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Réforme des retraites

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Réforme des retraites - Page 27 Empty Re: Réforme des retraites

Message  verié2 Ven 5 Nov - 10:29

Gérard Menussa
Au dela des différences, des histoires différentes, il existe pourtant un "répertoire d'action" convergent. Et ce "répertoire d'action" (notion développée par Charles Tilly, et expliquée dans ce lien http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article19010 ) est en soi l'objet de l'article..

Je veux bien qu'il y ait "un répertoire d'actions" - ou plutôt des formes et méthodes d'actions. Mais comparer l'usage de ces méthodes dans des pays aussi différents, sans tenir compte des catégories sociales qui les mènent, pourquoi, dans quels contextes politiques, historiques et sociaux, ça n'a guère de sens. Ca ne nous aide pas du tout à avancer

Ca me fait un peu penser aux Maos qui préconisaient l'encerclement des villes par les campagnes et aux guérilleristes qui préconisaient de s'inspirer de Che Guevara en Europe...

De plus, ces formes d'action - les barrages - ne sont pas vraiment nouvelles. C'est un peu comme les syndicalistes qui réinventent périodiquement les grèves tournantes - jadis décriées par l'extrême-gauche, mais que certains baptisent aujourd'hui du terme pompeux de "guerilla sociale"...

verié2

Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010

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Réforme des retraites - Page 27 Empty Les longs discours et les petites journees!

Message  justib Ven 5 Nov - 11:42

nico37 a écrit:CGT PSA Poissy pour le 6/12 (.pdf)

automne 2010 : anatomie d'un grand mouvement social

Chercheurs en sciences politiques, Sophie Beroud et Karel Yon analysent à chaud, dans cet entretien, le grand mouvement social de l' automne 2010. Ils décrivent les principales caractéristiques de ces mobilisations, la manière dont elles s'articulent à un processus de transformation du champ syndical et pointent les questions stratégiques mises à l'ordre du jour par ces semaines de luttes.

ContreTemps - Le mouvement contre la réforme des retraites lancé au printemps dernier s'inscrit une lignée de grands conflit sociaux...

La puissance du conflit, son contenu politique et la dramaturgie même de cette opposition massive de la rue au pouvoir contribuent à inscrire ce mouvement comme un moment aigu des luttes de classes en France.

Il s’inscrit d’abord, bien évidemment, dans la filiation directe des mouvements de 1995 et 2003, qui avaient vu des centaines de milliers de salariés descendre dans la rue et certains secteurs se mettre en grève sur le même thème : l’opposition à la réforme des retraites, celle des régimes spéciaux en 1995, celle du régime général en 2003. La question des retraites produit toujours de grands conflits sociaux. Il s’agit, en effet, d’un élément qui a joué un rôle central tant dans la stabilisation de la condition salariale que dans l’ancrage, via leur participation à la gestion des institutions du salariat, du pouvoir des organisations syndicales.

Par sa durée, par l’ampleur des manifestations, par le blocage quasi total de certains secteurs d’activité, le mouvement présente, en outre, des traits comparables à d’autres grandes séquences de conflictualité sociale. Il s’inscrit dans la lignée des conflits sociaux de l’automne 1995, mais aussi de l’hiver 1986 en raison de sa dynamique d’élargissement progressif et du soutien qu’il a reçu dans la population. La mobilisation s’est étendue des salariés vers une partie de la jeunesse, avec les lycéens et dans une bien moindre mesure les étudiants. En 1986 et 1995, la dynamique était cependant inverse : les mobilisations de la jeunesse scolarisée avaient préfiguré celles des salariés. Au printemps 2006 également, c’est la crainte d’une entrée massive des salariés dans un conflit centré sur le monde éducatif qui avait conduit le Président de la République à céder sur le CPE. Le rôle moteur joué par le front uni des organisations syndicales rappelle bien sûr cette mobilisation contre le CPE de 2006, mais aussi celle de 2009 contre la crise.

Enfin, et là le lien est direct avec la séquence antérieure du printemps 2009, le mouvement s’est certes construit sur la contestation de la réforme des retraites, mais il a été en même temps irrigué par un rejet beaucoup plus large de la politique sarkozienne. De ce point de vue, le contenu politique de la mobilisation actuelle est nettement plus explicite, plus tangible que par exemple en 2003, alors même que Jacques Chirac venait d’être élu, par défaut, face à Jean-Marie Le Pen. La dimension de crise politique est indéniablement plus forte, ce qui explique les références marquées à Mai-juin 68. Elle résulte d’une délégitimation importante du pouvoir politique, qui a été particulièrement mise en lumière par deux événements : l’affaire Woerth-Bettencourt, et la construction d’un « problème Rom » par le gouvernement, ce second événement ayant été assez largement interprété comme une scandaleuse diversion destinée à faire oublier le premier. Plus profondément, il faut noter que ce mouvement s’inscrit après la séquence du printemps 2009, marquée par d’importantes mobilisations contre la crise. La combinaison de ces éléments engendre un profond sentiment d’injustice. L’image d’un pouvoir qui gouverne pour les milieux d’affaires, qui invite toujours les mêmes à faire des sacrifices s’est imposée. Les contradictions résumées dans la personnalité de Sarkozy, qui se voulait tout à la fois héraut du pouvoir d’achat et président « bling-bling » – le « président des riches », comme disent les Pinçon – ont éclaté à l’occasion de ce conflit.

CTPS - Cette mobilisation semble, en effet, se distinguer fortement des mobilisations précédentes. D'abord, peut-être, par la durabilité de l'intersyndicale. Comment analysez-vous la tactique syndicale : la situation actuelle en est-elle la conséquence logique vu l'attitude du pouvoir ou, s'agit-il plutôt de la poursuite d'un processus ouvert dont l'évolution a largement pris de court les directions syndicales ? Dans quelle mesure, en particulier dans le cas de la CGT, est-il important d'avoir à l'esprit les contradictions internes à l'organisation pour comprendre l'attitude de la direction dans le mouvement ? Quelles sont les difficultés face auxquelles se trouve aujourd'hui cette structure intersyndicale et quel rôle peut-elle encore jouer ?

On a vu émerger cette intersyndicale à l’occasion du mouvement contre le Contrat première embauche, mais ce sont surtout les manifestations contre la crise qui lui ont donné sa légitimité. C’est une nouveauté dans le paysage syndical français, marqué par les rivalités organisationnelles, que de voir se pérenniser une structure qui reconnaisse le pluralisme du mouvement syndical – y compris jusqu’à ses composantes habituellement maintenues à l’écart – tout en essayant de fabriquer une cohérence.

On peut même noter que le mouvement n’a pas été marqué, jusqu'au vote de la loi en tous cas, par un décrochage entre les équipes syndicales à la base et les directions fédérales ou confédérales. Cela avait été le cas en 2009, où de vifs débats avaient notamment traversé la CGT et Solidaires au sujet d’un cadre intersyndical accusé d’avoir épuisé le mouvement faute de stratégie alternative aux journées d’action « saute-mouton ». Cette année, la construction progressive du mouvement et le succès qu’il n’a cessé de rencontrer, sur le plan de la participation, n’ont pas placé des équipes militantes en position d’affrontement avec leur propre organisation. Nous sommes donc très loin d’une configuration comme celle de 1986 où les coordinations apparaissaient comme l’outil indispensable aux militants pour maîtriser leurs luttes.

Le fait que le cadre de l’intersyndicale ne soit que peu contesté ne veut pas dire qu’il ne fasse pas l’objet de critiques. Les journées d’action ont pu paraître trop espacées au début, l’appel à la grève reconductible dans tous les secteurs n’a jamais été formulé et le fait de revendiquer l’ouverture de négociations, soit une autre réforme, a empêché l’accord sur le mot d’ordre clair du retrait du projet de loi. Mais la dynamique créée par l’intersyndicale et le fait que rien n’est venu s’y substituer a renforcé le rôle central des syndicats. Il aurait pu y avoir un mouvement citoyen à partir des comités unitaires comme sur le TCE par exemple. Or, les comités unitaires pour la retraite à 60 ans, qui ont initialement contribué à labourer le terrain idéologique, ont vite été éclipsés par la mobilisation syndicale et n’ont pas réussi à se développer en lien avec celle-ci. L’acceptation du pluralisme des options syndicales, et le choix fait par Solidaires et FO d’un côté, la CGC et l’UNSA de l’autre, d’assumer publiquement leurs désaccords à diverses occasions, a permis à l’intersyndicale de se présenter comme un cadre démocratique. Il ne s’agit pas d’un état-major syndical qui s’impose en écartant les opinions dissidentes, mais d’un cadre de coordination dont la diversité interne entre en résonance avec la pluralité des options auxquelles les salariés sont confrontés localement. De la sorte, l’intersyndicale s’est présentée comme un cadre souple qui n’empêchait pas d’autres formes d’action, plus radicales, dès lors qu’elles étaient décidées localement. Mais la logique même du cadre l’empêchait d’être la caisse de résonance de ces stratégies. On l’a vu dans l’attitude de l’intersyndicale, face à la dynamique de radicalisation – ancrage de la grève dans certains secteurs, actions de blocage et affrontements en marges des manifestations lycéennes. Si le communiqué du 21 octobre évoque la responsabilité du mouvement syndical, le soutien de l’opinion publique et « le respect des biens et des personnes », aucun soutien explicite n’est donné aux mouvements de grève en cours, comme si ces derniers n’avaient pas droit de cité dans ce cadre.

La ligne est donc ténue et maintenant que nous entrons dans une phase perçue comme étant celle de la décrue du mouvement, on voit bien qu’on pourrait rapidement connaître une dynamique de dissensions quant à la suite des actions à entreprendre. Le lien entre les équipes syndicales et les salariés mobilisés localement avec les porte-parole syndicaux nationaux est strictement représentatif. Le contrôle sur les orientations nationales est renvoyé aux mécanismes démocratiques internes à chaque organisation. Les responsables de la CGT ont ainsi investi beaucoup de temps dans la fabrication de « choix partagés » au sein de la confédération, à travers des réunions des fédérations notamment, mais aussi des unions territoriales, tout au long du mouvement.

Ce qui est donc clair, c’est que les formes prises par les dernières mobilisations ont remis les organisations syndicales au centre du jeu, et que le cadre de l’intersyndicale a beaucoup contribué à cela. Deux faits majeurs expliquent ce phénomène de l’intersyndicale : la réforme de la représentativité syndicale qui se déploie depuis 2008 et la réorientation stratégique de la CGT, entamée dans les années 1990.

