L'énergie nucléaire
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Re: L'énergie nucléaire
Fuwa Tetsuzo, directeur de l’Institut de sciences sociales du Parti communiste japonais, a déclaré le 10 mai dernier que l’accident nucléaire de Fukushima a clairement illustré deux problèmes fondamentaux du capitalisme. Ce qui suit est le discours de Fuwa prononcé au siège du PCJ :
La menace du principe des « profits d’abord »
Nous pouvons désormais facilement reconnaître la menace du principe des « profits d’abord » du capitalisme en lisant les journaux.
Les médias se demandent pourquoi TEPCO n’a pas immédiatement verser de l’eau de mer sur les réacteurs afin d’essayer de les refroidir. Le retard dans la réaction de l’entreprise est rendu responsable pour eux de l’aggravation de la situation. Certains rapports indiquent que TEPCO ne pouvait pas prendre une décision immédiate car il savait qu’une fois que l’eau de mer aurait été versée dans les réacteurs, ils ne pourraient plus fonctionner. Cella illustre le principe des « profits d’abord », l’intention de conserver les réacteurs en état même après que se soit produit un incident de cette gravité.
De même, au Japon, pourquoi tant de réacteurs nucléaires concentrés au même endroit ? Puisque cela coûte beaucoup d’argent et de temps pour obtenir des terrains pour une centrale nucléaire, ils veulent construire autant de réacteurs que possible une fois en possession du terrain. Donc la réponse est simple : réduire les coûts.
Cependant, des séismes se produisent fréquemment au Japon. Cela serait désastreux si un séisme majeure frappait une région où sont concentrés les réacteurs nucléaires. Bien sûr, les promoteurs des centrales nucléaires sont conscients de cela, mais ils continuent à construire des installations nucléaires, même dans des zones sismiques, juste parce qu’ils peuvent économiser de l’argent de cette façon.
Par ailleurs, nos réacteurs nucléaires sont très vieux. Sur les 54 réacteurs que compte le pays, 20 ont été construits il y a plus de 30 ans. Il n’y a pas de durée de vie déterminée internationalement reconnue pour les centrales nucléaires, mais bien sûr, au plus elles ont fonctionné sur une longue période, au plus elles ressortent affaiblies par l’usure du temps.
Une chose dont nous sommes sûrs, c’est que les taxes foncières sur les centrales nucléaires ne sont collectées que sur une période d’amortissement de 16 ans. En d’autres termes, les entreprises n’ont pas à payer de taxes foncières une fois que leurs centrales ont passé plus de 16 ans en service. Voilà pourquoi ils veulent continuer à utiliser leurs installations aussi longtemps qu’ils le peuvent. Bien que les six réacteurs de la centrale No.1 de Fukushima étaient vieux, TEPCO a encore hésité à y verser de l’eau de mer. Cela montre à quel point est enraciné le principe des « profits d’abord ».
« Le capitalisme sans règles » dans la production d’énergie nucléaire et les gouvernements successifs
Cette politique des « profits d’abord » guide l’industrie nucléaire actuelle. Les gouvernements successifs ont également laissé toute la question de la sécurité des personnes à l’industrie, donc ce à quoi nous assistons désormais avec l’accident de Fukushima est le cas le plus grave jamais causé par ce « capitalisme sans règles ». Nous devons réflechir pour savoir si nous pouvons nous permettre de garder la situation telle qu’elle est ou non.
Le Parti libéral-démocrate (PLD) s’empresse de mettre en cause le Parti démocrate (PDJ). Il est vrai que le gouvernement de Kan est coupable d’avoir mené une politique indigne de confiance, mais qui est vraiment responsable de la situation actuelle ? Quand j’étais député, j’ai soulevé la question des risques de l’énergie nucléaire à plusieurs reprises dans des débats parlementaires avec les gouvernements Miki, Ohira, Suzuki et Obuchi. Ils s’agissaient de gouvernements libéraux-démocrates. Dans les années 2000, l’élu communiste Yoshii Hidekatsu a souligné les risques concrets en prévoyant quelle catastrophe pourrait se produire avec les réacteurs nucléaires de Fukushima en cas de tremblement de terre et de tsunami majeur. Dans ses questions parlementaires, il en appelé à l’adoption de certaines mesures, déclarant que la centrale de Fukushima était hautement vulnérable à une catastrophe. Cependant tous les gouvernements, de ceux libéraux-démocrates de Koizumi et Abe à celui démocrate de Hatoyama, ont ignoré cet avertissement. Bien que le PLD soit le parti qui ait promu la politique de l’énergie nucléaire et soit responsable de la catastrophe actuelle, il oublie son propre rôle et pointe du doigt le Parti démocrate. Bien sûr, le Parti démocrate agit de façon irresponsable au gouvernement, mais le PLD devrait également être tenu comme responsable de la crise en cours.
Sortir de la production d’énergie nucléaire et créer des structures mettant la « sécurité d’abord » pour contrôler l’énergie nucléaire
Le PCJ fera de son mieux pour assurer le succès des efforts importants réalisés actuellement pour limiter la catastrophe nucléaire et ranimer les zones sinistrées en exigeant que le gouvernement démocrate fasse ce que nous pensons nécessaire et en dévoilant son attitude négligeante et irresponsable.
Avec les questions liées à la reconstruction, le peuple Japonais doit désormais prendre en considération d’autres questions d’importance.
Autrement dit, le peuple Japonais doit aborder franchement les questions de comment traiter la question de l’énergie nucléaire et quelle politique énergétique choisir, et trouver une solution raisonnable avec de brillantes perspectives pour un avenir durable.
Dans cet effort, les deux points suivants sont importants.
(1)– Comme approche stratégique, nous devons décider de soustraire la politique énergétique Japonaise actuelle de sa dépendance envers l’énergie nucléaire. Bien sûr, cela prendra un certain temps pour réaliser un tel changement. Mais nous devons prendre la décision maintenant et établir une stratégie nationale pour y parvenir.
(2)- Comme approche urgente à court-terme, il est essentiel de mettre sur pied une structure pour contrôler et inspecter les équipements nucléaires avec la priorité donnée à la sécurité en rompant clairement avec le règne du « capitalisme sans règles » instauré dans le domaine de l’énergie nucléaire basé sur le « mythe de la sécurité » nucléaire. Au Japon, nous avons de nombreux scientifiques et ingénieurs du nucléaire sans lien direct avec les grandes entreprises du secteur. Nous avons aussi le Conseil scientifique Japonais, une organisation publique de scientifiques ayant une responsabilité sociale. De plus, certaines personnes autrefois engagées dans des projets d’énergie nucléaire reconnaissent l’effondrement du « mythe de la sécurité » et commencent à élever leurs voix contre la promotion aveugle de l’énergie nucléaire. En utilisant l’expertise de ces personnes, nous devons mettre en place le meilleur système de sécurité pour l’énergie nucléaire dans le monde afin de contrôler les installations nucléaires avec la priorité absolue donnée à la sécurité tandis que dans le même temps on déclasse les centrales.
Sans ce système, le retrait de l’énergie nucléaire ne pourra être réalisé car la fermeture des centrales nucléaires suppose un certain nombre d’étapes. Après que la centrale cesse de fonctionner, le combustible nucléaire usé doit être retiré des réacteurs et éliminé. Puisque les réacteurs sans le combustible usé dégagent encore une quantité importante de radiations, les radiations doivent être éliminées. Ensuite, les réacteurs doivent être démantelés. Des mesures sont aussi nécessaires pour se débarrasser des réacteurs déclassés et de leurs déchets nucléaires. En outre, nous devons envisager l’utilisation des sites après que les réacteurs aient été enlevés. Ces processus prendront au moins 20 ans. Et toutes les étapes doivent être menées sous le strict contrôle d’un système plaçant la priorité sur la sécurité.
Ces deux points – stratégiquement décider de rompre avec la production d’énergie nucléaire et créer dans l’urgence un cadre pour contrôler et réguler l’énergie nucléaire avec un mandat et une responsabilité accordant une grande importance à la sécurité – doivent être discutés nationalement. Dans l’arène politique nationale, ces deux questions deviendront probablement des sujets majeurs de discussion. J’espère que vous pourrez utiliser ce dont je viens de vous parler ce soir comme des suggestions utiles dans ce débat.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Le premier ministre japonais d’accord pour sortir du nucléaire
"Nous devons concevoir une société qui puisse se passer du nucléaire", a déclaré le premier ministre japonais Naoto Kan. Karyn Poupée (AFP) - 14 juillet 2011
TOKYO — Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, s’est prononcé mercredi 13 juillet en faveur d’une sortie progressive du nucléaire, sans donner de calendrier, quatre mois après l’accident de la centrale de Fukushima.
Compte tenu de la gravité de l’accident de Fukushima, "on ne peut plus soutenir que la politique menée jusqu’à présent garantisse la sécurité de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Nous devons concevoir une société qui puisse s’en passer", a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
Le chef du gouvernement juge nécessaire de revoir de fond en comble la politique énergétique du pays, qui prévoyait avant la crise de Fukushima une augmentation de la part de l’électricité nucléaire dans la production totale à plus de 50% d’ici à 2030, contre quelque 30% en 2010.
La catastrophe, la plus grave depuis celle de Tchernobyl en 1986, a forcé plus de 80.000 personnes à évacuer les environs de la centrale.
M. Kan plaide pour une "réduction progressive" de la part de l’électricité nucléaire au profit des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, etc.) avec pour objectif de s’en affranchir totalement.
Le Premier ministre n’a toutefois pas présenté de calendrier de sortie du nucléaire.
L’archipel compte actuellement 54 réacteurs, mais 35 sont stoppés, à cause de séismes ou pour maintenance. M. Kan a ordonné des tests de résistance qui décideront ou non de leur redémarrage.
Pour faire face à la chute de la capacité de production, le gouvernement a imposé aux grandes entreprises et aux administrations de la région de Tokyo et du Tohoku (nord-est) de réduire leur consommation de 5 % à 15 % durant l’été, période où les climatiseurs tournent à plein régime. Il a aussi demandé aux particuliers de diminuer l’usage des appareils électriques.
"Grâce à ces efforts il sera possible de fournir l’électricité nécessaire cet été et cet hiver", a assuré le chef du gouvernement de centre-gauche.
"Il est de la responsabilité de l’Etat de garantir l’approvisionnement", a-t-il insisté.
M. Kan, 64 ans, nommé il y a à peine 13 mois, est extrêmement impopulaire et critiqué pour la gestion des conséquences du séisme et du tsunami dans le Tohoku le 11 mars, et de l’accident nucléaire de la centrale Fukushima Daiichi.
Il a récemment indiqué qu’il quitterait le pouvoir une fois adoptées au Parlement trois lois qu’il juge prioritaires : une deuxième rallonge budgétaire pour la reconstruction, une loi autorisant l’émission d’obligations d’Etat et un texte sur les énergies renouvelables.
Les débats sur ce dernier projet de loi doivent commencer jeudi au Parlement, a précisé M. Kan.
Des gouverneurs d’importantes préfectures s’activent actuellement pour favoriser l’installation de systèmes solaires et plaident pour un assouplissement de la réglementation afin de faciliter la production alternative d’énergie.
La plus grande fédération patronale nippone, le Keidanren, juge pour sa part que la troisième puissance économique mondiale ne peut se passer de l’énergie nucléaire, sauf à risquer des délocalisations et une désindustrialisation du pays.
A court terme, le Japon doit réactiver des centrales thermiques au gaz, au pétrole ou au charbon, ce qui va augmenter les émissions de gaz à effet de serre et pourrait rendre caduque la promesse d’une réduction de 25 % de ces rejets en 2020, par rapport au niveau de 1990.
Depuis l’accident de Fukushima, quelques pays, comme l’Allemagne, l’Italie et la Suisse, ont décidé de renoncer progressivement à l’atome civil. D’autres, comme la France, les Etats-Unis ou plusieurs nations d’Europe de l’Est, ont au contraire réaffirmé leur attachement à cette énergie.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Enfin les autorités japonaises ont pris conscience du problème ! Pas trop tôt... Pour tout dire c'est probablement déjà trop tard, vu les taux de radiations, beaucoup ne s'en sortiront pas...
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: L'énergie nucléaire
http://wikistrike.over-blog.com/article-secheresse-alerte-maximale-pour-les-centrales-nucleaires-79398652.html
Jeudi 14 juillet 2011 4 14 /07 /Juil /2011 09:44
Sécheresse : alerte maximale pour les centrales nucléaires
Observatoire du nucléaire - Communiqué du 8 juillet 2011
Sécheresse : alerte maximale pour les centrales nucléaires
- Le débit de la Loire bat tous les records de faiblesse alors que l'été ne fait que commencer
- EDF gaspille les réserves des barrages pour tenter de sauver l'image du nucléaire
- EDF doit stopper immédiatement la centrale nucléaire de Saint-Laurent (Loir-et-Cher)
- EDF doit stopper au plus vite les centrales de Dampierre (Loiret) et Belleville (Cher)
- Les centrales de Golfech (Tarn-et-Garonne) et Civaux (Vienne) sous peu en difficulté
- L'ASN doit rejeter la demande de dérogation d'EDF pour la centrale de Cruas (Ardèche)
La sécheresse qui frappe la France depuis plusieurs mois commence à avoir des effets très importants alors que l'été ne fait que commencer : il faut savoir que le débit des rivières baisse en général jusqu'à fin septembre voire jusqu'à début octobre. Or, en ce début juillet, le débit de la plupart des rivières et d'ores et déjà d'une incroyable faiblesse, et la situation s'aggrave très rapidement ces jours-ci. C'est en particulier le cas de la Loire (voir les données ici : http://bit.ly/qAcbF7 ) :
Risque Fukushima à Saint-Laurent (Loir-et-Cher) ?
A Orléans, à proximité de la centrale nucléaire de Saint-Laurent (Loir-et-Cher), le débit de la Loire est tombé à 37m3/s. Or cette centrale doit être arrêtée lorsque le débit de la Loire est inférieur à 46m3/s, et ce afin de pouvoir pomper l'eau nécessaire au refroidissement des réacteurs à l'arrêt (soit 1,5 m3/s), ce qui pourrait s'avérer impossible si le débit de la Loire baissait encore (les prises d'eau de la centrale ne sont plus opérantes bien avant que la rivière ne soit à sec). Un scénario comparable à celui de Fukushima (fusion des cœurs) n'est pas à exclure si cette centrale n'est pas stoppée au plus vite.
