Ukraine
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Re: Ukraine
Je sens qu'on va avoir droit à nouveau à l’État ouvrier (très très) dégénéré pour qualifier la Russie. Justifiant de nier l'impérialisme russe parce que par définition "pas possible"...mykha a écrit:Je croyais avoir été plus clair. Il n'y a pas pour moi d'impérialisme russe.La question est de savoir si la Russie est impérialiste ou pas. Et sur cette question tu ne réponds pas.
Tout ça est bien déconnecté de la réalité...
Duzgun- Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010
Re: Ukraine
C'est exactement cela.Duzgun a écrit:
Je sens qu'on va avoir droit à nouveau à l’État ouvrier (très très) dégénéré pour qualifier la Russie. Justifiant de nier l'impérialisme russe parce que par définition "pas possible"...
Tout ça est bien déconnecté de la réalité...
La direction de LO qui vit dans la nostalgie tente toujours d'imposer
à ses militants que la Russie est toujours un Etat ouvrier (dégénéré...).
Nous sommes plusieurs à avoir pris le temps de démontrer sur ce forum,
notamment première version,
que sur la base des rapports de production,
et des droits de propriété qui vont avec, que c'était une fable.
sa logique est imparable:
"le loup étant un mouton, il ne peut manger les poules..."
Pour le fun, j'ai annoncé à des ouvriers russes que selon une orga française,
ils vivaient dans un Etat ouvrier, dégénéré, mais ouvrier.
Leur réponse: "ils devraient faire un show télévisé ici pour faire rire les ouvriers..."
Dernière édition par Marco Pagot le Lun 10 Mar - 10:24, édité 1 fois (Raison : Copier coller permanents et attaques personnelles)
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Ukraine
L'image est bien trouvée!Roseau a écrit:"le loup étant un mouton, il ne peut manger les poules..."
Duzgun- Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010
Douze avions de chasse US en Pologne...
Au moins, la direction de LO ne se trompe pas quand elle voit le renard.
Là, on est heureusement d'accord.
http://www.lesoir.be/489220/article/actualite/monde/2014-03-09/ukraine-etats-unis-envoient-douze-avions-chasse-en-pologne
Là, on est heureusement d'accord.
http://www.lesoir.be/489220/article/actualite/monde/2014-03-09/ukraine-etats-unis-envoient-douze-avions-chasse-en-pologne
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Ukraine
http://www.vp-partisan.org/article1220.html
Déclaration de l'OCML Voie Prolétarienne : "Ukraine : révolte populaire et conflit impérialiste"
Déclaration de l'OCML Voie Prolétarienne : "Ukraine : révolte populaire et conflit impérialiste"
La crise en Ukraine a éclaté après que le gouvernement de Ianoukovitch ait choisi de renoncer à un partenariat financier avec l’Union européenne pour se tourner vers une union douanière avec la Russie. Ce revirement a été la cause immédiate d’un soulèvement antigouvernemental, soutenu par les gouvernements occidentaux et les médias européens qui ont pris le parti de défendre la « démocratie » contre le régime despotique de Ianoukovitch, appuyé par Poutine. Ils se donnent le beau rôle de défenseurs de la démocratie, du peuple et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, comme si c’était là le véritable enjeu pour eux.
Les peuples veulent la démocratie et la justice sociale
La révolte de la place Maïdan est diverse. Les nationalistes ukrainiens anti-russe d’extrême droite y ont été les plus actifs, mais nullement majoritaires. Elle est un rejet de la misère et des profiteurs des privatisations des années 1990, les oligarques. Ces derniers sont dans l’entourage des politiciens corrompus, que ce soit celui du président déchu ou de ses opposants. Elle est portée par les Ukrainiens des régions de l’ouest, rurales et pauvres, depuis toujours sous l’influence des voisins européens, mais elle a suscité la méfiance, voire l’hostilité, des ukrainiens des régions industrielles russophones de l’est.
Le soulèvement a chassé du pouvoir Ianoukovitch, instauré un gouvernement de transition réactionnaire où le parti d’extrême droite Svoboda a quatre ministres dont celui de l’intérieur. Le peuple ukrainien, ou du moins une partie, a gagné une bataille, mais qu’a-t-il gagné ?
La révolte dévoyée par les enjeux impérialistes
Se poursuit en Ukraine la confrontation d’impérialismes rivaux, occidentaux contre russes et chinois, qui déchire la Syrie depuis trois ans. Cette confrontation, cette guerre économique, politique, s’appuie sur des crises nationales, sur des soulèvements populaires. Ils ne les ont pas créés, mais s’emploient à les orienter selon leurs intérêts en appuyant les différents protagonistes.
Comme en Syrie, aujourd’hui en Ukraine la crise est une opportunité pour l’impérialisme occidental et européen et une menace pour l’impérialisme russe. La révolte populaire en abattant un gouvernement ukrainien soutenu par leur concurrent russe au profit d’un gouvernement réactionnaire, peut servir les intérêts des Occidentaux. D’ailleurs ce gouvernement a déposé un projet de loi envisageant l’intégration de l’Urkaine à l’OTAN, volonté exprimée par les USA dans les années 2000, mais alors rejetée par l’Union européenne. La Russie n’entend pas perdre ses bases militaires navales en Crimée, ni les intérêts économiques importants qu’elle a en Ukraine, et refuse de voir les forces de l’OTAN renforcées à ses frontières.
Les gouvernements de l’Union européenne ont soutenu la révolte en s’asseyant sur leurs « principes politiques » qui voudraient que seul soit légitime un gouvernement issu d’une élection, ce qui était le cas de Ianoukovitch, et que le « pouvoir ne soit jamais celui de la rue ». Mais voilà, démocratie, respect des droits de l’Homme, droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, ne valent que tant que leur application sert leurs intérêts. Beaucoup de peuples peuvent en témoigner, les Palestiniens en premier lieu, dont les droits nationaux et démocratiques sont depuis longtemps bafoués par les impérialistes.
Une révolte sans direction populaire
La crise ukrainienne a débuté à la suite de l’échec d’un accord économique entre l’Union européenne, imputé aux pressions de la Russie. La révolte est socialement large. Mais place Maïdan les mouvements nationalistes fascisants tels que Svoboda, et plus à droite le Praviy Sektor, ont été particulièrement actifs. Praviy Sektor se définit comme « nationaliste, défendant les valeurs de l’Europe blanche et chrétienne contre la perte de la nation et la « déreligionisation ». Pour autant que l’on ne peut considérer qu’ils soient représentatifs de la majorité des insurgés. En tout cas leur présence visible et active dans la révolte suscite crainte et méfiance chez les Ukrainiens russophones. Méfiance d’autant plus justifiée qu’une des premières mesures du gouvernement de transition a été de supprimer le Russe comme deuxième langue officielle.
Les opposants « démocratiques » comme Ioulia Timochenko, vedette déchue de la révolution orange de 2004, sont aussi discrédités que l’ensemble de personnel politique ukrainien qui s’est enrichi sans scrupule. Ces politiciens sont liés aux oligarques présents dans les deux camps. Ils vont prendre les commandes du pays, en saluant « les héros de Maïdan ». Cette bourgeoise qui a fait sa fortune en s’appropriant, lors des privatisations des années 90, les industries sidérurgiques, métallurgiques et minières du bassin de Donetsk russophone, ne tient nullement à la partition de l’Ukraine. Elle veut défendre une indépendance économique qui lui permet de commercer aussi bien avec la Russie qu’avec l’Europe.
Ianoukovitch a été chassé. Le peuple d’Ukraine est divisé par les nationalismes exacerbés, celui de l’extrême droite ukrainienne, celui des Russophones activé par la Russie. Il l’est aussi par l’absence d’un Parti pouvant défendre ses intérêts conte ses exploiteurs et capable de combattre les chauvinismes réactionnaires.
Le peuple ukrainien dupé par l’Union européenne ?
Les Européens disent vouloir défendre l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ils accepteront de facto la séparation de la république autonome de Crimée, que la Russie vient d’occuper, même s’ils ne la reconnaissent pas en droit. Ils ne veulent pas à une partition générale de l’Ukraine qui les obligerait à soutenir les régions pauvres de l’ouest agricoles, auxquelles ils imposeraient des sacrifices comme ils l’ont fait pour le peuple grec.
Enfin, ils tiennent, l’Allemagne en premier lieu, à conserver de bonnes relations commerciales avec la Russie. L’Allemagne est le premier partenaire commercial de la Russie en Europe et n’est pas prête à rompre le dialogue avec Poutine. La Russie fournit 25 % du gaz consommé par l’Europe. Plus de 30 % du gaz et du pétrole consommés en Allemagne. L’Union européenne est le premier investisseur étranger en Russie.
Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la défense de leurs droits politiques et sociaux, ne pèsent jamais beaucoup devant ces intérêts.
Vers la guerre ?
En occupant militairement la Crimée, le régime de Poutine fait monter les enchères acculant l’Union européenne, soit à l’impuissance, soit à des mesures qui aggraveraient la crise économique en Europe et les risques d’un affrontement militaire. Ni l’Union européenne, ni a Russie n’y ont intérêt, mais la concurrence impérialiste, la guerre économique, la guerre d’influence, alimentent les nationalismes. Poutine en profite pour menacer l’Ukraine tentée de rejoindre l’OTAN : vous restez dans mon camp sinon j’envoie mon armée. Et si la guerre n’est pas souhaitée par les uns et les autres, la nécessité pour Poutine, comme pour les USA et l’Union européenne, de se monter ferme et de répondre aux attentes qu’ils ont entretenues dans leurs peuples et en Ukraine, peuvent y conduire. L’impérialisme porte la guerre, comme l’orage la foudre.
Impérialistes, occidentaux ou russe : bas les pattes en Ukraine.
Dissolution de l’OTAN
A bas les guerres impérialistes, économiques ou militaires
Contre les nationalismes réactionnaires, respect des droits nationaux des minorités, solidarité ouvrière
Pas de révolution sans parti communiste des exploités
Joe Hill- Messages : 340
Date d'inscription : 21/11/2011
Re: Ukraine
Neither the West nor Russia – No to imperialist war games over Ukraine: statement by the International Socialist Tendency
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
« Une guerre civile est possible »
Interview d’un dirigeant de Borotba (orga marxiste)
Vasyl Kubanets est membre de la direction de l’Association Borotba [lutte], fondée en 2006.
Le nom a été changé par la rédaction.
http://lepcf.fr/Une-guerre-civile-est-possible
Vasyl Kubanets est membre de la direction de l’Association Borotba [lutte], fondée en 2006.
Le nom a été changé par la rédaction.
http://lepcf.fr/Une-guerre-civile-est-possible
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Ukraine
Sur Borotba, j'ai trouvé ça :[quote]Déclaration des organisations de gauches et anarchistes d’Ukraine à propos du syndicat Borotba («Lutte»)
Nous, les associations et groupes anarchistes et de gauches ukrainiennes, déclarons que le syndicat Borotba n’appartient pas à notre mouvement. Pendant toute son existence ce projet politique était engagé en faveur de régimes et d’idéologies de «gauche» les plus discrédités, conservatrices et autoritaires, qui ne représentent point les intérêts de la classe ouvrière.
