oui, l’Autre musulman ne peut que menacer l’Identité française.

Islamophobie - Page 23 Deltombe-58126Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas compris, la France est rebaptisée « notre pays », sous-entendu : « pas le leur » – ce qui là encore est aussi faux que tendancieux. Non seulement parce que la majorité des musulmans de France sont de nationalité française, mais aussi parce que des résidents étrangers peuvent tout aussi légitimement, dès lors qu’ils y ont élu domicile, considérer la France comme leur pays.

Enfin, la structure binaire plutôt.../ plutôt... construit de toutes pièces une alternative tout à fait fallacieuse : l’Islam serait soit une menace, soit un enrichissement. La question laisse il est vrai la possibilité de répondre « Ni l’un ni l’autre », mais sans donner aucun contenu substantiel un tant soit peu précis et concret à ce « Ni l’un ni l’autre » – alors que, de facto, l’Islam peut représenter, pour un musulman comme pour un non-musulman, mille autres choses qu’une menace identitaire ou un enrichissement culturel.

Hors-texte

Une réponse, par exemple, n’est pas proposée, alors qu’elle aurait sans doute pu recueillir un nombre conséquent de suffrages :

« L’Islam ne représente absolument rien pour moi. Je ne connais pas, et j’ai bien d’autres chats à fouetter. »

Ou encore celle-ci :

« l’Islam, pour moi, est une religion parmi d’autres, à laquelle on pourrait peut-être commencer à lâcher la grappe ».

D’autres réponses assez basiques ne sont pas proposées, par exemple celle-ci :

« La communauté musulmane n’existe pas, cette expression ne veut rien dire, on ne peut pas mettre tous les musulmans dans le même sac. »

Ou encore celle-ci :

« Les musulmans ne forment pas une communauté, ils sont différents les uns des autres, exactement comme les non-musulmans sont différents entre eux. »

Mille autres réponses possibles peuvent être imaginées, et en particulier des réponses non-racistes. En ne les proposant pas, en imposant une fausse alternative entre enrichissement culturel et menace identitaire, le sondage de l’IFOP maximise – c’est arithmétique – les chances pour la réponse raciste de casser la baraque : pour tous ceux qui n’éprouvent pas de sympathie ou de curiosité particulière à l’égard de « la culture musulmane », pour tous ceux qui se contrefoutent de la problématique de l’« enrichissement culturel », pour tous ceux qui, tout simplement, ne voient pas ce que ces mots au fond très vagues peuvent bien signifier, il ne reste plus que :

- le refus de répondre, qui est la plus sage des réactions, mais que l’orgueil humain et le plaisir d’être pour une fois entendu nous poussent bien souvent à ne même pas envisager  [2] ;

- le vague et peu engageant « Ni l’un ni l’autre » ;

- la première réponse, « la bonne », qui a pour elle l’apparente évidence de la tautologie : l’altérité (musulmane) menace l’identité (nationale).

En caricaturant à peine, je serais tenté de conclure que la question manifeste – « Diriez-vous que l’Islam est une menace ? » – recouvre une question latente et subliminale, nécessairement entendue par les sondés :

« Savez-vous que l’Islam est une menace ? »  [3]

Ce à quoi 340 personnes sur 809 ont donc accepté d’acquiescer. Il ne s’agit pas en disant cela d’exonérer lesdits 340 de toute responsabilité : il y a après tout 469 autres sondés qui n’ont pas joué le jeu, et même davantage si l’on songe aux refus de répondre – toujours effacés soigneusement des résultats publiés par des instituts de sondage soucieux de nous convaincre que leurs questions idiotes et orientées passionnent tous les Français.