Limites atteintes à Dampierre (Loiret) et Belleville (Cher)
A Gien (Loiret), où se trouve la station de mesure du débit de référence pour les centrales de Dampierre (Loiret) et Belleville (Cher), le débit est passé sous les 50 m3/s, limite en deçà de laquelle les autorités doivent demander à EDF de réduire ou même arrêter le fonctionnement de ces deux centrales. La situation est encore plus critique lorsqu'on sait que le "débit reconstitué" (c'est à dire tel qu'il serait sans les lâchers d'eau des barrages situés en amont) est désormais inférieur à 30 m3/s !
Gaspillage des réserves hydrauliques par EDF pour protéger l'image du nucléaire
Du coup, pour tenter de sauver la face et gagner du temps en espérant des précipitations providentielles, EDF gaspille massivement les réserves des barrages de Naussac (situé sur l'Allier, affluent de la Loire) et surtout de Villerest (situé sur la Loire) alors que ce dernier est aussi producteur d'hydroélectricité : cette énergie propre et renouvelable est sacrifiée au profit de l'électricité nucléaire, dangereuse et polluante. EDF ne veut en aucun cas reconnaître devant l'opinion publique que le parc nucléaire est mis en échec par le réchauffement climatique, c'est à dire exactement l'inverse de la propagande de l'industrie nucléaire qui prétend effrontément lutter contre ce réchauffement.
Débit d'alerte en vue à Golfech (Tarn-et-Garonne) et Civaux (Vienne)
D'ici 3 à 4 jours, le "débit d'alerte renforcée" sera atteint par la Garonne à Lamagistère, la station de référence pour la centrale nucléaire de Golfech (cf http://www.eptb-garonne.fr/partenaires/axe_garonne.php ). Là aussi, il est probable que les réserves d'eau disponibles dans divers barrages (51 hm3 au total) vont être fortement mises à contribution dès ce début juillet, alors que la campagne de soutien d'étiage doit durer jusqu'à fin septembre/début octobre.
A Civaux, le débit de la Vienne est artificiellement maintenu au dessus de 10m3/s par des lâchers d'eau, principalement depuis le barrage de Vassivière, mais ces réserves sont proches de leur fin : le plan d'eau a une vocation touristique et EDF n'a pas la possibilité d'y puiser l'eau à sa guise. (cf débit près de la centrale : http://www.eau-poitou-charentes.org/debit-station.php?station=L1400610 )
EDF demande à l'ASN une incroyable dérogation pour la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche)
A ce jour, la centrale nucléaire de Cruas ne peut rejeter dans le Rhône ses produits chimiques et radioactifs que lorsque le débit est supérieur à 500m3/s. Or, le 1er juin, EDF a déposé auprès de l'ASN une demande de dérogation (voir document) pour pouvoir rejeter ces produits toxiques lorsque le débit est supérieur à 350m3/s seulement. La limite de 500m3/s, déjà fort laxiste, a été décidée pour préserver autant que faire se peut le Rhône de pollutions majeures. Or, si la centrale peut effectuer ses rejets lorsque le débit est à peine supérieur à 350m3/s, la dilution sera encore plus mauvaise et les pollutions radioactives et chimiques seront encore plus graves. l'Observatoire du nucléaire demande à l'ASN de rejeter la demande de dérogation de la centrale de Cruas (et les éventuelles autres demandes de dérogation pour d'autres centrales).
Observatoire du nucléaire
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Critique du nucléaire et gouvernement de l’opinion (contretemps.eu)
Où en est-on en France de la critique du nucléaire ? Quels enseignements tirer de plus de 30 ans de contestation de cette technologie ? Quelles ont été les stratégies de « gouvernement de l’opinion » déployées par les industries de l’atome ? Et comment penser les nouvelles techniques rhétoriques et managériales que ces dernières promeuvent aujourd’hui avec pour mots d’ordre la « participation », la « transparence » et la « responsabilité » ? Contretemps s’entretient avec Cezin Topçu, qui vient de signer une thèse sur « L’agir contestataire à l’épreuve de l’atome ».
http://www.npa2009.org/content/critique-du-nucl%C3%A9aire-et-gouvernement-de-l%E2%80%99opinion-contretempseu
http://www.npa2009.org/content/critique-du-nucl%C3%A9aire-et-gouvernement-de-l%E2%80%99opinion-contretempseu
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Vidéo, extraits de la conférence CRIIRAD du 29 juin 2011, à Lyon : " L'impact des rejets de Fukushima Daiichi en France et au Japon". Intervention de Bruno Chareyron concernant le volet "JAPON" (durée : 32 min)
CRIIRAD, dossier spécial Accidents nucléaires au Japon : http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/sommaire.html
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Thèses pour une autre politique énergétique
Contre le délire fossile et nucléaire - Démocratie énergétique maintenant
Gegenstrom, TANURO Daniel
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article22250
Gegenstrom, TANURO Daniel
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article22250
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
La catastrophe de Fukushima a mis sur le devant de l’actualité la question des risques du nucléaire.
C’est effectivement un problème majeur, tout particulièrement pour les riverains des centrales nucléaires, ceux de la région de Fukushima bien sûr, mais encore ceux de Fessenheim en Alsace, par exemple, qui ont raison de ne pas être rassurés par les déclarations des dirigeants d’EDF ou Areva sur la sûreté des installations…
Le développement des forces productives…
Pour notre part, nous voulons aborder ce problème d’un point de vue communiste.
Les problèmes posés par le nucléaire sont de même nature que tous les problèmes scientifiques et techniques qui ont marqué l’introduction de chaque progrès, de quelque nature que ce soit, durant toute l’histoire du capitalisme.
Depuis plus de deux siècles, la bourgeoisie a développé les forces productives dans des proportions jamais connues auparavant. En s’étendant sans cesse d’un secteur économique à l’autre, le mode de production capitaliste a unifié la planète dans un vaste marché mondial. En généralisant l’usage de la machine à vapeur, en introduisant partout des progrès techniques et scientifiques, le capitalisme a démultiplié les capacités de production de l’humanité. En cela, la bourgeoisie a joué un rôle historique progressiste. Pour reprendre une formule de Marx, elle a permis « de créer de tout autres merveilles que les pyramides d’Égypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques ».
Ce développement sans précédent des forces productives a rendu possible un allongement spectaculaire de l’espérance de vie humaine. Il a permis la maîtrise des lois de la nature dans tous les domaines : de la biologie à la médecine, de la physique et la chimie à toutes les technologies.
… qui ne sont pas mises au service de l’humanité
Mais ces bouleversements dans la façon de produire les richesses ont eu comme moteur, depuis le début, la recherche du profit par des capitalistes. Dans ces conditions, chaque progrès scientifique, en même temps qu’il ouvrait la porte à une amélioration du sort de l’humanité, se retournait en menace mortelle aussi bien contre les hommes que contre la nature.
L’invention des machines à filer ou des métiers à tisser mécaniques, au lieu de libérer les artisans d’un travail pénible, les ont ruinés et transformés en prolétaires, condamnés à trimer dans des bagnes industriels.
Pour baisser les salaires, la bourgeoisie a envoyé au fond des mines des enfants de six ou sept ans. Pour extraire du charbon au moindre coût, elle a provoqué la mort de dizaines de milliers de mineurs – directement avec les explosions ou les effondrements dans des mines boisées a minima ; ou bien à petit feu avec la silicose des mineurs surexploités.
Elle a asphyxié littéralement pendant plus d’un siècle les habitants des grandes villes industrielles avec les brouillards chargés de la suie du charbon.
Depuis le charbon et les machines à vapeur, chaque nouvelle invention, chaque nouveau progrès a vu se reproduire le même scénario.
On ne peut pas faire ici la liste des catastrophes sociales, économiques, sanitaires, environnementales provoquées par la recherche du profit. Elle serait trop longue !
Aux victimes du charbon, on peut depuis ajouter celle de l’essence plombée, de l’amiante, de la dioxine et de multiples autres substances toxiques.
Toutes les catastrophes industrielles, de la catastrophe minière de Courrières en 1906 qui fit plus de 1 000 morts, à celle de Bhopal en Inde en 1984 qui a tué entre 20 000 et 30 000 personnes, sont d’abord le résultat de l’irresponsabilité et de l’avidité des industriels qui jouent délibérément avec la peau des travailleurs et des riverains.
En finir avec la propriété privée des moyens de production
Dès le milieu du 19e siècle, les communistes qu’étaient Marx et Engels dénonçaient les ravages causés par la soif de profit à court terme aussi bien sur les travailleurs que sur la nature. Engels a écrit des pages poignantes sur le sort du prolétariat naissant en Grande-Bretagne dans les années 1840. Et dans ce même ouvrage, La situation de la classe laborieuse en Angleterre, il dénonçait déjà la pollution ou les maladies provoquées par l’industrialisation sauvage.
Mais ce que Marx et Engels dénonçaient, ce n’était ni la technique ni le progrès scientifique. Bien au contraire. C’était l’organisation sociale, c’était la propriété privée des moyens de production.
Ce qui caractérise la société capitaliste, c’est justement que toutes les machines, tous les moyens de production, aussi complexes et performants soient-ils, sont mis en œuvre par la minorité de patrons privés qui les possèdent. Chaque choix, chaque décision est prise en fonction de leurs intérêts privés et bien souvent aussi les plus immédiats, au mépris des conséquences à plus long terme, tant sur les hommes, sur l’environnement que sur l’ensemble de l’économie.
Cette minorité concentre l’essentiel des richesses tandis que la majorité de la population n’accède au progrès, technique, médical, culturel, qu’avec retard – et encore, quand elle peut y accéder !
Les détenteurs de capitaux condamnent des dizaines de millions de travailleurs valides au chômage et à la misère forcés tandis que d’autres doivent trimer et s’user sur des chaînes de production.
Et ceux qui mettent en œuvre ces moyens techniques le font au mépris de la santé des travailleurs, des consommateurs, des riverains, au mépris de la santé publique comme de la nature.
Face à cette dictature des capitalistes sur l’ensemble des moyens de production, face au gâchis qu’elle engendre, aux ravages multiples qu’elle provoque, la perspective que défendent les communistes, depuis Marx et Engels, c’est leur expropriation, c’est leur mise sous le contrôle des travailleurs.
C’est seulement alors que les choix de la société, dans la façon dont elle décide de produire les richesses, pourront être faits collectivement, en prenant en compte leurs conséquences lointaines comme immédiates.
Cette perspective, déjà nécessaire à l’ère du charbon, est devenue encore plus vitale à l’ère nucléaire.
C’est qu’entre-temps, tant les moyens de production que le caractère nuisible du capitalisme se sont encore accrus.
Voilà le fond de la question.
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Bernard Laponche : “Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe”
Le 19 juin 2011 à 18h00 - Mis à jour le 27 juin 2011 à 11h24
Physicien nucléaire, polytechnicien, Bernard Laponche est formel : la France est dans l'erreur. Avec le nucléaire, elle s'obstine à privilégier une énergie non seulement dangereuse mais obsolète. Alors que d'autres solutions existent, grâce auxquelles les Allemands ont déjà commencé leur transition énergétique.
Il est des leurs. Enfin, il était des leurs. Polytechnicien, physicien nucléaire, Bernard Laponche a participé, dans les années 1960, au sein du Commissariat à l'énergie atomique, à l'élaboration des premières centrales françaises. La découverte des conditions de travail des salariés de la Hague sera pour lui un choc : il prend conscience du danger de l'atome, qu'il juge moralement inacceptable. Dès les années 1980, Bernard Laponche, désormais militant au sein de la CFDT, prône la maîtrise de la consommation énergétique et le développement des énergies renouvelables. Les décennies suivantes lui ont donné raison. Mais la France, seul pays au monde à avoir choisi l'option du tout-nucléaire, s'obstine dans l'erreur, déplore-t-il, et s'aveugle : énergie du passé, sans innovation possible, le nucléaire ne représente pas seulement une menace terrifiante, pour nous et pour les générations qui suivront ; il condamne notre pays à rater le train de l'indispensable révolution énergétique.
On présente toujours l'énergie nucléaire comme une technologie très sophistiquée. Vous dites qu'il s'agit juste du « moyen le plus dangereux de faire bouillir de l'eau chaude » (1) . C'est provocateur, non ?
Pas vraiment... Un réacteur nucléaire n'est qu'une chaudière : il produit de la chaleur. Mais au lieu que la chaleur, comme dans les centrales thermiques, provienne de la combustion du charbon ou du gaz, elle est le résultat de la fission de l'uranium. Cette chaleur, sous forme de vapeur d'eau, entraîne une turbine qui produit de l'électricité. L'énergie nucléaire n'est donc pas ce truc miraculeux qui verrait l'électricité « sortir » du réacteur, comme s'il y avait une production presque spontanée...
Pourquoi cette image s'est-elle imposée ?
Les promoteurs du nucléaire ne tiennent pas à mettre en avant la matière première, l'uranium. C'est lié au fait qu'à l'origine le nucléaire était militaire, donc stratégique. Et puis en laissant penser que l'électricité est produite directement, ils lui donnent un côté magique, ainsi qu'une puissance trois fois plus élevée, car c'est la chaleur produite que l'on évalue, pas l'électricité. Or les deux tiers de la chaleur sont perdus, ils réchauffent l'eau des fleuves ou de la mer qui sert à refroidir les réacteurs.
Parlons donc du combustible...
Ce sont des crayons d'uranium, de l'uranium légèrement enrichi en isotope 235, pour les réacteurs français. La fission est une découverte récente (1938) : un neutron tape un noyau d'uranium qui explose, produit des fragments, donc de l'énergie, et des neutrons, qui vont taper d'autres noyaux – c'est la réaction en chaîne. La multiplication des fissions produit de la chaleur. Or les fragments de la fission sont de nouveaux produits radioactifs, qui émettent des rayons alpha, bêta, gamma... A l'intérieur des réacteurs, vous produisez donc de la chaleur, c'est le côté positif, mais aussi des produits radioactifs, notamment du plutonium, le corps le plus dangereux qu'on puisse imaginer, qui n'existe qu'à l'état de trace dans la nature. On aurait dû s'interroger dès l'origine : ce moyen de produire de l'eau chaude est-il acceptable ?
