Où va la crise ?
+22
nico37
lieva
Vals
Sire Jeans
le glode
verié2
fée clochette
erouville
Copas
BouffonVert72
topaze
alexi
panchoa
Eninel
Gaston Lefranc
Vérosa_2
Roseau
sylvestre
gérard menvussa
irneh09218
rougeole
lucas
26 participants
Page 6 sur 40
Page 6 sur 40 • 1 ... 5, 6, 7 ... 23 ... 40
Re: Où va la crise ?
actualité de la crise : COMPARAISON DONNE PARFOIS RAISON, par François Leclerc
21 mars 2011
21 mars 2011
Se poursuivant tous les deux vers des issues incertaines, la crise financière et l’accident nucléaire de Fukushima auraient-ils des points communs ? Paul Jorion a déjà évoqué la similitude des faux remèdes qui y sont dans les deux cas apportés : l’inondation des banques par des liquidités et celle des réacteurs par de l’eau. Permettant seulement de gagner du temps, mais pas davantage.
Un autre rapprochement est éclairant : celui de l’interpénétration étroite de l’État par l’industrie nucléaire, de même nature et selon la même méthode que celle que l’on constate dans le cas de l’industrie financière. Contribuant dans les deux cas à la formation d’un système oligarchique opaque et centralisé.
Dans le domaine financier, le cas américain est particulièrement flagrant, mis à jour avec force détails par Simon Johnson, dans un article publié par The Atlantic Review, qui fait désormais date.
Dans celui du nucléaire, l’exemple japonais est très éclairant. D’étroites relations se traduisent notamment par des allers-retours des hauts cadres entre les compagnies d’électricité, regroupées au sein de la Fédération japonaise des compagnies d’électricité (FEPC), et le tout puissant Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI). Un même phénomène est constaté.
Sous un troisième angle, et non des moindres, le parallèle peut être poursuivi. Dans les deux cas, nous avons en effet affaire à une activité marquée par une forte opacité, qui se manifeste de multiples façons.
L’expression d’origine américaine shadow banking symbolise l’absence de transparence pour l’activité financière. Les situations de crise fournissent de nombreux exemples de rétention d’informations dans l’industrie nucléaire. De manière similaire, les principaux responsables déploient un discours omniprésent et auto-justificatif destiné à marginaliser toute interrogation et mise en cause. A la noyer, pourrait-on même dire. A escamoter l’information, dont la circulation est à la source de tout exercice démocratique, mais également à la pervertir en utilisant les médias rabaissés au rang de haut-parleurs.
Souvent exercice formel, cette même démocratie est proscrite dans ces nouvelles citadelles qui s’affichent sous le slogan de la modernité. Il n’en est pas d’expression plus achevée que l’indépendance des banques centrales, cette fiction entretenue dont la justification officielle repose sur la méfiance des dirigeants élus. Et que l’on prétend élargir, afin d’imposer dans le domaine économique de nouveaux diktats automatiques.
Enfouis dans les bilans des banques, les actifs sont toxiques, comme le sont les radio-éléments qui par contre s’échappent parfois malencontreusement des réacteurs. Présentées comme indispensables, les industries nucléaire et financière font la démonstration qu’elles présentent de nombreuses facettes néfastes au sein desquelles il est désormais crucial et urgent d’opérer un tri sans concession. En l’état, leurs bienfaits reposent sur des prises de risques – incontrôlés malgré toutes les fausses assurances – que nous n’avons tout simplement pas les moyens de prendre.
Décidément, il n’est pas outré d’affirmer le capitalisme à l’agonie.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Où va la crise ?
Conférence Sociale de Printemps
Le pacte européen de compétitivité est inacceptable. Il y a des alternatives ! Nous lutterons pour les affirmer
http://www.cadtm.org/Le-pacte-europeen-de-competitivite
Le pacte européen de compétitivité est inacceptable. Il y a des alternatives ! Nous lutterons pour les affirmer
http://www.cadtm.org/Le-pacte-europeen-de-competitivite
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Où va la crise ?
Dans un contexte de suraccumulation structurelle du capital dans les pays impérialistes, les pays qui subissent le plus la crise sont les pays où les attaques contre les travailleurs ont été les moins fortes :
Deux ans et demi après l’éclatement de la crise économique mondiale, les pays impérialistes conservent et conserveront des taux de croissance très faibles. Après un bref état des lieux, nous nous concentrerons sur la situation dans l’Union européenne : les « perdants » sont les pays où le coût du travail a augmenté le plus ces dernières années, et où la bourgeoisie n’a d’autre choix que d’imposer des cures d’austérité d’une violence inouïe ; les « gagnants » (relatifs) sont les pays qui avaient mené les attaques les plus dures contre les travailleurs avant le déclenchement de la crise, et qui parviennent aujourd’hui à limiter la casse et à profiter du dynamisme des économies « émergentes ». Dans un contexte de suraccumulation durable, il n’y a pas de marge de manœuvre pour une amélioration de la situation des travailleurs, comme veulent nous le faire croire les réformistes. La seule alternative dans le cadre du capitalisme est la « purge » de cette suraccumulation par une destruction massive de capital, par la guerre ou un tsunami de faillites d’entreprises, avec des conséquences encore plus dramatiques pour les travailleurs.
Suite de la contribution : http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=223
Deux ans et demi après l’éclatement de la crise économique mondiale, les pays impérialistes conservent et conserveront des taux de croissance très faibles. Après un bref état des lieux, nous nous concentrerons sur la situation dans l’Union européenne : les « perdants » sont les pays où le coût du travail a augmenté le plus ces dernières années, et où la bourgeoisie n’a d’autre choix que d’imposer des cures d’austérité d’une violence inouïe ; les « gagnants » (relatifs) sont les pays qui avaient mené les attaques les plus dures contre les travailleurs avant le déclenchement de la crise, et qui parviennent aujourd’hui à limiter la casse et à profiter du dynamisme des économies « émergentes ». Dans un contexte de suraccumulation durable, il n’y a pas de marge de manœuvre pour une amélioration de la situation des travailleurs, comme veulent nous le faire croire les réformistes. La seule alternative dans le cadre du capitalisme est la « purge » de cette suraccumulation par une destruction massive de capital, par la guerre ou un tsunami de faillites d’entreprises, avec des conséquences encore plus dramatiques pour les travailleurs.
Suite de la contribution : http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=223
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
Répugnant !
Les guerres sociales de part le monde s'approfondissent. Les mobilisations se multiplient. Osez encore lever les bâtons sur les miséreux !
Qui sème la misère, récolte la colère !
Invité- Invité
Re: Où va la crise ?
Sur le pacte de compétitivité.
Entretien avec Michel Husson
http://www.npa2009.org/content/sur-le-pacte-de-comp%C3%A9titivit%C3%A9-entretien-avec-michel-husson
Entretien avec Michel Husson
http://www.npa2009.org/content/sur-le-pacte-de-comp%C3%A9titivit%C3%A9-entretien-avec-michel-husson
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
LE CAPITALISME à l’agonie par Paul Jorion
http://www.pauljorion.com/blog/
Droit à la propriété et éthique
« …L’explication de cet antagonisme entre deux principes que nos sociétés considèrent comme également intangibles, le droit à la propriété et l’éthique, est en réalité historique: ils sont parvenus jusqu’à nous comme les produits de deux traditions distinctes, l’une inégalitaire, qui nous vient des maîtres autoproclamés et qui met l’accent sur la particularité, génératrice de différences entre les hommes, l’autre, égalitaire, qui nous vient des perdants, des esclaves haïssant l’ordre ancien, mettant en avant l’universalité, soulignant l’identité des hommes entre eux. Le droit à la propriété, étant inégalitaire, et l’éthique, égalitaire, ces deux principes sont en effet inconciliables.
Kojève, lecteur de Hegel, a retracé la logique historique qui préside à cette incompatibilité. Ainsi, la propriété privée dérive du droit du premier occupant et de la lutte que celui-ci est prêt à mener pour défendre sa possession. Il écrit:
« L’« occupant » - et en particulier le « premier occupant » - n’a un droit de propriété que dans la mesure où il est censé vouloir risquer sa vie en fonction de la chose qu’il « occupe », tandis que les autres sont censés refuser ce risque pour la chose « occupée ». […] Un voleur, brigand, etc., peut risquer sa vie en fait. Mais ce risque n’est pas son but. Et c’est pour la possession qu’il risque sa vie, non pour la propriété. Il risque donc sa vie en animal, et c’est pourquoi ce risque ne crée aucun droit » (Kojève 1981 : 535).
