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Prostitution/Travail du sexe - Page 14 Empty Re: Prostitution/Travail du sexe

Message  sylvestre Mer 12 Oct - 16:56

http://www.monde-diplomatique.fr/2011/05/AUBERT/20481

Travailleurs du cybersexe

par Olivier Aubert, mai 2011

On les appelle « performeurs », « modèles », « animateurs ». Des jeunes femmes surtout, bien qu’il y ait aussi des hommes, des couples et des femmes d’âge mûr. Installés face à la webcam de leur ordinateur, et le plus souvent en musique, ils travaillent, reliés au réseau Internet. De leur bout de trottoir numérique, ils tentent d’appâter le client pour qu’il vienne les rejoindre sur leur « chat » privé. Strip-tease d’un continent à l’autre, ils dialoguent, s’exhibent, simulent l’excitation sexuelle, le plaisir, l’orgasme, répondent aux injonctions des clients envoyées sous forme de textes brefs, au clavier ou en paroles.

Rémunérés au pourcentage sur le temps de connexion payant, ils sont philippins, roumains, ukrainiens, russes, américains, colombiens ou français. Dans un décor reproduisant les clichés visuels des « lieux de plaisir » ou des chambres de passe, ils vendent depuis leur lit, quelquefois depuis un simple fauteuil, du temps d’exhibition, de dialogue et de simulation. Le site Live Jasmin revendique 31 315 jeunes filles et 8 921 jeunes hommes. Par un système d’affiliation, des plates-formes offrent aux propriétaires de ce type de site une liste mondiale de « modèles » qui permet, grâce au décalage horaire, d’avoir en permanence en ligne un vivier de plusieurs centaines de personnes disponibles. En échange de cette offre sans cesse renouvelée, la plate-forme prélève une part importante des gains, reversant 30 % au webmestre.

A la différence de sites ou de forums dont les annonces ont pour objet une rencontre physique qui pourra donner lieu à une relation sexuelle, de tels espaces sont totalement virtuels. Beaucoup précisent dans les conditions d’utilisation que ceux qui chercheraient à contacter les « modèles » seraient exclus.

Une connexion de dix minutes avec quatre clients simultanés ne rapporte, selon les sites, que de 5 à 10 euros. Comme il faut plusieurs heures pour attirer le chaland, cela ne permet de gagner, dans le meilleur des cas, que l’équivalent d’un SMIC mensuel pour une bonne dizaine d’heures par jour devant sa caméra — au pis, quelques dizaines d’euros. Laboratoires de ces nouveaux liens au travail, les entreprises qui les promeuvent sont le plus souvent basées dans des paradis fiscaux (Antilles néerlandaises, Costa Rica, Luxembourg, Gibraltar) ou aux Etats-Unis, dans des Etats où le droit des affaires est particulièrement permissif, comme le Delaware ou l’Oregon.

D’un point de vue salarial, en France et dans la plupart des pays occidentaux, les employés du porno et du strip-tease sont considérés comme intermittents du spectacle et payés au cachet. Les personnels des entreprises de Minitel rose ou des services téléphoniques de messagerie « conviviale » sont pour leur part employés de sociétés télématiques. Quant aux personnes prostituées, elles n’ont en France de reconnaissance juridique et administrative que par leur imposition, selon le principe de la taxation des bénéfices non commerciaux. Ces nouveaux travailleurs indépendants viennent donc encore élargir la palette des statuts des travailleurs du sexe.

Comme pour de classiques offres de travail à domicile, les annonces de recrutement sur le Web ne parlent que d’« arrondir ses fins de mois », sans « aucune obligation horaire », de « faire de l’argent » en devenant animatrice, de « rémunération de prestations amateurs ». En permanence à la recherche de nouvelles recrues, les plates-formes proposent des rémunérations garanties (variables selon le pays des visiteurs) allant de quelques dizaines de centimes à 1 euro la minute pour des « shows privés » — qui, en pratique, peuvent rassembler plusieurs spectateurs payant chacun 1 euro la minute. Le règlement de ces gains se fait mensuellement par transfert sur le compte bancaire du « performeur », voire par le système Paypal, qui permet un relatif anonymat.

Cette économie de la virtualité ne nécessite ni contrats, ni immobilisations financières ou immobilières, ni aucun autre investissement que la location des serveurs et l’achat de la bande passante permettant d’acheminer les vidéos et le son. Les propriétaires et actionnaires de cette nébuleuse demeurent invisibles. Une telle économie faite de technologie, de virtualité, de marketing, de pourcentages, de flux, de paradis fiscaux et de pauvreté ressemble à s’y méprendre à l’acmé de la nouvelle économie dématérialisée. La « production de contenus » rapporte moins que son organisation et sa promotion. Les gains des hébergeurs bénéficient d’une opacité totale. Paupérisation et concurrence font le reste. Et voici qu’émerge un nouveau prolétariat mondial : celui des fournisseurs de contenus des technologies de l’information, qu’aucune réglementation du travail ne reconnaît et qu’aucune législation sur le droit à l’image ou la propriété intellectuelle ne paraît pouvoir encadrer. L’industrie du sexe y est, comme toujours, un précurseur.

Représentant aujourd’hui, selon diverses études, 12 % des sites et près de 25 % des recherches sur Internet, cette industrie a largement contribué au développement du micropaiement en ligne, de la compression vidéo et des techniques du Web. Elle a donné naissance à un modèle de marketing dont le principe est de mettre en place des « sites vitrines » accessibles gratuitement, mais renvoyant à des services payants ; c’est elle aussi qui invente et raffine toutes les techniques de partage de liens, de transfert de trafic d’un site à l’autre et de fidélisation de la clientèle.

En France, un homme sur deux et une femme sur cinq déclarent regarder régulièrement de la pornographie (1). Si le recours à la prostitution chez les hommes reste relativement stable — 3,3 % des hommes en 2006, contre 3,1 % en 1992 —, en revanche la consommation de sexe en ligne explose.

Selon le psychologue Alvin Cooper, directeur du San Jose Marital and Sexuality Centre de Santa Clara, en Californie, « le sexe sur Internet est principalement pratiqué par les hommes comme une façon de chasser le stress, une façon de fantasmer sur des pratiques en restant fidèle (2) ». Au même titre que d’autres addictions telles que le jeu, les médicaments, l’alcool. Selon lui, « ce comportement peut compenser des sentiments de colère, de déception, d’ennui, de tension, d’inquiétude, de solitude ou de tristesse et mener au surinvestissement d’une vie virtuelle confortable face à son ordinateur ». Une habitude qui n’est pas sans effet, puisque ce chercheur estime qu’elle peut « entraîner des modifications de la perception que l’on a des autres, générer un désengagement de la vie réelle, modifier la perception de la réalité et parfois conduire à un isolement social ».

Cette industrie est loin de se concentrer dans les mains de quelques mastodontes. La concurrence est permanente. Les sites gratuits qui se bornent à rediffuser des séquences de films pirates ou « d’amateurs » n’ont pour objet que d’aspirer l’internaute vers des services payants. Signe de l’excellente santé économique du secteur, le nom de domaine « sex.com » s’était échangé, en 2006, pour 14 millions de dollars. Et l’industrie vient d’obtenir de la part de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), l’organisme qui régule les noms de domaine sur Internet, une extension spécialisée, le « xxx ». Au jour de sa création, plus de deux cent mille domaines avaient fait l’objet d’une demande de préréservation...

Pour mieux comprendre le fonctionnement et les usages de cette économie, cinq chercheurs ont, le temps d’une étude, endossé le rôle de créateurs de sites. Ils en révèlent les coulisses, de guerres commerciales en techniques de piratage des bases de données des concurrents, en passant par les fraudes au clic permettant de générer le maximum de profit en redirigeant les internautes, à leur insu, sur des bannières de publicité (3).

Alors que, sur la Toile, les offres de « chat coquin » se multiplient, offrant une infinité de « modèles », on observe une mutation du lien économique et de subordination. Nul metteur en scène ne dirige ces acteurs ; à la différence de ce qui se pratique dans les secteurs des services télématiques ou des peep shows, aucune formation n’est proposée, pas plus que de scripts des dialogues à avoir avec ses clients. Le « performeur » est censé avoir intégré les désirs des internautes, leurs codes et leurs fantasmes. Et, sur la base d’une vague liste de préférences qui aura amené le client jusqu’à lui, jouer les séquences et adopter les comportements qui le satisferont pour une rémunération au pourcentage.

Régulièrement évoqué lors de débats parlementaires, le sexe sur Internet n’est envisagé que sous l’angle de la protection de l’enfance et de la répression de la pédopornographie et du proxénétisme. Pas de questions sur le cybersexe et ces travailleurs « autoentrepreneurs » du « divertissement pour adultes », véritables soutiers d’une très lucrative industrie. Sans même parler des conditions de vie qui leur font choisir de devenir « performeurs ».

Olivier Aubert

Journaliste.

(1) Nathalie Bajos et Michel Bozon (sous la dir. de), Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, genre et santé, La Découverte, Paris, 2008.

(2) Alvin Cooper, Sex and the Internet : A Guidebook for Clinicians, Brunner-Routledge, New York, 2002.

(3) Gilbert Wondracek, Thorsten Holz, Christian Platzer, Engin Kirda et Christopher Kruegel, « Is the Internet for porn ? An insight into the online adult industry », séminaire WEIS 2010, université Harvard, 7-8 juin 2010.



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Message  Vals Mer 12 Oct - 17:12

C'est tout simplement répugnant que des êtres humains en soient réduits à ces humiliations...

Il y a quelques temps, là où je vis, un restaurant avait ouvert, "proposant" des serveuses "seins nus" que leur patron ne payait qu'au cachet et qui étaient inscrites comme intermittentes du spectale....
Les (vrais) intermittents ont foutu le bordel et ont abouti à ce que le connard, apprenti-proxo, ferme sa boutique...
Ca ne règle pas le fond du problème, mais ça fait toujours plaisir...
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Message  Ellie Mer 19 Oct - 16:55

http://www.planning-familial.org/articles/le-planning-et-la-prostitution-00389


Le Planning et la prostitution

Le Planning Familial agit et lutte pour participer à la construction d’une société égalitaire, sans marchandisation et sans violence. Cet objectif ne doit pas nous conduire à agir, ici et maintenant, en aggravant la situation des personnes en situation de prostitution du fait du système prostitueur. Le Planning estime indispensable de prendre en compte la réalité du terrain et de définir une stratégie dans l’intérêt des personnes prostituées.
Déclaration

Le Planning, mouvement féministe, s’appuyant sur son analyse des rapports sociaux de sexe, replace la prostitution dans un continuum de la domination masculine et refuse de faire des personnes prostituées des personnes « à part ».

