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Prostitution/Travail du sexe

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Message  Gauvain Ven 29 Avr - 18:59

Toussaint a écrit:

Wow!!! Remarquable, voilà bientôt que les marxistes révolutionnaires français blancs (je peux me tromper, mais je prends le pari!!!) vont bientôt se révéler partisans de la réglementation de l'esclavage dans les pays où il perdure, puisque, n'est-ce pas, c'est un rapport négocié au fond!!! Avec pour condition évidemment le droit des esclaves à l'auto-organisation!!! J'attends le prochain congrès de la IV avec une grande impatience, je sens que cela va défriser!!! Pour mémoire, la position du mouvement ouvrier, c'est l'abolition de l'exclavage, pas son aménagement ni sa réglementation. Là dessus, le lobby proxénète va bientôt accoucher d'une importante innovation programmatique.



Je suppose que Toussaint est contre l'interdiction de la prostitution de mineur-e-s, n'est-ce pas ? Puisqu'il s'agit d'une forme d'aménagement et de réglementation de prostitution.
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Message  Ellie Ven 29 Avr - 19:43


Les clients, ce ne sont pas seulement de pauvres types qui "vont aux putes" et se font racoler, cela, c'est en effet la propagande bourgeoise. C'est aussi des types qui essaient de transformer toute femme qui leur plaît en marchandise et qui harcèlent copieusement et violemment, comme le raconte ellie dans un post.
Bon, vu que l'ironie sur la "mecsplication" passe pas, on va essayer la méthode des trois phrases :

Cela fait au moins deux reprises que tu parles à ma place de ce que j'ai pu vivre, et notamment d'une situation d'agression. Je ressens cela comme une dépossession et une instrumentalisation, qui vient qui plus est d'un membre du groupe oppresseur, qui n'a en plus pas tous les éléments de la situation et fait des suppositions qui me paraissent hasardeuses. J'aimerais donc que tu arrêtes de parler de cette situation en particulier, et de moi de façon générale.
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Message  jacquouille Ven 29 Avr - 19:46

Gauvain a écrit:

"Je suppose que Toussaint est contre l'interdiction de la prostitution de mineur-e-s, n'est-ce pas ? Puisqu'il s'agit d'une forme d'aménagement et de réglementation de prostitution."



La Gauvain tu éxageres,d'attaquer Toussaint de cette maniere.Sans vouloir le défendre(il est capable de le faire mieux que moi),ta vanne est stupide et tu le sais,le fait d'etre pour l'abolition de toutes prostitutions(hommes/femmes,mineurs/majeurs...etc...)fait que l'on mene un combat d'ensemble pour l'abolition,et que l'on ne préconise pas des lois qui aménageraient le systeme par des réformes partielles.Mais étant pour l'abolition de la prostitution pour tous,nous ne serions pas contre une interdiction partielle(ici les mineurs),mais nous nous appuierions dessus pour:

-Préconiser son extention a toutes les"catégories"de la population.

-Exiger que ces lois soit suivies d'éffets:rafles des mineur(e)s en question pour les extraire de ce milieu,les soigner et les réinsérer socialement.Interpellation,emprisonement et condanation sévere pour les proxos et les clients.....

-Et bien sur une campagne d'informations et d'explications pour sensibiliser sur le fait que la prostitution n'est pas un"métier"mais une pratique semblable a l'esclavage qu'il faut éradiquer.
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Message  jacquouille Ven 29 Avr - 20:06

Ellie a écrit:

Les clients, ce ne sont pas seulement de pauvres types qui "vont aux putes" et se font racoler, cela, c'est en effet la propagande bourgeoise. C'est aussi des types qui essaient de transformer toute femme qui leur plaît en marchandise et qui harcèlent copieusement et violemment, comme le raconte ellie dans un post.

..."Je ressens cela comme une dépossession et une instrumentalisation, qui vient qui plus est d'un membre du groupe oppresseur,"...



Je n'ai pas souvenir de qui est le membre qui te prend a partie,tu as,bien sur,le droit de réagir,mais ta réponse me déplait fortement.Tu ne connais pas ce membre dans la vraie vie,donc tu ignore si il est"client" ou"proxo".J'en conclu que tu parles de l'ensemble des hommes quand tu dis qu'il est membre du"groupe oppresseur".C'est une facon de délimiter des frontieres qui est érronée et stupide.Tous les hommes ne sont pas des proxos,ni meme des clients,et bon nombre sont contre la prostitution(dont une partie par morale Judéo-chrétienne).Et dans le"groupe oppresseur"il y a des femmes,tu n'est pas sans ignorer l'éxistance des "meres"maquerelles.Et les réseaux de, proxénétisme ne sont pas exclusivement masculin.

Alors arrete d'insulter les hommes qui,comme moi et les militants présents sur ce forum sont des féministes convaincus et actifs.
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Message  verié2 Ven 29 Avr - 20:20


Jacquouille
Exiger que ces lois soit suivies d'éffets:rafles des mineur(e)s en question pour les extraire de ce milieu,les soigner et les réinsérer socialement.

Le problème, c'est que dans notre société, les rafles de mineurs, ça aboutit à les expulser, quand ils sont étrangers, et à les parquer dans des centres qu'on appelait autrefois à juste titre "maisons de corrections"... où ils se font tabasser et violer. Je ne dis pas que tous les centres, dans tous les pays du monde, soient de ce genre, mais il y en a beaucoup...

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Message  Ellie Ven 29 Avr - 20:51

jacquouille a écrit:
Alors arrete d'insulter les hommes qui,comme moi et les militants présents sur ce forum sont des féministes convaincus et actifs.
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Message  fée clochette Ven 29 Avr - 21:10

Ellie a écrit:
jacquouille a écrit:
Alors arrete d'insulter les hommes qui,comme moi et les militants présents sur ce forum sont des féministes convaincus et actifs.
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Message  Coyote Sam 30 Avr - 5:10

Je verse au débat l'article Pour jouir sans entrave, vive le sexe gratuit ! de Osez le féminisme publié par Rue89.
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Message  Toussaint Sam 30 Avr - 6:56

Je m'excuse, ellie, je n'avais pas vu cela sous cet angle-là et je n'aurais pas dû te répondre de cette façon, sur la mexplication. Et je n'avais pas l'intention de t'expliquer quoi que ce soit que tu subisses ou aies subi, mais je me rends compte que cela a pu être pris ainsi. Maintenant, je maintiens que l'exemple que tu as donné est un exemple que tu as rendu public, et qui en effet montrait bien un certain nombre de choses. Je ne l'ai pas repris pour te déposséder de quoi que ce soit, mais parce que je l'ai trouvé parlant. Si tu ne veux pas que l'on s'appuie sur des faits que tu cites à tiitre d'exemple, mieux vaut ne pas les donner dans une argumentation.

Sur la question de la protection des mineur-e-s, face à la prostitution... Là où je vis, en Guyane, et précidément dans l'Ouest, si je crois qu'en effet le mot "rafle" est lourd, il en faudrait vu les "stocks" de gosses livrés régulièrement du Surinam. Puis il n'y a aucune structure d'accueil digne de ce nom, pas de foyers et les placements dans les familles d'accueil sont parfois très discutables, non sur le placement, mais sur la famille. Je ne généralise pas, ni ici, ni ailleurs, je dis que souvent le personnel est peu qualifié, débordé, parce qu'en sous-effectif et que les familles souvent ne sont pas clean. Récemment, l'Aide Sociale à l'Enfance de St Laurent a remis au sous-préfet sa décision de faire jouer son droit au retrait devant l'excès du sous-effectif et l'énormité des besoins et des responsabilités. D'une façon générale, il n'y a rien de fait pour protéger les gamin-e-s des prédateurs.Il ya quelques années, un prof, V. Jean-Pierre, dénoncé par ses victimes et un collègue, pour outrages, tentative de prostitution, violences sexuelles, s'en est tiré malgré les preuves, et après avoir reconnu l'essentiel des faits sur ses élèves de cinquième et quatrième, toutes noires marronnes ou haïtiennes, dans des situations précaires et souvent sans papiers. La gendarmerie de St Laurent a simplement transmis le rapport de garde à vue avec un retard "qu'elle ne pouvait avoir ignoré" selon les mots du juge à l'audience. Le procès a été annulé et le salaud est parti ailleurs non sans avoir menacé une de ses victimes. Le rectorat, averti par sa principale, ne l'a pas retiré des classes même un jour, il s'est absenté durant sa garde à vue et pour aller à son procès annulé sans appel possible. Il n'est pas rare de voir le juge demander 3, voire 4 "expertises" pour décourager les victimes, sans parler de l'engorgement des tribuanux. Du coup, les flics laissent courir, parce que la machine judiciaire ne suit plus. Les AS, en sous-effectif tel qu'elles ne peuvent plus assurer leurs responsabilités vraiment, "choisissent" les dossiers. Quant au trafic de gamin-e-s venant du Suriname, laissons tomber, personne ne fait rien, tout le monde est au courant. Je ne parle pas des maladies et du VIH, pas la peine... les chiffres sont publics et sous-estimés puisque nombre des victimes repartent au Surinam et le système de santé y est payant... etc... etc...Là, c'est évidemment les lois sur l'immigration qui jouent leur rôle dévastateur... La réglementation? On rigole, le code du travail est bafoué massivement. On trouve des gens travaillant 56 heures par semaine dans des épiceries par exemple, pour 900 euros par mois, non déclarés. Le travail "informel" est généralisé. Et 20 à 30% de la population (au bas mot) est sans-papiers, donc hors d'état de porter plainte, et abandonnée aux prédateurs de tous ordres. Alors, la réglementation de la prostitution, vaste blague. Là, on touche les limites de l'état bourgeois et colonial. En fait, c'est d'un mouvement des femmes de masse et un mouvement contre l'exploitation sexuelle, mais aussi uen auto-organisation des précaires, des sans-papiers, possible puisque la société ne peut fonctionner sans leur force de travail. Mais dans la pratique, la misère est telle que rien de tout cela n'existe. La violence masculine est vécue par la majorité des jeunes comme légitime, y compris le passage à tabac de leurs copines. Quant au viol, il est le destin d'une fille sur trois, au moins, entre 5 et 20 ans. La suite, c'est la prostitution, très banalisée. Coups, viols, misère: prostitution massive.

Le sexe est aussi une punition. Par exemple, du bagne est restée une coutume remarquable: celle de se mettre une lame artisanale (on parle de morceau de couvercle de boîte de cassoulet, mais je suppose qu'une boîte de thon convient aussi bien) dans le pénis. Ne me demandez pas de détails, je n'ai pas vraiment compris, et je n'avais pas trop envie non plus. Evidemment, cela taillade très convenablement le vagin ou l'anus (cela se pratique aussi en punition sur les homosexuels). Heureusement, selon les infirmières et les toubibs, il paraît que cela fait des catastrophes sur les connards qui s'y adonnent, toute maladresse dans l'installation est punie d'une destruction irrémédiable de l'appendice génital de l'abruti que j'ai pour le coup du mal à plaindre.

Certes, il y a les arguments sur les sociétés traditionnelles où l'âge de la maturité sexuelle est très en deça de quinze ans. Mais évidemment c'est un truc qui relève du prétexte de mauvaise foi. Parce que par ailleurs, les traditions et les normes qui vont avec ont disparu. En gros, il est communément admis que "lorsqu'une fille s'habille sexy, c'est que c'est une pute ou qu'elle veut se faire violer", je cite dans le texte. Et que lorsqu'un garçon frappe sa copine ou sa femme, "il marque son territoire". Ce n'était pas le cas dans les sociétés noires marronnes ni amérindiennes traditionnelles (pas roses non plus, mais strictement codifiées). Là on n'estpas dans l'anomie, on garde tout ce qui peut permettre à l'homme d'exercer un pouvoir sans restrictions sur le corps des femmes dans les traditions et on prend la même chose dans la société coloniale.

La question de l'éducation est centrale. Des jeunes, mais aussi des adultes. Et je ne vois pas trop comment imposer le principe que le corps des femmes n'est pas un objet de consommation si par ailleurs on ne se préoccupe que d'en assurer la commercialisation. Il faut marteler que le corps humain n'est pas une marchandise, que le sexe et l'amour ne s'achètent pas, que la femme et l'enfant, le jeune ont des droits, économiques, sociaux, inaliénables, et "inaliénables", cela ne veut pas dire "monnayables". Je ne dis pas que l'éducation populaire mais aussi par les institutions sont LA solution, dans ce système il n'y en aura pas, mais c'est une condition nécessaire. C'est aussi ce qui manque à la loi qu'ils veulent mettre en France, et elle ne sera jamais appliquée. Ou alors, comme d'hab, à la gueule et la classe du client. Mais la carence de la loi bourgeoise ne nous dispensent pas de notre devoir de lutter contre cette horreur, avec nos méthodes et nos principes, nos objectifs de classe et de genre.
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Message  fée clochette Sam 30 Avr - 17:22

La légalisation de la prostitution, une expérience qui a échoué en Australie
JEFFREYS Sheila
1er octobre 2003

Conférence donnée à un événement organisé par la Mission suédoise à l’occasion de la Commission de la condition de la femme, Nations Unies, New York, le 5 mars 2003.

Je viens présenter aujourd’hui l’hypothèse qu’une expérience sociale menée en Australie au cours des années 1980 et 1990, la légalisation de la prostitution de bordel, n’a finalement atteint aucun des objectifs annoncés, à savoir entraver l’industrie illégale et la corruption policière, pallier les préjudices causés aux femmes et mettre fin à la prostitution de rue. En fait, tous ces problèmes se sont aggravés et d’importants préjudices nouveaux s’y sont ajoutés, comme la traite des femmes. Étant donné que la loi australienne a servi de modèle aux pays qui ont récemment choisi la légalisation, tels les Pays-Bas, et à ceux qui envisagent de le faire, tels la Nouvelle-Zélande, il est particulièrement important d’analyser l’échec de cette expérience pour éviter que d’autres pays s’imaginent qu’ils vont pallier les préjudices liés à la prostitution en s’engageant dans la voie de la légalisation.

