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Indigènes de la République

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Indigènes de la République - Page 17 Empty Re: Indigènes de la République

Message  Toussaint Dim 1 Mai - 1:35

Pour une fois, un texte intelligent et non sectaire sur le PIR et ma chère Houria.

Publié sur Contretemps (http://www.contretemps.eu)

La gauche peut-elle dire « nous » avec Houria Bouteldja ?


Dans ce texte écrit à partir de la lecture du livre d'Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous (La Fabrique, 2016), René Monzat - chercheur et militant antifasciste, ancien animateur du réseau Ras l'Front - plaide pour la constitution d'un nouveau bloc social et politique entre la gauche radicale et l'antiracisme politique porté, entre autres organisations et collectifs, par le PIR et Houria Bouteldja. Mais il rappelle que cela passera nécessairement, du côté de la première, par une reconnaissance de la question raciale, donc une contribution réelle aux luttes contre le racisme systémique, mais aussi de l'autonomie politique des non-blanc-he-s.



Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (La fabrique éditions, 2016) est dédié à la gauche radicale – par une formule rude : « Parce qu’elle est le partenaire indispensable des indigènes, la gauche est leur adversaire premier ».

Ce court essai mérite des réponses aux questions de fond qu’il pose à la gauche radicale, d’autant mieux que sa forme permet le débat.

Houria Bouteldja part du socle des idées du Parti des Indigènes de la République, petit courant original en interaction avec la gauche radicale dont sont issu-e-s une partie de ses cadres. Il a su polariser le champ des débats intellectuels et politiques (parfois cantonné au rôle d’épouvantail ou de repoussoir), ainsi que celui des initiatives militantes impliquant des « indigènes ».

Bouteldja emploie ici un ton plus personnel, et aborde des impensés stratégiques du PIR que la « politique de l’amour révolutionnaire » viendrait combler. Elle opère une prise de risque en laissant apparaître, y compris dans son style, sont goût de l’oxymore, l’incomplète articulation des éléments de réponse proposés. Et c’est à mes yeux une chance de pouvoir discuter avec une pensée qui n’est pas close, ni fermée sur elle-même. De plus les « impensés » du PIR étant de même nature que ceux de la gauche radicale, pointer les dilemmes stratégiques du PIR revient pour la gauche radicale à se saisir de questions qu’elle se refusait à aborder pour son propre compte.

Le débat en retour de la gauche radicale doit faire écho à cette prise de risque, accepter la discussion, reconnaitre ses propres lacunes. Le débat peut à cette condition « nous » être utile, au PIR comme à la gauche radicale

Refuser la discussion avec le PIR, c’est arguer d’une question pour éviter d’en aborder d’autres – par exemple, se saisir des critiques formulées par Bouteldja sur la version dominante du féminisme européen pour tenter de présenter cette « féministe décoloniale » comme une anti-féministe : procéder ainsi est injuste vis-à-vis des femmes (et des hommes ) du PIR, c’est ostraciser des féministes de tous les continents que Bouteldja n’est pas mandatée pour représenter, mais dont elle reprend les thématiques dans le débat ; procéder ainsi, c’est surtout renforcer l’image de féministes « occidentales », plus précisément de certains courants se disant féministes prétendant détenir le monopole du féminisme. En attendant, le PIR a fêté son 10e anniversaire par un meeting dont la vingtaine d’intervenants, étaient tous – toutes – des femmes. Que les partis ou groupes qui ont réalisé l’équivalent formulent la première critique !

Refuser la discussion, c’est taxer d’homophobie (et déclarer infréquentable) une militante qui appelle à un travail de critique des masculinités, virilités, dans leurs liens avec l’histoire, les rapports de force, dans la politique du moment présent. Bien sûr, on peut penser que Houria Bouteldja avait mal estimé la difficulté à faire partager à des journalistes, ou militants, la substantifique moelle du Desiring Arabs de Joseph Massad, ou les travaux de Gianfrano Rebucini sur la critique de « l’identité homosexuelle »1. On peut aussi contester les idées que Bouteldja partage avec ces auteurs2, voire estimer qu’elle les comprend de travers. Malgré tout, on ne peut pas ignorer ces questions de crise des masculinités ou « virilité » après l’essentialisation massive qui fut faite après les agressions de Cologne. Le récent texte de Jules Falquet3 contribuent également à acclimater ces questionnements dans le champ des courants pour l’émancipation.

Le PIR a jeté un pavé dans la mare en affirmant qu’il existe une question raciale en France, Nous devrions avoir une impression de déjà-vu, nous qui avons vécu les années 1970 au sein de la gauche radicale. On revit là ce qui était opposé aux féministes : « toutes ces revendications de femmes c’est bien, mais ça divise le peuple (la classe ouvrière) en mettant en avant une division secondaire dont va profiter l’adversaire pour diviser le front de classe » (c’est le genre de chose qu’écrivait l’enseignant communiste Michel Clouscard dans des textes diffusés aujourd’hui par les communistes orthodoxes et les soraliens4).

Remplacez femmes par race et on peut raisonner… « Non, non ! » disent les excommunicateurs dire « races » c’est « raciste » – évidemment – alors que dire « femmes », c’est bien sûr « féministe » !

Bouteldja aggrave son cas en nommant « les indigènes » et « les blancs », pour faire tousser certain-e-s dès la lecture de la couverture. Pour se protéger, la gauche radicale renâcle, certaines de ses franges niant purement et simplement qu’existe une question raciale en France (tout en reconnaissant qu’existe du racisme).

« Indigènes » est bien trouvé, ce n’est pas aborigènes mais cela renvoie au statut d’indigène, c’est-à-dire aux personnes ne bénéficiant pas de la (pleine) citoyenneté : cela n’a ni contenu ethnique ou racial, ni religieux. Évidemment, c’est toujours drôle en réunion de voir telle ou telle changer de couleur, hésiter puis se lancer pour choisir une formule qui oscille entre habitant des banlieues, des quartiers, des quartiers populaires, enfants de colonisés, populations racisées, etc.

Le PIR a jeté un deuxième pavé dans la mare en affirmant que les luttes doivent être prises en charges par les intéressé-e-s. Le pavé a été lancé il y a des années. Bien sûr, à ce niveau d’abstraction la gauche radicale est d’accord. Mais la diablesse pourrait proposer une imitation polie, une autonomie calquée sur les combats principaux, clairement subordonnée aux rapports de forces sociaux et politiques principaux de classe. Que nenni ! Les thématique, les priorités ne sont ni subordonnées ni les mêmes. « Nos mots » dit Bouteldja « indigènes », « blancs », « races sociales » sont des mots qui disent « nous ne voulons plus jouer votre jeu. Désormais nous jouerons le nôtre ». De ce fait, la mare bouge encore.

La façon qu’a Houria Bouteldja de manier le « nous » et le « vous » lui fait prendre des risques. Le style y contribue : elle assène une affirmation péremptoire, une affirmation qui semble antithétique, un développement qui nous porte ailleurs que dans l’apparente contradiction. Elle oppose « Vous les Blancs, nous les Indigènes » puis avoue : « Pourquoi j’écris ce livre ? Parce que je ne suis pas innocente. Je vis en France. Je vis en Occident. Je suis Blanche. » ensuite : « Je ne suis pas tout à fait blanche, je suis blanchie. [...] Une indigène de la république ». Et enfin la perspective du grand NOUS commun : « Le Nous de notre rencontre, le nous de la nouvelle identité politique que nous devons inventer ensemble, le nous de la diversité de nos croyances, de nos convictions, de nos identités ».

La gauche radicale peut répondre positivement, elle qui est aussi confrontée à des problèmes de définition du « nous » et du « eux », c’est-à-dire des acteurs de la politique et des luttes sociales.

Le caractère assez flou de cet « amour révolutionnaire » devrait titiller l’esprit critique des gauches radicales. Elles seront promptes à remarquer que « l’amour révolutionnaire » n’est pas une forme d’organisation sociale et politique, encore moins une architecture institutionnelle, ni un mode de développement humain. Or, de ce point de vue, celui des perspectives alternatives, la gauche radicale n’est guère mieux lotie, incapable de définir la société qu’elle veut, hésitant depuis des décennies à travailler la voie autogestionnaire qui pourrait constituer son utopie positive.

L’ « amour révolutionnaire » devrait « parler » à la gauche radicale : il joue en effet dans la logique du texte le même rôle que le socialisme, l’abolition du salariat, le dépérissement de l’état dans la structure marxiste : la mobilisation des indigènes (races sociales), instrument pour instaurer une société « décoloniale » du dépassement de la race et de son abolition. Dans les deux cas, c’est un des éléments « dominé » du rapport social que l’on veut abolir qui peut structurer la lutte pour sa propre disparition.

Que la clef de voûte des perspectives avancées dans le texte soit une « forme vide » à remplir est en quelque sorte naturel puisque les « indigènes » ne peuvent seul-e-s constituer la force majoritaire. En revanche Bouteldja affirme qu’il n’y a pas de projet émancipateur sans le « nous » indigène. La gauche radicale doit y répondre positivement avec le vocabulaire politique et revendicatif de l’égalité, de la solidarité, de la dignité.

Ici Bouteldja pose des conditions : éviter que la France devienne une société d’apartheid a un prix, un coût en terme politiques et psychologiques, en terme de fin de la domination blanche, préalable à la constitution du « nouveau nous ». Sur la même question, Tariq Ramadan (comme nombre d’organisations musulmanes) est depuis une décennie sur un « Nouveau nous » ici et maintenant, dont les musulmans sont des participants actifs et reconnus.

Il n’y a pas d’articulation aboutie entre la perspective insistant sur l’autonomie des mobilisations indigènes – qui est comparable à l’attitude sociale et politique de la gauche radicale – et celles du « nouveau nous » de Tariq Ramadan, un discours « républicain » qui fait implicitement référence à la nation et compatible avec une version un peu « gauchie » du « vivre ensemble »5. Dans les faits les courants (politiques, syndicaux, associatifs) refusant l’union sacrée post-Charlie ont su esquisser une voie.

La logique serait de constituer tout de suite ce « nouveau nous », l’embryon politique de ce « nouveau nous », autour des luttes pour l’égalité, les libertés, contre les discriminations raciales et religieuses, pour la démocratie et l’auto-activité, pour l’emploi et les conditions de vie, pour une transformation radicale. Cela suppose de refuser l’apartheid politique vis-à-vis des organisations « indigènes », des associations musulmanes, de nos partenaires dans ce projet.

Le « nous » commun, c’est maintenant afin de constituer le bloc des couches populaires, autour d’un combat de transformation radicale, pour l’égalité, contre les discriminations. Houria Bouteldja désigne les « privilèges blancs », nous les combattons comme politique d’apartheid, de discrimination, d’inégalités : il s’agit de la même réalité.

Je suis conscient d’être trop optimiste car la gauche radicale hésite aussi, insistant selon le contexte sur les forces sociales actrices de la transformation, et leur constitution dans la confrontation, ou sur le refus de clivages et divisions contreproductives (produites par le racisme notamment). Les deux discours coexistent aujourd’hui sans vraiment s’articuler, et la réflexion sur la constitution du bloc politique, social et idéologique, qui peut devenir hégémonique pour réorienter le cours des choses en Europe reste embryonnaire, inaudible donc politiquement inexistante.

Seul aspect positif : des courants tels le PCF, Mélenchon, l’extrême gauche, savent que le « peuple » est un acteur politique qui se construit sur un projet en une convergence d’intérêt et non une couche sociale statistiquement définie et encore moins une structure ethnico-culturelle issue du fond des âges.

Si la gauche radicale avait su prendre ses responsabilités, le PIR n’existerait pas en tant que structure isolée. Ses équipes et son activité se déploierait en symbiose avec elle. La gauche radicale a besoin de faire siennes les deux intuitions du PIR (la réalité de la question raciale en France et la non-subordination des luttes des racisé-e-s), tout comme les milieux influencés par les discours du PIR ont besoin d’un ancrage social et syndical plus solide, dans un pays où la division raciale du travail est patente, mais où le monopole blanc de représentation est relativement moins fort dans les organisations syndicales.

Il nous faut mener ces débats, sans faux-fuyants afin d’éviter que la France se transforme en société d’apartheid. Cela limitera les probabilités que la gauche radicale soit emportée par l’effondrement en cours de la social-démocratie en France et en Europe, cela préviendra la menace de fossilisation intellectuelle, politique et sociale qu’entrainerait le fait de céder à la nostalgie programmatique, c’est construire les moyens politiques et sociaux de contrer les populismes identitaires.

« Nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu’on ne rallumera plus ». « Il s’est trouvé des humains pour se vanter de ce crime » commente Houria Bouteldja, ouvrant sa conclusion. « Rallumeurs d’étoiles, hissez haut notre idéal, hissez haut nos idées » chantent les Saltimbanks dans le morceau et l’album éponyme. Le PCF a utilisé la même image pour son congrès de 2012 : « Il est grand temps de rallumer les étoiles ».

La confrontation de la gauche radicale avec ce courant est inévitable, rendons politiquement fécond ce partenariat.



Nos contenus sont placés sous la licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0 FR) [3]. Toute parution peut être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d'origine activée.
•1. « Lieux de l’homoérotisme et de l’homosexualité masculine à Marrakech », L'Espace Politique.
•2. Le débat avec Joseph Massad a été entamé dans la « Revue des livres », n° 9 et 10 de 2013.
•3. Voir aussi le texte de Jules Falquet [4].
•4. Le Capitalisme de la séduction. Clouscard est aujourd’hui édité par les éditions communistes Delga et la maison soralienne Kontre Kulture.
•5. Le « vivre ensemble » vu par les organisations musulmanes est exposé par le texte Convention Citoyenne des Musulmans de France pour le vivre‐ensemble publié en juin 2014 par le CFCM.




date:
22/04/2016 - 11:46 René Monzat [5]


URL source: http://www.contretemps.eu/lectures/gauche-peut-elle-dire-%C2%AB-nous-%C2%BB-houria-bouteldja


Liens:
[1] http://www.contretemps.eu/lectures
[2] http://www.contretemps.eu/lectures/gauche-peut-elle-dire-%C2%AB-nous-%C2%BB-houria-bouteldja
[3] http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/
[4] https://blogs.mediapart.fr/jules-falquet/blog/080216/la-nuit-du-31-decembre-2015-en-allemagne-et-ses-effets-en-france
[5] http://www.contretemps.eu/auteurs/ren%C3%A9-monzat
Toussaint
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Message  MO2014 Dim 1 Mai - 11:14

Ah si NUIT DEBOUT pouvait nous rejoindre demain Pont du Carroussel !

Comme chaque 1er mai nous nous retrouverons au Rassemblement à la

mémoire de Brahim Bouarram et à toutes les victimes du Racisme.

Pont du Carroussel – 75001 Paris
Pour que la mémoire de Brahim BOUARRAM et de toutes les victimes de racisme demeure vivante.
YB

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Message  marxmarx Dim 1 Mai - 16:12

MO2014 a écrit:
marxmarx a écrit:je vois qu'une fois de plus MO2014 n'ose pas expliquer son drole de vocabulaire

Hahaha ça se voit que tu n'as jamais vécu dans un QP et que tu es un Frédérique,  Very Happy   ceux qui ont cette expérience n'ont nul besoin d'explications Twisted Evil .

Ecoute mamadou tu vas parler autrement sTP
Merci

marxmarx

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Message  MO2014 Lun 2 Mai - 10:33

Débat UJFP-Alsace/Houria Bouteldja [vidéos] <<

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Message  Toussaint Sam 7 Mai - 20:35

Tu n'appelles pas les gens Mamadou sur ce forum ni ailleurs.
Ici, tu es derrière l'anonymat du clavier, dommage.
Cela, ce n'est pas le genre de choses qui se débat. Il va falloir vous habituer à ce que vous êtes blancs et qu'à ce titre, vous faites partie, même à votre corps défendant, d'un groupe social dominant. Cela peut déplaire, cela me déplait, je suis blanc, c'est ainsi. Comme le fait d'être un homme. Inconvénient, nous avons intégré un certain nombre de choses qui parfois nous reviennent en plein visage quand les non-blancs ou les femmes relèvent la tête. C'est ainsi et tu ferais mieux de t'y habituer, cela va encore se développer.
Tes propos stupides et ton registre sont une illustration du fossé, et de la nécessité pour ceux qu'on appelle Mamadou depuis des décennies, de se réunir et s'organiser loin de gens de ton espèce.
Toussaint
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Message  marxmarx Dim 8 Mai - 22:55

toussaint a écrit: vous êtes blancs et qu'à ce titre, vous faites partie, même à votre corps défendant, d'un groupe social dominant.

Donc un intérimaire blanc fait partie du groupe social dominant tandis que Rachida Dati ou El Khomrie font partie du groupe social dominé

D'une debilité à toute epreuve, félicitations

marxmarx

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Message  MO2014 Lun 9 Mai - 9:42

marxmarx a écrit:
toussaint a écrit: vous êtes blancs et qu'à ce titre, vous faites partie, même à votre corps défendant, d'un groupe social dominant.

Donc un intérimaire blanc fait partie du groupe social dominant tandis que Rachida Dati ou El Khomrie font partie du groupe social dominé

D'une debilité à toute epreuve, félicitations

Manifestement c'est trop compliqué pour tes capacités. Il confond déjà un article indéfini (un groupe dominant parmi plusieurs) et un article partitif (partie d'un groupe unique "les domininants").

Pour prendre un exemple, plus personne ne conteste que la société patriarcale crée une situation où les hommes font partie, même à leur corps défendant, d'un groupe social dominant ayant des privilèges.
C'est sur que marxmarx nous sortirait alors une phrase comme :
"Donc un homme intérimaire fait partie du groupe social dominant tandis que Rachida Dati ou El Khomrie font partie du groupe social dominé"
comme marxmarx m'appelle "Mamadou" et qu'il ne comprend rien à rien du marxisme et des rapports de dominations c'est sur, à mon tour de lui conseiller de changer de pseudo !


MO2014

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Message  verié2 Lun 9 Mai - 12:57

Inutile de s'insulter ainsi. Le clivage est net entre ceux qui veulent organiser les travailleurs sur des bases de classe et ceux qui veulent organiser les "Indigènes" sur des bases de race et d'origine. Les seconds ne sont pas plus stupides que les premiers, mais ils n'ont pas les mêmes objectifs. En revanche, ils devraient éviter de se revendiquer du marxisme - ce que d'ailleurs, à ma connaissance, les amis de Bouteldja ne font pas, même si leur discours peut emprunter certains éléments au marxisme. Mais beaucoup de gens ont toujours emprunté beaucoup de choses au marxisme, sauf certains de ses éléments essentiels comme la destruction de l'Etat bourgeois et la dictature du prolétariat - dont bien entendu Les indigènes ne se revendiquent pas non plus.

verié2

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Message  MO2014 Lun 9 Mai - 16:00

Tout comme le clivage était net entre celles qui voulaient regrouper pour lutter contre les discriminations de genre et le patriarcat et ceux qui instrumentalisaient la lutte des classes avec leurs notions approximatives du marxisme pour cliver et combattre le féminisme.