Si la prostitution a changé dans ses modalités avec l’arrivée d’un nombre important de femmes étrangères dans la prostitution de rue, comme avec l’usage généralisé d’internet, son développement est largement lié aux inégalités économiques croissantes et au renforcement de la marchandisation de nos sociétés.

Dans ce contexte international de précarisation, de mondialisation et d’aggravation des inégalités Nord-Sud, nous constatons le développement de réseaux internationaux organisés d’esclavagisme qui exploitent la misère et les situations de vulnérabilité des personnes prostituées. Les effets des politiques successives pour enrayer les systèmes d’exploitations sexuelles ne protègent pas les victimes et il existe très peu de condamnations de proxénète. Les personnes prostituées sont incitées à dénoncer mais ne bénéficient pas des protections et des droits promis en échange : elles deviennent ainsi encore plus exposées.

Les politiques publiques actuelles et celles qui nous sont proposées, ont pour conséquence de renforcer la pénalisation des personnes prostituées sans mettre en cause les profits des réseaux de proxénètes.

Pour exemple, dans le rapport de l'Assemblée Nationale, les lois de sécurité intérieure (LSI) sont toujours en vigueur. Elles prennent un tour d’autant plus violemment répressif que les femmes étrangères en situation irrégulière sont très représentées dans la prostitution de rue et très malmenées dans le contexte de mobilisation contre les droits des étrangers. Elles rendent moins visible l’activité sans changer la donne : pas de protection pour les personnes prostituées, des moyens en diminution pour les associations qui les accompagnent.

Les lois qui condamnent le rapport sexuel tarifé pénalisent les personnes prostituées en priorité. Une loi doit être conçue de façon à ne pas avoir des effets contraires à ses objectifs. C’est pourquoi Le Planning pense que pénaliser le client ne résoudra aucun des problèmes actuels mais risque au contraire de les aggraver en pénalisant d’abord les personnes en situation de prostitution, en renvoyant les femmes dans les zones frontalières, aggravant leur clandestinité.

Le Planning Familial se mobilise sur les conditions de la prostitution qui s’inscrit dans son combat contre les violences, et contre l'exploitation dans toutes ses dimensions. Le refus de la criminalisation n’est pas contradictoire avec ce combat contre les violences de genre ou les violences économiques.

L’expérience du Planning Familial auprès des femmes et son expertise dans la lutte contre les violences et pour la santé sexuelle lui permet d’intervenir sur ces questions dans une approche globale et avec les personnes en situation de prostitution.

C’est pourquoi Le PlanningFamilial oriente son action sur 3 axes s’appuyant sur les principes fondamentaux qui guident toute action dans le mouvement : éducation populaire, solidarité avec les femmes, souci du respect de la parole de l’autre :

* Renforcer le travail sur les rapports de domination et les inégalités femmes/hommes
* Développer l’éducation sexualisée
* Prendre en compte la parole des personnes en situation de prostitution

Le Planning Familial s’engage à :

* Dénoncer les conditions d’injustice économique croissante, et spécifiquement les écarts entre riches et pauvres, nord et sud, qui ont un impact désastreux sur les conditions de vie des femmes, toujours en première ligne, la prostitution étant un des aspects de cette injustice économique.
* Exiger une réelle politique de démantèlement des réseaux maffieux là où ils sont identifiés.
* Dénoncer les effets pervers de politiques répressives et demander l’abrogation de la loi LSI (art225-10-1)
* Refuser la pénalisation des personnes en situation de prostitution et la criminalisation de l’activité et des clients.
* Refuser la discrimination envers les personnes prostituées quant à l’application des lois en matière de violences sexuelles, d’agression, de voies de fait et harcèlement.
* Revendiquer pour les personnes en situation de prostitution, l’accès aux droits sociaux qui devraient être communs à toutes et tous
* Lutter pour que l'Etat mette en place une aide réelle pour celles qui veulent sortir du système prostitutionnel
*Proposer des recherches actions avec des associations de terrain sur les questions des violences et de la santé sexuelle pour améliorer nos connaissances et nos interventions tant sur le terrain qu'au niveau politique.

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Message  sylvestre Ven 11 Nov - 20:59

sylvestre a écrit:Pour résumer Schaffhauser dit que Fox était un "manager" (ce qui peut vouloir dire cadre ou dirigeant) mais que tous les syndicats de la confédération GMB accepte les managers (dans des branches séparées quand y a assez de monde), et que c'est seulement envers la branche de travailleurs-es du sexe qu'on en fait une affaire. Il ajoute qu'il souhaiterait qu'au lieu de tourner le dos à l'orga dans l'ensemble comme étant "dirigée par des proxénètes", les militant-es féministes et de la gauche aident à renforcer une position pro-travailleurs du sexe afin que le syndicat défende tous-tes les travailleurs-es du sexe, combatte l'exploitation, et ne se limite pas à être un instrument de campagne contre la criminalisation. Il faut défendre la syndicalisation et ne pas laisser les managers confisquer la parole des travailleurs-es.


Je comprends donc dans ce qu'il dit qu'il y a un débat au sein de cette organisation, et différentes positions suivant la place dans la hiérarchie de ce travail, que la question de la place des managers/proxénètes est une vraie question, mais que ça ne veut pas dire que ce que dit l'orga est nécessairement décrédibilisée de ce simple fait.

Ca se discute, mais ça s'entend.

Développement nouveau : Schaffhauser a été viré de l'IUSW précisément parce qu'il défendait dans l'article paru sur le site d'International Socialism le principe du syndicat comme devant rassembler les travailleurs, et non les dirigeants des entreprises du sexe : https://thierryschaffauser.wordpress.com/2011/11/11/iusw-fired-me/
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Message  fée clochette Ven 11 Nov - 21:12

sylvestre a écrit:
sylvestre a écrit:Pour résumer Schaffhauser dit que Fox était un "manager" (ce qui peut vouloir dire cadre ou dirigeant) mais que tous les syndicats de la confédération GMB accepte les managers (dans des branches séparées quand y a assez de monde), et que c'est seulement envers la branche de travailleurs-es du sexe qu'on en fait une affaire. Il ajoute qu'il souhaiterait qu'au lieu de tourner le dos à l'orga dans l'ensemble comme étant "dirigée par des proxénètes", les militant-es féministes et de la gauche aident à renforcer une position pro-travailleurs du sexe afin que le syndicat défende tous-tes les travailleurs-es du sexe, combatte l'exploitation, et ne se limite pas à être un instrument de campagne contre la criminalisation. Il faut défendre la syndicalisation et ne pas laisser les managers confisquer la parole des travailleurs-es.


Je comprends donc dans ce qu'il dit qu'il y a un débat au sein de cette organisation, et différentes positions suivant la place dans la hiérarchie de ce travail, que la question de la place des managers/proxénètes est une vraie question, mais que ça ne veut pas dire que ce que dit l'orga est nécessairement décrédibilisée de ce simple fait.

Ca se discute, mais ça s'entend.

Développement nouveau : Schaffhauser a été viré de l'IUSW précisément parce qu'il défendait dans l'article paru sur le site d'International Socialism le principe du syndicat comme devant rassembler les travailleurs, et non les dirigeants des entreprises du sexe : https://thierryschaffauser.wordpress.com/2011/11/11/iusw-fired-me/

Sauf que ça quand même c'est pas aussi clair que tu veux bien le dire : I do agree with the fundamental principles of the IUSW – support for the decriminalisation of sex work (sex workers, clients and managers and other third parties); inclusion of everyone in the sex industry and adult entertainment, regardless of role, immigration or taxation status; recognition of sex work as a form of work (labour). ça veut dire soutien aux proxos il me semble non ?
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Message  sylvestre Sam 12 Nov - 11:58

Ce qui est clair c'est que c'est parce qu'il veut une branche uniquement de travailleurs-es qu'il est viré. Il clarifie un peu plus bas sa position : une branche pour uniquement les travailleurs-es et une autre pour les "alliés" quelque soit leur occupation :

I do believe that a trade union is a safe space for the workers and those workers don’t have the same class interests as their employers or clients. I have never supported the exclusion of anyone but that GMB provides a separate branch for allies who want to support us. This is a very common thing in the labour movement that managers are not in the same branch as workers. I also do believe that our allies should understand and respect sex workers’ need for sex worker only safe spaces.

C'est une position plus "autonomiste" que marxiste, mais avec un point de vue de classe qui s'exprime tout de même explicitement.
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Message  fée clochette Sam 3 Déc - 18:00

http://www.alternatifs.org/spip/au-sujet-de-la-penalisation-des

Au sujet de la pénalisation des clients de la prostitution

Les Alternatifs luttent contre toute forme de domination, économique, patriarcale et/ou colonialiste, pour une société qui permette à tout individu de vivre dignement et selon ses propres choix
La prostitution se trouve au croisement entre domination masculine et capitalisme. Les Alternatifs sont résolument abolitionnistes ainsi qu’ils l’ont réaffirmé lors de leurs précédents congrès.
La prostitution est une violence faite aux femmes et de ce point de vue elle est inacceptable.
Il importe de s’attaquer à ses causes. Elles sont le produit du système actuel de rapports humains, issu de notre histoire sociale, culturelle et économique. Patriarcat, colonisation occidentale et marchandisation y jouent un rôle primordial, en générant misère, inégalités et violences dont se nourrit le système prostitutionnel.
Mais, du rapport de la mission parlementaire sur la prostitution présidée par Danielle Bousquet, n’est mise en avant qu’une seule recommandation : celle de la pénalisation des clients.
Oui, la société doit envoyer un signal fort à ceux-ci : ce que vous faites n’est pas tolérable, nous ne l’acceptons pas, cela doit cesser. Car si les clients sont au cœur du système prostitutionnel c’est bien parce que la société accepte l’idée que les besoins des hommes seraient irrépressibles. Responsabiliser est certes nécessaire mais pénaliser risque de déplacer les lieux d’exercice de la prostitution, de la dissimuler sans pour autant la faire disparaître.

