Oppression des Roms
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Re: Oppression des Roms
Une chose me dérange dans cette mobilisation a priori sympathique: ce qui choque les lycéens est le caractère visible de cette "interpellation", alors qu'il y a d'autres expulsions, notamment des Roms, sans qu'ils n'aient bougé jusqu'ici.
S'attaquent-ils à l'ensemble de la politique contre les sans-papiers?
Pour l'instant, non.
C'est une faiblesse de ce mouvement.
S'attaquent-ils à l'ensemble de la politique contre les sans-papiers?
Pour l'instant, non.
C'est une faiblesse de ce mouvement.
Rougevert- Messages : 2069
Date d'inscription : 06/04/2012
Re: Oppression des Roms
Ce sont les conditions de l'interpellation qui ont choqué beaucoup de gens et de jeunes, qui ne s'intéressaient pas nécessairement à la question. Mais c'est un point de départ. C'est presque toujours comme ça. Tu ne peux pas demander aux jeunes, dont certains ne sont pas ou très peu politisés, comme on le voit par exemple à certaines pancartes artisanales, d'avoir une vue et une conscience d'ensemble du problème. A nous de les aider à prendre conscience du caractère global du scandale de la répression contre les sans-papiers et de la démagogie xénophobe. Evidemment, comme cela a été dit sur d'autres fils, les hypocrites du PS et de la FIDL, tel Julliard, vont essayer de maintenir la contestation dans le cadre d'une critique de la forme.Rougevert a écrit:Une chose me dérange dans cette mobilisation a priori sympathique: ce qui choque les lycéens est le caractère visible de cette "interpellation", alors qu'il y a d'autres expulsions, notamment des Roms, sans qu'ils n'aient bougé jusqu'ici.
S'attaquent-ils à l'ensemble de la politique contre les sans-papiers?
Pour l'instant, non.
C'est une faiblesse de ce mouvement.
Ce qui me semble plus inquiétant, c'est que, selon un sondage du Parisien, près de 75 % des Français seraient partisans du non retour en France de la famille de Léonarda et seraient favorables à Valls ! Au sein du PS, ce serait à 50 %/50 %. Même parmi les gens qualifiés d'"extrême gauche", la majorité qui s'oppose à l'expulsion ne serait pas écrasante.
Parrallélement, il y aurait 86 % de personnes favorables à une loi interdisant le voile dans les entreprises privées suite au retour devant la justice de l'affaire Baby Loup. Pendant la chasse aux Roms, la boutique islamophobe reste ouverte...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Oppression des Roms
A ce sujet Pierre Tevanian fait les remarques suivantes, que je trouve judicieuses :verié2 a écrit:
Ce qui me semble plus inquiétant, c'est que, selon un sondage du Parisien, près de 75 % des Français seraient partisans du non retour en France de la famille de Léonarda et seraient favorables à Valls ! Au sein du PS, ce serait à 50 %/50 %. Même parmi les gens qualifiés d'"extrême gauche", la majorité qui s'oppose à l'expulsion ne serait pas écrasante.
"Tant de choses a dire sur (contre) cet immonde sondage commandé par LeParisien, et fait pour justifierl'injustifiable. Je me contenterai de dire ceci: si on regarde de près les questions et les réponses, si on laisse de coté les "plutot favorable"ou "plutot opposé", réponses dont mille exemples ont prouvé qu'elles sont toujours à peu près synonyme de "n'en a, au fond, rien à foutre" ou de "opinion qui peut changer du jourau lendemain en fonction du bruit médiatique", et si on ne regarde que les"tout à fait favorable" et"tout à fait opposé",qui eux peuvent correspondre à une opinion un peu ferme des personnes sondées, on n'a plus du tout ce spectaculaire "deux tiers" mais ceci:
- seuls 28% des sondés sont tout à fait opposés au retour de Leonarda
- 46% de tout à fait opposés chez les sympathisants de droite
- 9% seulement chez les sympathisants de gauche
Bref la ligne Valls-Royal-Chevènement, sur ce coup, si elle l'emporte, correspond très rigouresuement à une préoccupation quasi nulle à gauche (9%),et minoritaire même à droite (46%). C'est la ligne de la moitié la plus raciste de l'électorat de droite.
Bizarre d'ailleurs que le sondage nenous donne aucun sous-total UMP et Front national, alors que pourla gauche on nous donne le sous-total PS, Front de gauche, Ecologistes. La raison me parait évidente: si on le faisait,il apparaitrait encore plus clairement, incontestablement, avec des chiffres éloquents, que la ligne Valls-Royal-Chevènement n'obéit qu'à la demande de l'électorat Front national.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Oppression des Roms
Voilà de quoi se rassurer un peu. Espérons que Tevanian ait raison...A ce sujet Pierre Tevanian fait les remarques suivantes, que je trouve judicieuses :
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Savoureux...
PROJET D’ARTICLE POUR « L’ENCYCLOPÉDIE AU XXIème SIÈCLE » – ROMS
par Bertrand Rouziès-Léonardi
http://www.pauljorion.com/blog/?p=59182#more-59182
par Bertrand Rouziès-Léonardi
http://www.pauljorion.com/blog/?p=59182#more-59182
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Oppression des Roms
J'ai vérifié cette histoire de stérilisation des Roms qui me parait gros, il y a un cas es que vous avez des info sur d'autre cas?Libé a écrit:Quand les responsables politiques de ce pays ne seront plus obsédés par leur élection, quand ils cesseront de vouloir plaire à tout le monde, à commencer par des hommes qui ont des pensées pitoyables, quand ils auront le désir de gouverner, au lieu de vouloir durer, quand ils auront enfin le courage de taper sur la table et de prendre des décisions fortes car la coupe est pleine, ce sera enfin le début du changement.
http://www.liberation.fr/societe/2013/10/17/le-silence-des-pantoufles_940393
http://www.depechestsiganes.fr/wp-content/uploads/2011/11/Arret-de-chambre-V.C.-c.-Slovaquie-08.11.11.pdf
Invité- Invité
Re: Oppression des Roms
Pierre Tevanian : une opinion plutôt manipulée
il s’agit aussi de faire apparaître le rôle très actif que jouent dans la propagation du racisme les instituts de sondage, mais aussi et surtout les journaux qui les sollicitent et les dirigeants politiques qui les mobilisent pour justifier leurs choix politiques. Il s’agit, plus clairement encore, de montrer qu’à l’instant t où François Hollande décide d’entériner le choix des rafles et des expulsions d’enfants, il n’existe pas – à cet instant t, j’insiste – de demande, de pression, de risque politique le poussant dans cette direction.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Oppression des Roms
Côté manipulation, ce matin c'était le déferlement de propagande xénophobe, avec Copé sur France Inter et Dupont Aignan sur France Info. Ce dernier a été particulièrement ignoble, en racontant qu'on avait entretenu une famille de criminels pendant des années au détriment des pauvres bien français etc. La droite, qui avait fait profil bas les premiers jours, face à l'émotion, s'en donne maintenant à coeur joie.une opinion plutôt manipulée
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Oppression des Roms
C'et encore une tentative d’opposer les pauvre, mais en vérité les SDF ils en ont rien a foutre. Je pense que il y aurait de quoi les foutre devant les tribunaux pour incitation a la haine racial.verié2 a écrit:Côté manipulation, ce matin c'était le déferlement de propagande xénophobe, avec Copé sur France Inter et Dupont Aignan sur France Info. Ce dernier a été particulièrement ignoble, en racontant qu'on avait entretenu une famille de criminels pendant des années au détriment des pauvres bien français etc. La droite, qui avait fait profil bas les premiers jours, face à l'émotion, s'en donne maintenant à coeur joie.une opinion plutôt manipulée
HONGRIE :
La saison de la chasse au Rom n’est pas finie
http://licra.org/violence-anti-roms-en-hongrie
Invité- Invité
Re: Oppression des Roms
La folie anti-roms hante l'Europe. Les autorités irlandaises n'ayant pas cru possible qu'une enfant blonde puisse être rom en ont déduit que ça montrait bien qu'ils étaient des voleurs d'enfant. Alors ils ont volé l'enfant à ses parents. Manque de bol, un test ADN a confirmé qu'elle était bien leur fille.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Oppression des Roms
Saint-Ouen. Un des plus importants camps de Roms en France évacué
Publié le 27/11/2013 à 09:52 - La Dépêche.
Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis.
Un camp de Roms très étendu est en cours d’évacuation depuis ce mercredi matin à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. La préfecture a annoncé que l’opération avait commencé vers 8h et durerait probablement quelques heures.
Inquiétudes pour le chauffage parisien
Ce campement illégal abrite quelque 800 gens du voyage, installés sur un terrain en friche dans la zone industrielle des docks de Saint-Ouen. Le problème est qu’il jouxte une des centrales qui chauffe tous les hôpitaux publics de la capitale, ainsi que des crèches et 110 000 foyers. Cette situation inquiète donc fortement la CPCU (Compagnie parisienne de chauffage urbain). La maire de Saint-Ouen, Jacqueline Rouillon, avait également alerté sur sa crainte d’un grave accident car les enfants jouent à proximité de la voie ferrée. Le sort de ce camp est débattu depuis le 12 novembre, après les demandes insistantes de la SNCF, de la mairie et de Réseau ferré de France d’ordonner son évacuation.
Pas d'hébergement
L’expulsion a provoqué l’indignation de Saïmir Mile, président de l’association La Voix des Roms, qui soutient que presque 400 enfants font partie des évacués. « Nous n'avons aucune certitude que des solutions d'hébergement soient proposées », a-t-il précisé. « Évidemment, avec les températures qu’il y a en ce moment, nous espérons que la préfecture et les autorités en général apporteront des réponses à ces personnes au plus vite ».
Babel- Messages : 1081
Date d'inscription : 30/06/2011
Evacuation à Saint-Ouen
Sur ce sujet, lire l'article de Flora Carpentier, posté ici il y a une semaine par CCR : "Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom."
Babel- Messages : 1081
Date d'inscription : 30/06/2011
Re: Oppression des Roms
Un maire UMP du Var suggère de laisser brûler des Roms
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Oppression des Roms
De l’esclavage à la sous-prolétarisation
Le parcours tortueux du peuple Rrom
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Le-parcours-tortueux-du-peuple-Rrom
« Eh bien, Hitler, il en a peut-être pas tué assez [de Rroms] ». Voilà la phrase que Gilles Bourdouleix, maire UDI de Cholet (49), lançait cet été à un groupe de « gens du voyage » qui se faisaient expulser du terrain qu’ils occupaient. Voici peut-être l’expression, du point de vue du discours, la plus radicalisée d’une tendance profondément réactionnaire qui se développe en France, mais aussi dans toute une série de pays européens : le racisme anti-Rrom.
Ces discours et autres actes racistes contre la population rrom ne sont pas nouveaux. Bien au contraire, ils ont une très longue histoire en Europe. Cependant, depuis la chute du Mur de Berlin et la dégradation générale des conditions de vie des masses en Europe centrale et de l’Est, la population Rrom est redevenue le bouc émissaire idéal, aussi bien dans leurs pays d’origine que dans les pays d’Europe de l’Ouest où une partie des Rroms a émigré dans les années 1990-2000.
Avec la crise économique internationale, qui touche particulièrement l’Europe, les discours anti-Rrom sont véhiculés par un large éventail de partis politiques allant des tendances les plus populistes d’extrême-droite jusqu’à des secteurs du réformisme. Les différentes bourgeoisies cherchent à faire peser sur le dos des Rroms et d’autres secteurs parmi les plus exploités et opprimés de la société les frustrations et mécontentements populaires générés par la crise du capitalisme. Pour cela, elle se sert des médias et, notamment, du racisme d’État pour diffuser les préjugés racistes les plus nauséabonds et rétrogrades.
Parmi les préjugés les plus courants que l’on peut entendre on en trouve des très anciens mais toujours aussi d’actualité : les Rroms ne veulent pas travailler, ni « s’intégrer » ; il s’agit de profiteurs qui vivent de la tricherie et du vol,et cela dès le plus jeune âge ; ils vivent de l’argent du contribuable à travers les allocations de l’Étatqu’ils reçoivent ; ce sont des « pauvres dangereux », ils n’ont rien à perdre, ils constituent une menace pour toute la société.
Bien que tout cela puisse paraître très caricatural, c’est l’arrière-plan d’un discours qui vise, d’une part, à essentialiser la misère dans laquelle vivent actuellement les Rroms et, d’autre part, à criminaliser la pauvreté. Pour aller à l’encontre de ces discours nous revenons ici sur les conditions économiques et sociales dans lesquelles ce peuple a évolué, qui expliquent largement leur situation actuelle d’extrême pauvreté et de sous-prolétarisation, notamment après la chute des régimes staliniens.
Esclavage et servage
Malgré le fait qu’il soit très difficile de déterminer le nombre exact de la population rrom sur la planète, on calcule qu’actuellement ils seraient entre 12 et 15 millions. La plupart des Rroms vivent en Europe centrale et de l’Est, bien qu’ils soient aussi présents dans plusieurs pays européens comme l’Espagne. La Roumanie est le pays où l’on trouve le plus grand nombre de Rroms (entre 800 000 et 1 000 000 et autour de 10% de la population totale). Ils sont très nombreux en Bulgarie (8% de la population totale) et de la Hongrie (5% de la population totale et principale minorité nationale).
Selon les hypothèses, les Rroms seraient un peuple originaire du sous-continent indien qui, pour des raisons peu claires, a entamé une migration vers l’Ouest, par des vagues successives, entre le VIIe et le Xe siècles. Dès le début du XIVe siècle, ils seraient arrivés en Europe par les Balkans en avançant vers la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, l’Autriche, l’Italie, la France, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique et vers le XVème siècle ils iront jusqu’en Grande-Bretagne, les pays nordiques et la Russie. Cette dispersion géographique est l’une des explications de la diversité culturelle des groupes rroms.
A cette époque s’entame également un important processus de mise en esclavage de la population rrom, notamment dans les territoires de la Moldavie et de la Vallachie (nord de la Roumanie actuelle). En effet, bien que ce processus ait sûrement commencé avant, à cette époque l’exploitation d’esclaves dans ces pays devenait de plus en plus centrale dans leur économie. Ainsi, la valeur des esclaves rroms « augmentait et ils ont été ‘‘importés’’ des régions voisines. Cela pourrait expliquer le grand nombre de la population rrom aujourd’hui en Roumanie. Comme Isabel Fonseca l’a démontré, du moment où les rroms ont été importés en masse, leur sort était sellé : ‘le terme tsigane n’évoquait plus un groupe ethnique venu d’ailleurs ou une race... Pour la première fois le terme faisait référence à une classe sociale : la caste des esclaves » [1]. Cette étude indique également qu’il est très probable que sous l’appellation « tsiganes » on ait regroupé d’autres populations qui avaient aussi été réduites en esclavage.
Cette situation poussait des familles rroms à fuir vers d’autres régions moins hostiles. C’est ainsi que plusieurs groupes de Rroms sont allés en Transylvanie, région qui appartenait alors à l’empire hongrois, d’autres allaient plus loin encore vers l’Ouest. En effet, en Transylvanie, bien que les Rroms occupaient les positions sociales les plus marginalisées et subordonnées, ils n’étaient pas officiellement des esclaves. Cependant, ne possédant pas de terre, dans les faits ils étaient complètement dépendants des aristocrates locaux qui les embauchaient dans des travaux temporaires et exerçaient parfois sur eux de vrais droits de maître. Le restant du temps, ils devaient se déplacer pour offrir des articles artisanaux qu’ils fabriquaient aux paysans, leur offrir des services ponctuels, entre autres, ce qui les permettait de survivre.
Ainsi, ce « nomadisme » des Rroms était en grande partie le résultat, d’une part, de la fuite de l’esclavage qui pesait sur eux dans certaines régions et, d’autre part, du besoin de trouver des moyens de survie face au manque de terres et à l’exclusion dont ils étaient victimes. C’est en ce sens que dans le cas des Rroms on peut parler plutôt d’un « nomadisme forcé ».
Entre prolétarisation précaire et assimilation forcée
La position sociale des Rroms était celle d’un groupe marginalisé, discriminé et victime de persécution. Plusieurs d’entre eux étaient réduits en esclavage ou en servage. Cependant, dans certaines régions, et à des périodes précises, des groupes de Rroms ont réussi à obtenir une relative reconnaissance sociale. C’est le cas de ceux qui habitaient en Hongrie entre les XVe et XVIIe siècles. A cette époque « une partie des Tziganes obtint un rôle dans la société hongroise lors des guerres contre les conquérants turcs. Les préparatifs militaires constants et le manque d’artisans leur offrirent une possibilité de travail. Les travaux de fortification et de construction, la métallurgie, la fabrication et l’entretien d’armes, le commerce de chevaux, le travail du bois et le forgeage meilleur marché que ceux des artisans affiliés à une corporation, le service postal servirent non seulement de source de subsistance mais s’avérèrent aussi des activités importantes pour le pays. C’est pourquoi, à partir de l’ère des rois Sigismond (1387-1437) et Mathias (1458-1490) jusqu’au début du XVIIIe siècle certains groupes tziganes ont obtenu des privilèges. (…) Toutefois, après l’expulsion des Turcs, à la fin du XVIIe siècle, l’installation et l’immigration des agriculteurs, des éleveurs, des artisans et des commerçants rendirent superflue la plupart des activités des Tsiganes » [2].
Cette « intégration » à la structure économique du pays s’accompagnait cependant d’une politique d’assimilation forcée des Rroms à la société hongroise. Ainsi, il était interdit d’utiliser le terme « tsigane », il fallait parler plutôt de « nouveau Hongrois ». Dans le même temps, on a interdit de parler la langue des Tsiganes ; les mariages entre Rroms étaient très limités et on est arrivé même jusqu’à retirer les enfants rroms de leurs parents pour les faire élever par des familles hongroises.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’arrivée en Hongrie de nouveaux groupes de Rroms, venus des pays voisins et ayant conservé leur langue et culture, alimentait les préjugés non seulement parmi la population majoritaire mais aussi parmi ces Rroms « assimilés ». Ainsi, on se retrouvait avec une certaine diversité de populations rroms : « au début du XXe siècle, la répartition des Tziganes de Hongrie a pris forme. Le plus grand groupe, arrivé plus tôt et ayant perdu sa langue et sa culture, s’appelle « romungro », c’est-à-dire Tziganes-Hongrois, dont la majorité se distingue même à ce jour du reste des Tziganes. La majorité de l’autre groupe est venue des territoires roumains au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ils parlent leur langue maternelle tzigane et, en raison de leur provenance, on les appelle « Tziganes valaques ». Il existe encore un troisième groupe peu nombreux qui sont les « Tziganes beás », installés surtout dans le sud-ouest de la Hongrie, parlant des dialectes archaïques de la langue roumaine » [3].
Avec le développement du capitalisme en Europe centrale et de l’Est vers la fin du XIXe et début du XXe siècles, on constate dans plusieurs pays un début de prolétarisation des Rroms. L’ouverture de nouvelles industries, la construction de nouvelles infrastructures (routes, chemins de fer), mais aussi l’expansion de l’agriculture, permet à une partie des Rroms d’intégrer le processus économique. Cependant, cette « intégration » se faisait dans les échelons les plus bas du processus. Analysant dans une étude l’exemple d’un village en Transylvanie, on estime que « ces ‘opportunités’ devraient être entendues juste comme ‘opportunités de survie’. (…) Les Rroms étaient considérés comme une main d’œuvre bon marché qui n’avait pas le droit de réclamer des salaires égaux à ceux des travailleurs non-rroms. Avant la Seconde Guerre Mondiale, un nombre important de Rroms étaient embauchés juste en échange de nourriture et de vêtements. (…) Certains d’entre eux, notamment les femmes, étaient embauchées pour travailler dans les maisons des Hongrois en tant qu’employées domestiques. Étant donné que les Rroms n’avaient pas de terres, ils étaient obligés d’accepter tout ce qui leur était proposé par la population majoritaire (…) Lorsqu’ils étaient embauchés pour faire des travaux domestiques ou dans l’agriculture, les Rroms avaient de fait un statut de serfs » [4].
Un génocide « oublié » ?
Vers les années 1930 la crise économique mondiale du capitalisme, la montée des nationalismes et des tendances profascistes dans tout le continent allaient avoir des conséquences terribles pour la population Rrom. Les préjugés s’accentueront et les actes racistes venant de bandes d’extrême droite ainsi que de l’État se multiplieront.
Outre le fait d’être les premiers à perdre l’emploi et/ou à être chassés des terres ou logements qu’ils occupaient, souvent pour les donner aux « nationaux », les Rroms seront perçus de plus en plus comme une charge pour l’État : « en Roumanie la taxonomie visait à séparer les Rroms ’’utiles’’ (un petit nombre de travailleurs de la métallurgie en province et d’artisans dans les villes, plus quelques musiciens) des ’’mendiants’’, des ’’agabonds’’, et des Rroms ’’primitifs’’ qui, par leur fort taux de reproduction, pourraient altérer la composition ’’pure’’ de la population roumaine (…) La conséquence de cette classification a été la déportation massive des populations rroms en Transnistrie (…) pendant la guerre » [5].
En effet, le régime pronazi d’Ion Antonescu en Roumanie enverra en 1942 25 000 Rroms (12% des 210 000 qui habitaient dans le pays jusqu’alors) dans des camps de concentration. 11 000 d’entre eux ne reviendront jamais. Au total, on estime que 230 000 Rroms sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale dans les camps de concentration. Des Rroms qui ne venaient pas seulement d’Europe de l’Est mais aussi des pays d’Europe de l’Ouest (plus de 30 000 Rroms étaient internés dans des camps de concentration en France).
Le silence qui pèse sur le génocide du peuple tsigane (l’Allemagne – ancienne RFA – ne l’a reconnu officiellement qu’en 1979) ne peut se comprendre sans constater la continuité de la discrimination et du racisme anti-Rrom qui imprègne encore aujourd’hui l’Europe. Un racisme qui s’exprime par des politiques discriminatoires dans les différents États, et qui a un passé : « Le préjugé, entretenu par d’incessantes répressions ’’officielles’’, a abouti à cet inquiétant paradoxe : être contre les Tsiganes c’est être avec la loi. Oui, le terrain propice à la ’’Solution finale’’ était parfaitement débroussaillé lorsque le national-socialisme s’empare du pouvoir en 1933. Toutes les exactions imaginables – à l’exception des chambres à gaz - avaient été prévues, décrites, mises en œuvre par d’autres gouvernements : déportation massive en Louisiane (France 1802), enlèvement des enfants tsiganes à leurs parents (Allemagne 1830), expulsions armées (Grande-Bretagne, 1912), interdiction de la langue ou des vêtements tsiganes (plusieurs régions de France, Espagne, Portugal), interdiction de mariage entre Tsiganes, du nomadisme ; automatisation du servage (Roumanie), dissolution des mariages entre Tsiganes et non-Tsiganes (Hongrie), confiscation de biens, interdiction de posséder un cheval, une roulotte, d’exercer certains métiers, d’acheter une maison (Portugal). Obligation de présenter un livret anthropométrique à toute réquisition (France). Projet de marquage au fer (Hongrie, 1909) ou de stérilisation (Norvège, 1930) » [6].
Pour compléter le tableau du racisme anti-Rrom généralisé, l’auteur des lignes qui précèdent rapporte le témoignage de survivants juifs de la Shoah concernant les Tsiganes : « professeur Hagenmuller : ’’les Tsiganes nous parurent avoir en gros deux caractéristiques : la passion du vol et celle de la musique’’. Professeur Charles Richet : ’’Quant aux Tsiganes, leur disparition totale n’eût affecté dans le camp qu’un petit nombre de philanthropes déterminés’’… » [7]. Si dans des témoignages sensés dénoncer la barbarie des camps de concentration nazis on peut trouver de tels jugements sur les Rroms, il n’est pas étonnant que le génocide de ce peuple soit autant méconnu, voire occulté.
Régimes staliniens : amélioration des conditions de vie et répression
La victoire sur l’armée nazie et la progression de l’Armée rouge depuis le front Est vers l’Ouest a permis à celle-ci d’instaurer, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans toute une série de pays d’Europe centrale et de l’Est des Etats ouvriers déformés et bureaucratisés.
La politique de ces régimes staliniens concernant les populations rroms avait comme axe leur sédentarisation et leur assimilation à l’ensemble de la population, en niant ainsi toute spécificité culturelle ou nationale. Leur politique d’industrialisation cependant allait permettre aux Rroms d’être embauchés dans les entreprises d’État et les fermes collectives. En Hongrie par exemple, le taux d’emploi parmi les hommes en âge de travailler en 1971 sera de 85%, peut-être le taux d’activité de la population rrom le plus élevé de leur histoire dans le pays. Néanmoins, les Rroms occuperont les places les moins qualifiées et effectueront en général les tâches les plus ingrates. Cela se répétera dans pratiquement tous les pays de la région.
