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Lutte ouvrière

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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Lo et jeunes de banlieue

Message  Robert Paris Jeu 19 Jan - 23:16

Tout en reconnaissant qu’il y avait dans ce mouvement « des enfants d’ouvriers » et « des jeunes travailleurs sans emploi », Hardy insiste sur « la distinction entre lumpen prolétariat et prolétariat ». Citant ceux qui vivent de « la débrouille, les trafics et les larcins de tout genre », il déclare que « c’est déjà le lumpen prolétariat, et ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. C’est ceux que Le Pen paiera pour casser la figure aux grévistes et aux militants » (Lutte de classe, février).

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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Re: Lutte ouvrière

Message  Robert Paris Jeu 19 Jan - 23:27

Vérosa_2 voit donc là "un argument un peu spécieux" de cet affreux Robert Paris qui exagère comme d'hab contre Lo alors que la LCr avait bien compris on ne sait pas trop quoi...

Mais ce n'est pas moi, c'est LO qui diffuse le texte d'Hardy alias Roger Girardot à l'adresse

lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/banlieues-2005-et-commentaire-du

je cite :

{"Il s’agit là d’explosions de colère indiscutablement, et ils considèrent que c’est le seul moyen d’attirer l’attention sur eux. Mais ce sont des réactions d’inconscience et cela il faut le dire quand même. Si on ne le dit pas, on ne joue pas notre rôle. C’est bien la peine d’appeler à un mouvement d’ensemble, à la lutte de classe, etc. si même à la « jeunesse prolétarienne », entre guillemets, on ne dit pas qu’elle fait fausse route et que ceux-là ont repris les pires modes d’action qui se sont passés en marge du mouvement ouvrier. Les bris de machines par exemple, et plus proche de nous, ceux qui voulaient déverser des produits toxiques dans une rivière. (…) Le problème qui se pose et auquel nous devons réfléchir, c’est que la réaction de ces jeunes, c’est la désespérance, oui sans doute, il n’y a pas toujours eu deux millions et plus de chômeurs, certainement plus près de trois millions que de deux, et ça compte. Mais il faut bien voir que l’instruction qu’ils reçoivent, ni même celle qu’ils sont censés recevoir, n’est pas apte à en faire des adultes conscients (…)Et puis il y a une autre minorité qui ne maîtrise rien, qui arrive en 6e ou plus loin sans savoir ni lire correctement, ni écrire sans trop d’énormes fautes et encore moins compter et c’est tout juste s’ils ont un vocabulaire suffisant. (…)Nous, on refuse de voir là une révolte de la jeunesse prolétarienne. Ce sont bien sûr des enfants d’ouvriers, des jeunes travailleurs sans emploi, etc. mais la distinction entre lumpen prolétariat et prolétariat est subtile et incertaine. Il ne faut pas exagérer les extensions.
Ce n’est pas la violence qui démontre un radicalisme politique, sinon comme l’a dit un camarade, les « chimères » d’Haïti sont vraiment d’un radicalisme politique exemplaire.
La forme qu’ont prise leurs manifestations n’est pas juste. On peut le leur dire et on a le droit et l’obligation de le leur dire. On a le droit d’essayer de leur donner une conscience sociale et politique. C’est cela essayer d’intervenir. Mais, par contre, idéaliser cette forme et ces choses-là en leur trouvant toutes les excuses possibles, c’est les flatter et c’est donc faire la pire des choses. Il est faux d’essayer d’accrocher son wagon à tout ce qui bouge.
Dans ce mouvement, il y a eu ceux qui ont choisi volontairement la forme et les moyens de leur lutte parce qu’il ne faut pas oublier qu’il y en a qui ont choisi les coktails molotov, ce qu’on ne fabrique pas sans y penser, contre les bus, contre les écoles, contre tout et n’importe quoi et y compris les chauffeurs et les vieilles dames, sans se soucier, si elles pourront sortir du bus. Et il y avait aussi des jeunes ou des moins jeunes qui sont simplement irresponsables et qui ont suivi par bêtise. Et l’imitation de ville en ville, ce n’est pas un incendie qui se répand d’une ville à une autre, c’est une imitation puérile. Ces actions ne dépassaient pas en général le pied de leur immeuble.
Il ne faut pas oublier ceux qui alors, tentaient de détourner les manifestations de gauche, ce qu’on a connu en 1968, avec ceux qu’on appelait les casseurs. On a même fait des services d’ordre pour s’en protéger car c’est là qu’on a créé les véritables services d’ordre de l’extrême gauche.
Quand la minorité confond l’explication première d’une révolte de cette jeunesse avec les formes qu’elle a prises, c’est-à-dire la rage des jeunes, etc. elle confond le fond social et la forme, elle confond la rage aveugle, la violence pour la violence, avec la détermination. Et la détermination ce n’est pas cela, la détermination c’est engager une lutte en cherchant les formes les plus justes de lutte, les formes qui peuvent rencontrer l’assentiment des autres, les formes qui peuvent durer, parce qu’être déterminé c’est aussi durer, et là ce n’est pas ça.
« L’individualisme, la débrouille, les trafics et les larcins de tout genre » comme l’écrit la minorité elle-même, ce n’est pourtant pas un signe de conscience, loin de là ! Ils écrivent « Il y a le risque de tomber dans le lumpen prolétariat », mais ceux qui vivent de ça c’est déjà le lumpen prolétariat, et ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. C’est ceux que Le Pen paiera pour casser la figure aux grévistes et aux militants.
Dire ce que dit la minorité, c’est de la démagogie et c’est inacceptable de la part de révolutionnaires.
Ils parlent de « l’inquiétude des autorités », qui prouverait que ça pouvait s’étendre. C’est une exagération. Les autorités n’étaient pas vraiment inquiètes. Quand elles sont vraiment inquiètes elles s’y prennent autrement, elles étaient tout au plus ennuyées et surtout par leur concurrence au sein de la droite entre de Villepin et Sarkozy, mais elles n’étaient pas inquiètes de ces mouvements, ça ne les touchait pas, elles n’habitent pas ces quartiers-là, ce n’est pas elles dont on brûle les voitures, le patronat n’était pas touché bien que ce soit la jeunesse prolétarienne... Mais non ! C’est de l’exagération pour grossir les événements et regonfler les militants, c’est ce que fait la Ligue, ce qu’a toujours fait le PCI, mais ce n’est pas sérieux.
La minorité écrit que pour changer « la situation des populations ouvrières les plus démunies », il faut éradiquer le chômage, résoudre la question des logements pour tous, faire des services publics dignes de ce nom et assurer à tous un niveau de vie décent. Oui, ça c’est vrai, si on fait sortir un million de logements de quartiers habitables en rasant d’ailleurs certains centres-ville, si on trouve 3 millions d’emplois même non qualifiés, évidemment, ça changerait radicalement la société, mais pas longtemps. Quand on a commencé à construire tous les immeubles HLM ça a changé radicalement la face des banlieues et pour beaucoup de travailleurs, immigrés en particulier, ça a changé les conditions de vie parce qu’ils se sont trouvés, enfin, devant des logements vivables avec eau courante, les toilettes, plusieurs pièces etc. Exactement comme en 1936 quand ils ont construit les premiers HBM. Mais ça ne change pas radicalement la société.
Parce que si on ne construit pas les logements, on peut augmenter les salaires, on ne changera rien : les loyers augmenteront parce qu’il y aura concurrence accrue pour les logements.
Ils parlent à un moment de mai 1968, de 1936. On ne peut pas comparer mai 1968 à 1936. 1936 c’était une situation qu’on aurait pu qualifier de pré-révolutionnaire par certains côtés. C’était en même temps la révolution en Espagne, c’était le coup de semonce du fascisme en Allemagne. Mais pas 1968.
Quand nous faisons de la propagande, qu’on popularise des revendications, on ne les met pas en avant pour demain. Et populariser certaines revendications, c’est ce qu’on fait depuis des années. Ils écrivent quelque part, « il faut préparer un mouvement d’ensemble qui seul pourrait, comme en mai 68, unifier les luttes des travailleurs et celles des jeunes ». Mais c’est faux, mai 1968 n’a malheureusement pas vraiment unifié les travailleurs et les étudiants. Les travailleurs n’ont pas participé à la lutte des étudiants et ceux-ci n’ont pas pu rejoindre les travailleurs. Seuls quelques jeunes dans certaines entreprises sont allés aux côtés des étudiants. Quelques centaines d’étudiants sont allés faire le tour de Renault-Billancourt sous l’oeil goguenard des militants du PCF accoudés au mur d’enceinte, mais les ouvriers n’étaient pas chez Renault, ils étaient chez eux. Pendant la grève générale, ils étaient tous chez eux, ils n’occupaient pas les usines pour la plupart, ils attendaient que la radio leur dise si ça reprenait ou pas. Alors quand il y a eu Grenelle ils sont venus et ont conspué Séguy, et puis la grève a continué.
Bien sûr, il faudrait un tel mouvement, mais à qui ce texte s’adresse-t-il ? À l’extrême gauche ? LO, la LCR et les autres n’auraient pas mis, selon la minorité, tout leur poids dans le mouvement lycéen du début de l’année, ce qui aurait peut-être donné une autre issue au mouvement des banlieues.
Il faudrait donc, selon la minorité, « influencer la révolte des jeunes des banlieues en intervenant pour que les luttes ouvrières ne soient pas moins radicales et déterminées que celles des jeunes, mais plus efficaces ». Comment plus efficaces ? Et puis comment intervenir sur des luttes ouvrières qu’il n’y a pas ?
Et que veut dire « radicales » dans ce contexte ? Que les travailleurs en grève brûlent plus de voitures ?
Le radicalisme comme celui-là, si on peut le comprendre, si on peut l’excuser, n’est pas à flatter, il n’y a pas à mettre des rubans rouges autour. On n’est pas un révolutionnaire en prenant de telles positions. Nous ne sommes pas de ceux qui enverrions ces jeunes en prison, mais nous ne sommes pas non plus de ceux qui doivent leur dire qu’ils ont raison d’agir ainsi et les en féliciter.
"}
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Message  Vals Ven 20 Jan - 2:07