Il s’agit plutôt de souligner que les 340 racistes déclarés ne portent pas l’entière responsabilité de leur « opinion », et que les experts en blouse blanche de l’IFOP n’ont pas seulement « enregistré » cette immondice mais l’ont aussi légitimée, en mettant ces réponses racistes au coeur du débat public, et co-produite, en allant poser à des gens qui n’en demandaient pas tant une question qui est tout sauf neutre – puisqu’aussi bien un milliard d’autres menaces virtuelles (ou, pour certaines, bien réelles) ne sont jamais (ou très rarement) mises sur le tapis sondagier : la menace par exemple que pourrait représenter le catholicisme, le judaïsme, le bouddhisme, le libéralisme, le socialisme, le romantisme, le cubisme, le scoutisme, l’athlétisme, l’alcoolisme, le tabagisme, le tourisme, l’échangisme, le journalisme, l’éditorialisme ou… les sondages eux-mêmes !

Contexte

Islamophobie - Page 23 Express-3-1ec9cIl ne s’agit pas non plus de faire des sondeurs les seuls « engraineurs », ni même les principaux. L’effet performatif de la question de la menace n’atteint ici sa pleine efficience que parce que ladite question advient dans un contexte particulier, beaucoup moins anodin que la tombée du jour ou une coupure de courant, et beaucoup plus anxiogène : elle ponctue un flot quotidien et ininterrompu d’invectives politiques, de tribunes injurieuses, d’éditoriaux alarmistes et de faits divers dramatisés qui ont, depuis le 11 septembre 2001 et plus encore ces derniers mois, fait de l’Islam la figure par excellence de la menace. Moyennant quoi les sondés savent inconsciemment, lorsque la question leur est enfin posée, quelle est la bonne réponse – celle qu’il convient d’apporter pour donner à son interlocuteur aussi bien qu’à soi-même l’image d’un citoyen responsable, informé, lucide, bref : « averti ».

Cet alliage explosif bruit médiatique + sondages et sa force de suggestion ne sont pas de pures conjectures sorties de mon cerveau paranoïaque : n’importe quel-le psychologue, n’importe quel-le sociologue, sait que l’expression d’une opinion n’est pas un phénomème simple et strictement individuel, mais au contraire une interaction, dans laquelle se jouent de manière largement inconsciente des rapports de pouvoir, des stratégies de distinction et de présentation de soi, des questions d’image, de confiance, de légitimité… Ces phénomènes ont d’ailleurs maintes fois été vérifiés, à chaque fois par exemple qu’on a eu la bonne idée de comparer plusieurs sondages, portant sur les mêmes objets mais formulés différemment – et notamment lorsqu’on a comparé des sondages-standard, proposant une formulation hyper-générale sur un « sujet de société » ayant fait l’objet d’un matraquage médiatique, avec des enquêtes beaucoup plus rares renvoyant les sondés à leur propre individualité, leur propre vécu et leur propre ressenti :

- une enquête parue dans L’Humanité en novembre 2002 a par exemple fait apparaître que des sondés pouvaient faire de « l’insécurité » le plus préoccupant des « problèmes », devant neuf autres « problèmes » énoncés (comme l’emploi, les retraites, l’éducation ou la santé), et faire de « l’insécurité dans mon quartier et ma ville » le problème le moins préoccupant, très loin derrière « mon emploi », « ma retraite », « ma santé » ou « l’éducation de mes enfants »  [4].

- en avril dernier, un même sondage nous apprenait que 66% des jeunes de 15 à 24 ans estimaient, quand ils étaient interrogés sur « l’autorité en général », que les parents n’en avaient « pas assez », mais que ces mêmes jeunes étaient 89% à estimer que leurs propres parents avaient « suffisamment d’autorité » sur eux.

Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que nous sommes capables d’oublier nos propres vies, nos propres expériences, nos propres griefs et nos propres inquiétudes, dès que nous nous trouvons en situation d’avoir à exprimer « une opinion » sur un « problème de société » médiatiquement homologué, et qu’alors nos réponses consistent essentiellement à montrer que nous savons « ce que tout le monde sait » – qui n’est rien d’autre que ce que la télévision nous a appris.

