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Lutte ouvrière

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty L'opportunisme honnête

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 10:15

« L’oubli des grands points théoriques fondamentaux pour les intérêts immédiats et passagers, la lutte et la course aux succès momentanés sans se soucier des conséquences ultérieures, le sacrifice de l’avenir du mouvement au présent du mouvement - tout cela a peut-être des mobiles « honnêtes » mais cela est et reste de l’opportunisme. Or l’opportunisme « honnête » est peut-être le plus dangereux de tous. »

Engels, Critique du projet de programme social-démocrate d’Erfurt de 1891 .
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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Re: Lutte ouvrière

Message  verié2 Sam 21 Jan - 11:07

Eugene Duhring
Le coup de l'appareil CGT qui ne s'opposait pas ... tu peux repasser, il faut avoir un sacré sens de la naïveté pour émettre ce genre de position.
Ce sont tout simplement des faits que nous avons pu constater en de nombreux endroits - mais nous n'avons pas une connaissance exhaustive du comportement de l'appareil CGT. Tu raisonnes à partir de préjugés sur le comportement des appareils. Ceux-ci sont capables de faire preuve de beaucoup de souplesse pour s'adapter aux diverses situations.
Robert Paris
LO a eu bien autre chose que de l'argent de l'Etat pour reculer politiquement : des succès électoraux !
Il est clair que la volonté de maintenir ces succès entraîne des dérives, en particulier sur le plan électoral la volonté de ratisser large, de ne pas heurter etc. Le programme minimaliste de Arlette/LO à la dernière présidentielle en était un exemple caractéristique, tout comme ses déclarations démagogiques revendiquant davantage de gilets pare-balles et de voitures rapides pour les policiers.

Ces succès en dehors de toute lutte sont de puissants facteurs de recul idéologique, comme tu le soulignes. Mais nous parlons de l'intégration éventuelle de LO. Et, à mon avis, le facteur d'intégration déterminant d'une organisation, quelle qu'elle soit, ce sont les privilèges moraux et matériels - surtout matériels ! - que peuvent tirer les membres de l'appareil de cette organisation. Pour le moment, les militants de LO n'en ont aucun à ma connaissance, en dehors de ceux que peuvent parfois conférer leurs situations sociales personnelles à quelques-uns d'entre eux - mais leur appartenance à LO représente, non un avantage, mais une limitation à ces privilèges, à leur carrière etc.

Si nous considérons les cas de toutes les organisations ouvrières qui se sont intégrées, comme la social-démocratie ou le PCF, nous constatons qu'une partie au moins de leurs appareils, de leurs élus bénéficiaient grâce à leurs positions de bureaucrates de privilèges relativement important par rapport à leurs situations d'origine. Toutes ces organisations sont devenues des tremplins pour toutes sortes de carrières. Ce n'est pas le cas de LO.

verié2

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Re: Lutte ouvrière

Message  Maxence Sam 21 Jan - 14:53

A propos du nucléaire: extrait de l'article _Sortir du nucléaire  ? Avant tout, sortir du capitalisme  !

"Il y a de quoi être révolté encore par la façon dont ce gouvernement a relevé les seuils légaux de radiations que la population ou les ouvriers peuvent officiellement subir. Cela lui permettra de dégager sa responsabilité quand les premiers décès interviendront. De la même façon, il a organisé la réouverture des écoles dans la préfecture de Fukushima, en sachant parfaitement que les enfants seront exposés à des doses au moins équivalant à celles que reçoivent les travailleurs du nucléaire, sans en connaître les conséquences. Il est légitime que ce comportement criminel, tant des exploitants privés des centrales que des gouvernements qui les couvrent, provoque de l’inquiétude. Mais ce qui serait souhaitable, c’est que cette inquiétude se transforme en révolte. "

Mais ce qui serait souhaitable, c’est que cette inquiétude se transforme en révolte.

Voilà ce que LO conseille aux Japonais...merci pour nous , c'est bien louable et d'ailleurs il parait que les japonais sont des humains comme les militants de LO et qu'ils sont capables de ce type de sentiments qu'on appelle "colère, résignation, haine, joie, tristesse".

LO est cette organisation qui souhaite que les gens réagissent...mais pour qui se prenne t il ?

Des humains plus indignés que les autres, toujours prêts à en découdre...

A vous tous militants qui reprenez les sages paroles de vos prophétes, vous savez ils ne se passent rien dans le monde en dehors des réunions, et AG de militants.

Quand on en est à conseiller aux autres leurs propres sentiments, c'est que l'on a soit même perdu confiance totalement dans le genre humain. (et pas seulement la classe ouvrière)

Maxence

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Comment le réformisme vient....

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 17:17

Cher Vérié2, je n'approuve pas ton image simpliste de la manière dont le réformisme vient aux anciens révolutionnaires. Il ne s'agit pas nécessairement d'une intégration mais de dirigeants qui veulent des succès rapides pour leur groupe quand ces succès ne peuvent être obtenus que par un recul politique sur le fond. C'est Engels qui rappelait que l'opportunisme vient du désir de réussir quand l'occasion ne s'en présente pas. Il n'y a pas besoin que les militants y gagnent d'être du parti ! Engels et Marx parlaient du réformisme de la social-démocratie allemande naissante qui sacrifiait ses idées pour gagner du monde, pour s'unifier, pour avoir des succès électoraux et médiatiques (déjà !).
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Message  verié2 Sam 21 Jan - 18:29

Robert Paris a écrit:Cher Vérié2, je n'approuve pas ton image simpliste de la manière dont le réformisme vient aux anciens révolutionnaires. Il ne s'agit pas nécessairement d'une intégration mais de dirigeants qui veulent des succès rapides pour leur groupe quand ces succès ne peuvent être obtenus que par un recul politique sur le fond. C'est Engels qui rappelait que l'opportunisme vient du désir de réussir quand l'occasion ne s'en présente pas. Il n'y a pas besoin que les militants y gagnent d'être du parti ! Engels et Marx parlaient du réformisme de la social-démocratie allemande naissante qui sacrifiait ses idées pour gagner du monde, pour s'unifier, pour avoir des succès électoraux et médiatiques (déjà !).
Je ne nie nullement ces pressions et motivations. Mais, le phénomène ne devient irréversible que lorsque des intérêts sont en jeu, c'est à dire quand s'est cristallisée une bureaucratie privilégiée et conservatrice, jusque-là on peut garder l'espoir qu'un parti, ou une fraction importante de ce parti, sous la pression des travailleurs en lutte, revienne sur des positions révolutionnaires. Après tout, c'est un peu ce qui s'est passé dans le parti bolchevik... (Même s'il n'est évidemment pas question de comparer LO au parti bolchevik.)

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Message  Eugene Duhring Sam 21 Jan - 18:47

verié2 a écrit:
Eugene Duhring
Le coup de l'appareil CGT qui ne s'opposait pas ... tu peux repasser, il faut avoir un sacré sens de la naïveté pour émettre ce genre de position.
Ce sont tout simplement des faits que nous avons pu constater en de nombreux endroits - mais nous n'avons pas une connaissance exhaustive du comportement de l'appareil CGT. Tu raisonnes à partir de préjugés sur le comportement des appareils. Ceux-ci sont capables de faire preuve de beaucoup de souplesse pour s'adapter aux diverses situations.
Ce que je te rapporte, ce sont aussi des faits. Je te parle des manoeuvres de la CGT pour contenir le mouvement des masses et la contestation de l'appareil par les militants et tu me réponds méthode (souplesse) en confondant donc la méthode et le but. On peut bien appliquer toutes les méthodes du monde : brutales, subtiles, etc., il reste le but. Effectivement, l'appareil de la CGT est devenue plus subtile avec le temps mais il n'empêche qu'elle n'a jamais cessé d'agir pour contenir les mouvements de la classe - hier comme aujourd'hui avec des méthodes différentes certes. Ajoutons en plus la fragmentation syndicale où chaque organisation joue la division du travail dans l'élaboration des obstacles qui se dresseront devant les masses et les militants ... Donc minorer comme tu le fais la capacité de l'appareil à se dresser devant les masses par une méthode ou une autre, c'est un peu naïf je le répète.

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Pourquoi minimiser le rôle de frein syndical

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 19:11

"Les Echos", un journal patronal écrit : l

dimanche 3 octobre 2010

les syndicats ont peur de la grève reconductible

Et maintenant, la grève reconductible ! Dans les cortèges qui défilaient, jeudi 23 septembre, contre la réforme des retraites, de plus en plus nombreux étaient les manifestants désireux de franchir un nouveau cran de mobilisation. De ne plus accompagner le mouvement par de simples journées de grèves « carrées », fussent-elles répétées, mais par ces grèves reconductibles, dans les transports publics notamment, qui avaient fait la force de la contestation du plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale, fin 1995. Leaders du mouvement, la CGT et la CFDT se sont refusé à sauter le pas, mais l’idée reviendra, ce samedi d’abord, où de nouvelles manifestations sont prévues, à l’approche de la journée de grève du 12 octobre ensuite, car l’essoufflement de la participation pourrait renforcer la tentation de la radicalisation.

A mesure que le temps passe et que le gouvernement demeure inflexible sur le coeur de sa réforme - le report à 62 ans de l’âge légal du départ et à 67 ans de l’âge légal du départ sans décote -, les tensions s’avivent entre confédérations partisanes de grèves « classiques » et adeptes de mouvements plus durs, comme Force ouvrière et son vieux fantasme de grève générale, comme la FSU et Solidaires avec leurs envies de grève reconductible. Entre les deux, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, tente de faire le tampon, en agitant à demi-mot une menace qu’il sait ne pas pouvoir mettre à exécution.

« Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait-il, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais c’est la menace d’un tigre de papier. Un avertissement sur le mode « retenez-moi ou je fais un malheur », plutôt destiné à mobiliser les troupes qu’à effrayer le gouvernement. Car, aussi étrange que cela puisse paraître à une opinion publique interloquée de voir des syndicats renoncer à pousser leur avantage, il est fort peu probable que la contestation de la réforme des retraites bascule dans un mouvement de grève reconductible. La réalité est, en effet, que les grandes confédérations syndicales en ont peur plus qu’elles n’en ont envie.

Au sommet, Bernard Thibault (CGT) estime qu’"il n’est pas surprenant que le débat s’amplifie dans les entreprises" en raison de "la surdité" du gouvernement, et appelle à "des assemblées des personnels" sur les formes d’action.

Pour l’heure toutefois, il serait "irresponsable" de lancer un mot d’ordre de grève reconductible, les entreprises où les salariés y sont prêts restant "très, très minoritaires", juge-t-il.
La CFDT ferme la porte, sans surprise. "Toute tentative d’aller en ce sens pourrait conduire à un divorce avec une partie des salariés, décrédibilisant le mouvement", prévient son numéro deux, Marcel Grignard. Charles Foulard, un responsable de CGT-Total, a quant à lui expliqué : « On sait que les raffineries pèsent beaucoup dans ce mouvement, mais on ne veut pas être les seuls à agir en France ». Il a dit que le secteur des raffineries « ne se considère pas comme le fer de lance de la contestation ».

« Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, le 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais, le 5 octobre, le même déclarait à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ». Et le 7 octobre sur RTL : "Cela (la grève générale) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces." Le prétexte était de laisser les travailleurs et les syndicats décider localement. Mais, dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter.

Et les centrales ont tout fait pour ne pas unir la lutte avec celle des entreprises qui licencient, des ports, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...L’unité de l’intersyndicale s’est faite contre les risques de la radicalisation comme l’explique la CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. » La CGC déclarait : "Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général." Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", mais pas à engager la lutte contre le patronat et le gouvernement. Les centrales risquaient d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité que les classes dirigeantes savaient que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables ». Responsables, oui vis-à-vis de la bourgeoisie, pas des travailleurs !

L’Intersyndicale n’a cessé de lancer des messages démobilisateurs : il ne fallait pas que le mouvement soit trop coûteux pour les salariés, il suffisait de manifester les samedis sans faire grève plutôt que de se mettre mal avec son patron, que de risquer son emploi, les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

Ainsi, on retardait, on temporisait, on décommandait l’action… Mais il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation. « Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, le 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais, le 5 octobre, le même déclarait à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ». Et le 7 octobre sur RTL : "Cela (la grève générale) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces." Le prétexte était de laisser les travailleurs et les syndicats décider localement. Mais, dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter.

Et les centrales ont tout fait pour ne pas unir la lutte avec celle des entreprises qui licencient, des ports, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...L’unité de l’intersyndicale s’est faite contre les risques de la radicalisation comme l’explique la CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. » La CGC déclarait : "Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général." Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", mais pas à engager la lutte contre le patronat et le gouvernement. Les centrales risquaient d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité que les classes dirigeantes savaient que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables ». Responsables, oui vis-à-vis de la bourgeoisie, pas des travailleurs !

L’unité du front prolétarien nécessite que les travailleurs soient organisés au sein de comités de lutte et que ces comités soient reliés et décident ensemble de l’avenir de la lutte et ensuite de l’avenir de la société. La véritable unité des travailleurs nécessite une lutte de classe sans compromission ni négociation avec la grande bourgeoisie et une perspective d’avenir : bâtir une société débarrassée de l’exploitation.
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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Révolutionnaires et syndicats

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 19:19

Le rôle des syndicats ?

François Fillon a déclaré mardi aux députés UMP que "la direction des grandes organisations syndicales est responsable pour le moment" sur la réforme des retraites, selon des participants à la réunion à huis clos du groupe UMP à l’Assemblée nationale.



Commentaire du Monde du 5 novembre :
Face à un gouvernement intransigeant sur cette réforme "indispensable", les syndicats sont apparus, aux yeux de beaucoup, responsables dans leurs revendications comme dans leur manière unitaire de gérer le mouvement social.

François Bayrou :
"Nous avons trouvé que les directions des syndicats ont été responsables"

Responsables vis-à-vis du gouvernement et de la bourgeoisie et responsables de l’échec vis-à-vis des travailleurs...


Et les révolutionnaires ?

1- La situation actuelle de la lutte des classes dans le monde se caractérise par une double contradiction, à la fois pour la classe capitaliste et pour la classe ouvrière. Double force, car le capitalisme est parvenu à dominer la planète et que la classe ouvrière s’est également étendue au monde entier. Double faiblesse, parce que le capitalisme a atteint ses limites et connaît une grave crise de suraccumulation qui le rend incapable de nouveaux investissements, cette perte de dynamisme ne pouvant être remplacée par les dépenses colossales des Etats et que le prolétariat connaît une grave crise de confiance dans ses propres forces, crise dans laquelle social-démocratie, nationalisme et stalinisme se partagent la responsabilité et d’où découle une faiblesse idéologique, politique et organisationnelle. Et même, on peut parler en un certain sens de crise morale dans la mesure où les travailleurs n’attendent souvent de leur classe et de ses organisations aucun changement radical de leur sort. Les trahisons des organisations dites ouvrières ne datent pas d’hier. Par contre, le fait que celles-ci s’affichent comme ne se revendiquant plus ni du pouvoir aux travailleurs, ni ’une classe ouvrière internationale, ni même du communisme et du socialisme, mais de la gestion "réaliste" de la société capitaliste, est uen relative nouveauté, un pas de plus dans la décadence.

2- La décadence existe aussi dans le camp d’en face. La décadence impérialiste implique non seulement un effondrement économique mais, également, va certainement entraîner à brève échéance un effondrement social, politique et moral du cadre classique bourgeois. Bien évidemment, les révolutionnaires n’ont rien à regretter des illusions petites bourgeoises dans le système, que ce soient des illusions sur les institutions démocratiques (constitutions, gouvernements, légalité, rôle de l’Etat, services publics, syndicats) ou des illusions dans le mode de maintien de l’ordre bourgeois (violence des forces policières et armées, non respect des droits des citoyens, non respect de la légalité bourgeoise elle-même). Les relations de classe vont prendre un caractère beaucoup plus cru et rude. Cependant, la bourgeoisie, dans un premier temps, aura d’autant plus besoin de tromperies des masses à grande échelle. Le réformisme, qui n’a plus aucun sens en termes de possibilités réelles de réformes, d’amélioration de la situation des masses, prendra un rôle encore plus grand pour les classes dirigeantes, dans un premier temps. Il jouera le rôle de police de la classe ouvrière, rôle que les forces de répression ne pourront pas jouer dans une montée des mécontentements sociaux. Ce n’est pas seulement le rôle des partis de gauche. C’est également celui des associations et des syndicats. Ils serviront à encadrer la classe ouvrière, à étouffer sa voix et à l’empêcher de s’auto-organiser. Ils jouent déjà ce rôle bien entendu, mais ils vont devenir le principal outil des classes dirigeantes quand la crise va prendre une tournure plus catastrophique.

3- Les révolutionnaires n’ont jamais eu d’illusions dans le rôle des organisations réformistes. La question n’est pas là. Il s’agit d’un rôle nouveau de celles-ci, en période de crise révolutionnaire, c’est-à-dire de crise dans laquelle la situation objective mène à la remise en question de la direction de la planète par la bourgeoisie impérialiste. Bien entendu, le problème est accru par le fait que nous sommes pour le moment dans une situation intermédiaire : la crise a connu ses premiers soubresauts sans que les travailleurs ne mesurent le sens de celle-ci. Bien entendu, tout l’effort des classes dirigeantes consiste à faire croire à la possibilité d’une pérennité du système et de préparer en attendant les tremblement de terre à venir des solutions politiques et sociales pour encadrer les masses. Si on comprend que l’avenir proche est celui d’affrontements sociaux de grande ampleur, on ne peut non plus ignorer que l’avenir pour les travailleurs n’est pas au mode d’organisation des périodes calmes : la démocratie bourgeoise, les associations, la gauche et les syndicats. Elle est à l’auto-organisation des travailleurs : comités de travailleurs élus et révocables sur les lieux de travail ou d’habitation.

4- Cela ne signifie pas que les révolutionnaires doivent anticiper et quitter les autres types d’activité avant que les travailleurs n’en soient là. Mais cela a une grande importance en ce qui concerne la formation et la conscience des militants révolutionnaires eux-mêmes. Et, dans ce domaine, ce que l’on pense a encore plus d’importance que ce que l’on est encore momentanément en train de faire. Il faut, par la pensée, dépasser le niveau de l’activisme quotidien pour se préparer et préparer ceux qui nous entourent à ce qui va suivre….

5- Le syndicalisme n’est pas et n’a jamais été le mode unique d’organisation de la classe ouvrière. Il a longtemps été le mode d’organisation des plus grandes masses. De nos jours, dans les pays impérialistes, ce serait une tromperie que de dire qu’il organise les travailleurs. Ni il les réunit, ni il leur donne les moyens de discuter, de décider, d’avoir voix au chapitre, même pour la simple confection d’un tract, pour la décision d’une action, pour l’élection d’un dirigeant, pour la conclusion d’une lutte. C’est bien connu : c’est le bureaucratisme quasi-total. C’est loin d’être nouveau mais cela a pris encore des proportions supplémentaires avec l’aggravation de la dépendance des syndicats vis-à-vis de l’Etat et des trusts.

6- Pour les révolutionnaires, cela n’est pas le premier point. Bureaucratisés ou pas, les syndicats sont un certain niveau de conscience limité de la classe ouvrière, niveau qui ne mène nullement spontanément à la conscience historique du rôle du prolétariat et même qui s’y oppose en quelque sorte. En effet, la plus large masse des travailleurs qui adhère aux syndicats en attend une amélioration des conditions de vie et de travail en accord avec la légalité de cette société et en discussion avec la classe dirigeante. La base d’accord entre les militants honnêtes du syndicat et la bureaucratie existe bel et bien. Il est aisé pour la bureaucratie de rappeler aux travailleurs ou aux militants de base qui ruent parfois dans les brancards sous les coups de trahisons trop grossières que les militants révolutionnaires, eux, veulent renverser la classe dirigeante ! Ce n’est pas le cas des travailleurs du rang… Du moins, pas pour le moment. Et encore moins des militants syndicalistes, sauf exception.

7- Pour nous, la conscience de classe, c’est la conscience des intérêts d’avenir de l’humanité et non la défense d’intérêts d’un groupe social, celui des travailleurs, avec des revendications particulières pour lui. C’est une conscience communiste. Le rôle des révolutionnaires de défenseurs d’une conscience d’avenir du prolétariat est inséparable de leur rôle dans la lutte des classes quotidienne. Cela suppose de démontrer sans cesse aux travailleurs qu’ils représentent un autre avenir, d’autres possibilités sociales, d’autres solutions au fonctionnement social. Ce n’est pas un simple rôle de mobilisation et de revendication. En fait partie notre rôle internationaliste, dimension totalement occultée actuellement par les syndicats. En fait également partie notre propagande pour un mode d’organisation autonome du prolétariat qui ne nécessite pas de grandes luttes sociales. Dans les problèmes de tous les jours des travailleurs peuvent s’auto-organiser. Nous l’avons vécu sur la question de l’amiante dans l’entreprise, sur la question des transports dans l’entreprise, sur la question des sans-papiers ou dans une grève sur les salaires ou contre les licenciements. Nous pouvons le vivre demain sur la question du stress et des suicides. Nous pouvons également connaître des comités de travailleurs sur des questions comme la hausse des prix ou les licenciements. Toutes les fois qu’il est possible de mettre en place une véritable auto-organisation des travailleurs, il est hors de question de faire appel aux syndicats même si nous en faisons partie, même si nous y militons, même si nous les dirigeons.

8- La raison fondamentale est la suivante : il faut que les luttes sociales préparent l’organisation révolutionnaire politique mais préparent aussi la classe elle-même à son rôle de direction et ces deux question ne doivent pas être confondues comme Lénine l’a maintes fois répété.

"Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes (comme, d’ailleurs, les révolutionnaires en général qui ont mené à bien le début d’une grande révolution), c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seuls révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l’idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant garde de la classe réellement avancée et viable. L’avant garde ne remplit sa mission que lorsqu’elle sait ne pas se détacher de la masse qu’elle dirige, lorsqu’elle sait véritablement faire progresser toute la masse. Sans l’alliance avec les non communistes dans les domaines d’activité les plus divers, il ne saurait être question d’aucun succès en matière de construction de la société communiste."

Lénine dans "Le matérialisme militant"

« Ce qui caractérise toute révolution, c’est que la conscience des masses évolue vite : des couches sociales toujours nouvelles acquièrent de l’expérience, passent au crible leurs opinions de la veille, les rejettent pour en adopter d’autres, écartent les vieux chefs et en prennent de nouveaux, vont de l’avant, et ainsi de suite. Les organisations démocratiques qui reposent sur le lourd appareil du suffrage universel doivent forcément, aux époques révolutionnaires, retarder sur l’évolution progressive de la conscience politique des masses. Il en va tout différemment des soviets. Ils s’appuient directement sur des groupements organiques, comme l’usine, l’atelier, la commune, le régiment, etc. (…) Le délégué du Conseil municipal ou du zemstvo s’appuie sur la masse inorganique des électeurs qui, pour un an, lui donne pleins pouvoirs et puis se désagrège. Les électeurs du soviet, au contraire, restent toujours unis entre eux par les conditions mêmes de leur travail et de leur existence, et ils ont toujours l’œil sur leur délégué ; à chaque instant, ils peuvent l’admonester, lui demander des comptes, le révoquer ou le remplacer par une autre. »

Léon Trotsky

Dans « L’avènement du bolchevisme »

9- Il en résulte les tâches suivantes pour les communistes révolutionnaires :

- militer en développant le maximum de liens avec la classe ouvrière et pas seulement avec ses militants organisés
- ne jamais s’isoler de la masse des travailleurs et les faire juges de nos positions, de nos orientations et de nos combats par tous les moyens (prises de paroles, affiches, tracts publics)
- participer à l’activité syndicale mais en ayant conscience que l’on intervient en terrain miné, en préparant les camarades non seulement aux combats avec les bureaucrates mais aux pressions multiples et aux déformations que représente la participation aux organismes syndicaux
- ne jamais participer à des responsabilités syndicales tant qu’on n’a pas de groupes autour de soi sur des bases politiques claires et tant que l’on n’a pas de parution publique régulière communiste révolutionnaire sur l’entreprise
- ne briguer des responsabilités syndicales que sur la base d’un soutien clair et sur des objectifs écrits et votés des travailleurs
- s’interdire de diriger une lutte en tant que syndicaliste sans se donner les moyens d’organiser tous les travailleurs en lutte en faisant élire des organes de direction de cette lutte.
- Et ne jamais oublier que prôner la grève générale et même la révolution sans l’organisation de comités de grève, de comité central de grève, de comité d’usine et de soviets, c’est envoyer la classe ouvrière à la défaite et même bien pire…
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Lutte ouvrière - Page 34 Empty La CGT a bloqué ?

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 19:25

Vérié2 n'est pas convaincu que la CGT a bloqué. En somme, il nous dit qu'il faudrait être partout pour s'en assurer... Mais il ne nous explique pas quelle mouche a piqué Bernard Thibaut pour effectuer plusieurs déclarations énervées contre les partisans à tout crin de la grève générale ?

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, interrogé dans le « Parisien » du 10 mars sur le risque de contagion en métropole des grèves aux Antilles, affirmait : « Le conflit n’est pas transposable, la situation n’est pas comparable. » La dirigeante du PS Martine Aubry déclarait dans « Le Parisien » du 13 février « craindre une propagation des événements qui agitent les Antilles » et sur un mouvement de révolte sociale en métropole, elle affirmait : « Il faut tout faire pour que cela n’arrive pas » « Le Monde » écrivait en janvier 2009 : « A l’Elysée comme au Parti socialiste, dans les syndicats comme dans les milieux patronaux, tout le monde redoute une explosion du chaudron social. »

le 5 octobre, le même déclarait à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ». Et le 7 octobre sur RTL : "Cela (la grève générale) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces."

Si cela ne se posait pas, si les travailleurs et les militants n'en parlaient pas du tout, s'il ne voulait pas bloquer ce risque, pourquoi y aurait-il fait publiquement allusion plusieurs fois pour la combattre ?
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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Intégration mais de qui ?

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 19:37

Vérié2 répondait à Robert Paris :

Robert Paris a écrit:Cher Vérié2, je n'approuve pas ton image simpliste de la manière dont le réformisme vient aux anciens révolutionnaires. Il ne s'agit pas nécessairement d'une intégration mais de dirigeants qui veulent des succès rapides pour leur groupe quand ces succès ne peuvent être obtenus que par un recul politique sur le fond. C'est Engels qui rappelait que l'opportunisme vient du désir de réussir quand l'occasion ne s'en présente pas. Il n'y a pas besoin que les militants y gagnent d'être du parti ! Engels et Marx parlaient du réformisme de la social-démocratie allemande naissante qui sacrifiait ses idées pour gagner du monde, pour s'unifier, pour avoir des succès électoraux et médiatiques (déjà !).


Je ne nie nullement ces pressions et motivations. Mais, le phénomène ne devient irréversible que lorsque des intérêts sont en jeu, c'est à dire quand s'est cristallisée une bureaucratie privilégiée et conservatrice, jusque-là on peut garder l'espoir qu'un parti, ou une fraction importante de ce parti, sous la pression des travailleurs en lutte, revienne sur des positions révolutionnaires. Après tout, c'est un peu ce qui s'est passé dans le parti bolchevik... (Même s'il n'est évidemment pas question de comparer LO au parti bolchevik.)


Si intégration il y a, à la base de l’opportunisme, c’est l’intégration d’une couche sociale du prolétariat, une fraction un peu plus stable et favorisée (relativement intégrée) et sur laquelle une organisation peut être amenée à trop se fonder parce qu’elle s’est implantée surtout dans le milieu des syndicats, eux-mêmes très peu représentés parmi les salariés précaires et les chômeurs, dans les grandes entreprises plutôt que dans les petites, parmi les ouvriers les plus qualifiés que les moins, etc…. ces ouvriers qui se sentent agressés par les jeunes de banlieue ou que LO voit ainsi et qui estiment que ces violences « gratuites » détruisent « notre » société.

L'opportunisme d'une direction politique est autre chose :

Toute direction d'un parti veut, bien sûr, avoir des résultats - et c'est normal. Mais il y a des circonstances où il faut avoir le courage de sacrifier le succès momentané à des choses plus importantes. Cela est surtout vrai pour un parti comme le nôtre, dont le triomphe final doit être complet et qui, depuis que nous vivons, et, sous nos yeux encore, se développe si colossalement que l'on n'a pas besoin, à tout prix, et toujours, de succès momentanés.
Engels lettre à Bebel 1873 pour dénoncer l'opportunisme dans les débuts de la social-démocratie à une époque où les militants socialistes étaient pourchassés, licenciés, arrêtés et ne disposaient pas d'une bureaucratie intégrée à la société bourgeoise...
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Message  verié2 Sam 21 Jan - 20:11


Robert Paris
Vérié2 n'est pas convaincu que la CGT a bloqué.
Notre divergence ne porte pas sur la nature des syndicats et leur rôle, mais sur la puissance du mouvement, lors de la grève des retraites. La CGT n'a pas eu à bloquer dans la mesure où ce n'était pas nécessaire dans la plupart des cas. Elle s'est contentée en effet de se refuser à donner des consignes de grève générale et à "laisser faire" secteur par secteur jusqu'à ce que le mouvement s'épuise.
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Si intégration il y a, à la base de l’opportunisme, c’est l’intégration d’une couche sociale du prolétariat, une fraction un peu plus stable et favorisée (relativement intégrée) et sur laquelle une organisation peut être amenée à trop se fonder parce qu’elle s’est implantée surtout dans le milieu des syndicats, eux-mêmes très peu représentés parmi les salariés précaires et les chômeurs, dans les grandes entreprises plutôt que dans les petites, parmi les ouvriers les plus qualifiés que les moins, etc…. ces ouvriers qui se sentent agressés par les jeunes de banlieue ou que LO voit ainsi et qui estiment que ces violences « gratuites » détruisent « notre » société.
Bien sûr, la pression de la fraction "stable" et (relativement) favorisée de la classe ouvrière (ne parlons pas d'"aristocratie ouvrière") joue un rôle conservateur, surtout dans une période de (non moins relative) prospérité du capitalisme. Il est clair qu'aucune organisation révolutionnaire d'une certaine envergure ne peut se développer et obtenir des succès électoraux et syndicaux, dans des périodes de paix sociale, sans mener de fait une politique syndicaliste/réformiste et garder le programme révolutionnaire pour les jours de fête, les congrès et les diverses conférences.

Mais, ce que je tenais à souligner, c'est que cette dérive ne me semble pas irréversible tant que l'appareil de l'organisation lui-même ne s'est pas mué en bureaucratie privilégiée. Car cette base sociale de travailleurs, même pas réformistes, seulement syndicalistes et souvent corporatistes, peut parfaitement se révolter brusquement. Comme on l'a vu par exemple chez Continental et dans de nombreuses entreprises qui licencient.
___
En ce qui concerne l'attitude de LO par rapport à la révolte des jeunes de banlieue, je ne suis pas absolument convaincu qu'elle soit le résultat de la pression des travailleurs "stables", ou uniquement le résultat de cette pression. Il me semble discerner plusieurs autres facteurs. Par exemple la composition sociale de LO, pour moitié ou presque composé d'enseignants. La pression sécuritaire et "anti-jeunes" de banlieue est au moins aussi forte dans ce milieu que parmi les travailleurs. (J'ai vu des cheminots réagir spontanément beaucoup plus sainement que LO sur cette question.) Et enfin les positions personnelles de Hardy qui ont peut-être joué un grand rôle. Il suffit à ce propos de lire le pitoyable texte qu'il a publié dans la LDC, où il se lamente sur le manque d'éducation de la jeunesse qui n'a pas connu la maternelle etc. (LO lui aurait rendu un grand service en "oubliant" de le publier...)

Mais, bon, comme je l'ai dit, je ne connais plus LO de l'intérieur depuis un bail. Cette influence des enseignants a en tout cas certainement joué un rôle dans la caution que LO a apporté à la campagne islamophobe de Gérin.

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Thibaut a bloqué

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 20:51

Vérié2 pense qu'en l'occurrence la CGT n'a pas eu à bloquer.

Ce n'est pas moi : c'est Thibaut qui déclarait qu'il fallait bloquer la grève générale !!

Voir les citations plus haut ...
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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Thibaut en octobre 2010

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 21:02

Bernard Thibaut : "L’objectif en soi des mouvements de grève, notamment dans le secteur de l’énergie, n’est pas de stopper l’activité économique. L’objectif de cette mobilisation c’est bien d’obtenir des discussions pour un autre avenir de nos retraites."

Quelqu'un aurait-il voulu bloquer pour que Thibaut réponde cela ?

sert d’argument contre... le front des travailleurs, (...)
Editorial - Quand l’unité sert d’argument contre... le front des travailleurs, leur organisation sur des objectifs de classe et l’extension du mouvement

jeudi 11 novembre 2010, par Robert Paris

Les trois pièges de l’unité
Dans le dernier mouvement des retraites en France, bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité : l’unité contre Sarkozy, l’unité syndicale et l’unité des Français encore appelée la "bataille de l’opinion". Ils se trompent ou plutôt on les trompe. Loin d’être une force, ce sont trois pièges qui ont été déterminants pour battre les travailleurs et permettre au gouvernement de casser la retraite à 60 ans, tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...

L’unité syndicale

Commençons par l’unité syndicale puisque la lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans jamais s’épuiser elles-mêmes (sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme) ni épuiser les classes dirigeantes ou le gouvernement, bien entendu. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", "se faire entendre", "toucher l’opinion", mais pas à engager la lutte contre nos vrais adversaires du patronat et du gouvernement. La direction des centrales risquait d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité par les classes dirigeantes et l’Etat qu’eux-mêmes percevaient très bien que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...

Si ces directions, qui n’ont jamais été choisies démocratiquement ni par le mouvement ni par les travailleurs ni par les syndiqués, se sont intronisées direction du mouvement et lui ont imposé leurs limites, elles n’étaient cependant d’accord ni sur les revendications, ni sur les objectifs ni sur les moyens de lutte. Mais, au nom de l’unité, elles ont imposé au mouvement de ne pas discuter les objectifs et les perspectives et même pas les revendications. Et elles se sont contentées de cacher ces divergences au cours du mouvement. Et elles ont maintenant intérêt à les faire ressortir alors que le danger social est passé...

Les premières fissures de l’unité syndicale nous ont permis, en effet, d’apprendre que les dirigeants de ces centrales savaient depuis le début que la méthode des journées d’action ne pouvait pas permettre au mouvement de prendre son ampleur et encore moins de faire reculer le gouvernement. Rappelons qu’en 1995, au contraire, le succès était provenu d’une grève s’étendant et menaçant de devenir générale... Et encore faut-il remarquer que cela avait été possible parce que les classes dirigeantes n’étaient pas, comme actuellement, engagées dans la plus grave crise systémique de l’Histoire...

Alors, cette fois, c’est l’Intersyndicale qui n’a cessé de tirer contre son camp, contre la menace de généralisation de la grève au privé, en affirmant qu’il ne fallait pas que le mouvement soit trop couteux pour les salariés, que les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien que les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore qu’il suffisait de manifester les samedis sans faire grève. Sans oublier que ... la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou que le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans que l’on fasse jamais appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

Mais ce n’était pas aussi simple : il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation sans la pratiquer réellement...

« Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ».

Le 5 octobre, Bernard Thibaut déclare à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ».

Bernard Thibaut le 7 octobre sur RTL : "Cela ( NDLR :la grève générale, précisons que cet amnésique pourrait se pencher sur l’histoire de la CGT du début du 20ème siècle pour s’apercevoir de l’énorme contre-vérité qu’il profère…) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces."

Interview de Bernard Thibaut :

Etes-vous favorable à la proposition de François Chérèque de négocier avec le Medef sur l’emploi ?

A la CGT, nous avons mis la question de l’emploi au cœur du dossier des retraites depuis le début. Car il y a besoin de nouveaux financements pour assurer la pérennité de celui des retraites. Et nous avons considéré que 50 % de ce besoin pourrait être rempli si l’on revenait à une situation de plein emploi. Nous avons donc demandé qu’on puisse, dans le dossier des retraites, discuter d’une nouvelle politique de l’emploi, différente de celle menée depuis des années : exonérer de cotisations sociales les entreprises.

En quoi consisterait cette "nouvelle" politique ?

Nous proposons notamment que la politique de l’emploi soit prise en compte dans la règle de calcul des cotisations sociales, et donc que ces dernières soient modulées en fonction des critères d’emploi et de salaires dans l’entreprise : le taux de discrimination entre les hommes et les femmes, le rapport entre la masse salariale et la valeur ajoutée...

Donc, la CGT se réjouit de la main tendue de la CFDT au Medef ?

Certes, depuis le début, nous posons la question de l’emploi... Mais si la proposition de la CFDT vise à dire "le dossier des retraites, c’est fini et on passe à autre chose", nous ne sommes pas du tout sur ce terrain.

Négocieriez-vous avec le Medef et la CFDT sur l’emploi des seniors et des jeunes ?

Nous n’avons jamais refusé de négocier. C’est notre responsabilité en tant qu’organisation syndicale. Je fais pourtant attention car Laurence Parisot a notamment parlé d’une "délibération" sociale : c’est essayer d’avoir un constat partagé sur une question.


Encore une fois, mon camarade Vérié2, il n'existe pas de rapport de forces établi une fois pour toutes quand on est dans un mouvement dynamique. Il peut évoluer.

Il est très différent de dire que les syndicats n'ont pas eu grand mal à bloquer vue la caution qu'en donnaient tous les appareils syndicaux et politiques que de dire que le rapport de forces ne menait pas déborder les appareils.

Erreur de base : le rapport de forces seul ne mènera jamais à déborder les appareils réformistes qui peuvent encadrer même la révolution (pour la trahir). Ils l'ont déjà fait !!
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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Goodyear à Bernard Thibaut

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 21:04

A M THIBAULT Bernard - Secrétaire général de la CGT

Camarade,

Nous t’écrivons pour la seconde fois concernant la position de la CGT face aux attaques dont les salariés sont victimes.

La CGT en intersyndicale à décidé d’appeler à une nouvelle journée d’action pour la défense des retraites à 60 ans le 24 juin 2010.

La CGT Goodyear demande à ce que le mouvement soit à la hauteur de l’enjeu et de l’attaque du MEDEF et du gouvernement, ras le bol des rassemblements tous les mois pour des marches dans les principales villes de France, une en Mars, une en Mai et une en Juin, en attendant le gouvernement lui avance à grands pas et ce ne sont pas des mouvements pour la forme qui le feront reculer !!!

Nous demandons que le 24 juin soit une vraie journée d’action, nous proposons le blocage de toutes les zones industrielles de France avec un mouvement reconductible jusqu’au retrait du projet de loi, nous devons faire fort face au mépris de ceux qui détruisent des millions d’emplois et qui veulent mettre à contribution ceux qui sont victimes de ce génocide salarial.

Il y a une crise montée de toutes pièces par ceux qui veulent nous donner des leçons, jamais les patrons et les actionnaires n’ont eu autant de fric, les salariés souffrent comme jamais, les plans anti-sociaux se multiplient des centaines d’entreprises ferment et délocalisent utilisant comme prétexte une crise qui sert ceux qui l’ont mise en place.

La CGT est un syndicat qui se dit au plus près des préoccupations des salariés, depuis des années les formes de luttes deviennent de plus en plus souples voir adaptées à la demande du gouvernement, penses tu camarade que se sont des manifestations main dans la main dans les centres villes qui feront reculer la politique de la casse sociale ???

La CGT doit être le syndicat qui s’oppose vraiment et non qui fait semblant, ras le bol de perdre des journées de 8.00 heures pour faire des promenades de santé, l’attaque que nous subissons est violente nous devons réagir vite et fort !!!!

Nous avons une impression de mouvements obligatoires pour laisser croire que nous faisons quelque chose, un par mois jusque juillet et après les congés le gouvernement aura fait passer son projet !!!

Il faut donc agir vite et avec vigueur, nous voulons qu’un appel soit lancé pour le 24 Juin au blocage de toutes les zones industrielles de France ou même blocage des poumons économiques, depuis des années nous perdons nos acquis et ce ne sont pas de grands discours qui changeront la politique du MEDEF et du gouvernement.

A la vitesse actuelle et si les centrales confédérales se complaisent dans cette situation, le monde du travail va crever, la CGT doit être le syndicat qui enclenche le mouvement attendu par des millions de personnes, salariés, privés d’emplois, retraités, étudiants…

Nous sommes en attente d’un signal fort il est vital que nous réagissions sans faire semblant ou en se donnant bonne conscience, la CGT Goodyear n’est pas le seul syndicat à demander et revendiquer depuis des mois un appel à la grève générale en France, mais hélas rien ne vient sauf des appels sporadiques qui mobilisent peu et ne font aucun mal au système financier et à ceux qui nous méprisent.

La CGT doit revenir à ses bases, la frilosité actuelle, le manque de conviction et surtout de combativité, laisse une porte grande ouverte à la dictature patronale et au mépris du gouvernement, nous devons les stopper, les salariés du privés et du public saignent chaque jour un peu plus, nous devons nous unir pour être plus fort, la CGT nationale doit tout mettre en œuvre pour stopper la casse actuelle, faute de quoi elle sera coresponsable de l’avenir que nous dessinent les fossoyeurs qui nous gouvernent.

Le 24 juin 2010 nous ne ferons pas de grève de complaisance, nous voulons une action plus dure et plus réaliste des attaques que nous subissons, espérant être entendu et avoir une réponse favorable, nous t’envoyons nos salutations fraternelles.

Le bureau CGT Goodyear

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty Redonner aux travailleurs confiance en eux-mêmes..

Message  Vals Sam 21 Jan - 22:37

Lutte de Classe

N°138
septembre-octobre 2011

Face à des dirigeants confédéraux en quête de reconnaissance par le pouvoir et le patronat -Redonner confiance aux travailleurs dans leur capacité à imposer leurs revendications vitales

Après des mois de silence, d’absence quasi ­totale de réactions face aux attaques permanentes subies par le monde du travail, les dirigeants des principales confédérations syndicales, CGT et CFDT, associés à ceux de la FSU, Solidaires et de l’UNSA, ont fini par lancer un appel, bien timide, à une journée d’action pour le 11 octobre.
Mais tout confirme, aussi bien dans l’accouchement de cette initiative que dans son contenu et ses modalités, la volonté de ne surtout pas offrir aux travailleurs une perspective de remobilisation. Le but de cette initiative se limite à rappeler que les confédérations continuent à exister, tant il est vrai que leur disparition de la scène a été un des faits marquants de la vie publique ces derniers mois.
Cette absence de réaction des dirigeants des confédérations syndicales a même été un des éléments de la démoralisation de millions de travailleurs face à l’offensive concertée et aggravée du patronat et du gouvernement. C’était en quelque sorte le pendant des discours de ces derniers répétant qu’il n’y a pas d’autre issue pour la classe ouvrière que d’accepter les sacrifices qui lui sont imposés et ceux qu’on lui concocte. Or, ce qu’il est urgent de rattraper, c’est le retard pris par les travailleurs à s’opposer à l’offensive du monde capitaliste, en ayant conscience que celle-ci continuera à s’aggraver.
La classe capitaliste est décidée à préserver et à augmenter ses profits malgré la crise, en aggravant l’exploitation dans les entreprises et en détournant à son profit le maximum de ce qui, dans le budget, finance des dépenses utiles à la population (système de santé, éducation, équipements collectifs pas assez rentables, etc.). Et comme la crise s’aggrave, les sacrifices demandés ne pourront que s’aggraver dans l’avenir. Dans ce contexte, chaque recul imposé est comptabilisé comme une petite victoire pour le camp des possédants et encourage ceux-ci à aller encore plus loin, à taper plus fort et plus vite.
C’est dire qu’il est vital d’opposer aux plans de la grande bourgeoisie, mortels pour l’avenir de millions de travailleurs, le plan de défense du monde du travail, capable de traduire en revendications essentielles les mesures permettant aux siens de garantir leur emploi, leur salaire, leur vie et leur avenir.


L’attitude des syndicats depuis la crise de 2008

Bien sûr, chacun a en mémoire les manifestations contre la réforme des retraites de l’automne 2010, et certains dirigeants syndicaux, comme à la CFDT, se servent de l’échec du mouvement pour justifier leur attentisme actuel. Seulement ce mouvement initié par les confédérations était déjà une exception dans une attitude générale de passivité face aux attaques en cours contre le monde du travail.
La crise financière, suivie de la crise économique, a éclaté à l’automne 2008. Très vite les licenciements ont commencé à pleuvoir, le patronat, et à sa tête les plus grands groupes, se servant de l’occasion pour tailler massivement dans les effectifs en même temps que le gouvernement les inondait de milliards d’argent public. En janvier 2009, les confédérations syndicales se décidaient enfin à mettre sur pied une première journée de grève et de manifestations à laquelle de nombreux travailleurs répondirent présent. Elle fut suivie rapidement d’une deuxième journée, le 19 mars, qui fut un incontestable succès. Des manifestations massives, avec des foules considérables dans certaines villes de province, rassemblèrent au total des millions de travailleurs dans tout le pays. Il y avait un commencement de changement de moral. Et c’est justement ce qui fit peur aux dirigeants des confédérations syndicales, qui mirent fin à ce début de mobilisation.
Ce qui marqua la période suivante, ce furent les contacts nourris entre le pouvoir et les dirigeants syndicaux. Certains glosaient sur les nombreux contacts entre Thibault et l’Élysée. On vit même une collaboration plus étroite s’établir. Ainsi à l’occasion du conflit Carterpillar où, face aux travailleurs en lutte contre un plan de plusieurs centaines de licenciements à Grenoble, on vit les responsables fédéraux des centrales syndicales, y compris ceux de la CGT, apporter un appui au gouvernement, en acceptant de contresigner, par-dessus la tête de leurs représentants locaux mis devant le fait accompli, l’accord concocté par le ministère de l’Industrie entérinant les licenciements, en s’opposant ainsi de front aux travailleurs en lutte. Ou encore, on vit les dirigeants syndicaux prendre leurs distances, voire condamner les travailleurs en lutte contre les licenciements, comme ceux de Continental. Ce fut encore l’époque où la CGT répondait avec enthousiasme à l’invitation de Sarkozy à participer aux États généraux de l’Industrie, valorisant ainsi la politique du gouvernement.
Mais en retour le gouvernement n’afficha que mépris à leur égard, refusant avec ostentation de les associer à l’élaboration de la réforme des retraites. C’est le sentiment de n’avoir pas été payés en retour, même pas un peu, pour leur attitude dans la période précédente, qui amena les dirigeants des grandes confédérations syndicales à appeler à la mobilisation contre le projet de loi gouvernemental. Les travailleurs répondirent présent à ces appels en participant par centaines de milliers aux manifestations organisées. Alors, certes, cette mobilisation resta quand même limitée, seuls certains secteurs entrèrent en grève. Dans l’industrie il n’y eut guère que les raffineries pour s’y lancer. Mais même si ce mouvement ne fit pas reculer le gouvernement et ne put imposer le maintien de la retraite à 60 ans, ce qui avait pourtant été notable, c’est la capacité de mobilisation qui existait encore dans le monde du travail, malgré l’attitude passée des dirigeants syndicaux.
Mais tout cela ne fut qu’une parenthèse.


L’accouchement d’une potentielle journée d’action…

Il aura fallu ensuite des mois pour que le principe d’une pseudo-journée d’action pour le 11 octobre soit arrêté, et encore plusieurs semaines pour que les modalités exactes en soient précisées.
Pendant ce temps, des grands groupes de l’industrie, du commerce ou de l’agroalimentaire préparaient, en même temps que l’annonce de bénéfices en hausse, de nouveaux plans de licenciements ou de fermetures d’usines, comme chez PSA, les groupes de ventes par correspondance, ou encore le nouveau géant mondial de l’industrie laitière, qui inaugurait son rachat du groupe italien Parmalat et sa place de numéro un mondial par l’annonce de la fermeture d’une de ses usines historiques dans les Vosges. Du coup le chômage a encore augmenté, avec comme conséquence immédiate l’appauvrissement brutal de toute une partie de la classe ouvrière.
Pendant le même temps également, les salaires de millions de travailleurs étaient au mieux bloqués, quand ils ne baissaient pas purement et simplement. Car de grandes entreprises en sont à demander de plus en plus du travail gratuit en échange d’une hypothétique garantie temporaire de l’emploi. Quand elles ne proposent pas de baisser les salaires, de 23 % comme le sous-traitant automobile Montupet. Et dans les magasins c’est la valse des étiquettes et les prix qui s’envolent, avec des salaires qui perdent toujours plus de pouvoir d’achat, et une situation insupportable pour des millions de familles de milieux populaires.
Alors, le décalage entre ce qui serait nécessaire et ce qui est proposé est considérable.
Il a fallu attendre le 1er septembre 2011 pour que l’appel à une journée d’action soit enfin annoncé pour le 11 octobre. D’entrée, Chérèque, pour la CFDT, a donné le ton en faisant état de ses réserves vis-à-vis de tout appel à la grève à l’occasion du 11 octobre. Mais ce que proposait le bureau confédéral de la CGT n’était guère plus brillant. Dans sa déclaration du 26 août, annonçant son intention d’appeler à une journée début octobre, voilà ce qui était annoncé : « Nous nous prononçons pour que l’intersyndicale s’oriente sur l’organisation d’une journée de mobilisation interprofessionnelle au début octobre avec l’organisation de manifestations et la mise en débat de grèves décidées dans les entreprises avec les salariés. »
Bernard Thibault peut bien pérorer ensuite à la radio à propos du 11 octobre en déclarant que « personne ne pouvait présager de l’ampleur de cette mobilisation », ajoutant : « Pour ce qui nous concerne, nous allons tout faire pour qu’elle soit de haut niveau. » Mais ce que propose le bureau confédéral de la CGT est-il si différent des propositions de la CFDT qui par la voix de Chérèque déclare : ce sont « les salariés qui doivent décider de l’action syndicale » ? Ce que voudraient bien savoir d’abord les travailleurs c’est ce que proposent les dirigeants syndicaux pour mettre en échec la politique commune du patronat et du gouvernement. Ni Thibault ni Chérèque ne proposent un quelconque plan d’action dont le 11 octobre serait la première étape. Et la prétendue combativité des dirigeants de la CGT n’est entretenue que par la soumission affichée des autres.
Sans parler de FO dont les dirigeants déclarent : « Tout le monde sait qu’une journée de manifestations ne changera rien et que cela relève plus de stratégies syndicales diverses et de communication qu’autre chose, représentativité et élections obligent », se félicitant quant à eux des contacts noués avec le gouvernement.
Il ne s’agit pas d’une fausse discussion pour savoir si tout est possible tout de suite, ni de dire qu’il suffirait d’un seul appel pour que la classe ouvrière se dresse d’un coup, unie et en état de combat. Oui, le premier objectif c’est de redonner confiance aux travailleurs dans leur capacité de résister et d’inverser le cours des choses. Mais pour cela encore faudrait-il commencer par expliquer les enjeux, la nécessité d’une contre-offensive unie et déterminée du monde du travail. Expliquer que chaque problème particulier rencontré par chacun dans son entreprise est une partie d’un tout unique, le plan d’attaque du monde capitaliste contre le monde du travail. Et qu’en conséquence il s’agit de préparer une contre-offensive concertée de l’ensemble du monde du travail. Le minimum étant d’appeler déjà l’ensemble des travailleurs, toutes corporations confondues, privé comme public, à une journée de grève et à des manifestations permettant de vérifier la force des travailleurs en lutte et de se compter.
Ce pourrait être alors une étape sur la voie de la remobilisation des travailleurs, en leur donnant l’envie de participer à une première action qui se placerait dans une telle perspective. Mais voilà justement ce que les dirigeants confédéraux ne font et ne feront pas.
Et s’il fallait se convaincre qu’il s’agit bien d’une démission collective des dirigeants des grandes confédérations syndicales, il suffirait de s’en rapporter à ce qui est revendiqué.

sur des objectifs inacceptables


Le 18 août dernier, avec comme ligne de mire l’initiative de rentrée, le communiqué commun CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA définissait ainsi les objectifs de l’action à venir : « L’intersyndicale, réunie ce jour, demande la tenue d’une véritable concertation sociale avec le gouvernement et le patronat pour examiner les mesures à prendre pour soutenir la croissance, soutenir l’emploi et réduire la dette tout en garantissant la cohésion sociale. » En dehors de la « véritable concertation » on a du mal à voir ce qui différenciait ces objectifs des déclarations d’intention du gouvernement.

Pas une seule réponse aux préoccupations majeures du monde du travail, pas une revendication concrète sur les moyens de mettre fin aux licenciements, aux salaires de misère, au recul vers la pauvreté de millions de travailleurs.
Il serait bien naïf de penser qu’il s’agissait d’une concession tactique pour aboutir à un texte commun, et que les dirigeants de la CGT, le plus puissant des syndicats non seulement en termes de voix mais surtout de capacité militante, allaient repréciser ce qu’ils défendaient.
L’occasion leur en fut donnée le 26 août. Ce jour-là, au nom du bureau confédéral Bernard Thibault rendait publics les axes revendicatifs de la CGT, présentés comme « les dix exigences pour cette rentrée qui seront autant d’axes de campagne dans les entreprises, les professions, les territoires ». Bref, était enfin révélé le plan de bataille de la direction de la CGT.
Voici ces « dix exigences » telles qu’elles sont présentées dans le document confédéral :
« 1) Conditionner toute aide publique au respect de critères portant sur l’emploi, les politiques salariales des entreprises et donner des moyens d’intervention aux salariés sur le bien-fondé de l’usage de ces aides.
2) Supprimer les exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires. »
3) Bien que la CGT rappelle pour mémoire que  “la CGT revendique le smic à 1 700 euros”, l’exigence mise en avant dans ce point sur les salaires est la suivante : « Il faut agir sur les salaires dans le privé et dans le public. Nous revendiquons l’ouverture des Négociations annuelles obligatoires par anticipation au titre de 2012. La réouverture des négociations salariales dans la fonction publique.
4) Développer les politiques publiques et notamment donner les moyens indispensables aux politiques d’éducation, de santé, de recherche.
5) Stopper les suppressions d’emplois, voire créer de nouveaux postes dans la fonction publique et les services publics.
6) Il faut contraindre les entreprises à examiner sérieusement toutes les alternatives aux licenciements.
7) Il faut réformer la fiscalité.
Cool Créer un pôle financier et établir un mécanisme de crédits à taux réduits pour favoriser l’investissement.
9) Au plan européen et international, il faut taxer les mouvements spéculatifs de capitaux et éradiquer les paradis fiscaux.
10) Mettre en place un fonds européen de solidarité sociale et de développement économique. »

Certes, parmi les militants certains pourront peut-être y trouver leur compte. Mais pour l’essentiel il ne s’agit pas d’une plate-forme revendicative de lutte, mais de demandes, voire de conseils, tout à fait compatibles avec ce que peuvent avancer les candidats du PS à la présidentielle. Et même pour certains points, comme les trois derniers, cela reprend ce qu’avance Sarkozy lui-même.

Quant aux deux problèmes vitaux pour le monde du travail, les salaires et les licenciements, les revendications de la CGT ne sont pas, pour le moins, à la hauteur des enjeux.
Tout d’abord sur les salaires. Mettre comme première exigence « l’ouverture immédiate des Négociations annuelles obligatoires par anticipation au titre de 2012 », c’est renvoyer les militants et les travailleurs vers ce qui est dans la loi, avec le cinéma stérile auquel cela aboutit. C’est-à-dire des réunions avec les employeurs qui se terminent par… l’annonce par les patrons de ce qu’ils ont décidé : aucune augmentation la plupart du temps. Pire, cela renvoie les travailleurs isolés dans chaque entreprise, voire dans chaque établissement, face à leur patron, alors que l’urgence serait de rompre l’isolement fatal aux travailleurs et de les rassembler dans une lutte commune pour des revendications communes face au patronat et au gouvernement.
Quant aux licenciements, la revendication confédérale « contraindre les entreprises à examiner sérieusement toutes les alternatives aux licenciements » a vraiment de quoi désemparer les militants syndicaux confrontés partout dans le pays à ce drame des licenciements. « L’examen des alternatives aux licenciements », ils ne connaissent que ça, avec les parlottes sans fin autant qu’inutiles qui ont lieu dans les comités d’entreprise et toutes les autres instances où les patrons présentent avec arrogance leurs plans destructeurs d’emplois et de basculement vers le chômage de longue durée et les désastres qu’il entraîne. Des « alternatives aux licenciements » ont été présentées dans des centaines d’entreprises, quand les patrons se servent de ce chantage pour demander des cadences accrues, des salaires baissés, du travail gratuit, prélude bien souvent aux licenciements qui tombent ensuite sur des travailleurs démoralisés par les reculs précédents subis en vain. C’est d’ailleurs la loi qui a intégré cette recommandation en cas de licenciement collectif, avec le succès que l’on sait.
Cette plate-forme présentée par la CGT n’est pas anecdotique. Dans son courrier du 8 septembre adressé à toutes les instances dirigeantes de la CGT, le bureau confédéral rappelle que la commission exécutive de la confédération « appelle à irriguer les 10 exigences de la CGT au plus près des salariés par leur mise en débat dans chaque entreprise, afin de les traduire pour chaque salarié en revendications justes, précises et portées par tous. »

Sans surprise, le communiqué commun CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires d’appel au 11 octobre est lui aussi sur la même ligne. Sur l’emploi il énonce : « Faire de l’emploi, en particulier des jeunes, une priorité. » Toujours rien contre le droit des patrons à licencier. Et sur les salaires, le même creux : « Soutenir le pouvoir d’achat notamment des plus bas revenus et rouvrir les négociations salariales dans les entreprises.»
Mais si tout cela juge ceux qui se présentent comme les représentants attitrés des travailleurs, il revient au monde du travail et à ses militants sincères de défendre dès maintenant le programme qui permettra dans les combats à venir de garantir la peau de millions d’exploités.
Défendre les revendications vitales pour le monde du travail
Bien sûr, nul ne sait aujourd’hui quel sera le mauvais coup de trop qui fera exploser la colère et la rage rentrée depuis si longtemps. Mais si on peut faire confiance pour cela aux capitalistes et aux gouvernants, il n’en reste pas moins qu’il est absolument nécessaire dès maintenant de préparer ces échéances en armant les travailleurs du programme revendicatif à la hauteur des enjeux, capable de garantir durablement les emplois et les salaires des travailleurs, et plus généralement d’en finir avec le pouvoir absolu du patronat sur l’économie.
Les luttes à venir seront dures, d’autant plus qu’encore une fois les travailleurs ont pris un retard certain sur la conscience de ce que ceux d’en face leur préparent. Pour que les combats à venir en vaillent la peine, pour les rendre crédibles devant la masse des travailleurs, et surtout pour ne pas manquer le coche quand la combativité ouvrière sera au rendez-vous, il faut défendre dès aujourd’hui les revendications capables de répondre à ces deux problèmes majeurs : le chômage et les salaires.
Il faut imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans perte de salaire. Ce n’est pas une revendication suspendue dans les airs, mais dans de multiples entreprises, de PSA à Montupet, en passant par Continental, Renault, dans toute l’automobile, dans l’industrie, comme chez ArcelorMittal, l’informatique, dans l’industrie agroalimentaire, dans les grandes entreprises du commerce, mais aussi dans la finance, les banques et les assurances, où des dizaines de milliers de suppressions d’emplois seraient en gestation, ce serait la seule réponse efficace aux plans patronaux. Aussi bien pour ceux qui sont menacés aujourd’hui que pour ceux qui le seraient demain à leur tour. Cela veut dire contraindre le patronat à prendre sur ses profits, ceux amassés hier comme ceux d’aujourd’hui et de demain.

Et pour être en état de se défendre, il faut que les travailleurs puissent savoir ce qui se prépare contre eux, des mois, voire des années à l’avance. Cela passe par le contrôle des travailleurs sur les comptes ouverts et cachés des entreprises, en commençant par abolir le secret des affaires. Ceux qui savent ce qui se prépare dans le secret doivent pouvoir le dire sans risques. Du cadre, en passant par les secrétaires, des techniciens, des ouvriers, aux gens du ménage, bien des travailleurs peuvent être témoins de tout ou partie ce qui se concocte dans les bureaux des directions d’entreprises et au-delà. À chaque fois que les bouches s’ouvrent, que quelqu’un se met à rendre public ce qu’il sait, les travailleurs apprennent des choses. Seulement, cela ne peut se faire que de façon anonyme, à cause des risques encourus, y compris vis-à-vis de la loi, ou alors quand les luttes ont changé le rapport de forces, et quand par exemple l’encadrement se trouve lui-même attaqué et a rompu les liens de soumission à l’employeur. Eh bien, ce droit à la parole pour tous devrait devenir la règle et ceux qui l’utilisent être protégés contre les représailles. Il n’y a pas de secret qui tienne quand la vie de dizaines de milliers de familles est en jeu.
Et puis il y a le problème tout aussi vital des salaires et des pensions. Chacun peut constater que la grande masse des travailleurs et des retraités ne peut plus vivre normalement avec ce qu’ils touchent aujourd’hui. Il est vital de revaloriser massivement les salaires et les pensions afin de les porter à un niveau qui permette à tous de vivre dignement. Mais il ne s’agit pas d’accepter d’être payé avec de la monnaie de singe, et de voir disparaître en quelques mois ou quelques semaines les augmentations de salaire qui auraient été gagnées au cours de la lutte, par le simple jeu de l’inflation et de la hausse des prix. Dans toutes les luttes du passé c’est ce qui est arrivé. La hausse des prix est le moyen classique de faire baisser les salaires réels, c’est-à-dire leur pouvoir d’achat.
Avec les hausses de prix actuelles, qui touchent les dépenses vitales des milieux populaires, la nourriture, le logement, le gaz, l’électricité, les carburants, on se rend compte qu’en même temps que la remise à niveau des salaires et des pensions, il faut imposer la revalorisation automatique de ceux-ci en fonction de la hausse réelle des prix, à travers l’échelle mobile des salaires et des pensions. Les patrons le font eux, automatiquement, pour les prix de ce qu’ils vendent. Au nom de l’augmentation des matières premières, les produits laitiers, le pain, les pâtes, le riz, la viande sont augmentés. Idem pour les carburants et le gaz, idem pour les produits industriels avec, nous dit-on, l’augmentation du prix de l’acier et du reste. Pour les patrons, les chefs d’entreprise, le gouvernement, c’est normal et juste, ce serait même une obligation économique, disent-ils ; il n’y aurait pas d’alternative à cela, ils doivent répercuter toutes ces hausses sur le prix de ce qu’ils vendent. Eh bien, il n’y a aucune raison que ce ne soit pas la même chose pour les salaires et les pensions, qui sont la seule source de revenus pour les classes populaires. Les travailleurs, eux, n’ont que leur force de travail à vendre, ce qu’ils en reçoivent comme salaire doit au moins garder sa valeur d’achat pour leur permettre de vivre aussi bien, et même mieux qu’hier. Un salaire de misère, c’est une vie de misère, et ce n’est pas acceptable. Voilà pourquoi il est vital d’imposer cette échelle mobile des salaires et des pensions en même temps que leur revalorisation.

Réarmer moralement les travailleurs, préparer les conditions du succès de la contre-offensive à venir

vailleurs, Les dirigeants des confédérations syndicales restent avec leur objectif de faire valoir leur place dans le cadre du système au titre de « partenaires », comme ils aiment à s’appeler eux-mêmes. Certes sociaux, comme ils le précisent, mais partenaires tout de même auprès du patronat et du pouvoir. Mais dans la guerre de classe en cours, il faut choisir son camp. Et celui des travailleurs est inconciliable avec celui des possédants et des politiciens qui les servent. Refuser de remettre en cause les fondements de l’économie capitaliste, prétendre œuvrer à sa réforme, et donc à sa sauvegarde, comme toutes les confédérations le font, est non seulement impossible, car la crise actuelle est le fruit de ce système, mais c’est encore et surtout une duperie. Tous savent que, pour le monde du travail, les coups à recevoir en vue de maintenir les profits de la grande bourgeoisie seront encore pires demain. Tenter de faire croire aux travailleurs qu’il suffirait « d’une volonté politique », comme par exemple un changement de majorité gouvernementale, pour résoudre le chômage et les salaires de misère, c’est les anesthésier et les désarmer face aux épreuves qui les attendent.
Il appartient aux militants sincèrement attachés à l’avenir de leur classe de faire ce que les dirigeants confédéraux refusent : tout faire pour redonner confiance aux travailleurs dans leur force, dans leur capacité à arracher ce qui est vital pour tous, en défendant ces idées inlassablement autour d’eux, devant tous leurs camarades de travail.
Il n’y a pas de fatalité aux reculs incessants subis par les classes populaires. Il s’agit d’un problème de rapport de forces. Si le rapport de forces entre le camp des exploiteurs et celui de la classe ouvrière est en faveur des possédants, c’est que la classe ouvrière jusqu’à aujourd’hui a subi les coups sans réagir à la hauteur des attaques. Les travailleurs doivent faire face au chantage permanent à l’emploi dont usent et abusent les employeurs pour imposer reculs sur reculs. Ces derniers s’appuient pour cela sur la situation de l’emploi, les millions de chômeurs, l’angoisse de basculer, comme toute une partie du monde du travail, vers la précarité et la misère. Mais les travailleurs ne subiront pas éternellement ce chantage et sauront surmonter cette mise en condition, et ils se soulèveront pour combattre cette situation de plus en plus insupportable. La classe ouvrière en lutte a le pouvoir de tout changer lorsqu’elle est consciente de ses intérêts de classe. C’est elle qui fait tout fonctionner dans cette société, la force de millions de travailleurs décidés à défendre leur peau et leur avenir est irrésistible, si leur combat n’est pas dévoyé.

Ce sont ces capacités à inverser le cours des choses que les militants attachés au sort de leur classe doivent sans cesse rappeler. Et puis, il faut mettre en avant les revendications pour lesquelles cela vaut la peine de se battre et d’assumer les sacrifices nécessaires à la lutte. C’est-à-dire des revendications capables de modifier durablement le rapport de forces entre exploités et exploiteurs et garantissant aux classes populaires les moyens de vivre. C’est le moyen de donner un sens à l’explosion sociale à venir, et de se prémunir face aux tentatives, qui ne manqueront pas alors, de dévoyer l’énergie de millions de travailleurs mobilisés vers des impasses et des faux-semblants.
En tout cas voilà l’urgence. Défendre le programme qui traduise dans les faits le refus de payer les frais de la crise de l’économie capitaliste, assurer la vie des classes populaires, c’est le meilleur moyen de préparer les travailleurs aux échéances de lutte qui les attendent. Voilà ce à quoi peuvent s’atteler dès maintenant ceux qui n’ont comme seule préoccupation que le sort de la classe ouvrière.

19 septembre 2011

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Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 23:01

Les critiques de la revue Lutte de classe montrent que LO sait... mais ne le dit pas dans ses éditos aux entreprises...

Il appartient aux militants sincèrement attachés à l’avenir de leur classe de faire ce que les dirigeants confédéraux refusent : tout faire pour redonner confiance aux travailleurs dans leur force, dans leur capacité à arracher ce qui est vital pour tous, en défendant ces idées inlassablement autour d’eux, devant tous leurs camarades de travail.

Tout faire... mais faire quoi ?

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Lutte ouvrière - Page 34 Empty pas dans les éditos...

Message  Robert Paris Sam 21 Jan - 23:07

En janvier 2009, les confédérations syndicales se décidaient enfin à mettre sur pied une première journée de grève et de manifestations à laquelle de nombreux travailleurs répondirent présent. Elle fut suivie rapidement d’une deuxième journée, le 19 mars, qui fut un incontestable succès. Des manifestations massives, avec des foules considérables dans certaines villes de province, rassemblèrent au total des millions de travailleurs dans tout le pays. Il y avait un commencement de changement de moral. Et c’est justement ce qui fit peur aux dirigeants des confédérations syndicales, qui mirent fin à ce début de mobilisation.

Lo n'a pas écrit cela dans ses éditos !!!
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Message  nico37 Dim 22 Jan - 12:48

Du côté de LO : Des « signatures citoyennes » samedi 21 janvier 2012

Mink Takawé et Joël Nouet estiment que le principe des parrainages n'est « pas démocratique ».

Puisque Lutte ouvrière n'a aucun élu dans le département, on essaie d'abord d'obtenir des parrainages avec les nouveaux élus et ceux des petites communes », résume Mink Takawé, responsable départementale du parti. Plusieurs militants du parti ouvrier travaillent à recueillir ces promesses. Impossible pour autant d'obtenir des chiffres précis sur la campagne en cours. « Le nombre de parrainages est centralisé à Paris et se focaliser sur celui des Ardennes n'est pas très utile », objecte Mme Takawé. Une « bonne dizaine » de signatures d'élus auraient été récoltés en 2007, lors de la dernière candidature d'Arlette Laguiller.
Regrettant que Nathalie Arthaud, candidate LO désignée depuis le 5 décembre 2010, soit « moins entendue dans les médias que les ''gros candidats'' qui pourtant ne disent rien », M. Nouet et Mme Takawé jugent que le principe des parrainages n'est « absolument pas démocratique. On représente des millions de voies, ne pas avoir de candidat serait scandaleux, cela voudrait dire que des millions d'électeurs ne peuvent s'exprimer ! » La responsable départementale imagine une autre solution : « Fixer un seuil de 100.000 signatures citoyennes ». Une alternative semblable à celle proposée par le comité Balladur sur la modernisation des institutions, lequel imaginait une candidature fixée par une proportion déterminée de citoyens. Une idée séduisante ,mais qui aurait sans doute quelques inconvénients : valider cette candidature équivaudrait à vérifier l'authenticité de chaque signature… Second bémol, quant à la sincérité des précieuses ratures. Comment ne pas imaginer des dérives du genre, « Si tu signes pour mon candidat, je te donne 5 € » ?

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Message  ulm Dim 22 Jan - 16:15

Les critiques de la revue Lutte de classe montrent que LO sait... mais ne le dit pas dans ses éditos aux entreprises...

Ben oui, on le dit mais on le dit pas pas travailleurs. Source, C' est la meme qui t' a dit que les militants de LO ne militaient que dans les echeances electorales?

9a t' apporte quoi de raconter des mensonges à la pelle comme ça?

Tu peux exprimer des desaccords croire que la situation actuelle est la meme que dans les années 70, mais pourquoi mentir?


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Message  Robert Paris Dim 22 Jan - 16:42

Dans la revue Lutte de classe, pour un tout petit public, on sait que :

En janvier 2009, les confédérations syndicales se décidaient enfin à mettre sur pied une première journée de grève et de manifestations à laquelle de nombreux travailleurs répondirent présent. Elle fut suivie rapidement d’une deuxième journée, le 19 mars, qui fut un incontestable succès. Des manifestations massives, avec des foules considérables dans certaines villes de province, rassemblèrent au total des millions de travailleurs dans tout le pays. Il y avait un commencement de changement de moral. Et c’est justement ce qui fit peur aux dirigeants des confédérations syndicales, qui mirent fin à ce début de mobilisation.

Dans la grève des retraites, examinons quelques remarques tirées des éditos de LO :

« Les dirigeants syndicaux étaient en droit d’espérer que, sur une réforme concernant un problème social, ils seraient associés aux négociations et qu’ils pourraient justifier leur rôle et leur préférence pour les négociations par quelques succès susceptibles d’être brandis face au mécontentement de la base. Eh bien, associés aux négociations, ils ne l’ont pas été ! »

« Il est puéril d’en accuser l’absence d’appels dans ce sens [pour une grève générale] de la part des confédérations syndicales. »

« Mais elles n’ont rien freiné non plus car, en l’occurrence, elles n’avaient rien à freiner. »

L’édito de LO écrit : « Il faudra des luttes puissantes pour imposer ces objectifs. » Mais faudra-t-il suivre les confédérations ? Ou s’organiser autrement ? Motus !
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Message  chejuanito Dim 22 Jan - 16:50

L’autre campagne de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou
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Message  Eugene Duhring Dim 22 Jan - 17:17

chejuanito a écrit:L’autre campagne de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou
Pas très audibles ces deux candidats, et moins encore compréhensible pour la masse des travailleurs que deux formations partageant un "fond idéologique" commun se présentent séparément dans un moment de crise capitaliste historique. Cette campagne va laisser des traces indélébiles sur ces deux formations, des plaies béantes que le temps aura du mal à cicatriser faute d'avoir pu surmonter leurs contradictions respectives.
Comment ne pas comprendre la lassitude, la démoralisation qui pourraient saisir les travailleurs face à cette vision de désolation politique. La montée lepéniste en est une expression, l'expression d'une quête de débouché politique pour une fraction des travailleurs.

Eugene Duhring

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Message  Vals Dim 22 Jan - 17:32

Nathalie ARTHAUD est la seule candidate qui se revendique ouvertement du COMMUNISME et il est bien d'utiliser deux fois plus de temps pour s'adresser démocratiquement au mode du travail....
Pour être "audible", la seule solution c'est d'aller directement s'asresser aux travailleurs, discuter avec eux, les écouter, défendre nos pêrspectives même si elles semblent actuellement à contre-courant...

Maintenant, soyons clairs, ce n'est ni cette campagne électorale, ni une autre qui changeront les rapports de force mais la reprise de confiance des travailleurs en leurs propres capacité à se faire craindre de la bourgeoisie et de ses serviteurs de droite ou de gauche.....
Et c'est ça que doivent préparer les révolutionnaires, en utilisant au passage la campagne de Nathalie pour avancer un programme de lutte d'ensemble.
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Message  verié2 Dim 22 Jan - 17:51

Nathalie ARTHAUD est la seule candidate qui se revendique ouvertement du COMMUNISME
C'est vrai, formellement, mais, apparemment, nombre de gens ne voient pas vraiment la différence. Et les discours sont tout de même assez proches...

verié2

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Message  Vals Dim 22 Jan - 17:59

verié2 a écrit:
Nathalie ARTHAUD est la seule candidate qui se revendique ouvertement du COMMUNISME
C'est vrai, formellement, mais, apparemment, nombre de gens ne voient pas vraiment la différence. Et les discours sont tout de même assez proches...

Peut-être, on verra...Mais en attendant, si LO ne présentait pas Nathalie, le mot même de communisme, la perspective qu'il représente face au capitalisme, seraient complètement absents de cette période où tout le monde s'intéressera peut-être un peu plus à la politique...
Et même si le programme de luttes que défend Nathalie, même si le langage de classe qui est le sien peuvent sembler à contre-courant du moral des travailleurs, nous ne doutons pas qu'ils seront utiles demain...

Et si d'autre part, Phlippe POUTOUX arrive à se présenter et se faire entendre, si en partie il dit des choses qui vont dans le même sens, ce sera tant mieux....
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