Indigènes de la République
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Re: Indigènes de la République
Eugene Duhring a écrit:
Fin de la discussion avec des c... de la trempe de Toussaint, MO2014 sans que jamais la modération modère
La modération modère, en commençant par bannir Eugene Duhring. Pas d'insultes ici. Je vais voir le reste. La modération n'est pas automatique, par ailleurs, si vous avez un souci, faut le signaler.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Indigènes de la République
Désolé, Babel, j'ai assez longuement répondu à ce texte, déjà, je ne vais pas le refaire.
Répéter ad nauseam que personne ne parle de "sous-chien" à part Jesuisfred, que la race dont parlent les Indigènes et pas seulement eux, il n'est que de réécouter Omar Slaouti au printemps des quartiers, n'est pas une question biologique, pas plus que la question des mariages mixtes, etc... que non, le PIR n'est pas favorable aux thèses de Soral ni même allié de Soral, que non le PIR ne propose ni ne soutient le port du voile, que non, le PIR ne soutient ni l'EI, ni d'autres orgas ou groupes du même acabit, etc..., etc..., etc... A l'exception -notable et appréciable-de Leoni le reste de la troupe ne débat pas. Je ne vais pas réécrire encore ce que j'ai déjà dit et parfois de multiples fois. Et je ne vais certainement pas répondre aux insultes personnelles et aux élucubrations sur ma personne.
Je dois seulement préciser que je n'ai, en ce qui me concerne, rien demandé ni rien signalé à qui que ce soit, sur qui que ce soit.
J'observe avec intérêt que la claque LO n'alimente plus le fil qui lui est dédié, le dernier post y est de Copas, le 5 Juin au moment où j'écris. La tactique est transparente, dans ses objectifs et ses moyens et elle est très instructive.
Répéter ad nauseam que personne ne parle de "sous-chien" à part Jesuisfred, que la race dont parlent les Indigènes et pas seulement eux, il n'est que de réécouter Omar Slaouti au printemps des quartiers, n'est pas une question biologique, pas plus que la question des mariages mixtes, etc... que non, le PIR n'est pas favorable aux thèses de Soral ni même allié de Soral, que non le PIR ne propose ni ne soutient le port du voile, que non, le PIR ne soutient ni l'EI, ni d'autres orgas ou groupes du même acabit, etc..., etc..., etc... A l'exception -notable et appréciable-de Leoni le reste de la troupe ne débat pas. Je ne vais pas réécrire encore ce que j'ai déjà dit et parfois de multiples fois. Et je ne vais certainement pas répondre aux insultes personnelles et aux élucubrations sur ma personne.
Je dois seulement préciser que je n'ai, en ce qui me concerne, rien demandé ni rien signalé à qui que ce soit, sur qui que ce soit.
J'observe avec intérêt que la claque LO n'alimente plus le fil qui lui est dédié, le dernier post y est de Copas, le 5 Juin au moment où j'écris. La tactique est transparente, dans ses objectifs et ses moyens et elle est très instructive.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Bouteldja persiste dans ses turpitudes racistes avec des thèses sur les "couples" mixtes que même le FN n'ose plus revendiquer (même si ces ignominies rempliraient de joie les racistes les plus crasseux).
C'est marrant quand même. Personne n'oserait remettre en cause le fameux slogan "Black is beautiful" qui a marqué une étape fondamentale de la conscience noire et, par influence, des colonisés mais rares sont ceux qui en apprécient les manifestations pratiques et politiques. Par exemple, lorsque je dis : "La perspective décoloniale, c’est s’autoriser à se marier avec quelqu’un de sa communauté. Rompre la fascination du mariage avec quelqu’un de la communauté blanche. Pour des générations de femmes et d’hommes, je parle surtout des maghrébins (que je connais mieux), le mariage avec un blanc était vu comme une ascension sociale. Pour les filles, les hommes blancs étaient vus comme moins machos que les arabes ; pour les garçons, une fille blanche, c’était une promotion. La perspective décoloniale, c’est d’abord de nous aimer nous-même, de nous accepter, de nous marier avec une musulmane ou un musulman, un noir ou une noire. Je sais que cela semble une régression, mais je vous assure que non, c’est un pas de géant." Là, la gôche - qui aiiiiime, qui adoooooore les Black Panthers - surtout parce qu'ils sont marxistes - crie au scandale et au racisme. Elle est toute retournée, elle roule des grands yeux et rue dans les brancards. N'est-ce pas Serge ? Du coup, y'a une énigme : c'est quoi qu'elle aime dans "black is beautiful" ? Non ?? pas la goffa d'Angela quand même ?
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Indigènes de la République
Nos principes
Principes politiques généraux du Parti des Indigènes de la République, adoptés lors du Congrès Constitutif du PIR (Congrès Malcom X) du 27 et 28 février 2010.
Traitant de manière synthétique des questions stratégiques et organisationnelles fondamentales, le document ci-dessous définit les principes généraux du PIR. Avec l’Appel de 2005 et la déclaration intitulée « Qui sommes-nous », il constitue le socle de notre action actuelle.
Sommaire
◾I) Un Parti de la Dignité humaine
◾II) Un Parti de libération indigène
◾III) Un Parti pour construire la Puissance politique autonome des indigènes
◾IV) Un Parti de solidarité et de résistance
◾V) Un Parti pour construire une Direction politique indigène
◾VI) Un Parti pour rassembler les indigènes
***
I) Un Parti de la Dignité humaine
Considérant que :
- La Dignité humaine a pour principale négation l’impérialisme, le colonialisme et la hiérarchisation raciale qui en est consécutive.
- La libération des peuples et l’abolition des hiérarchies raciales sont la condition première du libre épanouissement et de l’enrichissement réciproque des individus, des communautés et des peuples.
1) Le PIR est un parti politique qui s’inscrit dans le mouvement historique des luttes pour l’accomplissement de la Dignité, de l’épanouissement culturel, moral et spirituel de l’ensemble des êtres humains, de la fraternité universelle et de l’égalité entre les individus, entre les communautés et entre les peuples.
2) Le PIR s’inscrit dans la filiation des résistances et des guerres de libération des déportés africains réduits en esclavage, des luttes des peuples colonisés pour leur libération et des combats de l’immigration coloniale et postcoloniale. Il en restaure la Mémoire. De par son action, il leur rend un hommage permanent et les prolonge.
3) Le PIR est un parti politique qui agit, au sein de l’Hexagone, pour l’avènement d’une société mondiale débarrassée de toute forme de domination politique, sociale, économique, culturelle, spirituelle, d’un peuple par un autre, que cette domination se réalise directement ou indirectement.
II) Un Parti de libération indigène
Considérant que :
- Les luttes anticoloniales qui ont permis l’accession de la plupart des colonies à l’indépendance ont inauguré le processus décolonial sans pouvoir cependant aboutir à l’émancipation véritable des peuples.
- La fracture coloniale et raciale qui s’exprime dans l’oppression multidimensionnelle des peuples dits du sud au bénéfice des peuples dits du nord, demeure une réalité dans des formes nouvelles.
- Les Etats-Unis, en particulier, mais aussi l’Union européenne et l’Etat d’Israël constituent aujourd’hui les principaux centres politiques sur lesquels s’appuie la domination coloniale mondiale.
1) Le PIR est partie prenante de la lutte que mènent de nombreux mouvements populaires de part le monde contre la fracture coloniale et raciale.
2) Le PIR s’attachera, en conséquence, à développer des liens d’entraide, de solidarité et de partenariat avec toutes les forces qui luttent contre les différentes formes politiques, économiques, culturelles, de domination impériale et contre le colonialisme contemporain, avec les résistances du peuple palestinien qui subit depuis 1948 le joug meurtrier de l’Etat d’Israël, celles des peuples d’Afrique, des colonies d’Outre-mer et d’ailleurs.
Considérant, par ailleurs, que :
- Le processus actuel de construction de l’Union européenne a notamment pour objectif de renforcer la domination du nord par le sud.
- Il a pour objectif également de fermer les frontières européennes aux populations du sud qui veulent y émigrer et de renforcer au sein même des Etats européens les inégalités raciales dont sont victimes les populations issues de l’immigration et leurs enfants.
1) Le PIR s’oppose à une Europe impériale blanche et à tous les dispositifs qui sont mis en œuvre dans cette perspective.
2) Le PIR s’attachera à développer des liens d’entraide, de solidarité et de partenariat avec toutes les forces qui luttent, dans l’ensemble des Etats européens, contre le projet de construction d’une Europe blanche.
Considérant, en outre, que :
- La République est un système politique, idéologique et social basé sur les inégalités raciales au sein de l’Hexagone, à l’encontre de l’immigration coloniale et de ses enfants et plus spécifiquement des Noirs, des Arabes et des musulmans.
- La République repose également sur la persistance de liens de domination avec les anciennes colonies.
- Elle poursuit une politique coloniale dans les « Dom Tom ».
- Elle participe aux dispositifs internationaux de préservation des rapports de domination coloniaux à l’échelle mondiale.
1) Le PIR est un parti politique qui agit pour défaire le caractère impérial, colonial et racial de l’Etat français ainsi que tous les mécanismes qui contribuent au sein de la société à reproduire les hiérarchies raciales.
2) Le PIR agit pour la satisfaction des revendications légitimes des populations issues de l’immigration coloniale et postcoloniale, pour leur affirmation morale, spirituelle et intellectuelle, pour le développement de leur créativité et de leurs capacités d’auto-organisation, pour le plein exercice de leurs droits civils et politiques, pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de leurs situations sociales et économiques, qui sont autant d’impératifs nécessaires à la conquête de la Dignité.
3) Le PIR agit pour l’institution, dans les frontières de l’Hexagone, d’un nouveau Pacte fondateur de la Communauté politique notamment basé sur :
- la citoyenneté de résidence,
- l’égalité effective entre les citoyens, dans l’égale dignité de leurs couleurs, de leurs origines, de leurs cultures et de leurs croyances,
- la liberté des communautés particulières de préserver et de faire valoir leurs langues, leurs cultures et leurs spiritualités,
- la reconnaissance par l’Etat de ces différentes langues, cultures et spiritualités comme autant de besoins sociaux et comme des composantes à part entière de la communauté politique et culturelle et des institutions qui la constituent.
4) Le PIR a pour objectif politique l’avènement d’une majorité politique contrôlant les principaux leviers institutionnels et déterminée à engager les profondes réformes institutionnelles, sociales, économiques et culturelles, nécessaires pour poursuivre le processus décolonial, dans ses différentes dimensions, et combattre les inégalités raciales.
Considérant, enfin, que :
- Malgré un adversaire et des intérêts communs, un parti constitué au sein de l’Hexagone ne peut pas intervenir dans les colonies d’outre-mer sans contribuer à la reproduction de la relation coloniale.
1) Le PIR ne construira pas d’organisations qui lui sont liées dans les « Dom Tom ».
2) Le PIR s’attachera à développer des liens de résistance et de solidarité avec les organisations décoloniales des colonies d’outre-mer.
III) Un Parti pour construire la Puissance politique autonome des indigènes
Considérant que :
- L’indépendance politique est la condition première de la libération des indigènes. Elle ne constitue pas une simple profession de foi en faveur de l’autonomie mais la conquête par les indigènes de leur liberté de pensée, de décision et d’action par rapport à l’idéologie coloniale et raciale, par rapport à l’Etat et ses institutions ainsi que par rapport à l’ensemble des forces politiques non-indigènes.
- L’indépendance politique n’est pas contradictoire avec l’unité d’action avec d’autres forces non-indigènes pourvu que ces convergences soient décidées en toute liberté, qu’elles contribuent à l’évolution des rapports de forces au bénéfice des indigènes et qu’elles participent effectivement de la construction de la Puissance politique indigène.
1) Le PIR a pour objectif la construction d’une Puissance politique indigène indépendante, représentant les intérêts et les aspirations légitimes des indigènes et capable d’organiser et d’orienter leurs résistances dans une perspective décoloniale.
2) Le PIR agit pour réaliser les conditions nécessaires – dont l’indépendance politique indigène est la condition première – à la constitution d’alliances avec des forces décoloniales non-indigènes, indispensables à l’avènement d’une majorité politique capable d’infléchir la politique de l’Etat dans un sens décolonial.
IV) Un Parti de solidarité et de résistance
Considérant que :
- L’action de solidarité et de résistance quotidienne est indispensable à la dignité indigène, à la constitution d’une identité indigène commune, à l’amélioration des conditions de vie, à l’affirmation intellectuelle, morale et spirituelle des indigènes ainsi qu’à la satisfaction de leurs revendications et à l’évolution favorable des rapports de forces.
- La pluralité des institutions, des réseaux de solidarités informels et du tissu associatif indigène, qu’ils soient politique, familial, culturel, cultuel, économique ou d’entraide sociale, constitue la base fondamentale de la puissance sociale et politique indigène. Leur hétérogénéité, expression de la diversité des conditions et des attentes, est la manifestation de la richesse et du dynamisme de l’initiative indigène. Elle est aussi le produit des politiques de division menées par le Pouvoir blanc – une notion qui à l’instar d’autres catégories comme noir, arabe, indigènes, etc… est une catégorie sociale. L’isolement, la précarité, la dispersion, la compétition qui opposent souvent les espaces de solidarité et de résistance indigène, la dépendance plus ou moins importante des une et des autres par rapport aux autorités en place, entravent, de ce point de vue, la consolidation de la Puissance politique indigène.
Considérant, par ailleurs, que :
- La convergence entre l’ensemble de ces espaces et leur autonomisation sont une condition indispensable à la libération indigène et à la construction d’un rapport de forces et d’une dynamique décoloniale.
1) Le PIR agit pour stimuler l’expansion de l’initiative indigène, de sa créativité, de ses capacités d’auto-organisation, de son autonomie.
2) Le PIR agit pour faire converger au sein d’une dynamique harmonieuse l’ensemble des espaces de résistance que se donnent les indigènes, pour construire leur unité et leur indépendance politique.
V) Un Parti pour construire une Direction politique indigène
Considérant que :
- Pour nécessaire qu’elle soit, l’initiative associative indigène est cependant impuissante à converger spontanément, à développer une politique unifiée et indépendante et à agir à l’échelle nationale pour engager les institutions de l’Etat dans une politique décoloniale.
- La constitution d’une identité politique commune des indigènes exige l’existence d’un pôle unifié représentatif.
- La réalisation de ces objectifs impose la constitution d’une Direction politique indigène à l’échelle nationale, capable d’élaborer et de proposer un programme et une stratégie, de représenter les indigènes dans le champ politique et l’ensemble de ses institutions.
1) Le PIR se donne pour tâche de contribuer à la formation d’une Direction politique unifiée.
2) Le PIR agit pour construire une organisation politique à l’échelle nationale, articulant décentralisation, nécessaire à la prise en compte des enjeux locaux et sectoriels, et centralisation, nécessaire à la convergence des énergies déployées dans le cadre d’une stratégie nationale.
3) Le PIR agit pour former et développer un réseau de cadres et de militants politiques aguerris, sérieux, responsables, créatifs et disciplinés.
VI) Un Parti pour rassembler les indigènes
Considérant que :
- Malgré leurs conditions communes et leurs intérêts communs, les indigènes ne constituent pas une entité homogène. Des communautés différentes existent en leur sein, ayant des origines diverses, des parcours historiques spécifiques, des cultures, des spiritualités et des attentes particulières. De nombreux indigènes se considèrent par ailleurs comme n’appartenant à aucune communauté particulière. Des Blancs sont partiellement indigénisés par les politiques de stigmatisation, de relégation, de discrimination qui sont menées à l’encontre des quartiers populaires. Ils sont par ailleurs dans une démarche de solidarité voire d’identification avec les indigènes.
1) Le PIR a pour objectif de constituer un espace politique organisé et autonome de l’ensemble des communautés et des individus résidants au sein de l’Hexagone, indépendamment de leurs nationalités officielles, qui subissent le racisme et les discriminations raciales ou qui subissent, dans les quartiers populaires, les conséquences de ces politiques.
2) Soucieux de battre en brèche les cloisonnements, la méfiance et la concurrence que la République coloniale a construit et aggrave constamment entre les différentes communautés et populations qu’elle domine, PIR est un parti composé d’individus unis par de mêmes objectifs politiques fondamentaux, indépendamment de leurs origines, de leurs croyances religieuses, de l’inspiration spirituelle qui est la leur, de leurs coutumes, ou de leurs options philosophiques.
3) Le PIR reconnaît, cependant, en son sein l’existence de communautés indigènes organisées. Dans le cadre des objectifs fondamentaux qui sont les siens et des conditions fixées par ses statuts, le PIR intègre dans ses principes d’organisation, ses mécanismes de prise de décision et les modalités de son expression publique, la possibilité pour ses membres de s’organiser en communautés, parallèlement à leur participation aux instances communes à l’ensemble des militants.
4) Le PIR veillera, au moyen d’instruments organisationnels et politiques, à préserver son identité politique en tant que parti indigène, parti des indigènes, c’est-à-dire en tant qu’espace de pensée et de décision autonome des indigènes dans une perspective décoloniale.
VII) Un Parti de représentation et de responsabilités
Considérant que :
- La configuration du système politique actuel fait de la participation au processus électoraux l’un des principaux instruments de l’intervention politique dans l’espace public, de la prise de parole et de la construction d’une représentativité.
- L’accès et la participation aux institutions de représentation et de décision constituent l’un des moyens privilégiés pour impulser des réformes favorables aux indigènes et, au-delà, ouvrir une perspective décoloniale.
Considérant, cependant, que :
- Les institutions représentatives constituent également un des instruments de la « récupération », de l’« intégration » et de la « clientélisation » des militants politiques.
- Les institutions représentatives sont dotées d’une marge de manœuvre très étroite et sont souvent cantonnées à la gestion passive de décisions prises en dehors d’elles.
1) Le PIR agit par tous les moyens autorisés par la loi, sur toutes les questions concernant les indigènes, pour développer leurs luttes dans l’espace civil et exercer une pression sur les institutions représentatives et exécutives.
2) Le PIR agit dans tous les espaces institutionnels, y compris les processus électoraux et les instances représentatives, afin de faire entendre la voix des indigènes, renforcer les luttes sur le terrain et réaliser ses objectifs.
3) Le PIR s’engagera dans les élections en fonction des circonstances concrètes évaluées au cas par cas, et seulement dans la mesure où cela contribue à renforcer la puissance indigène et où cela ne remet pas en cause son autonomie,
4) Le PIR prend toutes les dispositions qui lui semblent nécessaires pour préserver son autonomie de décision et d’action, la fidélité de ses militants engagés dans les processus électoraux et la loyauté de ses éventuels élus.
Considérant, par ailleurs, que :
- L’espace médiatique, et plus largement de la communication, constitue aujourd’hui une des institutions fondamentales de reproduction de l’idéologie coloniale et raciale.
- Il constitue également un champ de lutte entre les forces politiques
- Il constitue l’un des canaux par lequel se construit la représentation.
1) Le PIR agit pour combattre l’expression du racisme et des idéologies coloniales dans l’espace médiatique.
2) Le PIR agit pour que les indigènes puissent largement s’exprimer dans les médias.
3) Le PIR agit pour la construction d’instruments de communication propres aux indigènes.
Texte adopté par le Congrès constitutif du PIR, les 27 et 28 février 2010
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
sylvestre a écrit:Eugene Duhring a écrit:
Fin de la discussion avec des c... de la trempe de Toussaint, MO2014 sans que jamais la modération modère
La modération modère, en commençant par bannir Eugene Duhring. Pas d'insultes ici. Je vais voir le reste. La modération n'est pas automatique, par ailleurs, si vous avez un souci, faut le signaler.
Tu peut me banir aussi toussaint, les antisémite raciste comme le pire je vous emmerde!
Sa fait des mois qu'ont se fait traité de sous chien, Eugene Duhring a tout a fait raison c'est des con point bar
Dernière édition par Jesuisfred le Sam 11 Juil - 19:18, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Indigènes de la République
Non seulement je n'ai le pouvoir de bannir personne, mais en plus, je confirme ce que j'ai déjà écrit, mais que tu ne sembles pas avoir lu, comme d'habitude:
Je dois seulement préciser que je n'ai, en ce qui me concerne, rien demandé ni rien signalé à qui que ce soit, sur qui que ce soit.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Par respect pour Babel, ma réponse étant à la page 6..., je remets ce que j'avais répondu au texte des camarades que poste Babel. Une partie des réponses se trouve aussi dans le texte des principes.
Le texte répond visiblement à un ou deux textes du PIR, ce qui fonderait sa critique. Et notamment à certaines entrevues de Houria, il ne répond pas aux analyses globales du PIR, notamment celles développées par Siadri, et notamment tout ce qui a trait à la question coloniale, le colonialisme n'étant pas compréhensible si l'on ne le voit pas comme un système d'exploitation. Mais précisément ce qui fait la caractéristique de ce système de domination et d'exploitation, c'est qu'il est distinct et différent de celui de la métropole, et que cela affecte la constitution du peuple colonisé qui n'est pas celle du prolétariat métropolitain. Leur imbrication n'annule pas les distinctions, mais j'y reviendrai.ce racisme n’existe qu’en lien avec le développement capitaliste à l’échelle du monde. À ce titre, l’histoire coloniale est derrière nous, même si elle laisse des traces.