MO2014

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Message  MO2014 Lun 9 Mai - 17:55

La page facebook du PIR a été arbitrairement suspendue pour trente jours par les juges invisibles de facebook, sur la base d'un code pénal connu d'eux seuls et bien sûr en l'absence de tout avocat, même commis d'office. Vous pourrez suivre l'actualité du PIR sur cette nouvelle page en attendant le rétablissement de l'ancienne.
https://www.facebook.com/PartiIndigenes2/
La publication en cause :


Construire une organisation politique autonome anticolonialiste
Sadri Khiari

Le texte qui suit a été présenté à l’occasion de la réunion publique organisée par le collectif IDF du Mouvement des indigènes de la république (MIR) en collaboration avec la Maison verte, le vendredi 14 décembre 2007, autour du livre de Sadri Khiari, « Pour une politique de la racaille », publié aux éditions Textuel en avril 2006. S.Khiari est membre du MIR. Je commence par remercier Saadane pour la présentation qu’il a faite de mon livre « Pour une politique de la racaille », paru il y a déjà un an et demi.

Je ne sais pas s’il mérite autant de louanges dans la mesure où cet ouvrage a tenté de faire le point sur les débats qui ont traversé le MIR depuis sa fondation et que, de ce point de vue, il ne constitue qu’un moment dans un processus de réflexion et d’élaboration que nous poursuivons et que, j’espère, nous poursuivrons, au sein d’une organisation commune à l’ensemble des militants issus des anciennes et des actuelles colonies qui luttent, aujourd’hui, en France contre les inégalités raciales. J’avoue, cependant, que les commentaires de Saadane me font vraiment plaisir dans la mesure où ils sont ceux d’un militant qui a l’expérience des luttes de l’immigration et des quartiers populaires depuis une vingtaine d’année, auxquels il a fortement contribué, notamment à l’occasion des luttes contre la « double peine ».

Je ne vais pas reprendre, dans cette intervention, le contenu de mon livre, sinon en rappeler, en passant, certaines idées pour éclairer quelques conclusions auxquelles je suis parvenu aujourd’hui et qui, je le souhaite, susciteront un débat à l’occasion de cette réunion publique. Je vais donc aborder, ici, deux grandes questions, en essayant d’aller à l’essentiel et d’être clair.

La première concerne l’actualité de l’anticolonialisme en France, face à l’offensive contre les quartiers populaires, l’immigration et, plus généralement, les Noirs, les Arabes et les musulmans… La seconde concerne la nécessité d’un mouvement politique autonome organisé de l’ensemble des populations soumises à l’indigénat. Je n’apporterais donc pas de solutions concrètes immédiates (par exemple, « que faire lors des prochaines municipales ? ») ; je me contenterais de poser un cadre général, une ébauche d’analyse de la situation, et les grandes lignes d’une hypothèse stratégique. Je ne traiterais pas, cependant, des rapports de la France avec ses anciennes colonies et avec les peuples qui sont toujours directement dominés par elle.
I) ANTICOLONIALISME POSTCOLONIAL

La formule « anticolonialisme postcolonial » semble a priori contradictoire. Comment parler d’actualité de l’anticolonialisme pour une époque historique définie justement comme succédant à l’époque coloniale ?

Je répondrais à cette question en deux temps. En premier lieu, je l’aborderais en soulignant que les rapports sociaux et politiques, en France, restent, au lendemain des décolonisations, profondément marqués par l’histoire coloniale. En second lieu, je l’aborderais en soulignant que la période politique que nous vivons depuis au moins les années 80 est caractérisée par ce qu’on peut appeler une nouvelle contre-révolution coloniale.

Je précise, pour ceux qui pourraient y voir un manque de « complexité », que je n’ignore pas l’existence de multiples autres formes de conflictualité. Mais ce qui m’intéresse, ici, c’est ce qui me semble fondamental du point de vue de la production d’un racisme contemporain.

1) Commençons par le niveau que l’on peut dire « structurel ».

Par « postcolonial », nous n’entendons pas, au MIR, qui succède radicalement à la période coloniale, dans le sens où celle-ci appartiendrait désormais au passé. Nous savons que le passé et le présent se chevauchent. Prenons un exemple. Il est courant d’interpréter la Révolution française comme un ayant mis en terme à la monarchie absolue et au féodalisme. Il ne viendrait pourtant à l’idée de personne de nier qu’il a fallu au moins un siècle de plus, ponctué d’autres révolutions et de nombreuses contre-révolutions, pour que la République soit enfin stabilisée. Aujourd’hui encore, la République reste marquée de nombreux traits qu’elle a hérités de la monarchie absolue.

Il en va de même de la décolonisation. L’accession de la plupart des colonies à l’indépendance n’a pas mis un terme définitif à l’histoire coloniale. Elle a inauguré un processus d’émancipation, un processus où l’émancipation devient possible, un processus qui, comme on l’a vu depuis le milieu du siècle dernier, comme on le voit aujourd’hui et comme on le verra encore un certain temps, se développe avec de multiples contradictions, des flux et des reflux, de nouvelles révolutions et de nouvelles contre-révolutions.

La grande fracture raciale mondiale qui s’est constituée avec l’esclavage européen des Noirs et le partage colonial de la planète continue d’être une réalité, un demi siècle après les décolonisations. Bien qu’ayant subi des défaites majeures et soumis encore à la résistance des autres peuples, le monde blanco-européen (les Etats-Unis n’en sont qu’une extension), qui s’auto-définit comme étant l’Occident, reste dominant sur les plans politique, économique et culturel.

Les formes de cette domination se sont, bien sûr, en partie renouvelées et elles se mêlent différemment avec d’autres formes d’oppression. C’est, entre autres, des questions sur lesquelles il nous faudra travailler. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne plus précisément l’idéologie ou les représentations racistes, celles-ci se sont modifiés entre le milieu de XIXème siècle où elles avaient un très fort caractère « biologisant » et, aujourd’hui, où elles s’appuient surtout sur des considérations d’ordre culturaliste, comme c’est le cas de l’islamophobie, c’est-à-dire du racisme anti-musulman.

Je vais faire, ici, une remarque pour éviter tout faux débat. Quand je parle de fracture raciale mondiale, je ne présuppose évidemment pas l’existence de races en dehors des rapports sociaux qui les constituent. La race est un rapport social. Le Noir n’est pas une couleur, il est un rapport social. Le musulman n’est pas l’adepte de la foi musulmane, il est un rapport social. Je dis bien rapports sociaux et non pas rapports économiques, comme on a souvent tendance à réduire les rapports sociaux. Je dis rapports sociaux dans toutes leurs dimensions (économique, politique, culturel, morale, etc.). Dans l’analyse, pour des raisons pratiques mais sans doute aussi idéologiques, on s’est habitué à les distinguer, parfois à chercher à les articuler en essayant de détecter laquelle serait déterminante. Le 1er problème, c’est que souvent on a fini par croire que ces distinctions existaient réellement dans la vie. Le 2ème problème, c’est que souvent aussi on a généralisé à l’ensemble des histoires particulières, une méthode d’analyse peut-être valable en Europe et, si elle est pertinente, probablement significative seulement à l’époque contemporaine. Je dis ça juste pour souligner qu’il nous faudrait pouvoir revisiter également les méthodes d’analyses pour les débarrasser de l’européo-centrisme qui les pollue (constitue ?).

Je ne m’étends pas là-dessus. Je voudrais juste souligner deux choses. La 1ère, c’est que les races, comme je l’ai dit, sont une forme historique particulière de rapports sociaux inégalitaires. La 2ème, c’est que ces rapports sociaux se sont cristallisés progressivement dans l’histoire comme hiérarchie statutaire. C’est-à-dire comme une différence de statut inégalitaire entre différents groupes d’êtres humains. Ce statut (et là je vois mal comment distinguer systématiquement les dimensions économiques, politiques et morales) se construit dans l’opposition entre les Blancs-européens-chrétiens, supposés supérieurs, naturellement ou culturellement, et les autres populations du monde, notamment lorsqu’elles ont été esclavagisées et colonisés, supposés inférieurs. Avant tout autre bénéfice matériel, le Blanc-européen-chrétien a ce privilège immense de se penser supérieur au non-blanc comme, dans la France féodale, le noble, ruiné et misérable, continuait néanmoins de se penser supérieur au roturier le plus riche. Plus : le noble était pensé comme supérieur par l’ensemble de la société. Les institutions féodales et monarchiques le considéraient comme supérieur et lui conféraient moult privilèges qui consacraient cette supériorité. Il est pauvre, mais il est statutairement dominant. Il a fallu une révolution pour que le roturier brise ce statut !

Il en va de même des rapports sociaux de races. Dominée sur de multiples plans, une pauvre blanche américaine bénéficie pourtant de ce privilège de statut par rapport à tous les Noirs, même si dans la loi plus rien officiellement ne les sépare. De même, tout dans la société française renvoie au Blanc l’image de sa supériorité morale, indépendamment de tous les autres privilèges d’ordre strictement matériel dont il dispose au moins potentiellement, parce qu’il est blanc.

Beaucoup d’anti-racistes qui pensent que le racisme est juste une affaire de mentalités rétrogrades se référent, à juste titre, aux vieux textes d’Albert Memmi. Or, celui-ci soulignait justement que le racisme n’existe que comme rapport de domination, c’est-à-dire qu’il repose sur et constitue un système de privilèges. Ce qui l’a conduit d’ailleurs, j’ouvre ici une parenthèse, à considérer que la haine raciale du colonisé vis-à-vis du colon n’est pas vraiment un racisme, même si elle lui emprunte ses formes et en est le produit. Il parlait à ce propos de « racisme édenté », c’est-à-dire qui ne repose pas sur une réelle puissance de domination, qui est désarmé. A proprement parler, sauf si l’on réduit le racisme à la catégorie fourre-tout de « haine de l’Autre », il n’existe pas de racisme du dominé racialement, si ce n’est comme expression inversée de la domination qu’il subit, un racisme que je dirais même anti-raciste dans la mesure où il exprime une forme de résistance qui reste prisonnière des catégories produite par le système racial/colonialiste. De ce point de vue, le « racisme anti-blanc », dont on accuse les nôtres aujourd’hui, est un leurre de même que l’«antisémitisme » de certains Arabes ou Noirs qui ne repose absolument pas sur l’exercice effectif par ceux-ci d’une domination statutaire sur les juifs. De ce point de vue, combattre le racisme édenté de certains des nôtres, premièrement, est notre affaire à nous, deuxièmement, est une tâche effectivement importante, non pas, surtout pas, pour rassurer ou plaire aux Blancs mais pour nous décoloniser nous-mêmes et sortir d’une forme de compréhension du monde qui nous mènerait directement à des impasses politiques. Plus importante encore à mes yeux, la nécessité de combattre les oppositions, nourries sinon fabriquées par la colonisation, aux seins mêmes des anciens peuples colonisés (et notamment le mépris racial de nombreux Arabes à l’égard des Noirs), qui font de nous les complices de l’oppression que nous subissons.

Bon, je ferme cette longue parenthèse et je reviens à l’anticolonialisme postcolonial dans la France contemporaine. Je ne vais pas, ici, vous soûler avec l’énumération de l’ensemble des inégalités raciales et des politiques publiques racistes ni essayer de démontrer qu’elles plongent leurs racines dans l’histoire coloniale. Je ne vais pas tenter non plus de démontrer les rapports entre ces inégalités et les formes de dominations que la France continuent d’exercer sur ces anciennes colonies ni les rapports entre ces inégalités et la persistance de situations coloniales, aux Antilles, par exemple.

Je vais vous soûler avec autre chose.

Les rapports sociaux de races en France sont, pour une part, le produit de l’histoire mondiale de la construction sociale des races. Mais ils sont aussi le produit spécifique de l’histoire particulière de la France. Et, pour commencer, ils sont le produit d’une période fondatrice, en l’occurrence la IIIème République, dont la France d’aujourd’hui est largement l’héritière.

Juste quelques mots, rassurez-vous.

Quelques mots pour dire ceci : C’est sous la IIIème République que l’extension de l’empire français a atteint son apogée en même temps que se formaient et se stabilisaient les principales institutions de la République et que s’est cristallisée réellement la nation française. C’est elle qui fabrique la notion juridique de la nationalité, qui créé véritablement l’opposition entre « Français » et « étrangers » ; c’est elle qui distingue la nationalité de la citoyenneté, qui invente l’immigration au sens contemporain (force de travail qu’on « choisit », ennemi intérieur, sous-homme….), qui instaure institutionnellement la sélection et la discrimination raciale, qui développe l’idéologie assimilationniste, etc. On pourrait, bien sûr, repérer des formes similaires, inachevées, confuses, qui ont préparé tout cela, mais leur systématisation en politique d’Etat est bien l’œuvre de la IIIème République. C’est à elle que l’on doit l’institutionnalisation du nationalisme français, du racisme et du colonialisme, comme autant de réalités indissociables.

Tout cela se créé, j’insiste là-dessus, dans un seul mouvement. Le «Français », au sens où on l’entend aujourd’hui, n’existe pleinement que depuis la IIIème République. L’« identité nationale » n’existe pleinement, c’est-à-dire comme réalité institutionnelle, largement partagée au sein de la population, que comme produit du travail de « nationalisation » de la population réalisée par la IIIème République. Et cette identité nationale, construite à la fois par rapport à l’Europe et aux peuples colonisés, emboîte deux niveaux, partiellement antagoniques. L’un, spécifiquement national, construit autour du mythe de la France éternelle aux origines gauloises, l’autre, transnational, construit autour de la suprématie blanche-européenne-chrétienne. L’identité nationale française est à la fois une identité de nation et une identité d’empire, c’est-à-dire coloniale/raciale.

Je tiens à le souligner pour deux raisons. La première, c’est qu’aujourd’hui on évoque souvent la crise d’un des piliers de la République, qu’on appelle le pacte social républicain ou l’Etat-social et qu’on sous-estime la crise de cet autre pilier de la République, à savoir la crise du pacte national-racial républicain, ou alors on l’aborde en occultant sa dimension raciale. C’est cette dernière crise que veut d’ailleurs résoudre Sarkozy. La seconde raison, c’est que, à mon avis, une politique d’émancipation non-intégrationniste doit être un combat pour un autre pacte national, tant du moins que le cadre politique et idéologique de la nation semble indépassable. J’y reviendrais à la fin.

Ces remarques me permettent de passer à la deuxième partie de ma première partie, consacrée à la situation actuelle.

2) Je l’intitule : la contre-révolution coloniale.

La dimension nationale de l’Etat républicain a été mise en crise une première fois par l’occupation allemande et l’instauration du régime de Vichy. Cette crise a été résolue par l’union nationale autour de de Gaulle à la Libération. Partiellement, cependant, puisque la France, comme l’Angleterre, sont devenues alors des puissances de second rang face à la montée des Etats-Unis. Quoiqu’il en soit, les dimensions coloniales/raciales de la République se sont maintenues.

Depuis, le pacte national/colonial/racial a subi trois chocs d’importance différente.

Le premier choc a été celui de la succession de défaites françaises face à la révolution anticoloniale dont les moments majeurs ont été la victoire vietnamienne à Dien Bien Phu et celle du FLN algérien.

Le deuxième choc a été celui de la mondialisation libérale et de l’accélération, qui en est consécutive, de la construction européenne. Dans ce cas là, outre le pilier social de l’Etat, le « contrat social », c’est la dimension nationale de la République qui est bousculée.

Le troisième choc, c’est la découverte, dans les années 80, que la France était désormais noire, arabe et musulmane. Et cette découverte est, notamment, l’effet des grandes luttes de travailleurs immigrés dans les années 70 et des luttes des enfants issus de l’immigration au cours de la décennie suivante.

Je suis de plus en plus convaincu que, entremêlée à d’autres enjeux, parfois contradictoires avec cet objectif, la contre-offensive coloniale en France vise à ré-organiser le « pacte républicain ». Il s’agit de redéployer le moment national de ce pacte, en le recomposant notamment autour de sa dimension blanche-européenne-chrétienne, qui est adaptée à la place seconde de la France dans le monde, à la construction européenne et à la mondialisation. Ce qui ne signifie pas pour autant que le nationalisme franco-gaulois soit d’ores et déjà obsolète. Je pense seulement que l’articulation entre ces deux dimensions, partiellement antagoniques, qui constituent l’ « identité nationale » française, je veux dire le blanco-centrisme et le franco-centrisme, se modifient tendanciellement au bénéfice de la première.

C’est cela qu’il y a, je crois, au cœur de la politique de l’Etat vis-à-vis de l’immigration postcoloniale et des populations qui en sont issues, telle qu’elle a commencé à se mettre en place dans les années 70 pour se développer à partir des années 80.

Et ce n’est évidemment pas sans raisons que cette offensive ait pris pour cible principale les quartiers populaires, prenant la forme de la « politique de la ville », de la « mixité sociale », de l’ANRU, de la question sécuritaire, de la prétendue défense des femmes, du combat contre l’islamisme, etc. Ces quartiers sont, en effet, le lieu de concentration des immigrés et de leurs enfants ; ce sont des lieux de vie et pas seulement de logements, des lieux de mémoires, des lieux où se tissent des liens de toutes sortes (affectifs, etc.) ; ils sont aussi le lieu de leur visibilité et, surtout, le lieu privilégié de leur puissance sociale et politique : pouvoir de résistances multiformes, pouvoir de création/subversion culturelle, pouvoir d’influencer les décisions politiques à partir des institutions locales, pouvoir d’organisation en termes de réseaux, de communautés, d’associations, de familles, de mosquées, pouvoir de défractionnement des différents segments de l’immigration, de construction de solidarités, entre eux mais, aussi, enracinés dans des enjeux communs, avec une partie des Blancs.

Mais les quartiers sont aussi l’espace où se déploie un autre enjeu. Car, s’y concentre également la majorité des classes populaires blanches. Et, malgré les solidarités qui s’y tissent entre personnes issues de l’immigration et certaines catégories de Blancs, malgré le brouillage parfois des frontières raciales, ils sont aussi le lieu où la compétition statutaire avec les Blancs est la plus forte. Alors que progresse le démantèlement de la dimension sociale du pacte républicain, les quartiers apparaissent ainsi comme le lieu privilégié où doit se recomposer ce pacte autour du noyau identitaire franco-blanc. En un mot, il s’agit de substituer au contrat social qui permettait l’intégration à l’Etat des ouvriers, des employés et des chômeurs, un contrat basé sur le privilège statutaire blanc : « Vous serez de plus en plus pauvres ; mais vous serez aussi de plus en plus blancs ! »

Pour toutes ces raisons, les quartiers populaires sont la cible privilégiée de la contre offensive coloniale, ici, en France. J’ajouterais, pour conclure sur les quartiers, ceci : la question de la rénovation urbaine paraît sûrement plus spécifique des quartiers, mais celle du voile a exactement la même signification politique, du point de vue même des quartiers.

Revenons donc à un niveau plus général.