Ces revenus stables permettront aux Rroms d’avoir accès au système de protection sociale, à l’éducation pour les enfants, à la formation professionnelle. Cependant, « fréquemment l’enseignement des enfants tziganes était dispensé dans des classes séparées ou bien, en invoquant leur « déficience », on les faisait participer à un programme d’enseignement spécialisé » [8]. Les enfants rroms étaient scolarisés dans la langue de la majorité et n’avaient pas de cours dans leur langue (ce qui n’était pas le cas des autres minorités nationales comme les Hongrois ou les Allemands en Roumanie).
Quant au problème du logement, la politique des différents gouvernements a permis de construire des maisons et des immeubles où les Rroms pouvaient habiter avec leurs familles. En quelques années seulement les bidonvilles rroms avaient disparus. Cependant, le confort de ces logements était souvent rudimentaire et, surtout, les Rroms étaient logés dans les mêmes immeubles, séparés du reste de la population. Dans d’autres cas comme en Roumanie, « dans les blocks de pavillons nouvellement construits par le pouvoir socialiste, ils étaient mélangés avec des agents de la police ou de l’armée, avec le double objectif de les contrôler et de les ’’civiliser’’ » [9].
De manière générale pendant la période stalinienne, les conditions de vie de la population rrom d’Europe de l’Est se sont améliorées. Et cela malgré le régime politique réactionnaire des bureaucraties des Partis Communistes. En quelque sorte, ces expériences laissaient entrevoir la potentialité de ce qu’un vrai État ouvrier pourrait faire pour sortir des populations marginalisées et discriminées, comme les Rroms, de leur misère séculaire. D’ailleurs, les bureaucraties staliniennes n’ont jamais été capables d’en finir avec les préjugés anti-Rroms qui existaient dans la société, et au contraire ces préjugés étaient souvent véhiculés par les institutions de l’État lui-même.
La restauration du capitalisme : un grand retour en arrière !
Vers la fin des années 1980 commence un processus de restauration du capitalisme dans les pays de l’ancien « bloc soviétique ». Les bureaucrates à la tête des Etats s’entredéchirent pour bien se positionner dans les entreprises à privatiser lors de l’ouverture des marchés nationaux aux capitaux impérialistes. Des milliers d’entreprises vont en effet être privatisées ou fermées, des millions de travailleurs se sont trouvés en quelques semaines seulement au chômage. La dégradation du niveau de vie de la population est généralisée pendant cette période dite de « transition » : « de presque nul qu’il était en Pologne, en Bulgarie, en Roumanie et en Hongrie, le taux de chômage varie aujourd’hui [1995] entre 10 et 16%. En Hongrie (…) le chômage a quintuplé en 1991. Du début 1990 à mars 1992, le nombre de sans-emploi est passé de 100 000 à plus de 4 millions (…) Le fardeau du chômage retombe pour une large part sur les jeunes et les femmes, mais il y a aussi manifestement une discrimination envers les minorités ethniques (…) Le chômage et l’inflation ont entraîné l’augmentation de la pauvreté au moment même où les généreux avantages sociaux du passé étaient réduits ou éliminés » [10].
Si pour les masses en général le bond en arrière, d’un point de vue économique, social et culturel, est phénoménal, pour la population rrom les dimensions sont tragiques. Comme pour les postes de travail les plus féminisés, les emplois occupés par les Rroms vont être les premiers à disparaître. En Hongrie par exemple, « l’ascension sociale, commencée par des succès spectaculaires mais bâtie sur des bases instables, s’est effondrée à la suite du changement de régime de 1990. L’industrie du bâtiment et l’industrie minière donnant du travail à la plupart des Tziganes étaient en crise. Ce sont aussi les Tziganes accomplissant le travail nécessitant le moins de compétence professionnelle, employés surtout comme manœuvre, qui furent les premiers à devenir inutiles dans les sociétés privatisées. En peu de temps, le niveau de vie de la majorité des familles tziganes a reculé jusqu’à son niveau antérieur de plusieurs décennies auparavant… » [11].
En Roumanie, la situation dans l’industrie est pratiquement la même que celle décrite pour la Hongrie. Mais à cela il faut ajouter que lors du processus de redistribution/reprivatisation de la terre en 1995, les Rroms sont encore exclus. Ainsi une enquête menée au début des années 1990 montrait que « 86,6% des femmes et 58% des hommes [rroms] n’auraient aucune qualification ; seul 1,8% de l’ensemble aurait atteint un niveau de qualification moyen ou élevé. 27% des jeunes seraient illettrés et 40% des enfants âgés de 8 ans n’auraient jamais fréquenté l’école ou auraient cessé d’y aller. Les témoignages concordent pour dénoncer la baisse du niveau de scolarité depuis 1990. La paupérisation qui touche déjà la majorité du pays atteint les Tsiganes de manière catastrophique : 87,5% n’auraient pas de quoi survivre (40,6%) ou à peine (46,9%). Et l’on ne peut guère dire que la situation se soit améliorée depuis lors ! » [12].
Certains auteurs parlent d’une « exclusion de type nouveau » qui touche les Rroms. En prenant l’exemple d’une zone rurale en Hongrie on remarque que « durant les périodes précédentes, les Gitans sont certes plus pauvres que les paysans, mais leurs activités économiques, échange de services ou production de biens, sont totalement intégrées au système économique local. Ce n’est déjà plus le cas à partir du milieu des années 1980. Les Gitans commencent alors à être considérés comme un groupe social inutile, dépendant des aides sociales et incapable de contribuer utilement à la collectivité. C’est la nature même de cette exclusion qui marque le changement le plus important. Durant les périodes de ségrégation précédentes, même lorsque les Gitans sont relégués dans des enclaves, ils continuent à entretenir des contacts quotidiens avec les paysans. (…) Au contraire, avec l’appauvrissement du village, la communauté gitane se voit coupée du monde extérieur » [13].
Effectivement, sans terre, ayant perdu leur emploi et sans avoir la possibilité d’en trouver un autre, dans un contexte de chômage de masse et d’augmentation des discriminations, la population rrom des pays d’Europe centrale et de l’Est est rentrée dans un processus accéléré de sous-prolétarisation et de paupérisation aiguë. Pour une grande partie d’entre eux (70%) le seul revenu stable vient des maigres allocations familiales, pensions de retraite ou d’invalidité octroyées par les États. D’autres doivent se débrouiller en ramassant de la ferraille et des matériaux recyclables, en vendant tout type d’objets à la sauvette, etc. D’autres encore sont obligés de mendier ou se dédier à des activités à la limite de la légalité, voire directement illégales.
Cette situation accompagnée d’une crise économique généralisée dans les pays de cette région préparaient le terrain pour l’accentuation des discours et des attaques racistes anti-Rroms. Ainsi, « en juin 1990, la descente des mineurs sur Bucarest dégénère en ratonnade dans les quartiers tsiganes de la capitale. Ce fait est précédé et suivi de pogroms anti-tsiganes en divers points du pays. Ceux-ci apparaissent essentiellement entre 1990 et 1991 : des maisons sont incendiées, des gens battus et expulsés de leur village. L’incident le plus violent a lieu à Hadareni, en septembre 1993, et se solde par la mort de quatre hommes, dont trois Tsiganes. Au total, on compte une trentaine d’affrontements locaux dont l’origine est souvent controversée mais qui débouchent toujours sur l’éviction des Tsiganes des localités touchées, sans que ceux-ci puissent faire valoir leurs droits auprès des autorités » [14].
Dans un tel contexte, il n’y a qu’une petite fraction de Rroms qui peuvent essayer de partir vers les pays d’Europe de l’Ouest. Souvent, ceux qui le font se trouvent déjà dans des conditions de vie très précaires et font face de plus en plus à la montée du racisme anti-tsigane. Un racisme dont l’imaginaire rétrograde trouve ses « sources d’inspiration » dans les préjugés les plus caricaturaux du XIXe siècle et des périodes les plus obscures de l’histoire de l’humanité comme les années 1930.
Crise économique et racisme
Il est connu qu’en période de crise, les classes dominantes essaient par tous les moyens de trouver des boucs émissaires pour dévier l’attention des masses des vrais causes de leurs souffrances. Souvent, on désigne les secteurs les plus exploités et opprimés, des secteurs perçus comme « étrangers » à la société. De cette façon la montée du racisme et du nationalisme est une conséquence logique, ou plutôt un corollaire de la politique de la bourgeoisie.
En Europe, où une crise économique d’ampleur historique se développe depuis plusieurs années, on ne peut que constater la montée de tendances politiques populistes d’extrême droite, la plus médiatisée étant peut-être Aube dorée en Grèce. Mais on pourrait mentionner aussi d’autres groupes fascisants moins connus comme Ataka en Bulgarie ou le Jobbik hongrois, la particularité de ces deux partis étant qu’ils ont progressé sur la base d’un discours violemment anti-Rrom.
Il est clair que ces discours servent les objectifs de la bourgeoisie, étant donné qu’ils contribuent à la division de la classe ouvrière et des opprimés en général dans la société. En ce sens, il n’est pas étonnant que des gouvernements et responsables politiques mettent en place des politiques discriminatoires visant clairement les Rroms. C’est le cas par exemple des mesures qui imposent le travail obligatoire pour les Rroms en Hongrie [15]. En France, on assiste depuis quelques années tous les étés à des surenchères racistes sur « le problème rrom » [16], et cela sans parler des expulsions et des démantèlements des campements rroms qui se font en totale impunité par les mairies et préfectures [17].
Mais les travailleurs et les couches populaires ne doivent pas se laisser tromper. Les mesures que l’on prend aujourd’hui contre les Rroms, les « profiteurs » des aides de l’État, les populations « inutiles », ne tarderont pas dans un contexte de crise à se retourner contre l’ensemble du prolétariat et des masses. Laisser passer, voire adhérer aux discours et mesures anti-Rrom prises par les différents gouvernements et administrations, ne fera que faciliter la tâche de la bourgeoisie d’attaquer l’ensemble des exploités.
Aujourd’hui, les Rroms apparaissent comme le bouc émissaire idéal pour les capitalistes de tout le continent européen. Comme on a essayé de le montrer tout au long de cet article, la situation de misère des Rroms n’a rien de « naturelle » ou d’« intrinsèque » à cette population. Elle est le résultat d’une combinaison de conditions sociales, économiques et politiques. Leur condition sociale est d’ailleurs loin de suivre une évolution linéaire. Au contraire, on a vu que les Rroms étaient capables d’intégrer le processus de production comme n’importe quelle couche de la population. Mais on a aussi vu qu’à chaque crise, à cause de la persistance des préjugés anti-Rroms, ces derniers étaient parmi les premiers « sacrifiés » et que leurs conditions de vie étaient profondément dégradées. Depuis la restauration du capitalisme en Europe de l’Est et, notamment à partir du déclenchement de la crise économique mondiale, on voit se répéter le même processus.
C’est en ce sens qu’il est fondamental que le mouvement ouvrier adopte la lutte contre l’anti-tsiganisme et contre tout type de racisme comme une partie essentielle de son action. C’est une tâche incontournable pour reconstruire l’unité des exploités et des opprimés contre les attaques des capitalistes !
22/12/2013.
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NOTES
[1] Gabriel Troc, « A State of Dispair : Roma (Gypsy) Population During Transition », 2002.
[2] « Les Tziganes/Roms en Hongrie », Ministère des affaires étrangères de Hongrie, Budapest, 2004 (http://www.mfa.gov.hu/NR/rdonlyres/4B99AAD3-E9CC-4AAF-81C3-C3DE23278D91/0/Roma_fr.pdf).
[3] Idem.
[4] « A State of Dispair… », op. cit.
[5] Idem.
[6] BERNADAC Christian, L’holocauste oublié. Le massacre des Tsiganes, Editions France-Empire, 1979, page 33-34.
[7] Idem, page 20-21.
[8] « Les Tziganes/Roms en Hongrie »…, op. cit.
[9] « A State of Dispair… », op. cit.
[10] Valentine MOGHADAM, « Restructuration économique, politiques identitaires et rapports sociaux de sexe en Europe centrale, de l’Est et au Moyen-Orient-Afrique du Nord » ; Recherches féministes, vol. 8, n° 1, 1995, p. 35-49.
[11] « Les Tziganes/Roms en Hongrie »…, op. cit.
[12] Reyniers Alain, « Migrations et déplacements des Roms de l’Est : l’exemple roumain », Confluences Méditerranées, 2001/3 N°38
[13] Ladányi János et Szelényi Iván, « La formation d’un sous-prolétariat rom. Enquête historique sur la condition des Gitans dans un village d’Europe centrale », Actes de la recherche en sciences sociales, 2005/5 no 160.
[14] « Migrations et déplacements… », op. cit.
[15] Voir : « Hongrie : le travail obligatoire imposé aux Rroms est une attaque contre tous les travailleurs ! » (http://www.ccr4.org/Hongrie-le-travail-obligatoire).
[16] Voir : « Sarkozy ou Hollande ? Pour les Roms non plus, ça ne fait pas de différence ! » (http://www.ccr4.org/Sarkozy-ou-Hollande-Pour-les-Roms-non-plus-ca-ne-fait-pas-de-difference) ou « Retour en force du racisme anti-Rrom : la bourgeoisie en campagne » (http://www.ccr4.org/Retour-en-force-du-racisme-anti-Rrom-la-bourgeoisie-en-campagne).
[17] Voir : « Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom » (http://www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom) ou « Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms » (http://www.ccr4.org/L-humain-d-abord-ou-l-application-pure-et-dure-des-directives-de-Valls-par-une-mairie-Front-de-Gauche-pour-expulser-les-Rroms).
Le parcours tortueux du peuple Rrom
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Le-parcours-tortueux-du-peuple-Rrom
« Eh bien, Hitler, il en a peut-être pas tué assez [de Rroms] ». Voilà la phrase que Gilles Bourdouleix, maire UDI de Cholet (49), lançait cet été à un groupe de « gens du voyage » qui se faisaient expulser du terrain qu’ils occupaient. Voici peut-être l’expression, du point de vue du discours, la plus radicalisée d’une tendance profondément réactionnaire qui se développe en France, mais aussi dans toute une série de pays européens : le racisme anti-Rrom.
Ces discours et autres actes racistes contre la population rrom ne sont pas nouveaux. Bien au contraire, ils ont une très longue histoire en Europe. Cependant, depuis la chute du Mur de Berlin et la dégradation générale des conditions de vie des masses en Europe centrale et de l’Est, la population Rrom est redevenue le bouc émissaire idéal, aussi bien dans leurs pays d’origine que dans les pays d’Europe de l’Ouest où une partie des Rroms a émigré dans les années 1990-2000.
Avec la crise économique internationale, qui touche particulièrement l’Europe, les discours anti-Rrom sont véhiculés par un large éventail de partis politiques allant des tendances les plus populistes d’extrême-droite jusqu’à des secteurs du réformisme. Les différentes bourgeoisies cherchent à faire peser sur le dos des Rroms et d’autres secteurs parmi les plus exploités et opprimés de la société les frustrations et mécontentements populaires générés par la crise du capitalisme. Pour cela, elle se sert des médias et, notamment, du racisme d’État pour diffuser les préjugés racistes les plus nauséabonds et rétrogrades.
Parmi les préjugés les plus courants que l’on peut entendre on en trouve des très anciens mais toujours aussi d’actualité : les Rroms ne veulent pas travailler, ni « s’intégrer » ; il s’agit de profiteurs qui vivent de la tricherie et du vol,et cela dès le plus jeune âge ; ils vivent de l’argent du contribuable à travers les allocations de l’Étatqu’ils reçoivent ; ce sont des « pauvres dangereux », ils n’ont rien à perdre, ils constituent une menace pour toute la société.
Bien que tout cela puisse paraître très caricatural, c’est l’arrière-plan d’un discours qui vise, d’une part, à essentialiser la misère dans laquelle vivent actuellement les Rroms et, d’autre part, à criminaliser la pauvreté. Pour aller à l’encontre de ces discours nous revenons ici sur les conditions économiques et sociales dans lesquelles ce peuple a évolué, qui expliquent largement leur situation actuelle d’extrême pauvreté et de sous-prolétarisation, notamment après la chute des régimes staliniens.
Esclavage et servage
Malgré le fait qu’il soit très difficile de déterminer le nombre exact de la population rrom sur la planète, on calcule qu’actuellement ils seraient entre 12 et 15 millions. La plupart des Rroms vivent en Europe centrale et de l’Est, bien qu’ils soient aussi présents dans plusieurs pays européens comme l’Espagne. La Roumanie est le pays où l’on trouve le plus grand nombre de Rroms (entre 800 000 et 1 000 000 et autour de 10% de la population totale). Ils sont très nombreux en Bulgarie (8% de la population totale) et de la Hongrie (5% de la population totale et principale minorité nationale).
Selon les hypothèses, les Rroms seraient un peuple originaire du sous-continent indien qui, pour des raisons peu claires, a entamé une migration vers l’Ouest, par des vagues successives, entre le VIIe et le Xe siècles. Dès le début du XIVe siècle, ils seraient arrivés en Europe par les Balkans en avançant vers la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, l’Autriche, l’Italie, la France, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique et vers le XVème siècle ils iront jusqu’en Grande-Bretagne, les pays nordiques et la Russie. Cette dispersion géographique est l’une des explications de la diversité culturelle des groupes rroms.
A cette époque s’entame également un important processus de mise en esclavage de la population rrom, notamment dans les territoires de la Moldavie et de la Vallachie (nord de la Roumanie actuelle). En effet, bien que ce processus ait sûrement commencé avant, à cette époque l’exploitation d’esclaves dans ces pays devenait de plus en plus centrale dans leur économie. Ainsi, la valeur des esclaves rroms « augmentait et ils ont été ‘‘importés’’ des régions voisines. Cela pourrait expliquer le grand nombre de la population rrom aujourd’hui en Roumanie. Comme Isabel Fonseca l’a démontré, du moment où les rroms ont été importés en masse, leur sort était sellé : ‘le terme tsigane n’évoquait plus un groupe ethnique venu d’ailleurs ou une race... Pour la première fois le terme faisait référence à une classe sociale : la caste des esclaves » [1]. Cette étude indique également qu’il est très probable que sous l’appellation « tsiganes » on ait regroupé d’autres populations qui avaient aussi été réduites en esclavage.
Cette situation poussait des familles rroms à fuir vers d’autres régions moins hostiles. C’est ainsi que plusieurs groupes de Rroms sont allés en Transylvanie, région qui appartenait alors à l’empire hongrois, d’autres allaient plus loin encore vers l’Ouest. En effet, en Transylvanie, bien que les Rroms occupaient les positions sociales les plus marginalisées et subordonnées, ils n’étaient pas officiellement des esclaves. Cependant, ne possédant pas de terre, dans les faits ils étaient complètement dépendants des aristocrates locaux qui les embauchaient dans des travaux temporaires et exerçaient parfois sur eux de vrais droits de maître. Le restant du temps, ils devaient se déplacer pour offrir des articles artisanaux qu’ils fabriquaient aux paysans, leur offrir des services ponctuels, entre autres, ce qui les permettait de survivre.
Ainsi, ce « nomadisme » des Rroms était en grande partie le résultat, d’une part, de la fuite de l’esclavage qui pesait sur eux dans certaines régions et, d’autre part, du besoin de trouver des moyens de survie face au manque de terres et à l’exclusion dont ils étaient victimes. C’est en ce sens que dans le cas des Rroms on peut parler plutôt d’un « nomadisme forcé ».
Entre prolétarisation précaire et assimilation forcée
La position sociale des Rroms était celle d’un groupe marginalisé, discriminé et victime de persécution. Plusieurs d’entre eux étaient réduits en esclavage ou en servage. Cependant, dans certaines régions, et à des périodes précises, des groupes de Rroms ont réussi à obtenir une relative reconnaissance sociale. C’est le cas de ceux qui habitaient en Hongrie entre les XVe et XVIIe siècles. A cette époque « une partie des Tziganes obtint un rôle dans la société hongroise lors des guerres contre les conquérants turcs. Les préparatifs militaires constants et le manque d’artisans leur offrirent une possibilité de travail. Les travaux de fortification et de construction, la métallurgie, la fabrication et l’entretien d’armes, le commerce de chevaux, le travail du bois et le forgeage meilleur marché que ceux des artisans affiliés à une corporation, le service postal servirent non seulement de source de subsistance mais s’avérèrent aussi des activités importantes pour le pays. C’est pourquoi, à partir de l’ère des rois Sigismond (1387-1437) et Mathias (1458-1490) jusqu’au début du XVIIIe siècle certains groupes tziganes ont obtenu des privilèges. (…) Toutefois, après l’expulsion des Turcs, à la fin du XVIIe siècle, l’installation et l’immigration des agriculteurs, des éleveurs, des artisans et des commerçants rendirent superflue la plupart des activités des Tsiganes » [2].
Cette « intégration » à la structure économique du pays s’accompagnait cependant d’une politique d’assimilation forcée des Rroms à la société hongroise. Ainsi, il était interdit d’utiliser le terme « tsigane », il fallait parler plutôt de « nouveau Hongrois ». Dans le même temps, on a interdit de parler la langue des Tsiganes ; les mariages entre Rroms étaient très limités et on est arrivé même jusqu’à retirer les enfants rroms de leurs parents pour les faire élever par des familles hongroises.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’arrivée en Hongrie de nouveaux groupes de Rroms, venus des pays voisins et ayant conservé leur langue et culture, alimentait les préjugés non seulement parmi la population majoritaire mais aussi parmi ces Rroms « assimilés ». Ainsi, on se retrouvait avec une certaine diversité de populations rroms : « au début du XXe siècle, la répartition des Tziganes de Hongrie a pris forme. Le plus grand groupe, arrivé plus tôt et ayant perdu sa langue et sa culture, s’appelle « romungro », c’est-à-dire Tziganes-Hongrois, dont la majorité se distingue même à ce jour du reste des Tziganes. La majorité de l’autre groupe est venue des territoires roumains au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ils parlent leur langue maternelle tzigane et, en raison de leur provenance, on les appelle « Tziganes valaques ». Il existe encore un troisième groupe peu nombreux qui sont les « Tziganes beás », installés surtout dans le sud-ouest de la Hongrie, parlant des dialectes archaïques de la langue roumaine » [3].
Avec le développement du capitalisme en Europe centrale et de l’Est vers la fin du XIXe et début du XXe siècles, on constate dans plusieurs pays un début de prolétarisation des Rroms. L’ouverture de nouvelles industries, la construction de nouvelles infrastructures (routes, chemins de fer), mais aussi l’expansion de l’agriculture, permet à une partie des Rroms d’intégrer le processus économique. Cependant, cette « intégration » se faisait dans les échelons les plus bas du processus. Analysant dans une étude l’exemple d’un village en Transylvanie, on estime que « ces ‘opportunités’ devraient être entendues juste comme ‘opportunités de survie’. (…) Les Rroms étaient considérés comme une main d’œuvre bon marché qui n’avait pas le droit de réclamer des salaires égaux à ceux des travailleurs non-rroms. Avant la Seconde Guerre Mondiale, un nombre important de Rroms étaient embauchés juste en échange de nourriture et de vêtements. (…) Certains d’entre eux, notamment les femmes, étaient embauchées pour travailler dans les maisons des Hongrois en tant qu’employées domestiques. Étant donné que les Rroms n’avaient pas de terres, ils étaient obligés d’accepter tout ce qui leur était proposé par la population majoritaire (…) Lorsqu’ils étaient embauchés pour faire des travaux domestiques ou dans l’agriculture, les Rroms avaient de fait un statut de serfs » [4].
Un génocide « oublié » ?
Vers les années 1930 la crise économique mondiale du capitalisme, la montée des nationalismes et des tendances profascistes dans tout le continent allaient avoir des conséquences terribles pour la population Rrom. Les préjugés s’accentueront et les actes racistes venant de bandes d’extrême droite ainsi que de l’État se multiplieront.
Outre le fait d’être les premiers à perdre l’emploi et/ou à être chassés des terres ou logements qu’ils occupaient, souvent pour les donner aux « nationaux », les Rroms seront perçus de plus en plus comme une charge pour l’État : « en Roumanie la taxonomie visait à séparer les Rroms ’’utiles’’ (un petit nombre de travailleurs de la métallurgie en province et d’artisans dans les villes, plus quelques musiciens) des ’’mendiants’’, des ’’agabonds’’, et des Rroms ’’primitifs’’ qui, par leur fort taux de reproduction, pourraient altérer la composition ’’pure’’ de la population roumaine (…) La conséquence de cette classification a été la déportation massive des populations rroms en Transnistrie (…) pendant la guerre » [5].
