Veille des outils de répression
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Re: Veille des outils de répression
Le maire de La Crau dans le Var (16 000 habitants) a constitué une liste de 200 référents anonymes chargés de l’informer personnellement...
1. Le maire de La Crau organise secrètement la délation http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4265
2. La Crau : la vie des autres http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4279
Référents de quartier, voisins vigilants ... , des réseaux se constituent un peu partout, encouragés par les autorités ...
Souriez, les référents vous surveillent jeudi 27 janvier 2011
Des initiatives variées sont engagées en diverses communes visant à recruter des volontaires à qui serait confiée la mission d’avertir les autorités dès qu’ils constatent un comportement “anormal” dans leurs quartiers. Quelle que soit l’expression utilisée pour les désigner – référent de quartier, référent de sécurité, voisin vigilant ... – il s’agit d’inviter des citoyens sélectionnés à s’engager aux côtés de la gendarmerie ou de la police.
La mise en place d’un tel système à l’échelle communale est souvent encouragée par des responsables de la gendarmerie ou de la police nationale. Ceux-ci, oubliant que c’est à eux, et non aux simples citoyens, qu’il revient d’assurer la sécurité et de poursuivre les délinquants, incitent les maires et les élus locaux à apporter leur caution à cette dérive sécuritaire.
Au-delà d’une institutionnalisation de la délation, il faut voir dans la mise en place d’un réseau communal de référents une atteinte aux libertés individuelles et à la vie privée – voir le communiqué repris plus bas. Mais le danger réside également dans l’accoutumance – comme pour la vidéo-surveillance, on habitue la population à être surveillée – et dans l’acceptation de ces pratiques par les citoyens.
Ci-dessous : quelques exemples illustrant des situations moins extravagantes que celle de La Crau (Var) dont le maire a constitué une liste de 200 référents anonymes chargés de l’informer personnellement.
Aujargues (Gard) – 673 habitants
Extrait du dossier de presse de la préfecture [1]
Signature de la convention « voisins vigilants » entre la Gendarmerie Nationale et la mairie d’Aujargues
Mercredi 23 juin à 12 heures, le Préfet du Gard, Hugues Bousiges, le Procureur de la République de Nîmes, Robert Gelli et le maire d’Aujargues, Guy Lamadie
ont signé la convention « voisins vigilants » afin de faciliter l’action de la gendarmerie en lui permettant d’intervenir plus rapidement grâce à un réseau
de voisins référents volontaires.
Il s’agit de la 1ère convention de ce type signée en France en zone gendarmerie. Le dispositif s’appuie sur des voisins référents qui alertent la gendarmerie de tout événement suspect ou de tout fait de nature à troubler la sécurité des personnes et des biens dont ils seraient les témoins.
Avec l’accord du Procureur de la République, le Maire peut implanter aux entrées de lotissements, quartiers et rues participant à l’opération une signalétique pour informer les personnes mal intentionnées qu’elles pénètrent dans un domaine où les résidents sont particulièrement vigilants et signalent aux forces de sécurité toute situation qu’ils jugent anormale.
Châteaurenard (Bouches du Rhône) – 15 000 h
En juin 2009, la municipalité décide de relancer les « référents de quartier » : six élus seront « les relais privilégiés entre la population et la mairie ».
Le 23 Décembre 2010, le député-maire UMP de Châteaurenard, Bernard Reynès a remis au premier ministre un rapport sur « L’application de la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance » [2]. Après une étude de 5 pages consacrée au vote Front National depuis 2007 à Châteaurenard, le
député-maire propose de créer dans les communes de plus de 10000 habitants des "cellules de citoyenneté et de tranquillité publique" (CCTP).
Meaux (Seine et Marne) – 50 000 h
Vendredi 12 septembre 2008, Jean-François Copé, député-maire UMP de Meaux, a présidé la réunion solennelle de lancement du dispositif des « référents de
proximité ».
La commune de Meaux a mis en place un réseau de 169 référents de proximité. Chacun d’entre eux dispose d’une page personnelle sur le site Internet de la
ville et dispose d’un « numéro de téléphone direct auprès du Cabinet du Maire qui prendra ainsi directement note [des] demandes et informations » [3].
D’après un bilan mis en ligne le 1er décembre 2009, en un an, ces référents auraient fait remonter 1328 « demandes » dont 107 ont été redirigées vers la
police municipale [4]...
Expérimentation d’un dispositif de « participation citoyenne » dans le Haut-Rhin, en novembre 2010
Objectif affiché dans la présentation officielle de l’expérimentation par la préfecture du Haut-Rhin : « développer l’esprit civique des administrés » et « constituer une chaîne d’alerte entre le référent de quartier (représentant des riverains et interlocuteur privilégié) et les acteurs de la sécurité (Gendarmerie et police municipale) ».
Ci-dessous deux articles publiés le 7 novembre 2010, dans L’Alsace, où de Luc Marck rend compte de l’expérimentation, et de son échec à Soultz.
__________________________
Le Haut-Rhin expérimente la surveillance par les voisins
Plusieurs communes servent de banc d’essai au dispositif « participation citoyenne ». Mais, à Soultz, la première tentative a tourné court.
Soultz est la première des communes haut-rhinoises à avoir signé, avec la sous-préfecture et la gendarmerie, une convention pour la mise en place du dispositif « participation citoyenne ». Objectif : développer des réseaux de citoyens, en liaison avec la gendarmerie et la mairie, afin d’éliminer tout ce qui peut nuire à la tranquillité des riverains : cambrioleurs, vandales, chauffards, etc. Le tout, sur le modèle anglo-saxon.
Soultz était également la première commune à organiser, vendredi soir, une réunion publique avec les habitants du premier quartier retenu. Du coup, la soirée, à la Halle aux blés, avait valeur de lancement de l’opération.
La réunion est annulée, faute de participants
Mais, à 19 h 45, trois quarts d’heure après l’heure H, sur les 66 familles du Nouveau Monde, l’un des plus récents quartiers pavillonnaires de la commune, seul un couple avait fait le déplacement ! Malgré les courriers adressés à tous les habitants.
Du coup, on pouvait se dire qu’il aurait été plus avisé de circonscrire l’expérience au centre-ville où, une semaine avant, deux vitrines et une demi-douzaine de véhicules venaient d’être vandalisés : là, les habitants seraient peut-être venus (à noter que le coupable a été arrêté depuis)…
Ou encore, que les riverains du Nouveau Monde se sentent peut-être suffisamment rassurés par la présence, à Soultz, de deux brigades de gendarmerie, du siège des brigades vertes, d’une police municipale (armée) et de la vidéo-surveillance — même si une partie de ces dispositifs n’a pas vocation à se déployer localement — pour ne pas être tentés d’apporter leur contribution à « la démultiplication de l’action de la gendarmerie ».
Les élus, le maire Thomas Birgaentzlé en tête, et le sous-préfet de Guebwiller Arthur Soêne, ont en tout cas pris acte de la désaffection du public. Les gendarmes ont remballé projecteur et exposés. Et les trois parties ont convenu d’annuler. Mais pas sans que le sous-préfet n’ait rappelé qu’une telle innovation est « majeure, pour la protection de l’environnement du citoyen, de ses biens et de son entourage ». Et aussi cette évidence : « Sans la participation des citoyens, tous nos efforts ne sont rien. »
Vu les circonstances, Gérald et Augusta Mielle, seuls représentants de leur quartier, ont été les « héros » involontaires de la soirée, chaleureusement félicités « pour [leur] civisme » par le sous-préfet. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de les solliciter pour un rôle de référents. M.Mielle a décliné, invoquant des obligations professionnelles : « C’est une mission, a-t-il fait valoir, et il faut être en capacité de la mener ». En aparté, il confie que « des voisins retraités seraient mieux à même de le faire ». D’autant que « certains sont déjà impliqués dans la vie associative ».
En tout cas, le sous-préfet estime n’avoir « pas encore perdu la manche », tandis que le maire envisage de « passer de maison en maison pour comprendre
pourquoi les gens ne sont pas venus ».
__________________________
Signaler les présences suspectes
C’est en zone gendarmerie que l’expérience est tentée, avec l’appui des polices municipales.
Avant le Haut-Rhin, le dispositif « participation citoyenne » a déjà été expérimenté dans les Alpes-Maritimes, le Loir-et-Cher, le Nord, la Drôme, l’Hérault et l’Allier. Visant à mobiliser la vigilance des habitants sur leur propre sécurité, il consiste essentiellement à signaler « présences suspectes ou agissements douteux de personnes étrangères aux lieux », afin de « mettre en place des contrôles orientés ou des services de surveillance générale ». Le tout en liaison avec la gendarmerie, la police municipale et la mairie et en faisant du « référent de quartier désigné par ses pairs, le maire et les forces de sécurité », une pièce maîtresse du dispositif.
L’exemple soultzien démontre à l’envi qu’il faudra d’abord vérifier que l’idée correspond bien à un besoin et que les quartiers retenus sont bien ceux dont
parle le texte de référence : « Particulièrement visés par les délits d’appropriation (vols, cambriolages). »
La proximité de la RN 83
A Soultz, en marge de la réunion avortée, un officier a surtout évoqué des potentialités, plus que des faits ou des chiffres : la proximité de la RN 83 (à partir du carrefour du… Nouveau Monde), propice à la fuite rapide des malfaiteurs, et l’attrait d’un lotissement aux maisons neuves, évocatrices de butins intéressants.
Resteront ensuite toutes les questions de nature à nourrir un débat plus politique, qu’elles aient trait au respect de la liberté individuelle et de la vie privée, éventuellement écornées par une surveillance de proximité érigée en système, ou à la couverture légale des membres du réseau, voire au bon sens, qui enseigne que l’esprit civique et d’entraide n’a pas attendu ce dispositif pour animer certains esprits.
Le Parti de Gauche alerte les citoyens ...
Les « voisins vigilants » : le début d’un système de délation généralisé par Franck Pupunat, Parti de Gauche, 18 Octobre 2010
Le climat délétère instauré par le gouvernement vient d’accoucher d’une nouvelle aberration.
Plusieurs dizaines de villes en France viennent de mettre en place le système de « Voisins Vigilants » sur le modèle anglais « neighbourhood watch ». Des voisins zélés s’inscrivent auprès de la gendarmerie pour devenir « référents » et noter ce qui leur semble anormal : numéro d’immatriculation de voitures « suspectes », code vestimentaire et descriptions de visiteurs, etc....Les « voisins vigilants », structurés en réseau de façon hiérarchisée, ont pour mission de rapporter chaque détail « anormal » à la gendarmerie.
En clair, nous assistons à la mise en place progressive et sournoise d’un réseau de délation généralisé où tout le monde surveille tout le monde, où le soupçon l’emporte d’emblée sur la bienveillance. Comble du mauvais goût, les villes et quartiers qui mettent en place ce dispositif le revendiquent en l’indiquant par un panneau de signalisation représentant « un œil vigilant ».
La mise en place de milices de quartiers n’est pas loin...
Précisons que ce dispositif est d’autant plus inquiétant qu’il n’a pas de fondement légal et n’offre donc pas de voie de recours aux citoyens.
Alain Bocquet a déposé en janvier dernier une demande d’enquête parlementaire sur le concept « voisins vigilants » afin de vérifier sa conformité à la loi et à la Constitution. Aucun examen n’est envisagé.
Le Parti de Gauche demande que cette enquête soit enfin mise à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et alerte les citoyens pour que chacun se mobilise contre cette opération qui fait honte à notre République.
Notes
[1] Extrait du dossier de presse http://www.gard.pref.gouv.fr/sections/securite/securite_interieure/dossier_de_presse_co2990/downloadFile/attachedFile/Dossier_de_presse_voisins_vigilants_signature_Aujargues_23_06_10_internet.pdf?nocache=1277375150.72
[2] Le rapport de Bernard Reynès : http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/114000010/0000.pdf
[3] Référence : http://www.ville-meaux.fr/-Referents-de-proximite-.html
[4] Référence : http://www.ville-meaux.fr/IMG/pdf/diapo_JFC_referent.pdf
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
LES MARCHANDS DE PEUR Mathieu Rigouste
La bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire
La peur est un outil politique fondamental pour les classes dominantes. Transformée en marchandise, elle constitue le secteur d’activité d’idéologues organisés pour vendre ces produits aux gouvernements et aux complexes industriels.
En France, la bande à Alain Bauer constitue la manifestation la plus exemplaire de cette collaboration intensive entre éléments de la classe politique, de la police, de l’armée, de l’industrie, de l’Université et des grands médias.
En étudiant cette bande et ses réseaux, leur positionnement dans le champ de la production du contrôle, ce qu’ils disent et font, leur histoire, leurs profits et leurs stratégies, l’auteur met à disposition des cartes et des outils pour attaquer la dimension idéologique des sociétés de contrôle.
L’AUTEUR
Mathieu Rigouste est chercheur en sciences sociales, rattaché à l’université Paris-VIII. Il décortique les mécanismes de la domination sécuritaire. Il est l’auteur deL’Ennemi intérieur, (La Découverte, 2009). Pour Libertalia, il a préfacé le Manuel du guérillero urbain de Carlos Marighela.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
Caméra city : un très bon documentaire sur la vidéosurveillance
C'est un documentaire très intéressant que la chaîne parlementaire a diffusé il y a quelques jours mais qui est passé inaperçu. Au terme d'une enquête assez approfondie, les auteurs parviennent à expliquer et illustrer la plupart des enjeux de ce dossier. Les discours politiciens sont bien mis en évidence (depuis une grande ville comme Nice jusqu'à certains petits villages, avec des élus de droite comme de gauche), de même que les enjeux économiques (y compris la dissimulation fréquente sur le coût réel de cet équipement lorsque l'on compte aussi l'essentiel : le personnel qui visionnera les images en temps réel), la parole est largement donnée aux opposants au développement de la vidéosurveillance, en particulier la Ligue des Droits de l'Homme, mais aussi des élus et des chercheurs comme l'auteur de ces lignes. L'ensemble est particulièrement équilibré et objectif, ce qui est rarissime et méritait d'être souligné. Un documentaire à voir donc, désormais sur Internet.
Regarder ce documentaire de Olivier ZANETTA et Christophe RIGAUD sur le site de LCP.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
FILMER, FICHER, ENFERMER, Vers la société de surveillance
COLLECTION "LES NOTES ET DOCUMENTS DE LA FONDATION COPERNIC", Janvier 2011, 132 pages, 115 x 190 , ISBN : 9782849502884
Cet ouvrage expose ce qui demeure discret, dissimulé, insensible : cette espèce de société de surveillance qui prend forme en France, lois après lois. L’école, la justice, la psychiatrie, la prison, et bien sûr la police sont maintenant dévorées par la tentation sécuritaire. Les rues, presque partout, sont sous caméras ; les magasins, de même, les administrations aussi. Souriez, vous êtes filmés. La gendarmerie débarque dans les classes pour des opérations musclées. À la sortie des écoles primaires, des parents sans-papiers sont arrêtés devant les enfants. Et se multiplient les fichiers, les relevés d’ADN, les vidéosurveillances et autres bracelets électroniques ; bientôt les scanners corporels. Ce n’est pas l’insécurité qui, de la sorte, diminue. À l’inverse, elle devient « problème public » affiché partout. Et dispositif publicitaire surtout, qui valorise les gesticulations gouvernementales. Pour mieux dissimuler les inégalités qui augmentent, et l’insécurité économique devenue forme « normale » d’exploitation. Jean-Claude Vitran dresse le bilan des technologies de surveillances. Roland Gori livre sa réflexion philosophique sur la norme. Odile Morvan et Anne-Marie Alléon réfléchissent autour de la dangerosité et du fichage en psychiatrie, des questions réactualisées par le projet de loi sur les soins sous contrainte. Un haut fonctionnaire s’interroge sur les nouveaux panopticum que sont devenues les prisons françaises, si bien disséquées par Michel Foucault. Enfin, Évelyne Sire-Marin montre, à partir de son expérience de magistrat, comment le droit pénal s’étend désormais, bien au-delà du domaine habituel de la justice, à la surveillance des classes dangereuses.
Ouvrage coordonnée par Evelyne Sire-Marin (magistrate et présidente d’honneur de la Fondation Copernic.)
Les auteurs
Jean-Claude Vitran est membre de la Ligue des droits de l’Homme.
Roland Gori est psychanalyste et fondateur de l’« appel des appels ».
Julien Bach est juriste, haut-fonctionnaire.
Odile Morvan est psychanalyste.
Anne-Marie Alléon, psychiatre.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
Hadopi = Big Browser en bibliothèque !
Publié le 3 janvier 2011 par calimaq
En septembre 2009, j’avais écrit un billet pour évaluer les risques que la loi Hadopi ne s’applique aux bibliothèques, avec de graves conséquences sur leur capacité à offrir un accès internet à leurs usagers. Une semaine après la parution du décret relatif à la labellisation des moyens de sécurisation, il est certain à présent que le mécanisme de riposte graduée va avoir des répercussions sur les bibliothèques, et plus largement sur tous les lieux d’accès publics à Internet.
Pire que la coupure d’accès…
Jusqu’à présent, ce qui était certain, c’est que les personnes morales (entreprises, associations, administrations, etc) entraient bien dans le champ d’application de la loi Hadopi. Des amendements avaient été proposés au Sénat pour exclure ces dernières de la riposte graduée, mais ils avaient été repoussés à l’initiative du gouvernement. Telle qu’elle a été votée, la loi Hadopi s’applique à tous les titulaires d’une adresse IP, qu’il s’agisse de particuliers ou d’organisations (elle vise exactement les « personnes titulaires de l’accès à des services de communication en ligne au public, sans autre précision).
Plusieurs analyses ont été produites cette année pour tenter d’évaluer comment la riposte pourrait s’appliquer dans le cadre des entreprises, au cas où des salariés utiliseraient les accès internet pour télécharger illégalement. Peu nombreux en revanche ont été ceux qui se sont penchés sur les conséquences possibles de la loi Hadopi sur les espaces qui fournissent un accès public à Internet, par le biais de postes Internet ou de connexions Wifi (comme les cybercafés, hôtels, hôpitaux, aéroports, EPN, parcs, universités, bibliothèques, etc).
Il peut paraître assez improbable à première vue que ces entités subissent une coupure d’accès à internet, suite à des téléchargements opérés par des usagers. La loi Hadopi 2 indique ceci :
Pour prononcer la peine de suspension [...] et en déterminer la durée, la juridiction prend en compte les circonstances et la gravité de l’infraction ainsi que la personnalité de son auteur, et notamment l’activité professionnelle ou sociale de celui-ci, ainsi que sa situation socio-économique.
Si rien n’empêche en théorie le juge de couper l’accès à une personne morale, on peut penser que cette rédaction de la loi lui permettra de moduler sa décision de façon à éviter les conséquences catastrophiques, liées à la coupure d’une entreprise ou d’une administration.
Mais la coupure d’accès n’est pas le seul risque que fait courir la loi Hadopi aux personnes morales et à mon sens, ce n’est pas le péril principal. La pression exercée pour recourir à des moyens de sécurisation labellisés risque en effet d’avoir des conséquences bien plus graves sur l’accès public à Internet. C’est la conséquence du fait que la riposte graduée s’articule non directement autour du délit de contrefaçon, mais autour de la notion de négligence caractérisée dans la sécurisation de son accès à Internet.
Négligence caractérisée + moyens de sécurisation = surveillance volontaire
Un autre décret, paru en juin dernier, a défini ce que l’on doit entendre par ce terme :
Constitue une négligence caractérisée [...], le fait, sans motif légitime, pour la personne titulaire d’un accès à des services de communication au public en ligne, lorsque se trouvent réunies les conditions prévues au II :
1° Soit de ne pas avoir mis en place un moyen de sécurisation de cet accès ;
2° Soit d’avoir manqué de diligence dans la mise en œuvre de ce moyen.
Dans le dispositif de la riposte graduée, l’Hadopi repère les téléchargements illégaux commis depuis certaines adresses IP, à partir des relevés que lui transmet l’entreprise privée TMG, agissant pour le compte des ayants droit.
L’Hadopi envoie un mail d’avertissement aux titulaires de l’adresse IP, qui vise précisément à vérifier s’ils ont bien pris la précaution de sécuriser leur connexion Internet et pour leur enjoindre de le faire si ce n’est pas le cas.
Pour ce faire, les titulaires doivent apporter la preuve qu’ils ont installé un moyen de sécurisation, sous la forme d’un logiciel bloquant l’accès aux sites permettant le téléchargement illégal. Ces logiciels de sécurisation peuvent ou non avoir été homologués par l’Hadopi, par rapport à une liste de spécifications fonctionnelles. Si c’est un logiciel homologué qui a été choisi par le titulaire, le cas de l’internaute « sera examiné avec une attention bienveillante« , selon les mots de la présidente de l’Hadopi.
C’est l’objet du décret paru la semaine dernière de préciser la procédure par laquelle ces moyens de sécurisation seront labellisés. Un document préparatoire au développement des spécifications fonctionnelles donne par ailleurs des indications sur la forme que ces moyens de sécurisation pourront prendre et c’est là que l’on se rend compte comment ils pourront affecter les lieux d’accès public à Internet.
Ce document indique ceci (p.9) :
Les cibles d’utilisateurs des dispositifs de sécurité peuvent être classées en 2 grandes classes : les entreprises, institutions, associations, d’une part et les particuliers, le grand public, d’autre part.
Pour les organisations, il y a encore deux sous-catégories : les organisations qui ont du personnel permanent, identifié et les organisations comme les hôtels, les cybercafés, les sites Wi-Fi ouverts (aéroports, etc.) où les utilisateurs sont de passage.
Les bibliothèques ne sont pas directement citées, mais il est évident que nous rentrons dans les deux sous-catégories, à la fois pour le personnel permanent et pour les utilisateurs de passage. Pour se mettre en conformité avec les attentes de l’Hadopi, il faudra donc installer ces moyens de sécurisation sur tous les postes munis d’une connexion internet, qu’ils soient mis à disposition du personnel ou des usagers, ainsi que des accès wifi.
Toujours d’après ce document, ces logiciels analysent la navigation à partir d’un système de listes noires, grises et blanches (p. 21) :
Le module de traitement utilise plusieurs sortes de triplets de listes :
Les listes noires : entités interdites (par exemple, la liste des sites web interdits par décision de justice) ; Les listes grises : entités qui peuvent présenter des risques en matière de contrefaçon et qui nécessiteront une action de l’utilisateur pour outrepasser la notification du risque ; par exemple la liste grise des applications suspectes, la liste grise de plages de ports ou d’adresses qui rentrent en jeu dans certains protocoles ou certaines applications ; Les listes blanches : entités autorisées, par exemple la liste blanche de l’offre légale. Par ailleurs, le logiciel garde en mémoire toutes les opérations effectuées à partir d’un poste, ce que le document désigne par le terme de « journalisation », analysée ci-après par Marc Rees de PC-INpact:
[...] cette journalisation est propre au moyen de sécurisation labellisé. Elle trace l’historique complet de tous les événements significatifs de
l’ordinateur (ex : éléments de la vie interne du moyen de sécurisation : démarrage, arrêt, activation, désactivation, modification des profils de
sécurité, etc.).
Dans le document préparatoire précité, on parle de « journaux sécurisés [qui] doivent être archivés et conservés par le titulaire de l’abonnement pendant la période d’une année, période où le titulaire pourrait demander à une tierce partie de confiance, un déchiffrement des journaux correspondant à des dates fixées et une copie certifiée conforme du déchiffrement de ces journaux ».
Comme indiqué, plus l’abonné aura le sentiment d’être sécurisé face au risque Hadopi, plus il sera surveillé, traqué, examiné, observé.
Bienvenue dans l’Hadopithèque…
Vous vous demandez peut-être comment tout ceci peut se traduire dans une bibliothèque ? Essayons de combiner tous ces éléments et de voir ce qui risque de se passer dans les nouvelles Hadopithèques.
Chers bibliothécaires, sachez que vous êtes responsables, de plein fouet, pour tout ce que vos usagers (mais aussi vos collègues…) peuvent commettre à partir des connexions internet que vous mettez à leur disposition. Pour ne pas être accusés par l’Hadopi de négligence caractérisée, vous allez devoir installer des logiciels de sécurisation, et tant qu’à faire des systèmes labellisés, lorsqu’ils auront été homologués. Ces systèmes vont restreindre l’accès à Internet à partir de listes pré-établies. Ils vont en outre enregistrer tout ce que vos usagers feront à partir des postes. Si l’Hadopi vient à flasher une de vos adresses IP et à vous adresser un courrier d’avertissement, vous devrez lui apporter la preuve que vous aurez sécurisé vos accès et lui fournir les enregistrements opérés par le logiciel.
N’est-ce pas déjà une charmante façon de concevoir le métier de bibliothécaire ? Mais ce n’est pas tout. Imaginons que vous décidiez de modifier les paramètres du logiciel pour ouvrir l’accès à certains sites. Ce sera enregistré par le système de journalisation et retenu contre vous par l’Hadopi. Attention donc à ne pas être trop libéral. Mieux vaut peut-être même bloquer davantage de sites que ce que le logiciel propose par défaut…
Et si par malheur une faille quelconque se produit et qu’un de vos usagers arrive à commettre un acte illicite ? Ne vous en faites pas, vous êtes toujours responsable, comme l’explique Maître Eolas :
On constate que votre abonnement a servi à télécharger illégalement, et que s’il a pu servir à cela, c’est qu’il n’était pas assez sécurisé. Si vous apportez la preuve de sa sécurisation absolue ou presque, vous apportez la preuve que c’est vous qui avez téléchargé. Dans les deux cas, vous pouvez être sanctionné. Pervers, n’est-ce pas ?
The Librarian is watching you !
Nous étions déjà hélas habitués en bibliothèque à subir les désagréments des Proxinators, mis en place par des DSI souvent portées à faire du zèle en matière de sécurité informatique, bien au-delà des exigences posées par la loi. Nous savons bien combien il peut être difficile d’exercer le métier de bibliothécaire, et surtout le travail de médiation numérique, dans un environnement cadenassé. Voilà que la loi Hadopi vient à présent donner des arguments massues pour verrouiller et sur-verrouiller les accès à Internet dans nos établissements. Bien plus que la coupure d’accès, somme toute assez hypothétique, c’est d’emblée la « négligence caractérisée » qui risque de faire peur à nos tutelles et les pousser à mettre en place de manière préventive les moyens de sécurisation.
En 2009 lors du débat sur la loi Hadopi, le gouvernement avait déjà avancé l’idée de mettre en place un système de « portail blanc » pour les accès publics à Internet, limité à un « internet citoyen » correspondant à une liste finie de sites considérés comme sans danger. Ce projet avait suscité une vive réaction de la part de l’IABD (Interassociation Archives, Bibliothèques, Documentation), au nom de la défense du droit d’accès à l’information, et il avait été finalement abandonné. Mais la réapparition de « listes blanches » dans les spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation me fait craindre qu’on ne s’achemine tout droit vers un retour à cette réduction de l’internet public à la portion congrue.
Si mes craintes se confirment, on assisterait à un durcissement radical des conditions d’accès à internet en bibliothèque. L’IABD, dans une mise au point de cet été, avait tenu à rappeler que rien dans le cadre légal actuel ne nous oblige à filtrer a priori l’accès à internet, ni à identifier nos usagers. La CNIL, dans une fiche pratique sur son site, confirme cette analyse.
Tout cet équilibre pourrait être mis à bas par la loi Hadopi et modifier les relations entre les bibliothèques et les usagers en les plaçant sous le signe de la surveillance et de la suspicion. Marc Rees de PC-INpact arrive à cette conclusion en ce qui concerne les foyers privés :
[...]l’abonné est responsable des mauvais usages qui seraient commis par des tiers (membre de sa famille, voisins, étrangers). Qu’il se reproche quelque chose ou non n’a pas d’emprise. Au contraire, le texte injecte un climat de suspicion et de défiance dans l’entourage proche.
Cette défiance sera nécessairement encore plus forte dans les lieux d’accès public à Internet. Bien sûr – et c’est là le plus pervers – rien n’empêche le bibliothécaire de ne pas mettre en place le dispositif de sécurisation, jugeant que sa mission implique avant tout de donner accès à l’information de manière neutre et de respecter la privacy de ses usagers (comme disent nos confrères américains). Mais combien voudront – pourront – faire ce choix qui les expose de plein fouet à la mise en cause de leur responsabilité ? Comment défendre cette option devant sa tutelle en ayant seulement une chance de se faire entendre ?
Alors que plus de 30% des foyers français n’ont pas de connexions à internet à domicile, on s’achemine vers un accès public verrouillé, cadenassé, surveillé et appauvri. L’accès à Internet devient une composante fondamentale des services offerts en bibliothèque (voyez ici à la BU d’Angers, où elle tend même à s’imposer comme le service essentiel en fonction duquel l’espace est reconfiguré). Qu’en sera-t-il une fois que la loi Hadopi aura produit tous ses effets ?
Mais il y a pire à mes yeux. Le dispositif de la négligence caractérisée a cette perversité qu’il fera du bibliothécaire un des maillons actifs du dispositif de surveillance, poussé par la force des choses à installer des mouchards dans son parc informatique, sans que le texte de la loi ne le lui impose formellement. Il fera de nous des complices, tout simplement.
Bibliothécaires, avez-vous vraiment envie de devenir les « Grands Frères » de vos usagers ?
Il n’est peut-être pas encore trop tard pour dire NON à ce qui se prépare.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
GSM : Un système d'écoute illégal à moins de 50€ 7 janvier 2011 15:47, par Napakatbra
Le 28 décembre 2010, deux chercheurs allemands bien inspirés ont démontré que quatre téléphones mobiles ordinaires couplés à un ordinateur portable et quelques logiciels open source suffisaient pour sniffer le réseau GSM...
Intercepter les communications et pirater les téléphones mobiles pourrait bien rapidement devenir un jeu d'enfants...
Que la sécurité du réseau GSM soit aussi efficace qu'une passoire, on le savait. Mais jusqu'à présent, jouer les James Bond 2.0 nécessitait du matériel pointu, et honéreux. Dépenser de 30 à 40 000 euros pour se payer le luxe d'écouter sa voisine... c'est un peu cher (enfin, tout dépend de la voisine).
Mais le 28 décembre dernier, les choses ont radicalement changé : lors du 27ème congrès du Chaos Computer Club (CCC), le rendez-vous annuel des hackers du monde entier, deux chercheurs allemands ont démontré en quelques minutes qu'un matériel rudimentaire à moins de 50€ (ordinateur portable non compris) pouvait suffire...
Première étape. Karsten Nohl et Sylvain Munaut ont découvert comment, en quelques clicks, localiser n'importe quel téléphone mobile à l'échelle d'une ville ou d'un pâté de maison, selon la densité des antennes relais de la zone.
Une précision suffisante pour qu'une barbouze en herbe puisse se rendre sur place. Deuxième étape : par l'envoi d'un SMS silencieux, la clé de cryptage du téléphone est crackée en une vingtaine de secondes. Il ne reste plus alors qu'à "sniffer" le réseau et intercepter les communications téléphoniques et SMS échangés par ce téléphone. De la belle ouvrage...
Les chercheurs soulignent qu'une des clés de cryptage utilisées pour la communication entre le téléphone et l'opérateur est bien protégée, "parce qu'elle protège leurs intérêts monétaires". L'autre clé l'est bien moins, "car elle protège seulement votre vie privée". Ils ont aussi précisé que les vulnérabilités mises à jour pourraient rapidement être supprimées par les opérateurs... Mais est-ce que ça les intéresse vraiment ?
nico37- Messages : 7067
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Re: Veille des outils de répression
On le répète donc : les révolutionnaires doivent immédiatement se débarraser de leurs téléphones portables...
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Veille des outils de répression
Et d'internet et avoir une fausse boîte aux lettres.BouffonVert72 a écrit:On le répète donc : les révolutionnaires doivent immédiatement se débarraser de leurs téléphones portables...
Bon plus sérieusement suffit de ne pas garder sur soi un portable allumé ou enlever la batterie tout simplement s'il y a des discussions sérieuses : la paranoïa n'a jamais rien fait avancer...
nico37- Messages : 7067
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Re: Veille des outils de répression
Hortefeux ménage les gendarmes 16/02/2011
En déplacement au fort de Nogent, dans le Val-de-Marne, le ministre de l’Intérieur a promis des améliorations dans le quotidien des gendarmes, alors que 15 fermetures d’escadrons mobiles sont prévues cette année.
Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé mardi soir, dans le Val-de-Marne, des mesures en vue de l’amélioration des conditions de vie et de travail des gendarmes mobiles, affirmant s’y “impliquer personnellement”. Il a annoncé une nouvelle planification de l’activité pour que les périodes d’indisponibilité soient programmées beaucoup plus tôt afin que les gendarmes soient “plus présents dans leur famille sans remettre en cause la qualité de leur engagement professionnel”. De même, leur “engagement inopiné”, particulièrement les week-ends, devrait être limité “au strict nécessaire”. Il a également évoqué “la prise en compte des temps de trajet dans le calcul des durées de service” et, pour les missions de renforts saisonniers, “une indemnité de l’ordre de 30 euros par jour”. Le ministre a aussi promis que “l’effort de mise aux normes des cantonnements sera poursuivi”, ainsi du fort de Nogent, pour lequel 90 000 euros de travaux seront engagés d’ici la fin août.
C’est d’ailleurs depuis ce fort que le ministre a fait ses annonces, à la veille de la journée de commémoration des morts de la gendarmerie, devant l’escadron 34/7 de Troyes. Sur un total de 123 escadrons de gendarmerie mobile, 15 doivent être fermés d’ici fin 2011 – 8 l’ont été en 2010 et 7 le seront en 2011. Les gendarmes n’avaient pas caché leur inquiétude face à cette mesure, comme à Rennes, le 2 février, où les épouses des militaires concernés par la fermeture de l’escadron local avaient manifesté. “Pour toutes les forces mobiles de notre pays, des évolutions sont en cours", a reconnu le ministre. Elles sont confrontées à deux réalités simples : "fortes contraintes budgétaires et baisse des besoins de maintien de l’ordre enregistrée en France ces dernières années.”
10 % d’effectifs en moins
Brice Hortefeux a assuré que les effectifs des escadrons de gendarmerie mobile et des CRS étaient réduits dans les mêmes proportions soit une diminution d’environ 10 %. Concernant les gendarmes mobiles, il a affirmé que “les souhaits de chaque militaire sont pris en compte, et chaque dissolution donne lieu à un accompagnement personnalisé”. Déjà, il avait annoncé, début février, à la suite de mouvements de protestation inédits des policiers, que si les compagnies de CRS seraient maintenues, 280 fonctionnaires, soit l’équivalent de deux compagnies, seraient bel et bien redéployés sur le terrain.
Xavier Sidaner avec AFP
Lire aussi sur Acteurspublics.com “Hortefeux recule devant les CRS”
nico37- Messages : 7067
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nico37- Messages : 7067
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Re: Veille des outils de répression
Cyberdéfense : la France se dote d'une autorité nationale 18/02/2011
Face à la multiplication des menaces d'attaques informatiques contre les infrastructures nationales, la France se dote d'une autorité nationale. La mission est confiée à l'Agence de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).
Le gouvernement a dévoilé mardi sa stratégie de cyberdéfense pour “faire face à des attaques toujours plus sophistiquées et rapides”, voire “violentes et paralysantes”, a dit Francis Delon, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), lors d'une conférence de presse à Paris. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'une volonté de renfort des capacités nationales en matière de cyberdéfense, lancée à la suite de la publication du “Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale”. “Qu'il s'agisse des systèmes d'aiguillage des trains, de la production des yaourts ou du pilotage des équipements médicaux dans les hôpitaux, les systèmes sont de plus en plus informatisés”, a expliqué Francis Delon.
Nouvelle mission pour l'Anssi
Un décret a renforcé les pouvoirs de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) le 13 février, lui conférant la fonction d'“autorité nationale de défense des systèmes d'information” en plus de ses attributions initiales. Celle-ci aura ainsi la charge, en cas d’attaque informatique majeure contre la nation, d’organiser la réponse et de décider des premières mesures urgentes à faire mettre en œuvre, notamment par les administrations et, à terme, par les opérateurs de communications électroniques. “Il ne faut pas de processus compliqué de concertation interministérielle”, a résumé Francis Delon. “L'Anssi aura alors la main, donnera les instructions et décidera s'il faut arrêter tel système pour contenir les attaques, limiter les conséquences et organiser la réponse”, a-t-il ajouté.
Cette stratégie doit permettre à la France “d'être une puissance mondiale de cyberdéfense et d'appartenir au premier cercle des nations majeures dans ce domaine”. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont ainsi déjà rendu publiques leurs stratégies de cyberdéfense. Selon le directeur de l'Anssi, Patrick Pailloux, ses services pourront ainsi “demander aux opérateurs (privés) de bloquer du trafic en provenance de machines qui relaient des attaques, isoler le système informatique d'une administration ou interdire les clés USB”.
Antoine Laurent
nico37- Messages : 7067
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Re: Veille des outils de répression
nico37 a écrit:Et d'internet et avoir une fausse boîte aux lettres.BouffonVert72 a écrit:On le répète donc : les révolutionnaires doivent immédiatement se débarraser de leurs téléphones portables...
Bon plus sérieusement suffit de ne pas garder sur soi un portable allumé ou enlever la batterie tout simplement s'il y a des discussions sérieuses : la paranoïa n'a jamais rien fait avancer...
La triangulation... Même téléphones portables éteints, même sans batterie, les satellites et système type Echelon peuvent te trouver, commes les GPS... Et après ils t'envoient leurs drones pour t'assassiner, comme Obama fait en Afganistan par exemple...
Quand tu auras été assassiné par la police politique de la Bourgeoisie Kapitaliste mondialisée, ce sera trop tard pour dire "Oh merde, mon portable m'a tuer..."
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Veille des outils de répression
[url=http://www.pcinpact.com/actu/news/61558-wikio-group-frederic-lefebvre-lettre.htm]Lettre ouverte de Wikio Group à Frédéric Lefebvre A propos du contrôle des avis postés en ligne
Nicolas Poirier, responsable juridique de Wikio Goup (Overblog Nomao eBuzzing Wikio Experts), nous a transmis cette tribune en guise de lettre ouverte à Frédéric Lefebvre. Le secrétaire d’État veut en effet canaliser et contrôler les avis postés sur internet, officiellement pour traquer les faux avis émis par les sociétés elles-mêmes. : il a annoncé des « enquêtes spécifiques de la DGCCRF pour lutter contre deux dérives préoccupantes : les faux avis de consommateurs et les pratiques commerciales déloyales dans le secteur de la réservation d’hôtels en ligne ».
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*
Lettre ouverte à Monsieur Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État, chargé du Commerce, de l'Artisanat, des PME, du Tourisme, des services, des Professions libérales et de la Consommation.
Monsieur le Secrétaire d'État, ce n'est pas sans surprise que nous avons découvert ce 21 janvier votre intention de confier à la DGCCRF une enquête sur les avis de consommateurs publiés sur internet, et particulièrement sur les blogs, que ce soit à travers des articles ou des commentaires.
Si l'intention de mieux informer le consommateur ne peut que paraître louable, nous aimerions toutefois attirer votre attention sur le fait que le procédé et la manière choisis ne semblent pas des plus pertinents.
Il existe une première raison pour laquelle on trouve beaucoup plus d'avis positifs que négatifs, au point que cela puisse vous paraître éminemment suspect : effectivement, nombre d'internautes aimeraient pouvoir commenter sur leur blog ou en commentaire leurs expériences négatives, ce qui rendrait probablement beaucoup moins dithyrambiques les critiques trouvées ça et là sur certains hôtels, produits, sociétés.
Seulement, si ces hôtels, produits et sociétés acceptent avec un enthousiasme immodéré les compliments sur leurs prestations, leur premier réflexe lorsqu'ils constatent une critique négative, aussi justifiée soit-elle, est de menacer de poursuites en diffamation éditeur du texte et hébergeur, si ce n'est d'assigner directement. Fatalement, et dans ces conditions, il ne se trouve que peu de volontaires pour contrebalancer des critiques par trop positives. Une loi qui viendrait renforcer la liberté d'expression en matière de critiques négatives serait en l'espèce une véritable avancée, que nous soutiendrions vivement.
Par ailleurs, il faut bien comprendre que les internautes ne s'inscrivent pas dans le même rapport vis-à-vis de la publicité que des téléspectateurs.
Lorsqu'un téléspectateur peut passivement se laisser convaincre par des promesses publicitaires parfois irréalistes, ou tronquées, un internaute qui consulte un site internet, comparateur, blog, s'inscrit dans une démarche volontaire : il a choisi de se rendre sur un site, comparateur, blog pour étudier la pertinence des produits qui ont retenu son attention, ce qui est déjà un acte de prudence de « bon père de famille » (bien que je m'excuse de cette expression plus que désuète). Surtout, l'internaute qui consulte les avis et commentaires est nettement capable de faire la différence entre fictions contées par un community manager, et réalités décrites par un vrai consommateur.
Enfin, et s'agissant des articles rédigés par les blogueurs influents, ces derniers ont construit, au fil de nombreuses années, une réputation à laquelle ils sont aussi attachés que des sociétés : la moindre atteinte à cette réputation, et ces blogueurs perdent leurs visiteurs, qui iront chercher leurs informations sur une nouvelle source plus fiable. Aussi, lorsqu'un blogueur accepte de faire la promotion d'un produit, au-delà de la rémunération qui peut être attachée à cette promotion, vous pouvez avoir la certitude qu'il a lui-même adhéré à ce produit.
J'aimerais ainsi et surtout attirer particulièrement votre attention sur le fait que c'est tout un système de confiance qui s'est créé entre blogueurs et lecteurs, entre comparateurs et adeptes de ces comparateurs. Ainsi, lorsqu'un spammeur professionnel est identifié, ses commentaires sont le plus souvent rejetés par le blogueur.
Aujourd'hui, au motif louable de rendre meilleure l'information pour les consommateurs, vous risquez de détruire cet « écosystème » qui s'est construit sur l'internet Français, en jetant l'anathème contre les blogueurs et qui n'oseront plus parler de leurs coups de coeur, même spontanément, de peur de devoir en rendre des comptes : sans mettre un terme aux pratiques que vous dénoncez (les professionnels sauront toujours, d'une manière ou d'une autre, s'adapter), vous risqueriez ainsi d'obtenir le résultat inverse, en mettant un terme aux commentaires spontanés et désintéressés !
C'est la raison, Monsieur le Secrétaire d'État, je vous assure qu’internet, loin d'être une mafia qui se serait développée en l'absence de l'État, est un écosystème sain et qui fonctionne. Surtout, après la hausse de la TVA sur les forfaits internet subie par les internautes, et alors qu'il est annoncé qu'internet sera le lieu des prochaines échéances électorales, il serait temps de concevoir que ces internautes, s'il est avéré qu'ils ne sont pas tous des trafiquants, proxénètes, racistes, violeurs et psychopathes, sont en revanche bel et bien des électeurs.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
En clair FL veut interdire la liberté d'expression sur le web... Logique, c'est dans la droite ligne de ses idées de toujours...
Pas bcp de monde n'a protesté quand il a été nommé ministre... Et pourtant... Il est bien du même accabit que BH et consort... Peut-être même pire...
Pas bcp de monde n'a protesté quand il a été nommé ministre... Et pourtant... Il est bien du même accabit que BH et consort... Peut-être même pire...
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
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Re: Veille des outils de répression
http://www.wk-rh.fr/actualites/detail/35688/surveillance-des-salaries-la-cnil-veille.html
http://www.wk-rh.fr/actualites/upload/social/social_actu35688_SSL_Actu-1477.pdf
La formation contentieuse de la CNIL a prononcé récemment plusieurs mises en demeure à l’encontre d’employeurs qui n’avaient pas respecté
leurs obligations en matière de biométrie, de géolocalisation et de vidéosurveillance.
Autorisations uniques non respectées, procédures mal déclarées, finalités imprécises : la mise en oeuvre de dispositifs de surveillance des salariés continue d’alimenter le flux des affaires soumises à la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).
Depuis le mois de septembre 2010, un tiers de la trentaine d’affaires soumises à sa formation contentieuse ont porté sur l’utilisation par des employeurs de la vidéosurveillance, de la biométrie et de la géolocalisation.
Cette formation spécifique, composée de six membres, peut prononcer diverses mesures contre des employeurs qui ne respecteraient pas la loi informatique et libertés : mises en demeure, avertissements, injonctions de cesser le traitement, sanctions pécuniaires pouvant aller jusqu’à 300000 euros, etc. Dans les affaires en question, c’est la mise en demeure, qui précède les sanctions proprement dites, qui a été privilégiée.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
Cassidian vise le milliard d'euros dans la cybersécurité Par Yann Le Galès, Véronique Guillermard, 12/01/2011| Mise à jour : 15:47
La filiale défense d'EADS veut s'imposer face aux américains Northrop Grumann, General Dynamics et Symantec.
La scène se passe au Moyen Orient. L'alerte rouge se déclenche silencieusement sur le panneau de surveillance de la raffinerie. Le constat est sans appel : plusieurs valves de sécurité ont sauté. Il faut intervenir. «Mais vous faites exploser votre raffinerie si vous appliquez la procédure de sécurité. Car contrairement à ce qu'indique le panneau, les valves sont bien fermées. Nous en avons fait la démonstration récemment à un client potentiel en prenant le contrôle du système de sécurité d'une raffinerie », explique Hervé Guillou, président de Cassidian Systems, une des trois divisions de la filiale défense d'EADS.
Cette dernière s'est lancée voici dix huit mois sur le marché de la cybersécurité ou sécurité numérique. Car les entreprises sont de plus en plus vulnérables. Elles sont la cible d'attaques informatiques et de pirates. Des logiciels espions permettent de voler de l'information. Des programmes sont capables de détruire des informations. La Banque centrale de Russie fait l'objet de 3 000 tentatives par jour. Le sujet s'impose au plus haut niveau politique puisque la cybersécurité a été évoquée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel lors du sommet franco-allemand le 10 décembre dernier.
«Nous avons regroupé toutes les compétences d'EADS en matière de cybersécurité dans un unique centre de compétences qui possède trois antennes en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Nous avons également une filiale aux Etats-Unis», poursuit Hervé Guillou. Cassidian Systems a également acquis en septembre dernier le cabinet de conseil britannique Regency qui a reçu l'agrément du ministère britannique de la défense.
Cassidian Systems vise 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2015-2020 contre 100 millions d'euros en 2010. Soit en comptant sur ses propres forces. Soit par acquisitions. Car le marché de la sécurité informatique qui représente plusieurs dizaines de milliards de dollars, est encore à défricher. Mais la concurrence est rude. Le groupe européen affronte aussi bien des sociétés spécialisées comme les français Arkoon et netAsq, de grands groupes comme Cap Gémini et les américains Northrop Grumann, Lockheed Martin, General Dynamics, Symantec ou MacAffee.
Les 400 collaborateurs spécialisés dans la cybersécurité de Cassidian Systems ont développé de nombreuses offres. Par exemple, « un cockpit sécurité » baptisé Cymerius qui protège les systèmes d'information embarqués de la Marine française et assure également la surveillance et la gestion des incidents de sécurité du ministre britannique de la Défense.
Ils ont mis au point un produit de simulation baptisé Hotsim pour la formation de personnels informatiques afin qu'ils soient capables de réagir en cas d'attaques informatiques. Depuis 2000, la filiale d'EADS forme depuis 2000 les militaires de l'US Air Force.
Alors que l'affaire Renault illustre avec éclat les risques d'espionnage économique auxquels sont confrontées les entreprises, la filiale du géant franco-allemand propose également une solution baptisée Moseo pour protéger les informations que contiennent les ordinateurs portables des cadres et des ingénieurs quand ils voyagent.
Cassidian Systems est aussi décidé à jouer les premiers rôles sur le marché de la protection des fichiers de la sécurité sociale, des impôts, ou encore de la police et du ministère de la Justice. «On assiste à une concentration de gros serveurs qu'il faut protéger», observe Hervé Guillon. L'entreprise espère bénéficier d'une partie de l'argent du grand emprunt pour développer de nouveaux produits. Elle a présenté plusieurs projets. L'Agence nationale de la recherche, le CNES ainsi que le CEA sélectionnent les élus.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
(AFP)
GAP — Un employé municipal qui avait déposé une mini-caméra dans le plancher des toilettes de la mairie de Gap en novembre, "pour montrer
que l'on pouvait être filmé à son insu", a été condamné à 3 mois de prison avec sursis.
Le tribunal correctionnel de Gap a suivi les réquisitions du parquet, qui avait réclamé cette même peine à l'encontre de l'employé pour "enregistrement d'images par vidéosurveillance sans autorisation" et "atteinte à l'intimité de la vie privée".
Il a en outre été condamné à verser 500 euros de dommages et intérêt aux partie-civiles.
"Je voulais faire une démonstration de la nouvelle technologie d'aujourd'hui pour montrer que l'on pouvait être filmé à son insu", avait expliqué à la barre le prévenu.
"Vous auriez pu trouver un autre endroit", lui avait rétorqué le président du tribunal, le 13 janvier dernier.
La caméra miniature en forme de stylo, qui était reliée à une clé USB, avait été découverte sous la cuvette d'un WC de service n'accueillant "ni public ni élu", a dit la mairie.
Souffrant de dépression, le prévenu de 49 ans avait aussitôt reconnu les faits. Il avait été suspendu à titre conservatoire.
"Je voulais filmer les mollets et les chaussures", s'était défendu l'employé municipal.
Un chef de service de la mairie de Metz, qui avait filmé pendant cinq ans ses collègues femmes avec un caméscope dissimulé dans des toilettes de l'hôtel de ville, a été condamné le 1er décembre à un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de la ville.
nico37- Messages : 7067
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Re: Veille des outils de répression
La vidéosurveillance poursuit son essor
Plus de 1 000 caméras filment actuellement les espaces publics dans le Val-d’Oise. Et leur nombre devrait encore considérablement augmenter cette année.
Cergy. Le centre de supervision urbaine de la gare de Cergy-Préfecture, ici en mai 2010 lors de son inauguration, apparaît dans le reportage présenté ce soir à la télévision. | (LP/Marie persidat.)
Qu’ils l’appellent vidéotranquillité, vidéoprotection ou vidéosurveillance, le constat est le même : de gauche, comme de droite, les maires succombent de plus en plus à la mode des caméras. Le nombre d’appareils de vidéosurveillance sur la voie publique va passer de 20000 à 60000 en France. Le Val-d’Oise n’échappe pas à la règle : on en comptait déjà plus de 1000 sur la voie publique en 2010 et cette année, Franconville, Sannois, Sarcelles, Villiers-le-Bel vont développer à leur tour des réseaux importants dans des secteurs sensibles, sous la bienveillance de l’Etat, prêt à verser d’importantes subventions dans ce domaine. Après avoir filmé les coulisses des élections régionales l’année dernière, Olivier Zanetta et Christophe Rigaud, deux journalistes de VOtv, la chaîne de télévision du Val-d’Oise, ont réalisé un nouveau documentaire de cinquante-deux minutes, sur le développement de la vidéosurveillance dans les villes, diffusé ce soir sur la chaîne LCP.
Atteintes aux libertés fondamentales ? Véritable outil efficace contre la délinquance ? Si le documentaire se garde bien de répondre à ces questions, les rencontres des partisans et des opposants aux caméras permettent à tous les spectateurs de se faire leurs propres idées. Outre Toulouse ou Amiens, des séquences sont tournées à Cergy, lors de la présentation du nouveau système, mais aussi à la Cavam (communauté d’agglomération de la Vallée de Montmorency) qui abrite l’une des premières installations du département. On y découvre des images très nettes d’une rixe aux abords du lycée Jean-Jacques-Rousseau de Montmorency qui font froid dans le dos des élus présents.
Dans une ville de 4000 habitants, elle a coûté 248000 €
Mais le moment le plus succulent est sûrement le passage dans le village du Thillay. Dans cette commune située à proximité de Roissy, où vivent 4000 habitants, la vidéosurveillance a coûté 248000 €, soit près de 20% du budget communal. Là-bas, les caméras filment en pleine journée… le lac et ses pêcheurs, dans une ambiance bucolique. « Les caméras sur le lac, c’est pour que cela reste calme », explique Georges Delhalt, le maire (divers gauche). Dans les combles d’un local municipal, les images sont diffusées, mais personne ne les regarde, faute de moyens.
Mais le Val-d’Oise abrite aussi quelques récalcitrants acharnés, comme Jean-Claude Vitran. Le président départemental de la Ligue des droits de l’homme, qui a créé le Ravif, le Réseau antividéosurveillance d’Ile-de-France, dénonce notamment « la logique exponentielle de fichage, de traçage, de surveillance ». « C’est aujourd’hui, qu’il faut arrêter ça, parce que demain, il sera trop tard », insiste-t-il.
A 21 heures, sur LCP. Rediffusion mardi à 19h30 puis le dimanche 6 février à 21 heures.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
Au pays de Kafka, le viol d’ADN est protégé par la loi
« On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. […] »
On aurait pu s’attendre à ce que les pays qui ont vécu sous une dictature policière soient plus enclins à protéger leurs citoyens contre l’arbitraire. Raté. La Hongrie s’est faite remarquée en créant une sorte de « comité de censure » à la sauce brejnevienne. Et la République tchèque, plus discrètement, s’est distinguée en matière de fichage génétique. Un arrêt de la Cour constitutionnelle, rendu fin novembre, s’applique à justifier le prélèvement génétique sous la contrainte. Les juges tchèques ont considéré que la police pouvait prélever un échantillon biologique d’une personne «sans son consentement».
Dans la plupart des pays d’Europe, le « refus de prélèvement » est devenu un délit mais en aucun cas un officier de police est autorisé à employer la force, même de manière «raisonnable», pour prendre un échantillon de salive chez un suspect.
La Cour constit’ (Ustavni Soud) de Tchèquie — membre de l’Union européenne depuis 2003 et de l’espace de Schengen depuis 2007 —, va donc jusqu’à reconnaitre que le recueil d’échantillon d’ADN peut être effectué «en appliquant la force de manière raisonnable» (détails en anglais dans cet article du quotidien Prague Monitor).
En bref, elle considère qu’acquérir de tels échantillons, contre la volonté du suspect, ne va pas à l’encontre du « droit à ne pas s’auto-incriminer », un des principes fondamentaux de la Convention européenne des droits de l’homme (comme le droit de « garder le silence »). «Considérer l’inverse entrerait en conflit avec l’effort général d’une société à se protéger du crime», poursuit l’arrêt.
Si le suspect refuse la procédure, les autorités ont la possibilité d’utiliser des «moyens prévus par la loi», comme d’infliger une amende, ou donc d’appliquer la force «raisonnablement».
Les 15 juges de la Cour ont eu, en 2006, à se prononcer sur un cas similaire, rappelle le Prague Monitor. A l’époque, les juges avaient reconnu le droit de ne pas participer à un acte qui « aurait pu être utilisé contre lui ». Deux ans plus tard, la Cour change d’avis à 180° — à l’unanimité moins un juge: elle considérait déjà qu’un coton-tige fourré de force dans la bouche d’un suspect «touche de manière minime à l’intégrité physique de la personne », bref que « le traitement n’est pas inapproprié » :
« Taking saliva from one’s mouth is an intervention that only minimally touches on the man’s physical integrity. It is painless and poses no health risk. From the point of view of the adequacy of the pursued aim and the applied means, the treatment does not appear inappropriate either. »
Etonnante décision. Comme si la collecte d’éléments biométriques n’était pas, en soi, une violation de l’intégrité. L’acte de fichage est toujours un acte impliquant l’intégrité de la personne, physique ou métaphysique, peu importe. Etre fiché, pendant une longue période, au gré de la météo politique, sans réelle garantie de retrait ou d’effacement — selon la LOPPSI-2, bientôt en dernière lecture au Sénat, le procureur peut décider seul de conserver une trace même si un tribunal a exigé son retrait — nous expose à l’arbitraire.
Juger légitime une méthode de collecte parce qu’elle ne serait «pas très violente» pour la personne, sans réfléchir aux implications de la collecte en elle-même, est juridiquement consternant.
Mélange d’identités
Faudrait quand même ne pas trop donner d’idées aux électrons libres du groupe Ztohoven. Artistes situationnistes et provocateurs urbains, les douze membres de Ztohoven viennent tout juste d’être inculpés pour «obtention frauduleuse de cartes d’identité» (lire ici en tchèque), dans le cadre de leur dernier projet, Občan K (Citoyen K). Leur forfait : avoir obtenu, tout à fait légalement, des cartes d’identité (« obcanka » en tchèque) dont la photographie a été trafiquée pour correspondre à deux personnes différentes.
Pendant des mois, les Ztohoven — mot qui veut dire à la fois « sortir de là » et « cent merdes »… — ont donc vécu sous de vraies-fausses identités. Déjà, en juin dernier, leur exposition n’a pas duré deux jours. La police est venue saisir un cylindre de résine dans lequel les 12 cartes étaient scellées.
On imagine ce que donnerait leur projet appliqué au fichier ADN : une seule identité renvoyant à deux profils génétiques distincts. Sacré foutoir ! Leur projet montre en tous cas qu’un acte aussi anodin (obtenir des papiers) participe à l’auto-endoctrinement des individus, qui deviennent complices de leur propre enfermement. L’image numérique du visage est tout autant une atteinte à l’intégrité qu’un échantillon biologique.
La décision des juges tchèques est d’autant plus consternante que les fichiers génétiques sont de moins en moins « neutres ». Des chercheurs ont récemment démontré que le type d’ADN figurant dans les fichiers de police était bien plus «codant» qu’envisagé. En d’autres termes, les traces conservées dans ces bases de données peuvent renseigner sur des caractéristiques génétiques liées à la santé de la personne. De tels registres devraient donc être encore plus sévèrement encadrés.
N’oublions pas que tout fichier ADN recense surtout des innocents (n’ayant pas été jugés — 75% des traces du FNAEG en France sont celles de simples suspects), et dans la mesure où la présomption d’innocence n’est pas encore abolie, le banaliser est encore plus irresponsable.
Surtout pour des juges «constitutionnels».
Kafka infiltre le Conseil constitutionnel
En France, refuser un prélèvement est un délit qui peut mener en prison (jusqu’à un ou deux ans selon les cas), même si dans les faits les tribunaux en restent à des amendes.
Deux cas permettent de prendre la salive d’un suspect «sans l’accord de l’intéressé». Lorsque cette personne a été condamnée d’un crime ou d’un délit puni d’au moins dix ans de prison (article 706-56 du code de procédure pénale). Pour les simples « suspects » à qui on exige leur ADN en garde à vue, «l’identification de son empreinte génétique peut être réalisée à partir de matériel biologique qui se serait naturellement détaché du corps de l’intéressé». Capturer en douce l’un de ses cheveux, par exemple, et le tour est joué…
Le Conseil constitutionnel a récemment eu à se prononcer sur la légitimité du délit de « refus de prélèvement biologique » (affaire Jean-Victor C., 16/09/2010) vis à vis de la présomption d’innocence. Le point 17 de l’arrêt énonce que:
17. (…) [de tels prélèvements] n’emportent ni déclaration ni présomption de culpabilité ; qu’ils peuvent au contraire établir l’innocence des personnes qui en sont l’objet ; que l’obligation pénalement sanctionnée de se soumettre au prélèvement, qui n’implique pas davantage de reconnaissance de culpabilité, n’est pas contraire à la règle selon laquelle nul n’est tenu de s’accuser ; que, dès lors, ces dispositions ne portent pas atteinte à la présomption d’innocence ;
Il n’y aurait donc, comme l’ont jugé les Tchèques, aucune atteinte au droit de ne pas s’auto-accuser. Mais l’autre argument est plus choquant : aucun risque de « présomption de culpabilité », écrivent les juges, car le fichage génétique pourrait, un jour, innocenter le même suspect !
A ce compte-là, pourquoi ne pas inscrire d’office tous les citoyens, comme plusieurs ministres ou responsables l’ont déjà avancé ?!
Autre extrait intéressant de l’arrêt du Conseil:
25. Considérant qu’en punissant le refus de prélèvement biologique (…), le législateur n’a pas institué une peine manifestement disproportionnée ; que la réitération du refus à des périodes et en des circonstances différentes peut donner lieu à des poursuites et des condamnations distinctes sans méconnaître le principe non bis in idem ; qu’enfin, le délit prévu par le paragraphe II de l’article 706-56 [délit de refus de prélèvement] ne figure pas dans les infractions (…) autorisant le prélèvement biologique ; qu’il s’ensuit que les dispositions du paragraphe II de l’article 706-56 ne portent atteinte à aucun des droits et libertés invoqués ; (…)
L’argument du Conseil, sans exagérer, semble tombé tout droit d’un roman de Kafka…
Suivez le raisonnement : le refus de prélèvement biologique est un délit, mais comme ce délit n’entraîne pas automatiquement une demande de prélèvement biologique, la mesure n’est pas disproportionnée !
Joseph K. aurait certainement apprécié.
«[…] Aussi les dossiers de la justice, et principalement l’acte d’accusation, restaient-ils secrets pour l’accusé et son avocat, ce qui empêchait en général de savoir à qui adresser la première requête et ne permettait au fond à cette requête de fournir d’éléments utiles que dans le cas d’un hasard heureux.»
Le Procès (1925) – chapitre VII
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
La cérémonie des vœux a été l'occasion d'annonces et de prises de positions.
Ce ne sont pas seulement le bilan et les perspectives de l'année à venir que Nicolas Lacombe, maire de Nérac, a présenté hier lors de ses vœux à la population. C'est un véritable bilan de mi-mandat que l'ensemble de l'équipe municipale a dressé, via une vidéo projetée dans un Espace d'Albret devenu trop petit pour l'occasion.
C'est également lors de cette soirée que le maire a dévoilé les intentions de la municipalité en matière de vidéoprotection : la décision sera soumise, vraisemblablement vers le mois de septembre, à l'ensemble des 5 400 électeurs néracais, « selon la procédure de referendum strictement encadré par la loi du 28 mars 2003 ».
Petites incivilités qui empoisonnent la vie de tous les jours à des actes plus graves comme la dégradation du parc classé de la Garenne, il y a quelques semaines, ou des voitures volées puis incendiées, régulièrement, le sujet de la sécurité, et des systèmes de vidéoprotection qui vont avec, revient sur le devant de la scène.
5 à 8 caméras
Au mois de décembre, lors d'une réunion d'information organisée par la sous-préfecture, il était ressorti que 5 à 8 caméras pourraient être utiles dans la ville. « Parce que ce projet n'était pas à notre programme, parce qu'il suscite des débats justifiés dans la population, et parce qu'il représente un coût non négligeable », c'est la voie référendaire qui a été choisie. Si les Néracais adhèrent en majorité à ce projet, la capitale de l'Albret sera la cinquième ville du département (après Aiguillon, Pont-du-Casse, Agen et Villeneuve-sur-Lot) à disposer d'un tel dispositif.
Le maire a, pour sa part, émis deux réserves : « Les caméras ne remplaceront pas des hommes », et surtout, « je considère que c'est à l'État d'assurer la mission de protection des populations ». D'autant que le coût pour la commune ne serait pas négligeable.
De finances, d'ailleurs, il a souvent été question, dans tous les points qui ont été abordés : jeunesse, seniors, développement durable… Sans oublier de rappeler plusieurs fois le difficile contexte : suppression de la TVA et baisse de la dotation de l'état. Cela dit, les bonnes nouvelles financières sont aussi au rendez-vous, alors que se préparent les budgets. Pour la première fois, « nous baisserons les frais de fonctionnement par rapport à l'an passé sans nuire à la qualité du service public que nous vous devons ». Et, comme à chaque fois qu'il prend la parole devant ses administrés, « cela se fera sans augmenter les taux d'imposition pour la quatrième année consécutive ».
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
http://www.parisseveille.info/resistance-policiere-contre-l-etat,2778.html
Loppsi & co
Résistance policière contre l’État raciste
un communiqué du SGP dénonce la chasse aux tunisiens à Nice
Police ethnique ? Le SGP, principal syndicats de policiers, manifeste sa vigilance sur des questions de citoyenneté, pour la deuxième fois en peu de temps, après sa dénonciation des « milices armées » que vient de légaliser la Loppsi.
On arriverait ainsi à ce paradoxe qu’à l’heure de l’instauration de l’État policier, la seule résistance sérieuse serait celle… de la police ! Paradoxe apparent seulement : les policiers sont les premiers témoins. Eux voient ce qui s’élabore et se met en place à marche forcée. L’État néo-populiste avec ses milices « citoyennes » et ses jury populaires se profile à notre horizon immédiat. L’autre mouvement de résistance, c’est celui de la justice, bien sûr.
Contre la justice en visioconférence : les juges administratifs ont été jusqu’à manifester, pour dénoncer son application aux sans-papiers. Mais la Loppsi l’a validée pour tous. C’est, parmi les barbaries de cette loi, celle où s’imposerait une résistance citoyenne : juges, avocats, prévenus, tous doivent refuser cette parodie de justice, forcément au détriment de tous, à commencer par les plus fragiles. Qu’elle prétende s’appliquer tout d’abord aux sans-papiers en est l’illustration.
Ce sont ainsi les professionnels de la répression qui nous alertent sur la nature inacceptable des politiques de répression qui se mettent en place en application du « livre blanc de la défense et de la sécurité nationale » qui préconise la création d’un « volontariat de la sécurité nationale » – ainsi que s’appelait les « tontons macoutes » en Haïti du temps des Duvalier. Ces « volontaires » pourraient « être sollicités en cas de besoin massif sur le territoire national à l’occasion d’une crise ».
La politique de la guerre civile, en France comme en Lybie...
Paris s’éveille
Loppsi & co
Résistance policière contre l’État raciste
un communiqué du SGP dénonce la chasse aux tunisiens à Nice
Police ethnique ? Le SGP, principal syndicats de policiers, manifeste sa vigilance sur des questions de citoyenneté, pour la deuxième fois en peu de temps, après sa dénonciation des « milices armées » que vient de légaliser la Loppsi.
On arriverait ainsi à ce paradoxe qu’à l’heure de l’instauration de l’État policier, la seule résistance sérieuse serait celle… de la police ! Paradoxe apparent seulement : les policiers sont les premiers témoins. Eux voient ce qui s’élabore et se met en place à marche forcée. L’État néo-populiste avec ses milices « citoyennes » et ses jury populaires se profile à notre horizon immédiat. L’autre mouvement de résistance, c’est celui de la justice, bien sûr.
Contre la justice en visioconférence : les juges administratifs ont été jusqu’à manifester, pour dénoncer son application aux sans-papiers. Mais la Loppsi l’a validée pour tous. C’est, parmi les barbaries de cette loi, celle où s’imposerait une résistance citoyenne : juges, avocats, prévenus, tous doivent refuser cette parodie de justice, forcément au détriment de tous, à commencer par les plus fragiles. Qu’elle prétende s’appliquer tout d’abord aux sans-papiers en est l’illustration.
Ce sont ainsi les professionnels de la répression qui nous alertent sur la nature inacceptable des politiques de répression qui se mettent en place en application du « livre blanc de la défense et de la sécurité nationale » qui préconise la création d’un « volontariat de la sécurité nationale » – ainsi que s’appelait les « tontons macoutes » en Haïti du temps des Duvalier. Ces « volontaires » pourraient « être sollicités en cas de besoin massif sur le territoire national à l’occasion d’une crise ».
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Paris s’éveille
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
Re: Veille des outils de répression
un site : www.antiloppsi2.net
Ce site a pour but de mutualiser les analyses et les mobilisations contre la loi LOPPSI2.
un collectif d’associations, de syndicats, de partis politiques et de militants en lutte contre la LOPPSI 2.
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
Re: Veille des outils de répression
(AFP) La cour d'appel de Rouen a condamné mercredi à une amende symbolique de 1 euro un militant anti-pub qui avait refusé un
prélèvement de son ADN après une condamnation pour avoir dégradé des panneaux publicitaires.
"C'est une bonne porte de sortie pour la cour d'appel", a déclaré François Vaillant, 58 ans, en louant "l'intelligence" de l'institution.
Pour ce refus, cet homme, qui est aussi rédacteur en chef de la revue "Alternatives non-violentes", avait été condamné en première instance le 7 décembre 2009 à une amende de 300 euros par le tribunal correctionnel de Rouen.
L'affaire remonte à une première condamnation à une amende symbolique d'un euro infligée le 12 mai 2007 à François Vaillant pour avoir dégradé en 2006 des panneaux publicitaires. Il avait notamment écrit sur ces panneaux: "pub = pollution", "la pub fait dé-penser", "ici bientôt un arbre".
A la suite de cette condamnation, ce militant avait été convoqué au commissariat de police de Rouen pour un prélèvement d'ADN mais avait
refusé de se soumettre à cette injonction judiciaire. "Je refuse que mon ADN soit fiché comme si j'étais un criminel, un violeur ou un auteur
d'actes de torture", avait-il soutenu.
François Vaillant qui encourait une peine d'un an de prison assortie d'une amende de 15.000 euros a précisé qu'il allait continuer à "se battre" pour la suppression du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) créé en 1998.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
Petit lexique techno-métro-politain[/b] par Jean-Pierre Garnier, mardi 18 janvier 2011
Les mots du pouvoir sont rarement innocents. Ceux qui accompagnent les évolutions urbaines actuelles n’échappent pas à la règle. Une novlangue métro-techno-politaine est mise au service de l’ordre urbain, social et technologique imposé par les classes dominantes. Pauvre et répétitive, cette sémantique matraquée jusqu’à la nausée n’en est pas moins arme de guerre sociale.
Le langage basique des aménageurs à l’heure de la « métropolisation » des « eurocités » est à la fois succinct et infra-théorique. Ce qui peut se comprendre : l’action doit primer sur la réflexion. Mais cette action, pour être menée à bien sans susciter d’opposition, suppose un formatage de l’opinion. C’est pourquoi le verbe n’est pas seulement descriptif mais aussi roboratif : il doit susciter l’adhésion - voire
l’enthousiasme. Cependant, à la différence de la propagande des régimes dits totalitaires, où la politique était « au poste de commande » dans le choix du vocabulaire, c’est la technique qui sert de référent ultime à celui-ci, garante d’efficacité et d’objectivité. Présentée comme une seconde nature, la technique imprime aux décisions prises le sceau de l’inéluctabilité : il ne s’agit plus de gouverner mais de gérer.
On aurait pu croire que les critiques dont l’idéologie technocratique fit l’objet à la belle époque de la « contestation du système » avaient laissé des traces. Il n’en est rien. À la faveur de la dépolitisation massive consécutive à la succession d’« alternances » politiciennes sans alternatives politiques, le scientisme et le technicisme ont opéré un retour en force dans les discours des gouvernants et de leurs servants, chercheurs en sciences sociales compris. Pour la plupart, ces derniers n’ont rien trouvé de mieux que de faire écho aux gouvernants en se bornant à enrober les stéréotypes langagiers en usage parmi la technocratie aménageuse de circonlocutions plus pédantes que savantes pour les parer des plumes de la scientificité.
De ce verbiage éminemment consensuel, les exemples fourmillent. De même que, parallèlement, on s’évertue à nier le caractère oligarchique du pouvoir local en place en adjoignant au terme « démocratie » censé le définir l’épithète pléonastique « participative », auquel on ajoutera parfois, pour faire bon poids, celui de « citoyenne », on parlera à nouveau de « prospective », comme au temps des soi-disant « Trente glorieuses », mais en précisant qu’elle sera désormais « partagée ». Par qui ? On ne le sait. Seuls les mauvais esprits feront remarquer qu’elle ne le sont que par une minorité de « décideurs ».
En ces temps interminables de « crise », où la morosité a gagné une bonne partie de la population, il faut user de mots susceptibles de lui redonner espoir. C’est pourquoi le « futur », l’« avenir » ou, plus littéraire, le « devenir », ont repris du service dans les discours dominants - évidemment dépouillés de la connotation pessimiste, sinon nihiliste, que leur avait insufflée la mouvance « punk » puis « destroy » dans les années 70. Si l’on se garde de promettre « radieux » les temps à venir comme s’y était risquée la propagande stalinienne, ils sont néanmoins présentés comme souriants grâce aux innombrables « révolutions » scientifiques et techniques (télématique, informatique, communicationnelle, bio- et nano-technologique…) qui jalonneraient plus que jamais l’évolution de l’humanité dans sa marche en avant guidée par le « progrès ». Ainsi qualifie-t-on d’« avancée » n’importe quelle « innovation », quand l’expérience prouve qu’elle peut être synonyme de régression. Tout ce qui évoque le « mouvement » est, par conséquent, empreint de positivité, le mouvement du capital et ses effets de plus en plus délétères n’étant, bien entendu, jamais mentionnés.
Dans le champ urbain, comme ailleurs, cet aggiornamento linguistique fonctionne selon deux principes : la fabrication de néologismes plus oxymoriques ou pléonastiques les uns que les autres et le recyclage sans fin de termes anciens. Ainsi en va-t-il du vocable « technopole » — ou « technopôle » — mis sur orbite dans les années 80 du siècle dernier, et de celui de « métropole », qui connaît une nouvelle vogue depuis le début du siècle.
Le succès du terme « technopole » en France est contemporain de la période où la gauche institutionnelle parvenue au pouvoir remisait au grenier à chimères les idéaux socialistes aux nom desquels elle l’avait conquis, pour se rallier à l’entreprise, au marché et au profit subsumés sous le sceau de la « modernisation ». Laquelle, au cours des deux décennies précédentes, avait déjà servi de signe de ralliement à la technocratie gaulliste lorsque Georges Pompidou était Premier ministre, puis aux promoteurs du « libéralisme avancé » quand Valéry Giscard d’Estaing occupa l’Élysée. Mais le contexte avait changé.
Décentralisation aidant, il revenait dorénavant aux élus locaux « de gauche » des grandes villes, non plus de mettre en œuvre de l’« autogestion » sur le plan local dans une perspective de « rupture avec le capitalisme », mais de « moderniser la France » en faisant de ses villes des « pôles d’excellence » résultant de la combinaison gagnante enseignement supérieur/recherche/industrie, baptisée « synergie » pour donner du tonus à cette fructueuse collaboration.
Ainsi naquirent, au moins sur le papier, les « technopoles », dotées chacune d’un ou plusieurs « technopôles » spécialisés selon la branche d’activité (informatique, biotechnologie, médecine, etc.) et qui allaient rivaliser entre elles, et pour certaines, avec leurs homologues des pays voisins, dans la course à la « compétitivité » et à l’« attractivité ». Dans les campagnes de marketing urbain, c’est à qui se targuerait de mériter le plus le label « technopolitain », sans voir ou en feignant d’ignorer que dans la technopolis, la Technique, adulée comme une nouvelle divinité, a fini par dissoudre le sens que l’histoire avait donné au mot « Cité ».
Plus d’une vingtaine d’années plus tard, ce modèle urbain n’a pas changé, mais l’échelle s’est élargie. Dans les discours, qu’ils soient médiatiques ou pseudo-scientifiques, la technopole s’est transmuée en « métropole ». Que s’est-il passé ? Tout simplement, la centralisation et la concentration des fonctions directionnelles, des services afférents et des catégories sociales correspondantes se sont poursuivies, et l’espace central où elles avaient pris place s’est révélé trop petit. Du coup, le cœur des agglomérations ne pouvait plus se limiter au
centre-ville. L’urbanisation devait acquérir une dimension régionale.
Les géographes ne parlaient-ils pas de « région urbaine » ? D’où l’exhumation de la notion de « métropole », mais pourvue d’un sens positif qu’elle avait fini par perdre durant le siècle dernier où l’on ne discernait plus en elle que gigantisme, massification, robotisation, anonymat, « foule solitaire »… Qu’à cela ne tienne : il suffira, comme le veut la novlangue dont Georges Orwell avait exposé la logique, de reprendre le même mot tout en changeant sa signification. Ce qui différencie aujourd’hui la « métropole » des villes de taille inférieure, ce n’est plus tant la grandeur que la hauteur dans la hiérarchie des valeurs : « hautes technologies », « hautes qualifications », « hauts revenus », équipements « hauts de gamme » et, impératif écologique aidant, « haute qualité environnementale ».
Cette folie des hauteurs, contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, n’est pas le propre des classes supérieures, c’est-à-dire des bourgeois, mais de celles situées à un échelon immédiatement inférieur, la petite bourgeoisie intellectuelle et scolairement dotée, dont les représentants tiennent les leviers de commande au niveau régional, départemental et municipal. Ingénieurs, cadres, universitaires, chercheurs constituent le vivier principal dont sont issues les nouvelles élites locales, encartées, pour les plus ambitieux, dans les partis dits « de gouvernement » afin de donner un tour démocratique, via l’élection, à leur irrésistible ascension. « Le néo-petit bourgeois se doit de parler au nom des petits pour devenir grand », estimait Pierre Bourdieu à l’époque où la petite bourgeoisie intellectuelle française se réclamait du prolétariat, de la classe ouvrière ou du « peuple de gauche » pour mettre, avec leur soutien, « l‘intelligence au pouvoir », c’est-à-dire elle-même. Enfin parvenue à ses fins, l’air des cimes l’a comme grisée.
D’où ces proclamations ronflantes des maires, des présidents de Conseils généraux ou régionaux, relayés par les médias et les têtes pensantes diplômées qui leurs sont inféodées. Chacun vantera-t-il ainsi, avec d’emphase, les « atouts » du territoire qu’il a pour mission de « dynamiser », de faire « rayonner » et de rendre « attractif » aux yeux des « investisseurs » et de la « matière grise ». Et ce dans le cadre européen de « la concurrence libre et non faussée » qui, pour ne pas avoir été inscrite dans le projet de constitution rejeté par le peuple, n’en régit pas moins désormais les rapports entre « métropoles », comme les rapports sociaux en général.
Environ 80 substantifs, une quinzaine de qualificatifs, à peine une trentaine de verbes composent le lexique techno-métropolitain. Une liste assez courte, à l’instar de la pensée qu’elle résume. Mais elle suffit, pour les raisons évoquées plus haut, à résumer les grandes lignes de la vision du monde urbain véhiculée par les promoteurs de la technopolisation ou de la métropolisation. Décortiquer ce que recouvre cette vision, mettre au jour les intérêts qu’elle dissimule, dégager les logiques, les processus et les mécanismes sociaux des politiques urbaines qu’elle inspire nécessiterait, certes, le recours à une foule de concepts et d’arguments puisés dans la théorie critique. Ce que s’entêtent à faire une poignée de penseurs « radicaux », héritiers de Karl Marx et de Henri Lefebvre, tels le géographe anglais David Harvey ou le sociologue étasunien John Bellamy Foster, lesquels n’ont de cesse de dévoiler les tenants et les aboutissants de l’urbanisation du capital. Ce n’est évidemment pas là le propos des apologistes de la technopolisation, qu’ils en soient les « acteurs » ou les commentateurs autorisés.
« Décideurs » et chercheurs, même combat : il ne s’agit pas de penser au-delà de ce qui est indispensable à l’action, et encore moins de critiquer cette dernière, mais d’« impulser », de « catalyser » et de « motiver ». Tout au plus pointera-t-on les « dysfonctionnements » qui peuvent en résulter, afin d’être en mesure de les éliminer. On parlera alors de « tensions » ou de « distorsions », métaphores empruntées à la physique, c’est-à-dire à une « science dure » non suspecte de mollesse à l’égard de l’« idéologie » - anticapitaliste, faut-il le préciser - qui
porte à les appréhender en termes de contradictions et à y discerner les manifestations spatiales d’une domination sociale.
Avec des idées simples en forme de slogans, on s’attachera donc à exalter l’accession de villes triées sur le volet au « club très fermé des technopoles », pour reprendre l’une des expressions favorites de feu le maire de Montpellier, Georges Frêche, et au rang de « métropoles » pour celles qui auront le plus phagocyté leur environnement rural. Ce qui donnera, par exemple, dans la prose d’un groupe de chercheurs parmi
tant d’autres : « Dans la plupart des classements internationaux, x… [n’importe quelle « ville européenne », voire « globale », au choix] gagne des places, ce qui est sans doute l’élément le plus significatif de sa capacité actuelle d’attraction et de rayonnement ». Ou encore : « La gouvernance métropolitaine met à profit une relative convergence d’intérêts publics et privés pour faire du développement économique sa
priorité, et favoriser le placement de x… [idem] dans la concurrence entre villes nationales européennes voire mondiales » [1].
En peu de mots, on ramasse ainsi une pensée qui n’en requiert pas plus, dissuadant de s’interroger sur la signification politique des phénomènes et des pratiques qu’ils désignent pour, au contraire, les « valoriser » et les « promouvoir », comme le veut toute propagande en faveur de l’ordre établi, fût-il urbain, comme c’est le cas ici.
On trouvera ci-après les mots-clefs de la novlangue techno-métropolitaine sans prétendre à l’exhaustivité, encore que la liste proposée soit bien près de s’en approcher.
Notes
[1] Ces citations sont extraites de Sociologie de Lyon, ouvrage collectif pondu par quatre sociologues du cru (La Découverte, 2010).
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Veille des outils de répression
La redoutable efficacité du PV par vidéo
Publié à 7 h - Mis à jour à 9 h 47 - A Sète, ils sont déjà quarante-quatre à avoir été pris dans l'œil globuleux de la caméra.
Quarante-quatre automobilistes coupables d'avoir pris les rues de Sète pour un parking. Ils recevront chez eux, dans les prochains jours, un PV de 35 €. Un arrêt qui s'éternise, un repérage depuis le centre de vidéosurveillance, un zoom sur la plaque d'immatriculation et le tour est joué. Au hit-parade, le quai de la Résistance l'emporte largement, devant le quai Suquet et la rue Euzet.
Si les contrevenants piégés sont encore nombreux, le système de PV à distance a permis de fluidifier la circulation dans le centre-ville. Le but est atteint donc d'autant que les agents de la police municipale ont complété le travail dissuasif de la caméra par une présence accrue sur le terrain, carnets de PV en main.
Certes, quelques commerçants se plaignent comme en témoigne le reportage diffusé dans le JT de TF1, le 19 janvier, à 13 h (encore visible sur le net). Mais tous les automobilistes sont ravis. Enfin, tous sauf les quarante-quatre qui n'ont pas encore compris la règle.
Mouchard
Une borne vient d’être installée quai de la Résistance, face à l’arrêt minute. Elle sera en service prochainement et permettra de détecter les arrêts prolongés. Un chronomètre calculera le temps de stationnement et avertira la police municipale en cas de dépassement.
Dernière édition par nico37 le Jeu 3 Mar - 20:24, édité 2 fois
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
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