Forum des marxistes révolutionnaires
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Indigènes de la République

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Message  MO2014 Sam 2 Jan - 19:12

De « l’esprit du 11 janvier » à la « déchéance de la nationalité » : chronique d’une année de régression culturaliste
Said Bouamama, 1er janvier 2016

Trois séries de faits ont marqués l’année 2015. La première borne l’année par les attentats ignobles de janvier et de novembre. La seconde est constituée des instrumentalisations de l’émotion publique, qu’ils ont suscités dans une logique froide de réal-politique gouvernementale : elle va de « l’esprit du 11 janvier » à la déchéance de la nationalité en passant par le double consensus pour la poursuite de la guerre et pour l’Etat d’urgence renouvelable. La troisième est une conséquence logique de la précédente et se traduit par la banalisation des « abus » de l’Etat d’urgence, par la montée des actes islamophobes, par les résultats électoraux du Front National et par la manifestation raciste et islamophobe d’Ajaccio. Le discours médiatique et politique dominant, en présentant les deux premières séries de faits comme reliées par un ordre de causalité, légitime l’Etat d’urgence et la guerre comme nécessités de la sécurité publique. Par le procédé exactement inverse c’est-à-dire en refusant d’interroger les interactions entre les deux dernières séries de faits, les mêmes discours masquent les responsabilités gouvernementales dans le développement rapide de rapports sociaux racistes dans notre société.

Une question de méthode

Comprendre une dynamique sociale et politique suppose la recherche des liens de causalités entre des faits sociaux et politiques. Séparer ce qui est relié, nier les relations de causalités entre les faits, est une première erreur méthodologique diffusée lorsqu’un dominant, individu ou groupe social, a intérêt à masquer les causes réelles de ses décisions et de ses pratiques.

Des causes générales et abstraites sont alors mises en avant pour masquer les causes matérielles réelles. Des mots lourds envahissent alors le champ lexical. C’est ainsi que nous serions en guerre pour lutter contre la « barbarie » en Syrie aujourd’hui ou pour défendre le « droit des femmes » en Afghanistan hier et non pour des raisons de contrôle des sources pétro-gazières de la région.

C’est de même pour défendre la « laïcité » que la loi interdisant le port du foulard à l’école a été votées en 2004 et non pour détourner l’attention des effets d’un libéralisme économique destructeur. La montée de l’islamophobie, les résultats électoraux du Front National et la manifestation islamophobe d’Ajaccio sont incompréhensibles en partant de causalités générales et abstraites.

Ces faits sont le résultat de causalités matérielles précises : les décisions économiques, militaires et policières internationales et nationales de l’Etat français. La politique de guerre là-bas, de dérégulation économique et de détournement des colères sociales ici, sont, selon nous, les causalités matérielles que masquent les causalités abstraites et générales mises en avant par le discours politique et médiatique.

La recherche des causalités ne peut en outre se réduire à une approche chronologique. Ce qui précède n’est pas automatiquement la cause de ce qui succède. De même que le jour n’a pas pour cause la nuit, le vote de l’Etat d’urgence n’a pas pour cause les attentats ignobles de novembre et la guerre en Syrie n’est pas la conséquence de l’existence de DAESH.

Deux procédés idéologiques des mécanismes de domination peuvent à ce niveau être repérés. Le premier consiste à confondre prétexte et cause. L’invasion du Koweït par l’Irak est ainsi un prétexte qui a médiatiquement et politiquement été construit comme cause pour justifier la guerre du golfe. Le second mécanisme classique des processus de domination est l’inversion de l’ordre des causes et des conséquences.

« L’esprit du 11 janvier », « l’unité nationale » et « l’état d’urgence » ne sont pas des conséquences logiques et inéluctables des attentats de janvier et décembre mais sont le résultat d’une instrumentalisation de l’émotion publique à des fins politiques et économiques libérales et guerrières.

Théorie du complot ou temporalités différenciées ?

Il est de bon ton aujourd’hui d’amalgamer l’effort de compréhension des stratégies des classes dominantes pour imposer une vision du monde conforme à leurs intérêts matériels d’une part et la « théorie du complot » d’autre part. L’accusation de « conspirationnisme », de « complotisme » ou de « confusionnisme » est même devenue une étiquette infamante brandie face à chaque effort critique. De cette façon s’opère un désarmement idéologique des contestations sociales de l’ordre dominant. Il s’agit bien d’un amalgame au sens de la confusion réductrice entre deux phénomènes hétérogènes.

La théorie du complot présente les événements politiquement signifiants comme le résultat d’une conspiration globale orchestrée en secret par un groupe social plus ou moins important. L’approche stratégique c’est-à-dire matérialiste analyse l’histoire comme le résultat de la lutte entre les groupes dominés (classes, minorités nationale et/ou ethniques, nations, femmes, etc.) et les groupes dominants basée sur une divergence d’intérêt matériel.

La première approche explique la révolution française par un complot maçonnique et la seconde par la lutte entre les féodaux, les serfs et la bourgeoisie. La première explique les luttes de libération nationale de la seconde moitié du vingtième siècle comme le résultat d’un complot communiste alors que la seconde recherche la causalité de ces luttes dans les changements du rapport des forces mondiales ouvrant de nouvelles possibilités de luttes aux colonisés. La première explique l’histoire et ses événements par l’existence d’un complot juif mondial pour dominer le monde alors que la seconde recherche les déterminants historiques dans Les évolutions des rapports de forces entre dominants et dominés. La première explique les guerres contemporaines par un complot de la société des illuminati de Bavière alors que la seconde analyse ces guerres comme conséquences de la lutte pour contrôler les sources des matières premières stratégiques.

Si l’histoire n’est donc pas faite de complots, il existe en revanche une histoire des théories du complot, des moments de leur émergence et de leur développement. Celles-ci fleurissent dans les séquences historiques de crises marquées par une crainte sur l’avenir lointain, une incertitude sur l’avenir proche, la peur du déclassement social, l’affaiblissement des facteurs de sécurités sociales et le relâchement des liens sociaux de solidarité. Cette première série de facteurs ne suffit pas. Pour que se développe les théories du complot de manière conséquente, il faut de surcroît qu’aucune explication crédible ne soit suffisamment disponible pour expliquer cette première série de faits.

C’est à ce niveau qu’apparaît la responsabilité de Hollande et Valls pour ne parler que de la société française. La nécessité vitale pour eux de masquer les véritables raisons de leurs choix politiques et économiques les orientent vers une temporalité de court terme. Les grilles explicatives proposées sont en permanence conjoncturelles, de réaction à une situation, de mensonge sur les résultats logiques de leurs choix (qui eux sont bien structurels et inscrits dans la longue durée).

Expliquer les guerres par leur véritable cause c’est-à-dire les matières premières ou le contrôle d’espaces géostratégiques les rendraient impopulaires. Expliquer la régression sociale généralisée par sa véritable cause c’est-à-dire l’enrichissement d’une minorité la rendrait impossible. La décrédibilisation de ces explications de court terme conduit à l’émergence du terreau des théories du complot comme elle conduit d’ailleurs à la construction de populations bouc-émissaires servant de base au développement des idées et groupes fascisants.

L’instrumentalisation de la réalité immédiate pour lui faire servir les choix économiques et politiques structurels de dérégulation globale devient dès lors un impératif de légitimation. Si « l’esprit du 11 janvier », « l’unité nationale » ou le consensus sur la guerre et l’Etat d’urgence ne sont pas le résultat d’un complot où l’ensemble des actes du scénario était prévu, ils sont en revanche le résultat de l’instrumentalisation des attentats et de l’émotion qu’ils ont suscités.

La lepénisation des esprits

La temporalité de court terme à des fins de légitimation de décisions illégitimes porte un autre effet important : l’emprunt au Front National de son vocabulaire, de ses logiques de raisonnement, de ses manières de problématiser la société. Il s’agit en effet de tenter de rassurer une angoisse sociale en ne s’attaquant pas à ses bases matérielles en attendant la prochaine échéance électorale. A ce jeu les explications univoques et simplistes du Front National restent les plus efficaces quitte à les nuancer à des fins de distinction. Ce processus décrit il y a bien longtemps par Pierre Tevanian et Sylvie Tissoti est en œuvre depuis plusieurs décennies c’est-à-dire depuis la contre-révolution libérale. D’emprunt en emprunt c’est progressivement l’ensemble du paysage idéologique français qui se trouve modifié.

Problématiser les faits et crises sociales à partir de logiques culturalistes, accepter même en les nuançant les théories faisant de l’Islam et des musulmans un problème (pour la démocratie, pour le droit des femmes, pour la laïcité, etc.), reprendre la thématique d’une « identité nationale » en danger par le défaut d’intégration d’une composante de notre société, expliquer les guerres au Sud de la planète par des facteurs uniquement religieux et/ou tribaux, présenter des groupes meurtriers comme DAESH comme surgissement inexplicable de la barbarie ou pire comme conséquence logique d’une religion meurtrière en essence, etc., voilà des décennies que l’hégémonie de cette vision du monde se renforce par emprunts successifs.