En effet, le régime pronazi d’Ion Antonescu en Roumanie enverra en 1942 25 000 Rroms (12% des 210 000 qui habitaient dans le pays jusqu’alors) dans des camps de concentration. 11 000 d’entre eux ne reviendront jamais. Au total, on estime que 230 000 Rroms sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale dans les camps de concentration. Des Rroms qui ne venaient pas seulement d’Europe de l’Est mais aussi des pays d’Europe de l’Ouest (plus de 30 000 Rroms étaient internés dans des camps de concentration en France).
Le silence qui pèse sur le génocide du peuple tsigane (l’Allemagne – ancienne RFA – ne l’a reconnu officiellement qu’en 1979) ne peut se comprendre sans constater la continuité de la discrimination et du racisme anti-Rrom qui imprègne encore aujourd’hui l’Europe. Un racisme qui s’exprime par des politiques discriminatoires dans les différents États, et qui a un passé : « Le préjugé, entretenu par d’incessantes répressions ’’officielles’’, a abouti à cet inquiétant paradoxe : être contre les Tsiganes c’est être avec la loi. Oui, le terrain propice à la ’’Solution finale’’ était parfaitement débroussaillé lorsque le national-socialisme s’empare du pouvoir en 1933. Toutes les exactions imaginables – à l’exception des chambres à gaz - avaient été prévues, décrites, mises en œuvre par d’autres gouvernements : déportation massive en Louisiane (France 1802), enlèvement des enfants tsiganes à leurs parents (Allemagne 1830), expulsions armées (Grande-Bretagne, 1912), interdiction de la langue ou des vêtements tsiganes (plusieurs régions de France, Espagne, Portugal), interdiction de mariage entre Tsiganes, du nomadisme ; automatisation du servage (Roumanie), dissolution des mariages entre Tsiganes et non-Tsiganes (Hongrie), confiscation de biens, interdiction de posséder un cheval, une roulotte, d’exercer certains métiers, d’acheter une maison (Portugal). Obligation de présenter un livret anthropométrique à toute réquisition (France). Projet de marquage au fer (Hongrie, 1909) ou de stérilisation (Norvège, 1930) » [6].
Pour compléter le tableau du racisme anti-Rrom généralisé, l’auteur des lignes qui précèdent rapporte le témoignage de survivants juifs de la Shoah concernant les Tsiganes : « professeur Hagenmuller : ’’les Tsiganes nous parurent avoir en gros deux caractéristiques : la passion du vol et celle de la musique’’. Professeur Charles Richet : ’’Quant aux Tsiganes, leur disparition totale n’eût affecté dans le camp qu’un petit nombre de philanthropes déterminés’’… » [7]. Si dans des témoignages sensés dénoncer la barbarie des camps de concentration nazis on peut trouver de tels jugements sur les Rroms, il n’est pas étonnant que le génocide de ce peuple soit autant méconnu, voire occulté.
Régimes staliniens : amélioration des conditions de vie et répression
La victoire sur l’armée nazie et la progression de l’Armée rouge depuis le front Est vers l’Ouest a permis à celle-ci d’instaurer, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans toute une série de pays d’Europe centrale et de l’Est des Etats ouvriers déformés et bureaucratisés.
La politique de ces régimes staliniens concernant les populations rroms avait comme axe leur sédentarisation et leur assimilation à l’ensemble de la population, en niant ainsi toute spécificité culturelle ou nationale. Leur politique d’industrialisation cependant allait permettre aux Rroms d’être embauchés dans les entreprises d’État et les fermes collectives. En Hongrie par exemple, le taux d’emploi parmi les hommes en âge de travailler en 1971 sera de 85%, peut-être le taux d’activité de la population rrom le plus élevé de leur histoire dans le pays. Néanmoins, les Rroms occuperont les places les moins qualifiées et effectueront en général les tâches les plus ingrates. Cela se répétera dans pratiquement tous les pays de la région.
Ces revenus stables permettront aux Rroms d’avoir accès au système de protection sociale, à l’éducation pour les enfants, à la formation professionnelle. Cependant, « fréquemment l’enseignement des enfants tziganes était dispensé dans des classes séparées ou bien, en invoquant leur « déficience », on les faisait participer à un programme d’enseignement spécialisé » [8]. Les enfants rroms étaient scolarisés dans la langue de la majorité et n’avaient pas de cours dans leur langue (ce qui n’était pas le cas des autres minorités nationales comme les Hongrois ou les Allemands en Roumanie).
Quant au problème du logement, la politique des différents gouvernements a permis de construire des maisons et des immeubles où les Rroms pouvaient habiter avec leurs familles. En quelques années seulement les bidonvilles rroms avaient disparus. Cependant, le confort de ces logements était souvent rudimentaire et, surtout, les Rroms étaient logés dans les mêmes immeubles, séparés du reste de la population. Dans d’autres cas comme en Roumanie, « dans les blocks de pavillons nouvellement construits par le pouvoir socialiste, ils étaient mélangés avec des agents de la police ou de l’armée, avec le double objectif de les contrôler et de les ’’civiliser’’ » [9].
De manière générale pendant la période stalinienne, les conditions de vie de la population rrom d’Europe de l’Est se sont améliorées. Et cela malgré le régime politique réactionnaire des bureaucraties des Partis Communistes. En quelque sorte, ces expériences laissaient entrevoir la potentialité de ce qu’un vrai État ouvrier pourrait faire pour sortir des populations marginalisées et discriminées, comme les Rroms, de leur misère séculaire. D’ailleurs, les bureaucraties staliniennes n’ont jamais été capables d’en finir avec les préjugés anti-Rroms qui existaient dans la société, et au contraire ces préjugés étaient souvent véhiculés par les institutions de l’État lui-même.
La restauration du capitalisme : un grand retour en arrière !
Vers la fin des années 1980 commence un processus de restauration du capitalisme dans les pays de l’ancien « bloc soviétique ». Les bureaucrates à la tête des Etats s’entredéchirent pour bien se positionner dans les entreprises à privatiser lors de l’ouverture des marchés nationaux aux capitaux impérialistes. Des milliers d’entreprises vont en effet être privatisées ou fermées, des millions de travailleurs se sont trouvés en quelques semaines seulement au chômage. La dégradation du niveau de vie de la population est généralisée pendant cette période dite de « transition » : « de presque nul qu’il était en Pologne, en Bulgarie, en Roumanie et en Hongrie, le taux de chômage varie aujourd’hui [1995] entre 10 et 16%. En Hongrie (…) le chômage a quintuplé en 1991. Du début 1990 à mars 1992, le nombre de sans-emploi est passé de 100 000 à plus de 4 millions (…) Le fardeau du chômage retombe pour une large part sur les jeunes et les femmes, mais il y a aussi manifestement une discrimination envers les minorités ethniques (…) Le chômage et l’inflation ont entraîné l’augmentation de la pauvreté au moment même où les généreux avantages sociaux du passé étaient réduits ou éliminés » [10].
Si pour les masses en général le bond en arrière, d’un point de vue économique, social et culturel, est phénoménal, pour la population rrom les dimensions sont tragiques. Comme pour les postes de travail les plus féminisés, les emplois occupés par les Rroms vont être les premiers à disparaître. En Hongrie par exemple, « l’ascension sociale, commencée par des succès spectaculaires mais bâtie sur des bases instables, s’est effondrée à la suite du changement de régime de 1990. L’industrie du bâtiment et l’industrie minière donnant du travail à la plupart des Tziganes étaient en crise. Ce sont aussi les Tziganes accomplissant le travail nécessitant le moins de compétence professionnelle, employés surtout comme manœuvre, qui furent les premiers à devenir inutiles dans les sociétés privatisées. En peu de temps, le niveau de vie de la majorité des familles tziganes a reculé jusqu’à son niveau antérieur de plusieurs décennies auparavant… » [11].
En Roumanie, la situation dans l’industrie est pratiquement la même que celle décrite pour la Hongrie. Mais à cela il faut ajouter que lors du processus de redistribution/reprivatisation de la terre en 1995, les Rroms sont encore exclus. Ainsi une enquête menée au début des années 1990 montrait que « 86,6% des femmes et 58% des hommes [rroms] n’auraient aucune qualification ; seul 1,8% de l’ensemble aurait atteint un niveau de qualification moyen ou élevé. 27% des jeunes seraient illettrés et 40% des enfants âgés de 8 ans n’auraient jamais fréquenté l’école ou auraient cessé d’y aller. Les témoignages concordent pour dénoncer la baisse du niveau de scolarité depuis 1990. La paupérisation qui touche déjà la majorité du pays atteint les Tsiganes de manière catastrophique : 87,5% n’auraient pas de quoi survivre (40,6%) ou à peine (46,9%). Et l’on ne peut guère dire que la situation se soit améliorée depuis lors ! » [12].
Certains auteurs parlent d’une « exclusion de type nouveau » qui touche les Rroms. En prenant l’exemple d’une zone rurale en Hongrie on remarque que « durant les périodes précédentes, les Gitans sont certes plus pauvres que les paysans, mais leurs activités économiques, échange de services ou production de biens, sont totalement intégrées au système économique local. Ce n’est déjà plus le cas à partir du milieu des années 1980. Les Gitans commencent alors à être considérés comme un groupe social inutile, dépendant des aides sociales et incapable de contribuer utilement à la collectivité. C’est la nature même de cette exclusion qui marque le changement le plus important. Durant les périodes de ségrégation précédentes, même lorsque les Gitans sont relégués dans des enclaves, ils continuent à entretenir des contacts quotidiens avec les paysans. (…) Au contraire, avec l’appauvrissement du village, la communauté gitane se voit coupée du monde extérieur » [13].
Effectivement, sans terre, ayant perdu leur emploi et sans avoir la possibilité d’en trouver un autre, dans un contexte de chômage de masse et d’augmentation des discriminations, la population rrom des pays d’Europe centrale et de l’Est est rentrée dans un processus accéléré de sous-prolétarisation et de paupérisation aiguë. Pour une grande partie d’entre eux (70%) le seul revenu stable vient des maigres allocations familiales, pensions de retraite ou d’invalidité octroyées par les États. D’autres doivent se débrouiller en ramassant de la ferraille et des matériaux recyclables, en vendant tout type d’objets à la sauvette, etc. D’autres encore sont obligés de mendier ou se dédier à des activités à la limite de la légalité, voire directement illégales.
Cette situation accompagnée d’une crise économique généralisée dans les pays de cette région préparaient le terrain pour l’accentuation des discours et des attaques racistes anti-Rroms. Ainsi, « en juin 1990, la descente des mineurs sur Bucarest dégénère en ratonnade dans les quartiers tsiganes de la capitale. Ce fait est précédé et suivi de pogroms anti-tsiganes en divers points du pays. Ceux-ci apparaissent essentiellement entre 1990 et 1991 : des maisons sont incendiées, des gens battus et expulsés de leur village. L’incident le plus violent a lieu à Hadareni, en septembre 1993, et se solde par la mort de quatre hommes, dont trois Tsiganes. Au total, on compte une trentaine d’affrontements locaux dont l’origine est souvent controversée mais qui débouchent toujours sur l’éviction des Tsiganes des localités touchées, sans que ceux-ci puissent faire valoir leurs droits auprès des autorités » [14].
Dans un tel contexte, il n’y a qu’une petite fraction de Rroms qui peuvent essayer de partir vers les pays d’Europe de l’Ouest. Souvent, ceux qui le font se trouvent déjà dans des conditions de vie très précaires et font face de plus en plus à la montée du racisme anti-tsigane. Un racisme dont l’imaginaire rétrograde trouve ses « sources d’inspiration » dans les préjugés les plus caricaturaux du XIXe siècle et des périodes les plus obscures de l’histoire de l’humanité comme les années 1930.
Crise économique et racisme
Il est connu qu’en période de crise, les classes dominantes essaient par tous les moyens de trouver des boucs émissaires pour dévier l’attention des masses des vrais causes de leurs souffrances. Souvent, on désigne les secteurs les plus exploités et opprimés, des secteurs perçus comme « étrangers » à la société. De cette façon la montée du racisme et du nationalisme est une conséquence logique, ou plutôt un corollaire de la politique de la bourgeoisie.
En Europe, où une crise économique d’ampleur historique se développe depuis plusieurs années, on ne peut que constater la montée de tendances politiques populistes d’extrême droite, la plus médiatisée étant peut-être Aube dorée en Grèce. Mais on pourrait mentionner aussi d’autres groupes fascisants moins connus comme Ataka en Bulgarie ou le Jobbik hongrois, la particularité de ces deux partis étant qu’ils ont progressé sur la base d’un discours violemment anti-Rrom.