S’il faut situer un moment où la politique française a franchi un seuil qualitatif qui permet de la définir comme une contre-révolution coloniale, il faut évoquer, bien sûr, le 11 septembre 2001. A partir de ce moment-là la France est entrée de plain pied dans la contre-révolution coloniale mondiale. On peut dire que, préparée antérieurement, celle-ci a commencé avec la première guerre américaine contre l’Irak. L’engagement décisif commence, cependant après la destruction des tours jumelles, avec l’intervention militaire en Afghanistan. Si elle se développe sur plusieurs fronts, utilisant des moyens non seulement militaires mais économiques, politiques et culturels, l’espace majeur où se déploie aujourd’hui cette offensive est le Moyen-orient. Le nom de code de la contre révolution coloniale mondiale est la « guerre des civilisations », son adversaire officielle est l’islam. Les Etats-Unis et Israël en sont bien sûr les forces principales. La réalité de la situation mondiale actuelle, ce n’est pas la menace que ferait peser une « civilisation musulmane » archaïque sur une « civilisation occidentale » moderne, c’est la guerre que mènent les puissances impérialistes pour recoloniser le monde.

Pourquoi parler de contre-révolution ? Parce qu’elle cherche à bloquer dans l’œuf l’émergence de la révolution anticoloniale qui pourrait s’ébaucher ; surtout, parce qu’elle constitue une réaction contre l’accumulation de puissance (économique, politique, militaire…) de certains Etats anciennement dominés (la Chine, par ex) ; et qu’un vieil objectif semble, depuis la chute de l’URSS, désormais possible : effacer les principaux acquis des luttes anticoloniales qui ont été arrachés au milieu du XXème siècle. Il s’agit d’une guerre pour préserver ou renforcer la domination statutaire (politique, culturelle, morale, économique, …) d’une partie du monde, d’une aristocratie planétaire blanche-européenne-chrétienne, sur l’ensemble des autres peuples.

Il ne me paraît pas possible d’analyser la victoire de Sarkozy aux dernières élections en dehors de ce contexte international doublé par la situation française de crise de l’Etat national-racial et de la volonté de résoudre cette crise. Pour cette raison, je n’hésite pas à qualifier de vote colonial/racial, le vote qui a permis à Sarkozy de prendre le pouvoir.

On comprendra ainsi aisément pourquoi je suis sceptique quand on distingue la politique vis-à-vis des quartiers populaires de celle qui est menée vis-à-vis de l’immigration, comme de la campagne islamophobe, celle qui vise à réhabiliter la colonisation ou le négationnisme par rapport à l’histoire de l’esclavage. A mon avis, toutes procèdent, malgré leurs particularités, d’une même logique, celle de la contre-révolution coloniale. Et une riposte à celle-ci ne saurait, je crois, être efficace, pleinement politique, que si elle intègre ces différents fronts de lutte dans une même démarche anticolonialiste, tout en tenant compte, bien sûr, des spécificités de chaque champ d’action et des engagements autonomes que cela implique.

Ce sera le sujet du deuxième grand point de mon intervention…
II) … QUE J’INTITULE : LA QUESTION DU MOUVEMENT POLITIQUE INDIGENE AUTONOME.

1) D’abord, s’auto-définir.

a) Indigène de la République : une définition politique

Le premier pas de l’émancipation, c’est de savoir qui nous sommes, parvenir à nous auto-définir. Jusqu’à présent nous avons été définis par les autres et nous avons repris des catégories élaborées en dehors de nous pour parler de nous-mêmes : travailleurs immigrés, Français issus de l’immigration, « beurs », jeunes de banlieue, représentants de la « diversité », Noirs, Arabes, Berbères, Maghrébins, musulmans, etc. Autant de catégories qui nous fractionnent et, surtout, expriment notre extériorité par rapports à la société française où nous vivons. Mais, de fait, il nous est impossible de nous auto-définir en dehors d’elles pour la simple raison que, pour stigmatisantes qu’elles soient, elles contiennent une part de vérité.

Nous sommes effectivement fractionnés par des histoires en partie différentes, forgées notamment par la colonisation, et nous sommes, malgré nous, effectivement extérieurs à la société française tout en en faisant partie.

En d’autres termes, on ne peut pas vraiment s’extraire des catégories imposées mais on peut les subvertir, voire les retourner contre elles-mêmes. La République, qui privilégie les Blancs-européens-chrétiens, qui se dit non-raciale, non-ethnique, se dit égalitaire, citoyenne, universelle. Nous lui répondons : « C’est faux. Il y a une masse de gens, en France, qui sont racialisés, privés, d’une manière ou d’une autre, de la citoyenneté et ne sont pas considérés comme des êtres humains à part entière. » Cette réponse est toute entière résumée dans la formule que nous avons mis en titre de notre Appel de janvier 2005 : « Nous sommes les indigènes de la République ». Nous auto-définir comme « indigènes de la République », c’est un acte fort de résistance en ce qu’il nous permet de dévoiler la réalité de la République et de mettre en relief la communauté d’intérêts politiques, qui est celle de tous ceux qui sont originaires des colonies ou des anciennes colonies.

Lorsque nous utilisons les formules « Noirs », « Arabes », « musulmans », nous n’ignorons pas tout ce qu’elles peuvent avoir de réducteurs, mais nous soulignons ainsi quelles sont les populations qui constituent aujourd’hui les principales cibles de la stigmatisation racistes. C’est également une manière de dire : « Il n’est pas vrai que dans cette république, il n’y a que des citoyens, des « êtres universels » ; il y a une fracture raciale opposant les Blancs-européens-chrétiens à ceux qui ne le sont pas. » Surtout, c’est dire : « Nous refusons l’injonction républicaine à nous blanchir, nous dés-arabiser, nous des-islamiser ».

b) Indigène de la République : un rapport social

La formule « indigènes de la République » est donc une formule politique, mais elle recouvre aussi un rapport social. En d’autres termes, on ne peut pas définir les indigènes de la République indépendamment des citoyens de la République. La question n’est pas « qu’est-ce qu’un indigène de la République ?», c’est « qu’est-ce qui spécifie la relation sociale que nous appelons l’indigénat ?».

Pour répondre à cette question en quelques mots, je dirais : l’indigénat est le rapport, issu de la colonisation, qui produit et reproduit des races. L’indigénat fabrique des hiérarchies de statut, symboliques et politiques, entre groupes humains en fonction de leur degré d’humanité, que celui-ci soit évalué en termes biologiques, religieux ou culturels, et qu’il soit transmissible de générations en générations par hérédité ou par acquisition. L’indigène regarde le monde à partir de sa position dans le monde ; le Blanc, même gentil, a un regard blanc.

Mais, en disant, l’indigénat est un rapport qui produit et reproduit des races, je n’ai évoqué qu’une des faces de ce rapport. La seconde face, ou la seconde façon de dire exactement la même chose, c’est l’inverse : l’indigénat est le rapport qui interdit, on pourrait dire qui « dé-produit », les races. Ou, si l’on veut, l’indigénat est un rapport de lutte sociale dont l’enjeux est la production ou la destruction des races. Ou encore, l’oppression raciale est constamment accompagnée de son contraire, la résistance raciale contre l’existence des races. C’est pourquoi, par analogie avec une autre forme de relation sociale conflictuelle, je pense qu’on peut parler de « lutte des races sociales ».

Une petite remarque concernant la notion de résistance. Juste pour dire qu’il ne faut pas l’entendre nécessairement comme une lutte collective, frontale, consciente d’elle-même et de ses objectifs. Celle-ci en est sans doute la forme suprême mais il faut aussi saisir une logique de résistance dans le moindre des comportements individuels y compris lorsqu’il consiste à chercher à contourner l’oppression raciale. Ainsi, dans le comportement de ceux que nous appelons parfois des « traîtres », ou des « idiots qui ont rien compris et qui se font des illusions dans la République », il faut toujours chercher l’ambivalence : leur soumission ou leurs illusions contiennent aussi pour une part une forme de résistance, ne serait-ce que dans la tentative illusoire d’échapper individuellement au statut de personne racialisée. Dire cela ne veut, évidemment pas dire, qu’il ne faut pas combattre vigoureusement ceux qui, parmi nous, collaborent directement au système, quelques soient la signification contradictoire et les motivations de leur action.

Poursuivons.

2) Rapports de forces politiques et puissance politique indigène

Dire qu’un rapport social est un rapport de lutte, c’est dire qu’il est un rapport de forces politiques. Dire que la société française actuelle est, entre autres, coloniale, indigénale, raciale, c’est donc dire qu’on doit la saisir comme l’espace où se déploie en permanence un rapport de forces politiques opposant deux pôles principaux qui s’incarnent humainement : ceux qui subissent, d’une façon ou d’une autre, les conséquences directes ou indirecte de l’oppression raciale et y résistent, même sans s’en rendre compte, et ceux qui bénéficient, d’une façon ou d’une autre, des conséquences de l’oppression raciale et contribuent à sa reproduction, même sans s’en rendre compte.

On objectera qu’il existe quantité de situations intermédiaires et de chevauchements, que chaque groupe social est lui-même traversé d’autres clivages, sans parler des autres types de conflits et de ces fameuses « articulations » dont on nous rabat sans arrêt les oreilles. Mais, justement, l’enjeu politique est là. Il se pose d’ailleurs dans des termes similaires pour ceux qui réfléchissent à la relation sociale capitaliste. Il s’agit donc, pour nous, non pas de la résoudre théoriquement mais de la résoudre comme l’enjeu même de la lutte politique. Autrement dit, de donner une incarnation politique à cette relation sociale fondamentalement bipolaire qu’est l’indigénat. Et, parce que cette relation sociale est complexe, son incarnation politique, à construire, n’est pas le reflet politique des indigènes stricto sensu ; ce n’est pas la photocopie politique d’un groupe social que les sociologues pourraient délimiter avec un chapelet de critères. C’est la manifestation d’un rapport. C’est l’expression d’une réalité politique, la force anticolonialiste, qui est là, qui agit, mais qui, en même temps, n’est pas là, ou plutôt existe en creux, trouée de contradictions et apparaît manifestement seulement par moments, parfois par la médiation d’autres réalités politiques.

Le « nous » des indigènes est donc un « nous » politique à construire et il ne saurait exister qu’en tant que tel. Plus concrètement, il y a à la fois un travail de délimitation politique entre indigènes et Blancs et un travail d’englobement des Blancs. Cette question est bien sûr au cœur de la question de l’autonomie.

J’aborde, pour l’instant, la conjoncture, on comprendra mieux ce que j’essaye de dire et où je veux en venir. Dans notre journal, j’ai écris un papier qui interroge les analyses de la victoire de Sarkozy produites par la gauche (plutôt la gauche de la gauche). En gros, et sans grandes surprises, il y est question de victoire des patrons, du medef, du libéralisme, sur les classes populaires. Je n’ai pas vu de textes qui analysent cette victoire comme une victoire blanche.

Sans rentrer dans le détail des subtilités de ces analyses, notamment en ce qui concerne la place du PS dans ce champ de conflits, leur noyau dur, c’est bien sûr que la société est clivée en classes et que ces classes s’incarnent politiquement dans la droite et la gauche. Ces analyses ont pour point commun d’occulter, ou de ne pas voir, le clivage racial et par conséquent comment celui-ci s’incarne politiquement, même indirectement, c’est-à-dire aussi sous quelle forme se manifeste le rapport de forces racial.

Cette négation peut s’expliquer par différents facteurs. Mais ce qu’il nous faut d’abord souligner, c’est qu’elle est, elle-même, une des formes politiques de la lutte des races sociales. Exactement, comme cette gauche peut dire que la négation de la lutte des classes est une des armes de la bourgeoisie.

Parmi les facteurs de cet aveuglement, il y a aussi le fait très concret que si, sans se reconnaître comme telle, l’expression politique du pôle colonialiste est apparue manifestement dans sa tendance la plus ultra à travers l’UMP, le pôle anticolonialiste n’est pas apparu en tant que tel. La résistance indigène s’est exprimée sous des formes contradictoires, que l’on peut considérer parfois comme contradictoire avec les intérêts de la lutte anticoloniale, à travers les partis blancs.

En d’autres termes, la puissance politique anticolonialiste ne s’est pas incarnée en positif ; elle ne s’est pas cristallisée de manière indépendante, à l’occasion de ces élections. Le rapport de forces a semblé opposer forces blanches entre elles. Mais ce qui révèle l’existence, en quelque sorte souterraine, d’une puissance politique anticolonialiste, c’est bien le fait que la question raciale (sous ses différents pseudonymes : immigration, islam, laïcité, colonialisme, identité nationale, etc. ; et à travers les dits représentants de la diversité.) a constitué un des enjeux majeurs de ces élections.

On peut même aller plus loin et dire que si cet enjeu a été si important, c’est bien la preuve que cette puissance anticolonialiste est croissante (ce qui ne veut pas dire que la force colonialiste est déclinante : les rapports de force politiques ne sont pas un jeu à somme nulle).

Compte tenu de tout ce que j’ai dit tout à l’heure, personne ne sera étonné que je considère la révolte des quartiers en 2005, non seulement comme une révolte anticolonialiste, malgré ce que cette révolte a pu dire d’elle-même, mais qu’elle a été aussi son expression la plus forte, depuis la Marche pour l’Egalité de 83.

Il importe peu, du point de vue qui nous préoccupe ici, que les propos explicites qui ont été tenus ne contestaient pas le système de l’indigénat. Ou que des causes sociales liées à la libéralisation économique ou à l’action de la police en étaient également la cause. Cette révolte a été cependant une protestation en acte, rassemblant une fraction des Blancs et les non-blancs, contre la politique racialiste et d’indigénisation des quartiers menée par les différents gouvernements depuis des années. La réaction colonialiste qui l’a suivi, à commencer par le couvre-feu pour terminer par l’élection de Sarkozy, me semble également en attester.

J’insiste là-dessus pour souligner que la puissance politique indigène n’est pas la puissance des seuls indigènes, que le rapport de forces politiques qui exprime la lutte des races sociales n’est pas constitué par les luttes des seuls indigènes autour de seules questions liées à l’indigénat. La puissance politique indigène est la résultante de multiples dynamiques de luttes, portées par différents groupes sociaux ; une résultante dont l’effet est d’affaiblir la domination raciale.

Je veux en venir à cette idée que dans un contexte où les « colonisés de l’intérieur » sont minoritaires, où les frontières entre indigènes et non-indigènes sont poreuses, où on ne peut pas être séparatistes, où la guerre que nous menons est asymétrique, qu’elle ne peut être qu’une guerre de position et non une guerre de mouvement, dans toutes ces conditions, donc, l’horizon stratégique doit être réfléchi en termes de construction d’un pôle anticolonialiste, c’est-à-dire d’un pôle dont la dimension anticolonialiste est majeure, susceptible, lui, de par sa puissance sociale, politique, culturelle et morale, de battre en brèche voire de conduire au démantèlement du système racial-colonial. Ce pôle, pour faire court, je l’appellerais dans la suite de cet exposé, le pôle anticolonialiste large.

3) La question de l’autonomie doit se poser dans ce cadre.

C’est-à-dire que on ne peut pas penser notre propre autonomie politique, comme population issue des anciennes et actuelles colonies, sans penser la non-autonomie, c’est-à-dire le rapport contradictoire qui est le notre avec le champ politique blanc. L’autonomie, dont nous parlons, inclut nécessairement la non-autonomie, ou, plus concrètement, les alliances. Elle n’est pas un état donné ; elle est un combat permanent pour construire des frontières et, à la fois, les déborder sans cesse.

L’équation concrète qu’il nous faut résoudre en permanence est donc celle-ci : comment construire ce pôle anticolonialiste large sans qu’il ne se contredise lui-même, en reproduisant en son propre sein le privilège blanc ?

La réponse nous ne pouvons pas l’anticiper. Elle se résout dans chaque conjoncture. Par contre, il est possible d’affirmer que, quoiqu’il en soit, nous devons commencer par nous décoloniser nous-mêmes, c’est-à-dire constituer notre propre instrument de lutte politique. Cette condition s’impose et pour avancer vers le pôle anticolonialiste large et pour contrecarrer les tendances inhérentes à la société coloniale/postcoloniale à reproduire la domination raciale y compris au sein des dynamiques de résistances qui s’opposent à elle.

Je peux le dire plus simplement : il faut d’abord que les indigènes s’organisent eux-mêmes et qu’ils établissent avec les Blancs anticolonialistes des rapports qui ne permettent pas à ceux-ci de les dominer, même sans le vouloir. Et, c’est pas une mince affaire ; nous en avons l’expérience au sein du MIR !

Agir pour réaliser cet objectif premier, c’est le sens que je donne au mot d’ordre de construction d’un mouvement politique indigène autonome que je distingue ainsi de la finalité politique de celui-ci, en l’occurrence, la construction d’un pôle anticolonialiste large.

Je précise encore : quand je dis mouvement, je n’entends pas une simple dynamique de luttes portées par des indigènes, dans différents espaces, sur différentes questions et sans connexions. J’entends une organisation, une organisation commune. Je n’ai pas de conception précise de la forme matérielle de cette organisation (certains parlent de constituer un parti), mais je suis convaincu que l’organisation est le seul moyen de donner une dimension pleinement politique à nos luttes, c’est-à-dire non seulement de les faire converger, c’est-à-dire de les centraliser, mais de leur donner une direction stratégique. Une organisation est le seul moyen de surmonter, c’est-à-dire d’intégrer dans un combat commun les différents groupes sociaux et communautés indigènes, tout en respectant leurs dynamiques propres et leurs enjeux spécifiques.

Sans organisation capable d’investir le champ proprement politique, dans toute ses dimensions y compris institutionnelles, nous continuerons à mener une résistance de type syndicaliste, éclatée, sur telle ou telle question particulière, en étant bien souvent contraints de subordonner ces résistances à des forces non-indigènes et à leurs enjeux.

Construire cette organisation n’impose pas, bien sûr, qu’elle est dès ses premiers pas une conception stratégique parfaitement claire et partagée ; elle se construira à partir de l’état actuel des espaces de luttes existant et, au travers, d’un engagement collectif dans les résistances immédiates, en commençant peut-être par un partenariat multilatéral dans l’action.

Dans l’action et dans la réflexion, car il s’agira aussi de mener un travail de clarification politique qui permettra progressivement de déterminer un fil à plomb en terme de stratégie et de programme. De ce point de vue, une des questions fondamentales qu’il nous faut poser, en ce qu’elle permet de faire converger autour d’elle la multitude des résistances possibles et de leur donner une dimension politique anticolonialiste, me semble être celle-ci : qu’est-ce qui spécifie l’anticolonialisme au sein même de l’hexagone ?

4) Intégration ou libération ?

Ce sera mon dernier point, que j’aborderais à travers cette autre question : Quelle est la différence entre « intégrationnisme » et «libération » ?

L’intégrationnisme, c’est tout simplement l’illusion républicaine. Autrement dit, l’illusion que les Noirs, les Arabes, les musulmans, et, au-delà l’ensemble des populations non blanches-européennes-chrétiennes, peuvent trouver leur place en France sans un bouleversement de la société et de l’Etat. En l’occurrence que le racisme est un dysfonctionnement de la République et non pas son fonctionnement normal (j’emprunte cette formule à quelqu’un). Je ne vais pas développer la question, mais juste donner quelques exemples.