Le résultat est au rendez-vous : le développement des rapports sociaux racistes dans notre société. Loin d’être une situation isolée, la manifestation islamophobe d’Ajaccio reflète le développement bien réel de ces rapports sociaux sur l’ensemble du territoire. De telles manifestations existent en potentialité ailleurs. Bien sûr ni Sarkozy, ni Hollande ne souhaitent un tel résultat mais celui-ci reste la conséquence logique de décisions de court-terme prisent pour répondre aux besoins de légitimation immédiats de leurs projets de régression sociale.

La lepénisation des esprits est un processus c’est-à-dire qu’elle ne peut être stoppée que par la rupture franche et nette avec la logique qui la porte. Or une telle rupture n’est pas possible pour un parti socialiste qui a définitivement fait le choix de la mondialisation capitaliste et de ses nécessités que sont les guerres et la régression sociale généralisée. Elle débouche inévitablement sur une lepénisation des actes. Elle ouvre enfin pour le Front National à une logique de surenchère qui n’a aucune raison de s’arrêter.

La proposition du gouvernement d’instaurer une « déchéance de la nationalité » pour les « binationaux » condamnés pour terrorisme est, non seulement, approuvée par le Front National mais celui-ci propose de l’élargir à d’autres situations. « Une fois que le principe a été réhabilité par François Hollande, précise Florian Philippot, nous allons passer à l’étape numéro 2, c’est-à-dire faire pression pour que cette déchéance soit appliquée concrètement beaucoup plus largement (2). »

La même logique de surenchère est repérable sur de nombreuses autres questions : L’islamophobie qui se déploie de l’interdiction initiales de porter le foulard au sein de l’école publique à une demande d’extension dans les hôpitaux, les entreprises, la rue, etc. ; La sécurité qui se traduit par une demande d’armements plus conséquents des policiers puis s’étend à l’armement de la police municipale et pourquoi pas demain à la vente libre des armes comme aux Etats-Unis ; Les conditions exigées pour le regroupement familial qui ne cesse de croître depuis trente ans, etc. Sur toutes ces questions ce que le Front National propose devient ultérieurement une réalité mise en œuvre par la droite et/ou le parti socialiste.

L’acceptation d’un champ idéologique entraîne inévitablement les conséquences pratiques de ce champ. L’acceptation pour des raisons de légitimation de court-terme et/ou pour des raisons de détournement des colères sociales et/ou pour des raisons électorales du culturalisme comme grille de lecture du monde conduit inévitablement à un développement des rapports sociaux racistes concrets.

urgence

L’approche culturaliste de la nationalité et logique d’exception

Les processus culturalistes que nous décrivons s’inscrivent désormais dans la longue durée c’est-à-dire qu’ils se déploient depuis plusieurs décennies. Toutes les mesures culturalistes ne se valent cependant pas. Certaines d’entre-elles signifient des basculements qualitatifs au sens où elles marquent l’éclatement d’un verrou idéologique issu des luttes sociales passées et en particulier de la lutte contre le fascisme au mitan du vingtième siècle et des luttes anticolonialistes des décennies suivantes. Rendre possible la déchéance de la nationalité est une mesure signifiant une telle rupture qualitative.

La colonisation instaure un clivage légal entre d’une part des citoyens français et d’autre par des « sujets français ». Elle crée pour les indigènes selon le juriste Jacques Aumont-Thiéville une position « intermédiaire entre celle du citoyen français et celle de l’étranger puisqu’ils sont sujets français (3) ».

Ce faisant, elle fonde un droit d’exception s’appliquant à certains français et non à d’autres. Une fois la logique d’exception posée, elle s’étend inéluctablement comme en témoigne la distinction entre « français de papier » et « français de souche » qui date de l’époque coloniale. La hiérarchisation des « français » en fonction de leurs origines touche ainsi les « naturalisés » même européens :

« Compagnons de France ! A l’appel ! Martinez ! – Présent. Navarro ! – Présent. Esclapez ! – Présent. Napolitano ! Canelli ! Présent ! Présent ! ». Sur les places des villages et des villes d’Oranie, les dimanches matins du salut aux couleurs, le défilé des noms des « compagnons »’ lancés avec l’accent râpeux d’Oran donnait une bonne idée des origines de ceux que les Français « authentiques » appelèrent longtemps avec mépris les « néo-français », ou mieux encore « les Français à 2,75 F » (du prix du papier timbré sur lequel s’établissait la demande de naturalisation)

Le décret-loi du 22 juillet 1940 du maréchal Pétain prévoit pour sa part dans son article 1 « la révision de toutes les acquisitions de nationalité française ». Bien sûr nous n’en sommes pas là mais il s’agit bien d’autoriser une déchéance pour des personnes nées françaises sur le seul critère de l’origine. François Hollande le précise nettement le 16 novembre devant le congrès :

Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né Français, je dis bien même s’il est né Français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité (4).

Quant à la veine idéologique d’une telle mesure, le ministre de la justice de Pétain Raphaël Alibert la précise en argumentant le décret-loi avec un vocabulaire que l’on pourrait croire contemporain : « les étrangers ne doivent pas oublier que la qualité de Français se mérite (5). »

Les réponses de Manuel Valls ont, bien entendu été une dénonciation offusquée de l’amalgame entre des situations incomparables. Son argumentaire ne peut cependant pas nous rassurer. Selon lui cette mesure n’est pas nécessaire pour des raisons d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Elle est de nature symbolique :

« Oui, c’est une mesure symbolique ». Mais « quand des Français prennent les armes contre d’autres Français, prônant la haine de la France, brûlant d’ailleurs le passeport, reniant tout ce que nous sommes, l’Etat, la République peuvent être amenés à prendre un certain nombre de mesures, qui sont à la fois symboliques et concrètes (6). »

Si la mesure n’a aucune efficacité, si elle est entièrement de nature symbolique, c’est qu’il s’agit bien de faire éclater un verrou idéologique. Il ne faut jamais sous-estimer les effets d’un tel éclatement quand bien même celui-ci se limiterait à la sphère symbolique. La disparition d’un verrou idéologique libère et autorise, invite et incite, légitime et rend utilisable, des termes et des concepts, des logiques de pensées et des modes de raisonnement, jusque-là prohibés par l’état du rapport de forces. Ce qui est autorisé par l’éclatement de la nationalité homogène qu’instaure la déchéance de la nationalité se sont des pratiques d’exception jusque-là prohibées, ce sont des traitements inégalitaires légaux sur la seule base de l’origine.

Nous sommes bien en présence d’une politique de la race construite par en haut pour des raisons de légitimation de court-terme mais imprégnant désormais largement la société française comme en témoigne les derniers sondages comme la manifestation d’Ajaccio.

Le peuple de France (comme tous les autres peuples) n’est pas et n’a jamais été raciste par essence. En revanche, il le devient dans certaines périodes historiques, quand se conjuguent des discours culturalistes durables et des incertitudes sociales. Ce fut le cas à l’époque coloniale, telle est aussi notre situation actuelle. La seule réponse est le développement d’une autre explication du présent et d’une autre vision de l’avenir. Mais pour cela une première étape est nécessaire qui consiste à briser les consensus idéologiques que l’on tente de nous imposer. La lutte contre les guerres, l’Etat d’urgence et l’islamophobie revêt désormais le caractère d’une urgence sociale et politique.
Notes :

1) – Pierre Tevanian et Sylvie Tissot, Mots à Maux, Dictionnaire de la lepenisation des esprits, Dogorno, Paris, 1998.

2) – OBS2111/quand-le-fn-proposait-la-decheance-de-nationalite-pour-de-simples-faits-delictuels.html,

3) – Jacques Aumont-Thiéville, Du régime de l’indigénat en Algérie, cité in Olivier Le Cour Grandmaison, La découverte, Paris, 2010, p. 57.

4) – http://libertes.blog.lemonde.fr/201…

5)- Journal de débats du 24 juillet 1940.

6) – http://www.bfmtv.com/politique/pour…
https://bouamamas.wordpress.com/2016/01/01/de-lesprit-du-11-janvier-a-la-decheance-de-la-nationalite-chronique-dune-annee-de-regression-culturaliste/

MO2014

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Message  MO2014 Ven 15 Jan - 23:28

Acquittement ce soir du policier qui avait tué Amine Bentounsi d'une balle dans le dos. Justice raciste !

Il y a quelques jours condamnation de huit syndicalistes de Goodyear à 9 mois ferme. Justice classiste !

Pas de justice, pas de paix !

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Message  MO2014 Ven 26 Fév - 16:27

Communiqué du PIR concernant l'assassinat du résistant Omar Nayef Zayed

Le PIR rend hommage et porte le deuil du martyr palestinien Omar Nayef Zayed, ancien prisonnier politique et combattant pour la libération de la Palestine, assassiné ce matin dans les locaux de l'ambassade de Palestine à Sofia, en Bulgarie. Allah yerhamou, qu'il repose en paix.

Omar Nayef Zayed avait pris refuge dans l'ambassade palestinienne pour éviter son extradition que demande Israël et qu'étaient prêtent à exécuter les forces bulgares. C'est la presse israélienne qui annonça ce matin en premier son « assassinat », alors que les autorités bulgares ont affirmé ne pas avoir encore déterminé les circonstances exactes de son décès tout en ajoutant que la thèse qu'il ait été poussé du toit n'était pas exclue. Il n'y a là aucun doute que ce crime est bien le fait des services de sécurité sionistes et du Mossad.