Cette lutte du propriétaire premier occupant se calque sur le modèle de la « lutte à mort » qui fonde l’apparition d’un « ordre » de seigneurs guerriers: seuls sont dignes d’en faire partie ceux qui se sont montrés prêts à mettre leur vie en péril pour l’obtenir du vaincu la reconnaissance de leur supériorité et la justification a posteriori de leur appartenance à cet ordre des vainqueurs. Le propriétaire, à un stade historique ultérieur, réclame une reconnaissance du même type à la mesure - quantitative - du volume de ses propriétés, bien que la lutte qu’il doive éventuellement mener pour les défendre n’ait plus pour prix sa vie, mais une simple somme d’argent, et ne se déroule plus sur un champ de bataille, ou sur le pré au petit matin, mais dans les couloirs du tribunal où il brandit pour preuves ses contrats.
Le perdant dans la lutte à mort, le serf, est condamné au travail. Kojève explique ailleurs:
« L’un, sans y être aucunement « prédestiné », doit avoir peur de l’autre, doit céder à l’autre, doit refuser le risque de sa vie en vue de la satisfaction de son désir de « reconnaissance ». Il doit abandonner son désir et satisfaire le désir de l’autre: il doit le reconnaître sans être reconnu » par lui. Or, le « reconnaître » ainsi, c’est le « reconnaître » comme son maître, et se reconnaître et se faire reconnaître comme Esclave du Maître » (Kojève 1947 : 15 ).
Vient la société bourgeoise, qui fait du serf un « homme libre » ; son temps de travail a cessé d’être gratuit: il peut désormais le vendre. Sa seule protection contre l’abus est d’invoquer l’égalité, mais une égalité au niveau des principes seulement: uniquement en tant que citoyen, puisque, au niveau des possessions, en tant que bourgeois, elle n’existe pas, la garantie de droit de propriété - associée à l’héritage - empêchant qu’une véritable égalité économique puisse se faire jour. La société civile de l’Etat bourgeois est schizophrène:
« Si la socialisation de la lutte engendre l’Etat, la socialisation du travail engendre la société économique […]. Et puisque la Société économique, fondée sur le Travail, diffère essentiellement de l’Etat (aristocratique) fondé sur la lutte, cette Société aura tendance à affirmer son autonomie vis-à-vis de cet Etat, et l’Etat, s’il ne nie pas son existence, aura tendance à reconnaître son autonomie. […] Mais, du moment que tout Etat a pour base aussi la Lutte, tandis que la Société économique est exclusivement fondée sur le Travail, l’Etat et cette Société ne coïncident jamais entièrement: le statut de citoyen et le statut de membre de la Société économique, ainsi que les fonctions des deux, ne se recouvrent pas complètement. C’est pourquoi il y a une certaine autonomie de la Société économique vis-à-vis de l’Etat », explique Kojève (1981 : 520, 522, 523).
Cette dialectique de l’égalité et de la différence, qu’incarnent le citoyen et le bourgeois que nous sommes à la fois a été abordée d’une autre manière par Keynes dans un petit texte qu’il rédigea en 1930, Les alternatives économiques de nos petits-enfants:
« Il est vrai que les besoins des êtres humains semblent insatiables, mais ils appartiennent à deux catégories: il y a d’abord les besoins qui sont absolus, au sens où nous les ressentons, quelle que soit la situation dans laquelle nous sommes, et il y a ensuite ceux qui sont relatifs, au sens où nous les éprouvons seulement si leur satisfaction nous élève au-dessus, nous fait sentir supérieurs à nos concitoyens » (Keynes [1931] 1972 : 326).
Les besoins du premier type font de nous des citoyens, ceux du second type, des bourgeois. Pour réconcilier les points de vue du citoyen et du bourgeois tels que Keynes les aborde, il faudra malheureusement attendre que notre espèce dépasse le stade des gamineries tout juste dignes des cours d’école. »
LE CAPITALISME à l’agonie (Paul Jorion 2011 : 279)
Invité- Invité
Global Crisis: A Russian Perspective
Boris Kagarlitsky
On the occassion of a seminal international conference in New Delhi on “The Global Crisis and Hegemonic Dilemmas”, addressed by some of the world’s leading analysts on the left, the an interview was conducted with Boris Kargarlitsky which not only gives a deep insight into what actually is happening in contemporary Russian society but also presents the analysis and perspectives of a Russian scholar and how he sums up the contemporary global crisis.
http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article2069
On the occassion of a seminal international conference in New Delhi on “The Global Crisis and Hegemonic Dilemmas”, addressed by some of the world’s leading analysts on the left, the an interview was conducted with Boris Kargarlitsky which not only gives a deep insight into what actually is happening in contemporary Russian society but also presents the analysis and perspectives of a Russian scholar and how he sums up the contemporary global crisis.
http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article2069
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
EURO: extension du domaine de régression par Frédéric Lordon
"
Pacte pour l'euro, impact sur les salaires
Comme dans un rêve de Naomi Klein qui rattraperait les malfaçons de sa thèse initiale, le néolibéralisme européen met un soin particulier à se conformer à la " stratégie du choc " - mais d'un choc qu'il a lui-même largement contribué à produire.
On croyait déjà avoir vu du pays avec la " réponse " à la crise (financière privée) sous la forme de plans d'austérité (publique) sans précédent. Mais le prolongement du " pacte de compétitivité " nous emmène pour un autre voyage dont on ne voit même plus le terme. Jusqu'où le paradoxe de l'acharnement néolibéral en réponse à la crise néolibérale peut-il aller ?, c'est une question dont la profondeur devient insondable.
Dans cet invraisemblable enchaînement où un choc séculaire n'entraîne aucune révision doctrinale mais bien la réaffirmation étendue de ce qui a si parfaitement échoué, la case " réduction des déficits " a logiquement donné lieu à une de ces " déductions " bizarres conduisant de l'échec prévisible des politiques d'austérité à l'impérieuse nécessité de les constitutionnaliser.
En dépit du matraquage qui répète ad nauseam que la rigueur est une stratégie de retour à la croissance et quoiqu'il nous ait valu quelques épisodes savoureux comme la " rilance " (1) de Mme Christine Lagarde, on voit mal comment les politiques économiques européennes - coordonnées pour la première fois, mais hélas pour le pire - pourraient ne pas produire l'exact contraire de ce qu'elles prétendent rechercher.
Car si des épisodes d'ajustement budgétaire, dans le passé, ont pu rencontrer quelque succès, c'était à la condition impérative d'être accompagnés d'une baisse de taux d'intérêt, d'une dévaluation ou d'un environnement en croissance, toutes choses dont on est d'ores et déjà bien certain qu'elles feront défaut. Reste la terrible synergie négative qui conjugue des efforts de restriction budgétaire d'une intensité inédite à une extension (l'Europe entière) jamais vue - et promet plutôt la " richute ". Dans le meilleur des cas, la réduction des déficits s'opérera mais si lentement que la vitesse de croissance de la dette en sera très peu modifiée, de sorte que, à croissance déprimée, le ratio dette/produit intérieur brut (PIB) - l'objectif ultime de toutes ces manoeuvres et donc le critère d'après lequel les juger - continuera de se détériorer.
Les gouvernants de la zone euro ont tellement confiance dans leur propre stratégie qu'ils ont cru bon de compléter le Fonds européen de stabilité financière (European Financial Stability Facility, EFSF), destiné à gérer l'épisode critique (Grèce, Irlande...) jusqu'en 2013, par une structure, elle, permanente, le Mécanisme de stabilité européen (European Stability Mechanism), destinée à faire face collectivement à d'" éventuels " futurs problèmes de dettes souveraines. Dans cette affaire, toute la difficulté politique consistait à convaincre l'Allemagne d'entrer dans un mécanisme de solidarité financière qu'elle a toujours refusé au nom d'un " aléa moral " : se savoir couverts conduirait certains Etats à en faire encore moins en matière de discipline budgétaire... Comme de juste, c'est la France qui s'est chargée d'avoir la " bonne idée " susceptible d'offrir une contrepartie admissible à l'Allemagne, et on a donc troqué une structure de solidarité financière contre un dispositif disciplinaire, promettant qu'on n'aurait pas à s'en servir : la constitutionnalisation de l'équilibre des finances publiques.
