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Indigènes de la République

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Message  MO2014 Lun 19 Jan - 1:49

verié2 a écrit:N'empêche sur tu compares de fait Bouamama à un fasciste comme Soral, tu les mets sur le même plan, du moins c'est le sens de ton message. Cette façon de caricaturer les gens et les organisations à l'extrême est pénible. Insinuer que le PIR est fasciste, ou proche des fascistes, est aussi grotesque de traiter LO de "secte raciste".

selon l'expression de leurs avocats ici même c'est pourtant clair. Il est d'ailleurs étonnant de voir que tu les considères comme des "camarades" avec qui l'on peut discuter,  comme si dans la vraie vie on discutait avec des militants de l'islamophobie... Ils montrent tous les jours leur islamophobie, ils s'en revendiquent même, en instrumentalisant un jour la laïcité l'autre le féminisme. Ces personnages douteux se servent de ce forum pour injurier ("stalinoïde", "fasciste"...) tout ceux qui combattent pour l'organisation politique indépendante des populations issues de l'immigration contre l'état colonial et impérialiste. Bref il vain de tenter de les convaincre, seul le rapport de force politique et social permettra de les écraser (si possible du pied gauche ça porte bonheur).

MO2014

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Message  Toussaint Lun 19 Jan - 5:15

Very Happy

Elémentaire, mon cher MO201. LO tient des propos racistes, se livre à des actions racistes, s'associe à des campagnes racistes, diffuse des livres et des films racistes comme des outils de formation intellectuelle, ne défend ni les femmes musulmanes visibles, ni leur droit à l'école, ni leur droit au travail, tout au plus consent-elle à leur laisser le droit d'abjurer et de se renier en se dévoilant. Tout ceci of course sous prétexte de les libérer en copiant leur source d'inspiration en la matière, l'armée coloniale de leur pays en Algérie... Mais LO ne saurait être raciste, c'est grotesque, comment pouvons-nous? Non, Sadri, Houria et Bouamama sont de fichues canailles petites-bourgeoises, démagogues, anti-ouvrières, qui utilisent la naïveté des gens qui les suivent (Ah, ce sont de grands enfants que ces indigènes...) pour les emmener à la catastrophe, des communautaristes, etc... Mais LO? Leur LO? Raciste? Ttttt mon petit indigène, vous vous égarez, ils ne peuvent être racistes, puisque ce sont LEURS camarades, contrairement à ces racailles petites bourgeoises et démagogues aux vies de rêve du PIR.

De même, non, LO n'est pas une secte. Ses militants et sympathisants disent tous la même chose sur toutes les questions, LO ne se trompe jamais, et donc ne reconnaît jamais une erreur, LO a mauvaise opinion de tout le monde et une très haute opinion d'elle-même, elle impose des codes de vie et vestimentaires à ses ouailles, etc. Evidemment elle a longtemps fonctionné autour d'un chef infaillible, dont l'avis était toujours celui de la direction du groupe... Quant à sa propension à rechercher l'unité sur quelque point que ce soit... Very Happy Nnnnon, ce n'est pas une secte, normal, ce sont LEURS camarades...

Ben il suffit de regarder LO sous un autre point de vue, mais ils ne le feront jamais, ils sont fondamentalement plongés dans la même matrice, celle du champ politique blanc. Je le sais, j'en ai fait partie, longtemps, ne te fatigue pas, pour eux le racisme islamophobe est une question secondaire pour pinailler comme bien d'autres. Mais sur ce qu'ils estiment être le fond, (ils l'ont touché depuis longtemps, mais ils creusent encore vaillamment) leurs divergences sont minces. Ils sont de bons camarades. J'admire ton acharnement à leur ouvrir les yeux, fais gaffe, tu as vu l'autre jour, il y a des limites et si tu les dépasses, hop, tu vois le vrai visage des antiracistes blancs.
Toussaint
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Message  verié2 Lun 19 Jan - 10:34

MO2014
Il est d'ailleurs étonnant de voir que tu les considères comme des "camarades" avec qui l'on peut discuter,  comme si dans la vraie vie on discutait avec des militants de l'islamophobie...
Le PCF a été incomparablement plus loin que LO sur le terrain du chauvinisme impérialiste. Et pourtant les militants du PCF méritaient et méritent toujours d'être considérés comme des camarades. Contrairement au PCF, LO n'a jamais soutenu de guerre impérialiste, LO n'a jamais propagé de mots d'ordres chauvins comme "Fabriquons français", n'a jamais demandé de quota d'immigration etc.

Le problème, MO2014, c'est que, malgré ta culture politique, tu vois tout au travers du prisme de l'islamophobie, laquelle a tout de même des degrés. Tu conviendras que LO, ce n'est pas Mélenchon, et encore moins Copé ou Le Pen. LO vient d'ailleurs de dénoncer les agressions islamophobes dans une brève. Réaction insuffisante sans doute, alors qu'il n'y a pas une ligne dans l'hebdo, mais réaction correcte tout de même. Il y a des contradictions dans le discours de LO, qui se traduisent d'ailleurs par des oscillations. Mais LO est une organisation qui, à ce jour, est restée sur des positions de classe. Celles-ci finiront, je l'espère par l'emporter.

Les insultes, qu'elles concernent LO ou d'autres organisations, sont toujours contre-productives.
___
La question de la "secte" a sa place sur un autre fil. En bref, LO est un groupe monolithique et sectaire, mais pas une secte.

verié2

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Message  MO2014 Lun 19 Jan - 13:52

Des positions de classes ? Comment des positions de classes pourraient mépriser la religion des dominés, faire bloc avec l'état colonial et sa loi raciste sur le voile, participer au combat raciste et islamophobe ...etc. ?  il se trouve que l'émigration principalement magrébine et africaine  est au cœur du prolétariat dans des conditions économiques et sociales les plus dures. Alors oui mon "prisme" met en son centre la lutte contre l'état colonial et islamophobe et il vaut largement le tien qui place ce combat à un niveau de priorité secondaire.


Dernière édition par MO2014 le Lun 19 Jan - 18:39, édité 1 fois

MO2014

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Message  Toussaint Lun 19 Jan - 14:04

un groupe monolithique et sectaire, mais pas une secte

Very Happy Very Happy    Very Happy

Et ce n'est pas un groupe raciste mais un groupe qui diffuse des textes et du matériel raciste (et pas seulement islamophobe concernant la Journée de la Jupe), qui participe à des campagnes d'exclusion et de discrimination islamophobes racistes, qui éduque ses militants dans une islamophobie "monolithique", mais ce n'est pas un groupe raciste islamophobe.

Pas étonnant que des gens disent que l'EG raconte n'importe quoi...

tu vois tout au travers du prisme de l'islamophobie, laquelle a tout de même des degrés

Ah, les degrés du racisme, mes bons messieurs, on en parlerait des heures. Bien des conceptions marquées au sceau du champ politique blanc. Bon, LO a fait campagne pour l'exclusion des élèves musulmanes voilées, contre les quelques porteuses de burqa, pour le licenciement de l'employée musulmane de Babyloup, en défense des caricatures de Mahomet, s'est montrée réticente à soutenir la résistance palestinienne contre Israêl, a ouvert le feu sur le hallal en même temps que Sarkozy (sur la question de l'Islam, LO n'est pas très loin des positions de Sarkozy si on reprend depuis 2003, et trouver Arlette au bras d'une secrétaire d'état de Raffarin en 2004 conttre les élèves voilées n'avait rien d'anecdotique ni d'incohérent, contre les musulmans, LO s'est allié plusieurs fois avec la droite).

des positions de classe

Merci, vérié, tu viens de démontrer que l'existence du PIR est une nécessité, et que les "positions de classe" peuvent faire bon ménage avec le racisme. On le savait, il n'y a qu'à voir les interventions marquées par le "monolithisme" des fidèles de la secte, véritable patrouille islamophobe du FMR.

Quant au communiqué de LO dénonçant les agressions islamophobes, tu mens, ils ne dénoncent pas "les agressions islamophobes", mais les agressions sur des mosquées et des "quartiers immigrés" (sic!). J'adore la formule de la secte raciste, elle dit tout, les musulmans, car c'est eux qui sont visés par les attaques, sont des "immigrés". Ces saLOs ne se sont toujours pas rendu compte que les musulmans sont majoritairement des français et que les quartiers "immigrés" n'existent que dans leur ressenti de blancs racistes se sentant au milieu d'étrangers dans les quartiers... populaires. Et ils n'ont pas tort, ce sont eux les étrangers lorsqu'ils y rentrent. Continue, comme Vals, à citer la secte, vérié, j'adore... on n'est jamais déçu.

Quant à la haine des musulmans elle transpire dans le refus évident de les défendre, LO défend les lieux de culte et "les immigrés", pas les droits des musulmans à être visibles dans l'espace public sans se voir réprimer, sicriminer, exclure, à leur égard c'est le rejet viscéral, dont on peut apprécier le monolithisme sur le FMR. LO ne les tolère qu'enfermés dans leurs mosquées ou chez eux, en dehors, ils doivent s'assimiler et passer inaperçus, les bons musulmans sont pour LO ceux qui ne choquent pas son regard. Mais chut, ce n'est pas du racisme. Very Happy Ah, oui, j'oubliais, c'est un racisme d'un degré supportable... pour les blancs.

Quant aux grandes différences entre LO et Mélenchon, tout dépend où l'on place le curseur, car si LO est monolithiquement islamophobe, on ne peut en dire autant de tout le FDG et si tu parles de degrés dans l'islamophobie, celle de LO précède celle de toutes les composantes du FDG, leur compagnon de route en islamophobie Gérin mis à part. Donc là aussi... Sur les camarades, bon, on avait compris depuis longtemps que contrairement aux gens du PIR que tu abreuves de calomnies et de formules méprisantes, ces racistes monolithiquement islamophobes sont tes camarades, avec lesquels tu as une divergence secondaire quant à un certain degré d'islamophobie qui ne saurait être du racisme ni une idéologie coloniale, impérialiste venant de leur part. C'est pas LO qui oscille, vérié, c'est toi.