Cette réaction en chaîne, on peut tout de même l'arrêter à chaque instant, non ?
Dans un fonctionnement normal, on abaisse les barres de contrôle dans le cœur du réacteur : elles sont constituées de matériaux qui absorbent les neutrons, ce qui arrête la réaction en chaîne. Mais il faut continuer de refroidir les réacteurs une fois arrêtés, car les produits radioactifs continuent de produire de la chaleur. La nature même de la technique est donc source de risques multiples : s'il y a une panne dans les barres de contrôle, il y a un emballement de la réaction en chaîne, ce qui peut provoquer une explosion nucléaire ; s'il y a une fissure dans le circuit d'eau, il y a perte de refroidissement, la chaleur extrême détruit les gaines du combustible, certains produits radioactifs s'échappent, on assiste à la formation d'hydrogène, cet hydrogène entraîne des matières radioactives et peut exploser.
Mais on multiplie les systèmes de protection...
Vous avez beau les multiplier, il y a toujours des situations dans lesquelles ces protections ne tiennent pas. A Tchernobyl, on a invoqué, à juste titre, un défaut du réacteur et une erreur d'expérimentation ; à Fukushima, l'inondation causée par le tsunami. Au Blayais, en Gironde, où la centrale a été inondée et où on a frôlé un accident majeur, on n'avait pas prévu la tempête de 1999. Mais on a vu des accidents sans tsunami ni inondation, comme à Three Mile Island, aux Etats-Unis, en 1979. On peut aussi imaginer, dans de nombreux pays, un conflit armé, un sabotage... Puisque le point de départ, c'est la création de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique les moyens de sa propre destruction.
Y a-t-il eu des innovations en matière nucléaire ?
Aucun progrès technologique majeur dans le nucléaire depuis sa naissance, dans les années 1940 et 1950. Les réacteurs actuels en France sont les moteurs des sous-marins atomiques américains des années 1950. En plus gros. Les réacteurs, l'enrichissement de l'uranium et le retraitement, sont des technologies héritées de la Seconde Guerre mondiale. On a juste augmenté la puissance et ajouté des protections. Mais parce que le système est de plus en plus compliqué, on s'aperçoit que ces protections ne renforcent pas toujours la sûreté.
On a du mal à croire qu'il n'y ait eu aucune innovation majeure...
Si, le surgénérateur ! Avec Superphénix, on changeait de modèle de réacteur. Et heureusement qu'on l'a arrêté en 1998, car il était basé sur l'utilisation du plutonium. Le plutonium est un million de fois plus radioactif que l'uranium. Comment a-t-on pu imaginer faire d'un matériau aussi dangereux le combustible d'une filière de réacteurs exportable dans le monde entier ?
Nicolas Sarkozy affirme que si l'on refuse le nucléaire, on doit accepter de s'éclairer à la bougie. Qu'en pensez-vous ?
Il est lassant d'entendre des dirigeants qui n'y connaissent rien continuer à dire n'importe quoi. Nicolas Sarkozy ne croit pas si bien dire ; un jour, et pourquoi pas dès cet été, les Français s'éclaireront à la bougie : comme nous sommes le seul pays au monde à avoir choisi de produire 80 % de notre électricité avec une seule source, le nucléaire, et une seule technique, le réacteur à eau pressurisée, si nous sommes contraints d'arrêter nos réacteurs, nous retournerons à la bougie ! Pas besoin d'une catastrophe, juste un gros pépin générique, ou une sécheresse et une canicule exceptionnelles. Car on ne peut pas faire bouillir l'eau des rivières. En revanche, si l'on décidait de sortir du nucléaire en vingt ans, on pourrait démultiplier notre inventivité énergétique pour justement éviter la bougie.
Les défenseurs du nucléaire disent qu'en France, avec notre nouveau réacteur, l'EPR, que l'on construit à Flamanville, on arrive à un risque quasi nul...
Chaque pays assure que ses réacteurs sont mieux que les autres. Avant Fukushima, le discours des Japonais était le même que celui des Français. On en est déjà à cinq réacteurs détruits (Three Mile Island, Tchernobyl, et trois réacteurs à Fukushima) sur quatre cent cinquante réacteurs dans le monde, des centaines de kilomètres carrés inhabitables. La probabilité théorique, selon les experts de la sûreté nucléaire, devait être de un pour cent mille « années-réacteur » [une année-réacteur, c'est un réacteur fonctionnant pendant un an, NDLR], voire un million d'années-réacteur pour un accident majeur, type Tchernobyl ! La réalité de ce qui a été constaté est trois cents fois supérieure à ces savants calculs. Il y a donc une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe.
Une innovation majeure pourrait-elle vous conduire à revoir votre jugement ?
Je ne vois pas de solution dans l'état actuel, non pas de l'ingénierie, mais de la connaissance scientifique. Je ne dis pas qu'un jour un savant ne trouvera pas un moyen d'utiliser l'énergie de liaison des noyaux de façon astucieuse, qui ne crée pas ces montagnes de produits radioactifs. Mais pour le moment, il n'y a pas !
Pourquoi vous opposez-vous à Iter, expérience sur la fusion menée à Cadarache, sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ?
La fusion, c'est l'inverse de la fission. On soude deux petits noyaux, deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium (un proton et un neutron) et le tritium (un proton et deux neutrons), et cette soudure dégage de l'énergie. Mais il faut arriver à les souder, ces noyaux ! Dans le Soleil, ils se soudent du fait de la gravitation. Sur Terre, on peut utiliser une bombe atomique, ça marche très bien. L'explosion provoque la fusion des deux noyaux, qui provoque une seconde explosion beaucoup plus forte : c'est la bombe à hydrogène, la bombe H. Pour une fusion sans bombe, il faut créer des champs magnétiques colossaux afin d'atteindre des températures de cent millions de degrés. Iter, à l'origine un projet soviétique, est une expérience de laboratoire à une échelle pharaonique, des neutrons extrêmement puissants bombardent les parois en acier du réacteur, ces matériaux deviennent radioactifs et doivent d'ailleurs être remplacés très souvent. Je ne suis pas spécialiste de la fusion, mais je me souviens que nos deux derniers Prix Nobel français de physique, Pierre-Gilles de Gennes et Georges Charpak, avaient dit qu'Iter n'était pas une bonne idée. Ils prônaient les recherches fondamentales avant de construire cet énorme bazar. Personne n'a tenu compte de leur avis, et nos politiques se sont précipités, sur des arguments de pure communication – on refait l'énergie du Soleil – pour qu'Iter se fasse en France.
Pourquoi ?
Parce que les Français veulent être les champions du nucléaire dans le monde. Les Japonais voulaient Iter, mais leur Prix Nobel de physique Masatoshi Koshiba a dit « pas question », à cause du risque sismique. Je pense que ce projet va s'arrêter parce que son prix augmente de façon exponentielle. Et personne ne s'est posé la question : si jamais ça marchait ? Que serait un réacteur à fusion ? Comme disent les gens de l'association négaWatt, pourquoi vouloir recréer sur Terre l'énergie du Soleil puisqu'elle nous arrive en grande quantité ?
Que répondez-vous à ceux qui pensent que l'impératif du réchauffement climatique, donc la nécessaire réduction des émissions de CO2, nous impose d'en passer par le nucléaire ?
Tout d'abord, on ne peut pas faire des émissions de CO2 le seul critère de choix entre les techniques de production d'électricité. Faut-il accepter qu'au nom du climat, tous les cinq ou dix ans, un accident de type Fukushima se produise quelque part dans le monde ? Ensuite, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a montré que si l'on voulait tenir nos objectifs de réduction des émissions de CO2, la moitié de l'effort devait porter sur les économies d'énergie. Pour l'autre moitié, le recours aux énergies renouvelables est essentiel, la part du nucléaire n'en représentant que 6 %. Il faut donc relativiser l'avantage du nucléaire.
Vous avez commencé votre carrière au CEA et avez été un artisan de cette énergie. Que s'est-il passé ?
J'ai même fait une thèse sur le plutonium, et je ne me posais aucune question. Tout est très compartimenté au CEA, je faisais mes calculs sur la centrale EDF 3 de Chinon, n'avais aucune idée des risques d'accident ni du problème des déchets. Je travaillais avec des gens brillants. Et puis j'ai commencé à militer à la CFDT, après 68, et on s'est intéressé aux conditions de travail des travailleurs de la Hague. Je me suis aperçu que, moi, ingénieur dans mon bureau, je ne connaissais rien de leurs conditions de travail, et que les gens de la Hague ne savaient pas ce qu'était un réacteur nucléaire. On a donc écrit, en 1975, un bouquin collectif qui a été un best-seller, L'Electronucléaire en France. Le patron du CEA de l'époque a d'ailleurs reconnu la qualité de ce travail. Pour cela, j'ai travaillé pendant six mois à partir de documents américains, parce qu'en France il n'y avait rien. La CFDT a alors pris position contre le programme nucléaire. J'ai commencé à travailler sur les alternatives au nucléaire et, en 1982, je suis entré à l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie.
Cela fait trente ans... Que prôniez-vous à l'époque ?
Mais la même chose qu'aujourd'hui : économies d'énergie et énergies renouvelables ! Les principes de l'électricité photovoltaïque, donc des panneaux solaires, étaient déjà connus. Aujourd'hui, on ne parle que de l'électricité, mais ce qu'il faudrait d'abord installer partout, c'est des chauffe-eau solaires ! Rien de plus simple : un fluide caloporteur circule dans un tube sous un panneau vitré, et permet d'obtenir de l'eau à 60 degrés. L'Allemagne, pays moins ensoleillé que la France, a dix fois plus de chauffe-eau solaires. Dans le Midi, il n'y en a pas, ou si peu !
Cela ne demande pas beaucoup d'innovation...
L'innovation permet avant tout de réduire les coûts. L'éolien, sa compétitivité face au nucléaire est acquise. En ce qui concerne le photovoltaïque, les Allemands anticipent des coûts en baisse de 5 % chaque année. Il y a beaucoup de recherches à faire sur les énergies marines, les courants, l'énergie des vagues, la chaleur de la terre avec la géothermie. Les énergies renouvelables, sous un mot collectif, sont très différentes, et peuvent couvrir à peu près tous les besoins énergétiques. Les Allemands estiment qu'elles couvriront 80 % des leurs d'ici à 2050. C'est plus que crédible, à condition de toujours rechercher les économies d'énergie.
Le fait qu'on ait produit de l'électricité à partir du nucléaire à un coût modique, ne prenant pas en compte les coûts du démantèlement et de la gestion à long terme des déchets radioactifs, a-t-il pénalisé les énergies renouvelables ?
Oui, et comme on a fait trop de centrales nucléaires, il y a toujours eu pression pour la consommation d'électricité, et en particulier pour son usage le plus imbécile, le chauffage électrique, pour lequel la France est championne d'Europe. On construit des logements médiocres, l'installation de convecteurs ne coûte rien, cela crée du coup un problème de puissance électrique globale : en Europe, la différence entre la consommation moyenne et la pointe hivernale est due pour moitié à la France ! Résultat, l'hiver, nous devons acheter de l'électricité à l'Allemagne, qui produit cette électricité avec du charbon… Hors chauffage, les Français consomment encore 25 % de plus d'électricité par habitant que les Allemands. Qui n'ont pas seulement des maisons mieux isolées, mais aussi des appareils électroménagers plus efficaces, et qui font plus attention, car l'électricité est un peu plus chère chez eux.
Quelles sont les grandes innovations à venir en matière d'énergie ?
Les « smart grids », les réseaux intelligents ! Grâce à l'informatique, on peut optimiser la production et la distribution d'électricité. A l'échelle d'un village, d'une ville ou d'un département, vous pilotez la consommation, vous pouvez faire en sorte, par exemple, que tous les réfrigérateurs ne démarrent pas en même temps. Les défenseurs du nucléaire mettent toujours en avant le fait que les énergies renouvelables sont fluctuantes – le vent ne souffle pas toujours, il n'y a pas toujours du soleil – pour asséner que si l'on supprime le nucléaire, il faudra tant de millions d'éoliennes... Mais tout change si l'on raisonne en termes de combinaisons ! Les Allemands étudient des réseaux qui combinent biomasse, hydraulique, éolien, photovoltaïque. Et ils travaillent sur la demande : la demande la nuit est plus faible, donc avec l'éolien, la nuit, on pompe l'eau qui va réalimenter un barrage qui fonctionnera pour la pointe de jour... C'est cela, la grande innovation de la transition énergétique, et elle est totalement opposée à un gros système centralisé comme le nucléaire. Le système du futur ? Un territoire, avec des compteurs intelligents, qui font la jonction parfaite entre consommation et production locale. Small is beautiful. Les Allemands réussissent en ce moment cette transition énergétique. Parce qu'ils l'ont décidée. C'est cela, le principal : il faut prendre la décision. Cela suppose une vraie prise de conscience.
Comment expliquez-vous l'inconscience française ?
Par l'arrogance du Corps des ingénieurs des Mines, d'une part, et la servilité des politiques, de l'autre. Une petite caste techno-bureaucratique a gouverné les questions énergétiques depuis toujours, puisque ce sont eux qui tenaient les Charbonnages, puis le pétrole, et ensuite le nucléaire. Ils ont toujours poussé jusqu'à l'extrême, et imposé aux politiques, la manie mono-énergétique.
Cela vient de notre pouvoir centralisé ?
Complètement ! Dans les années 1970, un chercheur suédois a écrit une étude sur le fait que le nucléaire marche dans certains pays et pas dans d'autres. Et il en a conclu qu'une structure politico-administrative autoritaire et centralisée avait permis qu'il se développe dans deux pays : l'URSS et la France. Pour de fausses raisons – indépendance énergétique, puissance de la France –, on maintient le lien entre le nucléaire civil et militaire – le CEA a une branche applications militaires, Areva fournit du plutonium à l'armée. Ce complexe militaro-étatico-industriel fait qu'ici on considère madame Merkel comme une folle. Au lieu de se dire que si les Allemands font autrement, on pourrait peut-être regarder… Non, on décide que les Allemands sont des cons. Nos responsables claironnent qu'on a les réacteurs les plus sûrs, que le nucléaire c'est l'avenir, et qu'on va en vendre partout. C'est l'argument qu'on utilise depuis toujours, et on a vendu péniblement neuf réacteurs en cinquante ans, plus les deux qui sont en construction en Chine. Ce n'est pas ce qui était prévu… En dix ans, les Allemands, eux, ont créé près de 400 000 emplois dans les énergies renouvelables.
En dehors des écologistes, personne, y compris à gauche, ne remet en cause le nucléaire...
Les choses évoluent vite. Fukushima ébranle les pro-nucléaire honnêtes. Je pense que la décision allemande aura une influence, pas sur nos dirigeants actuels, mais sur nos industriels et aussi sur les financiers. Ils doivent se dire : vais-je continuer à mettre mes billes dans un truc comme ça ? Il y avait jadis l'alliance Areva-Siemens pour proposer des réacteurs EPR, mais Siemens en est sorti depuis des années. On peut toujours se rassurer en pensant que les Allemands se trompent, mais on peut difficilement soutenir qu'ils aient fait ces dernières décennies de mauvais choix et que leur industrie soit faiblarde...
Les écologistes peuvent-ils peser sur les socialistes ?
Bien sûr. Déjà, en 2000, tout était prêt pour l'EPR, mais Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, a dit à Lionel Jospin : « Si tu fais l'EPR, je démissionne. » C'est la seule fois où elle a mis sa démission dans la balance et l'EPR ne s'est pas fait à l'époque. Je travaillais auprès d'elle comme conseiller sur ces questions, j'ai pondu trois cent cinquante notes. Il y avait une bagarre quotidienne entre le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Industrie, qui se moquait complètement de la sécurité. Malheureusement, l'EPR est reparti avec Chirac en 2002. Et il va nous coûter très cher. En un demi-siècle, on a gaspillé l'énergie, on a fait n'importe quoi. Il est urgent de choisir une civilisation énergétique qui ne menace pas la vie.
Propos recueillis par Vincent Remy Télérama n° 3205
(1) Titre d'une contribution dans les pages Rebonds de « Libération » (24 mars 2011).
nico37- Messages : 7067
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Re: L'énergie nucléaire
En réécoutant https://www.youtube.com/watch?v=zFGY1xqY8-o j'ai furieusement l'impression que c'était prémonitoire...
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/07/20/edf-a-annonce-un-nouveau-retard-de-deux-ans-pour-l-epr-de-flamanville_1550974_3244.html#xtor=AL-32280184
EDF a annoncé un nouveau retard de deux ans pour l'EPR de Flamanville
LEMONDE.FR avec AFP | 20.07.11 | 16h41 • Mis à jour le 20.07.11 | 18h53
Le site de Flamanville, en France, où un réacteur nucléaire de troisième génération est en cours de construction.AFP/JEAN-PAUL BARBIER
EDF a annoncé, mercredi 20 juillet, un retard de deux ans supplémentaires sur le chantier de l'EPR, réacteur nucléaire de troisième génération, de Flamanville (Manche), dont la mise en service est désormais attendue en 2016. En juillet 2010, EDF avait déjà reporté de deux ans son lancement.
Le coût total du chantier est désormais quasiment doublé par rapport aux estimations initiales, EDF évoquant dans un communiqué "un projet actualisé de l'ordre de 6 milliards d'euros", contre 3,3 à l'origine.
"Ce retard est lié à des raisons tant structurelles que conjoncturelles, explique le groupe.Flamanville 3 est la première centrale nucléaire construite en France depuis quinze ans. C'est également le premier EPR. En termes de maîtrise industrielle, EDF a dû revoir son appréciation de l'ampleur des travaux à mener, notamment en matière de génie civil", poursuit-il. EDF indique aussi que deux accidents graves ont perturbé l'évolution du chantier au cours du premier semestre.
NOUVELLE ORGANISATION
EDF évoque enfin pour justifier ce nouveau retard les analyses qui doivent être menées dans le cadre des audits lancés après la catastrophe de Fukushima, au Japon. Celles-ci seront soumises à l'Autorité de sûreté nucléaire en septembre, promet l'électricien.
Pour faire face à ces difficultés, le groupe annonce par ailleurs une nouvelle organisation avec ses partenaires, passant notamment par "un nouveau calendrier industriel fiabilisé", "l'instauration de nouvelles pratiques dans le pilotage et la conduite du chantier" ou "le renforcement des exigences en matière de sûreté et de préparation des interventions".
Le ministre de l'industrie, Eric Besson, a assuré, mercredi, que ce retard était "une mesure technique". "Ce nouveau calendrier est une simple actualisation de l'ancien, afin de tenir compte d'une part des événements imprévus sur le chantier", écrit le ministre dans un communiqué.
Du côté de l'opposition, Noël Mamère, député Europe Ecologie-Les Verts, s'est montré très critique. "Conformément à ce que demandent les écologistes, il faut arrêter ce chantier EPR" a-t-il déclaré à l'AFP, qualifiant ce dernier de "chantier coûteux et sale, notamment à cause des accidents avec les sous-traitants". M. Mamère a également estimé que la question de la sortie du nucléaire se posait "plus que jamais".
DES DÉLAIS DE CONSTRUCTION TROP AMBITIEUX
Il a fallu en moyenne six ans et onze mois pour construire les cinquante-neuf réacteurs nucléaires français entre les années 1970 et 1990. Sans tenir compte de cette donnée et des multiples innovations de l'EPR, Areva et EDF avait initialement évalué à quatre ans et neuf mois la durée de construction d'un réacteur.
Mais Areva avait par la suite dû répondre à l'appel d'offres du groupe énergétique finlandais TVO, qui ne lui laissait que quatre ans pour construire son réacteur. EDF s'était donné six mois supplémentaires pour le chantier de Flamanville, qui emploie trois mille quatre cents personnes.
Cet optimisme répondait à un véritable enjeu commercial : plus le temps de construction d'un réacteur est long et plus il coûte cher. Sa compétitivité à l'exportation s'en trouve alors amoindrie.
De nombreux retards et surcoûts ont déjà été annoncés sur les deux premiers chantiers d'EPR menés par EDF à Flamanville et Areva à Olkiluoto, en Finlande.Si les délais annoncés devaient se confirmer, les deux prototypes seraient donc construits respectivement en neuf et en huit ans.
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: L'énergie nucléaire
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/07/05/nucleaire-la-justice-empeche-un-projet-de-sous-traitance-a-l-usine-de-la-hague_1545170_3244.html#ens_id=1504462
Nucléaire : la justice empêche un projet de sous-traitance à l'usine de la Hague
LEMONDE.FR avec AFP | 05.07.11 | 18h23 • Mis à jour le 05.07.11 | 18h58
Le site de retraitement des déchets nucléaires de la Hague, le 29 mai 2005.AFP/MYCHELE DANIAU
Le tribunal de grande instance de Paris a annulé, mardi 5 juillet, un projet de sous-traitance de retraitement des déchets nucléaires Areva de la Hague. Une décision qui satisfait les syndicats CGT et FO, à l'origine de cette action en justice.
En juillet 2010, la direction de la société Areva de Beaumont-la Hague avait présenté au comité d'établissement un projet au terme duquel elle envisageait de confier la construction et la gestion de trois chaudières à bois à la société Dalkia. Une proposition motivée par des considérations économiques et environnementales, selon la direction.
A ce projet s'est ajouté celui d'externaliser, également vers Dalkia, certaines missions du secteur énergie. Selon les syndicats, ces missions consistent "à maintenir le refroidissement des piscines et à prendre le relais en alimentation électrique en cas de défaut d'alimentation principale".
Pour le tribunal, cette externalisation décidée par la direction de l'usine,"génératrice de risques psychosociaux importants et de risques techniques et industriels considérables, est de nature à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs concernés".
La première chambre civile du TGI de Paris a donc estimé qu'il y avait "lieu d'interdire à Areva la poursuite de la mise en œuvre de l'externalisation" prévue,
sous astreinte de 200 000 euros par infraction constatée. Une décision qui va dans le sens des syndicats CGT et FO, à l'origine de l'action en justice.
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: L'énergie nucléaire
JAPON : PETITS ARRANGEMENTS ENTRE NUCLÉAIRE ET INCINÉRATION Le 11 juillet 2011
Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon ont entraîné la production d’environ 25 millions de tonnes de déchets post-catastrophe. L’accident nucléaire de Fukushima ajoute un problème de taille : une partie des déchets produits sont désormais radioactifs, ce qui change totalement la donne quant à leur élimination. Malheureusement, la réponse apportée par le gouvernement japonais ne semble pas la meilleure : une partie de ces déchets vont en effet être brûlés dans des incinérateurs qui vont ainsi relarguer directement dans l’air des poussières radioactives [1] en plus des résidus de combustion. Ces déchets solides seront stockés dans des centres spécifiques… sauf ceux dont la radioactivité sera inférieure 8000 Bq/kg qui seront stockés dans des décharges classiques. Avec quels effets à long terme ? Nul ne peut le dire. La boucle n’étant pas tout à fait bouclée, les autorités s’apprêtent en outre à faire fonctionner les incinérateurs à plein régime pour pallier le manque d’alimentation du réseau en électricité d’origine nucléaire. Voilà comment une catastrophe nucléaire se transforme en opportunité pour les incinérateurs en mal de déchets. Ces derniers jours, l’un des incinérateurs de déchets municipaux de Tokyo (Edogawa-ku – 200 000 t/an) a d’ores et déjà produit des cendres dépassant les seuils de 8000 Bq/kg alors même que les déchets brûlés n’étaient pas censés venir d’une zone contaminée.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Fukushima, 4 mois plus tard, la catastrophe continue
Le 11 mars dernier, un violent tremblement de terre suivi d'un tsunami inédit provoquaient la mort ou la disparition de 11.000 personnes ainsi que le plus grave désastre nucléaire depuis l'accident de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986. Quatre mois plus tard, quelque 80.000 personnes qui vivaient dans un rayon de 20 km autour de la centrale ont dû évacuer leur domicile et vivent depuis dans des abris de fortune sans espoir de retour avant plusieurs années. Quant à la centrale nucléaire de Fukushima, elle est loin d'être sous contrôle.
Etat des lieux d'une catastrophe au très long cours.
Les habitants face à eux-mêmes
Partir ou rester? Les habitants de Fukushima ont toujours bien du mal à se forger une opinion. Pour preuve, la municipalité a affirmé mercredi que ses 300.000 habitants n'étaient pas menacés par les radiations provenant de la centrale nucléaire accidentée. Mais la veille, un groupement de six associations de résidents et d'activistes antinucléaires a exigé l'évacuation des enfants et des femmes enceintes de Fukushima, après avoir détecté des niveaux de radioactivité jusqu'à quatre fois supérieurs à la limite légale dans les sols de la ville.
Un prélèvement effectué en juin dans un égout a notamment fait état d'un taux de césium radioactif de 46.540 becquerels par kilogramme, alors que le taux maximum légal est de 10.000 becquerels au Japon. Selon les associations, ce niveau dépasse le seuil à partir duquel les autorités soviétiques avaient procédé à l'évacuation des populations après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.
La terre tremble toujours
Un important séisme a touché ce dimanche le nord-est du Japon, cette même région qui avait été dévasté par le tremblement de terre suivi du tsunami il y a quatre mois. Aucun dégât n'est à déplorer mais, par mesure de précaution, les employés travaillant à la remise en marche de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima ont été brièvement évacués du site.
Une alerte au tsunami a été lancée pour la région avant d'être levée un peu avant midi.
Des SDF pour intervenir dans la centrale
A lire sur Fukushima, 11 mars 2011, le blog d'Anne Roy, journaliste de l'Humanité: "Un reportage d’AL Jazeera, en anglais, montre comment les sans abris d’Osaka sont volontaires pour se faire recruter pour aller réparer le réacteur de la centrale de Fukushima accidenté par le tsunami. Au risque de leur vie, et en signant un contrat qui les oblige à renoncer à toute poursuite en cas de problème ultérieur. Un recours aux plus démunis, qui n’est pas sans rappeler ce qui se pratiquait déjà auparavant". Lire la suite ici
Des tests de résistance dévoilés ce lundi
Le gouvernement japonais dévoile ce lundi les détails des tests de résistance auxquels seront soumis les réacteurs nucléaires du pays mis à l'arrêt depuis la catastrophe de Fukushima. Interrogé par la chaîne de télévision Fuji TV, le ministre japonais chargé de la Crise nucléaire, Gohsi Hosono, a par ailleurs fait savoir que le gouvernement profiterait de cette occasion pour annoncer les contours d'un plan de fourniture d'électricité "sur un ou deux ans".
Selon ce même ministre, ces tests doivent déterminer la capacité de résistance des centrales japonaises face à des catastrophes naturelles majeures. Goshi Hosno a toutefois précisé que ces tests seront menés "à la japonaise", en utilisant des points de contrôle et un cahier des charges différents de ceux des Européens.
Actuellement, seuls 19 des 54 réacteurs du pays produisent de l'électricité. Les autres ont été fermés pour maintenance ou vérification, et le gouvernement redoute des pénuries lors des pics de consommation de l'été. Avant la catastrophe du 11 mars, 30% de l'électricité japonaise provenait du nucléaire.
" Des décennies pour remédier aux conséquences de l'accident "
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a déclaré samedi que la décontamination du site de la centrale nucléaire de Fukushima prendrait plusieurs dizaines d'années, en présentant pour la première fois un programme de très long terme pour cette opération. "Un grand nombre d'habitants ont été contraints d'évacuer. Il faudra trois, cinq, voire 10 ans pour parvenir à en reprendre le contrôle, et même plusieurs décennies pour remédier aux conséquences de l'accident."
Sur le court terme, le Japon suit un programme pour stabiliser la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, responsable d'émissions radioactives de très haut niveau après la panne de ses systèmes de refroidissement. Ce projet, que s'est procuré NHK, s'inspire d'une étude des données sur la manière dont les Etats Unis ont procédé lors de l'accident nucléaire de la centrale de Three Mile en 1979. Tepco espère réduire les fuites radioactives d'ici à fin juillet et parvenir à refroidir les réacteurs pour les arrêter au plus tard d'ici à janvier prochain.