L’intégrationnisme peut s’exprimer dans l’idée que le racisme est une question de mentalités. Il faudrait agir sur les mentalités, les représentations, l’imaginaire pour que les gens acceptent la « différence », changent de « regard » sur l’« Autre ». A la limite, pour les encourager, il faut les rassurer, leur ressembler au maximum. « Je suis musulman, leur dit-on, mais à part ça, je suis tout comme vous. Je partage les mêmes valeurs que vous. D’ailleurs, vos valeurs, elles sont présentes dans l’islam ».

L’intégrationnisme se manifeste également dans la théorie du « bouc émissaire ». Nous serions le « bouc émissaire » de crises qui n’ont pas de rapports avec notre présence, qu’elles soient économiques ou politiques. Et, pour mettre un terme au racisme, il faudrait lutter sur les terrains où se développent ces crises.

L’intégrationnisme, c’est aussi la défense d’une « discrimination positive » élitiste. Il faudrait que des mesures soient prises qui permettent la promotion sociale et politique de certains d’entre nous pour que, progressivement, nous soyons tous reconnus comme citoyens à part entière.

L’intégrationnisme, c’est également l’illusion lobbyiste ; laquelle s’inspire, bien souvent, d’un pseudo « modèle juif ». C’est d’abord oublier que l’antisémitisme en France n’a pas la même histoire que le racisme que nous vivons. C’est surtout négliger ce fait massif que pour que décline l’antisémitisme en France, il a fallu la Révolution française, plus d’un siècle de conflits par la suite, que les juifs développent des résistances, les secousses et les conflits de la IIIème République, la Seconde guerre mondiale, que l’Europe se vide de ses juifs, la fondation de l’Etat d’Israël, la crise, toujours inachevée de la décolonisation. Et, malgré tout cela, l’antisémitisme reste latent dans la société française. Le juif est globalement accepté, mais il est d’autant mieux accepté qu’il semble le moins juif possible. C’est-à-dire à condition qu’il soit bien blanchi.

On pourrait évoquer encore bien d’autres formes d’intégrationnisme. Mais la forme principale d’intégrationnisme est le produit de la parcellisation des luttes, quand bien même elles se revendiquent d’une politique radicale. Je veux dire par là que les luttes éclatées dans l’espace ou qui se développent autour de revendications particulières peuvent très certainement aboutir à quelques conquêtes, mais ses conquêtes resteront locales ou particulières et elles resteront subordonnées aux rapports de forces locaux et conjoncturels, c’est-à-dire aux forces blanches. Elles peuvent, certes, agir favorablement sur les rapports de forces globaux, et, de ce point de vue, s’inscrire aussi dans une dynamique anticolonialiste ; mais cette dynamique restera probablement sans lendemain, tant qu’elle ne parviendra pas à prendre la forme organisée d’un mouvement politique centralisé et autonome. Je suis convaincu que des luttes de type syndicaliste sont condamnés à rester « intégrationnistes » dans la mesure où, cherchant seulement à obtenir des améliorations partielles, elles ne s’insèrent pas, en même temps, dans un projet de transformation globale de la société et de l’Etat que l’on peut dire en terme de « libération ».

Je vais dire maintenant quelques mots sur la libération, ce qui permettra aussi de mieux comprendre, par contraste, ce qu’il faut entendre par intégrationnisme.

Dans les colonies, libération signifiait évidemment constitution d’un Etat indépendant. Dans les mouvements noirs américains, la libération a pu se dire, alternativement et parfois en même temps, en termes de « séparation » ou de « pouvoir noir ». Je ne sais pas trop ce qu’il en est aujourd’hui. En France, l’indigénat contemporain s’inscrit dans une autre histoire qui est celle de la fondation de la République nationale, croisée à la constitution de l’Empire coloniale auquel s’est substituée aujourd’hui différentes formes de néocolonialisme. Il en a résulté une imbrication profonde entre République, forme et contenu de la nation et inégalités raciales. Je l’ai déjà dit plus haut. Je voudrais souligner, ici, ceci : la forme fondamentale de l’indigénat contemporain, intérieure à la société française, c’est l’exclusion en dehors de la nation. Pas seulement de la citoyenneté, mais de la nation. La nation qui est au fondement de la République est à la fois politique et ethnico-raciale. La République exclut ses indigènes à la fois de la souveraineté populaire et de la nation, qui se réalise dans le même mouvement. Dans la conjoncture actuelle, cela se manifeste explicitement à travers la politique de défense de l’identité nationale.

Cela implique que l’égalité ne peut devenir une réalité qu’à la condition d’un changement profond des institutions politiques, au cœur desquelles il y a la nation. La libération, de ce point de vue, et je pourrais même dire la libération nationale, se pose, pour nous, en termes de recomposition de la communauté nationale parce que la réalité de celle-ci conditionne la réalisation de la citoyenneté. Ce que j’ai appelé plus haut une refonte du pacte national, qui apparaît de plus en plus à l’ordre du jour en ce temps de crise du pilier national de l’Etat républicain, que j’ai également évoqué dans la première partie.

Je n’ai pas à proposer de mode particulier d’organisation politique qu’on pourrait souhaiter voir s’établir en France ; mais je pense que la notion de libération peut constituer déjà, pour nous, une grille d’analyse, un instrument intellectuel, un mode de pensée qui brise le modèle républicain, comme seul modèle concevable et souhaitable.

Je vais donner un exemple qui pourrait choquer républicains et intégrationnistes. Beaucoup d’entre nous, pour ne pas prêter le flanc à l’accusation de « communautarisme », se revendiquent d’un des fondements des institutions françaises, en l’occurrence que la République ne reconnaît que des individus, que la nation est composée d’individus, que la citoyenneté est strictement individuelle. On lui oppose généralement le « modèle anglo-saxon », dit communautariste. Ne serait-il pas tant de désacraliser et de réfléchir sérieusement au « modèle français » sur cette question comme sur d’autres, sans tabous. Il me semble que la notion de libération, telle que je l’ai définie plus haut, peut être un instrument dans cette perspective.

A l’intérieur du paradigme de la libération, peuvent converger, voire se coordonner, nos luttes en France avec celles qui se mènent dans les anciennes colonies et dans les dépendances coloniales actuelles de la République.

CONCLUSION

Dans la conjoncture actuelle, marquée par l’accession au sommet de l’Etat d’un ultra du camp colonialiste, il y a un grand sentiment de défaite parmi les nôtres. La révolte croissante se combine à un grave sentiment d’impuissance. Cette combinaison peut alimenter à la fois des manifestations de colère dispersées et sans lendemains, la formation de regroupements aventuristes séparatistes, et des politiques ultra-défensives recroquevillées sur le local ou sur des thématiques particulière, liées à l’urgence de réagir aux attaques gouvernementales. Cela peut déboucher aussi, pour les uns, sur une intégration à la droite en se disant que finalement pour agir il faut être avec ceux qui décident, et, pour les autres, sur une subordination à la gauche, dans l’espoir de sauver ainsi les meubles.

Tous ces chemins, me semble-t-il, mènent à de plus grandes défaites encore. L’alternative, certes pas facile à réaliser dans ce contexte, me semble résider dans la construction de notre propre organisation politique, à nous indigènes, Noirs, Arabes et musulmans, en réfléchissant sérieusement à quelle place donner éventuellement aux Blancs pour qu’ils n’y soient pas, d’une manière directe ou indirecte, hégémoniques.

Voilà, j’ai formulé des hypothèses, des pistes de réflexions. J’espère qu’elles seront utiles. Merci de m’avoir écouté jusqu’au bout.

Sadri Khiari

MO2014

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Message  marxmarx Lun 9 Mai - 18:06

MO2014 a écrit:
marxmarx a écrit:
toussaint a écrit: vous êtes blancs et qu'à ce titre, vous faites partie, même à votre corps défendant, d'un groupe social dominant.

Donc un intérimaire blanc fait partie du groupe social dominant tandis que Rachida Dati ou El Khomrie font partie du groupe social dominé

D'une debilité à toute epreuve, félicitations

Manifestement c'est trop compliqué pour tes capacités. Il confond déjà un article indéfini (un groupe dominant parmi plusieurs) et un article partitif (partie d'un groupe unique "les domininants").

Pour prendre un exemple, plus personne ne conteste que la société patriarcale crée une situation où les hommes font partie, même à leur corps défendant, d'un groupe social dominant ayant des privilèges.
C'est sur que marxmarx nous sortirait alors une phrase comme :
"Donc un homme intérimaire fait partie du groupe social dominant tandis que Rachida Dati ou El Khomrie font partie du groupe social dominé"
comme marxmarx m'appelle "Mamadou" et qu'il ne comprend rien à rien du marxisme et des rapports de dominations c'est sur, à mon tour de lui conseiller de changer de pseudo !


"marxmarx m'appelle Mamadou"

non j'ai relevé un terme littéralement raciste que tu as employé par 2 fois : parler des "frederique" pour parler des petits blancs en général, puis en m'incluant nommément. Cela semble normal apparemment pour toi comme pour la modération de ce forum.
Je fais d'autant mieux ressortir le caractère raciste de ce terme en te le renvoyant en "Mamadou", ce qui semble insupportablement raciste... pour toi et toussaint.

fin de l'aparté

Sur le fond : il est stupide et malveillant de dire d'un intérimaire blanc qu'il fait partie d'un groupe social dominant.
C'est une manière  de le renvoyer à sa couleur de peau et pas à sa position sociale. Exactement du racisme.
Près de chez moi les chomeurs blancs cotoient les chomeurs "non blanc" , les travailleurs idem.
C'est plus dur quand on s'appelle Mamadou ? Plus dur de trouver un logement, plus dur de trouver un travail. Bien sur, et il faut le combattre. Ensemble et pas séparé par la couleur de la peau.
Et en france ce n'est pas l'apartheid non plus. Le sens des nuances...

Remarque dans la guyane où Toussaint bénéficie avec de généreux émoluments octroyés par l'état colonial français, il est sans doute moins absurde de parler en ces termes de blanc / non blanc. Mais dans la france metropolitaine on est loin de ça.  clown

Vous tentez de faire passer votre camelote racisante mais personne n'en veut, heureusement. L'écrasante majorité des "non-blancs" comme vous dites veulent non pas une guerre de couleur, mais l'égalité, réelle et pas seulement sur le papier. L'égalité devant le travail, devant l'administration, la police et l'éducation. Cette égalité se conquerra par la lutte commune de toutes les couleurs contre le capital. Car la politique du capital c'est de diviser (blanc/non blanc, Musulman/catholique, fonctionnaire/travailleur du privé) pour mieux regner.  Surprised

Ps : je ne suis pas assez stupide pour ne pas voir votre petit jeu d'attaques personnelles qui servent à faire sortir vos contradicteurs de leurs gonds, puis les faire virer par la moderation. Vos considerations de secte petite bourgeoise hysterique, religieuse et raciste (Le pir pour ne pas le nommer) sont heureusement adoubés par la modération de ce forum. Mais ceux qui vous lisent ne sont pas dupes.

marxmarx

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Message  Toussaint Mer 11 Mai - 6:15

Mais dans la france metropolitaine on est loin de ça

C'est faux.
Là dessus, il y a des études qui commencent à sortir, d'organismes officiels qui montrent par exemple que la discrimination à l'embauche est systématique, de même que celle des logements.
Dire "on" est loin de çà ne s'appuie sur rien d'autre que la défense de l'image de la France et le déni de la réalité. La France se construit de plus en plus comme une société de caste et de classe.
Quant à prétendre que Frédérique a le même sens que Mamadou, dans un pays où les blancs bénéficient d'avantages objectifs substantiels, dans un pays qui s'est construit sur la colonisation et l'esclavage, qui reste un pays colonial, évidemment que cela ne tient pas, et que cela relève du racisme pur et simple.

Blanc, faut pas dire, c'est raciste, en revanche, noirs, arabes (parce que "musulman" non plus, faut pas dire, ce sont des arabes), ou gens de couleurs, ou "d'origine immigrée" comme dit LO, cela, on peut dire dans ce beau pays dans lequel une majorité de la population se dit raciste ou un peu raciste, tout à fait ou un peu en accord avec le FN... et lorsqu'on se voit renvoyé à son appartenance au groupe culturel et racial majoritaire, on se vexe et on balance un mot raciste. Parce que Mamadou, c'est un nom assez courant en Afrique. D'où la caractérisation de Mamadou pour désigner l'ensemble des noirs, comme on dit Conchita pour les femmes de ménage (si, si...) C'est l'éternelle question du groupe dominant, du pays dominant et du groupe dominé, du pays dominé. Le dominant est raciste, le dominé est en colère, et leurs mots expriment d'un côté le racisme, de l'autre la colère, cela devrait être compréhensible pour des marxistes. Sauf si leur esprit est trop déterminé par leur appartenance au groupe dominant, ici celui des blancs concernant marxmarx, pauvre Marx...

Quant à la Guyane où je vis, le blanc que tu es devrais regarder les scores du FN et autres groupes du même genre de ton beau pays. Ils sont inexistants. C'est de Guyane qu'est venue la plainte contre ceux qui ont représenté une femme noire en guenon, dans ton beau pays. Et c'est de Guyane que sont venues les protestations contre les propos de Dupont Machin, sur la réouverture du bagne. Enfin, en Guyane, où je suis grassement payé comme tous les fonctionnaires, on est bien placé pour voir revenir nos élèves des universités blanches métropolitaines, et de façon générale de ton beau pays raciste. On entend les récits des étudiants qui reviennent et qui sont édifiants. On peut mesurer aussi la discrimination institutionnelle en regardant la façon dont l'état traite les guyanais. Je me suis déjà fait traiter de sale blanc, de raciste, de blanc, et de colon. Ben... souvent à tort, parfois à raison, hélas. Mais je n'ai jamais été traité en inférieur, en dominé. Et si j'avais répondu à "sale blanc", par "sale noir", cela aurait été du racisme, parce que "sale blanc" veut dire sale colon, sale raciste, sale arrogant, sale méprisant, pour qui te prends-tu, etc... Sale noir, dit par un blanc, que ce soit en Guyane ou en métropole, cela renvoie à tout autre chose... une situation de domination justifiée historiquement par une infériorité culturelle et en dernière analyse bioloqique, "sale noir", cela veut dire "sale nègre", en Guyane comme dans ton beau pays.

En métropole ou pas, lorsque l'on te dit que tu es un Frédérique, on te dit que tu es un membre du groupe culturel et racial dominant de ce pays, et lorsque tu réponds par Mamadou, tu renvoies à une accusation d'oppresseur, de dominant, tu traites ton contradicteur de dominé, de colonisé, d'inférieur. Non, monsieur, même avec deux marx dans votre nom, ce qui perce sous le sobriquet, c'est Savorgnan de Brazza. Que tu excuses cela par la faute originelle commise par le dominé, c'est un truc classique de dominant, de sexiste dans les violences masculines, de raciste dans les questions de domination racistes. Point barre.

Le PIR est "hystérique"... Amusant le terme, qui est typiquement machiste, le mot "hystérique" venant du mot grec signifiant "utérus". Cela désignait les crises des femmes, qu'il fallait calmer au niveau de l'utérus, en les sautant sans ménagement ou en les mettant au travail... Encore un grand moment de féminisme marxmarxien... Very Happy  A force d'ouvriérisme modèle LO, on avale les conneries de tous les autres systèmes de domination transversaux à la domination de classe. C'est ce genre d'aveuglement qui a mené LO à mépriser les luttes féministes, les luttes homosexuelles, les luttes aujourd'hui antiracistes, c'est ce genre d'aveuglement qui a mené LO dans l'islamophobie lorsque les musulmans, forts de leurs droits, ont revendiqué, non l'assimilation, mais l'égalité.

Il est stupide de dire à un intérimaire blanc qu'il fait partie d'un groupe favorisé même si pour Mamadou, "c'est plus dur"? Autrement dit, Mamadou sait qu'il est défavorisé par rapport à Frédéric, mais il ne doit pas le dire, et surtout pas le dire à Frédéric? Et il faut combattre le racisme? Et comment combattre le racisme lorsque l'on doit commencer par le nier avec le groupe majoritaire qui est imprégné de racisme? Qui bénéficie du racisme? Vous ne luttez pas contre le racisme, vous vous battez pour imposer le silence aux racisés. En particulier, vous faites aux arabes, aux musulmans, aux noirs et aux ROMs, le coup que vous avez fait aux femmes: ne revendiquez pas contre votre statut de dominées par les hommes, vous divisez la classe ouvrière (soyons justes, on a entendu cela dans toute l'EG), c'est à la classe ouvrière de lutter contre le sexisme, comme aujourd'hui ce n'est pas aux racisés de prendre en mains la lutte contre leurs discriminations. Ce faisant, vous faites d'une pierre deux coups. Evidemment vous protégez les avantages d'une partie de la classe au détriment d'une autre, discriminée, ensuite vous éloignez de l'unité ouvrière celles et ceux qui veulent se battre contre les discriminations. Et c'est aux discriminés que va votre arrogance, votre mépris de blancs éduquant les sauvages ou calmant les hystériques. A vous la raison, la science et le savoir, à nous l'hystérie, l'obscurantisme et l'ignorance... Ben tiens, mon colon...

Quant au fond, c'est à dire en particulier l'article de Sadri, "hystérie", c'est tout ce que tu as à dire, visiblement. Bravo, on n'a jamais eu mieux de toi et de tes pareils. Vous êtes simplement arrogants et méprisants, "sur le fond"...
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Message  verié2 Mer 11 Mai - 11:11

Conchita... pour les femmes de ménage, c 'est les années soixante, quand elles venaient d'Espagne. Aujourd'hui, les femmes de ménage viennent plutôt d'Afrique ou des Philippines. Tes références datent, Toussaint. Very Happy

Sinon, il me semble que personne parmi nous ne nie la discrimination dont sont victimes certaines catégories. Le problème, c'est que le PIR veut les organiser sur des bases uniquement de race, et non comme des catégories du prolétariat et ne fait d'ailleurs pas de distinction entre prolétariat, bourgeoisie, petite bourgeoisie parmi les"Indigènes" considérés comme un bloc. Or toute une petite bourgeoisie s'est développée aujourd'hui parmi la population "d'origine immigrée". Le PIR ne défend pas le principe que, même en organisant séparément les prolétaires "indigènes", ceux-ci doivent considérer le reste du prolétariat comme un allié, membre d'une même classe sociale dont les intérêts fondamentaux sont les mêmes. Son objectif n'est pas l'unité de la classe ouvrière et son pouvoir.

Une organisation marxiste pourrait envisager d'organiser séparèment certaines catégories, comme Trotsky l'avait envisagé pour les Noirs américains, mais toujours sur des bases de classe. On est très, très loin du PIR, organisation communautariste petite bourgeoise interclassiste... Et les critiques qu'on peut adresser au mouvement ouvrier, et même à l'extrême gauche, ne peuvent justifier cette rupture avec le marxisme.
(A supposer que les ou des animateurs du PIR aient jamais été marxistes.)

verié2

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Message  MO2014 Mer 11 Mai - 15:14

verié2 a écrit:
Sinon, il me semble que personne parmi nous ne nie la discrimination dont sont victimes certaines catégories. Le problème, c'est que le PIR veut les organiser sur des bases uniquement de race, et non comme des catégories du prolétariat et ne fait d'ailleurs pas de distinction entre prolétariat, bourgeoisie, petite bourgeoisie parmi les"Indigènes" considérés comme un bloc. Or toute une petite bourgeoisie s'est développée aujourd'hui parmi la population "d'origine immigrée".

Nous ne parlons que de quartiers populaires. Tout ce que nous citons, que nous reproduisons, du PIR, du FUIQP, des associations luttant contre les discriminations... parlent uniquement de quartiers populaires. Il suffit juste de lire les textes que nous publions ce que ne fait manifestement jamais verié2 (tout comme il n'a jamais lu la citation de Saïd Baouamama que j'ai choisi en signature de chacun de mes posts).

Alors oui dans les quartiers populaires nous ne voyons pas cette "bourgeoisie d'origine émigrée" (notons au passage le concept). Ceux qui y vivent sont des prolétaires, des exclus, des discriminés, des racisés par l'état post-colonial.

Nous n'avons jamais écrit que nous voulions organiser sur des base de race comme tente de le faire croire vérié2 avec ses procédés. Pour nous il n'existe aucune race ailleurs que dans un rapport social (économique, politique, culturel...etc.) et c'est pourquoi nous préférons utiliser le terme de racisés qui précisément constituent l'essentiel des plus exploités, des plus discriminés, des plus mal logés, des plus dominés de ce pays.

MO2014

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Message  Toussaint Jeu 12 Mai - 1:04

ENTRETIEN - Claude Ribbe, président de l’association des amis du général Dumas

.Pourquoi la question de la mémoire de l’esclavage est-elle traitée de manière incommode par les politiques français ?

Claude Ribbe : Les partis politiques sont très gênés et il y a des Français qui culpabilisent par rapport à l'esclavage. Certains ne veulent pas admettre que ce qui est arrivé est trop atroce. Ils sont dans le déni et je pense qu’il y a un gros travail à faire. Nous avons 70 ans de retard par rapport aux États-Unis. Les États-Unis sont très avancés, parce que c'est un pays qui vivait avec ses esclaves. Les Afro-Français représentent 3 ou 4 % de la population, lorsque les Afro-Américains représentent 10 à 15 % de la population américaine, donc c'est très difficile de peser. De plus, il y a une division au sein de la communauté noire de France. Il y a par exemple des Français d'outre-mer qui pensent que tout est réparé, alors que lorsqu'ils arrivent en France, ils sont considérés comme des immigrés. Ce sont des gens qui sont français depuis 1848, mais on a l'impression que ce n'est pas réglé. La France est de plus en plus ambiguë. Je suis d'ailleurs assez surpris que la question de l'esclavage soit traitée au Musée de l'immigration.

Que représente l’hôtel Gaillard, bâtiment que vous souhaitez réquisitionner pour en faire un musée de l’esclavage ?

Ce bâtiment, c'est de l'espace libre, c'est de l'espace public et nous allons nous y installer. Ça fait 9 ans que je vois ce bâtiment fermé. On me dit qu'on va y faire un musée de la finance, moi je n'y crois pas. Ce qui est curieux pour un président de la République élu sur le slogan “mon adversaire c'est la finance”. Aujourd'hui, quand on lui dit “nous voulons ce bâtiment plutôt qu'un musée de la finance”, il répond « je vais faire une fondation et puis on va identifier des lieux ». Il y a des travaux et on annonce un projet pour 2018. Mais ce projet est sans queue ni tête. Moi j'ai des enfants, j'aimerais d'abord qu'ils connaissent leur histoire plutôt que la finance. Nous voulons y installer un musée, un centre de culture, une scène. Là, on est dehors, et on pourrait être à l’abri. Actuellement, il n'y a rien qui permette de commémorer dignement cette journée.

Dans votre discours, vous avez évoqué un « esclavage d’État ». Que voulez-vous dire par là ?

Dès que l’on commémore la journée de l'esclavage, il y a toujours des gens bien intentionnés qui nous parlent de l'esclavage moderne. Ce sont des délits individuels qu'il faut sanctionner, bien sûr. Mais ce sont des gens qui mettent d’autres gens en esclavage, ce n’est pas la loi qui l'encourage. Je ne connais pas aujourd'hui un seul pays qui dise « l'esclavage c'est bien ». Aujourd'hui, on n'arrive pas à imaginer qu'à un moment l'esclavage était légal et qu'on encourageait ceux qui le pratiquaient. Les gens n'arrivent pas à comprendre cela, même à un certain niveau. Lors de cette commémoration, j'ai même entendu des élus parler d'esclavage moderne. Je pense qu’il faut un centre d'intelligence, de culture, de mémoire mais aussi d'histoire pour bien rappeler de quoi l’on parle. C'est pour ça qu'on a besoin du centre Dumas. On ne veut pas seulement parler du mal que les Blancs ont fait aux Noirs, mais aussi parler du bien que les Noirs ont fait aux Blancs.

Pourquoi avoir choisi le personnage du général Dumas ?

C'est un personnage intéressant, parce qu'il est le plus illustre dans notre histoire nationale parmi ceux qui étaient nés en esclavage et qui ont réussi à venir en France. À travers sa descendance, si on enlève les Dumas, c'est comme si on enlevait d'Artagnan à la France. Je trouve que, pédagogiquement, c’est très intéressant de prendre en modèle des gens dont on ignore les origines. Il y a un autre exemple : un grand danseur français, Maurice Béjart, dont beaucoup de personnes ignorent que son père était sénégalais. Lui, il en était fier. Quand on parle des Noirs, on dit toujours qu'ils ont un problème. On dit même qu'il y a un « problème noir ». Non, ils ont apporté beaucoup et ça aussi, il faut le montrer au centre Dumas. Il faut réconcilier les Français avec leur histoire et mettre tout cela en scène. Tous ces gens-là ont été occultés, discriminés de leur vivant mais aussi après leur mort. Je voudrais qu'on parle de ces gens. On a plus de facilité à parler d'esclavage, des chaînes, du fouet, que des Noirs qui ont réussi.

Est-ce facile d’être noir en France aujourd’hui ?

C'est facile quand on accepte d'être sans problème, d'être pauvre et de se taire. Quand on veut simplement que ses talents soient reconnus, c'est impossible. La plupart des Noirs qui réussissent partent de France.



Dernière édition par Toussaint le Jeu 12 Mai - 2:33, édité 1 fois
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Message  Toussaint Jeu 12 Mai - 1:33

Conchita... pour les femmes de ménage, c 'est les années soixante, quand elles venaient d'Espagne.

Désolé, la dirigeante de la LCR qui disait à ses camarades hommes que sur son front n'était pas écrit Conchita, parce qu'ils ne nettoyaient pas le local, c'était il y a 14 ans, c'est vrai, mais je ne doute pas que les gaulois ont remplacé le surnom. Je suis peu enclin à croire au recul du racisme et du classisme en France et chez les enseignants que je vois débarquer en Guyane, prompts à parler du racisme anti-blanc pour désigner la colère qui accueille leur néo-colonialisme. Encore Dupont et Frédéric ont-ils tendance à fermer leur sale gueule isolés qu'ils sont au milieu de noirs étranges, même pas respectueux des hiérarchies raciales métropolitaine. Je renvoie au post d'au dessus pour éclairer les petits blancs du forum sur les charmes égalitaires de leur "métropole" auxquels se réfère double marx.

Lequel ayant de gros problèmes pour lire ce que les autres postent, je cite:
Il y a par exemple des Français d'outre-mer qui pensent que tout est réparé, alors que lorsqu'ils arrivent en France, ils sont considérés comme des immigrés. Ce sont des gens qui sont français depuis 1848, mais on a l'impression que ce n'est pas réglé. La France est de plus en plus ambiguë.

Une organisation marxiste pourrait envisager d'organiser séparèment certaines catégories, comme Trotsky l'avait envisagé pour les Noirs américains, mais toujours sur des bases de classe.
Alors, citons le Trotsky au partisan de l'exclusion des lycéennes voilées (au fait, sur quelles bases de classe toi et tes pareils vous excluez les musulmanes voilées des lycées?  Very Happy ). Comme d'habitude entre ce que disait Trotsky et ce que disent des sectes trotskystes blanches en France, il y a un sacré gouffre. La question n'est pas, comme chacun l'a remarqué, de la prétention d'organiser les travailleurs descendants de la colonisation ou colonisés, dans des organisations qui les considèrent sous l'angle de l'assimilation et de l"intégration comme LO et ses avatars. Le moins qu'on puisse en dire, c'est que ces orgas et ces sectes sont aujourd'hui incapables même d'intervenir dans la plupart des quartiers populaires qu'ils analysent comme des "quartiers immigrés" (sic... évidemment que voici une caractérisation de classe... Very Happy ). Il est question de la position à prendre devant des groupes qui défendent l'auto-organisation des racisés et des discriminés, et en aucun cas Trotsky se montre aussi sectaire, arrogant et méorisant que le vérié et ses frères de lutte pour l'exclusion des élèves voilées de l'école. Que n'avons-nous pas un parti capable de prendre une position du niveau de Trotsky.

Autodétermination pour les nègres américains

4 avril 1939


Trotsky. ‑ Le. camarade George [1] propose que nous discutions la question nègre en trois parties, la première devant être consacrée à la question programmatique de l'autodétermination pour les Noirs.

James. ‑ On a déjà distribué les propositions de base pour la question nègre et il faut seulement traiter de la question de l'autodétermination. Personne ne dénie aux Nègres le droit à l'autodétermination. La question est de savoir si nous devrions le défendre. En Afrique et dans les Indes occidentales, nous défendons l'autodétermination parce qu'une grande majorité du peuple la revendique. En Afrique, les grandes masses du peuple considèrent l'autodétermination comme une restauration de leur indépendance. Aux Indes occidentales, où il y a une population de même origine que les Nègres en Amérique, il y a eu développement d'un sentiment national. Les Nègres y sont en majorité. On entend déjà, chez les plus avancés l'idée d'une nation indienne occidentale et il est très probable que, même en supposant qu'on offre aux Nègres des droits complets de citoyens de l'Empire britannique, ils s'y opposeraient probablement et souhaiteraient être absolument libres et indépendants. C'est progressiste. C'est un pas dans la direction juste. Nous affaiblissons l'ennemi. Nous plaçons les travailleurs dans une position de progresser à grands pas vers le socialisme.

En Amérique, la situation est différente. Le Noir aspire désespérément à devenir un citoyen américain. Il dit : « Je suis ici depuis le début; j'ai fait ici tout le travail dans les premiers temps. Les Juifs, les Polonais, les Italiens, les Suédois et autres sont venus ici et ont tous les privilèges. Vous dites que certains Allemands sont des espions. Je ne serai jamais espion. Je n'ai personne pour qui  espionner. Et pourtant vous m'excluez de l'armée et des droits de citoyenneté. »

En Pologne et en Catalogne, il y a une tradition de langue, de littérature et d'histoire qui s'ajoute à l'oppression économique et politique et contribue à souder la population autour de cette revendication progressiste de l'autodétermination. Il n'en est pas ainsi en Amérique. Examinons certains événements historiques du développement des Nègres en Amérique.

Garvey [2] a lancé le mot d'ordre « Retour à l'Afrique » mais les Nègres qui l'ont suivi ne croyaient pas dans leur majorité qu'ils allaient réellement retourner en Afrique. Nous savons que ceux qui le suivaient, aux Indes occidentales, n'avaient pas la moindre intention de retourner en Afrique, mais qu'ils étaient heureux de suivre une direction militante. Et il y a le cas de la femme noire qui avait été bousculée dans un bus par une femme blanche et qui lui dit : « Attendez que Marcus [3] soit au pouvoir et vous serez traités vous autres comme vous le méritez. » De toute évidence elle ne pensait pas à l'Afrique.

Simplement, il y a eu cette concentration  sur les problèmes des Nègres parce que les travailleurs blancs en 1919 n'étaient pas développés. Il n'y avait pas d'organisation politique de quelque importance appelant noirs et blancs à s'unir. Les Nègres revenaient juste de la guerre ‑ militants et n'ayant reçu aucune proposition d'assistance, ils se concentraient sur leurs propres affaires.

Il faudrait en outre mentionner néanmoins que, lorsqu'il s'est produit à Chicago une émeute raciste, elle avait été délibérément provoquée par les patrons. Quelque temps avant qu'elle n'éclate, les ouvriers des conserves de viande, blancs et noirs, avaient frappé et défilé dans le quartier nègre de Chicago où la population noire avait acclamé les blancs de la même manière et où ils avaient applaudi les Nègres. Pour les capitalistes, c'était un phénomène très dangereux et ils se sont occupés de créer des frictions raciales. A une étape ultérieure, des autos, avec des blancs à l'intérieur, fonçaient dans le quartier noir en tirant à vue. La presse capitaliste jouait sur les différences et c'est elle qui eut l'initiative des émeutes afin de diviser la population et de ramener les Nègres à se replier sur eux-mêmes.

Pendant la crise, il y a eu une renaissance de ces mouvements nationalistes. Il y a eu un mouvement pour le 49° Etat et on a assisté au développement du mouvement autour du Liberia [4]. Ces mouvements ont eu une réelle importance jusqu'à 1934 au moins.

Puis il y a eu en 1936 l'organisation du C.I.O. John L. Lewis a nommé un département nègre spécial. Le New Deal faisait des avances aux Nègres. Nègres et blancs combattirent ensemble dans plusieurs conflits. Ces mouvements nationalistes tendaient à disparaître dans la mesure où les Nègres voyaient l'occasion de combattre avec les ouvriers organisés et de gagner quelque chose.

Le danger, si nous défendions et propagions une politique d'autodétermination, est que ce serait le moyen le plus sûr de diviser et d'embrouiller les ouvriers du Sud. Les travailleurs blancs ont des siècles de préjugés à surmonter, mais aujourd'hui nombre d'entre eux travaillent avec les Nègres dans le syndicat des métayers du Sud [5], et avec le développement de la lutte il existe toutes les possibilités qu'ils soient capables de surmonter ces préjugés séculaires. Mais, que nous demandions, nous, que les Nègres aient leur propre Etat à eux, c'est en demander trop aux ouvriers blancs, surtout quand les Nègres eux-mêmes n'émettent pas cette revendication. Les mots d'ordre de l'« annulation des dettes », de la « confiscation des grands domaines », etc., suffisent parfaitement pour les conduire au combat en commun, et, sur la base de la lutte économique, mener un combat uni pour l'abolition toute discrimination sociale.

Aussi je propose concrètement : 1) Nous sommes pour le droit d'autodétermination. 2) S'il apparaissait chez les Nègres la revendication du droit d'autodétermination, nous devrions la soutenir. 3) Nous ne nous détournerons pas de notre chemin pour lancer ce mot d'ordre et nous ne dresserons pas une barrière qui n’est pas nécessaire entre nous‑mêmes et le socialisme. 4) Il faut étudier ces mouvements; celui que conduisait Garvey, celui pour le 49° État, celui qui tourne autour du Liberia. Découvrir les groupes de la population qui les soutenaient et sur cette base évaluer dans quelle mesure existe chez les Nègres cette revendication de l'autodétermination.

Hudson [6]. ‑ Il me semble qu'on peut diviser le problème en un certain nombre de phases différentes :

Sur la question de l'autodétermination, je pense qu'il est clair que tout en étant pour l'autodétermination, y compris l'indépendance, cela ne signifie pas nécessairement que nous sommes pour l'indépendance. Nous sommes pour que, dans certains cas, dans certains lieux, ils aient le droit de décider eux-mêmes s'ils seront ou no indépendants ou quels arrangements gouvernementaux particuliers devraient être conclus avec le reste du pays.

 Sur la question de l'autodétermination comme nécessairement réactionnaire ‑ je crois que c'est aller trop loin. L'autodétermination pour diverses nations et groupes n'est pas opposée à un monde  socialiste futur. Je pense que la question a été traitée dans une  polémique entre Lénine et Piatakov du point de vue de la Russie - celle de l'autodétermination des différents peuples de Russie,  alors qu’on construisait toujours un pays unifié. Les deux ne sont pas nécessairement contradictoires. La société socialiste ne sera pas construite sur des peuples soumis, mais par un peuple libre. Le  caractère réactionnaire ou progressiste de l'autodétermination est déterminé par la question de savoir si elle fait ou non avancer la révolution sociale. C'est là le critère.

Sur ce qui a été dit, que nous ne devrions pas défendre une chose si les masses ne la désirent pas, ce n'est pas juste. Nous ne  défendons pas les choses seulement parce que les masses désirent. La question fondamentale du socialisme entrerait dans cette catégorie. Aux Etats‑Unis, seul un faible pourcentage de la population veut le socialisme, et pourtant nous le défendons. Ils peuvent vouloir la guerre, mais nous nous y opposons. Les questions qu'il nous faut résoudre sont les suivantes : Cela aidera-t‑il à la destruction de l'impérialisme américain ? Si un tel mouvement apparaît, le peuple le voudra‑t‑il au fur et à mesure du développement de la situation ?

Je crois que ces mouvements nationalistes dont vous parlez ont existé pendant des années et que, dans chaque cas, la lutte était menée par une poignée de gens, mais qu'au moment de la crise sociale les masses se ralliaient à de tels mouvements. La même chose peut arriver en rapport avec l'autodétermination des Nègres.

Il me semble que ce que l'on appelle la « ceinture noire » est la fraction surexploitée de l'économie américaine. Elle présente toutes les caractéristiques d'une partie soumise d'un empire. Elle a toute la pauvreté extrême et l'inégalité politique. Elle a la même structure financière ‑ Wall Street exploite les éléments petits bourgeois et à leur tour les ouvriers pauvres. Elle présente simplement un champ d'investissement et une source de profits. Elle a toutes les caractéristiques d'une partie d'un empire colonial. C'est également une question régionale, car les blancs ont bien été contraints aussi d'éprouver un sentiment de réaction contre le capital financier.

Il serait également intéressant d'étudier le possible développement futur de la question nègre. On a vu que, quand les Nègres ont été amenés dans le Sud, ils y sont restés pendant de nombreuses décennies. Quand il y a eu la guerre, beaucoup ont émigré vers le Nord et ont formé là une partie du prolétariat. Mais cette tendance ne peut plus jouer. Le capitalisme ne connaît pas la même expansion qu'auparavant. En fait, pendant la dépression, nombre de Nègres sont revenus vers les fermes. Il est possible qu'au lieu d'une tendance à l'émigration, il y ait maintenant une tendance des Nègres à rester dans le Sud.

Et puis il y a d'autres facteurs. La question des machines à cueillir le coton qui signifie que les travailleurs seront par milliers chassés de leur travail.

Pour en revenir à la question de l'autodétermination. Il existe la possibilité qu'au cœur de la crise sociale la manifestation du radicalisme connaisse une double phase : en même temps que la lutte pour l'égalité économique et sociale on pourra trouver la revendication du contrôle de leur propre Etat. Même en Russie, quand les bolchéviks ont pris le pouvoir, le peuple polonais ne se contentait pas de penser que cela signifiait pour lui la fin de l’oppression. Il revendiquait le droit de contrôler à sa façon son propre destin. Un tel développement est possible dans le Sud.

Les autres questions sont importantes, mais je ne crois pas qu’elles soient fondamentales ‑ qu'une nation doive avoir sa propre langue, sa propre culture, sa propre tradition. Dans une certaine mesure, ils ont développé une culture propre. Dans toutes les bibliothèques publiques, on peut trouver des livres‑fiction, anthologies, etc. ‑ qui expriment un sentiment nouveau de race.

Maintenant, du point de vue des Etats‑Unis, le retrait de la « ceinture noire » signifie l'affaiblissement de l'impérialisme américain, avec le retrait d'un grand champ d'investissement. C'est un coup en faveur de la classe ouvrière américaine.

Il me semble que l'autodétermination ne s'oppose pas à la lutte pour l'égalité sociale, politique et économique. Dans le Nord, une telle lutte est immédiate et le besoin est aigu. Dans le Nord, le mot d’ordre de l'égalité économique et politique est un mot d'ordre - une question immédiate. Sous un angle pratique, personne ne suggère que nous lancions le mot d'ordre de l’autodétermination en tant que mot d'ordre d'agitation, mais comme un mot d'ordre programmatique qui pourrait devenir à l’avenir un mot d'ordre d'agitation.

Il y a aussi un autre facteur qu'on pourrait appeler le facteur psychologique. Si les Nègres pensent que c'est une tentative pour leur imposer une ségrégation, alors il vaudrait mieux s'abstenir de lancer ce mot d’ordre jusqu'à ce qu'ils soient convaincus que tel n’est pas le cas.

Trotsky. ‑ Je ne comprends pas très bien si le camarade  [James] George propose d'éliminer le mot d'ordre d'autodétermination pour les Nègres de notre programme ou si c'est que nous ne disons pas que nous sommes prêts à faire tout notre possible pour l'autodétermination des Nègres s'ils la désirent. Que nous l'éliminions ou non, c'est une question qui concerne l’ensemble du parti.  Nous sommes prêts à les aider s'ils la veulent. En tant que parti, nous ne pouvons rester absolument neutres là‑dessus. Nous ne pouvons pas dire qu'elle serait  réactionnaire. Elle n'est pas réactionnaire. Nous ne pouvons pas leur dire de constituer un Etat parce que cela affaiblirait l’impérialisme et serait par conséquent bon pour nous, ouvriers blancs. Cela serait contre l'internationalisme même. Nous ne pouvons pas leur dire : « Restez ici, même au prix du progrès économique. » Nous pouvons leur dire : « C'est à vous de décider. Si vous voulez prendre une partie du pays, c'est bien, mais nous ne voulons pas décider à votre place. »

Je crois que les différences entre les Indes occidentales, la Catalogne, la Pologne et la situation des Noirs aux Etats ne sont pas aussi décisives. Rosa Luxemburg était contre l'autodétermination pour la Pologne. Elle pensait que c'était réactionnaire et fantastique, aussi fantastique que de demander le droit du voler. Cela démontre qu'elle ne possédait pas l'imagination historique nécessaire dans ce cas. Les grands propriétaires et les représentants de la classe dirigeante polonaise étaient également opposés à l'autodétermination, pour leurs raisons propres.

Le camarade James a utilisé trois verbes : « soutenir », « défendre », et « injecter » l'idée d'autodétermination. Je ne propose pas que le parti défende, je ne propose pas qu'il injecte, mais seulement qu'il proclame notre devoir de soutenir la lutte pour l'autodétermination si les Nègres eux-mêmes la revendiquent. Il ne s'agit pas de nos camarades nègres. Il s'agit des 13 ou 14 millions de Nègres. Ils ne savent pas encore clairement ce qu'ils veulent maintenant et il faut leur faire crédit pour l'avenir. Et ils décideront alors.

Ce que vous avez dit du mouvement Garvey est intéressant - mais cela prouve que nous devons être prudents et larges ‑ ne pas nous baser sur le statu quo. La femme nègre qui a dit à la femme blanche : « Attendez que Marcus soit au pouvoir, et vous serez traités, vous autres, comme vous le méritez » exprimait simplement son désir d'un Etat qui soit le sien. Les Noirs américains se sont rassemblés sous le drapeau du « Retour à l'Afrique » parce qu'il leur semblait une réalisation possible de leur propre désir d'une maison à eux. Ils ne voulaient pas réellement aller en Afrique ? C'était l'expression d'un désir mystique d'une maison où ils seraient libres de la domination des blancs et dans laquelle ils contrôleraient leur propre destin. C'était aussi un désir d'autodétermination. Il s'est exprimé autrefois sous une certaine forme religieuse et il prend maintenant la forme du rêve d'un Etat indépendant. Ici, aux Etats‑Unis, les blancs sont si puissants, si cruels et si riches que le pauvre métayer nègre n'ose pas dire, même à lui-même, qu'il veut prendre pour lui une partie du pays. Garvey en parlait avec chaleur, tout était beau et ce serait merveilleux. N'importe quel psychanalyste dira que le contenu réel de ce rêve était le désir d’avoir leur propre maison. Ce n'est qu'un argument en faveur de la décision d'en injecter l'idée. C'est seulement un argument qui permet de prévoir la possibilité de donner à leur rêve une forme plus réaliste.

Si le Japon envahit les Etats‑Unis et que les Nègres sont appelés à combattre ‑ ils peuvent commencer à se sentir menacés d'abord d'un côté, puis de l'autre, et finalement, éveillés, ils peuvent dire : « Nous n'avons rien à faire avec aucun de vous. Nous aurons notre propre Etat. »

Mais l'Etat nègre pourrait entrer dans une fédération. Si les Nègres américains réussissaient à créer leur propre Etat, je suis certain qu'après quelques années de satisfaction, et d'orgueil de leur indépendance, ils éprouveraient le besoin d'entrer dans une fédération. Même si la Catalogne, qui est une province très industrialisée et hautement développée, avait réalisé son indépendance, cela n'aurait constitué qu'un pas vers une fédération.

Les Juifs d'Allemagne et d'Autriche ne désiraient rien plus que d'être les meilleurs chauvins allemands. Le plus misérable de tous était le social‑démocrate Austerlitz [7], l'éditeur de l'Arbeiter Zeitung.  Mais maintenant, avec la tournure des événements, Hitler ne leur permet pas d'être des chauvins allemands. J'ai vu une photocopie écœurante, récemment, d'un acteur juif, arrivant en Amérique et se courbant pour baiser le sol des Etats‑Unis. Alors, ils vont recevoir quelques bons coups de poings des fascistes aux Etats‑Unis et iront baiser le sol de la Palestine.

Il existe une alternative à l'alternative révolutionnaire victorieuse. Il est possible que le fascisme parvienne au pouvoir avec son délire radical, l'oppression, et la réaction des Noirs sera pour l’indépendance raciale. Le fascisme aux Etats‑Unis sera dirigé contre les Juifs et les Nègres, mais particulièrement contre les Nègres et de la plus terrible manière. On créera une condition « privilégiée » pour les ouvriers blancs américains sur le dos des Nègres. Les Nègres ont fait tout ce qui était possible pour devenir partie intégrante des Etats‑Unis, psychologiquement et politiquement. Nous devons prévoir que leur réaction démontrera sa puissance pendant la révolution. Ils y entreront avec une grande méfiance vis-à-vis des Blancs. Nous devons rester neutres sur cette question et garder la porte ouverte pour toutes les possibilités tout en promettant notre soutien entier s'ils veulent créer leur propre Etat indépendant.

 Autant que je sois informé, il me semble que l'attitude du P.C. d'en faire un mot d'ordre impératif était fausse [8]. C'était comme si les Blancs disaient aux Nègres : « Vous devez constituer votre ghetto à vous. » C'est un manque de tact et c'est faux, et ne peut que repousser les Nègres. Ils ne peuvent l'interpréter que comme la volonté des Blancs d'être séparés d'eux. Nos camarades nègres peuvent dire : « La IV° Internationale dit que si nous voulons être indépendants, elle nous aidera de toutes les manières possibles, mais c'est à nous de choisir. Cependant, moi, en tant que nègre membre de la IV° Internationale, je pense que nous devons rester dans le même Etat que les Blancs », etc. Ils peuvent prendre part à la formation d'une idéologie politique et raciale des Nègres.

James. - Je suis très heureux que nous ayons eu cette discussion parce que je suis entièrement d’accord avec vous. Il me semble que c’est l’idée, en Amérique, que nous devons défendre, comme l’a fait le P.C. Vous semblez penser qu’il existe une possibilité que les Nègres veuillent l’autodétermination plus grande que je ne la crois probable. Nous sommes cent pour cent d’accord sur l’idée que vous avez mise en avant que nous devrions être neutres dans ce développement.

Trotsky. – C’est le mot « réactionnaire » qui m’a gêné.

James. – Laissez-moi citer le document : « S’il veut l’autodétermination, alors aussi réactionnaire qu’elle puisse être à tous les autres égards, il appartiendrait au parti révolutionnaire de lancer ce mot d’ordre. » Je considère l’idée de séparer comme un pas en arrière quand c’est d’une société socialiste qu’il s’agit. Si les ouvriers blancs tendent la main au Nègre, ce dernier ne voudra pas de l’autodétermination.

Trotsky. ‑ C'est trop abstrait, parce que la réalisation de ce mot d’ordre ne peut être obtenue que quand les 13 ou 14 millions de Nègres sentiront que la domination des Blancs est terminée. Combattre pour la possibilité de réaliser un état indépendant est un signe d'un sérieux réveil moral et politique. Cela constituerait un formidable pas en avant révolutionnaire. Cette montée aurait immédiatement les meilleures conséquences économiques.

Hudson. ‑ Je pense qu'on pourrait établir une analogie en relation avec les collectivités et la distribution de la terre des grands domaines. On peut considérer comme réactionnaire la division de grands domaines en petits lots, mais il n’en est pas nécessairement ainsi. La question est de savoir si les paysans veulent exploiter ces domaines collectivement ou individuellement. Nous donnons des conseils aux paysans, nous ne les forçons pas ‑ c'est leur affaire. Certains diraient que la division des grands domaines en petits lots serait économiquement réactionnaire, mais ce n'est pas ainsi [que cela se pose].

Trotsky. ‑ C'était également la position de Rosa Luxembourg. Elle soutenait que l'autodétermination serait aussi réactionnaire que la division des grands domaines.

Hudson. ‑ La question de l'autodétermination est également liée à celle de la terre et il faut l'examiner dans ses manifestations non seulement politiques, mais aussi économiques.


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Message  Toussaint Jeu 12 Mai - 1:46

A nouveau sur la question noire et la position de Trotsky. Il suffit de comparer ses propositions avec la pratique des organisations françaises feignant de se réclamer de ses analyses. Elles sont opposées à ces analyses sur toutes les questions portant sur les oppressions spécifiques transversales, susceptibles par les discriminations, d'affaiblir l'unité de la classe ouvrière. Pour bien des militants français s'autodécernant la fonction de représentant des intérêts "historiques" de la classe ouvrière, ce sont les discriminés refusant d'accepter les discriminations qui doivent au préalable faire allégeance au "parti", ici le parti blanc, et s'ils n'y font pas allégeance, ils deviennnent des ennemis à stigmatiser, ostraciser et combattre.
Ce sont en France ces sectes ossifiées, recrutant surtout dans la fonction publique, enseignante en particulier, qui somment indigènes et FuIQP, musulmans, noirs de s'assimiler et s'aligner sur elles. De fait, elles sont dans l'autre camp, celui des oppresseurs.

Trotsky. ‑ Je crois que la première question est celle de l'attitude du Socialist Workers Party vis‑à‑vis des Nègres. Il est très inquiétant de s'apercevoir que, jusqu'à maintenant, le parti n'a pratiquement rien fait dans ce domaine. Il n'a publié ni livre, ni brochures, ni même aucun article dans New International. Deux camarades, qui ont composé un livre sur cette question, un travail sérieux, sont restés isolés [6]. Ce livre n'est pas publié, on n'en a même pas publié des extraits. Ce n'est pas un bon signe. Le trait caractéristique des partis ouvriers américains, des organisations syndicales, etc. était leur caractère aristocratique. C'est la base de l'opportunisme. Les travailleurs qualifiés qui se sentent intégrés à la société capitaliste aident la classe bourgeoise à maintenir les Nègres et les ouvriers non qualifiés à une échelle très basse. Notre parti n'échappera pas à la dégénérescence s'il demeure un endroit pour intellectuels, demi‑intellectuels, ouvriers qualifiés et ouvriers juifs qui construisent un milieu très fermé complètement isolé des masses authentiques. Dans ces conditions, notre parti ne peut pas se développer ‑ il dégénérera. Il nous faut avoir ce grand danger devant les yeux. Maintes fois j'ai proposé que tout membre du parti, surtout les intellec­tuels et demi‑intellectuels, qui, pendant une période, disons de six mois, n'aura pas pu gagner un ouvrier au parti, soit ramené au statut de sympathisant. On peut dire la même chose dans la question nègre. Les vieilles organisations, à commencer par l'A.F.L., sont les organisations de l'aristocratie ouvrière. Notre parti appartient au même milieu, pas celui des masses exploitées de la base dont les Nègres sont les plus exploités. Le fait que notre parti ne se soit pas jusqu'à maintenant tourné vers la question nègre est un symptôme très inquiétant. Si l'aristocratie ouvrière constitue la base de l'opportunisme, l'une des sources de l'adaptation à la société capitaliste, alors les plus opprimés et ceux qui subissent le plus la discrimination sont le milieu le plus dynamique de la classe ouvrière.

Nous devons dire aux éléments conscients parmi les Nègres que le développement historique les désigne pour devenir l’avant‑garde de la classe ouvrière. Qu'est‑ce qui fait office de frein sur les couches supérieures ? Ce sont les privilèges, les avantages matériels qui les empêchent de devenir révolutionnaires. Cela n'existe pas pour les Nègres. Qu'est‑ce qui peut transformer une certaine couche, la rendre plus capable de courage et de sacrifice ? C'est concentré chez les Nègres. Si jamais nous, dans le S.W.P., n'étions pas capables de trouver la voie vers cette couche, alors nous ne serions bons à rien. La révolution permanente et tout le reste ne seraient que mensonge.

Aux Etats‑Unis, nous avons différentes compétitions aujourd'hui. Compétition pour savoir qui vend le plus de journaux, etc. C'est très bien. Mais il nous faut aussi mettre sur pied une compétition plus sérieuse ‑ le recrutement d'ouvriers et particulièrement d'ouvriers nègres. Dans une certaine mesure, c’est indépendant de la création d'une organisation nègre spéciale.

Je crois que le parti devrait entreprendre pour les six prochains mois un travail d'organisation et politique. On peut élaborer un programme pour six mois dans la question nègre... Après un travail d'une demi‑année, nous aurons une base pour le mouvement nègre et nous aurons un sérieux noyau de Nègres et de Blancs travaillant ensemble sur ce plan. C'est une question de vitalité du parti. C'est une question importante. C'est la question de savoir si le parti doit devenir une secte ou s'il est capable de se frayer un chemin vers la partie la plus opprimée de la classe ouvrière.
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Message  Toussaint Jeu 12 Mai - 2:27

Gloire au PIR d'avoir par ses analyses et ses critiques fait modifier leurs analyses aux organisations propres, comme le NPA. On peut mesurer avec Contretemps l'évolution, surtout pour celles et ceux qui se souviennent des campagnes de calomnies, de haine et de mépris qui n'ont pas cessé depuis l'Appel des Indigènes de la République. Gloire au PIR qui a le premier avancé la perspective réelle d'une auto-organisation des racisés de leur république et donné les bases théoriques, jamais et nulle part réfutées, de la nature systémique de l'oppression raciale et du racisme européen, français en particulier.
Gloire aux militants du PIR et aux autres qui ont défendu les droits des musulmanes scolarisées contre la campagne de haine, de stigmatisation et d'exclusion menée par l'état colonialiste, par ses partis et des pans entiers de ceux qui se croient encore, comme on le voit sur ce forum, légitimes à décerner des brevets de révolution ou de contre-révolution après avoir relayé la première loi ouvertement raciste et misogyne, d'exclusion d'une minorité pauvre de l'école publique financée par les impôts de leurs parents.
Gloire au PIR d'avoir été avec d'autres à l'initiative de la marche du 31 Octobre dont n'ont été absents que les ennemis des discriminés et des racisés de la classe ouvrière, les islamophobes. Gloire au PIR que certains comiques accusaient de sexisme (ben tiens...) et qui ont pu susciter une initiative d'un groupe de femmes très diverses (mais les blancs y ont vu une communauté, faut croire que pour les blancs, tous les racisés se ressemblent apparemment) rassemblant autour d'elles une unité des discriminés sur des bases culturelles et raciales. Chose que pas un des groupuscules, même pas ceux qui s'y sont ralliés, les gens propres de l'EG, se réclamant du trotskysme n'ont jamais réussi à faire.
C'est vrai que notre chasseur d'élèves voilées nous affirme que "personne ici ne nie la discrimination dont sont victimes certaines catégories". Adorons la périphrase "certaines catégories". Des noms, bon sang, de quoi on parle et que doit-on comprendre par "certaines catégories". Les frédéric du forum victimes d'horribles racistes anti-blancs? Les pilotes d'Air France ou les enseignants néo-titulaires? Appelons un chat, un chat. Moi, je parle des noirs, des arabes, des musulmans, des ROMs, des sikhs, des domiens, des juifs, tous ceux désignés à la stigmatisation, à la surexploitation, à la discrimination à l'emploi, au logement ou à la violence raciste sous toutes ses formes Je parle des racisés. Cela vous gêne de le reconnaître parce que s'il y a en France un tel niveau de racisme, y compris dans la classe ouvrière, c'est parce qu'il y a discrimination, inégalité, et qu'elles augmentent. Le racisme est toujours la justification d'un traitement discriminatoire. Non, ce n'est pas le port du voile comme disait Piquet dans un BI de la LCR qui participe à la montée du racisme, c'est la discrimination frappant les arabes, les noirs et les musulmans qui cristallisent la phobie du voile et de celles qui le portent érigées en menace, dans une campagne que tu as soutenue, vérié, que tu soutiens encore dans ta haine de caste des mahométanes rebelles. Alors toi venant faire la leçon au PIR... Very Happy

Et s'il y a un tel niveau de racisme et que vos organisations minuscules peinent à intégrer et à garder les gens issus de la colonisation, c'est simplement parce que vos organisations n'ont jamais fait ce que proposait Trotsky, à savoir vous attaquer au racisme d'une autre façon que la morale chrétienne petite-bourgeoise paternaliste. Vous ne vous êtes jamais donné pour tâche de gagner les travailleurs immigrés, leur enfants, les domiens, vous avez feint d'ignorer leur oppression particulière, et vous en niez le caractère systémique, objectif. Aucun parti, syndicat, aucun groupe ne met les discriminations racistes et parmi elles les discriminations sur la couleur de peau, la religion au centre de son activité politique de façon continue, permanente. En revanche, on voit des doubles marx nier continuellement la gravité et le caractère systémique de ce racisme. Bien au contraire, on voit un vérié se la jouant anti-islamophobe nous expliquer que la loi de 2004 et la campagne de stigmatisation à laquelle il a participé en tant que militant de LO, en pointe pour la répression des musulmanes, leur stigmatisation, leur humiliation, leur précarisation et leur expulsion, était une simple mesure d'uniforme scolaire. On hésite entre le rire, la pitié pour la sottise, et le mépris pour la mauvaise foi islamophobe. La réalité, c'est que vus avez collectivement et à plusieurs reprises tourné le dos aux racisés, aux discriminés, TOUS. Sans aucune exception. Et aujourd'hui au lieu de faire d'abord votre autocritique, vous vous acharnez aux côtés de toute la classe politique bourgeoise, de Joffrin et bien d'autres, contre le PIR. C'est à l'honneur de ce dernier, lorsque vous cesserez de le calomnier, de l'insulter, Sadri, Houria et les leurs devront sérieusement se demander où ils se sont plantés.
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Message  marxmarx Jeu 12 Mai - 10:41

Toussaint a écrit:
Conchita... pour les femmes de ménage, c 'est les années soixante, quand elles venaient d'Espagne.

Désolé, la dirigeante de la LCR qui disait à ses camarades hommes que sur son front n'était pas écrit Conchita, parce qu'ils ne nettoyaient pas le local, c'était il y a 14 ans, c'est vrai, mais je ne doute pas que les gaulois ont remplacé le surnom. Je suis peu enclin à croire au recul du racisme et du classisme en France et chez les enseignants que je vois débarquer en Guyane, prompts à parler du racisme anti-blanc pour désigner la colère qui accueille leur néo-colonialisme. Encore Dupont et Frédéric ont-ils tendance à fermer leur sale gueule isolés qu'ils sont au milieu de noirs étranges, même pas respectueux des hiérarchies raciales métropolitaine. Je renvoie au post d'au dessus pour éclairer les petits blancs du forum sur les charmes égalitaires de leur "métropole" auxquels se réfère double marx.

Lequel ayant de gros problèmes pour lire ce que les autres postent, je cite:
Il y a par exemple des Français d'outre-mer qui pensent que tout est réparé, alors que lorsqu'ils arrivent en France, ils sont considérés comme des immigrés. Ce sont des gens qui sont français depuis 1848, mais on a l'impression que ce n'est pas réglé. La France est de plus en plus ambiguë.

Une organisation marxiste pourrait envisager d'organiser séparèment certaines catégories, comme Trotsky l'avait envisagé pour les Noirs américains, mais toujours sur des bases de classe.
Alors, citons le Trotsky au partisan de l'exclusion des lycéennes voilées (au fait, sur quelles bases de classe toi et tes pareils vous excluez les musulmanes voilées des lycées?  Very Happy ). Comme d'habitude entre ce que disait Trotsky et ce que disent des sectes trotskystes blanches en France, il y a un sacré gouffre. La question n'est pas, comme chacun l'a remarqué, de la prétention d'organiser les travailleurs descendants de la colonisation ou colonisés, dans des organisations qui les considèrent sous l'angle de l'assimilation et de l"intégration comme LO et ses avatars. Le moins qu'on puisse en dire, c'est que ces orgas et ces sectes sont aujourd'hui incapables même d'intervenir dans la plupart des quartiers populaires qu'ils analysent comme des "quartiers immigrés" (sic... évidemment que voici une caractérisation de classe... Very Happy ). Il est question de la position à prendre devant des groupes qui défendent l'auto-organisation des racisés et des discriminés, et en aucun cas Trotsky se montre aussi sectaire, arrogant et méorisant que le vérié et ses frères de lutte pour l'exclusion des élèves voilées de l'école. Que n'avons-nous pas un parti capable de prendre une position du niveau de Trotsky.

Autodétermination pour les nègres américains

4 avril 1939


Trotsky. ‑ Le. camarade George [1] propose que nous discutions la question nègre en trois parties, la première devant être consacrée à la question programmatique de l'autodétermination pour les Noirs.

James. ‑ On a déjà distribué les propositions de base pour la question nègre et il faut seulement traiter de la question de l'autodétermination. Personne ne dénie aux Nègres le droit à l'autodétermination. La question est de savoir si nous devrions le défendre. En Afrique et dans les Indes occidentales, nous défendons l'autodétermination parce qu'une grande majorité du peuple la revendique. En Afrique, les grandes masses du peuple considèrent l'autodétermination comme une restauration de leur indépendance. Aux Indes occidentales, où il y a une population de même origine que les Nègres en Amérique, il y a eu développement d'un sentiment national. Les Nègres y sont en majorité. On entend déjà, chez les plus avancés l'idée d'une nation indienne occidentale et il est très probable que, même en supposant qu'on offre aux Nègres des droits complets de citoyens de l'Empire britannique, ils s'y opposeraient probablement et souhaiteraient être absolument libres et indépendants. C'est progressiste. C'est un pas dans la direction juste. Nous affaiblissons l'ennemi. Nous plaçons les travailleurs dans une position de progresser à grands pas vers le socialisme.

En Amérique, la situation est différente. Le Noir aspire désespérément à devenir un citoyen américain. Il dit : « Je suis ici depuis le début; j'ai fait ici tout le travail dans les premiers temps. Les Juifs, les Polonais, les Italiens, les Suédois et autres sont venus ici et ont tous les privilèges. Vous dites que certains Allemands sont des espions. Je ne serai jamais espion. Je n'ai personne pour qui  espionner. Et pourtant vous m'excluez de l'armée et des droits de citoyenneté. »

En Pologne et en Catalogne, il y a une tradition de langue, de littérature et d'histoire qui s'ajoute à l'oppression économique et politique et contribue à souder la population autour de cette revendication progressiste de l'autodétermination. Il n'en est pas ainsi en Amérique. Examinons certains événements historiques du développement des Nègres en Amérique.

Garvey [2] a lancé le mot d'ordre « Retour à l'Afrique » mais les Nègres qui l'ont suivi ne croyaient pas dans leur majorité qu'ils allaient réellement retourner en Afrique. Nous savons que ceux qui le suivaient, aux Indes occidentales, n'avaient pas la moindre intention de retourner en Afrique, mais qu'ils étaient heureux de suivre une direction militante. Et il y a le cas de la femme noire qui avait été bousculée dans un bus par une femme blanche et qui lui dit : « Attendez que Marcus [3] soit au pouvoir et vous serez traités vous autres comme vous le méritez. » De toute évidence elle ne pensait pas à l'Afrique.

Simplement, il y a eu cette concentration  sur les problèmes des Nègres parce que les travailleurs blancs en 1919 n'étaient pas développés. Il n'y avait pas d'organisation politique de quelque importance appelant noirs et blancs à s'unir. Les Nègres revenaient juste de la guerre ‑ militants et n'ayant reçu aucune proposition d'assistance, ils se concentraient sur leurs propres affaires.

Il faudrait en outre mentionner néanmoins que, lorsqu'il s'est produit à Chicago une émeute raciste, elle avait été délibérément provoquée par les patrons. Quelque temps avant qu'elle n'éclate, les ouvriers des conserves de viande, blancs et noirs, avaient frappé et défilé dans le quartier nègre de Chicago où la population noire avait acclamé les blancs de la même manière et où ils avaient applaudi les Nègres. Pour les capitalistes, c'était un phénomène très dangereux et ils se sont occupés de créer des frictions raciales. A une étape ultérieure, des autos, avec des blancs à l'intérieur, fonçaient dans le quartier noir en tirant à vue. La presse capitaliste jouait sur les différences et c'est elle qui eut l'initiative des émeutes afin de diviser la population et de ramener les Nègres à se replier sur eux-mêmes.

Pendant la crise, il y a eu une renaissance de ces mouvements nationalistes. Il y a eu un mouvement pour le 49° Etat et on a assisté au développement du mouvement autour du Liberia [4]. Ces mouvements ont eu une réelle importance jusqu'à 1934 au moins.

Puis il y a eu en 1936 l'organisation du C.I.O. John L. Lewis a nommé un département nègre spécial. Le New Deal faisait des avances aux Nègres. Nègres et blancs combattirent ensemble dans plusieurs conflits. Ces mouvements nationalistes tendaient à disparaître dans la mesure où les Nègres voyaient l'occasion de combattre avec les ouvriers organisés et de gagner quelque chose.

Le danger, si nous défendions et propagions une politique d'autodétermination, est que ce serait le moyen le plus sûr de diviser et d'embrouiller les ouvriers du Sud. Les travailleurs blancs ont des siècles de préjugés à surmonter, mais aujourd'hui nombre d'entre eux travaillent avec les Nègres dans le syndicat des métayers du Sud [5], et avec le développement de la lutte il existe toutes les possibilités qu'ils soient capables de surmonter ces préjugés séculaires. Mais, que nous demandions, nous, que les Nègres aient leur propre Etat à eux, c'est en demander trop aux ouvriers blancs, surtout quand les Nègres eux-mêmes n'émettent pas cette revendication. Les mots d'ordre de l'« annulation des dettes », de la « confiscation des grands domaines », etc., suffisent parfaitement pour les conduire au combat en commun, et, sur la base de la lutte économique, mener un combat uni pour l'abolition toute discrimination sociale.

Aussi je propose concrètement : 1) Nous sommes pour le droit d'autodétermination. 2) S'il apparaissait chez les Nègres la revendication du droit d'autodétermination, nous devrions la soutenir. 3) Nous ne nous détournerons pas de notre chemin pour lancer ce mot d'ordre et nous ne dresserons pas une barrière qui n’est pas nécessaire entre nous‑mêmes et le socialisme. 4) Il faut étudier ces mouvements; celui que conduisait Garvey, celui pour le 49° État, celui qui tourne autour du Liberia. Découvrir les groupes de la population qui les soutenaient et sur cette base évaluer dans quelle mesure existe chez les Nègres cette revendication de l'autodétermination.

Hudson [6]. ‑ Il me semble qu'on peut diviser le problème en un certain nombre de phases différentes :

Sur la question de l'autodétermination, je pense qu'il est clair que tout en étant pour l'autodétermination, y compris l'indépendance, cela ne signifie pas nécessairement que nous sommes pour l'indépendance. Nous sommes pour que, dans certains cas, dans certains lieux, ils aient le droit de décider eux-mêmes s'ils seront ou no indépendants ou quels arrangements gouvernementaux particuliers devraient être conclus avec le reste du pays.

 Sur la question de l'autodétermination comme nécessairement réactionnaire ‑ je crois que c'est aller trop loin. L'autodétermination pour diverses nations et groupes n'est pas opposée à un monde  socialiste futur. Je pense que la question a été traitée dans une  polémique entre Lénine et Piatakov du point de vue de la Russie - celle de l'autodétermination des différents peuples de Russie,  alors qu’on construisait toujours un pays unifié. Les deux ne sont pas nécessairement contradictoires. La société socialiste ne sera pas construite sur des peuples soumis, mais par un peuple libre. Le  caractère réactionnaire ou progressiste de l'autodétermination est déterminé par la question de savoir si elle fait ou non avancer la révolution sociale. C'est là le critère.

Sur ce qui a été dit, que nous ne devrions pas défendre une chose si les masses ne la désirent pas, ce n'est pas juste. Nous ne  défendons pas les choses seulement parce que les masses désirent. La question fondamentale du socialisme entrerait dans cette catégorie. Aux Etats‑Unis, seul un faible pourcentage de la population veut le socialisme, et pourtant nous le défendons. Ils peuvent vouloir la guerre, mais nous nous y opposons. Les questions qu'il nous faut résoudre sont les suivantes : Cela aidera-t‑il à la destruction de l'impérialisme américain ? Si un tel mouvement apparaît, le peuple le voudra‑t‑il au fur et à mesure du développement de la situation ?

Je crois que ces mouvements nationalistes dont vous parlez ont existé pendant des années et que, dans chaque cas, la lutte était menée par une poignée de gens, mais qu'au moment de la crise sociale les masses se ralliaient à de tels mouvements. La même chose peut arriver en rapport avec l'autodétermination des Nègres.

Il me semble que ce que l'on appelle la « ceinture noire » est la fraction surexploitée de l'économie américaine. Elle présente toutes les caractéristiques d'une partie soumise d'un empire. Elle a toute la pauvreté extrême et l'inégalité politique. Elle a la même structure financière ‑ Wall Street exploite les éléments petits bourgeois et à leur tour les ouvriers pauvres. Elle présente simplement un champ d'investissement et une source de profits. Elle a toutes les caractéristiques d'une partie d'un empire colonial. C'est également une question régionale, car les blancs ont bien été contraints aussi d'éprouver un sentiment de réaction contre le capital financier.

Il serait également intéressant d'étudier le possible développement futur de la question nègre. On a vu que, quand les Nègres ont été amenés dans le Sud, ils y sont restés pendant de nombreuses décennies. Quand il y a eu la guerre, beaucoup ont émigré vers le Nord et ont formé là une partie du prolétariat. Mais cette tendance ne peut plus jouer. Le capitalisme ne connaît pas la même expansion qu'auparavant. En fait, pendant la dépression, nombre de Nègres sont revenus vers les fermes. Il est possible qu'au lieu d'une tendance à l'émigration, il y ait maintenant une tendance des Nègres à rester dans le Sud.

Et puis il y a d'autres facteurs. La question des machines à cueillir le coton qui signifie que les travailleurs seront par milliers chassés de leur travail.

Pour en revenir à la question de l'autodétermination. Il existe la possibilité qu'au cœur de la crise sociale la manifestation du radicalisme connaisse une double phase : en même temps que la lutte pour l'égalité économique et sociale on pourra trouver la revendication du contrôle de leur propre Etat. Même en Russie, quand les bolchéviks ont pris le pouvoir, le peuple polonais ne se contentait pas de penser que cela signifiait pour lui la fin de l’oppression. Il revendiquait le droit de contrôler à sa façon son propre destin. Un tel développement est possible dans le Sud.

Les autres questions sont importantes, mais je ne crois pas qu’elles soient fondamentales ‑ qu'une nation doive avoir sa propre langue, sa propre culture, sa propre tradition. Dans une certaine mesure, ils ont développé une culture propre. Dans toutes les bibliothèques publiques, on peut trouver des livres‑fiction, anthologies, etc. ‑ qui expriment un sentiment nouveau de race.

Maintenant, du point de vue des Etats‑Unis, le retrait de la « ceinture noire » signifie l'affaiblissement de l'impérialisme américain, avec le retrait d'un grand champ d'investissement. C'est un coup en faveur de la classe ouvrière américaine.

Il me semble que l'autodétermination ne s'oppose pas à la lutte pour l'égalité sociale, politique et économique. Dans le Nord, une telle lutte est immédiate et le besoin est aigu. Dans le Nord, le mot d’ordre de l'égalité économique et politique est un mot d'ordre - une question immédiate. Sous un angle pratique, personne ne suggère que nous lancions le mot d'ordre de l’autodétermination en tant que mot d'ordre d'agitation, mais comme un mot d'ordre programmatique qui pourrait devenir à l’avenir un mot d'ordre d'agitation.

Il y a aussi un autre facteur qu'on pourrait appeler le facteur psychologique. Si les Nègres pensent que c'est une tentative pour leur imposer une ségrégation, alors il vaudrait mieux s'abstenir de lancer ce mot d’ordre jusqu'à ce qu'ils soient convaincus que tel n’est pas le cas.

Trotsky. ‑ Je ne comprends pas très bien si le camarade  [James] George propose d'éliminer le mot d'ordre d'autodétermination pour les Nègres de notre programme ou si c'est que nous ne disons pas que nous sommes prêts à faire tout notre possible pour l'autodétermination des Nègres s'ils la désirent. Que nous l'éliminions ou non, c'est une question qui concerne l’ensemble du parti.  Nous sommes prêts à les aider s'ils la veulent. En tant que parti, nous ne pouvons rester absolument neutres là‑dessus. Nous ne pouvons pas dire qu'elle serait  réactionnaire. Elle n'est pas réactionnaire. Nous ne pouvons pas leur dire de constituer un Etat parce que cela affaiblirait l’impérialisme et serait par conséquent bon pour nous, ouvriers blancs. Cela serait contre l'internationalisme même. Nous ne pouvons pas leur dire : « Restez ici, même au prix du progrès économique. » Nous pouvons leur dire : « C'est à vous de décider. Si vous voulez prendre une partie du pays, c'est bien, mais nous ne voulons pas décider à votre place. »

Je crois que les différences entre les Indes occidentales, la Catalogne, la Pologne et la situation des Noirs aux Etats ne sont pas aussi décisives. Rosa Luxemburg était contre l'autodétermination pour la Pologne. Elle pensait que c'était réactionnaire et fantastique, aussi fantastique que de demander le droit du voler. Cela démontre qu'elle ne possédait pas l'imagination historique nécessaire dans ce cas. Les grands propriétaires et les représentants de la classe dirigeante polonaise étaient également opposés à l'autodétermination, pour leurs raisons propres.

Le camarade James a utilisé trois verbes : « soutenir », « défendre », et « injecter » l'idée d'autodétermination. Je ne propose pas que le parti défende, je ne propose pas qu'il injecte, mais seulement qu'il proclame notre devoir de soutenir la lutte pour l'autodétermination si les Nègres eux-mêmes la revendiquent. Il ne s'agit pas de nos camarades nègres. Il s'agit des 13 ou 14 millions de Nègres. Ils ne savent pas encore clairement ce qu'ils veulent maintenant et il faut leur faire crédit pour l'avenir. Et ils décideront alors.

Ce que vous avez dit du mouvement Garvey est intéressant - mais cela prouve que nous devons être prudents et larges ‑ ne pas nous baser sur le statu quo. La femme nègre qui a dit à la femme blanche : « Attendez que Marcus soit au pouvoir, et vous serez traités, vous autres, comme vous le méritez » exprimait simplement son désir d'un Etat qui soit le sien. Les Noirs américains se sont rassemblés sous le drapeau du « Retour à l'Afrique » parce qu'il leur semblait une réalisation possible de leur propre désir d'une maison à eux. Ils ne voulaient pas réellement aller en Afrique ? C'était l'expression d'un désir mystique d'une maison où ils seraient libres de la domination des blancs et dans laquelle ils contrôleraient leur propre destin. C'était aussi un désir d'autodétermination. Il s'est exprimé autrefois sous une certaine forme religieuse et il prend maintenant la forme du rêve d'un Etat indépendant. Ici, aux Etats‑Unis, les blancs sont si puissants, si cruels et si riches que le pauvre métayer nègre n'ose pas dire, même à lui-même, qu'il veut prendre pour lui une partie du pays. Garvey en parlait avec chaleur, tout était beau et ce serait merveilleux. N'importe quel psychanalyste dira que le contenu réel de ce rêve était le désir d’avoir leur propre maison. Ce n'est qu'un argument en faveur de la décision d'en injecter l'idée. C'est seulement un argument qui permet de prévoir la possibilité de donner à leur rêve une forme plus réaliste.

Si le Japon envahit les Etats‑Unis et que les Nègres sont appelés à combattre ‑ ils peuvent commencer à se sentir menacés d'abord d'un côté, puis de l'autre, et finalement, éveillés, ils peuvent dire : « Nous n'avons rien à faire avec aucun de vous. Nous aurons notre propre Etat. »

Mais l'Etat nègre pourrait entrer dans une fédération. Si les Nègres américains réussissaient à créer leur propre Etat, je suis certain qu'après quelques années de satisfaction, et d'orgueil de leur indépendance, ils éprouveraient le besoin d'entrer dans une fédération. Même si la Catalogne, qui est une province très industrialisée et hautement développée, avait réalisé son indépendance, cela n'aurait constitué qu'un pas vers une fédération.

Les Juifs d'Allemagne et d'Autriche ne désiraient rien plus que d'être les meilleurs chauvins allemands. Le plus misérable de tous était le social‑démocrate Austerlitz [7], l'éditeur de l'Arbeiter Zeitung.  Mais maintenant, avec la tournure des événements, Hitler ne leur permet pas d'être des chauvins allemands. J'ai vu une photocopie écœurante, récemment, d'un acteur juif, arrivant en Amérique et se courbant pour baiser le sol des Etats‑Unis. Alors, ils vont recevoir quelques bons coups de poings des fascistes aux Etats‑Unis et iront baiser le sol de la Palestine.

Il existe une alternative à l'alternative révolutionnaire victorieuse. Il est possible que le fascisme parvienne au pouvoir avec son délire radical, l'oppression, et la réaction des Noirs sera pour l’indépendance raciale. Le fascisme aux Etats‑Unis sera dirigé contre les Juifs et les Nègres, mais particulièrement contre les Nègres et de la plus terrible manière. On créera une condition « privilégiée » pour les ouvriers blancs américains sur le dos des Nègres. Les Nègres ont fait tout ce qui était possible pour devenir partie intégrante des Etats‑Unis, psychologiquement et politiquement. Nous devons prévoir que leur réaction démontrera sa puissance pendant la révolution. Ils y entreront avec une grande méfiance vis-à-vis des Blancs. Nous devons rester neutres sur cette question et garder la porte ouverte pour toutes les possibilités tout en promettant notre soutien entier s'ils veulent créer leur propre Etat indépendant.

 Autant que je sois informé, il me semble que l'attitude du P.C. d'en faire un mot d'ordre impératif était fausse [8]. C'était comme si les Blancs disaient aux Nègres : « Vous devez constituer votre ghetto à vous. » C'est un manque de tact et c'est faux, et ne peut que repousser les Nègres. Ils ne peuvent l'interpréter que comme la volonté des Blancs d'être séparés d'eux. Nos camarades nègres peuvent dire : « La IV° Internationale dit que si nous voulons être indépendants, elle nous aidera de toutes les manières possibles, mais c'est à nous de choisir. Cependant, moi, en tant que nègre membre de la IV° Internationale, je pense que nous devons rester dans le même Etat que les Blancs », etc. Ils peuvent prendre part à la formation d'une idéologie politique et raciale des Nègres.

James. - Je suis très heureux que nous ayons eu cette discussion parce que je suis entièrement d’accord avec vous. Il me semble que c’est l’idée, en Amérique, que nous devons défendre, comme l’a fait le P.C. Vous semblez penser qu’il existe une possibilité que les Nègres veuillent l’autodétermination plus grande que je ne la crois probable. Nous sommes cent pour cent d’accord sur l’idée que vous avez mise en avant que nous devrions être neutres dans ce développement.

Trotsky. – C’est le mot « réactionnaire » qui m’a gêné.

James. – Laissez-moi citer le document : « S’il veut l’autodétermination, alors aussi réactionnaire qu’elle puisse être à tous les autres égards, il appartiendrait au parti révolutionnaire de lancer ce mot d’ordre. » Je considère l’idée de séparer comme un pas en arrière quand c’est d’une société socialiste qu’il s’agit. Si les ouvriers blancs tendent la main au Nègre, ce dernier ne voudra pas de l’autodétermination.

Trotsky. ‑ C'est trop abstrait, parce que la réalisation de ce mot d’ordre ne peut être obtenue que quand les 13 ou 14 millions de Nègres sentiront que la domination des Blancs est terminée. Combattre pour la possibilité de réaliser un état indépendant est un signe d'un sérieux réveil moral et politique. Cela constituerait un formidable pas en avant révolutionnaire. Cette montée aurait immédiatement les meilleures conséquences économiques.

Hudson. ‑ Je pense qu'on pourrait établir une analogie en relation avec les collectivités et la distribution de la terre des grands domaines. On peut considérer comme réactionnaire la division de grands domaines en petits lots, mais il n’en est pas nécessairement ainsi. La question est de savoir si les paysans veulent exploiter ces domaines collectivement ou individuellement. Nous donnons des conseils aux paysans, nous ne les forçons pas ‑ c'est leur affaire. Certains diraient que la division des grands domaines en petits lots serait économiquement réactionnaire, mais ce n'est pas ainsi [que cela se pose].

Trotsky. ‑ C'était également la position de Rosa Luxembourg. Elle soutenait que l'autodétermination serait aussi réactionnaire que la division des grands domaines.

Hudson. ‑ La question de l'autodétermination est également liée à celle de la terre et il faut l'examiner dans ses manifestations non seulement politiques, mais aussi économiques.

Rappelons qu'à cet époque les noirs américains pouvaient etre pendus par des paysans/ouvriers blancs, sans procès.
C'était donc une oppression réelle des noirs, y compris par les ouvriers/paysans blanc

Que des bus étaient interdits aux noirs, comme bon nombre des cafés et des lieux de convivialité (cela dependait des états).
Que le droit de vote leur était interdit de fait, jusque dans les années 60.
L'état n'accordait donc pas les mêmes droits aux noirs qu'aux blancs, les noirs restaient des demi citoyens, et encore..

Et malgré ça Trotsky ne revendique pas l'autodetermination pour les noirs, il dit simplement que si un mouvement de masse noir réclame cette autodetermination , le parti trotskyste doit le soutenir.

A mille lieux de la situation actuelle en France et des recommandations du PIR.

marxmarx

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Message  verié2 Jeu 12 Mai - 10:48

Impossible de répondre aux interminables dissertations de Toussaint, où il repart sans arrêt sur la loi de 2004, qui serait à ses yeux une sorte de tare indélébile de l'extrême gauche.

En ce qui concerne la position exprimée par Trotsky et James, même en faisant abstraction des différences entre la situation des Noirs aux Etats unis dans les années trente et celle des "Indigènes" dans la France d'aujourd'hui, elle se distingue complètement de la position du PIR dans la mesure où elle s'inscrit dans une démarche de classe. S'en revendiquer pour justifier la politique du PIR est une arnaque intellectuelle. Il ne s'agit pas de refuser une autonomie organisationnelle à une partie de la population si elle en manifeste la volonté, mais c'est tout autre chose de la préconiser dans les termes utilisés par le PIR. (Inutile de parler d'un projet d'autonomie étatique qui, même aux Etats unis, n'a pas eu de succès et qu'il serait grotesque de revendiquer en France.)

Toussaint, tu ironises sans cesse sur l'extrême gauche qui s'auto proclamerait "représentante des intérêts du prolétariat." Certes de telles prétentions seraient ridicules. Pourtant l'extrême gauche représente certainement beaucoup plus dans la classe ouvrière, y compris dans la classe ouvrière d'origine immigrée que le PIR parmi celles et ceux qu'il qualifie d'"indigènes" !

Contrairement à la situation qui prévalait aux Etats unis, aucune volonté de s'organiser séparèment ne s'est manifestée parmi les travailleurs "d'origine immigrée". La tentative du PIR ne relève que de la tentative de quelques individus appartenant pour l'essentiel à la petite bourgeoisie intellectuelle parfois pauvre et/ou marginalisée de se créer une base sociale.

Cela-dit, si une telle volonté se manifestait parmi les travailleurs, il faudrait bien entendu la respecter. Si Toussaint ou MO2014 pensent qu'elle existe, il faut nous en montrer des exemples concrets, en particulier dans les grandes entreprises où travaillent des centaines de milliers de travailleurs "d'origine immigrée".
(Notons au passage que les maoïstes ont déjà essayé, dans les années soixante-dix, de dresser les OS immigrés contre l'aristocratie ouvrière (ou qualifiée ainsi par eux)...

verié2

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Message  Lorry Jeu 12 Mai - 11:13

Toussaint, tu ironises sans cesse sur l'extrême gauche qui s'auto proclamerait "représentante des intérêts du prolétariat." Certes de telles prétentions seraient ridicules. Pourtant l'extrême gauche représente certainement beaucoup plus dans la classe ouvrière, y compris dans la classe ouvrière d'origine immigrée que le PIR parmi celles et ceux qu'il qualifie d'"indigènes" !

Contrairement à la situation qui prévalait aux Etats unis, aucune volonté de s'organiser séparèment ne s'est manifestée parmi les travailleurs "d'origine immigrée". La tentative du PIR ne relève que de la tentative de quelques individus appartenant pour l'essentiel à la petite bourgeoisie intellectuelle parfois pauvre et/ou marginalisée de se créer une base sociale.

Même si on peut déplorer qu'il y ait aujourd'hui trop peu de travailleurs issus de l'immigration au sein du mouvement ouvrier, dans les syndicats, au PC ou à l'extrême-gauche, le nombre de ceux qui y militent et y ont milité n'a rien à voir avec celui, proche de zéro, de ceux qui se font avoir par les sirènes réactionnaires du PIR. Dans les luttes, quand elles existent, les travailleurs de toutes origines se retrouvent au coude à coude contre leurs exploiteurs, et n'en ont rien à foutre des délires de petits bourgeois phraseurs qui voudraient les diviser par couleurs, nationalités ou religions .
Par ailleurs, on peut hélas constater que le mouvement ouvrier est faible dans le recrutement de nouvelles générations de militants, toutes origines confondues, et que c’est ça le vrai problème.

Lorry

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Message  MO2014 Jeu 12 Mai - 23:09

verié2 a écrit:
...aucune volonté de s'organiser séparèment ne s'est manifestée parmi les travailleurs "d'origine immigrée".

Quel aveuglement ! Le même vérié2 qui ne trouve rien dire sur l'organisation autonome des ouvriers contre les patrons, des femmes contre les discriminations, les jeunes dans les organisations de jeunesse, des écologistes dans leurs partis...etc. s'offusque de l'organisation indépendante des racisés en les qualifiant de communautaristes, de petits bourgeois, de diviseurs...etc.

Voyons voir :

Les innombrables grèves de la fin des années 60 aux années 70, 80... (OS de Billancourt, Pennaroya, Renault à l'Ile Seguin., Renault le Mans, Brandt, Fos/mer, chantier naval de la Ciotat, Margoline, Peugeot, nettoyeurs métro parisiens, Déhé. Les conflits sur le logements (foyers d'Ivry et de Saint Denis, Sonacotra, Bidonville des "portugais" et Grigny, Villeurbane, Montbéliard... Les luttes contre les expulsions (lutte contre les expulsions de Lauretta Fonseca, de Sadok Djeridi, de  Saïd Bouziri, de Mohamed Laribi, de Mohamed Najeh, Larbi Boudjenana..., luttes d'Aix-en-Provence d'Oyonnax, grêve de la faim à La Ciotat, manifestations des sans papiers... Les luttes contre les crimes racistes, les mobilisations suite aux assassinats de Djellali Ben Ali, Mohamed Diab, Rezki Arezki, Lounes Ladj,...Les manifestations de soutien avec la Palestine... la création du MTA. Le couronnement de tout cela c'est la mobilisation de masse, indépendante, auto-organisée : la marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983 qui amène l'immigration et ses descendants, les colonisés des anciennes colonies et les colonisés "de l'intérieur" à l'existence politique indépendante...

Face à cette menace politique indigène, la réaction blanche s'est matérialisée depuis des dizaines d'années de plusieurs manières : Le détournement avec SOS Racisme, la récupération et le clientélisme, la répression... les pseudos carottes, la politique de "fermeté" du PS avec Deferre puis Fabius avec les centres de rétention... dressant une unité institutionnelle blanche avec l'UDF et le RPR  contre "l'immigration clandestine".
En parallèle se construit la récupération et l'intégration au sein de SOS Racisme et au profit du PS avec le soutien d'organisations d’extrême gauche...
Jusqu'aux campagnes islamophobes menées dans une sainte alliance d'une partie de l'extrême gauche jusqu'à l'extrême droite pour la loi dite d'interdiction du voile suivis des lois et des circulaires pour stigmatiser les musulmans réels ou supposés.

Dans cette continuité réactionnaire jusqu'à aujourd'hui, vérié2, qui n'a pas vu les mobilisations indépendantes des indigènes depuis près de 50 ans en nous demandant de les citer, qui expliquait que l'opposition aux lois de stigmatisation des musulmans était une question "tactique", qui prônait la discussion avec les femmes voilées afin de dénoncer le caractère oppressif de la religion musulmane... et qui  vient nous dire que si ces mobilisations se manifestent un jour, il faudra les considérer. On le laissera faire l'autruche.

Le prolétariat indigène s'est révélé dans l'histoire des luttes avec une radicalité décoloniale dans les entreprises depuis des dizaines d'années. Les racisés luttent dans les quartiers populaires, les foyers, contre les violences et les discriminations. La puissance indigène et son affirmation politique n'ont cessé de se matérialiser, ses manifestations les plus récentes étant les mobilisations contre l'islamophobie et le soutien aux palestiniens, la marche pour la dignité.... par la création du BAN, du CCIF, du FUIQP, du PIR,....  C'est irréversible.

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Message  Lorry Jeu 12 Mai - 23:26

La puissance indigène et son affirmation politique n'ont cessé de se matérialiser, ses manifestations les plus récentes étant les mobilisations contre l'islamophobie et le soutien aux palestiniens, la marche pour la dignité.... par la création du BAN, du CCIF, du FUIQP, du PIR,.... C'est irréversible.

Faut-il en rire tellement c'est burlesque ? Zero prolo, zero mobilisation populaire et ouvrière....juste un ramassis de petits-bourgeois frustrés, pas aussi bien payés qu'ils le voudraient (mais bien nourris et mediatisés), comme Bouteldja bien planquée à l'Institut du Monde Arabe et qui se la jouent sous-prolos alors qu'ils n'ont aucune base sociale en dehors de leurs misérables petits cercles d'universitaires ratés.

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Message  verié2 Ven 13 Mai - 10:48

MO2014
Les innombrables grèves de la fin des années 60 aux années 70, 80... (OS de Billancourt, Pennaroya, Renault à l'Ile Seguin., Renault le Mans, Brandt, Fos/mer, chantier naval de la Ciotat, Margoline, Peugeot, nettoyeurs métro parisiens, Déhé. Les conflits sur le logements (foyers d'Ivry et de Saint Denis, Sonacotra, Bidonville des "portugais" et Grigny, Villeurbane, Montbéliard...
Aucune des luttes que tu énumères n'a été menée sur des bases de "race" et/ou d'origine. Les travailleurs en question se sont battus sur des bases de classe. Si on prend par exemple les grèves récentes des nettoyeurs de la SNCF (j'en ai suivi quelques-unes et je connais personnellement des travailleurs de ce secteur), dont le personnel est constitué en quasi totalité de travailleurs d'origine immigrée voire de sans papiers, jamais ces travailleurs ne se sont définis comme "Indigènes" ou assimilé ! Non seulement ils ne se sont pas opposés aux cheminots à statut SNCF (qui ne sont d'ailleurs pas tous Blancs), mais ils ont obtenu le soutien d'une partie d'entre eux et de syndicalistes. Par exemple à la Gare de Lyon, les nettoyeurs du technicentre et des TGV ont été soutenus (avec efficacité !) par des militants Sud et CGT. Jamais il n'y a eu d'opposition contre "le champ politique blanc" (selon ton jargon).

Je pourrais te parler d'ailleurs aussi de luttes de foyers et d'habitants d'hôtels meublés qui ne se sont jamais déroulés non plus sur des bases de "race" ou d'origine mais tout simplement sur la base d'une situation commune. Avant de raconter n'importe quoi et d'étaler tes fantasmes, il faudrait, MO2014, que tu t'informes sérieusement sur ces luttes dont visiblement tu ne sais rien.

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Message  MO2014 Ven 13 Mai - 11:42

Il nous demande de citer des luttes menées essentiellement par des émigrés ou leurs descendants.

MO2014 a écrit:
Les innombrables grèves de la fin des années 60 aux années 70, 80... (OS de Billancourt, Pennaroya, Renault à l'Ile Seguin., Renault le Mans, Brandt, Fos/mer, chantier naval de la Ciotat, Margoline, Peugeot, nettoyeurs métro parisiens, Déhé. Les conflits sur le logements (foyers d'Ivry et de Saint Denis, Sonacotra, Bidonville des "portugais" et Grigny, Villeurbane, Montbéliard... Les luttes contre les expulsions (lutte contre les expulsions de Lauretta Fonseca, de Sadok Djeridi, de  Saïd Bouziri, de Mohamed Laribi, de Mohamed Najeh, Larbi Boudjenana..., luttes d'Aix-en-Provence d'Oyonnax, grêve de la faim à La Ciotat, manifestations des sans papiers... Les luttes contre les crimes racistes, les mobilisations suite aux assassinats de Djellali Ben Ali, Mohamed Diab, Rezki Arezki, Lounes Ladj,...Les manifestations de soutien avec la Palestine... la création du MTA. Le couronnement de tout cela c'est la mobilisation de masse, indépendante, auto-organisée : la marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983 qui amène l'immigration et ses descendants, les colonisés des anciennes colonies et les colonisés "de l'intérieur" à l'existence politique indépendante...

On lui cite avec faits et argumentations et il continue à nier leur caractère de conflits de race sociale, largement démontré depuis. Il continue de marteler comme un sourd/aveugle, "non ces luttes n'était pas menées par des racisés" (rappelons nous les réactions de Mauroy a propos des grêves de l'automobile, les différentes loi sur le "retour, les camps rétention...etc. ). Verié2, répéter comme un automate qu'il s'agit de conflit de classe en niant leur sens de race sociale c'est faire de la politique dans les bibliothèques en étant coupé totalement des réalités ouvrières et populaires de ce pays.
Lui qui ne trouve rien dire sur l'organisation indépendante des femmes contre les discriminations, les jeunes dans les organisations de jeunesse, des écologistes dans leurs partis...etc. combat l'organisation indépendante des racisés en les insultant en les qualifiant de communautaristes, de petits bourgeois, de diviseurs...etc.... Lui qui considère la lutte contre les loi de discrimination islamophobe comme "tactique" et qui encourageait les militants à discuter avec les femmes portant le foulard religieux pour leur démontrer le caractère aliénant et sexiste de la religion musulmane... Ce courant d’extrême gauche est complétement dégénéré à l'image de son organisation référente, LO, largement marqué par son communautariste blanc et sa composition sociale de fonctionnaires et de profs laïcistes.

MO2014

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