C’est ce phénomène qui explique qu’une même « opinion publique » peut, tour à tour et dans un très court intervalle, se montrer par sondages

- impitoyablement sécuritaire et répressive au lendemain d’un crime atroce qui a fait la une du 20H ;

- formidablement humaniste et protestataire, capable d’une forte compassion avec des taulards après deux semaines de médiatisation d’un livre dénonçant les conditions de vie dans les prisons  [5].

Moyennant quoi le 42% de l’IFOP sur la « menace islamique », comme tous les résultats de sondages, ne nous apprend rien de précis sur le for intérieur, l’intime conviction ou le ressenti profond des Français, et pas davantage sur leurs doutes, leurs contradictions et leurs tiraillements intérieurs, mais nous renseigne en revanche de manière infaillible sur le contenu des magazines, des JT et des talk-shows – et donc sur les préoccupations, les stratégies ou les fantasmes de la petite élite sociale et politique qui décide de ce contenu.

Islamophobie - Page 23 Point_2-2-3ea34

Moyennant quoi, aussi, on pourrait imaginer un contre-point rassurant au sondage ignoble de l’IFOP, qui nous ferait descendre bien en-dessous de ce terrifiant 42% – un sondage par exemple qui demanderait :

« Avez-vous déjà été menacé par un musulman ou une musulmane ? »

Ou même, puisque c’est le « ressenti » des Français que prétendent recueillir les sondeurs :

« Vous êtes-vous déjà senti-e menacé-e par des musulmans ou des musulmanes ? »

Ou encore : un sondage qui demanderait à chacun-e si il ou elle a déjà eu souvent, régulièrement, rarement ou jamais, à se plaindre du comportement d’un musulman, mais aussi d’un catholique, d’un policier, d’un employé de guichet, d’un commerçant, d’un propriétaire, d’un employeur ou d’un supérieur hiérarchique. Nul doute que la « menace islamique », telle que « les Français » la « ressentent », s’en trouverait pour le moins relativisée.

Effets

Je le répète, mon propos n’est pas ici d’innocenter à tout prix les 340 racistes anonymes que l’IFOP vient d’élever au rang de « stars d’un jour » : même chauffés à blanc – c’est le cas de le dire – par des médias et des sondeurs zélés, ils portent la responsabilité d’un consentement qu’ils étaient fortement incités à donner, mais pas absolument obligés. Il s’agit simplement de souligner l’écrasante responsabilité de tous ceux qui, en amont, ont produit, attisé et légitimé ce racisme.

Mon propos n’est pas davantage d’opposer les salauds qu’acceptent de devenir les sondés quand on leur pose une question générale au chic type qu’ils redeviennent immédiatement quand on les renvoie à leur propre vie, dans leur propre ville, avec leurs propres collègues ou voisins musulmans. Les choses sont malheureusement plus complexes, dialectiques, dynamiques – et là encore performatives : si une même personne peut dire au même instant t que « l’Islam est une menace » et qu’elle n’a jamais rien eu à reprocher à un musulman, le premier énoncé finit par produire un effet sur la seconde problématique.

Islamophobie - Page 23 Suspect-adfcfJe m’explique : entendre tous les jours que l’Islam est une menace, entendre un jour que 42% des Français le pensent, être amené soi-même à prononcer cette phrase magique, tout cela transforme une subjectivité, engendre des comportements (par exemple des réflexes de méfiance ou de défiance face à toute « manifestation ostensible d’islamité ») et bouleverse donc les interactions futures avec des musulman-e-s de chair et d’os. Pour être plus concret : à force d’entendre, puis de dire soi-même, que l’Islam est une menace, on finit qu’on le veuille ou non, qu’on le sente ou non, par adopter vis-à-vis des musulman-e-s qu’on croise une attitude hostile, distante, craintive ou méprisante, que lesdit-e-s musulman-e-s ne peuvent que ressentir, à laquelle ils ou elles ne peuvent que réagir – et à laquelle ils ne peuvent réagir que d’une manière vive qui sera à son tour décryptée par notre bon français comme la preuve que, décidément, « l’Islam est une menace ». Avec en prime, cette fois-ci, une « expérience » à faire valoir si d’aventure on le sonde sur son rapport personnel avec des musulmans réels.