Par ailleurs, je suis en accord monolithique aussi avec MO2014, il est plus synthétique que moi... Very Happy
Toussaint
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Message  verié2 Lun 19 Jan - 15:24

Toussaint
tes camarades, avec lesquels tu as une divergence secondaire quant à un certain degré d'islamophobie qui ne saurait être du racisme ni une idéologie coloniale, impérialiste venant de leur part. C'est pas LO qui oscille, vérié, c'est toi.
D'abord, je n'ai pas établi de hit parade des divergences et des contradictions, à la manière des maoïstes qui voulaient toujours voir une contradiction principale et des contradictions secondaires. Ce "marxisme" caricatural n'est pas le mien.

Ensuite, j'accorde une grande importance à cette question, puisque je ne cesse de me bagarrer, aussi bien avec LO (mais de l'extérieur) qu'avec les éléments du NPA, de moins en moins nombreux, qui refusent toujours le concept d'islamophobie. Je te rappelle que j'ai été exclu du Forum des amis de LO pour cette raison.

Mais, encore une fois, je crains que tu n'aies aucun sens des nuances et des possibilités d'évolution d'un groupe politique, dans bon sens... et aussi dans le mauvais bien sûr. Le NPA a évolué dans le bon sens. LO peut encore évoluer à mon avis, justement en raison de ses positions et principes de classe. Mais, d'une manière générale, les organisations et partis parfaits, qui ne se trompent jamais, ne dérivent jamais etc, ça n'existe pas. La question est de savoir à quel moment ils ont franchi un seuil qualitatif irréversible qui les place dans le camp de l'ennemi de classe. Ce cap serait franchi, à mon avis, si LO s'était rallié à l'union nationale ou avait soutenu une guerre impérialiste.

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Message  alexi Lun 19 Jan - 21:19

Roseau :
Alexi, (...) défenseur des islamophobes,
multiplie affabulations, mensonges
clown

alexi

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Indigènes de la République - Page 22 Empty L'ethno-communitarisme du PIR

Message  alexi Lun 19 Jan - 21:22

Lutte de Classe, Série actuelle (1993 - )
n°89 (Eté 2005)


Communisme et communautarisme

Il est courant d’entendre parler de « communauté ». Quand il s’agit de la « communauté chinoise », de la « communauté maghrébine », etc., cela désigne au moins une origine géographique commune. Quand on parle de « communauté juive » ou de « communauté musulmane », c’est d’autant plus discutable que ces étiquettes religieuses sont alors apposées à des personnes regroupées en fonction de la religion qu’on leur prête (car elles englobent généreusement les non-pratiquants et les athées), et ne correspondent pas davantage à des groupes socialement homogènes. Et derrière ce mot de « communauté » se cachent des problèmes très différents.

La forme d’esprit « communautaire » qui conduit souvent, dans un premier temps, des populations immigrées de fraîche date à se regrouper, ne serait-ce qu’en raison de leur communauté de langue, et à s’entraider face à un contexte hostile, est tout à fait naturelle et compréhensible. Toutes les émigrations, y compris les plus anciennes, celles amenant vers les villes des paysans venus des régions rurales de l’hexagone, ont connu cela. Tout naturellement, c’est autour des premiers arrivés qui ont trouvé un travail que viennent se regrouper ceux qui prennent à leur tour le chemin de l’émigration.

Mais pour être inévitable dans un premier temps, cet émiettement de la classe ouvrière en fonction de l’origine géographique de ses membres a dès ses origines amené le mouvement socialiste à tout mettre en oeuvre pour surmonter ces barrières, convaincu qu’il est que le mouvement ouvrier se doit d’accueillir ses frères et soeurs de classe d’où qu’ils viennent, de les intégrer dans ses organisations de défense et de lutte, indépendamment des différences de nationalité, de sexe, de croyances religieuses, etc., qu’ils y ont toute leur place naturellement.

La classe ouvrière s’est constituée à partir d’une masse de travailleurs extrêmement diversifiée, drainée et rassemblée par le capitalisme industriel à partir des campagnes, et très vite à partir des pays voisins, puis de plus en plus éloignés. Unifier cette classe présentait bien des difficultés, dont la principale résidait dans le fait que la formation même du prolétariat, sous l’égide du capitalisme, s’était faite sous le signe de la concurrence.

La révolution industrielle a en effet imposé la concurrence généralisée entre les individus, la guerre de tous contre tous, car le patronat veut en face de lui une masse de travailleurs émiettée sur le marché de l’emploi. C’est une politique liée à l’exploitation capitaliste depuis ses origines. Dès 1844-45, Engels expliquait que « la domination de la bourgeoisie n’est fondée que sur la concurrence des ouvriers entre eux, c’est-à-dire sur la division à l’infini du prolétariat, sur la possibilité d’opposer entre elles les diverses catégories d’ouvriers ». Le Manifeste du Parti communiste (1848) constatait de même que « l’organisation du prolétariat en classe est sans cesse détruite par la concurrence que les ouvriers se font entre eux ».

C’est justement face à cette situation que le mouvement révolutionnaire a constitué son programme, qui souligne ce que tous les travailleurs ont en commun, la valeur de leur unité de classe en vue du rôle qu’ils sont susceptibles de jouer pour l’avenir de l’humanité ; et c’est la raison même de la fondation de l’Association internationale des travailleurs en 1864.

C’est ainsi qu’est né un mouvement politique ouvrier se réclamant du marxisme, se donnant pour tâche de représenter l’avenir de l’ensemble du monde ouvrier, et, partant, oeuvrant à l’intégration de toutes les composantes immigrées du monde du travail au sein d’une même classe ouvrière.

Cette intégration dont nous sommes partisans n’est pas ce qu’on appelle ainsi dans les milieux officiels. Il ne s’agit pas d’intégrer les travailleurs émigrés dans une « nation française », de toute manière historiquement dépassée. Il ne s’agit pas de les faire renoncer à tous les éléments de leur culture d’origine, de demander par exemple aux ouvriers venus d’Afrique de renoncer au sens de la solidarité qui les a bien souvent amenés à émigrer, pour adopter l’individualisme si largement répandu dans la société française. Il s’agit de l’intégration dans la classe des travailleurs. Dans la seule classe capable d’ouvrir à l’humanité la perspective d’une culture socialiste, bien supérieure à toutes les cultures nationales, mais ayant su s’enrichir du meilleur de chacune d’elles.

Dans sa lutte pour développer une conscience de classe, le mouvement socialiste a eu à combattre, y compris en son sein, bien des préjugés : les préjugés anti-féministes, les préjugés racistes, fruits du colonialisme et de l’impérialisme, et qui servaient de justification à la domination des grandes puissances européennes. Il n’est pas besoin d’aller chercher au-delà du Rhin des exemples de mépris pour les « sous-hommes » des pays coloniaux. Il suffit d’ouvrir les livres avec lesquels on enseignait il y a à peine plus d’un demi-siècle l’histoire et la géographie aux enfants de l’école « laïque », et de voir en quels termes ils parlaient des peuples d’Afrique, d’Asie ou d’Océanie. Il suffit de se souvenir de cette « exposition coloniale » où, en 1931, furent exhibés comme des bêtes curieuses, parqués dans des enclos, une centaine de Canaques, amenés sans ménagement de Nouvelle-Calédonie. Les plus arriérés des pauvres des métropoles impérialistes pouvaient ainsi se consoler de leur misère en se flattant d’appartenir à une « race supérieure ».

À cette responsabilité des classes dominantes s’ajouta malheureusement celle des grands partis ouvriers qui se mirent à leur service. Le « Front populaire » ne mit pas un instant en cause la légitimité de « l’empire colonial français ». Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Parti socialiste et le Parti communiste français participaient aux gouvernements responsables des massacres de 1945 à Sétif et Guelma, en Algérie, de la répression qui ensanglanta Madagascar en mars 1947, du début de la guerre d’Indochine. Pire encore, le Parti socialiste, en la personne de Guy Mollet, porte la responsabilité de la guerre d’Algérie, des pleins pouvoirs donnés à l’armée, de l’emploi généralisé de la torture. Et cette répression commença avec la complicité de fait du PCF, qui avait voté les « pouvoirs spéciaux » à Guy Mollet.

Tout ce passé pèse lourd, et n’est évidemment pas fait pour faciliter la tâche de ceux qui militent pour convaincre les travailleurs que, quelles que soient leurs origines, français ou immigrés, ils appartiennent à une même classe sociale, ayant les mêmes intérêts.

Mais en outre, cette lutte se heurte à des difficultés propres à notre époque. Non seulement à cause d’une situation économique marquée par le fait que les jeunes travailleurs, qu’ils viennent des pays ex-coloniaux, ou plus généralement des pays économiquement sous-développés, ou qu’ils descendent de travailleurs plus anciennement installés en France, se retrouvent pour beaucoup dans la situation de prolétaires sans emploi ou dans des emplois précaires sous-payés. Mais aussi à cause du recul du mouvement ouvrier. Le ralliement du PS, puis du PCF, à l’ordre capitaliste n’avait pas empêché la présence, dans les entreprises et dans les quartiers, de milliers de militants actifs, capables de défendre devant leurs frères de classe la perspective de l’émancipation sociale. Mais depuis trente ans, démoralisés par la crise, la politique de la gauche au pouvoir et la disparition de l’URSS, ces militants se sont faits de plus en plus rares.

Dès 1981 en effet, les gouvernements « de gauche » se sont montrés tout entiers voués au service des intérêts patronaux, donc incapables d’enrayer le chômage et l’extension de la pauvreté. Une situation face à laquelle, si l’ensemble de la droite a pratiquement enfourché le cheval de bataille de Le Pen avec sa puanteur raciste, les partis de gauche, PCF compris, ont détruit l’idée même qu’une autre politique, en faveur des travailleurs, était possible. Sur le sujet de l’immigration, non seulement ils n’ont eu aucune politique indépendante, mais les gouvernements socialistes se sont même livrés à une surenchère sur les mesures répressives, au point de s’être vantés d’avoir fait plus de reconduites à la frontière et de charters d’expulsion que la droite... Julien Dray plaide aujourd’hui encore pour une politique d’immigration ouvertement discriminatoire de quotas par pays...

Malgré quelques mises en scène à grand spectacle ou le parrainage de l’association « SOS Racisme », rien de concret n’est venu changer la vie dans les cités et les quartiers où une grande proportion des familles issues de l’immigration vit à l’heure du chômage et du dénuement.