Omar Nayef Zayed est né à Jénine. Il fut arrêté par les forces de l'occupation sioniste en mai 1986 et condamné à la prison à vie après avoir mené une opération de résistance contre des colonies illégales à Jérusalem. Après 40 jours de grève de la faim en 1990, il fut transféré dans un hôpital à Bethlehem d'où il put s'échapper. Il voyagea dans le monde arabe et finit par s'installer en Bulgarie.

Son assassinat par Israël en pleine ambassade de l'Autorité palestinienne et en Europe est une démonstration pour les forces sionistes qu'aucun résistant palestinien ne pourrait être en sûreté nul part.

Nous saluons la résistance qu'il mena toute sa vie contre le projet de colonisation de la Palestine et pour la libération de sa patrie et dénonçons les complicités entre les pays européens et les forces de sécurité et d'intelligence israéliennes qui opèrent de façon ouverte et impunie en Europe dans les assassinats politiques de résistants palestiniens.

Le PIR,
Le 26 février 2016

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Message  MO2014 Sam 19 Mar - 23:00

Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire

Indigènes de la République - Page 14 Livre-houria-400x267

« Pourquoi j’écris ce livre ? Parce que je partage l’angoisse de Gramsci : “le vieux monde se meurt. Le nouveau est long à apparaître et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres”. Le monstre fasciste, né des entrailles de la modernité occidentale. D’où ma question : qu’offrir aux Blancs en échange de leur déclin et des guerres qu’il annonce ? Une seule réponse : la paix. Un seul moyen : l’amour révolutionnaire. »

Dans ce texte fulgurant, Houria Bouteldja brosse l’histoire à rebrousse-poil. C’est du point de vue de l’indigène qu’elle évoque le pacte républicain, la Shoah, la création d’Israël, le féminisme et le destin de l’immigration postcoloniale en Occident.
Balayant les certitudes et la bonne conscience de gauche, c’est chez Baldwin, Malcolm X ou Genet qu’elle puise les mots pour repenser nos rapports politiques. Aux grands récits racistes des Soral et Finkielkraut, elle fournit un puissant antidote : une politique de paix qui dessine les contours d’un « nous » décolonial, « le Nous de l’amour révolutionnaire ».

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Message  MO2014 Sam 19 Mar - 23:05

Houria Bouteldja ou la colère lumineuse
Raphaël CONFIANT

Houria BOUTELDJA, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, est une jeune femme brillantissime et courageuse qui vient de publier aux éditions La Fabrique son premier livre "Les Blancs, les Juifs et Nous". Habituée des plateaux-télé où elle refuse de s'incliner devant le machisme "blanc" ou le paternalisme de la Gauche-caviar, elle est désormais une figure de la résistance non pas immigrée, mais indigène de la République. En effet, les immigrés sont venus, à la demande du patronat français, dans les années 50-80, du Maghreb, d'Afrique noire et des Antilles. Ils ont permis la reconstruction de la France d'après-guerre et ont été les soutiers des fameuses "Trente Glorieuses". Sans Mohamed et son marteau-piqueur, Mamadou et son camion-poubelle, Mano et sa 4L des PTT, la France ne se serait jamais redressée aussi rapidement. Ils ont fait des enfants que l'on dit de 2è génération, de 3è génération et maintenant de 4è. Ces enfants n'ont jamais été considérés comme de vrais Français, mais comme des étrangers, voire des envahisseurs qu'il convenait de renvoyer au bled.

  Ce sont les Indigènes au sein de la République.
  Une mince frange d'entre eux a su (à quel prix ? au prix de quels reniements ?) se faufiler par l'ascenseur social et atteindre parfois les plus hauts sommets de l'Etat français, mais pour une Rachida Machin en Louboutin, combien de dizaines de milliers de femmes musulmanes, africaines et antillaises qui, au jour le jour, subissent humiliations, privations de toutes sortes et qui croupissent dans le désespoir. Comment s'étonner après cela que certains de leur garçons finissent par "se radicaliser" comme dit pudiquement le Pouvoir blanc ? Par "Blanc", Houria BOUTELDJA ne se réfère à aucune notion raciale ou biologique. Elle décrit et dénonce un état de fait : depuis au moins 1492, date de la conquête des Amériques, les Européens, qui n'étaient pas plus avancés ni économiquement ni technologiquement que les autres peuples, se sont érigés en "Blancs". A l'époque romaine, à l'époque carolingienne, au Moyen-âge, avant 1492 en tout cas, cette notion était totalement inconnue. Non qu'on ignorât en Europe l'existence de populations à peau sombre mais elles étaient nommées "Ethiopiens" dans la Grèce antique ou "Maures" en Europe occidentale.

  C'est donc l'Européen post-1492 qui a inventé "l'homme blanc". L'homme qui conquiert les autres peuples, qui les domine, les extermine parfois. L'homme qui a commis les trois plus grands crimes des 5 derniers siècles : le génocide des Amérindiens ; l'esclavage des Noirs ; la destruction des Juifs d'Europe. Frantz FANON a expliqué comment nous sommes devenus "les damnés de la terre". Ce que le Parti des Indigènes de la République et Houria BOUTELDJA s'efforcent de faire, c'est de combattre cet "homme blanc", non seulement en chaque Européen, mais aussi en chacun d'entre nous. Le poète RAIMBAUD, le dramaturge Jean GENET, le peintre Paul GAUGUIN, le romancier Salvat ETCHARD (en Martinique) et bien d'autres, tout blancs qu'ils fussent biologiquement parlant, ont su tuer l'homme blanc en eux. On aura compris que l'expression "tuer l'homme blanc" ne renvoie aucunement à une quelconque forme de racisme anti-Blanc comme le croient les journalistes incultes, mais bien à l'idée d'éliminer de soi toute propension à la domination de l'Autre, à l'exploitation des plus démunis, à l'arrogance satisfaite, au machisme, à l'homophobie, au mépris de celui qui est différent.

  Pour le dire plus brutalement, le livre de Houria BOUTRELDJA et le combat que mène son parti, invitent les Français dit "de souche" à tuer la Marie LE PEN ou le Donald TRUMP qui sommeille en eux à cause de siècles et de siècles d'inculcation de leur pseudo-supériorité. Nous analyserons bientôt de manière plus approfondie l'ouvrage de celle qui est portée par une colère lumineuse comme on peut le voir dans la vidéo ci-après...
http://www.montraykreyol.org/article/houria-bouteldja-ou-la-colere-lumineuse

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Message  Dinky Mer 23 Mar - 1:34

Il ne reste plus ici que le fameux et fumeux MO ,qui après avoir fait virer ou fuir tout le monde, vient tranquillement déposer ses crottes islamistes, regrettant parfois d'être dérangé dans sa besogne par d'aucuns qui rappellent qu'il n'est qu'un islamiste mal planqué, un anticommuniste nauséabond et un émissaire du PIR, officine de la réaction islamiste la plus crasseuse.

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Message  Toussaint Sam 26 Mar - 13:16

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Message  MO2014 Lun 4 Avr - 11:54

Rencontre avec Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, autour de son livre Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (La Fabrique, 2016).

Votre livre Les Blancs, les Juifs et nous a été l’objet d’une attaque en règle, sur un plateau de télévision, où un « expert » appelé Thomas Guénolé, vous a accusée de racisme, d’antisémitisme et d’homophobie. Que dites-vous de ces attaques ?

Ces attaques engagent la responsabilité morale de leur auteur pas la mienne. Je dis souvent être responsable de ce que je dis et de ce que j’écris, pas de ce que les autres entendent ou feignent d’entendre. Dans le cas de Thomas Guénolé, il semblerait qu’il souffre d’un trouble cognitif profond. Si j’écris par exemple : "J’aime les Schtroumpfs", il entend : "Je hais les Schtroumpfs". Si j’écris : "Guénolé au goulag", il croit que j’ai un goulag dans le jardin de ma grand-mère et que j’ai le pouvoir de l’y enfermer. De même que lorsque les manifestants contre la loi El Khomry scandent des slogans du genre : "Valls au poteau", il l’interpréterait comme une invitation à faire subir à Valls le supplice de la roue. Pardon, ça c’est un mauvais exemple car, dans ce cas précis, je crois qu’il aurait su comprendre la plaisanterie... Quant à son assimilation des Juifs au sionisme, je ne peux que le plaindre.

Ce que j’en dis de manière plus sérieuse, c’est que ces attaques parlent plus de lui que de moi. D’abord, si j’étais le monstre qu’il décrit, je ne serai plus en liberté. L’apologie du viol dont il m’ a accusé est parfaitement grotesque. Je pense par conséquent, qu’il voulait se tailler une stature d’éditocrate à peu de frais et qu’il s’est saisi d’une opportunité en croyant que j’étais quantité négligeable.

Ma question est la suivante : pourquoi s’est-il autorisé à une telle caricature et à une telle outrance ? Ma réponse est : par mépris. Il n’a pas compris que le PIR [Parti des Indigènes de la République] existe et que j’existe à travers le PIR, que nous avons labouré notre terrain pendant plus de dix ans adossés à une pensée décoloniale puissante et féconde qui est celle de Fanon, de Césaire, de Baldwin et de tant d’autres, qui est celle de notre réalité qui se construit dans la lutte et dans la confrontation et que cette pensée, toute critiquable qu’elle soit ne peut pas être balayée d’un revers de main.