Système

Voilà dans quels cercles vicieux nous ont enfermés plusieurs années de journalisme racoleur et tendancieux (sur « la poussée fondamentaliste », « les filières terroristes » et « les reculs de la laïcité »), d’éditorialisme belliqueux (sur « la défense du modèle républicain »), d’opérations idéologiques (sur « l’identité nationale », « les tournantes » et « les cités du mâle ») et de législations d’exception (sur « le voile » en 2004, sur « la burqa » en 2010).

Les 340 racistes anonymes de l’IFOP ne sont en somme que la toute petite partie émergée d’un immense iceberg : c’est tout un système qui porte aujourd’hui l’idée que « l’Islam est une menace ». Un système dont les agents – conscients ou pas – sont des ministres, des partis de droite, des partis de gauche, des patrons de presse, des intellectuels, des journalistes… et des sondeurs. Un système qui a ses petites mains mais aussi ses Grands Commis : Yves Calvi, Christophe Barbier, Éric Zemmour, Élisabeth Lévy, Caroline Fourest, Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter, Fadela Amara, Sihem Habchi, Abdennour Bidar, Abdelwahab Meddeb, Michel Onfray, Philippe Val, Robert Redeker, Claude Lanzmann et Bernard-Henri Lévy… Un système qui constitue, pour le coup, une véritable menace – pour la démocratie, pour la paix civile, mais plus directement, plus immédiatement, plus durement, pour les musulmans.

Est-il encore temps d’enrayer cette machine infernale ? Y-a-t-il encore une gauche pour rompre clairement avec cette dynamique, plutôt que « refuser-la-haine-de-l’autre-tout-en-restant-à-l’écoute-de-l’inquiétude-des-Français » ? Les musulmans doivent-ils ne plus compter que sur eux-mêmes et une poignée d’islamogauchistes ? Faut-il agir sur le terrain juridique, politique, social, culturel, à l’échelle locale, nationale, internationale ? Je n’ai évidemment pas la réponse – mais une chose est sûre : la propagande islamophobe bat son plein et porte ses fruits, les injures, violences et discriminations sont quotidiennes, et l’histoire nous a appris que tout cela peut, si on laisse faire, aller encore plus loin.

Islamophobie - Page 23 A_val_redek_bhl_val_3-2-0a275

Notes

[1] Cf. aussi Collectif Les mots sont importants, « État de l’opinion ou opinion de l’État ? ».

[2] Et qui, lorsqu’on l’a envisagé et pratiqué, n’est de toute façon pas comptabilisé !

[3] De même que, symétriquement, l’autre hypothèse recouvre sous une forme manifeste – « Diriez-vous que l’Islam est un facteur d’enrichissement culturel ? » – une question latente et subliminale :

« Vous ne croyez tout de même pas que l’Islam est un facteur d’enrichissement culturel ?!! »

[4] Les sondés étaient 80% à qualifier l’insécurité urbaine de « préoccupante », mais seulement 19% à se déclarer « plutôt » ou « très insatisfaits » de la sécurité dans leur quartier et leur ville – contre 81% de « plutôt » ou « très satisfaits » ! Pour une analyse critique des sondages sur l’insécurité, cf. Pierre Tevanian, « La France d’en bas n’a rien demandé ».

[5] Ce qui se produisit en janvier 2000, après la parution du livre de Véronique Vasseur, Médecin Chef à la prison de la Santé.