Mais lorsque le sentiment d’appartenir à une même classe sociale s’est affaibli -du fait de l’affaiblissement des organisations syndicales et politiques militant pour l’entretenir et le consolider pas à pas, y compris en dehors des luttes-, cela laisse le champ libre à toutes sortes de repliements de type communautariste, y compris à la démagogie des propagandistes les plus ouvertement réactionnaires, faisant le plus souvent des religions, et de leurs interprétations les plus intégristes, leur arme de combat. Les militants de l’islam intégriste ont alors peu à peu rempli le vide laissé par la disparition des structures collectives de type politique ou syndical, qui pouvaient exister auparavant dans les villes et les banlieues. Et le désarroi, la déception, les ressentiments, la rage ont progressivement trouvé à s’exprimer dans des structures communautaristes.

Cette montée du communautarisme s’inscrit dans une période qui voit une montée, dans tous les milieux, des idées religieuses, des idées de droite.

En France aujourd’hui, cela s’affiche dans la rue, sur le plan vestimentaire, par le port de la kippa, du voile ou de la barbe islamiques. Car cela touche aussi bien la jeunesse d’origine juive que la jeunesse d’origine maghrébine ou africaine.

Les thèmes de nature « communautariste » fournissent un fonds de commerce en quelque sorte tout trouvé à des démagogues tels que le prédicateur musulman Tariq Ramadan, qui est en fait un homme dont l’objectif est politique. Pour quelqu’un comme lui, la jeunesse qu’il milite à embrigader sous la bannière de l’islam n’est qu’une base, un tremplin.

En cherchant à différencier ces jeunes de façon visible de l’ensemble de la société avec des campagnes aussi ostentatoires, par exemple, que celle du port du voile islamique par les jeunes filles et les femmes, il vise à un contrôle étroit de la vie de toutes, y compris les « insoumises », et de tous, car il fait des garçons des gardiens de prison.

Il faut bien constater que des aliments pour entretenir leurs feux, ces gens-là peuvent facilement en trouver. Ainsi, par exemple, à travers l’héritage dans la société française actuelle du passé esclavagiste et colonialiste de la bourgeoisie.

L’« Appel des Indigènes de la République », lancé à l’initiative d’organisations musulmanes (notamment, des groupements proches de Tariq Ramadan) et de personnes de la mouvance altermondialiste, peut ainsi faire un constat incontestable lorsqu’il dénonce, au nom de jeunes issus des ex-colonies françaises et des DOM-TOM, les discriminations dont ils sont victimes : « Discriminées à l’embauche, au logement, à la santé, à l’école et aux loisirs, les personnes issues des colonies, anciennes ou actuelles, et de l’immigration post-coloniale sont les premières victimes de l’exclusion sociale et de la précarisation ». Encore qu’il faudrait faire le même constat de discrimination à propos des jeunes Turcs, ou des jeunes venus de l’Europe de l’Est, bien que leur pays d’origine n’ait jamais été une colonie française ! Car ce n’est pas tant feu le colonialisme français que le bien vivant capitalisme français qui est responsable de leur situation.

Mais il est vrai que « l’idéologie coloniale perdure ». On a pu le constater encore récemment avec le vote de la loi du 23 février 2005 qui demande que les programmes de recherche universitaire ainsi que les programmes scolaires « reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord (...) ».

On peut relever en passant que les manoeuvres de réhabilitation des empires coloniaux sont dans l’air du temps aussi en Grande-Bretagne, véhiculées par exemple par Gordon Brown, ministre des Finances, plus ou moins considéré comme l’héritier de Tony Blair, pour lequel « l’époque est révolue où la Grande-Bretagne devait présenter des excuses pour son histoire coloniale » (Daily Mail, 5 janvier 2005).

Mais en dépit de la justesse d’une partie de son constat, l’« Appel des indigènes de la République » ne se place pas, bien au contraire, sur le terrain de la libération des opprimés.

On peut d’ailleurs se demander pourquoi il incrimine avec tant d’insistance « la République » -comme si les monarchies et les empires qui se sont succédé au XIXe siècle n’avaient pas joué un rôle de premier plan dans l’expansion coloniale de la France. À moins que ce ne soit pour éviter d’avoir à utiliser les mots bourgeoisie, capitalisme et impérialisme ! Car ce texte met tous « les Français » dans un même sac, en occultant les oppositions de classes. Il est pourtant facile de voir que Noirs et Arabes ne sont pas seuls à être victimes du chômage.

Ne pas dire que c’est l’exploitation capitaliste qui est, à la source, responsable de cette situation, et des oppressions de type racial qui s’y intègrent, s’attacher à donner une coloration ethnico-communautariste à la question, qui est sociale, revient à affaiblir la conscience de ceux qui sont tous des victimes de l’exploitation capitaliste, en les divisant ; à entraver la prise de conscience par les exploités et les opprimés de la nécessité d’une lutte de classe solidaire et fraternelle.

Le texte fait plus que montrer le bout du nez de la nature de ses inspirateurs : « Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi anti-foulard est une loi d’exception aux relents coloniaux »... « Sous le vocable jamais défini d’ »intégrisme« , les populations d’origine africaine, maghrébine ou musulmane sont désormais identifiées comme la Cinquième colonne d’une nouvelle barbarie qui menacerait l’Occident et ses »valeurs« . Frauduleusement camouflée sous les drapeaux de la laïcité, de la citoyenneté et du féminisme, cette offensive réactionnaire s’empare des cerveaux et reconfigure la scène politique ».

Ces affirmations manifestent évidemment un culot assez incroyable : « sexiste », la loi anti-foulard ? Cette loi est ce qu’elle est et vaut ce qu’elle vaut -et la cause des femmes eût été mieux défendue si elle avait été prise au nom de l’égalité des sexes plutôt que sous d’ambigus prétextes de « laïcité »- mais « sexiste », « raciste » ? On vise avant tout ici à piéger un public précis, celui qui a peur de se faire traiter de « raciste » par ces escrocs politiques. De même lorsqu’on profère les accusations de nostalgies coloniales, qu’on parle d’un « racisme post-colonial » à propos de ceux qui se refusent à servir de marchepied aux militants islamistes tels que Tariq Ramadan.

Brandir l’anti-impérialisme, l’anticolonialisme, l’antiracisme, c’est évidemment une arme maniée par les islamistes à destination des milieux « de gauche » ou « progressistes » dans un but de chantage et d’intimidation. Elle y rencontre un certain écho, en particulier au sein de la mouvance altermondialiste, qu’on a vue offrir à Tariq Ramadan des tribunes lors de forums altermondialistes tels que celui de Saint-Denis ou lors du Forum social européen de Londres en octobre 2004, soutenir les manifestations en faveur du voile dans les écoles ou encore les appels des « indigènes de la République » et pour des « Assises de l’anticolonialisme post-colonial » au mois de mai.

Cette mouvance altermondialiste est tellement hétérogène, diffuse et sans principe, qu’elle peut même exhiber le film « Un racisme à peine voilé », militant haineusement contre les opposant(e)s au voile islamique, dans des « forums sociaux » dans le pays.

Dans un article très critique contre « ces altermondialistes en perte de repères » (paru dans Politis, 20 janvier 2005), Bernard Cassen souligne, s’agissant d’ATTAC dont il est pourtant président d’honneur, un point significatif : l’audience de Tariq Ramadan auprès d’une partie de la jeunesse musulmane « constitue la meilleure de ses lettres de créance auprès d’une fraction de la mouvance altermondialiste qui croit ainsi avoir trouvé la porte d’entrée vers des catégories populaires qu’elle a par ailleurs peine à attirer ». Bernard Cassen connaît bien ce milieu, et ce qu’il décrit n’est ni plus ni moins qu’une attitude démagogique.

La démagogie pro-islamiste atteint une manière de sommet avec le maire de Londres, Ken Livingston, dit autrefois et tout à fait abusivement « Ken le Rouge », qui n’a pas craint, à la veille du Forum social de Londres de 2004, d’accueillir dans sa mairie un grand congrès de l’organisation « Prohidjab » destinée à « faire pression sur les parlementaires européens » en faveur du voile, ni de se faire à cette occasion photographier en train de donner l’accolade au théologien des Frères Musulmans Youssef al-Qaradhawi, aux côtés de Ramadan qui est un de ses disciples.

Mais une anecdote récente montre qu’il y a en France des gens de la même eau, quand il s’agit de clientélisme en direction de musulmans communautaristes locaux. À Mantes-la-Ville (Yvelines), le 12 mars (d’après un texte rendant compte de cette soirée qui est paru sur le site internet de « l’Observatoire du communautarisme à Mantes-la-Jolie », et a été publié dans la Revue ProChoix de mars 2005), près de 400 personnes ont assisté à un prêche de Tariq Ramadan, organisé par le « Collectif des musulmans du Mantois », avec l’approbation des représentants présents de la gauche : un Vert, militant d’Une École pour toutes-tous, un conseiller municipal PCF. Le conseiller municipal de gauche Joël Mariojouls (association Décil, Démocratie et citoyenneté locale) aurait même souligné la capacité de Ramadan à remplir les salles, en commentant : « Les partis politiques et les syndicats en sont incapables aujourd’hui. Monsieur Ramadan, je vous le demande, faites du prosélytisme ! »

Cependant, parmi les diverses manifestations de complaisance envers les pressions du communautarisme islamique, il nous faut tout de même faire une place à part aux courants qui se disent communistes -chose qui devrait a priori les amener à être au moins lucides sur les dangers que ce genre d’idées véhicule.

C’est ainsi que -pour ne pas même remonter aux débats sur la question du voile islamique, ou à la Journée internationale des femmes du 8 mars, où on a pu voir la JCR défiler aux côtés de militantes islamistes voilées- qu’on relève que l’appel à des « Assises de l’anticolonialisme post-colonial » porte une série de signatures de personnes qui s’identifient comme militants LCR, ou JCR, ou les deux.

Rouge (7 et 14 avril) a évoqué les débats qui ont eu lieu y compris au sein de la direction de la LCR au sujet de la participation à ces Assises, que la majorité de la direction nationale a rejetée. Ainsi, sous le titre « La LCR doit participer aux Assises » et sous les signatures de plusieurs dirigeants tels que Léonce Aguirre, Sandra Demarcq ou Catherine Samary, on a pu lire une justification des formulations de l’appel qui frise l’angélisme politique... ou plutôt la mauvaise foi.

Ainsi, quand l’appel affirme qu’ « une offensive réactionnaire » -visant, si on comprend bien, à dénoncer l’intégrisme- se dissimulerait « frauduleusement » « sous les drapeaux de la laïcité, de la citoyenneté et du féminisme », eh bien, selon ces militants LCR, « ce n’est pas mettre en accusation les valeurs de gauche. C’est au contraire s’en réclamer et dénoncer leur détournement à d’autres fins » ; ou, à propos de la loi contre le port du voile : « la loi frappe principalement les jeunes filles musulmanes, elle a libéré le racisme anti-musulmans. N’est-ce pas ce qui doit dominer dans notre jugement, au lieu de s’offusquer des formulations du texte qui dénonce la loi comme sexiste et raciste ? ».

Des formulations qui ne relèvent pourtant pas de la « maladresse » : ce serait bien naïf et bien méprisant de le croire !

On ne peut nier une certaine cohérence dans les habitudes de suivisme politique des courants d’extrême gauche en France, notamment vis-à-vis de ces autres formes de mouvements communautaristes que sont les mouvements nationalistes.

Les grands mouvements d’émancipation nationale qui ont traversé le tiers monde dans les années cinquante à soixante-dix ont suscité une vague d’engouement « tiers-mondiste » dans une partie de l’intelligentsia occidentale. La solidarité des communistes révolutionnaires vis-à-vis de ces mouvements, tout placés sous des directions nationalistes qu’ils étaient, allait de soi. Mais ce qui n’allait pas de soi, c’était le fait de présenter ces directions nationalistes comme « socialistes » -ce à quoi s’est pourtant employée une bonne partie de l’extrême gauche, contre l’évidence.

En changeant ce qu’il faut changer, ces mêmes courants d’extrême gauche, LCR comprise, ont eu une démarche analogue au sujet des « nationalismes régionaux », très à la mode dans la décennie qui suivit Mai 68. Il ne s’agissait plus là d’être fascinés par de puissants mouvements de masse au point d’en perdre tout esprit critique sur l’orientation politique de leurs directions. Il ne s’agissait pour le coup que de micro-nationalismes -corse, basque français, breton- défendus, non sans ambiguïtés, par certains milieux dans la petite bourgeoisie, et qui n’avaient évidemment pas du tout la légitimité des soulèvements de masse du tiers monde.

Pourtant, une grande partie de l’extrême gauche délira passablement au sujet de ces micro-nationalismes et s’aligna sur les thèses à la mode dans leurs milieux. Les problèmes de ces régions avaient beau ressortir, sur le fond, des problèmes généraux de la société française avec ses inégalités en tout genre, les régionalistes, et derrière eux bien des gauchistes, au lieu d’y chercher les facteurs unificateurs avec l’ensemble des travailleurs du pays, s’attachèrent au contraire à grossir les particularismes locaux, les « spécificités » des uns et des autres, à les rechercher systématiquement. Ce qui est précisément une démarche « communautariste ».

À l’extrême gauche, certains justifient leur complaisance vis-à-vis des représentants de l’islamisme en invoquant les impératifs de l’anti-impérialisme, l’anticolonialisme, l’antiracisme. À ce titre, il faudrait remiser toute analyse critique de l’intégrisme musulman, car cela reviendrait à « stigmatiser » la jeunesse maghrébine... Le piège est grossier mais apparemment il fonctionne -quitte à sacrifier les principes du combat communiste et en même temps la cause des femmes.

Une autre préoccupation apparaît dans la tribune de Rouge à propos de « l’Appel des indigènes de la République » que nous avons déjà citée. À en croire ses signataires, qui proposaient de s’y rallier, « le plus grave c’est la méfiance que nous risquons de susciter auprès de militantes et de militants (...) nos amis, des alliés de toujours dans le combat pour l’égalité et contre le racisme », sans d’ailleurs préciser desquels il s’agit au juste. On retrouve la même crainte dans un texte du « Secrétariat anti-raciste de la LCR » (dont on peut par ailleurs se demander à quoi son existence correspond !) concernant cette manifestation des indigènes de la République, d’être « considérés comme partiellement responsables d’un possible échec ». Cela témoigne d’un même souci : se faire accepter, qui sait, gagner la confiance. Mais cette complaisance, c’est avant tout aux Tariq Ramadan et autres réactionnaires et à leurs militant(e)s qu’elle profite en premier lieu, car elle les cautionne.

On voit déjà à quoi cela aboutit, y compris au sein de la gauche et de l’extrême gauche, lorsque toute critique d’un symbole criant d’oppression comme le voile des femmes en vient à être assimilée... à du racisme ; que toute critique de la politique de l’État d’Israël ou de l’idéologie nationaliste du sionisme se retrouve assimilée... à de l’antisémitisme ! Ou encore quand on voit les islamistes et leurs amis instruire un procès en trahison contre les dirigeantes du mouvement « Ni putes ni soumises » parce que, en dénonçant les « tournantes », elles « stigmatiseraient » les garçons musulmans des banlieues -c’est-à-dire parce qu’elles brisent le consensus communautariste que visent les islamistes.

Faire la cour à un Tariq Ramadan, faire d’un des pires ennemis de la classe ouvrière un allié à courtiser, est un naufrage politique. Le premier devoir des militants communistes, quelles que soient les difficultés de la période, c’est de rester fidèles à leur programme, et certainement pas de le jeter aux orties pour s’accrocher aux basques de démagogues réactionnaires. Car seul le programme communiste est porteur d’un avenir digne de ce nom pour l’humanité.

15 juin 2005

alexi

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Message  MO2014 Lun 19 Jan - 21:52

Charlie vu par les Arabes et les Noirs des quartiers
Publié le 19 janvier 2015 par Aya Ramadan, membre du PIR

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« Ils sont coincés entre nos armes qui les visent et ces effrayantes pulsions, ces désirs de meurtre qui montent du fond des cœurs et qu’ils ne reconnaissent pas toujours : car ce n’est pas d’abord leur violence, c’est la nôtre, retournée, qui grandit et les déchire », Jean-Paul Sartre [1]

Dimanche 11 janvier 2015, plus de 4 millions de Français sont descendus dans les rues, pour une manifestation sans précédent depuis 1945, nous dit-on, moment où la France célébrait la victoire des Alliés contre le nazisme.

Ce moment « historique », nous, indigènes, l’avons vécu en grande majorité à travers nos écrans de télévisions. L’heure est venue pour nous de verbaliser avec nos propres mots la façon dont nous avons vécu les événements.


D’abord, commençons par dire que non, les jeunes Arabes et Noirs issus des quartiers populaires n’ont pas répondu à l’appel national. La raison est simple : non seulement nous n’étions pas invités, mais surtout cette mobilisation se faisait contre nous.

Revenons-en aux faits.

Les événements

Des Arabes et des Noirs issus des ghettos français assassinent des journalistes de Charlie Hebdo et des clients juifs d’un supermarché casher. Indignation nationale, choc, traumatisme collectif. Marianne la prude est piquée au vif. Le résultat on le connaît : les meurtriers ont été éliminés (méritaient-ils un procès ? Cette question ne se posait même pas), et quatre millions de Français ont exprimé leur unité contre une telle barbarie.

Ces assassinats sont terribles, il n’y a là rien à en redire. Que les victimes reposent en paix. Notre propos se situe ailleurs. Du ghetto où je suis, les miens se posent des questions : pourquoi une telle réaction pour ces assassinats et pas pour ceux de la police contre les jeunes de nos quartiers ? Tous les ans, nos frères et pères tombent brutalement sous les balles de la police française, sans que Marianne ne s’en émeuve. Ali Ziri, Lamine Dieng, Amine Bentounsi, Wissam El Yamni, Lahoucine Aït Omghar, Hakim Ajmi, Zied Benna, Bouna Traore, Mahamadou Marega, etc, etc la liste est bien longue, et les noms inconnus.

Pourquoi une telle réaction ici, et en parallèle une anesthésie totale face aux meurtres massifs que provoquent les expéditions militaires de la France néocoloniale en Afrique ? Encore hier, des bombes françaises pleuvaient en Libye, puis au Mali, aujourd’hui en Irak et en Syrie causant leur lot de carnage elles aussi. Où sont donc passées les consciences civilisées de ce pays ?

On me rétorquera que la masse se fait manipuler par la propagande bien ficelée de l’État et des médias visant à faire passer ces guerres néocoloniales pour des entreprises humanitaires. Mais je ne crois pas en cet argument. Je pense en vérité que personne n’est dupe en métropole. C’est seulement que les vies africaines n’ont aucune valeur. 1 million de Noirs morts sous les bombes occidentales ? 1 million d’Irakiens tués par les bombes étasuniennes ? 1 ou 10 millions, les chiffres n’ont aucune importance puisque 1 million fois zéro égal zéro !

Où étaient ces 4 millions de Français au moment où le meilleur allié d’Hollande envoyait des bombes sur les têtes des Palestiniens ? Comment nous, Arabes, Noirs et Musulmans, qui étions sortis nombreux l’été dernier pour dénoncer la boucherie de l’État sioniste, comment pourrions-nous aujourd’hui manifester contre la barbarie derrière ou à côté du criminel Netanyahou ? De nos écrans télévisés, l’image d’un Hollande assis à côté de Bibi nous envoyait le message suivant : « Bande de débiles sauvages, regardez comment je vous en… ».

Tout cela pour dire que non, je ne crois pas en l’humanisme des manifestants du 11 janvier 2015, je crois en fait en leur humanisme sélectif, je crois en leur humanisme blanc, je crois en leur humanisme raciste[2]. Certes, les sentiments humains sont sincères, là n’est pas la question, simplement ceux-ci n’arrivent pas de manière abstraite. Ils s’inscrivent dans les lignes dominantes d’une société donnée et dans ses rapports de force[3].

Aussi, il est inutile de refaire un exposé sur le racisme qui structure la France[4], il n’est pas besoin que les manifestants crient « mort aux Arabes » pour se rendre compte que cette manifestation était celle d’une classe moyenne blanche, et que plus que la barbarie en tant que telle, ce qui l’indignait profondément, ce qui était inacceptable pour elle c’est que cette barbarie provenait d’un indigène et qu’elle ciblait des Blancs.

Et l’on voit à quel point cela fait consensus : la nation française, tout champ politique confondu, s’unit en bloc dans la plus molle émotion contre l’ennemi intérieur qui s’attaque au corps national blanc. Plus que la France encore, c’est toute la civilisation blanche, coloniale et raciste, accompagnée de ses oncles Tom[5], qui s’est rassemblée pour défendre le droit qu’elle seule peut massacrer, exterminer, génocider.

La « masse » française qui se sent en danger, qui considère qu’un de ses privilèges fondamentaux à été bafoué, celui de vivre dans la paix sociale, répond ainsi à l’appel de l’État, lui qui défend si bien son privilège.

Que les militants de gauche cessent de trouver des justifications à leur ralliement effrontément spontané à l’appel national : il n’y avait rien de progressiste dans cette marche. Il n’y avait aucune remise en cause du pouvoir étatique. Au contraire, ce grandiose rassemblement constituait une ode qui rétablissait à l’État la légitimité de la violence.

Ici, c’est d’ailleurs le moment de saluer le courage politique du NPA et de l’UJFP[6]. L’été dernier déjà, à l’occasion des manifestations pour la Palestine, les militants de ces organisations avaient sans aucune hésitation été du côté des racisés, des dominés, des opprimés.

Les assassins

Les frères Kouachi et le jeune Coulibaly, je les connais. Je les connais si bien, je les connais douloureusement bien. J’ai grandi avec eux, je sais leur cheminement de pensée, leur façon d’appréhender le monde.

A Kouachi et Coulibaly, ce qui a été transmis c’est l’expérience de l’humiliation, la privation des biens matériels, de la culture et de la langue, c’est aussi les non-dits, les viols, les tortures et l’esclavage ; héritage psychique de l’histoire de nos ancêtres. Et l’État français n’a opéré aucune rupture dans son histoire, comme nous le disons au Parti des indigènes de la République : la France a été un État colonial… La France reste un État colonial.

Le sentiment profond et le sens certain de l’aliénation sont toujours bien vivants dans le cœur des Noirs et des Arabes des ghettos de France. Nous vivons une souffrance individuelle couplée d’un drame collectif.

A l’école, le colonialisme semble à peine avoir eu lieu. Et nos parents sont frappés de mutisme sur ce sujet. Pas de mémoire et de transmission. Ce qui est nié ne peut être pensé, élaboré, mis en mots. Rien à l’école ne nous permet d’articuler le cours de nos histoires individuelles avec le cours de l’histoire collective. Quelque chose à l’état brut est là, et l’appel aux stratégies sacrificielles sans lendemain est parfois tragiquement tentant pour les miens.


La sentence : « Je suis Charlie »

« Mais chaque fois qu’il est question de valeurs occidentales il se produit, chez le colonisé, une sorte de raidissement, de tétanie musculaire », Frantz Fanon [7]

Le problème maintenant avec Charlie, c’est qu’il est devenu une nouvelle arme de domination raciste. Dans les quartiers, on ricane de ce slogan « Je suis Charlie », on en fait des jeux de mots, on le retourne, détourne, on le triture, on le renverse, on le décompose, on le vomit. On ne se sent pas Charlie du tout. Pas que nous ayons des problèmes à rendre hommage aux journalistes. C’est la charge symbolique d’union nationale (et donc raciale blanche) que porte le « Je suis Charlie » qu’on rejette. C’est le nouvel emblème de la République qu’il constitue qui est honni car en tant qu’enfant de l’immigration, nous portons la colonisation, et « la colonisation porte en elle la condamnation de la République »[8]. Nous condamnons et rejetons la République et ses symboles de manière instinctive, sans ambiguïté ni demi-mesure.

C’est pourquoi l’État-nation français échouera à nous imposer le « Je suis Charlie » dans nos quartiers. On recommence à nous parler d’intégration, les chefs d’établissement reçoivent la consigne de ficher les élèves qui ont refusé de respecter la minute de silence. Les enseignants s’inquiètent de la résistance des élèves à adhérer au grand récit national. On en parle dans les salles des profs, dans le bureau du proviseur, on y consacre même des réunions. Ça s’inquiète, ça bouillonne, on ne comprend pas cette graine de réfractaires. C’est que la République est la religion de la France, pas touche ! En ce qui la concerne, il n’est plus question de liberté d’opinion ou d’expression.

Et nous voilà donc reparti : on stigmatise, on réprime, on criminalise et on pénalise. Et il nous faut un sacré travail politique pour arriver à élaborer la rage, lui donner une direction salvatrice, pour nous-mêmes d’abord et pour les autres ensuite. Frantz Fanon, Edward Saïd, Angela Davis et tant d’autres ont tracé la route. A nous de la poursuivre, pour le bien de tous.

Aya Ramadan, membre du PIR

Notes

[1]  Préface de Jean-Paul Sartre (1961) in FANON F. (1961), Les Damnés de la terre, La découverte, Paris, 2002, p.26

[2] « Le grand reproche que j’adresse au pseudo-humanisme : d’avoir trop longtemps rapetissé les droits de l’homme, d’en avoir eu, d’en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste. » Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme (1950), Présence africaine, 1989, Paris.

[3]  Cf. KHIARI S. Réponse à Philippe Corcuff concernant le communiqué des Indigènes de la république sur le meurtre d’Halimi.

[4]  Cf. BOUTELDJA H., SADRI K. (2012), Nous sommes les indigènes de la République, Amsterdam, Paris.

[5]  Nous visons ici les chefs d’États Africains et Arabes qui ont participé au cortège des dirigeants politiques internationaux.

[6] Cf. « Être ou ne pas être Charlie – Là n’est pas la question »,  et « J’accuse… ».

[7] FANON F. (1961), Les Damnés de la Terre, La découverte, p. 46

[8] KHIARI S. (2009), La contre-révolution coloniale en France, La Fabrique, Paris, p.173

http://indigenes-republique.fr/charlie-vu-par-les-arabes-et-les-noirs-des-quartiers/

MO2014

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Message  Eugene Duhring Mar 20 Jan - 0:41

MO2014 a écrit:Charlie vu par les Arabes et les Noirs des quartiers
Publié le 19 janvier 2015 par Aya Ramadan, membre du PIR

cette mobilisation se faisait contre nous.
Ah bon ???
MO2014 a écrit:C’est seulement que les vies africaines n’ont aucune valeur. 1 million de Noirs morts sous les bombes occidentales ? 1 million d’Irakiens tués par les bombes étasuniennes ? 1 ou 10 millions, les chiffres n’ont aucune importance puisque 1 million fois zéro égal zéro !
La même antienne puante qui rythme les analyses du PIR. Tous complices derrière son Etat impérialiste. Prolétaires et capitalistes, opprimés et oppresseurs main dans la main. Prolétaires blancs devrais-je ajouter et oppresseur blanc évidemment ! Et tout ça pour quoi ? Pour que les prolétaires blancs puissent continuer à jouir de leurs privilèges. Celui de vivre pour une fraction d'entre-eux dans les mêmes conditions qu'une parti de ceux que le PIR appellent les indigènes mais avec le privilège de ne pas subir le racisme. Des privilégiés ces prolétaires blancs. Idem pour la classe moyenne blanche dont le privilège est celui de ne pas subir le racisme que vit la classe moyenne de couleur. Et ainsi de suite ... jusqu'à effacer la lutte des classes à peine maquiller dans un verbiage marxiste. D'un côté le FN appelle à l'union des blancs contre les immigrés naturellement de couleur. Le PIR appelle à l'unité des "colorés" contre les blancs privilégiés taxés de complicité avec leur Etat capitaliste.
MO2014 a écrit:
Où étaient ces 4 millions de Français au moment où le meilleur allié d’Hollande envoyait des bombes sur les têtes des Palestiniens ? Comment nous, Arabes, Noirs et Musulmans, qui étions sortis nombreux l’été dernier pour dénoncer la boucherie de l’État sioniste, comment pourrions-nous aujourd’hui manifester contre la barbarie derrière ou à côté du criminel Netanyahou ? De nos écrans télévisés, l’image d’un Hollande assis à côté de Bibi nous envoyait le message suivant : « Bande de débiles sauvages, regardez comment je vous en… ».
Sortis nombreux ? Pour avoir participer aux manifs, je n'ai pas vraiment eu l'impression que les quartiers étaient venus en masse pour les palestiniens. Répéter plusieurs fois un mensonge n'en fait pas une vérité.



MO2014 a écrit:
Aussi, il est inutile de refaire un exposé sur le racisme qui structure la France[4], il n’est pas besoin que les manifestants crient « mort aux Arabes » pour se rendre compte que cette manifestation était celle d’une classe moyenne blanche, et que plus que la barbarie en tant que telle, ce qui l’indignait profondément, ce qui était inacceptable pour elle c’est que cette barbarie provenait d’un indigène et qu’elle ciblait des Blancs.
T'as raison et plus un crime est proche géographiquement et non nécessairement sur la couleur de peau, moins il nous touche. Je n'ai pas l'impression que les crimes perpétrés par les mêmes tarés en Irak, en Syrie, au Nigeria soulève d'indignation les masses musulmanes au point de les amener à défiler par millions dans les rues d'Alger, de Tunisie, de Malaisie et d'ailleurs. Une affaire de néo-colonialisme peut-être encore.
A contrario, si 12 "colorés" avaient été abattus d'un coup par des tarés de l'extrême-droite admettons dans une association, il n'y aurait probablement pas de manifestations, ni d'expressions contre ces crimes ? N'est-ce pas !

MO2014 a écrit:
Et l’on voit à quel point cela fait consensus : la nation française, tout champ politique confondu, s’unit en bloc dans la plus molle émotion contre l’ennemi intérieur qui s’attaque au corps national blanc. Plus que la France encore, c’est toute la civilisation blanche, coloniale et raciste, accompagnée de ses oncles Tom[5], qui s’est rassemblée pour défendre le droit qu’elle seule peut massacrer, exterminer, génocider.
Toujours la même puanteur. Racistes de tous les pays, unissez-vous selon une devise de Marx révisée par le PIR

MO2014 a écrit:
Ici, c’est d’ailleurs le moment de saluer le courage politique du NPA et de l’UJFP[6]. L’été dernier déjà, à l’occasion des manifestations pour la Palestine, les militants de ces organisations avaient sans aucune hésitation été du côté des racisés, des dominés, des opprimés.
Ben voyons. La CGT, le PCF, LO n'étaient évidemment pas présentes. N'organisaient pas des cortèges. Ah mais en fait je dois comprendre que par courage politique c'est d'accepter voire d'encourager le PIR dans ses manœuvres de division.