C’est principalement votre recours à la notion de "race sociale" qui vous vaut des accusations de « racisme ». Pouvez-vous expliciter cette expression ?

Les races sociales sont des construits historiques tout comme le genre et la classe. Aucune de ces trois catégories n’est inscrite dans la nature mais elles déterminent toutes les rapports sociaux et surtout elles hiérarchisent l’humanité : il y a de fait des bourgeois et des prolos, des hommes et des femmes, des Blancs et des non-Blancs. Mettre des guillemets pudiques à « race » est juste ridicule sauf si on a plus peur des mots que du racisme et de ses effets sur la vie de millions de gens. Tout le monde (ou presque) comprend : "On ne naît pas femme, on le devient." Mais, curieusement, personne ne comprend : « On ne naît pas Blanc ou Noir, on le devient. »

C’est pour cette raison qu’on me reproche le titre : Les Blancs, les Juifs et nous. J’entends comme une complainte : mais cachez ce sein que je ne saurais voir ! "Qui sont les Blancs ?" me demandent-on. Je réponds : un club privé dans lequel on me défend d’entrer. D’ailleurs, pour m’en distinguer, alors que je suis blanche de peau, on a inventé le mot « gris ». Ce qualificatif est appliqué aux Maghrébins car, précisément, la couleur dans notre cas n’était pas un critère suffisamment distinctif. Le mot « gris » a d’ailleurs la même fonction (toute proportion gardée) que l’étoile jaune car les Juifs finalement n’étaient pas distinguables à l’œil nu. Sinon, on me dit : « Mais qui est ce ‘nous’ dont vous excluez les Blancs ? » Je réponds invariablement : "C’est le ‘nous’ que vous avez produit en nous excluant de votre ‘nous’." Quant au mot « Juifs », il est aussi pris dans un tourbillon. Dire « juif », c’est déjà une preuve d’antisémitisme. En fait, ce débat n’est pas du tout innocent. Le roi est nu, je suis juste une personne qui ose le dire.

Les mêmes qui font un blocage sur le titre ignorent royalement le sous-titre du livre sur la politique de l’amour révolutionnaire qui est pourtant une proposition visant à dépasser ces trois catégories. Si je faisais de la psychanalyse de comptoir, je dirais que c’est la preuve de leur attachement à un monde racialisé. Mais je suis sûrement mauvaise langue.

Vous parlez du 11 septembre dans votre livre ainsi que des attentats en Europe. Quel regard portez-vous sur ce « terrorisme », vous qui justement proposez "une politique de l’amour révolutionnaire" ?

Si j’étais cynique, je dirais l’Occident fait la guerre au monde, il tue directement ou indirectement des millions d’humains sur terre mais on s’en fout parce qu’on n’est pas atteint. Or, depuis le 11 septembre et ces dernières années en Europe, les frontières géopolitiques de l’Europe forteresse ne nous protègent plus. Cela implique de nous remettre en cause collectivement. La première évidence est d’arrêter les guerres impérialistes. Les peuples européens dont je suis, doivent, en quelque sorte, divorcer de leurs dirigeants quand ceux-ci sont belliqueux. Daech est un monstre froid né de la guerre en Irak (avant il n’existait pas) qui tue de manière implacable en Europe mais surtout dans les pays musulmans. Il est l’autre visage de l’Occident. La politique de l’amour révolutionnaire est une politique de convergence qui doit commencer par cesser de faire de l’islam l’ennemi absolu car, comme le dit Raphaël Liogier, c’est ainsi qu’on organise le « marketing de Daech ». C’est une politique de l’alliance de tous contre ce monstre à plusieurs têtes que sont l’impérialisme et ses Frankenstein.

La conclusion du livre s’intitule « Allahou akbar ! ». Pourquoi avoir « relégué » à la fin de l’ouvrage la question de l’islam et par conséquent de l’islamophobie, qui détermine pourtant, dans l’époque actuelle, et très immédiatement, l’essentiel du discours raciste dominant ?

D’abord, du point de vue d’un Rrom ou d’un Noir, l’islamophobie n’est pas le racisme principal. Ensuite parce que j’embrasse une séquence historique qui va de 1492 à nos jours. Autant dire que le racisme s’est mille fois métamorphosé pendant cette longue période. Enfin, parce que ce livre n’est pas consacré à l’analyse d’un racisme spécifique, l’islamophobie (ce qui a été fait mille fois), mais à une stratégie de lutte.

En revanche, je ne vois pas le rapport entre l’islamophobie et mon dernier chapitre. « Allahou akbar ! » est pour moi une ouverture sur une autre « universalité » si tant est que ce mot ait un sens, mais pas n’importe laquelle : celle des damnés de la terre (ou du moins une de ses composantes). C’est le référentiel d’un groupe d’un milliard d’âmes que l’Occident a choisi pour camper le rôle de l’altérité radicale et négative. Je voulais qu’on puisse y voir autre chose qu’un référentiel anxiogène : à la fois la reconnaissance d’une altérité qui se tient debout (le musulman est un « nègre fondamental » comme les autres) mais aussi un espace de rencontre car « Allahou akbar » ne signifie qu’une chose : "Dieu est le plus grand" par opposition à nous tous qui sommes tous petits, Blancs ou pas (et dans lequel je vois une égale dignité de tous), voire lilliputiens si l’on en croit certains plateaux télé.

Dans la mesure où les accusations récurrentes de « sexisme » et la revendication soudaine d’un « féminisme » visent principalement à fustiger les musulmans, et eux seuls, votre refus d’envisager l’évidence de l’intersectionnalité ne limite-t-il pas nécessairement votre démonstration ? Vous reconnaissez certes qu’il y a des oppressions croisées (classe, race, genre) mais, à vous lire, on a l’impression que l’intersectionnalité ne peut et ne doit en aucun cas être un mot d’ordre politique. Est-ce à dire qu’une lesbienne noire, par exemple, doit se battre uniquement contre une seule des oppressions qu’elle subit et accepter silencieusement les autres ?

Je n’ai pas abordé ici la sexualité des indigènes mais le regard que je crois être celui des Blancs sur les sexualités indigènes. J’ai déjà dit mille fois que je n’avais rien contre l’intersectionnalité comme outil d’analyse mais que celle-ci ne me paraissait pas être un outil de mobilisation politique. Je ne peux que vous inviter à lire l’analyse que j’en fais sur le site du PIR. J’ajoute que si le PIR disait qu’il ne luttait que contre le racisme – et ce serait son droit – une lesbienne noire ne pourrait que s’en féliciter car agir contre le racisme c’est agir contre l’une de ses oppressions. Mais il se trouve que l’approche décoloniale est plus généreuse que ça et qu’elle intègre les questions de genre, de classe et d’orientations sexuelles mais pas à travers les lunettes de l’universalisme blanc dont elle se méfie. Et comme le PIR confronte la complexité de notre présent et qu’il n’y échappe pas lui-même, j’ai écrit il y a quelques années dans Rue89 : "Par ailleurs, affirmer que ces identités [homosexuelles] ne sont pas universelles ne signifie pas négation de ces identités quand elles se revendiquent de manière assumée. Les identités peuvent se superposer les unes aux autres. On peut parfaitement bien se revendiquer arabe et homosexuel ou lesbienne puisque ces identités sont disponibles en Europe. Ce que je dis, c’est qu’on ne peut pas aller défendre des hommes ou des femmes sur la base de leur homosexualité si celle-ci n’est pas revendiquée par eux comme une identité. Cela pourrait être considéré comme un impérialisme sexuel. C’est pour cela qu’il est impératif de distinguer ‘pratiques et vécus homosexuels’ des ‘identités politiques homosexuelles’".
http://contre-attaques.org/magazine/article/houria

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Indigènes de la République - Page 14 Empty Rossignol : le racisme d’État

Message  MO2014 Ven 8 Avr - 15:47

Rossignol : le racisme d’État dans toute sa splendeur
Publié le 8 avril 2016 par Sherine Soliman, membre du PIR

« Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse. Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »

Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, 1950.

« Il y avait des nègres afri… des nègres américains qui étaient pour l’esclavage »

Laurence Rossignol, ministre, 2016.

« Le Racisme, c’est mal ».

Thomas Guénolé, politologue, 2016.


Des déclarations racistes, les politiques et «penseurs » français en ont pondues des belles. Il serait inutile de les recenser ici tant elles se bousculent au portail de l’arrogance blanche. Je sais ce qu’on va me dire…L’Abbé Grégoire, 1789, les Lumières, les Droits de l’Homme, l’abolition, Simone de Beauvoir, S.O.S Racisme, la Gay Pride, tout ça tout ça… La France est belle, une, indivisible et immaculée… À l’intérieur de ses frontières, la race n’existe pas (c’est en Amérique ça, pas ici !). Et puis il y a Azouz, Fadela, Rachida, Rama, Harlem, Christiane… bref : United Colors of benne-et-thon. Il n’empêche qu’à côté de cette vitrine clinquante, la république coloniale n’en finit pas de décliner son racisme d’État de manière toujours plus dure et assumée à l’égard des non-Blancs. Sarko, Guéant, Morano, Valls… On ne va pas refaire l’historique. Mais là, quand même, la ministre socialiste Laurence Rossignol nous a sorti du lourd. Du très lourd. Du très grave.