A plus long terme, la Commission japonaise à l'énergie atomique et l'exploitant de la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power (Tepco), sont convenus de commencer à retirer le combustible nucléaire fondu vers 2021, selon la NHK. La chaîne de télévision publique a rapporté que les autorités, l'opérateur et les fabricants d'équipements estimaient qu'il faudrait "plusieurs décennies" avant de pouvoir démanteler les réacteurs de la centrale.
nico37- Messages : 7067
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Re: L'énergie nucléaire
http://www.20minutes.fr/ledirect/763352/feu-vert-demantelement-partiel-centrale-nucleaire-brennilis
Feu vert pour le démantèlement partiel de la centrale nucléaire de Brennilis
Mis à jour le 28.07.11 à 09h34
EDF a obtenu l'autorisation de procéder au démantèlement partiel de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère), par décret du Premier ministre publié jeudi au Journal officiel. La reprise du démantèlement, hors bloc réacteur, de la centrale des monts d'Arrée, doyenne du parc nucléaire français fait suite à l'annulation par le conseil d'Etat de la décision de démantèlement total prise en juin 2007.
Le nouveau texte précise notamment la liste des opérations autorisées, dont le démantèlement des échangeurs de chaleur, l'assainissement éventuel et le démantèlement des structures de la station de traitement des effluents (STE) ainsi que les opérations d'assainissement des terres sous-jacentes à la STE, le démantèlement du hangar à déchets. L'ensemble des opérations autorisées doit être réalisé dans un délai de 5 ans, selon le décret. Le texte précise également qu'un bilan de l'opération devra être fourni à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) «six mois suivant la fin des opérations de démantèlement des échangeurs de chaleur».
Le démantèlement était gelé depuis 2007
Tout au long des opérations, l'exploitant prend les dispositions nécessaires à la communication d'une information régulière aux populations locales, aux collectivités et à la commission locale d'information (CLI), en particulier, notamment sur l'avancement et la planification des opérations, sur le transport des déchets, sur les dispositions prises en matière de protection des travailleurs et de l'environnement, selon le décret. Pour le démantèlement total de cette centrale, EDF devra déposer avant le 31 décembre 2011, un dossier de demande d'autorisation «dans lequel elle justifie la stratégie de démantèlement retenue», souligne le décret.
Mise en service en 1967, la centrale à eau lourde des Monts d’Arrée a cessé de fonctionner en 1985, la France ayant très rapidement privilégié une autre filière de production avec les centrales à eau pressurisée. Entrepris en 1996, le démantèlement partiel du site était gelé depuis une décision du conseil d’Etat de 2007 annulant un décret de 2006 autorisant le démantèlement complet.
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BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: L'énergie nucléaire
http://www.20minutes.fr/article/763972/plus-grande-centrale-nucleaire-ex-rda-interminable-demontage
BERLIN - La plus grande centrale nucléaire de l'ex-RDA, un interminable démontage
Créé le 29/07/2011 à 13h32 -- Mis à jour le 29/07/2011 à 13h33
BERLIN - Le sas se ferme et une voix robotisée émet un compte à rebours: "4,3,2,1. Pas de contamination. Merci". La traque à la radioactivité continue dans la plus grande centrale nucléaire de l'ex-RDA, pourtant éteinte depuis 20 ans.
Choquée par la catastrophe de Fukushima, l'Allemagne a décidé que ses 17 réacteurs, tous situés à l'Ouest, s'éteindront au plus tard en 2022. La visite du site de Lubmin, au bord de la mer Baltique (nord-est), montre qu'il faudra bien plus de temps, et beaucoup d'argent, avant qu'ils ne disparaissent du paysage.
L'ancienne dictature communiste comptait six réacteurs en activité: cinq à Lubmin et un sur le site voisin de Rheinsberg.
Tous ont été déconnectés du réseau en 1990, mais leur démontage ne sera pas fini avant 2013 voire 2014.
La facture pour les pouvoirs publics s'élève déjà à 4,1 milliards d'euros. Et cette somme ne couvre pas la destruction des bâtiments.
"Nous n'avons pas d'argent pour ça", explique Marlies Philipp, ancienne ingénieur reconvertie porte-parole.
Avant de pénétrer dans l'atelier de décontamination, où transitent gravats et pièces détachées contaminées, il faut s'équiper d'un détecteur de radioactivité portatif, puis troquer sa tenue de ville contre une combinaison vieillotte et des sous-vêtements ornés du symbole à trois branches de l'atome.
"Ne croyez pas que la radioactivité se volatilise"
A l'intérieur, une série de conteneurs percés de hublots. D'étranges silhouettes s'y activent dans des nuages de vapeur et de poussière: des ouvriers, équipés de combinaisons étanches et de masques.
Des quelque 5.500 salariés avant la chute du Mur, 830 sont restés.
Ils "décontaminent" désormais la centrale pièce par pièce, à coups de poussière abrasive, de jet d'eau à très haute pression ou de bains d'acide.
"Mais ne croyez pas que la radioactivité se volatilise. Elle est toujours là, sous la forme de résidus qu'il faut récupérer", explique Uwe Kopp, chef d'atelier.
Derrière lui s'empilent des casiers remplis de pièces nettoyées, qui attendent de passer une dernière fois au détecteur, et de recevoir un ultime feu vert administratif avant d'être revendues ou envoyées à la déchetterie.
"On ne peut pas dévisser un boulon sans remplir un formulaire en trois exemplaires", s'esclaffe Mme Philipp.
Autant l'atelier de décontamination est bruyant et animé, autant les halles de stockage de déchets sont désertes et silencieuses.
Fouille au corps et passage au détecteur de métaux sont obligatoires, caméras de surveillance et gardes avec chiens complètent le dispositif.
Sous les néons s'alignent une soixantaine de conteneurs bleus cylindriques où reposent les restes de combustible, connus du grand public sous le nom de "CASTOR" (cask for storage and transport of radioactive material).
Au toucher, l'acier est tiède, indice d'une radioactivité qui mettra des milliers d'années à se dissiper.
"Les compteurs à radioactivité frémissent"
Le gouvernement allemand a décidé l'abandon du nucléaire mais sans prendre une décision, potentiellement très impopulaire, sur un lieu définitif de stockage des déchets.
En attendant, les CASTOR de Lubmin patientent dans leur halle de béton, homologuée jusqu'en 2039 et "qui n'est pas prévue pour résister à une attaque aérienne", précise Mme Philipp.
Près d'eux s'alignent les tourelles d'acier où s'effectuait la réaction en chaîne. A leur approche, les compteurs à radioactivité frémissent.
A Lubmin la fermeture de la centrale, qui fournissait 10% de l'électricité de l'ex-RDA, a suscité une amertume encore perceptible.
"On nous a coupé le courant d'un coup. Pour des raisons économiques mais aussi politiques. Pourtant, nous en étions fiers de notre centrale", explique Mme Philipp.
"Aujourd'hui, nos collègues à l'Ouest doivent ressentir la même chose. A chacun son tour".
© 2011 AFP
BouffonVert72- Messages : 1748
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Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: L'énergie nucléaire
En Allemagne, la sortie du nucléaire ne se fera pas aisément Karl de Meyer (Les Echos) - 13 juillet 2011
Le développement des énergies renouvelables implique des lignes à haute tension et des éoliennes géantes dommageables pour l’environnement. Et des centrales à charbon sont en construction outre-Rhin.
Il faut déjà naviguer une vingtaine de milles marins à partir de Norddeich, petit port au charme batave, à un jet de pierre des Pays-Bas, avant d’apercevoir, à l’horizon, les douze éoliennes du parc offshore Alpha Ventus. On soupçonne alors leur gigantisme. Mais ce n’est qu’au moment où le « Wind Force I » se positionne précisément sous l’une d’elles qu’on en prend la pleine mesure. Les pales de 60 mètres de long, qui tournent autour de leur axe, à 90 mètres au-dessus de l’eau, « nanifient » le bateau et ses passagers. « Et ce n’est que la partie visible, insiste Claus Burkhardt, le patron du projet pilote, dans lequel sont associés les géants E.ON, Vattenfall et le producteur régional EWE. Il faut encore ajouter les 30 mètres d’eau sous le bateau et les fondations, fixées à 40 mètres sous le plancher sous-marin. Au total, chaque construction mesure 220 mètres. »
Le ballet synchrone et étonnamment silencieux des douze géants évoque un film de science-fiction. Et, de fait, Alpha Ventus, c’est l’avenir. Celui du bouquet énergétique allemand. Dans le plan de sortie de l’atome, que le Parlement doit finir, cette semaine, de valider, l’éolien offshore joue un rôle primordial. Il bénéficie d’aides au financement de la banque publique KfW. Et d’une augmentation des tarifs garantis par la nouvelle loi sur les renouvelables, qui fixe un objectif de 35 % d’énergie verte dans la production d’électricité en 2020 (17 % en 2010).
On comprend facilement cette préférence : en pleine mer, le vent souffle plus fort, plus souvent. Les turbines peuvent y fonctionner à pleine capacité quelque 4.000 heures par an, contre 2.000 à terre. Fort de ses 60 mégawatts de capacité installée, Alpha Ventus produit chaque année de quoi approvisionner 50.000 ménages de trois personnes. L’offshore évite en outre, sur le continent, l’extension du phénomène de Verspargelung, un terme utilisé outre-Rhin pour dénoncer l’invasion des éoliennes, ces « asperges » géantes...
Des techniciens au pied marin
Mais ce n’est pas la voie de la facilité, loin de là. Claus Burkhardt expose un long catalogue des difficultés propres à la technologie : « Plus vous allez loin, plus la mer est profonde, plus l’installation est complexe et coûte cher. On est à 60 kilomètres des côtes, car il a fallu tenir compte du parc naturel et des lignes de transit des navires commerciaux. Pour rentabiliser des investissements aussi importants, 250 millions d’euros ici, les éoliennes doivent tourner le plus souvent possible, donc vous devez prévoir des systèmes redondants, pour qu’une panne à un endroit n’entraîne pas automatiquement un arrêt. Les personnels doivent non seulement avoir des compétences en électrotechnique, mais aussi être des marins . » Sans compter que le parc n’est pas toujours accessible, à cause de la météo, et que l’exploitation en haute mer implique une forte corrosion par le sel et de fortes contraintes mécaniques sur les structures.
Le gouvernement aimerait voir essaimer 5.000 éoliennes en mer du Nord et en mer Baltique d’ici à 2025-2030, ce qui assurerait une capacité d’au moins 25.000 mégawatts. Mais, même si cet objectif est atteint, la conversion énergétique du pays n’en sera pas pour autant acquise, loin de là. Une fois le courant produit au nord, encore faut-il le transporter jusqu’au sud industrieux du pays, là où il est consommé.
Or, dans les régions de transit, ça bloque. Petra Enders est une des opposantes les plus résolues aux nouvelles autoroutes de l’électricité prévues par Berlin - on parle de 4.500 kilomètres d’ici à 2020. Maire (gauche radicale) de Grossbreitenbach (2.800 habitants), elle conteste par tous les moyens juridiques la ligne à haute tension que planifie l’opérateur 50Hertz à travers la forêt de Thuringe, « coeur vert de l’Allemagne ». Pas vraiment une « eco-warrior » postcommuniste : elle reçoit à la mairie en petite robe noire, le visage souriant encadré d’anglaises. Mais, l’étude d’un universitaire sous le bras, elle assène un argumentaire visiblement rodé : « Cette nouvelle ligne n’est pas nécessaire. Il y a de nouvelles techniques qui permettraient de faire passer plus de courant dans les câbles existants. » Elle insiste sur les dangers pour la santé des riverains et le tourisme local.
Après avoir passé des vêtements plus sportifs, elle invite à une balade jusqu’au sommet de la colline de la Haube (811 mètres) pour constater les déjà nombreux outrages que la nature a dû subir dans la région. « La ligne à haute tension existante, la carrière de pierre, le tunnel que la Deutsche Bahn creuse pour ses trains rapides et les deux décharges où les roches seront entreposées. Cette nouvelle ligne haute tension, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Ce ne sont pas les indemnisations de 40.000 euros par kilomètre du gouvernement qui nous rendront nos arbres. » Petra Enders remet en question la globalité du nouveau concept énergétique : « Il reste dans l’ancienne logique d’une production centralisée, qu’il faut ensuite transporter vers les lieux de consommation. Alors qu’il nous faut un grand nombre d’unités de production décentralisées. » Sur le modèle de Feldheim : un petit village du Brandebourg qui, après quinze ans d’expérimentation, est désormais autosuffisant et qui s’est débranché du réseau. Un parc d’éoliennes sur ce plateau venteux et une unité de biogaz alimentée par la coopérative agricole permettent l’autarcie et des factures allégées.
On comprend bien, toutefois, que le concept ne peut être généralisé à toute l’Allemagne, première puissance industrielle d’Europe. Matthias Kurth, président de l’agence fédérale chargée des réseaux, se montre tout aussi combatif que Petra Enders : « Je vous l’assure, ces nouvelles lignes haute tension sont absolument nécessaires, compte tenu des quantités de courant dont nous avons maintenant besoin. La nouvelle loi va simplifier et unifier les procédures d’autorisation des tracés. Ce qui réduira les possibilités de recours. Ce qu’il nous faut faire, bien sûr, c’est augmenter l’acceptation de la population à ces nouveaux projets d’infrastructures. Donc associer les citoyens dès le début des projets. »
Centrale au charbon et réservoir géant
Ce n’est pas E.ON qui prétendra le contraire. Parce que les renouvelables ne pourront pas compenser immédiatement les capacités du nucléaire et que de vieilles centrales conventionnelles sont progressivement arrêtées, il faudra bien de nouvelles centrales au gaz et au charbon. E.ON a commencé en 2007 la construction d’une centrale au charbon, à Datteln, au coeur de la Ruhr, région industrielle très densément peuplée, hérissée de cheminées. Datteln 4 est une centrale de 1.050 mégawatts, au rendement de 45 %, plus « propre » que les trois anciennes unités voisines qu’elle doit remplacer. Elle devait démarrer cette année, mais la justice, saisie par des riverains et l’ONG BUND, a gelé une partie du chantier en 2009.