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Message  gérard menvussa Mar 11 Jan - 16:47

Sur l'article de C Delphy, je le trouve tout a fait intéressant, avec quelques lectures pour compléter le versant historique : Le choc colonial et l'islam : Les politiques religieuses des puissances coloniales en terres d'islam. qui est un ouvrage trés "accadémique", "universitaire", mais qui donne des matériaux de premier choix pour comprendre l'ambivalence de la politique "religieuse" de la france dans ses colonies maghrébines, en particulier l'atttitude de Jules Ferry qui est en même temps celui qui va acclimater la laicité en france métropolitaine et la refuser farouchement en algérie. Les raison qu'il donne à ce refus sont tout a fait succulente (entre autre, le fait de parler d'autochtones, et non plus de "musulmans" fait courrir le risque de faire apparaitre une "nation algérienne", ce qui n'est pas le but. autre lecture importante, le bouquin de Le Cours Grandmaison sur le status "indigène" (De l'indigénat.Anatomie d'un "monstre" juridique: le droit colonial en Algérie et dans l'empire français,)
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Message  Invité Jeu 13 Jan - 18:17

C'est un peu HS mais ça m'a fait sourire,
Code:
http://lyon.novopress.info/13211/fourviere-est-un-symbole-religieux-ostentatoire-pour-lutte-ouvriere/
(novopress, c'est un peu l'indymedia de l'extrême droite) :

Posté par Novopress

La porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, n’y va pas avec le dos de la cueillère pour défendre la laïcité face aux méchants catholiques ! Selon elle :

« ces gens (Riposte Laïque) regardent ce que fait l’islam mais pas la religion catholique. On ne les entend pas critiquer l’occupation des rues par les processions religieuses. Quand ils parlent du caractère ostentatoire des minarets, ils ne voient pas Fourvière qui est ostentatoire aussi. (…) De la même manière, je ne les entends pas dénoncer l’impossibilité de manger autre chose que du poisson le vendredi dans les restaurants scolaires.» Lyon Capitale, mensuel de janvier 2011


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Message  verié2 Jeu 13 Jan - 18:27

Si LO découvre que l'islamophobie, ça existe, et que Riposte Laïque - dont un rédacteur (à peine repenti aujourd'hui) sévit sur le forum des amis de LO et dont le dirigeant Cassen fut invité à tenir un débat la fête de LO (au nom de l'UFAL)-, ce sont des gens à combattre, c'est parfait. Même si RL n'est, non seulement pas le seul vecteur de l'islamophobie, mais pas le plus dangereux !

A noter tout de même : rappelons que Nathalie Arthaud avait déjà clairement dénoncé l'opération Gérin sur les ondes de Radio Orient comme une "opération de stigmatisation des Musulmans". Malheureusement, par la suite, LO a récidivé dans son soutien à cette opération. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire...

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Message  Vals Jeu 13 Jan - 18:40

La porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, n’y va pas avec le dos de la cueillère pour défendre la laïcité face aux méchants catholiques ! Selon elle :

« ces gens (Riposte Laïque) regardent ce que fait l’islam mais pas la religion catholique. On ne les entend pas critiquer l’occupation des rues par les processions religieuses. Quand ils parlent du caractère ostentatoire des minarets, ils ne voient pas Fourvière qui est ostentatoire aussi. (…) De la même manière, je ne les entends pas dénoncer l’impossibilité de manger autre chose que du poisson le vendredi dans les restaurants scolaires.» Lyon Capitale, mensuel de janvier 2011

.

Cette intervention de Nathalie tape juste comme d'ailleurs toutes celles qu'elle avait fait sur ces questions (a propos de resto Hallal par exemple).
D'ailleurs LO ne s'est jamais référée à la laïcité bourgeoise pour dénoncer TOUS les réactionnaires religieux et quand il s'agit de refuser le voile islamique, ce n'est pas au nom de la laïcité mais au nom de la digité et du droit des femmes.
Quant aux minarets, relire un article ou deux de LO là dessus permettrait de ne pas prétendre que LO ferait un quelconque virage.
De plus il est bien évident pour un marxiste qu'un groupe révolutionnaire, dans le cadre de ses principes et orientations, communique en fonction d'un contexte et de la façon dont est posé concrètement un problème ou une question.
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Message  gérard menvussa Jeu 13 Jan - 19:03

Dans ma folle jeunesse, quand on se moquait des voltes faces du pcf a hue et a dia (et c'est dia qui gagne !) les militants nous répondaient d'un ton docte "c'est dialectique" ! Very Happy
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Message  Gauvain Ven 14 Jan - 2:39