Interrogée au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV – RMC, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, Laurence Rossignol s’est lâchée avec tout le naturel du monde. La discussion portait sur la très menaçante « mode islamique » et le fait que des grandes marques proposent aujourd’hui des vêtements qui conviennent aux exigences de pudeur de certaines musulmanes, particulièrement celles qui portent le voile. Tous les clichés islamophobes en vogue y passent. Pour la ministre – qui est évidemment contre – ces marques se trahissent en promouvant l’enfermement du corps de la femme. Preuve historique à l’appui : « fin des années 60, les femmes peuvent avoir un compte en banque, elles vont à l’école, elles vont à l’université, elles accèdent à la contraception et en même temps les jupes raccourcissent (…). Ce qui prouve bien qu’entre la tenue des femmes et leurs droits, il y a un lien ». Plus t’es nue, plus t’es libre : raisonnement implacable. Quant à la présence du voile en France, c’est essentiellement dans les « quartiers » (!) qu’elle se développe, sous l’ « emprise » (!!) grandissante des « salafistes » (!!!). La ministre prend soin de répéter tous ses mots clés comme « liberté », « république » ou « droits des femmes » pour réaffirmer le « bien » qu’elle incarne de manière manichéenne face au mal islamiste.

Mais quand même, demande le journaliste à la mine faussement consciencieuse, il y a bien des femmes qui choisissent elles-mêmes de porter le voile ! Non ? « – Mais bien sûr, il y a des femmes qui choisissent, hein, il y avait des nègres afri… des nègres américains qui étaient pour l’esclavage, hein ». Le masque est tombé.



À cet instant précis, Rossignol, c’est la France. Lorsqu’elle prononce ces paroles, lorsqu’elle dit sans tressaillir ni frémir, la voix calme et confiante : « des nègres américains qui étaient pour l’esclavage », c’est toute l’histoire coloniale et esclavagiste de la France qui vient s’anamorphoser sur son visage tranquille pour le défigurer.

« Colonisation = Chosification », posait Césaire dans son Discours sur le colonialisme. Si la France traite toujours les Noirs et les Musulmans comme des choses – disons, par exemple, des quilles,– la ministre, avec son boulet rhétorique de sincérité, vient de faire un strike d’anthologie.

Loin d’avoir « dérapé », Rossignol nous a fait un bel aveu. Alors qu’il est d’usage de répéter que la France ne connait ni communautés, ni races, ni racisme (« On est pas aux Etats Unis ici! »), voici que soudain une ministre blanche fait un parallèle avec la condition noire américaine à ses heures les plus terribles, en employant pour désigner les indigènes le mot que les esclavagistes avaient inventé pour qualifier le peuple noir asservi. L’aveu est brillant, la ministre des femmes parle comme le Maitre parlant de ses esclaves, sans complexes et au calme.

L’utilisation décomplexée du mot « nègre » par une ministre blanche d’une puissance coloniale au lourd passé esclavagiste aurait dû provoquer l’ire et l’émotion de toute une classe politique dont on ne compte plus les grands épanchements humanistes affectés. On ne dévoile pas le mensonge républicain impunément. Quand Morano a parlé de la « race blanche », elle a été sanctionnée pour avoir revendiqué officiellement la suprématie blanche. Or il semblerait que traiter impunément une population de « nègres », en piétinant d’un pied les noirs, de l’autre les musulmans, soit moins périlleux pour la classe politique, peut être parce qu’elle le fait déjà quotidiennement et sans retenue.

Césaire, dont la licence raciale le dispensait, lui, de prendre quelconque guillemets, redonnait dans le même geste toute sa noblesse au « Nègre ». Celui-là même qui aurait dit à la blanche Rossignol « Je t’emmerde ! ».

D’autre part, faut-il feindre de ne pas comprendre l’idéologie nauséabonde qui, lorsqu’elle prétend vouloir comprendre les mécanismes de la « servitude volontaire », ne fait que justifier la domination et le sort des colonisés ? Si nous avons été colonisés, c’est que nous avons été colonisables, n’est-ce pas ? Bah voyons ! 400 ans qu’on veut nous y faire croire à ce grand renversement, cette grande magie rhétorique dont seuls les Blancs ont le secret, celle qui fait passer l’oppresseur pour le libérateur et l’opprimé pour l’aliéné.

Mais l’obscénité de ce renversement rhétorique ne s’arrête pas là, il nous faut revenir sur l’analogie avec les femmes voilées. La femme musulmane qui choisit librement de pratiquer sa foi et de porter un voile est comparable à un « nègre » qui aurait soutenu l’esclavage. Quelle drôle d’analogie lorsque les deux propositions censées être reliées sont indépendamment faussées !

Les manifestations du développement de l’islam en France, dont le port du voile est le symbole, sont bien plus que l’expression du « retour de la religion », elles sont l’expression d’une résistance, d’une puissance politique qui s’affirme chaque jour et résiste à l’oppression raciale des politiques islamophobes, que le féminisme blanc de Rossignol vient justifier. Aussi, dans cette analogie, c’est la résistance même à l’oppression qui est assimilée à l’oppression.

L’inversement est plus que complet. La résistance, c’est l’oppression. Nos libertés, c’est l’esclavage. Ceux qui nous oppriment veulent notre bien. Nous sommes seuls responsables de notre situation, ce sont nos résistances le problème. Nous sommes coupables. Le maitre innocenté devient sauveur, et l’oppression raciste peut ainsi se renforcer, justifiée et lavée de toute accusation.

Du haut de son perchoir républicain, avec toute son arrogance ministérielle, Rossignol affirme que le voile islamique, c’est de l’ES-CLA-VA-GE. Qu’une femme voilée ne peut être qu’une aliénée, sans libre-arbitre, incapable de se sauver elle-même de son propre aveuglement, qu’il faut sauver par la force républicaine, la force de la loi et de l’État. Cet Etat qui précisément l’opprime, l’exclut et la stigmatise.

Au fond, si quelque vérité devait se cacher dans cette analogie, c’est bien la parfaite mise en parallèle de deux propos racistes, rassemblant dans un même traitement colonial, deux races sociales historiquement opprimées par l’Occident : les Noirs et les Musulmans. L’Histoire dans son plus simple appareil.

Belle lurette que le silence des féministes face à la stigmatisation des musulmanes ne nous surprend plus.

Quant aux organisations de l’antiracisme officiel, aucune poursuite, aucune plainte n’a même été même envisagée.

Le racisme d’État, c’est ça.

Et ça va continuer.

La Résistance décoloniale aussi.

Sherine Soliman, membre du PIR
http://indigenes-republique.fr/rossignol-le-racisme-detat-dans-toute-sa-splendeur/

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Message  MO2014 Sam 23 Avr - 13:39


La gauche peut-elle dire « nous » avec Houria Bouteldja ?

Dans ce texte écrit à partir de la lecture du livre d'Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous (La Fabrique, 2016), René Monzat - chercheur et militant antifasciste, ancien animateur du réseau Ras l'Front - plaide pour la constitution d'un nouveau bloc social et politique entre la gauche radicale et l'antiracisme politique porté, entre autres organisations et collectifs, par le PIR et Houria Bouteldja. Mais il rappelle que cela passera nécessairement, du côté de la première, par une reconnaissance de la question raciale, donc une contribution réelle aux luttes contre le racisme systémique, mais aussi de l'autonomie politique des non-blanc-he-s.

Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (La fabrique éditions, 2016) est dédié à la gauche radicale – par une formule rude : « Parce qu’elle est le partenaire indispensable des indigènes, la gauche est leur adversaire premier ».

Ce court essai mérite des réponses aux questions de fond qu’il pose à la gauche radicale, d’autant mieux que sa forme permet le débat.

Houria Bouteldja part du socle des idées du Parti des Indigènes de la République, petit courant original en interaction avec la gauche radicale dont sont issu-e-s une partie de ses cadres. Il a su polariser le champ des débats intellectuels et politiques (parfois cantonné au rôle d’épouvantail ou de repoussoir), ainsi que celui des initiatives militantes impliquant des « indigènes ».

Bouteldja emploie ici un ton plus personnel, et aborde des impensés stratégiques du PIR que la « politique de l’amour révolutionnaire » viendrait combler. Elle opère une prise de risque en laissant apparaître, y compris dans son style, sont goût de l’oxymore, l’incomplète articulation des éléments de réponse proposés. Et c’est à mes yeux une chance de pouvoir discuter avec une pensée qui n’est pas close, ni fermée sur elle-même. De plus les « impensés » du PIR étant de même nature que ceux de la gauche radicale, pointer les dilemmes stratégiques du PIR revient pour la gauche radicale à se saisir de questions qu’elle se refusait à aborder pour son propre compte.

