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La burqa pourrait bientôt être interdite aux Pay-Bas
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 30.09.10 | 21h42 • Mis à jour le 01.10.10 | 08h02AFP/ROBIN UTRECHTDemandée par le chef de file du parti d'extrême droite PVV, Geert Wilders, l'interdiction de la burqa est l'un des points de l'accord conclu mardi soir après trois mois de négociations entre libéraux (VVD) et chrétiens-démocrates (CDA) et soutenu par son parti.
Lors de la présentation officielle, jeudi 30 septembre, des termes de l'accord tripartite de gouvernement, Geert Wilders était aux côtés du dirigeant libéral Mark Rutte et du leader chrétien-démocrate Maxime Verhagen pour annoncer trois mesures-phares : supprimer le déficit budgétaire d'ici 2015, durcir les lois sur l'immigration, et, a précisé Geert Wilders lui-même, "il y aura aussi une interdiction de la burqa". Le PVV était arrivé troisième, lors des élections législatives anticipées du 9 juin. "Un vent nouveau va souffler sur les Pays-Bas", a assuré M. Wilders, ajoutant "nous voulons que l'islamisation soit stoppée."LE CDA DIVISÉ SUR UN ACCORD AVEC LE PVV
Les groupes parlementaires du parti libéral et du PVV ont accepté à l'unanimité, mercredi, le texte de l'accord, conclu mardi soir. Les députés du CDA, parti divisé sur la collaboration avec le parti de M.Wilders, doivent encore se prononcer à l'issue d'un congrès du parti samedi avant que la reine ne donne à Mark Rutte le feu vert pour former un gouvernement. Le VVD et le CDA ne représentent que 52 des 150 députés de la chambre basse, mais obtiennent une majorité de voix avec le soutien du PVV, connu pour ses positions extrémistes sur l'islam, régulièrement taxé de "fasciste" et qui fait campagne pour l'interdiction du Coran et du voile intégral. Le PVV avait enregistré la plus forte progression lors des élections, obtenant 24 sièges de députés contre 9 auparavant.
En France, le projet de loi prohibant le port du voile intégral dans l'espace public avait été définitivement adopté le 14 septembre.
LE BUDGET DE LA SANTÉ RÉDUIT D'1,2 MILLIARD D'EUROS
L'accord de gouvernement prévoit également une réduction de 18 milliards d'euros des dépenses publiques d'ici 2015. Intitulé "Liberté et responsabilité", le programme prévoit notamment une réduction d'un milliard d'euros du montant de la contribution des Pays-Bas à l'Union européenne, une baisse d'un milliard d'euros du budget de l'aide au développement (4,9 milliards d'euros en 2010) et une diminution de 1,2 milliard d'euros du budget de la santé.Il prévoit aussi de réduire de 150 à 100 le nombre de députés et de 75 à 50 le nombre de sénateurs. "Des réformes importantes vont être menées aux Pays-Bas", a déclaré Mark Rutte. "Mon ambition est de veiller à ce que les Pays-Bas sortent plus forts de la crise", a-t-il affirmé.
"C'est un très bel accord", s'est félicité le chef de file du CDA, Maxime Verhagen : "Je suis convaincu que tous les chrétiens-démocrates s'y retrouveront".
Le texte prévoit également un relèvement de l'âge de la retraite de 65 ans à 66 ans d'ici 2020. Les libéraux voulaient initialement un relèvement de l'âge de la retraite à 67 ans. M. Wilders y était opposé.
sylvestre- Messages : 4489
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Re: Pays-Bas
Racists humiliated as Euro-launch flops
by Mark L Thomas in Amsterdam
Racist plans to celebrate the launch of a “European Defence League” flopped in the Netherlands last Saturday.
But the Dutch anti-racist movement took an important step forward.
Police prevented racists from across Europe, including hundreds of English Defence League (EDL) members, from attending a planned rally on the outskirts of the Dutch capital, Amsterdam.
The minibus carrying EDL leader Tommy Robinson had windows smashed in.
Supporters of the city’s Ajax football club chased some EDL members out of town. Earlier Ajax fans had issued a statement saying, “We do not tolerate violent racism and fascists in our city.”
The Dutch state decided it was not prepared to allow racists and Nazis from across Europe to come and launch right wing street gangs.
But the new Dutch government is the most right wing in post-war history.
The minority coalition of the Christian Democrats and free market Liberals is supported in parliament by Geert Wilders’ Islamophobic Freedom Party.
The coalition has already adopted parts of Wilders’ vicious Islamophobic programme with a promise to ban the full veil in public. And the government also plans a major package of cuts.
A group of around 70 Nazis, members of the NVU (Dutch People’s Union), were allowed to march on the same day in another Dutch city, The Hague.
Relief
More than 1,500 people joined an anti-racist protest in central Amsterdam last Saturday. It was called in response to the racist mobilisation—and it was the biggest anti-racist mobilisation for years in the Netherlands.
Many people felt a sense of relief that someone was finally standing up against Wilders.
Willem Boerhout and his daughter Laura were on the demo. They held a home made banner, saying “Foreigners are just our neighbours”.
Willem told Socialist Worker it was the first protest he had been on since anti-nuclear protests in the 1970s. He said, “Wilders is dangerous. I believe everyone in the Netherlands should be treated equally.
“But Wilders says that there is a problem if people hold dual passports—say, Dutch and Moroccan. He says you have to choose. He wants to make it into a test of loyalty.”
Laura also felt it was time to act. “Wilders has so much influence. Even the Labour Party talks about being hard on immigrants.
“The politicians aren’t standing up to him, so we have to. I hope there will be more protests.”
Saturday’s protest was called by the “platform against xenophobia” coalition of immigrant community organisations and the Dutch International Socialists.
There is now a big challenge ahead to build a movement capable of defeating Wilders, Islamophobia and attacks on migrants.
The big parliamentary left parties were mainly absent from Saturday’s event. They have either argued that the best way to deal with Wilders is to ignore him, or have made dangerous concessions to his arguments.
Femke Halsema, leader of the Green Left Party, recently declared that the left mustn’t be afraid of criticising Islam. But when Muslims face constant racist baiting, the first task of any real left is to express solidarity—not to join in.
The failure to challenge Islamophobia and attacks on migrants has seen Wilders’ support grow. Plans to launch a Dutch Defence League also show how Wilders’ success in shifting the political climate to the right can boost the confidence of racist gangs to organise on the streets.
A delegation from Unite Against Fascism (UAF) in Britain travelled to the Amsterdam demonstration and were received enthusiastically. Martin Smith, of UAF, told the rally, “We need a European-wide movement to defeat the new racist threat.”
He pointed out that standing up to attacks on Muslims was crucial to stopping today’s racists. “We must defend the right of people to practice their religion, or to wear what they want, free of racism and persecution.”
sylvestre- Messages : 4489
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Re: Pays-Bas
Manifestations étudiantes aux Pays-Bas
LEMONDE pour Le Monde.fr | 10.12.10 | 18h07
Quelques milliers d'étudiants ont défilé, vendredi 10 décembre, dans diverses villes des Pays-Bas. Ils protestaient contre les plans du gouvernement – une coalition de droite formée de libéraux et de chrétiens démocrates – qui veut réduire le montant des bourses d'études et diminuer les moyens de l'enseignement supérieur, tandis que les frais de scolarité seraient fortement augmentés, ce qui forcerait des jeunes à contracter des emprunts pour pouvoir effectuer des études universitaires.
Les étudiants qui redoubleraient plus d'une fois seraient quant à eux pénalisés, une disposition contestée puisqu'elle s'appliquerait à tous les étudiants, y compris ceux qui sont déjà inscrits.
Le Conseil d'Etat doit se prononcer prochainement sur cette disposition.
La mobilisation, qui a eu lieu à Amsterdam et Utrecht notamment, était, selon les dirigeants du mouvement, un "tour de chauffe" avant une mobilisation nationale, le 21 janvier. Une grande manifestation est prévue à La Haye.
sylvestre- Messages : 4489
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Re: Pays-Bas
Déclaration de solidarité avec le personnel du groupe de soins Viva! de IJmond et Haarlem (Pays-Bas)
Publié par Internationalisme le 27 July, 2011 - 16:54 in Luttes de classe Lutte de classe en Belgique
Introduction
Les “Etudiants critiques de Utrecht” (KSU), la Fédération Anarcho-Syndicaliste (ASB) et le Courant Communiste International (CCI), ont publié aux Pays-Bas, le 21 juin, la déclaration commune reprise ci-dessous pour souligner leur solidarité avec les grévistes du groupe de soin de santé à domicile Viva! de IJmond et Haarlem. Cette déclaration a été largement diffusée au cours de la manifestation de protestation contre les coupes sombres dans les soins de santé, qui a eu lieu le 23 juin à la Haye, et que les grévistes du groupe de soin de santé Viva! avaient rejointe par solidarité.
L’initiative de produire, de publier et de distribuer une déclaration commune de solidarité mérite toute notre attention, dans la mesure où, pour la première fois aux Pays-Bas, des groupes, qui se basent sur des positions internationalistes, ont développé ensemble une activité de soutien et de solidarité envers un secteur de la classe ouvrière. Quel que soit l’aboutissement de la lutte de ces aides-soignants à domicile, cette initiative réussie des trois groupes constitue une étape importante dans le renforcement politique de la lutte de la classe ouvrière.
Après la diffusion de la déclaration de solidarité par les trois groupes et l’expression de solidarité de la part du personnel soignant envers ceux qui perdent leurs droits aux soins, la lutte du groupe de grévistes « Le soin à domicile, c’est nous » s’est poursuivie. Ils refont grève du 28 au 30 juin et organisent une occupation de la Grand Place à Haarlem.
Nous avons appelé à ce que cette combativité les amène aussi à rechercher la solidarité avec les travailleurs des transports publics qui se mettent en grève à partir du mercredi 29 et se réunissent à La Haye pour protester ; à ce qu'ils rejoignent également en délégation, la manifestation des pompiers à Amsterdam pour les convaincre qu'il vaut mieux mener la lutte ensemble. Car ce n'est qu'en solidarité avec les autres travailleurs dans d'autres institutions, dans d'autres entreprises et dans d'autres secteurs que l'unité dans la lutte peut se réaliser, que la lutte peut se renforcer sur le terrain de classe lui-même. (25.06.2011)
Déclaration
Grèves, actions, occupations : à la recherche de l’extension de la lutte !
Pourquoi est-ce que le personnel soignant à domicile du groupe d’aides-soignants Viva ! de IJmond et Haarlem mène-t-il des actions depuis le début de cette année? Parce que leur patron a eu l’idée de leur faire effectuer le même travail pour un salaire réduit. Le 15 avril dernier, chacun d’entre eux recevait une enveloppe contenant une nouvelle proposition salariale. Une proposition scandaleuse ! Cela revenait à ce que le salaire moyen de 13,10 euro brut par heure soit réduit à 9,92 euro brut par heure. En cas de refus, ils seraient licenciés !!!
Le comité d’action des aides-soignants à domicile « Le soin à domicile, c’est nous » qui s’était créé pendant ce temps, a appelé tous les 650 collègues à ne pas signer et au contraire à mener des actions. Cet appel a plus tard été soutenu par les syndicats (Abvakabo/FNV et la CNV). Ces travailleurs défendent leurs droits en ne veulent pas se faire licencier. Depuis, ils sont allés manifester plus de sept fois aux conseils communaux, afin de présenter leurs revendications et se faire entendre en public. Le comité d’action s’est aussi présenté avec toute une série de questions à la réunion d’information du conseil d’administration de l’entreprise, mais l’entrée lui a été refusée.
Puisque le comité d’action a appelé à ne pas signer le nouveau contrat et que personne ne veut être licencié, les travailleurs sont vite arrivés à la conclusion qu’il ne leur reste pas d’autre moyen que de faire grève. Ils en sont à leur septième jour de grève. Pourtant, faire grève est une exception dans le secteur des soins. D’ailleurs, ils soulignent que « Nous utilisons ce moyen de lutte avec prudence. Nous traitons nos clients avec respect. Aujourd’hui, ils ont du respect pour nous ».
Jeudi après-midi, le 16 juin dernier, ils ont tenu un rassemblement réussi sur la Grand place de Haarlem. Anita Kuipers du comité d’action a donné un aperçu de la lutte jusqu’alors, ainsi qu’un compte-rendu d’une visite qu’elle a faite avec 8 de ces collègues de Viva ! dans le cadre d’une recherche de solidarité auprès d’autres aides-soignants à domicile à Utrecht.
Après 3 visites à Haarlem, 2 à Ijmuiden et 1 à Velsen-Noord ils ont décidé qu’il était temps d’aller là où les mesures d’austérité sont dictées : à La Haye ; Ce jeudi prochain, le 23 juin, ils vont massivement à La Haye pour se joindre la manifestation de protestation contre des réductions dans les budgets des soins de santé. En opérant la jonction de leur lutte avec celle d’autres secteurs ils font savoir de façon claire qu’ils ne se laisseront pas faire, mais qu’ils veulent ouvrir les fenêtres et donner à leur lutte une assise plus grande. « De cette manière, nous élargissons notre action pour de bons soins, pour nos clients et pour les travailleurs », affirmait un des membres du comité d’action.
