Entourées de volontaires chargés de leur sécurité, des Egyptiennes marchaient vers la place Tahrir, samedi 7 juillet, pour dénoncer les agressions sexuelles qui se multiplient sur ce lieu symbole de la "révolution" de l'an dernier, devenu dangereux pour les femmes. Elles étaient une dizaine, entourées par autant d'hommes en gilet jaune fluo, attirant des regards curieux, parfois un brin moqueurs.
Dans les rues du Caire, le harcèlement des femmes, voilées ou non, à coups de remarques obscènes ou parfois de gestes déplacés est un phénomène courant. Mais récemment, les témoignages venant de la place Tahrir sur de véritables agressions sexuelles, voire des viols, se sont multipliés.
>> Lire notre reportage Les viols et agressions de femmes se multiplient place Tahrir
"ILS ONT RÉUSSI À SOUILLER LA PLACE"
Plusieurs affaires impliquant des journalistes occidentales pendant et après la révolution qui a abouti à la chute de Hosni Moubarak ont été très médiatisées. Elles ont braqué les projecteurs sur le harcèlement des femmes en Egypte mais sans susciter de réaction des autorités. Depuis, les attaques semblent semultiplier.
"Nous voulons être traitées comme des citoyennes, pas comme des femelles", dit Rasha Kamel, une gynécologue de 38 ans, l'une des organisatrices de cette action symbolique pour "un Tahrir sûr", avant de tracer au feutre noir sur une pancarte "Je suis comme ta soeur".
Pour Ahmed Niazy, l'un des hommes venus participer à la marche pour un Tahrir sûr, "le régime, qui n'est jamais tombé, utilise le harcèlement sexuel pour réprimer la liberté d'expression. Pour eux, les femmes sont la partie la plus faible et c'est leur moyen de faire pression sur nous. Et ils ont réussi à souiller la place".
Aujourd'hui, les jeunes femmes sont armées de pistolets à eau chargés d'un mélange de mercurochrome et de piment rouge, pour se défendre contre d'éventuels agresseurs mais aussi pour les marquer et les désigner à la foule.