Le débat en retour de la gauche radicale doit faire écho à cette prise de risque, accepter la discussion, reconnaitre ses propres lacunes. Le débat peut à cette condition « nous » être utile, au PIR comme à la gauche radicale

Refuser la discussion avec le PIR, c’est arguer d’une question pour éviter d’en aborder d’autres – par exemple, se saisir des critiques formulées par Bouteldja sur la version dominante du féminisme européen pour tenter de présenter cette « féministe décoloniale » comme une anti-féministe : procéder ainsi est injuste vis-à-vis des femmes (et des hommes ) du PIR, c’est ostraciser des féministes de tous les continents que Bouteldja n’est pas mandatée pour représenter, mais dont elle reprend les thématiques dans le débat ; procéder ainsi, c’est surtout renforcer l’image de féministes « occidentales », plus précisément de certains courants se disant féministes prétendant détenir le monopole du féminisme. En attendant, le PIR a fêté son 10e anniversaire par un meeting dont la vingtaine d’intervenants, étaient tous – toutes – des femmes. Que les partis ou groupes qui ont réalisé l’équivalent formulent la première critique !

Refuser la discussion, c’est taxer d’homophobie (et déclarer infréquentable) une militante qui appelle à un travail de critique des masculinités, virilités, dans leurs liens avec l’histoire, les rapports de force, dans la politique du moment présent. Bien sûr, on peut penser que Houria Bouteldja avait mal estimé la difficulté à faire partager à des journalistes, ou militants, la substantifique moelle du Desiring Arabs de Joseph Massad, ou les travaux de Gianfrano Rebucini sur la critique de « l’identité homosexuelle »1. On peut aussi contester les idées que Bouteldja partage avec ces auteurs2, voire estimer qu’elle les comprend de travers. Malgré tout, on ne peut pas ignorer ces questions de crise des masculinités ou « virilité » après l’essentialisation massive qui fut faite après les agressions de Cologne. Le récent texte de Jules Falquet3 contribuent également à acclimater ces questionnements dans le champ des courants pour l’émancipation.

Le PIR a jeté un pavé dans la mare en affirmant qu’il existe une question raciale en France, Nous devrions avoir une impression de déjà-vu, nous qui avons vécu les années 1970 au sein de la gauche radicale. On revit là ce qui était opposé aux féministes : « toutes ces revendications de femmes c’est bien, mais ça divise le peuple (la classe ouvrière) en mettant en avant une division secondaire dont va profiter l’adversaire pour diviser le front de classe » (c’est le genre de chose qu’écrivait l’enseignant communiste Michel Clouscard dans des textes diffusés aujourd’hui par les communistes orthodoxes et les soraliens4).

Remplacez femmes par race et on peut raisonner… « Non, non ! » disent les excommunicateurs dire « races » c’est « raciste » – évidemment – alors que dire « femmes », c’est bien sûr « féministe » !

Bouteldja aggrave son cas en nommant « les indigènes » et « les blancs », pour faire tousser certain-e-s dès la lecture de la couverture. Pour se protéger, la gauche radicale renâcle, certaines de ses franges niant purement et simplement qu’existe une question raciale en France (tout en reconnaissant qu’existe du racisme).

« Indigènes » est bien trouvé, ce n’est pas aborigènes mais cela renvoie au statut d’indigène, c’est-à-dire aux personnes ne bénéficiant pas de la (pleine) citoyenneté : cela n’a ni contenu ethnique ou racial, ni religieux. Évidemment, c’est toujours drôle en réunion de voir telle ou telle changer de couleur, hésiter puis se lancer pour choisir une formule qui oscille entre habitant des banlieues, des quartiers, des quartiers populaires, enfants de colonisés, populations racisées, etc.

Le PIR a jeté un deuxième pavé dans la mare en affirmant que les luttes doivent être prises en charges par les intéressé-e-s. Le pavé a été lancé il y a des années. Bien sûr, à ce niveau d’abstraction la gauche radicale est d’accord. Mais la diablesse pourrait proposer une imitation polie, une autonomie calquée sur les combats principaux, clairement subordonnée aux rapports de forces sociaux et politiques principaux de classe. Que nenni ! Les thématique, les priorités ne sont ni subordonnées ni les mêmes. « Nos mots » dit Bouteldja « indigènes », « blancs », « races sociales » sont des mots qui disent « nous ne voulons plus jouer votre jeu. Désormais nous jouerons le nôtre ». De ce fait, la mare bouge encore.

La façon qu’a Houria Bouteldja de manier le « nous » et le « vous » lui fait prendre des risques. Le style y contribue : elle assène une affirmation péremptoire, une affirmation qui semble antithétique, un développement qui nous porte ailleurs que dans l’apparente contradiction. Elle oppose « Vous les Blancs, nous les Indigènes » puis avoue : « Pourquoi j’écris ce livre ? Parce que je ne suis pas innocente. Je vis en France. Je vis en Occident. Je suis Blanche. » ensuite : « Je ne suis pas tout à fait blanche, je suis blanchie. [...] Une indigène de la république ». Et enfin la perspective du grand NOUS commun : « Le Nous de notre rencontre, le nous de la nouvelle identité politique que nous devons inventer ensemble, le nous de la diversité de nos croyances, de nos convictions, de nos identités ».

La gauche radicale peut répondre positivement, elle qui est aussi confrontée à des problèmes de définition du « nous » et du « eux », c’est-à-dire des acteurs de la politique et des luttes sociales.

Le caractère assez flou de cet « amour révolutionnaire » devrait titiller l’esprit critique des gauches radicales. Elles seront promptes à remarquer que « l’amour révolutionnaire » n’est pas une forme d’organisation sociale et politique, encore moins une architecture institutionnelle, ni un mode de développement humain. Or, de ce point de vue, celui des perspectives alternatives, la gauche radicale n’est guère mieux lotie, incapable de définir la société qu’elle veut, hésitant depuis des décennies à travailler la voie autogestionnaire qui pourrait constituer son utopie positive.

L’ « amour révolutionnaire » devrait « parler » à la gauche radicale : il joue en effet dans la logique du texte le même rôle que le socialisme, l’abolition du salariat, le dépérissement de l’état dans la structure marxiste : la mobilisation des indigènes (races sociales), instrument pour instaurer une société « décoloniale » du dépassement de la race et de son abolition. Dans les deux cas, c’est un des éléments « dominé » du rapport social que l’on veut abolir qui peut structurer la lutte pour sa propre disparition.

Que la clef de voûte des perspectives avancées dans le texte soit une « forme vide » à remplir est en quelque sorte naturel puisque les « indigènes » ne peuvent seul-e-s constituer la force majoritaire. En revanche Bouteldja affirme qu’il n’y a pas de projet émancipateur sans le « nous » indigène. La gauche radicale doit y répondre positivement avec le vocabulaire politique et revendicatif de l’égalité, de la solidarité, de la dignité.

Ici Bouteldja pose des conditions : éviter que la France devienne une société d’apartheid a un prix, un coût en terme politiques et psychologiques, en terme de fin de la domination blanche, préalable à la constitution du « nouveau nous ». Sur la même question, Tariq Ramadan (comme nombre d’organisations musulmanes) est depuis une décennie sur un « Nouveau nous » ici et maintenant, dont les musulmans sont des participants actifs et reconnus.

Il n’y a pas d’articulation aboutie entre la perspective insistant sur l’autonomie des mobilisations indigènes – qui est comparable à l’attitude sociale et politique de la gauche radicale – et celles du « nouveau nous » de Tariq Ramadan, un discours « républicain » qui fait implicitement référence à la nation et compatible avec une version un peu « gauchie » du « vivre ensemble »5. Dans les faits les courants (politiques, syndicaux, associatifs) refusant l’union sacrée post-Charlie ont su esquisser une voie.

La logique serait de constituer tout de suite ce « nouveau nous », l’embryon politique de ce « nouveau nous », autour des luttes pour l’égalité, les libertés, contre les discriminations raciales et religieuses, pour la démocratie et l’auto-activité, pour l’emploi et les conditions de vie, pour une transformation radicale. Cela suppose de refuser l’apartheid politique vis-à-vis des organisations « indigènes », des associations musulmanes, de nos partenaires dans ce projet.

Le « nous » commun, c’est maintenant afin de constituer le bloc des couches populaires, autour d’un combat de transformation radicale, pour l’égalité, contre les discriminations. Houria Bouteldja désigne les « privilèges blancs », nous les combattons comme politique d’apartheid, de discrimination, d’inégalités : il s’agit de la même réalité.

Je suis conscient d’être trop optimiste car la gauche radicale hésite aussi, insistant selon le contexte sur les forces sociales actrices de la transformation, et leur constitution dans la confrontation, ou sur le refus de clivages et divisions contreproductives (produites par le racisme notamment). Les deux discours coexistent aujourd’hui sans vraiment s’articuler, et la réflexion sur la constitution du bloc politique, social et idéologique, qui peut devenir hégémonique pour réorienter le cours des choses en Europe reste embryonnaire, inaudible donc politiquement inexistante.

Seul aspect positif : des courants tels le PCF, Mélenchon, l’extrême gauche, savent que le « peuple » est un acteur politique qui se construit sur un projet en une convergence d’intérêt et non une couche sociale statistiquement définie et encore moins une structure ethnico-culturelle issue du fond des âges.