Les travailleurs du groupe d’aides-soignants à domicile Viva ! de IJmond en de Haarlem ont fait un pas courageux et important. C’est un exemple pour tous les travailleurs dans le secteur des soins de santé au Pays-Bas. Car c’est partout la même chose, réduction des salaires, licenciements, coupes sombres dans les soins de santé et flexibilité accrue. Nous devons lutter pour des soins plus humains, où il ne fait pas seulement bon de travailler, mais où on assure aussi des soins chaleureux et humains. Des soins ou les personnes se font soigner à une échelle humaine par leur aide-soignant habituel, ayant un contrat fixe, suffisamment d’heures de prestation et un salaire permettant de se loger et de vivre décemment.
Les actions des aides-soignants à domicile de Haarlem et de IJmond méritent notre plein soutien. Venez donc jeudi prochain à La Haye et concrétisez votre soutien tant à la lutte contre les coupes sombres dans les soins de santé qu’à celle des aides-soignants à domicile.
Leur travail est nécessaire ! Ils font du bon boulot !
C’est pourquoi : nous ne pouvons plus accepter de détérioration des conditions de vie et de travail !
Dans l’intérêt de notre vie et de celle des clients !
C’est pas eux le problème, le problème c’est le système !
Texte signé le 21 juin, par la ASB, les KSU et le CCI
nico37- Messages : 7067
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Re: Pays-Bas
http://www.slate.fr/story/48077/Pays-bas-pere-noel-esclaves-racisme
Publié le 27/12/2011
Mis à jour le 27/12/2011 à 11h14
Aux Pays-Bas, le père Noël n’a pas d’elfes, il a des esclaves
La tradition raciste de Noël que les Hollandais commencent à combattre.
- Un Zwarte Piet lors de la fête de Saint Nicolas aux Pays-Bas, le 21 novembre 2009 / Hotfield via FlickrCC License by -
En tant que nouvelle arrivante aux Pays-Bas, il y a beaucoup de choses que je ne fais pas bien. J’oublie d’apporter des présents dans les dîners, je remercie les gens trop chaleureusement, et je parle souvent trop personnellement avec des personnes que je viens à peine de rencontrer. Mais aucune de mes bourdes n’a jamais provoqué de réaction plus embarrassée que lorsque j’ai évoqué mes préoccupations au sujet du père Noël.
Une tradition bien ancrée
Voici ce qui me perturbe: aux Pays-Bas, le père Noël, ou «Sinterklaas» comme les Néerlandais le nomment, n’a pas de rennes; il a un petit assistant nommé Zwarte Piet, littéralement Pierre le Noir, qui enchante les enfants avec ses biscuits pepernoten et son comportement excentrique tandis que sa ressemblance avec Sambo le Petit Noir épouvante les visiteurs étrangers.
Chaque année, le 5 décembre, à la veille de la fête de Saint Nicolas, les enfants de tout le pays se réveillent excités de recevoir des cadeaux et des friandises, tandis que des milliers d’adultes se griment devant leur miroir, recouvrant leur visage de peinture marron et leurs lèvres de rouge. Dans leurs déguisements de Zwarte Piet, ils défilent dans le centre d’Amsterdam comme dans les rues des petits villages, ouvrant la voie à l’arrivée de Sinterklaas qui, dans la tradition néerlandaise, chevauche un cheval blanc volant.
Tenter d’expliquer à un Néerlandais pourquoi cette image vous perturbe ne provoquera que colère et frustration. Des adultes plus âgés et ouverts d’esprit peuvent avoir un mouvement de recul à l’évocation du sujet et réciter une liste apprise par cœur de raisons pour lesquelles Zwarte Piet ne devrait offenser personne. «Il n’est même pas noir», vous diront beaucoup d’entre eux. «Il est juste noir parce qu’il descend dans la cheminée». Alors, pourriez-vous rétorquer, pourquoi ses vêtements ne sont-ils pas maculés de suie eux aussi?
Saint Nicolas et son petit noir venu des colonies
Comme l’histoire de Zwarte Piet le dit clairement, l’explication de la suie de cheminée ne tient pas la route. Zwarte Piet –ou son ancêtre immédiat, peu importe– a été introduit en 1845 dans un récit intitulé Saint Nicolas et son Serviteur, écrit par un maître d’école néerlandais nommé Jan Schenkman. Dans l’histoire, Sinterklaas débarque d’Espagne en bateau à vapeur flanqué d’un assistant noir d’origine africaine. Le livre a connu une immense popularité et conduit à introduire l’assistant de Saint Nicolas dans les festivités de Noël. (Ce n’est que plus tard au cours du siècle que le nom de Piet lui a été donné).
En ce temps-là, l’empire néerlandais s’étendait sur trois continents et comprenait les colonies du Surinam et de l’Indonésie. Les Néerlandais étaient très impliqués dans le commerce des esclaves, dans la traite des esclaves africains comme dans leur exploitation dans les plantations de café et de sucre de leurs colonies. Les spectacles d’acteurs blancs grimés en personnages noirs étaient alors une forme de divertissement très répandue.
De nos jours, Sinterklaas, incarné chaque année par un acteur national célèbre, débarque aux Pays-Bas en bateau à vapeur à la mi-novembre. Son arrivée constitue un show télévisé en direct qui donne le coup d’envoi de la saison des fêtes, un peu comme la parade de Macy’s aux Etats-Unis, pour Thanksgiving. La ville à laquelle est accordé l’honneur d’accueillir Sinterklaas change chaque année.
«Zwarte Piet, c’est du racisme»
Cette année, le 12 novembre, tandis que Sinterklaas s’apprêtait à faire son entrée triomphale dans Dordrecht, Quinsy Gario était maintenu au sol et aspergé de gaz lacrymogène par la police. Gario est un poète publié, artiste et étudiant en Maîtrise d’études féminines à l’université d’Utrecht. Né en 1984 dans l’ancienne colonie hollandaise de Curaçao, il a grandi à Saint Martin. Il est venu en novembre 2011 à Dortrecht vêtu d’un T-Shirt sur lequel il avait lui-même inscrit au pochoir ces mots: «Zwarte Piet, c’est du racisme». Cette action a rapidement conduit à son arrestation –même si, lorsqu’il a ensuite demandé pourquoi, aucune loi précise n’a été citée.
Gario a immigré aux Pays-Ba avec sa mère en 1987. Il dit qu’il n’avait jamais vraiment remarqué les Zwarte Piets au cours des premières années qu’il a passées dans le pays, jusqu’au jour où sa mère est rentrée du travail en état de choc car le réceptionniste l’avait appelée la «Zwarte Piet» du bureau lorsqu’elle était entrée dans l’immeuble. Depuis, le personnage fait partie de sa poésie et de son travail artistique.
«Je le dis aux gens, je ne suis pas en colère. Je trouve seulement triste qu’on ne sache pas ce que cela signifie et je suis ici pour vous le dire», dit-il. Gario a commencé à imprimer des T-shirts semblables à celui qu’il portait à Dortrecht et à photographier des gens qui les portaient dans la rue puis à poster les clichés sur une page Tumblr.
Il y a plusieurs semaines, tandis qu’il attendait parmi la foule amassée l’arrivée de Sinterklaas, vêtu d’un de ses T-Shirts, Gario et un compagnon ont été abordés par un policier, qui leur a intimé l’ordre de quitter les lieux. Lorsque Gario s’est enquis de la raison, arguant de sa liberté d’expression, le policier l’a plaqué au sol. Une vidéo de l’arrestation montre Gario qui se débat sur la chaussée en répétant: «Je n’ai rien fait» tandis que deux officiers le maintenaient au sol.
Alors qu’il était aspergé de gaz lacrymogène et traîné dans une rue adjacente, l’officier qui le tenait par le cou lui a frotté la bombe lacrymogène sur les yeux et le nez. Gario a ensuite été arrêté en compagnie du documentaliste et du journaliste qui les accompagnait afin de rendre compte de leur manifestation.
Les Néerlandais et le problème de l'immigration
Les Néerlandais disent souvent qu’ils n’ont pas de problème avec les races. Mais du point de vue de Gario (comme de bien d’autres à qui j’ai parlé), aux Pays-Bas, le sujet est inextricablement lié à l’immigration –ce avec quoi, en revanche, beaucoup de Hollandais ont un problème, comme le suggère la montée d’hommes politiques comme Geert Wilders, lequel professe une profonde méfiance envers les immigrés et réclame la fermeture des frontières. (Anders Behring Breivik, l’auteur des attaques terroristes en Norvège, ne tarissait pas d’éloges pour Wilders).
Allochtoon est un mot néerlandais pour désigner les immigrés et leurs descendants. Il signifie: «originaire d’un autre pays». Ces étrangers sont accusés par Wilders et d’autres de profiter des ressources du pays et des services sociaux alors qu’ils ne s’intègrent pas véritablement dans la société néerlandaise par ailleurs.
Gario n’est pas le seul artiste et activiste à considérer Zwarte Piet comme un problème. En 2008, Petra Bauer et Annette Krauss ont organisé une marche dans le cadre d’une exposition explorant la signification de Zwarte Piet. Lorsque les médias ont eu vent de l’exposition, les artistes ont reçu des menaces de mort, et le Musée Van Abbe de Eindhoven a annulé le défilé.
Etant Allochtoon, Bauer et Krauss ont été informées qu’elles n’avaient pas le droit de se dire offensées par Zwarte Piet. Bauer et Krauss ont été choquées de constater à quel point la plupart des gens refusaient même d’aborder le sujet. «Wilders a porté notre exposition jusqu’au parlement. Il réclamait la suppression des subventions pour le Musée Van Abbe coupable d’avoir permis à des gens de seulement évoquer la question de Zwarte Piet», dit Bauer. Mais Krauss ajoute que l’annulation du défilé fut finalement plutôt une bonne chose. «Des gens qui n’avaient jamais rien dit sur Zwarte Piet ont commencé à entrer en contact avec nous».
Des Zwarte Piets plus politiquement correct
Depuis la fin des années 1960, des modifications dans la tradition ont donné aux Zwarte Piets une place plus respectable et sympathique dans le décorum des festivités de Noël aux Pays-Bas. En 1968, Hoofdpiet –le Zwarte Piet en chef, chargé de tous les autres– a été introduit, et depuis ce temps-là, d’autres figures de Zwarte Piets ont été ajoutées. L’un est chargé de la navigation, un autre d’emballer les cadeaux, et un autre Piet a la responsabilité des biscuits pepernoten. De légers changements dans l’apparence du personnage ont aussi été faits: le port de boucles d’oreilles est moins fréquent et les perruques sont devenues plus bouclées que drues et crépues.
Dans le passé, les Zwarte Piets avaient souvent un accent surinamais et jouaient le rôle de bouffons empotés. Mais désormais –au cours de la grande arrivée télévisée de Sinterklaas, au moins- un Hoofdpiet s’occupe de l’organisation tandis qu’un autre fait le zouave au milieu de la foule qui se rassemble dans les rues dans l’attente de Sinterklaas, qui arrive dans leur sillage, saluant royalement depuis son cheval blanc, drapé dans sa houppelande et coiffé de sa mitre d’évêque.
De l'esclavage à l'amitié en passant par l'hostilité mutuelle
La maladresse de cette tentative de changement en un Zwarte Piet plus aimable et gentil est pointée de façon amusante par David Sedaris dans Six à huit hommes noirs, tout d’abord publié dans Esquire puis dans le livre intitulé Dress Your Family in Corduroy and Denim (Habillés pour l’hiver, Plon, 2006). Tandis que les Zwarte Piets étaient ouvertement «représentés comme des esclaves personnels», écrit Sedaris, ils sont désormais décrits comme «juste de bons amis»:Il est possible que cette période d’hostilité mutuelle soit arrivée en aux Pays-Bas. Dans les dernières semaines, des journaux comme le Volkskrant, plutôt de gauche, se sont mis à traiter du sujet avec une profusion de tribunes d’opinion. Dans la deuxième semaine de décembre, Flavia Dzodan, une activiste née en Amérique du sud et résidant à Amsterdam, a parlé avec Latoya Peterson, du site d’information The Root (la racine), petite sœur de Slate, du racisme véhiculé par la figure de Zwarte Piet. Pour le moment, au moins, il semblerait que l’arrestation de Gario ait aidé à élargir le débat que lui comme d’autres ont essayé de lancer depuis déjà pas mal de temps.
«Je pense que l’histoire a prouvé que quelque chose se produit souvent entre l’esclavage et l’amitié, une période caractérisée non par les biscuits et les moments paisibles au coin du feu mais par des effusions de sang et une hostilité mutuelle.»
Jessica Olien
Traduit par Florence Boulin
BouffonVert72- Messages : 1748
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Re: Pays-Bas
Les travailleurs de l'usine Phillips de Roosendaal sont venus parler aux actionnaires à Amsterdam
En cause, les licenciements
Copas- Messages : 7025
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Re: Pays-Bas
L'université d'Amsterdam et Mme Lagarde ont organisé un débat pour finalement envoyer des gros bras virer les contradicteurs.
Démocratie, liberté de parole made in Lagarde...
Copas- Messages : 7025
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