En faisant de la représentativité syndicale un droit ascendant et évolutif, qui se conquiert à partir des résultats recueillis dans les élections d’entreprise, la réforme de 2008 a rendue obsolète la frontière qui opposait les cinq confédérations bénéficiant d’une représentativité « irréfragable » – CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC – aux autres organisations – UNSA, Solidaires, FSU. On saura en 2013 quelles organisations sont représentatives au plan national interprofessionnel. En attendant, il n’y a plus d’enjeu à plus ou moins fermer ou ouvrir le jeu. Cet aplanissement des conditions de la concurrence syndicale se manifeste déjà dans l’accès de Solidaires aux subventions prud’homales ou à certaines instances du « dialogue social » comme les conseils économiques, sociaux et environnementaux national et régionaux. Le mort saisissait le vif en 2009, et c’est au regard de rationalités antérieures qu’il devenait possible d’intégrer les organisations syndicales « non-représentatives » à l’intersyndicale. Ces dernières - la FSU, Solidaires, l’Unsa - étaient elles-mêmes soucieuses de ne pas se couper du cadre unitaire. En 2010, on assiste à une reconfiguration : le champ ne se partage plus entre organisations représentatives et non-représentatives, mais entre dominants et dominés dans le jeu syndical. Le changement de logique de représentativité est intégré et les organisations syndicales dominées s’accordent plus de liberté, celle-ci pouvant devenir une position distinctive. On le voit bien en particulier avec FO, dont la position est déstabilisée par la réforme – qui met fin à l’image des « trois grandes confédérations » – mais qui a les moyens de tenir une position autonome. Solidaires a de même pu s’autoriser une plus grande liberté en décidant de signer au coup par coup les déclarations de l’intersyndicale.

Mais pour que l’intersyndicale existe, il fallait aussi que les organisations syndicales dominantes dans le champ en décident ainsi. La CFDT, après l’épisode traumatique de 2003, avait tout intérêt à éviter le cavalier seul. Mais c’est indéniablement la CGT qui porte avec le plus de volontarisme ce cadre unitaire. Elle l’inscrit en effet dans la perspective stratégique de ce que ses dirigeants appellent le « syndicalisme rassemblé » depuis maintenant la fin des années 1990. C’est le choix d’un cadre unitaire sans exclusive, mais dont l’axe privilégié repose sur la relation avec sa principale rivale, la CFDT. Cette stratégie semble ici porter ses fruits, avec une fragilité intrinsèque liée évidemment au positionnement de la CFDT. Quelque part, le pari fait par la direction de la CGT semble donc gagné : celui d’adopter une posture ouverte, d’appel à la négociation, pour faire porter la responsabilité de la radicalisation du mouvement au gouvernement et « gagner l’opinion publique » ; celui de laisser les salariés « acteurs » décider de leurs façons d’entrer dans le mouvement et de leurs modes d’action ; celui de miser sur une intersyndicale incluant des organisations comme la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Ce pari semble aussi bien engagé du côté de la démarche de syndicalisation : les équipes CGT réalisent actuellement, dans différents secteurs du privé, un gros travail de distribution de tracts et de prise de contacts avec les salariés dans des entreprises sans présence syndicale. Les résultats concrets de ce travail de sensibilisation se voient bien d’ailleurs dans la participation aux manifestations, avec un renouvellement permanent des cortèges (du point de vue des entreprises, mais aussi des manifestants isolés, plus jeunes, du nombre de femmes qui suivent les banderoles CGT). De même, les cortèges Solidaires, notamment à Paris, sont impressionnants pour ce qu’ils disent de cette capacité à attirer des sympathisants, des salariés pas nécessairement organisés. Quelque chose est bien en train de se jouer, sans qu’on puisse être certain pour autant que cela débouche vraiment sur de la syndicalisation et la création de nouvelles bases syndicales durables.

Si la force du mouvement conforte la direction de la CGT dans ses choix – et la conforte sans doute auprès d’une large partie de ses adhérents –, elle n’enlève rien à l’ambiguïté de ces derniers. L’idée que c’est aux salariés de décider par eux-mêmes, par respect des pratiques démocratiques – dimension qui est effectivement très importante – masque aussi une forme de retrait syndical : on ne veut pas que ce soient les équipes les plus militantes, celles prêtes à entrer en grève reconductible, à bloquer l’appareil de production qui portent le mouvement afin de mieux élargir celui-ci, de toucher d’autres salariés. Le point de vue s’entend, mais il n’empêche que cela n’annule pas la question de la construction d’un rapport de force réel. On peut légitimement s’interroger sur ce qu’aurait été le mouvement sans le blocage des raffineries ! L’idée de parler en priorité à l’opinion publique, dans un rapport le plus souvent acritique à cette notion et aux instruments de sondage, constitue une étrange intériorisation de la faiblesse structurelle du syndicalisme français. L’opinion publique est saisie comme un tout flottant et cela conduit à évincer un discours qui prendrait appui sur une analyse en termes de classes sociales. Il s’agit d’appréhender comme une finalité décisive l’image du syndicalisme auprès de la population, cette bonne image – le syndicat comme un interlocuteur social légitime, responsable – étant posée comme une condition pour gagner des adhérents. Mais à l’opposé, ce discours conduit à fuir toute projection trop politique où il s’agirait de dire le « nous » mobilisé, à représenter le salariat dressé contre la politique menée en faveur des classes dominantes.

Au regard de ces deux points, il ne semble pas que les directions syndicales « aient été prises de court ». Le cadre intersyndical ne leur est pas imposé par la base, c’est bien elles qui l’ont créé et qui se l’imposent comme une condition sine qua non de la réussite de toute mobilisation. En revanche, la participation massive des salariés – c’est-à-dire aussi l’ampleur de la contestation du gouvernement actuel et de la politique menée par N. Sarkozy – a servi cette intersyndicale en lui permettant de dépasser ses tensions internes, sa faiblesse structurelle liée aux profondes divergences existant au sein de l’arc syndical, de Solidaires à la CFE-CGC. Savoir s’il était possible de faire autre chose de ce potentiel exceptionnel de contestation renvoie à un débat important, mais ce débat n’a pas réellement pris en raison de la mobilisation.

CTPS -Un autre fait marquant est que, contrairement aux grandes mobilisations des deux dernières décennies, la locomotive du mouvement ne vienne cette fois-ci ni de l'enseignement, ni des transports – bien que les grèves aient été dans ces deux secteurs importantes- mais du secteur privé avec les salariés des raffineries. Comment expliquer cela ? Plus largement, comment analysez-vous, au niveau sectoriel, la diversité des dynamiques de la mobilisation en cours et, l'articulation entre luttes de salariés et luttes de la jeunesse ?

En raison de la présence plus relative, dans les grèves, des salariés du public qui ont pourtant été les principaux moteurs des luttes interprofessionnelles depuis 1995 (SNCF et éducation nationale, mais aussi La Poste, EDF-GDF…), ce mouvement a plutôt pris la configuration de manifestations massives avec une forte présence de salariés du public mais aussi de salariés de multiples entreprises du privé, combinées à des mouvements de grèves – parfois minoritaires – dans différents secteurs : les cantines scolaires, le transport routier, les convoyeurs de fond, le ramassage des ordures, et bien sûr les raffineries…

Il faut à la fois penser les conditions qui ont pu entraver la mobilisation des secteurs habituellement les plus mobilisés, et celles qui ont favorisé l’émergence de nouveaux fronts de mobilisation. Du côté des obstacles à la mobilisations des cheminots ou des enseignants, on les trouve facilement : dans l’échec de leurs mobilisations précédentes ! Depuis 2003, ces deux secteurs ont été le fer de lance de nombreuses luttes qui ont globalement débouché sur des échecs. Cette situation explique à la fois la difficulté à mobiliser largement les salariés de ces secteurs et la persistance d’une contestation menée par une minorité radicalisée : la faiblesse des taux de grévistes et leur persistance dans le temps. Plus largement, il ne faut pas oublier que l’impact économique et symbolique d’un arrêt des transports urbains et ferroviaires a été considérablement amoindri avec la loi du 21 août 2007 sur le service minimum. Si les militants syndicaux parviennent à contourner, via des grèves tournantes notamment, les nouvelles contraintes liées à l’obligation de continuité du service public, ce dispositif, avec l’obligation individuelle de se déclarer en grève 48h à l’avance, n’en a pas moins les effets attendus en termes d’obstacles supplémentaires à l’action collective.

Ça aura été de ce point de vue une surprise de voir les salariés des raffineries – et, dans une moindre mesure, les transporteurs routiers – prendre le relais des cheminots et des chauffeurs de bus. Si la pointe de la mobilisation était cette année, fait rare, dans le secteur privé, il s’agit cependant d’un secteur que les conditions et la rémunération du travail rapprochent des entreprises publiques. En outre, le rôle joué par les raffineries est très certainement à rechercher du côté des dynamiques propres à ce secteur où plane la menace d’une désindustrialisation de plus, avec la délocalisation du raffinage au plus près des activités d’extraction pétrolière. La lutte pour le maintien de la raffinerie Total de Dunkerque, au cours du premier semestre 2010, a constitué une répétition permettant aux salariés de faire l’expérience de l’efficacité de certains registres d’action. Il faut sans doute également prendre en compte les problématiques internes à la CGT, sa fédération des industries chimiques étant parmi les critiques de la ligne du « syndicalisme rassemblé ».

De même, on doit noter l’ancrage territorial des mobilisations, comme l’illustre la force et l’étendue du mouvement à Marseille et dans les Bouches du Rhône. Le fait qu’il y ait des grèves reconductibles lancées début octobre dans les Monoprix ne peut pas se comprendre sans faire référence à une participation beaucoup plus importante et régulière de salariés du secteur privé à Marseille lors des mobilisations de 2003, 2006 ou 2009. La configuration marseillaise renvoie à la fois à la situation de l’emploi, à l’histoire sociale locale et au travail militant réalisé depuis des années du côté des chômeurs et des précaires.

Dans le commentaire d’un article que nous avions précédemment publié sur contretemps, à propos des mobilisations du printemps 2009 contre la crise, un internaute évoquait une hypothèse. Les mobilisations contre la crise auraient constitué un tournant dans les formes de mobilisation. On passerait de mouvements tirés par des secteurs en lutte, souvent du secteur public, à des formes de mobilisation plus hétérogènes, davantage structurées sur un plan territorial, impliquant davantage d’entreprises du secteur privé… interdisant dans tous les cas de penser les dynamiques de mobilisation comme la résultante de l’action d’un secteur professionnel se plaçant en avant-garde. Cette réflexion est pertinente dans le cadre d’une pensée stratégique orientée par l’objectif d’un « Tous Ensemble ». Elle renvoie à un équilibre qui évolue entre secteurs public et privé : la puissance du public est entamée, de nouvelles forces émergent dans le privé, parfois issues du public, et la précarité se diffuse partout. Elle tient au renouvellement du salariat et aux politiques managériales qui entament les cultures professionnelles et militantes, qui étaient souvent imbriquées… Cette réflexion invite ainsi à repenser les dynamiques de mobilisation, et en particulier à dépasser l’opposition entre partisans de la grève générale et partisans des manifestations le samedi pour réfléchir à l’articulation de ces formes d’action, en essayant de retourner l’obstacle que constitue l’hétérogénéité croissante du salariat en un atout (voir ce qu’écrit à ce sujet Philippe Corcuff dans Mediapart). La réalité du mouvement syndical aujourd’hui est cependant marquée par l’absence d’une telle pensée stratégique. Si l’on peut rationnellement considérer que seule une dynamique de généralisation du mouvement, de blocage effectif de l’économie permettrait de faire plier le gouvernement, une grande majorité des syndicalistes partent aujourd’hui du principe, soit qu’une telle dynamique est impossible, soit qu’elle n’est pas souhaitable.