Posté par Novopress

La porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, n’y va pas avec le dos de la cueillère pour défendre la laïcité face aux méchants catholiques ! Selon elle :

« ces gens (Riposte Laïque) regardent ce que fait l’islam mais pas la religion catholique. On ne les entend pas critiquer l’occupation des rues par les processions religieuses. Quand ils parlent du caractère ostentatoire des minarets, ils ne voient pas Fourvière qui est ostentatoire aussi. (…) De la même manière, je ne les entends pas dénoncer l’impossibilité de manger autre chose que du poisson le vendredi dans les restaurants scolaires.» Lyon Capitale, mensuel de janvier 2011

Quelqu'un a la citation complète sous les yeux ? Parce que là, tel quel, c'est quand même très léger. On a l'impression que N.A. reproche seulement à Riposte laïque de ne pas appliquer aux cathos le même traitement qu'aux musulmans. Il faudrait vraiment avoir le reste de l'article, mais j'espère que Artaud prend quand même ses distances avec la définition des prières de rue comme "occupation", avec la caractérisation des minarets comme "ostentatoire". Enfin, la citation de Novopress est trop courte pour se faire une idée, mais j'aimerais bien connaître la "ligne directrice" de son intervention et la thsèe qu'elle entend défendre.
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Message  Oudiste Ven 14 Jan - 2:48

jacquouille a écrit:Paralelement,l'anti-racisme,forte minorité gagne du terrain

Tu dois vraiment avoir de la merde dans les yeux.

Une trentaine de députés apportent leur soutien à Zemmour


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Message  verié2 Ven 14 Jan - 9:14


Vals
Quant aux minarets, relire un article ou deux de LO là dessus permettrait de ne pas prétendre que LO ferait un quelconque virage.
De plus il est bien évident pour un marxiste qu'un groupe révolutionnaire, dans le cadre de ses principes et orientations, communique en fonction d'un contexte et de la façon dont est posé concrètement un problème ou une question.

Sur la condamnation des campagnes anti-minarets, LO, à ma connaissance, n'a pas fait de virage. En revanche, son attitude face à l'opération Gérin/Raoult/Coppé/Sarkozy s'est illustrée par une valse-hésitation, dans laquelle a tout de même dominé une caution apportée à cette campagne. Donc, Vals, ne fais pas semblant de croire qu'on ne parle que des minarets. Quant au "contexte", tu serais bien en peine de nous expliquer en quoi il a changé au cours de ces dernières années.

Par ailleurs, pour en revenir à Riposte Laïque, LO a toujours eu tendance à encenser tous les gens qui tiennent des discours hostiles à l'islam sous prétexte de laicité et de défense des droits des femmes, telles Fadela Amara, Chahdortt Djavann etc, en dépit leurs évidentes positions réactionnaires sur de nombreux points. De son côté, Riposte Laïque a plus d'une fois encensé LO, comme elle a encensé Gérin. Etre ainsi félicité par des gens qui devaient basculer vers l'extrême-droite quelques mois plus tard, ça devrait interpeller les camarades de LO, non ?

Il a donc fallu que Riposte Laïque jette le masque en s'alliant ouvertement avec l'extrême-droite la plus raciste - les "Identitaires - pour que LO prenne pleinement conscience de la nature et de l'idéologie de cette organisation. Mais l'épiphénomène Riposte Laïque ne doit pas dissimuler le caractère beaucoup plus large des campagnes islamophobes et de ses vecteurs, parmi lesquels toutes sortes de gens dont LO ne s'est toujours pas clairement démarquée comme Gérin, Caroline Fourest etc.