CONTEXTE
Les féministes ont travaillé 50 ans à mettre fin à la traite des femmes dans la prostitution, particulièrement dans le cadre du Comité sur la traite des personnes de la Société des Nations durant l’entre-deux-guerres [1]. Leur travail a débouché sur la Convention de 1949 pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, une convention critique de la prostitution. On y déclare que celle-ci contrevient à la dignité et à la valeur de la personne humaine. La convention exige des États signataires qu’ils pénalisent le proxénétisme et la tenue de bordels. Cependant, durant les décennies qui ont suivi la « révolution sexuelle » des années 1960/1970, on a vu apparaître une notion assez différente de la prostitution. Certaines organisations de défense des droits des prostituées et entrepreneurs de l’industrie du sexe ont soutenu que la prostitution devait être perçue comme un travail, un choix et un lieu de pouvoir des femmes. Les souteneurs devinrent respectables et les acheteurs masculins disparurent du portrait.
C’est dans ce contexte que la prostitution pratiquée en bordel a été légalisée en Australie dans l’État de Victoria en 1984, dans le Territoire de la Capitale australienne (TCA) en 1992 et dans l’État du Queensland en 1999. Les Nouvelles-Galles du Sud ont décriminalisé la prostitution de bordel et de rue en 1995. Depuis, les États de Victoria et des Nouvelles-Galles du Sud ont notamment été cités en exemples dans des forums australiens et internationaux par les adeptes de la légalisation. Par exemple, le rapport proposant la décriminalisation de la prostitution en Nouvelle-Zélande affirme prendre pour modèle la formule adoptée dans les Nouvelles-Galles du Sud. La législation et la décriminalisation sont adoptées et proposées comme des solutions aux problèmes liés à la prostitution, tels les inquiétudes en matière de santé publique, la sécurité des femmes prostituées, le contrôle du crime organisé et les problèmes de commodités que soulève la prostitution de rue et en bordel. Cette approche repose sur la conviction que le comportement prostitutionnel des hommes est inévitable. Le rapport de développement communautaire préparé pour l’État de la Tasmanie explique que « la demande de services sexuels commercialisés va sans doute persister à l’avenir comme par le passé » [2].
Le même préjugé sous-tendait la légalisation adoptée aux Pays-Bas. Lors de leurs échanges, les parlementaires ont décrit la légalisation comme « réaliste » et reconnaissant un « fait », alors que la politique suédoise, très différente, de pénaliser l’acheteur - une politique fondée sur la possibilité de modifier le « fait » du comportement prostitutionnel des hommes - a été qualifiée d’« irréaliste » et d’« irréalisable » [3]. Lors des débats tenus aux Pays-Bas, les parlementaires s’en sont tenus aux dilemmes que susciterait probablement la légalisation, par exemple, de déterminer si on allait « forcer les femmes prestataires d’aide sociale à entrer dans la prostitution comme ’travail convenable’ » pour avoir droit à leurs prestations et si les tenanciers de bordels allaient pouvoir obtenir des subventions gouvernementales pour créer leurs entreprises.
La notion selon laquelle le comportement prostitutionnel des hommes est inévitable suggère que la prostitution doive être reconnue comme une des pratiques traditionnelles nocives. Elle est tout à fait conforme aux critères de pratiques traditionnelles ou culturelles nocives dont ont décidé les Nations Unies. C’est une pratique qui affecte la santé des femmes et des jeunes filles, crée des rôles sexuels stéréotypés, sert les intérêts des hommes, découle de l’oppression des femmes et est justifiée par la tradition [4].

LA LÉGALISATION CONSTITUE UN PAS EN ARRIÈRE
La légalisation de la prostitution de bordel a pris des formes semblables en Australie et aux Pays-Bas. Dans chaque cas, les entrepreneurs qui veulent exploiter légalement un bordel doivent demander des permis ou la permission du service de zonage, conformément aux procédures des instances locales. Un problème commun à ces régimes de légalisation tient à ce que les instances locales n’ont pas le droit de refuser de permis à un bordel du moment que certaines conditions sont remplies. Cette contrainte contribue à réduire les possibilités de démocratie locale. Les citoyens et citoyennes sont forcés de voir des bordels s’installer sur leur rue même s’ils et elles sont unanimes à s’y opposer. Autre problème : on stipule dans chacun de ces territoires un examen vénérien périodique des femmes prostituées (mais non de leurs clients mâles). Comme le note la Rapporteuse nationale des Pays-Bas sur la traite des personnes, la politique néerlandaise de légalisation rappelle le dix-neuvième siècle, où l’on réglementait le « vice public » afin de « protéger la sécurité et la santé de l’homme » [5]. En 1911, les bordels ont été bannis aux Pays-Bas grâce aux pressions d’activistes abolitionnistes, dont bon nombre avaient de fortes sympathies féministes.
Partout où la légalisation et la réglementation de la prostitution de bordel sont introduites, elles représentent un retour à l’époque où il semblait raisonnable que l’État joue un rôle dans l’apport à la consommation sexuelle masculine de femmes exemptes de maladies. C’est un retour à l’époque des « lois sur les maladies contagieuses », comme on les appelait dans l’Empire britannique, lois que des féministes ont combattues avec vigueur et succès parce qu’elles abrogeaient les libertés civiles des femmes et qu’elles fournissaient au comportement des hommes la caution de l’État.
1. Préserver la santé publique
La version contemporaine des projets de légalisation cite encore habituellement la sauvegarde de la santé publique face aux maladies vénériennes comme objectif prioritaire. En fait, c’est de la santé des acheteurs masculins qu’il s’agit. Dans la prostitution légalisée, ce sont les femmes qu’on inspecte, pas les hommes. Les actes de prostitution pratiqués dans les bordels légaux exposent les femmes à des conditions si dangereuses pour leur santé qu’elles seraient inconcevables dans d’autres genres de travail. Les femmes risquent des grossesses non désirées et des maladies transmises sexuellement du fait que bien des hommes refusent le port du préservatif. Une recherche effectuée à Melbourne (Australie) a révélé que 40 pour cent des clients interrogés avaient utilisé des femmes prostituées sans porter de condom [6]. De plus, il arrive parfois que les hommes déchirent délibérément le condom ou l’enlèvent à l’insu des femmes. Une brochure de conseils en santé et sécurité au travail destinée aux femmes prostituées dans les bordels légaux australiens leur conseille d’adopter des positions sexuelles qui leur permettent de vérifier, à l’insu de l’homme, si le condom est bien en place [7].
2. Contrôler la dimension et les caractéristiques de l’industrie et limiter l’emprise du crime organisé
Le désir de limiter l’emprise du crime organisé était la principale justification sous-jacente de la légalisation dans l’État de Victoria. Voilà bien un domaine où l’échec de la légalisation est particulièrement visible. Dans les territoires où la prostitution est légalisée, il semble toujours persister un secteur illégal considérablement plus développé que le secteur légal. Dans l’État de Victoria, la police et les tenanciers de bordels légaux estiment à 400 le nombre de bordels illégaux, soit quatre fois plus que celui des établissements licenciés [8]. Victoria, le Queensland et le TCA exigent la vérification des antécédents criminels des demandeurs de permis de bordel, mais de telles vérifications ne sont pas nécessairement efficaces. Dans certains cas, il semble que les tenanciers de bordel sont simplement les membres de familles criminalisées dont le dossier est encore vierge. Dans d’autres cas, des hommes au dossier criminel chargé arrivent à tenir des bordels légaux en recourant à des prête-noms ou à des organisations de façade qui leur évitent d’être reconnus comme propriétaires officiels.
3. Éliminer la corruption
Des commissions royales ont été mises sur pied dans deux États australiens pour enquêter sur le problème de la corruption policière, spécifiquement dans le dossier de la prostitution : la Fitzgerald Inquiry au Queensland (1989) et la Wood Commission dans les Nouvelles-Galles du Sud (1997). Dans l’État de Victoria, le gouvernement travailliste Bracks avait promis, au début de son premier mandat, d’organiser une telle enquête, mais il ne l’a pas fait. L’administration a plutôt choisi de nommer une femme, Christine Nixon, au poste de commissaire de police. Certains documents publiés et des rapports de commissions d’enquête témoignent d’une corruption répandue parmi les forces policières, la magistrature, l’appareil judiciaire, les avocats et la classe politique [9]. Dans les États de Victoria et des Nouvelles-Galles du Sud, il semble que les policiers compromis dans la prostitution ont administré à des femmes rétives ce qu’on appelle des « hotshots » (surdoses d’héroïne) pour les éliminer [10].
4. Améliorer la sécurité des femmes
Le souci pour la sécurité des femmes de la prostitution est souvent une des raisons citées par les gouvernements pour justifier la légalisation ou la décriminalisation de cette pratique. Les femmes de la prostitution vivent deux genres de violence, celle qui n’est pas payée et celle qui l’est. La violence non payée comprend les viols, les agressions et le meurtre. La violence payée ou « commerciale » comprend des activités prostitutionnelles quotidiennes dont la recherche nous apprend que les femmes prostituées doivent habituellement s’en dissocier affectivement pour survivre. Les femmes n’échappent pas à la violence payée dans les bordels légaux. Je veux citer en exemple de cette violence le plus luxueux établissement du genre à Melbourne, The Daily Planet, un bordel coté en Bourse depuis février 2003. Chaque chambre du Daily Planet possède un bouton d’alarme que peuvent actionner les femmes pour appeler un portier à l’aide. Malheureusement, ce n’est qu’après l’agression qu’a lieu son intervention. Un portier du Daily Planet a expliqué à un journal local que, lorsque le signal d’alarme résonne, il grimpe l’escalier à la course et enfonce la porte de la chambre (les verrous sont fragiles). Mais le mal est déjà fait [11]. Il s’avère impossible d’empêcher les femmes d’être agressées, même dans les bordels les mieux tenus et, de l’aveu de ce portier, de telles agressions ne sont pas rares.
Les types de blessures infligées peuvent être particulièrement graves pour les femmes dont les conditions de travail comprennent des actes sadomasochistes. Une conseillère oeuvrant dans un centre de crise pour victimes de viol m’a dit que les femmes à l’emploi de bordels sadomasochistes sont souvent couvertes d’ecchymoses lorsqu’elles viennent chercher de l’aide. Dans les bordels S-M, la plupart des femmes ne sont pas engagées comme dominatrices mais comme « soumises » ou, comme on dit parfois, « esclaves ». On leur inflige des pratiques violentes. Leur corps peut être tailladé, percé, marqué au fer rouge, et il s’agit d’une violence commercialisée et entièrement légale. Les femmes n’ont aucun recours parce que c’est pour cela qu’elles sont payées.
La recherche menée par Mary Sullivan sur les codes de santé et de sécurité au travail (SST) en bordel qui ont été rédigés par les gouvernements régionaux et les organisations de droits des prostituées s’avère particulièrement utile pour démontrer la violence caractéristique de l’industrie [12]. La notion de codes de SST en bordel équivaut à traiter la prostitution comme le travail dans les salons de coiffure ou de bureau, et on y aborde effectivement des questions comme les chutes sur un parquet mouillé. Cependant, lorsque ces codes traitent de la violence liée à la prostitution, ils révèlent dans ses détails sordides les relations de pouvoir impliquées. Par exemple, il existe un programme subventionné par l’État sur l’autodéfense et la résolution de conflits dans l’industrie du sexe qui démontre que les femmes prostituées peuvent se retrouver dans des situations semblables à des prises d’otages. On leur apprend des façons de composer avec la menace de situations à haut risque [13].
Le programme « Ugly Mugs », mis en place dans tous les États qui ont légalisé la prostitution, démontre le caractère fondamentalement dangereux du « travail » de la prostitution. Ce programme prévoit la diffusion de fiches d’information sur les acheteurs violents aux agents de police, aux travailleurs sociaux et aux femmes prostituées. Aucune mesure de ce genre ne s’impose pour les autres genres de travail féminin. Les codes de SST invitent les femmes à se servir de leur « intuition » pour tenter d’identifier les acheteurs susceptibles de les agresser. Mais les femmes prostituées peuvent se voir imposer des amendes par leurs employeurs si elles se refusent à un client qu’elles jugent dangereux.
Selon une recommandation qui figure dans ces codes de SST, la pratique sadomasochiste serait plus sécuritaire que la sexualité conventionnelle parce que moins susceptible de communiquer des maladies vénériennes. Pourtant, on y recommande une formation à l’utilisation d’instruments sadomasochistes comme les fers à marquer, les fouets et badines, la cire chaude et les instruments de perçage, en raison des dommages qu’ils créent. On y souligne que des fluides corporels comme le sang, la vomissure, l’urine, les fèces, la salive et le sperme peuvent contenir des organismes infectieux. On y donne des conseils sur la pénétration au poing de l’anus et du vagin, une pratique qui peut déchirer le colon et entraîner la mort [14].
La légalisation de la prostitution amène les hommes à exiger davantage de pratiques que les femmes n’aiment pas ; elle rend les femmes plus impuissantes à leur résister en raison d’une concurrence accrue et elle accorde plus de pouvoir aux tenanciers de bordels. Un des résultats de la légalisation est une forte hausse de la demande de pénétration anale. Les femmes prostituées demandent plus cher pour cette pratique parce qu’elle est toujours douloureuse mais elles demandent plus encore si le pénis est gros parce que la pénétration est particulièrement pénible [15].
5. Éliminer la prostitution de rue
Les adeptes de la légalisation ont soutenu que les femmes prostituées de rue choisiraient de travailler dans des bordels légaux pour des raisons de sécurité. Cela ne s’est pas produit et les problèmes liés à la prostitution de rue persistent aujourd’hui : violences sévères contre les femmes et les jeunes en cause, toxicomanie et problèmes pour les résidants comme la sollicitation, le dépôt de condoms souillés, d’excréments et de matériel d’injection dans les rues et jardins et la pratique d’actes sexuels dans les entrées et les cours d’immeubles. (Rapport intérimaire du Groupe consultatif du procureur général sur la prostitution de rue, Victoria, 2001). Les études menées auprès des femmes prostituées de rue dans l’État de Victoria évaluent à 80% la proportion d’usagères de drogue et à 85-90% la proportion d’itinérantes [16]. Le rapport préparé sur cette question par le gouvernement de l’État de Victoria se dit « non intéressé à des arguments moraux », quelle que soit la nocivité de cette pratique traditionnelle, et il « accepte que la prostitution va continuer » [17].
Les conseils municipaux et les gouvernements d’État ont adopté de nouvelles lois et initiatives pour tenter de pallier un problème qui dégénère. Dans les Nouvelles-Galles du Sud, où la prostitution de rue est décriminalisée mais limitée à certains secteurs, un conseil municipal a créé des « maisons sûres » où les femmes qui ramassent des hommes dans les « zones de tolérance » de South Sidney sont censées amener les acheteurs. Mais des femmes font régulièrement de la sollicitation à l’extérieur de ces zones et continuent de causer des problèmes de commodités aux résidants. La police a noté que ces maisons sûres étaient impliquées dans la distribution de drogues, à l’instar de bon nombre d’autres bordels [18]. À St. Kilda (Victoria), où quelque 350 femmes participent à la prostitution de rue [19], un plan destiné à créer des « centres des travailleuses du sexe » et des zones de tolérance du même type a été abandonné juste avant une élection régionale, après que des résidants et des commerçants eurent exprimé une forte opposition. Des maisons sûres et des centres de travailleuses du sexe fonctionnant sous la gouverne d’un gouvernement régional équivaudraient pratiquement à des bordels d’État. Un des problèmes liés à la création de telles « zones de tolérance » est l’activité qui y serait tolérée : le comportement prostitutionnel agressif d’hommes qui sollicitent et violentent des femmes. De telles zones ont donc pour effet de retirer aux citoyennes non prostituées le droit de marcher dans certains secteurs des villes et elles vouent ces zones à l’exercice de la violence masculine.
6. Éliminer la traite des femmes
La légalisation et la décriminalisation entraînent une croissance de l’industrie de la prostitution. La traite des femmes requises pour approvisionner les bordels légaux et illégaux en est un résultat inéluctable. Les entrepreneurs du sexe éprouvent de la difficulté à recruter des femmes localement pour approvisionner une industrie en expansion, et les femmes issues de la traite sont plus vulnérables et plus profitables. Des femmes sont placées dans les bordels illégaux et légaux de Victoria. Elles ont le droit de travailler dans les bordels légaux avec des permis de travail si les trafiquants demandent pour elles le statut de réfugiées. Les trafiquants vendent ces femmes aux bordels légaux et illégaux de Victoria pour 15 000 $ chacune. Elles sont tenues en servitude par cette dette, de sorte que les profits tirés de leur esclavage ne leur reviennent pas. Des enquêtes se poursuivent sur plusieurs bordels du centre-ville et de banlieue soupçonnés d’utiliser des femmes emmenées d’Asie du Sud-Est au moyen de visas touristiques. Les policiers ont appris qu’avant de gagner le moindre sou, ces femmes doivent avoir des rapports sexuels avec environ 800 hommes pour rembourser leur dette aux trafiquants. Selon un porte-parole de la police, elles semblent être« importées sur commande » par avion [20]. On estime à un million de dollars les bénéfices hebdomadaires que l’industrie de la prostitution tire de la traite des femmes amenées en Australie.
Le Protocole de 2000 sur la traite des personnes, intégré à la Convention de l’ONU sur le crime organisé, reconnaît le lien entre la traite des femmes et la prostitution et exige des États signataires l’adoption de stratégies visant à réduire la demande de prostitution. À mon avis, la légalisation de la prostitution de bordel crée spécifiquement cette demande. L’expansion de l’industrie de la prostitution amène les propriétaires de bordels à recourir à la traite des femmes pour répondre à la demande. C’est ce qui s’est produit dans les villes européennes où la prostitution de bordel a été tolérée ces derniers temps. À Amsterdam, où la prostitution de bordel a été officiellement légalisée en 2000, les propriétaires n’ont le droit d’employer que les femmes qui sont résidantes de l’Union européenne et qui sont enregistrées pour travailler comme prostituées. Les propriétaires de bordels se plaignent haut et fort d’avoir perdu la majorité de leurs travailleuses et d’être complètement débordés par la demande (Rapporteuse nationale hollandaise, 2002). De plus, les femmes admissibles sont tenues à distance par l’obligation d’identifier les femmes prostituées et de les signaler au ministère du Revenu. On assiste donc à des pressions visant à créer un « accès légal et contrôlé au marché hollandais » pour les femmes présentement qualifiées d’ « illégales » et visant à lever l’interdit temporaire présentement imposé aux « illégales ». La notion qu’il devrait exister une traite « légale » pour satisfaire une demande accrue contrevient complètement aux exigences du Protocole optionnel de 2000.