Il est clair que ces discours servent les objectifs de la bourgeoisie, étant donné qu’ils contribuent à la division de la classe ouvrière et des opprimés en général dans la société. En ce sens, il n’est pas étonnant que des gouvernements et responsables politiques mettent en place des politiques discriminatoires visant clairement les Rroms. C’est le cas par exemple des mesures qui imposent le travail obligatoire pour les Rroms en Hongrie [15]. En France, on assiste depuis quelques années tous les étés à des surenchères racistes sur « le problème rrom » [16], et cela sans parler des expulsions et des démantèlements des campements rroms qui se font en totale impunité par les mairies et préfectures [17].
Mais les travailleurs et les couches populaires ne doivent pas se laisser tromper. Les mesures que l’on prend aujourd’hui contre les Rroms, les « profiteurs » des aides de l’État, les populations « inutiles », ne tarderont pas dans un contexte de crise à se retourner contre l’ensemble du prolétariat et des masses. Laisser passer, voire adhérer aux discours et mesures anti-Rrom prises par les différents gouvernements et administrations, ne fera que faciliter la tâche de la bourgeoisie d’attaquer l’ensemble des exploités.
Aujourd’hui, les Rroms apparaissent comme le bouc émissaire idéal pour les capitalistes de tout le continent européen. Comme on a essayé de le montrer tout au long de cet article, la situation de misère des Rroms n’a rien de « naturelle » ou d’« intrinsèque » à cette population. Elle est le résultat d’une combinaison de conditions sociales, économiques et politiques. Leur condition sociale est d’ailleurs loin de suivre une évolution linéaire. Au contraire, on a vu que les Rroms étaient capables d’intégrer le processus de production comme n’importe quelle couche de la population. Mais on a aussi vu qu’à chaque crise, à cause de la persistance des préjugés anti-Rroms, ces derniers étaient parmi les premiers « sacrifiés » et que leurs conditions de vie étaient profondément dégradées. Depuis la restauration du capitalisme en Europe de l’Est et, notamment à partir du déclenchement de la crise économique mondiale, on voit se répéter le même processus.
C’est en ce sens qu’il est fondamental que le mouvement ouvrier adopte la lutte contre l’anti-tsiganisme et contre tout type de racisme comme une partie essentielle de son action. C’est une tâche incontournable pour reconstruire l’unité des exploités et des opprimés contre les attaques des capitalistes !
22/12/2013.
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NOTES
[1] Gabriel Troc, « A State of Dispair : Roma (Gypsy) Population During Transition », 2002.
[2] « Les Tziganes/Roms en Hongrie », Ministère des affaires étrangères de Hongrie, Budapest, 2004 (http://www.mfa.gov.hu/NR/rdonlyres/4B99AAD3-E9CC-4AAF-81C3-C3DE23278D91/0/Roma_fr.pdf).
[3] Idem.
[4] « A State of Dispair… », op. cit.
[5] Idem.
[6] BERNADAC Christian, L’holocauste oublié. Le massacre des Tsiganes, Editions France-Empire, 1979, page 33-34.
[7] Idem, page 20-21.
[8] « Les Tziganes/Roms en Hongrie »…, op. cit.
[9] « A State of Dispair… », op. cit.
[10] Valentine MOGHADAM, « Restructuration économique, politiques identitaires et rapports sociaux de sexe en Europe centrale, de l’Est et au Moyen-Orient-Afrique du Nord » ; Recherches féministes, vol. 8, n° 1, 1995, p. 35-49.
[11] « Les Tziganes/Roms en Hongrie »…, op. cit.
[12] Reyniers Alain, « Migrations et déplacements des Roms de l’Est : l’exemple roumain », Confluences Méditerranées, 2001/3 N°38
[13] Ladányi János et Szelényi Iván, « La formation d’un sous-prolétariat rom. Enquête historique sur la condition des Gitans dans un village d’Europe centrale », Actes de la recherche en sciences sociales, 2005/5 no 160.
[14] « Migrations et déplacements… », op. cit.
[15] Voir : « Hongrie : le travail obligatoire imposé aux Rroms est une attaque contre tous les travailleurs ! » (http://www.ccr4.org/Hongrie-le-travail-obligatoire).
[16] Voir : « Sarkozy ou Hollande ? Pour les Roms non plus, ça ne fait pas de différence ! » (http://www.ccr4.org/Sarkozy-ou-Hollande-Pour-les-Roms-non-plus-ca-ne-fait-pas-de-difference) ou « Retour en force du racisme anti-Rrom : la bourgeoisie en campagne » (http://www.ccr4.org/Retour-en-force-du-racisme-anti-Rrom-la-bourgeoisie-en-campagne).
[17] Voir : « Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom » (http://www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom) ou « Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms » (http://www.ccr4.org/L-humain-d-abord-ou-l-application-pure-et-dure-des-directives-de-Valls-par-une-mairie-Front-de-Gauche-pour-expulser-les-Rroms).
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Oppression des Roms
Des familles roms agressées à l'acide à Paris
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Oppression des Roms
Les Roms ont-ils vocation à prendre le bus?
Témoignage de M. G. Faysal
Mercredi 19 mars 2014, vers 15 heures, dans la gare routière de la Courneuve, je fus témoin d’une discrimination raciste explicite et totalement décomplexée.
Le conducteur de la ligne veolia numéro 610 reliant La Courneuve à Sevran refusa clairement et simplement à un jeune homme et une personne âgée l’accès au bus. Le jeune homme protesta timidement en montrant les titres de transport qu’il s’apprêtait à composter, mais en vain : « Je ne prends pas de Roms dans mon bus » déclara fièrement le conducteur.
Très apeurées, honteuses, les deux personnes discriminées firent demi-tour ; lorsque je me mis à protester auprès du conducteur en parlant de plaintes et de poursuites, elles me prièrent d’arrêter visiblement effrayées par la perspective de voir cet événement peut-être banal pour elles, mais ô combien choquant pour moi, prendre des proportions qu’elles ne souhaitaient pas lui donner.
Il s’agit d’une discrimination raciste explicite, l’accès au bus - à un service public donc (la responsabilité de l’Etat - en principe antiraciste - est engagée même s’il s’agit d’une entreprise privée) ayant été refusé uniquement sur des critères physiques. Qu’il s’agisse là d’une conséquence de la stigmatisation des Roms assumée par plusieurs hauts responsables politiques français est une évidence. Les propos infamants de plus en plus banalisés tenus sur cette population autorisent implicitement, excusent par avance, voire encouragent purement et simplement de tels actes abjects, illégaux et absolument inacceptables.
Note de la rédaction:
Ce récit ne relate pas de faits exceptionnels. C’est malheureusement un comportement assez courant, chez les conducteurs de bus comme chez d’autres professionnels. Il nous rappelle d’une part l’histoire de Rosa Parks, cette femme noire qui dans l’Amérique ségrégationniste, le 1er décembre 1955 refusa de céder sa place dans le bus à un homme blanc.
Il nous pousse aussi à nous interroger: s’il est inacceptable de caillasser des bus, comme cela arrive parfois, l’est-il plus de se laisser traiter pire qu’un chien? Certainement pas.
Ainsi, si à l’avenir vous êtes témoin de ce genre de comportement et que cela vous est possible, merci de prendre un numéro de téléphone où la victime de discrimination peut être jointe et de nous le communiquer.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Oppression des Roms
Aulnay / Le Blanc-Mesnil (93) : expulsion du plus grand campement rrom de Seine-Saint-Denis
Publié le 15 mai 2014 |
Aulnay-sous-Bois | Rroms
Lundi 12 mai, plus de 700 Rroms ont été expulsé-e-s du plus grand bidonville de Seine-Saint-Denis, situé en bordure de l’autoroute A3, entre Aulnay-sous-bois et Le Blanc-Mesnil. Lu sur Squat.net.
Ouvert depuis l’été 2013, le campement était toutefois presque vide lorsque les flics sont arrivés lundi matin, car l’info était assez largement passée que l’expulsion aurait lieu ce jour-là.
Près de 200 flics ont quand même été mobilisés pour mettre en oeuvre la procédure d’expulsion. Pour l’occasion, une voie de l’autoroute a été fermée, ce qui a provoqué de gros embouteillages sur l’A3 et par répercussion sur l’A1.
http://paris-luttes.info/aulnay-le-blanc-mesnil-93
Invité- Invité
Re: Oppression des Roms
Un jeune Rom dans le coma après avoir été lynché
Edit : c'est amusant de voir les Valls, Cazeneuve et Cie s'indigner. Quelle bande d'hypocrites !
C'est vrai, ils n'ont nullement contribué à créer ce climat déplorable...
Edit : c'est amusant de voir les Valls, Cazeneuve et Cie s'indigner. Quelle bande d'hypocrites !
C'est vrai, ils n'ont nullement contribué à créer ce climat déplorable...
Pedrolito- Messages : 211
Date d'inscription : 30/04/2014
Re: Oppression des Roms
Le lynchage d’un jeune rrom, l’Etat est le principal responsable !
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Le-lynchage-de-Darius-l-Etat-est-le-principal-responsable
Depuis des années les responsables politiques, UMP et PS, à la tête de l’Etat impérialiste et raciste français, sont dans une sorte de compétition pour voir qui mène la campagne la plus stigmatisante à l’égard des Rroms. Vendredi 13 juin, ces discours nauséabonds ont eu leur corollaire tragique : un jeune rrom de 16 ans, Darius, a été retrouvé à Pierrefitte-sur-Seine sauvagement frappé sans doute par un groupe d’individus habitant son quartier. Un vrai lynchage. Darius était soupçonné d’avoir cambriolé un ou plusieurs maisons du quartier. Tous les partis politiques « condamnent » l’événement… y compris le FN. Le comble du « cynisme républicain » !
En effet, aussi bien les déclarations du président et de son gouvernement que les articles de presse contribuent à renforcer les préjugés anti-tsiganes et la stigmatisation de cette population. Ainsi, personne ne veut parler ouvertement de « crime raciste ». Plus encore, personne n’ose considérer Darius ouvertement comme une victime. Au contraire, toute la presse s’est empressée d’enquêter sur son passé, sur la façon dont il est arrivé en France, etc. C’est ainsi que l’on découvrira que Darius n’est pas son vrai nom, qu’il a fui un hôpital psychiatrique en Roumanie pour rejoindre sa famille en France et qu’il « serait connu des services de police » pour des faits de vol et de conduite sans permis. Le tout visait en fin de compte à confirmer la thèse du « Rrom hors-la-loi » et ainsi arriver à la conclusion : il a un peu cherché ce qu’il a subi !
Face aux protestations et dénonciations de divers intellectuels et associations, certains demandent à ce qu’on ait « établi tous les faits » avant de parler de « crime raciste », comme un éditorialiste à Libération le fait en réponse à une tribune d’Eric Fassin publiée par ce journal. Ainsi on peut lire : « Asséner comme le fait Fassin (…) qu’il s’agit d’un crime raciste ne repose, à ce jour, sur aucun fait avéré » [1]. Ce cynisme est accompagné d’intrigues sur les « vraies » raisons de l’événement. On se demande si le lynchage relève d’une « vengeance personnelle » ou même d’un règlement de compte entre les Rroms eux-mêmes. Encore plus sinistres sont les journalistes qui se demandent pourquoi les Rroms sont réticents à appeler la police !
Quoi qu’il en soit, la seule chose dont on est sûr c’est que Darius était accusé d’avoir commis un vol par les voisins d’un quartier populaire délaissé depuis des années, accusation sans aucune preuve, et que ce groupe d’habitants aurait menacé les rroms qui vivaient avec Darius de « mettre le feu au campement » s’ils prévenaient la police. Or, ces soupçons sans preuves de criminalité et ces menaces de « punition collective » ne deviennent possibles que dans un contexte préparé au préalable, où le parallèle entre les Rroms et le crime est déjà établi par de forts préjugés renforcés par des discours d’hommes et femmes politiques et par l’application de politiques d’Etat xénophobes.
Nier le caractère raciste du crime, un enjeu politique
Il serait complètement faux d’essayer d’expliquer cet acte barbare dont Darius a été victime à travers simplement les résultats du FN aux dernières élections et à la montée de l’extrême-droite en général. Certes, le FN fait de grands efforts pour asperger la société de son poison pestilent raciste et xénophobe. Mais il ne faut pas se tromper, ce n’est pas le FN le principal vecteur de racisme dans ce pays, mais les autorités de l’Etat français lui-même ! Et cela à tous les niveaux.
En effet, même certains partis de « la gauche de la gauche », comme les composantes du Front de Gauche, mènent activement des expulsions de « camps » de Rroms, comme on a pu le voir récemment à Saint-Ouen. Ainsi ils participent de la stigmatisation des Tsiganes et alimentent l’anti-tsiganisme qui se développe depuis des années en France.
Dans ce contexte on comprend beaucoup mieux l’intérêt de nier le caractère raciste du lynchage de Darius. Comme l’affirme Eric Fassin dans sa tribune à Libération : « occulter le racisme du lynchage, c’est renoncer à chercher, au-delà des coupables, les responsables. Autrement dit, c’est dénier la responsabilité des politiques dans la montée de la romaphobie : si cet acte n’a rien à voir avec le racisme, alors, politiquement, il n’y a rien à voir. Pourtant, dans le discours public, les « dérapages » sont si nombreux, et tellement délibérés, qu’il convient de parler d’un véritable glissement de terrain. De Claude Guéant, parlant en septembre 2012 de « minorités très criminogènes », à son successeur à l’Intérieur, Manuel Valls, affirmant en mars 2013 dans le Figaro que les Roms refusent de s’intégrer "parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution", l’ancienne majorité et la nouvelle se retrouvent au moins sur un point : la stigmatisation » [2].
Monter les pauvres contre les pauvres
De façon bien regrettable, le crime contre Darius n’est pas un cas isolé. La banalisation du racisme anti-rrom et même, comme dénoncent certaines associations, la « déshumanisation » des Rroms a comme résultat l’encouragement à passer à l’acte. On constate d’ailleurs une augmentation des agressions à leur encontre : « En juillet 2013, une quinzaine de personnes armées de barres de fer, de battes de base-ball et casquées ont débarqué dans un camp de Roms situé à proximité du Stade de France, à Saint-Denis. Un mois auparavant, toujours en Seine-Saint-Denis, à Rosny-sous-Bois, près de 200 riverains avaient marché jusqu’à l’entrée d’un campement de Roms derrière une banderole : « L’expulsion, c’est maintenant ». (…) Le 8 juin, trois cocktails Molotov étaient lancés sur le village d’insertion de familles Roms à Hellemmes, dans le Nord. Même scénario à Montreuil en avril 2013. A Marseille, depuis deux ans, les populations roms sont régulièrement la cible d’agressions verbales et physiques. En octobre 2012, une trentaine d’habitants et riverains de la cité des Créneaux, dans le 15e arrondissement, avaient contraint à la fuite des familles roms installées à proximité. Ils avaient ensuite incendié les restes de leurs campements (…) Plus récemment, à Paris, la justice a relaxé un homme soupçonné d’avoir jeté un produit corrosif sur le matelas que des Roms avaient installé près de son domicile » [3].
Parmi ceux qui participent de ces attaques contre les Rroms il y a sans doute un nombre important d’éléments profondément réactionnaires. Mais sans doute beaucoup de travailleurs et de jeunes des quartiers populaires sont persuadés que les populations tsiganes, dont une partie importante compose un véritable sous-prolétariat vivant dans une pauvreté affreuse, sont en partie responsables de leurs souffrances quotidiennes. Et c’est surement cela le plus dramatique des événements de ce vendredi 13 juin à Pierrefitte.
Evidemment, ici il ne s’agit pas de donner une vision « angélique » des Rroms, ni des pauvres en général ; il ne s’agit pas non plus de nier que des crimes puissent être commis par des pauvres contre des pauvres. Mais ce que nous cherchons à montrer c’est que la source de ces faits regrettables réside dans la décomposition sociale engendrée par la misère que les capitalistes imposent aux couches populaires de la société et non dans les « caractéristiques innées » de tel ou tel groupe social ou national.
Pour nous, la lutte contre le racisme anti-tsigane (ainsi que les autres) n’est pas simplement une lutte démocratique, antiraciste, mais une lutte pour la défense de nos frères et sœurs de classe. Renforcer l’anti-tsiganisme et le racisme en général c’est renforcer l’idéologie de la classe dominante, c’est renforcer la bourgeoisie et le capitalisme pour mieux écraser l’ENSEMBLE des couches populaires !
26/6/2014.
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NOTES
[1] Libération, « Attendons les faits », 24/6/2014.
[2] Eric Fassin, « Rien à voir ? D’Ilan à Darius », Libération, 24/6/2014.
[3] Le Monde, « Les agressions contre les Roms en augmentation », 17/6/2014.
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Le-lynchage-de-Darius-l-Etat-est-le-principal-responsable
Depuis des années les responsables politiques, UMP et PS, à la tête de l’Etat impérialiste et raciste français, sont dans une sorte de compétition pour voir qui mène la campagne la plus stigmatisante à l’égard des Rroms. Vendredi 13 juin, ces discours nauséabonds ont eu leur corollaire tragique : un jeune rrom de 16 ans, Darius, a été retrouvé à Pierrefitte-sur-Seine sauvagement frappé sans doute par un groupe d’individus habitant son quartier. Un vrai lynchage. Darius était soupçonné d’avoir cambriolé un ou plusieurs maisons du quartier. Tous les partis politiques « condamnent » l’événement… y compris le FN. Le comble du « cynisme républicain » !
En effet, aussi bien les déclarations du président et de son gouvernement que les articles de presse contribuent à renforcer les préjugés anti-tsiganes et la stigmatisation de cette population. Ainsi, personne ne veut parler ouvertement de « crime raciste ». Plus encore, personne n’ose considérer Darius ouvertement comme une victime. Au contraire, toute la presse s’est empressée d’enquêter sur son passé, sur la façon dont il est arrivé en France, etc. C’est ainsi que l’on découvrira que Darius n’est pas son vrai nom, qu’il a fui un hôpital psychiatrique en Roumanie pour rejoindre sa famille en France et qu’il « serait connu des services de police » pour des faits de vol et de conduite sans permis. Le tout visait en fin de compte à confirmer la thèse du « Rrom hors-la-loi » et ainsi arriver à la conclusion : il a un peu cherché ce qu’il a subi !
Face aux protestations et dénonciations de divers intellectuels et associations, certains demandent à ce qu’on ait « établi tous les faits » avant de parler de « crime raciste », comme un éditorialiste à Libération le fait en réponse à une tribune d’Eric Fassin publiée par ce journal. Ainsi on peut lire : « Asséner comme le fait Fassin (…) qu’il s’agit d’un crime raciste ne repose, à ce jour, sur aucun fait avéré » [1]. Ce cynisme est accompagné d’intrigues sur les « vraies » raisons de l’événement. On se demande si le lynchage relève d’une « vengeance personnelle » ou même d’un règlement de compte entre les Rroms eux-mêmes. Encore plus sinistres sont les journalistes qui se demandent pourquoi les Rroms sont réticents à appeler la police !
Quoi qu’il en soit, la seule chose dont on est sûr c’est que Darius était accusé d’avoir commis un vol par les voisins d’un quartier populaire délaissé depuis des années, accusation sans aucune preuve, et que ce groupe d’habitants aurait menacé les rroms qui vivaient avec Darius de « mettre le feu au campement » s’ils prévenaient la police. Or, ces soupçons sans preuves de criminalité et ces menaces de « punition collective » ne deviennent possibles que dans un contexte préparé au préalable, où le parallèle entre les Rroms et le crime est déjà établi par de forts préjugés renforcés par des discours d’hommes et femmes politiques et par l’application de politiques d’Etat xénophobes.
Nier le caractère raciste du crime, un enjeu politique
Il serait complètement faux d’essayer d’expliquer cet acte barbare dont Darius a été victime à travers simplement les résultats du FN aux dernières élections et à la montée de l’extrême-droite en général. Certes, le FN fait de grands efforts pour asperger la société de son poison pestilent raciste et xénophobe. Mais il ne faut pas se tromper, ce n’est pas le FN le principal vecteur de racisme dans ce pays, mais les autorités de l’Etat français lui-même ! Et cela à tous les niveaux.
En effet, même certains partis de « la gauche de la gauche », comme les composantes du Front de Gauche, mènent activement des expulsions de « camps » de Rroms, comme on a pu le voir récemment à Saint-Ouen. Ainsi ils participent de la stigmatisation des Tsiganes et alimentent l’anti-tsiganisme qui se développe depuis des années en France.
Dans ce contexte on comprend beaucoup mieux l’intérêt de nier le caractère raciste du lynchage de Darius. Comme l’affirme Eric Fassin dans sa tribune à Libération : « occulter le racisme du lynchage, c’est renoncer à chercher, au-delà des coupables, les responsables. Autrement dit, c’est dénier la responsabilité des politiques dans la montée de la romaphobie : si cet acte n’a rien à voir avec le racisme, alors, politiquement, il n’y a rien à voir. Pourtant, dans le discours public, les « dérapages » sont si nombreux, et tellement délibérés, qu’il convient de parler d’un véritable glissement de terrain. De Claude Guéant, parlant en septembre 2012 de « minorités très criminogènes », à son successeur à l’Intérieur, Manuel Valls, affirmant en mars 2013 dans le Figaro que les Roms refusent de s’intégrer "parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution", l’ancienne majorité et la nouvelle se retrouvent au moins sur un point : la stigmatisation » [2].
Monter les pauvres contre les pauvres
De façon bien regrettable, le crime contre Darius n’est pas un cas isolé. La banalisation du racisme anti-rrom et même, comme dénoncent certaines associations, la « déshumanisation » des Rroms a comme résultat l’encouragement à passer à l’acte. On constate d’ailleurs une augmentation des agressions à leur encontre : « En juillet 2013, une quinzaine de personnes armées de barres de fer, de battes de base-ball et casquées ont débarqué dans un camp de Roms situé à proximité du Stade de France, à Saint-Denis. Un mois auparavant, toujours en Seine-Saint-Denis, à Rosny-sous-Bois, près de 200 riverains avaient marché jusqu’à l’entrée d’un campement de Roms derrière une banderole : « L’expulsion, c’est maintenant ». (…) Le 8 juin, trois cocktails Molotov étaient lancés sur le village d’insertion de familles Roms à Hellemmes, dans le Nord. Même scénario à Montreuil en avril 2013. A Marseille, depuis deux ans, les populations roms sont régulièrement la cible d’agressions verbales et physiques. En octobre 2012, une trentaine d’habitants et riverains de la cité des Créneaux, dans le 15e arrondissement, avaient contraint à la fuite des familles roms installées à proximité. Ils avaient ensuite incendié les restes de leurs campements (…) Plus récemment, à Paris, la justice a relaxé un homme soupçonné d’avoir jeté un produit corrosif sur le matelas que des Roms avaient installé près de son domicile » [3].
Parmi ceux qui participent de ces attaques contre les Rroms il y a sans doute un nombre important d’éléments profondément réactionnaires. Mais sans doute beaucoup de travailleurs et de jeunes des quartiers populaires sont persuadés que les populations tsiganes, dont une partie importante compose un véritable sous-prolétariat vivant dans une pauvreté affreuse, sont en partie responsables de leurs souffrances quotidiennes. Et c’est surement cela le plus dramatique des événements de ce vendredi 13 juin à Pierrefitte.
Evidemment, ici il ne s’agit pas de donner une vision « angélique » des Rroms, ni des pauvres en général ; il ne s’agit pas non plus de nier que des crimes puissent être commis par des pauvres contre des pauvres. Mais ce que nous cherchons à montrer c’est que la source de ces faits regrettables réside dans la décomposition sociale engendrée par la misère que les capitalistes imposent aux couches populaires de la société et non dans les « caractéristiques innées » de tel ou tel groupe social ou national.
Pour nous, la lutte contre le racisme anti-tsigane (ainsi que les autres) n’est pas simplement une lutte démocratique, antiraciste, mais une lutte pour la défense de nos frères et sœurs de classe. Renforcer l’anti-tsiganisme et le racisme en général c’est renforcer l’idéologie de la classe dominante, c’est renforcer la bourgeoisie et le capitalisme pour mieux écraser l’ENSEMBLE des couches populaires !
26/6/2014.
------------------------
NOTES
[1] Libération, « Attendons les faits », 24/6/2014.
[2] Eric Fassin, « Rien à voir ? D’Ilan à Darius », Libération, 24/6/2014.
[3] Le Monde, « Les agressions contre les Roms en augmentation », 17/6/2014.
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Oppression des Roms
Le jeune rom lyncher serait secretement mort Source , alors que le Figaro (encore lui) nous énonce L'état du jeune Rom lynché en amélioration.
J'ai téléphonée a l’Hôpital ont ma passer a une personne qui ma plutôt envoyer chié (normale)..
Donc l'info est pas sur, pour le moment d’apprêt le figaro..
Se qui me dérange en cas ou le Figaro se trompe (se que je ne souhaite pas), c'est évidement le mensonge présumé de mieux être de Darius.
DARIUS serait mort depuis hier matin, et l'AFP n'est pas au courant ?
J'ai téléphonée a l’Hôpital ont ma passer a une personne qui ma plutôt envoyer chié (normale)..
Donc l'info est pas sur, pour le moment d’apprêt le figaro..
Figaro a écrit:médecins de l'hôpital Lariboisière, à Paris, "ont commencé à réduire la dose de sédatif" qui maintient le jeune homme de 16 ans dans un coma artificiel.
Se qui me dérange en cas ou le Figaro se trompe (se que je ne souhaite pas), c'est évidement le mensonge présumé de mieux être de Darius.
DARIUS serait mort depuis hier matin, et l'AFP n'est pas au courant ?
Denis Robert a écrit:
Face de bouc??? source
Je suis emmerdé et dans l'expectative. Heureusement que dans mon message, j'avais précisé "je peux me tromper, mais...". A lire les nouvelles tombées cette nuit et la dépêche AFP indiquant que le jeune rom n'était pas mort et qu'on avait réduit sa dose de sédatif, je dois reconnaître ici que j'ai été vraisemblablement induit en erreur et m'en excuse auprès de vous. J'ai quand même un doute lié à ce qui s'est passé en coulisse depuis jeudi. Je voudrai brièvement rappeler comment et pourquoi j'ai été amené à publier mon précédent message.
Première étape, jeudi soir. Je reçois un appel vers 22h d'un abonné à ma page (il m'indique qu'il m'appelle de la part "d'un flic enquêtant sur le tabassage du jeune rom".) Il m'explique que le jeune homme serait décédé depuis le (jeudi) matin 6h et s'étonne que l'info ne sorte pas. Notre conversation dure une minute et il finit par me dire qu'il est lui-même flic et prend un gros risque à me parler.
Le lendemain matin, vers dix heures, je reçois ici sur FB un message d'un journaliste ami m'indiquant la même chose. Il travaille dans un grand media me lit son papier que son red chef bloque (sur consigne de l'Intérieur, dit-il). Il demande à sa source de me contacter. Une heure plus tard, cette source (fiable) me confirme l'info m'indiquant que le garçon est en "état de mort clinique" et que l'hôpital ne le débranche pas parce qu'il n'a pas de famille, qu'il est orphelin et échappé d'un HP.
Il trouve "dégueulasse que les médias ferment leur gueule". Dans la foulée, mon ami journaliste me rappelle et me dit que ce serait bien que je publie l'info sur ma page FB. Il me prévient que la police va démentir.
Je suis à deux doigts de le faire, mais j'appelle un copain qui a un poste disons important dans un Ministère qui n'est pas l'Intérieur. Je lui raconte l'histoire qu'il découvre. Il me rappelle une heure après et me tient à peu près ce discours: "C'est chaud. Cazeneuve et Valls drivent l'affaire. Je n'ai pas la confirmation de la mort mais si j'ai bien compris, ils veulent annoncer l'arrestation des coupables avant le décès.
- Mais il est mort ou pas?
- Je ne sais pas, ils ne veulent rien dire.
- S'il était vivant, ils te le diraient?
- Oui".
Je ne me contente pas de ça. J'appelle un de mes amis à l'AFP qui me dit que chez eux aussi, il y a "débat", qu'ils ont failli annoncer son décès mais que sans source officielle, ils ne peuvent pas. Un autre de mes amis journalistes appelle Lariboisière et pose la question du décès. L'hôpital n'infirme pas, ne confirme pas non plus. C'est une position constante de l'hôpital depuis l'hospitalisation du jeune rom. D'habitude, ils sont plus loquaces. je me dis "merde, s'il était vivant l'hôpital le dirait". C'est d'ailleurs cet élément-là que je trouve le plus tangible. Pourquoi Lariboisière ne communique pas clairement sur le cas Darius? Eux aussi ont-ils des consignes de l'Intérieur?
Toutes les sources liées à cette histoire viennent du parquet de Bobigny ou d'une avocate qui parle au nom de parents (qui n'existeraient donc pas vraiment puis qu'il serait orphelin).Ses sources officielles sont donc liées à des parties qui ont des intérêts particuliers quant à la gestion de l'information.
Par ailleurs, le jeune Darius ne s'appellerait pas Darius mais Ghorge.
Donc vendredi, après réflexion, je publie le message que vous savez et que vous pouvez lire plus bas (et qui a été téléchargé 873 fois). J'aurais peut être du la fermer ou être encore plus prudent. Je ne sais pas. En même temps, si on me relit j'ai pris des précautions. En même temps, je suis heureux de savoir que la santé de Darius s'améliore. Mais comment vous dire ça sans m'attirer à nouveau les foudres des professionnels de la profession? J'ai toujours un vieux doute car j'ai beau me creuser, je ne vois pas l'intérêt d'avoir inventé cette histoire si elle n'avait pas un fond de vérité.
Je vous tiendrai au courant ici des suites de tout cela.
https://fr.news.yahoo.com/létat-santé-jeune-rom-lynché-seine-saint-denis-194015484.html
Invité- Invité
Re: Oppression des Roms
https://www.youtube.com/watch?v=GzoElXjDhUs
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Oppression des Roms
A Montpellier, un syndicat FO de conducteurs de bus, en cheville avec le FN, réclame une navette spéciale pour les Roms. Le syndicat CGT dénonce cette campagne abjecte.
http://www.liberation.fr/societe/2015/04/08/a-montpellier-un-syndicat-propose-une-navette-speciale-pour-les-roms_1237215
http://www.liberation.fr/societe/2015/04/08/a-montpellier-un-syndicat-propose-une-navette-speciale-pour-les-roms_1237215
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Oppression des Roms
Darius, le jeune Rom lynché à Pierrefitte, se retrouve à la rue
19 Août 2014, 19h30 | MAJ : 19 Août 2014, 21h35
http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/darius-le-jeune-rom-lynche-a-pierrefitte-se-retrouve-a-la-rue-19-08-2014-4073535.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F
intox: http://blogs.mediapart.fr/blog/nounourse/200614/darius-serait-mort-depuis-hier-matin-et-lafp-nest-pas-au-courant
Invité- Invité
Re: Oppression des Roms
Le 16 et le 17 mai à St Denis, en banlieue parisienne, avait lieu Insurrection Gitane
http://blogs.mediapart.fr/blog/jacques-debot/170515/romstorie-quelques-lignes-en-memoire-de-la-revolte-des-rroms-auschwitz-le-16-mai-1944Quelques lignes en mémoire de la révolte des Rroms à Auschwitz le 16 mai 1944
17 mai 2015 | Par Jacques DEBOT
Les Tsiganes pourrissaient depuis des mois et des mois derrière les grillages, nourris de pain moisi, de raves et de choux.
Les vieux s’enfermaient dans la fièvre et la folie, de jour en jour criaient des imprécations, passaient de la colère aux prières, des prières au délire, cognaient comme des chevaux les bat-flancs des châlits, contemplaient, ravis, la braise dure et blanche des grands feux de bois secs apportés par les hautes eaux de l’hiver sur ces terrains de sable et d’acacias, près de Klüsserath où se mêlent et s’affluentent la Salm et la Moselle. Leur agonie se réchauffait au souffle exalté du récit des grands moments de l’existence.
L’enfant qui venait les désoiffer d’un peu d’eau subissait le reproche de leur avoir vendu, trente ans auparavant, une jument convulsionnaire qui s’était couchée sur la route, fracassant la limonière et les harnais…
Hallucinées par la faim, les grands-mères se plaignaient de manquer de vin rouge pour attendrir la viande de ces lapins de garennes très puants, recommandaient l’échalote et l’oseille et refusaient la cive pour le poisson de rivière, mais pas les écrevisses, promettaient pour dimanche des pigeonneaux fourrés de hachis maigre, des escargots par centaines, des bons schnekes au beurre de ferme, aillés d’ail sauvage et poivrés de ce beau poivre rouge et pas cher que vendaient les vieux épiciers juifs à la frontière autrichienne.
Avec des histoires d’ours et de chat, des fillettes décharnées endormaient les petits qui n’avaient plus de mères, abattues par les soldats. Un docteur venait parfois les voir et moquait leur terreur par des grimaces de singe, puis reprenait sa figure sévère et sa seringue pour infecter leur petit corps de piqures qui les rendaient malades.
Le kapo les alignaient contre un mur du block pour les faire grimper un à un sur une table et commandait d’ouvrir la bouche. Suivi par ses grands prisonniers polonais, trois têtes rouges avec des yeux de chiens, toujours les mêmes taciturnes et circonspects qui portaient la table et la sacoche aux instruments, le docteur emmenait un petit frère, une petite sœur qu’on ne revoyait jamais.
Harcelés, affamés, battus par les kapos, rongés de fièvres et tourmentés sans répit, les Tsiganes mourraient et ceux qui ne mourraient pas devenaient fous, sarclaient au sang leur peau tavelée d’ulcères, dévorée par la gale, leur tête mangée aux poux. Ils s’éveillaient de ces rêves infernaux pour s’immerger dans la récitation des prières dont la musicalité soignait leurs tourments par le réconfort douloureux du souvenir des grandes retrouvailles chaque année, dans les villes de pèlerinage assidus.
Les musiciens étaient morts et les prominentz réclamaient les violons qu’on avait brûlés par le feu, car même dans les camps, la coutume est la coutume et les affaires des morts suivent les Tsiganes dans la mort.
On espérait un peu de sursis d’un excès de malheur, on espérait des convois, des rafles et des arrivages de nains, de jumeaux, de bancals et d’œils-de-crasse. Les jumeaux intéressaient particulièrement le docteur qui les tuait pour scier les crânes, désosser leur petit corps, fouiller le cerveau, les nerfs et les viscères où il imaginait découvrir un hypothétique secret de la gémellité qui aurait pu permettre à sa race nazie de se multiplier deux fois plus vite. Ainsi, il aurait accéléré le peuplement de leur espace vital.
Depuis plus d’un mois, depuis le train de Byalistok, on ne vivait plus que dans la tourmente. Des Rroms polonais et lituaniens, tout un convoi qui avait souffert des coups et des privations, dont beaucoup étaient malades du typhus, avaient été poussés dans les chambres à gaz et incinérés. On n’avait plus besoin des Tsiganes, ni pour le travail ni pour les docteurs. Les Russes, de source sûre, connaissaient le projet de liquider le camp tsigane, le Zigeunerlager.
L’inquiétude se propageait, mais les Tsiganes n’avaient pas brulé les violons des musiciens, courant le risque mortel de cacher la vérité aux prominentz, de nier la mise en sûreté des instruments emmaillotés avec précaution et dissimulés dans les charpentes, car ils savaient depuis longtemps que les prisonniers russes guignaient ces violons pour une commande dont ils ne diraient jamais un mot de plus.
Les violons en question furent vendus pour des pelles et des fourches, du fil de fer, des clous de charpente et de gros écrous de moteurs de camions. Les femmes ont déterré l’or enseveli, et l’or aussi fut échangé pour du fer et des lames fourbies, et sur ce fer ils ont juré la mort, ils ont juré le sang.
Et quand, le blocksperre, le couvre-feu, le bouclage et l’interdiction de sortir des baraques fut instauré, ils ont attendu les kapos avec des fourches et les ont piqués aux poumons, étranglés au fil de fer et assommé leurs chiens enragés pour aller défier les mitrailleuses avec des pelles de terrassiers, depuis des semaines soigneusement aiguisées.
Soixante et onze ans après ce jour du 16 mai 1944, les familles et les descendants de ces Tsiganes courageux ont tenu à leur rendre honneur dans la plupart des capitales et des grandes villes d’Europe.
Comme hier samedi 16 et aujourd’hui dimanche 17/05/2015 à St Denis, en banlieue parisienne, ils perpétuent chaque année l’histoire de nos vieux parents martyrisés, affaiblis, malades et démunis qui trouvèrent la volonté et la force de se révolter, de faire hésiter les bourreaux. http://www.insurrection-gitane.com/
Que leur mémoire sur la terre entière brille comme le beau feu nomade aux braises blanches et dures sur les rives de la Moselle.
Que les élus notre pays se souviennent aussi que ce sont les descendants de ces martyrs et de ces héros inconnus qu’ils maltraitent et pourchassent, dont ils détruisent chaque jour à la pelleteuse les précaires habitations.
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
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