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Message  sylvestre Ven 4 Fév - 11:29

Une fois de plus, les médias réactionnaires français font le maximum pour pousser la grille d'analyse du "choc des civilisations" :

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Message  nico37 Sam 5 Fév - 3:54

http://www.blip.tv/file/4635998

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Message  sylvestre Sam 5 Fév - 17:14

En Allemagne Die Linke prend position contre une proposition de loi interdisant le voile intégral au travail : http://www.focus.de/politik/weitere-meldungen/burka-linkspartei-gegen-generelles-verbot-am-arbeitsplatz_aid_596814.html

Linkspartei gegen generelles Verbot am Arbeitsplatz
Freitag 04.02.2011, 11:12
Die Linkspartei hat sich gegen ein generelles Verbot der Vollverschleierung am Arbeitsplatz ausgesprochen. Linke-Bundestagsabgeordnete Christine Buchholz sagte, ein solches Verbot würde betroffene Frauen hindern, ein selbstständiges Einkommen zu erwirtschaften. Hessens Innenminister Boris Rhein (CDU) hatte am Mittwoch ein generelles Burka-Verbot im öffentlichen Dienst erlassen.
Die Linkspartei spricht sich gegen ein generelles Burka-Verbot am Arbeitsplatz aus. Durch ein solches Verbot würden betroffene Frauen davon abgehalten, ein selbstständiges Einkommen zu erwirtschaften, sagte die Linke-Bundestagsabgeordnete Christine Buchholz am Freitag in Berlin. Das könne nicht im Interesse derjenigen sein, die „sich die Emanzipation der Frau auf die Fahnen schreiben“.

Das Linke-Vorstandsmitglied kritisierte den hessischen Innenminister Boris Rhein (CDU), der am Mittwoch für Hessen ein generelles Verbot einer Vollverschleierung im öffentlichen Dienst erlassen hatte. Anlass war der Fall einer muslimischen Bürgeramt-Mitarbeiterin, die nach der Elternzeit mit einer Burka ihren Dienst hatte antreten wollen.
Nach Ansicht von Buchholz hat die CDU „wieder ein Thema gefunden, dass sie zu einer Islam-Kampagne hochstilisiert“. Es wäre sinnvoller gewesen, nach einer Lösung im konkreten Fall zu suchen, um der betroffenen Frau und den Bürgern im Frankfurter Bürgeramt besser zu helfen.
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Message  sylvestre Mar 22 Fév - 13:42

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/02/18/marine-le-pen-ravie-du-debat-sur-l-islam-lance-par-l-ump_1481908_823448.html

Marine Le Pen ravie du débat sur l'islam lancé par l'UMP

La nouvelle présidente du Front national, Marine Le Pen.


Le débat sur "la place de l'islam en France" que compte organiser l'UMP fait déjà une heureuse. Invitée de France Info, vendredi 18 février, Marine Le Pen, présidente du Front national (FN), n'a pas caché son contentement.

"La dernière fois que [Nicolas Sarkozy] a utilisé ça, c'était le débat sur l'identité nationale, et le Front national a fait 15 % aux régionales", a-t-elle rappelé. "Donc un petit effort encore, M. Copé, un petit débat, un petit blabla sur l'islam, la laïcité, et je pense effectivement que nous pourrons terminer la présidentielle à 25 %."

Mme Le Pen a également anticipé les solutions que pourrait proposer l'UMP pour répondre à la question des quelques cas de prières organisées dans la rue, pour mieux les réfuter. "Ils vont nous proposer le financement public des mosquées, la révision de la loi de 1905, une fondation pour permettre aux musulmans de financer des mosquées tout en ne payant pas d'impôts . Je crois que c'est exactement ce que les Français ne veulent pas", estime-t-elle.

EN HAUSSE DANS LES SONDAGES

Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du logement, a proposé, jeudi 17 février, de faire financer des mosquées sur fonds publics. Mais le gouvernement lui a immédiatement opposé un refus net de toute modification de la loi de 1905 sur la laïcité, qui interdit à l'Etat de financer un lieu de culte.

La fille du fondateur du Front national continue de grimper dans les sondages de popularité. Une enquête IFOP pour France-Soir la place désormais à 20 % d'intentions de vote au premier tour en cas de candidature de Martine Aubry, créditée pour sa part de 22 % d'intentions de vote, contre 23 % à Nicolas Sarkozy .



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