Dévoiement de la parole politique
Cette aberration majuscule a aussitôt fait l'objet d'une de ces pantomimes d'expertise bien faites pour donner aux pires idées l'onction de la science (ou de la sagesse), et M. Michel Camdessus, toujours disponible pour aider, a rédigé très exactement le rapport qu'on attendait de lui. Au moins, d'un long repos après son départ du Fonds monétaire international (FMI), nous revient-il en forme ! Et armé d'arguments qui sont un bonheur de logicien. " S'ils n'étaient vigoureusement affrontés, [le déficit et la dette] mettraient en cause notre capacité à préserver un régime très protecteur de sécurité sociale et la liberté de nos élus de déterminer par eux-mêmes, et non sous la pression des marchés, la politique de la nation (2)... " Curieusement, il sort de ces fortes prémisses une machine à organiser méthodiquement la destruction de la Sécurité sociale par rabotage automatique et à ôter toute pertinence à l'élaboration des lois de finances puisque leur épure aura été rigoureusement fixée par une loi organique (3) à laquelle elles n'auront que le choix de se tenir...
Sans doute bien à l'image du dévoiement généralisé de la parole politique institué par le règne de M. Nicolas Sarkozy, le rapport, en cela la voix de son maître, met un empressement assez pervers à proclamer les plus hautes valeurs que toutes ses recommandations viennent ensuite méthodiquement trahir. Dans une logique du " démantèlement par la bande ", bien plus efficace que celle de l'assaut frontal, le néolibéralisme a compris qu'il était plus habile d'organiser la paupérisation de l'Etat social pour mieux laisser " s'imposer " les solutions du privé. Et il est bien certain que l'ajustement coercitif des dépenses sociales, avec tout ce qu'il supposera de coupes aveugles, comme l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris les expérimente déjà, n'aura pas d'autre effet que de créer une demande de services privés, très vite satisfaite par une offre de même nature dont tout le monde se plaira à reconnaître qu'elle fait tellement mieux que la misère publique. Une chose est certaine en tout cas : la loi de financement de la Sécurité sociale tombant sous l'autorité de la nouvelle loi-cadre, la " Sécu " entre désormais explicitement et de plein droit dans l'orbite du démantèlement programmé - " sauver notre modèle social ", disent-ils !...
Mais l'ironie grinçante du rapport, à moins qu'on ne diagnostique le dérèglement des facultés, est sans doute à son comble dans le désir allégué de ne plus faire dépendre la politique budgétaire des marchés financiers quand le dispositif de constitutionnalisation n'a pas d'autre finalité que de tout leur accorder ! Car la sanctuarisation constitutionnelle de l'équilibre budgétaire est une sorte de caviar d'investisseur : plus aucune hésitation parlementaire à redouter, plus aucune interrogation quant à l'éventuelle opportunité de mobiliser les budgets pour faire face à des crises, les tranchoirs automatiques vont fonctionner tout seuls. On se demande par parenthèses ce que serait devenue une loi organique d'équilibre budgétaire votée début 2007 pour 2012... à part le choix entre l'inconstitutionnalité et la plongée vers la Grande Dépression façon 1929-1933. Mais le rapport se gargarise de l'impératif de crédibilité, qui vaut aveu de parfaite soumission puisque " crédibilité " finalement ne signifie pas autre chose qu'" obtenir l'approbation des investisseurs ". Pour une émancipation, on conviendra que le compte n'y est pas tout à fait...
M. Camdessus a maintenant pris confortablement l'habitude d'aller d'erreur historique en erreur historique - cependant, comme il est chrétien, il demande pardon ensuite. Il s'était déjà excusé d'avoir littéralement dévasté l'économie russe par la libéralisation forcenée et la destruction de toutes les formes institutionnelles qui n'en partageaient pas la logique. Prévoyons d'ici à quelques années un petit retour de pénitence, lorsque auront été démontrés les mirifiques effets de la camisole budgétaire, et quoiqu'il nous assure - admirable chute du rapport - que l'équilibre des finances publiques est " la clé d'une croissance durable, dans la justice et l'indépendance (4) " - amen. Trois ans après le déclenchement d'une crise entièrement due à la libéralisation générale, on n'en revient pas de cette extravagante rhétorique de l'obstination.
En revenir, il le faudra bien pourtant si l'on veut ne pas être totalement soufflé par la suite. Car, dans la hotte aux contreparties, il y a également le " pacte de compétitivité " (5) qui, au-delà des austérités budgétaires, donne à la " stratégie du choc " tout son bouquet. Comme si les programmes de rigueur, désormais à verrouillage constitutionnel, n'étaient pas encore assez, l'Union européenne, en l'occurrence à l'initiative de Mme Angela Merkel et de M. Sarkozy, a considéré que finalement l'opportunité d'un " réel progrès " était bien constituée et qu'il serait fautif de ne pas l'exploiter jusqu'au bout. Concédant elle-même l'aveu implicite du probable échec des austérités coordonnées, la stratégie européenne effectue par anticipation un nouveau déplacement, qui a le double avantage d'approfondir un peu plus l'oubli du fait générateur - la crise financière privée - et d'ouvrir aussi grand que possible le champ de la grande avancée libérale. Car, cette fois, tout va y passer !
Les gouvernements en effet semblent s'aviser des effets pervers de la rigueur, qui détruit elle-même ses propres conditions d'efficacité en contractant les bases fiscales plus vite qu'elle ne réduit les dépenses. Mais où trouver à croître sans le secours d'une politique de relance ? C'est à ce moment précis que la désinflation compétitive fait son grand retour. Dans les années 1980 et 1990 déjà, elle s'était imposée comme la solution imaginaire promettant soit le retour à l'équilibre du marché de l'emploi même sans croissance, soit le relais de celle-ci par les seules exportations, et aboutissant en fait à une combinaison des deux. On l'a peut-être déjà compris : dans cette affaire, la variable stratégique, c'est le coût du travail. C'est pourquoi la désindexation des salaires sur les prix (6) et l'harmonisation vers le haut (c'est-à-dire vers le bas...) de l'âge de la retraite à 67 ans (pour diminuer la part des cotisations sociales dans le coût salarial complet) sont au programme - et l'on notera au passage comment, lorsque l'Europe parvient soit à la " coordination ", soit à " l'harmonisation ", c'est toujours pour le pire...
Or deux décennies de désinflations compétitives nationales en ont plus qu'abondamment démontré le parfait contresens. D'abord parce que le rééquilibrage du marché du travail par la seule baisse de son " prix " propre - le salaire - est une fadaise qui a pour petite hypothèse implicite l'absence de tout problème de demande - or à 77 % de taux d'utilisation des capacités de production (7), le moins qu'on puisse dire est qu'on n'y est pas... Ensuite parce que, persévérant dans le goût bizarre pour les solutions autodestructrices, l'Europe s'imagine nous sauver en nous transformant tous en autant d'Allemagne compétitives, mais visiblement sans réaliser que, les stratégies de compétitivité-prix étant non coopératives et n'ayant de bénéfices qu'en restant unilatérales, les généraliser équivaut à en annuler les effets pour tous.
Inimitable novlangue bruxelloise
Mais tout cela importe peu : l'essentiel est de dire " compétitivité ", ce qui permet de s'en prendre aussi bien au salaire qu'à la productivité, c'est-à-dire potentiellement à toutes les conditions - monétaires, juridiques, conventionnelles, concurrentielles, matérielles - du travail, et cela désormais dans un climat de permanente surveillance multilatérale ( au prétexte de la " convergence ". Aussi neutralisée soit-elle, la novlangue des communiqués européens ne parvient plus à cacher grand-chose de leurs intentions réelles, et les commentaires sont superflus pour comprendre de quoi il retourne au hasard de bouts de phrase tels que " le coût unitaire de la main-d'oeuvre fera l'objet d'un suivi ", " réexaminer les dispositifs de fixation des salaires et le cas échéant le degré de centralisation du processus de négociation ainsi que les mécanismes d'indexation ", " veiller à ce que les accords salariaux dans le secteur public viennent soutenir les efforts de compétitivité consentis dans le secteur privé ", " consentir des efforts spécifiques pour améliorer les systèmes d'enseignement ", " viabilité des retraites, des soins de santé et des prestations sociales ". Et, sous leurs dehors bonasses, ces euphémismes filandreux n'en font pas moins surgir devant nos yeux un monde on ne peut plus clair.
Les " finances publiques " - qui permettent d'atteindre l'Etat social - et la " compétitivité " - qui affecte tous les domaines de la vie salariale - ont toujours été les deux obsessions de la régression. Sous ce rapport, l'innocent communiqué de l'Eurogroupe du 11 mars est peut-être le texte le plus agressif qu'on ait vu depuis très longtemps. Pour prendre les problèmes dans l'ordre, c'est l'impasse même du " rééquilibrage par la rigueur " qui impose d'envisager d'autres solutions à court et à moyen terme. A court terme d'abord, l'hypothèse de la répudiation de la dette doit évidemment faire partie des options envisageables. Le risque de déflagration bancaire qui naîtrait d'un ou de plusieurs défauts simultanés importants est assurément réel. A ceci près qu'on peut cette fois y voir, le secteur bancaire étant à terre, l'occasion de lui mettre la main dessus par nationalisation-saisie (9), opération parfaitement indolore pour les finances publiques (M. Camdessus appréciera) et en fait seule à même d'amorcer un processus de refonte complète des structures de la banque-finance dont plus personne ne semble se soucier.