Le PIR n'a jamais dit le contraire, depuis le début, et le colonialisme est une part décisive du capitalisme, c'est sa définition même, jamais le PIR n'a dit le contraire, si quelqu'un a un texte disant le contraire, qu'il le présente. Quant à dire que l'histoire coloniale est derrière nous, c'est à mon sens faux. D'abord parce que comme le concèdent les auteurs, ses traces sont bien vivantes, mais surtout parce que la décolonisation du monde est loin d'être achevée, et il serait aisé de le démontrer, à bien des égards, on pourrait même parler d'une seconde vague colonisatrice. Evidemment, ce n'est pas le colonialisme d'Isabelle la Catholique, mais les traits fondamentaux du colonialisme restent bien présents et reprennent une nouvelle vigueur, y compris lorsque de foncier et de terres agricoles destinées aux cultures d'exportation il s'agit. Or, c'est exactement ce que disent les Indigènes, ils sont les représentants d'une décolonisation inachevée dans les pays coloniaux d'abord. Quant aux dénonciations de l'impérialisme, elle est consubstantielle au PIR, et pour cause...
En revanche, il y a quelque chose de totalement faux dans la question du philosémitisme présenté par les auteurs du texte:
Désormais, le philosémitisme n’est plus une antiphrase, mais désigne les juifs comme responsables de la construction d’un ordre identitaire.
Jamais, et dans aucun texte, le PIR ne fait "des juifs", les "responsables" de la construction d'un ordre identitaire. Et du coup, tout le reste de la critique tombe à l'eau parce qu'elle est fondée sur une affirmation totalement erronée. Le responsable de cet ordre identitaire, c'est bien sûr la classe dominante et son état, pas les juifs et le PIR est très clair sur ce point. Y compris lorsque les auteurs sautent gaillardement à l'idée que pour le PIR (ils ne le disent pas explicitement, mais c'est entendu, ce seraient "les juifs qui tireraient les ficelles. Cela, c'est précisément Soral qui le dit, et bien des idées prêtées au PIR par les auteures dans leurs raccourcis sont en fait celles développées par Soral qui a semble-t-il en effet un certain succès avec les mécanismes bien décrits par les auteurs. Et le PIR n'a jamais dit que lutter contre l'antisémitisme était purement et simplement lutter contre le philosémitisme, le PIR, mais aussi d'autres comme Michelle Sibony, a pointé la redoutable ambigüité de la position pro-israélienne, et de défense officielle des juifs de l'état, en opposition à d'autres désignés comme des menaces. Mais pour autant, el PIR n'a jamais prétendu que la lutte contre l'antisémitisme se limitait à la dénonciation du philosémitisme qui pour le PIR est clairement analysé comme un nouvel habit de l'antijudaïsme. Et qui fonctionne comme un piège dont Soral et Dieudonné sont une claire illustration.cette légitimation politique de l’antisémitisme
Et en avant, là on a sauté plusieurs pas de géant, et voici le PIR en promoteur de l'antisémitisme. Pour reprendre une des parties du texte dénonçant le parallèle (discutable, mais pour d'autres raisons) entre les colons juifs et les tirailleurs sénégalais, toute la phrase expliquant Attachés à la France (naturalisés depuis 1870, ayant vu par là une amélioration de leur niveau de vie et de leur assimilation culturelle), leur histoire ancienne et récente les distinguait aussi des colons européens, et ils étaient la cible de l’antisémitisme (des colons, comme de l’État vichyste). pourrait presque être appliquée en effet... aux tirailleurs sénégalais. Il est remarquable que les auteures ne le voient même pas...Parler de racisme structurel sans jamais donner les causes de racisme
Là on est dans l'ignorance de la majeure partie de la production théorique des Indigènes, et notamment des textes de Sadri dont il doit y avoir des exemples sur ce fil lui-même et auxquels personne n'a jamais répondu sur le fond, à ma connaissance du moins. Prendre une entrevue de Houria comme s'il s'agissait de la seule production et analyse des Indigènes, c'est facile mais pas très honnête ni pertinent. Houria ne peut pas, dans chacune de ses réponses et de ses conférences, se lancer dans l'analyse des causes économiques, historiques et du fonctionnement du racisme structurel, pas plus que par exemple Delphy lorsqu'elle parle au Trianon du sexisme et du racisme systémiques. Pour critiquer les conceptions des Indigènes sur ce point, il faut se référer à d'autres textes. Si chaque fois qu'un dirigeant marxiste parlait de l'exploitation il devait se lancer dans une analyse de l'extorsion de la plus-value, ou lorsqu'on parle d'état bourgeois il fallait reprendre l'ensemble de l'analyse de l'état, il serait difficile d'être audible. Mais curieusement on ne le leur demande pas. Là...La racialisation que nous subissons n’est donc pas indépendante des clivages de classe.
Ily a donc bel et bien racialisation, c'est déjà un sacré point d'accord comme l'existence de l'islamophobie... Elle n'est pas indépendante mais elle est autonome des clivages de classe; et là encore il serait très facile de le démontrer, mais la question de la racialisation n'est pas autre chose qu'un des piliers du système de domination de la classe dominante, et les indigènes n'ont jamais prétendu le contraire. Il faut revenir aussi à la question de la gauche et l'extrême gauche blanches, qui ont refusé de dépasser un antiracisme paternaliste et moralisant. Il y a là aussi une histoire et cette histoire, le PIR et d'autres en sont le résultat, Sadri est très clair sur ce point. La question des alliances est fondamentale pour le PIR comme pour tous les autres courants de l'immigration dans ce pays. Mais comme dit Houria, pour s'allier, il faut exister, et on a fait le bilan des partis et organisations blanches comme porte-voix des luttes de l'immigration. Lorsqu'ils se sont mis, seulement deux ans après le 11/09/2001 et quelques mois après l'invasion de l'Irak, à hurler avec les racistes contre les jeunes musulmanes et à les priver de leurs droits élémentaires, constitutionnels, à les constituer en menace pour le reste de la jeunesse et des femmes, là, il était très clair qu'un point de non retour avait été atteint. Les dérives islamophobes de plus en plus graves qui ont lieu depuis le prouvent. Très clairement, le PIR est dans une phase de construction et d'affirmation, à la fois en alliance, lorsque c'est possible et seul au besoin, d'une série de choses que le texte des auteures pointe comme des évidences, sur la racialisation, sur l'héritage colonial, sur la gauche et l'immigration, l'antiracisme de la gauche; mais ces choses, on n'en entend parler que depuis l'Appel des Indigènes, le travail de Khiari, Bouamama, etc... Et je pense que Houria tord le bâton, mais elle n'a pas tort pour autant, le PIR construit un espace politique.
Donc, un texte qui se veut un débat et qui pointe des inquiétudes et des divergences avec le PIR, bien souvent à côté de la plaque, mais aussi un texte qui se situe dans le camp des luttes décoloniales, à sa façon.
Sur plusieurs points concernant les critiques de certains propos de Houria sur notamment le féminisme et les femmes indigènes, en ce qui me concerne, je ne m'exprimerai pas. Ce ne sont pas toujours des propos avec lesquels je suis en accord spontané, mais je ne vais certes pas critiquer Houria en présence de l'ennemi sur ce forum. Et c'est un débat concernant les femmes sur lequel je considère que les femmes et ici les femmes indigènes n'ont d'ordre ni d'injonction à recevoir de personne, mais surtout d'aucun homme et encore moins d'un homme blanc comme moi. Sur ce que Houria pense de ce que doivent faire les femmes indigènes, elle trouvera ses réponses comme d'autres dans les partis ouvriers les ont trouvées en leur temps, et comme elle en a déjà reçu avec ce texte. En revanche, les leçons de féminisme adressées aux femmes indigènes par les féministes blanches et la fixette raciste/classiste sur le sexisme qui ne serait l'apanage que des quartiers populaires et des garçons arabes... elles ont déjà trouvé leur réponse de la part des femmes indigènes, comme Houria, mais aussi les auteures de ce texte, et comme Domitila en son temps avait répondu aux féministes nord-américaines. Le féminisme musulman et le féminisme des femmes de l'immigration est un processus en cours de développement et il se fera contre tous les partis dominés par des hommes. Le féminisme en France s'est construit malgré le PC, la JCR et la Ligue Communiste, LO évidemment, et les groupes anarchistes... il n'y a pas d'exemples historiques dans lequel le mouvement des femmes s'est construit à travers ou avec a bienveillance de départ d'un parti masculin. Et encore moins dans la bienveillance d'un groupe dominé, même hétérogène. L'oppression et la domination sont rarement des facteurs positifs d'émancipation de genre. Et le racisme, l'islamophobie aggravent encore la chose. Dans le débat entre Houria et les auteures sur le féminisme dans l'immigration, je m'abstiens de m'exprimer ici.
Mais la situation est complexe, à l'évidence. Ici, je tairai mes désaccords éventuels avec Houria, parce que je suis confronté à des racistes islamophobes et à des représentants de la gauche coloniale. Et il n'est pas évident de naviguer entre les injonctions du champ politique blanc, de tout l'appareil médiatique de la classe dominante et les nécessités de se battre contre l'oppression de genre spécifiques aux immigrations contre des hommes ciblés par le racisme. Et le texte pointe bien les difficultés, mais avance peu de solutions.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Incroyable tolérance de la modération vis a vis des clowns du Pir(e) taxant les autres de racistes et colonialistes depuis des mois (ce qui est bien plus insultant à mes yeux que de se faire traiter de "connard" ou je ne sais quoi).
Cela ne nous empechera pas de continuer à demasquer ici ces diviseurs de la classe, adeptes de l'"endiguement de la blanchité", de la "lutte des races", du proselytisme islamique et de la lutte contre le "philosemitisme d'état" !
Cela ne nous empechera pas de continuer à demasquer ici ces diviseurs de la classe, adeptes de l'"endiguement de la blanchité", de la "lutte des races", du proselytisme islamique et de la lutte contre le "philosemitisme d'état" !
marxmarx- Messages : 161
Date d'inscription : 13/01/2015
Re: Indigènes de la République
Ah, "les clowns du PIR"... Hadrien se voulant spirituel, c'est puissant... C'est vrai qu'il y a une différence entre le PIR et toi, je te l'accorde volontiers: le PIR ne te fait pas rire, en revanche, toi, tu m'exploses Comme quoi, même question clown, tu es plus fort qu'eux! Entretiens ton talent...
Plus sérieusement, pour Babel, et toujours par respect...
En ce qui me concerne, je maintiens l'analyse de la dérive islamophobe raciste de LO et de la plupart de ses militants, formés à cela depuis plus de 10 ans, on en voit même des traces sur Poutou, voir sa première sortie chez Ruquier en 2012...
Je l'appuie sur sa participation à l'exclusion des musulmanes voilées, et à son soutien, explicite, réitérée, à la loi de 2004, la diffusion de textes comme ceux de Chehdortt Djavann, où l'on peut lire que "les musulmans vengent leur honneur dans le sang de leurs femmes", que les musulmanes voilées cachent leur laideur à leur pauvre mari jusqu'à la nuit de noces, et bien d'autres salades encore, la diffusion du film "la Journée de la jupe", dans la pratique courante d'appeler les femmes voilées "les bâchées", "Belphégor", de soutenir le licenciement d'une employée d'une crèche pour port du foulard, du refus de condamner les exclusions illégales des élèves musulmanes des cours en université, le soutien à un acte comme jeter une tête de cochon devant l'entrée d'une mosquée, en le présentant comme un blasphème, la critique sur la tolérance de l'état colonial à Mayotte (LO soulignant pour cela que Mayotte est un département alors que ce "département" n'est même pas reconnu par l'ONU ou l'UNESCO) parce qu'il ne fait pas la chasse aux musulmanes, l'injonction répétée dans LDC aux "immigrés" de "s'intégrer" en renonçant à leurs particularités, notamment culturelles et religieuses, leur dénonciation des femmes portant le voile comme des fourrières de l'intégrisme et de l'islam politique, en leur niant ainsi le droit à leur foi religieuse assimilée à une propagande extrémiste, la confusion entretenue constamment par les intervenants sympathisants et membres de LO sur islam et islamisme, leur soutien à NPNS dans leur stigmatisation des jeunes des cités, leur soutien à Fourrest et ses mensonges éhontés, leur ostracisme envers toute association musulmane et même de toute affirmation progressite musulmane, l'assimilation de toute structure musulmane à l'extrémisme intégriste, etc, etc, etc... Les "quartiers immigrés", les français d'origine juive", etc... il n'y a pas longtemps des tenants de LO, des militants avec une certaine trajectoire et parfois des cadres, se déclaraient islamophobes, ouvertement, sur ce forum. Et le défendaient. A présent, c'est une insulte, alors que les analyses de LO n'ont pas bougé, ses pratiques encore moins?
Et je vois l'uniformité de LO, son caractère "monolithiquement sectaire" comme dit vérié, dans le défilé ici des militants et sympathisants LO qui sont tous sur une position islamophobe. A l'exception notable de Léoni, je dois le dire, s'il fait partie de LO ou de sa périphérie militante qui est resté dans le débat politique, les désaccords avec les militants de LO depuis des années ont été des arguments auxquels répondaient des épithètes méprisantes et des accusations d'intégrisme, et des attaques sur la personne. Sur les Indigènes depuis 2005, c'est une pluie d'insultes qui s'est déversée, souvent exactement les mêmes que celles des Identitaires, des fascistes, notamment sur l'histoire des fameux souchiens (ouaf, ouaf) sur lesquels il y a eu des explications précises d'HB, y compris devant la justice bourgeoise, et je ne parle même pas des insultes sur les nationalistes corses, les syndicalistes du STC, de Mosconi traités synthétiquement de "crapules", etc, etc... Et ils jouent les innocents outrés?
La haine explose sur le PIR au nom des LGBT et parce que nous parlons des discriminations racialisantes en France, et on voit même quelqu'un qui nous traite, nous et le PIR, d'"enculés" parce que nous disons qu'il y a des discriminations à l'embauche, au logement, au salaire, à l'avancement, toutes choses prouvées par des enquêtes, et que ces discriminations profitent aux blancs. A croire que les discriminations ne profitent à personne, alors qu'évidemment la discrimination est aussi un désavantage dans la mise en compétition pour l'emploi, l'avancement, le logement, etc. Hurlements sur la notion de blanc dont la définition est à la vue de tous et que nous avons répétée de multiples fois. Mais qui est ignorée, en faisant semblant de croire que lorsque l'on parle de blancs il s'agit de race biologique malgré, non seulement nos démentis, mais aussi les nombreux textes des Indigènes, et nous sommes donc très logiquement qualifiés, sur cette base fantasmée, sur la base de leur propre conception de la race, pas sur la nôtre, de nazis, rien de moins. Nous nous faisons traiter d'"enculés" et les pourfendeurs du PIR sur la question LGBT ne voient rien à y redire. Heureusement que ce n'est pas MO ou moi qui avons dit cela (et pour cause), je vois d'ici les analyses sur la cohésion de HB et les insultes homophobes. Là? Rien.
Je ne parle même pas des suppositions personnelles et des tentatives de me faire honte de mon âge, le "vieux", de mon travail, "le prof", de mon salaire de "privilégié", parce que vivant dans un DOM (mais lorsqu'en Corse on dit IFF, houla, terrible...), on imagine qui je suis, ma propagande colonialiste à mes pauvres élèves colonisés (c'est vrai que je ne suis pas à Mayotte, ), mon statut de contemplateur de la lutte de classes, ma lâcheté, etc... Même un crétin qui me traite de guérillero parce que, je suppose, je poste sur la Colombie et je soutiens la lutte en Colombie dont les FARC sont une partie importante. lequel crétin n'a jamais eu la moindre question ou remarque à faire sur ledit pays... et pour cause... Je n'ai honte ni de qui je suis, ni de ce que je fais. J'aggrave mon cas, même pas honte... Et bien sûr, ces gens ignorent presque tout de moi... mais ils pourraient faire un dazibao me dénonçant sur un mur Facebook, comme au bon vieux temps... Cela me fait rire, pour pas mal de raisons, mais ce 'est pas de la discussion ni de la polémique, on est dans autre chose...
Quant à parler du PCF comme d'un parti stalinien, qui serait inadmissible, aLors, là, je suis baba. Que peut-il être d'autre? Révolutionnaire? Mais il ne se réclame plus de la révolution. Social-démocrate? Depuis quand? Centriste? Au sens léniniste du terme comme l'était par exemple la LCR ? Ce serait un scoop. En ce qui me concerne, je considère que cela reste un parti stal assez classiquement stalinien, même. Dans une période où l'URSS s'est effondrée, certes, mais un parti bureaucratisé, dont la ligne politique est basée sur la conservation de cette bureaucratie. Stalinien, ce n'est pas une insulte, c'est une caractérisation, comme islamophobe.
Alors que LO ne soit pas seulement cela, ni même d'abord cela, évidemment, évidemment, que les militants de boîte, (on ne me fera pas le coup de l'orga totalement ouvrière, ça va, j'ai croisé pas mal de gens de LO dans le Nord, j'ai pas souvent rencontré un ouvrier d'industrie, des instits, des profs à la pelle, une chèffe de gare aussi, mais je reconnais qu'ils se donnaient tous un mal fou pour être pris pour des ouvriers ) sont le plus souvent des gens magnifiques, comme d'autres camarades au NPA ou même au PCF. En revanche, je regarde LO d'un point de vue, celui de la lutte contre l'islamophobie, le racisme. De ce point de vue... je reste entièrement sur mes positions. Quant à savoir s'ils tractent sur le racisme en parlant des bâchées et des Belphégor lorsque passe devant eux une femme voilée, ou si gentiment ils la somment de se désolidariser de l'EI, du Hamas et de l'excision... Je n'en sais rien, mais on ne me fera pas croire au mythe des prolétaires purs de toutes les saletés que répètent les intervenants ici soutenant LO, des saletés diffusées depuis plus de 10 ans, une génération entière de militants... J'instruis à charge? Ben oui, parce que LO charge les musulmans, les musulmanes. Et les gens de LO, ils n'instruisent pas à charge sur le PIR, le FUQP, les nationalistes corses, le STC, les assos musulmanes, les musulmanes voilées? Mais eux auraient le droit à instruire à charge et nous le droit de les remercier? Ben, non, Babel, tu vois, c'est fini ce temps là... Comme c'est à toi que je réponds, je ne vais pas citer Césaire, mais j'y pense très fort lorsque je pense à d'autres...
Plus sérieusement, pour Babel, et toujours par respect...
En ce qui me concerne, je maintiens l'analyse de la dérive islamophobe raciste de LO et de la plupart de ses militants, formés à cela depuis plus de 10 ans, on en voit même des traces sur Poutou, voir sa première sortie chez Ruquier en 2012...
Je l'appuie sur sa participation à l'exclusion des musulmanes voilées, et à son soutien, explicite, réitérée, à la loi de 2004, la diffusion de textes comme ceux de Chehdortt Djavann, où l'on peut lire que "les musulmans vengent leur honneur dans le sang de leurs femmes", que les musulmanes voilées cachent leur laideur à leur pauvre mari jusqu'à la nuit de noces, et bien d'autres salades encore, la diffusion du film "la Journée de la jupe", dans la pratique courante d'appeler les femmes voilées "les bâchées", "Belphégor", de soutenir le licenciement d'une employée d'une crèche pour port du foulard, du refus de condamner les exclusions illégales des élèves musulmanes des cours en université, le soutien à un acte comme jeter une tête de cochon devant l'entrée d'une mosquée, en le présentant comme un blasphème, la critique sur la tolérance de l'état colonial à Mayotte (LO soulignant pour cela que Mayotte est un département alors que ce "département" n'est même pas reconnu par l'ONU ou l'UNESCO) parce qu'il ne fait pas la chasse aux musulmanes, l'injonction répétée dans LDC aux "immigrés" de "s'intégrer" en renonçant à leurs particularités, notamment culturelles et religieuses, leur dénonciation des femmes portant le voile comme des fourrières de l'intégrisme et de l'islam politique, en leur niant ainsi le droit à leur foi religieuse assimilée à une propagande extrémiste, la confusion entretenue constamment par les intervenants sympathisants et membres de LO sur islam et islamisme, leur soutien à NPNS dans leur stigmatisation des jeunes des cités, leur soutien à Fourrest et ses mensonges éhontés, leur ostracisme envers toute association musulmane et même de toute affirmation progressite musulmane, l'assimilation de toute structure musulmane à l'extrémisme intégriste, etc, etc, etc... Les "quartiers immigrés", les français d'origine juive", etc... il n'y a pas longtemps des tenants de LO, des militants avec une certaine trajectoire et parfois des cadres, se déclaraient islamophobes, ouvertement, sur ce forum. Et le défendaient. A présent, c'est une insulte, alors que les analyses de LO n'ont pas bougé, ses pratiques encore moins?
Et je vois l'uniformité de LO, son caractère "monolithiquement sectaire" comme dit vérié, dans le défilé ici des militants et sympathisants LO qui sont tous sur une position islamophobe. A l'exception notable de Léoni, je dois le dire, s'il fait partie de LO ou de sa périphérie militante qui est resté dans le débat politique, les désaccords avec les militants de LO depuis des années ont été des arguments auxquels répondaient des épithètes méprisantes et des accusations d'intégrisme, et des attaques sur la personne. Sur les Indigènes depuis 2005, c'est une pluie d'insultes qui s'est déversée, souvent exactement les mêmes que celles des Identitaires, des fascistes, notamment sur l'histoire des fameux souchiens (ouaf, ouaf) sur lesquels il y a eu des explications précises d'HB, y compris devant la justice bourgeoise, et je ne parle même pas des insultes sur les nationalistes corses, les syndicalistes du STC, de Mosconi traités synthétiquement de "crapules", etc, etc... Et ils jouent les innocents outrés?