La pénalisation des clients s’attaquera tout autant aux personnes prostituées que la LSI (loi sur la sécurité intérieure), et en particulier aux plus fragiles d’entre elles (prostitué-e-s de rue, trans, migrant-e-s, sans-papières…) Les clients aisés auront toujours les moyens de la contourner. Cette mesure n’améliorera la lutte ni contre le proxénétisme ni contre la traite des êtres humains.
Les personnes prostituées, majoritairement des femmes mais aussi des hommes, ne doivent subir aucune répression de par la loi, car celle-ci n’aboutirait qu’à aggraver leur situation. Or, aucune loi ne doit pas porter préjudice à celles et ceux qu’elle est censée protéger.
Les Alternatifs n’acceptent pas l’actuel discours ambiant de stigmatisation des uns et des unes contre les autres. La prostitution doit cesser, mais les lois répressives soumises au vote aujourd’hui ne sont pas adaptées à la problématique de tarissement de la demande.
C’est d’une transformation sociétale dont nous avons besoin, d’une révolution des mentalités et de l’imaginaire collectif qui fasse tomber les aprioris sur le sujet. La prostitution n’est ni un mal nécessaire, ni le plus vieux métier du monde. Elle est avant tout une manne financière pour des réseaux d’exploitation sexuelle très bien organisés.

Les Alternatifs se positionnent :

pour une transformation de la société afin que nul n’ait jamais plus besoin de la prostitution pour survivre
pour une condamnation effective des réseaux prostitutionnels et de traite des êtres humains
pour la régularisation des toutes les sans-papières et tous les sans-papiers
pour une politique sociale qui permette à celles et ceux qui veulent s’en sortir de le faire et d’éviter de nouvelles entrées dans la prostitution.
Hostiles au tout répressif ils condamnent la loi LSI concernant le racolage passif.

Pour eux, la pénalisation des clients est une pseudo-solution simpliste car seul un cadre général de mesures sociales, économiques et éducatives peut tendre à la disparition de la prostitution.
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Message  sylvestre Sam 3 Déc - 18:05

Manifestation 17 décembre 14H Paris-place Pigalle


November 27th, 2011


A l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites
aux travailleuSEs du sexe, le STRASS vous invite à manifester. Venez
avec votre parapluie rouge et votre colère. Marche en mémoire de nos
collègues assassinéEs et victimes de violence. Plus d’information sur
notre page facebook :

https://www.facebook.com/event.php?eid=207296019346685

D’autres manifestations auront lieu à Lyon et Toulouse
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Message  Vals Mer 7 Déc - 1:24

Un porc dont il était difficile d'imaginer qu'il puisse être un beauf, défenseur de l'esclavage sexuel des femmes ( ce type a pu se permettre de se présenter comme proche de l'extrême-gauche alors qu'il n'est qu'un triste réac qui considère qu'il est normal que des femmes soient jetées en pâture, contre du fric, à des malades de son acabit...

L'acteur Caubère, client de la prostitution, juge "abject" de vouloir pénaliser
Par TF1 News (avec agences), le 13 avril 2011 à 19h36 , mis à jour le 13 avril 2011 à 19h40

Le comédien Philippe Caubère, Molière dans le film d'Ariane Mnouchkine, reconnaît, dans une interview mercredi au Parisien-Aujourd'hui en France, recourir à des prostituées et trouve "abject" de vouloir pénaliser les clients.
Philippe Caubère © LCI - TF1/DR "Je trouve ça abject", "on nage en plein populisme, au mépris des libertés individuelles. Client ou prostituée, chacun fait ce qu'il veut de son corps." C'est ainsi qu'a réagi le comédien Philippe Caubère - Molière dans le film d'Ariane Mnouchkine - à la proposition des députés UMP et PS de punir les clients de la prostitution, comme c'est le cas en Suède.

Les prostituées manifestent contre la pénalisation de leurs clients
Vidéo

2min 58s Face au retour des prostituées de rue, l'idée de sanctionner les clients - 2min 58s Les prostituées manifestent contre la pénalisation de leurs clientsEnviron 200 personnes ont manifesté jeudi après-midi, à Paris, à l'appel du Collectif Droits et Prostitution, pour protester contre un rapport parlementaire qui propose de sanctionner les clients ayant recours aux services de prostituées.
Publié le 02/06/2011 Face au retour des prostituées de rue, l'idée de sanctionner les clientsSanctionner les clients des prostituées : c'est ce que proposent des députés UMP et PS. Une idée plutôt bien accueillie par le gouvernement. Le débat intervient à un moment où les prostituées reviennent plus nombreux sur certains axes de la capitale.
Publié le 13/04/2011
Plus d'infos

Ecartant l'argument selon lequel la création de ce délit servirait à s'attaquer aux réseaux clandestins, Philippe Caubère assure qu'"on pourrait très bien les démanteler avec la loi actuelle". Pour lui, les prostituées "prennent soin d'hommes qui, pour beaucoup, vivent dans une misère sexuelle et une solitude terribles. Ce sont des femmes remarquables". "Qu'on les laisse travailler en paix", exhorte le comédien.

Caubère (héros des films d'Yves Robert "La gloire de mon père", "Le château de ma mère") assure qu'il continuera à payer des prostituées et confie: "Je suis un jouisseur. Le théâtre et le sexe, ce sont à la fois mes plus grands tourments et mes plus grands bonheurs". "Et puis, si la loi passe, les clients comme moi qui ont les moyens de payer une fille 200 euros ne seront pas inquiétés. Comme toujours avec ce gouvernement, ce sont les plus vulnérables qui vont trinquer", selon Caubère qui tranche: "ce gouvernement fait tout ce qu'il peut pour ramasser des voix. Après les immigrés, au tour des prostituées !"

Dans un entretien à France 2 mercredi midi, le comédien a martelé qu'il s'agissait d'un projet "électoraliste" destiné à "faire jouir le bon peuple moraliste", jugeant cette mesure "aussi grave que si on punissait de six mois de prison ou d'une amende lourde les homosexuels". "Pour beaucoup (de femmes qui se prostituent, ndlr), c'est un choix. Elles préfèrent coucher que travailler. Elles ont raison. Moi aussi, je préfère faire le con sur la scène que travailler", a-t-il déclaré, affirmant s'être lui-même prostitué dans sa jeunesse et en avoir été "fier".

Philippe Caubère a ajouté être "profondément dégoûté" par les associations féministes qui soutiennent ce projet, lançant : "c'est monstrueux de voir la décadence, la dégradation du féminisme !" "On est en France au pays de Voltaire, de Molière, de Rousseau, du libertinage, de la libre pensée. On est libre de son corps, on a le droit de faire ce qu'on veut de son corps, payer ou se faire payer pour coucher avec", a conclu l'acteur.

Par TF1 News (avec agences) le 13 avril 2011 à 19:36

Si on peut être "profondémment dégouté", c'est par des gros libidineux de son style...
A vomir.
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Message  verié2 Mer 7 Déc - 12:03

Si on peut être "profondémment dégouté", c'est par des gros libidineux de son style...
A vomir.
Bon, Caubère a tout de même le "mérite", si l'on peut dire, de la franchise, par rapport aux centaines de milliers (ou millions ?) de gens, y compris de politiciens partisans de lois répressives, qui jouent les faux-jetons vertueux mais ont recours à des prostitué(e)s.

Cela-dit, à propos de la pénalisation, je suis perplexe et n'ai pas d'avis pour le moment. Sans aucun doute, on ne peut pas accepter la banalisation et la légalisation de la prostitution et des bordels, et par conséquent du proxénétisme dont ils sont inséparables, mais la répression, dans la société actuelle ? Selon les médias, en Suède, cette pénalisation aurait fait reculer la prostitution. Mais il est vrai que cette répression ne frappe pour l'essentiel que les clients et prostitué(e)s pauvres ou relativement pauvres. Les partouzes tarifées du genre de celles du Carlton, avec notables friqués, flics ripoux et politiciens hypocrites continueront...

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Message  Vals Mer 7 Déc - 12:14

Les partouzes tarifées du genre de celles du Carlton, avec notables friqués, flics ripoux et politiciens hypocrites continueront....

Comme toi, je ne pense pas qu'il y ait de solution miracle dans une société construite sur l'exploitation des êtres humains..
Mais pour l'exemple que tu prends, on a beaucoup entendu dire, qu'après tout, si DSK avait recours à la prostitution, ce n'était pas illégal et finalement assez normal....
Si au moins le fait d'abuser sexuellement d'une femme ou d'un homme contre de l'argent était considéré comme innacceptable et légalement répréhensible, les abuseurs ne pourraient pas se prévaloir d'une parfaite légalité de leurs exploits ...


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Message  sylvestre Mer 7 Déc - 12:32

Le viol des prostitué-es est déjà illégal ! Ce qui ne l'est pas c'est d'avoir des relations tarifées.
Si jamais on s'amuse à les interdire aussi, les parades ne manquent pas pour contourner une telle loi, ce qui est l'expérience de toutes les sociétés où la prostitution a été interdite. La seule solution pour empêcher toute prostitution ce pourrait être à la rigueur d'interdire toute relation hors mariage.... et même là les questions matérielles ne sont pas forcément absentes.
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Message  gérard menvussa Jeu 8 Déc - 7:52

La seule solution pour empêcher toute prostitution ce pourrait être à la rigueur d'interdire toute relation hors mariage
Pourquoi "hors mariage" ? Le mariage n'est il pas une forme supérieure de prostitution ? (relire Marx) La seule solution me semble la castration massive !

des gros libidineux
Je ne vois pas ce qu'on peut reprocher à quelqu'un de libidineux. Etant moi même assez libidineux (sans recours aux prostitué d'ailleurs) je me permet de rappeler le mot de Woody alllen "Est ce que le sexe, c'est forcément dégueulasse ? Oui, quand c'est bien fait..."

Sur ce, je m'en vais comme un prince....
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Message  sylvestre Jeu 8 Déc - 13:23

gérard menvussa a écrit:
La seule solution pour empêcher toute prostitution ce pourrait être à la rigueur d'interdire toute relation hors mariage
Pourquoi "hors mariage" ? Le mariage n'est il pas une forme supérieure de prostitution ? (relire Marx) La seule solution me semble la castration massive !

