L'énergie nucléaire
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Re: L'énergie nucléaire
https://www.youtube.com/v/eFiD0DnmXMw
https://www.youtube.com/v/GVaiTL07g5o
https://www.youtube.com/v/GVaiTL07g5o
Le Japon marque les trois mois depuis la catastrophe dans le nord-est
TOKYO - Le Japon a marqué samedi les trois mois écoulés depuis la catastrophe survenue le 11 mars dans le nord-est, par une minute de silence à la mémoire des 23.500 morts et des manifestations antinucléaires.
Les survivants des villes et villages dévastés de la côte du Tohoku (nord-est) se sont recueillis à 14H46 (05H46 GMT), heure exacte à laquelle s'est produite un séisme de magnitude 9 au fond de l'océan Pacifique qui a déclenché un tsunami géant.
Quelque 23.500 personnes ont péri dans la catastrophe, bien qu'environ 8.000 corps n'aient pas encore été retrouvés. Plus de 90.000 survivants vivent toujours entassés dans des centres d'accueil et désespérent de pouvoir un jour rentrer chez eux.
Le tsunami a également gravement endommagé la centrale nucléaire Fukushima Daiichi (N°1), dont les réacteurs continuent de disséminer des particules radioactives.
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé samedi à Tokyo et dans d'autres villes de l'archipel pour réclamer la fermeture des centrales nucléaires nippones.
Il est temps de passer aux sources d'énergie renouvelables, a déclaré Kumi Naidoo, directeur de l'organisation écologiste et antinucléaire Greenpeace, lors d'un rassemblement dans le parc Yoyogi de Tokyo. Les manifestants ont ensuite marché dans les rues de la capitale en tenant à la main des tournesols et des marguerites.
Un autre cortège a défilé devant le siège de Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur de la centrale de Fukushima, en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire Nous ne voulons pas de centrales nucléaires.
Selon les médias, une centaine d'autres manifestations antinucléaires se sont déroulées dans le pays.
Le Premier ministre japonais Naoto Kan, 64 ans, accusé d'avoir mal géré la catastrophe et dont les jours au sommet de l'Etat sont comptés, avait choisi de se rendre dans le port de Kamaishi (nord-est) pour discuter de la reconstruction.
Je suis décidé à transformer en mesures pratiques ce que j'ai entendu aujourd'hui, y compris avec une rallonge budgétaire, a-t-il promis lors d'une rencontre avec des responsables locaux.
Le journal Yomiuri a estimé dans un éditorial que l'aide fournie aux autorités des régions dévastées n'a pas été suffisante. Le nettoyage des débris a pris beaucoup trop de retard et la construction de logements temporaires pour les évacués n'est pas encore terminée.
La reconstruction dans la zone côtière du Tohoku, recouverte de 25 millions de tonnes de débris et quelque 16 millions de tonnes de boue, prendra des années et pourrait coûter des centaines de milliards d'euros, selon des experts.
Autour de la centrale de Fukushima, une zone interdite de 20 km de rayon a été décrétée, mais d'autres villes ou villages situées au-delà continuent de recevoir des particules radioactives. (AFP / 11 juin 2011 12h43)
nico37- Messages : 7067
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Le vrai coût du nucléaire
CHEVALLIER Marc
1er mai 2011
Travaux de sécurisation, frais de démantèlement…, l’addition du nucléaire risque d’être beaucoup plus lourde que prévu.
Si la catastrophe en cours à Fukushima vient jeter une lumière crue sur les risques inhérents à l’énergie nucléaire, elle invite aussi à se reposer la question de son coût réel sur le plan financier.
Révision à la hausse
Le mois dernier, le gouvernement donnait satisfaction à EDF en fixant le prix de cession de son électricité nucléaire à ses concurrents au tarif de 40 euros le mégawattheure à partir du 1er juillet, puis de 42 euros à partir du 1er janvier 2012. La loi oblige en effet l’opérateur historique à leur vendre jusqu’à un quart de son électricité d’origine nucléaire afin de stimuler la concurrence. Mais la Commission d’experts présidée par Paul Champsaur préconisait de fixer ce tarif à 39 euros.
La décision du gouvernement, motivée par les travaux de sécurité qu’EDF pourrait avoir à entreprendre sur ses centrales après l’audit post-Fukushima, semble donc vouer la concurrence à rester une fiction sur le marché français. Car dans le même temps, le gouvernement dément que cette hausse sera répercutée sur les consommateurs. S’ils suivaient le prix de gros, les tarifs seraient pourtant amenés à augmenter de 25 % à 30 % d’ici à 2015, selon la Commission de régulation de l’énergie. La non-répercussion de cette hausse serait de nature à étrangler les concurrents d’EDF, voire à provoquer une situation à la californienne : c’étaient en effet la flambée des prix de gros et le blocage des prix aux clients finaux qui avaient provoqué le sous-investissement et les pannes à répétition du système électrique californien au début des années 2000.
Par ailleurs, l’argument des investissements de sécurité laisse rêveur : les opposants au nucléaire auraient-ils eu raison de douter du discours de l’Etat et d’EDF tenu depuis des décennies sur la sûreté maximale des centrales françaises ?
EPR et démantèlement
L’augmentation prévisible des tarifs n’est pourtant qu’une petite partie de la facture du nucléaire que devront au final payer les usagers-contribuables, comme le souligne l’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage sur son blog. Le renouvellement du parc réserve en effet quelques surprises : initialement estimé à 3 milliards d’euros, le coût de l’EPR de Flamanville a été réévalué à 4 puis 5 milliards. Mais c’est surtout le futur démantèlement des centrales actuelles qui inquiète. EDF avait évalué ce coût à 16,9 milliards d’euros et était censé constituer des provisions à cette fin. Premier problème, ce montant est ridicule au regard des évaluations réalisées au Royaume-Uni et en Suède pour leur propre parc : en suivant leurs règles de calcul, l’addition en France se situerait entre 100 et 200 milliards !
Deuxième problème : pour remplir ses obligations, EDF a été autorisé à affecter au fonds dédié au démantèlement la moitié du capital de Réseau de transport d’électricité (RTE). En théorie au moins, il faudra peut-être un jour vendre le réseau pour financer la fermeture des centrales. EDF raye ainsi de ses comptes la dette de 6 milliards d’euros de RTE. Et RTE étant financé par tous les producteurs d’électricité, cela revient à reporter les coûts du nucléaire sur les énergies renouvelables.
Marc Chevallierjavascript:emoticonp('')
CHEVALLIER Marc
* Alternatives Economiques n° 302 - mai 2011.
http://www.alternatives-economiques...
CHEVALLIER Marc
1er mai 2011
Travaux de sécurisation, frais de démantèlement…, l’addition du nucléaire risque d’être beaucoup plus lourde que prévu.
Si la catastrophe en cours à Fukushima vient jeter une lumière crue sur les risques inhérents à l’énergie nucléaire, elle invite aussi à se reposer la question de son coût réel sur le plan financier.
Révision à la hausse
Le mois dernier, le gouvernement donnait satisfaction à EDF en fixant le prix de cession de son électricité nucléaire à ses concurrents au tarif de 40 euros le mégawattheure à partir du 1er juillet, puis de 42 euros à partir du 1er janvier 2012. La loi oblige en effet l’opérateur historique à leur vendre jusqu’à un quart de son électricité d’origine nucléaire afin de stimuler la concurrence. Mais la Commission d’experts présidée par Paul Champsaur préconisait de fixer ce tarif à 39 euros.
La décision du gouvernement, motivée par les travaux de sécurité qu’EDF pourrait avoir à entreprendre sur ses centrales après l’audit post-Fukushima, semble donc vouer la concurrence à rester une fiction sur le marché français. Car dans le même temps, le gouvernement dément que cette hausse sera répercutée sur les consommateurs. S’ils suivaient le prix de gros, les tarifs seraient pourtant amenés à augmenter de 25 % à 30 % d’ici à 2015, selon la Commission de régulation de l’énergie. La non-répercussion de cette hausse serait de nature à étrangler les concurrents d’EDF, voire à provoquer une situation à la californienne : c’étaient en effet la flambée des prix de gros et le blocage des prix aux clients finaux qui avaient provoqué le sous-investissement et les pannes à répétition du système électrique californien au début des années 2000.
Par ailleurs, l’argument des investissements de sécurité laisse rêveur : les opposants au nucléaire auraient-ils eu raison de douter du discours de l’Etat et d’EDF tenu depuis des décennies sur la sûreté maximale des centrales françaises ?
EPR et démantèlement
L’augmentation prévisible des tarifs n’est pourtant qu’une petite partie de la facture du nucléaire que devront au final payer les usagers-contribuables, comme le souligne l’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage sur son blog. Le renouvellement du parc réserve en effet quelques surprises : initialement estimé à 3 milliards d’euros, le coût de l’EPR de Flamanville a été réévalué à 4 puis 5 milliards. Mais c’est surtout le futur démantèlement des centrales actuelles qui inquiète. EDF avait évalué ce coût à 16,9 milliards d’euros et était censé constituer des provisions à cette fin. Premier problème, ce montant est ridicule au regard des évaluations réalisées au Royaume-Uni et en Suède pour leur propre parc : en suivant leurs règles de calcul, l’addition en France se situerait entre 100 et 200 milliards !
Deuxième problème : pour remplir ses obligations, EDF a été autorisé à affecter au fonds dédié au démantèlement la moitié du capital de Réseau de transport d’électricité (RTE). En théorie au moins, il faudra peut-être un jour vendre le réseau pour financer la fermeture des centrales. EDF raye ainsi de ses comptes la dette de 6 milliards d’euros de RTE. Et RTE étant financé par tous les producteurs d’électricité, cela revient à reporter les coûts du nucléaire sur les énergies renouvelables.
Marc Chevallierjavascript:emoticonp('')
CHEVALLIER Marc
* Alternatives Economiques n° 302 - mai 2011.
http://www.alternatives-economiques...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Le nucléaire banni de l'Italie!
C'est le moment d'en finir avec la furie nucléocrate en France
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/06/13/referendums-silvio-berlusconi-reconnait-sa-defaite-sur-tous-les-themes_1535652_3214.html#ens_id=1191686
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/06/13/referendums-silvio-berlusconi-reconnait-sa-defaite-sur-tous-les-themes_1535652_3214.html#ens_id=1191686
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Le nucléaire français vient de se prendre une grande baffe dans la gueule !
http://www.lepost.fr/article/2011/06/15/2523587_sortie-du-nucelaire-edf-et-areva-trinquent.html
COUP DUR
Sortie du nucélaire : EDF et Areva trinquent
15/06/2011 à 12h58
Avec le non italien à l'atome, le ciel s'obscurcit encore un peu plus pour les deux géants français du nucléaire.
Anne Lauvergon, présidente d'Areva et Henri Proglio, PDG d'EDF. | REUTERS
C'est une nouvelle claque qu'a pris EDF lundi. Le groupe avait développé un projet de quatre centrales EPR de nouvelle génération en Italie en partenariat avec l'électricien transalpin Enel. En février 2009, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi signaient un accord de coopération nucléaire "historique". Mais après le référendum stoppant une reprise du nucléaire civil en Italie, c'est un marché de plus qui se referme pour EDF, qui n'en n'avait pourtant pas besoin. L'Allemagne et la Suisse avaient déjà rejeté cette énergie ces dernières semaines et d'autres pays réfléchissent. La réaction des marchés a été nette. Les actions des deux gros acteurs du nucléire EDF et Areva ont dévissé après le résultat du référendum.
Fleuron industriel de la France
Nicolas Sarkozy défend régulièrement l'énergie nucléaire, comme à Gravelines début mai : "On n'a pas le droit de jouer sur des peurs moyenâgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays". Eric Besson joue également régulièrement les VRP. Et pour cause, le nucléaire est l'un des fleurons industriels de la France. Le premier producteur nucléaire mondial, EDF, est détenu à 84,5% par l'Etat français. Et le premier constructeur mondial de réacteurs nucléaires, Areva, est détenu à près de 87% par l'Etat (essentiellement le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives).
La filière nucléaire représente 125.000 emplois directs en France et a contribué pour 0,71% au produit intérieur brut (PIB) en 2009, selon une étude sur le poids économique du secteurcommandée par le groupe Areva au groupe de conseil PwC et publiée mardi 14 juin (comme de par hasard). "Imaginez notre déficit commercial sans le nucléaire!", appuie la présidente du directoire d'Areva, Anne Lauvergeon, dans une interview aux Echos, mercredi.
Des difficultés économiques
Dans son dernier essai, La vérité sur le nucléaire, l'avocate écolo Corinne Lepage s'inquiète de la situation financière d'Areva et d'EDF. Dans une interview accordée à Libération, elle juge même celle d'Areva de "catastrophique" : "Son coeur de métier, le retraitement des déchets nucléaires, se porte très mal : il n'y a plus aucun contrat ! Cette activité perdure uniquement parce que l'Etat impose à EDF de faire retraiter ses déchets à La Hague". Elle évoquait déjà en mars dans un billet consacré à la situation financière d'Areva, un avenir "particulièrement difficile", rappelant les déboires auxquels le groupe est confronté.
Interrogée par les Echos, sur la perte opérationnelle de l'an dernier, là encore, Anne Lauvergeon se veut rassurante assurant au journal économique qu'il pourrait être "agréablement surpris" par les résultats qui seront communqiués à la fin du mois.
Du plomb dans l'aile pour l'EPR
Fin 2009, Areva avait perdu un appel d'offre pour construire quatre réacteurs aux Emirats arabes unis qu'il pensait remporter haut la main. Le chantier de l'EPR à Flamanville - "l'appartement témoin du nucléaire de la troisième génération" comme le décrivait Nicolas Sarkozy en 2009 - a deux ans de retard et son coût s'est envolé de 3 à 5 milliards d'euros, rappelle le magazine Alternatives économiques. Pire en Finlande, où le coût a doublé en passant à 6 milliards er le chantier accuse quatre ans de retard.
Rien de grave pour Anne Lauvergeon : "tous les grands projets technologiques ont très souvent, comme l'EPR, des débuts plus lents qu'attendu", estime-t-elle dans Les Echos.
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: L'énergie nucléaire
Mauvais pour les émoluments du sinistre Aurengo...
Par ailleurs, ce jour sur le site de l’association Kokopelli :
- 15 juin 2011: Ce n’est pas Fukushima, mais cela pourrait le devenir. La centrale nucléaire d’Omaha dans le Nebraska est assiégée par l’eau du Missouri qui monte, qui monte et qui va encore monter de quelques mètres d’ici l’été. Pas de soucis, l’ingénierie nucléaire a déployé tout son savoir faire pour endiguer les risques radioactifs: des murs de sacs de sable. Un mode de fonctionnement aléatoire, c’est ce qui caractérise le mieux la technologie des centrales nucléaires.
Par ailleurs, ce jour sur le site de l’association Kokopelli :
- 15 juin 2011: Ce n’est pas Fukushima, mais cela pourrait le devenir. La centrale nucléaire d’Omaha dans le Nebraska est assiégée par l’eau du Missouri qui monte, qui monte et qui va encore monter de quelques mètres d’ici l’été. Pas de soucis, l’ingénierie nucléaire a déployé tout son savoir faire pour endiguer les risques radioactifs: des murs de sacs de sable. Un mode de fonctionnement aléatoire, c’est ce qui caractérise le mieux la technologie des centrales nucléaires.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Cadeaux pour nos amis du nucléaire
15 June 2011
http://bxl.indymedia.org/articles/1995
Trois groupes de personnes joyeusement armées de sacs de merde ont entrepris ce matin d'en faire don à quelques entreprises du nucléaire, qui pourrissent chaque jous un peu plus nos vies : ONDRAF (Organisme National des Déchets Radioactifs et des Matières Fissiles Enrichies), SCK-CEN (Centre d'Etude de l'Energie Nucléaire. Fait des recherches sur les applications « pacifiques » du nucléaire; offre ses services à l'industrie nucléaire, au secteur médical et aux autorités) et bien sur nos amis d'Electrabel (exploite les centrales belges).
Chacun de ces présents fût accompagné d'un petit mot de remerciement dont voici la teneur.
Pour ONDRAF
Lettre ouverte aux employés de l'ONDRAF et autres vendeurs de mort.
Parce que tous les jours l'envie nous serre le ventre de vous chier à la gueule, ce matin nous avons décidé de le faire. Le nucléaire nous fait gerber car il est la meilleure arme que les puissants ont développé pour nous oter toute possibilité de vivre selon nos choix.
Le nucléaire au pouvoir du militaire c'est faire peser sur toutes les révoltes la menace d'une éradication immédiate.
Le nucléaire au pouvoir du civil c'est maintenir la peur constante de la casastrophe. C'est entreternir la sensation d'un monde crépusculaire ou ne nous reste que le loisir de consommer ce qui est encore consommable.
Nous n'avons pas besoin de spécialistes pour savoir que cette puissance est incontrôlable. Nous ne voulons pas négocier d'éventuels aménagements de notre liberté, de nos désirs, de nos vies. Nous voulons neutraliser cette arme de prosternation massive.
Vous qui travaillez activement à sa gestion et à sa marchandisation sous l'image nauséabonde de la protection des populations et de l'environnement, vous êtes les garants d'un système qui nous impose la mort.
Nous avons toujours le choix. Vous avez fait le vôtre.
L'odeur de la merde c'est toujours mieux que l'odeur des corps en décomposition, des charniers radioactifs.
La prochaine fois on vous la fait bouffer.
Pour SCK-CEN
Nous vous sommes infiniment reconnaissants...
... de produire des radio-isotopes à usage médicaux qui permettront de diagnostiquer et traiter les cancers que vous participez à générer ;
... de participer à la relance du nucléaire en travaillant sur la création de réacteurs de quatrième génération et sur de nouveaux combustibles ;
... de, au moment où les réacteurs en fusion au Japon rendent l'avenir incertain, travailler sur le projet mégalomane ITER, projet d'un réacteur basé sur la fusion ;
... de prétentre gérer de manière sûre et responsable des déchets hautement radioactifs dont vous produisez une partie et dont certains ont une durée de vie millénaire ;
... pour l'obscurantisme scientifique, pour la dégradation de nos conditions de vie, pour les décisions que vous prenez à quelques uns mais qui pèsent sur tous...
Pour tout cela et bien d'autres, veuillez accepter, en gage de notre gratitude, ce présent qui n'est certes pas à la hauteur de la merde que vous produisez, puisque lui, hélas, se biodégrade rapidement, mais comparés à vos moyens, les nôtes sont bien maigres.
Pour Electrabel
Tous nous empoisonnes chaque jours un peu plus avec la merde radioactive que tu produis dans tes installations nucléaires.
Tu pourris les aspirations de changement radical de ce monde par ta production à l'odeur de mort.
Aujourd'hui, on te recrache à la gueule un peu de cette merde.
La prochaine fois, on te la fait bouffer!
PS: Fait passer le mot à tous tes potes qui jouent aussi avec nos vies...
------------------------------------------------------
En espérant que ces cadeaux leur feront plaisir.
nucléocratie
12 June 2011
http://bxl.indymedia.org/articles/1953
La contamination nucléaire en Belgique est particulièrement diffuse et répandue, entre les centrales nucleaires de Doel et et Tihange, les sites militaires qui entreposent des armes nucléaire (Kleine Broegel), les sites de traitement, de dépôt et d'enfouissement des déchets à Mol et Dessel, les installations nucléaires de production et conditionnement de radio-isotopes pour le secteur médical (spécialité belge), les installations de diagnostic, radiographie et d'irradiation dans les hôpitaux,... Ci dessous une liste non exhaustive de quelques empoisonneurs qui font exister le nucléaire en Belgique. Pour que chacun puisse se rendre compte que le lobby nucléaire n'est pas une entité abstraite hors d'atteinte mais bien des institutions et des entreprises avec des cadres et des travailleurs pour les faire tourner.
Tout commentaire qui permettrait de compléter cette liste est bienvenu
Institutions / public
AFCN: Agence Fédérale de Contrôle du Nucléaire. Organisme officiel et public de contrôle des installations nucléaire.
ONDRAF: Organisme National des Déchets Radioactifs et des Matières Fissiles Enrichies.
SCK-CEN: Centre d'Etude de l'Energie Nucléaire. Faite des recherches sur les applications « pacifiques » du nucléaire; offre ses services à l'industrie nucléaire, au secteur médical et aux autorités
GIE-Euridice: Groupe d'Intérêt Economique. Réalise les travaux intellectuels en matière de dépôt final souterrains des déchets radioactifs.
IRE: Institut national des radio-éléments. Leader mondial de la production de radio-isotopes pour le secteur médical
Privé
Electrabel-GDF-Suez: exploite les centrales belges
Belgatom: Bureau d'ingénierie de conseil et d'architecte pour l'industrie nucléaire.
Belgonucléaire: producteur de combustible MOX jusqu'en 2005, fournit de l'expertise.
Tractebel-Suez: conseils et services pour entre autre l'industrie nucléaire
Technum: filiale Tractebel en Flandre
Tritel: filiale Tractebel en Flandre
IBA: leader mondial du cyclotron à usage médical, fabrication d'installations de diagnostics et de thérapie de médecine nucléaire, stérilisation, ionisation
FBFC: Fabrication Franco-Belge de Combustible: filiale d'Areva. Produit du combustible pour les réacteurs nucléaires de type EPR.
Transnubel: société belge de transport nucléaire. Logistique et transport de matières radioactives; conception et fourniture d'équipement pour le transport, le stockage et la manutention des latières radiuoactives; services techniques sur tout site nucléaire.
Transrad:principaux actionnaires IRE et NCT France: Transport de matériaux radioactifs.
Synatom: Filiale d'Electrabel, elle gère l'ensemble du cycle du combustible pour les centrales nucléaires belges. Gère les provisions constituées pour le démantèlement des centrales nucléaires belges ainsi que pour la gestion des matières fissiles enrichies irradiées dans les centrales.
Belgoprocess: retraitement et conditionnement des déchets radioactifs
Invité- Invité
Combien coûte la sortie du nucléaire? L’exemple allemand
http://blogs.mediapart.fr/blog/velveth/160611/combien-coute-la-sortie-du-nucleaire-l-exemple-allemand
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Tous les nucléocrates ne sont pas à la Fête...
Eric Besson a quitté le plateau de M6 au bout d'une dizaine de minutes, au moment où était diffusé le témoignage d'un ancien sous-traitant chargé de la sûreté dans les centrales nucléaires.
Le ministre s'est levé. Il a retiré son micro et l'a jeté sur la table et il a dit: 'Allez, je vous laisse. Je me casse. Fait chier'", a raconté la personne qui a assisté à la scène. "Quand le journaliste lui a demandé ce qu'il faisait, le ministre a répondu: 'Je me barre'". La direction de M6 n'a pas souhaité faire de commentaire. Le cabinet de M. Besson n'a pas répondu aux appels de l'AFP.
Aucune décision n'avait encore été prise jeudi soir concernant la diffusion ou non de cette séquence, a précisé une source interne à M6.
L'incident est survenu alors que l'émission traitait de la sûreté nucléaire
Juste avant le départ du ministre, Eric Besson et Guy Lagache avaient eu un échange un peu vif. "En France, la sûreté nucléaire pose problème. On voit qu'il y a des failles sur la façon de sécuriser les installations", a dit le journaliste. "Mais, non, excusez-moi. D'entrée, je suis pas d'accord. Vous avez affirmé d'entrée +la sûreté nucléaire pose parfois problème+", lui a répondu M. Besson.
"Oui, parfois. Je vous propose d'écouter cet ancien sous-traitant qui était chargé de déceler des défaillances dans des installations", a rétorqué M. Lagache, en lançant le témoignage qui a provoqué le départ du ministre.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Echo extrait du dernier numéro de Lutte Ouvrière
Curieuse tout de même, cette conclusion de deux lignes, visant à dédouaner le nucléaire. Bien sûr que ce travailleur n'a pas été tué par le nucléaire, puisqu'il a fait une chute. Mais les conditions dans lesquelles travaillent ces milliers de sous-traitants, souvent précaires, dans une industrie à hauts risques, auraient du amener au contraire le rédacteur à attirer l'attention sur les dangers de l'industrie nucléaire, telle qu'elle est gérée actuellement, concrètement, alors que nous savons que, dans le cadre du système capitaliste, il ne sera sans doute jamais possible d'obtenir des mesures de sécurité satisfaisantes, car ce sera toujours la course entre sécurité et rentabilité...
Accident mortel sur le chantier de l’EPR
Samedi 11 juin, un salarié est décédé sur le chantier du réacteur nucléaire d’EDF à Flamanville, en Basse-Normandie. Le salarié, qui a fait une chute mortelle, travaillait pour un sous-traitant, filiale de GDF-Suez. C’est le deuxième accident mortel dû à une chute en quelques mois sur ce site. La CGT dénonce les nombreuses infractions au droit du travail sur ce chantier piloté par Bouygues, et notamment le fait que les salariés étrangers, qui représentent un tiers de l’effectif total, n’ont pas de couverture sociale.
Ce n’est pas spécifiquement le nucléaire qui tue, c’est le capitalisme et sa recherche constante du profit maximum.
Curieuse tout de même, cette conclusion de deux lignes, visant à dédouaner le nucléaire. Bien sûr que ce travailleur n'a pas été tué par le nucléaire, puisqu'il a fait une chute. Mais les conditions dans lesquelles travaillent ces milliers de sous-traitants, souvent précaires, dans une industrie à hauts risques, auraient du amener au contraire le rédacteur à attirer l'attention sur les dangers de l'industrie nucléaire, telle qu'elle est gérée actuellement, concrètement, alors que nous savons que, dans le cadre du système capitaliste, il ne sera sans doute jamais possible d'obtenir des mesures de sécurité satisfaisantes, car ce sera toujours la course entre sécurité et rentabilité...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
verié2 a écrit:Echo extrait du dernier numéro de Lutte OuvrièreAccident mortel sur le chantier de l’EPR
Samedi 11 juin, un salarié est décédé sur le chantier du réacteur nucléaire d’EDF à Flamanville, en Basse-Normandie. Le salarié, qui a fait une chute mortelle, travaillait pour un sous-traitant, filiale de GDF-Suez. C’est le deuxième accident mortel dû à une chute en quelques mois sur ce site. La CGT dénonce les nombreuses infractions au droit du travail sur ce chantier piloté par Bouygues, et notamment le fait que les salariés étrangers, qui représentent un tiers de l’effectif total, n’ont pas de couverture sociale.
Ce n’est pas spécifiquement le nucléaire qui tue, c’est le capitalisme et sa recherche constante du profit maximum.
Curieuse tout de même, cette conclusion de deux lignes, visant à dédouaner le nucléaire. Bien sûr que ce travailleur n'a pas été tué par le nucléaire, puisqu'il a fait une chute. Mais les conditions dans lesquelles travaillent ces milliers de sous-traitants, souvent précaires, dans une industrie à hauts risques, auraient du amener au contraire le rédacteur à attirer l'attention sur les dangers de l'industrie nucléaire, telle qu'elle est gérée actuellement, concrètement, alors que nous savons que, dans le cadre du système capitaliste, il ne sera sans doute jamais possible d'obtenir des mesures de sécurité satisfaisantes, car ce sera toujours la course entre sécurité et rentabilité...
Il ne s'agit pas de dédouanner quoi que ce soit : sous le règne du capital, de la concurrence et du profit , la peau d'un homme ou d'une femme ne vaut pas grand chose....
Et qu'il s'agisse du nucleaire, du bâtiment, ou de la chimie, ça ne change rien à l'affaire..
C'est bien que ce court communiqué le dise.
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Je trouve la conclusion maladroite (euphémisme). Pourquoi ne pas simplement avoir écrit : " c’est le capitalisme et sa recherche constante du profit maximum au mépris des règles se sécurité qui tuent ". Y adjoindre que "ce n'est pas le nucléaire qui tue" sous-entend que la production d'énergie via le nucléaire n'est source d'aucun risque ni danger.
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L'énergie nucléaire
Exact. Conclure ainsi sur le nucléaire qui ne tue pas...est digne de la propagande des nucléocrates.
Visiblement, leur déroute dans un nombre croissant de pays, appelle à battre le rappel.
Un bon signe qu'ils sont sur la défensive, comme Besson, incapable de répondre et qui quitte le plateau.
On avance.
Visiblement, leur déroute dans un nombre croissant de pays, appelle à battre le rappel.
Un bon signe qu'ils sont sur la défensive, comme Besson, incapable de répondre et qui quitte le plateau.
On avance.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Exact. Conclure ainsi sur le nucléaire qui ne tue pas...est digne de la propagande des nucléocrates.
Visiblement, leur déroute dans un nombre croissant de pays, appelle à battre le rappel.
Un bon signe qu'ils sont sur la défensive, comme Besson, incapable de répondre et qui quitte le plateau.
On avance.
Visiblement, leur déroute dans un nombre croissant de pays, appelle à battre le rappel.
Un bon signe qu'ils sont sur la défensive, comme Besson, incapable de répondre et qui quitte le plateau.
On avance.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Fukushima: l'opération de décontamination est arrêtée
L'usine de décontamination a été stoppée quelques heures après sa mise en route à cause du niveau trop élévé des radiations.
Des ouvriers installent le dispositif de décontamination des eaux radioactives, le 9 juin 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima (© AFP photo AFP)
L'usine de décontamination des eaux radioactives construite à la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est du Japon) a été arrêtée quelques heures après sa mise en route en raison du niveau trop élevé de radiations, a annoncé samedi l'opérateur de la centrale.
Des pièces du système qui absorbent le césium radioactif doivent être changées beaucoup plus tôt que prévu en raison du niveau trop élevé de radiations, ont indiqué des responsables de Tokyo Electric Power (Tepco).
L'usine de décontamination avait commencé à fonctionner vendredi à 20H00 (11H00 GMT) et a dû être arrêtée cinq heures tard, selon les mêmes sources.
L'opérateur n'a pas précisé quand l'usine de contamination recommencerait à fonctionner.
La chaîne de décontamination de l'usine est basée sur les procédés du groupe nucléaire français Areva et de la société américaine Kurion.
"Nous étudions encore la cause" de ce niveau trop élevé de radiations, a indiqué Junichi Matsumoto, le responsable des opérations nucléaires au sein de Tepco.
Selon Tepco, des boues radioactives sont entrées dans le système de retraitement ou les eaux traitées sont plus radioactives que ce que Tepco imaginait au départ.
Quelque 100.000 tonnes d'eau hautement radioactive se sont accumulées dans les bâtiments des réacteurs et des turbines de Fukushima Daiichi (N°1) depuis le séisme et le tsunami du 11 mars.
Ces effluents empêchent les ouvriers de pénétrer dans les installations pour réactiver des circuits de refroidissement du combustible nucléaire, endommagés par une vague de 14 mètres de haut qui a déferlé sur la centrale.
L'usine de décontamination sera capable de traiter 50 tonnes d'effluents par heure, soit 1.200 tonnes par jour, en divisant la radioactivité par un facteur de 1.000 à 10.000 fois.
La compagnie Tepco, qui a réussi à stopper la fusion du combustible en arrosant les réacteurs jour et nuit avec de l'eau de mer, puis de l'eau douce, est aujourd'hui encore contrainte d'injecter environ 500 tonnes d'eau chaque jour, dont une partie s'accumule dans les installations.
Tepco pourra ensuite réutiliser le liquide décontaminé dans les circuits de refroidissement une fois qu'ils seront rétablis.
Mais l'opérateur va devoir régler un autre problème: les boues radioactives issues du traitement de décontamination.
Le 17 avril, Tepco a annoncé qu'il espérait réduire de façon importante les fuites radioactives de la centrale d'ici à juillet et parvenir à stabiliser la température des réacteurs sous les 100 degrés Celsius au plus tard en janvier.
(source AFP)
Duzgun- Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010
Bernard Laponche : “Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe”
Bernard Laponche : “Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe”
LE MONDE BOUGE - Physicien nucléaire, polytechnicien, Bernard Laponche est formel : la France est dans l'erreur. Avec le nucléaire, elle s'obstine à privilégier une énergie non seulement dangereuse mais obsolète. Alors que d'autres solutions existent, grâce auxquelles les Allemands ont déjà commencé leur transition énergétique.
Il est des leurs. Enfin, il était des leurs. Polytechnicien, physicien nucléaire, Bernard Laponche a participé, dans les années 1960, au sein du Commissariat à l'énergie atomique, à l'élaboration des premières centrales françaises. La découverte des conditions de travail des salariés de la Hague sera pour lui un choc : il prend conscience du danger de l'atome, qu'il juge moralement inacceptable. Dès les années 1980, Bernard Laponche, désormais militant au sein de la CFDT, prône la maîtrise de la consommation énergétique et le développement des énergies renouvelables. Les décennies suivantes lui ont donné raison. Mais la France, seul pays au monde à avoir choisi l'option du tout-nucléaire, s'obstine dans l'erreur, déplore-t-il, et s'aveugle : énergie du passé, sans innovation possible, le nucléaire ne représente pas seulement une menace terrifiante, pour nous et pour les générations qui suivront ; il condamne notre pays à rater le train de l'indispensable révolution énergétique.
On présente toujours l'énergie nucléaire comme une technologie très sophistiquée. Vous dites qu'il s'agit juste du « moyen le plus dangereux de faire bouillir de l'eau chaude » (1) . C'est provocateur, non ?
Pas vraiment... Un réacteur nucléaire n'est qu'une chaudière : il produit de la chaleur. Mais au lieu que la chaleur, comme dans les centrales thermiques, provienne de la combustion du charbon ou du gaz, elle est le résultat de la fission de l'uranium. Cette chaleur, sous forme de vapeur d'eau, entraîne une turbine qui produit de l'électricité. L'énergie nucléaire n'est donc pas ce truc miraculeux qui verrait l'électricité « sortir » du réacteur, comme s'il y avait une production presque spontanée...
Pourquoi cette image s'est-elle imposée ?
Les promoteurs du nucléaire ne tiennent pas à mettre en avant la matière première, l'uranium. C'est lié au fait qu'à l'origine le nucléaire était militaire, donc stratégique. Et puis en laissant penser que l'électricité est produite directement, ils lui donnent un côté magique, ainsi qu'une puissance trois fois plus élevée, car c'est la chaleur produite que l'on évalue, pas l'électricité. Or les deux tiers de la chaleur sont perdus, ils réchauffent l'eau des fleuves ou de la mer qui sert à refroidir les réacteurs.
La centrale de Grafenrheinfeld, en Allemagne. - Photo : Jürgen Nefzger
Parlons donc du combustible...
Ce sont des crayons d'uranium, de l'uranium légèrement enrichi en isotope 235, pour les réacteurs français. La fission est une découverte récente (1938) : un neutron tape un noyau d'uranium qui explose, produit des fragments, donc de l'énergie, et des neutrons, qui vont taper d'autres noyaux – c'est la réaction en chaîne. La multiplication des fissions produit de la chaleur. Or les fragments de la fission sont de nouveaux produits radioactifs, qui émettent des rayons alpha, bêta, gamma... A l'intérieur des réacteurs, vous produisez donc de la chaleur, c'est le côté positif, mais aussi des produits radioactifs, notamment du plutonium, le corps le plus dangereux qu'on puisse imaginer, qui n'existe qu'à l'état de trace dans la nature. On aurait dû s'interroger dès l'origine : ce moyen de produire de l'eau chaude est-il acceptable ?
Cette réaction en chaîne, on peut tout de même l'arrêter à chaque instant, non ?
Dans un fonctionnement normal, on abaisse les barres de contrôle dans le cœur du réacteur : elles sont constituées de matériaux qui absorbent les neutrons, ce qui arrête la réaction en chaîne. Mais il faut continuer de refroidir les réacteurs une fois arrêtés, car les produits radioactifs continuent de produire de la chaleur. La nature même de la technique est donc source de risques multiples : s'il y a une panne dans les barres de contrôle, il y a un emballement de la réaction en chaîne, ce qui peut provoquer une explosion nucléaire ; s'il y a une fissure dans le circuit d'eau, il y a perte de refroidissement, la chaleur extrême détruit les gaines du combustible, certains produits radioactifs s'échappent, on assiste à la formation d'hydrogène, cet hydrogène entraîne des matières radioactives et peut exploser.
“Puisque le point de départ, c'est la création
de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe
est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique
les moyens de sa propre destruction.”
Mais on multiplie les systèmes de protection...
Vous avez beau les multiplier, il y a toujours des situations dans lesquelles ces protections ne tiennent pas. A Tchernobyl, on a invoqué, à juste titre, un défaut du réacteur et une erreur d'expérimentation ; à Fukushima, l'inondation causée par le tsunami. Au Blayais, en Gironde, où la centrale a été inondée et où on a frôlé un accident majeur, on n'avait pas prévu la tempête de 1999. Mais on a vu des accidents sans tsunami ni inondation, comme à Three Mile Island, aux Etats-Unis, en 1979. On peut aussi imaginer, dans de nombreux pays, un conflit armé, un sabotage... Puisque le point de départ, c'est la création de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique les moyens de sa propre destruction.
Y a-t-il eu des innovations en matière nucléaire ?
Aucun progrès technologique majeur dans le nucléaire depuis sa naissance, dans les années 1940 et 1950. Les réacteurs actuels en France sont les moteurs des sous-marins atomiques américains des années 1950. En plus gros. Les réacteurs, l'enrichissement de l'uranium et le retraitement, sont des technologies héritées de la Seconde Guerre mondiale. On a juste augmenté la puissance et ajouté des protections. Mais parce que le système est de plus en plus compliqué, on s'aperçoit que ces protections ne renforcent pas toujours la sûreté.
On a du mal à croire qu'il n'y ait eu aucune innovation majeure...
Si, le surgénérateur ! Avec Superphénix, on changeait de modèle de réacteur. Et heureusement qu'on l'a arrêté en 1998, car il était basé sur l'utilisation du plutonium. Le plutonium est un million de fois plus radioactif que l'uranium. Comment a-t-on pu imaginer faire d'un matériau aussi dangereux le combustible d'une filière de réacteurs exportable dans le monde entier ?
Nicolas Sarkozy affirme que si l'on refuse le nucléaire, on doit accepter de s'éclairer à la bougie. Qu'en pensez-vous ?
Il est lassant d'entendre des dirigeants qui n'y connaissent rien continuer à dire n'importe quoi. Nicolas Sarkozy ne croit pas si bien dire ; un jour, et pourquoi pas dès cet été, les Français s'éclaireront à la bougie : comme nous sommes le seul pays au monde à avoir choisi de produire 80 % de notre électricité avec une seule source, le nucléaire, et une seule technique, le réacteur à eau pressurisée, si nous sommes contraints d'arrêter nos réacteurs, nous retournerons à la bougie ! Pas besoin d'une catastrophe, juste un gros pépin générique, ou une sécheresse et une canicule exceptionnelles. Car on ne peut pas faire bouillir l'eau des rivières. En revanche, si l'on décidait de sortir du nucléaire en vingt ans, on pourrait démultiplier notre inventivité énergétique pour justement éviter la bougie.
Les défenseurs du nucléaire disent qu'en France, avec notre nouveau réacteur, l'EPR, que l'on construit à Flamanville, on arrive à un risque quasi nul...
Chaque pays assure que ses réacteurs sont mieux que les autres. Avant Fukushima, le discours des Japonais était le même que celui des Français. On en est déjà à cinq réacteurs détruits (Three Mile Island, Tchernobyl, et trois réacteurs à Fukushima) sur quatre cent cinquante réacteurs dans le monde, des centaines de kilomètres carrés inhabitables. La probabilité théorique, selon les experts de la sûreté nucléaire, devait être de un pour cent mille « années-réacteur » [une année-réacteur, c'est un réacteur fonctionnant pendant un an, NDLR], voire un million d'années-réacteur pour un accident majeur, type Tchernobyl ! La réalité de ce qui a été constaté est trois cents fois supérieure à ces savants calculs. Il y a donc une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe.
Une innovation majeure pourrait-elle vous conduire à revoir votre jugement ?
Je ne vois pas de solution dans l'état actuel, non pas de l'ingénierie, mais de la connaissance scientifique. Je ne dis pas qu'un jour un savant ne trouvera pas un moyen d'utiliser l'énergie de liaison des noyaux de façon astucieuse, qui ne crée pas ces montagnes de produits radioactifs. Mais pour le moment, il n'y a pas !
Pourquoi vous opposez-vous à Iter, expérience sur la fusion menée à Cadarache, sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ?
La fusion, c'est l'inverse de la fission. On soude deux petits noyaux, deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium (un proton et un neutron) et le tritium (un proton et deux neutrons), et cette soudure dégage de l'énergie. Mais il faut arriver à les souder, ces noyaux ! Dans le Soleil, ils se soudent du fait de la gravitation. Sur Terre, on peut utiliser une bombe atomique, ça marche très bien. L'explosion provoque la fusion des deux noyaux, qui provoque une seconde explosion beaucoup plus forte : c'est la bombe à hydrogène, la bombe H. Pour une fusion sans bombe, il faut créer des champs magnétiques colossaux afin d'atteindre des températures de cent millions de degrés. Iter, à l'origine un projet soviétique, est une expérience de laboratoire à une échelle pharaonique, des neutrons extrêmement puissants bombardent les parois en acier du réacteur, ces matériaux deviennent radioactifs et doivent d'ailleurs être remplacés très souvent. Je ne suis pas spécialiste de la fusion, mais je me souviens que nos deux derniers Prix Nobel français de physique, Pierre-Gilles de Gennes et Georges Charpak, avaient dit qu'Iter n'était pas une bonne idée. Ils prônaient les recherches fondamentales avant de construire cet énorme bazar. Personne n'a tenu compte de leur avis, et nos politiques se sont précipités, sur des arguments de pure communication – on refait l'énergie du Soleil – pour qu'Iter se fasse en France.
Pourquoi ?
Parce que les Français veulent être les champions du nucléaire dans le monde. Les Japonais voulaient Iter, mais leur Prix Nobel de physique Masatoshi Koshiba a dit « pas question », à cause du risque sismique. Je pense que ce projet va s'arrêter parce que son prix augmente de façon exponentielle. Et personne ne s'est posé la question : si jamais ça marchait ? Que serait un réacteur à fusion ? Comme disent les gens de l'association négaWatt, pourquoi vouloir recréer sur Terre l'énergie du Soleil puisqu'elle nous arrive en grande quantité ?
Que répondez-vous à ceux qui pensent que l'impératif du réchauffement climatique, donc la nécessaire réduction des émissions de CO2, nous impose d'en passer par le nucléaire ?
Tout d'abord, on ne peut pas faire des émissions de CO2 le seul critère de choix entre les techniques de production d'électricité. Faut-il accepter qu'au nom du climat, tous les cinq ou dix ans, un accident de type Fukushima se produise quelque part dans le monde ? Ensuite, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a montré que si l'on voulait tenir nos objectifs de réduction des émissions de CO2, la moitié de l'effort devait porter sur les économies d'énergie. Pour l'autre moitié, le recours aux énergies renouvelables est essentiel, la part du nucléaire n'en représentant que 6 %. Il faut donc relativiser l'avantage du nucléaire.
“Comme on a fait trop de centrales, il y a eu
pression pour la consommation d'électricité,
en particulier pour son usage le plus imbécile, le
chauffage, pour lequel la France est championne.”
Vous avez commencé votre carrière au CEA et avez été un artisan de cette énergie. Que s'est-il passé ?
J'ai même fait une thèse sur le plutonium, et je ne me posais aucune question. Tout est très compartimenté au CEA, je faisais mes calculs sur la centrale EDF 3 de Chinon, n'avais aucune idée des risques d'accident ni du problème des déchets. Je travaillais avec des gens brillants. Et puis j'ai commencé à militer à la CFDT, après 68, et on s'est intéressé aux conditions de travail des travailleurs de la Hague. Je me suis aperçu que, moi, ingénieur dans mon bureau, je ne connaissais rien de leurs conditions de travail, et que les gens de la Hague ne savaient pas ce qu'était un réacteur nucléaire. On a donc écrit, en 1975, un bouquin collectif qui a été un best-seller, L'Electronucléaire en France. Le patron du CEA de l'époque a d'ailleurs reconnu la qualité de ce travail. Pour cela, j'ai travaillé pendant six mois à partir de documents américains, parce qu'en France il n'y avait rien. La CFDT a alors pris position contre le programme nucléaire. J'ai commencé à travailler sur les alternatives au nucléaire et, en 1982, je suis entré à l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie.
Cela fait trente ans... Que prôniez-vous à l'époque ?
Mais la même chose qu'aujourd'hui : économies d'énergie et énergies renouvelables ! Les principes de l'électricité photovoltaïque, donc des panneaux solaires, étaient déjà connus. Aujourd'hui, on ne parle que de l'électricité, mais ce qu'il faudrait d'abord installer partout, c'est des chauffe-eau solaires ! Rien de plus simple : un fluide caloporteur circule dans un tube sous un panneau vitré, et permet d'obtenir de l'eau à 60 degrés. L'Allemagne, pays moins ensoleillé que la France, a dix fois plus de chauffe-eau solaires. Dans le Midi, il n'y en a pas, ou si peu !
Cela ne demande pas beaucoup d'innovation...
L'innovation permet avant tout de réduire les coûts. L'éolien, sa compétitivité face au nucléaire est acquise. En ce qui concerne le photovoltaïque, les Allemands anticipent des coûts en baisse de 5 % chaque année. Il y a beaucoup de recherches à faire sur les énergies marines, les courants, l'énergie des vagues, la chaleur de la terre avec la géothermie. Les énergies renouvelables, sous un mot collectif, sont très différentes, et peuvent couvrir à peu près tous les besoins énergétiques. Les Allemands estiment qu'elles couvriront 80 % des leurs d'ici à 2050. C'est plus que crédible, à condition de toujours rechercher les économies d'énergie.
Photo : CC by HeyRocker (www.flickr.com/photos/heyrocker)
Le fait qu'on ait produit de l'électricité à partir du nucléaire à un coût modique, ne prenant pas en compte les coûts du démantèlement et de la gestion à long terme des déchets radioactifs, a-t-il pénalisé les énergies renouvelables ?
Oui, et comme on a fait trop de centrales nucléaires, il y a toujours eu pression pour la consommation d'électricité, et en particulier pour son usage le plus imbécile, le chauffage électrique, pour lequel la France est championne d'Europe. On construit des logements médiocres, l'installation de convecteurs ne coûte rien, cela crée du coup un problème de puissance électrique globale : en Europe, la différence entre la consommation moyenne et la pointe hivernale est due pour moitié à la France ! Résultat, l'hiver, nous devons acheter de l'électricité à l'Allemagne, qui produit cette électricité avec du charbon… Hors chauffage, les Français consomment encore 25 % de plus d'électricité par habitant que les Allemands. Qui n'ont pas seulement des maisons mieux isolées, mais aussi des appareils électroménagers plus efficaces, et qui font plus attention, car l'électricité est un peu plus chère chez eux.
“Les Allemands étudient des réseaux
qui combinent biomasse, hydraulique, éolien,
photovoltaïque. Ils réussissent la transition
énergétique. Parce qu'ils l'ont décidée.”
Quelles sont les grandes innovations à venir en matière d'énergie ?
Les « smart grids », les réseaux intelligents ! Grâce à l'informatique, on peut optimiser la production et la distribution d'électricité. A l'échelle d'un village, d'une ville ou d'un département, vous pilotez la consommation, vous pouvez faire en sorte, par exemple, que tous les réfrigérateurs ne démarrent pas en même temps. Les défenseurs du nucléaire mettent toujours en avant le fait que les énergies renouvelables sont fluctuantes – le vent ne souffle pas toujours, il n'y a pas toujours du soleil – pour asséner que si l'on supprime le nucléaire, il faudra tant de millions d'éoliennes... Mais tout change si l'on raisonne en termes de combinaisons ! Les Allemands étudient des réseaux qui combinent biomasse, hydraulique, éolien, photovoltaïque. Et ils travaillent sur la demande : la demande la nuit est plus faible, donc avec l'éolien, la nuit, on pompe l'eau qui va réalimenter un barrage qui fonctionnera pour la pointe de jour... C'est cela, la grande innovation de la transition énergétique, et elle est totalement opposée à un gros système centralisé comme le nucléaire. Le système du futur ? Un territoire, avec des compteurs intelligents, qui font la jonction parfaite entre consommation et production locale. Small is beautiful. Les Allemands réussissent en ce moment cette transition énergétique. Parce qu'ils l'ont décidée. C'est cela, le principal : il faut prendre la décision. Cela suppose une vraie prise de conscience.
Comment expliquez-vous l'inconscience française ?
Par l'arrogance du Corps des ingénieurs des Mines, d'une part, et la servilité des politiques, de l'autre. Une petite caste techno-bureaucratique a gouverné les questions énergétiques depuis toujours, puisque ce sont eux qui tenaient les Charbonnages, puis le pétrole, et ensuite le nucléaire. Ils ont toujours poussé jusqu'à l'extrême, et imposé aux politiques, la manie mono-énergétique.
Cela vient de notre pouvoir centralisé ?
Complètement ! Dans les années 1970, un chercheur suédois a écrit une étude sur le fait que le nucléaire marche dans certains pays et pas dans d'autres. Et il en a conclu qu'une structure politico-administrative autoritaire et centralisée avait permis qu'il se développe dans deux pays : l'URSS et la France. Pour de fausses raisons – indépendance énergétique, puissance de la France –, on maintient le lien entre le nucléaire civil et militaire – le CEA a une branche applications militaires, Areva fournit du plutonium à l'armée. Ce complexe militaro-étatico-industriel fait qu'ici on considère madame Merkel comme une folle. Au lieu de se dire que si les Allemands font autrement, on pourrait peut-être regarder… Non, on décide que les Allemands sont des cons. Nos responsables claironnent qu'on a les réacteurs les plus sûrs, que le nucléaire c'est l'avenir, et qu'on va en vendre partout. C'est l'argument qu'on utilise depuis toujours, et on a vendu péniblement neuf réacteurs en cinquante ans, plus les deux qui sont en construction en Chine. Ce n'est pas ce qui était prévu… En dix ans, les Allemands, eux, ont créé près de 400 000 emplois dans les énergies renouvelables.
En dehors des écologistes, personne, y compris à gauche, ne remet en cause le nucléaire...
Les choses évoluent vite. Fukushima ébranle les pro-nucléaire honnêtes. Je pense que la décision allemande aura une influence, pas sur nos dirigeants actuels, mais sur nos industriels et aussi sur les financiers. Ils doivent se dire : vais-je continuer à mettre mes billes dans un truc comme ça ? Il y avait jadis l'alliance Areva-Siemens pour proposer des réacteurs EPR, mais Siemens en est sorti depuis des années. On peut toujours se rassurer en pensant que les Allemands se trompent, mais on peut difficilement soutenir qu'ils aient fait ces dernières décennies de mauvais choix et que leur industrie soit faiblarde...
Les écologistes peuvent-ils peser sur les socialistes ?
Bien sûr. Déjà, en 2000, tout était prêt pour l'EPR, mais Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, a dit à Lionel Jospin : « Si tu fais l'EPR, je démissionne. » C'est la seule fois où elle a mis sa démission dans la balance et l'EPR ne s'est pas fait à l'époque. Je travaillais auprès d'elle comme conseiller sur ces questions, j'ai pondu trois cent cinquante notes. Il y avait une bagarre quotidienne entre le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Industrie, qui se moquait complètement de la sécurité. Malheureusement, l'EPR est reparti avec Chirac en 2002. Et il va nous coûter très cher. En un demi-siècle, on a gaspillé l'énergie, on a fait n'importe quoi. Il est urgent de choisir une civilisation énergétique qui ne menace pas la vie.
Propos recueillis par Vincent Remy
Télérama n° 3205
LE MONDE BOUGE - Physicien nucléaire, polytechnicien, Bernard Laponche est formel : la France est dans l'erreur. Avec le nucléaire, elle s'obstine à privilégier une énergie non seulement dangereuse mais obsolète. Alors que d'autres solutions existent, grâce auxquelles les Allemands ont déjà commencé leur transition énergétique.
Il est des leurs. Enfin, il était des leurs. Polytechnicien, physicien nucléaire, Bernard Laponche a participé, dans les années 1960, au sein du Commissariat à l'énergie atomique, à l'élaboration des premières centrales françaises. La découverte des conditions de travail des salariés de la Hague sera pour lui un choc : il prend conscience du danger de l'atome, qu'il juge moralement inacceptable. Dès les années 1980, Bernard Laponche, désormais militant au sein de la CFDT, prône la maîtrise de la consommation énergétique et le développement des énergies renouvelables. Les décennies suivantes lui ont donné raison. Mais la France, seul pays au monde à avoir choisi l'option du tout-nucléaire, s'obstine dans l'erreur, déplore-t-il, et s'aveugle : énergie du passé, sans innovation possible, le nucléaire ne représente pas seulement une menace terrifiante, pour nous et pour les générations qui suivront ; il condamne notre pays à rater le train de l'indispensable révolution énergétique.
On présente toujours l'énergie nucléaire comme une technologie très sophistiquée. Vous dites qu'il s'agit juste du « moyen le plus dangereux de faire bouillir de l'eau chaude » (1) . C'est provocateur, non ?
Pas vraiment... Un réacteur nucléaire n'est qu'une chaudière : il produit de la chaleur. Mais au lieu que la chaleur, comme dans les centrales thermiques, provienne de la combustion du charbon ou du gaz, elle est le résultat de la fission de l'uranium. Cette chaleur, sous forme de vapeur d'eau, entraîne une turbine qui produit de l'électricité. L'énergie nucléaire n'est donc pas ce truc miraculeux qui verrait l'électricité « sortir » du réacteur, comme s'il y avait une production presque spontanée...
Pourquoi cette image s'est-elle imposée ?
Les promoteurs du nucléaire ne tiennent pas à mettre en avant la matière première, l'uranium. C'est lié au fait qu'à l'origine le nucléaire était militaire, donc stratégique. Et puis en laissant penser que l'électricité est produite directement, ils lui donnent un côté magique, ainsi qu'une puissance trois fois plus élevée, car c'est la chaleur produite que l'on évalue, pas l'électricité. Or les deux tiers de la chaleur sont perdus, ils réchauffent l'eau des fleuves ou de la mer qui sert à refroidir les réacteurs.
La centrale de Grafenrheinfeld, en Allemagne. - Photo : Jürgen Nefzger
La centrale de Grafenrheinfeld, en Allemagne. - Photo : Jürgen Nefzger
Parlons donc du combustible...
Ce sont des crayons d'uranium, de l'uranium légèrement enrichi en isotope 235, pour les réacteurs français. La fission est une découverte récente (1938) : un neutron tape un noyau d'uranium qui explose, produit des fragments, donc de l'énergie, et des neutrons, qui vont taper d'autres noyaux – c'est la réaction en chaîne. La multiplication des fissions produit de la chaleur. Or les fragments de la fission sont de nouveaux produits radioactifs, qui émettent des rayons alpha, bêta, gamma... A l'intérieur des réacteurs, vous produisez donc de la chaleur, c'est le côté positif, mais aussi des produits radioactifs, notamment du plutonium, le corps le plus dangereux qu'on puisse imaginer, qui n'existe qu'à l'état de trace dans la nature. On aurait dû s'interroger dès l'origine : ce moyen de produire de l'eau chaude est-il acceptable ?
Cette réaction en chaîne, on peut tout de même l'arrêter à chaque instant, non ?
Dans un fonctionnement normal, on abaisse les barres de contrôle dans le cœur du réacteur : elles sont constituées de matériaux qui absorbent les neutrons, ce qui arrête la réaction en chaîne. Mais il faut continuer de refroidir les réacteurs une fois arrêtés, car les produits radioactifs continuent de produire de la chaleur. La nature même de la technique est donc source de risques multiples : s'il y a une panne dans les barres de contrôle, il y a un emballement de la réaction en chaîne, ce qui peut provoquer une explosion nucléaire ; s'il y a une fissure dans le circuit d'eau, il y a perte de refroidissement, la chaleur extrême détruit les gaines du combustible, certains produits radioactifs s'échappent, on assiste à la formation d'hydrogène, cet hydrogène entraîne des matières radioactives et peut exploser.
“Puisque le point de départ, c'est la création
de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe
est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique
les moyens de sa propre destruction.”
Mais on multiplie les systèmes de protection...
Vous avez beau les multiplier, il y a toujours des situations dans lesquelles ces protections ne tiennent pas. A Tchernobyl, on a invoqué, à juste titre, un défaut du réacteur et une erreur d'expérimentation ; à Fukushima, l'inondation causée par le tsunami. Au Blayais, en Gironde, où la centrale a été inondée et où on a frôlé un accident majeur, on n'avait pas prévu la tempête de 1999. Mais on a vu des accidents sans tsunami ni inondation, comme à Three Mile Island, aux Etats-Unis, en 1979. On peut aussi imaginer, dans de nombreux pays, un conflit armé, un sabotage... Puisque le point de départ, c'est la création de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique les moyens de sa propre destruction.
Y a-t-il eu des innovations en matière nucléaire ?
Aucun progrès technologique majeur dans le nucléaire depuis sa naissance, dans les années 1940 et 1950. Les réacteurs actuels en France sont les moteurs des sous-marins atomiques américains des années 1950. En plus gros. Les réacteurs, l'enrichissement de l'uranium et le retraitement, sont des technologies héritées de la Seconde Guerre mondiale. On a juste augmenté la puissance et ajouté des protections. Mais parce que le système est de plus en plus compliqué, on s'aperçoit que ces protections ne renforcent pas toujours la sûreté.
On a du mal à croire qu'il n'y ait eu aucune innovation majeure...
Si, le surgénérateur ! Avec Superphénix, on changeait de modèle de réacteur. Et heureusement qu'on l'a arrêté en 1998, car il était basé sur l'utilisation du plutonium. Le plutonium est un million de fois plus radioactif que l'uranium. Comment a-t-on pu imaginer faire d'un matériau aussi dangereux le combustible d'une filière de réacteurs exportable dans le monde entier ?
Nicolas Sarkozy affirme que si l'on refuse le nucléaire, on doit accepter de s'éclairer à la bougie. Qu'en pensez-vous ?
Il est lassant d'entendre des dirigeants qui n'y connaissent rien continuer à dire n'importe quoi. Nicolas Sarkozy ne croit pas si bien dire ; un jour, et pourquoi pas dès cet été, les Français s'éclaireront à la bougie : comme nous sommes le seul pays au monde à avoir choisi de produire 80 % de notre électricité avec une seule source, le nucléaire, et une seule technique, le réacteur à eau pressurisée, si nous sommes contraints d'arrêter nos réacteurs, nous retournerons à la bougie ! Pas besoin d'une catastrophe, juste un gros pépin générique, ou une sécheresse et une canicule exceptionnelles. Car on ne peut pas faire bouillir l'eau des rivières. En revanche, si l'on décidait de sortir du nucléaire en vingt ans, on pourrait démultiplier notre inventivité énergétique pour justement éviter la bougie.
Les défenseurs du nucléaire disent qu'en France, avec notre nouveau réacteur, l'EPR, que l'on construit à Flamanville, on arrive à un risque quasi nul...
Chaque pays assure que ses réacteurs sont mieux que les autres. Avant Fukushima, le discours des Japonais était le même que celui des Français. On en est déjà à cinq réacteurs détruits (Three Mile Island, Tchernobyl, et trois réacteurs à Fukushima) sur quatre cent cinquante réacteurs dans le monde, des centaines de kilomètres carrés inhabitables. La probabilité théorique, selon les experts de la sûreté nucléaire, devait être de un pour cent mille « années-réacteur » [une année-réacteur, c'est un réacteur fonctionnant pendant un an, NDLR], voire un million d'années-réacteur pour un accident majeur, type Tchernobyl ! La réalité de ce qui a été constaté est trois cents fois supérieure à ces savants calculs. Il y a donc une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe.
Une innovation majeure pourrait-elle vous conduire à revoir votre jugement ?
Je ne vois pas de solution dans l'état actuel, non pas de l'ingénierie, mais de la connaissance scientifique. Je ne dis pas qu'un jour un savant ne trouvera pas un moyen d'utiliser l'énergie de liaison des noyaux de façon astucieuse, qui ne crée pas ces montagnes de produits radioactifs. Mais pour le moment, il n'y a pas !
Pourquoi vous opposez-vous à Iter, expérience sur la fusion menée à Cadarache, sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ?
La fusion, c'est l'inverse de la fission. On soude deux petits noyaux, deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium (un proton et un neutron) et le tritium (un proton et deux neutrons), et cette soudure dégage de l'énergie. Mais il faut arriver à les souder, ces noyaux ! Dans le Soleil, ils se soudent du fait de la gravitation. Sur Terre, on peut utiliser une bombe atomique, ça marche très bien. L'explosion provoque la fusion des deux noyaux, qui provoque une seconde explosion beaucoup plus forte : c'est la bombe à hydrogène, la bombe H. Pour une fusion sans bombe, il faut créer des champs magnétiques colossaux afin d'atteindre des températures de cent millions de degrés. Iter, à l'origine un projet soviétique, est une expérience de laboratoire à une échelle pharaonique, des neutrons extrêmement puissants bombardent les parois en acier du réacteur, ces matériaux deviennent radioactifs et doivent d'ailleurs être remplacés très souvent. Je ne suis pas spécialiste de la fusion, mais je me souviens que nos deux derniers Prix Nobel français de physique, Pierre-Gilles de Gennes et Georges Charpak, avaient dit qu'Iter n'était pas une bonne idée. Ils prônaient les recherches fondamentales avant de construire cet énorme bazar. Personne n'a tenu compte de leur avis, et nos politiques se sont précipités, sur des arguments de pure communication – on refait l'énergie du Soleil – pour qu'Iter se fasse en France.
Pourquoi ?
Parce que les Français veulent être les champions du nucléaire dans le monde. Les Japonais voulaient Iter, mais leur Prix Nobel de physique Masatoshi Koshiba a dit « pas question », à cause du risque sismique. Je pense que ce projet va s'arrêter parce que son prix augmente de façon exponentielle. Et personne ne s'est posé la question : si jamais ça marchait ? Que serait un réacteur à fusion ? Comme disent les gens de l'association négaWatt, pourquoi vouloir recréer sur Terre l'énergie du Soleil puisqu'elle nous arrive en grande quantité ?
Que répondez-vous à ceux qui pensent que l'impératif du réchauffement climatique, donc la nécessaire réduction des émissions de CO2, nous impose d'en passer par le nucléaire ?
Tout d'abord, on ne peut pas faire des émissions de CO2 le seul critère de choix entre les techniques de production d'électricité. Faut-il accepter qu'au nom du climat, tous les cinq ou dix ans, un accident de type Fukushima se produise quelque part dans le monde ? Ensuite, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a montré que si l'on voulait tenir nos objectifs de réduction des émissions de CO2, la moitié de l'effort devait porter sur les économies d'énergie. Pour l'autre moitié, le recours aux énergies renouvelables est essentiel, la part du nucléaire n'en représentant que 6 %. Il faut donc relativiser l'avantage du nucléaire.
“Comme on a fait trop de centrales, il y a eu
pression pour la consommation d'électricité,
en particulier pour son usage le plus imbécile, le
chauffage, pour lequel la France est championne.”
Vous avez commencé votre carrière au CEA et avez été un artisan de cette énergie. Que s'est-il passé ?
J'ai même fait une thèse sur le plutonium, et je ne me posais aucune question. Tout est très compartimenté au CEA, je faisais mes calculs sur la centrale EDF 3 de Chinon, n'avais aucune idée des risques d'accident ni du problème des déchets. Je travaillais avec des gens brillants. Et puis j'ai commencé à militer à la CFDT, après 68, et on s'est intéressé aux conditions de travail des travailleurs de la Hague. Je me suis aperçu que, moi, ingénieur dans mon bureau, je ne connaissais rien de leurs conditions de travail, et que les gens de la Hague ne savaient pas ce qu'était un réacteur nucléaire. On a donc écrit, en 1975, un bouquin collectif qui a été un best-seller, L'Electronucléaire en France. Le patron du CEA de l'époque a d'ailleurs reconnu la qualité de ce travail. Pour cela, j'ai travaillé pendant six mois à partir de documents américains, parce qu'en France il n'y avait rien. La CFDT a alors pris position contre le programme nucléaire. J'ai commencé à travailler sur les alternatives au nucléaire et, en 1982, je suis entré à l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie.
Cela fait trente ans... Que prôniez-vous à l'époque ?
Mais la même chose qu'aujourd'hui : économies d'énergie et énergies renouvelables ! Les principes de l'électricité photovoltaïque, donc des panneaux solaires, étaient déjà connus. Aujourd'hui, on ne parle que de l'électricité, mais ce qu'il faudrait d'abord installer partout, c'est des chauffe-eau solaires ! Rien de plus simple : un fluide caloporteur circule dans un tube sous un panneau vitré, et permet d'obtenir de l'eau à 60 degrés. L'Allemagne, pays moins ensoleillé que la France, a dix fois plus de chauffe-eau solaires. Dans le Midi, il n'y en a pas, ou si peu !
Cela ne demande pas beaucoup d'innovation...
L'innovation permet avant tout de réduire les coûts. L'éolien, sa compétitivité face au nucléaire est acquise. En ce qui concerne le photovoltaïque, les Allemands anticipent des coûts en baisse de 5 % chaque année. Il y a beaucoup de recherches à faire sur les énergies marines, les courants, l'énergie des vagues, la chaleur de la terre avec la géothermie. Les énergies renouvelables, sous un mot collectif, sont très différentes, et peuvent couvrir à peu près tous les besoins énergétiques. Les Allemands estiment qu'elles couvriront 80 % des leurs d'ici à 2050. C'est plus que crédible, à condition de toujours rechercher les économies d'énergie.
Photo : CC by HeyRocker (www.flickr.com/photos/heyrocker)
Photo : CC by HeyRocker (www.flickr.com/photos/heyrocker)
Le fait qu'on ait produit de l'électricité à partir du nucléaire à un coût modique, ne prenant pas en compte les coûts du démantèlement et de la gestion à long terme des déchets radioactifs, a-t-il pénalisé les énergies renouvelables ?
Oui, et comme on a fait trop de centrales nucléaires, il y a toujours eu pression pour la consommation d'électricité, et en particulier pour son usage le plus imbécile, le chauffage électrique, pour lequel la France est championne d'Europe. On construit des logements médiocres, l'installation de convecteurs ne coûte rien, cela crée du coup un problème de puissance électrique globale : en Europe, la différence entre la consommation moyenne et la pointe hivernale est due pour moitié à la France ! Résultat, l'hiver, nous devons acheter de l'électricité à l'Allemagne, qui produit cette électricité avec du charbon… Hors chauffage, les Français consomment encore 25 % de plus d'électricité par habitant que les Allemands. Qui n'ont pas seulement des maisons mieux isolées, mais aussi des appareils électroménagers plus efficaces, et qui font plus attention, car l'électricité est un peu plus chère chez eux.
“Les Allemands étudient des réseaux
qui combinent biomasse, hydraulique, éolien,
photovoltaïque. Ils réussissent la transition
énergétique. Parce qu'ils l'ont décidée.”
Quelles sont les grandes innovations à venir en matière d'énergie ?
Les « smart grids », les réseaux intelligents ! Grâce à l'informatique, on peut optimiser la production et la distribution d'électricité. A l'échelle d'un village, d'une ville ou d'un département, vous pilotez la consommation, vous pouvez faire en sorte, par exemple, que tous les réfrigérateurs ne démarrent pas en même temps. Les défenseurs du nucléaire mettent toujours en avant le fait que les énergies renouvelables sont fluctuantes – le vent ne souffle pas toujours, il n'y a pas toujours du soleil – pour asséner que si l'on supprime le nucléaire, il faudra tant de millions d'éoliennes... Mais tout change si l'on raisonne en termes de combinaisons ! Les Allemands étudient des réseaux qui combinent biomasse, hydraulique, éolien, photovoltaïque. Et ils travaillent sur la demande : la demande la nuit est plus faible, donc avec l'éolien, la nuit, on pompe l'eau qui va réalimenter un barrage qui fonctionnera pour la pointe de jour... C'est cela, la grande innovation de la transition énergétique, et elle est totalement opposée à un gros système centralisé comme le nucléaire. Le système du futur ? Un territoire, avec des compteurs intelligents, qui font la jonction parfaite entre consommation et production locale. Small is beautiful. Les Allemands réussissent en ce moment cette transition énergétique. Parce qu'ils l'ont décidée. C'est cela, le principal : il faut prendre la décision. Cela suppose une vraie prise de conscience.
Comment expliquez-vous l'inconscience française ?
Par l'arrogance du Corps des ingénieurs des Mines, d'une part, et la servilité des politiques, de l'autre. Une petite caste techno-bureaucratique a gouverné les questions énergétiques depuis toujours, puisque ce sont eux qui tenaient les Charbonnages, puis le pétrole, et ensuite le nucléaire. Ils ont toujours poussé jusqu'à l'extrême, et imposé aux politiques, la manie mono-énergétique.
Cela vient de notre pouvoir centralisé ?
Complètement ! Dans les années 1970, un chercheur suédois a écrit une étude sur le fait que le nucléaire marche dans certains pays et pas dans d'autres. Et il en a conclu qu'une structure politico-administrative autoritaire et centralisée avait permis qu'il se développe dans deux pays : l'URSS et la France. Pour de fausses raisons – indépendance énergétique, puissance de la France –, on maintient le lien entre le nucléaire civil et militaire – le CEA a une branche applications militaires, Areva fournit du plutonium à l'armée. Ce complexe militaro-étatico-industriel fait qu'ici on considère madame Merkel comme une folle. Au lieu de se dire que si les Allemands font autrement, on pourrait peut-être regarder… Non, on décide que les Allemands sont des cons. Nos responsables claironnent qu'on a les réacteurs les plus sûrs, que le nucléaire c'est l'avenir, et qu'on va en vendre partout. C'est l'argument qu'on utilise depuis toujours, et on a vendu péniblement neuf réacteurs en cinquante ans, plus les deux qui sont en construction en Chine. Ce n'est pas ce qui était prévu… En dix ans, les Allemands, eux, ont créé près de 400 000 emplois dans les énergies renouvelables.
En dehors des écologistes, personne, y compris à gauche, ne remet en cause le nucléaire...
Les choses évoluent vite. Fukushima ébranle les pro-nucléaire honnêtes. Je pense que la décision allemande aura une influence, pas sur nos dirigeants actuels, mais sur nos industriels et aussi sur les financiers. Ils doivent se dire : vais-je continuer à mettre mes billes dans un truc comme ça ? Il y avait jadis l'alliance Areva-Siemens pour proposer des réacteurs EPR, mais Siemens en est sorti depuis des années. On peut toujours se rassurer en pensant que les Allemands se trompent, mais on peut difficilement soutenir qu'ils aient fait ces dernières décennies de mauvais choix et que leur industrie soit faiblarde...
Les écologistes peuvent-ils peser sur les socialistes ?
Bien sûr. Déjà, en 2000, tout était prêt pour l'EPR, mais Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, a dit à Lionel Jospin : « Si tu fais l'EPR, je démissionne. » C'est la seule fois où elle a mis sa démission dans la balance et l'EPR ne s'est pas fait à l'époque. Je travaillais auprès d'elle comme conseiller sur ces questions, j'ai pondu trois cent cinquante notes. Il y avait une bagarre quotidienne entre le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Industrie, qui se moquait complètement de la sécurité. Malheureusement, l'EPR est reparti avec Chirac en 2002. Et il va nous coûter très cher. En un demi-siècle, on a gaspillé l'énergie, on a fait n'importe quoi. Il est urgent de choisir une civilisation énergétique qui ne menace pas la vie.
Propos recueillis par Vincent Remy
Télérama n° 3205
gérard menvussa- Messages : 6658
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Re: L'énergie nucléaire
Grosse revue de presse (papier et vidéo) 15-17/06
nico37- Messages : 7067
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Le père du Nautilus condamne l’atome
Source: http://www.contratom.ch/spip/spip.php?article25
Les antinucléaires sont-ils des caractériels, débiles, attardés ou incompétents comme semblent souvent vouloir le penser certains défenseurs de l’atome ? Les déclarations de 1982 de l’amiral Rickover devant le Congrès américain médusé démentent cette croyance par ailleurs totalement infondée.
Le 28 janvier 1982, devant le très influent Joint Economic Committee du Congrès des Etats-Unis, l’amiral Hyman Rickover déclarait : « Peu à peu la somme des radiations sur cette planète s’est réduite, rendant possible l’apparition d’une forme de vie. Or, quand nous utilisons l’énergie nucléaire, c’est une sorte de régression : nous créons quelque chose que la nature a essayé de détruire pour rendre la vie possible. Je crois qu’au bout la race humaine va s’anéantir elle-même, et il est beaucoup plus important de contrôler cette force horrible et d’essayer de l’éliminer, que de l’utiliser, fût-ce pour des raisons médicales ou pour produire de l’électricité ».
Mais de quelle mission ce personnage était-il chargé pour tenir devant une telle assemblée des propos aussi scandaleux et qui était-il ? Un incompétent notoire, un attardé sénile ? Pas tout à fait, l’amiral fut le père de la propulsion nucléaire – le sous-marin Nautilus – et de l’électricité nucléaire. Sans lui, ces deux techniques ne seraient pas devenues opérationnelles aussi vite. Et surtout, sans lui, la stratégie de la dissuasion n’aurait pas disposé de sa base, indétectable et toujours capable de répliquer à une première frappe préemptive, qu’est le sous-marin nucléaire.
Ce jour-là, le Congrès a voulu rendre hommage à ce fils de tailleur juif, né en 1900, émigré aux Etats-Unis à l’âge de six ans et qui, pour la dernière fois s’adresse à ses membres en tant qu’officier d’active. Le sénateur Proxmire l’accueille par ces mots : « Au Japon, ceux qui ont démontré leur valeur par une vie entière de services productifs sont officiellement déclarés des « Trésors nationaux ». Ainsi le gouvernement et la nation s’assurent-ils que ces individus vont continuer à contribuer, par leurs aptitudes et leur talents, au bien commun. Aujourd’hui, je vous déclare un Monument national ».
Rickover, ce self-made-man, ce magicien de l’ingénierie et des relations publiques, qui sait résoudre en peu de temps les problèmes dont les spécialistes affirment que la solution exigera plusieurs décennies ; ce modèle du parfait serviteur de la Nation, aussi honnête qu’efficace… doit la longévité de la carrière, unique dans toute l’histoire des Etats-Unis, à ce Congrès auquel il rend également hommage.
Soixante-trois ans de service actif : aucun soldat, aucun fonctionnaire ne sera maintenu si longtemps en fonction. Contre vents et marées, malgré la règle, l’opposition de ses supérieurs et même celle de plusieurs présidents.
Dans le système technique qu’il créa, pas plus que dans le corps de techniciens qu’il commandait, il n’y avait de place pour la moindre faiblesse humaine. Une seule exigence : la compétence. Les « nucs » étaient sélectionnés sur la base des plus stricts critères du mérite, et leurs résultats exclusivement évalués à l’aune de l’excellence. Ce fut une révolution dans les structures militaires où par définition le grade doit prévaloir sur la compétence. Aucune autre priorité n’existait que de venir à bout des programmes dont il avait la charge. Puisqu’il affirmait que c’était possible et puisque le Congrès lui avait confié la tâche de la réaliser, il lancerait le premier sous-marin nucléaire, malgré l’hostilité des uns et le scepticisme des autres et ce, dans les délais qu’il s’était lui-même fixés.
Mais revenons à cette séance du congrès. L’emphase ne peut pas être assez grande en ce jour où, finalement, le vieil amiral est mis à la retraite. L’Amérique lui doit sa flotte atomique et la maîtrise des centrales nucléaires productrice d’électricité. Le sénateur Proxmire fait une remarque : « Le nucléaire civil est pratiquement bloqué dans note pays. Dans mon Etat, par exemple, 30 % de l’électricité viennent du nucléaire, et cependant on me dit qu’il n’y a plus de plan ni même d’espoir pour de nouvelles centrales ».
C’est alors que le commandant des « nucs », l’apôtre et l’architecte des moteurs atomiques, va surprendre son auditoire. Il évoque soudain « les dommages potentiels d’un dégagement radioactif pour les générations futures » et provoque la stupéfaction de l’assistance, prête à tout entendre de lui – sauf cette dénonciation sans merci des applications de l’atome. Le voici pour la première fois comme intimidé devant ce qu’il s’apprête à dire ; il introduit son exposé par cette formule : « Je vais être philosophique ». Et il proclame que le nucléaire est un mal absolu à combattre et à éradiquer, non pas seulement les applications militaires , mais encore toutes les applications civiles, des centrales de puissance aux appareils et aux sous-produits destinés à un usage médical.
Habitués pourtant au franc parler de l’amiral, les membres du Congrès n’en croient pas leurs oreilles et ils lui font répéter (voir plus haut) ce qui dans sa bouche d’expert et d’officier, apparaît aussi saugrenu que s’il désertait devant l’ennemi.
« Eh bien, dit le sénateur Proxmire, je n’aurais jamais pensé que quelqu’un qui a vécu si près de l’énergie nucléaire, qui est un tel expert, qui a fait à ce point avancer son domaine, se mettrait à souligner, comme vous dites, que l’atome détruit la vie ! »
« Je ne crois pas que l’énergie nucléaire vaille la moindre peine si elle crée des radiations… » répondit l’amiral.
Guy Demenge
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
nombreux incidents à la centrale de Paluel :
Fuites à répétition, rejets de gaz radioactif, déclenchements de balises d'alertes, contaminations de travailleurs : depuis plus d'un mois, l'une des plus grosses centrales nucléaires françaises, le site de Paluel, en Haute-Normandie, connaît des dysfonctionnements en série. La multiplication des incidents crée un vent de panique chez les agents qui y travaillent, selon des témoignages et des documents exclusifs recueillis par Mediapart. La centrale de Paluel produit, à elle seule, environ 7% de l'électricité nationale.
L'inquiétude collective commence à se manifester sur Internet : «Centrale de Paluel : EDF sur les traces de Tepco ?» Cette formule provocatrice, qui compare l'électricien français à l'exploitant de la centrale de Fukushima, n'émane pas d'un groupe antinucléaire. Elle figure en tête d'un communiqué de la CGT de la région dieppoise (à lire ici), où se trouve la centrale de Paluel.
Avec quatre réacteurs de 1300 mégawatts (MW), ce site qui emploie 1250 salariés d'EDF est l'une des trois plus importantes centrales nucléaires françaises (avec celles de Gravelines et de Cattenom). Mis en service entre décembre 1985 et juin 1986, le site de Paluel n'a pas posé de problème particulier pendant les deux premières décennies de son fonctionnement.
La centrale de Paluel (photo EDF).
La centrale de Paluel (photo EDF).
Mais depuis quelque temps, divers problèmes techniques se sont accumulés sur le réacteur n°3, que l'un de nos interlocuteurs qualifie de «tranche la plus poissarde du site» : une fuite d'huile sur l'alternateur, une fuite d'eau du circuit primaire, une fuite de gaz radioactif dans le bâtiment réacteur, ainsi qu'une fuite dans une ou plusieurs gaines de combustible.
Jusqu'ici occultés, ces dysfonctionnements ne sont pas contestés par la direction de la centrale. Mais l'interprétation de leur gravité diverge radicalement d'une source à l'autre. Tous s'accordent cependant à décrire une inquiétude grandissante chez les agents et, pour certains, de l'angoisse et de la panique. L'un de nos interlocuteurs parle même de «terreur étouffée»!
Il raconte qu'un bâtiment proche du réacteur a dû être évacué plusieurs fois à cause du déclenchement de l'alarme mesurant la présence de gaz nocifs dans l'air. Des salariés «ont forcé des coffrets contenant des pastilles d'iode» pour se prémunir contre une éventuelle contamination. Cette réaction révèle un niveau élevé de stress chez des personnels pourtant formés à travailler dans le contexte particulier des installations nucléaires. Inquiétude nourrie par le fait que «l'alarme se déclenchait tout le temps», selon une autre source. Si bien que les seuils de détection de ces rejets gazeux ont fini par être relevés pour obtenir le silence.
«Le xénon, c'est comme une cigarette»
Pour remédier à certaines des fuites, le réacteur n°3 de Paluel a fait l'objet d'un arrêt lors du week-end de la Pentecôte. Un «arrêt à chaud» dans lequel le réacteur tourne au ralenti sans être complètement arrêté. Seize agents EDF et sous-traitants ont accidentellement inhalé du xénon, un gaz radioactif, lors de cette intervention. Ils ont été contaminés : des traces de ce gaz rare ont été trouvées à l'intérieur de leur organisme.
L'un d'entre eux explique à Mediapart avoir travaillé sans porter la cagoule et la bouteille d'oxygène permettant de ne pas respirer l'air environnant. «La réserve de l'appareil respiratoire individuel est trop limitée par rapport au temps d'intervention, cela nous aurait obligé à entrer et sortir plusieurs fois du bâtiment, ce qui aurait prolongé le temps d'intervention», ajoute-t-il, sous le sceau de l'anonymat.
Faux, conteste Claire Delebarre, chargée en communication de la centrale de Paluel : «Ils n'ont pas porté leur appareil respiratoire car ils n'en avaient pas besoin.» Et d'ajouter : «Il ne s'agit pas de contaminations internes car le xénon ne se fixe pas dans l'organisme, il est rejeté au bout de quelques expirations, c'est comme une cigarette.»
La quantité de gaz inhalé par ces agents est minime et sans danger, assure un militant CGT de la centrale qui a étudié le cas de ces personnes. «C'est en dessous des seuils acceptables reconnus par l'Autorité de sûreté du nucléaire», confirme le salarié contaminé. Mais «seize personnes contaminées, c'est énorme!» commente un autre agent. Et cela prouve, d'après lui, la présence d'une grande quantité de gaz radioactif dans la salle où ont travaillé les volontaires de la Pentecôte. L'un des travailleurs pressentis aurait refusé de participer à l'intervention, jugeant les conditions trop peu sûres.
Schéma de principe d'un réacteur nucléaire du parc français
Schéma de principe d'un réacteur nucléaire du parc français
Le 21 juin, l'incident de la Pentecôte n'avait pas été signalé par l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) sur son site internet. Au demeurant, il ne lui a même pas été notifié. «C'est normal, ce n'est pas un événement, on est dans le ressenti», répond le service communication de la centrale. «Les faits sont dissimulés», veut croire un agent de Paluel. Au local d'un syndicat de la centrale, contacté par téléphone, la première réaction est lapidaire : «Seize contaminations ? Mais c'est un roman que vous écrivez !»
Il ne s'agit pas d'une fiction, mais bien de la réalité. Qui plus est, l'intervention de la Pentecôte n'a résolu qu'une partie du problème : la fuite gazeuse est aujourd'hui réparée, mais l'eau du circuit primaire, elle, s'échappe toujours. La réparation est reportée. Les ennuis de l'alternateur avaient été traités précédemment. Mais il reste la fuite qui affecte une ou plusieurs gaines de combustible. Là, pas de réparation possible : il faut arrêter le réacteur et remplacer les éléments de combustible défaillants. Or, cela ne se fera qu'au prochain arrêt de tranche programmé, dans environ un an.
De toutes les difficultés qui affectent Paluel, la plus inquiétante est la défectuosité de certaines gaines de combustible, estime l'une de nos sources. Pourquoi ? Parce que ces gaines en alliage métallique constituent la première des barrières qui isolent la matière radioactive de l'environnement extérieur. Elles ont la forme de longs cylindres dans lesquels sont empilées de petites pastilles d'uranium radioactif. Ces «crayons» sont réunis en «assemblages» qui forment le cœur du réacteur.
«C'est comme du vin, parfois, il est bouchonné»
Le réacteur est une sorte de chaudière : les réactions nucléaires qui se produisent dans le combustible radioactif font chauffer l'eau du circuit primaire, qui à son tour transfère sa chaleur au circuit secondaire ; l'eau du circuit secondaire est vaporisée et la vapeur fait tourner la turbine qui produit l'électricité.
Le combustible radioactif, contrairement au charbon d'une chaudière classique, ne doit jamais être en contact avec l'environnement extérieur. A cette fin, les autorités nucléaires françaises ont élaboré une «doctrine de la sûreté» dont un principe de base consiste à enfermer la matière radioactive derrière trois «barrières»: d'abord la gaine du combustible ; ensuite la cuve et le circuit primaire ; enfin, l'enceinte de confinement du réacteur.
Les trois barrières de protection du combustible radioactif.
Les trois barrières de protection du combustible radioactif.
Or, à la centrale de Paluel, il est avéré, par les témoignages que nous avons recueillis et les documents que nous avons pu consulter, qu'au moins un assemblage du cœur de la tranche 3 contient un ou plusieurs crayons défectueux. Autrement dit, dont la gaine est fissurée. Comme il y a toujours une fuite dans le circuit primaire, cela signifie que deux des trois fameuses barrières ne sont plus étanches. Le ou les assemblages en cause sont neufs et ont été placés dans le cœur lors du dernier rechargement, survenu en mars 2011. D'après la direction de la centrale, les éléments concernés ont été fabriqués par Westinghouse.
«On est en train de pourrir tout le bâtiment réacteur !» s'inquiète un agent, qui considère que la fuite actuelle de combustible à Paluel «peut basculer sur des phénomènes incontrôlables». Or EDF a pour l'instant décidé de laisser tourner le réacteur en l'état, potentiellement jusqu'à la fin du cycle (autrement dit le prochain arrêt pour rechargement du combustible), dans un an environ. «Je ne comprends pas qu'on ne décide pas d'arrêter», insiste l'une de nos sources.
«Ce sont des micro-fuites, elles n'ont pas de conséquences directes sur le personnel : elles sont mesurées, analysées, contrôlées, maîtrisées», explique un militant de la CGT de Paluel. «Nos investigations indiquent qu'il y a un défaut de gainage, mais ce n'est pas une rupture, c'est légèrement poreux, et cela ne concerne qu'un seul assemblage», assure Claire Delebarre, la chargée de la communication de la centrale de Paluel. Rappelons qu'un assemblage contient 264 crayons, soit 264 possibles sources de fuite. Mais «fonctionner avec une légère fuite, ce n'est pas grave en soi. C'est comme du vin, parfois, il est bouchonné !» assure la communicante du site de Paluel.
La radioactivité occasionnée par la fuite est estimée à 30.000 MBq/t (mégabecquerels par tonne d'eau), sachant qu'à partir de 100.000 Mbq/t par jour pendant sept jours consécutifs, un réacteur doit impérativement être mis à l'arrêt. Les problèmes techniques de Paluel révèlent ainsi le secret le mieux caché au grand public mais le plus connu du monde du nucléaire : en contradiction flagrante avec la doctrine de sûreté martelée par l'autorité de sûreté, des centrales fuient, et en toute légalité !
«Des fuites, il y en a, c'est normal, ce sont des incidents d'exploitation tout à fait classiques», poursuit Claire Delebarre. Sollicitée par Mediapart, l'ASN ne nous a pas répondu à l'heure où nous mettons en ligne cet article.
«Les fuites, c'est normal»
«Les fuites, c'est normal, il y en a toujours eu dans le nucléaire», explique un spécialiste de la radioprotection. C'est si vrai que Mediapart a pu reconstituer un long historique des fuites de gaines de combustibles dans les centrales françaises. Une chronologie qui ne date pas d'hier puisqu'elle remonte à... il y a douze ans.
Le premier événement date d'octobre 1999 : à la centrale de Cattenom, en Lorraine, on détecte un taux élevé de radioactivité sur le circuit primaire et la présence de xénon 133. En août 2000, des mesures révèlent la dissémination de combustible dans le circuit primaire, et en septembre, de l'activité alpha qui témoigne d'une rupture de gaine sérieuse. Le 15 mars 2001, EDF découvre 28 assemblages de combustibles présentant des défauts d'étanchéité. L'incident est classé au niveau 1.
Après Cattenom, des pertes d'étanchéité de crayons de combustible ont affecté la centrale de Nogent-sur-Seine, à 50 km de Troyes. Cette fois, le problème était lié à un élément nouveau : les crayons défectueux étaient fabriqués dans un nouvel alliage au zirconium appelé «M5», différent du zircaloy 4 utilisé habituellement. L'alliage M5, produit par Areva, a été introduit par EDF afin d'améliorer la rentabilité du combustible : il s'agit d'augmenter le «taux de combustion», ce qui permet de réduire le nombre d'arrêts pour rechargement du cœur.
Mais ce M5 entraîne une complication imprévue : le taux de défaillances des crayons est, d'après une étude de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), «quatre à cinq fois supérieur à celui des crayons à gainage en zircaloy 4». En 2002, le premier cycle réalisé avec une recharge complète de M5 dans un réacteur, la tranche 2 de Nogent, «a dû être arrêté suite à une contamination du circuit primaire après un record de 39 ruptures de gaines sur 23 assemblages», d'après une étude du cabinet indépendant Global Chance (Cahiers de Global Chance, n°25, septembre 2008).
Exemples de fissures de gaines observées à Cattenom (Photo DSIN).
Exemples de fissures de gaines observées à Cattenom (Photo DSIN).
Au total, entre 2001 et 2008, une trentaine de fuites d'assemblages de combustible en alliage M5 ont été détectées, d'après l'IRSN. En 2006, l'ASN a estimé qu'il était nécessaire «d'adopter une démarche prudente» quant à l'introduction du M5. EDF a fait des efforts pour améliorer la fabrication des assemblages et éliminer les défauts, mais ils n'ont pas disparu.
En 2008, selon l'IRSN, «du combustible à gainage en alliage M5 (était) présent dans 17 des réacteurs de 900 MW, trois réacteurs de 1300 MW et les quatre réacteurs de 1450 MW», ce qui représente environ la moitié du parc. Depuis, le déploiement de l'alliage M5 s'est poursuivi et en particulier, il est présent dans les nouveaux assemblages de Paluel
«Les liquidateurs de tous les jours»
En fait, dès 2006, les gaines de combustibles ont connu des défaillances à Paluel. Cette année-là, un arrêt de tranche se prépare sur le réacteur n°4. Les agents sont prévenus qu'il risque d'être «dosant», c'est-à-dire de les exposer à de fortes doses de rayonnements ionisants. «L'indice de radioactivité de la tranche était 50 fois supérieur à celui de la tranche d'à côté», se souvient Philippe Billard, alors décontaminateur du site, et militant CGT.
Ce haut niveau d'activité l'inquiète. Il dépose un droit d'alerte et s'affronte au staff EDF de la radioprotection qui lui reproche d'exagérer. L'intervention est maintenue. Lors d'une opération de décontamination du matériel, des salariés de Framatome – l'ancien nom d'Areva – expertisent l'état du combustible à l'aide d'une caméra placée sous l'eau : «J'ai vu les films, j'ai vu les gaines de combustible : sur 15 cm, il y avait plus rien, raconte Philippe Billard. La gaine était ouverte, il y avait une fente, et derrière, il n'y avait plus rien. Les pastilles de combustible avaient dégagé. Elles étaient passées dans le circuit primaire.»
Au cours de cet arrêt de tranche de 30 jours, certains agents reçoivent la moitié de la dose annuelle autorisée de radioactivité. Parmi eux, un agent de conduite EDF a fait examiner ses selles. Mediapart a eu accès au résultat de son examen médical (voir ci-dessous) : son organisme recèle des traces de césium, d'uranium et de plutonium. Tous cancérigènes à partir d'une certaine dose.
Traces d'uranium dans le résultat d'analyse médicale de l'agent contaminé.
Traces d'uranium dans le résultat d'analyse médicale de l'agent contaminé.
Traces de plutonium dans le résultat d'analyse médicale de l'agent contaminé
Traces de plutonium dans le résultat d'analyse médicale de l'agent contaminé
«Il avait avalé des poussières radioactives», explique Philippe Billard. Des microdoses, chaque fois en dessous des normes, qui ne s'en accumulent pas moins dans l'organisme. Le syndicaliste adresse alors un courrier à la direction de la centrale (voir ci-dessous) pour l'alerter sur la présence de rayonnement alpha, très dangereux pour la santé, sur la tranche n°4. L'homme contaminé a depuis quitté le nucléaire.
Courrier d'alerte de 2006 sur les rayonnements alpha
Courrier d'alerte de 2006 sur les rayonnements alpha
Philippe Billard, lui, a fondé une association, «Santé-sous-traitance». Pour défendre la santé des sous-traitants qui représentent aujourd'hui environ la moitié des travailleurs du nucléaire. «La peur aujourd'hui de la population dans un accident nucléaire, c'est d'être contaminée et d'attraper un cancer. Eh bien nous, nous sommes contaminés régulièrement dans les centrales. Et on attrape des cancers. L'accident est déjà arrivé chez nous. Nous sommes les liquidateurs de tous les jours.»
Des liquidateurs en France ? Ne nous a-t-on pas dit et répété que la catastrophe, c'était pour les autres, ceux qui n'appliquent pas nos principes de sûreté, qui n'ont pas la chance de posséder notre organisation d'expertise et notre autorité nucléaire «indépendante»?
Ni franchement catastrophique ni vraiment rassurante, la situation de Paluel illustre au quotidien le fait que le système est vulnérable. Qu'il fonctionne avec des défaillances permanentes techniques et humaines, qui alimentent un climat général de méfiance, sinon de paranoïa. Que les grands principes de la sûreté ne sont pas respectés dans la dure réalité. Que la course à la productivité tend à prendre le pas sur l'exigence de sécurité. Et que la multiplication des contraintes à respecter pour que ce système continue à fonctionner le rend de plus en plus inhumain.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Siutation alarmante des centrales de Russie
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/06/22/situation-alarmante-dans-les-centrales-nucleaires-russes/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Paluel-Tricastin : même combat. Il faut arrêter ça tout de suite.
L'opinion mondiale hostile à 62% au nucléaire, selon un sondage
Reuters – il y a 21 minutes
NEW YORK (Reuters) - L'opinion internationale, visiblement touchée par la catastrophe de Fukushima, est hostile à 62% à l'énergie nucléaire, selon un sondage Ipsos/Reuters effectué dans 24 pays auprès de 19.000 personnes.
La filière, dont les opposants ont progressé de 26%, est désormais devancée par le solaire, l'éolien, l'hydraulique et même par les solutions thermiques au gaz naturel et au charbon.
Pour les trois quarts des sondés, dont les plus hostiles se trouvent en Allemagne, en Italie et au Mexique, l'énergie nucléaire sera bientôt obsolète.
"La catastrophe de Fukushima a clairement eu un impact énorme sur l'opinion mondiale", observe Henri Wallard, directeur général adjoint d'Ipsos.
La quasi totalité (95%) de l'échantillon a entendu parler de l'accident de Fukushima, qui a suivi le séisme et le tsunami du 11 mars, et près de 70% jugent qu'aucune centrale n'est à l'abri d'événements imprévisibles.
Curieusement, 45% des Japonais continuent à considérer la filière nucléaire comme une source d'énergie viable et 71% sont favorables à sa modernisation.
"Les Japonais continuent à faire preuve de réalisme. Ils pensent que l'énergie nucléaire fera encore partie de leur dispositif énergétique pendant un moment", analyse Henri Wallard.
C'est en Inde, en Pologne et aux Etats-Unis que le nucléaire réunit le plus de partisans. Ils y restent en outre majoritaires.
Patricia Reaney, Jean-Philippe Lefief pour le service français
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
La Région Auvergne demande la sortie du nucléaire
http://groupes.sortirdunucleaire.org/France-La-region-Auvergne-demande
On avance: un seul contre (PS) et l'UMP s'est abstenue. Ils tiennent à leur fauteuil...
On avance: un seul contre (PS) et l'UMP s'est abstenue. Ils tiennent à leur fauteuil...
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
C'est la 1ière fois que nous en entendons parler alors que ça fait 2 mois... Même si nous ne suivons pas l'actualité locale, ça nous paraît être un blocage de l'info... Typique : le Pouvoir Elyséen tente de bloquer tout ce qui ne va pas dans son sens...
Tu vois Vals, ici nous n'avons pas de centrales nucléaires, mais nous ne mourons ni de faim, ni de froid (et pourtant ça caille en ce moment, surtout pour un été ...).
Tu vois Vals, ici nous n'avons pas de centrales nucléaires, mais nous ne mourons ni de faim, ni de froid (et pourtant ça caille en ce moment, surtout pour un été ...).
BouffonVert72- Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 52
Localisation : sur mon réformiste planeur
Re: L'énergie nucléaire
Tu vois Vals, ici nous n'avons pas de centrales nucléaires, mais nous ne mourons ni de faim, ni de froid (et pourtant ça caille en ce moment, surtout pour un été ...).
Là tu pousses mémé dans les orties, elle vient d'où l'électricité chez toi ? En France les 3/4 viennent du nucléaire, y compris dans les régions qui n'en produisent pas et une bonne partie des vertueux antinucléaires allemands ou italiens se disent qu'ils vont toujours pouvoir acheter à ces couillons de français. Ça leur évitera des recherches sur les énergies durables....
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: L'énergie nucléaire
Yannalan
une bonne partie des vertueux antinucléaires allemands ou italiens se disent qu'ils vont toujours pouvoir acheter à ces couillons de français
Je ne dispose pas d'infos sur l'état d'esprit des anti-nucléaires allemands et italiens. Mais, s'il est probable que les gouvernements de ces pays raisonnent de cette façon, et veulent éviter de se heurter à la majorité de l'opinion, les "vrais" anti-nucléaires sont bien conscients qu'un accident grave en France pourrait avoir des répercussions dans toute l'Europe...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: L'énergie nucléaire
Yannalan, tu reproduis in extenso la propagande du lobby nuclérocrate français, mais il n'est pas interdit de réfléchir. Par exemple que actuellement, c'est plutôt la France qui achète de l'énergie aux allemands (parce que la france est suréquippée en chauffage électrique et que le nucléaire n'arrive pas à produire en hivers) Quand à la "recherche sur les energies durables", l'allemagne là aussi jouit d'une avance considérable sur la france...une bonne partie des vertueux antinucléaires allemands ou italiens se disent qu'ils vont toujours pouvoir acheter à ces couillons de français. Ça leur évitera des recherches sur les énergies durables....
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
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