Mais la crise européenne des dettes souveraines pose surtout à moyen terme la question d'une transformation profonde des modalités de financement des déficits publics, comme le suggère par incidence le statut véritable du " problème " des agences de notation.
Tout légitime que soit le sentiment de scandale qu'elles font naître, les agences, dont on sait combien les décisions de dégradation contribuent aux emballements critiques des marchés, immanquablement suivis d'un tour de vis supplémentaire dans les programmes d'austérité, les agences, donc, n'en sont pas moins un problème absolument subalterne. Car discuter des agences, c'est encore discuter dans le cadre de la logique des marchés et du financement par les marchés. Dès lors que les marchés fonctionnent à la croyance et à l'opinion, les agences de notation en sont des créatures nécessaires - entendre : qui surgissent inévitablement. C'est la logique même de la division du travail financier que de faire émerger des acteurs spécialisés dans la production de jugement à l'adresse d'une communauté qui vit constitutivement de jugements (sur la valeur future des actifs). Déciderait-on de fermer les trois " grandes " (10) qu'il ne faudrait pas six mois pour voir réapparaître des remplaçantes. Mais les verdicts des agences ne produisent leurs (incontestables) dégâts que parce qu'ils sont aussitôt convertis en mouvements polarisés par les opérateurs des marchés.
La question des agences est donc à peu près aussi périphérique que celle des normes comptables, les deux ne faisant sens que dans la logique des marchés, quand c'est précisément cette logique même qu'il s'agit de mettre en question. Et ces faux problèmes s'évanouissent dans l'instant dès lors qu'on envisage d'autres formes de financement public. Tel est bien l'enjeu véritable de la situation présente, qui devrait avoir suffisamment démontré les effroyables nuisances d'un financement des déficits assuré et surveillé par les marchés pour qu'on envisage autre chose - par exemple, l'activation du financement monétaire (par la banque centrale) et/ou la mobilisation des épargnes résidentes, mais par des circuits institutionnels hors marché (11).
La médecine du bon docteur Keynes
Quant à la compétitivité, il faut vraiment une logique à oeillères pour ne l'envisager que du côté du coût salarial et jamais de celui du taux de change. Les Allemands doivent pourtant en avoir une vague idée, sachant bien qu'une éventuelle sortie de l'euro verrait leur nouveau mark sensiblement réévalué... et l'avantage compétitif de leur belle décennie de déflation salariale aussitôt partir en fumée. Or un schéma raisonné de gestion des soldes commerciaux et des taux de change a été donné de longue date par John Maynard Keynes avec son projet de " chambre de compensation internationale " (International Clearing Union, ICU). La prémisse fondamentale en est que les marchés financiers sont constitutivement incapables de procéder à des ajustements ordonnés - pas de chance évidemment pour une époque qui a choisi de tout leur confier. C'est pourquoi, aux emballements systématiquement déstabilisateurs des marchés, il faut préférer des procédures institutionnelles et politiques de correction des déséquilibres.
L'ICU keynésienne proposait un volet de financement des soldes déficitaires des balances des paiements. Mais elle offrait également des mécanismes institutionnels d'ajustement des taux de change. Chaque pays s'y voyait allouer un quota de déficit ou de surplus commercial. Passé le quart de ce quota, un pays déficitaire était autorisé à dévaluer de 5 %, davantage encore au-delà. Mais la grande innovation de l'ICU consistait à mettre à contribution directement les pays excédentaires. Seul le matraquage à la compétitivité, mêlé de reliquats mercantilistes, a pu faire passer l'excédent commercial pour une incontestable vertu. Or l'excédent est le plus souvent le fruit d'une stratégie non coopérative d'avantage compétitif unilatéral exercée sur le dos des autres - à l'image de l'Allemagne qui fait payer sa déflation salariale à ses partenaires européens en manque à croître. L'ICU applique aux pays excédentaires un système de taxation progressive, en fonction de seuils d'excédents prédéfinis, afin de décourager leur stratégie unilatérale et de les inciter à une relance qui rééquilibre leur solde et améliore par là même les déficits (et la croissance) de leurs partenaires.
Monnaie commune à deux niveaux
On objectera que ce sont désormais les marchés qui déterminent les taux de change et non les ajustements ciblés décidés dans des bureaux gouvernementaux, et que tout projet de dévaluation finit régulièrement en tempête monétaire. C'est la raison même pour laquelle il faut soustraire ces ajustements aux marchés ! Si une ICU n'a aucune chance de se substituer au marché mondial des changes, elle peut en revanche offrir son modèle à une eurozone qui fonctionnerait sur le schéma d'une monnaie commune à deux niveaux (12) : monnaie unique pour les relations monétaires extérieures, mais admettant à l'intérieur des dénominations nationales à des parités non plus irrévocablement fixes, mais ajustables selon des mécanismes entièrement politiques et institutionnels du type ICU. Disons clairement qu'une telle monnaie commune ne pourrait engendrer à elle seule des miracles de croissance par les exportations : il n'y a jamais que 120 milliards de dollars d'excédent allemand (13) à redistribuer pour toute l'eurozone... Mais elle aurait au moins offert quelques appréciables degrés de liberté dans la période présente, notamment en donnant la possibilité aux pays d'où la crise européenne est partie - Grèce, Portugal et Irlande, tous trois déficitaires commercialement (14) - de dévaluer et de trouver des relais de croissance capables de rendre plus soutenables leurs ratios de dette publique (15). Enfin, par-dessus tout, en changeant profondément la façon de penser et de régler les compétitivités relatives à l'intérieur de l'Union, elle nous libérerait de facto du fléau régressif des " pactes pour l'euro ".
On dira que toutes ces pistes tiennent du rêve éveillé et n'ont pas la moindre chance de voir le jour dans les conditions présentes. Et c'est vrai ! Mais il se pourrait précisément que les conditions changent. Il faudra douze ou dix-huit mois pour que l'absurdité de la rigueur générale soit avérée et que, les ratios dette/PIB continuant leur irrésistible ascension, les marchés en prennent une conscience claire. Ce jour-là, ce n'est pas la pauvre EFSF, même aux moyens gonflés, qui pourra rattraper les défauts simultanés auxquels mèneront tous les taux d'intérêt emballés. Un scénario de fracture de la zone euro n'est pas moins probable qu'en décembre dernier. Pour le bloc qui se sera débarrassé des obsessions allemandes, la page sera à nouveau blanche, et l'occasion donnée de reconstruire autrement.
(1) Contraction de " rigueur " et " relance "...
(2) " Réaliser l'objectif constitutionnel d'équilibre des finances publiques ", rapport du groupe de travail dirigé par M. Camdessus, 21 juin 2010.
(3) Dans la proposition Camdessus, il reviendrait à la loi-cadre de programmation des finances publiques, recevant par la Constitution rang de loi organique, de primer sur les lois de finances simples et de leur fixer leur objectif impératif d'équilibre pour un certain terme.
(4) " Réaliser l'objectif constitutionnel... ", op.cit.
(5) Dont une version à peine adoucie a été livrée sous le nom de " pacte pour l'euro " lors du sommet de l'Eurogroupe du 11 mars.
(6) Là où elle existe encore : au Portugal, en Belgique et au Luxembourg.
(7) A la fin de 2010. Il était de 85,4 % en 2007 (données de l'Institut national de la statistique et des études économiques, Insee).
( " Conclusions des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro " (PDF), communiqué de l'Eurogroupe, 11 mars 2011.
(9) Pour des développements un peu plus substantiels de l'idée énoncée ici de manière un peu rapide : " Sauver les banques jusqu'à quand ? ", La pompe à phynance,, 11 mai 2010.
(10) Standard & Poor's, Moody's, Fitch.
(11) Lire " Et si on commençait la démondialisation financière ? ", Le Monde diplomatique, mai 2010.
(12) Selon une proposition qui a aussi été émise par Aurélien Bernier, Désobéissons à l'Union européenne !, Mille et une nuits, Paris, 2011, et Jacques Sapir, La Démondialisation, Seuil, Paris, 2011.