Borotba s’est avéré être une organisation aux financements non transparents et suivant une politique de coopération avec d’autres organismes sans principes. Elle embauche du personnel salarié qui « travaillent » dans l’organisation et qui donc ne sont pas des « membres libres ». Les cellules de Borotba ont coopéré à des campagnes communes avec le Parti socialiste progressiste (le Parti socialiste progressiste d’Ukraine est un parti raciste, antisémite, cléricale qui n’a aucun rapport avec le mouvement socialiste) et un groupe progouvernemental antisémite et homophobe « Oplot ». Elles sont aussi en relation avec le journaliste infâme A. Chalenko qui se décris ouvertement comme un chauviniste russe.
Les événements récents montrent que Borotba, comme le Parti « communiste » d’Ukraine, défend franchement les intérêts du président Ianoukovitch : ses leaders justifient les actions des forces de sécurité d’État contre les militants et nient les actes de violence et la cruauté de leur part, leur utilisation de la torture et d’autres formes de terreur politique. Dans des sources sous leur contrôle et dans leurs commentaires aux médias, les représentants de Borotba prennent une position extrêmement partiale sur la composition du mouvement de Maidan. D’après eux, les protestations ne sont qu’un « coup d’Etat fasciste ». Nous avons une position antifasciste, et nos militants ont été victimes d’attaques de la part de l’extrêmedroite.
Nous ne partageons pas toutes les idées de Maidan et allons lutter contre l’opposition bourgeoise. Nous condamnons également le sentiment conservateur, nationaliste et d’extrêmedroite qui est tolérée dans cet environnement de protestation. Toutefois, nous soulignons que nommer tous les citoyens actifs des « fascistes », c’est non seulement faux, mais aussi néfaste. Cette partialité alimente l’hystérie chauviniste et aide la classe dirigeante à diviser la société.
Le 24 Janvier, le président régional adjoint et représentant de Borotba, Alex Albu, a participé à la défense de l’administration régionale d’Odessa « contre des nazis » aux côtés de l’organisation « Cosaques », des nationalistes russes ( « Unité slave »), des membres du Parti des Régions qui était au pouvoir à ce moment et de Parti communiste. Plus tard dans un interview, il a avoué avoir coopéré avec les Services de Sécurité ukrainiens.
Le 1 mars, les militants de Borotba avec les organisations proPoutine ont participé à la prise de L’administration régionale de Kharkiv, qui a comme résultat suspendu le drapeau russe sur le toit de l’administration et battu violemment de nombreux militants, dont le poète de gauche Serguei Zhadan. Les « borotbistes » appellent leurs actions « antifascistes » et croient que cette violence est juste et commise contre les « nazis ».
Nous en concluons donc que l’organisation Borotba n’est pas seulement une organisation partisane d’un retour au passé soviétique autoritaire, mais aussi un groupe de manipulateurs conscients de l’opinion publique qui agissent comme des « révolutionnaires à la botte » des groupes dirigeants. Pour le moment, leurs activités, qui n’a rien à voir avec la politique de gauche et la lutte de classe, visent à soutenir les forces pro Poutine en prétendant être « antifasciste » et « communiste ». Ainsi, les actions de cette organisation discréditent leur nom, emprunté aux borotbistes révolutionnaires du début du XXe siècle, mais aussi toute la gauche ukrainienne d’aujourd’hui. En outre, Borotba ne recule pas devant le mensonge et la manipulation des faits et trompe ainsi les mouvements de gauche étrangers et antifascistes.
Nous encourageons tous les révolutionnaires conscients de cette organisation traître et pro bourgeoise de rompre définitivement toutes leurs relations politiques avec ces leaders. Nous espérons également que la gauche européenne et russe va reconsidérer l’attitude de Borotba. Une organisation de cette sorte doit être isolée.
Ni dieu, ni maître ! Pas de nations, pas de frontières !
Prolétaires de tous les pays, unissezvous !
Syndicat autonome des travailleurs de Kiev
Syndicat indépendant d’étudiant(e)s “Action Directe”[quote]
Nous, les associations et groupes anarchistes et de gauches ukrainiennes, déclarons que le syndicat Borotba n’appartient pas à notre mouvement. Pendant toute son existence ce projet politique était engagé en faveur de régimes et d’idéologies de «gauche» les plus discrédités, conservatrices et autoritaires, qui ne représentent point les intérêts de la classe ouvrière.
Borotba s’est avéré être une organisation aux financements non transparents et suivant une politique de coopération avec d’autres organismes sans principes. Elle embauche du personnel salarié qui « travaillent » dans l’organisation et qui donc ne sont pas des « membres libres ». Les cellules de Borotba ont coopéré à des campagnes communes avec le Parti socialiste progressiste (le Parti socialiste progressiste d’Ukraine est un parti raciste, antisémite, cléricale qui n’a aucun rapport avec le mouvement socialiste) et un groupe progouvernemental antisémite et homophobe « Oplot ». Elles sont aussi en relation avec le journaliste infâme A. Chalenko qui se décris ouvertement comme un chauviniste russe.
Les événements récents montrent que Borotba, comme le Parti « communiste » d’Ukraine, défend franchement les intérêts du président Ianoukovitch : ses leaders justifient les actions des forces de sécurité d’État contre les militants et nient les actes de violence et la cruauté de leur part, leur utilisation de la torture et d’autres formes de terreur politique. Dans des sources sous leur contrôle et dans leurs commentaires aux médias, les représentants de Borotba prennent une position extrêmement partiale sur la composition du mouvement de Maidan. D’après eux, les protestations ne sont qu’un « coup d’Etat fasciste ». Nous avons une position antifasciste, et nos militants ont été victimes d’attaques de la part de l’extrêmedroite.
Nous ne partageons pas toutes les idées de Maidan et allons lutter contre l’opposition bourgeoise. Nous condamnons également le sentiment conservateur, nationaliste et d’extrêmedroite qui est tolérée dans cet environnement de protestation. Toutefois, nous soulignons que nommer tous les citoyens actifs des « fascistes », c’est non seulement faux, mais aussi néfaste. Cette partialité alimente l’hystérie chauviniste et aide la classe dirigeante à diviser la société.
Le 24 Janvier, le président régional adjoint et représentant de Borotba, Alex Albu, a participé à la défense de l’administration régionale d’Odessa « contre des nazis » aux côtés de l’organisation « Cosaques », des nationalistes russes ( « Unité slave »), des membres du Parti des Régions qui était au pouvoir à ce moment et de Parti communiste. Plus tard dans un interview, il a avoué avoir coopéré avec les Services de Sécurité ukrainiens.
Le 1 mars, les militants de Borotba avec les organisations proPoutine ont participé à la prise de L’administration régionale de Kharkiv, qui a comme résultat suspendu le drapeau russe sur le toit de l’administration et battu violemment de nombreux militants, dont le poète de gauche Serguei Zhadan. Les « borotbistes » appellent leurs actions « antifascistes » et croient que cette violence est juste et commise contre les « nazis ».
Nous en concluons donc que l’organisation Borotba n’est pas seulement une organisation partisane d’un retour au passé soviétique autoritaire, mais aussi un groupe de manipulateurs conscients de l’opinion publique qui agissent comme des « révolutionnaires à la botte » des groupes dirigeants. Pour le moment, leurs activités, qui n’a rien à voir avec la politique de gauche et la lutte de classe, visent à soutenir les forces pro Poutine en prétendant être « antifasciste » et « communiste ». Ainsi, les actions de cette organisation discréditent leur nom, emprunté aux borotbistes révolutionnaires du début du XXe siècle, mais aussi toute la gauche ukrainienne d’aujourd’hui. En outre, Borotba ne recule pas devant le mensonge et la manipulation des faits et trompe ainsi les mouvements de gauche étrangers et antifascistes.
Nous encourageons tous les révolutionnaires conscients de cette organisation traître et pro bourgeoise de rompre définitivement toutes leurs relations politiques avec ces leaders. Nous espérons également que la gauche européenne et russe va reconsidérer l’attitude de Borotba. Une organisation de cette sorte doit être isolée.
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yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Ukraine
Sur Borotba, j'ai trouvé ça :
Nous, les associations et groupes anarchistes et de gauches ukrainiennes, déclarons que le syndicat Borotba n’appartient pas à notre mouvement. Pendant toute son existence ce projet politique était engagé en faveur de régimes et d’idéologies de «gauche» les plus discrédités, conservatrices et autoritaires, qui ne représentent point les intérêts de la classe ouvrière.
Borotba s’est avéré être une organisation aux financements non transparents et suivant une politique de coopération avec d’autres organismes sans principes. Elle embauche du personnel salarié qui « travaillent » dans l’organisation et qui donc ne sont pas des « membres libres ». Les cellules de Borotba ont coopéré à des campagnes communes avec le Parti socialiste progressiste (le Parti socialiste progressiste d’Ukraine est un parti raciste, antisémite, cléricale qui n’a aucun rapport avec le mouvement socialiste) et un groupe progouvernemental antisémite et homophobe « Oplot ». Elles sont aussi en relation avec le journaliste infâme A. Chalenko qui se décris ouvertement comme un chauviniste russe.
Les événements récents montrent que Borotba, comme le Parti « communiste » d’Ukraine, défend franchement les intérêts du président Ianoukovitch : ses leaders justifient les actions des forces de sécurité d’État contre les militants et nient les actes de violence et la cruauté de leur part, leur utilisation de la torture et d’autres formes de terreur politique. Dans des sources sous leur contrôle et dans leurs commentaires aux médias, les représentants de Borotba prennent une position extrêmement partiale sur la composition du mouvement de Maidan. D’après eux, les protestations ne sont qu’un « coup d’Etat fasciste ». Nous avons une position antifasciste, et nos militants ont été victimes d’attaques de la part de l’extrêmedroite.
Nous ne partageons pas toutes les idées de Maidan et allons lutter contre l’opposition bourgeoise. Nous condamnons également le sentiment conservateur, nationaliste et d’extrêmedroite qui est tolérée dans cet environnement de protestation. Toutefois, nous soulignons que nommer tous les citoyens actifs des « fascistes », c’est non seulement faux, mais aussi néfaste. Cette partialité alimente l’hystérie chauviniste et aide la classe dirigeante à diviser la société.
Le 24 Janvier, le président régional adjoint et représentant de Borotba, Alex Albu, a participé à la défense de l’administration régionale d’Odessa « contre des nazis » aux côtés de l’organisation « Cosaques », des nationalistes russes ( « Unité slave »), des membres du Parti des Régions qui était au pouvoir à ce moment et de Parti communiste. Plus tard dans un interview, il a avoué avoir coopéré avec les Services de Sécurité ukrainiens.
Le 1 mars, les militants de Borotba avec les organisations proPoutine ont participé à la prise de L’administration régionale de Kharkiv, qui a comme résultat suspendu le drapeau russe sur le toit de l’administration et battu violemment de nombreux militants, dont le poète de gauche Serguei Zhadan. Les « borotbistes » appellent leurs actions « antifascistes » et croient que cette violence est juste et commise contre les « nazis ».
Nous en concluons donc que l’organisation Borotba n’est pas seulement une organisation partisane d’un retour au passé soviétique autoritaire, mais aussi un groupe de manipulateurs conscients de l’opinion publique qui agissent comme des « révolutionnaires à la botte » des groupes dirigeants. Pour le moment, leurs activités, qui n’a rien à voir avec la politique de gauche et la lutte de classe, visent à soutenir les forces pro Poutine en prétendant être « antifasciste » et « communiste ». Ainsi, les actions de cette organisation discréditent leur nom, emprunté aux borotbistes révolutionnaires du début du XXe siècle, mais aussi toute la gauche ukrainienne d’aujourd’hui. En outre, Borotba ne recule pas devant le mensonge et la manipulation des faits et trompe ainsi les mouvements de gauche étrangers et antifascistes.
Nous encourageons tous les révolutionnaires conscients de cette organisation traître et pro bourgeoise de rompre définitivement toutes leurs relations politiques avec ces leaders. Nous espérons également que la gauche européenne et russe va reconsidérer l’attitude de Borotba. Une organisation de cette sorte doit être isolée.
Ni dieu, ni maître ! Pas de nations, pas de frontières !
Prolétaires de tous les pays, unissezvous !
Syndicat autonome des travailleurs de Kiev
Syndicat indépendant d’étudiant(e)s “Action Directe”
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Ukraine
Et moi sur le "courrier des Balkans", j'ai trouvé ça (que je trouve pas mal du tout !)
Radio Slobodna Evropa
Bosnie-Herzégovine : Ukrainiens, ne faites pas la même erreur que nous !
Traduit par Jovana Papović
Publié dans la presse : 5 mars 2014
Mise en ligne : lundi 10 mars 2014
Si la situation en Ukraine devait se transformer en guerre ouverte, peu importe qui la gagnera, les perdants seront comme toujours les gens ordinaires, les petites gens, ceux à qui on n’aura jamais rien demandé. Le romancier bosnien Andrej Nikolaidis dresse un parallèle entre les événements qui déchirèrent la Bosnie-Herzégovine dans les années 1990 et ce qui se passe actuellement en Ukraine.
Par Andrej Nikolaidis
Nous les Bosniens, nous savons ce que ça veut dire d’être des perdants. Avril 1992, les premiers jours du siège de Sarajevo. A l’époque, j’étais un adolescent aux cheveux longs, je portais des jeans troués et un tee-shirt sur lequel on pouvait lire « Joy Division : Unknown Pleasures ». De la fenêtre de mon appartement de banlieue, je pouvais voir les chars de combat de l’Armée nationale yougoslave (JNA) lancer leurs canons sur Sarajevo. Cette armée était contrôlée par Slobodan Milošević, le président de la Serbie.
A la radio, on pouvait entendre le débat qui opposait Alija Izetbegović, président de la Bosnie, et Milutin Kukanjac, général de la JNA. Izetbegović demandait à ce que l’armée arrête ses bombardements. Kukanjac prétendait que les forces armées qui dépendaient de son commandement d’avaient pas lancé un seul missile. Je me souviens du verre de lait qui valsait sur la table au rythme de ces missiles qui n’avaient jamais été lancés.
Quand des gens ordinaires se retrouvent au centre d’une tempête géopolitique – comme les citoyens ukrainiens aujourd’hui – le dilemme du verre à moitié plein ou à moitié vide n’a plus aucune importance, puisque le verre sera bientôt cassé.
En Bosnie, les premiers jours, voire les premiers mois de la guerre, les gens étaient pleins d’optimisme. Les voisins se disaient que l’Occident ne laisserait jamais une guerre éclater chez nous, parce que « nous sommes en Europe ». Ma cousine s’en allait à Belgrade et on lui a conseillé de prendre tout l’argent qu’elle avait laissé sur ses comptes en banque à Sarajevo. « Tout sera fini dans une semaine, nous rentrerons vite », disait-elle. Le président Izetbegović affirmait dans ses discours télévisés : « Soyez sans crainte : il n’y aura pas de guerre. »
On s’est réveillé après quatre ans de cauchemars.
Pour nous les Bosniens, ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui a un goût amer de déjà vu. Il est facile de dresser des parallèles entre l’Ukraine aujourd’hui et la Bosnie de 1992. L’armée russe marche hargneusement vers l’Ukraine, de la même façon que Milošević l’avait fait à l’époque sur une grande partie de la Bosnie-Herzégovine. Kiev reçoit aujourd’hui le soutien de l’Union Européenne et des Etats-Unis, comme l’avait alors reçu Sarajevo. Nous avions même reçu le soutient de Bono et de Pavarotti qui avaient tout deux chanté pour « Mademoiselle Sarajevo. » Cependant, toutes ces cartes postales musicales que le monde libre nous envoyait pour nous soutenir, ne réussirent pas à arrêter le nettoyage ethnique en Bosnie orientale, près de la frontière avec la Serbie.
Derrière le rideau sanglant de la guerre de Bosnie et de toutes les autres guerres récentes des Balkans, se cachait en réalité la transition de la version yougoslave du socialisme vers le capitalisme de marché. Cette transition était dirigée par la Troïka (la Commission européenne, le FMI et la Banque mondiale). Derrière le ballet des foules sur les places de Kiev et les manigances russes, se cache aussi une logique économique. Bruxelles demandait à Kiev de signer un pacte de libre échange avec l’UE. Cet accord devait être de toute évidence bon pour l’Union Européenne, mais moins intéressant pour l’Ukraine. A ce moment là, Moscou propose d’aider l’Ukraine et essaye de lui mettre des menottes invisibles en lui versant 9 milliards de livres, lui proposant de baisser le prix du gaz de 30% et de signer des contrats avec son industrie. Victor Ianoukovitch décide de refuser l’offre européenne. Le mouvement Euro-Maidan se met en place…
Comme le note l’économiste Michael Roberts, « le peuple ukrainien se trouve devant un choix de Hobson, un choix qui n’en est pas un : s’allier au capitalisme de connivence russe organisé par des anciens agents du KGB, ou accepter l’offre tout aussi corrompue des démocrates « pro-européens ». Roberts prévoit que la dette extérieure de l’Ukraine sera bientôt doublée, « à cause des nouveaux prêts du FMI, des taux de croissance de la dette en dollars et en euros, et en raison de la chute de la monnaie nationale ukrainienne, la hryvnia. »
Nous, en ex-Yougoslavie, rien de tout cela ne nous étonne. Avant le démembrement du pays, la dette yougoslave était de 11,5 milliards d’euros. Aujourd’hui, après toutes les « aides » de la Troïka, la dette des pays ex-yougoslaves s’élève à plus de 129 milliards d’euros.
Alors que le peuple ukrainien se bat contre l’invasion russe et qu’il essaye de survivre au cheval de Troie envoyé par les institutions du capitalisme mondialisé, nous ne pouvons qu’espérer que les Ukrainiens auront appris leur leçon sur la guerre en Bosnie – le deus ex machina occidental ne tombera pas du ciel, il ne réglera pas tous leurs problèmes et ne les emmènera pas vers la terre promise : l’Union européenne.
La Bosnie est aujourd’hui un pays pauvre et divisé, peut-être même plus qu’en 1992. Les anciens combattants, affamés et malades, se rassemblent et manifestent. « Alors qu’on saignait, ils nous volaient ! » dit l’un d’entre eux. Il y a quelques années de cela, ils étaient prêts à mourir pour leur nation et pour son futur éclatant. Il y avait des Bosniens qui voyaient leur futur sous les drapeaux bosniens et européens, d’autres sous les drapeaux croates et européens, alors que d’autres préféraient imaginer le drapeau de la Grande Serbie. Beaucoup de drapeaux, mais finalement la même pauvreté pour tous.
Maintenant ils le savent : le drapeau n’est qu’un chiffon dans le vent. Et oui, c’est bien vrai que les vrais gentlemen sont toujours des perdants.
Radio Slobodna Evropa
Bosnie-Herzégovine : Ukrainiens, ne faites pas la même erreur que nous !
Traduit par Jovana Papović
Publié dans la presse : 5 mars 2014
Mise en ligne : lundi 10 mars 2014
Si la situation en Ukraine devait se transformer en guerre ouverte, peu importe qui la gagnera, les perdants seront comme toujours les gens ordinaires, les petites gens, ceux à qui on n’aura jamais rien demandé. Le romancier bosnien Andrej Nikolaidis dresse un parallèle entre les événements qui déchirèrent la Bosnie-Herzégovine dans les années 1990 et ce qui se passe actuellement en Ukraine.
Par Andrej Nikolaidis
Nous les Bosniens, nous savons ce que ça veut dire d’être des perdants. Avril 1992, les premiers jours du siège de Sarajevo. A l’époque, j’étais un adolescent aux cheveux longs, je portais des jeans troués et un tee-shirt sur lequel on pouvait lire « Joy Division : Unknown Pleasures ». De la fenêtre de mon appartement de banlieue, je pouvais voir les chars de combat de l’Armée nationale yougoslave (JNA) lancer leurs canons sur Sarajevo. Cette armée était contrôlée par Slobodan Milošević, le président de la Serbie.
A la radio, on pouvait entendre le débat qui opposait Alija Izetbegović, président de la Bosnie, et Milutin Kukanjac, général de la JNA. Izetbegović demandait à ce que l’armée arrête ses bombardements. Kukanjac prétendait que les forces armées qui dépendaient de son commandement d’avaient pas lancé un seul missile. Je me souviens du verre de lait qui valsait sur la table au rythme de ces missiles qui n’avaient jamais été lancés.
Quand des gens ordinaires se retrouvent au centre d’une tempête géopolitique – comme les citoyens ukrainiens aujourd’hui – le dilemme du verre à moitié plein ou à moitié vide n’a plus aucune importance, puisque le verre sera bientôt cassé.
En Bosnie, les premiers jours, voire les premiers mois de la guerre, les gens étaient pleins d’optimisme. Les voisins se disaient que l’Occident ne laisserait jamais une guerre éclater chez nous, parce que « nous sommes en Europe ». Ma cousine s’en allait à Belgrade et on lui a conseillé de prendre tout l’argent qu’elle avait laissé sur ses comptes en banque à Sarajevo. « Tout sera fini dans une semaine, nous rentrerons vite », disait-elle. Le président Izetbegović affirmait dans ses discours télévisés : « Soyez sans crainte : il n’y aura pas de guerre. »
On s’est réveillé après quatre ans de cauchemars.
Pour nous les Bosniens, ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui a un goût amer de déjà vu. Il est facile de dresser des parallèles entre l’Ukraine aujourd’hui et la Bosnie de 1992. L’armée russe marche hargneusement vers l’Ukraine, de la même façon que Milošević l’avait fait à l’époque sur une grande partie de la Bosnie-Herzégovine. Kiev reçoit aujourd’hui le soutien de l’Union Européenne et des Etats-Unis, comme l’avait alors reçu Sarajevo. Nous avions même reçu le soutient de Bono et de Pavarotti qui avaient tout deux chanté pour « Mademoiselle Sarajevo. » Cependant, toutes ces cartes postales musicales que le monde libre nous envoyait pour nous soutenir, ne réussirent pas à arrêter le nettoyage ethnique en Bosnie orientale, près de la frontière avec la Serbie.
Derrière le rideau sanglant de la guerre de Bosnie et de toutes les autres guerres récentes des Balkans, se cachait en réalité la transition de la version yougoslave du socialisme vers le capitalisme de marché. Cette transition était dirigée par la Troïka (la Commission européenne, le FMI et la Banque mondiale). Derrière le ballet des foules sur les places de Kiev et les manigances russes, se cache aussi une logique économique. Bruxelles demandait à Kiev de signer un pacte de libre échange avec l’UE. Cet accord devait être de toute évidence bon pour l’Union Européenne, mais moins intéressant pour l’Ukraine. A ce moment là, Moscou propose d’aider l’Ukraine et essaye de lui mettre des menottes invisibles en lui versant 9 milliards de livres, lui proposant de baisser le prix du gaz de 30% et de signer des contrats avec son industrie. Victor Ianoukovitch décide de refuser l’offre européenne. Le mouvement Euro-Maidan se met en place…
Comme le note l’économiste Michael Roberts, « le peuple ukrainien se trouve devant un choix de Hobson, un choix qui n’en est pas un : s’allier au capitalisme de connivence russe organisé par des anciens agents du KGB, ou accepter l’offre tout aussi corrompue des démocrates « pro-européens ». Roberts prévoit que la dette extérieure de l’Ukraine sera bientôt doublée, « à cause des nouveaux prêts du FMI, des taux de croissance de la dette en dollars et en euros, et en raison de la chute de la monnaie nationale ukrainienne, la hryvnia. »
Nous, en ex-Yougoslavie, rien de tout cela ne nous étonne. Avant le démembrement du pays, la dette yougoslave était de 11,5 milliards d’euros. Aujourd’hui, après toutes les « aides » de la Troïka, la dette des pays ex-yougoslaves s’élève à plus de 129 milliards d’euros.
Alors que le peuple ukrainien se bat contre l’invasion russe et qu’il essaye de survivre au cheval de Troie envoyé par les institutions du capitalisme mondialisé, nous ne pouvons qu’espérer que les Ukrainiens auront appris leur leçon sur la guerre en Bosnie – le deus ex machina occidental ne tombera pas du ciel, il ne réglera pas tous leurs problèmes et ne les emmènera pas vers la terre promise : l’Union européenne.
La Bosnie est aujourd’hui un pays pauvre et divisé, peut-être même plus qu’en 1992. Les anciens combattants, affamés et malades, se rassemblent et manifestent. « Alors qu’on saignait, ils nous volaient ! » dit l’un d’entre eux. Il y a quelques années de cela, ils étaient prêts à mourir pour leur nation et pour son futur éclatant. Il y avait des Bosniens qui voyaient leur futur sous les drapeaux bosniens et européens, d’autres sous les drapeaux croates et européens, alors que d’autres préféraient imaginer le drapeau de la Grande Serbie. Beaucoup de drapeaux, mais finalement la même pauvreté pour tous.
Maintenant ils le savent : le drapeau n’est qu’un chiffon dans le vent. Et oui, c’est bien vrai que les vrais gentlemen sont toujours des perdants.
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: Ukraine
yannalan a écrit:Sur Borotba, j'ai trouvé ça :Nous, les associations et groupes anarchistes et de gauches ukrainiennes, déclarons que le syndicat
(...)
Ni dieu, ni maître ! Pas de nations, pas de frontières !
Prolétaires de tous les pays, unissezvous !
Syndicat autonome des travailleurs de Kiev
Syndicat indépendant d’étudiant(e)s “Action Directe”
Cette déclaration a été signée également par d'autres organisations, dont l'union socialiste Opposition de gauche.
Pour l'union BOROTBA (qui n'est pas un "syndicat"), cette déclaration fait partie d'une campagne de calomnies à son encontre. Elle répond par une autre déclaration, dont on peut lire une traduction en français sur le blog de Servir le peuple (article daté du 6 mars).
Plus d'informations sur cette organisation (en anglais) ICI
Dernière édition par Prado le Mar 11 Mar - 0:12, édité 1 fois
Prado- Messages : 1274
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Quand Washington s'emmêle...
http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-4/
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Re: Ukraine
Après la Chute d’Ianoukovitch
Une « guerre d’influences » réactionnaire sur l’Ukraine
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Une-guerre-d-influences-reactionnaire-sur-l-Ukraine
Le tournant répressif contre les occupants de Maïdan les 18 et 19 février dernier en Ukraine n’ont fait qu’accélérer le renversement du président Viktor Ianoukovitch, la mise en place d’un gouvernement dit « d’union nationale » et la convocation d’élections présidentielles anticipées le 25 mai prochain. L’impérialisme pour sa part essaye de faire avancer ses positions à travers les leaders de l’opposition qui dominent largement le nouveau gouvernement. La Russie, malgré ce revers important, essaye de limiter la casse, allant jusqu’à déployer ses forces armées en Crimée et dans d’autres régions du Est ukrainien, alimentant ainsi des tendances séparatistes. Ce n’est plus une crise ukrainienne mais une crise internationale, sans doute la plus grave entre l’impérialisme et la Russie depuis la dissolution de l’URSS en 1991. Certains parlent même d’un retour d’une forme de « Guerre Froide », mais il s’agit surtout d’une « guerre d’influences » réactionnaire entre l’impérialisme et la Russie qui peut conduire l’Ukraine à une situation encore plus catastrophique.
La contestation qui secoue l’Ukraine est partie d’un refus profond du régime corrompu incarné par Ianoukovitch, ses proches et ses amis oligarques. Au début, ce mouvement s’est traduit par une exigence de rapprochement avec l’UE dans la perspective d’un supposé "changement profond". Avec la répression et les manifestations violentes du mois de janvier, la contestation a évolué et pris un ton plus ouvertement anti-Ianoukovitch. La méfiance envers la « caste politicienne » est très grande, y compris vis-à-vis des leaders de l’opposition. Cela, combiné à un manque de revendications et perspectives de classe, a permis d’ailleurs que des groupes ultranationalistes réactionnaires puissent apparaitre, pour une partie des manifestants, comme une option valide et gagnent du poids dans les mobilisation.
Or, la chute du président et la conformation d’un « gouvernement d’unité nationale » largement dominé par l’opposition, soutenue et mise en avant par les impérialistes, mettent cette alliance entre néolibéraux et nationalistes au centre de la scène politique nationale. Cela a tout de suite déclenché des mobilisations dans l’Est du pays où les populations russophones et appartenant à d’autres minorités nationales se sentent menacées par les nouvelles autorités, parmi lesquelles il y a des ultranationalistes ukrainiens. Les premières mesures prises par ce gouvernement par intérim ne font qu’alimenter cette peur, notamment après l’abrogation de la loi qui permettait que des langues des minorités nationales puissent être reconnues dans certaines régions comme deuxième langue officielle. Cela était le cas évidemment du russe mais aussi d’autres langues comme le hongrois ou le roumain.
On peut émettre l’hypothèse que la répression lancée contre les manifestants par Viktor Ianoukovitch exprimait plus qu’un "simple" tournant répressif et qu’elle était le résultat d’un accord passé avec Poutine. Or, en même temps le pouvoir montrait des signes de division par rapport à la tactique à adopter vis-à-vis des manifestants : alors qu’une partie des soutiens d’Ianoukovitch et des membres du Parti des Régions était pour une « attitude ferme » une autre partie importante, inquiète pour ses intérêts placés dans les banques occidentales, prônait plutôt « le dialogue ». En tout cas, au moment de la chute d’Ianoukovitch, soit par vrai dissension soit par opportunisme, une grande partie des députés du Parti des Région, ainsi que des oligarques, a lâché l’ancien président le rendant responsable de crimes commis contre les manifestants.
Un revers important pour Poutine
Dans un article précédent on signalait l’importance économique, politique et militaire de l’Ukraine pour la Russie. En ce sens, le renversement d’Ianoukovitch représente un coup dur pour les intérêts russes. Cependant, cela ne veut pas dire que les dirigeants russes vont accepter ce recul sans rien faire pour au moins essayer de réduire au minimum les dégâts. Cela explique d’ailleurs la non-reconnaissance du nouveau gouvernement dominé par les dirigeants pro-impérialistes, ainsi que la suspension des aides promises fin novembre et la remise en cause de la décote de 30% sur le prix du gaz à destination de l’Ukraine. Mais ce sont les exercices de l’Armée russe à la frontière ukrainienne et l’intervention de forces armées russes en Crimée qui constituent les actions les plus offensives de la part de Poutine pour garder le contrôle sur une zone stratégique.
Tout cela a comme résultat d’attiser des tendances séparatistes dans certaines régions de l’Est et du Sud du pays, notamment en Crimée où le parlement vient de déclarer son indépendance vis-à-vis de l’Ukraine et où un référendum sur son rattachement à la Russie devrait se tenir le 16 mars. Bien qu’il soit peu probable que la Russie souhaite voir éclater un conflit armé dans sa frontière ouest, la situation la pousse à entretenir une attitude ambiguë. C’est ainsi qu’en même temps que Poutine se dit ouvert à établir un dialogue « d’égal à égal » avec les puissances impérialistes, selon des sources il aurait déjà dépêché près de 30.000 soldats en Ukraine (une bonne partie était déjà sur place à la base militaire en Crimée).
L’impérialisme dénonce cyniquement l’attitude de la Russie : « Au XXIe siècle, vous ne vous comportez tout simplement pas comme au XIXe siècle en envahissant un autre pays ». Ce n’est personne d’autre que John Kerry, le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, qui adressait ces mots aux dirigeants russes !
Cependant, il est possible que cette attitude de Poutine constitue une tentative d’améliorer sa position dans la perspective de négociations avec l’impérialisme. Ce qui serait en accord avec sa politique d’alimenter les tendances séparatistes ou « autonomistes » dans des régions disputées avec les puissances impérialistes et où le contrôle sur l’ensemble du territoire ne semble pas possible. La guerre contre la Géorgie de 2008, qui a débouché sur la partition de son territoire, et la situation tendue dans les territoires (pour l’instant) moldaves de Transnistrie et Gagaouzie en sont une preuve.
En définitive, même si aucun scénario ne doit être écarté pour le moment, y compris les moins probables, il semblerait que Poutine cherche à trouver une sorte d’accord réactionnaire entre la Russie et l’impérialisme, dans tous les cas sur le dos de l’Ukraine. Du point de vue des intérêts russes, il est fondamental de mettre un terme à cette crise et éviter d’en sortir trop affaiblie car cela pourrait être un « mauvais signal » envoyé aux autres anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale, aujourd’hui sous l’emprise de la Russie et en quête de plus de marges de manœuvre.
L’impérialisme essaye d’avancer ses pions
Alors que le retournement de dernière minute d’Ianoukovitch en novembre dernier marquait un revers important pour l’UE, le mouvement de protestation qui s’est développé par la suite lui a permis d’envisager une reprise des négociations sur l’accord d’association. La chute d’Ianoukovitch marque maintenant une victoire partielle mais importante de l’impérialisme contre la Russie en Ukraine.
Avec la constitution du gouvernement par intérim, l’UE et les Etats-Unis essayent de créer un pouvoir légitime capable de contrôler le mouvement de protestation. C’est cela qui explique l’intégration dans celui-ci, à côté des leaders libéraux et nationalistes, des figures du groupe d’extrême-droite « Pravi Sektor ». La libération éclair de l’opposante et ex première ministre Iulia Timochenko, revendication qui n’a jamais été mise en avant par les manifestants, est aussi une tentative d’établir une figure capable de regrouper toutes les composantes de l’opposition. Cependant rien n’assure que cela va marcher. Parmi les manifestants la méfiance vis-à-vis de cette ancienne première ministre est très importante encore. Ainsi : « Alors que les chefs des trois partis d’opposition peinaient à contrôler les manifestants les plus radicaux, Ioulia Timochenko a diffusé plusieurs communiqués ces derniers mois expliquant que si elle était libre, c’est sur les barricades qu’elle mènerait l’opposition. Samedi soir, de retour à Kiev, l’ancienne première ministre a suscité le respect de la foule de Maïdan, mais aussi la méfiance, car ses années au pouvoir n’ont pas laissé de bons souvenirs aux Ukrainiens : paralysie politique et crise économique lui sont notamment attribués. Pour beaucoup, Ioulia Timochenko est une figure du passé, symbole de l’establishment politique. Certains voudraient toutefois voir en elle une figure charismatique, capable de rassembler l’Ukraine et de parler d’une voix forte » [1].
La constitution de ce nouveau gouvernement, soutenu par l’impérialisme mais qui n’est reconnu ni par la Russie ni par une partie importante des autorités des régions de l’Est et du sud du pays, a entrainé l’annulation de l’aide de 15 milliards de dollars promise par la Russie lors de la rupture des négociations avec l’UE et même la décote de 30% du prix du gaz a été remise en question par Moscou. En ce sens, le ministre provisoire de l’économie a averti à ses « partenaires » impérialistes que le pays avait besoin de 35 milliards de dollars d’ici 2015 pour faire face à ses dettes. Cependant, ceux-ci n’ont donné aucune garantie conséquente. En effet, il est certain que l’UE attendra aux élections de mai, et la constitution d’un nouveau pouvoir perçu comme légitime, pour s’engager sur quoi que ce soit, notamment sur le plan économique : « Le principe d’une adhésion est pour l’instant exclu, et l’Europe en crise économique ne peut garantir une aide financière solide à l’Ukraine. Surtout, l’UE se montre prudente, dans l’attente du retour d’un pouvoir fort et légitime à Kiev. La présence, parmi les manifestants, de nombreux militants d’extrême-droite, peu intéressés par Bruxelles, et la grande hétérogénéité de l’opposition incitent les diplomates européens à la méfiance » [2].
Les autorités par intérim quant à elles, pour démontrer leur servilité vis-à-vis de l’impérialisme,sont déjà en train d’annoncer des mesures « antipopulaires » pour faire face à la crise économique que traverse le pays. C’est un élément supplémentaire qui alimente la méfiance parmi les couches populaires de l’Est du pays, où se trouve l’essentiel de l’appareil industriel ukrainien. Cependant, il est très probable qu’au fur et à mesure que la pression russe augmente, le gouvernement par intérim essaye de se rapprocher davantage de l’UE, attisant par là les tendances séparatistes et menaçant ainsi l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Enfin, bien que la perspective d’une intervention armée des puissances impérialistes en Ukraine, voire en Russie, semble très lointaine, l’OTAN a annoncé qu’elle réalisera des exercices militaires dans les pays limitrophes de l’Ukraine et en Mer Noire. Il s’agit sans doute d’une réponse aux exercices militaires réalisés par la Russie il y a quelques jours, mais tout cela parle d’un niveau de tensions assez élevé.
Les contradictions entre les impérialistes
Malgré l’avantage important obtenu après la chute du président ukrainien, les impérialistes ont encore du mal à avoir une politique unifié. Les hésitations sont évidentes. Les Etats-Unis menacent les dirigeants russes avec des « sanctions ciblées » et la suspension de la participation de la Russie aux réunions du G8.Mais il n’est pas sûr qu’ils soient en mesure de les imposer. En effet, lors de la guerre éclair menée par la Russie contre la Géorgie en 2008 le gouvernement états-unien avait voté des sanctions qui n’ont jamais été appliquées.Les Etats-Unis, d’un point de vue militaire, pourraient être touchés aussi : « Washington a notamment bénéficié ces dernières années de l’appui de Moscou pour l’imposante logistique de l’armée américaine en Afghanistan » [3].
Du côté de l’UE, malgré les menaces, on craint que l’imposition de sanctions économiques à la Russie ait des conséquences sur les intérêts de ses principales puissances, notamment l’Allemagne mais pas seulement.Il est clair que l’UE essaye de faire rentrer l’Ukraine dans sa « zone d’influence » militaire et économique, mis elle reste dépendante dans une large mesure du gaz russe. D’autres pays comme la France ont des investissements importants dans le secteur automobile en Russie. Enfin, des pays comme la Grande-Bretagne et l’Autrice ces dernières années abritent dans leurs banques les fortunes des oligarques qui se sont enrichis grâce au pillage des richesses nationales lors du processus de restauration capitaliste.
Même si la Russie est consciente de tout cela et elle parie sur ces contradictions de l’impérialisme, on ne doit pas perdre de vue les faiblesses de Moscou. Depuis la dissolution de l’URSS en 1991, la Russie est passé du statut de vieille puissance industrielle au statut de pays dépendant des exportations de gaz et de pétrole. Par conséquent, son économie ne peut pas s’offrir le « luxe » de ne pas vendre le gaz à l’Europe. Dans ce point, « les intérêts de la Russie et de l’UE (…) sont les mêmes. Du gaz, à la différence du pétrole, en ce moment il y en a beaucoup. L’UE peut l’acheter à d’autres pays. La Russie veut vendre son gaz à l’UE et pour cela elle doit être un partenaire fiable, et ne pas jouer avec l’approvisionnement de gaz, ni elle ni les pays par lesquels son gaz transite. Pour l’éviter la Russie a travaillé durement. L’UE a besoin de sécurité énergétique et c’est pour cela qu’elle est contre de toute interruption de l’approvisionnement du gaz. En 2007, 80% du gaz russe à destination de l’UE passait par l’Ukraine. Aujourd’hui seulement 35% du gaz passe par l’Ukraine et quand le [pipeline] South Stream [qui contourne l’Ukraine] soit mis en route, moins de 10% [du gaz] passera par l’Ukraine. C’est quelque chose sur laquelle la Russie et l’UE sont d’accord. 66% du gaz de la Russie va vers l’UE. Rien que lors d’une de ses crises avec l’Ukraine en 2010, la Russie a perdu 800 millions d’euros en ventes de gaz à l’UE. L’économie russe ne peut pas se permettre de ne pas le gaz à l’UE. Et en même temps, l’UE ne peut pas se permettre de ne pas consommer le gaz russe. C’est une relation de dépendance réciproque » [4].
Dans ce contexte, on peut imaginer que l’attitude plus offensive, au moins du point de vue discursif, des Etats-Unis, qui essaye de pousser l’UE à avoir une attitude plus « intransigeante » vis-à-vis de la Russie, répond à des objectifs liés aux disputes inter-impérialistes. Ainsi, le politologue et ancien conseiller du président nord-américain Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, voit « un danger potentiel dans une ‘collusion russo-germanique’ et dans la possibilité d’un accord entre l’Europe et la Russie avec l’objectif de repousser les Etats-Unis de la région. Le point de vue de Brzezinski est celui qui guide la stratégie des Etats-Unis jusqu’aujourd’hui : l’Amérique veut maintenir la Russie le plus loin possible. Si les européens s’impliquent en Ukraine et cela nuit leurs relations avec Moscou, c’est très bien pour Washington » [5].
Contre les perspectives réactionnaires, pour une Ukraine indépendante, ouvrière et socialiste !
C’est une évidence qu’aucune des alternatives qui se présentent aujourd’hui aux travailleurs et aux classes populaires d’Ukraine, que ce soit du côté de l’impérialisme et ses alliés que du côte de la Russie, sont toutes réactionnaires. Mais même ces alternatives bourgeoises ont du mal à enthousiasmer vraiment les masses, ce qui a une autre époque pouvait être le cas. Sans aller trop loin dans l’histoire, pendant la période de restauration capitaliste l’impérialisme se montrait capable de séduire les nouvelles classes dominantes locales et même une partie des masses. Mais par rapport à l’après-1989 "le contexte n’est pas (…) le même. La Russie de l’époque était faible, incapable de s’opposer à l’émancipation des pays satellites en Europe ou à la sécession de l’Ukraine. De plus, après l’écroulement de l’URSS, il y avait une solution de rechange. Un modèle clé en main vers lequel se tourner, incarné par deux puissants symboles : l’Union européenne et l’OTAN, promesses de prospérité et de sécurité. L’horizon était tracé et il y avait un consensus général sur la direction à prendre : cap à l’ouest (...) [Mais ces perspectives] font pour l’instant défaut en Ukraine aujourd’hui » [6].
Mais du côté de la Russie et du régime bonapartiste de Poutine il n’y a rien pour enthousiasmer les masses non plus. Qui peut croire aujourd’hui que soutenir le régime russe qui essaye de défendre ses intérêts capitalistes en Ukraine représente en quoi que ce soit une lutte anti-impérialiste ?
L’Ukraine est submergée dans une crise économique profonde et les nouvelles autorités ne promettent que plus de sacrifices pour les masses. Elles font appel aux institutions financières impérialistes pour "sauver le pays". Mais les masses de Grèce, de l’Etat Espagnol, du Portugal et de tant d’autres pays européens savent très bien ce que cela vaut dire dans la bouche des dirigeants capitalistes : baisses des salaires et des retraites, coupes budgétaires pour l’éducation et la santé publiques, privatisations des services publics et flexibilisation du marché de l’emploi.
Les options nationalistes réactionnaires sont également opposés aux intérêts des travailleurs et des masses. En effet, le nationalisme ukrainien puise historiquement de l’oppression exercé par la Russie, depuis l’époque de l’empire des tsars. Après la Révolution d’Octobre 1917, l’Ukraine a rejoint volontairement l’URSS en 1922. Mais une fois Staline arrivé au pouvoir il a renoué avec l’oppression nationale du peuple ukrainien. Au début des années 1930, il déportait la population tatare vers les républiques d’Asie Centrale et appliquait la collectivisation forcée des terres, ce qui a provoqué une famine terrible. Contre cette politique stalinienne Trotsky défendait le droit à l’auto-détermination de l’Ukraine. C’est cette oppression a alimenté la haine anti-russe et poussé les nationalistes ukrainiens à collaborer avec l’armée nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui les ultranationalistes ont une politique active dans la lutte « anti-russe » (et contre les minorités nationales en général) mais sont complètement dociles face à l’impérialisme et ses institutions internationales.
Par conséquent, la seule perspective progressiste pour la crise actuelle ne peut venir que de la classe ouvrière en alliance avec tous les secteurs exploités et opprimés de la société. L’intervention avec une politique d’indépendance de classe et révolutionnaire de la part du prolétariat est la seule option réaliste pour construire une Ukraine vraiment indépendante, débarrassée de la tutelle impérialiste et l’oppression grande-russe. Mais cela ne pourra se faire qu’en expropriant les oligarques locaux et l’impérialisme, ainsi que les banques, en rompant avec les institutions impérialistes et en arrêtant de payer la dette extérieure. Tout cela est fondamental pour mettre l’économie sous la direction et le contrôle des travailleurs et des secteurs populaires auto-organisés. Ces mesures constitueraient la garantie pour le respect des droits démocratiques pour toutes les minorités nationales du pays. Un telle perspective pourrait être également un élément fondamental pour la révolution en Europe !
11/3/2014.
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NOTES
[1] Le Monde, « Six questions sur l’après-Ianoukovitch en Ukraine », 23/2/2014.
[2] Idem.
[3] Courrier International, « Ukraine : Obama accentue la pression sur Poutine, Kerry attendu à Kiev », 4/3/2014.
[4] (r)Evolución Energética, “Una visión energética del conflicto de Ucrania”, 3/3/2014.
[5] Spiegel, « Chess in a Minefield : The Global Implications of the Ukraine Conflict », 20/2/2014.
[6] Le Monde, « A l’Est de l’Europe, 2014 n’est pas 1989 », 24/2/2014.
Une « guerre d’influences » réactionnaire sur l’Ukraine
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Une-guerre-d-influences-reactionnaire-sur-l-Ukraine
Le tournant répressif contre les occupants de Maïdan les 18 et 19 février dernier en Ukraine n’ont fait qu’accélérer le renversement du président Viktor Ianoukovitch, la mise en place d’un gouvernement dit « d’union nationale » et la convocation d’élections présidentielles anticipées le 25 mai prochain. L’impérialisme pour sa part essaye de faire avancer ses positions à travers les leaders de l’opposition qui dominent largement le nouveau gouvernement. La Russie, malgré ce revers important, essaye de limiter la casse, allant jusqu’à déployer ses forces armées en Crimée et dans d’autres régions du Est ukrainien, alimentant ainsi des tendances séparatistes. Ce n’est plus une crise ukrainienne mais une crise internationale, sans doute la plus grave entre l’impérialisme et la Russie depuis la dissolution de l’URSS en 1991. Certains parlent même d’un retour d’une forme de « Guerre Froide », mais il s’agit surtout d’une « guerre d’influences » réactionnaire entre l’impérialisme et la Russie qui peut conduire l’Ukraine à une situation encore plus catastrophique.
La contestation qui secoue l’Ukraine est partie d’un refus profond du régime corrompu incarné par Ianoukovitch, ses proches et ses amis oligarques. Au début, ce mouvement s’est traduit par une exigence de rapprochement avec l’UE dans la perspective d’un supposé "changement profond". Avec la répression et les manifestations violentes du mois de janvier, la contestation a évolué et pris un ton plus ouvertement anti-Ianoukovitch. La méfiance envers la « caste politicienne » est très grande, y compris vis-à-vis des leaders de l’opposition. Cela, combiné à un manque de revendications et perspectives de classe, a permis d’ailleurs que des groupes ultranationalistes réactionnaires puissent apparaitre, pour une partie des manifestants, comme une option valide et gagnent du poids dans les mobilisation.
Or, la chute du président et la conformation d’un « gouvernement d’unité nationale » largement dominé par l’opposition, soutenue et mise en avant par les impérialistes, mettent cette alliance entre néolibéraux et nationalistes au centre de la scène politique nationale. Cela a tout de suite déclenché des mobilisations dans l’Est du pays où les populations russophones et appartenant à d’autres minorités nationales se sentent menacées par les nouvelles autorités, parmi lesquelles il y a des ultranationalistes ukrainiens. Les premières mesures prises par ce gouvernement par intérim ne font qu’alimenter cette peur, notamment après l’abrogation de la loi qui permettait que des langues des minorités nationales puissent être reconnues dans certaines régions comme deuxième langue officielle. Cela était le cas évidemment du russe mais aussi d’autres langues comme le hongrois ou le roumain.
On peut émettre l’hypothèse que la répression lancée contre les manifestants par Viktor Ianoukovitch exprimait plus qu’un "simple" tournant répressif et qu’elle était le résultat d’un accord passé avec Poutine. Or, en même temps le pouvoir montrait des signes de division par rapport à la tactique à adopter vis-à-vis des manifestants : alors qu’une partie des soutiens d’Ianoukovitch et des membres du Parti des Régions était pour une « attitude ferme » une autre partie importante, inquiète pour ses intérêts placés dans les banques occidentales, prônait plutôt « le dialogue ». En tout cas, au moment de la chute d’Ianoukovitch, soit par vrai dissension soit par opportunisme, une grande partie des députés du Parti des Région, ainsi que des oligarques, a lâché l’ancien président le rendant responsable de crimes commis contre les manifestants.
Un revers important pour Poutine
Dans un article précédent on signalait l’importance économique, politique et militaire de l’Ukraine pour la Russie. En ce sens, le renversement d’Ianoukovitch représente un coup dur pour les intérêts russes. Cependant, cela ne veut pas dire que les dirigeants russes vont accepter ce recul sans rien faire pour au moins essayer de réduire au minimum les dégâts. Cela explique d’ailleurs la non-reconnaissance du nouveau gouvernement dominé par les dirigeants pro-impérialistes, ainsi que la suspension des aides promises fin novembre et la remise en cause de la décote de 30% sur le prix du gaz à destination de l’Ukraine. Mais ce sont les exercices de l’Armée russe à la frontière ukrainienne et l’intervention de forces armées russes en Crimée qui constituent les actions les plus offensives de la part de Poutine pour garder le contrôle sur une zone stratégique.
Tout cela a comme résultat d’attiser des tendances séparatistes dans certaines régions de l’Est et du Sud du pays, notamment en Crimée où le parlement vient de déclarer son indépendance vis-à-vis de l’Ukraine et où un référendum sur son rattachement à la Russie devrait se tenir le 16 mars. Bien qu’il soit peu probable que la Russie souhaite voir éclater un conflit armé dans sa frontière ouest, la situation la pousse à entretenir une attitude ambiguë. C’est ainsi qu’en même temps que Poutine se dit ouvert à établir un dialogue « d’égal à égal » avec les puissances impérialistes, selon des sources il aurait déjà dépêché près de 30.000 soldats en Ukraine (une bonne partie était déjà sur place à la base militaire en Crimée).
L’impérialisme dénonce cyniquement l’attitude de la Russie : « Au XXIe siècle, vous ne vous comportez tout simplement pas comme au XIXe siècle en envahissant un autre pays ». Ce n’est personne d’autre que John Kerry, le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, qui adressait ces mots aux dirigeants russes !
Cependant, il est possible que cette attitude de Poutine constitue une tentative d’améliorer sa position dans la perspective de négociations avec l’impérialisme. Ce qui serait en accord avec sa politique d’alimenter les tendances séparatistes ou « autonomistes » dans des régions disputées avec les puissances impérialistes et où le contrôle sur l’ensemble du territoire ne semble pas possible. La guerre contre la Géorgie de 2008, qui a débouché sur la partition de son territoire, et la situation tendue dans les territoires (pour l’instant) moldaves de Transnistrie et Gagaouzie en sont une preuve.
En définitive, même si aucun scénario ne doit être écarté pour le moment, y compris les moins probables, il semblerait que Poutine cherche à trouver une sorte d’accord réactionnaire entre la Russie et l’impérialisme, dans tous les cas sur le dos de l’Ukraine. Du point de vue des intérêts russes, il est fondamental de mettre un terme à cette crise et éviter d’en sortir trop affaiblie car cela pourrait être un « mauvais signal » envoyé aux autres anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale, aujourd’hui sous l’emprise de la Russie et en quête de plus de marges de manœuvre.
L’impérialisme essaye d’avancer ses pions
Alors que le retournement de dernière minute d’Ianoukovitch en novembre dernier marquait un revers important pour l’UE, le mouvement de protestation qui s’est développé par la suite lui a permis d’envisager une reprise des négociations sur l’accord d’association. La chute d’Ianoukovitch marque maintenant une victoire partielle mais importante de l’impérialisme contre la Russie en Ukraine.
Avec la constitution du gouvernement par intérim, l’UE et les Etats-Unis essayent de créer un pouvoir légitime capable de contrôler le mouvement de protestation. C’est cela qui explique l’intégration dans celui-ci, à côté des leaders libéraux et nationalistes, des figures du groupe d’extrême-droite « Pravi Sektor ». La libération éclair de l’opposante et ex première ministre Iulia Timochenko, revendication qui n’a jamais été mise en avant par les manifestants, est aussi une tentative d’établir une figure capable de regrouper toutes les composantes de l’opposition. Cependant rien n’assure que cela va marcher. Parmi les manifestants la méfiance vis-à-vis de cette ancienne première ministre est très importante encore. Ainsi : « Alors que les chefs des trois partis d’opposition peinaient à contrôler les manifestants les plus radicaux, Ioulia Timochenko a diffusé plusieurs communiqués ces derniers mois expliquant que si elle était libre, c’est sur les barricades qu’elle mènerait l’opposition. Samedi soir, de retour à Kiev, l’ancienne première ministre a suscité le respect de la foule de Maïdan, mais aussi la méfiance, car ses années au pouvoir n’ont pas laissé de bons souvenirs aux Ukrainiens : paralysie politique et crise économique lui sont notamment attribués. Pour beaucoup, Ioulia Timochenko est une figure du passé, symbole de l’establishment politique. Certains voudraient toutefois voir en elle une figure charismatique, capable de rassembler l’Ukraine et de parler d’une voix forte » [1].
La constitution de ce nouveau gouvernement, soutenu par l’impérialisme mais qui n’est reconnu ni par la Russie ni par une partie importante des autorités des régions de l’Est et du sud du pays, a entrainé l’annulation de l’aide de 15 milliards de dollars promise par la Russie lors de la rupture des négociations avec l’UE et même la décote de 30% du prix du gaz a été remise en question par Moscou. En ce sens, le ministre provisoire de l’économie a averti à ses « partenaires » impérialistes que le pays avait besoin de 35 milliards de dollars d’ici 2015 pour faire face à ses dettes. Cependant, ceux-ci n’ont donné aucune garantie conséquente. En effet, il est certain que l’UE attendra aux élections de mai, et la constitution d’un nouveau pouvoir perçu comme légitime, pour s’engager sur quoi que ce soit, notamment sur le plan économique : « Le principe d’une adhésion est pour l’instant exclu, et l’Europe en crise économique ne peut garantir une aide financière solide à l’Ukraine. Surtout, l’UE se montre prudente, dans l’attente du retour d’un pouvoir fort et légitime à Kiev. La présence, parmi les manifestants, de nombreux militants d’extrême-droite, peu intéressés par Bruxelles, et la grande hétérogénéité de l’opposition incitent les diplomates européens à la méfiance » [2].
Les autorités par intérim quant à elles, pour démontrer leur servilité vis-à-vis de l’impérialisme,sont déjà en train d’annoncer des mesures « antipopulaires » pour faire face à la crise économique que traverse le pays. C’est un élément supplémentaire qui alimente la méfiance parmi les couches populaires de l’Est du pays, où se trouve l’essentiel de l’appareil industriel ukrainien. Cependant, il est très probable qu’au fur et à mesure que la pression russe augmente, le gouvernement par intérim essaye de se rapprocher davantage de l’UE, attisant par là les tendances séparatistes et menaçant ainsi l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Enfin, bien que la perspective d’une intervention armée des puissances impérialistes en Ukraine, voire en Russie, semble très lointaine, l’OTAN a annoncé qu’elle réalisera des exercices militaires dans les pays limitrophes de l’Ukraine et en Mer Noire. Il s’agit sans doute d’une réponse aux exercices militaires réalisés par la Russie il y a quelques jours, mais tout cela parle d’un niveau de tensions assez élevé.
Les contradictions entre les impérialistes
Malgré l’avantage important obtenu après la chute du président ukrainien, les impérialistes ont encore du mal à avoir une politique unifié. Les hésitations sont évidentes. Les Etats-Unis menacent les dirigeants russes avec des « sanctions ciblées » et la suspension de la participation de la Russie aux réunions du G8.Mais il n’est pas sûr qu’ils soient en mesure de les imposer. En effet, lors de la guerre éclair menée par la Russie contre la Géorgie en 2008 le gouvernement états-unien avait voté des sanctions qui n’ont jamais été appliquées.Les Etats-Unis, d’un point de vue militaire, pourraient être touchés aussi : « Washington a notamment bénéficié ces dernières années de l’appui de Moscou pour l’imposante logistique de l’armée américaine en Afghanistan » [3].
Du côté de l’UE, malgré les menaces, on craint que l’imposition de sanctions économiques à la Russie ait des conséquences sur les intérêts de ses principales puissances, notamment l’Allemagne mais pas seulement.Il est clair que l’UE essaye de faire rentrer l’Ukraine dans sa « zone d’influence » militaire et économique, mis elle reste dépendante dans une large mesure du gaz russe. D’autres pays comme la France ont des investissements importants dans le secteur automobile en Russie. Enfin, des pays comme la Grande-Bretagne et l’Autrice ces dernières années abritent dans leurs banques les fortunes des oligarques qui se sont enrichis grâce au pillage des richesses nationales lors du processus de restauration capitaliste.
Même si la Russie est consciente de tout cela et elle parie sur ces contradictions de l’impérialisme, on ne doit pas perdre de vue les faiblesses de Moscou. Depuis la dissolution de l’URSS en 1991, la Russie est passé du statut de vieille puissance industrielle au statut de pays dépendant des exportations de gaz et de pétrole. Par conséquent, son économie ne peut pas s’offrir le « luxe » de ne pas vendre le gaz à l’Europe. Dans ce point, « les intérêts de la Russie et de l’UE (…) sont les mêmes. Du gaz, à la différence du pétrole, en ce moment il y en a beaucoup. L’UE peut l’acheter à d’autres pays. La Russie veut vendre son gaz à l’UE et pour cela elle doit être un partenaire fiable, et ne pas jouer avec l’approvisionnement de gaz, ni elle ni les pays par lesquels son gaz transite. Pour l’éviter la Russie a travaillé durement. L’UE a besoin de sécurité énergétique et c’est pour cela qu’elle est contre de toute interruption de l’approvisionnement du gaz. En 2007, 80% du gaz russe à destination de l’UE passait par l’Ukraine. Aujourd’hui seulement 35% du gaz passe par l’Ukraine et quand le [pipeline] South Stream [qui contourne l’Ukraine] soit mis en route, moins de 10% [du gaz] passera par l’Ukraine. C’est quelque chose sur laquelle la Russie et l’UE sont d’accord. 66% du gaz de la Russie va vers l’UE. Rien que lors d’une de ses crises avec l’Ukraine en 2010, la Russie a perdu 800 millions d’euros en ventes de gaz à l’UE. L’économie russe ne peut pas se permettre de ne pas le gaz à l’UE. Et en même temps, l’UE ne peut pas se permettre de ne pas consommer le gaz russe. C’est une relation de dépendance réciproque » [4].
Dans ce contexte, on peut imaginer que l’attitude plus offensive, au moins du point de vue discursif, des Etats-Unis, qui essaye de pousser l’UE à avoir une attitude plus « intransigeante » vis-à-vis de la Russie, répond à des objectifs liés aux disputes inter-impérialistes. Ainsi, le politologue et ancien conseiller du président nord-américain Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, voit « un danger potentiel dans une ‘collusion russo-germanique’ et dans la possibilité d’un accord entre l’Europe et la Russie avec l’objectif de repousser les Etats-Unis de la région. Le point de vue de Brzezinski est celui qui guide la stratégie des Etats-Unis jusqu’aujourd’hui : l’Amérique veut maintenir la Russie le plus loin possible. Si les européens s’impliquent en Ukraine et cela nuit leurs relations avec Moscou, c’est très bien pour Washington » [5].
Contre les perspectives réactionnaires, pour une Ukraine indépendante, ouvrière et socialiste !
C’est une évidence qu’aucune des alternatives qui se présentent aujourd’hui aux travailleurs et aux classes populaires d’Ukraine, que ce soit du côté de l’impérialisme et ses alliés que du côte de la Russie, sont toutes réactionnaires. Mais même ces alternatives bourgeoises ont du mal à enthousiasmer vraiment les masses, ce qui a une autre époque pouvait être le cas. Sans aller trop loin dans l’histoire, pendant la période de restauration capitaliste l’impérialisme se montrait capable de séduire les nouvelles classes dominantes locales et même une partie des masses. Mais par rapport à l’après-1989 "le contexte n’est pas (…) le même. La Russie de l’époque était faible, incapable de s’opposer à l’émancipation des pays satellites en Europe ou à la sécession de l’Ukraine. De plus, après l’écroulement de l’URSS, il y avait une solution de rechange. Un modèle clé en main vers lequel se tourner, incarné par deux puissants symboles : l’Union européenne et l’OTAN, promesses de prospérité et de sécurité. L’horizon était tracé et il y avait un consensus général sur la direction à prendre : cap à l’ouest (...) [Mais ces perspectives] font pour l’instant défaut en Ukraine aujourd’hui » [6].
Mais du côté de la Russie et du régime bonapartiste de Poutine il n’y a rien pour enthousiasmer les masses non plus. Qui peut croire aujourd’hui que soutenir le régime russe qui essaye de défendre ses intérêts capitalistes en Ukraine représente en quoi que ce soit une lutte anti-impérialiste ?
L’Ukraine est submergée dans une crise économique profonde et les nouvelles autorités ne promettent que plus de sacrifices pour les masses. Elles font appel aux institutions financières impérialistes pour "sauver le pays". Mais les masses de Grèce, de l’Etat Espagnol, du Portugal et de tant d’autres pays européens savent très bien ce que cela vaut dire dans la bouche des dirigeants capitalistes : baisses des salaires et des retraites, coupes budgétaires pour l’éducation et la santé publiques, privatisations des services publics et flexibilisation du marché de l’emploi.
Les options nationalistes réactionnaires sont également opposés aux intérêts des travailleurs et des masses. En effet, le nationalisme ukrainien puise historiquement de l’oppression exercé par la Russie, depuis l’époque de l’empire des tsars. Après la Révolution d’Octobre 1917, l’Ukraine a rejoint volontairement l’URSS en 1922. Mais une fois Staline arrivé au pouvoir il a renoué avec l’oppression nationale du peuple ukrainien. Au début des années 1930, il déportait la population tatare vers les républiques d’Asie Centrale et appliquait la collectivisation forcée des terres, ce qui a provoqué une famine terrible. Contre cette politique stalinienne Trotsky défendait le droit à l’auto-détermination de l’Ukraine. C’est cette oppression a alimenté la haine anti-russe et poussé les nationalistes ukrainiens à collaborer avec l’armée nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui les ultranationalistes ont une politique active dans la lutte « anti-russe » (et contre les minorités nationales en général) mais sont complètement dociles face à l’impérialisme et ses institutions internationales.
Par conséquent, la seule perspective progressiste pour la crise actuelle ne peut venir que de la classe ouvrière en alliance avec tous les secteurs exploités et opprimés de la société. L’intervention avec une politique d’indépendance de classe et révolutionnaire de la part du prolétariat est la seule option réaliste pour construire une Ukraine vraiment indépendante, débarrassée de la tutelle impérialiste et l’oppression grande-russe. Mais cela ne pourra se faire qu’en expropriant les oligarques locaux et l’impérialisme, ainsi que les banques, en rompant avec les institutions impérialistes et en arrêtant de payer la dette extérieure. Tout cela est fondamental pour mettre l’économie sous la direction et le contrôle des travailleurs et des secteurs populaires auto-organisés. Ces mesures constitueraient la garantie pour le respect des droits démocratiques pour toutes les minorités nationales du pays. Un telle perspective pourrait être également un élément fondamental pour la révolution en Europe !
11/3/2014.
-------------------------
NOTES
[1] Le Monde, « Six questions sur l’après-Ianoukovitch en Ukraine », 23/2/2014.
[2] Idem.
[3] Courrier International, « Ukraine : Obama accentue la pression sur Poutine, Kerry attendu à Kiev », 4/3/2014.
[4] (r)Evolución Energética, “Una visión energética del conflicto de Ucrania”, 3/3/2014.
[5] Spiegel, « Chess in a Minefield : The Global Implications of the Ukraine Conflict », 20/2/2014.
[6] Le Monde, « A l’Est de l’Europe, 2014 n’est pas 1989 », 24/2/2014.
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Ukraine
Je suis en gros d’accord avec votre analyse, mais il u a une erreur de détail là :
Les deux événements ne se sont pas passés en même temps : les Tatars de Crimée (ainsi que les allemands, les grecs et les bulgares) ont été déportés en 44 comme d'autres petits peuples.Mais une fois Staline arrivé au pouvoir il a renoué avec l’oppression nationale du peuple ukrainien. Au début des années 1930, il déportait la population tatare vers les républiques d’Asie Centrale et appliquait la collectivisation forcée des terres, ce qui a provoqué une famine terrible
La famine, c'était en effet les années 30.
Précisons aussi que l'Ouest de l'Ukraine actuelle était en Autriche-Hongrie avant 1918, puis en Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie après, jusqu'en 1940, où ces régions ont été occupées par Staline avec tout le branle -bas de déportations et exécutions qu'on imagine...Puis de 41 à 45, les allemands, bien accueillis d'abord, avant que les ukrainiens ne comprennent.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Un gouvernement d'oligarques, voyous et nazis
Comme en a besoin la bourgeoisie dans la crise économique en cours
http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-5-2/
http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-5-2/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Ukraine
yannalan a écrit:
Je suis en gros d’accord avec votre analyse, mais il u a une erreur de détail là :Les deux événements ne se sont pas passés en même temps : les Tatars de Crimée (ainsi que les allemands, les grecs et les bulgares) ont été déportés en 44 comme d'autres petits peuples.Mais une fois Staline arrivé au pouvoir il a renoué avec l’oppression nationale du peuple ukrainien. Au début des années 1930, il déportait la population tatare vers les républiques d’Asie Centrale et appliquait la collectivisation forcée des terres, ce qui a provoqué une famine terrible
La famine, c'était en effet les années 30.
Précisons aussi que l'Ouest de l'Ukraine actuelle était en Autriche-Hongrie avant 1918, puis en Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie après, jusqu'en 1940, où ces régions ont été occupées par Staline avec tout le branle -bas de déportations et exécutions qu'on imagine...Puis de 41 à 45, les allemands, bien accueillis d'abord, avant que les ukrainiens ne comprennent.
Merci camarade, on a rectifié!
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Ukraine
Crimée - Un droit à géométrie variable
Ce n'est pas le souci des intérêts de la population russophone de Crimée qui anime le président russe Poutine quand il soutient ceux qui réclament la séparation de la Crimée d'avec l'Ukraine. Et personne ne peut oublier quelle guerre terrible le Kremlin a menée contre la population de la petite Tchétchénie pour empêcher qu'elle ne se détache de la Russie, après l'effondrement de l'Union soviétique.
Mais il faut un certain culot en même temps qu'un complet mépris du droit des peuples pour, tels Obama et ses homologues ouest-européens, invoquer le « droit international » à propos du territoire actuel de l'Ukraine et caractériser comme « illégal » le référendum du 16 mars sur l'avenir de la presqu'île de Crimée et de ses deux millions d'habitants.
Un président américain défendant, soixante ans après, la décision de Khrouchtchev, chef de la bureaucratie soviétique, de détacher la Crimée de la Russie pour la rattacher à l'Ukraine, ce serait presque cocasse. À condition d'oublier qu'en 1954, Russie et Ukraine faisant partie d'un même pays, cette mesure n'avait de conséquences qu'administratives pour ses habitants. À condition aussi de vouloir ignorer que la situation a radicalement changé quand l'éclatement de l'URSS, fin 1991, a dressé des frontières d'État entre et au milieu des peuples de ce pays, multipliant ainsi les situations où des minorités se sentent nationalement opprimées.
Les dirigeants occidentaux le savent, mais n'ont d'état d'âme quant au droit des peuples que lorsque cela sert leurs intérêts.
Ainsi, non loin de l'Ukraine, États-Unis et Union européenne ne se sont pas privés de soutenir au Kosovo, province de la Serbie après l'éclatement de la Yougoslavie en 1991, un droit à se séparer qu'ils dénient aujourd'hui à la Crimée. Il est vrai que les dirigeants serbes d'alors n'étaient pas assez soumis au goût des puissances impérialistes. En revanche, les dirigeants ukrainiens actuels se veulent de fidèles relais de leurs intérêts. Et ces grandes puissances ont d'autant moins de raisons de soutenir le séparatisme en Crimée qu'il pourrait renforcer Moscou.
Quant aux peuples de la région - ukrainien, russe ou les tatars de Crimée, jadis chassés de chez eux par Staline - non seulement leurs droits comptent pour rien dans le bras de fer opposant l'Occident à la Russie, mais leur situation, déjà aggravée par l'éclatement de l'URSS, risque d'empirer, quel que soit le résultat du référendum du 16 mars.
P.L.
Lutte Ouvriere. 15 mars
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Ukraine
CCR a écrit:Au début des années 1930, il (...) appliquait la collectivisation forcée des terres, ce qui a provoqué une famine terrible.
Ce ne fut pas seulement la collectivisation qui fut forcée, ce furent aussi les réquisitions de céréales (alors que l'URSS continuait à en exporter). Une famine si terrible en Ukraine (au moins 2,5 millions de victimes) que le terme de "génocide" est avancé par certains historiens. Wikipedia consacre un article au sujet de cet
.Holodomor (ukrainien : голодомо́р, littéralement « extermination par la faim »)
On y lit notamment :
Sceptique sur la validité de la thèse du génocide lors de la rédaction de Le Livre noir du communisme, Nicolas Werth explique dans une interview au journal Le Monde, à la suite de l'exhumation des lettres de Staline, l'évolution de sa position : « Est-ce un génocide ? Plutôt oui. Par rapport aux autres famines qui ont touché l'Union soviétique, celle-ci se distingue par la volonté d'éradiquer le nationalisme et de punir les paysans. Elle a été volontairement aggravée. Il y a une spécificité ».
Le débat reste ouvert entre les historiens. Mais il a un enjeu évidemment politique.
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Ukraine
L' Ouest n'a pas été touché par ça, ils n'étaient pas en URSS à cette époque.
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Droit des peuples, imposture et révolution
http://npa2009.org/content/ukraine-droit-des-peuples-imposture-et-revolution
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Ukraine
yannalan a écrit:L' Ouest n'a pas été touché par ça, ils n'étaient pas en URSS à cette époque.
Selon la carte qui se trouve à l'adresse ci-dessous, la partie de l'Ukraine actuelle qui faisait partie de l'URSS au début des années 30 est en vert ou en violet.
Le reste, ce que tu appelles l'Ouest, comprend aujourd'hui environ 10 millions d'habitants sur un total de 45 millions. C'est-à-dire que 78% des Ukrainiens vivent sur un territoire qui faisait partie de l'URSS au début des années 30.
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ukraine-growth.png
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Ukraine
Oui, ce que je veux dire c'est que pour ceux de la zone décrite, le problème de la famine ne s'est pas posé dans les années 30
Par contre en 40, ils ont subi la répression stalinienne en plein...
Par contre en 40, ils ont subi la répression stalinienne en plein...
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Ukraine
Union socialiste "opposition de gauche" : Austérité ? D’abord pour les oligarques !
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Ukraine
AH!! ILS SONT RELUISANTS LES PROTEGES DES GOUVERNEMENTS IMPERIALISTES!!!
Lutte Ouvrière n° 2380
Ukraine - Le vrai visage du nouveau gouvernement
Plus que la question de l'accord rejeté avec l'Union européenne, c'est la haine d'une partie de la population ukrainienne pour le régime corrompu de Ianoukovitch qui a provoqué la chute de ce dernier. Et pas grand monde ne semble le regretter, même dans l'est russophone du pays, pendant que les chefs du parti du président en fuite, dont plusieurs gouverneurs, s'empressent de se recycler auprès du nouveau pouvoir.
Les oligarques, ces magnats des affaires issus de la bureaucratie et protégés du pouvoir depuis la fin de l'URSS, avaient à juste titre focalisé la colère d'une population qui voit en eux des voleurs. Mais si elle croyait en avoir fini avec eux en chassant Ianoukovitch, elle se trompe : au coeur du pouvoir ils étaient, au coeur du pouvoir ils restent. Et ils s'y affichent comme jamais.
Oligarques et banquiers
Le 7 mars, sur le perron de l'Élysée, Hollande accueillait tout sourire une des premières fortunes du pays, Porochenko, que les instituts de sondage placent en tête des candidats à la présidentielle de mai prochain. Autre larron présent sur la photo élyséenne, le champion de boxe et homme d'affaires international Klitchko : gendre d'un ex-président ukrainien qui parraina Ianoukovitch, il postule aussi à la présidence. Mais, en le présentant comme une exception d'honnêteté au sein du monde politique ukrainien, ce qui reste à démontrer, les médias occidentaux n'en soulignent que mieux ce que sont les gens de son milieu.
Or ce sont précisément de tels individus qui forment le nouveau gouvernement ukrainien, celui-là même dont Hollande, Obama, Merkel, Cameron et autres disent tant de bien.
L'Union européenne vient d'annoncer une enquête sur des « infractions liées au détournement de fonds publics ukrainiens et à leur transfert illégal hors d'Ukraine ». Les États-Unis aussi envisagent un refus de visa et un gel des avoirs à l'étranger pour ceux qui, autour de Ianoukovitch, ont détourné à leur profit l'équivalent de 37 milliards d'euros. Mais seuls sont visés les vautours de la « famille » aujourd'hui déchue. En revanche les oligarques, qui ont saigné à blanc le pays, son économie et sa population depuis près d'un quart de siècle, non seulement ne sont pas inquiétés, mais ils restent aux commandes. Et les fonds colossaux qu'ils ont tirés de leur pillage se trouvent généralement « investis », c'est-à-dire cachés dans des paradis fiscaux ou en Europe de l'Ouest et aux États-Unis... qui n'y trouvent évidemment rien à redire.
La plus célèbre de ces parasites ayant profité de la mansuétude des puissances impérialistes est, bien sûr, la richissime politicienne-affairiste ukrainienne Timochenko, dont les gouvernements occidentaux n'ont eu de cesse d'exiger la libération alors qu'elle se trouvait en prison. Même si sa condamnation était en grande partie politique, elle s'appuyait sur d'incontestables et énormes détournements de fonds quand elle était au pouvoir.
Le nouveau gouvernement est largement composé de gens du parti de droite nationaliste Batkivchtchyna (La Patrie) qu'elle dirige. Ainsi, le nouveau Premier ministre, Iatseniouk, banquier et ancien ministre de l'Économie, est le chouchou de Washington, sinon de Paris et de Berlin. À ses côtés, on trouve d'autres anciens bureaucrates convertis aux charmes de l'Occident, des « businessmen » et des gens qui leur sont liés. Ainsi le ministre du Développement régional, Groïsman, s'est enrichi dans l'immobilier et l'agroalimentaire. Il est membre du clan de l'oligarque Porochenko, qu'Hollande dorlote. Aux Finances, on trouve un ex-vice-président de la banque centrale ainsi que de la première banque privée du pays ; à l'Économie, un proche des milieux d'affaires américains, fondateur de la première business school du pays ; à la Justice, encore un banquier. Un certain Arsen Avakov, devenu ministre de l'Intérieur, ne dépare pas le tableau : fondateur d'un fonds d'investissement et d'une banque d'affaires, il s'est retrouvé sur les listes d'Interpol pour vol de terres et abus de pouvoir.
Ce concentré de nantis, de parvenus pillards de l'économie, est tout ce que l'Europe et l'Amérique impérialistes ont trouvé pour défendre ce qu'elles appellent leurs « valeurs » en Ukraine. Les classes populaires et travailleuses de ce pays sont prévenues. Et l'aspect politique ne vaut pas mieux.
Ministres de droite et d'extrême droite
À côté d'une majorité marquée à droite, on trouve parmi les ministres une forte dose de gens d'extrême droite. Le vice-Premier ministre Sytch, du parti ultranationaliste Svoboda, est connu pour mener campagne contre l'avortement. Également de Svoboda, le ministre de l'Agriculture est un millionnaire de l'agroalimentaire : il n'aura qu'à se servir ! À la tête du Conseil de sécurité, on trouve Paroubyi, fondateur du Parti national-social, qui se revendiquait ouvertement du nazisme, avant de donner naissance à Svoboda. D'autres, parfois encore plus marqués à l'extrême droite, tiennent les ministères de l'Éducation, des Sports et le Bureau de la lutte contre la corruption.
Ce n'est évidemment pas de cela que rêvaient ceux qui, dans la population, voulaient sincèrement se débarrasser de la bande à Ianoukovitch et de son pouvoir autoritaire. Mais peu importe aux États dits démocratiques : ils ont besoin d'une telle engeance au pouvoir pour défendre les intérêts des sociétés occidentales face aux classes laborieuses ukrainiennes.
Pierre LAFFITTE
Lutte Ouvrière n° 2380
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Gouvernement pro UE truffé de nazis
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nouveau-gouvernement-de-kiev-qui-148868
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
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