Aujourd’hui, sur le site, Andreas Willeke, le patron du projet, est visiblement fier de faire visiter le coeur de l’usine et la tour de refroidissement (180 mètres). « En fait, tout est prêt à 90 %. Les turbines Alstom sont là. Pour éviter qu’elles ne s’oxydent, on a dû acheter des machines pour assécher l’air à l’intérieur. » Les affaires d’E.ON, qui a déjà investi 1 milliard d’euros, semblent s’arranger. Un nouveau plan d’aménagement - juridiquement béton -est en cours de préparation par les autorités locales. Mais Dirk Jansen, qui suit le dossier pour BUND, n’abandonnera pas si facilement : « La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui affiche des objectifs très ambitieux en matière d’émissions de CO2, est pour l’instant lanterne rouge en Allemagne pour les renouvelables. Et que fait-on ? On investit dans des monstres comme Datteln 4. Désolé, ce n’est pas cohérent. »
Le syndrome Nimby (« not in my backyard ») touche aussi les infrastructures de stockage de l’énergie. Parce que l’électricité éolienne et solaire est par définition volatile, moins prévisible, il faut pouvoir la stocker quand on en produit trop, faute de quoi on déstabilise les réseaux. Les chercheurs travaillent à la mise au point d’un stockage sous forme gazeuse, mais, d’ici là, le procédé le plus éprouvé consiste à pomper de l’eau avec le courant excédentaire vers des réservoirs en altitude. En période de forte consommation, on relâche l’eau pour obtenir de l’électricité hydraulique. Las, le projet de réservoir géant d’Atdorf, dans la Forêt-Noire, se heurte, lui aussi, à de vives résistances, notamment, encore une fois, de la part de la puissante BUND, qui craint pour les espèces animales, végétales et les eaux souterraines. Du coup, l’Allemagne envisage désormais de stocker de l’énergie en Norvège, via de nouveaux câbles sous-marins. Les Norvégiens ont plus de place et savent qu’ils ne pourront vivre éternellement de leur rente dans les hydrocarbures.
Un défi citoyen
Le tournant énergétique allemand représente donc non seulement un immense défi technologique, logistique, organisationnel, mais, presque surtout, citoyen. Angela Merkel appelle d’ailleurs régulièrement à un engagement de chacun. Le fait que l’opposition (Verts et SPD) ait soutenu le paquet énergie, au Bundestag, va dans le sens d’un consensus national. Mais les Allemands vont-ils suivre ? Vont-ils surmonter leurs contradictions ? Une étude de la fondation Bertelsmann, début juin, concluait à une grande méfiance des citoyens à l’égard de leurs représentants. Près de 80 % des sondés souhaitent être plus impliqués, via des référendums locaux ou des initiatives populaires, particulièrement sur les projets d’infrastructures. Il faudra donc, aussi, beaucoup de pédagogie pour réussir la sortie de l’atome en dix ans. On peut penser que le pays, qui a mené à bien sa réunification en moins de vingt ans, saura se mobiliser. L’institut DIW, en mai, a publié une étude optimiste sur le formidable potentiel qu’offre la conversion du modèle énergétique, en termes de recherche, d’emplois et d’exportations futures. On entend d’ailleurs peu d’industriels se lamenter sur les nouveaux plans du gouvernement. En juin, Siemens a annoncé qu’il avait remporté son premier contrat en Chine : 21 éoliennes pour un parc offshore au large du Jiangsu. Et Nordex va, lui, équiper deux champs dans la région du Ningxia. La Chine est, de loin, le premier marché mondial pour l’éolien.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
samedi 6 août 2011, 15h Rassemblement à Rocamadour contre le nucléaire militaire et civil
Depuis plusieurs années, le groupe Sortir du nucléaire Lot commémore les bombardements atomiques subis par les populations d’Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Le 66° anniversaire du bombardement atomique revêt cette année un caractère particulier suite à la catastrophe de Fukushima qui a débuté le 11 mars dernier et touche à nouveau le Japon dans sa chair.
Le choix symbolique de Rocamadour pour cette commémoration s'inscrit dans la continuité des positions antinucléaires de l'église, le Pape Benoit XVI s'est en effet prononcé contre l'énergie nucléaire en réaction à la catastrophe de Fukushima (discours du 9 juin 2011) - après ses prises de position pour le désarmement nucléaire. Rocamadour est en outre situé à quelques kilomètres seulement du Centre d'Études de Gramat (CEA), où des essais de tirs à l'Uranium appauvri ont servi à la France d'expérimentation pour perfectionner ce type d'armes actuellement utilisées par la France contre la Libye sous l'égide de l'OTAN.
L'État français ne peut pas ignorer les effets tératogènes de ce type d'armes et ses conséquences sur les populations civiles et les générations futures puisqu'elles sont responsables du syndrôme dit de la guerre du Golfe. Pas plus ne peuvent l'ignorer les responsables du Centre d'Études de Gramat qui ont effectué plus de 1.000 tirs à l'UA en prenant à chaque fois de multiples mesures - et en prenant à chaque fois toutes les précautions pour confiner les poussières radioactives et chimiques dégagées par les tirs. (voir notre dossier sur ce sujet). Pas plus ne peuvent l'ignorer nos responsables politiques locaux que nous avons à maintes fois avertis et sollicités sur ce sujet, et que nous interrogeons encore une fois ici.
Le groupe Sortir du nucléaire Lot, qui appelle à cette manifestation, demande que l'utilisation de ces armes soit interdite au niveau international. Il appelle la France à en cesser l'utilisation, fusse t-elle avec des munitions concédées par l'OTAN, et l'exorte à revoir sa position sur son usage (cf. question de M. Jean-Luc Warsmann du 9 novembre 2010 au Ministre de la défense sur les armes à uranium appauvri).
Nous appellons les citoyens à venir nombreux nous rejoindre, à Rocamadour, porte du Figuier (première entrée depuis l'Hospital) à partir de 15h, où un tract d'information sera diffusé.
Le Groupe Sortir du nucléaire Lot
http://leliencommun.org/sdnlot / sdnlot@free.fr / 05 65 38 08 39 / 06 30 40 96 64
http://groupes.sortirdunucleaire.org/Rassemblement-contre-le-nucleaire,2772
http://www.lelotenaction.org/rubrique,rassemblement-a-rocamadour,610090.html
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
JAPON. Fukushima plane sur le 66ème anniversaire d'Hiroshima
Publié le 06-08-11 à 12:28 Modifié à 13:54 par Le Nouvel Observateur avec AFP 1 réaction
Le premier Ministre Naoto Kan a redit sa volonté "d'oeuvrer pour une société indépendante de l'énergie nucléaire".
Naoto Kan connaît actuellement un pic d'impopularité au Japon. Il est très critiqué pour sa gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima. (c) AFP Naoto Kan connaît actuellement un pic d'impopularité au Japon. Il est très critiqué pour sa gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima. (c) AFP
Réagir
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a redit samedi 6 août son engagement à oeuvrer pour une société sans énergie nucléaire, lors des commémorations du bombardement atomique d'Hiroshima, marquées cette année du sceau de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
"L'accident de grande ampleur, et qui se poursuit, a causé des fuites radioactives, déclenchant de graves inquiétudes au Japon mais aussi dans le reste du monde", a déclaré Naoto Kan lors d'une cérémonie dans le Parc de la paix d'Hiroshima.
L'impopularité de Naoto Kan
"Je réduirai la dépendance du Japon envers l'énergie nucléaire, avec pour objectif la création d'une société qui ne dépendra pas de l'énergie nucléaire", a-t-il ajouté.
Après le séisme et le tsunami dévastateurs qui ont déclenché le 11 mars la catastrophe de Fukushima, la pire au monde depuis celle de Tchernobyl en 1986, Naoto Kan avait fixé le 13 juillet l'objectif de sortir du nucléaire. Mais le Premier ministre, qui atteint des sommets d'impopularité, avait été très critiqué pour n'avoir proposé aucun calendrier ni donné de stratégie concrète.
"Nous ne devons jamais oublier la calamité nucléaire qui a attaqué Hiroshima ils y a 66 ans. Nous ne devons jamais permettre qu'une chose pareille se reproduise", a encore dit Naoto Kan.
La bombe A larguée le 6 août 1945 par l'armée américaine sur Hiroshima a fait 140.000 morts, tués immédiatement par la chaleur ou le souffle de l'explosion, ou dans les mois qui ont suivi à cause des radiations. Une seconde bombe atomique lancée sur Nagasaki trois jours plus tard a fait près de 75.000 morts.
Le Nouvel Observateur - AFP
Publié le 06-08-11 à 12:28 Modifié à 13:54 par Le Nouvel Observateur avec AFP 1 réaction
Le premier Ministre Naoto Kan a redit sa volonté "d'oeuvrer pour une société indépendante de l'énergie nucléaire".
Naoto Kan connaît actuellement un pic d'impopularité au Japon. Il est très critiqué pour sa gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima. (c) AFP Naoto Kan connaît actuellement un pic d'impopularité au Japon. Il est très critiqué pour sa gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima. (c) AFP
Réagir
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a redit samedi 6 août son engagement à oeuvrer pour une société sans énergie nucléaire, lors des commémorations du bombardement atomique d'Hiroshima, marquées cette année du sceau de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
"L'accident de grande ampleur, et qui se poursuit, a causé des fuites radioactives, déclenchant de graves inquiétudes au Japon mais aussi dans le reste du monde", a déclaré Naoto Kan lors d'une cérémonie dans le Parc de la paix d'Hiroshima.
L'impopularité de Naoto Kan
"Je réduirai la dépendance du Japon envers l'énergie nucléaire, avec pour objectif la création d'une société qui ne dépendra pas de l'énergie nucléaire", a-t-il ajouté.
Après le séisme et le tsunami dévastateurs qui ont déclenché le 11 mars la catastrophe de Fukushima, la pire au monde depuis celle de Tchernobyl en 1986, Naoto Kan avait fixé le 13 juillet l'objectif de sortir du nucléaire. Mais le Premier ministre, qui atteint des sommets d'impopularité, avait été très critiqué pour n'avoir proposé aucun calendrier ni donné de stratégie concrète.
"Nous ne devons jamais oublier la calamité nucléaire qui a attaqué Hiroshima ils y a 66 ans. Nous ne devons jamais permettre qu'une chose pareille se reproduise", a encore dit Naoto Kan.
La bombe A larguée le 6 août 1945 par l'armée américaine sur Hiroshima a fait 140.000 morts, tués immédiatement par la chaleur ou le souffle de l'explosion, ou dans les mois qui ont suivi à cause des radiations. Une seconde bombe atomique lancée sur Nagasaki trois jours plus tard a fait près de 75.000 morts.
Le Nouvel Observateur - AFP
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L'énergie nucléaire
En Suisse, la gestion des déchets nucléaires laisse à désirer
Etude | Des experts indépendants critiquent sévèrement dimanche le traitement des déchets nucléaires dans le dépôt intermédiaire de Würenlingen, en Argovie, remettant en cause l'avis de l'Inspection fédérale de la sûreté nucléaire.
La gestion de milliers de tonnes de déchets nucléaires dans le dépôt intermédiaire de Würenlingen laisse à désirer car ils contiennent des matières organiques. Des gaz peuvent ainsi se dégager durant le stockage, augmenter la pression dans les fûts radioactifs et les corroder. Ces déchets sont dangereux en vue d'un stockage final, selon des experts indépendants cités dans la "SonntagsZeitung". Ils remettent ainsi en cause le feu vert accordé par l'Inspection fédérale de la sûreté nucléaire (IFSN) à la société Zwilag.
Le journal dominical rappelle qu'un four "high-tech" est entré en service en 2004 pour traiter les déchets nucléaires moyennement et faiblement radioactifs. Pourtant, les déchets les plus radioactifs ne peuvent pas y être incinérés car les émissions de radioactivité dans l'environnement seraient trop élevées.
Or, au lieu d'équiper un nouveau four ou de construire une nouvelle installation, Zwilag stocke ses déchets en fûts dans ses bâtiments avec un certificat de stockage final de l'IFSN et de la Cedra, la coopérative pour l'entreposage des déchets radioactifs.
Or, ces fûts sont dangereux en vue d'un stockage final car une partie d'entre eux contient jusqu'à 95% de matières organiques, dénoncent des experts indépendants. Ils peuvent engendrer des gaz corrosifs et dégrader l'enveloppe des fûts. La pression exercée par ces gaz pourrait également provoquer des fissures dans les parois des cavernes.
Les spécialistes sont unanimes: les fûts stockés en profondeur ne doivent pas contenir de substances organiques, a souligné Thomas Flüeler de la Direction des travaux du canton de Zurich. Pourtant, l'IFSN et la Cedra ne veulent pas retraiter ces déchets, ce qui coûterait une centaine de millions de francs.
La directrice bernoise de l'énergie, Barbara Egger-Jenzer, a également l'IFSN dan son collimateur: elle estime que l'organe de surveillance "s'est lui-même disqualifié parce qu'il a ignoré sa principale tâche, la sécurité, dans l'évaluation de la centrale de Mühleberg (BE).
Elle demande donc à la Confédération de mettre en place immédiatement un groupe d'experts indépendants des EPF ou même de faire appel à la surveillance nucléaire allemande. Elle estime que cette condition est indispensable avant la remise en service de la centrale nucléaire bernoise.
Etude | Des experts indépendants critiquent sévèrement dimanche le traitement des déchets nucléaires dans le dépôt intermédiaire de Würenlingen, en Argovie, remettant en cause l'avis de l'Inspection fédérale de la sûreté nucléaire.
La gestion de milliers de tonnes de déchets nucléaires dans le dépôt intermédiaire de Würenlingen laisse à désirer car ils contiennent des matières organiques. Des gaz peuvent ainsi se dégager durant le stockage, augmenter la pression dans les fûts radioactifs et les corroder. Ces déchets sont dangereux en vue d'un stockage final, selon des experts indépendants cités dans la "SonntagsZeitung". Ils remettent ainsi en cause le feu vert accordé par l'Inspection fédérale de la sûreté nucléaire (IFSN) à la société Zwilag.
Le journal dominical rappelle qu'un four "high-tech" est entré en service en 2004 pour traiter les déchets nucléaires moyennement et faiblement radioactifs. Pourtant, les déchets les plus radioactifs ne peuvent pas y être incinérés car les émissions de radioactivité dans l'environnement seraient trop élevées.
Or, au lieu d'équiper un nouveau four ou de construire une nouvelle installation, Zwilag stocke ses déchets en fûts dans ses bâtiments avec un certificat de stockage final de l'IFSN et de la Cedra, la coopérative pour l'entreposage des déchets radioactifs.