UNE CULTURE PROSTITUTIONNELLE
La légalisation de la prostitution ne fait pas qu’échouer à réduire les préjudices liés à la prostitution. Elle crée de nouveaux et graves préjudices en suscitant une culture prostitutionnelle. Quand la prostitution de bordel est légalisée, le comportement prostitutionnel des hommes est normalisé. La prostitution acquiert une place ordinaire et routinière dans la culture, et filles et garçons, femmes et hommes sont éduqués à trouver acceptable le comportement des acheteurs - 60 000 hommes par semaine à Melbourne, en 1998.
La culture que crée la prostitution légalisée a des effets délétères sur le statut et les conditions de vie de l’ensemble des femmes de la société. Melbourne a des bordels dans plusieurs rues, dont un bordel sadomasochiste et un bordel régulier dans la rue où j’habite. Des enfants passent à pied devant des bordels en se rendant à l’école et achètent leurs maillots de bain dans une boutique située juste en face d’un bordel. Les propriétaires de bordels appartiennent au Club Rotary et sont présentés comme des gens d’affaires modèles dans des journaux respectables. Des bordels sont cotés en Bourse.
UNE EXPÉRIENCE SOCIALE QUI A FAIT LONG FEU
En légalisant la prostitution de bordel, les décideurs politiques s’engagent dans une expérience risquée pour la vie des femmes. La légalisation a échoué à réduire les problèmes liés à la prostitution en Australie. Il est à prévoir qu’elle y échouera tout autant aux Pays-Bas. Le comportement prostitutionnel des hommes n’est pas plus réfractaire à toute intervention que les autres formes de violence. Des initiatives juridiques et pédagogiques peuvent contribuer à réduire la demande des hommes et à mettre graduellement fin à leur comportement prostitutionnel.
Sheila Jeffreys, professeure de science politique

JEFFREYS Sheila
Notes
[1] Sheila Jeffreys, The Idea of Prostitution, 1997.
[2] Parlement de Tasmanie, Community Development Committee Report on The Need for Legislative Regulation and Reform of the Sex Industry in Tasmania, 1999, p.17.
[3] Joyce Outshoorn Legalizing Prostitution as Sexual Service : The Case of the Netherlands, 2002.
[4] Wynter, Thompson et S. Jeffreys, « The UN Approach to Harmful Cultural Practices », International Feminist Journal of Politics, avril 2002.
[5] Rapporteuse nationale des Pays-Bas, 2002Trafficking in Human Beings, La Haye, Bureau NRM.
[6] R. Louie, Project Client Call, Melbourne, Macfarlane Burnett Centre for Medical Research, 1998.
[7] Sex Workers’ Outreach Project 1995, dans Mary Sullivan, doctorante, Making Sex Work in Victoria, Département de science politique, Université de Melbourne, 2003.
[8] Padraic Murphy, « Licensed brothels call for blitz on illegal sex shops », The Age, 3 juin, 2002.
[9] Raymond Hoser, Victoria Police Corruption, 1999 ; Bob Bottom, The Godfather in Australia, 1988).
[10] Ibid. et Données déposées à la Commission Wood, 1997.
[11] « Everything But the Girls », The Sunday Age, 31 mai 1998.
[12] M. Sullivan, Ibid.
[13] Cité dans M. Sullivan, id.
[14] Ibid.
[15] Ingrid Barclay, Interactive Processes in Brothel Prostitution, Thèse de spécialisation. Université de Melbourne, 2001.
[16] Prostitutes Collective of Victoria (1994), citée dans Noske, H. et Deacon, S. 1996, Off Our Backs : A report into the Exit and Retraining Needs of Victorian Sex Workers.
[17] Victoria, 2001:13.
[18] ABC Radio National, The Law Report, 2002.
[19] Victoria, 2001.
[20] Padraic Murphy, « Licensed brothels call for blitz on illegal sex shops », The Age, 3 juin 2002.
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Message  fée clochette Mer 4 Mai - 11:27

http://www.mouvementdunid.org/Handicap-accompagnement-sexuel-ou

Handicap : accompagnement sexuel ou prostitution ?
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Briser les tabous. En finir avec l’hypocrisie. La demande de création de « services d’accompagnement sexuel pour les personnes handicapées » est partout présentée comme un progrès vers plus d’égalité, de citoyenneté, de justice.

Si nous nous félicitons du fait que soit abordée, au grand jour, la question de la sexualité des personnes handicapées, et plus largement celle de leur intégration réelle à la société, nous exprimons en revanche quelques inquiétudes face à cet aspect de leurs revendications.

Nous ne portons aucun jugement sur la sexualité des personnes et notamment celle des personnes handicapées. Ce qui nous interpelle est le commerce de la sexualité, sa réduction à une dimension marchande. Et les conséquences de ce commerce au-delà du monde du handicap, sur l’ensemble de la société.

Ne sommes-nous pas, au nom des meilleures intentions du monde, face à une promotion inespérée, pour l’industrie du sexe, de l’institution la plus archaïque, la plus inégalitaire - la prostitution -, au titre de « service à la personne », emploi de proximité, profession para médicale ?

L’égalité de droit défendue entre personnes handicapées et valides s’appuie en l’occurrence, sur ce point précis, sur un "droit" qui fait de plus en plus débat, notamment en Europe : le séculaire "droit de l’homme" à l’accès marchand au corps des femmes – et d’autres hommes -, avec sa logique de domination, de mépris et de violence.

L’initiative soulève des questions éthiques d’importance : existe-t-il un « droit à la sexualité » ? Peut-on donner une réponse marchande à la souffrance ? La prostitution, même "aménagée", peut-elle constituer un "emploi" à promouvoir ? Le combat des personnes handicapées, parfaitement légitime quand il touche à leur droit à l’intimité et à la dignité, peut-il être soutenu quand il exige la création d’une "profession" dédiée au plaisir sexuel ?
1 – La France va-t-elle suivre les Pays-Bas ?

Allons-nous, en France, vers la création d’un « service d’accompagnement sexuel [1] » à l’attention des personnes lourdement handicapées ?
La question est posée depuis le colloque international intitulé « Dépendance physique : intimité et sexualité [2] », organisé les 26 et 27 avril 2007 au Parlement européen de Strasbourg, à l’initiative de la Coordination Handicap et Autonomie (CHA), de l’Association des paralysés de France (APF), de l’Association française contre les myopathies (AFM) et de Handicap International.

Les intervenants y ont unanimement revendiqué la création d’un « système d’accompagnement érotique et sexuel », donc d’une profession dûment formée, sur le modèle de certains pays européens comme le Danemark, l’Allemagne, la Suisse ou les Pays-Bas. M. Marcel Nuss, lui-même plurihandicapé et président de la CHA, a promis un débat dans le cadre d’une prochaine « Conférence du consensus » puis la concrétisation du projet d’ici 2010.

Les représentants d’associations ou d’établissements d’accueil ont mis en relief l’idée que le « service sexuel » est une nécessité et ont souvent déploré le fait que faciliter le recours à la prostitution pour leurs résidents – pratique assez courante mais clandestine - soit assimilé à du proxénétisme. La confusion a d’ailleurs été couramment faite entre « droit à la sexualité » et « droit à la prostitution »… Pour l’APF, « le cadre législatif et réglementaire est inadapté ». Un avocat parisien, Karim Felissi, a d’ailleurs suggéré d’instaurer un régime pénal dérogatoire, afin que « l’assistance sexuelle » ne soit pas assimilée à de la prostitution, et donc sa fourniture à du proxénétisme.

Suite à ce colloque, un collectif Handicaps et sexualités s’est constitué en mars 2008 avec l’objectif de « favoriser l’accès à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap ».
Il réunit les mêmes associations et a entre autres pour but d’élaborer une définition de « l’assistance érotique, de l’assistance sexuelle et de leur cadre éthique » ainsi que des « référentiels métier, de compétence et de formation ». L’APF revendique ainsi « la reconnaissance et le respect des droits fondamentaux pour les personnes en situation de handicap, le droit à la vie, à la dignité et à l’intimité, le droit à la compensation pleine et entière de toutes les conséquences liées au handicap, et dans ce cadre s’inscrit le droit à une sexualité épanouie. » Elle propose de « s’inspirer des exemples des autres pays européens pour concevoir des réponses adaptées et personnalisées ».

De son côté, Handicap International, plus connu pour ses actions contre les mines antipersonnel, a déjà mis en place, en 2000, un Service Accompagnement à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées (AVAS), qui propose des actions d’éducation à la vie à l’intention des intéressés - enfants, adolescents et adultes en situation de handicap -, des groupes de parole destinés aux parents, et des sessions de formation ainsi que des supervisions pour les personnels et responsables d’établissements.

L’un des objectifs essentiels est de mettre en place les conditions nécessaires pour favoriser le droit à l’intimité pour les personnes en situation de handicap, qu’elles séjournent ou non en milieu institutionnel.

Si cette question surgit aujourd’hui dans l’actualité, c’est en raison d’un contexte particulier d’affirmation des droits de la personne handicapée. La loi « handicap » du 11 février 2005 prévoit « l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté » et « le droit à compensation des conséquences de son handicap ».
La convention de l’ONU adoptée en décembre 2006 réaffirme « la nécessité [de] garantir la pleine jouissance [de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales] aux personnes handicapées sans discrimination. » S’ajoute à ces textes un "air du temps" qui prône le "droit au plaisir sexuel", parfaitement résumé par la Déclaration de Montréal, « Santé sexuelle pour le millénaire », de 2005 : « Le plaisir et la satisfaction sexuels sont des composants fondamentaux du bien-être et il est indispensable de les faire connaître et les promouvoir. »

Ailleurs en Europe

« L’accompagnement sexuel » existe dans les pays réglementaristes, pays qui font donc de la prostitution un service public garanti à la moitié masculine de la population. Cet "emploi" est d’ailleurs reconnu en tant que « prostitution spécialisée ».

Des femmes et des hommes – des femmes en majorité - formées aux spécificités des personnes en situation de grande dépendance physique ou mentale, sont rémunérées pour leur offrir des massages, caresses et expériences sexuelles, à domicile ou en institution.

C’est le cas au Danemark, en Allemagne (service Sensis) en Suisse (Pro Infirmis, qui délivre des adresses pour des « relations sexuelles payantes », et SEHP, Sexualité et Handicaps Pluriels) et aux Pays-Bas (SAR, Stiching Alternatieve Relatiebemiddeling).

Dans ce dernier pays, "pionnier" en 1980 avec une association de call-girls « spécialisées », les assurances sociales de certaines collectivités locales remboursent le coût de la « prestation », facturée 85 ou 100€ pour une heure.

Dernier exemple en date, la création en Suisse romande, en 2008, du SEHP, Sexualité et Handicaps Pluriels. Mais la plupart des pays européens ne suivent pas (encore ?) cette voie. Il est intéressant de souligner que la Norvège, pays exemplaire en matière de politique sur le handicap, n’a pas créé ce type de « service ».
Le « service sexuel » rémunéré est impensable dans un pays qui devrait voter prochainement une loi interdisant tout achat de service sexuel, comme il l’est en Suède où cette loi est en place depuis 1999.
2- Accompagnement sexuel, un autre nom pour la prostitution ?

Un « emploi » particulièrement flou…

« Service érotique », « service affectif », « accompagnement sexuel »… Les termes confus révèlent le malaise qui entoure la définition de cette « prestation hors du commun », « fonction hybride », « art généreux » selon les termes de Catherine Agthe Diserens, sexo-pédagogue suisse, responsable de SEHP, et Françoise Vatré dans leur ouvrage « Accompagnement érotique et handicaps [3] ».

Pour décrire le profil professionnel des assistant-e-s de Pro Infirmis Zürich, les auteures parlent « d’hommes et de femmes qui utilisent leur corps pour procurer de la joie et du plaisir à autrui ». « Assistant, soignant, prostitué “soft” ? » (le tout au masculin), interroge le docteur Denis Vaginay dans sa préface à l’ouvrage.

Le flou demeure sur la nature réelle de cet "emploi". Pour Bernadette Soulier [4], médecin sexologue spécialisée dans le handicap, favorable à la mise en place de « l’accompagnement sexuel », « à condition qu’il soit bien encadré » , qu’il n’y ait « ni pénétration ni fellation. Seulement le droit de masturber la personne ou de lui apprendre à se masturber. Les accompagnants ressemblent plus à des masseurs qu’à des prostitués, avec juste le côté masturbation. On devrait parler d’accompagnement sensuel plutôt que sexuel.

Moi même, je suis allée voir des prostituées pour leur demander si elles accepteraient ces handicapés. On en trouve une sur dix qui accepte. Quand je conseille à un handicapé d’aller voir une prostituée, je demande qu’il y ait une personne valide avec lui par précaution. Certaines peuvent exercer des violences. »

Les précautions sont infinies et sont l’aveu des risques que comporte la mise en place d’un tel "emploi". Il faudra « une sélection très rigoureuse » afin d’éviter de mettre la personne handicapée en danger mais aussi « protéger des accompagnateurs qui, trop fragiles, se mettraient en péril psychologiquement ». « Un tel accompagnement nécessite de très grandes compétences et capacités humaines, c’est-à-dire de l’empathie, de l’humilité, de l’écoute, de la psychologie et un profond don de soi. [5] » écrit M. Nuss dans son rapport.

Le catalogue des qualités et compétences requises peut sembler inatteignable : formation au développement personnel, soutien psychologique continu, supervision, clarification rigoureuse des motivations, etc…
Pour Catherine Agthe, responsable de SEHP, il faut être une personne « courageuse, tendre et solidaire », faire preuve de « cœur », de « générosité ». Comme Nina de Vries, elle-même « accompagnante sexuelle » hollandaise, elle dit juger utile de recourir au bouddhisme, au tantrisme et à la méditation.

Les mots sont toujours choisis avec soin : droit, citoyenneté, humanité, générosité, responsabilité… Et surtout éthique. Le beau mot « d’accompagnement » lui-même a été longuement pesé. Qui s’aviserait de s’opposer à des notions si positives et généreuses ?

Un acte dit paramédical…

Il ne s’agirait donc pas de prostitution en raison de la sélection opérée, de la formation des accompagnant-e-s (issu-e-s théoriquement du milieu paramédical), et de leur consentement éclairé.

Bernadette Soulier précise : « Il ne s’agit que de personnes volontaires. Aucune n’est prostituée. Ce sont des femmes et des hommes qui ont un emploi, au moins à ¾ temps, qui sont bien dans leur tête (pas psychotiques), qui vivent en couple et ont donc une expérience de vie sexuelle. La formation s’effectue sur un an, avec des entretiens avec des psychologues. On s’assure qu’ils ne viennent pas pour assouvir un fantasme. On prend énormément de précautions. Sinon, ce sera l’ouverture à toutes les dérives. Il semble qu’en Hollande, on ait fait machine arrière en raison d’agressions notamment. Il a fallu revoir les méthodes. »

Pas de prostitution, donc. Et du personnel paramédical. Pourquoi, dans ce cas, ne pas demander à ce que ce « service », si c’en est un, soit tout simplement fourni par les infirmières ? « Ce serait catastrophique », explique Bernadette Soulier. « Le personnel médical a un rôle de soin, pas d’acte sexuel. La blouse blanche est là pour mettre une barrière. Quand il y a passage à l’acte, on assiste à des fracas psychologiques, à des suicides, des tentatives de suicide, des pathologies graves. »

Il est donc bien question d’acte sexuel. L’expérience suisse est d’ailleurs conduite en partenariat avec des associations de « professionnel-le-s du sexe » - Aspasie à Genève et Fleur de pavé à Lausanne - qui veillent à la reconnaissance et à la défense d’une prostitution indépendante et reconnue, inscrite légalement au registre du commerce.

La présidente de SEHP invite bel et bien à « construire une vision plurielle de la prostitution », à « en valoriser certains aspects existant depuis toujours et qui s’apparentent à la thérapie sexuelle ». Elle affirme clairement qu’il s’agit de répondre aux « besoins » de personnes « défavorisées sur le marché courant du sexe par rapport aux clients et clientes [sic] non handicapés » ; des personnes qui « ne s’expriment pas toujours de manière compréhensible et ne parviennent pas forcément à s’affirmer dans le milieu de la prostitution ».
3 - Rencontre avec Marcel Nuss

Fondateur de l’association Coordination Handicap et Autonomie (CHA), Marcel Nuss, lui-même plurihandicapé, fait de la création de « l’accompagnement sexuel », « une question de droit, de citoyenneté et d’humanité ». Nous lui avons demandé d’en éclaircir le contenu. M. Nuss l’a fait en pesant chacun de ses mots…

->Qu’entendez-vous exactement par accompagnement sexuel ?

L’objectif est de fournir une aide aux couples dont les deux partenaires sont trop handicapés pour se rapprocher sexuellement mais aussi de permettre à une personne handicapée d’avoir une expérience intime avec une personne formée au préalable pour cette activité ; pas n’importe qui, bien entendu, mais une personne choisie après une sélection drastique qui serait là pour apporter à la personne handicapée un soulagement, pour lui permettre de se réapproprier son corps, de se réincarner.

Ce service, très ciblé, n’est envisagé que pour des personnes qui sont trop dépendantes pour avoir un contact avec leur corps, donc pour pouvoir se masturber, et pour des personnes déficientes mentales pour qui cette non maîtrise provoque souffrances et déstructuration. Cette activité n’irait pas au-delà de la masturbation ; l’essentiel reposant sur l’écoute, les massages, les caresses. Ce qui se passe ensuite dans une chambre entre deux personnes relève de l’intime et de leur libre choix. Ce n’est pas du ressort du législateur.

Il faut que les deux personnes s’apprivoisent, il faut une complicité, un bien-être. Il s’agit en fait d’un accompagnement à la vie affective et sexuelle. 80% de l’accompagnement relève de l’écoute, de l’information, de la formation, du suivi des parents, des ados et des adultes. 20% relèverait de l’accompagnement sexuel lui-même. On fait une montagne de quelque chose qui est beaucoup plus subtil et complexe.

->Pour vous, il ne s’agit donc pas de prostitution ?

En Allemagne, en Suisse, ce ne sont pas des prostituées qui exercent cette activité. Un peu plus en Hollande où la prostitution est légale. La personne handicapée peut se payer une prostituée si elle le souhaite, mais cela n’a rien à voir avec l’accompagnement sexuel. 80% des personnes sélectionnées viennent du milieu paramédical : psychologues, kinés, aide-soignants. On ne peut pas jouer avec les gens, avec leur équilibre, leur bien-être.

->Vous demandez pourtant une dérogation pénale pour ne pas risquer l’incrimination de proxénétisme ?

Après avoir rencontré des parlementaires, des juristes, nous pensons qu’il n’est pas question de légaliser la prostitution. Il faut passer par un autre biais. Notre but n’est que de répondre à un besoin en mettant des garde-fous pour protéger les accompagnants. Ce que nous demandons n’est pas une dérogation pénale, mais un ajustement.

Nous sommes favorables à la loi française mais la prostitution n’est pas le problème. On mélange tout. L’accompagnement sexuel n’a rien à voir avec une passe. Les séances durent au moins une heure ou une heure et demie. On prend le temps d’apporter du bien-être. Et les accompagnants sexuels n’exerceront cette activité qu’à mi-temps. Pas plus de 3 à 4 séances par mois, parce qu’il s’agit d’un investissement énorme. Il s’agit de répondre à une souffrance.

L’idéal serait évidemment de rencontrer l’amour. En attendant, certains handicapés s’endettent pour se payer une call girl. Des mères de famille masturbent leur gamin, est-ce défendable ?

->Quelle est la demande réelle ?

La demande est récurrente et très importante. Elle est montée depuis quelques années en raison de l’évolution des mentalités. Etant donné les films porno que visionnent les personnes handicapées dans les établissements, le sexe qui s’étale partout, comment leur refuser ce qui est promis à tous ?

->Une demande… au masculin ?

Pour l’instant, oui la demande exprimée est essentiellement masculine.

Mais les femmes ont aussi des besoins comme l’a montré le colloque de Strasbourg, ainsi que des témoignages poignants qui figurent dans notre livre. Il est vrai que les besoins et attentes des hommes ne sont pas les mêmes que ceux des femmes. Et puis il y a l’homosexualité. C’est très complexe. Et du côté des accompagnants (dont beaucoup sont bisexuels), contrairement à ce que l’on pourrait penser, il y a plus de candidats hommes que femmes.

Je suis assez étonné. Pour moi, c’est le signe que les hommes commencent à laisser parler leur féminité, leur capacité à donner. Le suisse Lorenzo Fumagalli a une extraordinaire humanité.

->N’y-a-t-il pas des risques ? Violences éventuelles, perversions…

Si on me trouve un risque zéro, je suis preneur. Mais quoi que l’on fasse dans la vie, il y a des risques. Sans accompagnement sexuel, on n’a jamais empêché les perversions, les dérapages. Avec, il n’y en aura ni plus ni moins. Nous travaillons pour les éviter au maximum. Nos associations sont sérieuses et ne peuvent se permettre de dérives. Leur crédibilité est en jeu.

->Quelle est votre position sur la légalisation de la prostitution ?

L’humain est névrosé, potentiellement pervers ou déviant. A titre personnel, je suis contre la prostitution dans la mesure où c’est un esclavage, une exploitation de la chair humaine. Je pense qu’il y a entre 1% et 5% de prostituées qui sont volontaires. La majorité ne l’est pas. Je sais trop ce que je dois aux femmes pour accepter qu’elles soient humiliées.

->Dans ce cas, pourquoi pas un accompagnement sexuel gratuit pour éviter toute confusion ?

Les accompagnants actuels ont un contrat. C’est un garde-fou. Et il faut bien vivre. L’idée est recevable, mais est-elle vivable ? Tout travail mérite salaire. Ces personnes suivent un an de formation, ont fait des études. C’est à la fois une vocation et un métier. Bon nombre d’accompagnants sont mariés dans les pays où cela existe.

->L’accompagnement sexuel relève-t-il du soin ?

Pour nous, il ne s’agit pas d’un soin. La personne n’est pas en danger. En Hollande, l’accompagnement sexuel est pris en charge par l’équivalent de la sécurité sociale. C’est hors de question en France. Notre approche serait plutôt d’obtenir une augmentation des "charges spécifiques", qui s’élèvent aujourd’hui à 100€ par mois et qui permettent d’assumer les frais médicaux et para médicaux non remboursés. La personne paierait l’accompagnement sexuel en prenant sur cette somme. Notre but est aussi de la responsabiliser.

->N’êtes-vous pas en train de légitimer un « droit à la sexualité » et donc une voie royale pour la marchandisation de la sexualité ?

Ce que nous proposons amène forcément d’autres questionnements. D’autres revendications. Ce sera aux générations futures d’y répondre. Le sexe a toujours été central dans l’histoire de l’humanité. C’est un facteur d’humanisation. Notre motivation, c’est la souffrance. Une souffrance immense. On n’arrête pas une société en marche.

Pour nous, il s’agit de faire évoluer la société dans le respect des règles établies et le respect des personnes. Je connais des hommes handicapés qui disent préférer rester abstinents. Nous ne voulons rien imposer, juste apporter un choix supplémentaire.
4 - Nos interrogations, nos questionnements

Le souci éthique – Existe-t-il un « droit à la sexualité » ?

Une "relation" à sens unique, payante, ponctuelle, peut-elle relever de la sexualité ? La sexualité peut-elle être dissociée de la personne ? Ne la réduit-on pas à la génitalité, formatée par la consommation pornographique et la marchandisation généralisée ? Comment, ensuite, parler de droit à la sexualité puisqu’il s’agit bien de priver une autre personne, celle que l’on rémunère, de ce même droit ?

Le psychanalyste Joseph Rouzel, directeur de l’Institut Européen Psychanalyse et Travail Social, voit surtout là une impasse du néolibéralisme : « On voit proliférer les droits (sans que ne soient jamais évoqués les devoirs d’ailleurs) à tout et n’importe quoi. Comme si les droits n’étaient pas balisés par des valeurs, une éthique, des principes. Notamment les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Il serait temps de s’en souvenir.

Le principe éthique énoncé par Emmanuel Kant qui exclut de la marchandisation ce qu’il nomme « la dignité » humaine, ce qui exclut la marchandisation du corps n’est, me semble-t-il, pas dépassé. Le droit à une sexualité ainsi posé n’est donc pas soutenable en tant que tel.

Ce n’est qu’un article de plus qui fait du sexe un mode de consommation comme un autre. C’est de plus confondre allègrement génitalité et sexualité. Ce qui ne signifie pas, bien évidemment, qu’il n’y a pas à prendre en compte les désirs des malades, des handicapés etc… Mais s’il s’agit de les accompagner, ce n’est certes pas dans un geste d’appui à la consommation qui réduit l’acte sexuel à une pure marchandise. En termes de droits, il existe un respect de l’intimité ; ce qui n’est pas le droit d’y faire n’importe quoi. »

Le psychanalyste fustige « la mondialisation d’un système néolibéral, où tout est marchandise et tout est spectacle, pour reprendre une formule des situationnistes. Le citoyen a été réduit à l’état de pur consommateur. Et ce qui échappait jusque là au trafic, à savoir la marchandisation des corps, des organes, du vivant etc en fait aujourd’hui partie. » Il appelle à une « véritable révolution éthique » : « Nous avons fait comme s’il n’y avait aucune limite à la jouissance, que ce soit des objets ou du corps d’autrui. Or cette limite, chassée par la porte, nous revient de façon dramatique par la fenêtre, que ce soit dans les désordres écologiques que nous avons engendrés, ou la destruction des collectifs humains, jusqu’à cette forme généralisée de mise à l’étalage, comme viande de boucherie des corps de femmes, d’hommes, d’enfants que nous voyons proliférer. Allons-nous poursuivre cette destruction du fait humain ? »

Hommes/femmes, tous égaux ?

Dans leur ouvrage, Catherine Agthe et Françoise Vatré reconnaissent qu’ « imaginer un court instant un accompagnant érotique en train de masturber une femme handicapée » est une vision qui « nous semble presque impossible », la situation inverse nous étant plus « familière »…

S’interrogeant sur le moyen de « se mobiliser pour les besoins féminins », elles soulignent que « les attentes féminines, bien qu’évidentes, restent plus souvent muettes et prennent la voie de la dépression. » En revanche, « les manifestations sexuelles [des hommes] dérangent parce que s’ils ne sont pas satisfaits », écrivent-elles, « elles tournent en actes violents, à l’égard d’autrui ou de soi-même. Ces comportements insupportables pour des tiers poussent à chercher urgemment des réponses. »

La dimension fondamentale d’inégalité hommes/femmes, démultipliée en cas de handicap, n’est abordée qu’à titre de constat, ou franchement esquivée dans les textes destinés à promouvoir « l’accompagnement sexuel ». En général, ils s’appliquent à faire comme s’il était indifféremment destiné aux hommes et aux femmes ; et comme si hommes et femmes, indifféremment, étaient destinés à devenir accompagnants sexuels (terme souvent utilisé au masculin).

Quand la question de la prostitution est abordée, de la même façon, on parle indifféremment de clients et de clientes ! Mieux (ou pire), quantité d’articles s’ouvrent sur des témoignages de femmes présentées comme demandeuses d’un « droit à la sexualité ». Est-ce avoir mauvais esprit que se demander s’il s’agit d’une façon de noyer la dimension de domination masculine, pourtant centrale en la matière ?

La demande est en effet très majoritairement masculine, comme nous l’a indiqué M. Nuss. « En majorité, nous entendons les demandes d’hommes souhaitant l’assistance de femmes », explique de son côté la présidente de SEHP, Catherine Agthe, « mais des demandes homosexuelles existent bien sûr aussi. » Bernadette Soulier renchérit : « Il y a plus de demandes d’hommes. Evidemment, c’est moins évident pour les femmes, elles peuvent plus facilement se faire abuser, agresser. Mais s’il s’agit de délivrer de la tendresse, de l’affection, de la douceur, ça plaît aux femmes. »

Régina Ubanatu, du RIFH, Réponses Initiatives Femmes Handicapées, opposée à titre personnel (son association ne s’étant pas prononcée) à la création de l’accompagnement sexuel, est formelle : « Chez les femmes handicapées, la demande sexuelle n’est pas explicite comme elle peut l’être chez les hommes. Ce type de demande est très rare. Nous nous y sommes trouvées confrontées une seule fois en dix ans ! De la même façon, lors du colloque qui s’est tenu à Berlin en 2007, European Disability Forum, dans aucun atelier, y compris l’atelier sexualité, les femmes handicapées n’ont posé de demande d’accompagnement sexuel ! » Voilà pour la "demande". Côté "offre", M. Nuss est très clair dans son rapport : « pour des raisons culturelles, ce sont essentiellement des femmes qui pratiquent pour le moment l’accompagnement à la vie sexuelle ». En clair, le schéma traditionnel de domination masculine est ici parfaitement lisible.

5 - Les raisons de notre refus

Des risques de violence, de maltraitance

Régina Ubanatu, elle-même handicapée et présidente du RIFH, exprime sa crainte : « Les pervers vont s’engouffrer ! Il y a des femmes handicapées en telle détresse, en telle solitude, qu’elles en viennent à accepter n’importe quoi. Elles nous décrivent les violences, y compris sexuelles, qu’elles subissent. Il faudrait un observatoire sur les violences faites aux femmes handicapées. En réalité, dans ce domaine, elles sont abandonnées. L’ENVEFF n’a pas eu l’idée d’intégrer les femmes handicapées dans son enquête sur les violences ! »

Ne faut-il pas aussi s’interroger sur le fait que 80% des personnes qui se sont présentées en Suisse romande pour exercer ce type "d’emploi" aient été des hommes ? Ne s’agit-il vraiment que de générosité ? Quel type d’attirance pouvait bien pousser certains d’entre eux à se proposer pour offrir des "services sexuels" ? Quelle part pour le voyeurisme, les pulsions inavouables, quand on sait que la pornographie use de plus en plus de personnes handicapées, preuve, s’il en fallait une, des motivations troubles qui peuvent entourer la démarche.

Une prostitution « soluble » dans l’accompagnement

Il ne s’agirait pas de prostitution au motif que la teneur de l’acte est laissée à l’appréciation de chacun. Un choix individuel qui relèverait de l’intimité. Mais quelle "intimité" dans une prestation minutée et payante ? Quel choix dans un rapport rémunéré dont on peut imaginer qu’il sera tenu à obligation de résultat ?

De plus, il ne s’agirait pas de prostitution puisque l’on ferait appel à des personnes issues du milieu paramédical. Il suffirait que les personnes rémunérées pour une pratique sexuelle ne soient plus étiquetées "prostituées" pour qu’il ne s’agisse plus de prostitution. Mais la prostitution se définit-elle par ses acteurs ou par ses actes ? Loin de supprimer la prostitution, c’est bien son extension insidieuse, incolore et inodore, que promeut cette pratique.

On s’abrite donc derrière l’idée qu’il existerait des "prostituées en soi", des "professionnelles du sexe", seules en mesure d’exercer "la prostitution" ; des personnes apparemment d’une autre nature que les autres êtres humains, à même de supporter ce que nul ne peut supporter : la détresse – ou la domination - de ceux dont personne ne voudrait.

Mais, et leur sexualité à elle ? Et les conséquences sur leur vie privée ? Les réflexes demeurent inchangés. Les droits reconnus à toute personne sont déniés aux personnes prostituées. La demande « d’accompagnement sexuel » est faite au nom du droit à l’intimité, du droit au plaisir. Pour garantir ce droit à la personne handicapée, il faut donc le refuser à la personne rémunérée, dont l’activité même consiste à nier sa propre intimité, son propre désir et plaisir.

On se souvient du film Nationale 7 de Jean-Pierre Sinapi (2000). Tout le film était construit autour de René, l’homme handicapé, de ses désirs, de ses pulsions. Et ceux de Florine, la jeune prostituée ? Inexistants, en dehors de la satisfaction, si féminine, de se sacrifier pour autrui. Un succès populaire, loué par la critique pour son audace. Audace, vraiment, ou parfait conformisme ?

Faut-il rappeler que c’est précisément cette croyance, cette construction sociale de la personne prostituée comme "autre", comme "différente", qui fait d’elle une personne exploitable au plan sexuel et préserve l’irresponsabilité de ses exploiteurs et l’indulgence sociale à leur endroit ?

Un recul pour les droits des femmes

La fonction va échoir en immense majorité à des femmes. Et à quelles femmes ? Dans les faits, on peut douter de l’abondance des candidatures. Comment ne pas penser que ce seront bel et bien des femmes prostituées, pour l’essentiel, qui penseront trouver, en se "recyclant", une certaine promotion, une normalisation en tout cas d’une activité dans laquelle elles se sont pour la plupart trouvées enfermées, suite à des itinéraires difficiles, par manque de soutien familial et social.

Ces fonctions, quels que soient les discours, seront méprisées socialement. Les plus démunies, une nouvelle fois, seront mises à contribution.

Qu’en sera-t-il, plus largement, des femmes qui exercent des emplois de proximité ? Comment voir reculer les agressions et le harcèlement sexuels, déjà répandus ? Quelle infirmière, quelle aide à domicile pourra encore refuser les attouchements, voire plus, si la société légitime le « service sexuel » au nom de la détresse ?

Faut-il rappeler que l’un des acquis majeurs dans la lutte des femmes pour l’égalité et la dignité a été de ne plus être corvéables sexuellement dans le cadre de l’emploi ?

Enfin, qu’en sera-t-il de la barrière éthique qui prend soin de séparer les gestes qui soignent et les gestes sexuels ? Ne franchit-on pas un interdit fondamental ?

Une consécration des « sous-métiers », de la précarité, de la flexibilité

On sait à quel point les auxiliaires de vie souffrent d’emplois difficiles, morcelés et mal payés. Et l’on propose une escalade dans la corvéabilité : service domestique, service soignant, et maintenant service sexuel. N’assiste-t-on pas à l’extension de l’assujettissement - majoritairement féminin - sous le règne du néo-libéralisme ?

A l’heure où l’Europe prétend lutter contre les stéréotypes qui nuisent aux femmes et à leur accès à l’égalité, ces emplois renforceront leur cantonnement dans les activités exigeant abnégation, compassion, disponibilité, oubli de soi selon la division traditionnelle des métiers.

Et que dire de la précarité, de la flexibilité de ces prétendus emplois ? Quelle garantie d’emploi ? Quels critères réels d’embauche ?
Quelle application du droit du travail ? (lois sur le harcèlement sexuel ou les discriminations)
Quelle marge de manœuvre auront les personnes concernées ? Qu’en sera-t-il de leur droit de refus ?

Une fausse réponse à de vraies questions

Sont invoqués le cœur, la générosité ; un registre émotionnel dont on se demande bien comment il trouverait son compte dans un rapport rémunéré à heure fixe. Que fait-on du problème de l’attachement ? Comment empêcher le désir de relation de la part de la personne handicapée ? Que faire en cas de changement de la personne apportant la "prestation" ?

En outre, ce "droit" ne risque-t-il pas de devenir une solution de facilité, une panacée que l’on sera tenté d’utiliser sans souci des véritables demandes, pour libérer les personnels soignants de l’obligation de les décrypter ou les décharger de situations difficiles ? Les « accompagnantes sexuelles » risquent de devoir faire face aux situations les plus ingérables.

Un risque d’escalade

S’il existe un « droit à l’accompagnement sexuel », au nom de quoi le limiter aux personnes gravement handicapées ? Pourquoi ne pas l’étendre aux « handicapés sociaux », à ceux qui souffrent de solitude, de vieillesse, de maladie, etc… Aux sortants de prison, aux grabataires sur leur lit d’hôpital ?

A tous ces hommes qui, comme l’a montré notre enquête [6], ont toutes les "bonnes raisons" du monde de recourir à la prostitution.
En quoi certaines seraient-elles plus légitimes que d’autres ?

Un cheval de Troie pour l’industrie du sexe, une porte d’entrée politique pour la reconnaissance de la prostitution

La mise en place, en France, de cet "emploi" fournirait la vitrine rêvée pour l’industrie du sexe et les proxénètes qui ont tout intérêt à la respectabilité d’une activité présentée sous les dehors généreux du « service à la personne ».
Inévitablement, la voie serait ouverte à la légalisation du « service sexuel » et donc à la dépénalisation du proxénétisme sur le modèle réglementariste.

Au nom des meilleures intentions, les associations de personnes handicapées appuieraient le lobby des proxénètes dont tout le "travail" consiste actuellement à moderniser cette vieillerie qu’est la prostitution.

Quel argument plus efficace que la nécessité de la prostitution, présentée, sous un autre vocable, comme un métier paramédical ?

Il s’agirait d’un coup d’arrêt au long travail effectué pour faire reconnaître la prostitution comme l’entreprise de destruction qu’elle est en réalité. Comment la faire reculer, elle qui, sur la planète tout entière, enrôle les plus vulnérables au plan social, économique, psychologique, affectif, ethnique ? Elle qui ne fonctionne qu’avec le concours de la traite des êtres humains. Elle qui constitue le lieu de toutes les violences…

La prise de conscience des liens entre traite et prostitution a d’ailleurs amené des avancées récentes au plan politique. Depuis 2000, les textes internationaux sur la traite exigent de « décourager » la demande. Donc de dissuader les « clients », ceux que nous appelons les prostitueurs.

Comment continuer à les responsabiliser si on normalise cette même demande – présentée sous un autre nom - au nom du handicap ou de toute autre raison ?

Ce serait renoncer à toute cohérence politique au moment où, dans un nombre de plus en plus élevé de pays d’Europe, des campagnes de sensibilisation sont pour la première fois menées pour amener les prostitueurs à prendre conscience de leur responsabilité majeure dans l’explosion de la traite des êtres humains (Suède, Espagne, Lituanie, Hongrie, Bulgarie, etc…)
6 - Une trahison de la véritable demande ?

Depuis longtemps, les personnes handicapées réclament une prise en compte de leur sexualité, non en termes de « service » qui viendrait pallier un manque mais en termes de respect de leur personne dans leur globalité et leur intimité.

Quelle est la véritable demande des personnes très dépendantes ? Quelle part revient aux valides ? À leur culpabilité, leurs projections ? À leur désir de se débarrasser de la violence de certains hommes dans les établissements ? Ne faut-il pas interroger l’influence de la pornographie, largement utilisée dans les établissements pour "calmer" les demandes sexuelles masculines ? La pornographie et sa vision sexiste, purement technique, performante et violente de la sexualité. Est-ce sans conséquence sur la demande croissante de « service sexuel » assuré par un tiers ?

Et si la véritable demande des personnes avait été dévoyée ? Pour Delphine Reynaud, du Collectif féministe contre le viol, qui a travaillé durant 20 ans auprès des personnes handicapées, « ce qui émerge aujourd’hui est une trahison de la véritable colère et demande des personnes handicapées » : « La sexualité est une vraie préoccupation. La grogne est latente depuis longtemps et elle est légitime.

La sexualité des personnes handicapées faisait peur aux valides. J’ai vu beaucoup de répression dans les établissements ; de la tyrannie même ; le refus de l’intimité des personnes au nom de la sécurité. J’ai vu aussi des formes de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles, beaucoup de maltraitances… et beaucoup de silence sur les harceleurs.

Pour ce qui est de la demande “d’accompagnement sexuel”, il arrivait qu’un homme demande à aller voir des prostituées. Il y avait des personnels d’accord pour l’emmener à l’extérieur. Avec pas mal de voyeurisme d’ailleurs.

Mais pour moi, qui ai entendu les personnes handicapées pendant des années, la demande n’est pas celle-là ! C’est un détournement au profit d’une petite minorité d’hommes qui veut justifier sa demande d’accès à la prostitution. En réalité, les personnes handicapées veulent qu’on leur laisse vivre leur vie, dans le respect de leur intimité, de leur dignité. Ce qu’elles demandent, c’est une vie sociale, relationnelle, un accès aux loisirs, aux rencontres. La sexualité, pour elles, c’est compliqué. Cela demande du temps, du courage, de la patience.

Il faut les aider à se rencontrer. Accepter leur vie sentimentale. Ce qu’il faut, c’est un vrai discours sur la sexualité, un vrai dialogue. La capacité de sortir des normes. Chacun se débrouille avec ses trucs, ses astuces… Un « service » payant va être plus simple. Et plus dégradant. Le message est quand même : personne ne voudra de toi, alors paie. C’est une forme de mépris. »
7 - Pour conclure - Pour une citoyenneté sans loi d’exception

Il est légitime que les personnes handicapées puissent voir respectée leur intimité, leur droit d’avoir des relations affectives et sexuelles. Nous comprenons que des personnes, formées pour cela, puissent apporter leur aide.

Mais il existe une barrière éthique à ne pas franchir.

C’est une chose de trouver les moyens et conditions de vivre sa vie sexuelle, c’en est une autre de payer une tierce personne pour fournir un « service sexuel ».

Or, la notion « d’accompagnement sexuel » joue sur la confusion en mêlant, de façon assez inextricable, juste revendication et revendication abusive.

Une partie de « l’accompagnement sexuel », faite d’attention à la personne, d’écoute, de paroles, de pédagogie, sera parfaitement légitime. Une autre, éventuelle, relèvera bel et bien de l’acte prostitutionnel.

Pour nous, aider les personnes handicapées à accéder à l’autonomie ne signifie pas obéir à toutes les dérives liées à l’extension du « marché du sexe », à la marchandisation des êtres humains, à la banalisation et normalisation de la prostitution. La sexualité n’est ni une marchandise ni un spectacle.
Ni un acte médical ou paramédical.

Les personnes handicapées ont besoin d’une reconnaissance globale. D’une intégration dans la société et non de solutions-ghetto.

Oublie-t-on leur long combat pour une société qui leur donnerait la pleine citoyenneté, longtemps traduit par le slogan « mêmes droits, mêmes devoirs, citoyens à part entière ! » ?

Une loi d’exception pour le trafic sexuel reviendrait à les considérer comme des sous-citoyens, incapables de se conformer aux mêmes lois que les autres, incapables d’avoir les mêmes devoirs.
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Message  fée clochette Mer 11 Mai - 19:53

http://alternativelibertaire.org/spip.php?article4195

« Clients » : Punir les prostitueurs ? Les éduquer, plutôt
Sanctionner les prostitueurs n’abolira pas le système prostitutionnel, certes. Mais le simple fait que, pour une fois, on s’intéresse à cette discrète catégorie de consommateurs, permet d’aborder le débat sous un angle nouveau. Et de regarder de plus près le bilan de certaines expériences étrangères.
« Je suis favorable à la pénalisation des clients. Il faut les punir », a déclaré Roselyne Bachelot dans Le Parisien du 30 mars. Une commission parlementaire planche sur le sujet. Après avoir organisé la chasse aux prostituées avec la Loi de sécurité intérieure de 2003, l’UMP menace donc d’étendre la répression. Non pas pour lutter contre la prostitution, mais pour la cacher.

Bronca immédiate, véhiculant le meilleur comme le pire… encore une fois, on a eu droit à tous les clichés la « liberté » d’acheter des « services » à des « adultes consentantes » qui sont en fait des « travailleuses du sexe ». Le comédien Philippe Caubère, avec une fatuité écœurante, a pour sa part assuré le plaidoyer larmoyant des « clients » pour le loisir dont on veut les priver [1]. Il a reçu le renfort d’un autre prostitueur, Pascal Bruckner, mais aussi d’Éric Zemmour et Robert Ménard. Hédonistes, ultralibéraux, misogynes et réactionnaires font front commun contre une possible limitation de leur « liberté ». Certaines prostituées indépendantes ont également protesté, craignant de voir se raréfier leur clientèle.

En face, Bachelot a invoqué le « modèle suédois »… bien abusivement tant il est éloigné de la stricte obsession répressive de l’UMP ! Et, bien sûr, elle n’a même pas effleuré les mesures qui permettraient de faire drastiquement reculer la prostitution, à savoir : le droit au logement, le droit à un revenu pour toutes et tous (ne serait-ce que l’accès au RSA pour les moins de 25 ans) et la liberté de circulation des migrants (qui, forcés à la clandestinité, sont une proie idéale pour les proxénètes). Une fois pour toutes : il ne peut y avoir de politique d’abolition du système prostitutionnel sans éradication de la précarité économique et sociale. C’est en cela que l’abolitionnisme et l’anticapitalisme sont liés et, de ce point de vue, la Suède n’est bien sûr pas une panacée, les budgets sociaux y étant en régression constante. Néanmoins, on aurait tort d’ignorer cette expérience, pour les enseignements qu’elle apporte.

Échec aux réseaux mafieux

Le « modèle suédois », qu’est-ce ? C’est tout un dispositif de lutte contre les violences machistes institué en 1999 par la loi Kvinnofrid (« La paix des femmes »). Il repose sur une éducation antisexiste plus avancée qu’ailleurs, des centres d’accueil et des campagnes de sensibilisation [2]. Sur le plan de la prostitution, il dépénalise les prostituées et pénalise les prostitueurs – proxénètes et « clients » [3].

Douze ans plus tard, quel est le résultat ? Les statistiques établies par Stockholm en 2004 sont à prendre avec des pincettes. En effet, elles révélaient qu’en quatre ans la prostitution de rue avait baissé de 30% (de 2.500 à 1.500 personnes) mais restaient muettes sur la prostitution « invisible », par le biais d’Internet. À cette date, seules 130 personnes avaient sollicité une aide sociale pour sortir de la prostitution, et 60% y étaient parvenues. Sur les trois premières années, plus de 700 prostitueurs pris sur le fait ont dû payer des amendes (indexées sur leur revenu). Il est à noter que la loi est censée concerner aussi les Suédoises et les Suédois qui vont consommer à l’étranger. Ainsi, en 2002, des officiers militaires ont été démis de leurs fonctions pour avoir fréquenté des bordels kosovars [4].

Un élément du bilan en revanche est incontestable : les réseaux mafieux ont désinvesti ce pays désormais trop peu accueillant, pour aller prospérer dans les pays où la prostitution est réglementée (Pays-Bas, Allemagne, Suisse…). En 2004, le gouvernement suédois estimait qu’en quatre ans, les proxénètes n’avaient « importé » dans le pays que 200 à 400 femmes, un nombre négligeable en comparaison des 15.000 à 17.000 convoyées chaque année en Finlande [5]. L’interdiction en Suède a bel et bien « déplacé le problème », comme aiment à le rappeler les libéraux, puisque la consommation de prostituées a augmenté dans les pays limitrophes. Mais de ce fait, le « modèle suédois » a fait des émules : la Norvège l’applique depuis 2008, l’Islande depuis 2009. L’Irlande, l’Estonie et la Finlande y songent aussi sérieusement.

La fausse bonne idée de la légalisation

Au bout du compte, et malgré ses limites nécessaires dans un environnement capitaliste, on est donc loin d’un « échec » du modèle suédois. Surtout si on le met en regard du désastre dans les pays où la prostitution est légalisée [6] : explosion des réseaux d’esclavage sexuel, développement des bordels, tranquillité des proxénètes qui peuvent exploiter sans lien de subordination apparent grâce au statut de profession libérale étendu aux prostituées… mais aussi désinhibition des hommes par rapport à la consommation des femmes. Ainsi, alors qu’on estime qu’en France, 12% des hommes ont été clients au moins une fois dans leur vie, le site Donjuan.ch estime que 20% des Suisses le sont au moins une fois par an [7]. Quel progrès de civilisation !

Vis-à-vis des « clients », une autre expérience qui relève, elle, de l’éducation populaire, mérite d’être citée. Depuis 1995 existe dans plusieurs villes des Etats-Unis un programme original de réhabilitation des prostitueurs : Standing Against Global Exploitation, mis en place par une « rescapée » de la prostitution, Norma Hotaling. Les clients pris sur le fait ont le choix entre une amende et un stage d’une journée où ils sont confrontés à d’anciennes prostituées qui leur racontent ouvertement leur vécu. Fatalement, elles liquident sans retenue les mythes glamour dont se persuadent les clients, avec une liberté de ton qu’une prostituée en exercice ne pourra, par définition, jamais se permettre à moins de vouloir dissuader la clientèle. Les stagiaires en ressortent apparemment édifiés. « Les hommes nous remercient, racontait Norma Hotaling dans une interview en 1998 [8]. Certains disent regretter de ne pas avoir eu ces connaissances plus tôt. » Sur 1.400 hommes passés par ce programme en trois ans, quatre seulement avaient récidivé : « C’est la preuve que les hommes peuvent changer », concluait-elle.

Guillaume Davranche (AL 93)

[1] Libération, France Info, France 3, Europe 1, France 24… depuis début avril, le comédien fait étalage de sa libido dans tous les médias.

[2] Toutes ces mesures ont d’ailleurs eu pour résultat d’encourager la parole et les signalements. Ce qui aboutit à ce paradoxe que la Suède est aujourd’hui, statistiquement, le pays d’Europe qui enregistre le plus de violences contre les femmes.

[3] Claudine Legardinier et Saïd Bouamama, Les Clients de la prostitution. L’Enquête, Presses de la renaissance, 2006.

[4] Interview de Gunilla Ekberg dans Prostitution et Société, juillet-septembre 2004.

[5] Ibidem.

[6] « La légalisation de la prostitution et ses effets sur la traite des femmes et des enfants », enquête du sociologue Richard Poulin sur Sisyphe.org. Plus récemment, l’enquête du journaliste suisse Christophe Passer pour L’Hebdo, 3 février 2010.

[7] Donjuan.ch, « information aux consommateurs de sexe tarifé » qui veulent « voler de conquête en conquête » en toute sécurité.

[8] Prostitution et Société, avril-juin 1998.
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Message  sylvestre Jeu 12 Mai - 16:35

Comme souvent quand on essaye de vérifier ce qui se dit dans un de ces articles on tombe dans une jungle. Par exemple l'article d'AL référence positivement un article de Richard Poulin sur les effets de la légalisation (sans mentionner que la prostitution est légale en France, mais passons). Dans l'article de Poulin il y a des tas de choses, certaines référencées, beaucoup pas. Dans le lot je tombe par exemple sur

En Allemagne (...) Les femmes qui perçoivent des prestations de chômage et qui travaillent dans la restauration ou les bars doivent accepter désormais les propositions d’emploi dans les bordels sous peine de perdre leurs droits.

Pas de référence, mais ça me fait penser à un mythe qui circule pas mal sur le sujet (et qui a déjà été mentionné dans ce fil) : http://endehors.net/news/legende-urbaine-la-chomeuse-obligee-de-se-prostituer

Du coup quel crédit accorder à la déclaration péremptoire de l'article d'AL à propos de la Suède (alors qu'il reste assez prudent sur d'autres aspects) :"Un élément du bilan en revanche est incontestable : les réseaux mafieux ont désinvesti ce pays désormais trop peu accueillant".

Je n'en sais rien, les "statistiques" dont il est fait mention sont, dans la mesure où je peux vérifier, une série d'entretiens avec 35 individus réalisés en 2003 ( http://www.socialstyrelsen.se/publikationer2004/2004-131-28/Summary ). Par ailleurs on trouve des analyses qui, sans être nécessairement contradictoires dans le détail avec ce que mentionne AL, éclaire la question d'une tout autre lumière :

http://www.ledevoir.com/non-classe/70823/prostitution-le-modele-suedois-est-il-une-panacee

L'organisme Sex Worker Education and Advocacy Taskforce (SWEAT) rapporte également que dans un rapport national de la police criminelle, la criminalisation des clients aurait entraîné une augmentation de la violence dans l'«industrie du sexe» suédoise. En effet, il semble que plusieurs clients chercheraient à retrouver la position de pouvoir qu'ils désirent avoir dans le rapport qu'ils achètent avec les personnes prostituées à travers la violence. Il s'agirait d'une manière de «compenser» leur vulnérabilité nouvelle d'un point de vue juridique.

Toujours selon ce rapport, cette nouvelle réalité aurait poussé nombre des personnes prostituées suédoises à quitter le pays pour les nations voisines. En contrepartie, l'industrie locale attirerait davantage de personnes immigrantes qui connaissent mal les ressources sociales du pays, évitent les rapports avec les policiers et ne sont pas identifiées ni enregistrées auprès de la société civile ou des institutions publiques.

Mon expérience de ces débats - qui commence à être longue - m'incite à mettre l'accent sur le fait que dans cette matière encore plus que dans d'autres des tas de chiffres sont avancés sans qu'ils soient toujours très solides. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas essayer de se servir de ce qui existe, mais qu'il est important d'essayer de ne pas se contenter de soi-disant constats empiriques, qui servent trop souvent consciemment ou inconsciemment les schémas pré-établis de leurs propagateurs.
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Message  Toussaint Ven 13 Mai - 4:14

dans cette matière encore plus que dans d'autres des tas de chiffres sont avancés sans qu'ils soient toujours très solides. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas essayer de se servir de ce qui existe, mais qu'il est important d'essayer de ne pas se contenter de soi-disant constats empiriques, qui servent trop souvent consciemment ou inconsciemment les schémas pré-établis de leurs propagateurs.

Et tout particulièrement pour les tenants du lobby proxénète qui vantent les bienfaits de la réglementation du proxénétisme nouvel âge d'or et paradis des futur-e-s travailleurs et travailleuses du sexe.

Il est vrai qu'ils se font d'une discrétion de violette pour avancer les moindres éléments d'enquête montrant que la réglementation aurait amélioré le sort des prostitué-e-s, en quelque endroit que ce soit, et qu'elle aurait fait reculer les plus atroces des pratiques de celles et ceux qu'ils aspirent à transformer en d'honorables et banals chefs d'entreprise.

Ma longue expérience de ce genre de débats m'a aussi fait remarquer cela avec une belle constance.
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Message  sylvestre Ven 13 Mai - 11:42

Toussaint a écrit:
les tenants du lobby proxénète qui vantent les bienfaits de la réglementation du proxénétisme nouvel âge d'or et paradis des futur-e-s travailleurs et travailleuses du sexe.

Il est vrai qu'ils se font d'une discrétion de violette pour avancer les moindres éléments d'enquête montrant que la réglementation aurait amélioré le sort des prostitué-e-s, en quelque endroit que ce soit, et qu'elle aurait fait reculer les plus atroces des pratiques de celles et ceux qu'ils aspirent à transformer en d'honorables et banals chefs d'entreprise.

Ma longue expérience de ce genre de débats m'a aussi fait remarquer cela avec une belle constance.

Donc tu dis que "les tenants du lobby proxénète" (des noms !) sont coupables d'avancer des faits qu'ils interprètent de façon contestable pour défendre leurs thèses, et également de ne pas avancer le moindre élément d'enquête.
Il me semble que les deux affirmations sont contradictoires.
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Message  sylvestre Mar 24 Mai - 17:36

http://lmsi.net/Le-modele-suedois-est-un-echec,1268

Le « modèle suédois » est un échec

Contre la pénalisation des clients de prostitué-e-s

par Thierry Schaffauser, 23 mai

Le rapport de la mission parlementaire sur la prostitution présidée par la députée PS Danielle Bousquet est critiquable sur nombre de points : sélection de quelques témoignages individuels les plus larmoyants principalement par le biais d’associations luttant contre la prostitution, interviews de faux experts, citations de faux chiffres sans aucune méthodologie scientifique, amalgames entre le travail sexuel de rue et l’industrie du sexe dans son ensemble, entre le nombre d’arrestations et le nombre de travailleur-ses, entre les travailleur-ses du sexe étrangers et les victimes de la traite, etc. Cependant une analyse critique complète nécessiterait plusieurs articles. Concentrons nous donc sur le point principal de ce rapport qui est la recommandation de pénaliser nos clients.

Le rapport Bousquet porte cette recommandation en s’appuyant sur l’exemple de la Suède qui criminalise l’achat de services sexuels depuis 1999. Or, le rapport gouvernemental suédois rédigé par Anna Skarhed paru en juillet 2010 a été vivement critiqué par plusieurs chercheurs et scientifiques indépendants [1]

L’enquête du gouvernement suédois avait pour prémisse de ne pas remettre en question le bien fondé de la loi et de ne proposer qu’un renforcement ou un statu quo. Elle s’est concentrée uniquement sur son aspect dissuasif sans s’intéresser à l’impact sur les travailleur-ses du sexe suédois qui pourtant ont exprimé de nombreuses critiques notamment en matière d’augmentation des violences et du stigmate [2].

Devant ces critiques [3], Skarhed a admis que la méthodologie scientifique n’était pas le but premier de son évaluation :

« Certains se sont opposés à la validité scientifique de notre enquête. Très bien, mais à mon avis, nous avons pu montrer que la loi a eu un effet conformément à son objectif : montrer que nous ne voulons pas de la prostitution dans notre société. »  [4]

La seule chose que nous savons de Suède est que la prostitution de rue dans les grandes villes a diminué depuis la loi, le seul secteur de l’industrie du sexe suédoise visible de la police et des autorités. Pourtant la prostitution de rue n’a jamais été très importante en Suède où il neige en moyenne cinq mois par an. Où sont donc allées ces personnes ? Le rapport ne le dit pas. L’enquête mentionne la difficulté de connaitre la prostitution sur Internet et les critiques ont fortement dénoncé ce point.

Le rapport Bousquet a néanmoins récupéré des chiffres plus récents qui seraient parus en janvier 2011 soit quelques mois après ces critiques et juste à temps pour les publier. Le rapport parlementaire français dit :

« L’agence nationale des affaires sociales a étudié en 2007 pendant six semaines les annonces publiées sur Internet et a recensé seulement 400 personnes y proposant des services sexuels, montrant ainsi qu’il n’y avait pas de forte augmentation de la prostitution en ligne ou de transition de la rue vers Internet ».

La mission parlementaire n’a donc pas peur de se rendre ridicule car il suffit pourtant de taper « Stockholm escorte » sur un moteur de recherche bien connu afin de trouver d’innombrables sites et annonces rien que pour la capitale du pays et dépassant largement ce chiffre.

L’autre argument principal des rapports suédois et français est que si le travail sexuel de rue a diminué en Suède, en revanche il aurait augmenté au Danemark voisin [5] qui lui n’a pas voté de loi similaire. Le problème est que les chiffres danois cités dans le rapport ont été discrédités lors d’une discussion au Parlement danois  [6]. En effet, ces chiffres proviennent de Reden, une ONG danoise luttant contre la prostitution et qui vante la loi suédoise. Or, Reden a trompé le public de trois manières :

- le nombre des visiteurs de Reden sont accumulés sur un certain nombre d’années au lieu de les comptabiliser uniquement pour un an à la fois ;

- un minimum de 400 visiteurs sont enregistrés en double (enregistrés sous plusieurs noms d’utilisateurs différents) ;

- Reden affirme que tous les visiteurs sont des travailleurs du sexe, même si beaucoup d’entre eux ne le sont pas.

En outre, le rapport Bousquet comme celui de Skarhed prétend que la traite des êtres humains aurait diminué en Suède depuis la loi. Ceci est basé sur la notion que la Suède ne serait plus « attractive » pour les trafiquants. Mais encore une fois les preuves manquent. Le rapport ne demande pas comment la loi pourrait avoir eu cet impact, avec une comparaison historique, puisque nous ne savons pas si la Suède n’a jamais été attractive avant la loi. Le même genre de question s’applique au travail sexuel en général, mais qui soulève la nécessité de chiffres précis, pas faciles à obtenir dans un pays où la prostitution est, en pratique, pénalisée.

Les preuves et la parole des travailleur-ses du sexe ne comptent pas car il s’agit d’une idéologie. L’impact de la prohibition sur la santé et le bien être des travailleur-ses du sexe est ignoré. Lors de la conférence de presse présentant son rapport, Skarhed, expliquait :

« Nous ne faisons pas de réduction des risques en Suède. Parce que ce n’est pas la façon dont la Suède voit ça. Nous voyons cela comme une interdiction de la prostitution : il ne faut pas qu’il y ait de prostitution ».

À Stockholm, il n’y a donc plus de programmes pour distribuer des préservatifs aux travailleur-ses du sexe car cela serait encourager la prostitution.

Peu importe donc également que les travailleur-ses du sexe s’opposent à cette loi et madame Bousquet expliquait elle aussi, lors d’un débat sur la Chaîne Parlementaire, pourquoi elle ne tient pas compte de notre parole :

« Aucune personne prostituée pendant qu’elle exerce la prostitution ne dira jamais qu’elle est contrainte, jamais. Tout le monde effectivement dit que ‘je le fais volontairement’. Ce n’est qu’au moment où la prostitution s’arrête que les personnes disent en fait ce n’était pas ce je disais ».

La Suède peut faire croire au monde que le travail sexuel serait en voie de disparition dans leur pays, mais nos politiciens et journalistes français feraient mieux de s’intéresser aux preuves plutôt que de reprendre en cœur des chiffres et affirmations sans fondements scientifiques. Avant de légiférer sur le travail sexuel, le mieux serait peut être d’écouter plutôt les travailleur-ses du sexe.

P.-S.

Thierry Schaffauser, travailleur du sexe, est membre du STRASS.

Notes

[1] Autres points de vue indépendants de Hanna Wagenius, Niklas Dougherty, Sanna Rayman, Pettersson, Garbo, Magnus Brahn, Hans Egnell, Emil Isberg et sans doute d’autres que les jours passent. Le meilleur titre est celui d’Helena von Schantz : Practically Evidence-Free Inquiry et parmi eux celles qui se font le plus entendre :Laura Agustin, Petra Ostergren, et Louise Persson. Comme le dit la chercheuse Laura Agustin : « Ceci est basé sur la notion que la Suède ne serait plus « attractive » pour les trafiquants. Mais encore une fois les preuves manquent. Le rapport ne demande pas comment la loi pourrait avoir eu cet impact, avec une comparaison historique, puisque nous ne savons pas si la Suède n’a jamais été attractive avant la loi. Le même genre de question s’applique au travail sexuel en général, mais qui soulève la nécessité de chiffres précis, pas faciles à obtenir dans un pays où la prostitution est, en pratique, pénalisée. »[http://www.lauraagustin.com/derrier...].

[4] En Suédois : “En del har haft invändningar mot vetenskapligheten i vår utredning. Det kan man ha, men enligt min syn har vi kunnat visa att lagen haft effekt utifrån syftet : att visa att vi inte vill ha prostitution i samhället.”



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Message  Invité Mar 24 Mai - 18:28

Tiens, le titre de ce sujet n'a toujours pas changé. Va-t-il falloir créer un fil "prostitution", ou est-on forcé à tout jamais d'utiliser cette formule ?

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Message  sylvestre Mer 25 Mai - 10:41

Byrrh a écrit:Tiens, le titre de ce sujet n'a toujours pas changé. Va-t-il falloir créer un fil "prostitution", ou est-on forcé à tout jamais d'utiliser cette formule ?

Oh whatever. Voilà j'ai mis un titre unitaire.

A part ça,



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Message  Invité Mer 25 Mai - 11:24

Donc tu dis que "les tenants du lobby proxénète" (des noms !)
L'état perçois des taxe direct et indirecte.

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Message  fée clochette Mer 1 Juin - 12:56

Michela Marzano, philosophe (interwiew) : Santé-sexe-handicap

Aujourd’hui, on prétend apporter une réponse à tout. Et dans la tentative de donner une réponse à tout, on n’entend plus le sens de la demande. En fait, on efface les problèmes.
Philosophe, Michela Marzano est chargée de recherche au CNRS. Elle a publié de nombreux livres, notamment sur le corps, la sexualité et la pornographie. A l’heure où des associations de personnes handicapées militent pour obtenir en France la création de services d’accompagnement sexuel, nous lui avons demandé de nous livrer ses réflexions…
- Comment réagissez-vous à l’idée d’instaurer un service d’accompagnement sexuel pour les grands handicapés au nom d’un droit à la sexualité ?
On doit pouvoir être libre de vivre sa sexualité. Mais le passage de la liberté au droit pose un certain nombre de problèmes. S’il y a droit d’un côté, il y a devoir de l’autre, devoir de satisfaire une exigence, un désir. Or, la sexualité peut avoir lieu, même sans sentiments, quand il y a désir réciproque de la part des partenaires. Quand on passe du langage de la liberté et du désir à celui du droit et donc du devoir, on est dans quelque chose que j’ai du mal à qualifier de sexualité. On entre dans le langage contractuel. Et j’ai du mal à penser que l’on peut appliquer le langage du contrat à la sexualité.
Contrairement au travail par exemple qui comporte un droit du travail, donc un devoir de donner aux gens la possibilité de travailler, la sexualité relève de la vie intime. Si on parle de devoir et de droit, on dépersonnalise une rencontre qui est personnelle. On transforme la sexualité en objet de consommation. Même s’il y a une demande, la réponse ne relève plus du désir mais de l’obligation. On sort du cadre de la sexualité.
- On nous dit que des personnes vont choisir librement cette activité, pour employer un mot que vous connaissez bien, elles vont « consentir »…
Oui et il est prévu une formation rigoureuse. On ne peut que s’étonner. Qu’est-ce que qu’une formation rigoureuse dans le cadre de la sexualité ? On va devoir se former comme s’il s’agissait d’une activité technique. On sort de la rencontre, de la spontanéité. De plus, effectivement, on emploie aujourd’hui à tort et à travers la notion de consentement. Je tiens à redire que le consentement est important parce qu’il permet de protéger les victimes quand il n’est pas là. Mais ici, il va justifier l’accès à un certain nombre d’activités dans le cadre contractuel. Est-ce que ce langage peut s’appliquer à la sexualité ? Peut-on transformer la sexualité en une activité pour laquelle il y aurait une formation, des conditions de travail ?
- Apportera-t-on finalement une réponse à la demande des personnes handicapées en instaurant ce type de service ?
La question de la sexualité est délicate pour ces handicapés qui sont en situation de fragilité. Eux aussi ont bien entendu envie de pouvoir rencontrer quelqu’un. Mais est-ce par le biais d’un service organisé par un tiers ? Va-t-on répondre à un désir de rencontre en voulant tout réduire à un cadre contractuel ? Il va y avoir une exploitation des personnes qui vont pratiquer cette activité mais aussi la réduction d’une demande qui va au-delà d’un geste à une simple suite de gestes. Il y a réduction de l’individu à un mécanisme comme s’il était une sorte de machine qu’il fallait de temps en temps ajuster ou faire marcher mieux. La condition humaine est plus complexe que cela.
Aujourd’hui, on prétend apporter une réponse à tout. Et dans la tentative de donner une réponse à tout, on n’entend plus le sens de la demande. En fait, on efface les problèmes. La question de la demande se pose chez les gens touchés par le handicap, mais aussi chez chacun de nous. Dans la demande qui est adressée à l’autre, il y a toujours une partie qui ne peut pas être satisfaite. Qui reste sans réponse. Parce qu’elle s’inscrit dans le désir, désir qui en tant que tel, ne peut pas être assouvi comme s’il s’agissait d’un besoin.
- On n’accepte plus le manque, la frustration ?
C’est un contexte général aujourd’hui : on veut la satisfaction immédiate des besoins, on prétend liquider le problème du désir. On ne supporte pas les failles, les incomplétudes, la finitude de la condition humaine. On approche de ce que Aldous Huxley dépeignait dans Le meilleur des mondes ; dès leur naissance, les nourrissons voyaient tous leurs besoins assouvis avant même que le désir puisse surgir. On est dans l’illusion que les problèmes seront résolus à partir du moment où il y aura une satisfaction immédiate. La question du désir traverse l’être humain de la naissance à la mort et c’est justement la question à laquelle il n’y a pas de réponse.
En même temps, c’est grâce au désir que nous pouvons traverser la vie, c’est ce qui, ne pouvant pas être assouvi, nous permet d’avancer, d’aller à la rencontre des autres, de mettre en marche des projets.
- N’est-on pas en train de se forger une bonne conscience à bon compte ?
Chacun de nous est en difficulté face à la souffrance. Comme celle que constitue le handicap. On voudrait la voir soulagée mais on ne peut pas soulager, par définition, toute souffrance. Et la souffrance fait partie de la vie. Le piège, c’est de faire croire qu’on pourrait effacer la souffrance là où on ne fait que la camoufler. De se mettre la conscience en paix en croyant que c’est résolu là où rien n’est résolu. Évidemment, il faut écouter la demande, essayer de la soulager dans la mesure du possible mais vouloir donner des solutions préfabriquées, c’est fermer d’emblée une possibilité d’écoute.
- On parle de formation, de métier, on opère un glissement, une promotion, de la prostitution vers le soin, la thérapie, la spécialité paramédicale…
Il s’agit d’un contexte plus général. On voit partout ces glissements sémantiques. On est dans le discours politiquement correct. On change les termes en pensant modifier la réalité. Mais en changeant les termes, on ne modifie pas la réalité, on la camoufle. On fait entrer beaucoup de choses dans le domaine du soin, du care pour pouvoir justifier une démarche. On invoque des compétences. Le langage du management envahit tous les domaines de la vie. Il réduit les individus à une série de compétences évaluables du point de vue quantitatif. Il y a une perte de complexité de la vie humaine, des relations, une déshumanisation du rapport à l’autre, tout ce qui est de l’ordre du qualitatif.
Le piège du langage est très important. Klemperer [1] a bien montré comment le nazisme a banalisé des comportements grâce à l’utilisation du langage. Les mots peuvent être un poison. On les avale à petites doses sans se rendre compte qu’on est empoisonnés.
- L’influence de la pornographie, son usage dans les institutions, influencent peut-être la demande des personnes handicapées…
La question de la demande est très importante. Dans quelle mesure en effet ne la fabrique-t-on pas ? Par ailleurs, il est à noter qu’une porno particulière fait son apparition. Elle utilise des personnes qui souffrent d’un handicap. D’un côté, on veut donc soulager les gens qui souffrent d’un handicap, de l’autre, on les instrumentalise pour alimenter l’industrie pornographique.
- Vous avez évoqué la question de la prostitution dans certains de vos livres. Où vous situez-vous dans le débat d’aujourd’hui ?
Je me situe comme abolitionniste mais je ne suis pas très favorable à la pénalisation des clients. Je suis du côté de l’éducation ; il faut changer les discours, mieux nommer les choses. J’ai peur du recours à la répression et du risque de stigmatisation. Je crains une confusion entre responsabilisation et pénalisation. Il me semble difficile de passer du client comme justification de la prostitution au client comme criminel.
Nous sommes dans une société schizophrène qui parle en même temps en termes de consommation et en termes de criminalisation. Pour avoir des résultats, il faut du temps, il faut déconstruire le langage et comprendre la complexité de la réalité. Et bien sûr mettre en place des lois pour protéger les personnes en situation d’exploitation. Il faut expliquer en profondeur. On n’achète pas le corps de l’autre est une norme éthique mais elle n’a pas forcément, selon moi, à avoir de traduction juridique. Mais je peux évoluer sur cette question.
- Avez-vous le sentiment que vos analyses, notamment sur la pornographie, commencent à être mieux reçues ?
La situation évolue. Il y a dix ans, les positions étaient polarisées, le dialogue était impossible entre, en gros, les réacs que l’on nous accusait d’être, et les libertaires. Il reste d’ailleurs un petit groupe d’intellectuels qui tiennent encore un discours ultra libertaire et une France profonde qui ne veut même pas entendre parler de pornographie ni de prostitution, qui ne veut pas voir.
Les uns considèrent que les individus ne sont pas pris dans la fragilité, les processus de domination et de violence et qu’ils sont libres de tout faire, les autres sont dans un surmoi tout puissant censé dire ce qui est bien et ce qui est mal. Dans les deux cas, la réalité disparaît au profit d’une construction idéale du monde et c’est toute la complexité qui passe à la trappe. Quand on se polarise sur les extrêmes, la pensée critique ne peut pas se développer.
Mais on commence à pouvoir entendre des choses plus nuancées. Et l’intérêt grandit pour ces questions de la part des professionnels de la sexualité, des personnels soignants ; il y a une prise de conscience du désarroi des adolescents. Même les médias sont en train de changer. Un journaliste de Libé qui m’a contactée récemment a parlé de l’impératif pornographique. De la part de Libé, c’est nouveau !
On commence à se rendre compte que les libertaires sont surtout dans une logique de néo-libéralisme du point de vue économique, que leur position aboutit, pour la pornographie comme pour la prostitution, à défendre la liberté des plus forts aux dépens des plus faibles. La gauche commence à s’apercevoir que c’est une impasse.
P.-S.
Publié dans Prostitution et Société, Numéro 160 / janvier - mars 2008.
[1] Philologue et écrivain, Victor Klemperer est l’auteur de Lingua Tertii Imperii, la langue du Troisième Reich. Carnets d’un philologue, Paris, Albin Michel, [1947] 1996, ouvrage décrivant la formation de la novlang nazie et son utilisation par les services de propagande. Lire également :Le poids des mots, le choc de l’idéologie.
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Message  Invité Mer 1 Juin - 14:18

Mais on commence à pouvoir entendre des choses plus nuancées. Et l’intérêt grandit pour ces questions de la part des professionnels de la sexualité, des personnels soignants ; il y a une prise de conscience du désarroi des adolescents. Même les médias sont en train de changer. Un journaliste de Libé qui m’a contactée récemment a parlé de l’impératif pornographique. De la part de Libé, c’est nouveau !
On commence à se rendre compte que les libertaires sont surtout dans une logique de néo-libéralisme du point de vue économique, que leur position aboutit, pour la pornographie comme pour la prostitution, à défendre la liberté des plus forts aux dépens des plus faibles. La gauche commence à s’apercevoir que c’est une impasse.
P.-S
.

Le raccourci est une pratique du FN, la je suppose que l'auteure de l'article ai un de leurs militant?

De plus la caricature est facile, la réalité ai toute autre: http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=75&t=4152

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Message  fée clochette Mer 1 Juin - 14:45

FRED a écrit:Le raccourci est une pratique du FN
ça aussi c'est un racourci et ce n'est pas pour cela que je considère que tu serais un de leurs militants. De plus l'auteur ne fait pas référanece ici aux anarchistes ou aux libertaires (sur un plan politique), mais fait référence à ce qu'on appelle les "libéraux" en matière de prostitution
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Message  Invité Mer 1 Juin - 14:56

fée clochette a écrit:
FRED a écrit:Le raccourci est une pratique du FN
ça aussi c'est un racourci et ce n'est pas pour cela que je considère que tu serais un de leurs militants. De plus l'auteur ne fait pas référanece ici aux anarchistes ou aux libertaires (sur un plan politique), mais fait référence à ce qu'on appelle les "libéraux" en matière de prostitution

C'est Carroline Fourest qui la dit, je répépete. study

mais fait référence à ce qu'on appelle les "libéraux" en matière de prostitution

C'est pas précisé, de plus vue le pavé pour un article, il aurait pus prendre le temps de faire des distinctions.


Dernière édition par FRED le Mer 1 Juin - 14:59, édité 1 fois

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Message  fée clochette Mer 1 Juin - 14:58

FRED a écrit:
fée clochette a écrit:
FRED a écrit:Le raccourci est une pratique du FN
ça aussi c'est un racourci et ce n'est pas pour cela que je considère que tu serais un de leurs militants. De plus l'auteur ne fait pas référanece ici aux anarchistes ou aux libertaires (sur un plan politique), mais fait référence à ce qu'on appelle les "libéraux" en matière de prostitution

C'est Carroline Fourest qui la dit, je répépete. study

Elle dit des conneries tu savais pas ? No
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Message  Invité Mer 1 Juin - 15:01

Elle dit des conneries tu savais pas ?

Non!
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