Bien d'accord (c'est pourquoi j'ajoutais "et même là les questions matérielles ne sont pas forcément absentes.", et encore, des vicieux seraient capables de payer pour se faire prendre par l'autre bout. Je propose l'ablation du corps en dessous de l'abdomen.

Sinon un débat pas mal entre Morgane Merteuil du STRASS et Guy Geoffroy de l'UMP.
"Commencez par ouvrir les frontières, il y aura moins d'exploitation." comme le dit M. Merteuil...

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Message  BouffonVert72 Ven 9 Déc - 0:33

On commence par interdire aux adultes d'avoir des relations sesquelles entre-eux sous-pretexte d'abolitionnisme de la prostitution (prostitution qui est un mal nécessaire), puis après ce sera l'interdiction d'avoir des relations tout court entre certains types d'individus, puis ce sera la reléguation totale de toute une partie de la population sous des prétextes totalement futiles (être antiKapitaliste, écolo, etc..), puis ce sera le retour des bagnes-concentrationnaires, et pour finir on sombrera dans le fachisme pur-et-dur...

Il ne faut pas mettre le doigt dans l'engrenage.


BV72 ki/ Et tout ça sous les applaudissements de Vals & co... No
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Message  Vals Ven 9 Déc - 0:43

BouffonVert72 a écrit:On commence par interdire aux adultes d'avoir des relations sesquelles entre-eux sous-pretexte d'abolitionnisme de la prostitution (prostitution qui est un mal nécessaire), puis après ce sera l'interdiction d'avoir des relations tout court entre certains types d'individus, puis ce sera la reléguation totale de toute une partie de la population sous des prétextes totalement futiles (être antiKapitaliste, écolo, etc..), puis ce sera le retour des bagnes-concentrationnaires, et pour finir on sombrera dans le fachisme pur-et-dur...

Il ne faut pas mettre le doigt dans l'engrenage.


BV72 ki/ Et tout ça sous les applaudissements de Vals & co... No

L'ensemble de ton post est un chef-d'oeuvre, mais le plus joli, c'est même ça:

(prostitution qui est un mal nécessaire),

Rien que pour la qualité de ce propos, le"bagne concentrationnaire" te sera épargné...
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Message  gérard menvussa Ven 9 Déc - 1:14

Il ne faut pas mettre le doigt dans l'engrenage.
Ce genre de pratiques "sexquelles" sont parfaitement abominables, je propose l'abolition des mains !



et encore, des vicieux seraient capables de payer pour se faire prendre par l'autre bout. Je propose l'ablation du corps en dessous de l'abdomen.
On peut faire pas mal de saloperie aussi avec le heut de l'abdomen ! Ne consevons qu'un métre ou deux d'intestin. Aprés tout, par exemple dans le cas de Vals ou de Bouffon Vert, je ne suis pas sur que cela ferait une différence si considérable !
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Message  fée clochette Mar 13 Déc - 21:54

Motion sur la prostitution :
Contre l'hypocrisie de la pénalisation des clients de la prostitution
Les rencontres nationales femmes NPA du 10/11 décembre 2011 ont débattu de la question de la prostitution. Cette motion constitue une prise de position pour permettre au NPA de s'exprimer dans les débats d'actualité posés par la proposition de loi sur la pénalisation des clients de la prostitution.
Le NPA lutte pour une société débarrassée de toute oppression dont l'oppression patriarcale à laquelle participe le système prostitutionnel.
Celui-ci se nourrit notamment de la misère et des violences générées par les politiques libérale, sécuritaire et de fermeture des frontières.
Suite au vote à l'unanimité d'une résolution parlementaire, les députés D.Bousquet (PS) et Guy Geoffroy (UMP) ont déposé le 7 décembre une proposition de loi « visant à responsabiliser les clients de la prostitution et à renforcer la protection des victimes de la traite des êtres humains et du proxénétisme ».
La principale mesure de cette proposition vise à punir de 3750 euros d'amende et de 2 mois d'emprisonnement « le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, des relations de nature sexuelle de la part d’autrui » et met donc en place la pénalisation du client en faisant du recours à la prostitution un délit.
Contre les politiques libérale et sécuritaire, nous revendiquons la régularisation de toutes et tous les sans papier-es, droit au logement pour toutes et tous, augmentation des minimas sociaux, pas un revenu en dessous de 1600 euros net, l'égalité femmes hommes.
Une vraie politique pour les prostitué-e-s doit supprimer toute répression directe (délit de racolage) ou indirecte (pénalisation des clients) des prostitué-e-s et leur permettre de bénéficier des lois contre les violences. Elle doit favoriser leur accès aux droits : à la protection sociale, au logement, à la justice, au droit d'association, à la formation et une aide réelle pour celles qui veulent sortir de la prostitution.
Soit-disant menée au nom des droits des femmes et de la protection des « victimes de la traite et du proxénétisme », la proposition de loi s'inscrit au contraire dans la droite ligne de la LSI de 2003 introduisant le délit de racolage passif, qui conduit à criminaliser les prostitué-e-s et à aggraver la vulnérabilité des personnes prostituées.
En effet, la pénalisation du client ne fait pas disparaître la prostitution, mais rend simplement plus difficile les conditions dans lesquelles elle s'exerce.
Contraint-e-s d'exercer dans des lieux cachés des forces de police, les prostitué-e-s auront, si cette mesure est adoptée, encore moins accès aux services de santé et de dépistage et seront davantage exposé-es aux agressions tout en vivant dans la hantise d'un contrôle policier. Invoquer la protection des prostitué-e-s pour justifier une telle mesure constitue donc une belle hypocrisie, d'autant qu'aucune mesure ne prévoit d'améliorer leur condition.
Cette proposition de loi s'inscrit donc dans une logique de criminalisation de la pauvreté et de stigmatisation des personnes prostituées, une gestion sécuritaire de la question sociale.
C'est pourquoi le NPA s'engage contre cette pénalisation du client et s'associe aux mobilisations qui s'y opposent.
La rencontre nationale propose au CE un communiqué de presse et un tract sur cette question et propose d'appeler sur les bases de cette motion à la manifestation du 17 décembre contre les violences faites aux prostitué-e-s.
Les rencontres nationales demandent que soit organisé un débat dans tout le parti pour poursuivre la discussion sur notre orientation vis à vis de la prostitution.
A ce titre, contact sera pris avec diverses associations qui interviennent en faveur des prostitué-e-s.
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Message  sylvestre Ven 16 Déc - 20:34

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/12/15/97001-20111215FILWWW00630-niceviol-les-3-policiers-acquittes.php

Nice/viol: les 3 policiers acquittés
AFP Publié le 15/12/2011 à 21:41 Réactions (35)

Les trois policiers accusés de viol aggravé sur une prostituée en 2010 à Nice, qui comparaissaient libres depuis lundi devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes, ont été acquittés ce soir, au terme de plus de deux heures de délibérations. Le quatrième policier, mis en cause dans cette affaire pour ne pas avoir empêché le crime, a également été acquitté.

La plaignante, en larmes, a quitté précipitamment la salle d'audience sans dire un mot. La cour n'a pas suivi les réquisitions du ministère public qui avait réclamé une peine d'au moins 10 ans d'emprisonnement contre le chef de patrouille et des peines d'au moins huit ans contre deux de ses collègues. Il avait assorti ces réquisitions d'une interdiction définitive d'exercer dans la police. L'avocat général avait également demandé au moins un an d'emprisonnement contre le quatrième policier.
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Message  Toussaint Lun 26 Déc - 20:55

le NPA s'engage contre cette pénalisation du client et s'associe aux mobilisations qui s'y opposent.

Voilà qui éclaire un peu plus la nature de ce parti.

Après les déclarations islamophobes de son candidat, voici le NPA devenu le relais politique du lobby proxénète et le défenseur actif des prostitueurs, de la violence prostitutionnelle quoi qu'il en dise. La conclusion n'esten effet nullement l'exigence d'une politique de réhabilitation et de solidarité des personnes prostituées, notamment sur les questions de l'emploi des femmes, de leurs rémunérations, ni de la reconnaissance effective des personnes prostituées comme victimes pas seulement d'un système bien abstrait mais des proxénètes et des clients. Non, le NPA part en guerre contre la répression des clients. Sur lesquels il n'y a pas un mot d'analyse. A part condamner leur responsabilisation. Voici donc que les clients ne sont responsables de rien. Faut-il donc conclure que le client ne fait pas partie de ceux qui exercent al "violence faite aux femmes" dont le NPA considère que la prostitution fait partie? Evidemment, c'est une sottise qui ne résiste à aucune analyse factuelle. Mais le client, bien qu'acteur et auteur de cette violence, est irresponsable, selon le NPA.

Pourquoi? Parce qu'il est opprimé, je suppose. Ou parce que très majoritairement masculin, il a des besoins irrépressibles qui font de la prostitution un mal nécessaire comme dit l'autre bouffon. Il y aurait donc nécessairement un contingent de femmes que la société doit fournir au système prostitutionnel, nécessairement, pour que les clients puissent satisfaire leurs irrépressibles besoins... une sorte de groupe que bientôt, avec la bénédiction des partisans du système prostitutionnel et de son patronat, les proxénètes (à moins de nous chanter après le socialisme dans un seul pays le socialisme sans un seul métier...) on formera dans le système éducatif... Et par rapport aux tarifs duquel on estimera le dédommagement légal du service extorqué avec violence (aujourd'hui encore appelé viol ou harcèlement sexuel).

Que l'on dénonce l'hypocrisie de la loi est une chose. Que l'on exige une politique en faveur des victimes est une chose. Que l'on se mobilise pour défendre le droit aux femmes pour les hommes en capacité de payer en est une autre.

Je n'ai vraiment plus rien à voir avec ces gens-là.
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Message  BouffonVert72 Lun 26 Déc - 22:55

Toussaint a écrit:Pourquoi? Parce qu'il est opprimé, je suppose. Ou parce que très majoritairement masculin, il a des besoins irrépressibles qui font de la prostitution un mal nécessaire comme dit l'autre bouffon. Il y aurait donc nécessairement un contingent de femmes que la société doit fournir au système prostitutionnel, nécessairement, pour que les clients puissent satisfaire leurs irrépressibles besoins
Pour avancer un peu plus profondemment dans le sujet, je dirai plutôt que c'est l'éjaculation qui est un besoin irrépressible, à partir du moment où les testicules continuent de produire régulièrement une certaine quantité de sperme (3 mois environ de latence entre 2 cessions est mon record personnel, mais jamais je n'ai pu arrêter complétement. J'avais lu ou entendu qq part que les cessions n'étaient pas indispensables, que ça partait avec l'urine, etc, c'est complétement faux, en tout cas en ce qui me concerne)...

La relation à caractère sexuelle n'est donc absolument pas indispensable vu que les mâles de l'espèce humaine peuvent très bien se démerder tout seul pour effectuer leurs cessions...

A partir de là, on pourrait presque en conclure que la prostitution est un mal non nécessaire... Et donc à partir de là, on pourrait presque envisager l'idée d'abolition totale de la prostitution...

Le problème ne se situe pas réellement là... Ca semblerait se situer à 2 niveaux :

- misère sociale-emploi d'une part : que proposer comme solutions alternatives aux personnes prostituées, sachant qu'il est apparemment difficile d'arrêter une fois qu'on est là-dedans, et sachant qu'il y a déjà qq millions de demandeurs d'emplois ?

Il n'y a pas de plein-emploi actuellement... Si on réprime les prostitués (interdiction du racollage actif ou passif, etc), et les "clients" de manière à empêcher les prostitués de gagner de l'argent, ça risque de jeter à la rue les prostitués et les plonger dans une misère encore plus grande... Car sans argent, plus de logement et plus de nourriture, donc : la rue... Le contingent des sans-abris est déjà suffisemment et honteusement énorme... La prostitution : c'est mal. Mais se retrouver à poil dans la rue : c'est la mort à brève échéance... C'est le dilemme...

Je rappelle que nous ne sommes pas dans une société de type socialiste/communiste/écolo... Si nous y étions, le problème serait évidemment "vite" réglé puisqu'il y aurait le plein emploi, le partage réél des richesses, etc...


- liberté fondamentale d'autre part : l'Etat doit-il avoir le droit d'empêcher les gens de faire ce qu'ils veulent de leur corps ?
Si je veux, par exemple, mettre fin à mes jours, je dénie à l'Etat le droit de m'en empêcher... Bon, je ne sais pas si cet exemple est aproprié...

On pourrait craindre, si jamais l'abolition de la prostitution a lieu totalement, dans la société actuellement de type capitaliste et réactionnaire, une remise en cause de certaines libertés fondamentales... En gros, certains groupes ultra-réactionnaires pourraient se servir de ça pour contraindre les legislateurs à faire tomber toute une partie des libertés actuelles... Ca pourrait servir d'engrenage, et alors là, va savoir où ça pourrait nous entraîner...


Ma conclusion est qu'il est quasiment impossible d'abolir la prostitution dans la situation économico-sociale actuelle. Sous un régime socialiste/communiste/écolo, ça pourrait être possible...


BV72 qui approfondit.
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Message  Toussaint Mar 27 Déc - 0:33

Le problème ne se situe pas réellement là... Ca semblerait se situer à 2 niveaux :

- misère sociale-emploi d'une part : que proposer comme solutions alternatives aux personnes prostituées, sachant qu'il est apparemment difficile d'arrêter une fois qu'on est là-dedans, et sachant qu'il y a déjà qq millions de demandeurs d'emplois ?

Il n'y a pas de plein-emploi actuellement... Si on réprime les prostitués (interdiction du racollage actif ou passif, etc), et les "clients" de manière à empêcher les prostitués de gagner de l'argent, ça risque de jeter à la rue les prostitués et les plonger dans une misère encore plus grande... Car sans argent, plus de logement et plus de nourriture, donc : la rue... Le contingent des sans-abris est déjà suffisemment et honteusement énorme... La prostitution : c'est mal. Mais se retrouver à poil dans la rue : c'est la mort à brève échéance... C'est le dilemme...

Assez remarquable réponse.

D'où l'on peut aussi se rendre compte qu'il est vain avec les mêmes arguments de demander des conditions de travail décentes, la traite des êtres humains, les marchands de someil, l'exploitation des enfants et pratiquement tout ce qui relève de la violence de genre, de classe.

Justement il s'agit bel et bien de lutter contre l'exploitation sexuelle et l'exploitation tout court. Lorsque l'on punit les gens qui emploient les enfants, on demande en même temps une aide à l'enfance. On ne se dit pas qu'il vaut mieux un enfant esclave ou exploité qu'un enfant à la rue et sans manger. C'est justement le sens de la lutte sociale. Avec ce type de raisonnement, on justifie évidemment toutes les atrocités du capitalisme et de l'opression de genre. Une femme qui ne peut ni se nourrir ni nourrir son enfat aura donc raison de se soumettre à la traite.
Finalement on revient à Fantine. Mais pas seulement.

Et au bout du compte, opportunisme classique. On peut avec la même logique accepter les baisses de salaires et les centrales nucléaires... Mais là, intransigeance... En revanche pour le droit des hommes à vendre et acheter, consommer le corps humain, en premier lieu des femmes, que d'indulgence à l'extrême gauche!!!
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Message  Toussaint Mar 27 Déc - 0:35

Fantine ou la liberté de se prostituer ?

8 septembre 2003

par Catherine Albertini, chercheure et membre de Choisir la cause des femmes




" Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ?
C’est la société achetant une esclave.
A qui ? A la misère.
A la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au denûment. Marché douloureux.
La misère offre, la société accepte."
Victor Hugo, Les Misérables (1862).





Désormais nous parlons de loi de l’offre et de la demande. Nous faisons remarquer que la loi sociale est élaborée au masculin, que la prostitution est le produit socialement et historiquement construit de la domination masculine elle-même fruit de représentations archaïques des genres inlassablement reproduites depuis la nuit des temps.

Rien n’a pourtant fondamentalement changé en pratique. De plus en plus de Fantine continuent d’arpenter les trottoirs de la prostitution. Prostitution de masse, prostitution de la misère, de la violence. S’il n’est de vérité que statistique, alors les statistiques disent que 80% des prostituées (sur 20 000) exercent sur les trottoirs et que près de 70% d’entre elles sont des migrantes.

Dupées ou non. Vendues ou non. Forcées ou non par des proxénètes barbares ou non, maffieux ou non. La majorité d’entre elles sont cependant aux mains de réseaux extrêmement violents. Cela ne rend pas pour autant la prostitution " traditionnelle " sympathique, normale ou acceptable.

Toutes sont contraintes

Car toutes sont contraintes. Parfois par amour, souvent par la misère, le chaos politique ou économique, la désaffiliation sociale, l’inaccessibilité du marché du travail légitime. Adolescentes fugueuses ou sans repères qui se prostituent pour un sandwich ou un toit, toxicomanes dépendantes ou sans-papières. Toutes ou presque ont subi des déterminismes sociaux implacables, souvent issues du prolétariat voire du lumpenproletariat et de familles déchirées, passées par des institutions totales (orphelinat, foyers, hôpitaux psychiatriques ou prisons) sans instruction, sans qualification, sans diplôme, sans ressources (1). Parmi elles, nombreuses sont d’anciennes victimes d’abus sexuels (2). La misère affective, l’expérience désenchantée d’une sexualité marquée au sceau de la violence, le mépris voire la haine de soi qui en résultent viennent alors redoubler la misère économique. L’espace des possibles se réduit comme peau de chagrin : voler, dealer ou se prostituer (3).

Les migrantes, souvent mineures, sont fréquemment passées par des centres de dressage où elles ont été cassées (viols, brutalités) pour vaincre toute velléité de résistance. Le résultat est le même. Elles cèdent, à défaut de consentir. Elles sont alors livrées au travail sexuel à la chaîne - seule tâche que l’ordre social leur assigne pour leur permettre de survivre - et ce, au bénéfice exclusif des hommes (proxénètes et clients).

La demande est immense qui crée un marche insaturable. Les profits générés sont énormes mais les prostituées n’en ramassent jamais que des miettes (4). La sexualité masculine est depuis toujours perçue comme ayant des besoins spécifiques, impérieux, des exigences irrépressibles...

Qu’est-ce donc que ces " besoins irrépressibles " si ce n’est la construction sociale et androcentrique d’un désir qui s’impose sous la forme naturalisée du besoin-devant-être-assouvi-par-un-corps-autre-que-le-sien alors même que l’onanisme suffirait à satisfaire la pulsion physiologique ?

Qu’est-ce sinon la permanence des représentations archaïques du masculin et du féminin et de leurs rôles respectifs dans la division du " travail sexuel" ? Pour ce " travail " qui confine souvent à l’abattage et ne connaît pas le chômage - signe que la demande est supérieure à l’offre voire perpétuellement insatisfaite - nul besoin d’entretien d’embauche, de CV, de références, d’expérience, de qualification, de diplôme ou même de papiers, il suffit d’avoir un corps, jeune de préférence.

" Travailleuses du sexe " et " travailleurs du cerveau "

Figure emblématique des Misérables, Fantine ne fut pas "forcée" à se prostituer par un proxénète. Après avoir perdu son emploi d’ouvrière, elle se fit couturière à domicile, mais la concurrence de la main d’oeuvre à bas prix des prisonniers fit chuter le prix des chemises. Dès lors, ne disposant plus des moyens de payer ses créanciers dont les Thénardier qui " élevaient " sa fille Cosette, "l’infortunée se fit fille publique ".

Les ravages du néoliberalisme ne perpétuent-ils pas la même misère ? Il y a un siècle et demi Victor Hugo parlait d’esclavage. Aujourd’hui de pseudointellectuelles médiatiques se font les chantres d’une Liberté sans limites. Faisant fi des déterminismes sociaux, de la domination masculine et des statistiques, un juriste peut ainsi écrire : "Il suffit qu’une seule personne décide librement de faire du commerce sexuel sa profession habituelle ou occasionnelle pour que la prostitution devienne une activité aussi légitime que toute autre " (5). Autrement dit, il suffit qu’une seule prostituée se dise libre pour que l’esclavage de toutes les autres devienne respectable.

En d’autre temps on parlait de victime, de prolétariat, du travail à la chaîne comme aliénation, et ce n’était pas paternalisme ou mépris mais combat politique.

De nos jours - la modernité est passée par là - on se gausse d’une représentation " misérabiliste " du sexe à la chaîne, forcément inspirée par des valeurs religieuses6 (6) inquisitrices et liberticides tout en ne répugnant pas au misérabilisme quand il s’agit du client, pauvre victime de misère sexuelle, on parle d’autodétermination et d’émancipation. Par quoi ? Par le " travail sexuel " à la chaîne !

Hé quoi ? Tout doux, Fantine est libre. Elle décide : " Allons ! dit-elle, vendons le reste ".

Être couturière à 6 sous la chemise quand on peut gagner beaucoup plus en se prostituant ressemble fort, a priori, à un marche de dupe. Actrice de sa vie et de sa nouvelle stratégie économiquement pertinente parce qu’elle n’en a pas d’autre de rechange, elle souscrit de façon autonome un contrat légitime : argent contre " service sexuel ". Forme extrême d’adaptation à une société inique et cruelle pour Hugo, émancipation et libération sexuelle pour nos nouveaux fétichistes du contrat.

Une fois posé que "le sexe n’est pas une activité humaine à part à la fois sacrée et dangereuse "(7) le contrat s’impose avec l’évidence de la loi. Une fois postulé que le sexe n’est pas un symbole des liens sociaux les plus profonds il peut devenir marchandise. L’État n’a pas à s’en mêler. Le monde commun n’existe pas.

Se risquer à invoquer l’impératif kantien de ne pas traiter l’autre exclusivement comme un moyen mais aussi comme une fin en lui-même, donc de ne pas en faire un instrument masturbatoire, revient par conséquent à sacraliser le sexe.

Dénoncer l’asymétrie foncière d’un contrat qui autorise " l’exercice brutal du pouvoir sur des corps réduits à l’état d’objet par la violence sans phrases de l’argent "(Cool c’est a dire tous les abus (9) revient à défendre le puritanisme, l’ordre moral, à attenter aux libertés individuelles et pour finir à mettre la démocratie en péril (10) (n’ayons pas peur des maux, le pire est toujours à venir ou encore aux grands mots les grands remèdes !).

Pourquoi s’en tenir à la prostitution ?

Alors pourquoi s’en tenir seulement à la prostitution ? Parce que c’est dans l’air du temps ?

Comme c’est frileux, contingent, sans audace !

Poussons un peu plus loin la logique ci-dessus, puisque le masochisme comme le sadisme font partie des pratiques humaines, puisque que des hommes et des femmes fréquentent des lieux de rencontre SM, portent des chaînes, se font fouetter jusqu’au sang et jouent à être des esclaves de leur plein gré, il est clair que l’esclavage voire la torture devraient être respectés au nom de la liberté. Certains esclaves ont pu aimer " ça ", certains n’étaient subjectivement pas plus malheureux ou objectivement pas plus misérables que bien des hommes libres. Sans doute certains étaient même mieux nourris. Si une seule personne peut choisir de porter des chaînes (ce que nul ne songe à interdire, faut-il le préciser ?), c’est bien la preuve que tout le monde doit pouvoir les supporter. Après tout, ça n’est pas un homicide (11).

Et Fantine ? Fantine embrasse la carrière.

" Qui la touche a froid. Elle passe, elle vous subit et elle vous ignore...... La vie et l’ordre social lui ont dit leur dernier mot. Il lui est arrivé tout ce qui lui arrivera...... Elle est résignée de cette résignation qui ressemble à l’indifférence comme la mort ressemble au sommeil. Elle n’évite plus rien, elle ne craint plus rien. "

Fantine s’endurcit, elle est capable de se rebiffer. Quand un "oisif" s’amuse à l’humilier, elle se révolte, la violence du monde se retrouve en elle : "La fille poussa un rugissement, se tourna, bondit comme une panthère et se rua sur l’homme, lui enfonçant ses ongles dans le visage avec les plus effroyables paroles qui puissent tomber du corps de garde dans le ruisseau....C’était la Fantine."

Fantine est arrêtée par Javert, l’ordre social soutient l’oisif, alors Fantine se défend, elle tient à ce " métier " (par loyauté au milieu !?) car la prison est avant tout ruineuse pour qui a des créances à honorer. "Six mois de prison ! cria-t-elle. Six mois à gagner sept sous par jour ! Mais que deviendra Cosette ? ma fille ! ma fille ! Mais je dois encore plus de cent francs au Thénardier...."

Fantine n’appartient à personne, Fantine relève la tête. Pourtant Hugo prétend qu’elle est une victime absolue, une esclave de la société. Bien loin de faire la distinction subtile entre prostitution volontaire et prostitution forcée, c’est dans un noeud serré ou se lient discrimination, oppression et acceptation resignée de l’ordre social (masculin) que se définit pour lui l’esclavage. " On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur, il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme et il s’appelle prostitution. "

Se prêter à l’exploitation de son corps sous la pression physique ou économique, mettre à disposition son intimité sexuelle au risque d’en supporter des ravages terrifiants pour sa santé physique et mentale et/ou de mutiler sa propre sexualité (12), c’est tomber dans l’engrenage fatal de l’esclavage sexuel. C’est bien parce que le corps humain est inaliénable que la prostitution relève de l’esclavage. A la fois contraire aux droits fondamentaux de la personne humaine et indigne d’une société qui se veut civilisée et démocratique.

Fantine, poussée par la nécessité, pense son corps comme un capital dont elle peut disposer, une petite entreprise dont elle est propriétaire. Avant de se faire " fille publique " elle commence à le vendre par pièces détachées. D’abord ses cheveux, puis ses dents.

Elle est déjà entrée dans la logique prostitutionnelle. Le corps est mis sur le marché. Personne n’oserait prétendre que vendre ses dents par nécessité (ou son plasma comme le font les homeless aux Etats Unis) est un choix librement consenti et/ou une réalité sociale inéluctable. La discrimination sociale saute aux yeux !

La discrimination sexuelle compte-t-elle pour rien ?

Il n’y a pas de différence essentielle entre vendre l’accès à son sexe, son plasma, ses dents, louer son uterus (13) ou encore exhiber ses anomalies physiques dans un théâtre de monstres (14).

Les tenants de la liberté de se prostituer ou de la professionnalisation /réglementation loin de désacraliser le sexe, sacralisent en fait les lois libérales de l’économie capitaliste qui assurent aux plus puissants - les clients - la liberté illimitée du choix et la réalisation de leurs désirs et de leurs fantasmes sur le corps des plus démunies.

Survivre pour les unes, jouir sans entrave pour les uns. Le contrat est équitable. Vieillards de la pensée, ils se résignent à considérer la prostitution comme une réalité sociale inéluctable.

Or " la prostitution n’existe comme réalité sociale et comme atteinte aux droits de l’être humain féminin que parce qu’il est considéré comme allant de soi qu’il s’agit d’un phénomène inéluctable en raison du non-dit consensuel sur la nature licite du droit des hommes à trouver aisément et à tout prix des exutoires à leurs besoins sexuels. " (15)

Et nos " travailleurs du cerveau " de recourir à l’euphémisme (" travailleuses du sexe ", " services sexuels ") pour mieux travestir l’esclavage prostitutionnel, le sexage, en stratégie d’autonomie. Pour se dispenser de lutter pour l’égalité professionnelle entre les sexes et contre toutes les discriminations (16) notamment celles qui touchent les femmes toujours " potentiellement enceintes " sur le marché du travail (17). Pour s’éviter de lutter pour la revalorisation des minima sociaux et leur octroi aux jeunes en voie de désaffiliation sociale, de lutter pour des salaires décents et équitables, de lutter contre le travail à temps partiel imposé -aux femmes-, de lutter contre la flexibilité de l’emploi, pour le droit au logement etc......

A la " travailleuse du sexe " fait pendant le " fainéant de la lutte " qui travaille du cerveau.

Judith Butler semble ainsi s’accommoder du proxénétisme comme réalité sociale et suggère que puisque nombre de prostituées travaillent pour le compte de proxénètes, les féministes devraient les aider à former des syndicats (18). Heureusement que Schoelcher s’était déjà attaqué à l’esclavage colonial, on comprend quelle sorte d’aménagement serait actuellement proposé !

Pour mieux valider sa théorie du libre contrat, une autre " travailleuse du cerveau " compare ainsi la couture et ses quelques ateliers clandestins à la prostitution (19), cette analogie prodigieuse et audacieuse donne le vertige... S’il est utile de préciser que les ateliers clandestins sont illégaux et que les négriers doivent être poursuivis et punis pour leurs crimes, il n’en reste pas moins que la couture n’est pas assimilable à la prostitution. Le prix du travail de la couturière dépend avant tout de sa qualité professionnelle et non de sa valeur érotique qui peut s’évaluer d’un simple coup d’oeil à la fermeté des chairs (âge) et à la conformité esthétique du corps aux canons de la beauté dominants (plastique), son travail n’est pas nécessairement réservé au bénéfice d’un sexe mais à tous. Elle n’a pas à souffrir des violences inhérentes à la prostitution, violences des proxénètes et violences provoquées par " les pulsions et forces obscures qui gouvernent la sexualité " (selon la terminologie de Robert Badinter) que favorisent l’anonymat des clients. Des pulsions comparables ne régissent pas la couture. Si le prix de la chemise ne diminue pas avec l’âge de la couturière et les fluctuations éventuelles de ses mensurations, la prostituée vieillissante ne peut qu’assister à la chute de ses actions à la bourse des valeurs érotiques, chute qui coïncide avec la dégradation de son outil de travail (20).

Toutes les femmes sont peu ou prou confrontées à l’expérience du vieillissement corporel, toutes ne la vivent pas cependant de façon aussi tragique, changeant de lieux, de clientèles, d’exigences, de pratiques pour voir au final leurs revenus s’effondrer.

Sportifs et mannequins mettent également leur corps sur le marché, mais outre la différence essentielle qu’ils épargnent leur intimité et la violence à leur intimité, ils intègrent la temporalité dans leur plan de carrière dont on peut légitimement penser qu’ils l’ont choisie sans contrainte. La prostituée vit d’expédients au jour le jour, sans plan de carrière. Elle ne s’engage jamais en esprit que temporairement et graduellement dans cette voie (sous la contrainte ou afin d’éponger des dettes, de se nourrir, de se faire un petit pécule) pour finir par y basculer définitivement (pressions du milieu, endettement permanent, toxicomanie, alcoolisme etc...).