CTPS -Ce mouvement fait apparaître à nouveau un phénomène souvent considéré comme paradoxal : d'un côté, la mobilisation est extrêmement forte si l'on considère la participation aux manifestations et la popularité dont la crédite les sondages, y compris dans son durcissement ; d'un autre côté, les grèves reconductibles, n'ont pas véritablement pris. Ce type de phénomène avait déjà été évoqué en 1995 avec l'idée de « grève par procuration », cette logique est explicite lorsque les salariés des raffineries en lutte déclarent : «On bloque pour ceux qui ne peuvent pas faire grève» . Cette fois, cependant, la multiplication des actions de blocage ( routes, flux de combustibles, déchetteries..) mises en oeuvre par des collectifs interprofessionnels semble esquisser un nouveau modèle : on fait la grève si l'on peut, on s'arrange pour participer aux manifestations mais l'inscription dans la mobilisation implique aussi une recherche d'effets économiques concrets.. Une telle dynamique n'est pas sans rappeler le rôle crucial des barrages routiers dans les lutte des piqueteros en Argentine en 2002-2003 ou, plus encore dans le cycle de mobilisations qui dans la première moitié des années 2000 a précédé l'accession au pouvoir du MAS d'Evo Morales en Bolivie.. En bref, la dégradation de la position de nombre de salariés sur leur lieu de travail aurait donc bien pour effet de rendre extrêmement difficile une généralisation des grèves mais, par contre, elle pourrait laisser la place à une plus grande diversité d'expression de la conflictualité qui n'exclue pas des processus de radicalisation. Que pensez-vous d'une telle lecture ? Et si on la suit, dans quelle mesure peut-on considérer que cette mobilisation marquerait l'entrée, pour la France, dans un nouveau modèle de grand conflit social ?

Le printemps 2003 avait été marqué par des tentatives, portées par les enseignants, de porter leur lutte auprès des salariés du privé. Le CPE, en 2006, avait marqué plus nettement cette volonté de jonction entre le monde éducatif entendu au sens large et le « monde salarial» (bien entendu, l’éducation est aussi un monde du travail !), à travers l’organisation d’assemblée générales interprofessionnelles, mais aussi à travers beaucoup d’actions coup de poing, tout à la fois censées frapper l’opinion et entraver le fonctionnement normal de l’économie. On retrouve ces formes aujourd’hui, et ce qui est peut-être intéressant c’est de voir que la logique des actions coup de poing, des blocages, qui était initialement surtout portée par les franges les plus radicales, est aujourd’hui largement reprise au sein des organisations syndicales elles-mêmes. La diffusion de ces pratiques, parce qu’elle engage des acteurs divers, participe de la recomposition d’une identité collective dont les « grèves par procuration » constituent un autre symptôme. Ce phénomène a été particulièrement visible pendant le mouvement, avec une multitude de soutiens spontanés en faveur des grévistes, la multiplication des caisses de grève et des actions de solidarité, d’habitants, de citoyens, d’enseignants. Certains médias, comme Mediapart, ont joué un rôle important dans la construction de ce mouvement de solidarité. Les cortèges des manifestations, s’ils étaient structurés par les délégués syndicaux, se sont avérés plutôt hétéroclites. L’alignement du privé et du public a effacé le passif de 1993. Le mouvement contre le CPE a révélé l’imbrication désormais étroite entre le monde du travail et celui de l’école. Le mouvement a développé une conscience de sa propre légitimité qui lui a permis de ne pas tomber dans le piège de la stigmatisation des casseurs. Autant d’éléments qui participent de la reconstitution d’une identité commune.

Mais il serait à notre avis erroné de trop insister sur la nouveauté d’un modèle de mobilisation qui, de fait, supposerait que les anciens sont dépassés. Il est d’abord très risqué d’aller au-delà des analogies formelles avec l’Amérique latine dont les structures sociales sont très différentes. Par exemple, le phénomène argentin des piqueteros, sa nature de mouvement de privés d’emplois, son inscription territoriale renvoient à une liquidation des institutions de l’Etat-providence et du salariat sans commune mesure avec ce que connaît la « vieille Europe ». En outre, le « vieux » conflit industriel, fondé sur la grève et sur l’entreprise comme champ de bataille, reste central. Les derniers développements du mouvement l’illustrent bien : la reprise du travail dans les raffineries a été vécue comme la fin de la mobilisation. Le registre de la grève reste central pour ancrer l’action dans la durée et le choix de blocages « de l’extérieur » est souvent un aveu de faiblesse quant aux possibilités de peser de l’intérieur même des entreprises.

Plutôt que de modèle de mobilisation, il serait sans doute plus heureux d’appréhender ces phénomènes avec la notion plus souple de « répertoires d’action collective ». Il y a indéniablement des formes nouvelles de mobilisation qui renvoient aux transformations du capitalisme et de l’organisation du travail. Dans un monde salarial de plus en plus éclaté, où le collectif de travail est désormais moins unifié par sa concentration spatiale que façonné par un ensemble de flux – de travailleurs, de produits, de communications – le blocage de stocks de produits, de carrefours industriels ou de voies d’échanges est un moyen d’atteindre les salariés et de peser réellement sur le fonctionnement de l’économie. Indéniablement, le répertoire d’action s’enrichit, car les registres d’action collective s’ajustent aux modes de domination. Mais derrière l’image du capitalisme en réseau, on assiste dans les entreprises à des phénomènes de concentration financière (par la constitution de groupes toujours plus importants) et de recentralisation du pouvoir stratégique – que N. Lichtenstein décrit bien à travers le modèle managérial de Wal-Mart. Si les entreprises sont de plus en plus interdépendantes, il n’est pas certain que cette interdépendance se traduise par une dilution du pouvoir.

En outre, un risque important pèse, qui fut particulièrement visible dans les mouvements universitaires, du CPE à la LRU : les pratiques de blocage et l’échappée hors des lieux de travail (salarié ou scolaire) peuvent conduire à la fuite en avant, en creusant la coupure entre les secteurs les plus radicalisés et le plus grand nombre moins impliqué.

Enfin, si l’on doit souligner des nouveautés, il faudrait évoquer d’autres éléments, comme le recours au suffrage : la mobilisation collective, parfois la grève, ont pu s’appuyer sur le recours aux urnes présentées comme une garantie de transparence démocratique. Cela témoigne de fluctuations intéressantes, dans l’histoire du mouvement ouvrier, quant aux conceptions et pratiques légitimes la de la démocratie ouvrière. Quand des organisations de la CGT proposent le vote à bulletin secret, on est loin d’un élément (le vote à main levée par ceux qui sont engagés dans la lutte) qui a longtemps été perçu comme identitaire : il avait d’ailleurs été au principe de la scission de FO au moment des grèves insurrectionnelles de 1947 ! Longtemps, en effet, le recours au vote secret fut dénoncé comme une manœuvre de démobilisation, désagrégeant le collectif mobilisé au profit des rationalités individuelles.

Mais ces évolutions renvoient aussi à la façon dont les pratiques démocratiques sont investies et mises en œuvre par des individus qui n’ont plus la même socialisation politique. Les assemblées étudiantes durant le CPE ont été des lieux d’intenses débats, notamment sur l’organisation des votes, sur les conditions de légitimité de ceux-ci par rapport aux blocages. Dans une autre optique, le fait d’organiser une votation citoyenne sur le devenir de la Poste ou de demander un référendum sur celui d’EDF sont vus comme des moyens d’élargir la mobilisation au-delà des salariés de ces entreprises, d’impliquer la population en s’appuyant sur le statut d’usager. De telles démarches illustrent là encore la recomposition d’un répertoire d’action qui mobilise à la fois les registres syndicaux traditionnels tout en s’inspirant d’autres mouvements (on peut penser au mouvement féministe ou à la défense des droits des immigrés pour l’usage des urnes et des votations citoyennes).

CTPS – Ce mouvement est une mobilisation sur la réforme des retraites. Mais, c'est sans doute beaucoup plus que ça : la question des retraite semble avoir été prise comme un casus belli pour rejeter, plus largement, ce pouvoir et sa politique. Comment appréhendez-vous cette dimension systémique du mouvement et quelles sont ses implications, la victoire ne pouvant être que politique ?

Sans qu’il y ait nécessairement de hiérarchie entre eux, il nous semble possible de lister un certain nombre de points, partiellement imbriqués, permettant de réfléchir à cette dimension politique :

1- La centralité incontestée des organisations syndicales dans le mouvement est allée de pair avec une faible visibilité des partis de l’opposition. Le PS s’est affiché contre la réforme menée par le gouvernement Fillon, mais en partage les prémisses économiques libérales. A la gauche de la gauche, les diverses organisations ont plutôt privilégié leur apparition propre dans le cours du mouvement au détriment d’une intervention politique commune : on est loin ici de la coordination souple dont nous parlions avec l’intersyndicale (sans idéaliser pour autant celle-ci !). C’est la division qui l’emporte, de telle sorte que les partis n’ont pas été en capacité d’être les catalyseurs d’un ras le bol qui dépasse effectivement le cas des retraites, qui renvoie au sentiment d’immoralité et d’illégitimité du pouvoir, de violence et d’injustice de sa politique.

2- Mais les organisations syndicales ne jouent pas davantage ce rôle, car elles ne souhaitent pas l’endosser pour la plupart d’entre elles. Déjà en 2009, Bernard Thibaut insistait sur le fait que la métropole n’était pas la Guadeloupe et qu’une stratégie de type LKP serait une erreur. De fait, il est clair que l’institutionnalisation du champ syndical en France se traduit, dans la façon dont les acteurs conçoivent leur possibilité d’action et leur légitimité, par l’acceptation d’un cloisonnement fort entre les sphères associative, syndicale et politique. Le registre d’argumentation que mettent en œuvre les organisations dominantes dans le champ syndical est celui du dialogue social. Elles n’envisagent pas la construction d’un front large, socio-culturel, permettant la contestation la plus large possible du pouvoir, car elles considèrent que ce n’est pas leur rôle.

3- De ce point de vue, le dossier des retraites révèle la part de mythe qui structure les discours sur le dialogue social, sur une démocratie sociale qui pourrait tranquillement s’épanouir, avec ses règles et sa temporalité propres, à l’écart de la démocratie politique. L’idée d’une subordination consentie des acteurs syndicaux face au pouvoir politique a montré ses implications pratiques : un gouvernement qui oublie, quand il a décrété l’urgence de réformer, toute procédure de négociation préalable. Au final, aucun responsable syndical n’aura d’ailleurs consenti à s’autodésarmer en partant du principe qu’une fois la loi votée, la contestation devait quitter le terrain de la rue. Seule une minorité d’organisations a maintenu ce discours (UNSA, CFE-CGC), mais tout en restant dans le cadre de l’intersyndicale.