Ce texte s'inscrit dans la continuité du reste une fois le vernis marxiste craquelé. Le PIR est une réponse au FN, un symétrique. Le FN appelle à la division des travailleurs entre blancs de souche et les "colorés". Le PIR lui répond chiche. Et dire qu'une fraction du NPA a participé à la création de cet immondice.

Eugene Duhring

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Message  Duzgun Mar 20 Jan - 0:56

L'outrance et la violence des réactions d'Eugene est étrange. Comme si la dénonciation de l'impérialisme français était pour lui inacceptable.
On peut exprimer des désaccords avec le PIR sans tomber dans une telle caricature...
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Message  verié2 Mar 20 Jan - 11:11

Il y a un aspect fondamentalement vrai dans l'article d'Aya Ramadan du PIR, c'est que le caractère massif de cette "manifestation" d'union nationale, outre le battage médiatique sans précédent, est lié au fait que l'illusion que les massacres sont réservés aux peuples des pays pauvres était largement partagée. Une grande partie de la population, toutes classes confondues, croyait qu'on pouvait impunément bombarder, massacrer en Irak, en Afghanistan en Libye, au Mali etc sans en subir un jour ou l'autre les conséquences. Chacun se rend compte désormais qu'il peut être touché, au travers du massacre de ces personnalités familières.

C'est évidemment le résultat d'un demi siècle de paix sociale, de calme et de prospérité. Depuis la guerre d'Algérie, à part les attentats à la bombe organisés par des services secrets, la population n'a pas souffert d'actes de guerre. Et il faut tout de même préciser la partie de la population "blanche" (bien que l'expression ne me plaise pas) car des dizaines de "colorés" sont tombés victimes des bavures policières et des crimes racistes. Les bavures frappant des ouvriers ou de jeunes manifestants, comme en mai 68, ont été beaucoup plus rares.

D'un seul coup, la population réalise donc que tout peut arriver sur le sol national, que personne n'est à l'abri. (Il en va un peu de même pour la crise économique. Un demi siècle de prospérité et d'amélioration du niveau de vie ont émoussé la volonté de changer radicalement la société. La plupart des gens espèrent que ça va s'arranger. Quand ils vont réaliser qu'on s'enfonce inxorablement, comment vont-ils réagir ?)

En revanche, dire que la mobilisation s'est faite "contre nous" (les "indigènes") me semble tout à fait faux. Cette mobilisation n'était ni "contre le racisme" comme le prétend le titre de l'hebdo du NPA ni raciste islamophobe. C'était une manifestation d'horreur, de stupeur nationale, d'indignation, de solidarité avec les victimes et, partiellement, une manifestation pour la liberté d'expression. En revanche, si de nouveaux attentats survenaient, on ne peut exclure qu'ils déclencheraient des manifestations haineuses. Le risque est évidemment que la société française évolue à la manière de la société israélienne et des Pieds noirs d'Algérie à la fin de la guerre...

Mais, face à ce danger terrible, la solution n'est évidemment pas d'opposer les "blancs" et les "colorés" mais de tout faire pour remettre en avant des considérations de classe, lesquelles devront évidemment prendre en compte les intérêts des couches les plus défavorisés, quelle que soit leur couleur, la lutte contre les discriminations, le racisme, l'islamophobie etc.

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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 13:58

Ces lignes sont une première réponse au texte de la secte obligeamment posté par alexi, que je remercie chaudement, mais je le ferai en plusieurs fois, il faut que j'aille travailler, donc je reprendrai plus tard l"analyse de quelques points intéressants.
Quelques éléments donc sur la logorrhée de la secte islamophobe:

Les militants de l’islam intégriste ont alors peu à peu rempli le vide laissé par la disparition des structures collectives de type politique ou syndical, qui pouvaient exister auparavant dans les villes et les banlieues.

C'est faux et c'est du fantasme, les quartiers populaires fourmillent d'associations qui ne sont pas, et c'est le moins que l'on puisse dire, contrôlées par des militants de l'islam intégriste, d'ailleurs la secte islamophobe ne fournit aucune statistique, aucun chiffre à ce sujet, elle ne fait que reprendre la propagande contre ce qu'elle appelle dans une brève récente des "quartiers immigrés", c'est la bonne thématique de l'invasion et du remplacement des populations européennes, les "territoires perdus de la république" et autres notions qui révèlent leur extériorité radicale aux quartiers populaires.


une montée, dans tous les milieux, des idées religieuses, des idées de droite.

En France aujourd’hui, cela s’affiche dans la rue, sur le plan vestimentaire, par le port de la kippa, du voile ou de la barbe islamiques. Car cela touche aussi bien la jeunesse d’origine juive que la jeunesse d’origine maghrébine ou africaine.

Au passage nous revoici avec "les français d'origine juive", ce qui montre que dans l'esprit de la secte raciste, les juifs ne sont pas français, ou au minimum que le judaïsme est étranger à la France puisque l'origine juive est mise sur le même plan que l'origine "maghrébine ou africaine", qui évoque en effet un lieu géographique étranger à la France. Le judaïsme est donc par essence un lieu dont sortent les juifs français. Pauvres saLOpards, décidément le racisme ne se divise pas... et lorsqu'ils se disent fièrement judéophobes il convient de les prendre au mot.

Ensuite, petit tour de passe-passe, toute idée religieuse est une idée de droite. Pauvres ignorants, qui vous classeraient Bobby Sands, Piaget ou la très grande majorité des travailleurs organisés de continents entiers à droite comme on peut le voir en Amérique Latine et en Asie... Déjà en France, évidemment ce sont des sottises que seule une secte coupée des réalités de la classe dont elle parle peut proférer, mais évidemment et en pleine cohérence avec la vision coloniale, la secte voit le monde à son image.

Parlant de Tariq Ramadan, la secte écrit:
la jeunesse qu’il milite à embrigader sous la bannière de l’islam n’est qu’une base, un tremplin.
il vise à un contrôle étroit de la vie de toutes, y compris les « insoumises », et de tous, car il fait des garçons des gardiens de prison.

Evidemment, il était impossible d'espérer que la secte se renseigne sur Ramadan, et sur ce qu'il dit, écrit, mais reprend à son habitude les calomnies de la presse bourgeoise et les mensonges dont elle était remplie sur Ramadan à cette époque. Je renvoie les lecteurs à un article récent de Médiapart présentant les lectures de formation des vrais intégristes, les Kouachi et autres Coulibaly, et dans ces lectures, on s'aperçoit que Ramadan est un adversaire essentiel pour eux, que la destruction des propositions de Ramadan est une tâche centrale. J'ai toujours pensé que LO partageait avec les intégristes la même idée que les musulmanes devaient choisir entre leur religion et l'école, voici qu'ils communient aussi dans leur haine de Ramadan; une différence est que les djihadistes font du travail de terrain dans les quartiers populaires alors que LO en est absente, et que les djihadistes connaissent la ligne de Ramadan alors que la secte ignore de quoi elle parle.
Ensuite, la vision selon laquelle "les garçons" musulmans sont les gardiens de la prison de leurs soeurs renvoie à des clichés honteux, racistes évidemment sous couvert de féminisme, et montre à nouveau l'ignorance crasse des gens de la secte par rapport aux jeunes femmes qui mettent le voile. Toutes les enquêtes montrent que c'est très majoritairement une réaction tout à fait volontaire de leur part souvent à contrecourant de la volonté familiale et en signe de rébellion... Mais que peut en savoir la secte, le monde et les enquêtes scientifiques, la réalité qui l'entourent, par définition de ce qu'est une secte ne la concernent que tant qu'elle peut l'intégrer à son corpus intellectuel identitaire (au sens qui fait son identité exclusive évidemment).

L’« Appel des Indigènes de la République », lancé à l’initiative d’organisations musulmanes
Mensonge ou ignorance, ce qui renvoie et illustre à la nature politique de LO, une secte islamophobe. Les organisations musulmanes n'ont pas été à l'initiative des Indigènes et Ramadan, comme j'en étais le témoin, a toujours dit que la campagne contre la loi raciste de 2004 était "une erreur", et que la constitution des Indigènes aussi même s'il s'en déclarait, dans les deux cas, solidaire dans l'avalanche qui allait leur tomber dessus. J'ai vu Ramadan dire à une salle bourrée de filles en foulards flambant neufs que si la loi passait, il fallait obéir à la loi parce que l'éduication des femmes musulmanes était une priorité et qu'il ne fallait pas se séparer de la seule communauté à construire, celle des opprimés (et il a cité plusieurs fois les LGBT, les femmes, les travailleurs et les chômeurs, les habitants et la jeunesse des quartiers populaires) contre la communauté au pouvoir, celle des possédants.
Quant aux Indigènes, je ne vais par revenir sur leur genèse, mais des gens comme Sadri, Houria, Saïd, Roland, et bien d'autres, je ne citerai même pas tous les autres, ne venaient nullement "d'organisations musulmanes", mais le travail de réflexion avait commencé bien avant, avec à Lille le MAI, le Mouvement Autonome de l'Immigration. Si vous me dites que c'était des petits-bourgeois, bon, il s'agit encore d'ignorance crasse de qui étaient ces gens, mais bon, j'ai l'habitude d'entendre les militants blancs baver sur mes camarades du MAI et des Indigènes.

feu le colonialisme français

Very Happy Very Happy Very Happy
A transmettre à leurs pauvres camarades de Combat Ouvrier aux Antilles... Pas mieux que les pires du FDG lorsqu'ils parlent des colonies françaises, amusant alors que l'hypothèse d'un Guantanamo "à la française" en Guyane (j'adore ce terme) est récurrent ces derniers temps... Ce n'est pas seulement que « l’idéologie coloniale perdure », mais que la réalité d'une France coloniale persiste. Mais évidemment LO le nie, car cela entraînerait d'autres difficultés.
A SUIVRE...
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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 14:03

L'outrance et la violence des réactions d'Eugene est étrange. Comme si la dénonciation de l'impérialisme français était pour lui inacceptable.
On peut exprimer des désaccords avec le PIR sans tomber dans une telle caricature...

Rien d'étrange, son parti a rallié le front national "Je suis Charlie", et cela a des implications, à la suite, une chasse est engagée contre ceux qui ne sont pas Charlie, le PIR, le NPA, Attack qui ont chacun exprimé des réserves ou des critiques contre la ligne de Charlie. La chasse est menée par le chef de l'état et son ministre Vals, mais aussi la ministre de l'Edication Nationale, celle de la Justice et les journalistes, c'est sur des fils postés ailleurs§

Et dans la manif à laquelle ils ont participé, il y avait bien sûr toute la brochette des pays où intervient l'impérialisme français, nombre de ses supplétifs.
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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 14:09

L’Appel des Indigènes




NOUS SOMMES LES INDIGENES DE LA REPUBLIQUE !

Rendu public en Janvier 2005, cet appel à été signé par des milliers de personnes.

Discriminés à l’embauche, au logement, à la santé, à l’école et aux loisirs, les personnes issues des colonies, anciennes ou actuelles, et de l’immigration post-coloniale sont les premières victimes de l’exclusion sociale et de la précarisation. Indépendamment de leurs origines effectives, les populations des « quartiers » sont « indigénisées », reléguées aux marges de la société. Les « banlieues » sont dites « zones de non-droit » que la République est appelée à « reconquérir ». Contrôles au faciès, provocations diverses, persécutions de toutes sortes se multiplient tandis que les brutalités policières, parfois extrêmes, ne sont que rarement sanctionnées par une justice qui fonctionne à deux vitesses. Pour exonérer la République, on accuse nos parents de démission alors que nous savons les sacrifices, les efforts déployés, les souffrances endurées. Les mécanismes coloniaux de la gestion de l’islam sont remis à l’ordre du jour avec la constitution du Conseil français du Culte Musulman sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi anti-foulard est une loi d’exception aux relents coloniaux. Tout aussi colonial, le parcage des harkis et enfants de harkis. Les populations issues de la colonisation et de l’immigration sont aussi l’objet de discriminations politiques. Les rares élus sont généralement cantonnés au rôle de « beur » ou de « black » de service. On refuse le droit de vote à ceux qui ne sont pas « français », en même temps qu’on conteste « l’enracinement » de ceux qui le sont. Le droit du sol est remis en cause. Sans droit ni protection, menacées en permanence d’arrestation et d’expulsion, des dizaines de milliers de personnes sont privées de papiers. La liberté de circulation est déniée ; un nombre croissant de Maghrébins et d’Africains sont contraints à franchir les frontières illégalement au risque de leurs vies.

La France a été un Etat colonial… Pendant plus de quatre siècles, elle a participé activement à la traite négrière et à la déportation des populations de l’Afrique sub-saharienne. Au prix de terribles massacres, les forces coloniales ont imposé leur joug sur des dizaines de peuples dont elles ont spolié les richesses, détruit les cultures, ruiné les traditions, nié l’histoire, effacé la mémoire. Les tirailleurs d’Afrique, chair à canon pendant les deux guerres mondiales, restent victimes d’une scandaleuse inégalité de traitement.


La France reste un Etat colonial ! En Nouvelle Calédonie, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Polynésie règnent répression et mépris du suffrage universel. Les enfants de ces colonies sont, en France, relégués au statut d’immigrés, de Français de seconde zone sans l’intégralité des droits. Dans certaines de ses anciennes colonies, la France continue de mener une politique de domination. Une part énorme des richesses locales est aspirée par l’ancienne métropole et le capital international. Son armée se conduit en Côte d’Ivoire comme en pays conquis.


Le traitement des populations issues de la colonisation prolonge, sans s’y réduire, la politique coloniale. Non seulement le principe de l’égalité devant la loi n’est pas respecté mais la loi elle-même n’est pas toujours égale (double peine, application du statut personnel aux femmes d’origine maghrébine, sub-saharienne…). La figure de l’« indigène » continue à hanter l’action politique, administrative et judiciaire ; elle innerve et s’imbrique à d’autres logiques d’oppression, de discrimination et d’exploitation sociales. Ainsi, aujourd’hui, dans le contexte du néo-libéralisme, on tente de faire jouer aux travailleurs immigrés le rôle de dérégulateurs du marché du travail pour étendre à l’ensemble du salariat encore plus de précarité et de flexibilité.


La gangrène coloniale s’empare des esprits. L’exacerbation des conflits dans le monde, en particulier au Moyen-Orient, se réfracte immédiatement au sein du débat français. Les intérêts de l’impérialisme américain, le néo-conservatisme de l’administration Bush rencontrent l’héritage colonial français. Une frange active du monde intellectuel, politique et médiatique français, tournant le dos aux combats progressistes dont elle se prévaut, se transforme en agents de la « pensée » bushienne . Investissant l’espace de la communication, ces idéologues recyclent la thématique du « choc des civilisations » dans le langage local du conflit entre « République » et « communautarisme ». Comme aux heures glorieuses de la colonisation, on tente d’opposer les Berbères aux Arabes, les Juifs aux « Arabo-musulmans » et aux Noirs. Les jeunes « issus de l’immigration » sont ainsi accusés d’être le vecteur d’un nouvel anti-sémitisme. Sous le vocable jamais défini d’« intégrisme », les populations d’origine africaine, maghrébine ou musulmane sont désormais identifiées comme la Cinquième colonne d’une nouvelle barbarie qui menacerait l’Occident et ses « valeurs ». Frauduleusement camouflée sous les drapeaux de la laïcité, de la citoyenneté et du féminisme, cette offensive réactionnaire s’empare des cerveaux et reconfigure la scène politique. Elle produit des ravages dans la société française. Déjà, elle est parvenue à imposer sa rhétorique au sein même des forces progressistes, comme une gangrène. Attribuer le monopole de l’imaginaire colonial et raciste à la seule extrême-droite est une imposture politique et historique. L’idéologie coloniale perdure, transversale aux grands courants d’idées qui composent le champ politique français.


La décolonisation de la République reste à l’ordre du jour ! La République de l’Egalité est un mythe. L’Etat et la société doivent opérer un retour critique radical sur leur passé-présent colonial. Il est temps que la France interroge ses Lumières, que l’universalisme égalitaire, affirmé pendant la Révolution Française, refoule ce nationalisme arc-bouté au « chauvinisme de l’universel », censé « civiliser » sauvages et sauvageons. Il est urgent de promouvoir des mesures radicales de justice et d’égalité qui mettent un terme aux discriminations racistes dans l’accès au travail, au logement, à la culture et à la citoyenneté. Il faut en finir avec les institutions qui ramènent les populations issues de la colonisation à un statut de sous-humanité.

Nos parents, nos grands-parents ont été mis en esclavage, colonisés, animalisés. Mais ils n’ont pas été broyés. Ils ont préservé leur dignité d’humains à travers la résistance héroïque qu’ils ont mené pour s’arracher au joug colonial. Nous sommes leurs héritiers comme nous sommes les héritiers de ces Français qui ont résisté à la barbarie nazie et de tous ceux qui se sont engagés avec les opprimés, démontrant, par leur engagement et leurs sacrifices, que la lutte anti-coloniale est indissociable du combat pour l’égalité sociale, la justice et la citoyenneté. Dien Bien Phu est leur victoire. Dien Bien Phu n’est pas une défaite mais une victoire de la liberté, de l’égalité et de la fraternité !

Pour ces mêmes raisons, nous sommes aux côtés de tous les peuples (de l’Afrique à la Palestine, de l’Irak à la Tchétchènie, des Caraïbes à l’Amérique latine…) qui luttent pour leur émancipation, contre toute les formes de domination impérialiste, coloniale ou néo-coloniale.

NOUS, descendants d’esclaves et de déportés africains, filles et fils de colonisés et d’immigrés, NOUS, Français et non-Français vivants en France, militantes et militants engagé-es dans les luttes contre l’oppression et les discriminations produites par la République post-coloniale, lançons un appel à celles et ceux qui sont parties prenantes de ces combats à se réunir en Assises de l’anti-colonialisme en vue de contribuer à l’émergence d’une dynamique autonome qui interpelle le système politique et ses acteurs, et, au-delà, l’ensemble de la société française, dans la perspective d’un combat commun de tous les opprimés et exploités pour une démocratie sociale véritablement égalitaire et universelle.

Le 8 mai 1945 , la République révèle ses paradoxes : le jour même où les Français fêtent la capitulation nazie, une répression inouïe s’abat sur les colonisés algériens du Nord-Constantinois : des milliers de morts !

Le 8 mai prochain, 60ème anniversaire de ce massacre, poursuivons le combat anticolonial par la première Marche des indigènes de la République !

Nous sommes les indigènes de la République !

Merde, quel beau texte, je suis fier de l'avoir signé, j'ai souligné au passage des extraits qui ridiculisent certains propos de l'époque et d'aujourd'hui sur les Indigènes non opposés au capitalisme, etc... Je rappelle la communauté des Indigènes: NOUS, descendants d’esclaves et de déportés africains, filles et fils de colonisés et d’immigrés, NOUS, Français et non-Français vivants en France, militantes et militants engagé-es dans les luttes contre l’oppression et les discriminations produites par la République post-coloniale Et c'est cela que les saLOs appellent du communautarisme... Very Happy


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Message  verié2 Mar 20 Jan - 14:11

LO
"Les militants de l’islam intégriste ont alors peu à peu rempli le vide laissé par la disparition des structures collectives de type politique ou syndical, qui pouvaient exister auparavant dans les villes et les banlieues."
Toussaint
C'est faux et c'est du fantasme, les quartiers populaires fourmillent d'associations qui ne sont pas, et c'est le moins que l'on puisse dire, contrôlées par des militants de l'islam intégriste
Sur ce plan, Toussaint a raison. Je l'ai d'ailleurs constaté à Argenteuil à l'occasion des manifs contre les agressions islamophobes, où les intégristes étaient tout à fait marginalisés. Cette description apocalyptique donne l'impression que des organisations du genre Hezbollah ou Hamas encadreraient certains quartiers. C'est en effet fantasmatique.

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Message  verié2 Mar 20 Jan - 15:18

Sur le texte de LO mis en ligne par Alexi. La première partie sur l'histoire du mouvement ouvrier qui a intégré des ouvriers de toutes origines est bonne. En revanche, la seconde est très légère et vise pour une bonne part à régler des comptes avec la LCR...

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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 17:20

La première partie sur l'histoire du mouvement ouvrier qui a intégré des ouvriers de toutes origines est bonne.

Sauf qu'elle est largement fantasmée, et que l'analyse des termes révèle souvent l'injonction à l'intégration et l'assimilation, et fort peu ce sur quoi les bolcheviks insistaient, la lutte contre les préjugés au sein de la classe ouvrière française, au sein des organisations ouvrières, notamment les préjugés contre les religions de ces populations issues des régions dominées de l'empire. Pas étonnant, la secte fait la lecture des textes canon comme toutes les autres sectes, y compris religieuses, elle sélectionne très soigneusement ce qui lui permet de justifier ses particularités et son identité.

Largement fantasmée parce que les préjugés coloniaux au sein de la classe expliquent en grande partie la sous-représentation des Indigènes dans les organisations ouvrières et encore plus dans leurs directions. La description d'un mouvement ouvrier originellement pur fait partie des mythes fondateurs de l'ouvriérisme religieux de la secte.
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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 17:22

ce texte met tous « les Français » dans un même sac (...) Il est pourtant facile de voir que Noirs et Arabes ne sont pas seuls à être victimes du chômage.
LO ment factuellement : jamais les Indigènes ne disent cela, évidemment.
Voici comment se définissent et à qui s'adresse l'Appel des Indigènes:
NOUS, Français et non-Français vivants en France,
militantes et militants engagé-es dans les luttes contre l’oppression et les discriminations
produites par la République post-coloniale, lançons un appel à celles et ceux qui sont parties prenantes de ces combats
Mais il est vrai que pour LO il est impensable de se sentir parties prenantes de ces combats, la secte se bat uniquement pour sa conservation et son autoreproduction.

Voici ce que disent les Indigènes: "Indépendamment de leurs origines effectives, les populations des « quartiers »", "La figure de l’« indigène » continue à hanter l’action politique, administrative et judiciaire ; elle innerve et s’imbrique à d’autres logiques d’oppression, de discrimination et d’exploitation sociales. Ainsi, aujourd’hui, dans le contexte du néo-libéralisme, on tente de faire jouer aux travailleurs immigrés le rôle de dérégulateurs du marché du travail pour étendre à l’ensemble du salariat encore plus de précarité et de flexibilité.".

Alors, certes les Indigènes se battent contre les "discriminations racistes dans l’accès au travail, au logement, à la culture et à la citoyenneté". Visiblement pour LO cela se réduit à dire que seuls "Noirs et Arabes" sont victimes du chômage. La secte ici ne se gêne pas pour parler de Noirs et d'Arabes, en revanche si on parle des Blancs, houla, crime de lèse universalisme, il y a les humains et les gens de couleur pour LO, les blancs ne sont pas une couleur, ils n'existent pas, ils sont le modèle originel, ce sont les autres dont on peut citer la couleur comme les caractérisant fondamentalement. C'est typique de la racialisation, que les Indigènes assument parce qu'elle est un fait majeur de la constitution du système de domination, mais qu'évidemment LO nie, tout en s'appuyant dessus. Ces discriminations étaient déjà documentées dans des enquêtes et des statistiques scientifiques, mais la secte nie le réel, c'est dans sa nature et cela se voit dans leur analyse de la Russie comme de celle des "quartiers immigrés".

Je continue la lecture de ce texte pathétique:

Ne pas dire que c’est l’exploitation capitaliste qui est, à la source, responsable de cette situation, et des oppressions de type racial qui s’y intègrent, s’attacher à donner une coloration ethnico-communautariste à la question, qui est sociale, revient à affaiblir la conscience de ceux qui sont tous des victimes de l’exploitation capitaliste, en les divisant ; à entraver la prise de conscience par les exploités et les opprimés de la nécessité d’une lutte de classe solidaire et fraternelle.

L'exploitation capitaliste en elle-même n'est pas la seule source de cette situation, ou en tout cas, cette situation française, européenne est le produit d'une histoire particulière, celle de la France et de l'Europe, dans laquelle LO elle-même avance des explications supplémentaires, à commencer par la trahison des partis ouvriers qui n'est pas le résultat mécanique du capitalisme mais qui a de lourdes responsabilités dans une décolonisation incomplète et largement inachevée dans les pays anciennement colonisés et dans les actuelles colonies françaises. Ensuite LO se garde bien de dire que la surexploitation et la précarisation massive des indigènes, des racialisés en général a eu des bénéficiaires et que ces bénéficiaires ne sont historiquement pas seulement des bourgeois capitalistes. C'est encore visible dans l'attitude du PCF qui s'explique en partie par cela.

Ensuite, voici ce que disent les Indigènes comme leur but stratégique:
la perspective d’un combat commun de tous les opprimés et exploités pour une démocratie sociale véritablement égalitaire et universelle.
. Pas exactement ce que croiront les lecteurs de la revue "théorique" de la secte. Malcolm X que les saLOs et la LCR de l'époque encensaient était un musulman qui ne disait pas autre chose et même moins, et parlait de la nécessité pour les Noirs de construire un mouvement politique propre, réservé aux noirs (les Indigènes n'ont jamais réservé l'adhésion aux racialisés), qui leur permette de s'allier à d'autres pour combattre le racisme et l'oppression. Et je ne parle pas des premiers temps où il est devenu Malcolm X où il refusait même la solidarité des blancs, se battait pour une complète séparation entre blancs et noirs. Il a évolué par l'Islam et aussi par la solidarité inconditionnelle contre le racisme des organisations américaines "blanches". Encore un type que LO devrait juger à droite, mais bon, il est loin, il est mort, et on peut le récupérer pour mieux insulter ceux qui mènent ici le même combat, dans un contexte différent mais comparable.


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Message  verié2 Mar 20 Jan - 17:41

les préjugés coloniaux au sein de la classe expliquent en grande partie la sous-représentation des Indigènes dans les organisations ouvrières et encore plus dans leurs directions
A ses débuts, le PC (SFIC) a tout de même eu une politique anti-colonialiste radicale et a présenté des immigrés aux élections. Pour ce qui est de l'époque de la guerre d'Algérie, période que j'ai vécue, il faut nuancer : c'était souvent des fractions de la base qui étaient plus anti-colonialistes que la direction et qui nouaient des contacts avec des Algériens...

Le PC n'a pas seulement voulu parfois flatter les préjugés de sa base, il s'est aligné sur l'impérialisme français en fonction des intérêts et directives de la bureaucratie de l'URSS...

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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 17:51

La classe ouvrière et le mouvement ouvrier existaient avant et pendant la colonisation et non, ils ne se sont pas opposés à la colonisation, la vision du caractère progressiste de la colonisation, modernisant les forces productives, etc, a été bien antérieure à la trahison du PCF...
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Message  verié2 Mar 20 Jan - 18:06

Toussaint a écrit:La classe ouvrière et le mouvement ouvrier existaient avant et pendant la colonisation et non, ils ne se sont pas opposés à la colonisation, la vision du caractère progressiste de la colonisation, modernisant les forces productives, etc, a été bien antérieure à la trahison du PCF...
"Globalement", certes, la classe ouvrière française ne s'est jamais massivement opposée à la colonisation, c'est clair. A certains moments, des fractions minoritaires l'ont fait. La jonction entre le mouvement ouvrière et les mouvements de libération nationale ne pouvait se faire, à mon avis, qu'en période de crise, pas quand le capital avait les moyens de laisser des miettes (parfois assez grosses) aux ouvriers métropolitains, comme pendant les trente glorieuses. L'idéologie repose toujours sur des bases matérielles. Des travailleurs qui ne luttent pas de façon radicale contre leur propre exploitation ne vont pas s'engager pour les peuples coloniaux par pur idéalisme. C'est comme ça. Au Portugal, à la fin de la guerre d'Angola, la jonction s'est tout de même faite.

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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 18:13

Brandir l’anti-impérialisme, l’anticolonialisme, l’antiracisme, c’est évidemment une arme maniée par les islamistes à destination des milieux « de gauche » ou « progressistes » dans un but de chantage et d’intimidation. Elle y rencontre un certain écho, en particulier au sein de la mouvance altermondialiste, qu’on a vue offrir à Tariq Ramadan des tribunes lors de forums altermondialistes tels que celui de Saint-Denis ou lors du Forum social européen de Londres en octobre 2004, soutenir les manifestations en faveur du voile dans les écoles ou encore les appels des « indigènes de la République » et pour des « Assises de l’anticolonialisme post-colonial » au mois de mai.

Je ne vais pas revenir sur la loi raciste de 2004 que LO ratifie en regrettant en somme non ses dispositions et son application, mais ses justifications. Cela n'a pour intérêt que de rappeler qu'en effet LO a fait campagne et continue pour exclure les musulmanes visibles de l'école, et avec leur raisonnement (il ne s'agit nullement de la laïcité qui limiterait à l'école l'exclusion des musulmanes) il est légitime de les exclure aussi de tout l'espace public et des entreprises, de les renvoyer dans la sphère familiale et son huis clos. Au nom du féminisme, exactement comme le disent les Indigènes et comme je le dis quand je précise qu'ils sont des militants de la discrimination et l'exclusion des musulmans visibles de l'espace public.

théologien des Frères Musulmans Youssef al-Qaradhawi, aux côtés de Ramadan qui est un de ses disciples.

Encore une invention et un mensonge factuels...
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Message  Toussaint Mar 20 Jan - 18:15

C'est comme ça.

Ben oui, et c'est pourquoi le récit angélque de la secte relève du mythe de la pureté originelle dont elle se dit l'héritière exclusive, comme toutes les sectes.
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Message  verié2 Mar 20 Jan - 18:23

[quote="Toussaint"]


théologien des Frères Musulmans Youssef al-Qaradhawi, aux côtés de Ramadan qui est un de ses disciples.

Encore une invention et un mensonge factuels...
On en a déjà longuement discuté. Il est clair que, par paresse intellectuelle et aussi parce que ça lui convenait, LO a repris toutes les affabulations de Fourest dont ce parti fait circuler le livre. Ca met à mal la prétendue rigueur dont se targue LO. De là à en faire une "secte raciste", je ne peux que te répéter, très fraternellement, que tu débloques. Si LO était une "secte raciste" pourquoi dénoncerait-elle cette semaine dans son édito les attaques contre les mosquées ? Pourquoi LO réclame-t-elle le droit pour les Musulmans de disposer de mosquées ? Une "secte raciste", en toute logique, aurait du rejoindre Riposte laïque, non ?

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