Au delà de cet argumentaire que l’on regrette presque d’avoir à exposer, qui pourrait nier qu’il n’y a pas des pratiques abusives dans le sport et dans le petit commerce ou encore des métiers pénibles et mal payés ? Peut-on croire que professionnaliser la prostitution résoudra ces problèmes et fera un sort à l’injustice sociale et aux nouvelles formes d’esclavage qu’elle encourage ? Nos "travailleurs du cerveau" postmodernes, extrêmement soucieux de ne pas passer pour pudibonds, n’abdiquent-ils pas servilement devant l’ordre social au motif de combattre un ordre moral fantomatique ?

Comment venir à bout du plus vieil esclavage du monde ?

La prostitution n’étant jamais librement choisie et ne pouvant s’affranchir de la violence, prétendre qu’il faudrait la professionnaliser relève par conséquent de l’escroquerie intellectuelle la plus absolue. De plus, professionnaliser une minorité d’entre elles aboutirait à rendre hors la loi toutes celles qui ne pourraient ou ne voudraient prétendre à la professionnalisation. Donc à les criminaliser et notamment les plus vulnérables et les plus misérables d’entre elles : sans papières, toxicomanes, occasionnelles, à les précariser davantage en renforçant leur dépendance vis à vis des proxénètes tout en les livrant à l’arbitraire de la police. Reconnaître la prostitution implique de reconnaître également le proxénétisme, de banaliser l’esclavage et ne peut qu’encourager la traite comme aux Pays-Bas et en Allemagne.

La tradition humaniste de Kant, Hugo, Jaurès et bien d’autres est résolument abolitionniste et conduit à défendre qu’une société développée comme la société française doit se doter des moyens de prévenir la prostitution. Comment ?

Certainement pas en traquant les prostituées. Qui pourrait soutenir que pourchasser Fantine est une solution ? Mais adopter des mesures coercitives à la suédoise vis à vis du seul contractant libre du système : le client. Le client doit comprendre qu’acheter ou louer le corps d’autrui constitue une transgression. Acheter un corps ou le louer doit devenir tabou tout comme l’inceste ou le viol. Car décourager le client, c’est tarir le marché. Donc se donner les moyens de faire disparaître la traite et avec elle progressivement la prostitution elle-même des schémas de l’inconscient social.

Il serait cependant illusoire de penser qu’une telle mesure peut constituer à elle seule l’Alpha et l’Oméga de la lutte contre la prostituabilité des femmes. Si elle est nécessaire, indispensable, elle n’est pas suffisante. Il faut lutter avec autant d’acharnement contre le proxénétisme et le crime organisé bien sûr, mais aussi contre les discriminations qui frappent les femmes sur le marché du travail17, instaurer une véritable politique d’égalité des chances comme en Suède, réparer l’ascenseur social, aider à la formation, à la réinsertion des prostituées, promouvoir une véritable éducation égalitaire entre les sexes. Egalement accorder des droits humains et des titres de séjour aux victimes de la traite, développer les politiques d’aide volontariste au développement des pays pourvoyeurs. Et veiller à ce que l’Etat s’en donne les moyens. Par la lutte, les revendications et les urnes.

L’abolition de l’esclavage n’a pas aboli le travail. Vouloir abolir cette vieillerie qu’est la prostitution n’est aucunement une attaque puritaine contre le désir et la sexualité. C’est, bien au contraire, tenter d’arracher l’hétérosexualité féminine et masculine aux codes archaïques qui les régissent et les étouffent mutuellement.

C’est bien parce que la prostitution existe que la vision commune de la sexualité masculine est celle toujours péjorative d’une mécanique grossière, d’un trop plein à vider (sinon " ça leur porte à la tête "). Par ailleurs, la prostitution entretient structurellement deux humanités femelles ce qui affecte profondément le versant féminin de l’hétérosexualité.

C’est bien parce que la prostitution existe comme sexualité alternative que les hommes peuvent parfois ne pas tenir compte des désirs de leurs compagnes, en faire des êtres asexués puisque leurs désirs à eux peuvent toujours trouver un exutoire vénal. Ou au contraire les forcer, le désir féminin se percevant comme optionnel puisque les putains, elles, ne sont pas chichiteuses, ne font pas de manière, n’ont jamais la migraine.

C’est bien parce que la prostitution existe dans l’inconscient social que nombre de mères ont intériorisé l’idée culpabilisante qu’elles se doivent d’être exemplaires aux yeux du monde ou que leur propres désirs sont sans importance. Tiraillée entre les rôles opposés et stéréotypés de la maman (asexuée) et de la putain (hypersexuée), l’hétérosexualité féminine ne pourra s’affranchir de ces deux modèles archaïques et s’affirmer sexuellement pour le bénéfice des deux sexes tant que la prostitution perdurera.

Notes

1. Lilian Mathieu " On ne se prostitue pas par plaisir " Le Monde Diplomatique, février 2003. "Prostitution : zone de vulnérabilité sociale", Nouvelles Questions Féministes, n°21, 2, 2002. Gabrielle Balazs " A propos de Backstreets : le marché de la prostitution " in Le Commerce de Corps, Actes de la Recherche en Sciences Sociales n° 104, 1994.
2. Gabrielle Balazs, op. cité. Judith Trinquart, " La décorporalisation dans la pratique prostitutionnelle, " Thèse de Doctorat de Médecine Générale. Paris 2002.
3. Lilian Mathieu, op. cités.
4. On considère que 100 000 à 120 000 jeunes femmes de 14 à 25 ans entrent tous les ans dans la communauté européenne pour y être prostituées (Albanie, Bulgarie, Moldavie, Macédoine, Ukraine, Pays-Baltes, ou pays d’Afrique occidentale : Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria). En France elles sont plus de 10 000, pratiquent entre 45 et 60 millions d’actes sexuels par an. Les profits sont colossaux, une fille rapporte en moyenne 110 000 euros par an à son exploiteur. Max Chaleil, " La Prostitution, le Désir mystifié ", Parangon 2002. Des chiffres comparables sont donnés par Francoise Héritier " Masculin/Feminin II : dissoudre la hiérarchie ", Odile Jacob, 2002, ou dans les deux ouvrages écrits sous l’égide de la Fondation Scelles : "Le Livre Noir de la Prostitution ", Albin Michel 2001, et " La Prostitution Adulte en Europe ", Eres, 2002.
5. Daniel Borillo, " La Liberté de se prostituer ", Libération, 5 juillet 2002.
6. On ne peut qu’être étonné de cet a priori tenace dans la mesure ou l’Eglise depuis Saint-Augustin s’est toujours fort bien accommodée de la prostitution, la jugeant préférable à l’adultère. L’Eglise soutenait le mouvement des prostituées conduit par Ulla en 1975. L’aveuglement, l’ignorance et la certitude que le sexe est toujours forcément un bien suprême conduisent certains au nom de la lutte contre l’ordre moral (chrétien) à voir dans la prostitution une liberté sexuelle.
7. Marcela Iacub, Catherine Millet et Catherine Robbe-Grillet, " Ni victimes, ni coupables : libres de se prostituer". Le Monde 9 janvier 2003.
8. Pierre Bourdieu, " Le Corps et le Sacré " in Le Commerce des Corps Actes de la Recherche en Sciences Sociales n° 104, 1994.
9. Les clients qui, parce qu’ils payent, se sentent autorisés à la violence se croisent fréquemment dans le " métier ". Tous les témoiganges de prostituées en font état, pour une revue voir Max Chaleil, op. cit..
10. Marcela Iacub et alii, op. cité. E. Badinter considère que les abolitionnistes veulent imposer la réciprocité du désir comme "norme sexuelle" et domestiquer la sexualité masculine assimilée à la sexualité humaine. Fausse route, éditions Odile Jacob, Paris, 2003.
11. Marcela Iacub considère que le viol ne peut être un "crime" parce que ça n’est justement pas un homicide. " Qu’avez-vous fait de la Libération Sexuelle ? " 2002.
12.Les conséquences de la prostitution sur la santé des prostituées sont terrifiantes voir Judith Trinquart, op. cité et Gabrielle Balazs, op. cité.
13. Fidèle à une logique idiosyncrasique, Marcela Iacub est favorable aux mères porteuses. Le Monde, 9-10 mars 2003.
14. Qui ne se souvient de la femme à barbe, du lancer de nain ou de la Venus Hottentote jetés en pâture à la curiosité morbide des voyeurs ? Voir aussi Robert Bogdan " Le Commerce des Monstres " in Le Commerce des Corps, Actes de la Recherche en Sciences Sociales n°104, 1994.
15. Francoise Héritier, op. cit.
16. On ne peut que s’indigner de la résignation d’une Anne Souyris responsable verte des questions de prostitution qui, dans " La pitié dangereuse ", EcoRev02 , août 2000, admet que les transgenres sont condamnés par leur apparence physique à n’avoir d’autre issue professionnelle que la prostitution. Décidemment la lutte contre les discriminations n’est plus d’actualité !
17. Jeannine Mossuz-Lavau, " Les Discriminations à l’encontre des Femmes" in Lutter contre les Discriminations, La découverte 2003. L’exemple allemand est édifiant, c’est un des pays d’Europe parmi les plus discriminatoires pour le travail des femmes, puisque faute de politique d’aide à la petite enfance, celles-ci doivent choisir entre travailler ou élever leurs enfants. Seules 25% des femmes ayant des enfants en bas âge travaillent d’après Michel Verrier " Enfants ou travail, les allemandes doivent choisir", Manière de Voir, avril-mai 2003. C’est aussi le pays européen qui compte le plus de prostituées. Elles seraient jusqu’à 400 000 pour des millions de clients par jour selon Hermine Bokhorst, " Femmes dans les griffes des aigles ", Labor, 2003.
18. Entretien avec Judith Butler auteure de " Gender Trouble " et icône de la Queer Theory, mis en ligne en janvier 2003 par Eric Fassin et Michel Freher qui " en feraient bien leurs armes " !
19. Marcela Iacub, op. cit.
20. Comme en a témoigné de façon poignante Michelle, prostituée d’une cinquantaine d’années, lors de l’émission de Mireille Dumas " Vie privée, Vie publique " (septembre 2002) consacrée à la prostitution : "La prostitution, ça n’est pas un vrai métier. Un métier ça s’apprend à l’école. On ne fait pas une vraie carrière, plus on vieillit moins on gagne sa vie ".

COMPLÉMENT À CET ARTICLE
La parole est rendue aux prostituées, à celles que l’on n’entend jamais….

Celle que l’on entend tout le temps, Claire Carthonnet, 32 ans, transexuelle opérée, formée à la prise de parole et projetée sur le devant de la scène par Cabiria, association de santé communautaire qui prône la professionnalisation, affirme que " la prostitution est une revanche sur la vie par l’argent....une décision individuelle intégrée dans une stratégie d’autonomie et d’indépendance ". Claire Carthonnet préside aux destinées de France-Prostitution regroupant 150 prostituées " autonomes " et se veut la porte-parole de toutes les prostituées (environ 20 000 en France). Peut-on accorder du crédit à ses propos après l’exemple d’Ulla qui tenait le même rôle en 1975 et qui est restée célèbre pour avoir témoigné du déni : " Comment avez-vous pu me croire ? " après avoir quitté le trottoir.

Il semblerait, au contraire de ce qu’affirme Claire Carthonnet, que la plupart des prostituées interrogées dans la rue par la journaliste Marie Lemonnier se prononcent pour l’interdiction pure et simple de la " profession ".

Ainsi Cristiana déclare : " L’idéal serait de l’interdire. Comme ça, on serait obligé de faire autre chose ! "

Et Diana d’affirmer : " La prostitution est tout sauf un métier comme les autres. Beaucoup de filles sont maltraitées, on se fait taper, parfois violer et voler.....Non, vraiment on ne peut souhaiter ça à aucun être humain ". (enquête du Nouvel-Observateur, 22-28 aout 2002).

Pour Yolande Grenson, travailleuse sociale belge qui s’est prostituée comme Fantine pour élever seule ses deux enfants dont un était gravement malade, la schizophrénie est une nécessité pour exercer ce métier : " Si on veut garder une certaine santé mentale, il n’y a que ce moyen-là, une scission. " La scission aura duré pour elle 17 ans. (Colloque de l’UNESCO consacré à la prostitution ; mai 2000).

Nicole Castioni, ancienne prostituée et députée au parlement de Genève est formelle : " Personne n’a le droit de prendre la vie d’un autre, d’oublierquel’autreauncorpsetuneâme.Personne."(Le Soleil au bout de la nuit, Albin-Michel).

PourAgnès Laury c’est très clair : " les prostituées sont des marchandises vendues par des hommes à des hommes ". (Le Cri du corps, Pauvert). La journaliste Clara Dupont-Monod a suivi plusieurs mois Iliana, jeune bulgare de 17 ans victime de la traite et qui savait ce qui l’attendait. Elle raconte : " Comment fait-elle pour ne pas être dégoûtée ? elle ne regarde jamais leur visage. Jamais. Trop moches...Elle dit que le pire ce n’est pas de devoir coucher avec des inconnus à la chaine... ni de vivre dans la peur de la violence. Le pire selon elle c’est l’odeur...Avec les clients Iliana déteste le sexe...Elle simule toujours. Elle ne ressent jamais rien...Dans le privé non plus d’ailleurs...Paradoxalement, la seule catégorie d’hommes qu’elle tolère ce sont les dangereux, les magouilleurs, les petites frappes....et qui justement ne voient en elle qu’une chose : une pute. Je pense que profondément Iliana se sent objet sans âme, corps à tout faire". (Clara Dupont-Monod, Histoire d’une prostituée, Grasset). Iliana a quand même fini par s’en sortir.

Monika, interviewée par la journaliste Claudine Legardinier, a été prostituée dans un bordel en Belgique : "Comment on supporte, on ne le supporte pas. On le vit, on fait le vide.....On ne ressent plus rien. Les types sont rois, ils ont payé. Il y en a même qui sont violents. La police vient voir si les filles sont déclarées. Elles le sont pour 13 heures par semaine. Les flics avalent ça.....A un moment il y avait une mineure. Elle était planquée dans une chambre derrière. Ils ne sont jamais allés voir.......Je n’ai plus confiance en moi. J’ai été détruite. J’ai été violée. Intérieurement et extérieurement. J’ai perdu mon identité....Je prends des anti-dépresseurs, j’ai l’impression de n’être bonne à rien.......Quand je vois ces petites jeunes....Elles ne font pas gaffe, même leur copain peut les pousser là-dedans. Je voudrais pouvoir les informer, me lever, raconter mon histoire".(Prostitution et Société).

Mylene ex-prostituée en Allemagne se confie : "J’ignore quelle solution va être adoptée par les instances politiques. Pour moi la solution idéale n’existe pas. L’idéal serait de tarir la demande en sensibilisant les clients...Le pire là-dedans c’est les clients. Tant qu’il y aura des clients, il y aura de la prostitution. Ce qu’il faut c’est les dégoûter. Leur dire : si vous saviez ce qu’on pense de vous ! A quel point on vous déteste, on vous méprise de nous acheter ! Il faudrait placarder des affiches de 4 m sur 3 pour qu’ils comprennent. Pour oublier, il faudrait que je devienne aveugle, que je n’aie plus de mains, que j’aie la maladie d’Alzheimer."(recueilli par Claudine Legardinier pour Prostitution et Société). Suzanne dit de la prostitution que "c’est un milieu où il faut tout le temps se battre, tout le temps être sur ses gardes". Après avoir rencontré celui qui deviendra son mari elle quitte le métier et commence une nouvelle vie " Il faut tout réapprendre, quand j’ai arrêté j’avais le dégoût des hommes. Mon mari a été patient. Il n’a pas pu me toucher pendant des mois. Il faut aussi changer le regard que l’on a sur les gens. Ne pas tous les considérer comme profiteurs ou méprisants." Un jour, elle rencontre un ancien client qui lui dit gentiment : "Ce n’était pas fait pour toi, je lui ai répondu : ce n’est fait pour personne". (Recueilli par Claudine Legardinier pour " Prostitution et Société ").

Paroles de médecin

Judith Trinquart a travaillé sur la prostitution pour sa thèse de médecine, "La décorporalisation dans la pratique prostitutionnelle : un obstacle majeur à l’accès aux soins." (soutenue à Paris en 2002). Ses enquêtes montrent que 60 à 80% des prostituées ont subi dans l’enfance ou l’adolescence des violences sexuelles. Elle a étudié les conséquences de l’activité prostitutionnelle sur la santé physique et psychique des prostituées et les résultats qu’elle décrit sont accablants.

Voici quelques extraits d’un entretien qu’elle a donné dans le cadre du colloque de la CLEF du 22 fevrier 2003 "La santé communautaire au risque de la santé" ou elle évoque aussi le "maquerellage" : "La santé communautaire fait intervenir comme animatrices des personnes qui sont dans la prostitution ...elles servent surtout à pérenniser le système et à rester dans le déni. On voit ces animatrices s’en tenir à l’urgence au risque de passer sous silence des paroles qui demandent à se libérer. Je me souviens d’une jeune femme qui s’est effondrée en disant que son proxénète lui avait donné des coups de pieds dans le ventre et qu’elle avait fait une fausse couche. C’était un véritable appel au secours. Elle est repartie....

Il y a une grande autonégligence et un seuil de tolérance a la douleur effroyable. Je me souviens d’un entretien avec une jeune femme toxicomane séropositive qui avait été obligée d’abandonner son enfant. Venue pour une entorse à la cheville, elle a complètement craqué ; elle a dit son désespoir de ne plus voir son enfant, la cruauté du milieu, son incroyable violence. A peine le petit espace d’intimité franchi, elle est repartie avec le sourire, sans même boiter sur ses talons de 8 centimètres. La coupure était nette : surtout ne pas se montrer défaillante face aux animatrices, face aux copines. On en reste donc là. Ce qui est également frappant, c’est que les personnes semblent plus en demande d’être "réparées" que soignées.......On a l’impression d’une carceralité psychique, d’un enfermement dans un système ; ce qui n’entre pas dans le système n’existe pas. On retrouve ces mêmes symptômes, qui font partie d’une stratégie de survie, chez d’autres populations victimes de violences, comme les femmes victimes de violences domestiques.....Ces personnes vivent une dissociation profonde. Du fait qu’elle impose des actes sexuels non désirés à répétition, la prostitution engendre une forme d’anesthésie...C’est cette forme d’anesthésie, cet ensemble d’atteintes du schéma corporel, ce que j’appelle la "décorporalisation" qui conduisent à une grande autonégligence en matière de soins.

Or ce que défend la santé communautaire c’est l’idée que l’aménagement des conditions de la prostitution ou sa professionnalisation réglerait les problèmes de santé. Mais ce ne sont pas ces conditions mais bien la pratique prostitutionnelle elle-même qui engendre ces symptômes....On ne peut pas se battre contre l’inceste et la pédophilie si on pérennise le système prostitutionnel et si on autorise les gens à faire sur des adultes ce que l’on interdit sur des enfants. C’est une hypocrisie, on reprend d’une main ce que l’on donne de l’autre."

Version intégrale d’un texte plus court diffusé dans L’Humanité, le 5 septembre 2003.

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Message  BouffonVert72 Mer 28 Déc - 0:22

J'ai quand-même écrit que potentiellement, dans un certain cadre (le socialisme...), l'abolition de la prostitution était une idée tout-à-fait acceptable vu que nous sommes pour l'émancipation globale...

Le problème est que tu n'as aucune réponse concrête au fait que, vu les conditions de vie réelles actuelles dans le cadre de la société capitalisto-réactionnaire dans laquelle nous vivons, comme la majorité des prostitués n'auraient aucune solution alternative, ils/elles mourront dans la rue de faim et de froid. Même si alors tu en accueillais qq uns/unes chez toi, ce n'est pas ça qui réglerait le problème...

Si du jour-au-lendemain, après le vote d'une loi par exemple, les prostitués avaient l'interdiction d'exercer, très peu trouverait un emploi au Pôle Emploi... Explique-nous comment tu pourras concrêtement loger et nourrir ces milliers (dizaines de milliers ?) de personnes.

On a l'impression que tu n'es absolument pas matérialiste... Les discours, les intentions, les belles idées, etc, tout ça est très bien... Mais quand il faut mettre en oeuvre, là, il n'y a plus personne, comme d'habitude...


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Message  sylvestre Jeu 5 Jan - 16:59

La majorité des travailleurs du sexe ne sont pas victimes de la traite des êtres humains, un article argumenté de Thierry Schaffhauser.
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