4- Si les organisations syndicales acceptent aujourd’hui une part de responsabilité politique, celle-ci est le plus souvent transfigurée sur le mode de l’expertise. Il s’agit de convaincre de la crédibilité de ses propositions, en argumentant sur des points internes à la réforme comme dans le cas de la CFDT ou en proposant, comme le font la CGT, la FSU et Solidaires une autre réforme, en lien avec des économistes et des organisations telle ATTAC. Il s’agit ici évidemment d’un travail extrêmement précieux dans la mesure où il arme le syndicalisme, permet dans une certaine mesure de se faire entendre des médias et crée des liens avec d’autres secteurs. Mais pour que ce réalisme technique ne perde pas de vue ses objectifs stratégiques, il lui reste à s’articuler à une pensée « chaude », à des valeurs, à l’affirmation pratique de la vision du monde que servirait un réel projet de sauvegarde des retraites par répartition.

5- Ce qui conduit à un dernier point de réflexion : les meilleurs projets du monde n’ont aucune portée s’ils ne sont pas sous-tendus par un enthousiasme populaire, s’ils ne s’indexent pas à des images de la société désirée, s’ils ne s’inscrivent pas dans une histoire collective. Le mouvement peut être l’occasion pour les responsables syndicaux de prendre conscience de cette responsabilité qui leur incombe et qui renvoie aux plus grandes heures du mouvement ouvrier – quand les propositions des organisations syndicales irriguaient le débat politique, du planisme cégétiste des années 1930 aux nationalisation et à la sécurité sociale à la Libération, jusqu’au socialisme autogestionnaire dans les années 1970. Alors que la gauche est atone et divisée, il serait possible que d’importante fractions du mouvement syndical servent de catalyseur à l’élaboration d’un véritable agenda de transformation sociale. Une élaboration qui ne résulte pas de « l’audition » des organisations syndicales par les dirigeants politiques, mais d’une dynamique autonome permettant aux syndicalistes de tisser des liens durables entre eux et avec tous ceux, citoyens, associations, mouvements sociaux qui ont contribué à nourrir la contestation des dernières semaines.

Un tel processus supposerait que se mettent en place des structures ad hoc, car bien évidemment le cadre de l’intersyndicale, dont l’intérêt n’est pas en cause, revêt une autre fonction. Entre une intersyndicale qui tient par la recherche du consensus et la guerre de tous contre tous que se livrent les organisations confrontées à la conquête de leur représentativité dans les entreprises, il existe un espace intermédiaire à occuper, celui d’une coopérative d’élaboration stratégique.


C'est bien d'analyser en clair mieux vaut resumer la situation comme ceci: "Victoire du peuple par la DÉSOBÉISSANCE" video dayimoliton...

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Message  sylvestre Ven 5 Nov - 11:59

Sur le rôle des blocages, Filoche avait aussi écrit un petit texte intéressant : Octobre 2010 : le mouvement de blocage général
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Message  verié2 Ven 5 Nov - 12:36

sylvestre a écrit:Sur le rôle des blocages, Filoche avait aussi écrit un petit texte intéressant : Octobre 2010 : le mouvement de blocage général

Le problème, c'est qu'il n'y a jamais eu de "blocage général". Mais quelques blocages locaux, parcellaires, de durée variable mais généralement assez courts. Des blocages que les forces de répression n'ont pas eu trop de difficultés à casser, parce qu'ils étaient effectués par des minorités.

Alors, des blocages pour accompagner une lutte générale, bien sur, c'est une méthode d'action parmi d'autres. Mais le noeud du problème est d'entraîner dans l'action, sinon la majorité des travailleurs et de la population, une masse très importante. Ce qui a fait, et fait toujours la faiblesse du mouvement contre la réforme des retraites, ça reste son caractère minoritaire. Y compris parmi une des corporations les plus combatives comme les cheminots (sauf dans certaines catégories comme les roulants).

Dans ce contexte, les actions du genre blocage, opération escargot, sit-in etc apparaissent bien souvent, non pas comme des actions qui attestent le renforcement du mouvement, mais comme des actions de substitution. C'est d'ailleurs pour cela que les directions syndicales, notamment la CGT, ne s'y sont non seulement pas opposées, mais les ont souvent proposées. Dans un contexte de grève générale massive, avec participations massives aux AG, occupations etc, des actions qui feraient "sortir" les travailleurs de leur cadre de lutte habituel prendrait une autre signification.

Reste un point très positif, c'est que ces actions, même menées par des minorités combatives, on souvent été organisées à partir d'AG interpro réunissant des travailleurs de diverses professions, ce qui rompt avec l'isolement habituel. Néanmoins, l'isolement entreprise par entreprise (et secteur par secteur à la SNCF) est loin d'avoir été rompu. Dans un avenir proche peut-être, mais pour cela il faudra surtout mettre en avant des coordinations syndiqués non syndiqués qui échappent au contrôle des appareils syndicaux.

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Message  Gauvain Ven 5 Nov - 12:46

verié2 a écrit:
"Anatomie etc"
Une telle dynamique n'est pas sans rappeler le rôle crucial des barrages routiers dans les lutte des piqueteros en Argentine en 2002-2003 ou, plus encore dans le cycle de mobilisations qui dans la première moitié des années 2000 a précédé l'accession au pouvoir du MAS d'Evo Morales en Bolivie.

Cette comparaison ne me semble pas du tout pertinente. Ca demanderait un assez long développement, mais les situations de la Bolivie et de l'Argentine sont très, très différentes. Ces "chercheurs" les connaissent-ils ?
-En Bolivie, la classe ouvrière salariée est assez peu importante numériquement, notamment depuis que les effectifs des mineurs ont fondu. La population est organisée dans des associations de quartiers très puissantes, notamment à El Alto, et aussi dans des associations paysannes, parfois influencées par "l'indigénisme".
-En A syndicats sont de véritables mafias qui, non seulement n'organisent pas la lutte, mais la répriment, comme on vient de le voir avec l'assassinat d'un jeune militant du PO. Ces syndicats sont historiquement liés au parti justicialiste (péroniste). Ce contrôle de la classe ouvrière, relativement efficace jusqu'à présent, explique en partie pourquoi les actions les plus spectaculaires sont menées par d'autres catégories sociales, lesquelles n'ont cependant pas la capacité de faire reculer le pouvoir. (Le mouvement qui a suivi la grande crise et la fin de la prgentine, les actions de "piqueteros" sont menées par des chômeurs - catégorie qui n'est pas organisée ou très peu en France. De plus, les grandsarité peso/dollar est encore différent : il a eu pour fer de lance la petite bourgeoisie urbaine ruinée et la classe ouvrière n'y a pas, ou très peu, participé.)

Le passage que tu cites est de la plume des journalistes de Contretemps, pas des chercheurs qui, au contraire, répondent ça :
Mais il serait à notre avis erroné de trop insister sur la nouveauté d’un modèle de mobilisation qui, de fait, supposerait que les anciens sont dépassés. Il est d’abord très risqué d’aller au-delà des analogies formelles avec l’Amérique latine dont les structures sociales sont très différentes. Par exemple, le phénomène argentin des piqueteros, sa nature de mouvement de privés d’emplois, son inscription territoriale renvoient à une liquidation des institutions de l’Etat-providence et du salariat sans commune mesure avec ce que connaît la « vieille Europe ». En outre, le « vieux » conflit industriel, fondé sur la grève et sur l’entreprise comme champ de bataille, reste central. Les derniers développements du mouvement l’illustrent bien : la reprise du travail dans les raffineries a été vécue comme la fin de la mobilisation. Le registre de la grève reste central pour ancrer l’action dans la durée et le choix de blocages « de l’extérieur » est souvent un aveu de faiblesse quant aux possibilités de peser de l’intérieur même des entreprises.

Sinon :

Dans ce contexte, les actions du genre blocage, opération escargot, sit-in etc apparaissent bien souvent, non pas comme des actions qui attestent le renforcement du mouvement, mais comme des actions de substitution. C'est d'ailleurs pour cela que les directions syndicales, notamment la CGT, ne s'y sont non seulement pas opposées, mais les ont souvent proposées. Dans un contexte de grève générale massive, avec participations massives aux AG, occupations etc, des actions qui feraient "sortir" les travailleurs de leur cadre de lutte habituel prendrait une autre signification.
Moi j'ai plutôt entendu Thibaut à la télé qui refusait de dire qu'il soutenait les blocages face aux questions insistantes de Demorand.
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Message  verié2 Ven 5 Nov - 13:51

Gauvain
Moi j'ai plutôt entendu Thibaut à la télé qui refusait de dire qu'il soutenait les blocages face aux questions insistantes de Demorand.

Il y a peu de chance en effet que Thibault appelle au blocage général, ce qui prendrait une toute autre signification. Et il est évidemment toujours soucieux de montrer son respect de la légalité patronale. Mais, sur le terrain, les directions locales CGT ont souvent proposé des actions de ce genre, et je ne crois pas du tout qu'elles aient viré gauchiste à l'occasion. Je pense en particulier à un responsable CGT SNCF local, pas réputé pour sa combativité et qu'on voit peu, qui est soudain apparu dans une AG pour récolter des listes de volontaires pour des actions à mener le week end. Une façon de se positionner à peu de frais comme à la pointe de la lutte.
_
Sinon, désolé d'avoir confondu Contretemps avec ces chercheurs... Mais, sur le fond, il y a tout de même un certain nombre de gens qui théorisent la "guérilla sociale" sous forme de blocages. Parmi certains jeunes travailleurs, qui ont connu leurs premières luttes dans les milieux lycéens et étudiants, la tentation est forte d'agir ainsi "à l'extérieur" sans faire trop d'efforts pour entraîner leurs collègues. Mais leur dynamisme a certes aussi beaucoup d'aspects positifs.

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Message  sylvestre Ven 5 Nov - 15:26

http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/020910999772.htm

05/11/10 | 07:00 | mis à jour à 11:17 | Derek Perrotte
Retraites : les syndicats enterrent le conflit en douceur
L'intersyndicale a annoncé, hier, une ultime journée d'action pour «la semaine du 22 novembre», sous des formes dont elle décidera lundi, au vu des défilés de demain.
Ecrit par
Derek PERROTTE


Atterrissage délicat mais en vue. Hier soir, à l'issue de très âpres discussions, l'intersyndicale a préparé, bon gré mal gré, la sortie du conflit sur les retraites. Sur l'insistance de la CGT, de la FSU et de Solidaires, la perspective d'une ultime journée d'action a été plantée dans le décor pour «  la semaine du 22 au 26 novembre  », selon le communiqué intersyndical, journée «  dont les modalités et le contenu seront déterminés  » lors d'une nouvelle réunion intersyndicale lundi. C'est le fruit d'un dernier compromis entre la CGT, soucieuse vis-à-vis de sa base de se battre au moins symboliquement jusqu'au bout, et la CFDT, pressée de tourner la page et de capitaliser sur la grogne sociale pour obtenir des gestes sur les dossiers indirectement liés à la réforme, à commencer par l'emploi des jeunes (lire page 5). FO, la CGT ou Solidaires ont beau assurer officiellement «  ne pas organiser la fin du mouvement  »,  c'est indubitablement «  un enterrement en douceur », comme le reconnaissent en privé des responsables de toutes les centrales. Selon l'ampleur des défilés prévus demain (les syndicats s'avouent dans le flou et ne se risquent pas à un pronostic), la journée d'action de fin novembre pourrait prendre la forme de nouveaux défilés dans toute la France, comme le défend la CGT, ou se résumer à de simples initiatives locales, comme le préconise la CFDT, soutenue en ce sens par la CGC et l'Unsa.

La volonté de faire bloc

Et déjà, l'intersyndicale, forte d'avoir préservé son unité jusqu'au bout, se projette dans l'après avec la volonté commune de faire bloc. Les centrales soulignent dans leur communiqué, toutefois non signé par FO, leur «  attachement  au travail intersyndical  » et leur décision de «  poursuivre le travail commun sur l'emploi, les salaires, le pouvoir d'achat et les conditions de travail  », en préparant une version actualisée de leur plate-forme commune arrêtée le 29 janvier 2009, face à la crise économique.
Derek Perrotte, Les Echos
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Message  nico37 Ven 5 Nov - 23:25

Projet de texte

Adresse à tous les travailleurs et travailleuses, retraités, salariés, chômeurs, rsistes, lycéens, étudiants, sans-papiers...

Par des travailleurs et précaires de l'AG interpro de la Gare de l'Est et IDF

Depuis le début septembre, nous avons été des millions à manifester et des milliers à entrer grève reconductible dans certains secteurs (raffinerie, transports, éducation, lycées, facs...) ou à participer à des blocages. Le gouvernement et le patronat n’ont pas pour autant reculé. Pour cela, il aurait fallu que nous représentions une menace réelle. Seule une grève de masse associée à une mobilisation de toute la population travailleuse, s’organisant à de l’échelle locale à l’échelle nationale et décidant nous mêmes des revendications et des moyens d’action à mettre en œuvre, aurait eu une chance de les faire reculer.

Il aurait fallu dès le départ, s’appuyer sur les secteurs en grève, ne pas limiter le mouvement aux seules retraites alors que les licenciements, les suppressions de postes, la casse des services publics, les bas salaires continuent dans le même temps. Cela aurait pu permettre d’entrainer d’autres travailleurs dans la lutte et d’étendre le mouvement gréviste. A aucun moment, l'intersyndicale n’a tenté de mener cette politique. Bien au contraire elle appelé, alors que les secteurs en grève reconductibles s’essoufflaient, à deux nouvelles journée d’action le 28 octobre et 6 novembre. Limiter le mouvement de grève reconductible à quelques secteurs et aux seules retraites ne pouvait qu’entraver le mouvement gréviste dans son extension et ne pas effrayer le patronat. Voilà pourquoi, nous n’avons pas été en mesure de faire reculer le gouvernement.

Mais que pouvions-nous attendre d’autre de la part d’un Chérèque (CFDT) qui défendait les 42 annuités, ou encore d’un Thibault (CGT) qui n’a jamais revendiquait le retrait de la loi. Et ce n’est certainement le faux radicalisme d’un Mailly (FO), serrant la main d’Aubry en manif, alors que le PS vient de voter les 42 annuités. Pas plus que la politique défendue par Solidaires/Sud-Rail qui ne proposait rien d’autre que l’alliance avec la CGT. Aucun d’entre eux ne voulait aider à l’organisation autonome des travailleurs pour que nous nous défendions et passions nous mêmes à l’offensive.

S’ils se sont mis à la tête des luttes et ont enfourché le cheval de la grève reconductible, c’était surtout pour éviter de se faire déborder. Ils ne cherchaient pas à faire reculer ce gouvernement sur les retraites mais à être dans la meilleure position possible afin de pouvoir monnayer leur capacité à encadrer nos luttes en échange d’être admis à la table des négociations pour, comme il est écrit dans la lettre signée par sept des organisations syndicales de la CFTC à Solidaires, « faire entendre le point de vue des organisations syndicales dans la perspective de définir un ensemble de mesures justes et efficaces pour assurer la pérennité du système de retraites par répartition. »

Mais quelle pérennité des retraites, alors que depuis le début de la crise, c’est ce gouvernement qui mène pour le patronat une offensive sans précédent contre les conditions de vie et de travail de la population travailleuse. C’est lui qui supprime des milliers de postes dans les services publics, verse des milliards au privé qui licencie en masse, casse les services publics… Quel dialogue avec ce gouvernement qui matraque les infirmiers anesthésistes, les lycées, déloge les travailleurs des raffineries et expulse les roms et les travailleurs sans papiers.

Il ne peut avoir aucune pérennité de nos retraites, de nos emplois, de la santé, de l’éducation et dialogue avec ce gouvernement avec le capitalisme en crise. L’attaque sur les retraites est l’arbre qui cache la forêt. Et demander le retrait ne pouvait être que l’exigence minimale. Et cela n’aurait pu suffire. Des centaines de milliers de vieux travailleurs survivent déjà avec moins de 700 euros par mois, pendant que des centaines de milliers de jeunes vivotent avec le RSA, quand ils l’ont, faute de travail. Pour des millions d’entre nous, le problème crucial, c’est déjà de pouvoir manger, se loger et de soigner. Ce qui nous attend, c’est la paupérisation de toute la population travailleuse.

Parler de pérennité, alors que le capitalisme est en pleine putréfaction, c’est nous désarmer face à la bourgeoisie, qui depuis le début de la crise mène une véritable guerre sociale contre l’ensemble de la population travailleuse. Leur unité syndicale, c’est non seulement la collaboration de classe avec la bourgeoisie, mais c’est aussi le seul moyen pour ces faux amis des travailleurs de faire barrage à la seule unité capable de faire reculer ce gouvernement et les classes dirigeantes. Cette unité, celle de toute la classe des travailleurs, se forge dans le feu de la lutte entre le public, le privé, les salariés, les chômeurs, les retraités, les jeunes, les travailleurs avec ou sans papier, les syndiqués ou non. Pour cela nous devons briser tous les corporatismes, les barrières nationales.

Pour cela nous devons contrôler nos luttes, à la base dans des AG communes et élire des représentants avec des mandats révocables et nous coordonner nationalement pour décider nous mêmes des revendications et des moyens d’action.

La seule issue à la misère à laquelle les classes dirigeantes nous destinent, ce sera notre capacité à nous battre ensemble et à nous accaparer les richesses produites et les moyens de production pour subvenir aux besoins de toute la population. Nous ne devrons pas hésiter à remettre en cause la propriété privée industrielle et financière ainsi que la grande propriété foncière. Pour aller sur ce chemin, nous ne devons avoir confiance que dans notre propre force. Et certainement pas dans les partis de la gauche (PS, PCF, PG…) qui n’ont jamais remis en cause la propriété privée et dont les homologues mènent l’offensive pour la bourgeoisie en Espagne et en Grèce actuellement.

Dans cette lutte, nous ne devons pas apparaître comme défendant des intérêts catégoriels mais ceux de toute la population travailleuse y compris les petits paysans, marins pêcheurs, petits artisans, petits boutiquiers ; qui est jetée dans la misère avec la crise du capitalisme. Nous devons les entrainer, et nous mettre à la tête de toutes les luttes pour mieux nous en prendre au Capital.

Que nous soyons salariés, chômeurs, précaires, travailleurs avec ou sans papiers, syndiqués ou non et ce cela quelque soit notre nationalité, c’est toute la population travailleuse qui est dans le même bateau.

Rendez vous pour en discuter en AG interpro

Le ……

Bourse du travail, métro République

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Message  YuHua Sam 6 Nov - 1:36

"Limiter le mouvement de grève reconductible à quelques secteurs et aux seules retraites ne pouvait qu’entraver le mouvement gréviste dans son extension et ne pas effrayer le patronat. Voilà pourquoi, nous n’avons pas été en mesure de faire reculer le gouvernement."

Si l'on comprend le raisonnement exprimer dans l'appel ci-dessus, le mouvement gréviste était en extension et il a été entravé par le fait que les syndicats ont limité "le mouvement de grève reconductible à quelques secteurs et aux seules retraites".
Mais pourquoi alors que l'appel à la grève réconductible existait à la SNCF, le mouvement de grève ne s'est-il pas étendu à tous les travailleurs de cette entreprise ? Quel obstacle syndical a t-il rencontré ?
L'erreur d'appréciation est là. Le mouvement dans cette entreprsie ne s'est pas étendu parce que ceux qui n'étaient pas en grève, même s'ils regardaient la grève avec sympathie, ne l'ont pas rejointe.
C'est un fait et les faits sont têtus.
Alors oui, nous nous sommes fait respecter, et nous saurons les faire reculer.
Le gouvernement a eu le vote qu’il voulait. Mais que le gouvernement ne croie pas qu’il a les mains libres. Les travailleurs ont pu voir que si le mouvement n’est pas encore suffisant pour le faire reculer, le rapport de force est en train de changer.
Des centaines de milliers de travailleurs, trois millions au total, ont participé au mouvement sous une forme ou une autre et en sont fiers. D’autant plus fiers qu’ils savaient qu’ils avaient la sympathie de la grande majorité du monde du travail. La journée du 6 novembre doit être l’occasion d’affirmer une nouvelle fois qu’ils savent que c’est ensemble qu’ils peuvent se défendre et contre-attaquer. Ils ont pu se rendre compte de la puissance collective qu’ils représentent.
Participer aux actions et aux manifestations de ce samedi 6 novembre est la meilleure façon d’affirmer que le mouvement actuel n’est pas une fin mais un commencement. D’autres luttes sont inévitables car ni le patronat ni le gouvernement ne nous laissent d’autre choix.
Voilà ce qu'il faut valoriser. Les appels du genre de celui ci-dessus reproduit par Nico37 sont, de ce point de vue, contreproductifs.
Ils ne sont pas un encouragement à la lutte. De fait ils ne servent pas le mouvement.

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Message  Vals Sam 6 Nov - 4:11

YuHua a écrit:"Limiter le mouvement de grève reconductible à quelques secteurs et aux seules retraites ne pouvait qu’entraver le mouvement gréviste dans son extension et ne pas effrayer le patronat. Voilà pourquoi, nous n’avons pas été en mesure de faire reculer le gouvernement."

Si l'on comprend le raisonnement exprimer dans l'appel ci-dessus, le mouvement gréviste était en extension et il a été entravé par le fait que les syndicats ont limité "le mouvement de grève reconductible à quelques secteurs et aux seules retraites".
Mais pourquoi alors que l'appel à la grève réconductible existait à la SNCF, le mouvement de grève ne s'est-il pas étendu à tous les travailleurs de cette entreprise ? Quel obstacle syndical a t-il rencontré ?
L'erreur d'appréciation est là. Le mouvement dans cette entreprsie ne s'est pas étendu parce que ceux qui n'étaient pas en grève, même s'ils regardaient la grève avec sympathie, ne l'ont pas rejointe.
C'est un fait et les faits sont têtus.
Alors oui, nous nous sommes fait respecter, et nous saurons les faire reculer.
Le gouvernement a eu le vote qu’il voulait. Mais que le gouvernement ne croie pas qu’il a les mains libres. Les travailleurs ont pu voir que si le mouvement n’est pas encore suffisant pour le faire reculer, le rapport de force est en train de changer.
Des centaines de milliers de travailleurs, trois millions au total, ont participé au mouvement sous une forme ou une autre et en sont fiers. D’autant plus fiers qu’ils savaient qu’ils avaient la sympathie de la grande majorité du monde du travail. La journée du 6 novembre doit être l’occasion d’affirmer une nouvelle fois qu’ils savent que c’est ensemble qu’ils peuvent se défendre et contre-attaquer. Ils ont pu se rendre compte de la puissance collective qu’ils représentent.
Participer aux actions et aux manifestations de ce samedi 6 novembre est la meilleure façon d’affirmer que le mouvement actuel n’est pas une fin mais un commencement. D’autres luttes sont inévitables car ni le patronat ni le gouvernement ne nous laissent d’autre choix.
Voilà ce qu'il faut valoriser. Les appels du genre de celui ci-dessus reproduit par Nico37 sont, de ce point de vue, contreproductifs.
Ils ne sont pas un encouragement à la lutte. De fait ils ne servent pas le mouvement.


Ce point de vue a le mérite de refléter la réalité du mouvement, avec sa force, ses limites et les perspectives pour demain.
Nous devons montrer aux travailleurs qui sont entrés dans l'action, que c'est l'avenir qu'ils ont préparé, que s'être montrés, fait respecter , ça fera peut-être réfléchir les salauds d'en face et que ça doit nous permettre de renforcer nos liens contre d'autres attaques que prépare la bourgeoisie contre nos droits.
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Message  nico37 Sam 6 Nov - 9:45

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Tract 06.11 AL (.pdf)

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Message  Invité Sam 6 Nov - 11:51

RV ce jour 06/11/10 à Nice 14h place Massena

Le collectif anarchiste diffusera ce tract à environ 1000 exemplaires :

Tract CAam 06/11

Invité
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Réforme des retraites - Page 27 Empty Pas de blocages!

Message  justib Sam 6 Nov - 12:49

sylvestre a écrit:Sur le rôle des blocages, Filoche avait aussi écrit un petit texte intéressant : Octobre 2010 : le mouvement de blocage général
santa

Je crois qu'il faut cesser de croire au Père Noël, car le conflit sur les "retraites" masquait une triste realité pour le monde ouvrier, la fin du régime par répartition! Mise en place avec CHEREQUE et le MEDEF! Pas de blocage car la CGT, a probablement obtenue des accords non négligeables dans la branche raffinerie? Un bien pour eux mais une trahison notoire pour le reste des salariés, c'est la CGT! Maintenant tout le monde peut rentrer chez soi et tirer un sombre bilan pour la classe prolétarienne en voie d'extinction!

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Message  Hugues Sam 6 Nov - 12:52

la classe prolétarienne en voie d'extinction!
C'est une plaisanterie ? Un prolétaire, c'est forcément un ouvrier à la chaine dans l'industrie lourde ? Quelle vision réductrice.

Hugues

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Réforme des retraites - Page 27 Empty Une défaite comme un tremplin.

Message  Eninel Sam 6 Nov - 14:45

justib a écrit:
sylvestre a écrit:Sur le rôle des blocages, Filoche avait aussi écrit un petit texte intéressant : Octobre 2010 : le mouvement de blocage général
santa

Je crois qu'il faut cesser de croire au Père Noël, car le conflit sur les "retraites" masquait une triste realité pour le monde ouvrier, la fin du régime par répartition! Mise en place avec CHEREQUE et le MEDEF! Pas de blocage car la CGT, a probablement obtenue des accords non négligeables dans la branche raffinerie? Un bien pour eux mais une trahison notoire pour le reste des salariés, c'est la CGT! Maintenant tout le monde peut rentrer chez soi et tirer un sombre bilan pour la classe prolétarienne en voie d'extinction!

Si je peux me permettre camarade, restons proportionnés et justes dans notre jugement.

La fin du régime par répartition est dans les tuyaux, dans la loi et dans le principe du corporatisme, comme je l'ai indiqué dans un post ultérieur. Mais le régime par répartition existe toujours, et il faudra à la bourgeoisie décidée un nouvel assaut pour qu'il disparaisse. Ne partons pas vaincu. Une défaite dans une bataille, même importante, n'est qu'une bataille, pas la guerre !

Les blocages de la CGT au port de Marseille et devant les raffineries n'existent plus. C'est un fait. Et ne crois surtout pas que la CGT a levé ces blocages en échange d'un arrangement en coulisse avec le pouvoir. Non, on oblige les travailleurs de ce secteur à reprendre le boulot, à sec, bredouille ! C'est de leur part, de la part de la direction de la CGT (les autres aussi), pur capitulation en rase campagne.

Nous sommes défait dans une bérézina, comme tu l'écrits fort justement: "tout le monde peut rentrer chez soi". Mais attention camarade, il te faut faire preuve de nuance dans ton jugement: "la classe prolétarienne en voie d'extinction" ne l'est que dans ton imagination nourrit par ta légitime amertume.

La classe ouvrière en France n'est pas écrasée, loin de là. Elle est exclusivement jouée par ceux qui sont sensés la représenter. Et comme nous savons qu'on ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps, s'il y a une chose qui est en voie d'extinction, ce sont les coquins, et plus précisement l'influence politique des coquins sur la classe.

Il nous faut exploiter cette défaite comme un tremplin nous projetant plus aguerri en vue des prochaines batailles, il va y avoir très vite de nouvelles batailles. Pourquoi la grève sectorielle du port de Marseille et des travailleurs des raffineries a-t-elle échoué ? Parce que l'impérialisme français est dans une situation politique et économique faisant qu'il ne peut plus rien làcher à quelques secteurs d'activités que se soit. Les bavardages des sots et des traitres voulant que tel ou tel secteur peut, en luttant dans son coin, voir en négociant avec Sarkozy, passer à travers les gouttes de la crise générale du capitalisme, se révélent être pur charlatanisme.

Paradoxalement c'est le Programme de Transition de Trotsky, même s'il a été écrit en 1938, qui répond le mieux à la situation aujourd'hui:



Programme minimum
et programme de transition

La tâche stratégique de la prochaine période - période pré-révolutionnaire d'agitation, de propagande et d'organisation - consiste à surmonter la contradiction entre la maturité des conditions objectives de la révolution et la non-maturité du prolétariat et de son avant-garde (désarroi et découragement de la vieille génération, manque d'expérience de la jeune). Il faut aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de REVENDICATIONS TRANSITOIRES, partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat.

La social-démocratie classique, qui développa son action à l'époque où le capitalisme était progressiste, divisait son programme en deux parties indépendantes l'une de l'autre : le programme minimum, qui se limitait à des réformes dans le cadre de la société bourgeoise, et le programme maximum, qui promettait pour un avenir indéterminé le remplacement du capitalisme par le socialisme. Entre le programme minimum et le programme maximum, il n'y avait aucun pont. La social-démocratie n'a pas besoin de ce pont, car de socialisme, elle ne parle que les jours de fête.

L'Internationale communiste est entrée dans la voie de la social-démocratie à l'époque du capitalisme pourrissant, alors qu'il ne peut plus être question de réformes sociales systématiques ni de l'élévation du niveau de vie des masses; alors que la bourgeoisie reprend chaque fois de la main droite le double de ce qu'elle a donné de la main gauche (impôts, droits de douane, inflation, "déflation", vie chère, chômage, réglementation policière des grèves, etc.); alors que chaque revendication sérieuse du prolétariat et même chaque revendication progressive de la petite bourgeoisie conduisent inévitablement au-delà des limites de la propriété capitaliste et de l'État bourgeois.

La tâche stratégique de la IV° Internationale ne consiste pas à réformer le capitalisme, mais à le renverser. Son but politique est la conquête du pouvoir par le prolétariat pour réaliser l'expropriation de la bourgeoisie. Cependant, l'accomplissement de cette tâche stratégique est inconcevable sans que soit portée la plus grande attention à toutes les questions de tactique, mêmes petites et partielles.

Toutes les fractions du prolétariat, toutes ses couches, professions et groupes doivent être entraînés dans le mouvement révolutionnaire. Ce qui distingue l'époque actuelle, ce n'est pas qu'elle affranchit le parti révolutionnaire du travail prosaïque de tous les jours, mais qu'elle permet de mener cette lutte en liaison indissoluble avec les tâches de la révolution.

La IV° Internationale ne repousse pas les revendications du vieux programme "minimum", dans la mesure où elles ont conservé quelque force de vie. Elle défend inlassablement les droits démocratiques des ouvriers et leurs conquêtes sociales. Mais elle mène ce travail de tous les jours dans le cadre d'une perspective correcte, réelle, c'est-à-dire révolutionnaire. Dans la mesure où les vieilles revendications partielles "minimum" des masses se heurtent aux tendances destructives et dégradantes du capitalisme décadent - et cela se produit à chaque pas -, la IV° Internationale met en avant un système de REVENDICATIONS TRANSITOIRES dont le sens est de se diriger de plus en plus ouvertement et résolument contre les bases mêmes du régime bourgeois. Le vieux "programme minimum" est constamment dépassé par le PROGRAMME DE TRANSITION dont la tâche consiste en une mobilisation systématique des masses pour la révolution prolétarienne.


A toi camarade de trouver le pont entre nos revendications immédiates et le programme de la révolution socialiste. Pour commencer, te syndiquer, et une fois assimilé la tactique et la stratégie inscrite dans le Programme de Transition, mener ton combat syndical dans le cadre d'une perspective correcte, réelle, c'est-à-dire révolutionnaire. Il te restera quand tu te considéreras assez mûr à nous rejoindre dans un groupe construisant, non pas un parti de masse, mais un parti à influence de masse, et ma foi, tu auras bien mérité de la patrie socialiste internationaliste !
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Message  nico37 Sam 6 Nov - 21:50

L’heure n’est pas à la résignation !

Appel de la rencontre nationale de Tours du 6 novembre

Le 6 novembre à Tours se sont réuni-e-s les délégué-e-s mandaté-e-s ou observateurs/trices de 25 Assemblées Générales (AG) interprofessionnelles, AG de lutte, intersyndicales ouvertes à des non-syndiqué-e-s, collectifs, coordinations intersecteurs, etc..., de Laval, Le Havre, Angers, Béziers, Saint Etienne, Roanne, Chambéry, Nantes, Angoulême, Cognac, Bayonne, Chinon, Nîmes, Tours, Saint Denis, Rouen, Champigny, Paris-Est, Paris-Centre, Paris Ve/XIIIe, Paris XXe, Vannes, Lille, Grenoble et Nancy (sont excusées les villes de Aubenas, Agen, Brest, Rennes, Montpellier et Sarlat).

Les travailleur/se-s du public et du privé, les chômeur/se-s, les retraité-e-s, les lycéen-ne-s et les étudiant-e-s se sont mobilisé-e-s massivement par la grève, la manifestation et les actions de blocage pour le retrait de la réforme des retraites, avec le soutien de la majorité de la population. Pourtant, le pouvoir n’a répondu que par le mépris, la désinformation, la répression, l’atteinte au droit de grève, et il décide de passer en force.

La lutte contre la réforme des retraites arrive à un moment charnière. Alors que le gouvernement et la plupart des médias nous annoncent depuis des semaines la fin de la mobilisation, des actions de blocage et de solidarité sont menées dans tout le pays et les manifestations sont encore massives. Cette loi doit être abrogée. Nous refusons l’enterrement du mouvement après le vote de la loi.

La stratégie de l’intersyndicale a été un échec pour les travailleur/se-s. Mais l’heure n’est pas à la résignation : nous sommes résolu-e-s à continuer le combat. Dans de nombreuses localités, celles et ceux qui luttent, syndiqué-e-s de diverses organisations et non-syndiqué-e-s, se sont retrouvé-e-s dans des Assemblés générales et des collectifs pour réfléchir et agir ensemble : informer, soutenir les secteurs en lutte, étendre la grève reconductible, organiser des actions de blocage. Nous voulons que cette dynamique de l’auto-organisation et de l’action commune se pérennise, s’amplifie et se coordonne.

Ce mouvement s’inscrit dans une perspective plus large pour donner un coup d’arrêt à la politique du gouvernement et du patronat, qui préparent de nouvelles attaques, notamment sur l’assurance maladie. Nous restons convaincu-e-s que le seul moyen de gagner contre le gouvernement est le blocage de l’économie et la grève générale.

Nous appelons à faire front contre la répression qui frappe de plus en plus brutalement celles et ceux qui participent au mouvement social.

Nous avons tenu cette réunion nationale pour commencer à discuter entre nous, à nous coordonner et à mener des actions communes.
Nous appelons celles et ceux qui luttent à se réunir en Assemblées générales s’il n’y en a pas encore dans leur localité.
Nous appelons toutes les AG interprofessionnelles, AG de luttes, intersyndicales étendues aux non-syndiqué-e-s, etc., à participer à la prochaine rencontre nationale à Nantes le samedi 27 novembre 2010, en envoyant des délégué-e-s mandaté-e-s.

Nous invitons les organisations syndicales à envoyer des observateur/trice-s à cette rencontre.

Nous appelons aux actions suivantes, venant renforcer les actions de toute nature qui se déroulent quotidiennement :
- une action symbolique le 11 novembre à 11h pour l’abrogation du projet de loi et en hommage aux morts au travail avant la retraite ;
- une journée d’action de blocage économique le 15 novembre, pour laquelle nous appelons au soutien international ;
- une action symbolique consistant à brûler le texte de loi le jour de sa promulgation.

nico37

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Message  sylvestre Dim 7 Nov - 0:01

http://www.lepoint.fr/societe/retraites-meme-seule-la-cgt-ira-jusqu-au-bout-06-11-2010-1259218_23.php



Samedi 6 novembre 2010

Publié le 06/11/2010 à 11:43 - Modifié le 06/11/2010 à 11:47 Le Point.fr 21

MOBILISATION
RETRAITES - Même seule, la CGT ira "jusqu'au bout"

La CGT continuera à se mobiliser contre la réforme des retraites, y compris si l'unité syndicale se fissure, assure le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, dans un entretien à L'Humanité publié samedi, journée nationale de manifestations contre la réforme des retraites. "La journée de manifestations d'aujourd'hui (samedi) représente un nouveau temps fort. Il y en aura d'autres. Nous l'avons toujours dit : la CGT ira jusqu'au bout", déclare M. Thibault, estimant que "même si la plupart des médias ont tiré le rideau, le mouvement est profondément installé dans le pays". "S'il s'avérait impossible de continuer la bataille sur les retraites avec un engagement unanime de tous les syndicats, la CGT continuerait le combat avec ceux qui le souhaitent", ajoute-t-il.

"Pour nous, l'échéance principale est celle du 1er juillet 2011 à partir de laquelle les mesures que nous contestons entreront en application. D'ici là, nous avons largement la possibilité de créer le rapport de forces nécessaire pour obtenir l'ouverture de négociations", selon lui. Interrogé sur un possible effet démobilisateur du vote de la réforme controversée, le secrétaire général de la CGT souligne que "toutes (les lois) sont révisables en permanence". "Il y a aujourd'hui unanimité syndicale, non pas pour remettre en cause la légitimité institutionnelle des représentants du peuple, mais pour considérer qu'ils ne peuvent pas légiférer en ignorant ce que dit justement le peuple", d'après lui. "Le mouvement social entre dans une nouvelle séquence qui ne peut pas être celle du renoncement", affirme-t-il, critiquant le fait que "certains poussent à des alternatives qui consistent, soit à se donner rendez-vous aux élections présidentielles, soit à prendre pour argent comptant le rendez-vous de 2013 fixé par le gouvernement pour remettre à plat le système de retraite".

"Le caractère injuste de la loi va s'appliquer rapidement. Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait renoncer à tout faire pour empêcher son application. D'ailleurs beaucoup de salariés considèrent que ce n'est pas possible d'en rester là", estime-t-il. "Alors que le gouvernement a présenté une réforme comptable, nous sommes parvenus à imposer un débat de société sur la place du travail, les conséquences de la crise économique, sur la nécessité d'un nouveau partage des richesses", s'est félicité Bernard Thibault. Les Français sont appelés à descendre samedi dans la rue pour la huitième fois en deux mois contre la réforme des retraites, mais après le vote de la loi, les syndicats s'interrogent sur l'ampleur de cette mobilisation, certains, CFDT en tête, se préparant à tourner la page du conflit.
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Message  nico37 Dim 7 Nov - 0:06

Ce qui est en jeu par Léon de Mattis (vendredi 29 octobre 2010)

Ce qui est en jeu, ce ne sont plus seulement les retraites.

Ce qui est en jeu, c'est ce que tout le monde comprend : que nous sommes dans un monde où il faut travailler plus et plus longtemps, et en échange se contenter de vivre avec ce qu'on nous donne. Et ce qu’on nous donne, et combien on nous en donne, détermine aussi la manière dont nous sommes supposés vivre.

Nous travaillons et en échange nous recevons une part de la richesse commune sous forme de salaire et de revenus, et aussi, depuis quelques dizaines d’années, sous la forme de prestations sociales, éducatives, de santé, et de retraite.

Les dépenses sociales, que ce soit pour l’éducation, la santé, ou les retraites baissent toutes globalement, et cela signifie que globalement nous valons moins cher. Et si nous valons moins cher, c’est parce que dans le système capitaliste la valeur de notre travail ne dépend ni de la qualité, ni de l’utilité de celui-ci, mais seulement de sa capacité à créer de la valeur nouvelle.

Quand la création de cette valeur se déplace massivement vers les pays émergents, notre travail vaut moins, et notre vie vaut moins aussi.

Mais cela n’est pas vrai pour tout le monde. Ceux qui, détenant ou gérant les capitaux, ont un accès aux produits de ceux-ci continuent à recevoir la part majeure de la richesse crée puisque justement l’investissement dans les pays où la main d’œuvre est moins chère a pour objet de maintenir les profits capitalistes. Contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, il n’y a rien d’obligatoire à ce que le choses se passent ainsi. Il faut bien produire pour vivre, nous dit-on. Oui, mais est-il vraiment nécessaire de produire ceci pour vivre ainsi ?

Car ce que nous produisons en travaillant, ce ne sont pas que des richesses. Ce que nous produisons en travaillant, ce sont avant tout les conditions de notre propre domination. S’il faut produire et accumuler toujours plus, c’est parce que cette machine complexe profite à certains. Les riches ne sont pas seulement plus riches, ils sont aussi plus puissants que les autres. Tels les seigneurs d’autrefois, les capitalistes d’aujourd’hui exercent sur la société leur pouvoir collectif. Aux privilèges de la naissance, on en un substitué un autre, plus mathématique : le privilège du compte en banque.

La force de ce système, c’est de laisser croire que cette domination n’en est pas une ; qu’elle n’est qu’une forme nécessaire de toute organisation sociale ; que nul être humain d’aujourd’hui ne saurait vivre autrement.

La faiblesse de ce système, c’est qu’il repose sur une production et une dépense toujours plus étendue de cette valeur nouvelle qui fait tourner le capital. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, dit le proverbe boursier, et vient toujours un moment où quelque chose lui manque. Alors c’est la crise. Alors il faut retirer aux gens ce qu’on leur a donné, les faire travailler plus, les payer moins, tout ça pour que ceux qui dominent puissent continuer à dominer.

Pour que cette domination cesse, ce n’est pas d’une réforme dont nous avons besoin, pas plus que du retrait d’une réforme. Peu importe la redistribution des richesses, car le problème ne vient pas de ce que dans le capitalisme les richesses une fois produites sont réparties inégalement, mais bien de ce qu’elles ne peuvent être produites autrement que de manière inégalitaire. Ce dont nous avons besoin, c’est que les grèves et les blocages se poursuivent: car c’est dans le mouvement de la contestation que la critique de tout ce qui existe peut se transformer en proposition pour qu’il existe quelque chose d’autre.

Il faut bloquer la production capitaliste et partager ce qui est déjà produit, puis partager la manière dont on pourra continuer à faire vivre ce partage.

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Réforme des retraites - Page 27 Empty Mobilisation sur les facs

Message  Gaston Lefranc Dim 7 Nov - 1:13

Mobilisation sur les universités

Toulouse II [BLOQUEE] : AG de jeudi 4 novembre (2 000 étudiants) a voté le blocage

Nantes [BLOQUEE] : AG de mardi 2 novembre (700 étudiants) a voté le blocage jusqu'à lundi 8 novembre.

Angers [BLOQUEE] : AG de jeudi 4 novembre a reconduit le blocage

Metz [BLOQUEE] : AG de jeudi 4 novembre (150 personnes) a voté le blocage ; AG de vendredi 5 novembre (300 personnes) vote la poursuite du blocage.

Brest : AG d'une centaine d'étudiants mercredi 3 novembre ; blocage de la fac de lettres jeudi 4 novembre. Prochaine AG lundi 8 novembre.

Caen : Jeudi 14 octobre, une AG de près de 1 000 étudiants avait voté le blocage ; une AG de plus de 1 500 étudiants avait reconduit le blocage lundi 18 octobre (824 pour, 611 contre, 98 abstentions, 10 nppv) ; une AG de près de 2 000 étudiants a voté contre la reconduction du blocage mercredi 20 octobre (750 pour, 1 008 contre, 109 abstentions, 11 nppv) mais demande la banalisation des cours les mardi et jeudi ; AG du lundi 25 octobre (700 étudiants) vote le blocage jusqu'à mardi 2 novembre ; AG du 2 novembre de 1 500 étudiants vote le déblocage (424 pour le blocage, 886 contre, 92 abstentions), l'occupation d'un amphi et la tenue d'une nouvelle AG lundi 8 novembre.
http://www.unicaen.net

Le Havre : mercredi 3 novembre, AG de 200 étudiants vote le blocage ; jeudi 4 novembre, déblocage de l'université par le président accompagné d'une milice de profs réactionnaires.

La Sorbonne : blocage des entrées de la Sorbonne mardi 2 novembre ; occupation de la Sorbonne mercredi 3 novembre au soir suite à l'AG. Intervention des forces de l'ordre.

Tolbiac : AG de mardi 2 novembre (1 200 étudiants) vote le déblocage.

Saint Etienne : Mardi 2 novembre, AG de 300 étudiants vote le blocage. Intervention des flics mercredi 3 novembre pour casser les piquets de grève.

Le Mans : mardi 2 novembre, l'AG de 400 étudiants vote le blocage. Mercredi 3 novembre, une AG a décidé de lever le blocage.

Lyon II : Mardi 2 novembre, AG du campus de Bron (400 étudiants) vote le blocage. Mercredi 3 novembre, la présidence dénonce des actes de « délinquance » et ferme l'université jusqu'au vendredi 5 novembre.

Montpellier III : jeudi 4 novembre, AG de 1 200 étudiants vote le déblocage. Jeudi 28 octobre, une AG de 800 étudiants avait voté le blocage ; lundi 25 octobre, une AG de 1 200 étudiants avait voté le blocage ; l'université a été fermée ou bloquée en continu entre le 19 octobre et le 4 novembre.
http://mtp3.blogspot.com/

Poitiers : intervention des flics jeudi 4 novembre pour mettre fin à l'occupation de la présidence.

Reims : AG de mercredi 27 octobre vote le blocage pour jeudi 28 octobre.

Paris VIII Saint Denis : blocage mardi 2 novembre (matin).

Grenoble : AG du mardi 2 novembre vote le blocage (183 pour le blocage, 134 contre, 30 abstentions) des différents bâtiments. Mais le blocage n'est pas vraiment effectif.

Pau : AG du mardi 2 novembre (250 étudiants) vote le blocage, mais il ne sera pas effectif.
http://pauenlutte.blogspot.com/

Limoges : AG du mardi 2 novembre (300 étudiants) vote le blocage.
Lille III : une AG le 20 octobre a voté le blocage, mais la fac n'est plus bloquée (AG de 50 personnes jeudi 4 novembre).

La Rochelle : AG du mardi 2 novembre vote le blocage pour mardi et jeudi.

Gaston Lefranc

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Message  nico37 Dim 7 Nov - 12:04

Compte-rendu de la manif retraites du 6 novembre à Paris

Réforme des retraites - Page 27 Manif+6+nov+2010

A partir de 14h, à l'intersection de la rue Jean-Pierre Timbaud et du Boulevard Voltaire, nous commençons à nous regrouper. MilitantEs, sympathisantEs "habituelLEs" et nouveaux venus. Le ciel est gris et il pleut. Une ambiance un peu lugubre, à l'image de la faible mobilisation qui s'annonce : les médias nous rabâchent depuis quinze jours qu'il faut rentrer chez soi, arrêter la grève, arrêter les blocages, et retourner chez soi, devant la télé.

Les syndicats, eux, poussés depuis le début par la base, font tout, eux aussi, pour freiner le mouvement, voire, pour certains, pour le stopper. A force, ça marche plus ou moins. Rien de nouveau sous le soleil, enfin sous la pluie, car, en plus, il fait froid et il pleut (on vous l'a déjà dit, non ?).

Malgré tout, les gens qui sont présents, eux, sont déterminés. Ils ne sont ni devant leur télé, ni au supermarché. Ils sont dans la rue.

Le cortège, ou plutôt les cortèges, se mettent en route. En effet, dans le soucis de diviser les forces, les syndicats ont prévu deux cortèges au lieu d'un.
Nous sommes assez au rendez-vous pour réaliser un cortège anarchiste, comme nous l'avions prévu, et comme nous le faisons déjà depuis quelques semaines désormais.

On se tape l'incruste, et c'est parti. Banderoles, drapeaux, tracts, et en avant !

Finalement, alors que pas mal d'éléments sont contre nous, comme on l'a déjà évoqué plus haut, ce n'est pas si mal pour un cortège anarchiste : un peu de monde, des slogans tout le long, une assez bonne pêche. Finalement, ça change un peu des manifs monstrueuses mais molles ! Une fois arrivés à Nation, on se met en bloc plus compact pour se frayer un chemin et pour faire une jolie arrivée. On forme des chaines, on se resserre, et on continue à avancer.

Rapidement, des flics en civil qui nous suivaient déjà tout le long de la manifestation, viennent nous voir pour nous demander de stopper. Nous poursuivons tout de même, toujours serrés et au son des slogans... jusqu'à ce que cette fois, une mise en place de CRS exprès pour nous se mettent en place et nous bloquent définitivement. Pas mal de gens hallucinent de voir que les autres formations politiques et syndicales arrivent sans encombrent mais que nous, nous sommes bloqués de force. Face à face pour la forme. Retour groupé pour éviter les arrestations par les keufs en civils, puis dispersion finale ... jusqu'à la prochaine fois.

Merci aux personnes qui sont venues ... et à bientôt !

http://beton-arme.blogspot.com/

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Message  Invité Dim 7 Nov - 12:11

En ce moment interviews lors de la manif du 06/11/10 à Nice sur la radio du CAam :

http://caam.tk

le son est moyen et ça sature un peu parce qu'on avait oublié le casque pour régler en même temps qu'on enregistrait et qu'on avait un peu les mains occupées dans tous les sens Smile mais on comprend tout même bien.

ça passera en boucle dimanche matin 07/11/10

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Message  nico37 Dim 7 Nov - 14:54

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nico37

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Message  gérard menvussa Lun 8 Nov - 9:07

Réforme des retraites - Page 27 310_vicoire.1289150385
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Message  justib Lun 8 Nov - 16:30

Hugues a écrit:
la classe prolétarienne en voie d'extinction!
C'est une plaisanterie ? Un prolétaire, c'est forcément un ouvrier à la chaine dans l'industrie lourde ? Quelle vision réductrice.


En 30 ans dans nos villages les usines fement les unes après les autres, des milliers d'emplois supprimés dans l'industrie lourde et des petites villes mortes! Certes restent encore des ouvriers à la chaîne de 4000 on passe sous 400! L'UMPS est forte quand il s'agit de supprimer des emplois ou les délocaliser en Chine et les pays de l'est! La classe prolétaire subit de plein fouet cet acharnement au plus grand bénéfice des actionnaires! Pas besoin de poursuivre de grandes etudes pour comprendre la réalité qui s'affiche dans nos petites villes où nos villages qui accusent les erreurs de politiques menées à l'encontre du peuple! L'entière responsabilité repose sur l'UMPS!

justib

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Réforme des retraites - Page 27 Empty Re: Réforme des retraites

Message  Invité Lun 8 Nov - 17:05

justib a écrit:
Hugues a écrit:
la classe prolétarienne en voie d'extinction!
C'est une plaisanterie ? Un prolétaire, c'est forcément un ouvrier à la chaine dans l'industrie lourde ? Quelle vision réductrice.


En 30 ans dans nos villages les usines fement les unes après les autres, des milliers d'emplois supprimés dans l'industrie lourde et des petites villes mortes! Certes restent encore des ouvriers à la chaîne de 4000 on passe sous 400! L'UMPS est forte quand il s'agit de supprimer des emplois ou les délocaliser en Chine et les pays de l'est! La classe prolétaire subit de plein fouet cet acharnement au plus grand bénéfice des actionnaires! Pas besoin de poursuivre de grandes etudes pour comprendre la réalité qui s'affiche dans nos petites villes où nos villages qui accusent les erreurs de politiques menées à l'encontre du peuple! L'entière responsabilité repose sur l'UMPS!

La classe ouvrière comme moteur de l'histoire est une notion dépassée à laquelle seuls les archéo-marxistes s'accrochent encore.

Aujourd'hui les ouvriers constituent environ 20% de l'ensemble des catégories professionnelles et leur nombre ne cesse de diminuer tout comme ceux des agriculteurs et cela au profit des professions dites "intermédiaires" et des employés.

une étude assez ancienne mais qui donne une idée

Cela veut-il dire que la révolution n'est plus d'actualité ?
Non.
Cela veut dire que la classe ouvrière n'est pas forcément le moteur de la révolution comme le prévoyait de façon mécaniste la théorie marxiste.

Aujourd'hui c'est une large catégorie de la population qui travaille (ou pas) qui à intérêt à un basculement social et il y a des employés et des cadres de France Télécom qui se suicident à cause de conditions de travail devenues intenables mais il y a aussi des ingénieurs de chez Renault qui le font plus que les ouvriers de chaines. Il y a de plus en plus de médecins qui tombent en dépression ou en burn-out parce qu'ils ne sont pas en mesure de soigner correctement leurs patients. Et plus généralement il y a ce malaise qui fait que tout le monde sent confusément que quelque chose ne va pas et qui se traduit par ce qu'on appelle "la morosité".

La relativité d'une situation est plus importante que la situation elle-même et, les choses évoluent dans un sens négatif alors que nous fournissons de plus en plus d'efforts. Le problème est là et, il concerne tout le monde.

Il s'agit donc aujourd'hui de dépasser le cadre restreint de l'ouvriérisme à l'ancienne qui s'en tient le plus souvent à la lutte revendicative catégorielle mais de s'adresser à une population concernée dans son ensemble pour expliquer qu'aujourd'hui l'immense majorité a son intérêt dans le passage à un système social différent.

C'est ce qui a manqué dans ce dernier mouvement sur le retraites , et c'est bien sur volontaire de la part des dirigeants politiques et syndicaux - involontaires pour les dirigeants d'extrême -gauche ? - et, c'est aussi pour cela que ce mouvement avait de cette façon très peu de chances d'aboutir.

Parce que rien ne peut s'obtenir dans le cadre de ce système.

Parce que le capitalisme n'est ni adaptable ni réformable et qu'il doit être détruit pour le bien, à court et à long terme, du plus grand nombre.

Il faut déjà être capable de le dire clairement pour que les idées commencent à se mettre en place dans la réalité.

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