Education nationale
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Re: Education nationale
Copas a écrit:
Pour le reste je ne suis pas sur que des oppositions à la bureaucratie de la FSU, de cette façon permettent une mise en mouvement des enseignants, mais ce n'est pas mon secteur, donc...
C'est un point de vue que je peux comprendre même s'il n'est pas le mien - pas plus que celui qui consisterait à penser qu'on va à un congrès national pour "convaincre des syndicalistes"... pour avoir vécu ce genre d'événement à plusieurs reprises, je peux t'assurer qu'à ce niveau il y a 90% de bureaucrates minimum, et très très peu de vrais humains.
Mais si on ne pense pas que c'est utile d'y intervenir, on n'y va pas! On se consacre plutôt à animer des "AG" d'extrême-gauche... avec l'utilité très discutable de la chose.
Seulement, si on y va - et c'est un choix revendiqué dans le communiqué du NPA - on y mène effectivement un combat politique. Or le communiqué ne permet absolument pas de s'en faire une idée: des compte-rendus précis? Des interventions? Des textes soumis au vote? Des enseignements à en tirer?
C'est ça que j'aimerais savoir.
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Re: Education nationale
Barber a écrit:Copas a écrit:
Pour le reste je ne suis pas sur que des oppositions à la bureaucratie de la FSU, de cette façon permettent une mise en mouvement des enseignants, mais ce n'est pas mon secteur, donc...
C'est un point de vue que je peux comprendre même s'il n'est pas le mien - pas plus que celui qui consisterait à penser qu'on va à un congrès national pour "convaincre des syndicalistes"... pour avoir vécu ce genre d'événement à plusieurs reprises, je peux t'assurer qu'à ce niveau il y a 90% de bureaucrates minimum, et très très peu de vrais humains.
Mais si on ne pense pas que c'est utile d'y intervenir, on n'y va pas! On se consacre plutôt à animer des "AG" d'extrême-gauche... avec l'utilité très discutable de la chose.
Seulement, si on y va - et c'est un choix revendiqué dans le communiqué du NPA - on y mène effectivement un combat politique. Or le communiqué ne permet absolument pas de s'en faire une idée: des compte-rendus précis? Des interventions? Des textes soumis au vote? Des enseignements à en tirer?
C'est ça que j'aimerais savoir.
Je suis un militant syndicaliste engagé dans une bataille qui va faire reculer sur la question des retraites un gouvernement en Europe. Si on ne se fait pas encaserner , Donc...
La critique des démarches procédurières où on croit avoir remporté une bataille importante parce qu'on a déplacé une virgule est importante. Si on veut faire progresser les choses il faut s'y prendre pour l'essentiel autrement.
Je parle de l'importance donnée à des batailles d'opposition de cette façon , qui sont trop souvent des batailles procédurières qui ne servent pas à grand chose.
La question actuelle par exemple des tentatives de coordinations des luttes ne se déroule pas, pour 99% de l'action de classe, par des motions d'opposition syndicales.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Education nationale
Oui oui. Mais les précisions que je demandais ne s'adressaient pas à toi.
La bataille menée par les militants du NPA à Poitiers, il doit bien y avoir des traces écrites? Alors?
La bataille menée par les militants du NPA à Poitiers, il doit bien y avoir des traces écrites? Alors?
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
Enseignement en Occitan
http://npaherault.blogspot.com/2013/03/lenseignement-en-occitan-pour.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Education nationale
Congrès de la FSU : contre le soutien critique de la direction de la FSU au gouvernement, construire un grand courant oppositionnel pour que le syndicat soit un outil réellement utile aux luttes
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-475.pdf
Arrêtons le massacre de l’université !
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-474.pdf
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-475.pdf
Arrêtons le massacre de l’université !
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-474.pdf
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
Re: Education nationale
Gaston Lefranc a écrit:Congrès de la FSU : contre le soutien critique de la direction de la FSU au gouvernement, construire un grand courant oppositionnel pour que le syndicat soit un outil réellement utile aux luttes
http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/artpdf-475.pdf
Compte-rendu malhonnête et même mensonger. D'abord parce qu'on se demandera encore à l'issue de ce texte quel combat son rédacteur a mené au sein du congrès. Ou bien, on croira qu'il a effectivement combattu devant le congrès pour y défendre les orientations dont il se réclame, ce qui n'est pas le cas.
Ensuite parce qu'il ne dit pas un mot de ceux qui ont effectivement mené le combat du début à la fin sur toutes les questions indiquées (abrogation du décret sur les rythmes scolaires, retrait du projet de loi Peillon, retrait du projet de loi Fioraso, retrait immédiat et inconditionnel des troupes françaises au Mali, régularisation de tous les sans-papiers...).
Non, le texte conclut que pour construire une "opposition combative" à la direction de la FSU, il faut arracher les "militants combatifs" d'une des tendances dirigeantes de la FSU, animée par des cadres syndicaux passés du NPA au Front de Gauche.... en les faisant passer à une autre tendance... dont le responsable national est membre du Parti de Gauche. Une tendance qui n'a pas assumé le quart des orientations politiques que la "tendance CLAIRE" prétend qu'il aurait fallu défendre.
Petites combines internes et honnêteté politique ne font pas bon ménage. Pendant ce temps-là, le gouvernement travaille, les travailleurs subissent son offensive, et la portée réelle de ce qui s'est joué au congrès ne ressort nullement de ce charabia.
Le vrai compte-rendu - celui où les militants rendent véritablement compte de leur intervention, textes et vidéos à l'appui, vous le trouverez du côté du courant Front Unique!
Barber- Messages : 142
Date d'inscription : 19/02/2011
TOUS DANS LA RUE LE 28
http://npa.jeunes.free.fr/spip.php?article1222
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Education nationale
http://www.questionsdeclasses.org/?La-Guerre-aux-pauvres-commence-a-l
La Guerre aux pauvres commence à l’école : sur la morale laïque, entretien avec Ruwen Ogien
Ruwen Ogien, philosophe et auteur de La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque a très gentiment accepté de répondre à nos questions pour le site Questions de classe(s). Nous vous livrons son analyse du projet de Vincent Peillon de rétablissement de la morale à l’école.
À noter également que Ruwen Ogien était l’invité de l’émission "Tête-à-tête" sur France culture du 28 avril, pour un entretien vraiment passionnant à écouter ici.
Questions de classe(s) - Avec La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque (Grasset, 2013, 168 p., 14,50 €) vous nous proposez un livre « sur » l’actualité qui s’ouvre en montrant que ce retour prôné par Vincent Peillon est tout sauf original et qu’il s’inscrit à la fois dans la nostalgie de l’école d’antan et dans le mouvement de revanche contre « l’esprit 68 » déjà porté par ses prédécesseurs. La nouveauté serait surtout que Vincent Peillon pourrait réussir à convertir la gauche au conservatisme scolaire, comme elle s’est convertie au libéralisme ou à la pensée sécuritaire...
Ruwen Ogien - Ce que la pensée conservatrice a de plus frappant, c’est sa vision moraliste des urgences politiques. Pour ceux qui la propagent, le problème principal de nos sociétés n’est pas l’accroissement considérable des inégalités de richesse et de pouvoir, le traitement inhumain des immigrés sans papiers, ou les atteintes à la vie privée par le fichage clandestin et la surveillance illégitime des communications. Non. Ce qui les préoccupe, c’est l’effondrement d’un certain ordre moral fondé sur le goût de l’effort, le sens de la hiérarchie, le respect de la discipline, le contrôle des désirs, la fidélité aux traditions, l’identification à la communauté nationale, et la valorisation de la famille « naturelle » et hétérosexuelle. Logiquement, la priorité, pour les conservateurs, n’est pas d’améliorer la condition économique des plus défavorisés, ou de mieux protéger les droits et les libertés de chacun. Elle est de restaurer cet ordre moral.
Le projet de ramener la morale « laïque » à l’école séduit manifestement beaucoup de monde, à droite comme à gauche. Il repose cependant sur une idée profondément conservatrice : le problème principal de l’école ne serait pas qu’elle manque de moyens matériels, et qu’elle est incapable, aujourd’hui, de compenser les injustices causées par un système économique et social profondément inégal. Non. Le problème, c’est l’immoralité des élèves, plus exactement l’immoralité des élèves des quartiers défavorisés ! Car pourquoi auraient-ils besoin de cours de morale, s’ils étaient déjà moraux ?
En affirmant que la France a besoin d’un « redressement moral » avec des accents réactionnaires un peu gênants pour tous ceux qui veulent soutenir ce gouvernement, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, dont les engagements à gauche sont pourtant incontestables, consacre l’hégémonie de la pensée conservatrice sur le sujet de l’école, comme d’autres ministres de gauche l’ont consacrée, par leurs déclarations, sur l’immigration ou la sécurité. C’est une tendance qu’il faut, je crois, essayer de combattre sans se lasser.
Q2C - Ce qui distingue aussi le projet de Vincent Peillon de celui de ses prédécesseurs, c’est l’adjectif « laïque » accolé au terme de morale. Comment comprendre cette démarche et ses impasses ?
R. O - Il ne faut pas être naïf. On ne peut pas ignorer ce que sont devenus les mots « laïque » et « laïcité » dans le débat public aujourd’hui.
Loin d’exprimer la défense de la justice sociale, des droits et des libertés individuelles, comme ce fut le cas à certains moments de l’histoire, les mots « laïque » et « laïcité » servent à glorifier la Nation et ses « traditions » (gros rouge et saucisses de cochon, entre autres), et de discréditer les minorités religieuses qui ont le « culot » de revendiquer l’égalité dans la possibilité de s’exprimer publiquement et de vivre selon leurs propres habitudes culinaires ou vestimentaires.
Pour éviter ce danger, il faudrait dire et répéter que l’usage public des mots « laïque » et « laïcité » ne vise nullement à étouffer le pluralisme des mœurs, la diversité des habitudes culinaires et vestimentaires, à rejeter les revendications présentes à l’expression publique des minorités religieuses, ou à stigmatiser telle ou telle population déjà défavorisée. Ce que le ministre ne fait pas suffisamment à mon avis.
C’est pourquoi je me suis permis de suggérer que son projet peut parfaitement être compris comme visant en priorité, les jeunes des quartiers défavorisés, généralement accusés d’être trop sensibles à l’appel de l’intégrisme religieux musulman, d’être trop violents et trop incivils, des jeunes dont tout le monde semble penser qu’il serait urgent de les « discipliner », et de les ramener dans le « droit chemin » de l’uniformité républicaine.
En effet, même si sa portée est plus large dans l’esprit du ministre, c’est ainsi que son projet d’enseignement de la morale laïque est généralement interprété, et c’est ce qui explique pourquoi il suscite un tel enthousiasme, même à l’extrême droite… et même chez les croyants catholiques !
Selon un sondage IFOP effectué du 4 au 6 septembre 2012, après que Vincent Peillon ait annoncé pour la première fois son projet d’un enseignement de morale laïque, 86% des catholiques étaient pour des cours de morale laïque ! (Dimanche Ouest-France, 8 septembre 2012). C’est quand même significatif. Même les plus catholiques semblent apprécier la laïcité lorsqu’elle est comprise ainsi !
En fait, le ministre de l’Éducation nationale n’a probablement pas l’intention, par son projet, de stigmatiser une population Il vise plutôt à obtenir une sorte de consensus sur ses projets de réforme de l’école, et il sait que l’idée d’un retour de la morale peut servir de base à ce consensus, parce qu’elle est approuvée par la majorité des citoyens. Mais le danger politique de voir la morale dite « laïque » mise au service de la stigmatisation des musulmans existe clairement à mon avis.
Q2C - L’ouvrage aborde cet enseignement de la morale d’un point de vue philosophique. Mais c’est aussi une réflexion pédagogique puisque vous y poser la question de la possibilité d’un tel enseignement, de ses modalités et surtout de son efficacité. Quelle conclusion en tirez-vous ?
R. O. - Le projet de faire revenir la morale à l’école part du postulat que la morale peut s’enseigner au moyen de cours et d’examens, comme si c’était une connaissance théorique du même genre que la physique - chimie ou l’histoire - géographie.
Il ne tient pas compte du fait que ce postulat n’a rien d’une vérité d’évidence, et qu’il est disputé depuis l’antiquité. La morale peut-elle s’enseigner ? Et si son enseignement est possible, doit-il se faire de façon magistrale au moyen de cours et d’examens ? Ne consiste-t-il pas plutôt à montrer l’exemple, et à donner l’envie de le suivre ? Les examens de morale devront-ils vérifier, la connaissance de l’histoire des idées morales, celle des principes de la morale, ou la moralité des conduites de l’élève ? L’élève devra-t-il seulement montrer qu’il sait ce qu’est la vertu, ou devra-t-il prouver qu’il est devenu vertueux grâce au programme ?
Toutes ces questions philosophiques se ramènent en fait à une seule plus terre-à-terre : l’enseignement de la morale laïque devra-il ressembler à celui des sciences naturelles ou de la natation ? Savoir nager ne consiste évidemment pas à être capable de décrire les mouvements de la brasse sur une copie d’examen ! Et si apprendre la morale laïque, c’est comme apprendre à nager, si c’est la transformation des conduites de l’élève qui est visée, comment sera-elle évaluée ? En soumettant l’élève à des tentations (tricher, voler, mentir, tromper, etc.) pour voir s’il y résiste ? En instaurant une surveillance permanente des élèves en dehors de l’école par des agents spécialisés ? En construisant des confessionnaux « laïques » où l’élève devra avouer au professeur de morale ses péchés contre le « vivre ensemble » ou le bien commun ?
Finalement, lorsqu’on s’interroge sur la possibilité même d’enseigner la morale à l’école, on ne peut pas éviter de se poser des questions plus générales sur le contexte dans lequel les professeurs sont censés inculquer les valeurs suprêmes de la République : liberté, égalité, fraternité. Comment un enseignement de la fraternité peut-il être dispensé dans le contexte d’un système qui cultive la concurrence acharnée entre les élèves et les établissements scolaires ? Comment un enseignement de la liberté et de l’égalité pourrait être donné dans le contexte d’une institution organisée comme une armée, outrageusement centralisée et hiérarchisée, où les enseignants souffrent plus, finalement, de mépris et du contrôle permanent de leurs supérieurs que des provocations de leurs élèves ?Pour certains observateurs que l’état présent de l’école en France préoccupe, ce qu’il faudrait pour améliorer les choses, ce n’est pas plus d’autorité, de surveillance, de contrôle, mais plus de démocratie à tous les niveaux. En ce qui concerne les conduites « antisociales » à l’école, par exemple, ils constatent que les établissements dans lesquels les élèves participent à l’élaboration du règlement intérieur sont, par la suite, les moins exposés aux actes de violence. Cette hypothèse n’est probablement pas acceptée par tout le monde, mais elle mérite d’être explorée. En tout cas, s’il fallait choisir entre deux moyens de rendre l’école plus satisfaisante pour ses membres, enseignants et élèves, ou bien introduire plus de démocratie à tous les niveaux, ou bien restaurer des cours de morale laïque, je n’aurais personnellement aucune hésitation. Ce ne serait pas les cours de morale !
Q2C - Le titre frappe fort, et, à première vue le lien entre « la guerre contre les pauvres » et la morale laïque ne semble pas immédiat. Est-ce que vous pouvez éclairer le rapport que vous établissez entre les deux ?
R. O. - De nombreuses enquêtes montrent que l’explication de la pauvreté par la paresse n’a cessé de gagner du terrain dans le monde « occidental » au cours des années 1990, au détriment de l’explication par les phénomènes macro-économiques. Voyez par exemple celles dont fait état Nicolas Duvoux dans son excellent livre Le nouvel âge de la solidarité. Pauvreté, précarité et politiques publiques (2012).
L’idée qui se répand à nouveau, comme si on revenait au XIXe siècle, c’est que si vous êtes riche, c’est que vous le méritez, et que si vous être pauvre, c’est de votre faute. Vous ne vous levez pas assez tôt, vous ne cherchez pas un emploi avec suffisamment de persévérance, vous préférez être assisté, et ainsi de suite.
On cherche de plus en plus massivement à « blâmer la victime ». C’est ce que j’appelle la guerre intellectuelle contre les pauvres.
Cette guerre aux pauvres s’exprime aussi dans les tentatives d’expliquer la situation des plus défavorisés par des déficits moraux des individus, plutôt que par les effets d’un système social injuste à la base, et d’une redistribution des bénéfices de la coopération sociale et économique qui ne permet pas de compenser les handicaps initiaux.
À mon avis, le retour de la morale à l’école exprime aussi cette philosophie, Mettre l’accent sur la nécessité de la morale à l’école permet de diminuer l’importance du facteur social dans l’explication de la violence et de l’échec scolaire. C’est en ce sens qu’on peut dire du retour de la morale à l’école qu’il est un nouvel épisode dans la guerre intellectuelle contre les pauvres, visant, comme les précédents, à les rendre responsables des injustices qu’ils subissent. S’ils échouent, c’est parce qu’ils sont immoraux.
Q2C - Une telle annonce semble finalement avoir pour objectif de détourner les regards des véritables enjeux scolaires du moment et d’offrir une grille d’analyse conservatrice et réactionnaire de l’école. Le texte reste assez discret sur ces questions et en particulier, puisque c’est l’un de vos objets d’étude en tant que philosophe, sur la question sociale. Comment faites-vous le lien entre cette question sociale et l’école. Que pensez-vous par exemple des réflexions et des pratiques visant à faire advenir une « pédagogie sociale » ?
R. O. - Pour ceux qu’on appelle les « nouveaux réactionnaires », l’école serait en pleine « décadence » parce qu’elle serait devenue trop démocratique (les élèves ne se lèvent plus à l’arrivée des professeurs, ils ont leur mot à dire sur des problèmes d’organisation interne de l’école, et les parents aussi : quel scandale !), trop pluraliste en matière religieuse (on peut manger « halal » ou « cachère » dans certaines cantines : où sont passées nos traditions ?), trop tolérante à l’égard des attitudes plus décontractées, et plus libres des jeunes d’aujourd’hui (on s’habille comme on veut, on flirte dans la cour, on fume à la sortie : on est passé directement de l’école - caserne aux maisons closes !)
Ces critiques ne sont pas nouvelles, et elles rencontrent un certain écho chez les plus nostalgiques de l’école du passé.
Ce qui est nouveau, c’est que certains penseurs veulent en tirer des conclusions agressives contre la démocratie, le pluralisme moral et religieux, et la tolérance en matière de mœurs en général. Du fait que, d’après eux, ces principes ne marchent pas à l’école, ils affirment qu’ils ne peuvent marcher nulle part !
Le raisonnement est fallacieux du début à la fin. D’abord, ces principes ne marchent pas plus mal que ceux qui autorisaient les maîtres à tirer les oreilles des élèves, ou qui forçaient les élèves à cacher leur appartenance religieuse quand elle n’était pas chrétienne. Ensuite, même si ces principes ne sont pas pertinents pour l’école, il ne s’ensuit pas qu’ils ne peuvent pas l’être ailleurs.
Il n’empêche qu’un discours radical sur les ravages de la démocratie, du pluralisme et de la liberté prospère sur le fond d’une description effrayante de la vie quotidienne dans les établissements scolaires des quartiers populaires.
Ce que j’ai voulu, montrer, dans mon livre, c’est que contrairement à ce que les nouveaux réactionnaires proclament dès qu’on leur donne l’occasion de s’exprimer, ce dont l’école souffre, ce dont nous souffrons en général sans la société, ce n’est pas de l’excès de démocratie, de pluralisme moral et religieux, et de libertés individuelles, mais des restrictions de plus en plus fortes à la démocratie, au pluralisme, et à la liberté.
Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C
La Guerre aux pauvres commence à l’école : sur la morale laïque, entretien avec Ruwen Ogien
Ruwen Ogien, philosophe et auteur de La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque a très gentiment accepté de répondre à nos questions pour le site Questions de classe(s). Nous vous livrons son analyse du projet de Vincent Peillon de rétablissement de la morale à l’école.
À noter également que Ruwen Ogien était l’invité de l’émission "Tête-à-tête" sur France culture du 28 avril, pour un entretien vraiment passionnant à écouter ici.
Questions de classe(s) - Avec La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque (Grasset, 2013, 168 p., 14,50 €) vous nous proposez un livre « sur » l’actualité qui s’ouvre en montrant que ce retour prôné par Vincent Peillon est tout sauf original et qu’il s’inscrit à la fois dans la nostalgie de l’école d’antan et dans le mouvement de revanche contre « l’esprit 68 » déjà porté par ses prédécesseurs. La nouveauté serait surtout que Vincent Peillon pourrait réussir à convertir la gauche au conservatisme scolaire, comme elle s’est convertie au libéralisme ou à la pensée sécuritaire...
Ruwen Ogien - Ce que la pensée conservatrice a de plus frappant, c’est sa vision moraliste des urgences politiques. Pour ceux qui la propagent, le problème principal de nos sociétés n’est pas l’accroissement considérable des inégalités de richesse et de pouvoir, le traitement inhumain des immigrés sans papiers, ou les atteintes à la vie privée par le fichage clandestin et la surveillance illégitime des communications. Non. Ce qui les préoccupe, c’est l’effondrement d’un certain ordre moral fondé sur le goût de l’effort, le sens de la hiérarchie, le respect de la discipline, le contrôle des désirs, la fidélité aux traditions, l’identification à la communauté nationale, et la valorisation de la famille « naturelle » et hétérosexuelle. Logiquement, la priorité, pour les conservateurs, n’est pas d’améliorer la condition économique des plus défavorisés, ou de mieux protéger les droits et les libertés de chacun. Elle est de restaurer cet ordre moral.
Le projet de ramener la morale « laïque » à l’école séduit manifestement beaucoup de monde, à droite comme à gauche. Il repose cependant sur une idée profondément conservatrice : le problème principal de l’école ne serait pas qu’elle manque de moyens matériels, et qu’elle est incapable, aujourd’hui, de compenser les injustices causées par un système économique et social profondément inégal. Non. Le problème, c’est l’immoralité des élèves, plus exactement l’immoralité des élèves des quartiers défavorisés ! Car pourquoi auraient-ils besoin de cours de morale, s’ils étaient déjà moraux ?
En affirmant que la France a besoin d’un « redressement moral » avec des accents réactionnaires un peu gênants pour tous ceux qui veulent soutenir ce gouvernement, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, dont les engagements à gauche sont pourtant incontestables, consacre l’hégémonie de la pensée conservatrice sur le sujet de l’école, comme d’autres ministres de gauche l’ont consacrée, par leurs déclarations, sur l’immigration ou la sécurité. C’est une tendance qu’il faut, je crois, essayer de combattre sans se lasser.
Q2C - Ce qui distingue aussi le projet de Vincent Peillon de celui de ses prédécesseurs, c’est l’adjectif « laïque » accolé au terme de morale. Comment comprendre cette démarche et ses impasses ?
R. O - Il ne faut pas être naïf. On ne peut pas ignorer ce que sont devenus les mots « laïque » et « laïcité » dans le débat public aujourd’hui.
Loin d’exprimer la défense de la justice sociale, des droits et des libertés individuelles, comme ce fut le cas à certains moments de l’histoire, les mots « laïque » et « laïcité » servent à glorifier la Nation et ses « traditions » (gros rouge et saucisses de cochon, entre autres), et de discréditer les minorités religieuses qui ont le « culot » de revendiquer l’égalité dans la possibilité de s’exprimer publiquement et de vivre selon leurs propres habitudes culinaires ou vestimentaires.
Pour éviter ce danger, il faudrait dire et répéter que l’usage public des mots « laïque » et « laïcité » ne vise nullement à étouffer le pluralisme des mœurs, la diversité des habitudes culinaires et vestimentaires, à rejeter les revendications présentes à l’expression publique des minorités religieuses, ou à stigmatiser telle ou telle population déjà défavorisée. Ce que le ministre ne fait pas suffisamment à mon avis.
C’est pourquoi je me suis permis de suggérer que son projet peut parfaitement être compris comme visant en priorité, les jeunes des quartiers défavorisés, généralement accusés d’être trop sensibles à l’appel de l’intégrisme religieux musulman, d’être trop violents et trop incivils, des jeunes dont tout le monde semble penser qu’il serait urgent de les « discipliner », et de les ramener dans le « droit chemin » de l’uniformité républicaine.
En effet, même si sa portée est plus large dans l’esprit du ministre, c’est ainsi que son projet d’enseignement de la morale laïque est généralement interprété, et c’est ce qui explique pourquoi il suscite un tel enthousiasme, même à l’extrême droite… et même chez les croyants catholiques !
Selon un sondage IFOP effectué du 4 au 6 septembre 2012, après que Vincent Peillon ait annoncé pour la première fois son projet d’un enseignement de morale laïque, 86% des catholiques étaient pour des cours de morale laïque ! (Dimanche Ouest-France, 8 septembre 2012). C’est quand même significatif. Même les plus catholiques semblent apprécier la laïcité lorsqu’elle est comprise ainsi !
En fait, le ministre de l’Éducation nationale n’a probablement pas l’intention, par son projet, de stigmatiser une population Il vise plutôt à obtenir une sorte de consensus sur ses projets de réforme de l’école, et il sait que l’idée d’un retour de la morale peut servir de base à ce consensus, parce qu’elle est approuvée par la majorité des citoyens. Mais le danger politique de voir la morale dite « laïque » mise au service de la stigmatisation des musulmans existe clairement à mon avis.
Q2C - L’ouvrage aborde cet enseignement de la morale d’un point de vue philosophique. Mais c’est aussi une réflexion pédagogique puisque vous y poser la question de la possibilité d’un tel enseignement, de ses modalités et surtout de son efficacité. Quelle conclusion en tirez-vous ?
R. O. - Le projet de faire revenir la morale à l’école part du postulat que la morale peut s’enseigner au moyen de cours et d’examens, comme si c’était une connaissance théorique du même genre que la physique - chimie ou l’histoire - géographie.
Il ne tient pas compte du fait que ce postulat n’a rien d’une vérité d’évidence, et qu’il est disputé depuis l’antiquité. La morale peut-elle s’enseigner ? Et si son enseignement est possible, doit-il se faire de façon magistrale au moyen de cours et d’examens ? Ne consiste-t-il pas plutôt à montrer l’exemple, et à donner l’envie de le suivre ? Les examens de morale devront-ils vérifier, la connaissance de l’histoire des idées morales, celle des principes de la morale, ou la moralité des conduites de l’élève ? L’élève devra-t-il seulement montrer qu’il sait ce qu’est la vertu, ou devra-t-il prouver qu’il est devenu vertueux grâce au programme ?
Toutes ces questions philosophiques se ramènent en fait à une seule plus terre-à-terre : l’enseignement de la morale laïque devra-il ressembler à celui des sciences naturelles ou de la natation ? Savoir nager ne consiste évidemment pas à être capable de décrire les mouvements de la brasse sur une copie d’examen ! Et si apprendre la morale laïque, c’est comme apprendre à nager, si c’est la transformation des conduites de l’élève qui est visée, comment sera-elle évaluée ? En soumettant l’élève à des tentations (tricher, voler, mentir, tromper, etc.) pour voir s’il y résiste ? En instaurant une surveillance permanente des élèves en dehors de l’école par des agents spécialisés ? En construisant des confessionnaux « laïques » où l’élève devra avouer au professeur de morale ses péchés contre le « vivre ensemble » ou le bien commun ?
Finalement, lorsqu’on s’interroge sur la possibilité même d’enseigner la morale à l’école, on ne peut pas éviter de se poser des questions plus générales sur le contexte dans lequel les professeurs sont censés inculquer les valeurs suprêmes de la République : liberté, égalité, fraternité. Comment un enseignement de la fraternité peut-il être dispensé dans le contexte d’un système qui cultive la concurrence acharnée entre les élèves et les établissements scolaires ? Comment un enseignement de la liberté et de l’égalité pourrait être donné dans le contexte d’une institution organisée comme une armée, outrageusement centralisée et hiérarchisée, où les enseignants souffrent plus, finalement, de mépris et du contrôle permanent de leurs supérieurs que des provocations de leurs élèves ?Pour certains observateurs que l’état présent de l’école en France préoccupe, ce qu’il faudrait pour améliorer les choses, ce n’est pas plus d’autorité, de surveillance, de contrôle, mais plus de démocratie à tous les niveaux. En ce qui concerne les conduites « antisociales » à l’école, par exemple, ils constatent que les établissements dans lesquels les élèves participent à l’élaboration du règlement intérieur sont, par la suite, les moins exposés aux actes de violence. Cette hypothèse n’est probablement pas acceptée par tout le monde, mais elle mérite d’être explorée. En tout cas, s’il fallait choisir entre deux moyens de rendre l’école plus satisfaisante pour ses membres, enseignants et élèves, ou bien introduire plus de démocratie à tous les niveaux, ou bien restaurer des cours de morale laïque, je n’aurais personnellement aucune hésitation. Ce ne serait pas les cours de morale !
Q2C - Le titre frappe fort, et, à première vue le lien entre « la guerre contre les pauvres » et la morale laïque ne semble pas immédiat. Est-ce que vous pouvez éclairer le rapport que vous établissez entre les deux ?
R. O. - De nombreuses enquêtes montrent que l’explication de la pauvreté par la paresse n’a cessé de gagner du terrain dans le monde « occidental » au cours des années 1990, au détriment de l’explication par les phénomènes macro-économiques. Voyez par exemple celles dont fait état Nicolas Duvoux dans son excellent livre Le nouvel âge de la solidarité. Pauvreté, précarité et politiques publiques (2012).
L’idée qui se répand à nouveau, comme si on revenait au XIXe siècle, c’est que si vous êtes riche, c’est que vous le méritez, et que si vous être pauvre, c’est de votre faute. Vous ne vous levez pas assez tôt, vous ne cherchez pas un emploi avec suffisamment de persévérance, vous préférez être assisté, et ainsi de suite.
On cherche de plus en plus massivement à « blâmer la victime ». C’est ce que j’appelle la guerre intellectuelle contre les pauvres.
Cette guerre aux pauvres s’exprime aussi dans les tentatives d’expliquer la situation des plus défavorisés par des déficits moraux des individus, plutôt que par les effets d’un système social injuste à la base, et d’une redistribution des bénéfices de la coopération sociale et économique qui ne permet pas de compenser les handicaps initiaux.
À mon avis, le retour de la morale à l’école exprime aussi cette philosophie, Mettre l’accent sur la nécessité de la morale à l’école permet de diminuer l’importance du facteur social dans l’explication de la violence et de l’échec scolaire. C’est en ce sens qu’on peut dire du retour de la morale à l’école qu’il est un nouvel épisode dans la guerre intellectuelle contre les pauvres, visant, comme les précédents, à les rendre responsables des injustices qu’ils subissent. S’ils échouent, c’est parce qu’ils sont immoraux.
Q2C - Une telle annonce semble finalement avoir pour objectif de détourner les regards des véritables enjeux scolaires du moment et d’offrir une grille d’analyse conservatrice et réactionnaire de l’école. Le texte reste assez discret sur ces questions et en particulier, puisque c’est l’un de vos objets d’étude en tant que philosophe, sur la question sociale. Comment faites-vous le lien entre cette question sociale et l’école. Que pensez-vous par exemple des réflexions et des pratiques visant à faire advenir une « pédagogie sociale » ?
R. O. - Pour ceux qu’on appelle les « nouveaux réactionnaires », l’école serait en pleine « décadence » parce qu’elle serait devenue trop démocratique (les élèves ne se lèvent plus à l’arrivée des professeurs, ils ont leur mot à dire sur des problèmes d’organisation interne de l’école, et les parents aussi : quel scandale !), trop pluraliste en matière religieuse (on peut manger « halal » ou « cachère » dans certaines cantines : où sont passées nos traditions ?), trop tolérante à l’égard des attitudes plus décontractées, et plus libres des jeunes d’aujourd’hui (on s’habille comme on veut, on flirte dans la cour, on fume à la sortie : on est passé directement de l’école - caserne aux maisons closes !)
Ces critiques ne sont pas nouvelles, et elles rencontrent un certain écho chez les plus nostalgiques de l’école du passé.
Ce qui est nouveau, c’est que certains penseurs veulent en tirer des conclusions agressives contre la démocratie, le pluralisme moral et religieux, et la tolérance en matière de mœurs en général. Du fait que, d’après eux, ces principes ne marchent pas à l’école, ils affirment qu’ils ne peuvent marcher nulle part !
Le raisonnement est fallacieux du début à la fin. D’abord, ces principes ne marchent pas plus mal que ceux qui autorisaient les maîtres à tirer les oreilles des élèves, ou qui forçaient les élèves à cacher leur appartenance religieuse quand elle n’était pas chrétienne. Ensuite, même si ces principes ne sont pas pertinents pour l’école, il ne s’ensuit pas qu’ils ne peuvent pas l’être ailleurs.
Il n’empêche qu’un discours radical sur les ravages de la démocratie, du pluralisme et de la liberté prospère sur le fond d’une description effrayante de la vie quotidienne dans les établissements scolaires des quartiers populaires.
Ce que j’ai voulu, montrer, dans mon livre, c’est que contrairement à ce que les nouveaux réactionnaires proclament dès qu’on leur donne l’occasion de s’exprimer, ce dont l’école souffre, ce dont nous souffrons en général sans la société, ce n’est pas de l’excès de démocratie, de pluralisme moral et religieux, et de libertés individuelles, mais des restrictions de plus en plus fortes à la démocratie, au pluralisme, et à la liberté.
Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C
fée clochette- Messages : 1274
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 59
Localisation : vachement loin de la capitale
Re: Education nationale
Communiqué du SNES FSU :
Dans un contexte où la crise du recrutement des enseignants et des conseillers principaux d’éducation (CPE) ne fait de doute pour personne et où l’OCDE montre depuis de nombreuses années que les enseignants débutants français sont payés 10 % de moins que la moyenne des pays de l’OCDE, le ministre propose dans le cadre de sa réforme de la formation des enseignants de diminuer la rémunération brute des enseignants de 20 %. En effet, un projet de décret soumis au Comité Technique Ministériel (CTM) du 17 juin prévoit que les enseignants et CPE débuteront leur carrière à 1 600 euros bruts au lieu des 2 000 euros actuels.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Education nationale
CDFN de la FSU : la direction refuse d’affronter le gouvernement Hollande
http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=537
http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=537
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
La direction FSU refuse d’affronter Hollande
Par Sébastien Langlois ( 4 octobre 2013)
Les 24 et 25 septembre s’est tenue une instance délibérative de la FSU, la Fédération Syndicale Unitaire regroupant des syndicats de métiers liés à la Fonction Publique. Cette instance, le Conseil Délibératif Fédéral National (CDFN), a pour mission de mandater la direction de la fédération afin que celle-ci puisse prendre publiquement position sur les différents dossiers de l’actualité et proposer des moyens d’action.
Nous avons jugé intéressant de porter à la connaissance de nos lecteurs/lectrices les débats qui ont traversé cette instance car ils rejoignent ceux qui traversent l’ensemble des syndicats en général. La FSU, bien que très bureaucratisée, possède un fonctionnement organisé en tendances et donc les minorités peuvent s’exprimer à tous les niveaux : ainsi des militants révolutionnaires peuvent développer (sans illusion !) des positions lutte de classe dans le cadre de leur tendance syndicale.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les mandats obtenus par la direction faisant passer ses positions via le courant « Unité et Action » ne sont pas des mandats d’opposition au gouvernement Hollande. Pourtant, il n’est plus possible de nier que ce gouvernement se situe dans la continuité anti-sociale de celui de Sarkozy, restructurant toujours davantage le système productif français au bénéfice des capitalistes. Traitons particulièrement de deux points mettant en relief la stratégie gouvernementale et la réponse de la direction de la FSU.
La direction de la FSU refuse de revendiquer l’abrogation de la réforme des rythmes scolaires
Plutôt que de changer légalement le statut des enseignants pour appliquer la loi d’orientation sur l’école de Peillon, le gouvernement met en place les conditions, par la pratique, de la dérégulation des cadres de travail. La réforme des rythmes scolaires en est sans aucun doute l’outil. Les difficultés de partage des locaux entre les activités scolaires et périscolaires obligent d’ores et déjà les enseignant-e-s à augmenter leur temps de présence dans les établissements. Des témoignages ont rapporté des exemples de communes où le périscolaire prend parfois le pas sur les activités scolaires. D’autres font état de l’amateurisme des activités périscolaires mises en places et de la non pérennité des moyens pour les financer... L’éducation physique et sportive (EPS) que le gouvernement Sarkozy voulait faire sortir du cadre de l’enseignement classique pour en attribuer la gestion aux communes est ici pratiquement en marche...
Un membre du syndicat de l’animation (EPA) a fait part de la nécessité que l’ensemble des personnels touchés par cette déréglementation organisée réponde collectivement. Une motion a été déposée par le courant « Émancipation » afin que le FSU se positionne pour l’abrogation de la réforme des rythmes scolaires. Cette motion a été largement rejetée...
Ce premier exemple illustre le manque de volonté de la direction de la FSU de s’opposer à ce gouvernement. Alors que des mobilisations se construisent comme à Aubervilliers dans le 93 ou à Quimper dans le 29 avec des enseignant-e-s et des parents se rendant compte de l’arnaque que constitue la réforme des rythmes scolaires, la direction de la FSU se dote d’une ligne conciliatrice vis-à-vis du gouvernement Peillon.
Comment ne pas mobiliser contre la réforme des retraites ?
Après le coup de force de l’ANI, Accord National Interprofessionnel permettant de précariser l’emploi, le gouvernement PS s’est donc attaqué au système de retraite. Au CDFN, la direction de la FSU a fini par accepter de demander l’abandon de cette réforme alors qu’elle demandait jusqu’ici une réforme plus juste. Si les mots d’ordres ne font pas la mobilisation, ils constituent cependant une base claire pour faire l’unité entre les syndicats mais surtout dans la rue. Demander le retrait du projet est donc une des étapes nécessaires pour construire une mobilisation qui ne rendrait plus le gouvernement maître des initiatives et du calendrier.
Mais il y a un hic ! La direction « Unité et Action » (U&A) et « École émancipée » (EE) (autre tendance dirigée principalement par la Gauche anticapitaliste, membre du Front de gauche) demande l’abandon de la réforme mais en même temps « que soit mise en œuvre une autre réforme prenant en compte les propositions alternatives que porte la FSU avec d’autres organisations ». L’arrêt des négociations n’est donc pas à l’ordre du jour. Le texte action d’U&A, amendé par EE, sorte de résolution actant les mandats pour la direction, dit d’ailleurs que les « mesures annoncées pour la prise en compte de la pénibilité, les jeunes et les femmes sont à approfondir pour être à la hauteur des besoins ». Or le gouvernement Hollande ressort les mêmes tours que le gouvernement Sarkozy et utilise la prise en compte de la pénibilité pour faire apparaître sa réforme comme une avancée pour les salarié-e-s. La prise en compte de la pénibilité est de plus un cheval de Troie pour introduire une individualisation du calcul des pensions, objectif par ailleurs affiché par la CFDT avec « la retraite à points ».
Le terrain lâché sur celui des retraites ne fera que rendre le gouvernement plus confiant pour attaquer la réforme annoncée de la Sécurité Sociale dans les tous prochains mois.
Ce cadre « revendicatif » est taillé sur mesure pour justifier la pratique du « dialogue social » au lieu de mobiliser efficacement contre le gouvernement. Comme les directions de la CGT et de FO, celle de la FSU refuse même d’appeler à une deuxième journée de grève nationale interprofessionnelle, ne déposant qu'un préavis de grève pour le 15 octobre afin que ceux qui le souhaitent puissent participer aux initiatives dispersées qui auront lieu ici ou là.
Cette orientation a déjà été rencontrée concernant l’ANI : une opposition formelle à une attaque gouvernementale, mais sans volonté d’affronter réellement le pouvoir – et de créer les conditions pour cela – car les directions syndicales se refusent à combattre la politique gouvernementale. Ce n’est pas un hasard si les directions du Front de Gauche, très liées à une partie des directions syndicales, sont dans la même logique, et n’ont appelé à aucune initiative nationale susceptible de gêner le gouvernement.
C’est ainsi que la majorité du CDFN a refusé les propositions d’action, qu’a portée sans ambiguïté le courant « Émancipation », visant à l’affrontement avec le gouvernement, à l’impulsion de l’auto-organisation et de grèves assorties de blocages de secteurs clés de la production. En proposant tout d’abord que la FSU réunisse rapidement une intersyndicale la plus large possible, en veillant à ce que la recherche de l’unité ne débouche pas sur le plus petit dénominateur commun en termes de revendications et d’actions, mais intègre les actions unitaires à la base dans des collectifs de luttes d’entreprises et de quartiers avec des appels d’établissements et de syndicalistes.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
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