Si la gauche radicale avait su prendre ses responsabilités, le PIR n’existerait pas en tant que structure isolée. Ses équipes et son activité se déploierait en symbiose avec elle. La gauche radicale a besoin de faire siennes les deux intuitions du PIR (la réalité de la question raciale en France et la non-subordination des luttes des racisé-e-s), tout comme les milieux influencés par les discours du PIR ont besoin d’un ancrage social et syndical plus solide, dans un pays où la division raciale du travail est patente, mais où le monopole blanc de représentation est relativement moins fort dans les organisations syndicales.

Il nous faut mener ces débats, sans faux-fuyants afin d’éviter que la France se transforme en société d’apartheid. Cela limitera les probabilités que la gauche radicale soit emportée par l’effondrement en cours de la social-démocratie en France et en Europe, cela préviendra la menace de fossilisation intellectuelle, politique et sociale qu’entrainerait le fait de céder à la nostalgie programmatique, c’est construire les moyens politiques et sociaux de contrer les populismes identitaires.

« Nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu’on ne rallumera plus ». « Il s’est trouvé des humains pour se vanter de ce crime » commente Houria Bouteldja, ouvrant sa conclusion. « Rallumeurs d’étoiles, hissez haut notre idéal, hissez haut nos idées » chantent les Saltimbanks dans le morceau et l’album éponyme. Le PCF a utilisé la même image pour son congrès de 2012 : « Il est grand temps de rallumer les étoiles ».

La confrontation de la gauche radicale avec ce courant est inévitable, rendons politiquement fécond ce partenariat.



1.
« Lieux de l’homoérotisme et de l’homosexualité masculine à Marrakech », L'Espace Politique.
2.
Le débat avec Joseph Massad a été entamé dans la « Revue des livres », n° 9 et 10 de 2013.
3.
Voir aussi le texte de Jules Falquet.
4.
Le Capitalisme de la séduction. Clouscard est aujourd’hui édité par les éditions communistes Delga et la maison soralienne Kontre Kulture.
5.
Le « vivre ensemble » vu par les organisations musulmanes est exposé par le texte Convention Citoyenne des Musulmans de France pour le vivre‐ensemble publié en juin 2014 par le CFCM.

date:
22/04/2016 - 11:46
René Monzat

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Message  MO2014 Dim 24 Avr - 1:03

Nuit (blanche) Debout : Comment sortir de l’entre-soi ?

Les Nuits sont blanches. Menacées de précarisation et de déclassement par la loi El Khomri, les classes moyennes blanches se sont massivement mobilisées et composent la majorité des assemblées présentes aux Nuits Debout. Traversées par deux grandes tendances, l’une radicalement anticapitaliste, l’autre plus encline à emprunter les contours d’un progressisme citoyen, lié essentiellement aux questions de féminisme, d’écologie, de libertés individuelles et de formalisme démocratique, le mouvement se heurte aux mêmes faiblesses de la gauche traditionnelle. Non seulement le « lumpen prolétariat blanc » y est absent, mais les milieux de l’immigration et des quartiers populaires (QP) se tiennent prudemment à l’écart.

Pourtant, les effets dévastateurs de la réforme ne s’arrêteront pas aux frontières des grandes villes et dégraderont les conditions de vie déjà déplorables des QP. Pourquoi peinent-ils à rejoindre la Place de la République ou les diverses initiatives locales qui ont été lancées ? Soulevée par les organisateurs eux-mêmes, la question de l’absence des quartiers et des populations non-blanches, bien que plus relative dans certaines mobilisations lycéennes et estudiantines, cristallise tous les mécanismes de reproduction du champ politique blanc.

La convergence des luttes ne se décrète pas. Suffirait-il de lancer une invitation aux représentants d’organisations de l’immigration et des QP pour en sanctionner la présence effective ? Aujourd’hui, nulle organisation ne bénéficie d’une base sociale assez conséquente pour prétendre à une telle légitimité. Si leur participation présente quelque intérêt, le risque est toujours de se voir cantonner au seul rôle de « visibilisation de nos luttes », trop insuffisant pour imposer un réel rapport de force en faveur des QP. Au mieux, c’est l’occasion de « profiter d’une tribune » pour sensibiliser aux problèmes des quartiers. Au pire, nous sommes la « caution indigène » d’une assemblée embarrassée par sa propre homogénéité sociale.

En effet, si les habitants des quartiers ne se sentent pas « concernés » par les Nuits Debout, ce n’est pas parce qu’ils ignorent leurs propres intérêts, ce n’est pas seulement parce qu’ils se refusent à se solidariser avec un milieu qui ne les a jamais soutenus quand, eux, se mobilisaient, comme ce fut notamment le cas pendant les révoltes d’octobre 2005. Mais c’est d’abord parce que, Nuit Debout, dans ses termes et ses modalités d’actions actuels, ne les concerne pas.

Notons, par exemple, que le taux record de chômage des jeunes des QP (plus de 40 %) réduit naturellement l’intérêt porté à une loi qui touche surtout ceux qui bénéficient déjà d’un contrat de travail. Par ailleurs, la réalité des QP et les priorités politiques qu’ils expriment lorsqu’ils se mobilisent est riche d’enseignements pour qui veut bâtir des ponts vers l’autre côté du périph’.

Alors que les crimes policiers racistes, les contrôles au faciès, la chasse aux sans-papiers, la négrophobie, l’islamophobie et la rromophobie d’État, les discriminations et plus récemment l’état d’urgence, ses 3000 perquisitions et ses assignations à résidence, ravagent la vie quotidienne des habitants des quartiers, sans provoquer un soulèvement massif de l’ensemble de la population, l’impressionnant succès de la mobilisation contre la loi El Khomri, sonne à l’oreille comme l’expression d’un énième « deux poids deux mesures », jusqu’au sein des mouvements de contestation.

Tout se passe comme si les luttes de l’immigration étaient imperméables. En témoigne la succession d’une séquence « post-attentats », où les mobilisations des organisations non-blanches se sont multipliées pour dénoncer l’islamophobie, la négrophobie d’État (dont les propos racistes de la ministre Laurence Rossignol) et les guerres impérialistes, et d’une séquence « loi El-Khomri », qui a entraîné des mobilisations essentiellement blanches.
Il faut savoir lire cette chronologie car aujourd’hui les milieux blancs paient leur indifférence passée vis-à-vis d’un état d’urgence qui ne les touchait pas directement. Renforcé par son offensive dans les QP, l’État, impunément radicalisé dans sa tendance autoritaire, a gagné du terrain, ce qui lui permet de s’en prendre désormais aux classes moyennes. Celles-là même qui appellent désormais les QP à se solidariser !

« Le paradis pour tous, ou l’enfer pour tous ! », répondent les Indigènes de la République. Autrement dit, nous ne grossirons pas vos rangs pour garantir vos privilèges. Notre histoire nous a assez appris à décliner l’invitation. C’est à vous de venir grossir les nôtres et nous convaincre de votre capacité à sortir du consensus postcolonial et raciste en défendant nos exigences fondamentales ! Non pas seulement en saupoudrant d’antiracisme, de Palestine et d’Afrique le catalogue progressiste des « nobles causes » à défendre, ni en les compartimentant en commissions spécifiques, ni même en envoyant des missionnaires dans les banlieues pour les « éveiller » à la politique.

Que faire ? Venez sur notre terrain. Notre terrain, c’est un agenda politique où nos priorités ne seront pas systématiquement les vôtres, où nos intérêts seront parfois concurrents, voire contradictoires. Ce qui n’implique pas que la convergence est impossible. Au contraire, c’est là qu’elle est plus que jamais nécessaire, c’est là qu’elle pourra être effective. Car il faudra alors « négocier » les conditions requises d’une alliance véritable, d’égal à égal, prémisse de cet « amour révolutionnaire » que nous appelons de nos vœux. Non pas une convergence abstraite et prophétique mais le projet politique d’une majorité décoloniale que nous pourrions nous atteler à construire ensemble, dans une égale dignité.

PIR

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Message  Kock Dim 24 Avr - 10:19

"nos intérêts seront parfois concurrents, voire contradictoires"

Tout est dit, au profit de la minorité capitaliste blanche au pouvoir, de ses alliés arabes du Qatar et de l'Arabie Saoudite et de ses copains dictateurs noirs d'Afrique !!
Quand la lutte "raciale" se substitue à la lutte de classes, pauvre Marx!!

Kock

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Message  verié2 Dim 24 Avr - 12:51

Affirmer, comme ce texte du PIR, que La loi El Khomri ne concernerait pas les banlieues est parfaitement ridicule, tout comme opposer la lutte contre cette loi à la lutte contre la répression policière. C'est du même tonneau corporatiste/catégoriel que quand des employés sédentaires de la SNCF ne veulent pas se mettre en grève parce que les roulants n'ont rien fait pour eux ou vice versa...

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Message  MO2014 Dim 24 Avr - 17:21

Ce n'est pas le sens du texte mais ce n'est pas grave car c'est amusant de voir de re-constituer le couple Hadrien-Dinky/Kock...etc/vérié2.
Sur le sujet voir l'article du Le Monde : https://forummarxiste.forum-actif.net/t3897p25-kel-khomrie#106782

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Message  Kock Dim 24 Avr - 17:43

C'est amusant de voir MO2014 balancer régulièrement ses vieilles fadaises au service de la classe dirigeante, seule bénéficiaire des divisions ainsi artificiellement entretenues !