Et quand on rétorque le nombre de 2 à 3 millions de manifestants avec probablement pas loin de 4 à 5 millions de grévistes, on a le droit à cette belle sortie : ce n'est pas suffisant pour appeler à la grève générale ! Qui nourrit l'état d'esprit des masses ? Les bureaucrates syndicaux s'en nourrissent-ils ? Pour sa part, en 2010 LO a tranché le dilemne : les masses n'étaient pas prêtes !
.

On n'a surement pas la mêmùe façon de compter...et donc d'évaluer les réelles capacités de développement d'un mouvement....
4 à 5 millions de grévistes....! ...,
Bon, apparement, les révolutionnaires "défaitistes" ne les ont pas vus...mais, plus grave, la bourgeoisie et son état, non plus !
Et les miltants ou les travailleurs mobilisés ont bien vu, eux, qu'on ramait pour aller au delà de débrayages ou de participation aux manifs sans grève .
Eh oui, et aucun travailleur, aucun militant ne peuvent s'en réjouir, la mobilisation et la combattivité n'ont pas été à la hauteur des agressions de la bourgeoisie au travers de son état...
Alors, les excités, les ânes gauchistes pouvaient bien voter dans des AG étiques la grève générale et faire signer des motions dans ce sens à quelques isolés ultra-minoritaires, ça ne changeait rien...sauf peut-être pour leur image de radicaux coupés des masses...
Vals
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Message  Roseau Ven 20 Jan - 2:39

Vals a écrit:
Alors, les excités, les ânes gauchistes pouvaient bien voter dans des AG étiques la grève générale et faire signer des motions dans ce sens à quelques isolés ultra-minoritaires, ça ne changeait rien...sauf peut-être pour leur image de radicaux coupés des masses...

Quel aveu Very Happy
Voilà qui rappelle des souvenirs, y compris de victoire,
malgré avoir entendu cela des éternels bureaucrates quand je me battais comme délégué CGT...
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Message  Vals Ven 20 Jan - 2:48

Roseau a écrit:
Vals a écrit:
Alors, les excités, les ânes gauchistes pouvaient bien voter dans des AG étiques la grève générale et faire signer des motions dans ce sens à quelques isolés ultra-minoritaires, ça ne changeait rien...sauf peut-être pour leur image de radicaux coupés des masses...

Quel aveu Very Happy
Voilà qui rappelle des souvenirs, y compris de victoire,
malgré avoir entendu cela des éternels bureaucrates quand je me battais comme délégué CGT...

Pauvre CGT...! et surtout, pauvres militants combattifs de la CGT...si c'est ces vieilles nostalgies soixantehuitardes qui sont censées redonner la pêche, on est mort...
Heureusement, il reste et vit dans la CGT autre chose que ces pitreries séniles et ces chants du cygne cacochymes...
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Message  Roseau Ven 20 Jan - 6:14

Toujours le même et unique, faute d'arguments, dans l'affabulation des attaques personnelles... Laughing

Et quel nouvel aveu encore :
la défense de l'indépendance de classe face aux bureaucrates serait de la nostalgie soixante huitarde...
Les MR apprécieront la dérive politique...

Ces mêmes MR, n'en déplaise à Vals, se battent souvent ensemble contre les bureaucrates.
Vals semble le regretter...surtout quand l'enjeu est immense, comme pour la bataille des retraites.
Pas besoin d'épithète pour que chacun juge.
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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Pénétration du syndicat

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 10:11

Pénétration du syndicat par le groupe révolutionnaire ou du groupe par le syndicalisme réformiste ?

Vals écrit :

Heureusement, il reste et vit dans la CGT autre chose que ces pitreries séniles et ces chants du cygne cacochymes...

Bel aveu ! Quelle idéalisation de la CGT qui justifie une politique visant à remplacer le rôle que jouait le PCF au sein de la centrale !

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Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 10:18

Vals écrit :
4 à 5 millions de grévistes....! ...,

Bon, apparemment, les révolutionnaires "défaitistes" ne les ont pas vus...mais, plus grave, la bourgeoisie et son état, non plus !


L'Etat et la bourgeoisie avaient de bonnes raisons de ne pas craindre la CGT !!!


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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Lo avait vu le mouvement

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 10:31

LO n'avait pas vu le mouvement ? Mais si !

LO écrit le 5 novembre 2010 :

Des centaines de milliers de travailleurs, trois millions au total, ont participé au mouvement sous une forme ou une autre, et en sont fiers. D'autant plus fiers qu'ils savaient qu'ils avaient la sympathie de la grande majorité du monde du travail. Ils ont entrevu la puissance collective des travailleurs.

Mais LO n'a pas voulu voir la trahison syndicale :

Dans le mouvement des retraites, l’unité syndicale a servi d’argument contre... le front des travailleurs, leur organisation sur des objectifs de classe et l’extension du mouvement. Bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité syndicale. Loin d’être une force, cette « unité » a été déterminante pour battre les travailleurs tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...

La lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Certains syndicats de l’Intersyndicale sont carrément pour des retraites privées par capitalisation, pour l’augmentation de la durée des années de travail, pour l’augmentation du nombre de trimestres cotisés et on en passe... Ces directions qui n’étaient d’accord sur rien concernant les retraites (revendications, enjeux, objectifs) n’ont montré qu’une unité de façade puisque la plupart des syndicats locaux CGC ou CFTC et parfois CFDT n’appelaient ni à la grève, ni à la manifestation dans de nombreux secteurs.

L’Intersyndicale n’a cessé de lancer des messages démobilisateurs : il ne fallait pas que le mouvement soit trop coûteux pour les salariés, il suffisait de manifester les samedis sans faire grève plutôt que de se mettre mal avec son patron, que de risquer son emploi, les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

Ainsi, on retardait, on temporisait, on décommandait l’action… Mais il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation. « Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, le 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais, le 5 octobre, le même déclarait à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ». Et le 7 octobre sur RTL : "Cela (la grève générale) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces." Le prétexte était de laisser les travailleurs et les syndicats décider localement. Mais, dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter.

Et les centrales ont tout fait pour ne pas unir la lutte avec celle des entreprises qui licencient, des ports, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...L’unité de l’intersyndicale s’est faite contre les risques de la radicalisation comme l’explique la CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. » La CGC déclarait : "Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général." Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", mais pas à engager la lutte contre le patronat et le gouvernement. Les centrales risquaient d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité que les classes dirigeantes savaient que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables ». Responsables, oui vis-à-vis de la bourgeoisie, pas des travailleurs !

L’unité du front prolétarien nécessite que les travailleurs soient organisés au sein de comités de lutte et que ces comités soient reliés et décident ensemble de l’avenir de la lutte et ensuite de l’avenir de la société. La véritable unité des travailleurs nécessite une lutte de classe sans compromission ni négociation avec la grande bourgeoisie et une perspective d’avenir : bâtir une société débarrassée de l’exploitation.

Les centrales syndicales et partis de gauche (même extrême) tiennent tous le même discours, selon lequel tout est bien organisé dans le mouvement des retraites et que l’échec provient seulement de la dureté et de la surdité de Sarkozy et selon lequel, pour gagner, il suffit de continuer la même stratégie, avec encore plus de journées d’action, encore plus de manifestations et de manifestants, qu’il suffit d’être plus nombreux, qu’il suffit de tenir, de bloquer plus et plus longtemps : les transports, les terminaux pétroliers ou les aéroports ou les routes. Eh bien c’est faux ! Les lycéens et les étudiants, même très déterminés, ne se substitueront pas à l’action de la classe ouvrière. Le blocage de l’essence, celui des routes, celui des transports ne peut pas remplacer l’action d’ensemble de la classe ouvrière. Et cette dernière a été limitée à des journées de manifestations, y compris sans grève.

Et d’abord la détermination des centrales est factice. Elles ont joué un double jeu. D’un côté elles ont fait mine de suivre les salariés. De l’autre, elles ont livré un message qui disait exactement l’inverse, disant à nos adversaires qu’elles ne comptaient nullement les contraindre à reculer. Les centrales ont prétendu que, dans ce mouvement des retraites, elles suivaient démocratiquement les décisions des grévistes, mais cela est faux. C’est l’intersyndicale qui a tout décidé bureaucratiquement en ce qui concerne les rythmes et les moyens d’action. Elles ont programmé des journées sans grève qui diffusaient un message inverse de celui qu’il aurait fallu. Elles disaient aux travailleurs du privé : vous pouvez agir à l’économie sans faire grève. Notre action va vous permettre d’agir à votre place et vous pourrez vous y associer sans entrer en lutte. C’est le message inverse qu’il fallait livrer.

Elles ont multiplié les journées d’action alors qu’elles savaient parfaitement que nulle part ces journées n’ont suffi, depuis la crise, à faire plier les gouvernants. Elles ont combattu l’idée de la grève reconductible mais de manière astucieuse en faisant comme si c’étaient les assemblées de grévistes qui ne l’avaient pas adopté. Elles ne l’avaient pas vraiment proposé. Et la grève reconductible qu’il s’agissait de développer n’était pas celle d’un seul secteur ou d’une seule région, contrairement à ce qu’elles ont mis en place. En s’opposant à la grève votée à mains levées, les centrales ont combattu l’influence combative des assemblées. En proposant aux travailleurs du secteur privé de ne pas faire grève – les fameuses manifestations du samedi -, elles ont donné des garanties aux patrons que leurs intérêts ne seraient pas directement visés. Ce n’est pas le seul discours par lequel elles démobilisaient par derrière les travailleurs qu’elles affirmaient suivre dans leur colère. Par exemple, Le Reste, dirigeant de la CGT des cheminots, se répandait sur les ondes pour dire qu’il comprenait les cheminots fatigués par la grève et ses pertes financières et qu’il fallait recourir à la grève de 59 minutes qui ne coûte que une heure sur la paie. Ils n’ont cessé de dire que la grève générale n’était pas presse-bouton mais ils n’ont jamais dit clairement aux salariés que sans action générale, la classe ouvrière n’avait aucune chance de gagner.

On a entendu les leaders syndicaux expliquer que les travailleurs devaient ménager leurs forces et seulement tenir pour des journées d’action et que cela devait suffire pour contraindre Sarkozy à négocier. Mais que veut dire cette demande de négocier ? Pour des centrales qui prétendent en même temps que les soixante ans ne sont pas négociables et un gouvernement qui affirme que 62 ans ne sont pas négociables ? Eh bien, cet appel à négocier, propre à toutes les centrales de l’intersyndicale, est un message clair pour les classes dirigeantes : elles ne veulent nullement mener la lutte à une attaque contre les patrons, nos vrais adversaires.

Faire peur aux classes dirigeantes, c’est commencer à organiser de manière autonome la classe ouvrière. C’est constituer partout des comités, des collectifs, des coordinations, des interprofessionnelles, des assemblées qui unissent tous les secteurs des salariés, c’est débattre dans ces réunions de tout, ces problèmes de toute la société et pas seulement des retraites, de notre avenir qui est gravement compromis par la faillite du système capitaliste. Rien ne ferait plus peur aux patrons que de voir dans leur entreprise que les directions syndicales dites "responsables" ne soient plus les seules à lui faire face, que les salariés prennent les décisions eux-mêmes, élisent leurs délégués dans le feu de la lutte.

L’hôpital Tenon se bat seul. Malgré les efforts des agents de Tenon vers les personnels d’autres hôpitaux comme Saint-Antoine, pas de réel appel des syndicats hospitaliers afin d’élargir le mouvement. Les terminaux pétroliers se battent seuls. Les cheminots ont fait la grève reconductible seuls.

Aucune proposition venue des dirigeants syndicaux ne visait à appeler l’ensemble des travailleurs à les rejoindre. Est-ce que les éboueurs pouvaient gagner seuls sur les retraites ? Est-ce que les jeunes peuvent lutter seuls à notre place ? Est-ce qu’il suffit de bloquer l’essence pour faire reculer la bourgeoisie ? Est-ce que des promenades du dimanche, est-ce que des journées d’action suffisent à faire peur aux classes dirigeantes ?

NON, NON, ET NON !!!

Cette stratégie de l’Intersyndicale consistant à fatiguer les marcheurs et les grévistes en diluant, en éparpillant, en émiettant, en saucissonnant les actions est plus coûteuse en efforts vains et épuisants qu’une vraie lutte d’ensemble des travailleurs. Elle ne développe pas notre force ni notre conscience de nos vrais moyens. Nous ne manquons ni de colère ni de soutiens. Nous manquons de l’envie de nous diriger nous-mêmes. C’est cela qui doit changer, si nous voulons inverser le rapport de forces, que ce soit pour les retraites, pour la défense des emplois, des salaires et des services publics…
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Message  verié2 Ven 20 Jan - 11:18


Robert Paris
En s’opposant à la grève votée à mains levées, les centrales ont combattu l’influence combative des assemblées. En proposant aux travailleurs du secteur privé de ne pas faire grève – les fameuses manifestations du samedi -, elles ont donné des garanties aux patrons que leurs intérêts ne seraient pas directement visés. Ce n’est pas le seul discours par lequel elles démobilisaient par derrière les travailleurs qu’elles affirmaient suivre dans leur colère. Par exemple, Le Reste, dirigeant de la CGT des cheminots, se répandait sur les ondes pour dire qu’il comprenait les cheminots fatigués par la grève et ses pertes financières et qu’il fallait recourir à la grève de 59 minutes qui ne coûte que une heure sur la paie. Ils n’ont cessé de dire que la grève générale n’était pas presse-bouton mais ils n’ont jamais dit clairement aux salariés que sans action générale, la classe ouvrière n’avait aucune chance de gagner.
Dans beaucoup d'endroits, notamment à la SNCF, les syndicats, non seulement ne se sont pas opposés à la grève à main levée, mais ils ne se sont pas opposées à des AG dites "interpro" réunissant des cheminots de divers secteurs et des salariés d'autres entreprises de la région ! Le problème, c'est que ces AG, bien que combatives, étaient parfois (à la SNCF) deux fois moins nombreuses que celles des grèves précédentes. Même si la grève était bien suivie, beaucoup de cheminots restaient chez eux. Y compris dans des coins où les "interpros" étaient organisées par des syndicalistes "gauchistes"...

Bien évidemment, il n'y avait pas à attendre des directions syndicales qu'elles tiennent le langage nécessaire à la généralisation et l'organisation de la lutte, ni qu'elles agissent dans cette direction. Ces directions ont usé le mouvement avec des journées d'action successives. Mais elles ne se sont pas non plus opposées à un mouvement qui n'a pas manifesté de grandes velléités de dépasser ce cadre. Alors, on peut toujours imaginer ce qui se serait passé si les directions syndicales etc. Mais ça n'a pas de sens : si elles avaient agi autrement, elles ne seraient pas ce qu'elles sont.

Ce que l'on peut reprocher à l'extrême-gauche dans ces conditions, c'est de ne pas avoir systématiquement coordonné ses efforts pour essayer de mettre en place des comités de grève et des coordinations. Certains militants l'ont fait, mais dans leur coin. On peut lui reprocher aussi - en particulier à LO - de ne pas avoir tenu un langage très clair sur la politique des directions syndicales. Mais on ne peut pas affirmer non plus, comme tu sembles le penser, Robert Paris, que les directions syndicales ont "cassé" un mouvement puissant et qu'il aurait suffi que l'extrême-gauche mène une autre politique pour que l'histoire se déroule autrement.

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Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 11:32

Ce qui aurait suffi, on n'en a aucune idée puisque cette politique n'a nullement été menée.

Ce que je semble penser ne me semble pas nécessaire à discuter : il vaut mieux partir de ce qu' j'écris : il y a déjà de quoi faire...
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Message  verié2 Ven 20 Jan - 11:44

Robert Paris a écrit:Ce qui aurait suffi, on n'en a aucune idée puisque cette politique n'a nullement été menée.

Ce que je semble penser ne me semble pas nécessaire à discuter : il vaut mieux partir de ce qu' j'écris : il y a déjà de quoi faire...
Puisqu'il te faut une explication de texte : "Semble penser" signifie, j'imagine que tu l'as compris, les idées forces qui se dégagent de ce que tu as écrit, ce qu'on peut en déduire etc". Very Happy

Bon, il y a tout de même une divergence sur l'appréciation de la puissance du mouvement et le rôle des syndicats. Comme tu le sais, dans certaines situations, quand la CGT décide de faire reprendre, du jour au lendemain ses militants, ou du moins son appareil, changent de position et mettent le paquet pour casser le mouvement. La CGT s'est souvent aussi opposée par le passé à toute organisation démocratique de la grève, s'est acharnée à tenir des assemblées séparées par corporation, secteur, isoler les travailleurs etc.

Or, la caractéristique de la grève des retraites, c'est que ce ne fut pas le cas. Dans l'ensemble, la CGT a surtout laissé faire. Sauf peut-être dans quelques secteurs où elle est encore hégémonique et fonctionne encore comme dans les années 70, par exemple dans les raffineries. Mais, même dans les raffineries, la CGT ne s'est pas opposée, bien au contraire, à la venue sur place de militants et travailleurs d'autres entreprises pour renforcer les piquets, aux discussions fraternelles entre eux et les raffineurs etc. On ne peut pas dire qu'elle ait été vraiment un obstacle, même si, évidemment, dans le milieu de la CGT Chimie, la tradition n'est pas celle des comités de grève...

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Lutte ouvrière - Page 33 Empty On se ne bat pas les yeux bandés

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 14:37

C'est vrai que les révolutionnaires ont perdu l'habitude de discuter sur textes. Cela me semble dommage. Cela évite les faux procès et les fausses discussions.

Ceci dit, il me "semble" que les travailleurs doivent savoir que l'organisation qui a détourné le développement de leur lutte est l'intersyndicale, qu'ils n'auraient jamais pu la développer avec cette organisation à leur tête, qu'elle n'avait nullement décidé de se donner les moyens d'en découdre jusqu'à la victoire, etc...

C'est un point essentiel : il ne faut jamais cacher aux travailleurs qui sont leurs faux amis. il ne faut jamais leur cacher que, tant qu'ils ne seront pas organisés - et les syndicats ne sont pas du tout leur organisation -, ils ne pourront même pas savoir où en est leur lutte, quellles en sont les possibilités (et les révolutionnaires ne le sauront pas non plus).

Comme le dit Vérié2, je "semble penser" que :

1°) les centrales syndicales sont notre premier adversaire

2°) c'est seulement en le sachant que les travailleurs peuvent se donner les moyens organisationnels d'agir vraiment contre leurs vrais adversaires

3°) ces vrais adversaires ne sont pas seulement Sarkozy mais la bourgeoisie et se battre supposait de frapper la bourgeoisie ou de l'en menacer au moins

4°) la classe ouvrière a besoin non seulement de sa colère, de sa mobilisation, de sa grève ou de sa manifestation mais avant tout de sa conscience de classe et de son auto-organisation. Les centrales sont les vrais adversaires et de l'un et de l'autre.

5°) Sans cette conscience, les travailleurs se retrouvent avec un bandeau sur les yeux. Sans ces comités de lutte, ces interpo, ces coordinations, ces conseils ouvriers ou de quartiers, les travailleurs sont désarmés.

6°) Quand les centrales, au plus haut des manifestations se contentent d'une journée un jour férié (premier mai), certains se permettent de dire qu'on sait ce que sont les limites du mouvement ! Non, les travailleurs eux-mêmes n'ont pas pu savoir ce qu'étaient les limites du mouvement.

7°) les échecs de lutte comme celle des retraites doivent permettre de tirer des leçons mais même cela nécessite un peu de courage politique mes camarades !

8°) on ne répètera jamais assez que les révolutionnaires ne doivent jamais cacher les causes des défaites, ne doivent jamais présenter des faux amis comme des amis, ne doivent jamais cacher les objectifs et les moyens des classes dirigeantes mais aussi leurs points faibles, les perspectives et les moyens des travailleurs et aussi leurs faiblesses. c'est seulement comme cela que l'on peut avancer.
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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Re: Lutte ouvrière

Message  verié2 Ven 20 Jan - 14:58

En gros d'accord avec ce que tu dis, Robert Paris. C'est l'évidence même...
Toutefois, ce point peut être interprété de toutes sortes de façons.
Quand les centrales, au plus haut des manifestations se contentent d'une journée un jour férié (premier mai), certains se permettent de dire qu'on sait ce que sont les limites du mouvement ! Non, les travailleurs eux-mêmes n'ont pas pu savoir ce qu'étaient les limites du mouvement.
Tu sembles oublier qu'il ne s'agit pas d'un mouvement qui est parti de la base, mais qui a été largement "poussé" au départ par les syndicats, notamment par la CGT. Si les syndicats se sont permis de conserver un discours et une attitude relativement combatifs, tout en épuisant le mouvement avec des journées à répétition savamment espacées, c'est tout de même parce qu'ils ne craignaient pas trop d'être débordés. Leurs dirigeants sont bien informés de l'état d'esprit des travailleurs à l'échelle du pays - mieux que nous. S'ils avaient senti une véritable menace, on peut supposer qu'ils auraient freiné des quatre fers, comme ils savent le faire, sans se contenter de laisser faire sans donner de perspectives au mouvement.

Bref, il n'y a pas les travailleurs prêts à en découdre d'un côté, des directions traîtres de l'autre qui ont fait capoter le mouvement. Il n'y avait pas non plus une volonté manifeste, sinon de l'ensemble, d'une grande partie des travailleurs, de mener un combat plus acharné et de s'en donner les moyens. Là où des comités de grève ont été proposés, parfois acceptés, ça n'a pas boosté la mobilisation et la participation active est restée faible.

Alors, certes, l'extrême gauche aurait du néanmoins mener une campagne nationale unitaire pour avancer ces formes d'organisation. Ca n'aurait peut-être pas changé grand chose, on n'en sait rien évidemment, mais il fallait le faire et, au moins sur le plan de la propagande, ça pouvait laisser des traces utiles par la suite.


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Lutte ouvrière - Page 33 Empty La politique dans les grèves

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 18:10

Nous ne discutons pas seulement de l'appréciation de la grève des retraites mais de celle de la politique de Lo dans ces circonstances et, plus généralement, des buts de cette organisation.

Tu écris que cette grève n'est pas partie de la base et que cela change grandement les possibilités. Sans être d'accord avec toi, car on peut cependant modifier les choses à la base dans certains coins puis étendre ce changement, mais enfin... Parlons donc des grèves parties de la base et examinons ces derniers temps la politique de LO. C'est difficile dirons certains commentateurs : on n'y est pas et on ne sait pas qui dit la vérité. On verra au moins en clair les clivages...

Donc une grève récente : l'espèce de grève larvée, secteur par secteur de l'hôpital Saint-Antoine.

Ici l'article de LO :

Hôpital Saint-Antoine -- Paris : après trois mois de conflit Une première avancée

Au terme d'une grève entamée le 30 novembre, dans laquelle la quasi-totalité du personnel était assigné, avec une suspension pendant la période des fêtes de fin d'année, le personnel du service d'hématologie de l'hôpital Saint-Antoine a voté la reprise du travail pour le vendredi 6 janvier sur ce qu'il a considéré comme un compromis acceptable.

La direction s'est engagée par écrit sur les points suivant : la mise en stage, pour commencer le processus de titularisation, avec effet au 1er décembre 2011, de trois aides-soignantes en CDD à répétition et, même si le poste de coursier demandé n'est pas accepté, la direction s'est engagée, toujours par écrit, à ce que les coursiers actuellement en poste soient remplacés lors de leurs congés.

Certes, tout n'est pas réglé. Mais il est certain que cette avancée, si limitée qu'elle soit, n'a été rendue possible que par la mobilisation du personnel d'hématologie qui s'est adressé aux autres secteurs de l'hôpital pour essayer de faire face en commun aux problèmes rencontrés par tous.

Plusieurs fois, le personnel de l'hématologie a appelé d'autres services à participer à des assemblées communes. De 65, les rassemblements sont passés à 130 personnes, puis à 165. Même si la proximité des fêtes et trois semaines de conflit ont fait que les choses en sont restées là, cela a permis de réunir ensemble à plusieurs reprises toutes les catégories : ouvriers, aides-soignantes, cuisiniers, agents hospitaliers ou administratifs, infirmières et cadres infirmiers, avec des agents venus de différents services de pneumologie, médecine interne, services techniques, sécurité incendie. De plus, face à des menaces proférées par un haut cadre, 102 collègues d'hématologie (les trois quart du service) ont signé une lettre pour dire que cela ne passerait pas.

C'est ce climat revendicatif qui a commencé à s'étendre à d'autres services, en particulier la pneumologie et la sécurité incendie, qui a amené la direction à préférer ne pas en rajouter en proposant ce compromis. En tout cas, avoir pris l'habitude de sortir de l'isolement et des divisions dans lesquelles on essaye d'enfermer chaque catégorie est un acquis qui servira demain. Car les problèmes ne sont pas terminés, loin de là.


lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2267&id=32

Tu as ici mon commentaire :

matierevolution.org/spip.php?article2099

Hôpital Saint-Antoine :

Comment empêcher que se développe un mouvement d’ensemble

Pendant plusieurs mois, de novembre 2011 à janvier 2012, les personnels de l’hôpital Saint-Antoine en colère ont été promenés à droite et à gauche par les syndicats en cherchant à éviter que les différents secteurs fusionnent réellement en une grève de l’ensemble de l’hôpital ou même en un mouvement se liant aux autres hôpitaux qui ont pourtant exactement les mêmes problèmes d’effectifs, de conditions folles de travail et de déménagements de secteurs avec diminution d’effectifs...

Hématologie, pneumologie, médecine interne, urgences de nuit et bien d’autres secteurs de l’hôpital sont successivement en grève ou en colère. Ils sont mécontents du manque de personnel au point d’exploser. D’autres secteurs de l’hôpital sont déménagés ailleurs avec diminution des effectifs comme la Maternité et la Pneumologie. Après la Maternité, c’est le tour de la Pneumologie de fermer pour déménager à Tenon. C’est la méthode du saucisson : on coupe tranche après tranche. Et pourtant, les mouvements restent sectorisés, les grèves éclatent localement et séparément, souvent sans que le reste de l’hôpital soit tenu au courant par les syndicats. Les dirigeants syndicalistes organisent l’action chacun dans son coin et des rassemblements qui ne permettent pas au personnel d’échanger des avis sur la manière de mener la lutte. On fait reprendre un secteur quand un autre est en grève. On ne met même pas au courant le reste de l’hôpital des mouvements en cours. La direction de la CGT est aux commandes... On l’a vue dans la grève de 2008 comme dans le mouvement de la Maternité contre son déménagement. Ce sont des professionnels de la défaite des luttes ! Même une grève appelée nationalement ne reçoit aucune information et le personnel n’est mis au courant que par la direction qui appose des affiches pour demander qui souhaite y participer !!! Dans les secteurs, les syndicats ne cessent de sectoriser les mouvements, même les quelques fois où ils appellent les autres secteurs à « les soutenir ». Mais pourquoi parler seulement de soutien puisque c’est le même mouvement pour les mêmes revendications ? Pourquoi ne parler que de pneumologie ou que de maternité ou que d’hématologie dans les tracts et pétitions ? Pourquoi trois préavis de grève de la CGT pour trois secteurs en grève aux même date en décembre dernier par exemple ? Pourquoi avoir essayé de faire reprendre le travail à la Pneumologie pendant les fêtes ? Pourquoi avoir fait reprendre l’Hématologie séparément ? Pourquoi les réunir à part ? Eh bien, ils se sont débrouillés pour sectoriser aussi les revendications comme les luttes !!! L’élargissement est leur préoccupation au sens où il le combattent ! Si nous nous organisions nous-mêmes, là on verrait la direction commencer de s’inquiéter et de nous entendre… Là aussi toute tentative des personnels d’écrire eux-mêmes un tract ou de se réunir est combattue. La mainmise syndicale est forte...

Depuis début décembre 2011 jusqu’à maintenant, on a assisté aux mille et une manières pour les bureaucraties syndicales et pour la direction d’éviter la grève de l’ensemble de l’hôpital Saint-Antoine. En effet, manque de chance pour eux, le mécontentement, qu’ils espéraient faire se dégonfler secteur par secteur, s’est étendu. Comme au moment du déménagement de la Maternité qui s’est ainsi retrouvée isolée parce qu’on on lui disait que c’était ainsi en posant seule son problème qu’elle avait plus de chance de gagner. On a dit à ceux qui se joignaient à la Maternité qu’il y aurait un comité de soutien. Pas question de faire en sorte que la lutte s’étende et… la Maternité a perdu !

Deuxième épisode donc début décembre : plusieurs secteurs sont mécontents en même temps, mais pas question de faire d’assemblée générale qui permette vraiment à tous les secteurs de se battre ensemble sur l’ensemble des revendications.

Ce que ces dirigeants ont programmé, c’est que l’Hématologie se bat dans son coin, avec tout au plus de temps en temps des rassemblements momentanés avec d’autres. Parce qu’il n’y a pas moyen de l’empêcher : plusieurs autres secteurs sont en lutte ou en colère en même temps. Motifs : manque de personnel et renouvellement des contrats en Hématologie en même temps que la Médecine interne, débordée, se met en colère. Et voilà que ça tombe par hasard quand la Pneumologie conteste aussi son déménagement à Tenon à partir du 13 décembre. A tous ces secteurs se rajoute encore d’autres comme les urgences de nuit qui réclament des embauches.

Il y a une convergence évidente des revendications puisque le déménagement s’intègre dans une politique de réduction des services et de suppressions de postes.

Pourtant, la convergence est toujours reportée et il y a juste une manifestation commune avec toutes les catégories : ouvriers, aides-soignantes, cuisiniers, agents hospitaliers ou administratifs, infirmières et cadres infirmiers, avec des agents venus de différents services de pneumologie, médecine interne, services techniques, sécurité incendie. Eh bien, de tout cela il n’est rien ressorti…

La Pneumologie est donc toujours seule en grève, l’Hématologie ayant repris, et seule à avoir tenu bon pendant les fêtes, malgré les pressions des médecins et … des syndicats !!!

Pourtant, la Pneumologie est loin d’être seule à avoir encore des problèmes et d’être seule en colère à vouloir montrer son mécontentement. Mais les syndicats préfèreront que les autres secteurs ne bougent pas tant que la Pneumologie ne sera pas découragée… Des problèmes partout : encore en Hématologie, toujours en Médecine interne, encore en Psychiatrie, aux urgences de nuit bien sûr, la sécurité incendie évidemment, l’Hépato-gastro et on en passe… Alors, tant qu’on obéira aux chefs syndicaux, les grands stratèges des défaites, on ira d’échec en échec…

La direction essaie de faire circuler le bruit selon lequel 16 personnes de la Pneumo seraient ok pour aller à Tenon. C’est pour démoraliser ceux qui luttent ou c’est la méthode Coué ? En tout cas, il ne suffit pas travestir la réalité pour la changer !

A Tenon, pour faire patienter les personnels, la direction a affirmé qu’une cinquantaine de personnes allaient venir de Saint-Antoine. Les personnels de Tenon ne sont pas dupes et parlent d’une cinquantaine de blouses se promenant toutes seules dans les couloirs : des fantômes !

Tout ce qu’a réussi la direction de l’APHP, c’est de tout blackbouler des secteurs qui marchaient et de ne plus avoir de personnels spécialisés dans les activités nulle part.

La maternité de Saint-Antoine va fermer en février. Cela ne veut pas dire que les problèmes de déplacement de l’activité et des personnels aient été réglés. Loin de là… Ce qui a été déclaré, c’est que les maternités de Tenon et de Trousseau allaient absorber les accouchements de Saint-Antoine. Elle s’est bien gardé d’avouer qu’au passage, le nombre de place allait être réduit, que les mères devront parcourir plus de kilomètres pour accoucher, etc… Quant au bâtiment de Tenon prévu pour accueillir les accouchements, il semble loin d’être prêt. En somme, le calcule serait de laisser un grand nombre d’accouchements au privé.

Il faut dire que la Maternité de Tenon est déjà débordée et incapable d’accueillir le quart des naissances dont Saint-Antoine s’occupait…

Il est clair que la fermeture de la Maternité de Saint-Antoine n’est pas un simple transfert vers Tenon et Trousseau. D’une part, ces deux établissements ne sont pas du tout en état de prendre l’ensemble des postes correspondants. D’autre part, ils ne seront jamais prêts à temps. Enfin, ils n’auront jamais les activités qui avaient lieu à Saint-Antoine. Mais cela n’empêche pas l’APHP de maintenir son objectif de fermeture, même si la direction de Saint-Antoine s’ingénie à maintenir le flou artistique, comptant sur les départs volontaires pour faire la différence…

Une fois encore, la direction de l’APHP a menti afin de réaliser son véritable objectif qui n’est ni de regrouper, ni de rationaliser, ni d’améliorer le service, mais de la diminuer. Le regroupement de Saint-Antoine avec d’autres hôpitaux est prévu dans le cadre du projet STARTT (Saint-Antoine, Trousseau/La Roche Guyon, Tenon, Rothschild) qui doit être réalisé en 2012. C’est l’occasion de supprimer des lits et des postes : 700 postes supprimés de cette manière, sur Paris, cette année. C’est la logique comptable, que l’on connaît avec le T2A et bien d’autres réformes, qui est aussi en marche avec les « regroupements ». Il n’y a aucune logique médicale là-dedans. La santé des malades en pâtit et aussi celle des personnels…

Dans le cadre des déménagements, de nombreux bâtiments de Saint-Antoine seraient mis en vente comme Dupré, Lemièrre, etc… Une fois démantelé l’hôpital public en ayant transféré, concentré, regroupé, fermé des pans entiers du service public, il ne reste plus qu’à vendre les bâtiments petit bout par petit bout. Les acheteurs ont flairé la bonne affaire : des bâtiments en plein Paris et à bon prix ! Quand on pense que l’APHP expliquait que la fermeture de ces bâtiments était nécessaire pour des raisons d’amélioration et de modernisation de la gestion des services !!!

A l’hôpital Rothschild, il y a eu une assemblée générale contre le manque de personnel en novembre. On l’a appris seulement en décembre à Saint-Antoine. Puisque les deux hôpitaux font partie du même regroupement, il serait judicieux de nous mobiliser ensemble contre des problèmes qui nous sont communs ! Mais, comme chacun sait, les dirigeants syndicaux n’assemblent un secteur que lorsque celui-ci voudrait se regrouper avec tout un hôpital, n’assemble un hôpital que lorsque celui-ci voudrait se joindre à d’autres hôpitaux !

On se souvient que les grèves des hôpitaux ont à chaque fois été isolées, qu’il s’agisse de la grève de Saint-Antoine (2008), de celle de Tenon (2010) ou encore de celle de l’hôpital Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt (2009). Les tentatives d’élargissement ont été combattues et détournées par les appareils syndicaux...

Pourtant, l’attaque est générale. Selon le « Canard Enchaîné », l’APHP a programmé une série d’attaques pour saigner davantage les hôpitaux. Dans leur fameux plan stratégique 2010-2014, il s’agirait encore de trouver le moyen de faire plus d’économies. L’un des moyens, c’est l’élément qui sert de variable d’ajustement : c’est les effectifs. La direction de l’APHP prévoit de réduire le personnel de 3500 postes d’ici 2014.

La liste des hôpitaux attaqués, réorganisés, des services chirurgicaux fermés, des services regroupés s’allonge sans cesse. On en apprend tous les jours. Les menaces se développent et se précisent. La réaction syndicale n’est pas d’organiser un tous ensemble contre la destruction de la Santé. C’est pourtant la seule manière de faire reculer le gouvernement. Les vraies actions ont lieu localement et non à l’échelle de l’attaque. Une seule solution : la grève générale de l’hôpital public !

Avec la mobilisation autour du siège de l’APHP de l’avenue Victoria en mars 2010, les personnels de l’Hôpital public disposaient enfin d’un moyen de dénoncer au grand jour l’opération de destruction massive de la santé et l’occasion de donner un coup d’arrêt à la politique de démolition engagée par le gouvernement dans tous les services publics. En permettant de regrouper tous les personnels de l’ensemble de la Santé autour d’un point de fixation, cette mobilisation réussie pouvait les amener à se rassembler sur des objectifs et des moyens d’action collectifs, ce qui n’avait pas été le cas depuis longtemps. Et le début était un succès puisque des hôpitaux mobilisés s’étaient rendus sur place en nombre en plus de petites délégations de plusieurs hôpitaux.

Raison de plus pour les dirigeants syndicaux d’y mettre fin rapidement avant que le résultat les dépasse… Il a suffi que le gouvernement leur fasse miroiter des négociations et le gel des « réformes » en attendant les discussions pour que ces centrales syndicales sonnent la retraite… La pause des projets n’est que des mots. Quant aux négociations, elles ne visent même pas les suppressions d’emplois massives que le gouvernement n’entend pas mettre en débat ! Ce n’est que de la poudre aux yeux.

Il est grand temps que les salariés de l’hôpital public, comme de l’ensemble du service public ou du privé, décident eux-mêmes de mener les luttes sociale sans en laisser la direction à des stratèges de la défaite, les mêmes qui en 2003 ont laissé nos retraites remises en cause, les mêmes qui ont décommandé la grève générale des raffineries alors que la fermeture de la raffinerie de Dunkerque n’était pas abandonnée. Là aussi, les syndicats avaient crié victoire car ils avaient obtenu des négociations et, en entendant, le gel des mesures. Ce n’est pas en suivant de telles directions si facile à geler dès qu’on leur parle de « dialogue social » que nous pouvons nous battre, mais en mettant en place nos propres moyens de décisions : assemblées générales qui prennent les décisions, collectifs, coordinations et comités de grève qui les préparent…


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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Re: Lutte ouvrière

Message  verié2 Ven 20 Jan - 18:47

Robert Paris

Nous ne discutons pas seulement de l'appréciation de la grève des retraites mais de celle de la politique de Lo dans ces circonstances et, plus généralement, des buts de cette organisation.

Tu écris que cette grève n'est pas partie de la base et que cela change grandement les possibilités. Sans être d'accord avec toi, car on peut cependant modifier les choses à la base dans certains coins puis étendre ce changement
D'accord, il peut arriver qu'on déborde à la base un mouvement lancé par les syndicats, mais tu conviendras qu'il y a plus de chances de mettre en place des comités de grève quand on a une forte mobilisation venue de la base que quand une bonne partie des gens font la grève à domicile et s'informent par textos de la suite des événements...

Sur la politique de LO, nous sommes d'accord que LO, depuis quelques années, a défendu une politique globale, disons plus discrète, dans ses critiques des bureaucraties syndicales, voire suiviste, et moins convaincue de la nécessité de favoriser la création de comités de grève - bien qu'elle l'ait tout de même fait à PSA Aulnay. Le lien avec la vision très pessimiste de LO et de feu Hardy sur la situation, voire la période, est évident. De là à dire que les "buts" de LO auraient changé fondamentalement, je ne te suivrai pas.

A mon avis, il y aurait un saut qualitatif négatif dans la "nature" de LO si une partie de l'appareil de cette organisation s'intégrait dans les institutions bourgeoises au point qu'elle s'institutionnalise. Ce n'est pas le cas pour le moment. N'ayant pas d'attaches avec la bourgeoisie, ne vivant pas de ses subsides etc, elle peut très bien opérer un nouveau virage à 90°. Restent évidemment la routine, le vieillissement de la direction, la sclérose théorique qui ne poussent pas dans le bon sens.

Cela-dit, je ne connais plus LO de l'intérieur depuis un bail, et je peux sous-estimer ces changements...

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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Que veut Lutte Ouvrière ?

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 19:49

De là à dire que les "buts" de LO auraient changé fondamentalement, je ne te suivrai pas.

J’ai déjà répondu à cette question posée par Vals.

Ma réponse :

Pénétration du syndicat par le groupe révolutionnaire ou du groupe par le syndicalisme réformiste ?

Vals écrit :
Heureusement, il reste et vit dans la CGT autre chose que ces pitreries séniles et ces chants du cygne cacochymes...


Bel aveu ! Quelle idéalisation de la CGT qui justifie une politique visant à remplacer le rôle que jouait le PCF au sein de la centrale !
Mais, bien entendu, mon cher camarade Vals, tu ne fais pas partie des organisations qui se revendiquent ouvertement de la bourgeoisie et tu n'as même pas envie de soutenir de quelque manière que ce soit la bourgeoisie. On te remercie. On le sait. Tu fais comme si tu ne comprenais pas le sens de nos remarques. Cela ne fait rien. On est tout disposés à réexpliquer. Nous parlons d'une politique d'un groupe d'extrême gauche qui s'appelle Lutte Ouvrière ce que ne fait pas le Parti radical... Une organisation qui se réclame du communisme aussi à longueur de pages. Encore une différence. Et qui se revendique d'un trotskysme non dilué... Parfait ! Et qui, derrière une intransigeance de façade, cache un opportunisme réel. cela nécessite explication et analyse parce que cela est bien fait. On est entre gens qui connaissons bien la politique, n'est-ce pas mon camarade Vals. Et on sait que la direction de LO pense qu'elle fait des calculs qui iront quand même dans le sens du parti communiste révolutionnaire. L'enfer est pavé de bonnes intentions. Mais, comme le paradis, lui, est pavé de bonnes citations, je me suis permis - mille excuses pour ce crime, de donner quelques citations qui soulignent le petit décalage entre la politique de LO et celle menant au parti révolutionnaire, communiste,internationaliste etc...

Tu vois comme on se comprend très bien.

Seulement, tes calculs qui sont censés permettre de construire une grande organisation amènent les dirigeants à tenir un discours qui s'éloigne de la politique révolutionnaire et tes militants à mener une activité qui en devenant réformiste les forme comme des réformistes et, un beau matin, tu seras peut-être le premier étonné du résultat : une pratique social-démocrate avec le mot du communisme pour les jours de fête, cela mène au même point que la social-démocratie.

Tu vas encore dire que je ne t'aime pas. Tu te trompes. Je t'aime beaucoup parce que tu me permet ainsi de clarifier ta politique.
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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Re: Lutte ouvrière

Message  verié2 Ven 20 Jan - 19:54

Quelle idéalisation de la CGT qui justifie une politique (de LO NdV) visant à remplacer le rôle que jouait le PCF au sein de la centrale !
Entre le rôle que peut jouer LO aujourd'hui dans quelques sections syndicales et unions locales et celui que jouait le PCF, dont quasiment tous les permanents de la CGT étaient membres, il y a tout de même un gouffre...

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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Gouffre ici et là

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 20:08

Effectivement. Cela ne change rien à ce que je dis : LO a pour but de jouer le même type de rôle, être le parti syndical de la CGT.

Car, à la CGT, il y a un abime entre l'ancienne CGT et la difficulté actuelle de la CGT pour trouver des gens capables de s'occuper des sections...

Et il y a un troisième abime qui se creuse aussi malheureusement : entre la manière dont les militants révolutionnaires concevaient autrefois leur activité et celle qu'ils mènent aujourd'hui...
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Message  nico37 Ven 20 Jan - 22:13

Arthaud : " Je souhaite m’adresser aux travailleurs " Par Philippe TRIAY

Candidate de Lutte ouvrière (LO), Nathalie Arthaud a accepté de présenter son programme au micro de La1ere.fr.

Nathalie Arthaud, 41 ans, est porte-parole de Lutte ouvrière (LO, parti trotskyste membre de l’Union communiste internationale), depuis décembre 2008. A la fin de l’année 2010, cette professeur d’économie et gestion dans un lycée de Seine Saint-Denis a été désignée candidate de son parti à l’élection présidentielle.
Nathalie Arthaud avoue n’être jamais allé en Outre-mer - mais « ça lui plairait beaucoup », précise-t-elle - et aucun déplacement outre-mer n’est pour l’instant prévu dans son programme. « Cependant ma campagne sera relayée, en particulier par Combat ouvrier en Guadeloupe et en Martinique, et par la branche de Lutte ouvrière à la Réunion » affirme-t-elle. Nous avons rencontré la candidate de LO dans son bureau à Pantin en Seine Saint-Denis.

En tant que candidate à la présidentielle, qu’est ce que vous souhaitez dire aux électeurs des Outre-mer ?
Nathalie Arthaud : En Outre-mer comme ici dans l’Hexagone, c’est aux travailleurs que je souhaite m’adresser. Les travailleurs de l’Outre-mer ont les mêmes problèmes que ceux d’ici, en pire. Les salaires sont plus bas, les prix sont ô combien plus élevés, et le chômage est un fléau encore plus répandu. Si je devais parler de spécificités de l’Outre-mer, ce sont des conditions de vie et une exploitation encore plus dures pour les travailleurs. Pour moi c’est le même programme et les mêmes mesures vitales qu’il faut appliquer.
La mesure qui prendra le plus d’importance sera la mesure d’indexation sur les prix des salaires, des pensions de retraites et des allocations en général, car beaucoup de gens doivent se contenter par exemple du RSA pour vivre, ou d’allocations adultes handicapés, etc. C’est un combat très important qui était déjà l’un des objectifs principaux des mouvements de grève menés en Guadeloupe, en Martinique et récemment à Mayotte.

AUDIO. Nathalie Arthaud évoque les principaux points de son programme


Si vous étiez en situation de responsabilité, conserveriez-vous un ministère de l’Outre-mer ?
Nathalie Arthaud : Un ministère pour faire quoi ? S’il s’agit d’être le relais des demandes patronales et de faire la politique sur mesure que les riches et les capitalistes d’Outre-mer veulent, à savoir accéder à leurs demandes d’exonération, d’aides et de subventions, là je ne vois pas trop. Moi je milite pour que ce soient les travailleurs eux-mêmes qui s’expriment et se battent pour leurs intérêts. Je suis convaincue que ce n’est pas un ministère dont la tâche est de servir les affaires de l’élite dirigeante qui peut changer quelque chose. L’essentiel est la politique que l’on mène, et cette politique-là on ne peut l’attendre du pouvoir d’aucun ministre.

Pensez-vous que vous allez avoir les 500 parrainages d’élus nécessaires pour être officiellement candidate, et combien de promesses avez-vous obtenues jusqu’à présent ?
Nathalie Arthaud : Nous avons commencé cette recherche de parrainages assez tôt, et quand on compare aux autres campagnes nous avançons au même rythme. C’est difficile, il faut contacter de nombreux élus, mais nous sommes en bonne voie. Nous rencontrons par exemple des maires de petites communes qui sont attachés au pluralisme et qui ont à cœur d’assurer que l’on soit présent. Certains sont des parrains fidèles qui avaient parrainé Arlette Laguiller auparavant.
Nous gardons le chiffre des parrainages pour nous, car ce sont des engagements moraux, et souvent oraux, qui dépendent du contact que l’on a. C’est notre façon de nous organiser. Mais nous avons été présents à toutes les élections, et il n’y aura pas de problème notable car Lutte ouvrière est bien identifiée. Pour autant je ne trouve pas ce système de parrainage démocratique. Il serait plus démocratique de demander un parrainage des électeurs eux-mêmes, un certain nombre par région ou par département par exemple, de façon à vérifier qu’il s’agit d’un courant politique qui existe et qui a des relais. Cela permettrait d’échapper aux pressions réelles des appareils politiques.

Propos recueillis par Philippe Triay
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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Arthaud, c'est vraiment pas ça !

Message  Robert Paris Ven 20 Jan - 23:15

C'est gnangnan ! C'est sans saveur ! C'est plat ! Heureusement qu'il y en a encore qui se souviennent de l'Arlette des débuts, l'époque où LO pensait qu'on pouvait à partir d'une petite grève d'un secteur d'une succursale du Crédit Lyonnais organiser une grève générale des banques autour d'un comité central de grève et déborder les syndicats !
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Message  Eugene Duhring Sam 21 Jan - 0:05

verié2 a écrit:

Robert Paris
En s’opposant à la grève votée à mains levées, les centrales ont combattu l’influence combative des assemblées. En proposant aux travailleurs du secteur privé de ne pas faire grève – les fameuses manifestations du samedi -, elles ont donné des garanties aux patrons que leurs intérêts ne seraient pas directement visés. Ce n’est pas le seul discours par lequel elles démobilisaient par derrière les travailleurs qu’elles affirmaient suivre dans leur colère. Par exemple, Le Reste, dirigeant de la CGT des cheminots, se répandait sur les ondes pour dire qu’il comprenait les cheminots fatigués par la grève et ses pertes financières et qu’il fallait recourir à la grève de 59 minutes qui ne coûte que une heure sur la paie. Ils n’ont cessé de dire que la grève générale n’était pas presse-bouton mais ils n’ont jamais dit clairement aux salariés que sans action générale, la classe ouvrière n’avait aucune chance de gagner.
Dans beaucoup d'endroits, notamment à la SNCF, les syndicats, non seulement ne se sont pas opposés à la grève à main levée, mais ils ne se sont pas opposées à des AG dites "interpro" réunissant des cheminots de divers secteurs et des salariés d'autres entreprises de la région ! Le problème, c'est que ces AG, bien que combatives, étaient parfois (à la SNCF) deux fois moins nombreuses que celles des grèves précédentes. Même si la grève était bien suivie, beaucoup de cheminots restaient chez eux. Y compris dans des coins où les "interpros" étaient organisées par des syndicalistes "gauchistes"...

Bien évidemment, il n'y avait pas à attendre des directions syndicales qu'elles tiennent le langage nécessaire à la généralisation et l'organisation de la lutte, ni qu'elles agissent dans cette direction. Ces directions ont usé le mouvement avec des journées d'action successives. Mais elles ne se sont pas non plus opposées à un mouvement qui n'a pas manifesté de grandes velléités de dépasser ce cadre. Alors, on peut toujours imaginer ce qui se serait passé si les directions syndicales etc. Mais ça n'a pas de sens : si elles avaient agi autrement, elles ne seraient pas ce qu'elles sont.

Ce que l'on peut reprocher à l'extrême-gauche dans ces conditions, c'est de ne pas avoir systématiquement coordonné ses efforts pour essayer de mettre en place des comités de grève et des coordinations. Certains militants l'ont fait, mais dans leur coin. On peut lui reprocher aussi - en particulier à LO - de ne pas avoir tenu un langage très clair sur la politique des directions syndicales. Mais on ne peut pas affirmer non plus, comme tu sembles le penser, Robert Paris, que les directions syndicales ont "cassé" un mouvement puissant et qu'il aurait suffi que l'extrême-gauche mène une autre politique pour que l'histoire se déroule autrement.
J'ai participé à quelques réunions d'UD CGT lors des mobilisations et pour le moins l'appareil maintenait en permanence un dispositif d'étouffement de la contestation chez les militants quant à l'organisation des journées saute-mouton et face aussi à une demande pressante de préparer les conditions d'une grève générale. Et je passe sur la justification permanente de l'intersyndicale CFDT que les camarades ne comprenait pas du tout. Le coup de l'appareil CGT qui ne s'opposait pas ... tu peux repasser, il faut avoir un sacré sens de la naïveté pour émettre ce genre de position.

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Message  Eugene Duhring Sam 21 Jan - 0:08

verié2 a écrit:
Robert Paris

Nous ne discutons pas seulement de l'appréciation de la grève des retraites mais de celle de la politique de Lo dans ces circonstances et, plus généralement, des buts de cette organisation.

Tu écris que cette grève n'est pas partie de la base et que cela change grandement les possibilités. Sans être d'accord avec toi, car on peut cependant modifier les choses à la base dans certains coins puis étendre ce changement
D'accord, il peut arriver qu'on déborde à la base un mouvement lancé par les syndicats, mais tu conviendras qu'il y a plus de chances de mettre en place des comités de grève quand on a une forte mobilisation venue de la base que quand une bonne partie des gens font la grève à domicile et s'informent par textos de la suite des événements...

Sur la politique de LO, nous sommes d'accord que LO, depuis quelques années, a défendu une politique globale, disons plus discrète, dans ses critiques des bureaucraties syndicales, voire suiviste, et moins convaincue de la nécessité de favoriser la création de comités de grève - bien qu'elle l'ait tout de même fait à PSA Aulnay. Le lien avec la vision très pessimiste de LO et de feu Hardy sur la situation, voire la période, est évident. De là à dire que les "buts" de LO auraient changé fondamentalement, je ne te suivrai pas.

A mon avis, il y aurait un saut qualitatif négatif dans la "nature" de LO si une partie de l'appareil de cette organisation s'intégrait dans les institutions bourgeoises au point qu'elle s'institutionnalise. Ce n'est pas le cas pour le moment. N'ayant pas d'attaches avec la bourgeoisie, ne vivant pas de ses subsides etc, elle peut très bien opérer un nouveau virage à 90°. Restent évidemment la routine, le vieillissement de la direction, la sclérose théorique qui ne poussent pas dans le bon sens.

Cela-dit, je ne connais plus LO de l'intérieur depuis un bail, et je peux sous-estimer ces changements...
Ne vivant pas de ses subsides ??? En partie quand même, elle a bénéficé au même titre que les autres partis du financement public. Cela n'est évidemment pas suffisant pour embourgeoiser LO mais peut contribuer à lui rogner un peu les dents !

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Lutte ouvrière - Page 33 Empty L'argent n'est pas tout

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 9:52

L'argent n'est pas tout dans le réformisme. Les calculs sont l'essentiel. Quels calculs fait une organisation pour réussir ? Ele peut très bien estimer qu'elle est en train de réussir un calcul qui mène au parti révolutionnaire et aller direct dans le réformisme...

Est-ce que le mouvement des retraites était seulement et entièrement une action voulue et construite par les centrales nationales ? Pas tout à fait. C’est oublier qu’il y avait au sein du mouvement des retraites de vraies grèves comme celle des raffineries ou de certains secteurs SNCF. Et aussi pendant le mouvement d’autres grèves qui pouvaient aussi marquer le mouvement : celles des entreprises sous-traitantes de l’Automobile, celle de l’hôpital Tenon, des grèves qui pouvaient, si elles étaient dirigées par des révolutionnaires, s’adresser à l’ensemble du mouvement et en changer le cours.
Pour les révolutionnaires, le prolétariat n’est pas une masse manœuvre qu’on envoie à droite et à gauche, qu’on promène sans expliquer les tenants et les aboutissants. Nous ne sommes pas comme les dirigeants réformistes à faire croire au bon peuple qu’il va suffire de manifestations nombreuses dans la rue pour faire reculer la bourgeoisie sur un projet essentiel pour elle, à faire croire que l’attaque sur les retraites n’est qu’une lubie de Sarkozy alors que toutes les bourgeoisies en font autant, à faire croire qu’il serait facile de le faire reculer alors que, si la France reculait sur l’attaque sur les retraites, c’est toutes les bourgeoisies qui le lui reprocheraient et la pénaliserait d’ailleurs. Mentir aux travailleurs, même pour pousser les travailleurs à descendre nombreux dans les rues, ne fait partie de l’attirail politique des révolutionnaires prolétariens.

Quant à ne pas expliquer les calculs des directions syndicales aux travailleurs sous prétexte de ne pas les décourager en pleine lutte, c’est carrément une politique qui n’a plus rien à voir avec le point de vue révolutionnaire.
Il faut quand même répondre à la question : qu’est-ce qui permettrait qu’un mouvement de masse échappe aux directions réformistes ? Sa radicalité ? C’est faux ! Voir juin 36 et mai 68.
C’est son auto-organisation !
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Lutte ouvrière - Page 33 Empty Effet des résultats électoraux

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 10:08

LO a eu bien autre chose que de l'argent de l'Etat pour reculer politiquement : des succès électoraux !

Le succès populaire et médiatique, c'est une importante pression comme le succès qui consiste à avoir beaucoup de camarades qui sont élus syndicaux.

Ces succès acquis sur un terrain qui n'est pas la lutte des classes sont à double tranchant et le fait d'avoir volontairement négligé la pression qu'ils pouvaient exercer a eu un effet direct...

Ce n'est pas un effet automatique et il ne faut pas en déduire que je suis contre toute participation électorale et syndicale. C'est l'effet aussi d'un choix de la direction politique....
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