L’extrême gauche et les cités
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Re: L’extrême gauche et les cités
Contextualisons, contextualisons.
Depuis presque 30 ans (et les fameux "rodéo des minguettes") la situation n'a pas beaucoup changé du coté des quartiers : avenir bouché, chômage avec coeficient multiplicateur "spécial ghetto", et sentiment pas totalement irraisonné que "les autres ne nous aiment pas". Par contre, du coté de LO on est passé d'une posture "MR" à une posture néochevenementise qui considére les jeunes desdits quartiers comme des "sauvageons" toujours rappelé a leurs origines, a leurs religion, a leurs "coutumes"
Comme le dit un groupe (pourtant invité régulièrement à la fête de LO
Fils de l’indigène
Appelle moi l’indigeste
L’imbuvable qu’ils méprisent car il empeste
Tu sais où je me la mets leur politique d’immigration
Leur concept, leur projet d’intégration
Avec ma tronche du dealer de shit
De l’arracheur de sac à main
Ou de l’antisémite
Je porte les stigmates
De leurs cauchemars
Celui qui veut forcer leur fille à porter le foulard
Depuis presque 30 ans (et les fameux "rodéo des minguettes") la situation n'a pas beaucoup changé du coté des quartiers : avenir bouché, chômage avec coeficient multiplicateur "spécial ghetto", et sentiment pas totalement irraisonné que "les autres ne nous aiment pas". Par contre, du coté de LO on est passé d'une posture "MR" à une posture néochevenementise qui considére les jeunes desdits quartiers comme des "sauvageons" toujours rappelé a leurs origines, a leurs religion, a leurs "coutumes"
Comme le dit un groupe (pourtant invité régulièrement à la fête de LO
Fils de l’indigène
Appelle moi l’indigeste
L’imbuvable qu’ils méprisent car il empeste
Tu sais où je me la mets leur politique d’immigration
Leur concept, leur projet d’intégration
Avec ma tronche du dealer de shit
De l’arracheur de sac à main
Ou de l’antisémite
Je porte les stigmates
De leurs cauchemars
Celui qui veut forcer leur fille à porter le foulard
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L’extrême gauche et les cités
du coté de LO on est passé d'une posture "MR"
Quelle jolie expression "posture MR".....jovialement attribuée par l'expert Menvussa en MRologie.....
Juste une précision pour l'expert :
"sauvageons, c'est Chevènement",
"lumpen", c'est Marx et les marxistes....
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
[quote="Vals"]
Bon, tu préfères polémiquer sur des détails que discuter sérieusement sur le fond.
Le fond, c'est de savoir si toutes ces révoltes violentes de cités, de ghettos, de quartiers londoniens etc constituent, en 1990 à Vaux-en-Velin, comme en 2000 en Angleterre, en 2005 dans les banlieues française, en 2010 au cours du mouvement contre la réforme des retraites, un phénomène social international. C'est à dire les révoltes des jeunes déshérités, chômeurs ou surexploités, souvent discriminés et stigmatisés pour la couleur de leur peau, leurs origines etc.
Le fond est de savoir si on condamne ces révoltes en affirmant qu'elles sont le fait de lumpen (ce qui est manifestement faux) ou si l'on s'affirme solidaire, tout en critiquant certaines des formes prises par ces explosions sociales. Doit-on expliquer aux autres travailleurs, souvent influencés par toutes sortes de préjugés, que ce sont des voyous, et qu'il faudrait plus de moyens pour les calmer, ou au contraire que ce sont nos frères de classe et que nous devons nous adresser à eux pour leur montrer que leur sort ne nous est pas indifférent ?
Juste une précision pour l'expert :
"sauvageons, c'est Chevènement",
"lumpen", c'est Marx et les marxistes....
Bon, tu préfères polémiquer sur des détails que discuter sérieusement sur le fond.
Le fond, c'est de savoir si toutes ces révoltes violentes de cités, de ghettos, de quartiers londoniens etc constituent, en 1990 à Vaux-en-Velin, comme en 2000 en Angleterre, en 2005 dans les banlieues française, en 2010 au cours du mouvement contre la réforme des retraites, un phénomène social international. C'est à dire les révoltes des jeunes déshérités, chômeurs ou surexploités, souvent discriminés et stigmatisés pour la couleur de leur peau, leurs origines etc.
Le fond est de savoir si on condamne ces révoltes en affirmant qu'elles sont le fait de lumpen (ce qui est manifestement faux) ou si l'on s'affirme solidaire, tout en critiquant certaines des formes prises par ces explosions sociales. Doit-on expliquer aux autres travailleurs, souvent influencés par toutes sortes de préjugés, que ce sont des voyous, et qu'il faudrait plus de moyens pour les calmer, ou au contraire que ce sont nos frères de classe et que nous devons nous adresser à eux pour leur montrer que leur sort ne nous est pas indifférent ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Vals a écrit:"lumpen", c'est Marx et les marxistes....
Non, "lumpen" se rapporte à une observation de Marx dans un contexte historique bien précis - celui de l'Angleterre du 19ème siècle - qui n'a plus cours depuis longtemps. Et affirmer que ces jeunes (certes non "politisés") sont des voyous qui au final ne méritent surtout pas d'intéresser grand-monde, discours sur lequel LO a une position bien affirmée dans le camp de "Laura Norder", voilà qui est une bien bizarre analyse de classe.
Je rappelle une fois de plus ce propos tout à fait sidérant de Jacquouille (que toi, Vals, tu ne remet pas en cause) : " La véritable jeunesse,celle qui nous intéresse,qui est de notre classe elle est ailleurs ". Il y aurait donc des classes et des intérêts divergents selon qu'on est prolo bien propre, bien blanc et bien "intégré" à 1200€/mois, et selon qu'on est beur ou blanc (ou peu importe) réduit à vivre l'exclusion et le flicage permanents, le chômage comme seul horizon durant des années, etc... Tout cela relève d'une sociologie de bazar discriminatoire véhiculée par l'idéologie dominante. Qu'on soit un jeune à Clichy ou à Roubaix sans perspective aucune que de tourner en rond dans des cages d'escalier qui puent, ou qu'on soit un prolo "standard" à Bobigny ou à Marseille à se faire suer le burnous pour trois sous de misère, on partage une existence commune : celle par laquelle on subit le rapport d'exploitation du capitalisme.
C'est quand même triste de devoir en revenir à des choses aussi basiques pour tenter de faire entendre raison !!!
Dernière édition par Vérosa_2 le Ven 26 Nov - 19:28, édité 1 fois
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Qui est Laura Norder ?Verosa
dans le camp de "Laura Norder"
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
C'est "law and order" prononcé avec l'accent américain : soit, "Laura Norder" (phonétiquement et histoire de personnifier l'idée). Expression qui, sauf erreur (mais je n'en suis pas certain), fut vulgarisée par Chomsky, Zinn et Goldner entre autres.Qui est Laura Norder ?
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Verosa
Pour les positions bien affirmées de LO, je te conseille de lire les articles consacrés à ces questions ces dernières années, ça t'évitera peut-être de raconter n'importe quoi.
Cela dit, c'est sûr que tu n'y retrouveras pas tes positions démagogiques et tes confusions de classes.
LO a une position bien affirmée
Pour les positions bien affirmées de LO, je te conseille de lire les articles consacrés à ces questions ces dernières années, ça t'évitera peut-être de raconter n'importe quoi.
Cela dit, c'est sûr que tu n'y retrouveras pas tes positions démagogiques et tes confusions de classes.
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Avant Vaux-en-Velin, en 1983 révolte des Minguettes: Toumi Djaïda (blessé par un policier)
A chaque fois le scénario est pareil.
Vaux-en-Velin, c'est la mort de Thomas Claudio qui a provoqué les émeutes
A chaque fois le scénario est pareil.
Vaux-en-Velin, c'est la mort de Thomas Claudio qui a provoqué les émeutes
Invité- Invité
Re: L’extrême gauche et les cités
Vals a écrit:
Cela dit, c'est sûr que tu n'y retrouveras pas tes positions démagogiques et tes confusions de classes.
C'est une façon comme une autre de ne pas répondre à ma précédente intervention. Vu que tu n'es sûrement pas con, j'en déduis que tu es d'une mauvaise foi assez singulière. Pour moi, au vu de ta non-réponse et de ce bottage en touche somme toute maladroit ("confusion de classe" prête au fou rire), l'échange s'arrête donc ici.
Vérosa_2- Messages : 683
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Les propos de Vérosa sont d'une orthodoxie parfaite du point de vue de l'analyse de classe.
Que Vals soit incapable de les réfuter montre à quel point la direction de LO a sombré dans le dogmatisme bureaucratique.
Que Vals soit incapable de les réfuter montre à quel point la direction de LO a sombré dans le dogmatisme bureaucratique.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Vals a écrit:du coté de LO on est passé d'une posture "MR"
Quelle jolie expression "posture MR".....jovialement attribuée par l'expert Menvussa en MRologie.....
Juste une précision pour l'expert :
"sauvageons, c'est Chevènement",
"lumpen", c'est Marx et les marxistes....
Justement nos camarades "sympathisants de LO" réussissent l'exploit de passer du "lumpen" du premier au "sauvageon" du second, sans voir ce que ça a d'incongru et de cocasse. Nos camarades reimois sont des comiques qui s'ignorent (ou pas) Mais en soi cela n'a aucune espèce d'importance. Plus grave sont les ambiguïtés qui rendent cette "lecture" possible...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L’extrême gauche et les cités
Roseau a écrit:Les propos de Vérosa sont d'une orthodoxie parfaite du point de vue de l'analyse de classe.
Que Vals soit incapable de les réfuter montre à quel point la direction de LO a sombré dans le dogmatisme bureaucratique.
Vals serait membre de la direction de LO ?
Invité- Invité
Re: L’extrême gauche et les cités
Roseau a écrit:Les propos de Vérosa sont d'une orthodoxie parfaite du point de vue de l'analyse de classe.
Que Vals soit incapable de les réfuter montre à quel point la direction de LO a sombré dans le dogmatisme bureaucratique.
Je te laisse bien volontiers tes appréciations sur le dogmatisme et l'orthodoxie...
Comme tu le sais, tes avis éclairés ne peuvent que me conforter dans mes positions.
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Défilement parfait.
Les attaques personnelles signalent l'incapacité de démontrer les soit disantes "confusions de classe"
de l'analyse de Vérosa et autres MR qui s'expriment ici.
Les attaques personnelles signalent l'incapacité de démontrer les soit disantes "confusions de classe"
de l'analyse de Vérosa et autres MR qui s'expriment ici.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Jimi B. a écrit:Roseau a écrit:Les propos de Vérosa sont d'une orthodoxie parfaite du point de vue de l'analyse de classe.
Que Vals soit incapable de les réfuter montre à quel point la direction de LO a sombré dans le dogmatisme bureaucratique.
Vals serait membre de la direction de LO ?
Certainement pas ! Manquerait plus que ça... Maintenant, ce qui est "problématique", c'est les ambiguïtés qui rendent ce genre de dérives possibles...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L’extrême gauche et les cités
Ni ambiguités, ni dérives...
Simplement des analyses et des positions à l'opposé des tiennes.....comme d'habiyude et ce n'est vraiment pas un problème....
Simplement des analyses et des positions à l'opposé des tiennes.....comme d'habiyude et ce n'est vraiment pas un problème....
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Le fait de penser comme chevénement n'est pas une dérive : superbe aveu...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L’extrême gauche et les cités
Gérard Menvussa a écrit:Le fait de penser comme chevénement n'est pas une dérive : superbe aveu...
Tu as l'air presque aussi intelligent et convaincant que le type (Garnier) qui a écrit les calomnies sur la Ligue qui introduisent ce sujet.
Et quitte à m'assimiler à Chevènement, dis carrement Hortefeux ou Le Pen, ce sera encore plus fort.....où même Hitler, encore mieux !
Même méthodes de buse que d'habitude !
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Bah non, parce que je n'assimile pas chevénement à hortefeux, ni hortefeux à Le pen... Mais les "sauvageons" du premier fait le lit (même si ce n'est pas voulu) au second, qui lui même prépare le troisième... Qu'il y ait des gens assimilable a du lumpen dans les quartiers, c'est possible. Mais en général ces gens là sont absolument contre tout ce qui ressemble a de la présence policiére dans "leur" quartiers, et en 2005 les journalistes les mieux informées que les cités les mieux "tenues" par les caids n'avaient pas participé aux émeutes (parce que "c'est mauvais pour les affaires") Et donc le fait d'assimiler les jeunes a des sauvageons, des racailles ou des "lumpen" ne peut qu'avoir une conséquence : donner de la crédibilité à LE pen, père et fille...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L’extrême gauche et les cités
Gérard Menvussa a écrit: Et donc le fait d'assimiler les jeunes a des sauvageons, des racailles ou des "lumpen" ne peut qu'avoir une conséquence : donner de la crédibilité à LE pen, père et fille...
Ceux qui trouvent de la "crédibilité" chez Le Pen se foutent éperdumment de comment nous qualifions les délinquants...
La décomposition de cette société fait aussi partie de ce qui fait le lit de Le Pen dans les classes populaires...
et la faiblesse du mouvement ouvrier, le manque de perspectives laisse de l'espace aux idées sécuritaires et à l'extrême-droite.
Les nuisances des voyous(quelque soit la façon dont on les caractérisent) contribuent largement à renforcer des désirs d'ordre et de sécurité.
Et l'ordre, dans cette société, c'est l'état bourgeois qui l'exerce puisque les travailleurs, le mouvement ouvrier n'ont pas les moyens de mettre au pas les apprentis-gangsters, en s'organisant pour défendre leurs intérêts de classe face à la bourgeoisie.
Et ce n'est pas parce qu'on refuse l'ordre bourgeois qu'on cautionne l'ordre des caîds et des abrutis qui les suivent.
Et l'exaspération de ceux, dans les classes populaires, qui subissent cette petite pègre ne peut pas être considérée comme insignifiante, voire comme systématiquement réactionnaire, pour autant que les révolutionnaires n'apparaissent pas comme "amis" des malfrats, mais montrent leur comportement violent comme ce qu'il est : l'un des produits pourris de cette société d'oppression qu'il faut abattre...
Et si l'on peut éviter aussi qu'une partie de la jeunesse des quartiers pauvres se fasse embarquer par les voyous, ce n'est pas en valorisant ou en justifiant les agressions et traffics de ces derniers.
L'influence du mouvement ouvrier, et pire encore des révolutionnaires, est ce qu'elle est aujourd'hui ce qu'elle est : infime.
Alors ce n'est pas facile ou excitant de se coltiner le vrai boulot...mais ce n'est pas une raison pour prendre ses désirs pour des réalités, et des voyous pour autre chose que ce qu'ils sont.
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
La décomposition de cette société fait aussi partie de ce qui fait le lit de Le Pen dans les classes populaires...
et la faiblesse du mouvement ouvrier, le manque de perspectives laisse de l'espace aux idées sécuritaires et à l'extrême-droite.
Les nuisances des voyous(quelque soit la façon dont on les caractérisent) contribuent largement à renforcer des désirs d'ordre et de sécurité.
Et l'ordre, dans cette société, c'est l'état bourgeois qui l'exerce puisque les travailleurs, le mouvement ouvrier n'ont pas les moyens de mettre au pas les apprentis-gangsters, en s'organisant pour défendre leurs intérêts de classe face à la bourgeoisie.
Je suis d'accord avec cette phrase, et avec d'autres passages de ce que dit vals ici, sauf que cela à soi tout seul ne donne pas une position politique autre que l'appui à l'état bourgeois contre les casseurs en question... c'est à dire un soutien à l'état bourgeois tout court dans les quartiers populaires. Et RIEN dans le texte de vals dont j'extrais cette citation n'infirme cet appui. Sous prétexte que le poids des révolutionnaires serait infime, autant qu'ils deviennent des forces d'appoint de la répression bourgeoise et du rétablissement de l'ordre.
Or, l'état bourgeois n'est certainement pas préférable aux petits ou grands gangsters. Et d'ailleurs les réactions des gens le montrent à tous moments.
Les travailleurs et les pauvres en général ont toujours agi ainsi, en particulier en l'absence d'une force susceptible de montrer une alternative révolutionnaire. Manifestement même des gens qui ont cru un coourt instant que le NPA serait le début de cette force dans les cités et auprès de la jeunesse ouvrière, comme le camarade qui votera au prochain congrès du NPA avec ses pieds (et à l'évidence il ne sera pas le seul...) se sont rendus à l'évidence qu'il n'en serait rien. Quant à LO, et aux vals... en effet ils prennent une position claire. Et heureusement, fort heureusement, l'importance de leur position est infime.
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Merci de noter que mes points de vue ici n'engagent strictement que moi.
Par ailleurs, si comme le redit Toussaint après moi, l'influence des révolutionnaire est infime, je me permets de douter que la sienne ajoutée à celle de ses pareils soit beaucoup plus importante......
Par ailleurs, si comme le redit Toussaint après moi, l'influence des révolutionnaire est infime, je me permets de douter que la sienne ajoutée à celle de ses pareils soit beaucoup plus importante......
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Vals a écrit:Gérard Menvussa a écrit: Et donc le fait d'assimiler les jeunes a des sauvageons, des racailles ou des "lumpen" ne peut qu'avoir une conséquence : donner de la crédibilité à LE pen, père et fille...
Ceux qui trouvent de la "crédibilité" chez Le Pen se foutent éperdumment de comment nous qualifions les délinquants...
La décomposition de cette société fait aussi partie de ce qui fait le lit de Le Pen dans les classes populaires...
et la faiblesse du mouvement ouvrier, le manque de perspectives laisse de l'espace aux idées sécuritaires et à l'extrême-droite.
Les nuisances des voyous(quelque soit la façon dont on les caractérisent) contribuent largement à renforcer des désirs d'ordre et de sécurité.
Et l'ordre, dans cette société, c'est l'état bourgeois qui l'exerce puisque les travailleurs, le mouvement ouvrier n'ont pas les moyens de mettre au pas les apprentis-gangsters, en s'organisant pour défendre leurs intérêts de classe face à la bourgeoisie.
Et ce n'est pas parce qu'on refuse l'ordre bourgeois qu'on cautionne l'ordre des caîds et des abrutis qui les suivent.
Et l'exaspération de ceux, dans les classes populaires, qui subissent cette petite pègre ne peut pas être considérée comme insignifiante, voire comme systématiquement réactionnaire, pour autant que les révolutionnaires n'apparaissent pas comme "amis" des malfrats, mais montrent leur comportement violent comme ce qu'il est : l'un des produits pourris de cette société d'oppression qu'il faut abattre...
Et si l'on peut éviter aussi qu'une partie de la jeunesse des quartiers pauvres se fasse embarquer par les voyous, ce n'est pas en valorisant ou en justifiant les agressions et traffics de ces derniers.
L'influence du mouvement ouvrier, et pire encore des révolutionnaires, est ce qu'elle est aujourd'hui ce qu'elle est : infime.
Alors ce n'est pas facile ou excitant de se coltiner le vrai boulot...mais ce n'est pas une raison pour prendre ses désirs pour des réalités, et des voyous pour autre chose que ce qu'ils sont.
Bon, commençons par la fin :
Je ne vois ici personne qui ne prenne "les voyous" pour autre chose qu'ils ne sont... Mais Vals peut il nous dire quels sont les phrases qui montrent qu'ici (en citant par exemple un passage significatif) un intervenant quelconque "glorifie les voyous", et ne parlons même pas de "preuve" pour le npa... Bref, tout cela est un "fantasme" et un "prétexte" pour vals : un fantasme parce qu'il combat des moulins a vent qui n'ont jamais existés, et un prétexte (et c'est le plus important) pour cacher son opportunisme et son pharisaïsme...
Alors ce n'est pas facile ou excitant de se coltiner le vrai boulot...mais ce n'est pas une raison pour prendre ses désirs pour des réalités, et des voyous pour autre chose que ce qu'ils sont
D'autre part, il y aurait "le vrai boulot", ce qui suppose que d'un autre coté, il y ait le faux... Or je ne vois moi comme vrai boulot que de lutter contre les injustices, les désordres et la misére apporté par un "ordre" qui cache derrière de grands mots de vils intérêts, derrière la justice d'apparat le fait du prince, et derrière le "karcher" l'ombre malfaisante de l'aggioteur..
L'influence est minime mais la responsabilité est immense.... Si ce sont les "islamistes" qui paraissent donner le ton, et pas les trotskystes "canal habituel" de l'UC la responsabilité première en revient audits révolutionnaires... On a le droit de ne pas être d'accord, d'avoir des réponses stratégiques et tactiques différentes, mais la seule chose qu'on ait pas le droit en tant que révolutionnaire, c'est de jouer au Caliméro "c'est trop injuste"...L'influence du mouvement ouvrier, et pire encore des révolutionnaires, est ce qu'elle est aujourd'hui ce qu'elle est : infime.
Qui ici "valorise et justifie" les voyous, en expliquant que ces voyous, c'est ceux qui prétendent les combattre qui en fait les nourissent... Encore une fois, un territoire avec 80% des jeunes sans emploi qui ne développe pas "ses voyous", c'est un rêve, ça n'existe pas, sauf peut être dans les fantasmes de mamie zinzin, et encore ! Ce que tu dis est un mensonge, de la calomnnie, l'art bien petit bourgeois de préter aux autres une position imaginaire pour mieux justifier la tienne...Et si l'on peut éviter aussi qu'une partie de la jeunesse des quartiers pauvres se fasse embarquer par les voyous, ce n'est pas en valorisant ou en justifiant les agressions et traffics de ces derniers.
Ceux qui trouvent de la "crédibilité" chez Le Pen se foutent éperdumment de comment nous qualifions les délinquants...
certainement pas ! J'avais un ami d'enfance jusqu'a mes trentes ans, et je l'ai vu basculer petit à petit dans un racisme viscéral... A la fin des années 70, lui au pcf moi à LO, on discutait de plus en plus du "probléme des étranger" Et son "point de bascule", c'est quand le "parti" a commencé à faire de la démagogie à propos des marocains "traficants de drogue", et du "probléme des immigrés"....
Marchais immigration
Mais cette démagogie n'a servi qu'une chose, à être (parmi bien d'autres éléments) un des éléments remettant en selle le front national... Et on voit déja les dégats commis...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: L’extrême gauche et les cités
Vals :
Ceux qui trouvent de la "crédibilité" chez Le Pen se foutent éperdumment de comment nous qualifions les délinquants...
Il y a quand même des travailleurs qui apprécient beaucoup le discours d'Arlette... sauf en ce qui concerne les immigrés.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L’extrême gauche et les cités
Voici l'extrait du témoignage d'un jeune ouvrier de l'époque à Alsthom et ses sentiments à propos des évènements de 1968, les voitures brûlées, le PCF, Voix Ouvrière etc...
MOUVEMENT COMMUNISTE de décembre 2006 :
MAI JUIN 1968 :
une occasion manquée par l’autonomie ouvrière
Avant la grève
Ça faisait déjà plusieurs semaines que la radio et la presse publiaient quelques informations sur le
milieu étudiant et en particulier Nanterre. On ne savait pas trop pourquoi les étudiants étaient en bagarre, mais à
l’usine, quelques copains parmi les jeunes ouvriers trouvaient sympa et avaient retenu qu’une des revendications
était la levée de l’interdiction pour les garçons d’aller dans les locaux réservés aux filles (ou quelque chose
comme ça). Puis ce fut la campagne de presse contre Cohn-Bendit lancée par Minute, l’hebdomadaire d’extrême
droite qui parlait du « juif Cohn Bendit » 26 et l’Humanité qui parlait de « l’anarchiste allemand » 27.
Ce rouquin là d’emblée était devenu le copain d’une bonne partie des jeunes travailleurs. Il était marrant et on aimait ça ; il avait tendance à faire un bras d’honneur à la morale et à brocarder ses contradicteurs, et ça nous plaisait bien.
C’est là qu’un matin à côté de la place de Clichy, début mai, je me suis trouvé par hasard sur les bords d’une
manifestation de lycéens. Il y avait là des milliers de jeunes et très jeunes des lycées du coin qui criaient : « Nous
sommes tous des juifs allemands. » Je n’en revenais pas 28.
Que ce soit dans ma famille et dans le milieu ouvrier plus généralement, sans être spécialement
antisémite, les réflexions sur les juifs étaient malgré tout assez courantes. Quant aux allemands, quelque part
dans les têtes, ils étaient quand même un peu les ennemis héréditaires. La propagande du PCF en était encore
aux « revanchards de Bonn » et le « mort aux Boches » de la fin de la guerre 39-45 n’était pas très loin ; 20-22
ans, la génération du « chacun son boche » prôné par le PC à la libération était encore là et bien présente ; et le
PCF avait une influence majeure dans la classe ouvrière (j’y reviendrais plus loin)
Et voilà que des milliers et des milliers de lycéens par solidarité avec le rouquin affirmaient qu’ils
étaient tous des juifs allemands ; et avec des drapeaux rouges ou noirs. L’antiraciste internationaliste de coeur
que j’étais, était médusé, c’était incroyable !
Alors que le PCF, depuis que j’étais en âge de comprendre un peu quelque chose, n’avait plus jamais
rien sorti que la serpillière tricolore (c’est comme ça que les copains qualifiaient le machin à l’époque) le rouge
revenait en masse et le noir des anarchistes était là aussi. De retour à l’usine, j’ai raconté aux gars de l’atelier ce
que j’avais vu, tellement j’en étais estomaqué.
Mais globalement à l’usine, les histoires des étudiants étaient plutôt mal vues par les ouvriers. Le PCF
matraquait sur les fils de la bourgeoisie à qui on paye des études etc. sur ces gauchistes qui se foutaient de la
classe ouvrière ; et ça marchait ; sauf envers une partie des jeunes ouvriers et toute notre petite bande qui avait
été virée du syndicat quelques mois avant et qui avait appris très vite à détester les staliniens. Mais nous n’avions
toujours aucun contact avec les étudiants et lycéens ; ça ne nous venait même pas a l’idée d’avoir le lien ; c’est
comme ça, et de jours en jours les manifs des étudiants ont progressivement fait la une de l’actualité ; et la
propagande du PCF est devenue de plus en plus ordurière sur les manifestants ; « ces brûleurs de voitures »
menés par « l’allemand Cohen-Bendit »29
La plus grande partie des travailleurs était méfiante, voire hostile aux étudiants ; mais dans les couches
les plus jeunes, les uns et les autres pouvaient bien raconter ce qu’ils voulaient, ça commençait à se reconnaître
plus dans les étudiants qui se bagarraient que dans les autres qui déversaient leur bile sur eux. Et la semaine du 6
au 10 mai, très précisément, là ça bagarrait tous les soirs à Paris, la bande de copains que nous étions a basculé
complètement du côté des étudiants, mais nous étions très minoritaires ; quelques dizaines, qui se connaissaient,
ça voulait peut-être dire une centaine sur toute l’usine ; et toujours en face la force de frappe propagandiste du
PCF qui déversait tract sur tract contre les « brûleurs de voitures ».
Je me souviens qu’un soir de cette semaine là (les souvenirs sont là très précis parce que c’était la
semaine qui s’est terminée le 10 mai par la nuit des barricades du Quartier latin), j’avais une réunion avec
d’autres camarades de « Voix Ouvrière » des autres usines et je leur ai dit qu’à l’Alsthom, nous allions faire un
tract à la porte qu’on distribuerait avec des gars des ateliers. Les camarades étaient très sceptiques. Ils ne
ressentaient pas encore le basculement qui était en train de s’opérer ; bien sûr, tous les camarades étaient de coeur avec les étudiants qui bagarraient, mais tous se demandaient si ça n’était pas mon optimisme congénital qui me faisait surestimer les possibilités d’intervention... fallait être prudent.
Finalement le tract a été distribué à l’Alsthom, le jeudi 9 mai, à la porte par neuf travailleurs de l’usine. Je me souviens du titre « A bas les flics, bravo les étudiants » et de la signature « des jeunes travailleurs de l’Alsthom Saint-Ouen ».
Le PCF et la CGT étaient verts de rage et la petite bande de copains était très fière de son coup. C’est à
peu près vers ces jours-là que nous avons commencé à voir des jeunes maoïstes autour de l’usine et dans les
cafés de la mairie de Saint-Ouen, c’étaient je crois ceux du style « Servir le peuple ». Ils étaient plutôt sympas et
pas bête du tout, et très vite des ouvriers de l’usine qu’ils avaient rencontrés les avaient aiguillés vers moi. On a
discuté pas mal, et eux aussi n’en revenaient pas d’apprendre que dans la classe ouvrière, il y avait quelques
militants qui bagarraient depuis des années contre la bureaucratie syndicale pour la révolution, seulement voilà ;
ils étaient pour Staline et Mao et ça, le jeune vieux que j’étais déjà (A 25 ans, on est vieux pour les 20 ans et
moins) ne pouvait pas l’encaisser. Néanmoins, on est resté bons amis avec ceux-là, les premiers qui étaient venus
à l’usine. Ce ne fût pas le cas par la suite avec les différents groupes qui sont venus après la bataille (après la
grève) à l’Alsthom. Mais c’est une autre histoire.
Après avoir distribué notre tract à la porte, on a tout de suite eu le contact avec d’autres jeunes
ouvriers de l’autre bout de l’usine, à la grosse chaudronnerie. Jusque là, on ne se connaissait pas. J’écris cela
pour que les camarades en 2006 comprennent bien que lorsque la situation évolue, ça va très vite. Ce sont ces
copains là dont on va reparler plus loin qui ont déclenché la grève moins d’une semaine après.
C’est également ces jeudi et vendredi que quelques « vieux » ont donné des signes de sympathie, autant
parce qu’ils étaient un peu admiratifs des étudiants qui bagarraient contre les CRS, que pour nous soutenir face
aux staliniens. Parce que malgré leur emprise pesante sur la classe ouvrière, il y avait quand même des vieux,
ceux de l’immédiat après guerre, qui les détestaient souverainement et qui trouvaient courageux de notre part de
ne pas céder à leur dictature. C’est ce jour là, qu’un tourneur qui étaient là depuis la fin de la guerre m’a raconté
comment cela se passait quand cet en... de Croizat 30 était ministre du Travail.
« C’était les gars du PCF qui poussaient à battre les records de productivité. »
« On travaillait six jours par semaine, 12 heures par jours, avec une coupure d’une heure et demi pour
pouvoir dormir une heure. On dormait entre les machines. »
C’est là aussi qu’un autre ouvrier de la même génération m’a sorti pour la première fois « cet en... de
Thorez 31 a dit de “retrousser les manches” et depuis y en a pas un qui a dit de les rabaisser ».
Celui-là est devenu un bon copain après; mais à ce moment-là, il n’avait pas encore basculé avec les
rouges.
26 Dans le numéro du 2 mai 1968.
27 Dans le numéro du 3 mai 1968.
28 Un camarade m’a fait remarquer que le slogan « nous sommes tous des juifs allemands » a été lancé plus tard lors de l’expulsion de Cohn-Bendit. Pourtant, je suis sûr que la manif dont je parle a bien eu lieu avant la grève... ? ? ?
29 C’est dans L’Humanité du 3 mai que G. Marchais dénonce « l'anarchiste allemand Cohn-Bendit » et raillé « les
"révolutionnaires [...] fils de grands bourgeois [...] qui rapidement mettront en veilleuse leur flamme révolutionnaire pour aller diriger l'entreprise de papa et y exploiter les travailleurs »
30 Ambroise Croizat (1901-1951) ministre stalinien du « Travail et de la Sécurité sociale » sans interruption de novembre 1945 à mai 1947.
31 Maurice Thorez (1900-1964), secrétaire général du PCF (1934-1964), ministre d’Etat puis vice-président du Conseil de novembre 1945 à mai 1947.
MOUVEMENT COMMUNISTE de décembre 2006 :
MAI JUIN 1968 :
une occasion manquée par l’autonomie ouvrière
Avant la grève
Ça faisait déjà plusieurs semaines que la radio et la presse publiaient quelques informations sur le
milieu étudiant et en particulier Nanterre. On ne savait pas trop pourquoi les étudiants étaient en bagarre, mais à
l’usine, quelques copains parmi les jeunes ouvriers trouvaient sympa et avaient retenu qu’une des revendications
était la levée de l’interdiction pour les garçons d’aller dans les locaux réservés aux filles (ou quelque chose
comme ça). Puis ce fut la campagne de presse contre Cohn-Bendit lancée par Minute, l’hebdomadaire d’extrême
droite qui parlait du « juif Cohn Bendit » 26 et l’Humanité qui parlait de « l’anarchiste allemand » 27.
Ce rouquin là d’emblée était devenu le copain d’une bonne partie des jeunes travailleurs. Il était marrant et on aimait ça ; il avait tendance à faire un bras d’honneur à la morale et à brocarder ses contradicteurs, et ça nous plaisait bien.
C’est là qu’un matin à côté de la place de Clichy, début mai, je me suis trouvé par hasard sur les bords d’une
manifestation de lycéens. Il y avait là des milliers de jeunes et très jeunes des lycées du coin qui criaient : « Nous
sommes tous des juifs allemands. » Je n’en revenais pas 28.
Que ce soit dans ma famille et dans le milieu ouvrier plus généralement, sans être spécialement
antisémite, les réflexions sur les juifs étaient malgré tout assez courantes. Quant aux allemands, quelque part
dans les têtes, ils étaient quand même un peu les ennemis héréditaires. La propagande du PCF en était encore
aux « revanchards de Bonn » et le « mort aux Boches » de la fin de la guerre 39-45 n’était pas très loin ; 20-22
ans, la génération du « chacun son boche » prôné par le PC à la libération était encore là et bien présente ; et le
PCF avait une influence majeure dans la classe ouvrière (j’y reviendrais plus loin)
Et voilà que des milliers et des milliers de lycéens par solidarité avec le rouquin affirmaient qu’ils
étaient tous des juifs allemands ; et avec des drapeaux rouges ou noirs. L’antiraciste internationaliste de coeur
que j’étais, était médusé, c’était incroyable !
Alors que le PCF, depuis que j’étais en âge de comprendre un peu quelque chose, n’avait plus jamais
rien sorti que la serpillière tricolore (c’est comme ça que les copains qualifiaient le machin à l’époque) le rouge
revenait en masse et le noir des anarchistes était là aussi. De retour à l’usine, j’ai raconté aux gars de l’atelier ce
que j’avais vu, tellement j’en étais estomaqué.
Mais globalement à l’usine, les histoires des étudiants étaient plutôt mal vues par les ouvriers. Le PCF
matraquait sur les fils de la bourgeoisie à qui on paye des études etc. sur ces gauchistes qui se foutaient de la
classe ouvrière ; et ça marchait ; sauf envers une partie des jeunes ouvriers et toute notre petite bande qui avait
été virée du syndicat quelques mois avant et qui avait appris très vite à détester les staliniens. Mais nous n’avions
toujours aucun contact avec les étudiants et lycéens ; ça ne nous venait même pas a l’idée d’avoir le lien ; c’est
comme ça, et de jours en jours les manifs des étudiants ont progressivement fait la une de l’actualité ; et la
propagande du PCF est devenue de plus en plus ordurière sur les manifestants ; « ces brûleurs de voitures »
menés par « l’allemand Cohen-Bendit »29
La plus grande partie des travailleurs était méfiante, voire hostile aux étudiants ; mais dans les couches
les plus jeunes, les uns et les autres pouvaient bien raconter ce qu’ils voulaient, ça commençait à se reconnaître
plus dans les étudiants qui se bagarraient que dans les autres qui déversaient leur bile sur eux. Et la semaine du 6
au 10 mai, très précisément, là ça bagarrait tous les soirs à Paris, la bande de copains que nous étions a basculé
complètement du côté des étudiants, mais nous étions très minoritaires ; quelques dizaines, qui se connaissaient,
ça voulait peut-être dire une centaine sur toute l’usine ; et toujours en face la force de frappe propagandiste du
PCF qui déversait tract sur tract contre les « brûleurs de voitures ».
Je me souviens qu’un soir de cette semaine là (les souvenirs sont là très précis parce que c’était la
semaine qui s’est terminée le 10 mai par la nuit des barricades du Quartier latin), j’avais une réunion avec
d’autres camarades de « Voix Ouvrière » des autres usines et je leur ai dit qu’à l’Alsthom, nous allions faire un
tract à la porte qu’on distribuerait avec des gars des ateliers. Les camarades étaient très sceptiques. Ils ne
ressentaient pas encore le basculement qui était en train de s’opérer ; bien sûr, tous les camarades étaient de coeur avec les étudiants qui bagarraient, mais tous se demandaient si ça n’était pas mon optimisme congénital qui me faisait surestimer les possibilités d’intervention... fallait être prudent.
Finalement le tract a été distribué à l’Alsthom, le jeudi 9 mai, à la porte par neuf travailleurs de l’usine. Je me souviens du titre « A bas les flics, bravo les étudiants » et de la signature « des jeunes travailleurs de l’Alsthom Saint-Ouen ».
Le PCF et la CGT étaient verts de rage et la petite bande de copains était très fière de son coup. C’est à
peu près vers ces jours-là que nous avons commencé à voir des jeunes maoïstes autour de l’usine et dans les
cafés de la mairie de Saint-Ouen, c’étaient je crois ceux du style « Servir le peuple ». Ils étaient plutôt sympas et
pas bête du tout, et très vite des ouvriers de l’usine qu’ils avaient rencontrés les avaient aiguillés vers moi. On a
discuté pas mal, et eux aussi n’en revenaient pas d’apprendre que dans la classe ouvrière, il y avait quelques
militants qui bagarraient depuis des années contre la bureaucratie syndicale pour la révolution, seulement voilà ;
ils étaient pour Staline et Mao et ça, le jeune vieux que j’étais déjà (A 25 ans, on est vieux pour les 20 ans et
moins) ne pouvait pas l’encaisser. Néanmoins, on est resté bons amis avec ceux-là, les premiers qui étaient venus
à l’usine. Ce ne fût pas le cas par la suite avec les différents groupes qui sont venus après la bataille (après la
grève) à l’Alsthom. Mais c’est une autre histoire.
Après avoir distribué notre tract à la porte, on a tout de suite eu le contact avec d’autres jeunes
ouvriers de l’autre bout de l’usine, à la grosse chaudronnerie. Jusque là, on ne se connaissait pas. J’écris cela
pour que les camarades en 2006 comprennent bien que lorsque la situation évolue, ça va très vite. Ce sont ces
copains là dont on va reparler plus loin qui ont déclenché la grève moins d’une semaine après.
C’est également ces jeudi et vendredi que quelques « vieux » ont donné des signes de sympathie, autant
parce qu’ils étaient un peu admiratifs des étudiants qui bagarraient contre les CRS, que pour nous soutenir face
aux staliniens. Parce que malgré leur emprise pesante sur la classe ouvrière, il y avait quand même des vieux,
ceux de l’immédiat après guerre, qui les détestaient souverainement et qui trouvaient courageux de notre part de
ne pas céder à leur dictature. C’est ce jour là, qu’un tourneur qui étaient là depuis la fin de la guerre m’a raconté
comment cela se passait quand cet en... de Croizat 30 était ministre du Travail.
« C’était les gars du PCF qui poussaient à battre les records de productivité. »
« On travaillait six jours par semaine, 12 heures par jours, avec une coupure d’une heure et demi pour
pouvoir dormir une heure. On dormait entre les machines. »
C’est là aussi qu’un autre ouvrier de la même génération m’a sorti pour la première fois « cet en... de
Thorez 31 a dit de “retrousser les manches” et depuis y en a pas un qui a dit de les rabaisser ».
Celui-là est devenu un bon copain après; mais à ce moment-là, il n’avait pas encore basculé avec les
rouges.
26 Dans le numéro du 2 mai 1968.
27 Dans le numéro du 3 mai 1968.
28 Un camarade m’a fait remarquer que le slogan « nous sommes tous des juifs allemands » a été lancé plus tard lors de l’expulsion de Cohn-Bendit. Pourtant, je suis sûr que la manif dont je parle a bien eu lieu avant la grève... ? ? ?
29 C’est dans L’Humanité du 3 mai que G. Marchais dénonce « l'anarchiste allemand Cohn-Bendit » et raillé « les
"révolutionnaires [...] fils de grands bourgeois [...] qui rapidement mettront en veilleuse leur flamme révolutionnaire pour aller diriger l'entreprise de papa et y exploiter les travailleurs »
30 Ambroise Croizat (1901-1951) ministre stalinien du « Travail et de la Sécurité sociale » sans interruption de novembre 1945 à mai 1947.
31 Maurice Thorez (1900-1964), secrétaire général du PCF (1934-1964), ministre d’Etat puis vice-président du Conseil de novembre 1945 à mai 1947.
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
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