Kock

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Message  marxmarx Dim 24 Avr - 18:02

Les 40% de jeunes des quartiers populaires  sans emploi non concernés (ah bon ??) par la loi el khomri l'interessent... mais pas les 60% qui ont un emploi, et qui sont donc concernés (ca c'est sur).

MO2014 aime plus que tout la division du prolétariat.

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Message  verié2 Dim 24 Avr - 18:42

Ce n'est pas le sens du texte
Alors explique-nous quel est le sens de ce passage :
une séquence « loi El-Khomri », qui a entraîné des mobilisations essentiellement blanches.
Il faut savoir lire cette chronologie car aujourd’hui les milieux blancs paient leur indifférence passée vis-à-vis d’un état d’urgence qui ne les touchait pas directement.

Tout lecteur normalement constitué comprend que :
1) Les "Blancs" n'ont pas soutenu les "Indigènes" lors de la révolte de 2005 et lors de l'instauration de l'état d'urgence.
2)Les "indigènes" ne sont donc pas motivés pour soutenir les "Blancs" contre la loi El Khomri.

Or, d'une part cette distinction est stupide : toutes les classes populaires sont concernées par la loi El Khomri, chômeurs compris (1) ; toutes les classes populaires sont concernées par la répression policière.

D'autre part, même si les "jeunes des quartiers" (baptisés "indigènes") raisonnaient ainsi, de même que les salariés "non indigènes", il conviendrait de combattre cette division et non de s'en réjouir, voire de l'attiser !
__
1) On ne reste pas toute sa vie chômeur, les chômeurs ont dans leurs familles des salariés et tout recul des droits d'une partie des classes laborieuses affaiblit l'ensemble de ces classes et couches.

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Message  MO2014 Dim 24 Avr - 19:35

verié2 a écrit:
Ce n'est pas le sens du texte
Alors explique-nous quel est le sens de ce passage :
une séquence « loi El-Khomri », qui a entraîné des mobilisations essentiellement blanches.
Il faut savoir lire cette chronologie car aujourd’hui les milieux blancs paient leur indifférence passée vis-à-vis d’un état d’urgence qui ne les touchait pas directement.

Tout lecteur normalement constitué comprend que ...

En effet c'est la compréhension de tout lecteur "blanchiment" constitué.
Parler de division dans des conditions où les damnés de la terre sont exclus des programmes, des préoccupations, des orientations est une réaction typique d'une certaine forme de gauchisme blanc. Les mêmes accuseraient de division la jeunesse quand elle ne participe pas aux manifestations en défense des retraites ?
Les mêmes accuserait -ils de divisions les chômeurs particulièrement absents des mobilisations sociales ?
etc...
Mais là ils ne se gênent pas et défendent becs et ongles les nuits blanches debout. Twisted Evil

Les quartiers populaires ont une expérience et des priorités différentes. Avec plus de 40% de chômage chez les moins de 25 ans et plus de 30% en moyenne toutes tranches d'age confondues le plafonnement des indemnités prud'homales, le repos obligatoire de 11 heures, le paiement des heures supplémentaires, le jour de repos donnés lors d'événements exceptionnels... ne figurent pas dans le top des priorités d'habitants souffrant massivement du chômage, de la pauvreté, des conditions de logements dégradantes et du racisme d'état matérialisé un peu plus dans l'état d'urgence. Oui il faut juger sur pièces ! Que font ces donneurs de leçon unitaire sur ces questions ?

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Message  Kock Dim 24 Avr - 20:24

En effet c'est la compréhension de tout lecteur "blanchiment" constitué.

Pauvre MO2014, connement constitué de préjugés racistes, au service de la division entre les couches exploitées, donc au service de la classe dominante !

Kock

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Message  verié2 Dim 24 Avr - 20:26

MO2014
Les quartiers populaires ont une expérience et des priorités différentes. Avec plus de 40% de chômage chez les moins de 25 ans et plus de 30% en moyenne toutes tranches d'age confondues le plafonnement des indemnités prud'homales, le repos obligatoire de 11 heures, le paiement des heures supplémentaires, le jour de repos donnés lors d'événements exceptionnels... ne figurent pas dans le top des priorités d'habitants souffrant massivement du chômage, de la pauvreté, des conditions de logements dégradantes et du racisme d'état
Ce raisonnement est absurde.
-S'il y a 30 % à 40 % de chômeurs, ça signifie que les 60 % à 70 % de salariés sont directement et immédiatement concernés par la loi El Khomri.
-Les populations les plus fragiles seront les principales victimes des nouvelles lois anti sociales. Elles seront obligées d'accepter les pires conditions de travail que parviendront à refuser les catégories plus qualifiées, qui ont les moyens de bloquer l'économie.
-Opposer la lutte contre le racisme à la lutte pour défendre des acquis sociaux est d'une rare stupidité.

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Message  MO2014 Dim 24 Avr - 21:46

Ignorer les racisés et les quartiers populaires depuis des dizaines d'années pour défendre les privilèges blancs est d'une fréquente stupidité et engendre la division.

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Message  verié2 Lun 25 Avr - 9:30

MO2014 a écrit:Ignorer les racisés et les quartiers populaires depuis des dizaines d'années pour défendre les privilèges blancs est d'une fréquente stupidité et engendre la division.
Les conventions collectives, la réglementation de la durée du travail, l'interdiction du travail des enfants feraient donc partie des "privilèges blancs" ? Shocked Ca ne concernerait pas l'ensemble des classes populaires ? MO2014, je crains que la haine de plus en plus obsessionnelle que tu développes à l'encontre du mouvement ouvrier et de l'extrême gauche te fasse complètement dérailler...

Il y a pourtant un fait élémentaire que tu sembles incapable de comprendre. Tout affaiblissement d'une partie de la classe ouvrière face à la bourgeoisie contribue à affaiblir l'ensemble de la classe et à favoriser de nouvelles attaques contre tous. Et les principales victimes des attaques anti sociales dont la loi El Khomri fait partie sont toujours les catégories et les couches les plus défavorisées, dont tu prétends pourtant être le défenseur.

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Message  MO2014 Lun 25 Avr - 10:37

De là où tu te situes tu ne pourra jamais prendre conscience des conditions extrêmes de la vie dans les quartiers populaires pour tenter de nous faire croire que les priorités de ceux des privilégiés (malgré eux évidemment) sont les mêmes que celles des les damnés de la terre. Nous, nous l'avons compris car c'est notre expérience quotidienne et notre agenda diffère du votre, nos priorités ne sont pas les mêmes. Et d'ailleurs il suffit de constater la fréquentation des nuits debout (avec les quelques expériences tentés dans les quartiers populaires) pour le comprendre.

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Message  verié2 Lun 25 Avr - 10:46

MO2014
De là où tu te situes tu ne pourra jamais prendre conscience des conditions extrêmes de la vie dans les quartiers populaires pour tenter de nous faire croire que les priorités de ceux des privilégiés (malgré eux évidemment) sont les mêmes que celles des les damnés de la terre.
D'une part, tu ignores totalement ce que je sais et ce que j'ignore de la vie dans les quartiers populaires. D'autre part, non les gens qui ont un boulot, dont beaucoup au SMIC ou proche du SMIC, ne sont pas des privilégiés. Ensuite, tu refuses d'admettre que, face aux attaques antisociales comme la loi El Khomri, les intérêts des chômeurs, des Smicards et des autres salariés sont exactement les mêmes.
Tu refuses d'admettre que la situation des gens qui vivent dans ces conditions d'extrême pauvreté sera encore aggravée par les conséquences de ces attaques. Quand ils trouveront des boulots, même en CDD et/ou intérimaires, mi temps etc, ce sera à des conditions encore pires. Même les maigres allocs qu'on leur verse seront réduites si le rapport de forces bascule en faveur des patrons.

MO2014, ne comprends-tu pas que ton raisonnement, qui vise à opposer les plus pauvres aux moins pauvres des travailleurs, revient à prôner la division, donc l'affaiblissement de tous face à l'ennemi commun ?

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Message  MO2014 Lun 25 Avr - 11:48

Ne pas comprendre qu'il y a des stratifications dans l'exploitation et la domination c'est ignorer les évidences. C'est ignorer les discriminations de ceux qui ont un nom à consonance arabe... c'est ignorer que les femmes ont des salaires inférieurs aux hommes... etc. etc. etc.
C'est quand même évident pour tout le monde (sauf pour vérié2) que la loi TRAVAIL concerne avant tout les salariés et que les préoccupations des plus démunis (l'arrêt des discriminations racistes, la précarité, le chômage massif, les conditions d'existences dans les quartiers populaires...) NE SONT PAS au CENTRE de la mobilisation contre cette loi.

verié2 ne comprends-tu pas qu'ignorer les plus démunis tout en exigeant leur mobilisation sur des revendications qui leur semblent secondaires tous en les stigmatisant sur leur traditions ou leur religion, revient à prôner la division, donc l’affaiblissement de tous face à l'ennemi commun ?

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