Or, ces fûts sont dangereux en vue d'un stockage final car une partie d'entre eux contient jusqu'à 95% de matières organiques, dénoncent des experts indépendants. Ils peuvent engendrer des gaz corrosifs et dégrader l'enveloppe des fûts. La pression exercée par ces gaz pourrait également provoquer des fissures dans les parois des cavernes.
Les spécialistes sont unanimes: les fûts stockés en profondeur ne doivent pas contenir de substances organiques, a souligné Thomas Flüeler de la Direction des travaux du canton de Zurich. Pourtant, l'IFSN et la Cedra ne veulent pas retraiter ces déchets, ce qui coûterait une centaine de millions de francs.
La directrice bernoise de l'énergie, Barbara Egger-Jenzer, a également l'IFSN dan son collimateur: elle estime que l'organe de surveillance "s'est lui-même disqualifié parce qu'il a ignoré sa principale tâche, la sécurité, dans l'évaluation de la centrale de Mühleberg (BE).
Elle demande donc à la Confédération de mettre en place immédiatement un groupe d'experts indépendants des EPF ou même de faire appel à la surveillance nucléaire allemande. Elle estime que cette condition est indispensable avant la remise en service de la centrale nucléaire bernoise.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L'énergie nucléaire
Trois hauts responsables du secteur nucléaire au Japon limogés
LEMONDE.FR avec AFP | 04.08.11 | 08h11
Le Japon va limoger trois hauts responsables du secteur de l'énergie en raison de leur gestion de la crise nucléaire de Fukushima et d'une série de scandales qui ont alimenté la méfiance du public à l'égard du nucléaire, a annoncé jeudi 4 août le gouvernement. Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'économie, du commerce et de l'industrie, Banri Kaieda, a indiqué qu'il procéderait à un remaniement au sein de son ministère (le Meti), chargé du développement et de la régulation de l'industrie nucléaire.
Le ministre a confirmé les informations publiées dans les médias japonais évoquant le limogeage de plusieurs hauts fonctionnaires (voir notamment l'article du Yomiuri Shimbun) : un vice-ministre du Meti, le directeur général de l'Agence pour l'énergie et les ressources naturelles et le chef de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle. "Nous discutons de ces changements depuis environ un mois", a dit M. Kaieda. Il a précisé que l'annonce officielle du départ des trois responsables interviendrait plus tard dans la journée.
RELATIONS HOULEUSES AVEC NAOTO KAN
Depuis l'accident survenu le 11 mars à la centrale Fukushima Dai-Ichi, gravement endommagée par un séisme et un tsunami géants, le ministère a été au centre des critiques pour sa promotion de l'industrie nucléaire et ses tentatives de manipulation de l'opinion. Les médias ont également évoqué la démission du ministre lui-même, dont les relations avec le premier ministre, Naoto Kan, se sont détériorées au cours des derniers mois.
M. Kan, élu il y a plus d'un an, mais crédité aujourd'hui d'un taux de mécontentement record dans l'opinion, s'est prononcé récemment en faveur de l'abandon progressif de l'énergie nucléaire au profit des énergies renouvelables. Il a critiqué les liens étroits unissant le Meti et le secteur de l'industrie énergétique, qui offre des postes confortables à de hauts fonctionnaires partant à la retraite.
MANIPULATIONS
L'accident de Fukushima, le plus grave depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, a développé un sentiment de méfiance à l'égard des centrales atomiques. La colère de l'opinion s'est encore intensifiée après la révélation ces dernières semaines de tentatives de manipulation de la part de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle.
Selon la presse, l'agence demandait aux compagnies d'électricité de mobiliser leurs employés pour poser des questions favorables à l'énergie nucléaire lors de forums ouverts au public. L'agence, dont la mission est de superviser l'énergie nucléaire et non pas d'en faire la promotion, a annoncé l'ouverture d'une enquête par une commission indépendante. Le premier ministre Kan a, lui, l'intention de détacher l'agence du Meti afin d'augmenter son indépendance et de renforcer son efficacité.
LEMONDE.FR avec AFP | 04.08.11 | 08h11
Le Japon va limoger trois hauts responsables du secteur de l'énergie en raison de leur gestion de la crise nucléaire de Fukushima et d'une série de scandales qui ont alimenté la méfiance du public à l'égard du nucléaire, a annoncé jeudi 4 août le gouvernement. Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'économie, du commerce et de l'industrie, Banri Kaieda, a indiqué qu'il procéderait à un remaniement au sein de son ministère (le Meti), chargé du développement et de la régulation de l'industrie nucléaire.
Le ministre a confirmé les informations publiées dans les médias japonais évoquant le limogeage de plusieurs hauts fonctionnaires (voir notamment l'article du Yomiuri Shimbun) : un vice-ministre du Meti, le directeur général de l'Agence pour l'énergie et les ressources naturelles et le chef de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle. "Nous discutons de ces changements depuis environ un mois", a dit M. Kaieda. Il a précisé que l'annonce officielle du départ des trois responsables interviendrait plus tard dans la journée.
RELATIONS HOULEUSES AVEC NAOTO KAN
Depuis l'accident survenu le 11 mars à la centrale Fukushima Dai-Ichi, gravement endommagée par un séisme et un tsunami géants, le ministère a été au centre des critiques pour sa promotion de l'industrie nucléaire et ses tentatives de manipulation de l'opinion. Les médias ont également évoqué la démission du ministre lui-même, dont les relations avec le premier ministre, Naoto Kan, se sont détériorées au cours des derniers mois.
M. Kan, élu il y a plus d'un an, mais crédité aujourd'hui d'un taux de mécontentement record dans l'opinion, s'est prononcé récemment en faveur de l'abandon progressif de l'énergie nucléaire au profit des énergies renouvelables. Il a critiqué les liens étroits unissant le Meti et le secteur de l'industrie énergétique, qui offre des postes confortables à de hauts fonctionnaires partant à la retraite.
MANIPULATIONS
L'accident de Fukushima, le plus grave depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, a développé un sentiment de méfiance à l'égard des centrales atomiques. La colère de l'opinion s'est encore intensifiée après la révélation ces dernières semaines de tentatives de manipulation de la part de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle.
Selon la presse, l'agence demandait aux compagnies d'électricité de mobiliser leurs employés pour poser des questions favorables à l'énergie nucléaire lors de forums ouverts au public. L'agence, dont la mission est de superviser l'énergie nucléaire et non pas d'en faire la promotion, a annoncé l'ouverture d'une enquête par une commission indépendante. Le premier ministre Kan a, lui, l'intention de détacher l'agence du Meti afin d'augmenter son indépendance et de renforcer son efficacité.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L'énergie nucléaire
Le Japon va créer une nouvelle agence de sécurité nucléaire
Le gouvernement japonais va chercher à mettre en place une nouvelle agence de sécurité nucléaire relevant du ministère de l'Environnement et séparer ces fonctions du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI). La décision a été qualifiée de "souhaitable" mercredi par le secrétaire en chef du cabinet, Yukio Edano.
Goshi Hosono, le ministre d'Etat en charge de la crise nucléaire, va publier, dès vendredi, un projet d'initiative proposant une possible fusion entre l'Agence de sécurité nucléaire et industrielle du METI (NISA) et la Commission de sécurité nucléaire du cabinet.
La nouvelle agence, qui serait placée sous la juridiction du ministre de l'Environnement, sera chargée notamment d'enlever les substances radioactives du sol contaminé autour de la centrale nucléaire endommagée No.1 de Fukushima et de fournir davantage de services de santé aux habitants vivant à proximité des centrales nucléaires et d'autres installations selon des responsables du gouvernement. Ils ont ajouté que la nouvelle agence pourrait être lancée dès avril prochain.
L'image de la NISA s'est dégradée au Japon suite à la divulgation de plusieurs scandales impliquant l'agence. Celle-ci s'était ainsi efforcée d'influencer l'opinion public sur la sécurité nucléaire par le biais de compagnies d'électricité d'origine nucléaire sous sa supervision.
La NISA fait face actuellement à des allégations selon lesquelles elle a sollicité des participants pro-nucléaire dans des colloques sur l'énergie nucléaire financés par le gouvernement. L'agence aurait demandé à ces habitants locaux en faveur de l'électricité d'origine nucléaire d'y poser des questions préparées à l'avance sur des "sites nucléaires sensibles".
Chubu Electric Power Co., Kyushu Electric Power Co. et Tokyo Electric Power Co. (TEPCO) sont toutes impliqués dans ces tentatives de manipulation de l'opinion publique sur l'électricité d'origine nucléaire. Une situation considérée par Banri Kaieda - -le chef du METI et ministre chargé de superviser la NISA -- comme "extrêmement grave
Le gouvernement japonais va chercher à mettre en place une nouvelle agence de sécurité nucléaire relevant du ministère de l'Environnement et séparer ces fonctions du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI). La décision a été qualifiée de "souhaitable" mercredi par le secrétaire en chef du cabinet, Yukio Edano.
Goshi Hosono, le ministre d'Etat en charge de la crise nucléaire, va publier, dès vendredi, un projet d'initiative proposant une possible fusion entre l'Agence de sécurité nucléaire et industrielle du METI (NISA) et la Commission de sécurité nucléaire du cabinet.
La nouvelle agence, qui serait placée sous la juridiction du ministre de l'Environnement, sera chargée notamment d'enlever les substances radioactives du sol contaminé autour de la centrale nucléaire endommagée No.1 de Fukushima et de fournir davantage de services de santé aux habitants vivant à proximité des centrales nucléaires et d'autres installations selon des responsables du gouvernement. Ils ont ajouté que la nouvelle agence pourrait être lancée dès avril prochain.
L'image de la NISA s'est dégradée au Japon suite à la divulgation de plusieurs scandales impliquant l'agence. Celle-ci s'était ainsi efforcée d'influencer l'opinion public sur la sécurité nucléaire par le biais de compagnies d'électricité d'origine nucléaire sous sa supervision.
La NISA fait face actuellement à des allégations selon lesquelles elle a sollicité des participants pro-nucléaire dans des colloques sur l'énergie nucléaire financés par le gouvernement. L'agence aurait demandé à ces habitants locaux en faveur de l'électricité d'origine nucléaire d'y poser des questions préparées à l'avance sur des "sites nucléaires sensibles".
Chubu Electric Power Co., Kyushu Electric Power Co. et Tokyo Electric Power Co. (TEPCO) sont toutes impliqués dans ces tentatives de manipulation de l'opinion publique sur l'électricité d'origine nucléaire. Une situation considérée par Banri Kaieda - -le chef du METI et ministre chargé de superviser la NISA -- comme "extrêmement grave
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L'énergie nucléaire
Fukushima, début août : la situation continue à empirer
par Claude-Marie Vadrot
Comme annoncé, la situation à Fukushima et dans la région ne s’arrange pas et, à en juger par les derniers développements du délabrement des réacteurs accidentés, cet accident pourrait dépasser en gravité, dans le temps et dans l’espace, celui de Tchernobyl. Car non seulement les trois réacteurs restent pratiquement hors d’atteinte pour les ouvriers et les ingénieurs, mais trois des quatre piscines endommagées ne sont toujours pratiquement pas refroidies. Seule celle liée au réacteur numéro quatre est équipée depuis la fin du mois de juillet d’un système de refroidissement de secours qui « ne donne pas entièrement satisfaction ». Traduit en langage de profane cela signifie que cette piscine relâche toujours de la radioactivité dans l’air. Ce qui est évidemment le cas des carcasses des bâtiments et de réacteurs un, deux et trois. Donc, n’en déplaise aux « docteurs tant mieux » qui s’agitent aussi bien au Japon qu’en France chez Areva, la situation des rejets et des risques à venir reste exactement la même que le 13 mars dernier, quand la fusion a commencé. Un accident dont il faut quand même rappeler, car les partisans du nucléaire sont en train d’essayer de le faire oublier à l’opinion publique internationale, qu’il n’a pas été provoqué par le tsunami mais par l’arrêt automatique des réacteurs provoqué par le tremblement de terre. Il se trouve, les experts le savent mais ne le crient jamais sur les toits, que les conséquences de l’arrêt brutal d’un réacteur nucléaire, qu’elles qu’en soient les causes, sont toujours imprévisibles : cela peut fort bien se passer normalement ou au contraire déstabiliser définitivement un réacteur sans que les spécialistes sachent vraiment pourquoi.
Pour prendre la mesure de la radioactivité toujours relâchée dans l’atmosphère, il suffit de savoir que dans le réacteur numéro deux, par exemple, les instruments de contrôle que les techniciens ont réussi à glisser le 2 août prés du réacteur numéro deux n’ont pas pu fonctionner car la radioactivité était trop forte. Elle dépassait –d’un montant ignoré- la limite de 10 sieverts/heure (10 000 millisieverts). La veille, dans le réacteur numéro un, les ingénieurs qui voulaient commencer à étudier la mise en place d’un système de refroidissement de secours, ont du renoncer à s’approcher par ce que les instruments enregistraient une radioactivité de 5 sieverts/heure. Impossible donc, toujours, de travailler dans les bâtiments et aux abords des réacteurs : la norme pour un salarié du nucléaire, limite au delà de laquelle il court des risques est de 20 millisieverts/an. Ce qui situe largement, si l’on tient compte de la durée de l’exposition de référence, la radioactivité menaçant les ingénieurs japonais à un niveau au moins 10 000 fois supérieur à ce qui est acceptable sans être irrémédiablement et gravement contaminé.
Cette permanence de la radioactivité interdit donc, tout en polluant davantage chaque jour la région, toute intervention sur les trois réacteurs accidentés. Les techniciens ne peuvent strictement rien à faire, les premiers robots expérimentés pour les suppléer ont été paralysés par la force des radiations.
La « promesse » de la Tepco, l’opérateur privé en cause, et du gouvernement japonais de « maîtriser » la situation pour le début de l’année 2012 est donc en train de voler en éclats. En fait les réactions nucléaires se poursuivent et les techniciens de disposent d’aucun moyen pour les arrêter ou les diminuer. Ils n’ont strictement pas progressé depuis le lendemain de l’explosion des réacteurs et même la décontamination des centaines de milliers de tonnes d’eau contaminée est au point mort. Dans les conditions actuelles, la preuve est faite qu’un réacteur peut échapper durablement à toute tentative de contrôles et que les spécialistes ne peuvent que constater l’aggravation d’une situation de crise. Quant à l’autre « promesse », celle de construire rapidement un grand sarcophage par réacteur ou une énorme enceinte de confinement, elle est pour des mois, sinon des années irréalisables. Ce qui condamne une partie du Japon à subir une augmentation des contaminations, y compris par du plutonium.
D’où la nécessité, comme le fait régulièrement Politis, de continuer à expliquer ce qui se passe à Fukushima pour que personne n’oublie l’ampleur de la catastrophe.
par Claude-Marie Vadrot
Comme annoncé, la situation à Fukushima et dans la région ne s’arrange pas et, à en juger par les derniers développements du délabrement des réacteurs accidentés, cet accident pourrait dépasser en gravité, dans le temps et dans l’espace, celui de Tchernobyl. Car non seulement les trois réacteurs restent pratiquement hors d’atteinte pour les ouvriers et les ingénieurs, mais trois des quatre piscines endommagées ne sont toujours pratiquement pas refroidies. Seule celle liée au réacteur numéro quatre est équipée depuis la fin du mois de juillet d’un système de refroidissement de secours qui « ne donne pas entièrement satisfaction ». Traduit en langage de profane cela signifie que cette piscine relâche toujours de la radioactivité dans l’air. Ce qui est évidemment le cas des carcasses des bâtiments et de réacteurs un, deux et trois. Donc, n’en déplaise aux « docteurs tant mieux » qui s’agitent aussi bien au Japon qu’en France chez Areva, la situation des rejets et des risques à venir reste exactement la même que le 13 mars dernier, quand la fusion a commencé. Un accident dont il faut quand même rappeler, car les partisans du nucléaire sont en train d’essayer de le faire oublier à l’opinion publique internationale, qu’il n’a pas été provoqué par le tsunami mais par l’arrêt automatique des réacteurs provoqué par le tremblement de terre. Il se trouve, les experts le savent mais ne le crient jamais sur les toits, que les conséquences de l’arrêt brutal d’un réacteur nucléaire, qu’elles qu’en soient les causes, sont toujours imprévisibles : cela peut fort bien se passer normalement ou au contraire déstabiliser définitivement un réacteur sans que les spécialistes sachent vraiment pourquoi.
Pour prendre la mesure de la radioactivité toujours relâchée dans l’atmosphère, il suffit de savoir que dans le réacteur numéro deux, par exemple, les instruments de contrôle que les techniciens ont réussi à glisser le 2 août prés du réacteur numéro deux n’ont pas pu fonctionner car la radioactivité était trop forte. Elle dépassait –d’un montant ignoré- la limite de 10 sieverts/heure (10 000 millisieverts). La veille, dans le réacteur numéro un, les ingénieurs qui voulaient commencer à étudier la mise en place d’un système de refroidissement de secours, ont du renoncer à s’approcher par ce que les instruments enregistraient une radioactivité de 5 sieverts/heure. Impossible donc, toujours, de travailler dans les bâtiments et aux abords des réacteurs : la norme pour un salarié du nucléaire, limite au delà de laquelle il court des risques est de 20 millisieverts/an. Ce qui situe largement, si l’on tient compte de la durée de l’exposition de référence, la radioactivité menaçant les ingénieurs japonais à un niveau au moins 10 000 fois supérieur à ce qui est acceptable sans être irrémédiablement et gravement contaminé.
Cette permanence de la radioactivité interdit donc, tout en polluant davantage chaque jour la région, toute intervention sur les trois réacteurs accidentés. Les techniciens ne peuvent strictement rien à faire, les premiers robots expérimentés pour les suppléer ont été paralysés par la force des radiations.
La « promesse » de la Tepco, l’opérateur privé en cause, et du gouvernement japonais de « maîtriser » la situation pour le début de l’année 2012 est donc en train de voler en éclats. En fait les réactions nucléaires se poursuivent et les techniciens de disposent d’aucun moyen pour les arrêter ou les diminuer. Ils n’ont strictement pas progressé depuis le lendemain de l’explosion des réacteurs et même la décontamination des centaines de milliers de tonnes d’eau contaminée est au point mort. Dans les conditions actuelles, la preuve est faite qu’un réacteur peut échapper durablement à toute tentative de contrôles et que les spécialistes ne peuvent que constater l’aggravation d’une situation de crise. Quant à l’autre « promesse », celle de construire rapidement un grand sarcophage par réacteur ou une énorme enceinte de confinement, elle est pour des mois, sinon des années irréalisables. Ce qui condamne une partie du Japon à subir une augmentation des contaminations, y compris par du plutonium.
D’où la nécessité, comme le fait régulièrement Politis, de continuer à expliquer ce qui se passe à Fukushima pour que personne n’oublie l’ampleur de la catastrophe.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L'énergie nucléaire
Record de radiations à Fukushima avec 10 sieverts par heure 02/08/2011
La compagnie Tokyo Electric Power annonce que lundi 1er août à Fukushima, les détecteurs de radon de la centrale nucléaire accidentée ce sont affolés affichant au moins 10 sieverts par heure. Un niveau de radiations anormalement élevé entre les réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire japonaise qui a subi un violent tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011. Suite à cette accident ,c’est plus de 80 000 personnes qui ont du quitter leur domicile en raison de risques pour la santé sur un rayon de 20 kilomètres.
Pour vous donnez un ordre d’idée , le 3 juin avait été enregistré 4 sieverts par heure dans le réacteur numéro 1.
Tepco, exploitante du site, est incapable d’expliquer cette hausse : « Nous sommes toujours en train de vérifier la cause de tels niveaux élevés de radioactivité« . On sait que le gouvernement japonais et Tepco ont prévu de conduire les réacteurs vers « arrêt à froid » d’ici à Janvier 2012.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
A contre-courant l'Afrique se rue sur le nucléaire
A contre-courant l'Afrique se rue sur le nucléaire
SAMEDI, 13 AOûT, 2011 Palitza Kristin
ÉNERGIE • Près des deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne vit sans électricité. Pour y remédier, les gouvernements africains se tournent vers le nucléaire.
Le Cap, Afrique du Sud
Alors que la Suisse et l’Allemagne veulent débrancher leurs centrales atomiques, l’Afrique voit dans le nucléaire son avenir énergétique. Pour l’instant, seule l’Afrique du Sud possède une centrale nucléaire civile. Mais la situation devrait radicalement changer dans les deux prochaines décennies. Les gouvernement africains se tournent de plus en plus vers l’atome civil. L’Afrique a ses propres préoccupations, le développement du continent et pour cela l’électricité est nécessaire.
Le Maroc ambitionne de faire son entrée dans l’atomique en 2017 et la Namibie en 2018. Au Nigeria et en Egypte, les premières centrales électronucléaires devraient fonctionner d’ici à 2020. Le gouvernement kényan, de son côté, a investi 1,7 million de francs pour la construction d’un réacteur qui devrait produire 1000 mégawatts d’ici à la fin de cette décennie. Le Ghana, l’Angola, l’Algérie, la Tunisie et l’Ouganda envisagent aussi d’opter pour l’énergie nucléaire. Même les nations les plus pauvres de l’Afrique comme le Burundi, la République démocratique du Congo et le Cap Vert ont fait un pas vers le nucléaire en rejoignant l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Sur le continent, l’Afrique du Sud reste le leader incontesté en termes d’énergie nucléaire: le pays veut construire d’ici à 2023 six nouvelles centrales et couvrir ainsi près d’un quart de ses besoins énergétiques. «L’Afrique du Sud veut aussi exporter son savoir-faire dans la région», analyse David Fig, expert nucléaire sud-africain. Premier client, l’Algérie qui a décidé de confier à l’Afrique du Sud la création de deux réacteurs nucléaires.
Face à cette vague pronucléaire, le Sénégal semble bien isolé. Le pays d’Afrique de l’Ouest est revenu en arrière sur ses plans de construire une première centrale après la catastrophe du Fukushima au Japon. Au mois d’avril, le président Abdoulaye Wade a même soumis une résolution à l’Union africaine (UA) pour déclarer le continent «zone zéro nucléaire». Mais ses chances de succès sont minces.
De l’uranium en abondance
Le combustible nucléaire est pour de nombreux pays africains – riches en matière première – le moindre de leur souci. Le continent regorge d’uranium. Le Niger, la Namibie et l’Afrique du Sud ont d’énormes gisements d’uranium qui représentent ensemble, environ 15% des ressources connues d’uranium dans le monde. Et beaucoup de leurs voisins extraient eux aussi ce métal radioactif.
Les risques engendrés par le nucléaire ne font guère l’objet de débats en Afrique. Combler le déficit énergétique passe en premier. Les risques de catastrophe nucléaire et le problème du stockage des déchets ne font pas le poids face aux promesses du lobby nucléaire de croissance économique et d’emploi. La propagande pronucléaire est particulièrement acharnée, car le marché africain attise les convoitises des entreprises nucléaires, qui peinent désormais à vendre leur technologie dans les pays du Nord. La concurrence est rude entre les firmes russes, françaises et chinoises pour séduire les dirigeant africains. «Les sociétés d’énergie nucléaire tentent désespérément de trouver de nouveaux clients et d’attirer les gouvernements africains avec des offres alléchantes», conclut David Fig.
Pour faire son entrée dans le nucléaire, l’Afrique doit toutefois passer encore quelques obstacles. Avoir son réacteur a un coût, des millions de francs, que de nombreux gouvernements sans l’aide d’investisseurs étrangers ne peuvent se permettre. Mais la barrière la plus forte reste le manque de connaissances techniques. Entre deux cents et mille scientifiques et ingénieurs spécialisés sont nécessaires pour faire fonctionner une centrale nucléaire. Or, moins de dix mille personnes travaillent actuellement dans l’ensemble du secteur nucléaire en Afrique. «Il faudra encore longtemps avant que l’Afrique ait les compétences nécessaires», confie Tristen Taylor, expert en environnement à l’organisation Earthlife. «Sans compter que la plupart des pays ne disposeraient pour l’instant même pas d’un réseau électrique suffisamment dense et puissant pour raccorder un réacteur.» INFOSUD
SAMEDI, 13 AOûT, 2011 Palitza Kristin
ÉNERGIE • Près des deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne vit sans électricité. Pour y remédier, les gouvernements africains se tournent vers le nucléaire.
Le Cap, Afrique du Sud
Alors que la Suisse et l’Allemagne veulent débrancher leurs centrales atomiques, l’Afrique voit dans le nucléaire son avenir énergétique. Pour l’instant, seule l’Afrique du Sud possède une centrale nucléaire civile. Mais la situation devrait radicalement changer dans les deux prochaines décennies. Les gouvernement africains se tournent de plus en plus vers l’atome civil. L’Afrique a ses propres préoccupations, le développement du continent et pour cela l’électricité est nécessaire.
Le Maroc ambitionne de faire son entrée dans l’atomique en 2017 et la Namibie en 2018. Au Nigeria et en Egypte, les premières centrales électronucléaires devraient fonctionner d’ici à 2020. Le gouvernement kényan, de son côté, a investi 1,7 million de francs pour la construction d’un réacteur qui devrait produire 1000 mégawatts d’ici à la fin de cette décennie. Le Ghana, l’Angola, l’Algérie, la Tunisie et l’Ouganda envisagent aussi d’opter pour l’énergie nucléaire. Même les nations les plus pauvres de l’Afrique comme le Burundi, la République démocratique du Congo et le Cap Vert ont fait un pas vers le nucléaire en rejoignant l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Sur le continent, l’Afrique du Sud reste le leader incontesté en termes d’énergie nucléaire: le pays veut construire d’ici à 2023 six nouvelles centrales et couvrir ainsi près d’un quart de ses besoins énergétiques. «L’Afrique du Sud veut aussi exporter son savoir-faire dans la région», analyse David Fig, expert nucléaire sud-africain. Premier client, l’Algérie qui a décidé de confier à l’Afrique du Sud la création de deux réacteurs nucléaires.
Face à cette vague pronucléaire, le Sénégal semble bien isolé. Le pays d’Afrique de l’Ouest est revenu en arrière sur ses plans de construire une première centrale après la catastrophe du Fukushima au Japon. Au mois d’avril, le président Abdoulaye Wade a même soumis une résolution à l’Union africaine (UA) pour déclarer le continent «zone zéro nucléaire». Mais ses chances de succès sont minces.
De l’uranium en abondance
Le combustible nucléaire est pour de nombreux pays africains – riches en matière première – le moindre de leur souci. Le continent regorge d’uranium. Le Niger, la Namibie et l’Afrique du Sud ont d’énormes gisements d’uranium qui représentent ensemble, environ 15% des ressources connues d’uranium dans le monde. Et beaucoup de leurs voisins extraient eux aussi ce métal radioactif.
Les risques engendrés par le nucléaire ne font guère l’objet de débats en Afrique. Combler le déficit énergétique passe en premier. Les risques de catastrophe nucléaire et le problème du stockage des déchets ne font pas le poids face aux promesses du lobby nucléaire de croissance économique et d’emploi. La propagande pronucléaire est particulièrement acharnée, car le marché africain attise les convoitises des entreprises nucléaires, qui peinent désormais à vendre leur technologie dans les pays du Nord. La concurrence est rude entre les firmes russes, françaises et chinoises pour séduire les dirigeant africains. «Les sociétés d’énergie nucléaire tentent désespérément de trouver de nouveaux clients et d’attirer les gouvernements africains avec des offres alléchantes», conclut David Fig.
Pour faire son entrée dans le nucléaire, l’Afrique doit toutefois passer encore quelques obstacles. Avoir son réacteur a un coût, des millions de francs, que de nombreux gouvernements sans l’aide d’investisseurs étrangers ne peuvent se permettre. Mais la barrière la plus forte reste le manque de connaissances techniques. Entre deux cents et mille scientifiques et ingénieurs spécialisés sont nécessaires pour faire fonctionner une centrale nucléaire. Or, moins de dix mille personnes travaillent actuellement dans l’ensemble du secteur nucléaire en Afrique. «Il faudra encore longtemps avant que l’Afrique ait les compétences nécessaires», confie Tristen Taylor, expert en environnement à l’organisation Earthlife. «Sans compter que la plupart des pays ne disposeraient pour l’instant même pas d’un réseau électrique suffisamment dense et puissant pour raccorder un réacteur.» INFOSUD
gérard menvussa- Messages : 6658
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