La haine explose sur le PIR au nom des LGBT et parce que nous parlons des discriminations racialisantes en France, et on voit même quelqu'un qui nous traite, nous et le PIR, d'"enculés" parce que nous disons qu'il y a des discriminations à l'embauche, au logement, au salaire, à l'avancement, toutes choses prouvées par des enquêtes, et que ces discriminations profitent aux blancs. A croire que les discriminations ne profitent à personne, alors qu'évidemment la discrimination est aussi un désavantage dans la mise en compétition pour l'emploi, l'avancement, le logement, etc. Hurlements sur la notion de blanc dont la définition est à la vue de tous et que nous avons répétée de multiples fois. Mais qui est ignorée, en faisant semblant de croire que lorsque l'on parle de blancs il s'agit de race biologique malgré, non seulement nos démentis, mais aussi les nombreux textes des Indigènes, et nous sommes donc très logiquement qualifiés, sur cette base fantasmée, sur la base de leur propre conception de la race, pas sur la nôtre, de nazis, rien de moins. Nous nous faisons traiter d'"enculés" et les pourfendeurs du PIR sur la question LGBT ne voient rien à y redire. Heureusement que ce n'est pas MO ou moi qui avons dit cela (et pour cause), je vois d'ici les analyses sur la cohésion de HB et les insultes homophobes. Là? Rien.
Je ne parle même pas des suppositions personnelles et des tentatives de me faire honte de mon âge, le "vieux", de mon travail, "le prof", de mon salaire de "privilégié", parce que vivant dans un DOM (mais lorsqu'en Corse on dit IFF, houla, terrible...), on imagine qui je suis, ma propagande colonialiste à mes pauvres élèves colonisés (c'est vrai que je ne suis pas à Mayotte, ), mon statut de contemplateur de la lutte de classes, ma lâcheté, etc... Même un crétin qui me traite de guérillero parce que, je suppose, je poste sur la Colombie et je soutiens la lutte en Colombie dont les FARC sont une partie importante. lequel crétin n'a jamais eu la moindre question ou remarque à faire sur ledit pays... et pour cause... Je n'ai honte ni de qui je suis, ni de ce que je fais. J'aggrave mon cas, même pas honte... Et bien sûr, ces gens ignorent presque tout de moi... mais ils pourraient faire un dazibao me dénonçant sur un mur Facebook, comme au bon vieux temps... Cela me fait rire, pour pas mal de raisons, mais ce 'est pas de la discussion ni de la polémique, on est dans autre chose...
Quant à parler du PCF comme d'un parti stalinien, qui serait inadmissible, aLors, là, je suis baba. Que peut-il être d'autre? Révolutionnaire? Mais il ne se réclame plus de la révolution. Social-démocrate? Depuis quand? Centriste? Au sens léniniste du terme comme l'était par exemple la LCR ? Ce serait un scoop. En ce qui me concerne, je considère que cela reste un parti stal assez classiquement stalinien, même. Dans une période où l'URSS s'est effondrée, certes, mais un parti bureaucratisé, dont la ligne politique est basée sur la conservation de cette bureaucratie. Stalinien, ce n'est pas une insulte, c'est une caractérisation, comme islamophobe.
Alors que LO ne soit pas seulement cela, ni même d'abord cela, évidemment, évidemment, que les militants de boîte, (on ne me fera pas le coup de l'orga totalement ouvrière, ça va, j'ai croisé pas mal de gens de LO dans le Nord, j'ai pas souvent rencontré un ouvrier d'industrie, des instits, des profs à la pelle, une chèffe de gare aussi, mais je reconnais qu'ils se donnaient tous un mal fou pour être pris pour des ouvriers ) sont le plus souvent des gens magnifiques, comme d'autres camarades au NPA ou même au PCF. En revanche, je regarde LO d'un point de vue, celui de la lutte contre l'islamophobie, le racisme. De ce point de vue... je reste entièrement sur mes positions. Quant à savoir s'ils tractent sur le racisme en parlant des bâchées et des Belphégor lorsque passe devant eux une femme voilée, ou si gentiment ils la somment de se désolidariser de l'EI, du Hamas et de l'excision... Je n'en sais rien, mais on ne me fera pas croire au mythe des prolétaires purs de toutes les saletés que répètent les intervenants ici soutenant LO, des saletés diffusées depuis plus de 10 ans, une génération entière de militants... J'instruis à charge? Ben oui, parce que LO charge les musulmans, les musulmanes. Et les gens de LO, ils n'instruisent pas à charge sur le PIR, le FUQP, les nationalistes corses, le STC, les assos musulmanes, les musulmanes voilées? Mais eux auraient le droit à instruire à charge et nous le droit de les remercier? Ben, non, Babel, tu vois, c'est fini ce temps là... Comme c'est à toi que je réponds, je ne vais pas citer Césaire, mais j'y pense très fort lorsque je pense à d'autres...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Je reprends cela d'un texte posté par MO2014 dans le fil islamophobie.La communauté musulmane? La voilà.
Et une page web permettant de développer le sujet. https://sites.google.com/site/mavalfortwebpage/
Voici encore une enquête, le genre de trucs dont Lénine disait qu'il fallait sans cesse étudier... et que le seul fait de les citer en général provoque un torrent d'injures, une seule classe, une seule race... Les emplois que l'on refuse aux musulmans sont pris par d'autres, et je ne jurerais pas qu'ils ont plus souvent un nom semblant africain... Concernant les noirs, il est encore plus dur de vérifier, parce que là, cela ne se fait pas seulement sur le nom. Je connais un gamin guyanais bushinengué sorti brillamment de ScPo, mais noir... ça rame, et pourtant, bonjour le CV, les diplômes dans des domaines porteurs, la finance... C'est la photo qui coince.
Et voici au passage une réponse partielle à ceux et celles (le texte cité par Babel) qui disent que la discrimination va uniquement avec la classe: jusque dans les grandes carrières, celles dont vérié se moque parce qu'elles ne sont pas prolétariennes, la discrimination raciale continue. Le documentaire "Trop noire pour être française "le montre bien. Certes, cela va avec la classe, mais pas seulement, la classe ne protège pas du racisme.
Mais chut, les discriminations ne profitent qu'au patron, il rafle les apparts en HLM, les promotions dans sa boîte et surtout il se promeut tous les ans... Personne d'autre que les patrons ne bénéficie d'avantages sur les racialisés, comment peut-on penser autrement, faut être raciste pour penser que des blancs pourraient avoir des avantages sur des noirs, et je te dis pas sur des noirs musulmans, pensons même pas à des noires musulmanes voilées... Ttttt, comment peut-on imaginer des trucs pareils? En France, surtout... Alors bien sûr que cela divise, et que cela fait baisser le prix du travail, e dernière analyse. Mais cela n'est pas niable ni secondaire.
Et ce sont les victimes des discriminations qui doivent les prendre en charge, pas les déléguer à d'autres, encore moins à ceux qui n'en souffrent pas directement. Ensuite, que la lutte converge, évidemment, à condition que les blancs reconnaissent le droit et la légitimité des non-blancs à s'auto-organiser. Sinon, évidemment, cela partira en choucroute, à terme des deux côtés, pour la satisfaction des exploiteurs, comme pour les questions de genre et le féminisme. L'essentiel des critiques portées aux Indigènes l'étaient aux féministes, comme le rappelle Delphy assez souvent, y compris lorsque l'on dit que le PIR "enferme" les indigènes dans une situation de victimes par définition, c'est aussi ce qu'on a dit des féministes et de la théorie du genre, c'est du pipeau, mais bon...
Et une page web permettant de développer le sujet. https://sites.google.com/site/mavalfortwebpage/
Mais l’hypocrisie française la plus béante concerne, sans doute, notre refus de reconnaître la discrimination professionnelle monumentale subie actuellement par les jeunes générations d’origine ou de confession musulmane. Une série d’études, menées notamment par Marie-Anne Valfort, vient de le démontrer de façon glaçante. Le protocole est simple : on envoie des faux CV à des employeurs en réponse à des milliers d’offres d’emploi, en faisant varier le nom et les caractéristiques du CV de façon aléatoire, et on observe les taux de réponse. Les résultats sont déprimants. Dès lors que le nom sonne musulman et, par-dessus tout, lorsque le candidat est de sexe masculin, les taux de réponse s’effondrent massivement. Pire encore : le fait d’être passé par les meilleures filières de formation, d’avoir effectué les meilleurs stages possibles, etc., n’a quasiment aucun effet sur les taux de réponses auxquels font face les garçons d’origine musulmane. Autrement dit, la discrimination est encore plus forte pour ceux qui ont réussi à remplir toutes les conditions officielles de la réussite, à satisfaire à tous les codes… sauf ceux qu’ils ne peuvent changer.
La nouveauté de l’étude, c’est de reposer sur des milliers d’offres d’emploi représentatifs des petites et moyennes entreprises (par exemple, des emplois de comptable). Ce qui explique sans doute pourquoi les résultats sont beaucoup plus négatifs - et malheureusement plus probants - que ceux obtenus avec le petit nombre de très grandes entreprises volontaires qui avaient été étudiées dans le passé. .
Voici encore une enquête, le genre de trucs dont Lénine disait qu'il fallait sans cesse étudier... et que le seul fait de les citer en général provoque un torrent d'injures, une seule classe, une seule race... Les emplois que l'on refuse aux musulmans sont pris par d'autres, et je ne jurerais pas qu'ils ont plus souvent un nom semblant africain... Concernant les noirs, il est encore plus dur de vérifier, parce que là, cela ne se fait pas seulement sur le nom. Je connais un gamin guyanais bushinengué sorti brillamment de ScPo, mais noir... ça rame, et pourtant, bonjour le CV, les diplômes dans des domaines porteurs, la finance... C'est la photo qui coince.
Et voici au passage une réponse partielle à ceux et celles (le texte cité par Babel) qui disent que la discrimination va uniquement avec la classe: jusque dans les grandes carrières, celles dont vérié se moque parce qu'elles ne sont pas prolétariennes, la discrimination raciale continue. Le documentaire "Trop noire pour être française "le montre bien. Certes, cela va avec la classe, mais pas seulement, la classe ne protège pas du racisme.
Mais chut, les discriminations ne profitent qu'au patron, il rafle les apparts en HLM, les promotions dans sa boîte et surtout il se promeut tous les ans... Personne d'autre que les patrons ne bénéficie d'avantages sur les racialisés, comment peut-on penser autrement, faut être raciste pour penser que des blancs pourraient avoir des avantages sur des noirs, et je te dis pas sur des noirs musulmans, pensons même pas à des noires musulmanes voilées... Ttttt, comment peut-on imaginer des trucs pareils? En France, surtout... Alors bien sûr que cela divise, et que cela fait baisser le prix du travail, e dernière analyse. Mais cela n'est pas niable ni secondaire.
Et ce sont les victimes des discriminations qui doivent les prendre en charge, pas les déléguer à d'autres, encore moins à ceux qui n'en souffrent pas directement. Ensuite, que la lutte converge, évidemment, à condition que les blancs reconnaissent le droit et la légitimité des non-blancs à s'auto-organiser. Sinon, évidemment, cela partira en choucroute, à terme des deux côtés, pour la satisfaction des exploiteurs, comme pour les questions de genre et le féminisme. L'essentiel des critiques portées aux Indigènes l'étaient aux féministes, comme le rappelle Delphy assez souvent, y compris lorsque l'on dit que le PIR "enferme" les indigènes dans une situation de victimes par définition, c'est aussi ce qu'on a dit des féministes et de la théorie du genre, c'est du pipeau, mais bon...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Mais ce ne sont pas les travailleurs "blancs" qui peuvent être tenus pour responsables des discriminations subies par les "non blancs".
Leoni- Messages : 170
Date d'inscription : 17/06/2015
Re: Indigènes de la République
Ah, "les clowns du PIR"... Hadrien se voulant spirituel, c'est puissant
Il faut vraiment te faire soigner, ton cas s'aggrave.
1 Ce n'est pas moi qui ai écrit ça.
2 J'ai déjà précisé à plusieurs reprise que je ne représente nullement LO, parti sur lequel tu concentres ta haine maladive et tes vieilles rancoeurs moisies.
3 Même si je suis plutôt honoré d'être régulièrement insulté par un type comme toi, essaye au moins de te contenir et de mieux diriger ta bile, là c'est vraiment pathologique.
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Indigènes de la République
sur le philosemitisme, Toussaint dit : "le responsable de cet ordre identitaire, c'est bien sûr la classe dominante et son état, pas les juifs et le PIR est très clair sur ce point."
oui c'est très clair
L'état français favorise les juifs.
C'est la traduction en langage courant du "philosemitisme d'état" dénoncé par le PIr(e)
Cela malgré les multiples nuages de fumée produit par les "intellectuels" du PIR(e) et de Toussaint servant à masquer ce fait simple, précis et vérifiable.
Si le PIR(e) avait voulu dénoncer la complaisance criminelle de létat français vis a vis d'Israel et de ses défenseurs, il aurait dénoncé non pas le philosémitisme d'état, mais le philo-sionisme d'état. Mais non ce sont bien les juifs qui sont pointés du doigt par le PIR(e) et pas l'état colonial raciste d'Israel, cheval de troie de l'impérialisme occidental dans le plus grand réservoir de pétrole mondial.
Soral n'est vraiment pas loin
Dernière édition par marxmarx le Dim 12 Juil - 14:41, édité 3 fois
marxmarx- Messages : 161
Date d'inscription : 13/01/2015
Re: Indigènes de la République
Quant à parler du PCF comme d'un parti stalinien, qui serait inadmissible, aLors, là, je suis baba. Que peut-il être d'autre?
Si tu t'étais fait casser le nez par des militants du PCf dans les années 60 au seul pretexte que tu défends une autre conception du communisme, tu comprendrais peut etre la différence entre le PCf d'hier (stalinien) et celui d'aujourdhui (à peine social democrate).
Quant aux discours sur la discrimination... Toussaint et Mo2014 tentent de faire croire que ceux qui ne s'agenouillent pas devant les conceptions islamiques du PIR(e) nient les discriminations entre noirs et blancs, entre musulmans et non musulmans en France !
MAIS AU CONTRAIRE ! Ces discriminations existent et les défenseurs du capital en jouent (voir la signature de sarkozy "Touche pas à mon église " récemment). Il faut lutter contre elles, pas en divisant la classe mais en la réunissant, en soulignant les points communs de la classe et pas en soulignant ses différences, mettant les noirs d'un coté les blancs de l'aurtre, les musulmans d'un coté et les mécréants de l'autre.
Mais ce que les petit bourgeois rageux du PIR ne veulent pas entendre, c'est que l'égalité réelle ne sera possible qu'avec la fin du capitalisme... car les défenseurs du capital jouent sur la division pour mieux régner. Pas d'égalité reele tant que le capital vivra. Division selon la couleur de peau, l'ethnie, la religion, et pourquoi pas l'orientation sexuelle. Le crime du PIR(e) c'est de renforcer ces divisions là où il devrait les détruire, de proner le mariage noir-noir, ou mixte à la rigueur si le blanc est converti à l'Islam ! Du pur délire racialiste et islamique.
PS : Le texte posté par Babel plus haut résume bien, quoi que dans un langage bien tolérant, les dérives du PIR(e)
marxmarx- Messages : 161
Date d'inscription : 13/01/2015
Re: Indigènes de la République
MAIS AU CONTRAIRE ! Ces discriminations existent et les défenseurs du capital en jouent (voir la signature de sarkozy "Touche pas à mon église " récemment). Il faut lutter contre elles, pas en divisant la classe mais en la réunissant, en soulignant les points communs de la classe et pas en soulignant ses différences, mettant les noirs d'un coté les blancs de l'aurtre, les musulmans d'un coté et les mécréants de l'autre.
Mais ce que les petit bourgeois rageux du PIR ne veulent pas entendre, c'est que l'égalité réelle ne sera possible qu'avec la fin du capitalisme... car les défenseurs du capital jouent sur la division pour mieux régner. Pas d'égalité reele tant que le capital vivra. Division selon la couleur de peau, l'ethnie, la religion, et pourquoi pas l'orientation sexuelle. Le crime du PIR(e) c'est de renforcer ces divisions là où il devrait les détruire, de proner le mariage noir-noir, ou mixte à la rigueur si le blanc est converti à l'Islam ! Du pur délire racialiste et islamique.
Bien résumé.
hadrien- Messages : 285
Date d'inscription : 09/02/2015
Re: Indigènes de la République
Mais ce ne sont pas les travailleurs "blancs" qui peuvent être tenus pour responsables des discriminations subies par les "non blancs".
Non, et d'ailleurs si tu relis les principes du PIR, tu verras que ce n'est pas du tout la conception du PIR. En revanche, ces discriminations fournissent aussi le cadre dans lequel se développent les racismes, les délires sur les noires enceintes, etc
Et, bien sûr, lorsque les discriminations, par exemple scolaires, sont soutenues explicitement par des organisations ouvrières, là on est sur une pente extrêmement dangereuse.
les conceptions islamiques du PIR
Mensonge.
Si tu t'étais fait casser le nez par des militants du PCf dans les années 60 au seul pretexte que tu défends une autre conception du communisme, tu comprendrais peut etre la différence entre le PCf d'hier (stalinien) et celui d'aujourdhui (à peine social democrate).
Etre un vieux croûton comme dit l'autre, comporte son corollaire, à savoir entre autres quelques horions distribués par les stals, y compris une dénonciation et une exclusion, etc... Raté, à force de raconter des sornettes sur quelqu'un que tu ne connais pas, on tombe dans le risible. Ensuite, la différence était telle dans les années 60 par rapport aux années trente que David Rousset insistait sur le fait que les crimes du PCF contre les trotskystes étaient inimaginables en 68... Le stalinisme n'est pas seulement une violence physique, le PCF a abandonné celle-ci lorsqu'il n'en a plus eu les moyens... Quant à la social-démocratisation du PCF, on peut en dscuter, mais une des choses qui permettrait à un tel processus (dont rien ne montre l'achèvement, rien à ce jour), c'est précisément sa nature stalinienne A terme, pour que le PCF se socialdémocratise réellement, il devra disparaître, ce n'est pas pour demain. En tout cas, le fait que le parti stalinien n'ait plus les moyens, en aucune façon, de jouer de la violence physique ne signifie nullement qu'il ne soit plus stalinien.
On ne peut pas unir la classe en demandant aux discriminés en son sein de ne pas se battre spécifiquement contre les discriminations, et à ne s'occuper que de ce qui concerne tous les travailleurs, toute la jeunesse, y compris ceux qui ne sont pas discriminés. C'est un peu comme lorsque l'on demandait aux OS de lutter pour une augmentation salariale mesurée en pourcentage, évidemment cela revenait à leur demander de payer très cher une augmentation qui serait moindre pour eux que pour les salariés mieux payés... D'où les revendications salariales évaluées en sommes d'argent équivalentes pour tous, ce qui revient de fait à augmenter davantage les moins bien lotis et augmenter moins les mieux lotis. Les organisations très largement dominées par des non-rcialisés ne peuvent pas demander aux racialisés, de remiser leurs revendications spécifiques en espérant qu'un jour les discriminations qui les frappent disparaîtront.
Ce que marxmarx écrit a été dit presque mot pour mot aux féministes par l'extrême gauche au début du mouvement féministe. Elles divisaient la classe ouvrière, opposaient les travailleurs femmes aux travailleurs hommes, ce qui faisait le jeu du capital, etc.
Enfin lorsque HB prend pour cible les mariages mixtes, c'est que ceux-ci sont souvent, et d'abord chez les racialisés (pour leur culture, leur religion, leur couleur de peau, leurs origines nationales, et même comme pour l'expression "quartiers immigrés" employée par LO, pour leur lieu d'habitation... comme le dit l'Appel à la marche du 31 Octobre à la vue de tous) vécus et présentés comme un progrès. Le métissage biologique n'a rien d'un progrès, et le mariage entre gens de religions différentes n'a rien d'un progrès, parce que les races biologiques et les cultures se valent bien et que les religions ne sont pas meilleures en elles-mêmes les unes que les autres. Dire le contraire, c'est précisément intégrer le racisme, le colonialisme et une hiérarchie biologique, culturelle, religieuse, que le PIR refuse. Pour les indigènes, considérer le métissage et les mariages entre cultures et religions différentes comme des progrès revient pour les racialisés à intégrer l'infériorité à laquelle ils sont assignés et les discriminations.
Quant au texte dont marxmarx se gargarise, il dit des choses au passage qui sont un sacré socle commun avec les Indigènes et qui nous valent des injures... Ensuite, j'ai répondu et Babel a souligné les critiques, je ne reviens pas, c'est un texte interne au combat décolonial et c'est une critique de femmes indigènes revendiquées telles, le PIR et Houria ont à répondre à certaines choses, que je ne développe pas, parce que je ne suis pas au PIR, je suis un homme blanc et je ne vais pas me joindre aux hurlements. Mais il est comique de voir encenser un texte qui malgré des divergences réelles, se situe dans le cadre global des luttes décoloniales et reprend des pans entiers des analyses du PIR et précisément l'essentiel de celles qui nous valent les insultes. Je souligne les passages, je ne reposte pas l'ensemble, il est sur la page antérieure, avec les divergences par rapport au PIR soulignées par Babel. Comme on peut en juger, il ne s'agit pas d'un texte "gentil" (terme débile et apolitique), mais d'accords sur des points fondamentaux.
Les Indigènes de la République ont contribué à rendre visible un racisme de gauche, appuyé sur le racisme intégral consubstantiel à la société française
Une analyse systématique (pas celle des indigènes, précision de Toussaint) des champs de force qui s’exercent sur les plus précarisés permet de sortir de l’ornière : une critique conséquente de l’invisibilisation des questions raciales et de genre
Cela signifie refuser les logiques de concurrence entre les racismes ; mais aussi penser islamophobie et antisémitisme dans toute leur spécificité. Et cela dans le contexte général d’une augmentation de la violence sociale, d’un durcissement des segmentations de classes et des effets du racisme structurel (logement, travail, etc.). C’est de plus en plus dur pour les plus pauvres, pour ceux qui sont déjà les plus précarisés (les racisés, les femmes).
Avec les attentats de janvier, la gauche s’est pris en plein dans la figure son déni de la question du racisme. Elle qui s’est fait une spécialité de dénoncer la victimisation et de refouler le racisme comme phénomène structurel massif. L’obsession du voile des féministes institutionnelles a fonctionné comme un révélateur du racisme d’une gauche accrochée à un universalisme abstrait et agressif.
Voilà pourquoi nous étions enthousiastes devant l’énorme travail qui a rendu visible ce racisme de gauche, républicain, auquel le Parti des Indigènes de la République (PIR) a participé depuis 2004. Nombreux sont ceux qui ont travaillé à saper ce racisme respectable [1] Pour lequel les indigènes ne sont pas réellement des égaux et qui, s’il ne se justifie pas « contre » le racisé, tire son argumentation des grandes valeurs censées l’émanciper. Toute une histoire de la condescendance et du paternalisme de la gauche française reste à écrire, notamment sur la façon dont le discours de classe a été utilisé pour maintenir bien en place les hiérarchies au sein du mouvement ouvrier lui-même.
Qui prend le RER à Gare du Nord le matin sait que ceux qui ont l’air arabe, noir ou rom subissent une pression constante. Contrôles au faciès, « bavures policières », relogement dans des banlieues toujours plus lointaines, les racisés subissent une ségrégation géographique, sociale et symbolique. Ce racisme intégral, pour reprendre l’expression de Franz Fanon, consubstantiel à la société française, commence dès l’orientation en 4e, avec la recherche d’un stage, du premier job… et s’étend à toutes les dimensions de l’existence. Dans ces multiples apparitions, il s’étend des rues de nos villes riches où les hommes racisés se font refouler des boîtes de nuit jusqu’aux confins des mers où on laisse se noyer avec une indifférence complice ceux qui osent franchir les frontières.
En France, l’islamophobie, le racisme anti-musulman, est à comprendre, non pas simplement comme une opposition laïque à la religion, mais comme un racisme dirigé vers tout ce qui est noir ou arabe. Notamment quand sa présence est visible dans l’espace public, qu’il s’agisse de femmes voilées ou de jeunes tenant le mur. Les événements de janvier n’ont fait qu’accentuer ce processus de stigmatisation. Des attaques de mosquées aux agressions de femmes voilées, en passant par les convocations au commissariat d’enfants de huit ans qui ne disaient pas assez « Je suis Charlie », il est devenu quasiment impossible de parler politique quand on a une gueule d’Arabe sans avoir à se justifier de ne pas être islamiste.
Il ne s’agit pas de simples discriminations ou de préjugés. L’islamophobie renvoie à une question plus centrale, la question raciale. Celle-ci fonctionne comme assignation à une place dans la division du travail de certaines catégories de population sur la base de leur origine et de leur couleur de peau. Il suffit d’observer un chantier de BTP pour constater qu’en général les gros travaux sont fait par les Noirs, les travaux plus techniques par les Arabes, et que les contremaîtres sont blancs. [2] Le racisme est le régime d’exploitation matériel qui a organisé le développement capitaliste européen.
En effet, le capitalisme met en concurrence les capitaux, mais aussi les travailleurs eux-mêmes sur le marché. Cette concurrence prend la forme d’un processus de « naturalisation » qui permet une dévaluation spécifique de la force de travail. Certains traits socio-historiques de la main-d’œuvre immigrée (comme par exemple la qualification, le déplacement, la spécialisation…) sont « essentialisés » : ils vont se prolonger, « coller à la peau ». Et cela permet aux employeurs de tirer le prix de la main-d’œuvre vers le bas.
L’Occident, c’est-à-dire les centres historiques d’accumulation capitaliste menacés par la crise, perpétue, à travers la « chasse aux terroristes », la continuation d’une structuration de l’exploitation à l’échelle mondiale
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Ces discriminations existent et les défenseurs du capital en jouent (voir la signature de sarkozy "Touche pas à mon église " récemment). Il faut lutter contre elles, pas en divisant la classe mais en la réunissant, en soulignant les points communs de la classe et pas en soulignant ses différences, mettant les noirs d'un coté les blancs de l'aurtre, les musulmans d'un coté et les mécréants de l'autre.
Un comble... Alors, les exclusions des élèves voilées, c'est pour ne pas souligner les différences, ne pas "mettre d'un côté" les musulmans et de l'autre les autres, pas seulement les mécréants, mais aussi les chrétiens, alors qu'elles et ils se mêlaient dans les classes sans problème? Le licenciement d'une travailleuse pour port de voile, c'est pour unifier la classe ouvrière? L'opposition à la condamnation d'une tête de cochon devant l'entrée d'une mosquée, acte d'intimidation islamophobe que LO déguise en "blasphème", c'est pour unifier la classe, en soulignant les points communs? Le soutien à la loi de 2004, c'est aussi pout ne pas souligner les différences? Les insultes aux femmes voilées, aux jeunes des cités, les qualificatifs méprisants, la diffusion de textes islamophobes, sexistes, d'un film réac et raciste, des qualificatifs comme "quartiers immigrés", c'est pour lutter contre les discriminations. Les musulmanes voilées exclues de cours en fac illégalement par des profs racistes et sexistes, que la secte et ses ouailles ne défendent pas, elles doivent manifester avec les profs islamophobes contre la casse de l'Université en oubliant que ces porcs les en excluent? La demande de répression des musulmanes à l'école dans la colonie de Mayotte en prétextant que c'est un DOM, c'est pour unifier le peuple mahorais à 95% musulman? La stigmatisation des femmes musulmanes qui mettent le voile, leur caractérisation commode que rien ne vient étayer, comme des partisanes de l'islamisme, voire, pire encore, ce n'est pas de la discrimination, ce n'est pas répandre des stéréotypes contre une portion de la classe ouvrière?
Lorsque Jesuisfred vient beugler qu'il n'y a pas de discriminations au détriment des musulmans, des noirs et qui profitent certes à l'exploiteur mais dont bénéficient aussi, dans le court terme individuel, les non racisés, personne de la meute islamophobe n'est venu lui dire qu'en effet, il y a des discriminations, et pas un des nouveaux défenseurs des LGBT indigènes ne se formalise de le voir traiter ses contradicteurs d'"enculés"... Parce que lorsque Jesuisfred beugle des insultes homophobes, vous ne pensez pas qu'il s'agit aussi d'une question politique, je suppose... Ce qui montre au passage l'instrumentalisation pure et simple de la question des LGBT indigènes et nullement une préoccupation de lutte contre l'homophobie.
L'état français favorise les juifs.
Cela, c'est toi qui le dis, pas le PIR.
Plus exactement, le philosémitisme et ses objectifs, un excellent concept, permet de comprendre pourquoi l'état français mène une propagande d'état contre l'antisémitisme, la Shoah "le plus grand crime de l'Histoire" selon le Hollande, avec une panoplie de moyens légaux, une défense farouche dIsraël et liée à la Shoah, à la défense des juifs contre l'antisémitisme... et qu'évidemment cela relève en réalité, selon le PIR d'un antisémitisme profondément ancré, comme d'une islamophobie d'état...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Je suis d'accord avec cela. La combativité du prolétariat (mondial) passe par son unité, et non par de subtiles différences de couleur de peau. C'est un fait indéniable, maintes fois prouvé, et maintes fois commenté. "Les prolétaires n'ont rien d'autre à perdre que leurs chaines, ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays unissez vous."... Ne serait-ce que cela.marxmarx a écrit:MAIS AU CONTRAIRE ! Ces discriminations existent et les défenseurs du capital en jouent (voir la signature de sarkozy "Touche pas à mon église " récemment). Il faut lutter contre elles, pas en divisant la classe mais en la réunissant, en soulignant les points communs de la classe et pas en soulignant ses différences, mettant les noirs d'un coté les blancs de l'aurtre, les musulmans d'un coté et les mécréants de l'autre.
Par contre, je suis aussi parfaitement d'accord avec Toussaint lorsqu'il démontre (parfois agressivement mais avec justesse, avouons le) que le racisme et l'affirmation de la supériorité blanche sont constitutives du capital, au même titre que la classe ou le genre. Toute l'histoire du capitalisme l'illustre, depuis ses prémisses, à commencer par la mise en place de massacres et surtout de systèmes coloniaux et esclavagistes au XVIème et XVIIème siècles, jusqu'à sa domination formelle sur l'ensemble de la société, soit les XVIIIème et surtout XIXème siècle, qui virent son hégémonie politique s'affirmer ainsi que le colonialisme et l'esclavagisme "s'industrialiser". Ca, c'est pour l'histoire du Capital.
Plus concrètement et sans grandes phrases, il suffit de regarder aujourd'hui autour de soi pour constater que les prolétaires Indigènes sont systématiquement discriminés, que ce soit dans le monde du travail ou dans celui de la vie quotidienne. J'habite une commune autrefois industrielle et aujourd'hui dévastée, et les plus mal lotis d'entre les exploités (c.a.d les chômeurs essentiellement) sont les Turcs et les Maghrébins. Je crois que cela, personne ne peut le contester. Le racisme, et aujourd'hui l'Islamophobie, sont des constructions capitalistes et impérialistes. C'est l'évidence même. Et Toussaint à raison de le marteler.
Sur les positions du PIR à proprement parler, je suis perplexe : J'y vois un certain "communautarisme" qui ne me plait pas trop, mais je ne saurais juger les plus exploité-e-s d'entre nous sur un simple ressenti.
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: Indigènes de la République
Je crois qu'on pourrait partir de là pour entamer une discussion honnête sur les présupposés servant de base à l'élaboration théorique du PIR.
Aux éléments de réponse que fournit Toussaint, pourraient s'ajouter ceux avancés par Norman Ajari, dans sa réplique à l'article publié par la revue Vacarme. Texte long, souvent brillant et d'une belle vigueur polémique, sa lecture sera de toute façon plus profitable que la répétition ad nauseam des sempiternels procès en sorcellerie intentés contre le PIR, où l'ignorance le plus souvent le dispute à la bêtise.
Sans chercher à esquiver la confrontation, mais par souci de clarté (ne serait-ce que pour favoriser ma propre compréhension de questions que je trouve épineuses), je le reproduis in extenso, pour tenter, dans un second temps, de sérier un à un les points de divergence réels.
Aux éléments de réponse que fournit Toussaint, pourraient s'ajouter ceux avancés par Norman Ajari, dans sa réplique à l'article publié par la revue Vacarme. Texte long, souvent brillant et d'une belle vigueur polémique, sa lecture sera de toute façon plus profitable que la répétition ad nauseam des sempiternels procès en sorcellerie intentés contre le PIR, où l'ignorance le plus souvent le dispute à la bêtise.
Sans chercher à esquiver la confrontation, mais par souci de clarté (ne serait-ce que pour favoriser ma propre compréhension de questions que je trouve épineuses), je le reproduis in extenso, pour tenter, dans un second temps, de sérier un à un les points de divergence réels.
Vacarme critique les Indigènes : la faillite du matérialisme abstrait
Publié le 12 juillet 2015 par Norman Ajari
Paru dans le dernier numéro de la revue Vacarme, l’article « Pour une approche matérialiste de la question raciale » prétendait dérisoirement faire le procès des thèses défendues par le PIR en l’accusant notamment d’antisémitisme. Pour répondre à ces attaques, nous avons souhaité exercer notre droit de réponse de manière claire et argumentée. La rédaction de Vacarme a décidé de verrouiller le débat en refusant de publier ce texte.
« Ce sont toujours les meilleurs et les plus nobles qui sont le plus détestés, car ils sont sincères et appellent les choses par leur nom. C’est là une faute impardonnable pour le genre humain qui ne hait jamais tant celui qui fait le mal, ni le mal lui-même, que celui qui lui donne son vrai nom. » Giacomo Leopardi, Pensées.
Méfiez-vous des idées qui font plaisir car c’est le « besoin de faire s’exprimer la souffrance [qui] est la condition de toute vérité »[1]. Les enthousiasmes disproportionnés qui ont processionné derrière une critique du Parti des Indigènes de la République parue récemment[2] confirment, mieux qu’un long discours, la justesse de cette maxime d’hygiène intellectuelle. La jubilation empressée de certaines mascottes de la « gauchosphère », brandissant fièrement telle citation, parvenant en toute hâte à des conclusions voulues définitives, a effectivement peu de rapport avec la vérité. Ce sont leurs propres opinions, exténuées d’avoir été battues et rebattues, que les contempteurs du PIR ont pu contempler dans le texte qui les a tant contentés. Elles étaient approximativement exprimées en des termes qu’eux-mêmes auraient employés à l’identique. Leur narcissisme ne s’étalera pas plus longtemps à nos dépends. L’article en question ne mérite pas qu’on y réponde ; la publicité qui l’entoure, elle, l’exige.
Les Indigènes de la République viennent de fêter leurs dix ans ; ils n’ont jamais ménagé leur public. En 2005, lycéen dans une petite ville de province, je me souviens d’avoir été interpellé par l’appel « Nous sommes les Indigènes de la République » et ébranlé dans la routine de mes idées par la radicalité de leur discours. C’est par fidélité à cet affect vieux de dix ans que j’écrirai. N’ayant pas participé à la fondation du mouvement et n’ayant aucun fait d’arme glorieux à faire valoir, je n’aurai d’autre ambition que de rappeler avec le plus de justesse possible la vitalité du discours du PIR. Au contraire de ceux que j’attaquerai, je ne perçois aucune rente sur le mensonge. L’article mal titré « Pour une approche matérialiste de la question raciale » paru dans les pages de la revue Vacarme, malgré la médiocrité de son argumentaire et de son contenu, servira de prétexte à cette fin.
Ce n’est pas moins de trois auteures qui ont uni leurs forces pour le rédiger. Le casting, en l’espèce, est loin d’être indifférent. C’est même un ingrédient clef de la rhétorique. L’association des signatures de trois « descendantes de musulmans et de juifs d’Algérie » devait, par contraste, mettre en évidence le sectarisme machiste et arabo-centré du PIR. Car c’est bien de cela qu’il sera question. Elles l’écrivent : « Surfant sur les durcissements identitaires, [le PIR] propose une lecture systématiquement culturelle voire ethnicisante des phénomènes sociaux. Cela l’amène à adopter des positions dangereuses sur l’antisémitisme, le genre et l’homosexualité. » Quelle réputation ces militantes croient-elles flétrir, qui s’imaginent-elles indigner, en qualifiant les positions du PIR de « dangereuses » ? Et surtout, dangereuses pour qui ? Ce qui est certain, c’est qu’elles ne le sont pas pour les raisons ici alléguées. « Sexistes, antisémites, homophobes : bienvenue chez les Indigènes », tel aurait pu être, traduit dans l’humour de caserne des ultras du PSG, le titre de l’écrit savant du tonitruant trio de Vacarme.
Ces allégations, sont-elles étayées de preuves ? Je prouverai qu’il n’en est rien et que ce papier vise à contenter les convaincus ou à désinformer les lecteurs distraits. Sans surprise, la première étape s’est déjà produite ; épargnons-nous donc la seconde. Soulignons enfin que les auteures se présentent comme « féministes et communistes ». Qu’elles ne se déclarent pas antiracistes n’a rien d’étonnant : elles cherchent à dissoudre l’antiracisme dans le bain de leurs propres ambitions qui, pour être « matérialistes », ne le sont sans doute pas au sens qu’elles revendiquent.
Une rhétorique plutôt qu’une méthode
La forme de l’article en question ne rachète pas plus le contenu que l’inverse. Toutefois, pour procéder avec ordre, commençons par la cause du mal qui saute le plus immédiatement aux yeux : la méthode. Ou, plus justement, l’absence de toute méthode, au profit d’une rhétorique et de ce que Bourdieu appelait le discours d’importance. Deux éléments indispensables à tout texte visant à convaincre lui manquent : d’une part une administration de la preuve et de l’autre un effort argumentatif pour démontrer les thèses avancées.
On ne peut pas faire aux Indigènes le reproche de ne pas s’exprimer suffisamment. Leur site regorge de textes théoriques, de commentaires et de communiqués liés à l’actualité, de prises de parole. Une quantité significative de ces billets a été rassemblée voilà deux ans dans un épais volume intitulé Nous sommes les Indigènes de la République, paru aux Éditions Amsterdam. Il faut y ajouter les ouvrages de Sadri Khiari, notamment Pour une politique de la racaille (2006), La Contre-révolution coloniale en France (2009) et Malcolm X stratège de la dignité noire (2013). Pour que les critiques adressées au PIR soient recevables, elles auraient dû s’appuyer sur des citations de ces écrits, sur des analyses sourcées – bref, sur des preuves. Or malgré cette abondance de matériaux, seul un texte sur Dieudonné est effectivement cité, visiblement choisi pour les sous-entendus faux et malveillants qu’il permet de faire planer. Hormis cette exception, « Pour une approche matérialiste de la question raciale » se contente de périphrases orientées, de reformulations hasardeuses et laisse parler l’imagination des auteures. Pour faire passer leurs insinuations pour des thèses solides, le trio emprunte à Immanuel Kant, qui n’en demandait pas tant, son fameux als ob (comme si). Inutile de préciser qu’elles n’en feront pas le même usage : « Tout se passe comme si les prolétaires racisés qui subissent le plus violemment le racisme étaient instrumentalisés » ; « Tout se passe comme si les “indigènes sociaux” ne pouvaient sortir de leur position de subalternes qu’en redoublant la racialisation de leur position dans le capital. » Voilà comment sont amenées des conclusions arbitraires : rien n’a été prouvé, cité, démontré, mais c’est comme si. Et les auteures de monologuer, se confrontant moins aux propos des Indigènes qu’à l’idée vague et déformée qu’elles s’en font.
La seconde chose qui frappe, c’est la litanie des « il faut », brandis lorsque les arguments font défaut. Dès lors que le renoncement à tout effort pour convaincre en recourant à la preuve est consommé, la nécessité s’y substitue. Elle jaillit périodiquement, comme un coucou d’une horloge suisse. « Il faut maintenir une lecture de classe du racisme » ; ou encore : « il faut à la fois reconnaître ce qui se passe actuellement, et sortir de l’ombre les violences subies dans le passé ». De subtiles variantes sont à noter : « Penser un racisme systémique doit permettre d’articuler race et genre, race et classe. » Ces impératifs éthiques arbitraires, que rien ne vient jamais justifier et qui ne tiennent debout qu’en vertu de leur propre évidence supposée, tombent sur le lecteur comme des averses – mais l’article n’offre aucun abri. Pour paraphraser Debord, on nous parle toujours comme à des enfants obéissants, à qui il suffit de dire : « il faut », espérant qu’on veuille bien le croire. Ce paternalisme des fausses évidences ne nous convaincra pas ; voilà dix ans que les Indigènes lui ont tourné le dos.
Un soliloque extravagant, qui se tire de l’impasse par quelque deus ex machina dès qu’il se découvre pris au piège de ses propres roueries : voilà ce qui tient lieu de méthode à notre terrible trio. C’est donc sans peine qu’il peut conclure que la « lecture des Indigènes de la République de la question du racisme […] semble finalement assez faible », sans rien n’en avoir jamais examiné. L’épouvantail de papier que les auteures bricolent pour mieux l’abattre est effectivement si fragile que même le cocktail de platitudes et de sophismes qu’elles lui opposent suffit à triompher. On va voir à présent que si les positions réelles du PIR avaient été convoquées, au lieu de leur caricature, il en eut été autrement.
Désarticulation décoloniale
Le trio est plus obsédé par les articulations que ne l’est n’importe quel rhumatologue. L’articulation, dans le sens où il l’entend, c’est la combinaison des dominations de classe, de genre, de race, liées à la sexualité. L’injonction à l’articulation, qui se donne ici comme une fin en soi, le PIR la connaît bien. L’article « Pour une approche matérialiste de la question raciale » ne fait que confirmer les analyses de Sadri Khiari, qui soulignait que dès lors qu’elle n’est pas panachée, nouée à d’autres formes d’oppression sociale, la question raciale est d’emblée inadmissible dans le discours de la gauche radicale [3]. Puisque le PIR se donne pour objectif premier de lutter contre les continuités, les résurgences et les transformations du racisme colonial, on l’attaquera sur tout le reste : son approche du capitalisme, des questions de genre et de sexualité, son discours sur l’antisémitisme. En somme, ce qu’on reproche au PIR, c’est de se donner ses propres objets et objectifs. C’est de ne pas se soumettre de bonne grâce aux injonctions à échanger sa ligne contre le brouet mitonné par notre trio féministo-communiste. Toutefois, ce qu’il semble ignorer, c’est que ces sujets ne sont pas des points aveugles : les Indigènes les traitent à partir du paradigme décolonial qui est le leur. La pensée décoloniale n’est pas l’obnubilation par le seul thème du colonialisme ; c’est un effort pour donner à sa vision du monde la profondeur historique nécessaire pour agir et raisonner en se libérant de veilles routines politiques.
Elle part de l’hypothèse qu’à partir de 1492, avec la « découverte » puis la conquête de l’Amérique, naît un projet de civilisation européen dont la supériorité intellectuelle, morale et physique du Blanc sera le rouage essentiel. Or ce rouage, bien que rouillé, n’a pas encore fini de faire tourner la machine coloniale. L’Europe naît à ce moment-là, de ce moment-là ; elle n’a jamais cessé d’en récolter les fruits. « Avec l’approche décoloniale, ce qui compte, c’est […] la conscience du fait que les formes modernes du pouvoir ont produit (tout en les occultant) des technologies de la mort, qui affectent de façons différentes sujets et communautés. Le tournant décolonial permet aussi de réaliser que les formes du pouvoir colonial sont multiples ; que l’expérience, ou la connaissance, propres aux sujets les plus concernés par le projet de mort et de déshumanisation moderne, sont d’une importance capitale si nous voulons comprendre les formes modernes du pouvoir et proposer des alternatives. »[4] Ce que disent les Indigènes, c’est que c’est à partir de ce paradigme, qui prend en compte le projet de la suprématie blanche sur lequel se fonde la modernité elle-même, que les questions de sexe ou d’économie méritent d’être envisagées pour être pertinentes dans les vies des habitants du Sud global et de leurs diasporas. Ce ne sont pas des pièces rapportées, accumulées en une rassurante concaténation des dominations. Elles s’intègrent dans l’orbite d’une théorie cohérente qui, sans les ignorer, ne cherche plus sa légitimité dans la pratique et la pensée politique européenne.
L’intersectionnalité, nom savant de l’étude de l’articulation, est un concept que l’on doit aux féministes africaines-américaines. Or il arrive de plus en plus fréquemment que cette théorie d’abord antiraciste soit aujourd’hui retournée contre les femmes indigènes qui en sont les héritières légitimes. Dans la France d’aujourd’hui, le chantage à l’intersectionnalité est devenu un instrument de police idéologique qui permet de disqualifier ceux qui ne prêtent pas allégeance à l’agenda politique dominant. Les accusations d’homophobie ou d’antisémitisme, sont les armes de ce combat-là. Force est de reconnaître, aussi désolant que soit ce constat, qu’une part significative du discours intersectionnel français est formellement semblable à l’universalisme républicain (bien que leurs contenus diffèrent). Il cherche à consacrer la supériorité morale de celles et ceux qui le prônent, en les confortant dans l’illusion d’une légitimité sans borne. Articuler à tous propos la classe, la sexualité, le genre et la race, c’est s’assurer d’avoir son mot à dire sur tout, et d’être rarement contredit. Jack of all trades, master of none, le prêcheur intersectionnel répondra « classe » ou « genre » quand on lui parlera race, et vice versa, installant son petit universalisme par accumulation de points de vue, où son avis seul sera pleinement légitime. Les Indigènes désarticulent ce devenir funeste d’une théorie émancipatrice, qui ne bénéficie alors qu’à ses propagandistes professionnels.
Sur le capitalisme
La citation qui suit s’annonce comme une immense accumulation de contrevérités : « Ce racisme marque de manière matérielle et symbolique l’espace métropolitain européen. Néanmoins, la grille de lecture strictement décoloniale que nous propose le PIR nous empêche de comprendre les dynamiques actuelles, où ce racisme n’existe qu’en lien avec le développement capitaliste à l’échelle du monde. À ce titre, l’histoire coloniale est derrière nous, même si elle laisse des traces. L’Occident, c’est-à-dire les centres historiques d’accumulation capitaliste menacés par la crise, perpétue, à travers la “chasse aux terroristes”, la continuation d’une structuration de l’exploitation à l’échelle mondiale. Par exemple les guerres pour l’accès aux ressources naturelles (pétrole ou minerais “stratégiques”). Mais ce qui se joue également, c’est l’intensification de l’exploitation dans tous les segments de classe, à commencer par les plus fragiles. Ce processus d’appauvrissement et de marginalisation finit par engloutir des sujets qui ne sont pas noirs, arabes ou descendants de colonisés. »
Le trio adopte l’idée anticapitaliste la plus classique selon laquelle le capitalisme aurait entraîné, au gré des besoins de l’accumulation, divers processus de racialisation (je ne m’attarderai pas sur sa tendance à appuyer lourdement sur l’origine sociale de la race comme sur une trouvaille brillante – dans un débat sur le PIR cela revient, en termes de pertinence, à rappeler que l’eau mouille ou que le soleil chauffe). Or il n’est pas absurde, dans une perspective décoloniale, de formuler exactement l’hypothèse inverse : c’est le capitalisme qui naît du racisme. J’ai évoqué plus haut la conquête des Amériques. L’étape historique suivante, celle de la traite transatlantique, est ici décisive. Ce ne sont pas de nébuleuses « dynamiques actuelles » qui lient le racisme aux échanges économiques globaux : il en va ainsi depuis le XVIe siècle ! Les remarques de CLR James selon lesquelles les plantations de la Caraïbe préfigurent les usines de l’ère industrielle sont aujourd’hui bien connues. L’historien Marcus Rediker va plus loin encore dans ses recherches sur le navire négrier qui, selon lui, fut « l’élément central d’un ensemble de bouleversements économiques profonds et interdépendants qui furent essentiels à l’essor du capitalisme »[5]. En effet, le négrier, liant intimement accumulation et répression, était à la fois une factory, c’est-à-dire un établissement commercial itinérant, et la première forme de prison moderne, en un temps où elle n’existait pas encore sur la terre ferme.
L’histoire du droit des gens et du droit international, de Hugo Grotius à Carl Schmitt, montre que le privilège des institutions, des terres, et finalement des peuples européens dans l’imaginaire politique précède logiquement et historiquement le capitalisme. Il en est, à la lettre, la condition de possibilité. Ce sont ces doctrines qui permirent les massacres des amérindiens et la traite, aussi bien que le second colonialisme moderne. Trop occupées à brandir les concepts marxiens les plus élémentaires (croit-on vraiment nous enseigner le fétichisme de la marchandise ?) comme si elles venaient tout juste de les inventer, les auteures n’envisagent pas que c’est depuis la perspective décoloniale que le « développement du capitalisme à l’échelle du monde » se laisse penser le plus rigoureusement. Comme le rappelle à juste titre Nelson Maldonado Torres, la colonisation a été « le modus operandi de la globalisation »[6]. Contrairement à ce qu’asserte le trio, le PIR ne « subsume » pas « toutes les questions sous celle de la race ». Écrire cela, c’est encore sous-entendre que ce serait affaire de choix. Le PIR constate que la race est fondatrice de la modernité comme de l’accumulation capitaliste, et il en tient compte.
En outre, les clichés médiatiques assimilant le néocolonialisme contemporain aux seules « guerres pour l’accès aux ressources naturelles » en dit long sur la méconnaissance de nos spécialistes autoproclamées d’économie politique. Entre les zones d’extraction minérale privatisées, sécurisées par des private military contractors et les conséquences délétères des politiques d’ajustement structurel, il y a pourtant des analyses consistantes à relayer et à poursuivre[7] (et je ne pense ici qu’au seul continent africain). D’autant que dans les pays où les mesures d’ajustement ont été mises en place, l’incapacité dans laquelle s’est trouvé l’État de financer le compromis social l’a souvent conduit à compenser cette perte de contrôle par une intensification de la répression et un recours accru au racisme et la xénophobie en guise de ciment national[8]. À l’heure où des plans d’ajustement ciblent les nations européennes, l’étude des expériences du Sud global dans la perspective décoloniale pourrait sembler précieuse, mais nos auteures la délaissent. Pourtant le fond n’a pas encore été atteint. Leur sophisme le plus grossier réside dans l’idée que l’extension à la population blanche d’une précarité autrefois propre aux descendants de colonisés invaliderait les analyses du PIR, les signalant comme dépassées. Ce raisonnement laisse perplexe : on feint de croire que l’extension et l’intensification d’un phénomène équivaut en réalité à sa disparition. Si j’apprends le Mandarin, vais-je précipiter l’écroulement de la République Populaire de Chine ? Le phénomène d’indigénisation des Blancs des quartiers, qui a bien été étudié par Sadri Khiari[9], confirme au contraire la justesse de la perspective décoloniale.
On peut donc finalement répondre à l’insinuation faussement candide du trio : « Tout se passe comme si les “indigènes sociaux” ne pouvaient sortir de leur position de subalternes qu’en redoublant la racialisation de leur position dans le capital. Comme si les jeunes issu-e-s de l’immigration coloniale n’avaient pas le droit, eux, elles aussi, de s’interroger sur l’organisation du travail, sur la propriété des moyens de production, l’exploitation… » Premièrement, on ne redouble rien du tout. Nos brillantes marxologues saisiront la référence si j’affirme que l’enjeu est plutôt de passer de la race en-soi, en butte à tous les coups et produite par leur répétition, à la race pour-soi, politisée et organisée. Deuxièmement, au contraire des rhumatologues politiques, le PIR n’interdit à personne de s’interroger sur quoi que ce soit. Par contre, et c’est bien là le problème, il se réserve le droit d’apporter des réponses.
Sur le genre
La parole est à l’accusation : « Selon ce raisonnement donc, une indigène sociale ne peut pas développer des outils de lutte et de revendication en fonction de son actualité présente, de son genre, de sa sexualité. Elle doit se référer éternellement à sa position post-coloniale ; ses modèles d’émancipation n’appartiennent qu’au passé. Si elle se prend à défendre d’autres causes ou à articuler, par exemple et au hasard, race et genre, c’est qu’elle adopte l’agenda des Blancs. »
Un texte de Houria Bouteldja que le trio se garde bien de citer aurait pu apporter quelque éclairage à ces conclusions brumeuses[10]. Elle ne s’y prononce pas quant à l’idée de savoir s’il faut ou non être féministe. Ce qui désarçonne nos auteures, qui rêvent de déplacer les plaques tectoniques de l’histoire à grands coups de « il faut » et de « tu dois », c’est que le PIR n’émet pas d’injonctions, qu’il n’aboie pas d’ordres. Quand il propose la notion de « féminisme décolonial », il ne s’agit pas d’une nouvelle norme, mais d’un outil pour penser race et genre au-delà de l’injonction à l’articulation qui cherche à faire du terme « féminisme » le synonyme rigoureux de « progrès ».
Une représentation commode de ces enjeux tend à présenter le féminisme comme un front de modernisation, en lutte contre des archaïsmes liés au patriarcat. Le paradigme décolonial pose ce problème différemment. Selon lui, féminisme et patriarcat appartiennent à un même espace-temps : celui de la modernité européocentriste et coloniale. Cet espace-temps est devenu mondial, et avec lui la version européenne du patriarcat, différemment acclimatée en fonction des régions. Cela ne signifie pas que les sociétés précoloniales auraient été des paradis peuplés de « bons sauvages » et dénuées de toute forme d’inégalité. Seulement, ce ne sont plus ces formes pré-modernes d’inégalité qui prédominent aujourd’hui. Vaincues, rétamées par le colonialisme, ces épistémologies ont été investies ou remplacées par la modernité européocentriste. Une alternative se présente alors pour qui souhaite toujours envisager un projet émancipateur. Aucun de ses membres n’est, dans l’absolu, plus légitime que l’autre, et tout est ici affaire de situation. D’une part, le féminisme classique, qui se tient à l’intérieur de ce même paradigme pour y faire naître des potentialités libératrices. De l’autre, le féminisme décolonial dont parle Bouteldja. Ce dernier, se basant sur les héritages combinés des féministes de couleur et des politiques anticoloniales, se bat pour sortir du paradigme lui-même.
Le PIR ne cherche pas à empêcher qui que ce soit d’adhérer au projet du féminisme classique ; il reconnaît sa légitimité dans son ordre propre. Toutefois, il suggère que le projet décolonial est plus pertinent pour le Sud global et ses diasporas victimes du racisme. Et il ne peut rester de marbre face aux attaques dont il fait l’objet, pas plus que devant les diverses formes de racisme ou de tentations hégémoniques qui caractérisent certaines interventions féministes. Comme l’annonce un titre fameux de Christine Delphy, les féministes ont un « ennemi principal » : le patriarcat. Les Indigènes en ont un autre : la modernité raciste et européocentriste, dont le patriarcat est l’un des versants.
Ce thème permet d’aborder rapidement une autre rumeur qui court à propos du PIR : son soi-disant « éloge des couples non-mixtes », qui consisterait à « limiter autant que faire se peut les unions entre “racisés” et “Blancs” »[11]. Premièrement, le PIR n’a pas pour ambition de légiférer sur les choses de l’amour ; contrairement au SOS racisme des pires moments, il ne suggère pas que c’est en faisant grincer les ressorts de nos matelas que nous changerons le monde. Deuxièmement, force est de constater que dans ces discours critiques, les « couples mixtes » que l’on croit attaqués sont ceux qui impliquent un Blanc : qu’Arabes, Noirs, Asiatiques, Sud-Américains se prennent de passion les uns pour les autres n’intéresse personne. Or c’est cette assimilation de la « mixité » à la blancheur que dénoncent les Indigènes. Il en découle, troisièmement, qu’il n’y a rien à gagner à sacrifier à ce mythe : ces mariages soi-disant « mixtes » ne sont ni plus honorables, ni même plus mixtes, que les autres. Ils sont simplement plus blancs. Fanon qui, dans Peau noire, masques blancs, critique longuement le désir intéressé de blancheur des Antillais, se maria lui-même avec une femme blanche. Y a-t-il une morale à en tirer ? Aucune, sinon peut-être que ses recherches lui permirent d’aimer une femme, plutôt que son propre rêve de « lactification ». Partant de la même question des mariages « mixtes », Serge Halimi, entonnant un air répété ad nauseam, reproche aux Indigènes de provoquer « la division permanente des catégories populaires »[12]. C’est de la pensée magique : le PIR ne provoque rien, il pointe une division réellement existante. Les appels à l’unité qui ordonnent aux indigènes de disparaître dans la masse procèdent d’un fétichisme de l’harmonie sociale (toujours gagnée sur le dos des minorités) dont j’espère qu’il est un des tout derniers dupes.
Sur l’antisémitisme[13]
Voyons à présent ce que les trois auteures ont à opposer au PIR concernant la « question juive » : « L’antisémitisme moderne a une dimension systématique. Il explique un monde menaçant et devenu rapidement trop complexe. Lié au conspirationnisme, il se présente comme la clé interprétative de toute la violence et du non-sens qui fonde la dynamique d’un ordre social sans autre but que sa propre reproduction. Cette explication du monde apparemment délirante a des effets bien réels. L’identification des juifs à l’argent, à un pouvoir abstrait et menaçant, perdure. Dans les moments de crise sociale, il revient en force, même à gauche. L’école allemande de la Wertkritik tente de comprendre ce lien tendanciel entre certaines formes de critique anticapitaliste et l’antisémitisme. »
Quelques lignes plus haut, le PIR était accusé d’être insuffisamment préoccupé par les transformations récentes du capitalisme, mais l’opportunité de lui imputer un nouveau crime le travestit soudain en chaînon manquant entre anticapitalisme et antisémitisme. Le trio navigue au radar. Il emprunte au courant philosophique postmarxiste de la Wertkritik et à Moishe Postone leur critique d’un « antisémitisme structurel ». Selon cette doctrine, l’antisémitisme contemporain procéderait toujours d’une même métonymie : l’assimilation du Juif à l’abstraction, à une puissance abstraite, occulte et impalpable, mais omniprésente. Ce cadre suppose que le discours qui s’est cristallisé au moment du national-socialisme conserve aujourd’hui toute sa pertinence analytique : le Juif incarnerait toujours le capitalisme financier, déconnecté du sang et du sol, opposé au vitalisme de l’industrie comme à celui de la race pure. Ce modèle strict permet d’isoler l’antisémitisme de toutes les autres formes de racisme, en le traitant comme un phénomène absolument singulier[14].
Tout l’effort du trio consistera à plaquer cette définition peu convaincante de l’antisémitisme sur les analyses des Indigènes : « Lutter contre l’antisémitisme, ce serait lutter contre le philosémitisme. Finesse dialectique mise à part, on retrouve là la vieille idée que les juifs, liés au pouvoir, tirent les ficelles ! » Aussi peu accoutumé à la dialectique qu’à la finesse, voilà ce que le trio retient de l’analyse du PIR selon laquelle l’État alimente la division entre les communautés racialement dominées [15]. C’est que nos auteures sont prises au piège d’un paradoxe de leur usage de la Wertkritik. L’« explication du monde apparemment délirante » dont elles prétendent faire l’exégèse semble contagieuse. À la manière de la conscience malheureuse hégélienne, elles sont tellement fascinées par le flou rassurant de leur propre idée de l’antisémitisme qu’elles finissent par se confondre avec sa définition. Dans leur discours, ce n’est plus le Juif, c’est l’antisémitisme qui devient une menace abstraite. On veut le découvrir partout, surtout là où il n’est pas : dans le discours du PIR. Cette accusation, qui est l’une des plus graves qu’on puisse proférer, visait à discréditer définitivement les Indigènes sans effort. Mais cette perfide manigance médiatique est éventée.
Enzo Traverso, dont le trio cite un ouvrage, montre dans La Fin de la modernité juive que l’après seconde guerre mondiale, sans bien sûr signer la fin de l’antisémitisme, marque l’entrée dans une ère où il ne constitue plus le ciment de la socialité européenne qu’il fut trop longtemps. Bien au contraire, l’Europe postfasciste se rachète une virginité en s’organisant de plus en plus autour de cette religion civile que devient la mémoire de l’holocauste[16]. C’est ce phénomène, examiné au prisme de ses conséquences sur la vie des indigènes, que Houria Bouteldja a qualifié de philosémitisme. Le « philosémitisme » dont parle le PIR n’a, de près ou de loin, rien à voir avec un quelconque pouvoir juif, mais tout à voir avec l’instrumentalisation du « nom juif » – c’est-à-dire avec son impouvoir. La première caractéristique du philosémitisme, c’est précisément que ce ne sont pas les Juifs qui « tirent les ficelles », mais l’européocentrisme. Le philosémitisme est un antisémitisme, je me suis déjà exprimé à ce propos[17]. Mais, comme il ne se confond pas avec l’archétype grossier de « l’antisémitisme structurel » (puisque le philosémitisme valorise un idéal d’occidentalisation) le trio est incapable de l’analyser. C’est ainsi qu’il en est réduit à allonger la pensée de Bouteldja dans le lit de Procuste de la Wertkritik, dans l’espoir de crédibiliser une accusation d’antisémitisme qui ne convainc pas.
Malgré une grande déférence à leur égard, les auteures prennent la peine de préciser en note qu’elles ne partagent pas les positions des auteurs de la Wertkritik quant à Israël. Il faut dire que les opinions de ces derniers sont si farfelues qu’une telle indication est moins à porter au crédit de l’esprit critique du trio qu’à celui du sens commun le plus élémentaire. Plus significatif est le degré de la divergence. Les termes dans lesquels s’exprime la condamnation d’Israël sont soigneusement choisis : « Nous critiquons comme telles les exactions à Gaza, dans les territoires, la colonisation galopante en Cisjordanie, à Jérusalem Est. » Présentant ces crimes comme les excès regrettables d’une situation normale, le trio cherche à faire oublier que l’État d’Israël est un pur produit du colonialisme britannique. Il cherche à faire passer son sionisme modéré, son sionisme tempéré, pour un projet émancipateur. Comme l’explique Youssef Boussoumah dans une conférence éclairante, la création de cet État s’est moins présentée comme une « solution nationale à la violence antisémite » que comme une solution coloniale, pour laquelle la destruction des Juifs d’Europe constitua un événement légitimant et in fine une aubaine[18]. Comme le prouvent suffisamment les divers sujets que j’ai précédemment traités, il n’y a pas au PIR de « focalisation unique sur la question palestinienne, alimentée par les nostalgiques du panarabisme et les gauchistes français ». Mais le PIR est un parti décolonial, or Israël et colonialisme sont indissociables (et, que je sache, ni la nostalgie ni le panarabisme ne sont des crimes de droit commun).
De Hannah Arendt à Jean-Paul Sartre, en passant par Jean Améry, l’histoire des idées compte de nombreuses analyses pénétrantes des ressorts de l’antisémitisme. Que les affabulations de la Wertkritik aient été mises en avant renseigne sur le sens tout métaphysique que le trio donne à cette « économie politique » dont il a plein la bouche. Plus subtils, Horkheimer et Adorno distinguaient, dans leur Dialectique de la Raison, deux formes d’antisémitisme. D’une part celle, obsessionnelle et meurtrière, des nazis. De l’autre, celle des libéraux qui partent du principe que les Juifs constituent un groupe sans caractéristiques particulières, sinon l’opinion ou la religion. Postulant, à tort, l’unité réalisée des humains, cette thèse « sert à faire l’apologie de l’état de chose existant »[19] en négligeant les conséquences de l’existence des différences. La structure de cet antisémitisme libéral, dont l’objet n’est aujourd’hui plus les Juifs mais les indigènes, se retrouve dans l’argumentaire du trio. Elle explique sa critique assurée de « l’essentialisme ».
L’essentialisme est-il un humanisme ?
Liée à celle du manque d’articulation, l’accusation d’essentialisme est la seconde critique massive formulée par le trio. Selon lui, le PIR « essentialise les fameux “Indigènes sociaux”, les subalternes qu’il prétend représenter ». Une précision vient plus loin : « cette essentialisation des Arabo-musulmans ne laisse de place à aucune autre identification au sein des indigènes. C’est toute la limite du programme du PIR esquissée dans la notion d’“internationale domestique” : une suprématie de la race qui annule en fait toute autre articulation, race et classe, race et genre, race et sexualité. Selon ce raisonnement donc, une indigène sociale ne peut pas développer des outils de lutte et de revendication en fonction de son actualité présente, de son genre, de sa sexualité ».
L’incongruité de l’usage du syntagme « suprématie de la race » à propos du PIR apparaît avec d’autant plus de netteté que, depuis la tuerie négrophobe de Charleston, la France entière connaît la signification et la brutalité de l’idéologie suprémaciste blanche. L’arbitraire de cette assimilation illustre une fois de plus la confusion dans laquelle se trouve le trio – confusion dont on s’apprête à explorer une nouvelle facette.
« Essentialisme » est l’un de ces concepts qui connaissent un destin étrange. Autrefois catégorie philosophique, il tend à se transformer en lieu commun journalistique. Son caractère embarrassant ne tient pas à quelque trahison d’une supposée pureté conceptuelle, mais à la capacité d’un tel mot à ensorceler le discours en donnant des apparences de profondeur et d’acuité à des idées triviales qui, différemment formulées, auraient frappé par leur indigence. Comme souvent, ce qui inquiète ici, c’est le consensus. En effet, dans le discours militant de gauche, le terme d’essentialisme n’est convoqué que sous une seule forme, à une seule fin : l’accusation. Lorsqu’il surgit dans le débat, c’est qu’on a basculé dans le régime de l’inculpation.
Le PIR ne se reconnaît pas dans la catégorie d’essentialisme et cherche à la dépasser. Mais ils reconnaissent que les « anti-essentialistes » oublient souvent deux points importants. D’une part, ils n’admettent pas que ceux qui se disent essentialistes ont raison sur un point : ils insistent sur la finitude, et notamment la finitude de la mémoire. Il n’est pas possible d’avoir accès à une culture infinie. Nul ne peut échanger sa mémoire contre une autre, ni devenir une sorte d’accumulation illimitée de toute la diversité universelle. Mais les essentialistes cherchent à absolutiser cette finitude, à en faire une norme contraignante, ce que les Indigènes condamnent. Cela conduit au second oubli des anti-essentialistes : ils ne distinguent pas les « essences » (c’est-à-dire les attachements, ce à quoi tiennent les individus et les groupes, leur mémoire) et la contrainte d’adopter des normes de comportement (l’interdiction de toute transformation, de toute créolisation).
Les Indigènes, dans la déclaration de leurs principes, évitent ces pièges : « Malgré leurs conditions communes et leurs intérêts communs, les indigènes ne constituent pas une entité homogène. Des communautés différentes existent en leur sein, ayant des origines diverses, des parcours historiques spécifiques, des cultures, des spiritualités et des attentes particulières. De nombreux indigènes se considèrent par ailleurs comme n’appartenant à aucune communauté particulière. Des Blancs sont partiellement indigénisés par les politiques de stigmatisation, de relégation, de discrimination qui sont menées à l’encontre des quartiers populaires. Ils sont par ailleurs dans une démarche de solidarité voire d’identification avec les indigènes. »[20]
La philosophie des Indigènes cherche à s’épargner deux écueils, qui prennent la forme de deux injonctions. D’un côté, l’alliance de la contrainte et de l’essence (« Reste ce que tu es ! »), et de l’autre la contrainte d’être sans essence (« Deviens rien ! »). Le PIR envisage une essence sans contrainte, c’est-à-dire la reconnaissance des attachements, des croyances dans lesquelles sont pris les individus et les groupes, la finitude de leur mémoire. Mais aussi la connaissance du fait que ces attachements eux-mêmes peuvent devenir mortifères, et ne méritent jamais d’être pris pour des fins en soi. Les temps, les circonstances changent, et il peut être nécessaire de se détacher, d’abandonner ce qu’autrefois l’on a cru ; mais il n’y a pas de révolution mémorielle. La transformation est possible, pas le devenir rien. Frantz Fanon comparait ce processus à l’émergence de la maturité. L’adolescent rêve d’échapper à toutes les règles, de tout tenir de lui-même. Mais l’erreur serait de s’imaginer, au contraire, que devenir adulte revient à suivre des règles définies, à savoir se conformer. En vérité, être adulte c’est connaître son héritage, mais savoir qu’il est possible de le trahir, c’est-à-dire d’enfreindre les règles pour en établir de nouvelles, pour faire advenir le mieux. Faire vivre son essence, c’est-à-dire sa mémoire, sans jamais en être l’esclave, voilà une position décoloniale. La politique indigène, comme le souligne Sadri Khiari, ne vise pas l’homogénéité[21].
Je risque d’être accusé de mauvaise foi si je n’évoque pas une autre acception du terme « essentialisme ». En effet on reproche parfois au PIR d’essentialiser les objets de ses critiques : la République par exemple. Je répondrai simplement qu’elle s’essentialise fort bien toute seule.
Les racines de leur haine
Un pan de la gauche, c’est le cas du trio, voue aux Indigènes de la République une véritable haine qui, comme on vient de le voir, comporte une part irrationnelle. Et les accusations viennent après coup, comme les rationalisations d’une phobie : « il faut que le PIR soit bourgeois, il faut qu’il soit sexiste, il faut qu’il soit antisémite. » Pourquoi ? « Parce que je le hais ! » C’est ainsi qu’une mauvaise réputation fait son chemin, qui prête au PIR un pouvoir menaçant, presque illimité. On en est donc réduit à s’interroger sur les causes réelles de cette détestation, qui n’apparaissent jamais au grand jour, mais dont on discerne les contours. Ainsi, c’est plein d’aigreur que le tiercé perdant de Vacarme grommelle, dans un accès de sincérité inattendu, que la « politisation opérée par le PIR a lieu dans un va-et-vient entre une conférence à Oslo pour le gratin intellectuel mondialisé et une manifestation à Barbès ». Que le PIR dialogue sur un pied d’égalité avec des intellectuels, sans rougir de sa propre doctrine, puis passe à l’action contre le sionisme aux côtés des indigènes avec lesquels il a tout en commun, voilà bien ce que cette gauche jalouse et rhumatismale s’est depuis des décennies révélée incapable de faire.
Cette gauche-là hait le PIR parce qu’il existe. Sa rancune ne procède pas du mal qu’il lui fait, mais elle ne lui pardonne pas de ne pas lui vouer l’admiration qui lui fait tant défaut. Sa pratique religieuse et incantatoire de la politique se trouvant dans l’impasse, elle cherche des coupables. Or son erreur est d’avoir pris ses principes, sa morale généreuse, fondée sur la défense de tous les opprimés en vrac (prolos, femmes, homos, indigènes, etc.), pour une perspective et un projet politique. Cet idéalisme s’étant révélé impraticable sur le terrain, ceux qui le prônent en sont réduits à persifler sur quiconque privilégie la cohérence plutôt que l’orgueil. Cette frange de la gauche française crache sur le PIR comme elle retweet sur Podemos : pour oublier qu’elle ne peut pas. Au lieu de faire des Indigènes l’objet de sa colère, elle devrait chercher les causes de sa propre impuissance.
Ce que nos adversaires croient savoir, nous le savons mieux qu’eux ; seulement, nous n’en avons plus l’usage. L’article du trio évoque l’économie politique à chaque ligne, comme un mantra, mais ne la fait jamais, se contentant d’une litanie d’anecdotes et d’une poignée de concepts marxiens connus des élèves de terminale. « Matérialisme » n’est alors qu’un mot de passe, qui dit à cette gauche-là « je suis de votre côté ». Les Indigènes, pour leur part, ne font pas de courbettes. Ils n’ont pas de gages de bonne conduite à donner. Pour emprunter l’idée de Malcolm X, vu d’ici bien sûr, le PIR semble minoritaire. Mais le tiers-monde, le Sud global d’aujourd’hui, est son horizon. À ce titre il se tient avec la majeure partie du monde, et du côté de l’avenir.
Norman Ajari
Notes
[1] Adorno Theodor W., Dialectique négative (1966), trad. Collège de philosophie, Paris, Payot, 2003, p. 29.
[2] Malika Amaouche, Yasmine Kateb & Léa Nicolas-Teboul, « Pour une approche matérialiste de la question raciale ».
[3] Khiari Sadri, « Les mystères de l’ “articulation races-classes” » .
[4] Maldonado Torres Nelson, « Actualité de la décolonisation et tournant décolonial », in : Bourguignon Rougier Claude, Colin Philippe et Grosfoguel Ramon (dir.), Penser l’envers obscur de la modernité. Une anthologie de la pensée décoloniale latino-américaine, Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2014, p. 47.
[5] Rediker Marcus, À bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite (2007), trad. Aurélien Blanchard, Paris, Seuil, 2013, pp. 69-70.
[6] Maldonado Torres Nelson, « Actualité de la décolonisation et tournant décolonial », art. cit., p. 44.
[7] Ferguson James, Global Shadows. Africa in the neoliberal world order, Durham – Londres, Duke University Press, 2006.
[8] Comaroff Jean et Comaroff John, Zombies et frontières à l’ère néolibérale. Le cas de l’Afrique du Sud post-apartheid, trad. Jérôme David, Paris, Les Prairies Ordinaires, 2010 ; Prashad Vijay, Les Nations obscures (2007), trad. Marianne Champagne, Montréal, Écosociété, 2009.
[9] Khiari Sadri, « Les blancs indigénisés des cités populaires » .
[10] Boutelja Houria, « Féministes ou pas ? Penser la possibilité d’un “féminisme décolonial” avec James Baldwin et Audre Lorde » .
[11] « Vous avez dit Soral ? ».
[12] Halimi Serge, « Comment échapper à la confusion politique » .
[13] Je remercie chaleureusement Selim Nadi qui m’a fait bénéficier de ses lumières à propos de Postone et de la Wertkritik. Les analyses qui suivent sont largement redevables de ses recherches.
[14] Postone Moishe, « Antisémitisme et national-socialisme ».
[15] Bouteldja Houria, « Qu’adviendra-t-il de toute cette beauté ? ».
[16] Traverso Enzo, La Fin de la modernité juive, Paris, La Découverte, 2012.
[17] Ajari Norman, « Le contraire de la “haine de la Shoah”. Sur un billet de Liliane Kandel ».
[18] Boussoumah Youssef, « Le sionisme expliqué à nos frères et à nos sœurs ».
[19] Horkheimer Max et Adorno Theodor W., La Dialectique de la Raison (1969), trad. Éliane Kaufholz, Paris, Gallimard, 1974, p. 250.
[20] PIR, « Nos principes ».
[21] Khiari Sadri, « L’indigène discordant ».
Babel- Messages : 1081
Date d'inscription : 30/06/2011
Re: Indigènes de la République
"les clowns du PIR"... Hadrien se voulant spirituel, c'est puissant
Hadrien a évidemment raison, je l'ai confondu, je n'arrive pas à comprendre pourquoi , avec marxmarx.
Pour Babel, oui, c'est un texte intéressant. Et, aussi, le PIR n'est pas un parti monolithique, cela se voit dans le texte.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Affaire Lahoucine Aït Omghar. Intimidations lors de la reconstitution
Publié le 18 juillet 2015 par PIR
Il y deux ans notre frère Lahoucine Aït Omghar était abattu de 5 balles par la police devant son domicile. Une reconstitution de l’interpellation a eu lieu ce jeudi 16 juillet 2015. C’est une première victoire pour la famille et ses soutiens qui se battent depuis des années pour obtenir cette reconstitution précieuse pour clarifier certains éléments clé du dossier.
Nous dénonçons cependant que cette dernière ait donné lieu à un déploiement massif des dispositifs de sécurité policière (cars de CRS…), véritable démonstration de force qui vise à maintenir la pression exercée sur la famille. Par ailleurs, nous accusons la politique d’intimidation menée à l’encontre de Hamid, le frère de Lahoucine, quelques jours avant cette reconstitution. Après avoir été convoqué au commissariat de Lens suite à une plainte déposée par le ministère de l’Intérieur pour diffamation (en cause : le message « Lahoucine, assassiné par la police » inscrit sur une plaque de commémoration), Hamid s’est vu imposer la visite impromptue du maire de Montigny à son domicile familial, le matin du 14 juillet. Une main courante a été déposée contre le maire pour harcèlement moral.
Encore une fois, nous témoignons notre soutien total à la famille et au collectif Urgence Notre Police Assassine qui lutte depuis des années contre l’impunité des crimes policiers racistes, contre le harcèlement judiciaire et moral des familles de victimes et contre la complicité de la justice et de l’État. Pas de Justice, pas de Paix !
Le PIR
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
20 juillet 1925 - 20 juillet 2015 - Quatre-vingt-dixième anniversaire de la naissance de Frantz Fanon
Trois articles pour un anniversaire
Une pensée à l’épreuve du temps
Mireille Fanon-Mendes-France
Fondation Frantz Fanon
En France, le décret du 27 avril 1848 relatif à l’abolition de l’esclavage a laissé à l’Assemblée nationale le soin de régler la quotité de l’indemnisation devant être accordée aux colons 1. L’indemnisation des propriétaires d’esclaves avait été déclarée légitime par le ministre des Finances de l’époque2. : « Peu importe en vertu de quel droit l’indemnité est donnée aux anciens propriétaires. […] Ce qu’il faut, c’est la restauration du crédit qui leur manque. Voilà la première des nécessités coloniales à laquelle il faut pourvoir. C’est le crédit qui, seul, rendra aux colonies la vie, l’activité, le mouvement dont elles ont besoin. »
Un an auparavant, Victor Schœlcher, trop souvent présenté comme le seul maître d’œuvre de l’abolition, avait défendu le principe de l’indemnisation des anciens propriétaires d’esclaves : « Le gouvernement provisoire a agi avec un louable empressement, mais sans légèreté, et c’est pour sauver les maîtres qu’il a émancipé les esclaves 3. »
Les maîtres se verront indemnisés à partir du 30 avril 1849. En revanche, aucune indemnisation n’a été prévue pour les victimes de la mise en esclavage ni réparation planifiée pour contrer les conséquences d’un crime de masse, ayant duré plus de deux siècles. L’indemnisation des maîtres avait pour but d’apporter des liquidités afin d’assurer le développement de l’activité et de conforter la domination blanche dans les colonies, alors que le modèle économique de l’esclavagisme était à bout de souffle. Il fallait aussi doter le capitalisme industriel et financier de nouveaux moyens en vue de construire l’empire colonial français.
Ce n’était en rien une question de droit.
Le 13 juillet 2015, l’Eurogroupe, le FMI et la BCE ont imposé à la Grèce un accord l’obligeant à se soumettre, par une déclaration, à la « logique » de cette troïka. En un mot, « le gouvernement Syriza doit acquiescer au mensonge que c’est lui, et non les tactiques d’asphyxie des créanciers, qui a provoqué la forte détérioration de la situation économique au cours des six derniers mois – on demande à la victime de prendre sur elle la faute qui incombe au méchant 4. ».
Il s’agit de rendre les propositions du gouvernement grec « plus régressives et plus inhumaines 5. » ; le plus important étant de sauver, coûte que coûte, le système financier européen qui, après la quasi-faillite financière chypriote de 2013, est toujours au bord de la faillite. Les successifs plans de sauvetage pour la Grèce ayant échoué, il a été envisagé de transférer les pertes des banques vers les contribuables européens. Renforçant sans état d’âme les coupes budgétaires pour réduire encore plus les programmes sociaux, économiques, éducatifs, culturels et environnementaux. Créer encore plus de politiques étatiques régressives, plus inhumaines et répressives.
Ce n’est en rien une question de droit.
Si en 1849, il s’agissait de sauver le capitalisme organisé à partir de l’institutionnalisation de la race comme politique sociale, en 2015, il s’agit de sauver le stade ultime du capitalisme dans ses aspects financiers et économiques fondés sur une guerre sans fin aux peuples du Nord et du Sud. Il s’agit de ne plus reconnaître aucun droit aux êtres humains, le seul droit possible étant celui du système financier économique qui se protège des peuples par la mise en place d’une surveillance accrue et d’une militarisation avec l’aide d’institutions internationales multilatérales ou financières au service du capital.
Le système capitaliste continue, avec encore plus de frénésie et de cynisme, tant il se sent menacé, à ne pas reconnaître le statut d’« être » aux 99 % de la planète et à les considérer comme des « non-êtres », comme l’avaient été les millions d’hommes, d’enfants et de femmes jetés sous les politiques meurtrières et esclavagistes de la Modernité européenne.
Ce système, se contentant de donner mais incapable de recevoir, impose sa pensée et ses décisions à l’ensemble des femmes et des hommes du monde. Ainsi de sa gestion de la mise en esclavage de millions de personnes et de son abolition, mais aussi de sa gestion de la crise du système capitaliste libéral.
Cette catégorie de « non-être », introduite et pensée par Frantz Fanon, surtout dans Peau noire, masques blancs 6. , est très utile pour comprendre la nature de la colonialité du pouvoir et du savoir. Elle engage à remettre en question la modernité imposée par un système articulé à partir de l’arrogante domination blanche occidentale. Elle se détache de la notion d’être pour introduire celle de la colonialité de l’être. Elle impose, si le désir est de se détacher des éléments de la colonialité qui ont organisé, sur une grande échelle, la colonisation du monde et des esprits, de changer d’attitude et de s’interroger sur le comment faire en commun.
Au moment du quatre-vingt-dixième anniversaire de sa naissance, Frantz Fanon engage ainsi à s’interroger sur les éléments de la décolonisation qui ne peut offrir que des espaces où l’être navigue dans un espace de vulnérabilités en perpétuel questionnement. L’objectif étant de développer de nouvelles sensibilités. Fanon engage à tenir ensemble l’éthique de la politique, celle de l’amour et de la compréhension radicale.
« Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l’autre, de sentir l’autre, de me révéler l’autre ? Ma liberté ne m’est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ? À la fin de cet ouvrage, nous aimerions que l’on sente comme nous la dimension ouverte de toute conscience. 7. »
1. JORF, 2 mai 1848, article 5, note 1.
2. Hippolyte Philibert Passy (1793-1880), ministre des Finances dans les deux gouvernements d’Odilon Barrot, de décembre 1848 à octobre 1849.
3. Victor SCHŒLCHER, Esclavage et colonisation, textes choisis et annotés par E. Tersen, PUF, Paris, 1948, rééd. 2007.
4. Propos de l’ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis : Jean-Baptiste DUVAL, « Grèce : la version intégrale de l’accord annotée par Yanis Varoufakis », Huffington Post, 15 juillet 2015, http://www.huffingtonpost.fr/2015/07/15/grece-yanis-varoufakis-dette-fmi-bce-austerite-economie-grece_n_7803324.html
5. Ibid.
6. Peau noire, masques blancs, Seuil, Paris, 1952.
7. Ibid.
Fanon : des clés essentielles pour en finir avec les « solutions de désespoir »
par François Gèze
Décembre 1956 : Frantz Fanon, trente et un ans, est depuis novembre 1953 médecin-chef de service à l’Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (Algérie). Il n’a pas ménagé ses efforts pour venir en aide aux patients – « Européens » comme « musulmans » – de cet hôpital surpeuplé, pour, explique-t-il, « rendre moins vicieux un système dont les bases doctrinales s’opposaient quotidiennement à une perspective humaine authentique ».
Mais en cet hiver 1956, deux ans après le début de la « guerre de libération » lancée contre la colonisation française, Fanon jette l’éponge. Il s’en explique dans une lettre magnifique qu’il adresse à « M. le ministre résident, gouverneur général de l’Algérie », Robert Lacoste, à qui il donne la raison de sa démission de son poste de « médecin-chef de service » : « Le statut de l’Algérie ? Une déshumanisation systématique 1. » Et il précise : « La fonction d’une structure sociale est de mettre en place des institutions traversées par le souci de l’homme. Une société qui accule ses membres à des solutions de désespoir est une société non viable, une société à remplacer. Le devoir du citoyen est de le dire. »
« Une société à remplacer » : à combien de situations contemporaines ces mots brûlants renvoient-ils encore aujourd’hui ? Des banlieues de nos métropoles aux dictatures d’Afrique, du monde arabe, du Caucase ou d’Asie, on ne compte plus les sociétés qui acculent encore leurs membres « à des solutions de désespoir ». Lesquelles, après l’échec des espoirs soulevés par les grandes luttes d’émancipation du XXe siècle, nourrissent désormais les rangs des tenants de l’hyperviolence, voire d’un terrorisme qui se pare des oripeaux d’un islam dévoyé.
En ce quatre-vingt-dixième anniversaire de la naissance de Frantz Fanon, il ne s’agit aucunement de spéculer sur le regard qu’il aurait pu porter sur ces drames contemporains si la mort ne l’avait fauché prématurément. Mais plus simplement – plus politiquement aussi –, de continuer à chercher en quoi son œuvre fulgurante peut aider nos contemporains à échapper aux « solutions de désespoir » sans sombrer dans le nihilisme, à inventer une « société de remplacement » qui évite les impasses politiques liées aux doctrines de l’« homme nouveau » promues par certains « socialismes » des années 1960 et 1970.
Peau noire, masques blancs (1952), L’An V de la révolution (1959), Les Damnés de la terre (1961), Pour la révolution africaine (1964) : ces quatre livres 2. doivent lus et relus, mais surtout pas comme des bréviaires ou un catéchisme ! Ils doivent l’être comme la parole et la pensée d’un homme libre, parfois « datées » bien sûr, mais qui, pour l’essentiel, nous invitent à porter un autre regard sur notre monde actuel, sur ses nouvelles puissances impérialistes (tout autant, voire plus, des conglomérats multinationaux que des États) et leurs nouveaux mécanismes d’aliénation et d’oppression.
À cet égard, on ne peut que se réjouir de la prochaine parution, en octobre 2015, d’un nouveau recueil de textes de Fanon, restés jusque-là inédits ou peu accessibles, sous le titre Écrits sur l’aliénation et la liberté 3. Un volume imposant, dont l’un des intérêts majeurs est de faire connaître les multiples « écrits psychiatriques » (y compris les plus scientifiques) de Fanon. Ils peuvent en effet aider à relire à nouveaux frais ses écrits politiques, les plus connus. On y trouvera un éclairage passionnant sur l’articulation complexe entre les dimensions individuelles et collectives participant de la production des « solutions de désespoir ». Et, du coup, sur les pistes à explorer pour les dépasser grâce à des clés nouvelles permettant de mobiliser politiquement la pensée de Fanon. Notamment en comprenant mieux la double importance, psychiatrique et politique, de la fameuse lettre de rupture de décembre 1956.
1. Voir le texte de cette lettre dans : Frantz FANON, Pour la révolution africaine, Maspero, Paris, 1964 (reproduit dans Frantz FANON, Œuvres, La Découverte, Paris, 2011, p. 733).
2. Réunis dans Frantz FANON, Œuvres, op. cit.
3. Frantz FANON, Écrits sur l’aliénation et la liberté. Textes inédits réunis, introduits et présentés par Jean Khalfa et Robert Young, La Découverte, Paris, 2015.
Dans les rues d’Athènes avec Frantz Fanon
Par Omar Benderra
Fondation Frantz Fanon (Responsable de la négociation de la dette extérieure de l’Algérie, 1989-1991)
Évoquer depuis la Grèce les quatre-vingt-dix ans de la naissance de Frantz Fanon s’impose comme allant de soi. Le hasard a voulu que je me trouve dans ce pays à cette date et dans ces circonstances. Dans ce pays, ou la société est froidement acculée à la misère, le regard fanonien sur les enjeux politiques du monde, se vérifie implacablement.
Au pied du Parthénon, cette Europe qui se drape dans l’humanisme et les Lumières qu’elle aurait inventés pour éclairer le monde se révèle telle que la voyait cliniquement Fanon dans sa fulgurante conclusion des Damnés de la Terre. Une Europe dont le centre est à Francfort et dont tout l’esprit est dans son marché bancaire globalisé.
Cette Europe que nous, dans ce qu’il convenait d’appeler alors le tiers monde, avons rencontrée aussi dans les infâmes cercles de négociateurs de la dette des clubs de Londres et de Paris, face à ces fonctionnaires fourbes des ministères des Finances néocoloniaux et leurs ondoyants banquiers centraux ou d’affaires et lors des « assemblées générales » d’aigrefins vraiment très distingués du FMI et de la Banque mondiale.
Cette Europe usurière, boutiquière et sans âme, celle qui, pour paraphraser Yannis Varoufakis, l’ex-ministre grec de l’Économie, pose un regard vide sur les pauvres, les déshérités, ceux qui doivent payer pour épargner les riches. Cette Europe des technocrates serviles et des multinationales financières. L’Europe selon Goldman Sachs qui généralise la précarité dans le déroulement logique de sa collusion avec les bourgeoisies apatrides, de droite ou de gauche, qui ont forgé ces liens de sujétion avec les marchés financiers.
Fanon aurait eu quatre-vingt-dix ans ce 20 juillet si le destin en avait voulu autrement, et nul ne sait ce que la correction infligée au peuple grec aurait suscité en lui. Mais il y a plus que de l’ironie à voir l’arrogance des finanz-kommandos allemands (et de leurs hypocrites collaborateurs) piétiner avec délectation un pays qui fut la matrice, lointaine et par trop orientale certes mais matrice reconnue, de l’Europe des philosophes et de sa Kultur. Qu’aurait-il pensé de la froide indifférence des autres peuples de cette Union européenne ? Aurait-il renié ce qu’il proclamait puissamment au terme des Damnés de la Terre ?
Il est cruellement révélateur d’observer que les peuples d’Europe ne montrent pas beaucoup d’empathie pour leurs « frères » hellènes, illustrant en cela le caractère absolument artificiel d’une construction antidémocratique fondée sur le profit et l’exploitation. Pourtant, la dureté inflexible des conditionnalités imposées à Athènes devrait faire réfléchir, car le laboratoire grec est aujourd’hui le terrain d’expérimentation des médecines qu’ils subiront demain. Cela aussi Fanon le décrivait avec sa lucidité chirurgicale, il suffit de relire les Damnés…
Mais face à la forteresse d’argent et au cynisme des fossoyeurs d’espoir, on peut saluer le courage du peuple grec et la solidarité des peuples du sud du monde avec les manifestants de la place Syntagma. En effet, même si l’absence de solidarité des peuples du nord est criarde, le peuple grec n’est pas seul. Ceux qui ont connu les programmes d’ajustement structurel, les rééchelonnements, les restructurations et même les « reprofilages » de la dette – vocable popularisé en Algérie à la fin des années 1980 et au début des années 1990 – n’ignorent rien des souffrances et des privations endurées par les Grecs. L’Afrique et l’Amérique Latine connaissent d’expérience la religion du marché et les évangélistes criminels de l’ultralibéralisme.
L’Europe des marchés est une impasse sordide, elle débouche sur le mur aveugle des populismes vulgaires, des nationalismes criminels et l’omnipotence de l’argent-roi. Plus que jamais, elle se replie sur les échecs de son histoire, jusqu’à la caricature. Alors, oui au nom de l’humanisme universel et de la fraternité humaine, il faut sauver cette Europe d’elle-même comme nous y invite Fanon dans son ultime recommandation : « Pour l’Europe, pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf. »
Dans les rues d’Athènes, avec le peuple grec.
http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/article2302.html
MO2014- Messages : 1287
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Re: Indigènes de la République
Appel : Marche de la Dignité avec le soutien d’Angela Davis
Publié le 19 juillet 2015 par Collectif Marche des Femmes pour la Dignité (MAFED)
En octobre 2005, étaient fauchées à Clichy-sous-Bois, les jeunes vies de Ziad et Bouna, une tragédie mettant en cause des fonctionnaires de police. Depuis, la stratégie de l’État français, loin de chercher à châtier les coupables, consiste uniquement à fuir ses responsabilités. Comme il l’a fait dans les dizaines de crimes policiers depuis des décennies.
Ce même mois d’octobre 2005, comme réponse à leur mort, un vent de colère secoua toutes les banlieues de France pendant des semaines. Les interprétations les plus courantes de ces émeutes incriminèrent à juste titre la déshérence des quartiers, les conditions sociales lamentables, le chômage, la vie dure : une véritable guerre sociale faite aux pauvres. Mais elle ne dirent pas assez combien au cœur de cette révolte, figurait, forte, l’exigence de respect. La dénonciation du mépris par lequel avait été traitée la mort de ces deux adolescents et à travers leur cas, la dénonciation du mépris souverain dans lequel sont tenus les habitants des quartiers, leur attachement à la dignité collective.
Vingt ans plus tôt en 1983, ce sont déjà d’autres violences policières qui poussèrent des jeunes issus de l’immigration post-coloniale à mener à travers la France la Marche de 1984, la fameuse marche pour l’égalité. Égalité sociale, bien sûr mais aussi égalité de considération. Les jeunes disaient « Nous ne sommes pas du gibier à flics, nous sommes des êtres humains ! » L’État se devait de la briser. Il mit alors tout en oeuvre pour saboter cette auto-organisation en médiatisant à outrance certaines officines pseudo-antiracistes. Celles-ci s’employèrent de tous leurs moyens financiers à étouffer la Marche pour l’égalité sous les milliers de décibels de concerts gratuits et leur anti-racisme de pacotille.
Aujourd’hui, comme il y a 30 ans, comme il y a 10 ans, loin d’avoir renoncé à ses comportements passés, l’État français ne sait que renforcer tous ses dispositifs de surveillance et de répression. En plus des conditions sociales toujours plus déplorables, le harcèlement des populations des quartiers, leur humiliation, constituent le quotidien pour les Noirs, les Arabes, les Rroms, les Blancs des quartiers. Dans ce paysage dévasté, le crime policier n’est jamais fortuit. Il est l’aboutissement de toute la logique d’un État qui n’a pour nous que désintérêt et mépris.
Le crime policier est l’expression achevée du racisme d’État. C’est celui-ci qui conditionne des fonctionnaires puissamment armés à passer à l’acte, c’est lui qui les dispense de réfléchir au moment tragique, qui leur donne le temps de se saisir de leur arme, d’ajuster et de tirer à mort ou d’écraser la poitrine et la gorge de leur proie sous la clef d’étranglement. Le message implicite que délivre le crime policier est simple. « Non seulement vous n’êtes pas des êtres humains comme les autres, mais avec vous nous pouvons aller jusqu’à la mise à mort et les meurtriers sont assurés de l’impunité ». À ce jour, rarissimes sont les procès ayant abouti favorablement. Le crime policier n’est jamais un homicide involontaire, il n’est jamais gratuit, il est là pour répandre la consternation, la désolation dans les cœurs et les esprits des familles endeuillées, pour nous faire renoncer à être traités comme des êtres humains. Il n’épargnera personne, il est là pour nous terroriser. C’est pourquoi comme il y a 30 ans, comme il y a dix ans, contre l’humiliation quotidienne, contre le mépris, contre l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie, galopantes, contre les crimes policiers, s’impose une nouvelle marche : la marche de la dignité. Notre réaction puissante, organisée, confiante est la seule façon d’enrayer notre écrasement collectif annoncé.
C’est à cette grande Marche de la Dignité que nous vous convions le 31 octobre prochain.
Amal Bentounsi, le 8 mai 2015, à Saint-Denis, au nom du collectif Marche des Femmes pour la Dignité (MAFED)
Source : http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/
Amal BENTOUNSI, Sihame ASSBAGUE, Rachida AZZIZ, Paola BACCHETTA, BAMS Hind BEN FARES, Nargesse BIBIMOUNE, Houria BOUTELDJA, Sarah CARMONA, CASEY, Samia CHALA, Ismahane CHOUDER, Rokhaya DIALLO, Eva DOUMBIA, Soraya EL KAHLAOUI, Mireille FANON-MENDES France, Tauana Olivia GOMES-SILVA, Nacira GUENIF-SOUILAMAS, Hanane KARIMI, Fatima KHEMILAT, Stella MAGLIANI-BELKACEM, Zakia MEZIANI, Karima MONDON, Samia MOUCHARIK, Ndella PAYE, Maboula SOUMAHORO, Hanifa TAGUELMINT, Nadia TENGOUT, Vanessa THOMPSON, Joby VALENTE, Françoise VERGES, Louisa YOUSFI
Soutiens collectifs (associations/ organisations subissant le racisme/ issues des immigrations et des quartiers)
Association des travailleurs maghrébins de France, Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (Tourcoing), Azira’s way, Brigade Anti-Négrophobie, Bruxelles Panthères, Collectif Ali Ziri, Collectif des filles et fils d’Africains déportés, Collectif des Musulmans de France, Droit à la différence, Falsafa (Angers), Fondation Frantz Fanon, Front Uni de l’Immigration et des Quartiers Populaires, La Voix des Rroms, Les Indivisibles, Mamans Toutes Égales, Mémoires en marche, Parti des Indigènes de la République, Romano Godjako Truj, Urgence Notre Police Assassine, Collectif Afro-Fem, Collectif contre Exhibit B.
Soutiens individuels (personnalités, artistes, intellectuels…)
Aminata Traoré (ancienne ministre de la Culture du Mali, écrivaine/Mali), Said Bouamama (sociologue/FUIQP), Asma Lamrabet (Directrice du centre d’études féminines en Islam/ Maroc), Amina Annabi (artiste), Saidou ZEP (artiste), Baro Sintax (artiste), Princesse Erika (artiste), Esperanza Fernandez, Skalpel/ Première Ligne / Bboykonsian (artiste), Raphael Confiant (écrivain/Martinique), Malika Hamidi (Sociologue, Directrice du European Muslim Network/Belgique), Ali Rahni (militant associatif), Angela Davis (activiste/USA), Esse Lawson (comédienne)
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Toussaint- Messages : 2238
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Re: Indigènes de la République
Le collectif de la marche des femmes pour la dignité (MAFED) organise une grande marche le 31 octobre à Paris, à l’occasion des 10 ans de la mort de Zyed et Bouna.
« Nous lançons un appel aux femmes qui souhaiteraient rejoindre l’organisation de ce grand moment qu’on espère historique » annonce Sihame Assbague. Avec plusieurs collègues, femmes issues de l’immigration et vivant dans les quartiers populaires, elles ont décidé d’organiser une grande marche « pour la dignité » le 31 octobre à Paris.
De Barbès à Bastille « comme il y a 30 ans, comme il y a dix ans, contre l’humiliation quotidienne, contre le mépris, contre l’islamophobie, la négrophobie, la romophobie, la tsiganophobie, contre les crimes policiers, s’impose une nouvelle marche : la marche de la dignité ».
Cet appel lancé par Amel Bentounsi, porte-parole du collectif "Urgence notre police assassine", a déjà trouvé un large écho mais la porte reste ouverte, « on en appelle aux organisations, d’abord de l’immigration et des quartiers populaires, à venir gonfler les rangs des associations présentes ».
Une marche organisée par des femmes mais ouverte à tous
Pour éviter toute récupération politique ou associative comme en 1983, elles ont décidé d’organiser ça toutes seules. Un collectif de femmes pas là pour chasser les hommes, attendus le jour de la Marche, mais à l’initiative « pour montrer aux hommes que nous sommes là pour les aider, reposez-vous, on prend le relais, on sait que vous êtes en souffrance, on en souffre. Ce n’est pas une exclusion, c’est un souffle pour vous » explique Sarah Carmona, historienne et membre du collectif.
Une manière aussi de mettre fin aux généralités entendues sur "ces femmes objets", "ces femmes soumises" des quartiers populaires. « Les femmes ont toujours été très actives dans les luttes » rappelle Sihame, du Collectif Contre le Contrôle au Faciès.
Et pour donner une dimension internationale à l’évènement, beaucoup de femmes viendront de l’étranger pour marcher à Paris, notamment Angela Davis.
Rien n’a changé depuis 10 ans
« Depuis la mort de Zyed et Bouna rien n’a changé. Il y a toujours autant de brutalités policières, de violences institutionnelles, de racisme structurel qui touchent les habitants des quartiers populaires et les descendants de l’immigration. Plus que jamais il appartient à la société civile de s’organiser, de taper du poing sur la table pour obtenir la dignité, le respect de ses droits et la justice qui s’impose » lance Sihame Assbague.
Cette marche « de la dignité» veut redonner de l’espoir à tous les gens qui n’y croient plus. « Il faut reconnecter le tissu militant indigène et faire un état des lieux de nos revendications mais surtout de nos propositions » ajoute Bams, artiste membre du collectif.
Fières héritières de leurs aînés, « s’ils n’avaient pas marché en 83, nos situations seraient pires », ces femmes veulent sortir la société civile de son « délitement » et envoyer un signe fort à la classe politique qui continue de mépriser une partie de sa population.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Indigènes de la République
Pris sur le site http://oumma.com/
Le bougnoule: signification étymologique et évolution sémantique
mercredi 22 juillet 2015
Le contexte historique
A l’assaut des tranchées adverses, ployant sous un déluge d’obus, suffoquant sous l’effet des gaz mortels sur les champs de bataille brumeux et venteux du Nord-est de la France, sous la glaciation hivernale des nuits noires de novembre, à des milliers de kilomètres de leur tropique natal, les grandes rasades d’alcool galvanisaient leurs ardeurs combatives à défaut d’exalter leur patriotisme.
En ces temps là, «la chair à canon» carburait à la gnôle. Par un subterfuge dont la raison détient seule le secret, qui n’en révèle pas moins les présupposés d’un peuple, les ressorts psychologiques d’une nation et la complexion mentale de ses dirigeants, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -«Aboul Gnoul», apporte l’alcool- finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.
«Bougnoule» tire son origine de l’expression argotique de cette supplique ante mortem. Elle finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse (1), d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.
Curieux rapport que celui qui lie la France à sa mémoire, étrange rapport que celui qui lie ce pays à lui-même, à la fois «Patrie des lumières et des Droits de l’Homme» et patrie du «Code Noir» de l’esclavage, le code de l’abomination, de la traite de l’Ebène et du mépris de l’Indigène. Etrangement curieux le rapport qui lie ce pays à ses alliés de la période coloniale, les peuples colonisés d’Outre-mer. Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire, goumiers Algériens, spahis Marocains, tirailleurs Tunisiens, Sénégalais et Soudano nigériens, auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.
Substituer une sujétion à une autre, se faire décimer, au choix, sur les champs de bataille ou sur le terrain de la répression au retour au pays, avant d‘être mobilisé à nouveau pour la relance de l’économie de la Métropole, que de conséquences traumatiques ils pâtiront de cette «querelle de blancs». Il n’était pas question à l’époque de «seuil de tolérance» mais de sang à verser à profusion. Beaucoup acquitteront leur tribut du sang en faisant l’apprentissage de l’ébriété, sans connaître l’ivresse de la victoire. Beaucoup survivront à l’enfer de Verdun ou de Monte Cassino avant de sombrer dans le désarroi de l’incompréhension au sein de la cohorte des alcooliques anonymes. Beaucoup en perdront la raison devant une telle aberration de comportement. Beaucoup, plus tard, bien plus tard, basculeront dans une révolte libératoire qui sonnera le glas de l’empire français.
Recru d’épreuves au terme d’une vie brève mais houleuse, Lapaye Natou, vaillant combattant de l’armée de l’Union Française, miné par les ravages de l’alcool de palme, s’effondrera un crépuscule de l’été 1961. Gisant au pied du baobab de sa ville natale de Kaolack, dans la région du Sine Salloum, au Sénégal, un des centres mondiaux de l’arachide, qui fit la fortune des comptoirs coloniaux des négociants bordelais, Lapaye Natou, -l’auteur en a été le témoin-, apostrophera dans un ultime sursaut de fierté son auditoire en ces termes: «C’est moi Lapaye Natou, l’homme de l’homme, coeur de lion, peau de panthère, l’homme qui en fait son dawar, en a Mer, en a Méditerranée, en à l’Est Baden-Baden. Celui qui me connaît ça va, celui qui ne me connaît pas tant pis». En termes policés, c’est à dire en termes moins rudimentaires mais certainement moins expressifs, cela donnerait: «C’est moi Lapaye Natou, un être humain, courageux et résistant, un homme qui a répondu à l’appel du devoir en participant, loin de son pays natal, à tous les combats de la France, de la Méditerranée jusqu’au point de jonction des forces alliées au coeur de l’Europe. Je rends grâce à ceux qui reconnaissent ma valeur et voue aux gémonies ceux qui méconnaissent ma valeur et celle de mes semblables».
Que d’imprécations devant cette malédiction du destin auront ainsi été proférées en un siècle hors de portée de leurs véritables destinataires. Que de ressentiments étouffés dans l’anonymat le plus complet. Que de colères contenues devant tant de désinvolture à l’égard de ce que l’un des leurs, Frantz Fanon, qualifiera de «damnés de la terre»(2). Rares sont les populations qui auront connu pareil parcours chaotique sans jamais cultiver une idéologie victimaire, sans jamais en faire usage ultérieurement dans leur combat pour leur acceptation.
Un agrégé de grammaire de l’Université française, une discipline où les lauréats sont rarissimes, qui présidera par la suite aux plus hautes destinées de son pays, Léopold Sedar Senghor (3), gratifiera ces victimes muettes de l’Histoire de la dignité de «dogues noirs de la République». Ciselée avec soin par un orfèvre dans l’art sémantique pour affirmer sa douloureuse solidarité avec ses frères de race, cette formule passera à la postérité comme la marque de scarification morale de leurs cerbères et de leurs héritiers naturels. «Les dogues noirs de la République», anti-mémoire de la France, sa face cachée, ainsi que son prolongement conceptuel, la «Négritude», que cet enfant chéri de la Francité forgera par opposition identitaire à ses anciens maîtres, constitueront le levier d’affranchissement du continent noir, son thème mobilisateur vers son indépendance.
Pur produit de la culture française, un des grands motifs internationaux de satisfaction intellectuelle de la France, théoricien du métissage culturel et de la civilisation universelle, membre de l’Académie Française, condisciple du président français Georges Pompidou au Lycée Louis-le- Grand à Paris, ministre de la République Française et un des grands animateurs de l’Internationale Socialiste, Senghor sera, inexplicablement, le grand oublié de l’énarchie française à ses obsèques à Dakar, le 20 décembre 2001, à 95 ans, qu’elle réduira à sa seule africanité, illustration symptomatique de la singularité française.
Signification éthymologique
Dans les ouvrages de référence de la société savante de l’élite française, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique: «Le bougnoule, nom masculin apparut en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton». Avare de précision, la définition, sibylline, paraît quelque peu succincte. Masque-t-elle gêne, ignorance, indifférence ou volonté d’atténuation?
L’expression était-elle vraiment familière? Serait-elle le fruit d’un paternalisme blanc de bon aloi envers de braves noirs «bons sauvages»? Qui sont donc ces Européens qui proféraient de telles appellations injurieuses? Des Suédois insultant des Phéniciens, les ancêtres des Carthaginois? De quelle planète étaient-ils les habitants? En quelle ère de notre Histoire? Qui sont donc ces Nord-africains à l’identité mal définie qui faisaient -qui font- l’objet d’une telle interpellation? Le dictionnaire (4) qui donnait la définition du Bougnoule date pourtant de 1979, une époque récente de l’histoire contemporaine. Il se gardait bien d’identifier les Maghrébins, 30 ans après l’indépendance de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, une nouvelle fois englobés dans le même sac de leur ancienne dénomination coloniale.
Treize ans plus tard, en 1996, ce même dictionnaire, cédant sans doute à l’esprit du temps sous l’effet des revendications des mouvements associatifs et des succès remportés par les jeunes générations issues de l’immigration, en donnera une définition laconique en un style télégraphique qui masquait mal les connexions: «familier, péjoratif, injure raciste/ 2 maghrébins, arabes» sans qu’il soit précisé s’il s’agissait d’injures racistes proférées à l’encontre des Arabes et des Maghrébins ou des injures échangées entre eux par des Arabes et des Maghrébins.
Son évolution sémantique
Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les «mélanodermes», les «arabo-berbères et négro-africains» chers à Senghor, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par «ratonnade» une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.
Loin de relever de la casuistique, l’analyse du contenu participe d’une clarification sémantique et psychologique, d’un exercice de pistage des «non-dits» de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français. Le sujet demeure largement tabou en France et le problème soigneusement occulté des manuels scolaires et débats publics. Tel un spasme, il surgit par soubresaut par suite de malencontreuses réminiscences. Craint-elle tant, la France, au point de l’exorciser, l’idée «qu’un sang impur ait abreuvé ses sillons»? Croit-elle vraiment à la réalité d’un «sang impur» si pourtant abondamment sollicité sur les champs de bataille de Champagne-Ardenne, de Bir Hakeim, de Toubrouk, de Coufra et d’ailleurs?
Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat ne s’en impose pas moins tant sur la contribution des «peuples basanés» à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil. Non pas tant par appétence polémique mais pour une oeuvre de restauration de la mémoire française par la reconstitution du maillon manquant, cet assemblage des «fils visibles et invisibles qui relient les individus à leur environnement, le réel à l’Histoire» (5), une mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école?- la correspondance entre l’amnésie sur les «crimes de bureau» de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XXme siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.
Réalité honteuse longtemps niée et même déniée par une sorte de péché d’orgueil, la permanence d’une posture du mépris et de l’irresponsabilité -la singulière «théorie du fusible à la française»- et d’une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française, finiront par s’imposer dans toute leur cruauté à l’occasion des élections présidentielles de 2002 en plaçant les Français devant l’infamant dilemme de choisir entre un «escroc» et un «facho» (6), entre un «super menteur» et un «superfacho» (7), deux septuagénaires vétérans politiques de l’époque de la guerre froide occupant le devant de la scène depuis près de quarante ans, les deux candidats les plus âgés, les plus fortunés et les plus décriés de la compétition, mutuellement confortés dans une campagne sécuritaire, l’héritier d’un gaullisme dévoyé dans l’affairisme le plus débridé ( face à l’héritier d’un vichysme sublimé par un ancien tortionnaire de la Guerre d’Algérie.
Le premier, Jacques Chirac, auteur d’une formule chauvine d’une démagogie achevée sur les «bruits et les odeurs» des familles immigrées qui ponctionnent la sécurité sociale par leur prolificité génésique, le second, Jean Marie Le Pen, auteur d’une formule d’une abomination absolue sur le «Durafour crématoire (…) point de détail de l’Histoire». «Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France» (9), selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la première consultation populaire à l’échelon national du XXIme siècle révélera aux Français et au monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé tout au long de la seconde moitié du Xeu siècle, au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane.
«Si une France de 45 millions d’habitants s’ouvrait largement, sur la base de l’égalité des droits, pour admettre 25 millions de citoyens musulmans, même en grande proportion illettrés, elle n’entreprendrait pas une démarche plus audacieuse que celle à quoi l’Amérique dut de ne pas rester une petite province du monde anglo-saxon»prophétisait déjà en 1955, Claude Lévi-Strauss en un saisissant résumé de la problématique post-coloniale dans laquelle se débat la société française depuis un demi-siècle (10).
La France ne saurait être le dépotoir de l’Europe, mais ni les Arabes, pas plus que les Africains ne sauraient être l’exutoire à tous les maux de la société française. L’HISTOIRE est incomplète sans le témoignage des perdants. La rationalité cartésienne, transcendance symbiotique de l’intelligence athénienne et de l’ordre romain, quintessence de l’esprit critique, aura ainsi engendré des monstruosités dans ses moments d’assoupissement. Nul pays n’est à l’abri de telles dérives devant les grands bouleversements de l’histoire et l’ingratitude passe pour être une loi cardinale des peuples pour leur survie. Mais l’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est toutefois antinomique d’une culture de l’impunité et de l’amnésie, une culture érigée en un dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.
Références
1-Valmy: Première victoire militaire de la République remportée par les généraux Dumouriez et Kellermann, en 1792, dans cette localité de la Marne, elle inspira à Goethe, qui a en été le témoin, cette exclamation: «D’aujourd’hui et de ce lieu date une ère nouvelle dans l’histoire du monde».
2-Psychiatre et révolutionnaire d’origine martiniquaise, spécialiste du phénomène de la dépersonnalisation liée à la situation coloniale, représentant diplomatique des indépendantistes algériens au sein des instances internationales. Auteur de «Peau noir, Masques blancs», 1952, «Les Damnés de la terre» (1961) et «Pour la Révolution Africaine» (1969).
3-Léopold Sedar Senghor, décédé à 95 ans le 20 décembre 2001, a été le premier Président de la République du Sénégal (1960-1980). Ni le président néo-gaulliste Jacques Chirac, ni le premier ministre socialiste Lionel Jospin ne se sont rendus à ses obsèques, s’attirant de violentes critiques de la presse contre ce «manquement injustifiable».
4-Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française Le Petit Robert Tome 1/ Société du nouveau Littré. 1979. page 205
5-Lise Sourbier-Pinter, chargée de mission à l’état-major de l’armée de terre française. Interview au journal Libération samedi 14-Dimanche 25 juillet 2001 «Le 14 juillet symbole d’intégration des différences».
6-«Escroc contre Facho», cf. Le Canard Enchaîné N°4252 24 avril 2002.
7-«La gauche orpheline se résigne à avaler la couleuvre Chirac», par Marie Joëlle Gros et Julie Lasterade, cf. journal Libération du 3 Mai 2002.
8-cf.«Noir Chirac» de François-Xavier Verschave, Editions les Arènes, Mars 2002, «Les Gaullistes et l’argent, un demi siècle de guerres intestines» par Philippe Madelin, Ed. l’Archipel 2001, ainsi que «Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre», Ed.L’Harmattan-Novembre 2.000.
9-«En France, des illusions dangereuses», par Salman Rushdie, auteur des «Versets Sataniques» cf. journal Libération 30 Avril 2002, pages «Rebonds».
10-Claude Lévi-Strauss «tristes Tropiques». L’ouvrage de l’ethnologue français est paru en 1955, cf. «Etats d’âme» par Bertrand Poirot-Delpech, journal Le Monde 30 avril 2002.
Le bougnoule: signification étymologique et évolution sémantique
mercredi 22 juillet 2015
Le contexte historique
A l’assaut des tranchées adverses, ployant sous un déluge d’obus, suffoquant sous l’effet des gaz mortels sur les champs de bataille brumeux et venteux du Nord-est de la France, sous la glaciation hivernale des nuits noires de novembre, à des milliers de kilomètres de leur tropique natal, les grandes rasades d’alcool galvanisaient leurs ardeurs combatives à défaut d’exalter leur patriotisme.
En ces temps là, «la chair à canon» carburait à la gnôle. Par un subterfuge dont la raison détient seule le secret, qui n’en révèle pas moins les présupposés d’un peuple, les ressorts psychologiques d’une nation et la complexion mentale de ses dirigeants, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -«Aboul Gnoul», apporte l’alcool- finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.
«Bougnoule» tire son origine de l’expression argotique de cette supplique ante mortem. Elle finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse (1), d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.
Curieux rapport que celui qui lie la France à sa mémoire, étrange rapport que celui qui lie ce pays à lui-même, à la fois «Patrie des lumières et des Droits de l’Homme» et patrie du «Code Noir» de l’esclavage, le code de l’abomination, de la traite de l’Ebène et du mépris de l’Indigène. Etrangement curieux le rapport qui lie ce pays à ses alliés de la période coloniale, les peuples colonisés d’Outre-mer. Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire, goumiers Algériens, spahis Marocains, tirailleurs Tunisiens, Sénégalais et Soudano nigériens, auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.
Substituer une sujétion à une autre, se faire décimer, au choix, sur les champs de bataille ou sur le terrain de la répression au retour au pays, avant d‘être mobilisé à nouveau pour la relance de l’économie de la Métropole, que de conséquences traumatiques ils pâtiront de cette «querelle de blancs». Il n’était pas question à l’époque de «seuil de tolérance» mais de sang à verser à profusion. Beaucoup acquitteront leur tribut du sang en faisant l’apprentissage de l’ébriété, sans connaître l’ivresse de la victoire. Beaucoup survivront à l’enfer de Verdun ou de Monte Cassino avant de sombrer dans le désarroi de l’incompréhension au sein de la cohorte des alcooliques anonymes. Beaucoup en perdront la raison devant une telle aberration de comportement. Beaucoup, plus tard, bien plus tard, basculeront dans une révolte libératoire qui sonnera le glas de l’empire français.
Recru d’épreuves au terme d’une vie brève mais houleuse, Lapaye Natou, vaillant combattant de l’armée de l’Union Française, miné par les ravages de l’alcool de palme, s’effondrera un crépuscule de l’été 1961. Gisant au pied du baobab de sa ville natale de Kaolack, dans la région du Sine Salloum, au Sénégal, un des centres mondiaux de l’arachide, qui fit la fortune des comptoirs coloniaux des négociants bordelais, Lapaye Natou, -l’auteur en a été le témoin-, apostrophera dans un ultime sursaut de fierté son auditoire en ces termes: «C’est moi Lapaye Natou, l’homme de l’homme, coeur de lion, peau de panthère, l’homme qui en fait son dawar, en a Mer, en a Méditerranée, en à l’Est Baden-Baden. Celui qui me connaît ça va, celui qui ne me connaît pas tant pis». En termes policés, c’est à dire en termes moins rudimentaires mais certainement moins expressifs, cela donnerait: «C’est moi Lapaye Natou, un être humain, courageux et résistant, un homme qui a répondu à l’appel du devoir en participant, loin de son pays natal, à tous les combats de la France, de la Méditerranée jusqu’au point de jonction des forces alliées au coeur de l’Europe. Je rends grâce à ceux qui reconnaissent ma valeur et voue aux gémonies ceux qui méconnaissent ma valeur et celle de mes semblables».
Que d’imprécations devant cette malédiction du destin auront ainsi été proférées en un siècle hors de portée de leurs véritables destinataires. Que de ressentiments étouffés dans l’anonymat le plus complet. Que de colères contenues devant tant de désinvolture à l’égard de ce que l’un des leurs, Frantz Fanon, qualifiera de «damnés de la terre»(2). Rares sont les populations qui auront connu pareil parcours chaotique sans jamais cultiver une idéologie victimaire, sans jamais en faire usage ultérieurement dans leur combat pour leur acceptation.
Un agrégé de grammaire de l’Université française, une discipline où les lauréats sont rarissimes, qui présidera par la suite aux plus hautes destinées de son pays, Léopold Sedar Senghor (3), gratifiera ces victimes muettes de l’Histoire de la dignité de «dogues noirs de la République». Ciselée avec soin par un orfèvre dans l’art sémantique pour affirmer sa douloureuse solidarité avec ses frères de race, cette formule passera à la postérité comme la marque de scarification morale de leurs cerbères et de leurs héritiers naturels. «Les dogues noirs de la République», anti-mémoire de la France, sa face cachée, ainsi que son prolongement conceptuel, la «Négritude», que cet enfant chéri de la Francité forgera par opposition identitaire à ses anciens maîtres, constitueront le levier d’affranchissement du continent noir, son thème mobilisateur vers son indépendance.
Pur produit de la culture française, un des grands motifs internationaux de satisfaction intellectuelle de la France, théoricien du métissage culturel et de la civilisation universelle, membre de l’Académie Française, condisciple du président français Georges Pompidou au Lycée Louis-le- Grand à Paris, ministre de la République Française et un des grands animateurs de l’Internationale Socialiste, Senghor sera, inexplicablement, le grand oublié de l’énarchie française à ses obsèques à Dakar, le 20 décembre 2001, à 95 ans, qu’elle réduira à sa seule africanité, illustration symptomatique de la singularité française.
Signification éthymologique
Dans les ouvrages de référence de la société savante de l’élite française, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique: «Le bougnoule, nom masculin apparut en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton». Avare de précision, la définition, sibylline, paraît quelque peu succincte. Masque-t-elle gêne, ignorance, indifférence ou volonté d’atténuation?
L’expression était-elle vraiment familière? Serait-elle le fruit d’un paternalisme blanc de bon aloi envers de braves noirs «bons sauvages»? Qui sont donc ces Européens qui proféraient de telles appellations injurieuses? Des Suédois insultant des Phéniciens, les ancêtres des Carthaginois? De quelle planète étaient-ils les habitants? En quelle ère de notre Histoire? Qui sont donc ces Nord-africains à l’identité mal définie qui faisaient -qui font- l’objet d’une telle interpellation? Le dictionnaire (4) qui donnait la définition du Bougnoule date pourtant de 1979, une époque récente de l’histoire contemporaine. Il se gardait bien d’identifier les Maghrébins, 30 ans après l’indépendance de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, une nouvelle fois englobés dans le même sac de leur ancienne dénomination coloniale.
Treize ans plus tard, en 1996, ce même dictionnaire, cédant sans doute à l’esprit du temps sous l’effet des revendications des mouvements associatifs et des succès remportés par les jeunes générations issues de l’immigration, en donnera une définition laconique en un style télégraphique qui masquait mal les connexions: «familier, péjoratif, injure raciste/ 2 maghrébins, arabes» sans qu’il soit précisé s’il s’agissait d’injures racistes proférées à l’encontre des Arabes et des Maghrébins ou des injures échangées entre eux par des Arabes et des Maghrébins.
Son évolution sémantique
Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les «mélanodermes», les «arabo-berbères et négro-africains» chers à Senghor, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par «ratonnade» une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.
Loin de relever de la casuistique, l’analyse du contenu participe d’une clarification sémantique et psychologique, d’un exercice de pistage des «non-dits» de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français. Le sujet demeure largement tabou en France et le problème soigneusement occulté des manuels scolaires et débats publics. Tel un spasme, il surgit par soubresaut par suite de malencontreuses réminiscences. Craint-elle tant, la France, au point de l’exorciser, l’idée «qu’un sang impur ait abreuvé ses sillons»? Croit-elle vraiment à la réalité d’un «sang impur» si pourtant abondamment sollicité sur les champs de bataille de Champagne-Ardenne, de Bir Hakeim, de Toubrouk, de Coufra et d’ailleurs?
Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat ne s’en impose pas moins tant sur la contribution des «peuples basanés» à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil. Non pas tant par appétence polémique mais pour une oeuvre de restauration de la mémoire française par la reconstitution du maillon manquant, cet assemblage des «fils visibles et invisibles qui relient les individus à leur environnement, le réel à l’Histoire» (5), une mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école?- la correspondance entre l’amnésie sur les «crimes de bureau» de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XXme siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.
Réalité honteuse longtemps niée et même déniée par une sorte de péché d’orgueil, la permanence d’une posture du mépris et de l’irresponsabilité -la singulière «théorie du fusible à la française»- et d’une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française, finiront par s’imposer dans toute leur cruauté à l’occasion des élections présidentielles de 2002 en plaçant les Français devant l’infamant dilemme de choisir entre un «escroc» et un «facho» (6), entre un «super menteur» et un «superfacho» (7), deux septuagénaires vétérans politiques de l’époque de la guerre froide occupant le devant de la scène depuis près de quarante ans, les deux candidats les plus âgés, les plus fortunés et les plus décriés de la compétition, mutuellement confortés dans une campagne sécuritaire, l’héritier d’un gaullisme dévoyé dans l’affairisme le plus débridé ( face à l’héritier d’un vichysme sublimé par un ancien tortionnaire de la Guerre d’Algérie.
Le premier, Jacques Chirac, auteur d’une formule chauvine d’une démagogie achevée sur les «bruits et les odeurs» des familles immigrées qui ponctionnent la sécurité sociale par leur prolificité génésique, le second, Jean Marie Le Pen, auteur d’une formule d’une abomination absolue sur le «Durafour crématoire (…) point de détail de l’Histoire». «Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France» (9), selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la première consultation populaire à l’échelon national du XXIme siècle révélera aux Français et au monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé tout au long de la seconde moitié du Xeu siècle, au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane.
«Si une France de 45 millions d’habitants s’ouvrait largement, sur la base de l’égalité des droits, pour admettre 25 millions de citoyens musulmans, même en grande proportion illettrés, elle n’entreprendrait pas une démarche plus audacieuse que celle à quoi l’Amérique dut de ne pas rester une petite province du monde anglo-saxon»prophétisait déjà en 1955, Claude Lévi-Strauss en un saisissant résumé de la problématique post-coloniale dans laquelle se débat la société française depuis un demi-siècle (10).
La France ne saurait être le dépotoir de l’Europe, mais ni les Arabes, pas plus que les Africains ne sauraient être l’exutoire à tous les maux de la société française. L’HISTOIRE est incomplète sans le témoignage des perdants. La rationalité cartésienne, transcendance symbiotique de l’intelligence athénienne et de l’ordre romain, quintessence de l’esprit critique, aura ainsi engendré des monstruosités dans ses moments d’assoupissement. Nul pays n’est à l’abri de telles dérives devant les grands bouleversements de l’histoire et l’ingratitude passe pour être une loi cardinale des peuples pour leur survie. Mais l’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est toutefois antinomique d’une culture de l’impunité et de l’amnésie, une culture érigée en un dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.
Références
1-Valmy: Première victoire militaire de la République remportée par les généraux Dumouriez et Kellermann, en 1792, dans cette localité de la Marne, elle inspira à Goethe, qui a en été le témoin, cette exclamation: «D’aujourd’hui et de ce lieu date une ère nouvelle dans l’histoire du monde».
2-Psychiatre et révolutionnaire d’origine martiniquaise, spécialiste du phénomène de la dépersonnalisation liée à la situation coloniale, représentant diplomatique des indépendantistes algériens au sein des instances internationales. Auteur de «Peau noir, Masques blancs», 1952, «Les Damnés de la terre» (1961) et «Pour la Révolution Africaine» (1969).
3-Léopold Sedar Senghor, décédé à 95 ans le 20 décembre 2001, a été le premier Président de la République du Sénégal (1960-1980). Ni le président néo-gaulliste Jacques Chirac, ni le premier ministre socialiste Lionel Jospin ne se sont rendus à ses obsèques, s’attirant de violentes critiques de la presse contre ce «manquement injustifiable».
4-Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française Le Petit Robert Tome 1/ Société du nouveau Littré. 1979. page 205
5-Lise Sourbier-Pinter, chargée de mission à l’état-major de l’armée de terre française. Interview au journal Libération samedi 14-Dimanche 25 juillet 2001 «Le 14 juillet symbole d’intégration des différences».
6-«Escroc contre Facho», cf. Le Canard Enchaîné N°4252 24 avril 2002.
7-«La gauche orpheline se résigne à avaler la couleuvre Chirac», par Marie Joëlle Gros et Julie Lasterade, cf. journal Libération du 3 Mai 2002.
8-cf.«Noir Chirac» de François-Xavier Verschave, Editions les Arènes, Mars 2002, «Les Gaullistes et l’argent, un demi siècle de guerres intestines» par Philippe Madelin, Ed. l’Archipel 2001, ainsi que «Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre», Ed.L’Harmattan-Novembre 2.000.
9-«En France, des illusions dangereuses», par Salman Rushdie, auteur des «Versets Sataniques» cf. journal Libération 30 Avril 2002, pages «Rebonds».
10-Claude Lévi-Strauss «tristes Tropiques». L’ouvrage de l’ethnologue français est paru en 1955, cf. «Etats d’âme» par Bertrand Poirot-Delpech, journal Le Monde 30 avril 2002.
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