présenter la Guyanne comme la plaque tournante mondiale du vice et du crime, il faut immédiatement arrêter de mettre du schit, hashish et autres champignons dans vos bols de bouillon d'awara
Amusant, cette obsession de ne voir les problèmes que peuvent vivre les peuples des colonies de son état que comme des "plaques tournantes"... Je me suis dit que bon, répondre aux provocation du bouffon était inutile, mais il se trouve qu'il s'exprime sur un forum et que des gens lisent... alors répondons...
La prostitution des mineurs et des mineures en Guyane française et le trafic de mineurs vers la Guyane en provenance du Surinam atteignent des proportions catastrophiques. Elle a fait l'objet d'une interpellation à l'Assemblée Nationale du gouvernement par la députée de l'Ouest Guyanais Chantal Berthelot au début de l'année, sans résultat aucun sur le terrain. Faut dire qu'en effet, la Guyane vue par les métropolitains est souvent réduite à la fusée ARIANE et au folklore touristique les fruits exotiques, comme l'awara, etc... On a l'habitude ici de ce genre de vision et de réaction paternaliste. Malheureusement, en effet les luttes en Guyane concernent un territoire vaste, mais une population réduite et souvent vue comme une réserve d'attardés pittoresques.
Il y a quelques semaines, la question qui agitait ce que le bouffon appellerait le bouillon d'awara, c'était la reconstitution d'un zoo humain au Jardin des Plantes, un "village" kalina avec tout pour les métros, les hamacs et les bouillons d'awara. Il y a même eu recomposition du paysage politique amérindien sur cette question. Finalement cela ne s'est pas fait. Mais ce fut juste, on a vu même certains amérindiens prétendre que cela pourrait donner une tribune, une visibilité... Cela m'a fait penser au cirque électoral, bêtement je reconnais.
Dans les faits, la déliquescence de l'école "républicaine" ("le primaire est sinistré" disait fort élégamment la rectrice récemment), l'absence d'emplois et le niveau très bas des salaires, le développement des réseaux mafieux ouvertement en situation de pouvoir dans certaines villes et dans certaines institutions régionales, la déstructuration des peuples indigènes, la corruption généralisée des "élites", bien encadrée, voulue par l'état français tout cela concourt à ce que la prostitution des gamins et des gamines soit une stratégie assez fréquente, au point que des responsables politiques ou policiers essaient après le coup de gueuele de Berthelot, de présenter les choses comme faisant partie des traditions notamment chez les noirs marrons. Evidemment il n'en est rien, mais il est tellement commode de dire que les gamines marronnes sont des prostituées... Cela autorise les fonctionnaires métros et locaux, gendarmes, professeurs, douaniers, militaires, notamment, de se servir à bon marché.
Tarifé? On galège, là, je suppose que c'est la dernière bouffonnerie. Les lois de travail ne sont pas respectées ici et l'économie guyanaise repose en grande partie sur le travail irrégulier. Alors imaginer uneprostitution tarifée!! Déjà la notion de viol a du mal à passer auprès de beaucoup de jeunes hommes, et le viol a pris des proportions effarantes. Une infirmière de lycée estimait qu'au moins une gamine sur trois subit des volences sexuelles avant d'entrer au lycée. La prostitution a d'ailleurs la côte, chez les hommes et les jeunes hommes, ils seront en majorité d'accord pour dire que les filles de toute façon sont des putes, et qu'elles veulent être violées. C'est un discours qui n'est pas rare et que les filles se prennent en pleine figure. Sauf de la part des... sectes chrétiennes. Leurs fidèles ne valent pas mieux mais ils hésitent à se lächer comme d'autres. Le discours est en fait complémentaire et nullement contradictoire du discours sur le travail du sexe...
Mais bon, c'est vrai qu'il s'agit de choses négligeables, un peu de shit dans mon bouillon d'awara. Vu leur couleur de peau, leur misère et leur éloignement, qui aurait le front de parler de l'exploitaton sexuelle des jeunes en Guyane? On ne peut le faire sans se voir moqué par un blanc métropolitain...