Commerce des armes, outils de repression de masse
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Commerce des armes, outils de repression de masse
Commerce des armes, outils de repression de masse
Le lucratif commerce du gaz lacrymogène par temps de crise
http://www.courrierinternational.com/article/2013/09/06/le-lucratif-commerce-du-gaz-lacrymogene-par-temps-de-crise
A la suite de la répression des manifestations de paysans colombiens, cet éditorialiste a calculé que le coût d'un tir de gaz lacrymogène revenait à 17 euros. Le plus grand producteur de ce type de grenade est américain. Et, forcément, ses bénéfices augmentent par les temps qui courent...
C'est devenu un lieu commun : on a tous à perdre avec les grèves. L'idée est aussi fausse que rebattue. Car, à chaque manifestation, il y en a qui s'en mettent plein les poches. Le secteur des "armes non létales" tire d'énormes profits de la répression des manifestations, en Colombie comme dans le reste du monde.
Par les temps qui courent, le gaz lacrymogène a le vent en poupe. Même si les Nations unies le qualifient d'arme chimique, de puissants intérêts ont permis à ce gaz d'être commercialisé sur l'ensemble de la planète en tant qu'"arme non létale".
Le plus grand producteur de gaz lacrymogène est Combined Systems. Cette société est établie à Jamestown, un pacifique village de moins de 700 habitants en Pennsylvanie.
Selon son site web, son métier consiste à "fabriquer des munitions tactiques et des dispositifs de contrôle des masses, destinés aux forces armées, à la police, aux autorités carcérales et aux agences de sécurité nationale du monde entier".
Cette société est une machine à produire de l'argent. Plus le monde va mal, mieux elle se porte. Une récente étude menée par Anna Feigenbaum, professeure à l'université de Bournemouth (Grande-Bretagne), prouve que pendant les périodes de crise économique les dépenses antiémeutes grimpent en flèche.
En Espagne, le budget antiémeutes est multiplié par dix-sept
Le journaliste Marcelo Justo a réalisé un reportage pour BBC Mundo [site web hispanophone de la BBC], qui montre notamment le cas de l'Espagne. Tandis que le gouvernement Rajoy a réduit le budget de 2013 dans presque tous les domaines, à commencer par la santé et l'éducation, celui du poste "antiémeutes" a été multiplié par 17 (!), passant de 173 000 à 3 millions d'euros
La Colombie est un très bon client de Combined Systems. Selon une publication de Source Watch, les principaux pays à se fournir auprès de ce fabricant de gaz lacrymogène sont par ordre d'importance : les Etats-Unis, Israël, l'Egypte, la Colombie et le Yémen.
En 2007, on a enregistré 800 manifestations en Colombie. Le 26 décembre de cette année, au beau milieu des fêtes de Noël et de nouvel an, le gouvernement d'alors a signé pour le compte de la police nationale un contrat avec les représentants locaux de Combined Systems d'une valeur de 2 262 936 dollars [soit environ 1,5 million d'euros].
Le contrat portait sur l'achat de lances-grenades et autres munitions antiémeutes. La signataire du contrat, en qualité de directrice administrative et financière de la police, était Luz Marina Bustos Castañeda, alors colonelle. Elle est aujourd'hui générale, et, sous sa signature, elle a revu et augmenté ce contrat à hauteur de plusieurs millions.
L'une de ces révisions permet de voir ce que coûte chaque tir antiémeutes au contribuable colombien. Pour chacune des grenades de fumée blanche, nous payons 43 880 pesos [17 euros]. Chaque cartouche de gaz nous coûte 27 183 pesos [plus de 10 euros].
Un autre contrat, cette fois passé avec le Fonds de roulement de la police (Forpo), indique que la Colombie a acheté à Combined Systems des fusils lance-grenades pour 242 604 960 pesos [ soit environ 94 000 euros].
Les principaux actionnaires de Combined Systems sont Point Lookout Capital Partners et The Carlyle Group. Le groupe Carlyle est un conglomérat aux multiples intérêts, qui vont du secteur bancaire international à l'agroalimentaire (avec Syangro Technologies), en passant par la production de lait en Inde (Tirumala Milk). Carlyle possède également l'agence Duff & Phelps, qui évalue la sécurité des investissements en Colombie et ailleurs.
Notre pays est magnanime avec les conglomérats qui exploitent nos ressources et nous vendent ce dont nous n'avons pas besoin dans le cadre du "généreux" TLC [traité de libre-échange Colombie/Etats-Unis]. Il est à la fois avare avec les paysans qui produisent des aliments, sévère avec ceux qui osent manifester et généreux avec les vendeurs d'instruments de répression.
Pour conclure, ces derniers raflent tout le fric et il ne nous reste que les yeux pour pleurer. Dans la fumée des lacrymos.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Commerce des armes, outils de repression de masse
On reparlera aussi de cela paru en Juillet de cette année :
La Grande-Bretagne vend du matériel militaire à la Syrie et à l'Iran
17/07/2013
Londres commerce avec la majorité des pays figurant sur sa propre liste des régimes sensibles en matière de respect des droits de l'homme.
http://www.lepoint.fr/monde/la-grande-bretagne-vend-du-materiel-militaire-a-la-syrie-et-a-l-iran-17-07-2013-1705745_24.php
Par Marie-Violette Bernard
La Grande-Bretagne vend des équipements militaires à pratiquement tous les pays figurant sur sa propre liste des régimes sensibles, dont la Syrie et l'Iran, s'alarme une commission parlementaire dans un rapport publié mercredi. Le gouvernement britannique a délivré ou renouvelé 3 000 licences d'exportation pour un montant global de 12,3 milliards de livres (14,1 milliards d'euros), "une somme gigantesque", selon l'ancien ministre de la Défense et président de la commission parlementaire John Stanley, qui pensait que "quelqu'un avait ajouté des zéros".
Sur les 27 pays à caractère sensible sur le plan des droits de l'homme figurant sur la liste du gouvernement britannique, seulement deux - la Corée du Nord et le Soudan du Sud - n'ont pas de contrat avec la Grande-Bretagne. L'Iran a signé 62 contrats, essentiellement pour du matériel cryptographique, alors que la Russie a contracté 27 licences pour de l'équipement biotechnologique, des fusils à lunette, de l'armement laser et des drones. Ces deux pays fournissent des armes au régime du président syrien Bachar el-Assad.
"Règles très strictes" (William Hague)
Le gouvernement britannique lui-même continue à accorder trois licences à la Syrie, portant sur des véhicules tout-terrain et des pièces de sonars, alors qu'il a annoncé mardi la prochaine livraison de matériel de protection contre les armes chimiques à l'opposition syrienne. Le gouvernement assure que les 3 000 licences d'exportation ne comportent pas d'équipement "de nature à être utilisé pour faciliter la répression interne" ou "provoquer ou prolonger des conflits régionaux ou internationaux" .
"Nous appliquons des règles très strictes pour nos exportations" , a réagi le chef de la diplomatie britannique William Hague lors d'une visite à Islamabad, au Pakistan. "Nos sanctions contre l'Iran sont très sévères. Nous n'exportons rien en Iran qui soit en conflit avec les sanctions décidées à l'ONU, au sein de l'Union européenne, ou qui contredirait nos politiques nationales" , voire "le traité sur le commerce des armes", a ajouté William Hague.
Israël en tête
Mais l'ancien ministre John Stanley a demandé un "comportement plus prudent au moment d'accorder des licences à des régimes autoritaires". Le gouvernement contrevient à sa "politique de ne pas vendre d'armes à quiconque susceptible de constituer une menace pour les droits de l'homme", a estimé pour sa part estimé Oliver Sprague, d'Amnesty International. La Chine est le pays qui bénéficie du plus grand nombre de licences avec le gouvernement britannique (1 163 pour 1,8 milliard de livres).
Israël est le plus important contributeur, payant à lui seul 7,7 des 12,3 milliards de livres de la facture totale, essentiellement pour du matériel cryptographique à usage militaire et civil. La commission parlementaire s'étonne aussi des 57 licences accordées à l'Argentine, un pays contre lequel la Grande-Bretagne a livré une guerre éclair ayant pour enjeu l'archipel des Malouines, en 1982. L'Argentine fait partie des cinq pays à ne pas figurer sur la liste des pays sensibles qui ont attiré l'attention de la commission parlementaire avec l'Égypte, la Tunisie, Bahrein et Madagascar.
Copas- Messages : 7025
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