Le Front de Gauche et les Rroms
Page 1 sur 1
Le Front de Gauche et les Rroms
Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom
Flora Carpentier
Source: http://www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom
Depuis plusieurs années, on a vu apparaître dans le paysage périurbain d’étonnantes collines de terre mêlée à toutes sortes de détritus, matériaux, jouets d’enfants…, des tranchées creusées sur des centaines de mètres, ou encore des multitudes de blocs de béton dispersés sous les bretelles d’autoroute… autant de procédés visant à empêcher les occupations illégales sur des interstices urbains dont personne n’aurait osé imaginer qu’ils puissent faire l’objet d’une quelconque convoitise. Autant de traces qui peinent à camoufler l’extrême brutalité des gouvernements successifs et de leurs relais à échelle locale.
Installations, expulsions, réoccupations… ou le « nomadisme forcé » des Rroms
Suite aux violents démantèlements de campements de Rroms qui ont eu lieu tout l’été notamment en Seine-Saint-Denis, conformément aux directives de Manuel Valls [1], des centaines de familles, dont de nombreux enfants, se sont peu à peu repliées sur la zone industrielle des Docks de Saint-Ouen, pour y reconstruire leurs cabanes détruites à coups de pelleteuse. Mais la peur de l’expulsion est omniprésente : « on ne sait pas où aller, en Roumanie il n’y a pas de travail, il n’y a même pas de ferraille, ici on peut ramasser la ferraille… », s’exclame une habitante. Et se désolant « dans ma maison il fait chaud, regardez... dehors il fait froid, et ici il y a plein d’enfants, des bébés, où on va aller ? ». Le campement compterait aujourd’hui environ 900 personnes, ce qui commence sérieusement à faire tache pour la ville qui s’efforce depuis des mois de montrer un tout autre visage aux populations des classes moyennes - voire aisées - qu’elle prétend attirer dans son vaste éco-quartier en chantier, les Docks de Saint-Ouen. D’autant plus que les campements Rroms, la mairie de Saint-Ouen en a déjà connu. En effet, les Docks avaient déjà accueilli entre 2006 et 2008 ce que certains journaux qualifiaient à l’époque du « plus grand bidonville de France », occupé par quelques 600 Rroms originaires de Roumanie et de Bulgarie [2]. Déjà à l’époque, la maire PCF Jacqueline Rouillon [3] avait vu ses projets immobiliers menacés et en avait appelé à l’Etat pour intervenir. En plein été 2008, sous l’ère Sarkozy, le campement avait été évacué par les forces de police et entièrement rasé, certaines familles rapatriées dans leur pays d’origine, les autres se dispersant sur le territoire.
L’exclusion en mode Front de Gauche
Expérimentée en la matière, la maire de Saint-Ouen n’a donc pas tardé à réagir après les premières (ré)occupations, saisissant le préfet le 16 juillet, et renouvelant son appel par un communiqué en date du 28 août : « la Ville souhaite qu’une réaction la plus rapide possible ait lieu afin que ce campement cesse et qu’il ne se transforme pas en un vaste bidonville insalubre ». Mais lorsque l’exclusion vient de « la gauche », il faut la jouer tout en finesse, aussi la mairie s’est dit « attentive à la situation d’urgence sociale et humaine des populations Rroms installées sur son territoire », et a souhaité alerter des « dangers liés à l’errance d’enfants à proximité des voies de chemin de fer ». Autant de démagogie quand on sait que la mairie n’a pas manifesté la moindre inquiétude quant au sort des enfants Rroms renvoyés par la force dans leur pays d’origine à la suite du démantèlement de camp des Docks en 2008.
Mais par chance pour la mairie, une plainte a émané ces dernières semaines, qui légitimerait l’évacuation du campement : celui-ci empièterait sur une voie ferrée desservant une centrale de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU), qui alimente en chauffage une partie des hôpitaux, crèches et logements de Paris. On apprend même que la chaufferie a été obligée ces derniers temps de s’approvisionner en charbon par camions, ce qui représente un coût plus élevé par rapport au transport ferroviaire. Étonnant que personne n’ait soulevé ce "problème" plus tôt, d’autant plus que la mairie fait beaucoup d’effort de communication sur ce camp depuis le mois de juillet. Peut-être parce que ce "problème" est imaginaire ? C’est ce que suggère l’association La Voix des Rroms, pour qui le campement n’empiète nullement sur lesdites voies, et ne serait pas à l’origine du transport par camions. Toujours est-il qu’alors que le froid est déjà bien installé sur la capitale, de nombreux journaux ont véhiculé la crainte d’une panne d’alimentation en chauffage si le campement n’était pas évacué. Il ne manquerait plus que des patients meurent de froid dans les hôpitaux parisiens et que l’on accuse encore une fois les Rroms !
Alors que le tribunal de grande instance de Bobigny a ordonné le 2 octobre l’évacuation du campement d’ici un délai de deux mois, mettant à la rue des centaines de famille à la veille de l’hiver, Rouillon est allée encore plus loin, estimant ce délai trop long et en appelant à Manuel Valls afin de s’assurer que le démantèlement soit effectif, et cela avant le 12 décembre. Une politique tellement de droite que la préfecture de Bobigny s’est vu obligée d’expliquer qu’une évacuation en plein mois de décembre de quelques 900 personnes avec leurs matelas et leurs enfants sous le bras ferait scandale et que « les camions de charbon, c’est moins emmerdant » [4].
Quand une mairie« de gauche » s’attèle à l’« insertion » des Rroms
Selon la mairie de Saint-Ouen, « la question de l’accueil des populations roms ne pourra être correctement traitée que dans le cadre d’une politique globale d’insertion en faveur de cette population marginalisée à l’échelle nationale et européenne ». On pourrait presque tomber d’accord sur une telle affirmation, à moins de n’observer de plus près ce qu’entendent les mairies Front de Gauche par « insertion ». Car à ce sujet, la mairie de Saint-Ouen, a déjà donné. Trop, même. En effet, l’évacuation du bidonville des Docks en 2008 avait été accompagnée d’une grande campagne de communication sur l’insertion des familles Rroms, qui s’est matérialisée à l’époque par la mise en place d’un « village d’insertion », dispositif expérimenté par plusieurs communes voisines, réservé à une vingtaine de familles triées sur le volet et logées dans des caravanes. Parqué en pleine zone industrielle et encerclé de parois en béton, le « village » gardienné 24h/24 et placé sous le feu de projecteurs dignes d’un stade avait plus des allures d’un camp de prisonniers. D’ailleurs, l’accès était formellement interdit à toute personne n’étant pas officiellement bénéficiaire de l’initiative, y compris aux membres de la famille des habitants. Le dispositif, cofinancé par l’Etat et la mairie, prévoyait la scolarisation des enfants. Mais si on l’évoque au passé, c’est que l’Etat a cessé de financer l’expérience en mars 2013, suivi par la mairie en juillet, qui ne s’est pas contentée de couper l’eau et l’électricité en plein été, mais a imposé aux familles de quitter les lieux, sous menace d’expulsion. La mairie s’est justifiée par le fait qu’elle ne pouvait financer seule ce projet qui aurait coûté 2 millions d’euros par an. Ce que la mairie ne dit pas, c’est que selon La voix des Rroms, 75% du budget était alloué au gardiennage et à la « sécurité » des riverains qui, à mesure que les proches banlieues se « gentrifient », sont de moins en moins nombreux à soutenir ce type d’initiatives envers les Rroms.
Contre la politique raciste du gouvernement et de ses relais à échelle locale, pour une solidarité ouvrière et populaire envers la population Rrom
A l’approche des municipales, la maire de Saint-Ouen semble avoir trouvé, dans la droite ligne de la politique du gouvernement PS, un nouveau bouc émissaire pour éviter de parler des vrais problèmes de la ville (logement, emploi, etc.)et canaliser l’opinion publique en criminalisant les Rroms, cette population sur laquelle s’acharnent depuis des années les pouvoirs publics et un large éventail de partis politiques.
Nous dénonçons toute tentative d’expulsion qui laisserait des centaines de familles dans la rue et exigeons un relogement dans des conditions dignes de tous les Rroms vivant dans l’extrême-précarité, ainsi que la possibilité pour les familles de scolariser leurs enfants, de disposer d’un accès à la formation, à l’emploi et à la santé. Nous devons prendre exemple sur le mouvement lycéen qui a fait preuve d’une grande solidarité à l’égard des jeunes immigrés, dont Léonarda qui appartient à la communauté Rrom, et a montré tout son rejet de la politique raciste du gouvernement.
Non aux expulsions et aux démantèlements de camps Rroms ! Halte aux discriminations !
16/11/13.
--------------------------------
[1] A propos de la politique anti-Rrom du gouvernement, lire « Retour en force du racisme anti-Rrom : la bourgeoisie en campagne », P. Hodel, 28/09/13, www.ccr4.org/Retour-en-force-du-racisme-anti-Rrom-la-bourgeoisie-en-campagne
[2] O. Legros, "Les pouvoirs publics et les grands « bidonvilles roms » au nord de Paris (Aubervilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen)", 27/09/10, EspacesTemps.net
[3] Jacqueline Rouillon est maire de Saint-Ouen depuis 1999. En 2009, elle quitte le PCF pour la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), organisation du Front de Gauche.
[4] « A Saint-Ouen, les Roms, la centrale de chauffage et la mairie », Le Monde, 12/11/13
Flora Carpentier
Source: http://www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom
Depuis plusieurs années, on a vu apparaître dans le paysage périurbain d’étonnantes collines de terre mêlée à toutes sortes de détritus, matériaux, jouets d’enfants…, des tranchées creusées sur des centaines de mètres, ou encore des multitudes de blocs de béton dispersés sous les bretelles d’autoroute… autant de procédés visant à empêcher les occupations illégales sur des interstices urbains dont personne n’aurait osé imaginer qu’ils puissent faire l’objet d’une quelconque convoitise. Autant de traces qui peinent à camoufler l’extrême brutalité des gouvernements successifs et de leurs relais à échelle locale.
Installations, expulsions, réoccupations… ou le « nomadisme forcé » des Rroms
Suite aux violents démantèlements de campements de Rroms qui ont eu lieu tout l’été notamment en Seine-Saint-Denis, conformément aux directives de Manuel Valls [1], des centaines de familles, dont de nombreux enfants, se sont peu à peu repliées sur la zone industrielle des Docks de Saint-Ouen, pour y reconstruire leurs cabanes détruites à coups de pelleteuse. Mais la peur de l’expulsion est omniprésente : « on ne sait pas où aller, en Roumanie il n’y a pas de travail, il n’y a même pas de ferraille, ici on peut ramasser la ferraille… », s’exclame une habitante. Et se désolant « dans ma maison il fait chaud, regardez... dehors il fait froid, et ici il y a plein d’enfants, des bébés, où on va aller ? ». Le campement compterait aujourd’hui environ 900 personnes, ce qui commence sérieusement à faire tache pour la ville qui s’efforce depuis des mois de montrer un tout autre visage aux populations des classes moyennes - voire aisées - qu’elle prétend attirer dans son vaste éco-quartier en chantier, les Docks de Saint-Ouen. D’autant plus que les campements Rroms, la mairie de Saint-Ouen en a déjà connu. En effet, les Docks avaient déjà accueilli entre 2006 et 2008 ce que certains journaux qualifiaient à l’époque du « plus grand bidonville de France », occupé par quelques 600 Rroms originaires de Roumanie et de Bulgarie [2]. Déjà à l’époque, la maire PCF Jacqueline Rouillon [3] avait vu ses projets immobiliers menacés et en avait appelé à l’Etat pour intervenir. En plein été 2008, sous l’ère Sarkozy, le campement avait été évacué par les forces de police et entièrement rasé, certaines familles rapatriées dans leur pays d’origine, les autres se dispersant sur le territoire.
L’exclusion en mode Front de Gauche
Expérimentée en la matière, la maire de Saint-Ouen n’a donc pas tardé à réagir après les premières (ré)occupations, saisissant le préfet le 16 juillet, et renouvelant son appel par un communiqué en date du 28 août : « la Ville souhaite qu’une réaction la plus rapide possible ait lieu afin que ce campement cesse et qu’il ne se transforme pas en un vaste bidonville insalubre ». Mais lorsque l’exclusion vient de « la gauche », il faut la jouer tout en finesse, aussi la mairie s’est dit « attentive à la situation d’urgence sociale et humaine des populations Rroms installées sur son territoire », et a souhaité alerter des « dangers liés à l’errance d’enfants à proximité des voies de chemin de fer ». Autant de démagogie quand on sait que la mairie n’a pas manifesté la moindre inquiétude quant au sort des enfants Rroms renvoyés par la force dans leur pays d’origine à la suite du démantèlement de camp des Docks en 2008.
Mais par chance pour la mairie, une plainte a émané ces dernières semaines, qui légitimerait l’évacuation du campement : celui-ci empièterait sur une voie ferrée desservant une centrale de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU), qui alimente en chauffage une partie des hôpitaux, crèches et logements de Paris. On apprend même que la chaufferie a été obligée ces derniers temps de s’approvisionner en charbon par camions, ce qui représente un coût plus élevé par rapport au transport ferroviaire. Étonnant que personne n’ait soulevé ce "problème" plus tôt, d’autant plus que la mairie fait beaucoup d’effort de communication sur ce camp depuis le mois de juillet. Peut-être parce que ce "problème" est imaginaire ? C’est ce que suggère l’association La Voix des Rroms, pour qui le campement n’empiète nullement sur lesdites voies, et ne serait pas à l’origine du transport par camions. Toujours est-il qu’alors que le froid est déjà bien installé sur la capitale, de nombreux journaux ont véhiculé la crainte d’une panne d’alimentation en chauffage si le campement n’était pas évacué. Il ne manquerait plus que des patients meurent de froid dans les hôpitaux parisiens et que l’on accuse encore une fois les Rroms !
Alors que le tribunal de grande instance de Bobigny a ordonné le 2 octobre l’évacuation du campement d’ici un délai de deux mois, mettant à la rue des centaines de famille à la veille de l’hiver, Rouillon est allée encore plus loin, estimant ce délai trop long et en appelant à Manuel Valls afin de s’assurer que le démantèlement soit effectif, et cela avant le 12 décembre. Une politique tellement de droite que la préfecture de Bobigny s’est vu obligée d’expliquer qu’une évacuation en plein mois de décembre de quelques 900 personnes avec leurs matelas et leurs enfants sous le bras ferait scandale et que « les camions de charbon, c’est moins emmerdant » [4].
Quand une mairie« de gauche » s’attèle à l’« insertion » des Rroms
Selon la mairie de Saint-Ouen, « la question de l’accueil des populations roms ne pourra être correctement traitée que dans le cadre d’une politique globale d’insertion en faveur de cette population marginalisée à l’échelle nationale et européenne ». On pourrait presque tomber d’accord sur une telle affirmation, à moins de n’observer de plus près ce qu’entendent les mairies Front de Gauche par « insertion ». Car à ce sujet, la mairie de Saint-Ouen, a déjà donné. Trop, même. En effet, l’évacuation du bidonville des Docks en 2008 avait été accompagnée d’une grande campagne de communication sur l’insertion des familles Rroms, qui s’est matérialisée à l’époque par la mise en place d’un « village d’insertion », dispositif expérimenté par plusieurs communes voisines, réservé à une vingtaine de familles triées sur le volet et logées dans des caravanes. Parqué en pleine zone industrielle et encerclé de parois en béton, le « village » gardienné 24h/24 et placé sous le feu de projecteurs dignes d’un stade avait plus des allures d’un camp de prisonniers. D’ailleurs, l’accès était formellement interdit à toute personne n’étant pas officiellement bénéficiaire de l’initiative, y compris aux membres de la famille des habitants. Le dispositif, cofinancé par l’Etat et la mairie, prévoyait la scolarisation des enfants. Mais si on l’évoque au passé, c’est que l’Etat a cessé de financer l’expérience en mars 2013, suivi par la mairie en juillet, qui ne s’est pas contentée de couper l’eau et l’électricité en plein été, mais a imposé aux familles de quitter les lieux, sous menace d’expulsion. La mairie s’est justifiée par le fait qu’elle ne pouvait financer seule ce projet qui aurait coûté 2 millions d’euros par an. Ce que la mairie ne dit pas, c’est que selon La voix des Rroms, 75% du budget était alloué au gardiennage et à la « sécurité » des riverains qui, à mesure que les proches banlieues se « gentrifient », sont de moins en moins nombreux à soutenir ce type d’initiatives envers les Rroms.
Contre la politique raciste du gouvernement et de ses relais à échelle locale, pour une solidarité ouvrière et populaire envers la population Rrom
A l’approche des municipales, la maire de Saint-Ouen semble avoir trouvé, dans la droite ligne de la politique du gouvernement PS, un nouveau bouc émissaire pour éviter de parler des vrais problèmes de la ville (logement, emploi, etc.)et canaliser l’opinion publique en criminalisant les Rroms, cette population sur laquelle s’acharnent depuis des années les pouvoirs publics et un large éventail de partis politiques.
Nous dénonçons toute tentative d’expulsion qui laisserait des centaines de familles dans la rue et exigeons un relogement dans des conditions dignes de tous les Rroms vivant dans l’extrême-précarité, ainsi que la possibilité pour les familles de scolariser leurs enfants, de disposer d’un accès à la formation, à l’emploi et à la santé. Nous devons prendre exemple sur le mouvement lycéen qui a fait preuve d’une grande solidarité à l’égard des jeunes immigrés, dont Léonarda qui appartient à la communauté Rrom, et a montré tout son rejet de la politique raciste du gouvernement.
Non aux expulsions et aux démantèlements de camps Rroms ! Halte aux discriminations !
16/11/13.
--------------------------------
[1] A propos de la politique anti-Rrom du gouvernement, lire « Retour en force du racisme anti-Rrom : la bourgeoisie en campagne », P. Hodel, 28/09/13, www.ccr4.org/Retour-en-force-du-racisme-anti-Rrom-la-bourgeoisie-en-campagne
[2] O. Legros, "Les pouvoirs publics et les grands « bidonvilles roms » au nord de Paris (Aubervilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen)", 27/09/10, EspacesTemps.net
[3] Jacqueline Rouillon est maire de Saint-Ouen depuis 1999. En 2009, elle quitte le PCF pour la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), organisation du Front de Gauche.
[4] « A Saint-Ouen, les Roms, la centrale de chauffage et la mairie », Le Monde, 12/11/13
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Le Front de Gauche et les Rroms
Démantèlement du campement rrom de Saint-Ouen
Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms
Flora Carpentier
Source: http://www.ccr4.org/L-humain-d-abord-ou-l-application-pure-et-dure-des-directives-de-Valls-par-une-mairie-Front-de-Gauche-pour-expulser-les-Rroms
Chose promise, chose due : les futurs habitants de l’éco-quartier des Docks de Saint-Ouen peuvent être rassurés, ils n’auront pas à craindre pour leurs poules. La maire s’est montrée ferme et a tenu ses engagements. Ce mercredi matin, vers 8 heures, plusieurs centaines de CRS ont été déployés pour évacuer le camp de Rroms de Saint-Ouen, mettant à la rue près de 800 personnes dont 400 enfants, alors même que le froid est déjà bien installé sur la région. Sur le qui-vive depuis plusieurs jours, certains habitants avaient quitté les lieux la veille de l’intervention, pour ne pas revivre la violence des expulsions. Car nombre d’entre eux l’ont déjà connue, leur installation dans cette zone industrielle désaffectée faisant suite auxexpulsions de terrains qui ont eu lieu cet été dans tout le département (Bobigny, Saint-Denis, La Courneuve, Aulnay sous Bois). Ces municipalités FDG ou PS se sont en effet appuyées sur l’offensive anti-Rroms de Valls pour « libérer » des terrains autour desquelsils développent de fructueux projets immobiliers. Pour les familles rroms, c’est l’incompréhension la plus complète. « Pourquoi font-ils ça ? Où va-t-on aller ? » : ces questions sont sur toutes les lèvres, d’autant plus que le campement compte de nombreux enfants en bas âge, y compris des nouveaux-nés. Le temps de prendre leurs poêles sous le bras et de ramasser quelques effets, et une fois de plus, c’est l’exode forcé sous le regard méprisant des CRS et des différentes personnalités venues se féliciter de l’opération devant les médias.
L’évacuation fait suite à un arrêté municipal en date du 21 novembre signé par Jacqueline Rouillon, maire Front de Gauche (FASE) de Saint-Ouen, ordonnant aux familles de quitter les lieux dans un délai de 48 heures, sous menace d’intervention des forces de l’ordre [1]. Le sort des habitants du campement aurait dû être vite réglé après les plaintes déposées par la SNCF et RFF, propriétaires des terrains, et les nombreux appels au préfet par la Mairie depuis l’été. Mais c’était sans compter sur leur capacité à organiser leur défense, avec l’aide d’un avocat de La Voix des Rroms. Celle-ci avait permis d’obtenir au tribunal de Bobigny le report de leur expulsion au 12 décembre, mais la mairie a estimé cette date trop lointaine et mis en œuvre un plan pour accélérer les choses.Il lui a suffi pour cela d’ouvrir une deuxième requête en justice avec ses alliés le préfet de Seine-Saint-Denis M. Galli, nommé par Valls en juin, et la SNCF, en profitant du fait que le campement était situé à cheval sur deux parcelles appartenant formellement à deux propriétaires fonciers distincts (RFF et SNCF). Afin d’obtenir satisfaction immédiate, cette deuxième coalition s’est alors bien gardée d’informer les principaux intéressés. Une manipulation juridique odieuse visant à couper court au droit de défense des familles rroms [2].
Par ailleurs, les raisons évoquées dans l’arrêté sont une liste de mensonges, dont des soi-disant difficultés d’approvisionnement par voie ferrée de la centrale thermique du chauffage urbain (CPCU), qui risquerait de laisser sans chauffage des hôpitaux et des crèches en plein hiver. En réalité la seule voie traversant le campement est hors d’usage depuis longtemps, et la centrale peut parfaitement être approvisionnée par camions [3]. La mairie mettait également en avant les risques encourus par les habitants du campement, mais ce discours soi-disant préoccupé pour les familles tombe à l’eau quand on sait qu’aucune solution de relogement, même provisoire, n’est proposée.
Car ce qui préoccupe véritablement la maire dans cette histoire, à l’approche des municipales, ce sont les plaintes des riverains qui viennent d’emménager dans les immeubles flambant neufs alentours, ainsi que les dégâts pour l’image que la ville souhaite renvoyer pour sonéco-quartierdes Docks en construction à quelques pas de là...
A côté de cela, quel devenir pour les familles expulsées ? Quelles solutions vont être proposées ? Personne n’en dit mot ! C’est autant de familles qui vont être condamnées à l’errance, sans accompagnement, sans suivi social, sans scolarisation des enfants. La seule vraie solution passerait par un plan d’urgence d’envergure nationale qui garantisse aux Rroms des droits élémentaires:régularisation pour ceux qui ne sont pas citoyens européens,scolarisation des enfants, gratuité des soins, logement décent, démarche effective d’insertion, au travers de structures à dimension raisonnable et réparties sur tout le territoire.
Le démantèlement du camp de Saint-Ouen répond strictement à la politique de Manuel Valls qui, ce même 27 novembre au soir, alors qu’Hollande se prépare à lancer une intervention impérialiste en Centrafrique, révélait à nouveau tout le cynisme, le racisme et la démagogie du gouvernement lors du meeting « contre le racisme et les extrémismes » du PS à Paris.
La lutte contre le racisme passe également par une lutte contre la politique raciste de ce gouvernement, par le combat pour la solidarité avec les populations rroms, pour leur offrir la possibilité de s’installer et de vivre dans des conditions décentes là où elles le souhaitent. C’est le message qui sera relayé à la manifestation antiraciste du 7 décembre à Paris à l’occasion du trentième anniversaire de la « marche des Beurs ».
27/11/13
--------------------------------
Lutte Ouvrière et ses contradictions municipales
Comme dans d’autres communes du 93 qui ne chaument pas sur le front des expulsions à l’image de Saint-Denis, La Courneuve , Lutte Ouvrière fait partie de la majorité municipale de Saint-Ouen.
Dans un communiqué aussi bref qu’hypocrite, LO dit que « la police de Valls et de Hollande a démantelé, à Saint-Ouen (…) un des plus grands camps où vivent 800 hommes, femmes et enfants qui ont le malheur d’être des Roms. Forcés [euphémisme, dirions-nous… devant les matraques et les pelleteuses, on déguerpit rarement de bonne grâce…] d’abandonner leurs baraques de fortune, dans le froid, ils devront donc trouver un autre terrain vague pour se ‘reconstruire’ des abris autant que faire se peut. Défendre les intérêts des riches et s’attaquer aux miséreux, telle est la devise de ce gouvernement ».
Mais, camarades, qui a demandé aux flics d’intervenir, si ce n’est la majorité municipale « de gauche » à laquelle participe LOjusqu’à preuve du contraire ?
Défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires, c’est la devise des révolutionnaires. Et voter les budgets municipaux et couvrir les expulsions, c’est la devise de qui ?
---------------------------------
NOTES
[1] Pour en savoir plus sur la politique discriminatoire de la mairie Front de Gauche de Saint-Ouen envers les populations rroms depuis de nombreuses années, lire notre article « Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom », F. Carpentier, 16/11/13, www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom
[2] « Saint-Ouen : la gauche plurielle enfin rassemblée dans la guerre contre les Rroms ! », La voix des Rroms, 27/11/13, www.millebabords.org/spip.php ?article24907
[3] Visionner à ce sujet le reportage « Polémique autour d’un campement de Roms en banlieue parisienne », 21/11/13, www.france24.com/fr/20131121-france-seine-saint-denis-saint-ouen-camp-roms-rff-evacuation-expulsion
Quand « l’humain d’abord » rime avec « Valls d’abord » : la majorité Front de Gauche de Saint-Ouen expulse 800 Rroms
Flora Carpentier
Source: http://www.ccr4.org/L-humain-d-abord-ou-l-application-pure-et-dure-des-directives-de-Valls-par-une-mairie-Front-de-Gauche-pour-expulser-les-Rroms
Chose promise, chose due : les futurs habitants de l’éco-quartier des Docks de Saint-Ouen peuvent être rassurés, ils n’auront pas à craindre pour leurs poules. La maire s’est montrée ferme et a tenu ses engagements. Ce mercredi matin, vers 8 heures, plusieurs centaines de CRS ont été déployés pour évacuer le camp de Rroms de Saint-Ouen, mettant à la rue près de 800 personnes dont 400 enfants, alors même que le froid est déjà bien installé sur la région. Sur le qui-vive depuis plusieurs jours, certains habitants avaient quitté les lieux la veille de l’intervention, pour ne pas revivre la violence des expulsions. Car nombre d’entre eux l’ont déjà connue, leur installation dans cette zone industrielle désaffectée faisant suite auxexpulsions de terrains qui ont eu lieu cet été dans tout le département (Bobigny, Saint-Denis, La Courneuve, Aulnay sous Bois). Ces municipalités FDG ou PS se sont en effet appuyées sur l’offensive anti-Rroms de Valls pour « libérer » des terrains autour desquelsils développent de fructueux projets immobiliers. Pour les familles rroms, c’est l’incompréhension la plus complète. « Pourquoi font-ils ça ? Où va-t-on aller ? » : ces questions sont sur toutes les lèvres, d’autant plus que le campement compte de nombreux enfants en bas âge, y compris des nouveaux-nés. Le temps de prendre leurs poêles sous le bras et de ramasser quelques effets, et une fois de plus, c’est l’exode forcé sous le regard méprisant des CRS et des différentes personnalités venues se féliciter de l’opération devant les médias.
L’évacuation fait suite à un arrêté municipal en date du 21 novembre signé par Jacqueline Rouillon, maire Front de Gauche (FASE) de Saint-Ouen, ordonnant aux familles de quitter les lieux dans un délai de 48 heures, sous menace d’intervention des forces de l’ordre [1]. Le sort des habitants du campement aurait dû être vite réglé après les plaintes déposées par la SNCF et RFF, propriétaires des terrains, et les nombreux appels au préfet par la Mairie depuis l’été. Mais c’était sans compter sur leur capacité à organiser leur défense, avec l’aide d’un avocat de La Voix des Rroms. Celle-ci avait permis d’obtenir au tribunal de Bobigny le report de leur expulsion au 12 décembre, mais la mairie a estimé cette date trop lointaine et mis en œuvre un plan pour accélérer les choses.Il lui a suffi pour cela d’ouvrir une deuxième requête en justice avec ses alliés le préfet de Seine-Saint-Denis M. Galli, nommé par Valls en juin, et la SNCF, en profitant du fait que le campement était situé à cheval sur deux parcelles appartenant formellement à deux propriétaires fonciers distincts (RFF et SNCF). Afin d’obtenir satisfaction immédiate, cette deuxième coalition s’est alors bien gardée d’informer les principaux intéressés. Une manipulation juridique odieuse visant à couper court au droit de défense des familles rroms [2].
Par ailleurs, les raisons évoquées dans l’arrêté sont une liste de mensonges, dont des soi-disant difficultés d’approvisionnement par voie ferrée de la centrale thermique du chauffage urbain (CPCU), qui risquerait de laisser sans chauffage des hôpitaux et des crèches en plein hiver. En réalité la seule voie traversant le campement est hors d’usage depuis longtemps, et la centrale peut parfaitement être approvisionnée par camions [3]. La mairie mettait également en avant les risques encourus par les habitants du campement, mais ce discours soi-disant préoccupé pour les familles tombe à l’eau quand on sait qu’aucune solution de relogement, même provisoire, n’est proposée.
Car ce qui préoccupe véritablement la maire dans cette histoire, à l’approche des municipales, ce sont les plaintes des riverains qui viennent d’emménager dans les immeubles flambant neufs alentours, ainsi que les dégâts pour l’image que la ville souhaite renvoyer pour sonéco-quartierdes Docks en construction à quelques pas de là...
A côté de cela, quel devenir pour les familles expulsées ? Quelles solutions vont être proposées ? Personne n’en dit mot ! C’est autant de familles qui vont être condamnées à l’errance, sans accompagnement, sans suivi social, sans scolarisation des enfants. La seule vraie solution passerait par un plan d’urgence d’envergure nationale qui garantisse aux Rroms des droits élémentaires:régularisation pour ceux qui ne sont pas citoyens européens,scolarisation des enfants, gratuité des soins, logement décent, démarche effective d’insertion, au travers de structures à dimension raisonnable et réparties sur tout le territoire.
Le démantèlement du camp de Saint-Ouen répond strictement à la politique de Manuel Valls qui, ce même 27 novembre au soir, alors qu’Hollande se prépare à lancer une intervention impérialiste en Centrafrique, révélait à nouveau tout le cynisme, le racisme et la démagogie du gouvernement lors du meeting « contre le racisme et les extrémismes » du PS à Paris.
La lutte contre le racisme passe également par une lutte contre la politique raciste de ce gouvernement, par le combat pour la solidarité avec les populations rroms, pour leur offrir la possibilité de s’installer et de vivre dans des conditions décentes là où elles le souhaitent. C’est le message qui sera relayé à la manifestation antiraciste du 7 décembre à Paris à l’occasion du trentième anniversaire de la « marche des Beurs ».
27/11/13
--------------------------------
Lutte Ouvrière et ses contradictions municipales
Comme dans d’autres communes du 93 qui ne chaument pas sur le front des expulsions à l’image de Saint-Denis, La Courneuve , Lutte Ouvrière fait partie de la majorité municipale de Saint-Ouen.
Dans un communiqué aussi bref qu’hypocrite, LO dit que « la police de Valls et de Hollande a démantelé, à Saint-Ouen (…) un des plus grands camps où vivent 800 hommes, femmes et enfants qui ont le malheur d’être des Roms. Forcés [euphémisme, dirions-nous… devant les matraques et les pelleteuses, on déguerpit rarement de bonne grâce…] d’abandonner leurs baraques de fortune, dans le froid, ils devront donc trouver un autre terrain vague pour se ‘reconstruire’ des abris autant que faire se peut. Défendre les intérêts des riches et s’attaquer aux miséreux, telle est la devise de ce gouvernement ».
Mais, camarades, qui a demandé aux flics d’intervenir, si ce n’est la majorité municipale « de gauche » à laquelle participe LOjusqu’à preuve du contraire ?
Défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires, c’est la devise des révolutionnaires. Et voter les budgets municipaux et couvrir les expulsions, c’est la devise de qui ?
---------------------------------
NOTES
[1] Pour en savoir plus sur la politique discriminatoire de la mairie Front de Gauche de Saint-Ouen envers les populations rroms depuis de nombreuses années, lire notre article « Quand une maire Front de Gauche en appelle à Valls pour démanteler un campement Rrom », F. Carpentier, 16/11/13, www.ccr4.org/Quand-une-maire-Front-de-Gauche-en-appelle-a-Valls-pour-demanteler-un-campement-Rrom
[2] « Saint-Ouen : la gauche plurielle enfin rassemblée dans la guerre contre les Rroms ! », La voix des Rroms, 27/11/13, www.millebabords.org/spip.php ?article24907
[3] Visionner à ce sujet le reportage « Polémique autour d’un campement de Roms en banlieue parisienne », 21/11/13, www.france24.com/fr/20131121-france-seine-saint-denis-saint-ouen-camp-roms-rff-evacuation-expulsion
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Sujets similaires
» Front de Gauche
» Faire converger les luttes
» Front de Gauche
» Front de Gauche
» Cannabis Social Club
» Faire converger les luttes
» Front de Gauche
» Front de Gauche
» Cannabis Social Club
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum