L'énergie nucléaire
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Re: L'énergie nucléaire
C'est exactement ce que je veux dire, mais nous sommes dans l'urgence de cette période de transition et ton point d'interrogation est fort juste ?L'éco-socialisme n'est pas synonyme de décroissance énergétique hormis sur une période transitoire (courte ?).
Il faut diminuer immédiatement les énergies les plus polluantes (nucléaires, hydrocarbures).
La transition vers énergies propres, ça prend combien d'années précisément pour substituer ? Je ne sais pas.
Mais de toute façon, elles demandent elles aussi toutes des prélèvements sur la nature, de différents ordre.
Il y a donc une limite. Donc désolé pour les prêtres: pas de HTM (Homme Tout Puissant)
En attendant, c'est le gaspillage d'énergie, avec destruction de l'environnement et des ressources, au profit de l'accumulation du capital.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Je ne doute pas du sérieux de cette étude mais quel est le bilan énergétique pour produire les moyens à mettre en œuvre aux fins d'extraire des énergies renouvelables de l'énergie consommable. Cet article n'en fait pas mention, j'attends donc de savoir si le rapport sur lequel s'appuie l'article développe cette ligne. Car si pour produire 1kW en énergie renouvelable, il faut en mobiliser 10kW par exemple c'est à dire multiplier les moyens tels que les éoliennes, les panneaux solaires, la géothermie et donc monopoliser des surfaces énormes au détriment de la culture, de l'habitat, etc., je ne vois pas bien l'intérêt même en régime socialiste. Et là je fais abstraction des quantités invraisemblables de matières premières à extraire pour produire ces moyens.Vérosa_2 a écrit:Ca c'est sûr que si on s'inscrit dans une logique capitaliste de rentabilité on va pas avancer beaucoup...Et explique nous aussi le coût total de ces énergies renouvelables intégrant l'extraction, la production, le transport, la maintenance, le renouvellement en fonction de la durée de vie des "énergies renouvelables", et pour finir l'énergie à dépenser pour toutes ces étapes ! Car et c'est là où le bât blesse : l'énergie renouvelable n'exprime en rien les techniques à mettre en œuvre pour parvenir à la convertir en une énergie prête à consommer !C'est peut-être juste (je n'en sais rien). Mais l'étude en question est loin de se limiter à la simple option de l'énergie solaire.Ces panneaux solaires ont dans l'état de l'art de la technique, une durée de vie limitée, un rendement limité de l'ordre de 15 à 20% qui décroit assez rapidement avec le temps, et à énergie équivalente charbon ou nucléaire nécessite une couverture importante.
Enfin, l'étude dont cet article rend compte me paraît quand même assez fiable, ne serait-ce que parce qu'elle a fait l'objet d'une revue "par les pairs" assez serrée (cit.: "Contrairement à nombre d’études déjà publiées sur le sujet, cette projection ne doit rien au doigt mouillé d’un seul auteur. Ce chiffre est une synthèse de 164 scénarios «moulinés» par 123 rédacteurs et des centaines d’experts-relecteurs. Ce travail s’appuie aussi sur des milliers d’études, et d’articles parus dans des revues scientifiques à comité de lecture"). J'ai plutôt pour habitude de me méfier des "experts", mais en ce cas précis l'étendue de la communauté scientifique ayant participé à l'étude m'invite plutôt à lever le doute.
______________
Sinon que suggères-tu ? Continuer avec un Tchernobyl ou un Fukushima tous les 15, 20 ou 25 ans, catastrophes qui contaminent et condamnent des milliers ou dizaines de milliers de KM2 pour de longues décennies (si ce n'est plus) ? Continuer avec les énergies fossiles qui sont la plaie des populations chinoises ou indiennes ? Continuer à (sur)vivre dans des villes où on ne peut quasiment plus respirer ? Pour info en Inde à Delhi, la pollution on la VOIT chaque soir, c'est un voile opaque qui engloutit toute une énorme conurbation, et ce voile dû a l'utilisation intensive d'énergies fossiles fait que le taux d'asthmatiques a triplé en 30 ans. Moi, ce n'est pas vraiment ça que je veux, et tant pis si les panneaux solaires ou les éoliennes "dénaturent" le paysage.
Connais-tu la géothermie ? C'est une énergie renouvelable, abondante mais qui présente un inconvénient majeur dans l'état actuel de l'art : celui de stériliser les sols là où elle est implantée. La géothermie procède de l'échange de calories entre deux milieux, en l'occurrence le sol (ou une retenue d'eau) à moyenne profondeur et l'air ambiant. Et si il y a échange de calories entre deux milieux, il y a modification des deux milieux en question. Tu ne pourras jamais te soustraire à la loi qui énonce : "Rien de se perd, rien de se crée, tout se transforme !". Tout se résume en un bilan des "risques/avantages" et suivant ce bilan, des risques que nous sommes prêts consciemment à prendre. Quand je dis consciemment c'est détaché des contingences capitalistes.
Le médecin, le chirurgien, le pharmacologue pratique tous les jours le risque/avantage !
Je n'ai pas la science infuse et je suis prêt à admettre - étude scientifique à l'appui que le remède ne soit pas pire que le mal à terme !
Invité- Invité
Re: L'énergie nucléaire
Première chose : à mon avis -mais je ne suis pas un spécialiste (précaution d'usage) - tu confonds besoins en énergie et production d'électricité. Tous les besoins en énergie ne correspondent pas à la fourniture d'électricité : la production de chaleur ou de froid, les transports, etc... en sont quelques exemples, et ces besoins énergétiques ne nécessitent pas de stockage, ni non plus d'être eux-mêmes alimentés/relayés en énergie pour être exploitables. Par exemple, l'énergie solaire autonome nécessaire pour alimenter les habitations individuelles en France requiert une couverture de 4% à 5% du territoire pour une surface habitée de 3% à 4%, ça ne relève donc pas du scénario de fiction utopique au regard du "désert" que constitue le pays, et c'est bien sûr aussi valable pour l'ensemble des pays à forte densité de population urbaine, soit les 3/4 de la planète (les chiffres que je donne sont "de mémoire", il faut donc les vérifier, mais l'ordre de grandeur est juste).Car si pour produire 1kW en énergie renouvelable, il faut en mobiliser 10kW par exemple c'est à dire multiplier les moyens tels que les éoliennes, les panneaux solaires, la géothermie et donc monopoliser des surfaces énormes au détriment de la culture, de l'habitat, etc., je ne vois pas bien l'intérêt même en régime socialiste. Et là je fais abstraction des quantités invraisemblables de matières premières à extraire pour produire ces moyens.
Ensuite, l'utilisation de matières premières n'est pas non plus un problème insurmontable, selon que seules quelques sources d'énergie requièrent ces matières premières, le solaire surtout qui est (en l'état des choses) un gros consommateur de silice, soit de sable en fait. Or, la silice et ses dérivés sont présents en quantité suffisante pour subvenir - sans mise à sac de la nature - pour une période longue à l'échelle humaine (cad : quelques siècles).
Au vu de la véritable poubelle que nous remplit et nous lègue le capitalisme depuis les débuts de l'ère industrielle (des montagnes de charbon usé jusqu'aux joyeuses baignades dans les marées noires en passant par les centaines de bombes atomiques "civiles"), il me semble que le constat risque/opportunité est vite fait. Non ?Tout se résume en un bilan des "risques/avantages" et suivant ce bilan, des risques que nous sommes prêts consciemment à prendre. Quand je dis consciemment c'est détaché des contingences capitalistes.
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L'énergie nucléaire
Encore une fois, pour extraire les matières premières par exemple le sable (la silice), pour transformer cette matière première (silice) en une matière composée (le silicium), pour ensuite transformer la matière composée en un produit fini c'est à dire rassemblant tous les autres matériau du panneau solaire : acier, nickel, verre, inox, caoutchouc, etc. combien d'énergie au total doit-on dépenser pour produire 1kW d'électricité ? Et pour la production d'1kW avec du charbon ou du nucléaire, faire le même calcul ? Tel est le bilan à faire !Vérosa_2 a écrit:Première chose : à mon avis -mais je ne suis pas un spécialiste (précaution d'usage) - tu confonds besoins en énergie et production d'électricité. Tous les besoins en énergie ne correspondent pas à la fourniture d'électricité : la production de chaleur ou de froid, les transports, etc... en sont quelques exemples, et ces besoins énergétiques ne nécessitent pas de stockage, ni non plus d'être eux-mêmes alimentés/relayés en énergie pour être exploitables. Par exemple, l'énergie solaire autonome nécessaire pour alimenter les habitations individuelles en France requiert une couverture de 4% à 5% du territoire pour une surface habitée de 3% à 4%, ça ne relève donc pas du scénario de fiction utopique au regard du "désert" que constitue le pays, et c'est bien sûr aussi valable pour l'ensemble des pays à forte densité de population urbaine, soit les 3/4 de la planète (les chiffres que je donne sont "de mémoire", il faut donc les vérifier, mais l'ordre de grandeur est juste).Car si pour produire 1kW en énergie renouvelable, il faut en mobiliser 10kW par exemple c'est à dire multiplier les moyens tels que les éoliennes, les panneaux solaires, la géothermie et donc monopoliser des surfaces énormes au détriment de la culture, de l'habitat, etc., je ne vois pas bien l'intérêt même en régime socialiste. Et là je fais abstraction des quantités invraisemblables de matières premières à extraire pour produire ces moyens.
Ensuite, l'utilisation de matières premières n'est pas non plus un problème insurmontable, selon que seules quelques sources d'énergie requièrent ces matières premières, le solaire surtout qui est (en l'état des choses) un gros consommateur de silice, soit de sable en fait. Or, le sable et ses dérivés sont présents en quantité suffisante pour subvenir - sans mise à sac de la nature - pour une période longue à l'échelle humaine (cad : quelques siècles).Au vu de la véritable poubelle que nous remplit et nous lègue le capitalisme depuis les débuts de l'ère industrielle (des montagnes de charbon usé jusqu'aux joyeuses baignades dans les marées noires en passant par les centaines de bombes atomiques "civiles"), il me semble que le constat risque/opportunité est vite fait. Non ?Tout se résume en un bilan des "risques/avantages" et suivant ce bilan, des risques que nous sommes prêts consciemment à prendre. Quand je dis consciemment c'est détaché des contingences capitalistes.
Et là dedans, je ne compte pas non plus les moyens supplémentaires à mettre en œuvre au niveau de chaque particulier ou ensemble de particuliers ... De plus, si tu veux une quelconque autonomie c'est à dire que tes appareils ménagers (frigo, congélo) continuent à produire du froid la nuit venue ou l'hiver ou par temps maussade), il te faut un stockage donc une batterie ... donc un apport d'énergie et la boucle est bouclée.
Moi, ce que je veux, c'est un bilan énergétique exhaustif et les risques associés !
Invité- Invité
Re: L'énergie nucléaire
Non. Le bilan à faire est celui que j'ai exprimé en conclusion de ma contribution précédente.Tel est le bilan à faire !
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L'énergie nucléaire
Le bilan doit être fait sur l'intégralité de la chaîne : de l'exploration pour la recherche des matériaux, de l'extraction des matériaux à l'installation finale du produit fini incluant son taux de remplacement lié à l'usure et les risques associés. Car à chacune de ces étapes de l'énergie est incorporée que tu le veuilles ou non. Il s'agit de savoir si tel ou tel procédé de création d'énergie à partir d'une ou plusieurs sources d'énergie données est rentable ou pas. Je ne vois pas comment tu peux t'extraire de ce bilan. Et le fait de dire que dans telle ou telle ville on étouffe par la pollution ne change rien à la chose.Vérosa_2 a écrit:Non. Le bilan à faire est celui que j'ai exprimé en conclusion de ma contribution précédente.Tel est le bilan à faire !
Comme je le disais : rien ne se crée, rien ne se perd mais tout se transforme et qui dit transformation dit bilan énergétique pour réaliser cette transformation.
Je reprends donc l'exemple du panneau solaire. Si pour faire fonctionner un panneau solaire et délivrer 1kW d'énergie sur la vie du panneau disons sur 10 ans, il te faut dépenser 100kW correspondant à toute la chaîne de production du panneau. A mon avis, cela ne présente non seulement aucun intérêt mais en plus c'est le serpent qui se mord la queue !
Invité- Invité
Re: L'énergie nucléaire
Ah bon. Ce que je faisais était pourtant un constat social sur lequel il me semble urgent de s'engager. Mais peu importe...Et le fait de dire que dans telle ou telle ville on étouffe par la pollution ne change rien à la chose.
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L'énergie nucléaire
Analyse anarchosyndicaliste du fait nucléaire
L’émotion collective suscitée par la catastrophe nucléaire nippone obéit à un sentiment parfaitement légitime d’insécurité face à ce mode de production d’énergie. Constatons que l’État, par la voix de son sinistre Besson, a tout fait pour se montrer rassurant, rappelant ce nuage radioactif venant d’Ukraine et déclinant poliment son identité à la douane française en 1986 pour se voir interdire le survol de l’espace aérien hexagonal.
Dans cette actualité dramatique (parmi d’autres), nous souhaiterions ici analyser plus avant la question nucléaire, d’un point de vue anarchiste. Pour cela - question de vocabulaire nécessaire -, nous appellerons nucléarisme la pensée favorable à la production d’énergie nucléaire, pour ensuite en décliner les différents aspects.
I. Le nucléarisme est un étatisme
L’État-Nation, sous le prétexte (entre autres) d’indépendance énergétique, a imposé cette solution de production d’électricité dans les années 70. Il n’y a pas eu de débat démocratique et la violence [1] de la Raison d’État a balayé les révoltes nées de cet arbitraire. Cet arbitraire d’État concerne deux nucléarismes : militaire et civil. Pour le nucléaire militaire, l’inscription de la nation France dans le champ de la « dissuasion » témoigne de son agressivité foncière vis-à-vis des autres nations, une attitude séculaire de militarisme et d’impérialisme colonial que le simple humanisme déplore, quant l’internationalisme doit le combattre résolument. La république ne fait ici que reprendre, en plus dangereux, la théorie du « pré-carré » de Louis XIV, Vauban et Louvois.
À cette agressivité militaire répond l’outrance de l’équipement civil, avec 58 réacteurs nucléaires produisant plus des 3/4 de l’électricité en France (un taux unique en Europe et dans le monde). L’État possède également la mainmise sur le marché britannique (British Energy), 4 réacteurs en Allemagne (EnBW), et 7 réacteurs en Belgique (Electrabel, filiale de GDF) [2] . Nous pouvons donc parler ici d’un projet étatique dépassant largement le cadre de l’autosuffisance énergétique pour apparaître plutôt comme un instrument d’extension de l’influence de l’État.
Deuxième appendice de l’étatisme, le Secret d’État, ou Mensonge d’État, est à l’œuvre en la matière : soi-disant garant de la sûreté des dispositifs techniques, l’État ne considère que le sentiment de sécurité ou d’insécurité (notions subjectives aux « citoyens », et non objectives, liées aux faits et risques, comme la sûreté [3]). Sa propagande créera donc de l’insécurité dans la ruelle de banlieue et de la sécurité dans les centrales nucléaires (La manipulation des sentiments et des émotions est utilisée pour contrôler la population, vers les fins voulues par l’État). Le secret d’État couvre ses crimes : contamination des ouvriers dans le désert algérien, accidents répétés dans les centrales, assassinat du Rainbow Warrior... Par ailleurs, la logique de la Raison d’État permet de s’acoquiner avec les tyrans les plus sanguinaires (le Shah, Saddam Hussein, l’Afrique du Sud au temps de l’Apartheid, Kadhafi,...)
II. Le nucléarisme est un capitalisme
Avec notamment ces deux mastodontes que sont EDF et AREVA [4] , le nucléaire constitue un exemple important du capitalisme, avec toutes les caractéristiques afférentes : utilisation vorace et destructrice de biens publics gratuits tels que l’eau et l’air, exposition des salariés à des conditions de travail dangereuses [5] , incapacité foncière à envisager les risques pour la population ou les générations futures. Nous avons là un résumé des tares du capitalisme.
Sur la question des biens publics, le nucléarisme a pour caractéristique de ne pas payer les coûts réels de sa production en profitant à outrance des biens publics et en amassant une dette en termes de coûts de pollutions qu’il souhaite faire payer aux générations futures. Ce transfert du coût donne l’illusion aux générations présentes que cette technique de production d’énergie est valable et moins coûteuse. Ceci repose en fait sur une imposture comptable : les financiers ne confondent pas le principal et l’intérêt dans leurs comptes, mais quand il s’agit de la nature, patrimoine commun dont nous ne sommes que les usufruitiers, cette confusion scandaleuse opère sans beaucoup de contestation.
Autre caractéristique du capitalisme : son absolue cécité face à la nécessité éthique (celle qui ne rapporte jamais rien) et à la corruption politique qui en découle. L’exploitation de l’uranium par Areva à Arlit et Akouta au Niger a produit des dommages écologiques considérables, et constitue par ailleurs une caricature du post colonialisme de la France au Niger.
Au niveau de la théorie anarchosyndicaliste, on perçoit bien ici la différence entre un syndicalisme révolutionnaire qui considère le syndicat comme le centre décisionnel après la Révolution, et l’anarchosyndicalisme qui prévoit la dissolution du syndicat à ce moment : en effet, comment empêcher une prise de pouvoir, si on laisse un groupe de personnes décider seul des destinées d’un lieu aussi important qu’une centrale nucléaire ?
III. Le nucléarisme est un scientisme
Nous appelons scientisme la confusion opérée entre le progrès humain et le progrès technique, ou plus précisément l’identification de ces deux progrès. Le scientisme a une conséquence politique : ses tenants refusent que les scientifiques répondent de leurs actes devant la communauté, au non de l’expertise, qui ne pourrait obéir à l’ignorance.
L’aventure du nucléarisme en France répond parfaitement à ce schéma, avec un lobby de scientifiques (CEA : Commissariat à l’énergie atomique, EDF...) qui obtient l’oreille de l’État et impose ses vues sans qu’une quelconque consultation de la population ait lieu. Il faut donc ici rappeler qu’il n’existe pas d’élite pouvant se permettre de confisquer le débat politique, quelles que soient ses compétences (scientifiques, militaires, oratoires...). La science permet le progrès technique (ce n’est pas uniquement son objet), mais doit de ce point de vue répondre démocratiquement de ses avancées [6] devant l’assemblée générale.
Face à la catastrophe se pose la question d’un optimisme forcené basé sur les possibilités de la technique. Celle-ci pourrait en effet tout résoudre et garantir à la communauté des hommes une énergie infinie et une sûreté face aux phénomènes naturels. Cette croyance est en partie née d’un autre tremblement de terre, celui de Lisbonne (1755), qui a vu l’émergence de nouvelles disciplines scientifiques comme la sismologie, laissant espérer que la prévision permettrait d’éviter « le mal ». Le débat initial de Voltaire [7] et de Rousseau à ce sujet n’est pas clos, mais nous pouvons considérer à juste titre que la conjonction des catastrophes naturelle et nucléaire balaye l’optimisme forcené de ceux qui croient que la technique peut tout résoudre.
Le scientisme s’accompagne généralement d’un tel mépris du bon sens qu’il nous permet cet aparté. Il repose en effet sur un mythe du progrès technique que l’on pourrait qualifier de prométhéen. Que penser en effet de cette catastrophe au Japon, où l’on a construit des centrales nucléaires « sur un volcan ». « Le dragon s’est réveillé » aurait-on pu entendre dans un conte traditionnel. Quel échec en tout cas de l’entendement humain et de la raison, au non de la rationalité et de la Science (en apparence...). La politique consiste donc aussi à connaître les mythes agissants dans le monde, avec une sympathie pour l’expérience des hommes du passé (les habitants de Pompéi ne nous sont plus aussi lointains ces derniers jours...).
IV. Le nucléarisme est un élément particulièrement probant de la nocivité du Contrat Social
Le Contrat social, ou pacte social est une théorie politique qui considère que les individus, à un moment donné de leur histoire, ont passé un pacte mutuel et transféré leur souveraineté à l’État, afin de gagner plus de liberté, en tant que groupe, qu’en tant qu’individus isolés face à la nature. Cette théorie est née au XVIIIème siècle, avec Hugo Grotius, et surtout Jean-Jacques Rousseau [8].
Cette théorie était en rupture avec les considérations traditionnelles sur la monarchie, l’État de droit divin ; aussi est-elle souvent présentée comme une idée progressiste, ancrée dans la philosophie des Lumières, présentée comme un bloc positif dans les manuels. Cependant, Le contrat social est plutôt à considérer comme une justification laïcisée de l’existence de l’État et de la souveraineté nationale. S’ils sont en rupture avec la monarchie absolue, les révolutionnaires de 1791 n’en sont pas moins des tenants de l’État central, détenteur d’une souveraineté nationale transcendante par rapport aux individus. Cette théorie est en rupture avec le libéralisme politique, notamment hérité de John Locke.
Pourquoi évoquer ici cet aspect de l’histoire des idées politiques ? Tout simplement parce que l’obligation faite aux générations futures de gérer les déchets nucléaires, la servitude imposée à ces personnes non encore nées est l’expression parfaite de l’arbitraire des décisions « démocratiques » reposant sur le contrat social. Ces personnes à naître ne peuvent être consultées, mais elles sont déjà liées, parce que les générations antérieures considèrent qu’elles doivent se soumettre aux décisions antérieures justifiées par la souveraineté nationale, qui n’est d’aucun temps, comme l’État. Nous ne pouvons que refuser ce « serf-arbitre », en reprenant les arguments de Thomas Paine en 1791 :
« Il n’exista, n’existera et ne pourra jamais exister de parlement, ou des hommes d’aucune sorte ou d’aucune génération, dans aucun pays, possédant le droit ou le pouvoir de lier et de dominer leur postérité jusqu’à la "fin des temps", ou celui de commander à jamais comment le monde doit être gouverné, ou qui doit le gouverner ; par conséquent, toutes les clauses, actes et déclarations produites par leurs initiateurs pour essayer ce qu’ils n’ont, ni le droit, ni le pouvoir de faire ou d’exécuter, sont en elles-mêmes nulles et vides.
Chaque âge et génération doit être aussi libre d’agir pour lui-même dans tous les cas que les générations qui l’ont précédé. La vanité et la présomption de gouverner depuis la tombe est la plus ridicule et la plus insolente de toutes les tyrannies. L’homme n’à aucune propriété sur l’homme, pas plus qu’aucune génération n’a de propriété sur celles qui suivent. » [9]
Dans les faits, nous constatons ici que, de manière carica-turale, la théorie du Contrat Social, et l’État pseudo-démocratique qui en dérive, n’est qu’une continuité « laïque » des États de monarchie de droit divin. Ici le roi avait deux corps [10] , l’un physique et périssable, l’autre immortel, et au décès d’un roi, le « mort saisissait le vif » (le successeur, avec l’expression convenue, le « Roi est mort, Vive le Roi ! »), là un État crée un phénomène physique polluant et dangereux qui saisit les générations à venir d’une main de fer. Tyrannie insolente, contradictoire avec ses principes démocratiques apparents, mais ô combien cohérente avec l’essence-même de l’État et de la souveraineté nationale qui a pour projet de perdurer à jamais.
Conclusion : l’éthique doit être au coeur du projet politique anarchiste !
L’anarchisme n’est pas un léninisme, qui asservit les moyens aux fins : il doit subordonner l’action à la réflexion éthique. De ce point de vue, il ne m’apparaît pas possible de défendre un projet nucléariste, expression de la raison d’État, capitaliste et scientiste, subordonnant les moyens d’actions aux fins envisagées. Une assemblée générale ne peut envi-sager de produire une électricité qui empêcherait de manière irréversible les assemblées générales à venir de choisir elles-mêmes leur propre destin. Et cela simplement parce qu’elle n’en n’a pas le droit. Non pas le droit bourgeois, mais l’impératif moral créé par le souci de ne pas imposer la souveraineté des vivants à celle des hommes à naître. Aussi faut-il certainement envisager une économie moins gourmande en électricité, et cela est notre problème, qui est d’ailleurs plus une question de sobriété que de survie. Citons en guise de conclusion un passage éclairant de Rudolf Rocker, critique de Rousseau : « C’est un phénomène étrange que le même homme, qui prétendument dédaignait la culture et prônait le retour à la nature, l’homme pour qui la sensibilité rejetait le monument de la pensée intellectuelle des encyclopédistes ; et dont les écrits éveillèrent chez ses contemporains un si profond désir de retourner à une vie simple et naturelle, il est étrange que ce même homme, en tant que théoricien de l’État, ait administré la nature de bien pire façon que le plus cruel des despotes et mis tout en place pour la réduire au diapason de la loi. » [11]
Il me semble que l’électricité nucléaire est un diapason supplémentaire de l’activité humaine que nous devons refuser.
SIA 32 CNT-AIT
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Article d’Anarchosyndicalisme ! n°123 Mai - Juin 2011
Voir en ligne : Textes - Analyse des luttes dans le Gers (SIA 32 CNT-AIT)
Notes
[1] Exemple : mort d’une manifestant à Creys-Malville en juillet 1977.
[2] Voir l’article de Courrier International N°1068, citant l’hebdomadaire autrichien Profil à ce sujet (21-27 avril 2011 ; p°18).
[3] Voir à ce sujet l’article de Jean Delumeau sur la différence entre sûreté et sécurité, dans l’Histoire N°88, pages 71-75 (La « sécurité » n’est plus ce que l’on croit !)
[4] 9,104 milliards d’euros de CA en 2010, et 883 millions d’euros de résultat ;
[5] Accidents connus à Marcoule en 1959, Chinon en 1965, Saint-Laurent-des-Eaux en 1969, 1980, 1984, 1987...
[6] Ce point précisé, nous devons dire que l’anarchosyndicalisme s’oppose autant au scientisme qu’aux courants anti-scientifiques, qui, dans une sorte de pensée magique, privent les travailleurs des avancées possibles pour diminuer les efforts et les risques nécessaires à la vie en société, et à la survie en général.
[7] Voltaire, auteur du poème sur le désastre de Lisbonne en 1756, s’interroge sur le mal physique.
[8] Du Contrat Social ou Principes du droit politique, publié en 1762.
[9] “There never did, there never will, and there never can, exist a Parliament, or any description of men, or any generation of men, in any country, possessed of the right or the power of binding and controlling posterity to the "end of time," or of commanding for ever how the world shall be governed, or who shall govern it ; and therefore all such clauses, acts or declarations by which the makers of them attempt to do what they have neither the right nor the power to do, nor the power to execute, are in themselves null and void. Every age and generation must be as free to act for itself in all cases as the age and generations which preceded it. The vanity and presumption of governing beyond the grave is the most ridiculous and insolent of all tyrannies. Man has no property in man ; neither has any generation a property in the generations which are to follow.” Thomas Paine : Rights of man - Being an Answer to Mr. Burke’s Attack on the French Revolution - Part I - 1791.
[10] Voir là-dessus le livre d’Ernst Kantorowicz : Les Deux corps du roi - Essai sur la théologie politique au Moyen Âge - 1957.
[11] Rudolf Rocker - Nationalisme et culture - chap X, p. 180.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/contre-courant-articles-section/contre-courant/1106-sarkozy-gravelines-audit-nucleaire
Quand Sarkozy fait son audit personnel sur le nucléaire
Contre-courant - Écrit par Arnaud Bihel - Mercredi, 04 Mai 2011 13:31
Lundi, le chef de l'Etat acceptait un audit indépendant sur le coût réel de la filière nucléaire en France. Mardi, il utilisait des chiffres fantaisistes et un discours radical pour défendre le nucléaire coûte que coûte.
Lundi 3 mars, à l'Elysée, Nicolas Sarkozy rencontrait huit grandes ONG de défense de l'environnement. Celles-ci appelant à sortir du nucléaire, celui-là déterminé à poursuivre dans la voie de l'atome. Malgré ce profond désaccord, ils avaient pu s'entendre sur un point : la Cour des comptes mènera un audit indépendant sur le coût réel du parc électro-nucléaire. Un outil qui pourrait permettre de débattre - enfin - de façon raisonnée sur les avantages et les inconvénients de la filière nucléaire. Avec un parc désormais vieillissant se posera notamment dans les années qui viennent la question du démantèlement des centrales, sur le coût duquel personne ne s'est jamais penché jusque là.
On pouvait donc voir dans cette décision une légère concession du chef de l'Etat. Serge Orru, Directeur général du WWF France, saluait « une étape fondatrice ». Pourtant, dès le lendemain à Gravelines, Nicolas Sarkozy a balayé de quelques phrases l'espoir d'un débat serein sur le nucléaire en France.
Chiffres imaginaires
Sur les bords de la mer du Nord la centrale de Gravelines, avec ses 6 réacteurs, est la plus importante d'Europe occidentale. C'est là, devant un auditoire largement acquis au nucléaire, que le chef de l'Etat a assuré qu'il continuera à investir dans cette énergie, coûte que coûte.
C'est là qu'il s'est assis, d'ores et déjà, sur ce futur audit, en répétant à plusieurs reprises devant le personnel de la centrale, puis lors d'une table ronde, d'étranges chiffres. « Ceux qui veulent qu'on sorte du nucléaire, est-ce qu'ils seront prêts à expliquer aux Français que l'électricité leur coûtera 4 fois plus cher ? », s'est interrogé Nicolas Sarkozy. Et de poursuivre : « Est-ce qu'ils sont prêts à trouver les 45 milliards d'euros pour compenser ? C'est irresponsable. »
Quatre fois plus cher ? 45 milliards d'euros ? A moins qu'ils soit issus de documents secrets, ces chiffres ne correspondent à rien. Sans compter que « c’est bien joli de chiffrer la sortie du nucléaire sans faire la même chose pour le maintien du choix nucléaire », s'étrangle Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace. Pour la fédération France Nature Environnement, c'est le signe que « l'Etat s'enferme aveuglement dans le nucléaire ».
L'atome ou le Moyen-âge
La catastrophe de Fukushima a conduit nombre d'Etats dans le monde à s'interroger sur la place du nucléaire. En Allemagne, Angela Merkel a effectué un demi-tout complet, et envisage désormais la fermeture des réacteurs, ce qu'elle jugeait inconcevable il y a quelques mois encore.
Mais pour Nicolas Sarkozy, la cause est entendue : « Nous ne renoncerons pas à la filière nucléaire ». Parce c'est le « progrès » ; le choix de la France, il y a 40 ans, de devenir le pays le plus nucléarisé au monde, était l'oeuvre de « visionnaires ».
Au lendemain de Fukushima, les pro-nucléaire français visaient « l'indécence » de ceux qui osaient douter des bienfaits de ce « progrès ». Depuis, le discours du chef de l'Etat n'a pas changé. Il n'y a pas d'alternative à ses yeux, et ceux qui prônent la sortie du nucléaire prônent le retour à la bougie. « On n'a pas le droit de jouer sur des peurs moyen-âgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays », a-t-il répété à Gravelines.
Double jeu sur la sécurité ?
Pas question d'avoir peur, puisque le nucléaire français est le plus sûr au monde, ajoute le chef de l'Etat. Début avril, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire évoquait la possibilité d'un moratoire sur l'EPR, le réacteur de 3ème génération en construction à Flamanville (et donc la sécurité avait été mise en cause dès novembre 2009). Pas question, a martelé Nicolas Sarkozy : « C'est la centrale qui sera la plus sûre, parce que la plus neuve ».
Mais attention, ajoute-t-il : les centrales françaises les plus vieilles, comme celle de Gravelines, sont les plus sûres aussi... grâce au retour d'expérience.
La sécurité, d'ailleurs, c'est la priorité de Nicolas Sarkozy. Il s'est félicité que l'Union européenne ait décidé, suite à l'accident de Fukushima, de pratiquer des tests de sécurité, « les plus complets possibles », sur les 146 réacteurs de l'Union (la France en compte plus du tiers : 58).
Sauf qu'à Bruxelles la France fait pression, avec la Grande-Bretagne pour que ces tests ne soient pas si stricts que cela, affime ce mercredi le journal allemand Süddeutsche Zeitung : ils ne prendraient en compte que les risques naturels, laissant de côté les risques terroriste ou d'erreur humaine.
Ailleurs sur le web :
"Sortir du nucléaire, c'est le Moyen-Age ? Faux, M. Sarkozy", sur Rue89.
Les deux interventions du chef de l'Etat à Gravelines, sur le site de l'Elysée.
Quand Sarkozy fait son audit personnel sur le nucléaire
Contre-courant - Écrit par Arnaud Bihel - Mercredi, 04 Mai 2011 13:31
Lundi, le chef de l'Etat acceptait un audit indépendant sur le coût réel de la filière nucléaire en France. Mardi, il utilisait des chiffres fantaisistes et un discours radical pour défendre le nucléaire coûte que coûte.
Lundi 3 mars, à l'Elysée, Nicolas Sarkozy rencontrait huit grandes ONG de défense de l'environnement. Celles-ci appelant à sortir du nucléaire, celui-là déterminé à poursuivre dans la voie de l'atome. Malgré ce profond désaccord, ils avaient pu s'entendre sur un point : la Cour des comptes mènera un audit indépendant sur le coût réel du parc électro-nucléaire. Un outil qui pourrait permettre de débattre - enfin - de façon raisonnée sur les avantages et les inconvénients de la filière nucléaire. Avec un parc désormais vieillissant se posera notamment dans les années qui viennent la question du démantèlement des centrales, sur le coût duquel personne ne s'est jamais penché jusque là.
On pouvait donc voir dans cette décision une légère concession du chef de l'Etat. Serge Orru, Directeur général du WWF France, saluait « une étape fondatrice ». Pourtant, dès le lendemain à Gravelines, Nicolas Sarkozy a balayé de quelques phrases l'espoir d'un débat serein sur le nucléaire en France.
Chiffres imaginaires
Sur les bords de la mer du Nord la centrale de Gravelines, avec ses 6 réacteurs, est la plus importante d'Europe occidentale. C'est là, devant un auditoire largement acquis au nucléaire, que le chef de l'Etat a assuré qu'il continuera à investir dans cette énergie, coûte que coûte.
C'est là qu'il s'est assis, d'ores et déjà, sur ce futur audit, en répétant à plusieurs reprises devant le personnel de la centrale, puis lors d'une table ronde, d'étranges chiffres. « Ceux qui veulent qu'on sorte du nucléaire, est-ce qu'ils seront prêts à expliquer aux Français que l'électricité leur coûtera 4 fois plus cher ? », s'est interrogé Nicolas Sarkozy. Et de poursuivre : « Est-ce qu'ils sont prêts à trouver les 45 milliards d'euros pour compenser ? C'est irresponsable. »
Quatre fois plus cher ? 45 milliards d'euros ? A moins qu'ils soit issus de documents secrets, ces chiffres ne correspondent à rien. Sans compter que « c’est bien joli de chiffrer la sortie du nucléaire sans faire la même chose pour le maintien du choix nucléaire », s'étrangle Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace. Pour la fédération France Nature Environnement, c'est le signe que « l'Etat s'enferme aveuglement dans le nucléaire ».
L'atome ou le Moyen-âge
La catastrophe de Fukushima a conduit nombre d'Etats dans le monde à s'interroger sur la place du nucléaire. En Allemagne, Angela Merkel a effectué un demi-tout complet, et envisage désormais la fermeture des réacteurs, ce qu'elle jugeait inconcevable il y a quelques mois encore.
Mais pour Nicolas Sarkozy, la cause est entendue : « Nous ne renoncerons pas à la filière nucléaire ». Parce c'est le « progrès » ; le choix de la France, il y a 40 ans, de devenir le pays le plus nucléarisé au monde, était l'oeuvre de « visionnaires ».
Au lendemain de Fukushima, les pro-nucléaire français visaient « l'indécence » de ceux qui osaient douter des bienfaits de ce « progrès ». Depuis, le discours du chef de l'Etat n'a pas changé. Il n'y a pas d'alternative à ses yeux, et ceux qui prônent la sortie du nucléaire prônent le retour à la bougie. « On n'a pas le droit de jouer sur des peurs moyen-âgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays », a-t-il répété à Gravelines.
Double jeu sur la sécurité ?
Pas question d'avoir peur, puisque le nucléaire français est le plus sûr au monde, ajoute le chef de l'Etat. Début avril, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire évoquait la possibilité d'un moratoire sur l'EPR, le réacteur de 3ème génération en construction à Flamanville (et donc la sécurité avait été mise en cause dès novembre 2009). Pas question, a martelé Nicolas Sarkozy : « C'est la centrale qui sera la plus sûre, parce que la plus neuve ».
Mais attention, ajoute-t-il : les centrales françaises les plus vieilles, comme celle de Gravelines, sont les plus sûres aussi... grâce au retour d'expérience.
La sécurité, d'ailleurs, c'est la priorité de Nicolas Sarkozy. Il s'est félicité que l'Union européenne ait décidé, suite à l'accident de Fukushima, de pratiquer des tests de sécurité, « les plus complets possibles », sur les 146 réacteurs de l'Union (la France en compte plus du tiers : 58).
Sauf qu'à Bruxelles la France fait pression, avec la Grande-Bretagne pour que ces tests ne soient pas si stricts que cela, affime ce mercredi le journal allemand Süddeutsche Zeitung : ils ne prendraient en compte que les risques naturels, laissant de côté les risques terroriste ou d'erreur humaine.
Ailleurs sur le web :
"Sortir du nucléaire, c'est le Moyen-Age ? Faux, M. Sarkozy", sur Rue89.
Les deux interventions du chef de l'Etat à Gravelines, sur le site de l'Elysée.
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
Les principaux producteurs et profiteurs de l'uranium
La World Nuclear Association (WNA) a publié fin avril une série de chiffres à jour donnant une photographie exacte des producteurs d'uranium dans le monde. La WNA, qui rassemble environ 200 membres liés à la production d’uranium et à celle d’électricité d’origine nucléaire, estime que ceux-ci sont à l’origine de 85% de l’énergie d’origine nucléaire dans le monde. Hors Etats-Unis, ses membres produisent même 95% de l’électricité d’origine nucléaire dans le monde.
Première information, le Kazakhstan a été le premier producteur mondial d’uranium (33,17%) en 2010. Il conforte même sa place puisque sa production a augmenté de 27% l’année dernière pour atteindre 17 803 tonnes d’uranium (tU). Le pays est devenu numéro un mondial en 2008 en dépassant le Canada. En 2010, les autres grands pays producteurs ont été le Canada (18,23%), l’Australie (10,99%), la Namibie (8,37%), le Niger (7,82%), la Russie (6,63%), l’Ouzbékistan (4,47%), et les Etats-Unis (2,98%). Au niveau des ressources connues, en 2007, l’Australie arrive de loin en tête (22,72%), devant le Kazakhstan (14,93%), la Russie (9,98%), l’Afrique du Sud (7,95%), le Canada (7,73%), et les Etats-Unis (6,25%).
En production d’uranium par compagnie, le numéro un mondial est le canadien Cameco (16,32%), suivi du français Areva (15,50%), du kazakhstanais KazAtomProm (15,12%), de l'anglo-australien Rio Tinto (11,72%), et du russe ARMZ (8,03%). Areva pourrait retrouver son premier rang mondial en 2013 et surtout 2014 avec l’entrée en production (mi-2013) de la mine namibienne de Trekkopje (3 000 tU par an à pleine capacité) et celle (fin 2013) d’Imouraren au Niger (5 000 tU par an à pleine capacité – Areva : 66,65% du capital).
En Namibie, la partie sera plus serrée car des opérateurs australiens (Extract Resources, Bannerman Resources) et canadien (Forsys) ont aussi des projets d’ouverture de mines autour de 2012, tandis que les deux mines qui existent déjà (Rossing, détenue au deux tiers par Rio Tinto, et Langer Heinrich) ont prévu d’accroître leur production. Au total, en 2014, c’est entre 11 400 tU et 12 215 tU qui vont venir s’ajouter à la production actuelle (5 500 tU).
Première information, le Kazakhstan a été le premier producteur mondial d’uranium (33,17%) en 2010. Il conforte même sa place puisque sa production a augmenté de 27% l’année dernière pour atteindre 17 803 tonnes d’uranium (tU). Le pays est devenu numéro un mondial en 2008 en dépassant le Canada. En 2010, les autres grands pays producteurs ont été le Canada (18,23%), l’Australie (10,99%), la Namibie (8,37%), le Niger (7,82%), la Russie (6,63%), l’Ouzbékistan (4,47%), et les Etats-Unis (2,98%). Au niveau des ressources connues, en 2007, l’Australie arrive de loin en tête (22,72%), devant le Kazakhstan (14,93%), la Russie (9,98%), l’Afrique du Sud (7,95%), le Canada (7,73%), et les Etats-Unis (6,25%).
En production d’uranium par compagnie, le numéro un mondial est le canadien Cameco (16,32%), suivi du français Areva (15,50%), du kazakhstanais KazAtomProm (15,12%), de l'anglo-australien Rio Tinto (11,72%), et du russe ARMZ (8,03%). Areva pourrait retrouver son premier rang mondial en 2013 et surtout 2014 avec l’entrée en production (mi-2013) de la mine namibienne de Trekkopje (3 000 tU par an à pleine capacité) et celle (fin 2013) d’Imouraren au Niger (5 000 tU par an à pleine capacité – Areva : 66,65% du capital).
En Namibie, la partie sera plus serrée car des opérateurs australiens (Extract Resources, Bannerman Resources) et canadien (Forsys) ont aussi des projets d’ouverture de mines autour de 2012, tandis que les deux mines qui existent déjà (Rossing, détenue au deux tiers par Rio Tinto, et Langer Heinrich) ont prévu d’accroître leur production. Au total, en 2014, c’est entre 11 400 tU et 12 215 tU qui vont venir s’ajouter à la production actuelle (5 500 tU).
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
L’actualité des crises : MÊME MONDE OPAQUE, par François Leclerc
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24244
Un commentaire savoureux:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24244
Un commentaire savoureux:
Rien n’est dit sur les chutes d’avion, à propos desquels la Commission envisage probablement d’adopter une réglementation leur interdisant de tomber, à charge pour les Etats membres de la transposer et de la faire respecter dans leurs espaces aériens respectifs. A condition toutefois qu’un accord soit trouvé sur les types d’avions qui seront concernés, les autres conservant le droit de se crasher au nom de la libre circulation des biens et des marchandises
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
On peut effectivement discuter en étalant une certaine démagogie. D'ailleurs je vais m'essayer à cet art ! Puisque tu considères le problème sous l'angle des maladies que la pollution engendre, il est évident qu'une fois débarrassée de cette engeance, la population de ces villes indiennes (en partant de ton exemple) vivront des années et des années de bonheur ... pour la majorité misérables toujours, vivant dans des conditions d'hygiène immondes encore mais les poumons intacts de toute pollution industrielle ! Et un grand hourra pour l'écologisme ...Vérosa_2 a écrit:Ah bon. Ce que je faisais était pourtant un constat social sur lequel il me semble urgent de s'engager. Mais peu importe...Et le fait de dire que dans telle ou telle ville on étouffe par la pollution ne change rien à la chose.
Invité- Invité
Société nucléaire, société policière
http://www.npa2009.org/content/soci%C3%A9t%C3%A9-nucl%C3%A9aire-soci%C3%A9t%C3%A9-polici%C3%A8re
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Les termes "constat social" que j'ai employés se rapportent aux méfaits du capitalisme, à rien d'autre, et tu le sais très bien Loriot. Ton intervention est pour le coup d'assez mauvaise foi. Ainsi que je l'ai déjà écrit à plusieurs reprises, le tout est de savoir si on peut décemment appeler "socialisme" un système qui entérine les effets hautement nocifs des énergies fossiles et la dangerosité particulière de la fission nucléaire. C'est là-dessus que porte - pour moi - le débat.loriot2010 a écrit:On peut effectivement discuter en étalant une certaine démagogie. D'ailleurs je vais m'essayer à cet art ! Puisque tu considères le problème sous l'angle des maladies que la pollution engendre, il est évident qu'une fois débarrassée de cette engeance, la population de ces villes indiennes (en partant de ton exemple) vivront des années et des années de bonheur ... pour la majorité misérables toujours, vivant dans des conditions d'hygiène immondes encore mais les poumons intacts de toute pollution industrielle ! Et un grand hourra pour l'écologisme ...Vérosa_2 a écrit:Ah bon. Ce que je faisais était pourtant un constat social sur lequel il me semble urgent de s'engager. Mais peu importe...Et le fait de dire que dans telle ou telle ville on étouffe par la pollution ne change rien à la chose.
Rappel :
Auto-cit.
Au vu de la véritable poubelle que nous remplit et nous lègue le capitalisme depuis les débuts de l'ère industrielle (des montagnes de charbon usé jusqu'aux joyeuses baignades dans les marées noires en passant par les centaines de bombes atomiques "civiles"), il me semble que le constat risque/opportunité est vite fait. Non ?
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L'énergie nucléaire
Alors que des experts indépendants nous ont dit pendant des semaines qu’il existait des preuves qu’une catastrophe nucléaire était en cours à Fukushima, confirmation par les autorités japonaises qui a été absent de l’histoire officielle au cours des deux derniers mois.
Aujourd’hui, tout change avec l’annonce que les travailleurs du réacteur nucléaire ont finalement entré dans le réacteur n ° 1 du bâtiment pour trouver dès les 5 premiers mètres les barres de combustible de 13 pieds de long qui avait complètement fondu dans un bassin de lave en fusion qui se trouve maintenant sur le fond de la enceinte de confinement du réacteur.
Temps comprimé des séquences vidéos des réacteurs nucléaires de Fukushima enfumés:
Fusion nucléaire à l’usine de Fukushima
L’un des réacteurs de la centrale paralysé de Fukushima Daiichi a subi un effondrement nucléaire, les responsables japonais l’a admis pour la première fois aujourd’hui, décrivant une piscine de combustible fondu au fond de la cuve de confinement du réacteur.
En Ryall Julian dans Paris PM Tokyo le 12 mai 2011 02:01
Les ingénieurs de la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) est entré dans le réacteur n ° 1 à la fin de la semaine dernière pour la première fois et j’ai vu les cinq premiers pieds ou de tiges du noyau de carburant de 13 pied de long qui avait été exposée à l’air et fondu vers le bas.
Auparavant, Tepco avait estimé que le coeur du réacteur avait été submergé dans l’eau suffisamment pour maintenir sa stabilité et que seulement 55 pour cent de la base avait été endommagé.
Maintenant, l’entreprise craint que le bain de fusion du combustible radioactif peut avoir brûlé un trou dans le fond de la cuve de confinement, ce qui provoquerait des fuites d’eau.
« Nous allons devoir revoir nos plans», a déclaré Junichi Matsumoto, un porte-parole de Tepco. « Nous ne pouvons pas nier la possibilité qu’un trou dans la cuve sous pression ait causé des fuites d’eau ».
Tepco n’a pas précisé quels obstacles il y a d’autres pour arrêter une fuite de combustible radioactif si le bâtiment de confinement en acier a été percé. Greenpeace a déclaré que la situation pourrait rapidement dégénérer si « la lave fond par le navire ».
[...]
Source: The Telegraph
« Le réacteur N ° 1 est dans un état d’effondrement »
Tokyo Electric Power Company affirme que le réacteur n ° 1 à l’usine de Fukushima Daiichi de l’énergie nucléaire est suspecté d’être dans un état de « crise ».
La compagnie d’électricité, a déclaré jeudi que la plupart des barres de combustible sont susceptibles d’avoir fondu et était tombée au fond du réacteur. Plus tôt dans la journée, elle a constaté que l’eau de refroidissement dans le réacteur est à un niveau qui exposerait complètement les barres de combustible nucléaire si elles étaient dans leur position normale.
La société estime que le combustible fondu est refroidi, à en juger par la température de surface du réacteur.
Mais elle soupçonne l’effondrement créé par un ou plusieurs trous dans le fond du réacteur provoquant des fuites d’eau dans la cuve de confinement.
Il soupçonne aussi que l’eau s’infiltre dans le bâtiment du réacteur.
[...]
Source: NHK
Mise à jour:
Last update / Dernières mises à jours effectuées le Friday 13 May 2011 à 18:23
Alerte_Radiation_Fukushima_Japon_Centrale_nucleaire 13 05 2011
Dernières informations :
Divulgations de TEPCO : Réacteur n°1, enveloppe inox 304L fissurée et cuve percée suite à l’effondrement et à la fusion des barres de combustibles, très importantes fuites hautement radioactives, refroidissement impossible, eau à moins 5 mètres, le cœur du réacteur est maintenant exposé à l’air, le devenir devient problématique et incertains aussi pour les réacteurs n°2,3 et 4, le calendrier du plan de stabilisation de TEPCO totalement remise en cause, créations de sarcophages d’encapsulage des bâtiments réacteurs en béton accrochés sur le rocher à moins 50 mètres en étude d’urgence avec de la zéolite pour absorber les matières radioactives.
Toute dernière information sous réserve et qui reste à être confirmée : le bâtiment du réacteur N° 4 se serait incliné, des travaux de consolidation d’urgence seraient en cours (cette information US est aussi visuelle, en principe pas d’effet d’optique, si elle est confirmée, pourrait signifier de graves développements). Rappel : la confirmation de cette information est en attente.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Un ouvrier est mort sur le site de la centrale de Fukushima
Hier, un ouvrier âgé d’une soixantaine d’années a eu un malaise alors qu’il travaillait au premier étage de la centrale de Fukushima. Il est décédé peu de temps après.
D’après TEPCO cela n’aurait rien à voir avec le taux de radioactivité puisqu’il n’aurait reçu qu’un débit dose de 0,17 millisieverts.
Toujours est-il que le drame a eu lieu et que cet homme, apparemment en bonne santé, est mort.
De plus, alors que TEPCO avait annoncé avoir fait baisser le taux de radioactivité dans le bâtiment du réacteur n°1 grâce au système de ventilation, des nouvelles données ont montré des taux extrêmement élevés.
En effet, 700 millisieverts par heure ont été enregistré à l’étage du bas et 1000 millisieverts par heure au premier étage. Et dans la partie sud-est du bâtiment le niveau de radiation atteint 2000 millisieverts par heure, soit un taux de radioactivité près de 18 millions de fois supérieur au niveau normal.
Toujours concernant le réacteur n°1 de Fukushima, l’association Greenpeace a déconseillé à TEPCO de noyer le réacteur sous l’eau car le contact entre l’eau froide et le combustible fondu risquerait de provoquer une explosion brisant l’enceinte du réacteur.
TEPCO nie la possibilité d’une telle explosion mais va tout de même revoir son idée de noyer le réacteur.
Une nouvelle affaire dans laquelle TEPCO a caché des informations a été révélé hier. Il s’agit d’informations concernant la situation du réacteur n°3 avant les explosions d’hydrogène du 14 mars qui avaient blessé 7 ouvriers.
Le 13 mars des taux de 300 millisieverts par heure à la porte d’entrée du réacteur avaient été enregistrés, et un taux équivalent voire supérieur avait été enregistré au nord de la porte.
Ces données n’ont jamais été rendues publiques alors que des travailleurs tentaient de reprendre le contrôle du réacteur. TEPCO disposait également d’informations concernant une forte concentration en hydrogène alors que la compagnie tentait d’injecter de l’eau de mer.
Par ailleurs, TEPCO a fait savoir hier que les mesures du niveau de l’eau dans les réacteurs n°2 et 3 ne sont plus considérées comme fiables.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Science / Le blogue de Valérie Borde »
Valérie BordeLe blogue de Valérie Borde
http://www2.lactualite.com/valerie-borde/2011-05-13/fukushima-le-pire-est-arrive/
Fukushima: le pire est arrivé
Publié dans : Nucléaire
13 mai 2011
Le coeur du réacteur numéro 1 de la centrale de Fukushima a fini par percer le fond de sa cuve de confinement en de multiples endroits, a reconnu cette semaine la compagnie Tepco, selon une dépêche de l’agence Kyodo News.
Plus rien ne sépare donc le coeur du réacteur de l’environnement extérieur, et on ne voit pas par quel miracle la même chose ne va pas arriver dans les réacteurs 2 et 3.
Plus de deux mois après le tsunami, on se demande pendant combien de mois, voire d’années, il va falloir continuer de refroidir le coeur des réacteurs et accumuler de l’eau contaminée pour maintenir la centrale sous contrôle.
Avec des cuves percées, on n’est pas près d’arriver à mettre en place des circuits de refroidissement en boucle comme on l’envisageait.
Comment et où va-t-on retraiter toute cette eau ? Comment s’assurer qu’une bonne partie ne finira pas dans l’océan à cause du ruissellement ?
La seule bonne nouvelle ces jours-ci pour les Japonais, c’est l’arrêt d’une autre centrale nucléaire pour cause de risque sismique trop élevé.
Le 6 mai, le premier ministre Naota Kan a ordonné l’arrêt des deux derniers réacteurs en service de la centrale de Hamaoka, située dans la préfecture de Shizuoka, à environ 200 km au sud-ouest de Tokyo.
Cette centrale de Chubu Electric est considérée comme la plus dangereuse du Japon en raison du risque sismique.
Selon les évaluations du gouvernement, la probabilité d’un séisme de magnitude supérieure ou égale à 8 est de 87 % dans les 30 prochaines années pour la région de Hamaoka.
Plusieurs sismologues réclamaient une réévaluation de cette centrale depuis des années. Il aura fallu l’accident de Fukushima pour qu’ils soient entendus.
Le premier réacteur a été mis à l’arrêt aujourd’hui, le second suivra demain, selon Chubu Electric.
La centrale doit être stoppée le temps d’être renforcée et protégée par des murs anti tsunamis, mais personne n’a encore donné d’estimé pour une date de redémarrage.
Valérie BordeLe blogue de Valérie Borde
http://www2.lactualite.com/valerie-borde/2011-05-13/fukushima-le-pire-est-arrive/
Fukushima: le pire est arrivé
Publié dans : Nucléaire
13 mai 2011
Le coeur du réacteur numéro 1 de la centrale de Fukushima a fini par percer le fond de sa cuve de confinement en de multiples endroits, a reconnu cette semaine la compagnie Tepco, selon une dépêche de l’agence Kyodo News.
Plus rien ne sépare donc le coeur du réacteur de l’environnement extérieur, et on ne voit pas par quel miracle la même chose ne va pas arriver dans les réacteurs 2 et 3.
Plus de deux mois après le tsunami, on se demande pendant combien de mois, voire d’années, il va falloir continuer de refroidir le coeur des réacteurs et accumuler de l’eau contaminée pour maintenir la centrale sous contrôle.
Avec des cuves percées, on n’est pas près d’arriver à mettre en place des circuits de refroidissement en boucle comme on l’envisageait.
Comment et où va-t-on retraiter toute cette eau ? Comment s’assurer qu’une bonne partie ne finira pas dans l’océan à cause du ruissellement ?
La seule bonne nouvelle ces jours-ci pour les Japonais, c’est l’arrêt d’une autre centrale nucléaire pour cause de risque sismique trop élevé.
Le 6 mai, le premier ministre Naota Kan a ordonné l’arrêt des deux derniers réacteurs en service de la centrale de Hamaoka, située dans la préfecture de Shizuoka, à environ 200 km au sud-ouest de Tokyo.
Cette centrale de Chubu Electric est considérée comme la plus dangereuse du Japon en raison du risque sismique.
Selon les évaluations du gouvernement, la probabilité d’un séisme de magnitude supérieure ou égale à 8 est de 87 % dans les 30 prochaines années pour la région de Hamaoka.
Plusieurs sismologues réclamaient une réévaluation de cette centrale depuis des années. Il aura fallu l’accident de Fukushima pour qu’ils soient entendus.
Le premier réacteur a été mis à l’arrêt aujourd’hui, le second suivra demain, selon Chubu Electric.
La centrale doit être stoppée le temps d’être renforcée et protégée par des murs anti tsunamis, mais personne n’a encore donné d’estimé pour une date de redémarrage.
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
L’OMBRE PORTÉE DE FUKUSHIMA S’ÉTEND, par François Leclerc
Un excellent bilan, par F. Leclerc, qui a tenu une chronique journalière depuis le tremblement de terre:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24543#more-24543
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24543#more-24543
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Pour les parisiens :
Solidarité Japon : un militant syndicaliste et antinucléaire japonais en France
Kiichi Takahashi se rend en France pour participer les 21 et 22 mai prochains aux mobilisations du Havre contre la réunion du G8/G20. Invités par Sud PTT/Solidaires et Attac France, il restera ensuite quelques jours à Paris. Une réunion publique est prévue avec lui le :
mercredi 25 mai de 19 à 22h
salle Louise Michel
Bourse du travail
3 rue du Château d’Eau
Paris (métro République)
Cette réunion est organisée à l’initiative de Sud PTT/Solidaires, Attac France et Europe solidaire sans frontières (ESSF).
Takahashi Kiichi vit dans la région de Sendai, directement frappée par le grand tremblement de terre et le tsunami dévastateur du 11 mars 2011.
Militant antinucléaire (une centrale est implantée à Onagawa Miyagi, non loin de son lieu de résidence), il est membre d’Attac Japon (il a participé au Forum social mondial de Porto Alegre en 2005).
Takahashi Kiichi est aussi un syndicaliste actif de Dentsuroso [1] dans le secteur des télécoms, en lien en France avec Sud PTT. Cette fédération appartient à la coordination syndicale Zenrokyo (NTUC [2]). C’est à la régionale Nord-Est du NTUC que les fonds de solidarité collectés par ESSF sont envoyés.
Voici quelques extraits du message que la régionale Nord-Est de Zenrokyo a publié à l’occasion des mobilisations du Premier Mai [3]
« Nous voulons adresser à tous les travailleurs, dans les mobilisations du Premier Mai, notre message de solidarité de la région nord-est du Japon.
Le 11 mars dernier, le grand tremblement de terre et le tsunami ont frappé la côte pacifique de la région nord-est, détruisant un vaste territoire [...] Les dégâts sont considérables dans la centrale nucléaire de Fukushima 1. [...]
La vérité est que des recherches avaient été menées et avaient mis en garde contre les dangers liés à un grand tremblement de terre et un tsunami ; en particulier, les risques inhérents à la centrale de Fukushima 1 avaient été pointés du doigt par de nombreuses personnes. Nous ne devons pas permettre aux politiciens, aux milieux d’Affaires et aux faiseurs d’opinions d’échapper à leurs responsabilités sous le fallacieux prétexte que cette catastrophe « était au-delà de ce qui pouvait être prévu ». [...]. En solidarité avec les peuples dans le monde entier, engageons-nous pour changer la société en une nouvelle, sans centrales nucléaires.
Dénonçons les manœuvres politiquement motivées qui veulent tirer avantage du processus de « réhabilitation ». Nous devons contrer les propositions qui visent à « saisir cette chance » pour transformer l’agriculture de la région nord-est en conformité avec le cadre du Partenariat trans-Pacifique (TPP [4]) piloté par les Etats-Unis [...].
Déployons des activités diverses pour protéger les conditions de vie et l’emploi des travailleurs menacés de licenciements massifs, par des fermetures rampantes d’entreprises, des banqueroutes dans les zones dévastées et un arbitraire croissant des licenciements à l’échelle nationale sous prétexte de catastrophe.
Pour terminer, nous voudrions exprimer notre gratitude la plus chaleureuse pour les nombreux encouragements et soutiens venus du Japon et du monde entier.
Nous savons que nous aurons encore besoin de beaucoup de temps et d’efforts, à partir de maintenant, mais la population des zones dévastées s’est levée au milieu des ruines et à commencé à reconstruire ses conditions de vie, son travail, ses industries et ses communautés. Nous, de la régionale nord-est de Zenrokyo, partageons avec les victimes résidentes ce sens de désespoir et d’espoir, et nous irons de l’avant.
Avec nos vœux les plus sincères pour les mobilisations du Premier Mai et pour l’unité des travailleurs du monde entier. »
Depuis le Premier Mai, la volonté du patronat nippon de ne rien lâcher s’est confirmée. Il refuse même que Tepco (l’opérateur de la centrale de Fukushima 1) soit obligé d’indemniser les victimes de la catastrophe nucléaire : si indemnité il y a, elle doit être payée, dit le Medef local, soit par le gouvernement soit par une hausse du prix de l’électricité – par le biais de l’impôt ou des factures d’énergie, la population victime de la folie des nucléocrates doit s’indemniser elle-même. Les profits, la rente des actionnaires et le patrimoine des grands possédants ne doivent pas être touchés. Les coupables doivent être exonérés de toute responsabilité. Belle logique capitaliste !
De même, la crise sert à justifier de nouvelles attaques contre les droits sociaux.
Face à la montée des protestations sociales, du sentiment antinucléaire et à la colère des victimes, le gouvernement est amené à prendre quelques mesures d’apaisement, comme la fermeture temporaire de réacteurs de la centrale d’Hamaoka ou l’ouverture d’une « réflexion » sur la politique énergétique. Mais les possédants sont en ordre de bataille pour s’assurer que rien d’important ne soit cédé.
Et pendant ce temps, la crise nucléaire à Fukushima 1 se poursuit. Elle s’aggrave même.
La population sinistrée du Nord-Est japonais et les mouvements sociaux ont toujours besoin de notre solidarité active. La venue de Kiichi Takahashi est l’occasion de l’exprimer.
Nos camarades japonais ont aussi besoin de dosimètres pour mesurer en toute indépendance la radioactivité dans les zones touchées par la catastrophe nucléaire. Or, il est impossible d’en trouver actuellement au Japon. Il faut leur en procurer.
Les mouvements comme la régionale nord-est de Zenrokyo ont aussi besoin d’aide financière pour faire face à l’immensité des tâches auxquelles ils sont confrontés. La campagne engagée à cet effet par Europe solidaire se poursuit
Pierre Rousset, Danielle Sabai (ESSF)
Solidarité Japon : un militant syndicaliste et antinucléaire japonais en France
Kiichi Takahashi se rend en France pour participer les 21 et 22 mai prochains aux mobilisations du Havre contre la réunion du G8/G20. Invités par Sud PTT/Solidaires et Attac France, il restera ensuite quelques jours à Paris. Une réunion publique est prévue avec lui le :
mercredi 25 mai de 19 à 22h
salle Louise Michel
Bourse du travail
3 rue du Château d’Eau
Paris (métro République)
Cette réunion est organisée à l’initiative de Sud PTT/Solidaires, Attac France et Europe solidaire sans frontières (ESSF).
Takahashi Kiichi vit dans la région de Sendai, directement frappée par le grand tremblement de terre et le tsunami dévastateur du 11 mars 2011.
Militant antinucléaire (une centrale est implantée à Onagawa Miyagi, non loin de son lieu de résidence), il est membre d’Attac Japon (il a participé au Forum social mondial de Porto Alegre en 2005).
Takahashi Kiichi est aussi un syndicaliste actif de Dentsuroso [1] dans le secteur des télécoms, en lien en France avec Sud PTT. Cette fédération appartient à la coordination syndicale Zenrokyo (NTUC [2]). C’est à la régionale Nord-Est du NTUC que les fonds de solidarité collectés par ESSF sont envoyés.
Voici quelques extraits du message que la régionale Nord-Est de Zenrokyo a publié à l’occasion des mobilisations du Premier Mai [3]
« Nous voulons adresser à tous les travailleurs, dans les mobilisations du Premier Mai, notre message de solidarité de la région nord-est du Japon.
Le 11 mars dernier, le grand tremblement de terre et le tsunami ont frappé la côte pacifique de la région nord-est, détruisant un vaste territoire [...] Les dégâts sont considérables dans la centrale nucléaire de Fukushima 1. [...]
La vérité est que des recherches avaient été menées et avaient mis en garde contre les dangers liés à un grand tremblement de terre et un tsunami ; en particulier, les risques inhérents à la centrale de Fukushima 1 avaient été pointés du doigt par de nombreuses personnes. Nous ne devons pas permettre aux politiciens, aux milieux d’Affaires et aux faiseurs d’opinions d’échapper à leurs responsabilités sous le fallacieux prétexte que cette catastrophe « était au-delà de ce qui pouvait être prévu ». [...]. En solidarité avec les peuples dans le monde entier, engageons-nous pour changer la société en une nouvelle, sans centrales nucléaires.
Dénonçons les manœuvres politiquement motivées qui veulent tirer avantage du processus de « réhabilitation ». Nous devons contrer les propositions qui visent à « saisir cette chance » pour transformer l’agriculture de la région nord-est en conformité avec le cadre du Partenariat trans-Pacifique (TPP [4]) piloté par les Etats-Unis [...].
Déployons des activités diverses pour protéger les conditions de vie et l’emploi des travailleurs menacés de licenciements massifs, par des fermetures rampantes d’entreprises, des banqueroutes dans les zones dévastées et un arbitraire croissant des licenciements à l’échelle nationale sous prétexte de catastrophe.
Pour terminer, nous voudrions exprimer notre gratitude la plus chaleureuse pour les nombreux encouragements et soutiens venus du Japon et du monde entier.
Nous savons que nous aurons encore besoin de beaucoup de temps et d’efforts, à partir de maintenant, mais la population des zones dévastées s’est levée au milieu des ruines et à commencé à reconstruire ses conditions de vie, son travail, ses industries et ses communautés. Nous, de la régionale nord-est de Zenrokyo, partageons avec les victimes résidentes ce sens de désespoir et d’espoir, et nous irons de l’avant.
Avec nos vœux les plus sincères pour les mobilisations du Premier Mai et pour l’unité des travailleurs du monde entier. »
Depuis le Premier Mai, la volonté du patronat nippon de ne rien lâcher s’est confirmée. Il refuse même que Tepco (l’opérateur de la centrale de Fukushima 1) soit obligé d’indemniser les victimes de la catastrophe nucléaire : si indemnité il y a, elle doit être payée, dit le Medef local, soit par le gouvernement soit par une hausse du prix de l’électricité – par le biais de l’impôt ou des factures d’énergie, la population victime de la folie des nucléocrates doit s’indemniser elle-même. Les profits, la rente des actionnaires et le patrimoine des grands possédants ne doivent pas être touchés. Les coupables doivent être exonérés de toute responsabilité. Belle logique capitaliste !
De même, la crise sert à justifier de nouvelles attaques contre les droits sociaux.
Face à la montée des protestations sociales, du sentiment antinucléaire et à la colère des victimes, le gouvernement est amené à prendre quelques mesures d’apaisement, comme la fermeture temporaire de réacteurs de la centrale d’Hamaoka ou l’ouverture d’une « réflexion » sur la politique énergétique. Mais les possédants sont en ordre de bataille pour s’assurer que rien d’important ne soit cédé.
Et pendant ce temps, la crise nucléaire à Fukushima 1 se poursuit. Elle s’aggrave même.
La population sinistrée du Nord-Est japonais et les mouvements sociaux ont toujours besoin de notre solidarité active. La venue de Kiichi Takahashi est l’occasion de l’exprimer.
Nos camarades japonais ont aussi besoin de dosimètres pour mesurer en toute indépendance la radioactivité dans les zones touchées par la catastrophe nucléaire. Or, il est impossible d’en trouver actuellement au Japon. Il faut leur en procurer.
Les mouvements comme la régionale nord-est de Zenrokyo ont aussi besoin d’aide financière pour faire face à l’immensité des tâches auxquelles ils sont confrontés. La campagne engagée à cet effet par Europe solidaire se poursuit
Pierre Rousset, Danielle Sabai (ESSF)
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
Fukushima : polémique sur la fusion des réacteurs
Sur le blog "science" de libération :
L'état des réacteurs de la centrale nucléaire dévastée de Fukushima dai-ichi soulève une étrange polémique au Japon.
Cette polémique provient d'une déclaration de l’opérateur japonais TEPCo selon lequel le coeur nucléaire - le combustible, un assemblage d’uranium, de plutonium et de produits de fission - est «fondu en grande partie», pour les trois réacteurs et probablement amassé sous la forme d’un corium - un amas fondu - au fond des cuves.
Cette affirmation proviendrait de «l’un de principaux éléments nouveaux, l’entrée des équipes dans les bâtiments des réacteurs», explique Thierry Charles, qui suit de près la situation pour l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les 5 mai (pour le réacteur N°1), 17 mai (pour le N°2) et 18 mai (pour le N°3), des équipes ont pu pénétrer pour la première fois depuis l’accident, dans les bâtiments des réacteurs. Ces visites, après celles de robots télécommandés, ont permis de moins mal connaître l’état des réacteurs.
Cette déclaration sur la fusion des coeurs est présentée comme contradictoire avec le discours tenu précédemment, sur le thème «c’est plus grave que ce que la Tepco disait». Thierry Charles est pour le moins dubitatif «pour moi, il n’y a rien de changé, nous avons dit dès le début que les combustibles avaient fondu». Cette fusion des coeurs avait d’ailleurs été qualifiée de «confirmée» dans cette note dès le 15 mars dernier. Et j'écrivais dans Libération le même jour : «La perte des systèmes de refroidissement durant de longues heures dans les trois réacteurs accidentés de Fukushima Daichi a provoqué une fusion partielle de leurs assemblages combustibles (d’abord les 1 et 3, puis le 2 hier).»
Il semble toutefois que les autorités japonais et l’opérateur TEPCo n’aient pas été francs avec la population japonaise et se soient contentés du terme «endommagés» pour qualifier l’état des combustibles nucléaires en évitant le terme plus précis et exact de «fusion». Si l'on se réfère au site web présentant les informations techniques données par la Tepco et diffusée par l'association des industriels nucléaires japonais, on peut lire que les coeurs des réacteurs sont déclarés "endommagés" dès la première mise en ligne d'information pour le 18 mars. Puis que le 7 avril, les pourcentages d'endommagement sont estimés à 70% pour le réacteur N°1, 30% et 25% pour les 2 et 3.
Ces pourcentages ne peuvent se référer qu'à la fusion de ces combustibles puisqu'ils sont calculés en fonction des émissions de gaz et particules radioactives provoqués par la destruction - et donc la fusion - du dit combustible et des gaines de métal où il se trouve. C'est d'autant plus évident que si l'on regarde le tableau du 23 mai, le terme utilisé est toujours le même : "damaged" pour qualifier l'état des coeurs, seule la précision sur le pourcentage de coeur fondu diffère avec un "mostly" pour le N°1 et "35% et "30%" pour les N°02 et N°3. Autrement dit, damaged a toujours signifié et signifie toujours "fondu". Par quel mystère sémantique le sens du mot aurait changé ?
Le plus étrange dans cette polémique japonaise est que l’émission massive de gaz et de particules Débits à la centrale radioactifs survenue entre le 14 et le 17 mars n’aurait pas pu se produire si les combustibles n’avaient pas fondu... Or l'existence de cette émission n’a pas été niée par la TEPCO puisque le document ci-contre, établi à partir des balises du site de Fukushima Dai-ichi, utilise les mesures de radioactivité de l'opérateur. On y lit sans aucune difficulté ces émissions massives, avec les pics enregistrés par la balise de la porte principale du site du 14 au 17 mars.
Ces enregistrements ont été rendus publics très vite, et ils le sont toujours, par les autorités japonaises. Comment est-il possible que quiconque ait pu interprêter ces émissions massives - estimées à environ 10% de Tchernobyl par l'IRSN comme par d'autres instituts dans le monde - autrement que comme la conséquence directe de la destruction par fusion des combustibles nucléaires et des gaines qui, sinon, auraient confiné gaz et particules et empêché l'émission vers l'atmosphère ? Il y a là un insondable mystère.
En revanche, l’état des cuves et des enceintes de confinement est pire qu’estimé auparavant, essentiellement pour le réacteur N°1. Celles des trois réacteurs sont percées - soit par de trous créés par les corium avant qu’ils refroidissent, soit des fissures dans les soudûre et joints. C’est ce qui explique les fuites massives de l’eau injectée en permanence dans les cuves, qui en ressort non seulement par les les tuyauteries, mais également par ces trous ou fissures dont l’ampleur demeure inconnue. Du coup, il est impossible de savoir avec précision ce que sont devenus les coriums : est-ce qu’une partie a fuit des cuves et enceintes pour se déposer sur les radiers en béton situés dessous ? Mystère là aussi. En tous cas, la visite du bâtiment du réacteur N°1 aurait montré qu'il y a de l'eau sous l'enceinte du réacteur. Donc, si une partie du corium à percolé par des trous ou fissures ou défauts de joints, il est aujourd'hui dans l'eau.
Paradoxe : ces informations ne changent pas grand chose au «niveau de risque actuel» du site souligne Thierry Charles. Il s’agit en effet de phénomènes qui se sont produits il y a maintenant plus de deux mois. La chute du corium au fond des cuves a tout aussi paradoxalement contribué à son refroidissement : l’eau ne montait pas assez haut dans les cuves pour rejoindre la place normale du combustible, mais la chute du corium l’a plongé dans l’eau du fond... et il s'y est refroidi grace à son renouvellement permanent par les injections d’eau de mer, puis d’eau douce.
Ces circonstances expliquent pourquoi si l’accident a provoqué l’émission massive de gaz et de particules radioactives (tellures, iode et césium) à la mi-mars, il n’y a pas eu de sortie significative des matières nucléaires principales (uranium, plutonium, actinides mineurs) malgré le lessivage permanent des coriums par l’eau injectée.
Fukushima Dai-ichi est aujourd'hui un vaste chantier. La centrale nucléaire japonaise Ouvrier pulvérisant de la résine sur le sol l’est aux sens propre et figuré. Un «chantier», car le site a été dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, puis par un accident nucléaire maximal - fusion de trois coeurs de réacteurs, explosions d’hydrogène détruisant des structures en métal et béton - provoquant une émission massive de radioactivité entre le 14 et le 17 mars. Vaste chantier aussi, car depuis l’accident la lutte pour empêcher une nouvelle émission massive de matières radioactive a certes réussi, mais les ingénieurs, techniciens et ouvriers qui y interviennent sont engagés dans une action de longue durée pour en éliminer tout nouveau risque. (photo, pulvérisation de résine au sol pour fixer les particules radioactives).
En quoi consiste le chantier en cours ? D’abord à installer des dispositifs permettant de refroidir définitivement les coeurs par une circulation d’eau en boucle fermée, associée à des échangeurs de chaleur. Mais le plan initial, fondé sur la possibilité de remplir les cuves et les enceintes, est mis en échec par les fuites. Le nouveau plan consiste à «pomper l’eau qui sort des réacteurs, la faire passer par un dispositif de décontamination fourni par Areva, puis à la réinjecter dans les réacteurs», explique Thierry Charles.
Ce chantier suppose d’assembler des tuyaux et des pompes, de construire plusieurs échangeurs de chaleur, d’installer le dispositif de décontamination, de pomper les dizaines de milliers de tonnes d'eau contaminée des parties basses des bâtiments. Ce travail a commencé, et pourrait prendre deux mois environ. En parallèle, le site dévasté doit être traité afin d’autoriser des activités de plus en plus intenses : couverture des réacteurs, renforcement des structures supportant la piscines du réacteur 4, travaux d’ampleur encore inconnue pour extraire les combustibles usés des piscines...
Or, les limites de doses autorisées par le gouvernement - jusqu’à 250 millisieverts - sont réservées à une situation d’urgence. Il est probable que cette autorisation ne sera pas prolongée, alors que l'on compte déjà 30 travailleurs ayant subi une dose de plus de 100 millisieverts. Pour diminuer les doses subies par les équipes, il faut décontaminer le site, récupérer les débris les plus irradiés - la Tepco vient de mettre en service une sorte de bulldozer à la cabine plombée à cet effet - et les stocker dans un espace confiné.
L’horizon de ce chantier, c’est le démantèlement complet des réacteurs, le découpage des cuves et la récupération des corium. Cet horizon, Thierry Charles le situe dans... «20 ans». Un tel chantier dépasse sans doute les capacités de financement de la TEPCo, dont les ressources seront drastiquement amputées par la destruction du site et les avaries survenues sur d’autres centrales nucléaires.
En outre, il n'est pas impossible que la société japonaise décide de mettre fin à son usage du nucléaire pour ses besoins électriques comme vient de le proposer le parti d’opposition, le parti social-démocrate.
Par ailleurs, le gouvernement japonais vient de nommer une commission d'enquête indépendante, afin de tirer au clair toutes les circonstances de l'accident, dirigée par Yotaro Hatamura, Professeur émérite à l'Université de Tokyo. Elle doit rendre son rapport à la fin de l'année.
L'état des réacteurs de la centrale nucléaire dévastée de Fukushima dai-ichi soulève une étrange polémique au Japon.
Cette polémique provient d'une déclaration de l’opérateur japonais TEPCo selon lequel le coeur nucléaire - le combustible, un assemblage d’uranium, de plutonium et de produits de fission - est «fondu en grande partie», pour les trois réacteurs et probablement amassé sous la forme d’un corium - un amas fondu - au fond des cuves.
Cette affirmation proviendrait de «l’un de principaux éléments nouveaux, l’entrée des équipes dans les bâtiments des réacteurs», explique Thierry Charles, qui suit de près la situation pour l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les 5 mai (pour le réacteur N°1), 17 mai (pour le N°2) et 18 mai (pour le N°3), des équipes ont pu pénétrer pour la première fois depuis l’accident, dans les bâtiments des réacteurs. Ces visites, après celles de robots télécommandés, ont permis de moins mal connaître l’état des réacteurs.
Cette déclaration sur la fusion des coeurs est présentée comme contradictoire avec le discours tenu précédemment, sur le thème «c’est plus grave que ce que la Tepco disait». Thierry Charles est pour le moins dubitatif «pour moi, il n’y a rien de changé, nous avons dit dès le début que les combustibles avaient fondu». Cette fusion des coeurs avait d’ailleurs été qualifiée de «confirmée» dans cette note dès le 15 mars dernier. Et j'écrivais dans Libération le même jour : «La perte des systèmes de refroidissement durant de longues heures dans les trois réacteurs accidentés de Fukushima Daichi a provoqué une fusion partielle de leurs assemblages combustibles (d’abord les 1 et 3, puis le 2 hier).»
Il semble toutefois que les autorités japonais et l’opérateur TEPCo n’aient pas été francs avec la population japonaise et se soient contentés du terme «endommagés» pour qualifier l’état des combustibles nucléaires en évitant le terme plus précis et exact de «fusion». Si l'on se réfère au site web présentant les informations techniques données par la Tepco et diffusée par l'association des industriels nucléaires japonais, on peut lire que les coeurs des réacteurs sont déclarés "endommagés" dès la première mise en ligne d'information pour le 18 mars. Puis que le 7 avril, les pourcentages d'endommagement sont estimés à 70% pour le réacteur N°1, 30% et 25% pour les 2 et 3.
Ces pourcentages ne peuvent se référer qu'à la fusion de ces combustibles puisqu'ils sont calculés en fonction des émissions de gaz et particules radioactives provoqués par la destruction - et donc la fusion - du dit combustible et des gaines de métal où il se trouve. C'est d'autant plus évident que si l'on regarde le tableau du 23 mai, le terme utilisé est toujours le même : "damaged" pour qualifier l'état des coeurs, seule la précision sur le pourcentage de coeur fondu diffère avec un "mostly" pour le N°1 et "35% et "30%" pour les N°02 et N°3. Autrement dit, damaged a toujours signifié et signifie toujours "fondu". Par quel mystère sémantique le sens du mot aurait changé ?
Le plus étrange dans cette polémique japonaise est que l’émission massive de gaz et de particules Débits à la centrale radioactifs survenue entre le 14 et le 17 mars n’aurait pas pu se produire si les combustibles n’avaient pas fondu... Or l'existence de cette émission n’a pas été niée par la TEPCO puisque le document ci-contre, établi à partir des balises du site de Fukushima Dai-ichi, utilise les mesures de radioactivité de l'opérateur. On y lit sans aucune difficulté ces émissions massives, avec les pics enregistrés par la balise de la porte principale du site du 14 au 17 mars.
Ces enregistrements ont été rendus publics très vite, et ils le sont toujours, par les autorités japonaises. Comment est-il possible que quiconque ait pu interprêter ces émissions massives - estimées à environ 10% de Tchernobyl par l'IRSN comme par d'autres instituts dans le monde - autrement que comme la conséquence directe de la destruction par fusion des combustibles nucléaires et des gaines qui, sinon, auraient confiné gaz et particules et empêché l'émission vers l'atmosphère ? Il y a là un insondable mystère.
En revanche, l’état des cuves et des enceintes de confinement est pire qu’estimé auparavant, essentiellement pour le réacteur N°1. Celles des trois réacteurs sont percées - soit par de trous créés par les corium avant qu’ils refroidissent, soit des fissures dans les soudûre et joints. C’est ce qui explique les fuites massives de l’eau injectée en permanence dans les cuves, qui en ressort non seulement par les les tuyauteries, mais également par ces trous ou fissures dont l’ampleur demeure inconnue. Du coup, il est impossible de savoir avec précision ce que sont devenus les coriums : est-ce qu’une partie a fuit des cuves et enceintes pour se déposer sur les radiers en béton situés dessous ? Mystère là aussi. En tous cas, la visite du bâtiment du réacteur N°1 aurait montré qu'il y a de l'eau sous l'enceinte du réacteur. Donc, si une partie du corium à percolé par des trous ou fissures ou défauts de joints, il est aujourd'hui dans l'eau.
Paradoxe : ces informations ne changent pas grand chose au «niveau de risque actuel» du site souligne Thierry Charles. Il s’agit en effet de phénomènes qui se sont produits il y a maintenant plus de deux mois. La chute du corium au fond des cuves a tout aussi paradoxalement contribué à son refroidissement : l’eau ne montait pas assez haut dans les cuves pour rejoindre la place normale du combustible, mais la chute du corium l’a plongé dans l’eau du fond... et il s'y est refroidi grace à son renouvellement permanent par les injections d’eau de mer, puis d’eau douce.
Ces circonstances expliquent pourquoi si l’accident a provoqué l’émission massive de gaz et de particules radioactives (tellures, iode et césium) à la mi-mars, il n’y a pas eu de sortie significative des matières nucléaires principales (uranium, plutonium, actinides mineurs) malgré le lessivage permanent des coriums par l’eau injectée.
Fukushima Dai-ichi est aujourd'hui un vaste chantier. La centrale nucléaire japonaise Ouvrier pulvérisant de la résine sur le sol l’est aux sens propre et figuré. Un «chantier», car le site a été dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, puis par un accident nucléaire maximal - fusion de trois coeurs de réacteurs, explosions d’hydrogène détruisant des structures en métal et béton - provoquant une émission massive de radioactivité entre le 14 et le 17 mars. Vaste chantier aussi, car depuis l’accident la lutte pour empêcher une nouvelle émission massive de matières radioactive a certes réussi, mais les ingénieurs, techniciens et ouvriers qui y interviennent sont engagés dans une action de longue durée pour en éliminer tout nouveau risque. (photo, pulvérisation de résine au sol pour fixer les particules radioactives).
En quoi consiste le chantier en cours ? D’abord à installer des dispositifs permettant de refroidir définitivement les coeurs par une circulation d’eau en boucle fermée, associée à des échangeurs de chaleur. Mais le plan initial, fondé sur la possibilité de remplir les cuves et les enceintes, est mis en échec par les fuites. Le nouveau plan consiste à «pomper l’eau qui sort des réacteurs, la faire passer par un dispositif de décontamination fourni par Areva, puis à la réinjecter dans les réacteurs», explique Thierry Charles.
Ce chantier suppose d’assembler des tuyaux et des pompes, de construire plusieurs échangeurs de chaleur, d’installer le dispositif de décontamination, de pomper les dizaines de milliers de tonnes d'eau contaminée des parties basses des bâtiments. Ce travail a commencé, et pourrait prendre deux mois environ. En parallèle, le site dévasté doit être traité afin d’autoriser des activités de plus en plus intenses : couverture des réacteurs, renforcement des structures supportant la piscines du réacteur 4, travaux d’ampleur encore inconnue pour extraire les combustibles usés des piscines...
Or, les limites de doses autorisées par le gouvernement - jusqu’à 250 millisieverts - sont réservées à une situation d’urgence. Il est probable que cette autorisation ne sera pas prolongée, alors que l'on compte déjà 30 travailleurs ayant subi une dose de plus de 100 millisieverts. Pour diminuer les doses subies par les équipes, il faut décontaminer le site, récupérer les débris les plus irradiés - la Tepco vient de mettre en service une sorte de bulldozer à la cabine plombée à cet effet - et les stocker dans un espace confiné.
L’horizon de ce chantier, c’est le démantèlement complet des réacteurs, le découpage des cuves et la récupération des corium. Cet horizon, Thierry Charles le situe dans... «20 ans». Un tel chantier dépasse sans doute les capacités de financement de la TEPCo, dont les ressources seront drastiquement amputées par la destruction du site et les avaries survenues sur d’autres centrales nucléaires.
En outre, il n'est pas impossible que la société japonaise décide de mettre fin à son usage du nucléaire pour ses besoins électriques comme vient de le proposer le parti d’opposition, le parti social-démocrate.
Par ailleurs, le gouvernement japonais vient de nommer une commission d'enquête indépendante, afin de tirer au clair toutes les circonstances de l'accident, dirigée par Yotaro Hatamura, Professeur émérite à l'Université de Tokyo. Elle doit rendre son rapport à la fin de l'année.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L'énergie nucléaire
La carte des mesures de radiation de la catastrophe de Fukushima
http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=en&t=h&msa=0&msid=216097317933419817421.00049f79dd8efb50bf317&ll=37.60988%2C140.932617&spn=0.761528%2C1.760559&z=9&source=embed
http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=en&t=h&msa=0&msid=216097317933419817421.00049f79dd8efb50bf317&ll=37.60988%2C140.932617&spn=0.761528%2C1.760559&z=9&source=embed
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
Re: L'énergie nucléaire
Rhétorique et réalité
Les neuf lieux communs du partisan du nucléaire Par Frank Schirrmacher, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 28 mars 2011
Des décennies de débat sur le nucléaire ont perverti la langue. Les phrases que nous entendons pendant le moratoire [de fonctionnement des centrales nucléaires en Allemagne, décidé après les accidents de Fukushima] sont des manœuvres de diversion. Elles formulent des thèses qui n’en sont pas et sont des insultes à l’intelligence. Voici une analyse des éléments de langage les plus importants.
1. Les centrales atomiques allemandes sont les plus sûres du monde.
Cela ressemble à une affirmation technique, mais ce n’est en vérité qu’une comparaison morale. Elle dit seulement que, par comparaison avec ce que font les autres, ce que nous faisons est le meilleur. Elle ne compare rien de technique. Le message devrait donc être : même dans le pire des cas, notre uranium ne rayonne que quelques heures et non des centaines d’années. Naturellement, c’est absurde. Cette comparaison est un leurre : elle n’a rien à voir avec ce qui se passerait dans le pire des cas, mais seulement avec ce que les hommes peuvent prévoir dans le meilleur des cas.
Par définition, l’accident atomique majeur, le pire des cas, est caractérisé par le fait qu’il ne peut se comparer qu’à lui-même. Comme on ne peut pas exclure le risque résiduel, la formule simple pour un moratoire est : même les centrales atomiques les plus sûres du monde ne sont pas sûres ; ou bien : même les centrales atomiques les plus sûres ne sont sûres que dans la mesure où elles sont sûres.
2. La sécurité absolue n’existe pas
Une inversion classique, une tromperie. Car le fait est justement qu’ une certitude absolue existe : nous savons en fait exactement ce qui arrive quand le cœur nucléaire entre en fusion, combien de temps dure la radioactivité, quels sont les effets du césium et de l’iode sur les gens et l’environnement, combien de générations futures auront à en souffrir dans le pire des cas. C’est la certitude absolue d’un processus physique qu’on peut mettre en rapport avec l’insécurité relative des centrales, reconnue par les opérateurs eux-mêmes.
3. Le risque fait partie de la vie
Cette phrase est une tautologie. La vie est toujours un risque. Si les risques font effectivement partie de la vie, la vie procède de l’évaluation des risques. La perfidie de la phrase tient dans ce qu’elle insinue qu’il faut rappeler aux gens l’existence de risques. En vérité, la vie toute entière n’est qu’une gestion des risques, qui commence le matin quand on ouvre la porte de sa maison, mais ne finit pas le soir quand on regarde le journal télévisé. Les hommes du vingt-et-unième siècle vivent dans une évaluation permanente des risques, non pas parce qu’ils sont des fanatiques du risque, mais parce que le risque est devenu la norme. C’est ainsi, par exemple, que personne ne traverse une rue passante sans avoir regardé à droite et à gauche. Pourtant les gens traversent les rues, mais pas les autoroutes en général.
De même, courir un risque signifie toujours calculer ses chances. Gerd Gigerenzer a défini dans un autre contexte l’heuristique appliquée par les gens pour évaluer de tels risques : « éviter les situations dans lesquelles de nombreuses personnes perdent la vie à un moment donné. » La phrase « le risque fait partie de la vie » signifie en fait, dans le cas de l’accident atomique majeur : tu dois envisager que toi, ta famille et des descendants éventuels serez un jour écrasés d’un coup. Cela n’a plus rien à voir avec le risque, mais avec le destin, auquel il ne nous reste qu’à nous abandonner. De ce point de vue, la chance de l’énergie atomique ne tient pas à une énergie moins chère, mais à la chance que l’accident maximal ne s’est pas encore produit jusqu’ici. C’est peu de chance, en regard du risque.
Hartmut Gründler, malheureusement oublié aujourd’hui, dénonçait il y a des décennies, dans le magazine littéraire des Éditions Rowohlt, Die Sprache des großen Bruders (La langue de Big Brother), la manipulation par le langage dans l’ère atomique. Il proposait déjà à l’époque de remplacer la tournure euphémique « Chances et risques de l’énergie nucléaire » par la tournure appropriée : « Chances et dégâts par l’énergie nucléaire ».
4. Un cas comme celui de Fukushima ne pourrait pas se produire en Allemagne
Le tour de passe-passe consiste à comparer des choses que personne ne compare l’une à l’autre et à laisser de côté les choses comparables. Naturellement, un cas pareil à celui de Fukushima ne pourrait pas se produire en Allemagne. Mais ce n’est vrai que pour les faits déclencheurs. La nature même de l’accident atomique majeur comporte son caractère invraisemblable. Il ne peut être comparé qu’avec lui-même. D’autres risques potentiels s’ajoutent dans d’autres pays, c’est pourquoi personne ne plaide pour des digues anti-tsunami [en Allemagne].
Mais il ne s’agit pas de cela. Bien sûr, un cas comme celui de Fukushima pourrait se produire, comme chacun le ressent. Il faut faire la distinction entre la survenue de l’accident atomique majeur, qui peut se produire partout, et l’incapacité des hommes à en venir à bout. L’un est l’exception, alors que l’autre, comme nous le voyons pour la troisième fois [après Harrisburg en 1979 et Tchernobyl en 1986], est la règle. Fukushima montre que les hommes ne peuvent pas interrompre les processus atomiques qu’ils ont déclenchés lors d’un accident majeur. Or, c’est une compréhension de nature normative : ce que nous voyons à Fukushima peut se produire partout dans le monde.
5. Même si nous [en Allemagne] sortons du nucléaire, nous restons entourés de centrales atomiques
C’est peut-être l’argument le plus minable, car il dénote le suicide de la politique. On peut transférer l’argumentation à titre expérimental à la prolifération des armes atomiques ou au traité de non-profilération nucléaire. Même si nous n’avons pas d’arme atomique, les autres en auront. Dans le passé, ce n’était pas une raison de s’en procurer mais au contraire d’empêcher d’autres d’en fabriquer.
6. Le courant ne sort pas de la prise
Cette affirmation appartient, comme celle du point 2, aux arguments d’infantilisation qui présentent les critiques comme des naïfs, des utopistes ou des nantis. Variante de la phrase : « les légumes ne poussent pas chez Aldi, mais dans les champs ». Les opposants à l’énergie atomique parlent de l’ensemencement, du fumage et des conditions de formation des légumes. Ils veulent décider de la culture.
7. La chance / le risque d’arriver à un accident atomique majeur est extrêmement invraisemblable
La chance d’avoir six numéros et le complémentaire au loto est de 1 sur 139 millions. Pourtant il tombe à intervalles réguliers. Évidemment, c’est lié au grand nombre de joueurs. De même la chance d’un accident majeur devient d’autant plus vraisemblable qu’il y a davantage de centrales atomiques. Malgré la probabilité infinitésimale de gagner au loto, les chances sont réelles de devoir partager le jackpot. La probabilité est absolument certaine de faire partager par tous et leurs descendants les conséquences de l’accident majeur. Nous ne parions pas qu’il ne se produira pas, mais seulement qu’il ne se produit pas maintenant. Il se produira pour un nombre assez élevé de parieurs.
8. Fukushima n’a absolument rien changé pour nous
Toute une civilisation technique, des semaines après l’événement, ne sait ni ce qui s’est réellement passé, ni ce qu’elle peut faire. C’est une nouveauté historique. Que nous n’ayons pas été atteints physiquement ne change rien à la généralisation [de cette leçon] à l’ensemble de la culture technico-scientifique. Jochen Hörich l’explique depuis des années avec l’exemple de Tchernobyl : l’explosion étonne l’expert, mais pas l’étudiant qui distribue des tracts devant le restaurant universitaire. Il s’y est attendu. Fukushima a changé quelque chose pour nous, parce qu’il est arrivé ce qu’aucun expert n’a prévu, mais que tout le monde a envisagé.
9. Prophètes de malheur! L’humanité a survécu à bien d’autres choses, elle survivra à ça aussi
Le gouvernement américain a instauré il y a des années une commission qui devait réfléchir à la façon de munir d’avertissements les décharges de déchets atomiques ultimes. Le problème est que le danger mortel persistera des millions d’années. Les hommes sauront-ils encore au moins lire ? Comprendront-ils nos signes ? Que signifiera une tête de mort ? Faut-il construire des pyramides ? La commission, composée d’anthropologues, d’ethnologues et d’écrivains a échoué en fait. Conclusion : que nous survivions à quelque chose ne signifie pas que nos enfants y survivront.
Il n’existe aucune technologie, autre que l’atomique, avec laquelle nous pouvons nous projeter aussi loin dans l’avenir. Les décharges ultimes du temps de la naissance du Christ, s’il y en avait déjà eu, n’auraient perdu aujourd’hui qu’une petite fraction de leur dangerosité. Peut-être ce danger se serait-il confirmé au dix-neuvième siècle qui a remué le sol comme aucun autre… Goethe en tant que directeur des mines [à Ilmenau en Thuringe] aurait apprécié. Nous n’aurions alors pas à nous poser la question de la survie, puisque nous n’existerions pas, au moins sans déformation.
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Soyons plus pragmatique, cad plus marxiste : la Merkel a fait un choix, le choix que tous les gouvernants devraient faire, le seul choix possible, le seul choix raisonnable : la sortie du nucléaire.
BV72 ki/ Ne soyons pas chichiteux, on ne fait pas la fine bouche lorsqu'enfin une de nos revendications aboutit !
BV72 ki/ Ne soyons pas chichiteux, on ne fait pas la fine bouche lorsqu'enfin une de nos revendications aboutit !
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: L'énergie nucléaire
Déjà l'Allemagne et la Suisse, sans compter ceux qui y ont renoncé depuis longtemps.
Excellent article à propos
L’actualité des crises : MÊME MOTIF, MÊME PUNITION, par François Leclerc
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24960
Excellent article à propos
L’actualité des crises : MÊME MOTIF, MÊME PUNITION, par François Leclerc
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24960
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Roseau a écrit:Déjà l'Allemagne et la Suisse, sans compter ceux qui y ont renoncé depuis longtemps.
Et la Chine ? et la grande Bretagne ? Et les USA ? Et la Russie ? Et les pays de l'est europeen ?
Et le programme d'achat d'électricité nucleaire par l'Allemagne ?
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
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