(13) Données Eurostat 2009.
(14) Avec des balances courantes respectivement de 11 %, 10,31 % et 2,94 % du PIB en 2009.
(15) Comme l'attestent a contrario les dégradations successives de la note portugaise pour cause de " croissance insuffisante ".
Le Monde diplomatique - Avril 2011, p. 1 10 11
"
Les guerres dans le monde sont loin d'être terminées. Les profiteurs sont aux anges et en redemandent. La crise continue et enfle. Les peuples crèvent. Le menu servit par les "zélites" depuis le début de la crise est à gerber ! Ce n'est pourtant que le début de la tyranie.
Invité- Invité
Tout fout le camp
Par François Leclerc
http://www.pauljorion.com/blog/?p=23372#more-23372
http://www.pauljorion.com/blog/?p=23372#more-23372
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Le message des Islandais aux peuples d’Europe : ne payez pas pour la finance !
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article21066
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
La dette américaine est placée à son tour sous surveillance
La dette américaine est placée à son tour sous surveillance
Source: Mediapart 18 Avril 2011
Par Martine Orange
Et l'impensable devint réalité ! Pour la première fois de leur histoire moderne, les Etats-Unis voient mis en doute leur statut de suprématie financière. Lundi, l'agence de notation Standard & Poor's a annoncé, juste avant l'ouverture de Wall Street, avoir mis sous surveillance négative la dette américaine. Un nouveau tabou est tombé. Jusqu'alors la dette américaine, grâce en partie au statut mondial du dollar, était considérée comme la plus sûre du monde et notée AAA.
L'agence de notation ne peut ignorer la portée politique de sa décision. Elle la justifie par ses craintes de ne pas voir d'accord au sein de la classe politique américaine sur le sujet. « Parce que les Etats-Unis ont, par rapport aux autres pays notés 'AAA', ce que nous considérons comme des déficits budgétaires très importants et un niveau d'endettement gouvernemental en hausse, et que le chemin pour traiter ces problèmes n'est pas clair, nous avons révisé notre perspective sur la note à long terme de 'stable' à 'négative' », explique-t-elle dans un communiqué. « Nous pensons qu'il y a un risque réel que les responsables politiques américains ne parviennent pas à un accord sur la façon de répondre aux difficultés budgétaires à moyen et long terme d'ici à 2013. Si un accord n'a pas été trouvé, si des mesures significatives n'ont pas été mises en place d'ici là, cela rendrait le profil de risque des Etats-Unis significativement plus faible que celui des autres pays notés AAA.»
Jamais la classe politique américaine n'avait reçu un tel avertissement. Le Trésor américain a tout de suite réagi à cet avertissement en jugeant que « la perspective négative de S&P sous-estime la capacité des dirigeants des Etats-Unis à se rassembler pour répondre aux difficiles défis budgétaires du pays ».
La guerre de tranchée à laquelle se sont livrés les républicains et la Maison Blanche ces dernières semaines fait peser, cependant, le doute. Les débats sont allés jusqu'à la caricature en matière de blocages politiques américains.
Officiellement, tous étaient d'accord sur la nécessité de reprendre en main les finances américaines et de réduire le déficit budgétaire qui a gonflé à vue d'œil depuis la crise. Il dépasse les 11% du PIB, contre 2 à 5% entre 2003 et 2008. 35 milliards de dollars d'économies doivent être trouvées dès cette année.
Mais où fallait-il porter les efforts ? La Maison Blanche prônait une augmentation de la fiscalité pour les plus riches et des réductions de dépenses dans un certain nombre de secteurs considérés comme périphériques. Les républicains, forts de leur victoire aux dernières élections législatives, entendaient utiliser ce budget comme une première plateforme de reconquête politique. Baisse des impôts, suppression de nombre de services et d'aides sociaux, réduction des moyens éducatifs, doivent être, selon eux, la ligne du budget fédéral. Dans leur volonté de revenir sur tout, les républicains les plus durs, s'alignant sur les motions du Tea Party, sont allés jusqu'à proposer la suppression d'un certain nombre de textes sur l'environnement, estimant que toute réglementation est une charge et un frein insupportable pour la libre entreprise.
Les positions sont arrivées à un tel point d'exacerbation que la discussion a tourné à l'épreuve de force. Un compromis a été trouvé, le 9 avril, au dernier moment, juste quelques heures avant que toutes les dépenses fédérales ne soient coupées. Ce qui aurait signifié que des millions de fonctionnaires n'auraient pas été payés, l'ensemble des services publics auraient été arrêtés, la vie fédérale se serait arrêtée.
Une politique pour les millionnaires et les milliardaires Le répit n'a été que de quelques jours. Dès vendredi, la chambre des représentants, où les républicains ont la majorité, adoptait un plan de redressement des finances publiques, prévoyant 5.800 milliards d'économies et des coupes dans les dépenses fédérales pour la décennie à venir. Comme plat de résistance, les républicains proposent de mettre en pièces en priorité le programme Medicare, c'est-à-dire toutes les mesures d'assurance sociale votées par le gouvernement Obama. Le projet a toutes les chances d'être tué dans l'œuf lors de son passage au Sénat, dominé par une majorité démocrate. Barack Obama l'a vivement critiqué dès la semaine dernière, jugeant qu'il n'y avait rien de sérieux dans ce programme, qui consistait seulement à « préserver les millionnaires et les milliardaires » tandis que les pauvres et la classe moyenne supporteraient la totalité du fardeau.
« Nous pensons qu'il existe un risque significatif que les négociations au Congrès sur la politique fiscale à moyen terme soient bloquées jusqu'aux élections présidentielles de 2012. Si tel était le cas, le premier budget qui pourrait comprendre des mesures appropriées serait le budget de 2014. Ce délai, à nos yeux, est beaucoup trop long », prévient aujourd'hui Standard & Poor's .
© BloombergCe rappel à l'ordre, totalement inédit, a accentué les tensions du monde financier, déjà au bord de la crise de nerfs. Si même la dette américaine n'est plus sûre, où trouver refuge ? L'once d'or a battu de nouveaux records, dépassant les 1.500 dollars. Pendant ce temps, Wall Street s'affaissait, perdant plus de 1% dès l'ouverture. Les bourses européennes, déjà négatives, ont accentué leurs pertes. Le Cac a terminé sur une baisse de 2,35%, le Footsie (Londres) a perdu 2,11%, le Dax (Francfort) 2,10%.
L'avertissement de Standard & Poor's sur la dette américaine indique que le problème des dettes publiques est devenu général. Si les Etats-Unis sont attaqués, d'autres pays, comme la France, pourraient très vite être rattrapés. Tout le système de défense imaginé par l'Europe en serait encore plus fragilisé.
Des questions taboues commencent déjà à être posées. En quelques jours, l'état d'esprit a beaucoup évolué. La restructuration de la dette grecque, qui semblait encore impossible il y a quelques jours quand le ministre des finances osa aborder le sujet, est devenue un scénario crédible. En dépit des dénégations des responsables européens, le FMI travaille en toute discrétion, selon le Wall Street Journal, sur les méthodes d'aménagement de la dette grecque, considérant que le pays ne pourra pas supporter une charge si lourde. « Le problème n'est pas de savoir si la Grèce va faire défaut mais quand, et si cette restructuration se fera de façon ordonnée comme au Mexique ou s'il faut redouter une explosion comme en Argentine », dit l'économiste Nouriel Roubini.
Bref, chacun pressent, à voir l'accumulation de nouvelles tensions, que la crise financière est en train d'entrer dans une nouvelle phase. Mais personne ne sait quelle tournure vont prendre les événements.
Source: Mediapart 18 Avril 2011
Par Martine Orange
Et l'impensable devint réalité ! Pour la première fois de leur histoire moderne, les Etats-Unis voient mis en doute leur statut de suprématie financière. Lundi, l'agence de notation Standard & Poor's a annoncé, juste avant l'ouverture de Wall Street, avoir mis sous surveillance négative la dette américaine. Un nouveau tabou est tombé. Jusqu'alors la dette américaine, grâce en partie au statut mondial du dollar, était considérée comme la plus sûre du monde et notée AAA.
L'agence de notation ne peut ignorer la portée politique de sa décision. Elle la justifie par ses craintes de ne pas voir d'accord au sein de la classe politique américaine sur le sujet. « Parce que les Etats-Unis ont, par rapport aux autres pays notés 'AAA', ce que nous considérons comme des déficits budgétaires très importants et un niveau d'endettement gouvernemental en hausse, et que le chemin pour traiter ces problèmes n'est pas clair, nous avons révisé notre perspective sur la note à long terme de 'stable' à 'négative' », explique-t-elle dans un communiqué. « Nous pensons qu'il y a un risque réel que les responsables politiques américains ne parviennent pas à un accord sur la façon de répondre aux difficultés budgétaires à moyen et long terme d'ici à 2013. Si un accord n'a pas été trouvé, si des mesures significatives n'ont pas été mises en place d'ici là, cela rendrait le profil de risque des Etats-Unis significativement plus faible que celui des autres pays notés AAA.»
Jamais la classe politique américaine n'avait reçu un tel avertissement. Le Trésor américain a tout de suite réagi à cet avertissement en jugeant que « la perspective négative de S&P sous-estime la capacité des dirigeants des Etats-Unis à se rassembler pour répondre aux difficiles défis budgétaires du pays ».
La guerre de tranchée à laquelle se sont livrés les républicains et la Maison Blanche ces dernières semaines fait peser, cependant, le doute. Les débats sont allés jusqu'à la caricature en matière de blocages politiques américains.
Officiellement, tous étaient d'accord sur la nécessité de reprendre en main les finances américaines et de réduire le déficit budgétaire qui a gonflé à vue d'œil depuis la crise. Il dépasse les 11% du PIB, contre 2 à 5% entre 2003 et 2008. 35 milliards de dollars d'économies doivent être trouvées dès cette année.
Mais où fallait-il porter les efforts ? La Maison Blanche prônait une augmentation de la fiscalité pour les plus riches et des réductions de dépenses dans un certain nombre de secteurs considérés comme périphériques. Les républicains, forts de leur victoire aux dernières élections législatives, entendaient utiliser ce budget comme une première plateforme de reconquête politique. Baisse des impôts, suppression de nombre de services et d'aides sociaux, réduction des moyens éducatifs, doivent être, selon eux, la ligne du budget fédéral. Dans leur volonté de revenir sur tout, les républicains les plus durs, s'alignant sur les motions du Tea Party, sont allés jusqu'à proposer la suppression d'un certain nombre de textes sur l'environnement, estimant que toute réglementation est une charge et un frein insupportable pour la libre entreprise.
Les positions sont arrivées à un tel point d'exacerbation que la discussion a tourné à l'épreuve de force. Un compromis a été trouvé, le 9 avril, au dernier moment, juste quelques heures avant que toutes les dépenses fédérales ne soient coupées. Ce qui aurait signifié que des millions de fonctionnaires n'auraient pas été payés, l'ensemble des services publics auraient été arrêtés, la vie fédérale se serait arrêtée.
Une politique pour les millionnaires et les milliardaires Le répit n'a été que de quelques jours. Dès vendredi, la chambre des représentants, où les républicains ont la majorité, adoptait un plan de redressement des finances publiques, prévoyant 5.800 milliards d'économies et des coupes dans les dépenses fédérales pour la décennie à venir. Comme plat de résistance, les républicains proposent de mettre en pièces en priorité le programme Medicare, c'est-à-dire toutes les mesures d'assurance sociale votées par le gouvernement Obama. Le projet a toutes les chances d'être tué dans l'œuf lors de son passage au Sénat, dominé par une majorité démocrate. Barack Obama l'a vivement critiqué dès la semaine dernière, jugeant qu'il n'y avait rien de sérieux dans ce programme, qui consistait seulement à « préserver les millionnaires et les milliardaires » tandis que les pauvres et la classe moyenne supporteraient la totalité du fardeau.
« Nous pensons qu'il existe un risque significatif que les négociations au Congrès sur la politique fiscale à moyen terme soient bloquées jusqu'aux élections présidentielles de 2012. Si tel était le cas, le premier budget qui pourrait comprendre des mesures appropriées serait le budget de 2014. Ce délai, à nos yeux, est beaucoup trop long », prévient aujourd'hui Standard & Poor's .
© BloombergCe rappel à l'ordre, totalement inédit, a accentué les tensions du monde financier, déjà au bord de la crise de nerfs. Si même la dette américaine n'est plus sûre, où trouver refuge ? L'once d'or a battu de nouveaux records, dépassant les 1.500 dollars. Pendant ce temps, Wall Street s'affaissait, perdant plus de 1% dès l'ouverture. Les bourses européennes, déjà négatives, ont accentué leurs pertes. Le Cac a terminé sur une baisse de 2,35%, le Footsie (Londres) a perdu 2,11%, le Dax (Francfort) 2,10%.
L'avertissement de Standard & Poor's sur la dette américaine indique que le problème des dettes publiques est devenu général. Si les Etats-Unis sont attaqués, d'autres pays, comme la France, pourraient très vite être rattrapés. Tout le système de défense imaginé par l'Europe en serait encore plus fragilisé.
Des questions taboues commencent déjà à être posées. En quelques jours, l'état d'esprit a beaucoup évolué. La restructuration de la dette grecque, qui semblait encore impossible il y a quelques jours quand le ministre des finances osa aborder le sujet, est devenue un scénario crédible. En dépit des dénégations des responsables européens, le FMI travaille en toute discrétion, selon le Wall Street Journal, sur les méthodes d'aménagement de la dette grecque, considérant que le pays ne pourra pas supporter une charge si lourde. « Le problème n'est pas de savoir si la Grèce va faire défaut mais quand, et si cette restructuration se fera de façon ordonnée comme au Mexique ou s'il faut redouter une explosion comme en Argentine », dit l'économiste Nouriel Roubini.
Bref, chacun pressent, à voir l'accumulation de nouvelles tensions, que la crise financière est en train d'entrer dans une nouvelle phase. Mais personne ne sait quelle tournure vont prendre les événements.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Les chiffres de la dette 2011
Damien Millet – Daniel Munevar – Éric Toussaint (CADTM)
http://www.cadtm.org/IMG/pdf/Les_chiffres_de_la_dette_2011_DEf.pdf
http://www.cadtm.org/IMG/pdf/Les_chiffres_de_la_dette_2011_DEf.pdf
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
L'idéologie capitaliste en déclin depuis 2007
Mais pas en Chine ou en Allemagne...
http://www.economist.com/node/18527446?fsrc=scn/fb/wl/ar/marketofideas
http://www.economist.com/node/18527446?fsrc=scn/fb/wl/ar/marketofideas
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
De bons graphiques sur "les crises" (économique, sociale, dette, etc)
http://www.les-crises.fr/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Les deux gros cochons
par Frédéric Lordon
http://blog.mondediplo.net/2011-04-26-Les-deux-gros-cochons
http://blog.mondediplo.net/2011-04-26-Les-deux-gros-cochons
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Le marché de l'art, baromètre des bulles
Soruce Chronique Agora
Eric J. Fry
Déjà cette année, l'indice du dollar a chuté de 6,3% -- effaçant ainsi tous les bénéfices sur un an du S&P 500. Une autre chute de 6% amènerait l'indice du dollar à son niveau le plus bas jamais enregistré. Il n'est donc guère surprenant que les investisseurs se ruent vers l'or, l'argent-métal et tous les autres actifs qui semblent constituer une alternative plausible au dollar. Même les objets d'art génèrent de la demande... peut-être même trop.
Derek Thompson, chroniqueur au journal The Atlantic, suggère que les prix record atteints par les oeuvres d'art vendues aux enchères constituent "un indicateur important de l'effondrement économique". Dans son article, intitulé The Art of Bubbles : How Sotheby's Predicts the World Economy ["L'art des bulles : comment Sotheby's prédit l'économie mondiale", NDLR.], Thompson souligne le rôle prépondérant de la Chine dans le marché en pleine ébullition de l'art. Il explique : "la flambée des enchères record atteintes dans les salles de ventes [en Chine] rappelle étrangement le Japon de 1987 et les Etats-Unis de 2007... En quatre ans, la Chine a dépassé [les Etats-Unis], passant du quatrième au premier rang mondial dans le marché des oeuvres d'art".
"En mai 2010, un acheteur anonyme qu'on suppute être chinois a payé plus de 106 millions de dollars pour 'Nu au plateau de sculpteur' de Picasso. C'est le prix le plus élevé jamais atteint pour une oeuvre de cet artiste", remarque Thompson. "Cinq mois plus tard, trois bouteilles de Château Lafite 1869 se sont vendues chez Sotheby's à un prix 30 fois plus élevé que leur estimation de mise à prix, à 230 000 $ la bouteille, à des Chinois. En novembre, un vase du XVIIIe siècle s'est vendu à 70 millions de dollars. Huit chiffres pour un vase... Enfin, la semaine dernière, des acheteurs chinois ont permis à Sotheby's et Christie's d'établir (encore) un nouveau record en enchérissant le prix d'un vase chinois estimé à 800 $ à 18 millions de dollars -- une hausse de 22 000% !"
"Voilà le genre de sommes exorbitantes que le journal The Economist a remarqué lorsqu'il a fait état 'd'enchères étonnantes' par de riches Chinois à travers le monde ; 'les records continuent à tomber à mesure que des collectionneurs nouveaux riches en provenance de Chine se ruent dans les salles de vente à Londres, New York et Hong Kong.'"
L'établissement de records par la Chine dans le marché de l'art n'est pas nécessairement une mauvaise chose ; mais si le passé récent augure au moins partiellement de l'avenir, l'économie chinoise se dirige vers un atterrissage difficile.
▪ "L'arrivée fulgurante de la Chine dans le monde des ventes aux enchères pourrait être un signe de richesse bien méritée", explique Thompson. "Mais les périodes d'enchères record sont des alarmes fiables pour annoncer une bulle, selon Vikram Mansharamani, auteur de Boombustology. On trouve un symptôme de suffisance et d'orgueil alors qu'une société nouvellement enrichie dépense son argent facile avec une extravagance exponentielle".
"L'appétit de la Chine pour l'art n'est pas un indicateur quelconque", observe Mansharamani. "C'est un indice révélateur d'un scénario catastrophe que nous avons vu joué au moins trois fois auparavant", continue Thompson. "Au cours des vingt dernières années, le cours de Sotheby's a connu quatre pics importants. A la fin des années 1980, le Japon a été le 'centre de gravité' du marché de l'art international. Mais son économie a implosé, perturbant fortement l'action Sotheby's. Dix ans plus tard, la bulle Internet a provoqué un autre boom des enchères parmi les nouveaux venus de la Silicon Valley, et la bulle a à nouveau éclaté. Dix ans plus tard, même topo. Cette année pourrait être du déjà-vu... toujours et encore".
"Mansharamani avance un argument frappant, preuve d'une bulle en Chine : les gratte-ciel", conclut Thompson. "En 1929, les trois plus hauts buildings du monde se trouvaient à New York. En 1997, avant la crise financière en Asie, les Tours Petronas piquaient ce titre à la Tour Sears. Treize ans plus tard, Burj Dubaï, la tour qui a établi un nouveau record fut érigée juste au moment où la dernière crise financière a frappé Dubaï. Il s'avère que les dix plus grands nouveaux buildings au monde sont comme le pouls mondial d'une activité économique en ébullition. En 2015, les gratte-ciel chinois occuperont les rangs 2, 3, 5, 9 et 10".
Dernier point qui confirme cela : le marché boursier chinois lui-même. Malgré une croissance du crédit encore titanesque en Chine -- et malgré de continuels gros titres sur une croissance économique en pleine expansion -- le Shanghai Composite Index n'a pas réussi à faire un progrès net au cours des six derniers mois. Ainsi, les titres chinois divergent nettement de celui de Sotheby's -- un titre que l'indice a suivi de très près pendant ces deux dernières décennies. Tandis que l'action Sotheby's a battu son plus haut record, le Shanghai Composite reste 50% en dessous de son plus haut de tous les temps atteint en octobre 2007.
Peut-être est-il trop tôt pour paniquer à propos de ces divers signes d'excès culturels et de détresse boursière. Mais il n'est certes pas trop tôt pour s'inquiéter.
Eric J. Fry
Déjà cette année, l'indice du dollar a chuté de 6,3% -- effaçant ainsi tous les bénéfices sur un an du S&P 500. Une autre chute de 6% amènerait l'indice du dollar à son niveau le plus bas jamais enregistré. Il n'est donc guère surprenant que les investisseurs se ruent vers l'or, l'argent-métal et tous les autres actifs qui semblent constituer une alternative plausible au dollar. Même les objets d'art génèrent de la demande... peut-être même trop.
Derek Thompson, chroniqueur au journal The Atlantic, suggère que les prix record atteints par les oeuvres d'art vendues aux enchères constituent "un indicateur important de l'effondrement économique". Dans son article, intitulé The Art of Bubbles : How Sotheby's Predicts the World Economy ["L'art des bulles : comment Sotheby's prédit l'économie mondiale", NDLR.], Thompson souligne le rôle prépondérant de la Chine dans le marché en pleine ébullition de l'art. Il explique : "la flambée des enchères record atteintes dans les salles de ventes [en Chine] rappelle étrangement le Japon de 1987 et les Etats-Unis de 2007... En quatre ans, la Chine a dépassé [les Etats-Unis], passant du quatrième au premier rang mondial dans le marché des oeuvres d'art".
"En mai 2010, un acheteur anonyme qu'on suppute être chinois a payé plus de 106 millions de dollars pour 'Nu au plateau de sculpteur' de Picasso. C'est le prix le plus élevé jamais atteint pour une oeuvre de cet artiste", remarque Thompson. "Cinq mois plus tard, trois bouteilles de Château Lafite 1869 se sont vendues chez Sotheby's à un prix 30 fois plus élevé que leur estimation de mise à prix, à 230 000 $ la bouteille, à des Chinois. En novembre, un vase du XVIIIe siècle s'est vendu à 70 millions de dollars. Huit chiffres pour un vase... Enfin, la semaine dernière, des acheteurs chinois ont permis à Sotheby's et Christie's d'établir (encore) un nouveau record en enchérissant le prix d'un vase chinois estimé à 800 $ à 18 millions de dollars -- une hausse de 22 000% !"
"Voilà le genre de sommes exorbitantes que le journal The Economist a remarqué lorsqu'il a fait état 'd'enchères étonnantes' par de riches Chinois à travers le monde ; 'les records continuent à tomber à mesure que des collectionneurs nouveaux riches en provenance de Chine se ruent dans les salles de vente à Londres, New York et Hong Kong.'"
L'établissement de records par la Chine dans le marché de l'art n'est pas nécessairement une mauvaise chose ; mais si le passé récent augure au moins partiellement de l'avenir, l'économie chinoise se dirige vers un atterrissage difficile.
▪ "L'arrivée fulgurante de la Chine dans le monde des ventes aux enchères pourrait être un signe de richesse bien méritée", explique Thompson. "Mais les périodes d'enchères record sont des alarmes fiables pour annoncer une bulle, selon Vikram Mansharamani, auteur de Boombustology. On trouve un symptôme de suffisance et d'orgueil alors qu'une société nouvellement enrichie dépense son argent facile avec une extravagance exponentielle".
"L'appétit de la Chine pour l'art n'est pas un indicateur quelconque", observe Mansharamani. "C'est un indice révélateur d'un scénario catastrophe que nous avons vu joué au moins trois fois auparavant", continue Thompson. "Au cours des vingt dernières années, le cours de Sotheby's a connu quatre pics importants. A la fin des années 1980, le Japon a été le 'centre de gravité' du marché de l'art international. Mais son économie a implosé, perturbant fortement l'action Sotheby's. Dix ans plus tard, la bulle Internet a provoqué un autre boom des enchères parmi les nouveaux venus de la Silicon Valley, et la bulle a à nouveau éclaté. Dix ans plus tard, même topo. Cette année pourrait être du déjà-vu... toujours et encore".
"Mansharamani avance un argument frappant, preuve d'une bulle en Chine : les gratte-ciel", conclut Thompson. "En 1929, les trois plus hauts buildings du monde se trouvaient à New York. En 1997, avant la crise financière en Asie, les Tours Petronas piquaient ce titre à la Tour Sears. Treize ans plus tard, Burj Dubaï, la tour qui a établi un nouveau record fut érigée juste au moment où la dernière crise financière a frappé Dubaï. Il s'avère que les dix plus grands nouveaux buildings au monde sont comme le pouls mondial d'une activité économique en ébullition. En 2015, les gratte-ciel chinois occuperont les rangs 2, 3, 5, 9 et 10".
Dernier point qui confirme cela : le marché boursier chinois lui-même. Malgré une croissance du crédit encore titanesque en Chine -- et malgré de continuels gros titres sur une croissance économique en pleine expansion -- le Shanghai Composite Index n'a pas réussi à faire un progrès net au cours des six derniers mois. Ainsi, les titres chinois divergent nettement de celui de Sotheby's -- un titre que l'indice a suivi de très près pendant ces deux dernières décennies. Tandis que l'action Sotheby's a battu son plus haut record, le Shanghai Composite reste 50% en dessous de son plus haut de tous les temps atteint en octobre 2007.
Peut-être est-il trop tôt pour paniquer à propos de ces divers signes d'excès culturels et de détresse boursière. Mais il n'est certes pas trop tôt pour s'inquiéter.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
pour info...
Blog de Paul Jorion
RESTAURER L’HUMANITÉ DU CAPITAL : INTERDIRE LES PARIS SUR LES FLUCTUATIONS DE PRIX, par Pierre Sarton du Jonchay
+ commentaires
RESTAURER L’HUMANITÉ DU CAPITAL : INTERDIRE LES PARIS SUR LES FLUCTUATIONS DE PRIX, par Pierre Sarton du Jonchay
+ commentaires
Invité- Invité
Re: Où va la crise ?
AVIS DE COUP DE VENT, SUIVI DE TEMPÊTE, POUVANT SE TRANSFORMER EN OURAGAN, par Charles Sannat
http://www.pauljorion.com/blog/?p=23744
http://www.pauljorion.com/blog/?p=23744
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Pour comprendre la crise d'endettement des Etats
Une infographie toujours aussi remarquable
http://www.les-crises.fr/courbes-des-taux/
http://www.les-crises.fr/courbes-des-taux/
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Bel entretien avec Lordon, economiste critique et artiste
http://www.franceculture.com/emission-l-invite-du-jour-frederic-lordon-2011-05-04.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Premiers pas vers la répudiation des dettes européennes
(en Anglais)
http://www.cadtm.org/Can-Europe-escape-the-debt-trap#haut
http://www.cadtm.org/Can-Europe-escape-the-debt-trap#haut
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Répudiation de la dette: exemples et façon de faire
La video fait fureur en Grèce.
En attendant sous-titres, voici la traduc en français, en deux parties:
Excellente bombinette...
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/dette-les-grecs-et-la-deptocracy-93048
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/dette-les-grecs-et-la-deptocracy-93478
En attendant sous-titres, voici la traduc en français, en deux parties:
Excellente bombinette...
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/dette-les-grecs-et-la-deptocracy-93048
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/dette-les-grecs-et-la-deptocracy-93478
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Où va la crise ?
AFP - 06/05/2011
Fannie Mae perd encore 8,7 milliards de dollars et demande presque autant au Trésor
L'organisme de refinancement hypothécaire américain semi-public Fannie Mae a encore perdu 8,7 milliards de dollars au premier trimestre, à cause d'une hausse des dépenses liées au crédit, et réclame encore 8,5 milliards au Trésor américain pour éponger son déficit.
La perte du premier trimestre a été nettement réduite comparé à la même période l'an dernier, quand l'établissement avait perdu 13 milliards de dollars, mais quadruplée comparé au quatrième trimestre, période où elle avait réduit sa perte à 2,1 milliards de dollars.
"Les prix des logements ont baissé de 1,8% dans l'ensemble du pays" même s'ils ont augmenté dans certaines zones, "ce qui a eu un impact négatif direct sur les dépenses liées au crédits", a justifié le groupe dans un communiqué.
"Quasiment toutes les dépenses de crédit au premier trimestre étaient liées à des prêts hérités de la crise, avant 2009", ajoute-t-il.
"Nous nous attendons à ce que nos dépenses liées aux emprunts restent élevées en 2011 alors que nous continuons à pâtir de la baisse prolongée des prix du logement" a commenté Michael Williams, directeur général.
"Alors que nous allons de l'avant, nous bâtissons un nouveau portefeuille d'affaires", ajoute-t-il.
"L'agence fédérale de financement du logement (FHFA) a demandé 8,5 milliards de dollars au Trésor de la part de l'entreprise pour éliminer le déficit", fait valoir le communiqué.
Fannie Mae rappelle que sa perte du trimestre est due à hauteur de 2,2 milliards de dollars aux dividendes préférentiels payés au Trésor et que ces dividende s'élèvent au total depuis l'émission de ces titres à 12,4 milliards de dollars.
L'organisme, qui se revendique le premier "fournisseur de liquidités pour les prêts hypothécaires de logements individuels" aux Etats-Unis, comptait dans son bilan 206 milliards de dollars de prêts "non-performants" à la fin mars.
Il dit continuer à assainir ses comptes de ses mauvais prêts mais s'attend à "ce que les prêts pour des logements individuels acquis depuis janvier 2009 soient rentables sur l'ensemble de leur durée de vie".
Le groupe a dégagé 5,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires au premier trimestre 2011, en hausse de 73% sur un an, mais cette progression a été totalement absorbée par des dépenses liés aux prêts, qui s'élèvent à 11,7 milliards de dollars, dont 5,7 milliards de dollars de pertes.
Les réserves pour pertes se situaient à 90,6 milliards fin mars contre 85,4 milliards fin 2010.
Fannie Mae perd encore 8,7 milliards de dollars et demande presque autant au Trésor
L'organisme de refinancement hypothécaire américain semi-public Fannie Mae a encore perdu 8,7 milliards de dollars au premier trimestre, à cause d'une hausse des dépenses liées au crédit, et réclame encore 8,5 milliards au Trésor américain pour éponger son déficit.
La perte du premier trimestre a été nettement réduite comparé à la même période l'an dernier, quand l'établissement avait perdu 13 milliards de dollars, mais quadruplée comparé au quatrième trimestre, période où elle avait réduit sa perte à 2,1 milliards de dollars.
"Les prix des logements ont baissé de 1,8% dans l'ensemble du pays" même s'ils ont augmenté dans certaines zones, "ce qui a eu un impact négatif direct sur les dépenses liées au crédits", a justifié le groupe dans un communiqué.
"Quasiment toutes les dépenses de crédit au premier trimestre étaient liées à des prêts hérités de la crise, avant 2009", ajoute-t-il.
"Nous nous attendons à ce que nos dépenses liées aux emprunts restent élevées en 2011 alors que nous continuons à pâtir de la baisse prolongée des prix du logement" a commenté Michael Williams, directeur général.
"Alors que nous allons de l'avant, nous bâtissons un nouveau portefeuille d'affaires", ajoute-t-il.
"L'agence fédérale de financement du logement (FHFA) a demandé 8,5 milliards de dollars au Trésor de la part de l'entreprise pour éliminer le déficit", fait valoir le communiqué.
Fannie Mae rappelle que sa perte du trimestre est due à hauteur de 2,2 milliards de dollars aux dividendes préférentiels payés au Trésor et que ces dividende s'élèvent au total depuis l'émission de ces titres à 12,4 milliards de dollars.
L'organisme, qui se revendique le premier "fournisseur de liquidités pour les prêts hypothécaires de logements individuels" aux Etats-Unis, comptait dans son bilan 206 milliards de dollars de prêts "non-performants" à la fin mars.
Il dit continuer à assainir ses comptes de ses mauvais prêts mais s'attend à "ce que les prêts pour des logements individuels acquis depuis janvier 2009 soient rentables sur l'ensemble de leur durée de vie".
Le groupe a dégagé 5,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires au premier trimestre 2011, en hausse de 73% sur un an, mais cette progression a été totalement absorbée par des dépenses liés aux prêts, qui s'élèvent à 11,7 milliards de dollars, dont 5,7 milliards de dollars de pertes.
Les réserves pour pertes se situaient à 90,6 milliards fin mars contre 85,4 milliards fin 2010.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Reprise aux USA ? Les banques font des profits, mais pour le reste..
Dans le Wall Street Journal :"Les prix à la consommation dans les économies développées ont grimpé en mars à leur rythme le plus rapide depuis octobre 2008, nourris par l'inflation de l'énergie et des denrées alimentaires".
Quelques articles du Financial Times se concentrent sur la réaction des ménages américains. Selon le journal, les consommateurs ne vont plus aussi souvent dans les centres commerciaux."Les achats en ligne grimpent aux Etats-Unis à mesure que le coût du carburant freine les voyages dans les centres commerciaux". Parallèlement, "les Américains se débarrassent de leurs télévisions, un geste destiné à économiser", dit un autre titre. "Les classes moyennes et basses abandonnent leurs télévisions et débranchent leurs téléphones filaires", commente l'article...
Quelques articles du Financial Times se concentrent sur la réaction des ménages américains. Selon le journal, les consommateurs ne vont plus aussi souvent dans les centres commerciaux."Les achats en ligne grimpent aux Etats-Unis à mesure que le coût du carburant freine les voyages dans les centres commerciaux". Parallèlement, "les Américains se débarrassent de leurs télévisions, un geste destiné à économiser", dit un autre titre. "Les classes moyennes et basses abandonnent leurs télévisions et débranchent leurs téléphones filaires", commente l'article...
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Page 6 sur 40 • 1 ... 5, 6, 7 ... 23 ... 40
Page 6 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum