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Débat stratégique dans le NPA

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Message  irving Ven 2 Déc - 1:51

BouffonVert72 a écrit:
Roseau a écrit:La formule "pouvoir des travailleurs" est volontairement "algébrique",
c'est à dire qu'elle deviendra une formule concrète en fonction des formes de pouvoir que se donnent les travailleurs dans la période pré-révolutionnaire.
Il n'y a aucune période "pré-révolutionnaire" en ce moment en France. Je prédis même qu'il n'y en aura aucune ici dans l'hexagone jusqu'à l'extinction de l'espèce humaine. Car malgré tout (la paupérisation du prolétariat, etc), les conditions de vie ici sont encore bonnes, relativement parlant évidemment. Donc pas la peine de rester dans cette lubie de "Révolution par la Rue" puisqu'il n'y aura même pas de "pré-révolution". C'est là où Ze Projet Réformiste prend tous son sens...

BV72 ki/ Soyons matérialistes : 1+1=2.

Pour le coup, ce n'est pas une prévision très matérialiste. Le capitalisme est un mode de production qui repose sur des contradictions sociales internes nécessaire à son développement. Le rapport marchand en lui-même est porteur de contradictions. Je ne développe pas car ce n'est pas le sujet, mais je peux préciser si ça intéresse. Et comme l'on sait, le mouvement de l'histoire, c'est celui de la lutte entre classes sociales, lutte qui de manière non linéaire mais sur le long terme conduit à dépasser ces contradictions par l'instauration de nouveaux modes d'accumulation et d'échange.

Je fais une prédiction qui elle est matérialiste : un jour le capitalisme n'existera plus, et ce indépendamment de toute question de type environnementale. D'un strict point de vue économique et sociale.

Pour autant, la révolution est à mes yeux une question d'ordre tactique qui doit tenir compte des rapports entre classes sociales. Aujourd'hui, défendre une ligne révolutionnaire, c'est à mes yeux ne pas tenir compte de l'état de ses rapports, complètement en défaveur des travailleurs. Quand ce rapport sera plus favorable, alors une position révolutionnaire aurait plus de pertinence. En attendant, il faut réformer dans le but d'inverser le rapport de force entre classes pour permettre aux travailleurs d'acquérir une conscience de classe susceptible de leur faire envisager d'autres modes de production et d'échange et de croire à nouveau dans les vertus de l'action collective et la notion d'intérêt général. Je ne discute pas ici de la pertinence du projet communiste, mais bien de celui de l'anticapitalisme.

irving

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Message  Roseau Ven 2 Déc - 2:32

- 80 ans de retard: du réformisme keynésien, alors que le capitalisme est mondialisé, et que même dans les années 30 le keynésianisme n'a conduit qu'à la rechute dans la recession , surmontée seulement par la guerre.
- ignorance totale en plus de la nature et l'ampleur de la crise qui annule toute possibilité d'avancée sous la domination du capital.
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Message  gérard menvussa Ven 2 Déc - 6:01

Roseau a écrit:Les Principes fondateurs se fixent comme objectif le "pouvoir des travailleurs".
Ce n'est pas le mot "gouvernement", mais "pouvoir", qui est encore plus fort et clair pour des marxistes.
Le terme est mentionné deux fois dans les Principes,
comme il fixent comme stratégie une révolution sociale
et écartent toutes les illusions sur une transformation par la voie de réformes,
vieille lune reprise par les bisounours des droites du NPA.

La formule "pouvoir des travailleurs" est volontairement "algébrique",
c'est à dire qu'elle deviendra une formule concrète en fonction des formes de pouvoir
que se donnent les travailleurs dans la période pré-révolutionnaire.

Je répète, se taire sur l'alternative socialiste dans la crise et dans les révoltes à venir, c'est travailler pour le FN.

Le "pouvoir des travailleurs" et se battre pour un "gouvernement des travailleurs" ce n'a strictement rien à voir Dans le premier cas, on se bat pour un principe, le socialisme (puisue le terme "pouvoir des travailleurs" n'est cité que comme synonyme au socialime et à l'écosocialisme" Maios ce n'est pas là ou se situent nos divisions. Par contre "gouvernement des travailleurs" est un mot d'ordre "stratégique" Et dans les circonstances présentes l'avancer ne fait que cacher le vide argumentatif en terme stratégique
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Message  Roseau Ven 2 Déc - 14:23

Se battre avec mots d'ordre de transition vers le socialisme, ce qui veut dire effectivement le pouvoir des travailleurs, n'est pas un vide stratégique.
C'est le mieux que l'on puisse sérieusement faire, à moins de trouver plus "communiquant".
C'est surement possible.
Mais on va pas dire "gouvernement PC-PS", "Assemblée des conseils ouvriers", ou que sais-je...
La formule est algébrique, car la forme du soulèvement, de l'auto-organisation ne peut être prévue à l'avance.

Une autre stratégie consiste à faire de l'agitation anticapitaliste
sans mot d'ordre de transition vers le socialisme et le pouvoir des travailleurs.
C'est la position réformiste des droites dans le NPA et ailleurs.
Dans la pire crise du capitalisme, elle n'est pas seulement réformiste, elle fait le lit du fascisme.
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Message  Copas Ven 2 Déc - 16:13

Le gouvernement PC-PS serait évidemment l'inverse d'un gouvernement des travailleurs, sans compter que même si on compare avec l'époque du programme commun où la SFIO avait encore des positions ouvrières dans le nord et où le PC était organisé dans la classe ouvrière, en plus que les travailleurs n'avaient pas expérimenté un gouvernement PC-PS, la situation a complétement changé .

C'est important, car on ne peut pratiquement pas s'adresser aux travailleurs du PS et du PC, afin de les accompagner dans l'impasse d'un gouvernement PC-PS, car, en France il n'y en a presque plus dans les entreprises s'en revendiquant.

Cet aspect de la conception d'un gouvernement PC-PS est donc absurde et n'a plus du tout la même importance qu'avant. Si pour autant qu'elle était utile avant (on a vu que non, et que ça n'a pas été un facteur dynamique en dehors de phénomènes de campagne).

C'est qu'en fait, sans cadres communs de bataille, sous contrôles ou fortes pressions de contrôle des travailleurs, en écartant l'essentiel des cadres nomenclaturistes qui divisent, sur des bases de classe et de masse, qui seuls permettent aux travailleurs de tirer collectivement les leçons de leurs batailles (et dedans les révolutionnaires travaillant à développer les mouvements de masse, aider à compréhension et à trouver des solutions), parler de gouvernement des travailleurs (qui en serait forcement expression) ne parait pas d'une immense importance mais un aspect secondaire.

Sans compter que l'expression coordonnée de ces cadres communs de masse, appelée à prendre des décisions disputant le pouvoir à la bourgeoisie, aurait très probablement un autre nom.

Cette réalité dégagée, la question d'un gouvernement des travailleurs est un vrai OVNI politique ayant une difficulté non négligeable de conceptualisation par les travailleurs.

Mais ce n'est pas le seul truc qui est assez exotique actuellement.


Reste les batailles pour reconstruire les organisations de masse du mouvement ouvrier.

Et là je dois dire que ces batailles sont toujours les enfants pauvres du verbe des révolutionnaires .

On explique longuement ce qu'il faudrait faire si on était (riche) au "pouvoir" et on polémique sur des queues de cerises ...

Sans déc' !

Pour ce qui est de l'agitation :

Quand Poutou (ou Besancenot) détaillent des luttes sociales et leurs difficultés, c'est à dire défrichent ce qui permet un pas ou deux en avant concrets pour les travailleurs, ils peuvent ensuite et autour parler de pouvoir des travailleurs, mais ils démontrent surtout qu'un pas en avant ou deux sont possibles pour faire reculer la bourgeoisie.

Et ça, c'est une des différences avec les organisations politiques réformistes qui sont totalement incapables d'aider à faire reculer d'un pas le capitalisme de crise. Ce sont des réformistes sans réformes qui essayent de rabattre des luttes sociales vers les urnes mais complétement inaptes à faire gagner les travailleurs sur leurs revendications, ou même de les aider à faire un pas en avant.


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Message  Roseau Ven 2 Déc - 18:40

Parlant des partis réformistes et de nomenclatures, certains professionnels des urnes
font le pire des calculs, du point de vue de notre classe:
le gouvernement leur en met plein la gueule,
laissons faire, les gens vont comprendre,
et on tirera les marrons du feu aux élections.
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Message  gérard menvussa Sam 3 Déc - 15:41

Ce n'est qu'une partie de la question. Car l'autre c'est "face a la crise systémique, les mots d'ordres révolutionnaires seront "magiquement" crédible auprés des travailleurs. Comme quoi il n'y a pas que les "réformistes" qui disent des bétises. Oe c'est là qu'il y a l'intéret d'une discussion : il y a les principes (les "principes fondateurs") et la stratégie (la façon d'y parvenir) Evidemment, il y a "normalement" un rapport étroit entre les deux (selon ton objectif, ta stratégie ne sera pas la même) mais les deux ne se confondent pas ! ¨Pour les "zunitaire", pas besoin de stratégie : suffit d'être "unitaire"... Et pour les révolutionnaristes, pas besoin de stratégie non plus : suffit d'etre "révolutionnaire"... Ces deux là se mettent d'accord pour ne pas se fatiguer a discuter de stratégie...
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Message  Duzgun Sam 3 Déc - 16:09

gérard menvussa a écrit:Et pour les révolutionnaristes, pas besoin de stratégie non plus : suffit d'etre "révolutionnaire"...
Tu peux préciser qui ça vise quand tu parles de "révolutionnaristes"?
Parce que dans la bouche de la GA, ça vise l'ensemble de la PA (en plus de "sectaire" aussi), mais dans la tienne, j'ai du mal à voir qui et quoi tu vises exactement.
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Message  Roseau Sam 3 Déc - 16:35

gérard menvussa a écrit: ¨Pour les "zunitaire", pas besoin de stratégie : suffit d'être "unitaire"... Et pour les révolutionnaristes, pas besoin de stratégie non plus : suffit d'etre "révolutionnaire"... Ces deux là se mettent d'accord pour ne pas se fatiguer a discuter de stratégie...
Inexact, et destiné à tuer tout débat, quel que soit l'ampleur attribuée au concept de stratégie.
Les uns privilégient les réformes et les élections, se plaçant en dehors des Principes Fondateurs, les autres constatent, comme le disent les Principes Fondateurs, qu'aucune classe dominante n'a été écartée ainsi du pouvoir, mais par une révolution sociale.
Pour la gauche majoritaire dans le NPA (les révolutionnaires), cette stratégie, passe par la reconstruction du mouvement ouvrier et la construction du Parti, parallèlement au développement des luttes, leur auto-organisation, et la mobilisation jusqu'aux affrontements qui posent la question du pouvoir. Pas grand chose de neuf par rapport aux Principes Fondateurs...
Après, seule une direction aguerrie du Parti peut aller au delà, jusqu'aux questions tactiques.
Mais évidemment, si la direction ne choisit aucune stratégie...
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Message  Copas Sam 3 Déc - 17:08

gérard menvussa a écrit:Ce n'est qu'une partie de la question. Car l'autre c'est "face a la crise systémique, les mots d'ordres révolutionnaires seront "magiquement" crédible auprés des travailleurs. Comme quoi il n'y a pas que les "réformistes" qui disent des bétises. Oe c'est là qu'il y a l'intéret d'une discussion : il y a les principes (les "principes fondateurs") et la stratégie (la façon d'y parvenir) Evidemment, il y a "normalement" un rapport étroit entre les deux (selon ton objectif, ta stratégie ne sera pas la même) mais les deux ne se confondent pas ! ¨Pour les "zunitaire", pas besoin de stratégie : suffit d'être "unitaire"... Et pour les révolutionnaristes, pas besoin de stratégie non plus : suffit d'etre "révolutionnaire"... Ces deux là se mettent d'accord pour ne pas se fatiguer a discuter de stratégie...

Mensu,

Il n'y a pas symétrie entre les deux...

Les uns sont en train de se rallier au réformisme et sont en train de réviser la relation à l'appareil d'état, les autres ont des déformations réactives, des failles stratégiques, un amateurisme sur certaines questions mais sont très sains sur la relation et la compréhension de l'espace et l'impasse réformiste, la compréhension de ce qu'est au sens large l'appareil d'état , etc.

La progression vers la compréhension concrète de la question de la relation entre batailles de front unique véritable (Poutou, Ford) et construction du parti est déjà un des atouts de la gauche (autre que sa composition sociale et sa jeunesse).

C'est très loin d'être suffisant et, comme tu dis, il y a des travers, mais je les situe sur la question de ce qui est possible actuellement, de l'analyse insuffisamment méthodique du trou d'air historique des organisations réformistes dans la classe ouvrière . Ce trou d'air peut se résorber en faveur des nomenclaturas réformistes si la gauche révolutionnaire se dilue dans les petits appareils réformistes (le ralliement actuel de la droite du NPA), ou si la gauche révolutionnaire continue de ne pas assumer ses tâches en restant dans le verbe (ce qui est le risque de la gauche si elle ne se saisit pas de façon audacieuse de la question du parti et des cadres réels de front unique qui en soient pas minés par les nomenclaturistes).

Les deux travers ne sont pas symétriques, les uns marquent un ralliement au réformisme et les autres un ralliement à une orientation essentiellement propagandiste, parsemée de tentatives d'articulation avec quelques luttes exemplaires.
L'abandon d'un côté par ralliement au socialisme par en haut, et de l'autre le socialisme par en bas marqué de travers gauchistes.

La bonne position n'est pas au milieu (mais à 90° dans une 3eme dimension je dirai) . Je pense qu'on peut faire avancer la gauche là dessus, sur la question d'un parti de masse (même si petit parti de masse, 50 à 100 000) et des mesures à prendre pour le faire , ce que n'a pas fait le NPA jusqu'à maintenant, sur les questions de reconstruction de cadres organisés communs et démocratiques des résistances de masse, etc.
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Message  gérard menvussa Dim 4 Déc - 16:20

Duzgun a écrit:
gérard menvussa a écrit:Et pour les révolutionnaristes, pas besoin de stratégie non plus : suffit d'etre "révolutionnaire"...
Tu peux préciser qui ça vise quand tu parles de "révolutionnaristes"?
Parce que dans la bouche de la GA, ça vise l'ensemble de la PA (en plus de "sectaire" aussi), mais dans la tienne, j'ai du mal à voir qui et quoi tu vises exactement.

Je vise ceux qui avancent l'idée d'une révolution en restant aux "taches propagandistes", et uniquement à elle. Ce qui désigne un vaste panel de comportements....
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Message  Duzgun Dim 4 Déc - 20:36

gérard menvussa a écrit:
Duzgun a écrit:
gérard menvussa a écrit:Et pour les révolutionnaristes, pas besoin de stratégie non plus : suffit d'etre "révolutionnaire"...
Tu peux préciser qui ça vise quand tu parles de "révolutionnaristes"?
Parce que dans la bouche de la GA, ça vise l'ensemble de la PA (en plus de "sectaire" aussi), mais dans la tienne, j'ai du mal à voir qui et quoi tu vises exactement.
Je vise ceux qui avancent l'idée d'une révolution en restant aux "taches propagandistes", et uniquement à elle. Ce qui désigne un vaste panel de comportements....
Oui enfin dit comme ça, ça reste vague. Il y aurait des camarades qui prôneraient d'en rester aux tâches propagandistes? C'est-à-dire d'abandonner le travail de masse?
J'imagine que tu vises bien des courants ou sensibilités particulières en disant ça?
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Message  BouffonVert72 Lun 5 Déc - 2:39

C'est juste une nouvelle attaque de la P1 contre les P2-P4. Ca démontre une fois de plus l'échec de la gauche révolutionnaire (l'EG dans sa globalité) pour se rassembler.

Comment voulez-vous avancer sérieusement des mots d'ordre à visée révolutionaire auprès des masses, alors que vous êtes incapables de constituer un véritable parti homogène entre-vous ?

On ne peut pas faire un parti politique si on n'est d'accord sur rien (fondamentaux, stratégie, tactique).
A mon avis la seule solution est la rupture. Puis la recomposition, en recherchant l'homogénéité. Et en fait, c'est ce qu'il se passe actuellement... Sur la pointe des pieds...
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Message  gérard menvussa Lun 26 Déc - 22:27

NPA : NPA : La construction d’un parti anticapitaliste de masse est toujours d’actualité ! Réflexions, repères sur notre projet
14 décembre 2011


Les difficultés actuelles du NPA, sur lesquelles il est nécessaire de réfléchir pour relancer le processus de construction de notre parti, ne doivent pas nous faire oublier l’essentiel : notre volonté de créer le NPA était et reste juste.

Il était juste de créer le NPA

Nous pouvons reprendre aujourd’hui sans problème l’essentiel des termes du texte de préparation de la réunion des 28 et 29 juin 2008, premier moment de coordination des différents comités d’initiative pour un nouveau parti : « Pour un anticapitalisme et un socialisme du XXI° siècle »
« ……La social-démocratie est en train d’achever sa mutation. ….(qui) transforme encore davantage le PS en gestionnaire fidèle du système ….
C’est un déclin à rythme divers mais irréversible qui travaille le mouvement communiste qui s’était identifié à l’URSS. ……………..
Dans le même temps, les directions des principales confédérations syndicales s’adaptent au nouveau capitalisme, …….
Nous voulons changer de gauche, pas changer la gauche, reconstruire du neuf à gauche en rupture avec l’orientation prônée par les directions du PS et du PCF.………………..
Nous ne voulons pas construire un parti d’aménagement mais un parti de rupture. …..
Face à une vie politique centralisée par l’Etat, nous avons besoin d’un parti, d’une force pour la transformation révolutionnaire de la société………
C’est nécessaire et c’est possible. »

Nous nous revendiquons sans hésiter des principes fondateurs adoptés au congrès de fondation 6 mois plus tard qui affirmaient que les partis de la gauche institutionnelle (PS, PC) et leurs alliés Verts avaient abandonné depuis longtemps la perspective d’en finir avec le capitalisme. :
« …Ces courants n’offrent plus ni projet émancipateur ni espoir……
Les contradictions inhérentes au système capitaliste et la crise actuelle rendent l’alternative évidente : se soumettre à la minorité des privilégiés ou rompre avec elle.
Dans et autour de ces partis de la gauche institutionnelle, nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas renoncé à changer radicalement la société.
Avec eux, comme avec l’ensemble des travailleurs/euses, nous voulons construire sur d’autres bases, en rupture avec les capitulations et les reniements de cette gauche pour créer une nouvelle représentation politique des exploité-e-s, un nouveau parti anticapitaliste, un parti qui se bat jusqu’au bout contre le système, un parti pour la transformation révolutionnaire de la société.
Un parti n’est pas un but en soi. C’est un outil pour se rassembler, pour gagner en efficacité dans le combat collectif.
Deux tâches complémentaires se combinent : développer les luttes sociales, par la construction coordonnée d’un syndicalisme de classe et de masse, s’opposant ainsi à la collaboration des directions syndicales actuelles qui engendrent la désertion, par la participation aux formes d’organisation du mouvement social ; construire un parti politique pour défendre un programme global d’émancipation.
Nous voulons que le NPA soit pleinement démocratique, à l’image de la société que nous voulons. Cela suppose que chacune et chacun y trouve sa place, quel que soit le niveau de son engagement. Cela suppose que nous soyons à égalité pour décider, que les instances dirigeantes soient clairement mandatées, dûment contrôlées et révocables, qu’une formation politique soit organisée, que la pluralité des points de vue soit garantie au même titre que le droit de la majorité à agir pour le compte de toutes et de tous.
Cela suppose aussi que notre parti soit un lieu d’éducation permanente de tous les militant-e-s, un lieu d’éducation populaire qui préfigure la société que nous voulons construire. Cela suppose enfin que notre parti soit un lieu de solidarité.
Tirant les leçons du passé, nous lutterons contre les processus de bureaucratisation qui sont la plaie des mouvements d’émancipation. Et notre vigilance commencera par s’exercer à l’intérieur du NPA.
Nous voulons que le NPA soit efficace, utile tout de suite, présent sur tout le territoire dans les quartiers populaires, utile pour résister et lutter dans les entreprises, à la pointe du combat auprès de la jeunesse dont le dynamisme des luttes s’avère souvent précieux pour entraîner celle des travailleurs. …. »

Si la création du parti de Gauche, puis du front de Gauche, changent le contexte politique conjoncturel en donnant dans certains secteurs de la société l’illusion que cette gauche pourrait influer sur la politique du PS dans les institutions, permettent au PCF de retarder son déclin, elles ne changent pas les coordonnées fondamentales de la situation qui justifiaient la création du NPA.

De ce point de vue le PG ne se différencie pas de la gauche institutionnelle et de l’orientation stratégique qui est celle du PCF depuis plus de 50 ans. C’est un parti profondément ancré dans les institutions, qui s’associe dès qu’il a des élus aux majorités régionales, départementales et municipales avec le PS et les verts. C’est un parti qui n’est pas structuré autour des mobilisations, qui au moment des grèves pour la défense des retraites ne s’est pas démarqué de la politique des directions syndicales et qui n’a pas été percuté par leur trahison, tout comme il n’est pas percuté par les mobilisations écologistes.

S’il est vrai que les défaites sociales ne favorisent pas une politisation de masse, ces défaites ne changent pas non plus les coordonnées de la période.
Depuis la création de notre parti, les offensives du capital contre les travailleurs, contre tous les exploités et les opprimés n’ont pas cessé. La bourgeoisie pratique la politique de la sidération, accumulant en permanence des attaques sur tous les fronts, pour épuiser toute velléité de réagir. Le mouvement social s’est concentré pour la défense des retraites, mais il a échoué, la réforme s’est imposée. Les batailles contre les licenciements n’ont que très rarement gagné, les reculs sur les droits démocratiques, notamment pour les jeunes et les étrangers s’empilent…. Dans ces conditions, il est difficile que se construisent des courants massifs de jeunes et/ou de travailleurs qui montrent par leur action l’efficacité du combat collectif. Il y a pourtant des secteurs du mouvement ouvrier, du mouvement social qui gardent un haut niveau de conscience et de mobilisation, comme on l’a vu dans les piquets au moment de la bataille sur les retraites, dans des réseaux comme RESF, ….

Rien ne justifie donc de renier notre orientation générale.

Pourtant le projet même du NPA est menacé voire remis en cause

Face à la difficulté de construire une organisation anticapitaliste radicale de masse indépendante et antisystème, des tentations apparaissent d’abandonner le projet initial de création du NPA, pour se retourner vers des réponses déjà testées dans les 40 ou 50 dernières années [1].

Sans abandonner les leçons des luttes des deux derniers siècles, les bilans des révolutions, les bilans des luttes de classes, notre analyse de la fonction de l’Etat, il est essentiel de réaffirmer que les coordonnées politiques de la fin du XX° siècle et de ce début de XXI° siècle ont changé la donne. Nous sommes dans une nouvelle période, dans laquelle il nous faut définir ce qui est nouveau dans notre programme et construire de nouveaux partis.

Pour les révolutionnaires, la création des partis communistes sur la base de l’expérience des bolcheviks, à partir des partis socialistes au travers des débats sur la révolution russe a profondément marqué tout le XX° siècle. Il y a derrière cette expérience fondatrice une idée simple : il y a un mouvement ouvrier (partis, syndicats, associations …) qui partage une histoire commune, des acquis et des références communs (le marxisme, le socialisme …). C’est à partir de ce mouvement ouvrier, de ses expériences, de ses débats, de ses cassures face aux échéances décisives que peut se construire un parti révolutionnaire de masse. Il est donc indispensable, essentiel, primordial, d’avoir une direction politique cohérente, chevronnée, unifiée pour permettre le passage au moment décisif de milliers de militants influencés par les réformistes dans le parti révolutionnaire dirigé par cette direction de qualité. La question qui se pose dans cette perspective historique de construction est de savoir comment les révolutionnaires peuvent le plus efficacement réussir cette phase historique préalable, soit par l’existence séparée qui affirme pleinement le programme et cherche à semer les graines qui un jour germeront, soit par les débats au sein de ce mouvement ouvrier, ou des ses franges plus ou moins critiques dans une perspective de les entraîner plus loin (cette dernière orientation conduisant certains groupes d’origine trotskiste à militer au sein même d’organisations clairement réformistes ou même n’ayant plus de références socialistes).

- C’est la première de ces perspectives qui conduit certains camarades à vouloir créer à partir du NPA une organisation exclusivement et purement révolutionnaire du type de celles qui se sont construites dans les années 70-80 en Europe. La solution serait de gauchir les bases programmatiques du NPA pour éviter toute dérive, solidifier autour d’un programme clairement révolutionnaire des militants formés et décidés à mener ce combat.
Il y a dans la P4 et dans la P 2, peut-être ailleurs, des militants qui n’ont jamais partagé le projet du NPA, même s’ils l’ont rejoint, qui sont convaincus que seule une organisation clairement révolutionnaire sélectionnant ses militants sur ces bases peut apporter une réponse aux questions de l’heure.

Cette orientation s’appuie sur une vision mythique de la révolution russe, sur l’idée que le parti bolchevik a gagné la majorité dans la classe ouvrière et la population russe en moins d’une année en 1917. Ce résumé abusif du processus révolutionnaire russe ne permet pas de comprendre ce qui s’est réellement passé en Russie. D’abord la révolution commence en 1905, après une période de luttes ouvrières très intense, et la période entre 1905 et 1917 est une période de maturation politique essentielle. Ajoutons que la révolution ne s’arrête pas en octobre 1917, il y a ensuite la guerre civile, etc, à partir de quelle date on peut fixer la fin de la vague révolutionnaire, 1921, 1923 …. Les vagues militantes qui constituent la force du parti bolchevik se succèdent dès la fin du XIX° siècle. Elles s’endurcissent dans les débats avec les autres courants politiques mais aussi dans l’action, par exemple dans la « campagne des assurances » en 1912 [2], puis autour de trois « mots d’ordre de combat » [3] : république démocratique, confiscation des terres des propriétaires nobles, journée de huit heures. La dizaine de milliers de militants illégaux qui reprennent le contact en février 1917 sont implantés principalement dans les centres industriels qui représentent de 10 à 15% des habitants du pays sont le résultat de ces 20, 30 années de combats politiques (ils étaient 14000 militants en 1906) et ils sont la force dominante dans une classe ouvrière jeune, déterminée au combat jusqu’au bout, hyper concentrée.

On avait déjà vu dans les révolutions en Allemagne, en Italie…. que le cas de figure russe était très particulier et ne pouvait du point de vue de la construction du parti se décliner de la même manière.

Alors le penser, même implicitement, en Europe occidentale aujourd’hui ! ! ! ! !

Pourquoi ce détour ?

Pour dire que même dans un pays comme la Russie du début du XX° siècle, qui n’a rien à voir avec une démocratie bourgeoise occidentale en ce début de XXI° siècle, où plus de 80% de la population est paysanne, pour l’essentiel analphabète, qui a vécu sous la dictature tsariste, _• la construction d’un parti révolutionnaire s’appuie sur un travail de construction, d’organisation de politisation de longue haleine, _• le processus révolutionnaire se gagne dans la durée.

Pour dire que l’idée que des milliers de travailleurs influencés par les réformistes dans le cadre commun de la perspective socialiste vont rejoindre notre programme pour constituer un parti sous notre direction, surpris et émerveillés par notre intelligence et notre capacité d’analyse ne me semble pas raisonnable.

- C’est la seconde de ces perspectives qui conduit certains camarades à vouloir construire le nouveau parti anticapitaliste prioritairement à partir de la maturation politique de certains secteurs du « mouvement ouvrier traditionnel », le PC, le PG, les petits mouvements issus du PC (communistes unitaires, anciens refondateurs, etc …).

Des options de ce type se sont multipliées depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sous des formes les plus diverses, allant de l’entrisme dans les PC ou les PS, à des tactiques utilisant une organisation indépendante pour peser sur l’évolution politique de certains de ces courants.

Depuis combien de temps la possibilité que puisse évoluer vers des positions radicalement anticapitalistes des secteurs significatifs qui pourraient être le ferment à partir duquel pourrait se construire un nouveau parti est proche de zéro ? Le débat peut exister, ce qui est certain c’est que ce n’est plus possible aujourd’hui.

Ce sont tous des partis et des groupes qui se revendiquent de la division entre l’activité politique (les élections, les institutions, ..) et l’activité sociale, les luttes (du domaine syndical, associatif).

Ils conçoivent tous les évolutions de la société, quand ils se réfèrent encore au socialisme (ce qui est de plus en plus marginal), comme l’obtention de modifications institutionnelles obtenues par des majorités électorales.
Ils sont donc totalement structurés par une activité parlementaire, institutionnelle, dont l’accès à une réussite électorale dépend de leur alliance plus ou moins nette avec le PS.

Leur fonctionnement militant, leurs activités leurs débats sont totalement structurés par ces priorités (voir ce qui était dit plus haut sur le PG absolument pas percuté par les mobilisations sur les retraites).

Dans ces deux perspectives, le parti est un instrument pour lequel le combat d’idées est déterminant, même si ce ne sont pas les mêmes tactiques et donc les mêmes choix qui guident l’action.

Les conséquences sur la conception du parti sont lourdes : il s’agit d’avoir un parti capable de mener ces batailles idéologiques… pas principalement d’organiser pour l’action.

C’est un parti qui se positionne, pas un parti d’action.
C’est un parti pour lequel l’écrit, la phrase, le verbe sont déterminants, et pas l’action permanente de ses militants.

On ne peut dire que le NPA soit clairement sorti de cette ornière depuis sa création :

• il n’est qu’à voir l’absence de réflexion sur les conséquences pratiques d’un positionnement pour l’activité du parti, pour le militantisme des membres,

• il n’est qu’à voir le peu de place donné dans nos débats sur l’action des militants dans leurs milieux respectifs (milieu de travail, milieu militants …) au regard de la place des débats sur les échéances électorales, ou sur le positionnement politique du parti sur certains sujets (le voile par exemple).

En pratique l’action de masse est du ressort des organisations « de masse », syndicats, associations. Les militants du parti sont impliqués, jouent un rôle parfois important dans ces structures, mais on en discute peu, voire pas du tout dans le parti, car ce n’est pas la priorité. Le parti définit les axes de mobilisation souhaitables, et les militants qui le peuvent défendent comme ils le peuvent ces axes dans leurs organisations de masse. Enfin le parti s’associe aux initiatives organisées.

Si le NPA est apparu comme « un poisson dans l’eau » au moment de la mobilisation des retraites avec un matériel efficace, juste politiquement et audible au-delà de nos rangs, nous avons été en revanche incapables depuis le Congrès de fondation de construire une campagne politique en dehors des échéances électorales. Bien évidemment on ne fait pas de la politique suspendu en l’air, on dépend d’un contexte, mais la « campagne » emploi par exemple témoigne à mon avis des faiblesses de notre organisation.

Quelques unes de nos erreurs

Les difficultés du NPA, tout en étant directement liées aux difficultés de notre classe, aux coups que l’on prend sans pouvoir répondre …ne se résument pas à cela. Nous avons aussi fait des choix qui n’ont pas toujours été les meilleurs.

Parler de nos erreurs devrait nous aider à comprendre en quoi il pouvait y avoir d’autres voies, en quoi notre situation n’est pas la traduction mécanique d’une situation objective externe et surtout nous permettre de rebondir !

- Nous avons engagé un extraordinaire débat sur les principes fondateurs, d’une profondeur et d’une richesse énormes…. pour le laisser en plan le congrès de fondation passé. Pourtant c’était autour de ces principes fondateurs qu’il fallait solidifier le parti. Ce qui donne du sens à l’action commune de milliers de militants c’est de comprendre qu’ils sont tous acteurs d’un projet commun d’émancipation, que malgré leurs divergences immédiates, parfois importantes, ils sont toutes et tous membres d’un parti qui a les mêmes objectifs. Il fallait continuer les débats, les formations. Il fallait approfondir le contenu de ces principes pour unifier réellement le parti au-delà d’un vote quasi unanime du congrès. Il fallait engager des campagnes politiques qui solidifient le parti autour d’axes structurants de ces principes fondateurs, en fonction des opportunités de la situation politique. Il fallait engager un débat plus large autour de nous sur nos perspectives, continuer l’élargissement du parti autour du processus engagé.

Non seulement nous n’avons pas continué le travail en profondeur autour de ces principes fondateurs, mais quand le débat s’est engagé deux ans plus tard sur un autre texte très important, « nos réponses à la crise », il n’a pas été possible de ré enclencher la dynamique de débat collectif ouvert, la logique des tendances sur laquelle on va revenir l’emportant sur la politisation en profondeur du parti.

- Nous avons immédiatement après la création du NPA engagé celui-ci dans une succession de débats de tactique électorale particulièrement inefficaces et destructeurs.

Bien évidemment il fallait répondre aux situations électorales qui se présentaient, mais d’un point de vue tactique et seulement tactique.

Nous avons de fait cherché à la fois à répondre aux questions de délimitation de notre parti, de solidification autour des principes fondateurs… au travers de la tactique électorale !

Ce n’était bon, ni pour la formation d’un socle programmatique fort du parti, ni pour la tactique électorale.

- Nous n’avons eu aucun débat structuré sur la conception de fonctionnement d’un parti de milliers de militants qui cherche à devenir un parti de masse.

Comme si cette question
• allait trouver par elle-même une solution dans la foulée de l’élan créateur du NPA. _• pouvait se résoudre facilement pour des dirigeants qui pour l’essentiel n’ont jamais dirigé d’organisation de masse, n’ont aucune expérience de construction d’un parti de ce type, et où la forme parti est en difficulté, où nombre de militants qui arrivent n’ont aucune idée de ce que devrait être un parti.

S’il y a bien une question qui ne se résout pas de manière spontanée, naturelle, c’est bien la conception d’une parti, de l’action collective organisée dans un parti à la fois radical et ouvert. Un tel parti est à contre courant de toutes les pesanteurs de la société, de la vie politique institutionnalisée.

Une bonne partie des départs avant la crise récente sur les présidentielle est liée à ce problème principal : pourquoi suis-je dans un parti, à quoi cela sert, quelle est la fonction des réunions, que m’apportent-elles, en quoi le fait d’être dans ce parti change ma façon de vivre, d’être pertinent et efficace pour changer mon milieu , etc… toutes questions décisives pour donner du sens à l’adhésion au NPA.

Sans réflexion complète là-dessus, sans remise en cause des pesanteurs internes, dans le contexte social et politique actuel, rien ne pouvait se faire de fondamental…. et les habitudes, les mauvaises habitudes ont repris le dessus, comme des évidences comblant le vide de la réflexion et de l’élaboration d’une fonctionnement ouvert, nouveau, essayant de s’adapter à la situation nouvelle.

Prenons un exemple parmi tant d’autres, notre hebdomadaire.
Est-il inconcevable de dire que cet outil n’est pas le plus adapté à notre époque, notre parti, notre fonctionnement ? Est-il iconoclaste de dire que le peu de militants et de lecteurs qui apprennent quelque chose par la lecture de l’hebdomadaire est très faible au regard de ce qu’il coûte en temps militant et en fric ? Est-il impensable de dire qu’il ne sert pas de fil à plomb du parti, comme un journal pouvait le faire il y a 40, 60 ou 100 ans ? Ne peut-on pas réfléchir à une lettre internet quotidienne (de 1 à 4 pages), un mensuel plus joufflu ? Ou en y ajoutant une lettre internet mensuelle, quinzomadaire ? Ne serions-nous pas plus efficaces, toujours avec des limites ?

L’objet de cette contribution n’est pas de répondre à toutes ces questions (on pourrait arriver à la conclusion qu’il est préférable de conserver l’hebdomadaire), mais de montrer à quel point nous n’avons jamais eu de discussion depuis la création du NPA sur le type de parti, son mode de fonctionnement et sa manière de s’exprimer à l’extérieur.

- Et les mauvaises habitudes se sont réimposées dans le fonctionnement interne.

Très rapidement s’est installé (réinstallé pour ceux qui viennent de la LCR) un fonctionnement en tendances cristallisées, notamment au niveau de la direction centrale.

Comme la direction fonctionne, non pas à partir de débats ouverts et fluctuants, de majorités changeantes en fonction des sujets abordés, qui laissent à chacun un rôle et une possibilité d’apport politique, mais à partir d’un regroupement « majoritaire » au sien duquel se décident les choses essentielles, il est indispensable pour constituer une majorité de remplacement de construire un regroupement assez stable, même si ce regroupement est hétérogène, tous comme celui qui dirige d’ailleurs.

Est-ce que ce mode de direction est le meilleur, ne nous laissons-nous pas enfermer dans un décalque de la vie politique bourgeoise, des partis de gauche ?? Ne serait-il pas plus efficace d’avoir des cadres d’animation du NPA aussi inclusifs que possible, intégrant toutes les qualités des uns et des autres, avec des débats ouverts dans lesquels les arguments convainquent, dans lesquels se constitue petit à petit une autre conception des relations politiques et militantes, en dehors de relations de pouvoir qui vicient tout.

Les tendances et les regroupements divers doivent pouvoir exister dans notre parti. Mais il faut savoir pour quoi faire ! Evidemment lorsqu’il s’agit de trancher de manière claire des options alternatives, elles peuvent être nécessaires (en mettant de côté les fractions politiques qui ne sont dans le NPA que pour se construire au détriment du Parti).

Mais leur institutionnalisation en courants permanents, formes de partis dans le parti, pour lesquels les militants, comme dans les élections bourgeoisies, en choisissant l’une ou l’autre tendance sans maîtriser à aucun moment la logique générale de ladite tendance est négatif pour le débat dans le parti.

Pour plusieurs raisons :

• le débat qui a fait divergence à un moment donné évolue, les discussions suivantes devant prendre en compte les évolutions inévitables de la situation ;

• pour continuer à exister, les tendances doivent mettre au centre des débats la/les questions sur lesquelles elles se sont constituées, et tendre à maintenir le débat dans ces limites, au risque d’éclater, surtout lorsque les directions sont élues selon ce critère principal pour ne pas dire essentiel (un dirigeant non membre d’une tendance est rarement élu dans une direction… quelles que soient ses qualités) ;

• beaucoup de questions auxquelles nous sommes confrontés ne rentrent pas dans le cadre des tendances, nécessitent un débat ouvert, qui recoupe, ou pas, différemment l’organisation : toutes situations dont nous devrions nous satisfaire, mais qui fragilisent les tendances organisées qui jouent alors un rôle de frein au débat.

Ce fonctionnement a été pour quelque chose dans l’échec d’une élaboration associant les apports d’autres composantes d’extrême gauche que la LCR, LO, libertaires, et de courants issus de formes radicales actuelles issues de l’écologie, de l’altermondialisme.

Il ne s’agit évidemment pas d’interdire le débat en tendances pour permettre le débat… mais il s’agit de réfléchir à un fonctionnement qui permet de mener les débats essentiels dans les cadres du parti en dehors de clivages autres, qui évite la constitution des directions sur ce seul critère, qui refuse le fonctionnement quotidien sur ces bases.

- D’autres questions mériteraient d’être intégrées à ce point, notamment celles concernant la façon de prendre au sérieux ce que nous disions : notre choix de nous lancer dans une telle entreprise nécessitait de mettre toutes les compétences et toutes les capacités réelles de direction nationale, locales, sectorielles au travail ensemble. Si le rajeunissement de la direction centrale était juste, il devait s’accompagner d’un travail d’intégration de toutes les énergies : l’enjeu était énorme, et toutes les forces n’y ont pas été associées au maximum.

Nous avons voulu engager un processus extrêmement ambitieux, en commençant par ne pas y mettre tous nos moyens, déjà limités !

Quelques questions fondamentales…

La construction d’un parti anticapitaliste qui veut révolutionner la société ne peut se penser qu’à partir d’une analyse partagée de quelques questions fondamentales qui déterminent les priorités, donnent du sens aux choix qu’il faut faire à chaque occasion.

Dans ce texte, on ne fait qu’effleurer et exprimer des hypothèses de travail sur ces questions qu’il faut aborder, sur lesquelles il faut réfléchir collectivement, elles ont toutes des conséquences sur la forme du parti que nous devons construire. Evidemment, il est nécessaire pour les aborder de sortir des cadres figés de débat, des formes institutionnelles de notre parti qui ne permettent pas les échanges sur ces questions qui sont au centre des problèmes auxquels nous sommes confrontés.

- Sur la chute du mur de Berlin , les termes d’un interview de Daniel Bensaid dans la revue Lignes, résument bien l’essentiel :
« La « chute du Mur de Berlin » et l’implosion de l’Union Soviétique n’ont pas accouché du scénario de relance d’un socialisme démocratique, sur lequel misait, historiquement, le courant dont la Ligue provient. ….ces événements-là marquent une cassure historique.
…………………………….
Les anciennes délimitations qui avaient justifié la constitution de courants ou d’organisations politiques – sans être devenues complètement caduques – n’opéraient plus de la même manière. L’ordre du jour était donc à la nécessité de penser une reconstruction programmatique et un nouveau projet politique, dans son contenu comme dans ses formes organisées. Le problème s’est donc posé dès 1989-1991.
Tout au long des années 90, des différenciations sont apparues au sein de la gauche de gouvernement. ….Mais ces ruptures sont restées éphémères. La plupart ont été satellisées par le Parti socialiste ….Il fallait en tirer les conclusions. Force était de constater les ressources militantes déterminantes pour un renouveau ou à une reconstruction se trouvaient essentiellement dans la fermentation des mouvements sociaux, dans leur pluralité et dans les formes nouvelles que leur donnaient l’émergence de collectifs comme ceux des Sans – sans travail, sans logis, sans papiers, sans droits.
……
La problématique sur laquelle s’étaient construites les oppositions politiques, notamment l’Opposition de gauche au stalinisme, dans les années 30 et 50, était que le mouvement ouvrier ne disposait pas de la direction et de l’expression politiques qu’il méritait. Il s’agissait donc seulement de changer la tête sur corps resté fondamentalement sain. Le début des années 90 a montré que les dégâts du stalinisme se révélaient à l’épreuve de la durée beaucoup plus profonds qu’on ne l’avait imaginé. Il ne s’agissait pas d’un long détour ou d’une parenthèse sur la voie royale de l’histoire, mais d’une véritable bifurcation, dont les effets se feront sentir encore longtemps. C’est à une reconstruction à tous les niveaux, social, syndical, associatif, jusqu’aux formes de représentations politiques, qu’il fallait désormais s’atteler. »

- Structuration du capitalisme aujourd’hui.

Il n’est pas facile aujourd’hui de répondre à une question pourtant simple : qui sont les vrais dirigeants capitalistes, pas les directeurs d’usine, les chargés de mission dans l’appareil d’état ? Les vrais dirigeants n’apparaissent pas comme tels aux yeux de la masse des exploités et des opprimés. En fait ceux qui dirigent effectivement sont probablement quelques centaines, et encore. Ils ont le pouvoir économique, contrôlent étroitement le pouvoir politique, asphyxient la démocratie bourgeoise, maîtrisent les médias et les instruments de domination idéologique. Leur pouvoir s’exerce dans les dédales des conseils d’administration, pas vraiment au parlement et dans débats politiques institutionnels : les décisions sont prises ailleurs, devant les tables des vrais riches. Evidemment le phénomène est amplifié par la mondialisation sous sa forme actuelle.

Les ouvriers, les travailleurs qui connaissent leur patron sont ceux des petites et moyennes entreprises, dans lesquelles le phénomène de sous traitance place ces capitalistes de seconde zone dans une situation de dépendance totale des grands groupes.

Et lorsqu’on se bat contre son patron, son entreprise c’est compliqué. On n’a pas ou presque plus affaire à un groupe massif de salariés contre un/des patrons, mais un groupe de salariés contre le système d’emblée …contre des groupes dont les assises financières permettent de tenir assez longtemps. C’est d’ailleurs ce qui explique les débats sur la grève générale, les blocages…

Ce qui me semble fondamental sur ce sujet, c’est que les combats sont rapidement plus contre le système dans sa globalité que contre tel ou tel patron…évidemment cela rend les choses de plus en plus difficiles, mais aussi de plus en plus politiques.

- Qu’est ce que le prolétariat aujourd’hui ?

Notre objectif est d’organiser le prolétariat pour organiser une société démocratique sans capitalistes. Mais depuis la naissance du capitalisme dans les pays européens développés, le prolétariat a beaucoup changé.
La perspective socialiste est née dans des pays où la classe ouvrière industrielle était en progression constante dans des entreprises de plus en plus grosses, dans des villes en progression constantes, avec des travailleurs ayant les mêmes conditions de vie et de travail, habitant dans les mêmes quartiers. L’espérance en un monde meilleur s’appuyait sur l’idée que ces prolétaires allaient être un jour être majoritaires et diriger la société sans les patrons.

Ce n’est pas tout à fait ce qui s’est passé.

Le prolétariat, au sens de ceux qui vendent leur force de travail car ils n’ont que cette force de travail pour vivre et sont dominés de toutes sortes de façons dans la société (pas Carlos Ghon, ni les généraux), est aujourd’hui largement majoritaire dans une société comme la notre. Il représente 75, 80% de la population.

Mais il n’a pas la conscience de son unité et de la force qu’il représente.
Il est éclaté dans des unités de production et de travail de plus en plus petites appartenant à des entreprises de plus en plus puissantes. Les processus de travail concentrent de moins en moins les salariés, le travail est de plus en plus individualisé, plaçant les salariés en concurrence, qui pèse sur les possibilités d’action collective y compris au sein des entreprises.

Le secteur tertiaire est devenu dominant : aujourd’hui en France, la classe ouvrière industrielle représente entre 20 et 25% de la population [4], et cette proportion diminue régulièrement.

En outre des fractions importantes du prolétariat sont depuis 20 à 30 ans exclues du processus de production (entre 4 et 5 millions en France), ou en marge de celui-ci. Cette situation finit par peser sur les formes de politisation et d’action de ces secteurs.

Les possibilités de gagner à partir de luttes dans l’entreprise sont de plus en plus limitées (cf point ci-dessus sur organisation du capitalisme), et les expériences d’activité collectives positives exemplaires sur ce terrain de plus en plus rares.

Les expériences de luttes victorieuses, d’auto organisation, d’auto gestion sont peu développées.

Les formes qu’ont prises les mobilisations au cours des 15 dernières années, autour de journées d’actions générales, de manifestations, ou par ailleurs de révoltes contre les flics dans les quartiers abandonnés sont les réponses actuelles du mouvement de masse à ces modifications en profondeurs du prolétariat et de sa place dans la société.

La question principale qui se pose est aujourd’hui que s’unifie politiquement cette immense force autour de perspectives qui deviennent « hégémoniques » : le capitalisme est dangereux pour nous, pour l’humanité, il est nécessaire d’organiser la société sans eux, et nous sommes capables de le faire démocratiquement.

- Crise écologique

Organiser la société autrement, c’est aussi avoir une perspective pour l’humanité, à cause de des crises écologiques qui conduisent le monde à la catastrophe. Exploitation des humains et exploitation/destruction de la nature relèvent d’un même système qui ne recule devant rien pour accumuler les profits.

Comme il est impossible de concevoir une société socialiste sans démocratie intégrale, il est impossible de concevoir le socialisme comme le développement sans fin de la production et du mode de vie actuel dans les pays « riches ». Sinon se développera une sorte de fascisme vert, dans lequel les richesses financières et les capacités de la planète seront réservées à une part seulement de l’humanité.

Notre projet ne peut être qu’écosocialiste !

Evidemment cela nous impose aussi de poser cette question dans nos formes de militantisme et de vie.

- Quelle perspective socialiste ?

Dans l’histoire du mouvement ouvrier, il y a de ce point de vue trois grandes phases.

De la naissance des idées socialistes à la construction de l’union soviétique, les militants socialistes, communistes, anarchistes, révolutionnaires débattaient d’une société qu’ils imaginaient. La seule expérience de prise de pouvoir politique par les prolétaires était la commune de Paris, portée par tous les militants jusqu’en 1917. Mais il est difficile de penser l’organisation d’un pays, d’une société à partir de la très courte expérience de la commune sur la seule ville de Paris !

A partir de la victoire du prolétariat russe, puis des processus révolutionnaires post-1945 conduisant à l’établissement d’états se revendiquant du système socialiste (Chine, Yougoslavie, et dans d’autres conditions en Europe de l’est, puis à Cuba …), ayant nationalisé tous les moyens de production et fonctionnant dans un cadre économique non capitaliste, la discussion était différente. En quoi ces expériences étaient positives, en quoi leurs limites, leurs erreurs, leurs trahisons étaient modifiables. Fallait-il les défendre face au capitalisme, fallait-il préparer la révolution contre les dictateurs rouges, et cette révolution était-elle d’une autre nature que la révolution dans les pays capitalistes ?

Leur existence structurait les débats sur le socialisme que nous voulions au sein du camp progressiste, mais influait aussi sur la politique de la bourgeoisie. Il était difficile aux dirigeants capitalistes après le seconde guerre mondiale de dire que ce n’est pas à l’état de s’occuper de ceux d’en bas quand dans le monde entier vivait une illusion portée par l’immense majorité des opprimés : l’état socialiste lui, défend tous les ouvriers, offre une protection à tous.

L’écroulement de l’union soviétique, le retour sans coup férir au capitalisme en Russie, en Chine, et l’image de dictature, de misère, de pauvreté, d’indigence qu’on laissé ces expériences du socialisme réel ouvrent la troisième phase.

Il faut recréer à une échelle de masse une perspective socialiste du XXI° siècle, qui ne puisse être associée de quelque manière que ce soit aux caricatures qui ont sali ces mots, ces idées, ces projets pour toute une période historique, jusqu’à la prochaine expérience positive de construction d’une autre société.

C’est notre tâche de travailler à la définition de cette nouvelle perspective qui intègre la dimension écologique. Ce n’est pas seulement en augmentant les forces productives que nous pourrons libérer le monde de l’exploitation capitaliste et des crises écologiques majeures qui guettent la planète. C’est une grande tâche pour laquelle nous sommes peu, car les groupes militants, les partis qui se réclament d’une perspective écosocialiste sont peu nombreux. Et le chantier est colossal !

La force actuelle du capitalisme est là : des centaines de millions de travailleurs, d’exploités, d’opprimés qui rejettent le capitalisme …sans projet alternatif.

- L’éclatement des mobilisations, des champs d’activité

Structure du capitalisme, éclatement structurel du prolétariat, problèmes nouveaux pour la planète, absence de cadre commun de perspective de changement de société, etc … tout cela a des effets sur les formes de mobilisation de ceux d’en bas.

Il n’y a plus de force politique qui vertèbre toutes les mobilisations autour d’un groupe social bien délimité et d’une perspective sociale cohérente et assumée par ce groupe.

Pourtant les mobilisations continuent, en empruntant des canaux les plus divers.

Où se trouvent aujourd’hui les prolétaires, les jeunes les plus radicaux ?
Dans beaucoup d’endroits, partis radicaux, certaines structures syndicales, associations, et aussi phénomènes comme les indignés ici, les occupants des places là-bas, les bloqueurs des sites en marge des manifestations, les réseaux d’activistes…

Il est intéressant de noter par exemple la différence qu’il peut y avoir entre la révolution au Portugal en 1974 et les processus révolutionnaires en Tunisie, en Egypte. Au Portugal, les partis réformistes, les organisations révolutionnaires, les structures traditionnelles du mouvement ouvrier se sont gonflées… 40 ans après, ce n’est pas ce qu’on observe pour le moment.

Il n’y a pas aujourd’hui dans un pays comme la France un secteur du prolétariat qui à lui seul qui soit en mesure d’avoir la force suffisante, l’expérience accumulée dans les luttes pour entraîner naturellement par lui même toutes les mobilisations, et tout le prolétariat.

On a déjà eu une telle situation dans l’histoire du mouvement ouvrier, et les formes d’organisation ne peuvent avoir une efficacité politique que si elles permettent d’organiser le prolétariat et la radicalisation telle qu’ils sont.

- Institutionnalisation partis, syndicats

Ce d’autant que l’existence depuis des décades d’une « démocratie bourgeoise »à l’européenne a finit par peser sur les formes d’intégration du mouvement ouvrier, des partis, des syndicats, des associations à la société et aux institutions bourgeoisies.

La bourgeoisie a fait le choix d’intégrer ces organisations, par le fric, les institutions, les postes, les prébendes divers. Tous les partis « de gauche » vivent des subsides de l’état, comme les syndicats.

Combien de syndicalistes passent plus de temps en réunion avec les patrons ou leurs représentants qu’avec leurs collègues de travail ?

Entre 15 et 20% des militants du PC sont des élus, leur activité se place sur ce terrain, et leur reconnaissance y est liée, sans compter le poids des emplois générés par ces postes : les attachés parlementaires, les employés des collectivités territoriales, etc…

Combien de jeunes loups du PS font leurs premières armées dans quelque syndicat étudiant, quelque association pour préparer leur carrière !
Dès qu’une association a une existence significative, elle subit des tentatives d’intégration : fric pour des permanents, locaux attribués par les maires qui cherchent à contrôler, etc … sans compter les formes d’intégration capitaliste, par le fric et la gestion des budgets, comme beaucoup d’organisations écologistes.

Bref les appareils politiques et syndicaux, voire les associations sont devenus institutionnels, et compris comme cela par la masse de ceux d’en bas, pour lesquels la politique c’est un métier, militer n’est plus une implication personnelle pour faire avancer des idées, une perspective.

Les partis oscillent entre une activité institutionnelle et une présence médiatique, sous les formes les plus diverses.Mais une place dans les médias ne remplace pas l’action consciente de militants, de prolétaires, de jeunes sur le terrain, pour organiser ceux d’en bas.

Quelle est l’activité non électorale dans les quartiers, les entreprises, combien de tracs dans les entreprises à part ceux du NPA, de LO et …

Tant cette institutionnalisation que l’expérience de ce siècle, que les coordonnées actuelles de politisation remettent en cause la forme parti telle qu’elle a existé tout au long du XX° siècle en Europe de l’ouest au moins (il faut voir ailleurs, je n’ai pas assez de données pour apprécier ce qu’il en est). Le parti guide, l’acceptation d’une direction infaillible, l’obéissance aux impératifs du parti,… on en est assez loin on en conviendra.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de motivation pour lutter contre cette société capitaliste, on l’a vu avec l’écho du lancement du NPA.

Mais pour être efficace, il faut partir de cette situation :nous devons chercher à organiser le prolétariat et la radicalisation à partir de ce qu’ils sont.

… et leurs conséquences.

Ces quelques pistes, qu’une réflexion collective amènerait à corriger, compléter, enrichir, nous donnent quelques points de repère pour la construction d’un parti anticapitaliste de masse se donnant pour perspective de révolutionner la société.

Tout développement, tout dépassement du NPA ne peut exister que si nous avons l’ambition d’être le creuset de cette réflexion, que si nous sommes capables de repenser le militantisme, la conception du parti.

Pas pour en faire un parti où l’on milite en dilettante, pas pour être seulement la rencontre des mouvements, pas non plus pour être le parti d’avant garde des masses…. Il nous faut un parti qui soit plus en phase avec la vie quotidienne, un parti qui soit utile aux investissements militants et qui s’en nourisse, un parti qui donne un sens politique émancipateur à tous les actes quotidiens des militants, un pari qui globalise l’activité politique.

- Le prolétariat, celui qui représente les 80% de la société, voire comme le disent les indignés, 99%, a besoin de son parti. Un parti qui organise cette classe majoritaire de la société en classe agissante et consciente. Un parti qui (re)donne du sens de l’action collective pour un projet de société débarrassé du capitalisme et de ses crises.

Le parti dont nous avons besoin n’est pas seulement un instrument dans la bataille politique, mais est principalement utile dans la constitution de la classe « pour soi ». Cette constitution se fait principalement dans l’action. C’est au cours d’actions, de campagnes que les militants apprennent, convainquent autour d’eux, contribuent aux conditions politiques dans lesquelles certaines idées, certains objectifs s’emparent de courants massifs du prolétariat. C’est par des campagnes qui font bouger les lignes de force sur certains sujets que le parti montre son efficacité.

C’est le cas par exemple de la bataille sur la dette.

Le problème n’est pas seulement d’avoir une position juste que l’on exprime le plus clairement possible. Notre utilité n’est pas seulement de nous positionner, elle est de faire changer l’état d’esprit de millions de membres du prolétariat, des 99%. Elle est d’arriver à ce que l’idée que la dette est une construction des banques et des capitalistes, et non quelque chose qui s’impose à nous, une espèce de force surnaturelle qui nous domine, devienne une évidence. Alors nous créons à une échelle de masse les conditions d’une action contre la dette, car il y a des responsables qu’il faut faire payer, ceux qui s’en mettent plein les poches et veulent nous la faire payer une seconde fois. Et cette bataille c’est celle de l’élection présidentielle, car une évolution de cette nature de la conscience de grandes masses crée, en plus de la possible mobilisation, les conditions de réceptivité de nos propositions sur l’abolition de la dette.

Evidemment on se trouve petits devant l’objectif de la constitution de la classe pour elle-même, qui semble énorme. Mais en réalité il n’y a pas d’autre choix que de commencer dès maintenant cette construction, pierre par pierre, à partir de nos petits bras.

Il faut donc continuer à construire le NPA, et surtout chercher à le faire transcroitre.

Ce n’est en aucun cas de moins de NPA, d’épuration ou du départ de ceux qui ne pensent pas comme nous, dont nous avons besoin.

Ce qui est indispensable, c’est de prendre la mesure de l’objectif de départ, et de comprendre en quoi nous nous en sommes écartés, et de tout faire pour reprendre le fil, et réfléchir comment rebondir.

- Sur la question essentielle de l’Etat, de la question du pouvoir, les textes fondamentaux du NPA sont justes, et n’ont pas à être « durcis », « gauchis », ils répondent de manière satisfaisante aux enjeux essentiels de la période historique.

Les termes des principes fondateurs définissent globalement ce qui nous sépare des réformistes, et permettent d’agir efficacement :
« Nous participons aux luttes pour des réformes immédiates et nos réponses politiques partent des réalités du terrain, de tout ce que chacun-e vit au quotidien. Elles tracent en même temps les contours de la société que nous voulons, basée sur la satisfaction des besoins sociaux. Elles supposent donc la rupture avec le capitalisme et le “ tout marchandise ”.
Nous participons aux élections pour défendre nos idées, pour rassembler très largement la population autour de notre programme. …….
Nos élu-e-s refusent de cogérer le système. ……
À l’échelle nationale, l’application d’un tel programme impliquerait la confrontation avec les classes dominantes, et exigerait une formidable mobilisation populaire, susceptible de faire émerger de nouvelles formes de pouvoir qui donneraient à un gouvernement anticapitaliste les moyens de sa politique.
Une domination de classe ne peut pas être éliminé par voie de réformes. Les luttes peuvent permettre de la contenir, de lui arracher des mesures progressistes pour les classes populaires, pas la supprimer. En 1789, la domination de la classe privilégiée de l’Ancien Régime n’a pas été abolie par des réformes. Il a fallu une révolution pour l’éliminer. Il faudra une révolution sociale pour abattre le capitalisme.
Elle implique donc nécessairement un changement des rapports de propriété, social et institutionnel, qui rejaillit sur tous les aspects de la vie en société. Notre choix pour y parvenir mise exclusivement sur l’expression et la mobilisation majoritaire. Tout en annonçant clairement à l’avance que nous chercherons à organiser l’auto-défense des travailleurs, pour que le coup d’État militaire et la répression massive qui ont eu lieu au Chili en 1973 ne puissent pas se reproduire. “ L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ” (Marx dans Le Manifeste communiste) reste notre boussole. D’une manière générale, ce sont les forces de la réaction qui imposent la violence. Notre choix est celui du nombre, des formes de lutte qui rendent les revendications légitimes et populaires, sans hésiter à sortir du cadre étriqué de la légalité pour obtenir satisfaction, en tenant fermement les piquets de grève, en réquisitionnant les logements vides, en cachant les sans-papiers pourchassés, en désobéissant face à l’intolérable...
L’objectif de notre parti n’est pas de prendre le pouvoir par et pour lui-même. Nous combattons dès maintenant et partout pour l’auto-organisation des luttes afin de préparer le renversement de la société capitaliste et l’autogestion par les travailleurs et la population.
Nous voulons que le NPA fasse vivre le meilleur de l’héritage de celles et ceux qui ont affronté le système depuis deux siècles, celui de la lutte des classes, des traditions socialistes, communistes, libertaires, révolutionnaires. ….. »

Cette position est réaffirmée dans les statuts :
« …Ce qui rend nécessaire une centralisation des activités du parti, c’est que le capitalisme dispose d’un cadre centralisé d’où s’organise sa domination : l’État, les puissances économiques et financières. L’enjeu est bien un changement de pouvoir et une rupture révolutionnaire avec l’ordre établi…. »

- Le PS et les partis socio-démocrates européens sont des partis bourgeois qui gèrent les affaires de la bourgeoisie, ils n’offrent aucune perspective de changement social. Leur fonctionnement est celui de partis qui ne sont plus percutés par les mobilisations de masse et le mouvement social.

Le PC et le PG sont des partis réformistes dont la stratégie vise par leur présence dans les institutions à « peser » sur la social-démocratie, sans chercher à renverser le système, considérant que les institutions et l’Etat peuvent permettre un changement politique. Cette politique pour s’appliquer passe par un accord avec le PS qui les place sous les fourches caudines de ce parti, comme dans les régions, département et mairies…

Ce qui détermine la vie de ces partis, ce sont les politiciens professionnels de carrière qui en sont l’ossature et veulent perpétuer leur situation. Cela n’empêche pas la présence en leur sein de militants sincères…Mais leur fonctionnement, type et nombre de réunions, modalités de militantisme, type de débats, leur recrutement ne permettent pas une décantation politique à gauche de courants constitués menant des batailles politiques en rupture avec la politique réformiste des directions.

La construction d’un nouveau parti anticapitaliste ne peut donc s’appuyer que sur sa capacité à organiser les militants radicaux des mouvements sociaux, celles et ceux qui refusent les trahisons des directions syndicales et réformistes, et aussi des individus qui viennent à la politique par leur rejet du système capitaliste. Mais il n’y a pas de cloison étanche entre le champ politique structuré par les partis institutionnels et les secteurs militants plus radicaux.

Il y a donc un champ politique dans lequel nous devons intervenir, pas dans l’illusion que cette intervention pèsera sur l’évolution des partis du Front de Gauche par exemple, mais parce que ces débats sont aussi un moyen de répondre aux interrogations, illusions des militants radicaux qui sont importants pour construire un parti d’action.

- Ces constatations doivent nous amener à rester ouverts à toutes initiatives pour relancer la construction du NPA.

Quels que soient les résultats des élections, les cartes vont être rebattues.
Par exemple, si le candidat du PS est élu en 2012, il se posera la question d’organiser une opposition de gauche unitaire contre l’austérité capitaliste et la politique sociale libérale aux ordres des marchés, indépendante de tout gouvernement et de toute majorité gouvernementale, qui mette au centre de son action les exigences populaires face à la crise, qui agisse pour faire payer les capitalistes par exemple en :

• refusant le remboursement de la dette publique, et en défendant la construction d’un service public bancaire,

• engageant une révolution énergétique, notamment par la sortie du nuc

• prenant sur les profits capitalistes pour interdire les licenciements, travailler moins pour travailler tous, et pour réinstaurer la retraite à 60 ans à toux plein pour tous,

• instaurant l’égalité des droits français immigrés, par la régularisation de tous les sans-papiers,

• arrêtant toutes les interventions militaires françaises qui sèment la terreur, la misère et la mort.

Est-ce que le NPA n’aura pas intérêt à proposer à toutes les organisations, associations, syndicats, partis, courants, groupes, personnalités qui se reconnaissent globalement dans ce type d’exigences revendicatives des rencontres pour mettre en place un groupe de contact permanent qui vise à unifier l’action de cette opposition de gauche ?

Bien sûr, il faudra avoir la discussion le moment venu, on pourra à ce moment faire des choix différents. Mais une réflexion de ce type pose la question de penser notre action comme parti qui cherche à être utile pour les 99%, à trouver les moyens d’unifier l’action de tous ceux qui souffrent du capitalisme, de la politique des dirigeants, et un parti qui continue à vouloir dépasser son stade actuel, à s’ouvrir à de nouvelles couches de jeunes, de salariés, de militants ….

- Notre crise est, comme le dit un texte de Pierre Rousset, une crise de fondation.

Compte tenu de la faiblesse des expériences de luttes fondatrices pour un nouveau parti de masse, il est difficile de penser que notre projet aurait pu se réaliser d’une seule traite.

L’élan initial a montré la possibilité de dépasser ce qu’était la LCR, nos erreurs et notre situation actuelle ne doivent pas nous écarter de l’objectif. La situation sociale et politique ne trace pas à ce jour de chemin simple et direct pour la création d’un parti de masse.

L’hypothèse la plus probable est que ce parti ne pourra naître que d’étapes successives, de sauts. Ce n’est pas à la première difficulté importante, ce n’est pas parce que nous reculons, que nous devons perdre de vue cet objectif !

Notre projet doit toujours être celui de regrouper les anticapitalistes radicaux

• qui ne pensent pas le système réformable, ne supportent pas les oppressions l’exploitation, souhaitent un autre monde de justice,

• qui ne pensent pas que les changements peuvent venir des institutions,

• qui ne croient plus à la gauche institutionnelle,

• qui ont la perspective d’unifier les luttes en des affrontements centraux, dans un mouvement d’ensemble, par le travail dans l’unité dès que possible et par la mobilisation elle-même,

• pour lesquels les élections permettent l’expression de projets et de travailler à une représentation de ceux d’en bas par des « dissidents » dans les institutions,

• aspirent à une démocratie « par en bas », tant dans les luttes que dans le parti, le parti devant être d’abord un rassemblement démocratique d’action, de débat et d’élaboration, dans la pluralité.

Nous devons travailler à la conception, au fonctionnement d’un parti de milliers de militants qui cherche à devenir un parti de masse pour l’action. Il nous faut réfléchir, remettre en cause les pesanteurs, les habitudes, élaborer un fonctionnement ouvert, nouveau, essayant de s’adapter à la situation nouvelle.

Nous voulons un parti qui permettent à celles et ceux qui ne supportent plus l’exploitation, l’oppression quotidiennes, un cadre de fraternité, de solidarité, de réflexion libre et d’action radicale. Il doit permette à chacun de trouver les ressources pour organiser démocratiquement autour de lui des réactions collectives contre toutes les injustices, des actions pratiques modifiant les conditions de vie et de combat de ceux d’en bas, pour avoir un comportement en rupture avec la société et ses valeurs.

Les conditions dans lesquelles on fait vivre le parti sont une image lointaine certes, mais quand même, de la vision que nous avons des relations dans la société et le type de démocratie que nous voulons… Et il faut dire que parfois on se demande avec une certaine inquiétude comment feraient des camarades avec des responsabilités dans un appareil d’état socialiste quand on voit quels actes sont possibles dans un parti de notre taille pour des enjeux somme toute mineurs !

Pour se battre efficacement contre tout ce qui détruit les capacités de résistance et de révolte dans la société, notre parti, pour être efficace, se doit en même temps :

• de permettre à ses militants et ceux qui l’entourent de comprendre les raisons et les processus de l’exploitation et des oppressions, de réfléchir en quoi la bourgeoisie a réussi à structurer au delà de l’économie et de la société, l’ensemble des relations humaines,

• d’être un cade assez accueillant, véhiculant des valeurs et des fonctionnements en rupture avec les processus de pouvoir, avec l’élitisme, qui construit des comportements humains et militants solidaires, collectifs, fraternels. Il doit faire bon fréquenter et militer dans notre parti parce que nous créons d’autres relations, nous construisons ensemble une autre vision de la société.

Cela passe par une volonté permanente d’intégrer tout le monde dans le parti, socialement ( en se donnant les moyens que celles et ceux qui sont exploités et opprimés dans la société ne soient pas dominés dans le parti, et puissent y prendre toute leur place) politiquement (par une véritable rotation des responsabilités, par le rejet de toutes les tactiques consistant à occuper toutes les places, ne défendre que ses amis politiques quelles que soient les compétences …etc…bref, toutes techniques visant à comprendre une victoire politique par l’accaparement du « pouvoir ») .

Cela passe par la volonté de travailler à construire un parti qui ne soit pas l’agglomérat de courants centrifuges ni le monolithisme centripète. Nous agissons donc pour unifier le parti en proposant à sa diversité une dynamique commune par des majorités d’actions et de construction.

Pour conclure provisoirement

Oui le projet du NPA reste toujours valide.

Le projet d’un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, large, ouvert à différents courants idéologiques et à des nouvelles pratiques est évidemment toujours d’actualité. C’est une nécessité pour la période, la crise et ses trois dimensions sociale, économique et écologique ne rendent que plus urgent la construction d’un parti en dehors des institutions mais ouvert aux cadres de luttes, bénéficiant d’une audience large ayant pour but de renverser le capitalisme. Un parti qui n’est pas dans l’auto-affirmation incantatoire mais en prise avec les luttes réelles et les revendications de la population, sans tomber dans le travers d’une recomposition illusoire de la gauche de la gauche.

Au moment de son lancement, le NPA a pris, trop peu de temps, une place originale dans la politique française en essayant d’être un parti d’une nature différente, expression et prolongement politique des luttes sociales, de leur dynamique extra-institutionnelle, extra-système, anticapitaliste. Cette première tentative s’est heurtée à forte partie : tant la bourgeoisie que les réformistes ont essayé de la faire taire. Ne nous laissons pas faire …

Le développement de la crise, les mouvements qui se développent donnent encore plus d’urgence et de crédibilité à un parti de ce type, en rupture avec le système politique antidémocratique et réactionnaire que maintient le capitalisme.

Ouvert, démocratique, unitaire et anticapitaliste, le NPA peut rebondir !

Patrick Le Moal, le 14 décembre 2011
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Message  BouffonVert72 Mar 27 Déc - 21:45

Patrick Le Moal a écrit:Pourtant le projet même du NPA est menacé voire remis en cause
Je pense que c'est un déni de la situation réelle. Ce n'est pas que le projet même du Npa soit menacé ou remis en cause... C'est que le projet du Npa est kapoute, tout simplement.

Pour sauver ce qu'il y a à sauver au Npa (les militants et leurs idées, ainsi que le nom "Npa"), il n'y a qu'une seule solution : que l'ensemble du Npa intègre le plus vite possible la meilleure coalition de la gauche-non-institutionnelle qui ait été inventée depuis le début du 21ièm siècle : le Front de Gauche, désormais la seule organisation qui soit capable aujourd'hui de mettre en oeuvre l'écosocialisme du 21ième siècle.
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Message  Roseau Mar 27 Déc - 23:39

Excellent humour de deuxième degré, cher Bouffon !
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Message  Copas Mar 27 Déc - 23:52

Roseau a écrit:Excellent humour de deuxième degré, cher Bouffon !

Le SO de BfV veille :

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Message  Babalu Mer 28 Déc - 11:24

les troupes de la B vont faire la campagne Melenchon. Ils le font depuis des mois.


"La nouvelle LCR lancée il y a deux ans n'a pas su garder ses nouveaux militants encartés. Un afflux vers le parti de Jean-Luc Mélenchon a déjà eu lieu il y a un an. Et maintenant, c'est Philippe Poutou qui ne convainc pas. Au NPA, un cadre en voix de dissidence explique : "il faut regarder la vérité en face, Philippe n'aura sans doute pas ses parrainages et là, nous devrons choisir".
Il ajoute "pour beaucoup d'entre nous, le seul plan B, c'est Mélenchon". De quoi réjouir le principal intéressé.
Effectivement, un rapprochement est en cours, avec l'une des motions du NPA, celle emmenée par Fred Borras.
Il vous est sans doute inconnu, mais il représente 40% des militants du NPA. Résultat : une réunion publique conjointe est prévue à Paris, le 11 février prochain. Un appel commun sera publié fin janvier. Comme le dit Eric Coquerel, bras droit de Jean-Luc Mélenchon : "pour nous, tous les feux sont au verts !".

Conclusion : en politique comme à la guerre, faire campagne efficacement, c'est d'abord avoir des troupes. Pour diffuser la bonne parole et le programme, mais aussi pour impressionner le camp d'en face."
http://www.franceinter.fr/emission-le-carrefour-du-67-le-carrefour-du-67-du-27-decembre
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Message  Copas Mer 28 Déc - 12:39

Il suffit de lire les bulletins de la GA pour comprendre qu'ils vont vers la fusion avec le PG.

Mais auparavant ils essaieront de mener un assaut pour avoir la majorité dans le NPA, assaut construit sur leurs manœuvres pour empêcher le NPA d'avoir un candidat à la présidentielle.

C'est compréhensible quand on lit les discussions qu'ils mènent avec ce parti et les alternatifs.

Puisque c'est le fil lié au débat stratégique : il s'agit bien simplement d'un ralliement au réformisme nomenclaturiste institutionnaliste (socialisme par en haut, etc). Rien d'autre. Par delà des verbiages ronflants.

Face à cela, il s'agit maintenant de reconstruire et de donner des fondements stratégiques profonds, novateurs quand il le faut.

Ce qui a manqué au NPA, face aux partisans de l'union avec le nomenclaturisme, c'est bien une percée stratégique. Nous n'aurions pas convaincu ceux qui veulent depuis des années s'unir avec les factions bureaucratiques sans base sociale, mais nous aurions testé et tenté autre chose.

Maintenant il s'agit d'aller vers une refondation radicale rapidement, ouvrant de nouvelles perspectives tant sur la question du développement des résistances de masse que sur la question du parti à construire.
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Message  BouffonVert72 Jeu 29 Déc - 1:33

Il vous est sans doute inconnu, mais il représente 40% des militants du NPA.
Bon, plus que 60% du Npa à convaincre... Ouf, ça avance. Cool


Copas a écrit:Il suffit de lire les bulletins de la GA pour comprendre qu'ils vont vers la fusion avec le PG.
cheers


Mais auparavant ils essaieront de mener un assaut pour avoir la majorité dans le NPA, assaut construit sur leurs manœuvres pour empêcher le NPA d'avoir un candidat à la présidentielle.

C'est compréhensible quand on lit les discussions qu'ils mènent avec ce parti et les alternatifs.
Faut arrêter la paranoïa, et être logique : soit ils quittent le Npa pour rejoindre le FG, soit ils restent au Npa. Mais ils ne vont pas mener d'assaut pour contrôler le Npa et en même temps quitter le Npa...


Puisque c'est le fil lié au débat stratégique : il s'agit bien simplement d'un ralliement au réformisme nomenclaturiste institutionnaliste (socialisme par en haut, etc). Rien d'autre. Par delà des verbiages ronflants.
Non, il s'agirait d'un rallliement (si ralliement il y a) au réformisme-de-combat qui n'a absolument rien de nomenclaturisme institutionalisé (PS-PRG). En gros : le FG est le socialisme par le milieu, pas par le haut. Le socialisme par le bas (Lcr-Npa-Lo-etc) a pu apparaître pendant qq dizaines d'années comme la meilleure idée... Mais au final on ne peut que constater l'échec total de cette stratégie... Comme le socialisme par le haut a également largement échoué, il ne reste donc plus que le socialisme par le milieu : c'est le réformisme-de-combat.


Face à cela, il s'agit maintenant de reconstruire et de donner des fondements stratégiques profonds, novateurs quand il le faut.

Ce qui a manqué au NPA, face aux partisans de l'union avec le nomenclaturisme, c'est bien une percée stratégique. Nous n'aurions pas convaincu ceux qui veulent depuis des années s'unir avec les factions bureaucratiques sans base sociale, mais nous aurions testé et tenté autre chose.

Maintenant il s'agit d'aller vers une refondation radicale rapidement, ouvrant de nouvelles perspectives tant sur la question du développement des résistances de masse que sur la question du parti à construire.
Je pense qu'il n'a rien manqué au Npa : il y avait exactement tout ce qu'il fallait pour réussir : la situation internationnale, la situation hexagonale, la grogne sociale, la médiatisation, les Principes Fondateurs, donc il y avait les fondamentaux, la stratégie, les tactiques. Tout était en place. Ca veut dire que, malgré tout, le projet du Npa est un échec. Ca n'a pas pris car tout simplement ça ne pouvait pas prendre.

Ce n'est pas grâve en soi vu qu'il existe heureusement le FG que le Npa peut maintenant rejoindre. Ce qui serait mieux serait que la direction actuel du Npa appelle aujourd'hui l'entièreté du Npa à rejoindre d'un seul coup le FG. Ca ferait un coup politique et médiatique terrible. Le fait que le Npa se déplume par petits morceaux pour entre-autres faire grossir le FG n'est à mon avis pas terrible. C'est d'un seul coup qu'il faut y aller.
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Message  Copas Jeu 29 Déc - 2:19

BfV si tu parlais un peu de politique pour changer plutôt que de sortir des trucs à deux balles pour rallier les réformistes nomenclaturistes.

L'objet de ton désir n'a jamais été capable d'obtenir la moindre réforme et quand on les a laissé faire ils ont mené des politiques au service des bourgeois et contre les travailleurs. C'est presque une loi de la nature. C'est comme ça la bureaucratie.

Ah sinon, c'est la droite qui a reculé dans le NPA, pas la gauche...

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Message  Vals Jeu 29 Déc - 4:51

Copas a écrit:Il suffit de lire les bulletins de la GA pour comprendre qu'ils vont vers la fusion avec le PG.

Mais auparavant ils essaieront de mener un assaut pour avoir la majorité dans le NPA, assaut construit sur leurs manœuvres pour empêcher le NPA d'avoir un candidat à la présidentielle.

C'est compréhensible quand on lit les discussions qu'ils mènent avec ce parti et les alternatifs.

Puisque c'est le fil lié au débat stratégique : il s'agit bien simplement d'un ralliement au réformisme nomenclaturiste institutionnaliste (socialisme par en haut, etc). Rien d'autre. Par delà des verbiages ronflants.

Face à cela, il s'agit maintenant de reconstruire et de donner des fondements stratégiques profonds, novateurs quand il le faut.

Ce qui a manqué au NPA, face aux partisans de l'union avec le nomenclaturisme, c'est bien une percée stratégique. Nous n'aurions pas convaincu ceux qui veulent depuis des années s'unir avec les factions bureaucratiques sans base sociale, mais nous aurions testé et tenté autre chose.

Maintenant il s'agit d'aller vers une refondation radicale rapidement, ouvrant de nouvelles perspectives tant sur la question du développement des résistances de masse que sur la question du parti à construire.

C'était donc une excellente idée de flinguer la LCR , qui, au moins à sa manière, représentait encore une tradition et même de très loin, une perspective révolutionaire......

Résultat....NPA .....!...et c'est pas très réconfortant....et c'est simplement du boulot en plus pour remonter la pente savonnée par vos ex-amis un peu trop démoralisés et prêts à se vendre au PS (Rien de nouveau cependant...)
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Message  Roseau Jeu 29 Déc - 5:34

Les réformistes qui passent par petit et gros Picquets dans le FG étaient largement dans la LCR,
ce n'est pas le NPA qui les a créés.
Ils sont le fruit naturel et inévitable des années de démoralisation.

C'est dans les luttes que peut se construire dans les années qui viennent le parti révolutionnaire,
malgré les vieux partis réformistes du passé,
qui seront toujours alimentés par la domination idéologique bourgeoise.
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Message  Babalu Ven 30 Déc - 18:59

Europe Solidaire Sans Frontières] - http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23856
Français > Politique > Stratégie
SOCIALISME MAINTENANT !
Notes préparatoires à la discussion du Comité international (CI) de la Quatrième Internationale
SABADO François
25 décembre 2011
La cohésion programmatique que nous avions au siècle dernier, ou peut être que nous croyions avoir, et qui était la force des trotskystes, chaque courant à sa manière, ne peut répondre aux défis du 21e siècle. Nous sommes confrontés à une certaine perte de substance, programmatique, politique, stratégique. Toutes sortes d’éléments fondamentaux pour construire une formation politique que l’accélération de l’histoire met à mal aujourd’hui pour les révolutionnaires.

« Le résultat d’une crise longue et générale, c’est souvent de clarifier la carte du monde »
Fernand Braudel

1. La crise a déjà plus de 4 ans et elle va durer. Elle est générale, globale. Elle est économique, financière sociale, écologique, mais sa spécificité, c’est sa conjonction avec un basculement du monde.

2. Le premier point, c’est de prendre la mesure de ce basculement. Ce n’est pas un changement ou un déplacement conjoncturel avec un retour à la normale, après la crise… Pour mesurer l’ampleur du changement, on peut prendre comme référence les basculements où les centres de gravité de l’économie mondiale changent, comme en 1760-1780 entre les Pays-Bas et l’Angleterre ou après l’entre deux guerre entre l’Angleterre et les USA… Sauf que là, c’est un changement non seulement continental mais un changement de monde au sens économique, social, politique culturel… C’est un changement où l’Occident — Europe et Etats-Unis — qui a dominé le monde depuis la découverte de l’Amérique perd son hégémonie au profit de nouvelles puissances émergentes ou de vielles puissances qui retrouvent leur force 4 ou 5 siècles après...

3. Dans ces nouveaux rapports mondiaux, l’Europe décline, les USA perdent leur hégémonie économique mais pas encore politico-militaire. Beaucoup dépend des développements de la crise aux USA. Mais la part des pays du G7 dans le PIB mondial qui était de 56 % du PIB au début des années 1980 n’est que d’environ 40 % en 2010. Les prévisions indiquent que les courbes entre les ex G7 et les BRIC [1] vont, même se croiser dans la décennies et en termes de revenu moyen par habitant. Cela peut se faire dans les 2030-2040. Les indications de croissance de ces dix ou 15 dernières années — autour de 8 à 12 % pour la Chine et l’Inde contre 1 à 2 % pour l’Europe ou 2 à 3 % pour les USA — ou en termes de réserves mondiales indiquent aussi des changements profonds.

4. Ces rapports risquent d’être confirmés par l’approfondissement de la crise aux USA et en Europe. Aux USA, l’endettement ne peut plus compenser la baisse des salaires. Sous consommation et surproduction se nourrissent, l’une et l’autre. Les tendances à la surproduction dans une série de secteurs se confirment, et pas seulement dans l’immobilier, mais dans l’ensemble du secteur manufacturier. Le chômage se maintient ou augmente. Les plans d’investissements d’Obama n’ont pas relancé la machine. Contrairement à des déclarations, ici ou là, il n’ y a pas eu de tournant keynésien. Il n’y a pas eu de tournant keynésien parce qu’il n’ y a pas eu de rapport de forces avec un mouvement ouvrier suffisamment fort pour imposer des compromis sociaux aux capitalistes. Mais surtout, parce qu’il ne faut pas oublier que ce qui a relancé les USA et l’Europe après la crise des années 1929-1935, c’est la guerre et pas les recettes keynésiennes.

Du coup, malgré tous les discours sur la moralisation du capitalisme, c’est la financiarisation qui continue à dominer, comme réponse capitaliste à la baisse du taux de profit industriel. Résultat, le processus de désindustrialisation se poursuit. L’économie USA tient, aujourd’hui, grâce à la force du dollar, au rôle de la banque fédérale qui continue à injecter des liquidités et au fait que la monnaie américaine reste la référence pour l’achat des bons du trésors et obligations par les fonds souverains chinois, japonais et des pays du Golfe. Enfin, les USA gardent l’hégémonie politico-militaire mais avec un recul par rapport au début des années 2000 — échec en Irak, en Afghanistan, moindre capacité d’intervention face aux révolutions arabes. Leur objectif, c’est maintenant de se préparer à renforcer leur présence comme puissance pacifique !

5. Mais c’est en Europe que la crise peut prendre des formes de crise d’effondrement. Le fond ce sont des positions de faiblesses dans la compétition mondiale. L’Allemagne reste un des principaux pays exportateur — 47 % du PIB, Japon 17%, Chine 15 % —, mais elle est aussi touchée par la contraction du marché mondial. Aussi, pour répondre à la concurrence mondiale, les classes dominantes européennes veulent liquider ce qui reste du « modèle social européen ». Il y a encore trop de social, il faut le démanteler. C’est l’explication de l’offensive spéculative sur les marchés européens. Les « marchés », mais ce sont des réalités matérielles, les banquiers, les dirigeants de fonds pensions, les dirigeants des multinationales exigent l’augmentation du taux de plus-value, par la baisse des salaires, la liquidation de la sécurité sociale et l’augmentation du temps de travail. D’où la brutalité des politiques d’austérité — s’adapter au marché mondial de la force de travail tiré par les rapports sociaux des puissances émergentes — ce qui implique la baisse du pouvoir d’achat de 10 à 15 points sur les années qui viennent.

Mais en plus , et c’est ce qui donne un caractère aiguë , explosif à la crise et qui peut déboucher sur l’effondrement, c’est le type de construction politique qu’a connu l’Europe : avec les divergences ou trajectoires de divergences économiques entre divers pôles de l’UE : Allemagne et cercle Allemagne-Pays-Bas, Autriche, nord Europe et la périphérie du sud de l’Europe — les « PIGS » avec Irlande — avec la France au centre. Les rapports franco-allemands expriment la réalité économique, politique et institutionnelle de l’Europe mais sans État, sans direction, sans plan de développement ni de résistance à la crise.

La situation actuelle montre une fois de plus l’incapacité historique des bourgeoisies européennes à unifier l’Europe. La dislocation est possible mais on réfléchit déjà à la vielle idée de Balladur, une Europe à cercles concentriques : l’Allemagne et les pays les plus riches, le sud et certains pays d’Europe de l’Est ou du Sud-Est. Le problème, c’est la France et l’Italie, car si l’Italie lâche, c’est l’Europe qui lâche. Ils veulent les arrimer à l’Allemagne, ce qui exige des plans d’austérité d’une grande brutalité… Mais cette situation annonce un enfoncement dans la crise , avec une croissance autour de 1 point. Cela va durer mais avec des risques d’explosions sociales de situations pré-révolutionnaires comme en Grèce. D’autant que, sur le plan politique, le caractère anti-démocratique de l’UE se double avec le développement de tendances autoritaires organiquement liées à l’intervention des marchés financiers. Les chefs de gouvernement imposés par l’UE en Italie et en Grèce en sont ainsi une indication. Les renforcements des droites et de l’extrême droite expriment cette marche vers des solutions autoritaires. On ne peut plus exclure des alliances des partis de la droite parlementaire ou des secteurs de celle-ci et de l’extrême droite. Plus que jamais le marché, ce n’est pas la démocratie, au contraire.

Là, j’aborde déjà un problème d’orientation sur la politique vis-à-vis de L’UE. Dans ce contexte, il faut combiner une politique de rupture avec l’UE, de désobéissance aux traités et pas de réforme de l’UE. Le problème, c’est de savoir ce qu’on oppose à cette crise de l’Europe : la démondialisation, le protectionnisme national ou européen, la sortie de l’euro ou bien la rupture et un processus constituant avec une nouvelle politique internationaliste sociale, démocratique au service des travailleurs. Reprendre la perspective des Etats-Unis socialistes d’Europe.

Mais ce positionnement général ne règle pas le problème. Exemple en Grèce : L’explosion de la Grèce et la sauvagerie des attaques de l’UE conduisent à analyser ce pays de la périphérie comme une nouvelle colonie et du coup, l’absence de solidarité européenne avec les Grecs plus les traditions historiques nationalistes de la gauche grecque débouchent aujourd’hui sur le fait que la gauche grecque — gauche Syrisa et Antarsya — demandent la sortie de l’euro intégrée dans un programme anticapitaliste.

6. Dans cette économie mondiale intégrée, est ce que la Chine peut sauver l’économie mondiale ? Il y a-t-il découplage entre le développement chinois et l’économie mondiale ?

Les prévisions de développement du PIB croiseront, entre 2020 et 2030, celui des USA. C’est considérable. Déjà, deuxième économie mondiale avant le Japon, elle est devenue, en 2010, la première puissance manufacturière du monde avant les USA (production de 19,8 % de la production de la planète pour la Chine et 19,4% pour les USA).

Pour le PIB par habitant, il faut différencier les différentes zones de la Chine. Les régions côtières qui sont déjà à un niveau du PIB par habitant (pour comparer, le PIB du Brésil est de 10 000 dollars par habitant) entre 5 000 et 10 000 dollars par habitant, Pékin et Shangaï sont à 10 000 dollars par habitant, le centre est à moins de 5000 dollars par habitant. Le PIB total de la Chine se monte à 6000 milliards de dollars. Mais la Chine est une puissance impérialiste en formation, sur le plan militaire, sur le plan de l’exportation des capitaux, sur l’échange inégal avec les pays d’Afrique ou d’Amérique latine, en particulier l’achat de millions d’hectares de terres agricoles.

Cette force de la Chine n’est pas suffisante pour relancer l’économie mondiale ou américaine par une production de masse et consommation de masse autour de tel ou tel secteur de productions. L’économie chinoise reste très déséquilibrée entre un taux de consommation/PIB très bas (35 % du PIB) alors que les USA , c’est 70 % , l’Inde 60 %, la moyenne mondiale 60% et un taux d’investissement de 45 % (les USA ne sont qu’ à 15 % la moyenne mondiale est de 22%).

Du coup, la Chine reste très dépendante du marché mondial et de l’exportation, sa priorité c’est de constituer son marché intérieur, avec la nécessité d’augmentation des salaires, et un minimum de sécurité sociale. D’où un processus de luttes pour les salaires, pour la défense de meilleures conditions d’habitat qui commence en Chine

A la question du découplage, il faut là aussi prudent, vu l’interdépendance des économies nationales dans la globalisation, mais là aussi, jusqu’ à ce jour la crise à l’ouest, peut ralentir ou baisser de 1 à 3 point les taux de croissance mais ne remet pas en cause la tendance lourde du développement.

Deux remarques conclusives :

• L’économie chinoise ne peut encore remplacer l’Europe et les USA. Elle reste trop déséquilibrée

• Mais , en tendance lourde, la croissance est encore autour de taux de 10 points ce qui accroit l’écart de développemnt avec les autres continents.

7. Dans cette crise, la carte du monde se redessine ; la compétition fait rage. On ne peut pas expliquer la crise européenne sans ce basculement du monde. Ils veulent aligner le marché du travail européen sur le marché mondial. De nouveaux rapports mondiaux émergent. Nous avons parlé des rapports entre la Chine et les USA, mais l’Amérique latine est marquée aujourd’hui par la puissance brésilienne, et secondairement argentine. Le retour sur la notion de sous-impérialisme traduit cette montée en force du Brésil. Ce pays est aujourd’hui le pivot de l’économie latino-américaine avec ses grandes multinationales, Petrobras, Gerdau, avec ses grands projets hydro-électriques, avec ses puissances financières. Dans les rapports imbriqués mais conflictuels entre les USA et le Brésil, le Brésil a marqué une série de points. Dans les rapports entre les 3 grandes voies ou type de régime : droite réactionnaire avec la Colombie et le Mexique, la voie nationaliste anti-impérialiste (Vénézuela, Équateur, Bolivie) et l’autre Amérique de Lula et Kirchner, c’est cette dernière qui domine largement. On ne pouvait pas le dire il y a 7-8 années.

8. Dans ce contexte quelle est la situation du mouvement ouvrier, de la gauche ? A cette étape, plus de 4 années de crise, il n’y a pas eu de riposte à la hauteur des attaques capitalistes.

Alors la crise provoque, réactions, résistances, luttes, grèves voire situations pré-révolutionnaires comme en Grèce. Il y a de nouveaux mouvements comme les Indignés mais il y a un décalage entre l’explosivité de la situation et la traduction politique, organique de ces mouvements : pas de renforcement des syndicats, des partis réformistes, de la gauche radicale, de la gauche révolutionnaire ou de courants de gauche dans les organisations ou alors, ni même émergence de nouvelles organisations. Il y a de nouvelles formes d’organisation, mais elles sont pour le moment trop instables. Plus, c’est-à-dire depuis le début des crises capitalistes, il n’y a jamais eu, en même temps, une crise aussi profonde du système capitaliste et, un mouvement ouvrier aussi faible face à ce type de crise, à l’exception des conjonctures où le mouvement ouvrier est physiquement liquidé par le fascisme ou les dictatures militaires.

Plusieurs facteurs pèsent sur la situation du mouvement ouvrier :

a) Les contre réformes libérales, depuis la fin des années 1970, à l’échelle mondiale ont provoqué un processus de restructuration de la force de travail, son individualisation, sa précarisation, le recul des droits collectifs, l’affaiblissement des organisations syndicales. La désindustrialisation a liquidé des dizaines de concentrations ouvrières. Sans compter le secteur dit « informel ». Les ouvriers et les employés forment plus de 60 % de la population active mais ce n’est pas la même structure sociale. En Chine ou dans d’autres pays d’Asie, l’industrialisation conduit à une expansion sans précédent du prolétariat mais nous ne sommes qu’au début d’une organisation de mouvements indépendant du salariat, et là aussi, à cette étape, il n’y a pas de synchronisation des syndicats ou associations ou partis en Europe, USA et en Asie. Là, il y a reculs à l’Ouest et seulement débuts fragiles à l’Est.

b) Le bilan du siècle passé, notamment celui du stalinisme ou pour des millions de gens, il y a eu identification du stalinisme avec le communisme. Le 20e siècle s’est terminé sur la globalisation capitaliste néolibérale. Cela pèse sur les problèmes d’une formation d’une conscience socialiste révolutionnaire.

c) L’évolution des partis et organisations sociaux-démocrates qui connaissent une mutation social libérale. Elles gardent des liens historiques avec la socual-démocratie. Elles sont des forces d’alternance donc elles doivent se distinguer des partis de droite, en fonction là aussi des spécificités nationales, mais elles sont totalement intégrés à la gestion de la crise. Il n’ y a pas de différences entre un Hollande, un Papandreaou, Zapatero, Socrates, et les dirigeants de la droite européenne. Les processus de primaires et les ressemblances avec le parti démocrate nord américain vont dans le même sens. Des partis de moins en moins ouvriers et de plus en plus bourgeois. Quand aux partis post-staliniens, ils sont réduits à suivre les partis sociaux-démocrates ou de résister en essayant d’avoir une politique, dite « antilibérale » mais de gestion de l’économie et des institutions capitalistes. Mais comme le PS va tellement à droite, il laisse un espace pour ces formations qui peuvent jouer un rôle tant qu’elles ne sont pas obligées d’aller directement au gouvernement : Voir résultats de la gauche unie en Espagne, demain les résultats du KKE et de Syriza ou du PCP ou du front de gauche en France.

d) Cette combinaison d’affaiblissement du mouvement ouvrier face à plus de trois décennies d’attaques néolibérales + la politiques des directions de la gauche donne les marges de manœuvre à la bourgeoisie mondiale pour « gérer la crise » en augmentant les positions des marchés financiers et en approfondissant les attaques contre les classes populaires voire même, dans les BRIC, en améliorant la situation matérielle de millions de gens. On ne peut pas comprendre, par exemple, le développement de la puissance brésilienne sans la mutation qualitative du PT en parti social-libéral avec Lula. Et, réciproquement, le fait que le PT tienne les rênes du pouvoir brésilien ne s’explique pas sans l’émergence de la puissance brésilienne. Il y a toujours, pour le capital, une issue pour sortir de la crise s’il n’y a pas de solutions ouvrières. Le problème c’est que le coût social, écologique, humain est de plus en plus terrible.

e) C’est aussi dans ce cadre, que je voudrais revenir sur les processus révolutionnaires dans le monde arabe. D’abord ce sont des révolutions, dans le sens, où les « masses vont irruption sur la scène sociale et politique », des révolutions démocratiques et sociales. Mais là aussi, il y a un décalage entre le processus révolutionnaire et sa traduction politique « démocratique et sociale ». La poussée des masses est là, et elle va continuer, mais la conjonction de la destruction de décennies de dictature, les défaites du nationalisme arabe et des gauches nationalistes ou socialisantes, les effets des réformes néolibérales, l’accumulation de forces par les mouvements islamistes. Tout cela débouche, à cette étape, sur les victoires électorales des islamistes, avec la bienveillance ou le soutien des puissances impérialistes et l’intervention active des pays du Golfe, comme le Quatar. Mouvements islamistes qui connaissent aussi des processus de différenciation entre les tenants du modèle AKP turc et les salafistes, il y a toute une gamme de courants réactionnaires.

Mais la poussée démocratique est là. Elle va continuer à travailler dans le monde arabe. Elle donne naissance à de nouvelles organisations syndicales indépendantes comme en Égypte. ou à un regain de force à la gauche. Mais cela pèse beaucoup moins dans la balance du rapport de forces que les mouvements islamistes.

f) Mais ces « décalages » ou « désynchronisations » entre la résistance sociale et la faiblesse de forces de gauche radicale, n’est elle pas une donnée de la nouvelle période que nous vivons. Si nous posons les problèmes en termes de basculement du monde dans une nouvelle période historique après plusieurs siècles de domination de l’Europe et des USA, s’il y a des changements structurels du capital à l’échelle mondiale, une nouvelle place des états-nations dans la globalisation, une crise structurelle de la démocratie parlementaire, une tendance à l’intégration des syndicats — Trotsky évoquait déjà cette tendance en 40 — une marche vers des régimes autoritaires.

Tout cela ne peut-il pas ne pas avoir des conséquences sur la réalité du mouvement ouvrier, la place des partis ? N’y a t-il pas une fin de cycle historique pour le mouvement ouvrier européen tel qu’il s’est configuré à la fin du XIXe siècle et tout au long du 20e siècle ? La globalisation et la crise de l’État nation ne sapent-elles pas la base des partis et syndicats tels qu’ils se sont formés au cours de ces décennies ? Nous sommes toujours et plus que jamais au temps du capital, temps du capital qui nourrit la luttes de classes, ses résistances , ses organisations, mais le plus probable, c’est que vont émerger de nouvelles organisations qui auront bien entendu des liens avec le vieux mais seront fondamentalement nouvelles et surtout formées de nouvelles générations.

g) Et, il y a aussi une responsabilité historique des révolutionnaires, et plus particulièrement des trotskystes : Nous avons préservé une ligne de résistance, de front unique contre la crise ou l’austérité, des références au programme révolutionnaire. Mais nous sommes tiraillés entre le retour à la gauche révolutionnaire classique — l’extrême gauche des années 1960 ou le maintien de mouvements issus des années 1930 — et la pression d’organisations ou courants réformistes de gauche.

Nous avions déjà discuté la nécessité historique de sortir d’une situation où nous nous considérions comme « l’opposition de gauche au stalinisme ». Le stalinisme s’est effondré, mais attention, il y a encore des partis post-staliniens même s’ils sont considérablement affaiblis. Mais nous n’arrivons pas à sortir de conceptions marquées par cette situation d’opposition de gauche. Nous avons du mal à prendre toute la dimension d’une réorganisation d’ensemble du mouvement ouvrier et social. Nous avons des difficultés à redéfinir un projet indépendant et qui en même temps nous permette de faire de la politique. Nous avons du mal à formuler un projet indépendant sur le long terme.

Cela renvoie aussi à repenser un programme pour le 21e siècle : La IVe Internationale a commencé à réfléchir sur la nécessité d’un nouveau programme écosocialiste. Nous en sommes au début et on voit les répercussions d’une telle démarche sur la sortie du nucléaire, par exemple. Quelles implications pour reformuler un programme de transition ?

Reprendre la discussion sur la question de la démocratie, les rapports entre démocratie directe et démocratie représentative, entre la démocratie des usines et celle des communes et sur les axes stratégiques d’une conquête du pouvoir par les travailleurs, bref les grandes lignes d’un projet d’émancipation, avec au centre l’auto-activité des travailleurs ?

La cohésion programmatique que nous avions au siècle dernier, ou peut être que nous croyions avoir, et qui était la force des trotskystes, chaque courant à sa manière, ne peut répondre aux défis du 21e siècle. Nous sommes confrontés à une certaine perte de substance, programmatique, politique, stratégique. Toutes sortes d’éléments fondamentaux pour construire une formation politique que l’accélération de l’histoire met à mal aujourd’hui pour les révolutionnaires.

Plus de questions que de réponses.

François Sabado

[1] Brésil, Russie, Inde, Chine auxquels ont peut rajouter l’Afrique du Sud.
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Message  gérard menvussa Lun 2 Jan - 16:51

Dix thèses pour la reprise du projet anticapitaliste

JOHSUA Samuel
1er janvier 2012


Thèse 1
L’impact dérisoire des partis révolutionnaires en Europe (malgré la visibilité de la crise systémique du capitalisme et ses effets cumulés) est un des traits majeurs à prendre en compte pour une perspective émancipatrice. Ceci renvoie à plusieurs éléments, probablement liés entre eux, et qu’il est difficile de hiérarchiser à cette étape.

- L’impasse des perspectives de changement de société après la chute du Mur et les conditions qui y ont présidé. Cela touche aux modalités pour y parvenir. Et au type de société à bâtir. Que ce soit quant à son fonctionnement économique, à son rapport au développement des forces productives et à la question écologique, ou quant aux modes de pouvoir populaire démocratique. On ne cesse de mesurer ce que le désastre stalinien continue à produire comme effets de rejet, de frein à l’idée même de révolution socialiste et de limite aux horizons d’imagination vers un autre monde possible. Mais on ne saurait s’en tenir là. En effet, les peuples ont bien perçu qu’au-delà des effets délétères du stalinisme, l’effondrement de l’URSS pose aussi question du modèle remontant à Octobre 17, qui doit aujourd’hui être repensé.

- La combinaison de la crise sociale et de la crise écologique, avec des temporalités propres éventuellement difficiles à accorder, alors même que l’on enregistre l’échec de la Conférence de Durban.

- Le basculement du monde, avec le rééquilibrage rapide des rapports de force mondiaux entre les principales zones, les pays émergents apparaissant de plus à l’heure actuelle comme les principaux soutiens du capitalisme à l’échelle mondiale. Et par ailleurs l’établissement d’un « capitalisme sans dehors » pour la première fois dans l’histoire.

- La nature nouvelle de la domination du capital mondialisé, avec la mise en concurrence généralisée entre forces de travail nationales, comme au sein de chaque pays. La financiarisation des économies en est un des traits majeurs, à la fois économique et politique, surdéterminant le reste, ce qui apparaît dans toute sa clarté avec le développement de la crise actuelle. Ceci va de pair avec l’accentuation de la destruction des cadres démocratiques bourgeois traditionnels où se construisaient les compromis de classe. Avec un élément accentué dans des proportions majeures qui est que les centres de pouvoir sont de plus en plus dé-territorialisés alors que les luttes, inévitablement, sont pour l’essentiel locales et territorialisées.

- La modification quantitative et qualitative du prolétariat. Avec d’un côté une augmentation numérique à un rythme jamais encore observé et sa féminisation ; un éclatement généralisé de l’autre (même si l’on peut aussi observer des contre tendances).

- Les conditions très négatives des rapports de force fondamentaux entre les classes, sans que l’on sache si ces données, présentes depuis des décennies, sont appelées à durer encore longtemps ou si un basculement favorable peut s’opérer. Ceci alors que d’un côté on entre dans une phase de durcissement supplémentaire des politiques capitalistes en Europe, mais que de l’autre la peur est la réaction première face à un sentiment de la fin d’un monde et que domine en particulier celle du chômage.

- La mutation de la social-démocratie. Il ne s’agit pas seulement de l’abandon du thème de la lutte des classes ou de toute perspective de socialisme, mais de l’intégration dans un schéma commun néo-libéral. Nous sommes très près du fonctionnement américain, avec deux grands blocs que ne séparent plus que des nuances. Les masses n’ont plus vraiment le choix, leur révolte ne pouvant guère avoir de débouché électoral. C’est soit accepter le système tel qu’il est, soit s’engager dans une rupture fondamentale, laquelle apparaît malheureusement pour l’instant hors de portée. Jusqu’à quel point cette mutation de la social-démocratie est-elle le résultat de la résignation des masses ? Jusqu’à quel point au contraire crée-t-elle cette résignation ? Et quelles sont les relations entre ces deux possibilités ?

Thèse 2
Un des éléments majeurs à souligner dans ce cadre général est rappelé dans la Thèse 1, celui de l’extension du prolétariat. Sans que pour autant son unité de classe, comme la confiance en lui-même, ne se renforcent, au contraire. Ceci est lié aux autres interrogations décrites dans la Thèse 1, mais pas seulement. Sans disparaître, la question de l’alliance de classes (prolétariat, paysannerie, classes intermédiaires) comme condition de la révolution laisse progressivement la place partout à une autre question fondamentale. Celle de l’unification du prolétariat lui-même, malgré ses divisions, qui plus est volontairement renforcées par le capitalisme dans sa phase néo-libérale. A cela s’ajoute la nécessaire prise en compte de la multiplicité d’appartenances (et des oppressions éventuelles qui leur sont liées) pour chaque prolétaire concret. Questions de genre, d’orientation sexuelle, de nationalité, de racismes, de générations, etc… Conformément à la vision de Gramsci, il n’y a pas de lutte révolutionnaire possible si non seulement la classe des prolétaires ne se construit pas comme telle, mais encore - et comme condition pour y parvenir – si elle ne s’élève pas à la tâche de poser concrètement la question d’une émancipation universelle.

Thèse 3
Ces éléments (et d’autres encore) éclairent un fait patent : le manque de fonctionnalité des groupes révolutionnaires traditionnels, comme aussi une inadéquation plus ou moins partagée de leur logiciel de compréhension et d’analyse. La crise, comme l’anémie pour l’instant de la réaction populaire au regard des coups reçus, viennent alors mettre à vif ces faiblesses. Avec la difficulté pour ces groupes à se révéler d’une utilité visible dans une période où pourtant leurs analyses quant aux contradictions et à la nocivité du capitalisme se vérifient amplement.

Thèse 4
La crise multiforme du capitalisme (dont ses dimensions économiques, sociales, écologiques) produit, en particulier dans toute la zone euro et nord américaine, des rejets de plus en plus visibles et qui ont tendance à se radicaliser. Il existe parallèlement des modifications de fond dans les pays arabes, même si leur dynamique n’est pas encore jouée. Avec des mouvements type Indignés, les résistances et les dénonciations ont pris le relais des premières mobilisations altermondialistes des années 2000. Que ce soit en Europe, avec le cas avancé de la Grèce, proche de ruptures de type pré-révolutionnaire, et où s’est opérée une jonction partielle avec les forces plus traditionnelles du mouvement syndical. Que ce soit aux USA, ou en Israël, et, avec d’autres coordonnées encore au Chili. Sous une forme et avec des contenus amplifiés socialement, durcis politiquement, étendus idéologiquement. Tant que le système capitaliste restera en crise profonde, on peut supposer que ceci ira en rebondissant et en s’élargissant. Cependant, malgré ces évolutions très importantes, deux traits sont à noter. Le premier concerne la perspective globale, puisque nulle part ne surgit une réelle demande de masse d’une société socialiste. Ceci doit être mis en relation en particulier avec l’obscurcissement plus fondamental que nous vivons quant à la perspective anticapitaliste et socialiste. Le deuxième trait limitatif est l’inexistence de constructions politiques inédites issue de ces nouvelles résistances, qui viseraient non seulement à contester le pouvoir en place, mais à le remplacer.

Thèse 5
Ces limites ne peuvent être surmontées par un seul processus d’élaboration interne aux anciens cadres de l’extrême gauche traditionnelle, ni par l’invention de modes de fonctionnement nouveaux de celle-ci. Et, plus généralement, pas plus par la seule refonte interne des fondements du mouvement ouvrier traditionnel au sens le plus large. Seules les potentialités révélées par les nouvelles formes de lutte et de résistance seront éventuellement à même d’y parvenir, si toutefois leurs limites parviennent à être surmontées. Il en découle un élément majeur : seul un ressourcement à leur contact sera, tout aussi éventuellement, à même de donner une fonctionnalité réélaborée aux forces révolutionnaires. En même temps, les héritages majeurs du mouvement ouvrier (en particulier dans les pays de vieille tradition de lutte syndicale), les lignes communes de réflexion, les cadres de regroupement de masse, les fondements historiques de la gauche d’une manière plus générale : tout ceci sera indispensable à l’élaboration de projets stratégiques nouveaux (contenus des résistances, principes généraux de la société nouvelle à bâtir, formes de lutte et d’organisation pour y parvenir).

Thèse 6
Le NPA a échoué à tenir la ligne de crête entre ces deux nécessités soudées et indispensables. Soit, d’un côté la plongée décidée dans les nouvelles formes de lutte, de pensée et d’organisation. De l’autre le lien avec des formes de lutte politique plus classiques. Dont celle des partis (avec la part de compromis que cela suppose entre certains d’entre eux), dans lesquels, même s’ils s’y reconnaissent de moins en moins, des fractions majeures des masses continuent à souscrire lors des échéances principales. Et, entre les deux, la présence dans (et l’animation de) structures associatives anciennes ou renouvelées. Au premier chef celles du mouvement syndical. Celui-ci est affaibli et de plus en plus intégré aux politiques libérales, mais il demeure un cadre irremplaçable de mobilisation de masse à cette heure (en particulier en France).

La nécessité d’une force anticapitaliste, révolutionnaire, écosocialiste doit être confirmée. Ce qui ne signifie nullement une force isolationniste, mais au contraire un centre d’initiative unitaire dans les combats sociaux et politiques. C’est que seule une telle force peut lier les combats antilibéraux d’urgence avec une nécessaire perspective de rupture systémique, engageant (et s’appuyant sur) l’auto-activité et l’auto-organisation de masse. Elle seule peut, en conséquence, lutter de manière conséquente pour donner une assise populaire et démocratique aux combats nécessaires, basée sur l’auto-activité. Avec la responsabilité de lier les héritages de l’ancien mouvement ouvrier avec les nouvelles formes de radicalisation et de rupture. Sur la nature de cette force, le questionnement est ouvert, étant donnée la crise des formes « partis » héritées du siècle dernier. Mais quelle que soit la réponse donnée à cette interrogation, l’existence d’une telle force est indispensable. Comme l’est, en conséquence, la poursuite acharnée du combat pour le regroupement dans une structure unifiée de tous les courants anticapitalistes conséquents.

Thèse 7
La crise, sous son versant économique ou/et écologique, fournit désormais un substrat de longue durée pour poser les nouvelles questions auxquelles est confrontée une perspective d’émancipation anticapitaliste. Il nous faut donc, pour les années à venir, nous y confronter avec de nouvelles responsabilités. La crise va séparer, et de plus en plus, celles et ceux qui s’attacheront à la gérer dans le cadre du système (et donc à en faire payer le prix aux peuples) et celles et ceux qui, en s’y refusant, chercheront à bâtir une autre issue. Ceci dessine un espace à l’intérieur duquel il sera possible (et nécessaire) de se confronter aux défis nouveaux décrits dans les thèses précédentes. Dans ce cadre, les analyses en terme de « deux gauches », du refus des alliances gouvernementales et parlementaires sous direction de la social-démocratie libérale, vont prendre un caractère encore plus fondamental.

De plus, et en particulier en Europe, nous sommes face à une profonde crise démocratique, où ce qui n’était qu’une tendance apparaît maintenant de façon éclatante. Les agences de notation font tomber les Etats, les marchés chassent les gouvernements – Grèce, Italie, etc. – la technostructure européenne domine plus que jamais, les budgets nationaux seront sous le contrôle des fonctionnaires européens, la révision des traités européens est décidée à Bruxelles, etc. En contrepoint, et en conséquence, cela se combine avec une importance encore plus grande donnée aux luttes en dehors des cadres institutionnels traditionnels. Certes ceci ne dessine pas par soi-même une réponse crédible à la question des moyens à définir pour parvenir à bâtir un nouveau pouvoir (et pas seulement contester l’actuel et lui résister). Pour cela, il faudra que s’éclaircissent les questions de fond posées aux thèses 1, 2, et 4. Néanmoins cela indique dans quel cadre de lutte chercher et avec qui.

Thèse 8
Il faut s’engager en conséquence dans une lutte tenace pour le rejet des effets des crises capitalistes et contre ce qui les produit. A défaut, les risques de glissements chauvins et de renforcement majeur de l’extrême droite sont patents. Il faut donc se placer dans le cadre d’une lutte opiniâtre pour des regroupements anti-crise, avec des dimensions sociales, écologiques, politiques, institutionnelles en particulier à l’égard de l’Europe. Cela doit devenir un objectif central de moyen terme, à travers lequel se reconstituent des forces pour un nouveau développement d’une alternative anticapitaliste et écosocialiste, et le renouvellement de ses fondements.

Thèse 9
En Europe la crise de la dette peut s’emballer dans des proportions inédites, jusqu’à remettre en cause la zone euro, voire l’euro lui même. Si c’est le cas, les conditions de la constitution d’un espace populaire anticrise en seront bouleversées, mais sa nécessité encore renforcée. En attendant de juger des développements européens, il faut dans l’immédiat porter attention en particulier aux points suivants :

- L’élaboration d’un plan de sortie de crise, à l’échelle nationale et européenne, multiforme, social et écologique. Entre la rupture écosocialiste et la situation actuelle, il y a un vaste espace (immense en réalité). C’est celui que la plupart des salarié-e-s espèrent voir remplir. Il faut une autre perspective de gouvernement, et il est relativement aisé de dire ce qu’un gouvernement simplement au service des travailleurs devrait faire. En premier lieu mettre au pas la finance, bâtir un grand secteur public, sauvegarder l’emploi, engager les principales mutations écologiques, répartir autrement les richesses. Sans rien céder au repli nationaliste, il importe de ne pas se lier les mains en soumettant toute évolution radicale possible à un changement préalable coordonné en Europe. Sans rompre de son propre chef les liens européens, un tel gouvernement engagerait de suite cette politique en rupture avec les traités, déjà à l’échelle du pays, et en comptant sur la force d’entraînement. Rien de plus simple à écrire, mais évidemment, rien de plus difficile à obtenir. Seule l’irruption des masses sur ce terrain où se joue leur avenir pourra changer les choses.

- La question démocratique doit être mise en avant, elle qui constitue un des ciments majeurs des soulèvements citoyens du type « Indignés ». Qui décide, des 1% ou des 99% ? Si on ne veut pas en rester au simple constat de l’évolution antidémocratique renforcée en Europe, il faut populariser la nécessité d’assemblées constituantes que ce soit à l’échelle de l’UE ou plus immédiatement de chaque pays. Et, parallèlement, défendre nos propres axes concernant le contenu et la forme à défendre dans ces processus s’ils voient le jour. Soit, sur le plan européen, la nécessité d’une « Europe sociale », et sur la forme, au niveau local ou continental, des assemblées avec droit de révocation référendaire, sans professionnalisation, avec des niveaux de revenus des élus ramenés au niveau des salaires moyens, etc…

- Renvoyer ces tâches d’élaboration sociale, écologique, démocratique non à un cénacle d’experts mais aux forces - formalisées ou non, collectives ou individuelles - engagées dans la constitution d’un espace populaire anticrise. Et si possible, tout en respectant les rythmes, doter ce dernier de structures d’action unitaires de base.

Thèse 10
En France le résultat de 2012 jouera un rôle certain quant aux conditions de ce combat. Celles-ci en seront fortement déterminées. Si la droite conserve le pouvoir, on peut supposer que l’espace d’opposition à la politique drastique qu’elle mènera sera à la fois plus large et moins clair dans ses objectifs globaux. Probablement aussi les radicalisations antilibérales prendront-elles un caractère anti-institutionnel renforcé, si donc un nouvel échec électoral du PS se produit. Si Hollande l’emporte, en passant sur les quelques mois suivant sa victoire dont nul ne peut prédire les conditions précises, un espace populaire anticrise serait dans un premier temps plus difficile à dessiner. Mais il serait immédiatement la manifestation concrète des « deux gauches », à la fois sur le plan social et sur le plan politique. L’une au pouvoir, l’autre dans l’opposition. Sauf à laisser le champ à l’extrême droite, il faut mettre en avant la nécessité cruciale d’une alternative unitaire au cas où l’alternance social-libérale verrait le jour en 2012 avec la victoire de Hollande. Une opposition unitaire rassemblant toutes les forces syndicales et associatives qui résisteront à cette politique, ainsi que les forces politiques de gauche qui feront de même, sans exclusive à partir du moment où elles ne participeraient ni au gouvernement dirigé par le PS ni à la majorité parlementaire qui le soutiendrait.

Dans tous les cas nous devons privilégier les regroupements dans l’action, concrétisés dans des structures de base dès que possible. Dans tous les cas aussi la perspective de dessiner un espace populaire anticrise suppose l’existence d’une dimension affirmée purement politique. Ou alors il serait d’emblée affaibli comme il l’est dans un pays comme les USA, malgré la radicalité manifestée comme dans le cas de ce pays. C’est pourquoi il faut des formes de débats, de confrontations et de regroupement entre les forces politiques qui s’opposeront aux options social-libérales. En particulier bien entendu si ces dernières sont au pouvoir. Ceci comprend d’éventuels accords électoraux entre les forces d’opposition de gauche, sous des formes dépassant impérativement les seuls appareils existants, surtout étant données que les échéances suivantes comportent des élections municipales.

Samy Johsua
Dix thèses pour la reprise du projet anticapitaliste
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