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Indigènes de la République

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Indigènes de la République - Page 2 Empty Re: Indigènes de la République

Message  Rougevert Jeu 18 Juin - 21:26

Comment répondre à un tel acte d'accusation? Very Happy
Libre à toi de penser ce que tu veux....de moi, ça ne 'empêche pas de dormir.
Je n'ai pas répondu sur Lefebvre, sinon pour dire que la lecture de CLS par un tiers ne m'intéresse pas, dès lors qu'il écrit:
Dès le début de sa carrière scientifique, Claude Lévi-Strauss a mené l'attaque à la fois contre la notion marxiste de l'historicité et contre l'histoire comme science
Combattre les idées de Marx n'a jamais été l'obsession de CLS.
Ceux qui parlent "d'attaque" sont ceux qu'il dérange dans leurs certitudes....ou qui ne l'ont lu ou pas compris.
Je ne prétends pas l'avoir parfaitement compris: j'ai fait ce que j'ai pu face à des livres passionnants.

Mais tu as objectivement tort sur un point.
Je n'ai guère été bavard sur Bouteldja.
Je l'ai citée donc lue (tu ne peux le contester)et j'ai demandé qu'on (Toussaint) justifie ses déclarations.
Tu prétends que j'interprète mal (avec une "explication" plutôt sommaire).
J'ai bien le droit d'avoir une opinion sur ce que j'ai lu.
Alors montre nous donc toutes les subtilités de la "pensée" de Bouteldja et en quoi ce qu'elle écrit peut signifier..."autre chose".
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Message  MO2014 Jeu 18 Juin - 23:12

Rougevert a écrit:
Je l'ai citée donc lue ...
J'ai bien le droit d'avoir une opinion sur ce que j'ai lu.

oui et la condamnation est définitive et clôt définitivement la discussion qui n'aura donc jamais commencé :

Rougevert a écrit:
-l'amalgame entre colonisation/modernité et libération des femmes et des homosexuel(le)s.
-Un féminisme borné par l'Islam
-le projet d'une théocratie (l'Islam Politique), basée sur le retour à une "personnalité historique de l'Islam" (dont elle ne dit pas grand chose, car il fût esclavagiste, féodal et colonial)
Bref les caractéristiques d'un mouvement islamiste radical.

Il est donc clair que c'est à partir de conclusions "a-priori" que tu "interprètes" les textes d'Houria Bouteldja et ceux du PIR. Tu ne cherches pas à comprendre à partir d'une lecture approfondie mais à partir de convictions rabachées.

Pourtant si tu avais un doute -c'est une hypothèse car manifestement tu n'en as pas ce qui est plutôt le marqueur d'un esprit plus religieux que scientifique- ce doute pourrait être levé par la confrontation des idées du PIR à sa pratique, dans les luttes concrètes contres les discriminations, contre les lois et pratiques racistes de l'état colonial, dans les luttes de solidarité ouvrières, sociales, dans les campagnes et luttes de solidarité internationales...etc. mais à aucun moment tu ne l'auras fait.

MO2014

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Message  Rougevert Jeu 18 Juin - 23:55

Je doute, mais pas au point de ne jamais pouvoir prendre position.
Déjà les éructations de Toussaint contre LO "la secte blanche raciste" me donnaient la nausée.
Mais les "sybillins" (pour ses groupies) propos de Bouteldja me permettent de te le confirmer.
Avec le PIR, comme avec Dieudonné, on ne discute pas.
D'ailleurs tu n'as même pas essayé de le faire, en essayant par exemple de donner d'autres conclusions/interprétations que les miennes sur son texte en faveur de l' Islam, et d'ailleurs du SEUL Islam comme si tous les colonisés étaient des Musulmans!
Te rappelles-tu avoir réduit la question de la tenue vestimentaire des femmes à la colonisation de l'Algérie, quand je parlais du colonialisme dans le monde et donc en Afrique Noire, en Mélanésie, Amérique du Sud et Océanie?
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Message  MO2014 Ven 19 Juin - 9:11

Rougevert a écrit:
Te rappelles-tu avoir réduit la question de la tenue vestimentaire des femmes à la colonisation de l'Algérie,

Tu fais une erreur mais c'est normal avec toutes tes marottes.
Tu ignorais les campagnes de dévoilement colonialiste en Algérie, tu es as d'abord nié et devant les documents produits (dans le sujet consacré à l'islamophobie) l'évidence c'est imposé alors tu as parlé d'autres choses en me reprochant de ne pas l'avoir fait  Rolling Eyes  (alors que je publie régulièrement sur l'Algérie passée ou présente ou encore la Palestine...) bref un hors sujet chasse l'autre.
C'est comme cela que tu procèdes à chaque fois avec moi, Babel, Toussaint ou verié2... et les interlocuteurs que tu parasites. Sur un sujet A tes interlocuteur produisent des arguments et des documents que tu ne lis pas, puisque tu pars de tes conclusions "a-priori" et ... tu passes alors au sujet B en reprochant à celui qui produit de ne pas le faire sur B. Puis C, Comme cela jusqu'à Z puis cela recommence   Evil or Very Mad  . Tu es ce que l'on appelle sur les forums, un troll, qui n'est pas là pour lire, réfléchir, échanger... mais pour passer son temps à l'auto-justification en bloquant tout débat. Les masques tombent !

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Message  Toussaint Sam 20 Juin - 18:49

Avec le PIR, comme avec Dieudonné, on ne discute pas.

Very Happy Avec les islamophobes de ton espèce non plus, et quant au talon sur la gueule de l'autre bouffon... Very Happy

Sur Angela Davis, un certain nombre de choses, elle lit parfaitement le français, et le parle assez couramment, le comprend à la perfection... Quant à la manipuler... Very Happy  Evidemment, noire et femme, cela fait d'elle une personne manipulable... pour certains.

En tous les cas, il était évident à l'inviter qu'elle parlerait non seulement de l'opposition au régime carcéral mais aussi du racisme, de l'islamophobie et du soutien aux luttes LGBT, parce que pour celles et ceux qui suivent ce que dit Angela ce sont les thémes qu'elle martèle avec la nécessité de la révolution sociale et de l'internationalisme. Et elle a repris ces thèmes sous les applaudissements des militants et militantes du PIR. Ce sont des faits vérifiables et aussi parmi ces faits les multiples interventions des petites bourgeoises universitaires dont parlent ici en boucle quelques comiques dès que de PIR il s'agit. J'ai posté les liens avec les interventions des petites bourgeoises...  Very Happy  Il est vrai que pour le savoir il faut regarder les liens, ce que ne fait pas l'ennemi, et je le comprends, il n'est pas dans la discussion, mais dans le coup de talon prudemment virtuel.  Very Happy

Plus sérieusement, MO, je persiste à dire qu'il faut avoir comme position de principe de ne pas discuter avec la meute islamophobe de la gauche coloniale, cela ne sert à rien par définition, bien au contraire, c'est entretenir l'illusion qu'il y aurait entre eux et nous un autre scénario possible que la confrontation. Lorsque l'un de la meute parle de talon sur la gueule, je le crois sincère et sérieux, et cela ne reste virtuel que parce qu'on est sur le web et que la meute des islamophobes drapés de rouge n'a ni le nombre ni les dents pour s'attaquer au PIR et à ses alliés. En revanche, le coup de talon rejoint ce que disent pas mal de sites et de vidéos identitaires fascistes,etc. Or ces gens-là, drapés eux de blanc, sont plus dangereux que la meute de l'extrême gauche coloniale.

Indigènes de la République - Page 2 Besanc11

On reconnaîtra les déjections reprises sur le FMR par la meute islamophobe.

Les uns et les autres se rejoindront un jour dans les pogroms comme ils se sont rejoints pour exclure les musulmanes visibles des enseignements publics, comme on va les voir soutenir ouvertement ou laisser, voire procéder à l'exclusion de musulmanes voilées des amphis comme des crèches et des sorties scolaires. Depuis la création du PIR, les cris de haine, on a l'habitude de les entendre, il ne faut pas parler avec ces blancs-là, comme ils le disent eux-mêmes ils ne sont pas dans le débat mais dans l'éradication.


Dernière édition par Toussaint le Sam 20 Juin - 19:43, édité 5 fois
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Message  Toussaint Sam 20 Juin - 18:56

Pour définir le degré d'hypocrisie, ils pleurent tous Malcolm X (parfois dans le même torchon gauchiste, on a pu lire une longue calomnie des Indigènes et un éloge de Malcolm). Or Malcolm était, est mort musulman, totalement musulman, et si on parle de machismo, alores disowns aussi que Malcolm n'a jamais été féministe. Mais ils peuvent encenser notre camarade Malcolm, il était loin, il est mort... Ici, vivant, ils lui auraient mis leur talon virtuel sur sa gueule d'indigène.

En revanche, les militants du PIR, eux, sont ici, et bien vivants. Alors, feu... virtuellement (en attendant mieux...) sur les Houria, Sadri, etc...

Faut pas parler avec ça, MO.
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Message  Leoni Dim 21 Juin - 10:26

Si on se place du point de vue des croyants, musulmans ou autres, c'est Dieu ou Allah, ou Jéhovah qui a créé le monde, donc l'homme et la femme , avec tous leurs attributs (chevelure, prépuce, clitoris..)....Ce sont donc des hommes, prophètes ou non, qui auraient décidé......
Quel est donc le sens du voile ? Pourquoi donc se cacher les cheveux, création divine ! Et les mains, les bras, les jambes...
Pas une soumission à Dieu en tout état de cause !
Une soumission à l'homme, au mari ? pour protéger la femme des "regards impurs" ? En tout état de cause contraire au principe démocratique de l'égalité homme-femme!
Un libre choix de la femme, par esthétisme ( tous les goûts sont dans la nature), par provocation, mais alors contre qui, contre quoi...? Contre l'interdiction des signes religieux ostentatoires au nom de la laïcité ? Mais c'est justement pour éviter les guerres de religion et cantonner la pratique religieuse dans l'espace privé.

Une preuve manifeste de l'existence de Dieu: il a fallu de centaines de milliers d'années pour passer d'un osselet pour le système auditif des reptiles à trois osselets pour celui des mammifères !!
Tout ça ( les guerres de religions, les millions de morts.....) pour ça !
Si maintenant on se place du point de vue de la raison, du réel et non du fantasme ou des croyances absurdes (stade infantile de l'humanité),
la classe ouvrière est mondiale, le capital est mondial, la lutte de classe pour le communisme et la fraternité humaine est donc internationale et rejette par principe toutes les divisions ethniques, religieuses, culturelles, sexistes...qui ne profitent qu'à l'ennemi de classe, la classe capitaliste. Les prolétariats des ex-pays colonisés et des ex-pays (ou encore pays) colonisateurs sont des parties d'un tout fraternel et solidaire dont les divisions, conscientes ou non, ne sont que des instruments au service du capital (qui lui n'a pas de frontières et sait parfaitement les utiliser sinon les susciter!)

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Message  Babel Dim 21 Juin - 13:00

Contretemps a réuni les pièces d'un intéressant dossier qui reprend quelques uns des textes et des thèmes ayant été débattus sur ce fil. Les contributions proposées permettent de recentrer le débat autour de questions clés.  

La gauche, les Indigènes, l’antisémitisme…

Le récent article de Houria Bouteldja, « Racisme(s) et philosémitisme d'État », a suscité un certain nombre de contributions et s’est plus largement inscrit dans la discussion autour du « philosémitisme d’État ». On peut notamment évoquer le communiqué du MRAP ou encore les interventions de François Calaret, Yitzhak Laor, Daniel Bensaïd, Ivan Segré, Michèle Sibony, Pierre Stamboul et Rudolf Bkouche de l’UJFP, ainsi que celle de la sociologue des discriminations Alana Lentin, récemment mise à disposition en français pour ContreTemps web. Nous avons également choisi de mettre en avant ces « réflexions pour "politiser l’antiracisme" »  de Denis Godard, déjà publiées sur le site du NPA, qui se veulent non seulement une réponse à Houria Bouteldja, mais aussi une opportunité – soit-elle critique et polémique – d’envisager une stratégie antiraciste adaptée à la conjoncture.

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Message  Toussaint Dim 21 Juin - 19:43

Il ne manque pas de fils sur la religion, sur l'islam, sur Dieu sait quoi dans son infinie sagesse et sa miséricorde toute-puissante pour ne pas venir lancer une énième discussion sur les méfaits de la religion qui emprisonne et les bienfaits du socialisme scientifique qui libère sur le fil des Indigènes qui ne sont pas, que je sache, une organisation musulmane ou chrétienne.
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Message  Invité Dim 21 Juin - 21:52

Toussaint a écrit:Il ne manque pas de fils sur la religion, sur l'islam, sur Dieu sait quoi dans son infinie sagesse et sa miséricorde toute-puissante pour ne pas venir lancer une énième discussion sur les méfaits de la religion qui emprisonne et les bienfaits du socialisme scientifique qui libère sur le fil des Indigènes qui ne sont pas, que je sache, une organisation musulmane ou chrétienne.

Eux c'est pas se qu'ils ont dit, encore une foi du grand n'importe quoi ont y comprend rien!!!

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Message  Babel Lun 22 Juin - 3:57

Jesuisfred a écrit:Eux c'est pas se qu'ils ont dit, encore une foi du grand n'importe quoi ont y comprend rien!!!

Toussaint réagit à ce post-ci, qui précède le mien :

Leoni a écrit:Si on se place du point de vue des croyants, musulmans ou autres, c'est Dieu ou Allah, ou Jéhovah  qui a créé le monde, donc l'homme et la femme , avec tous leurs attributs (chevelure, prépuce, clitoris..)....Ce sont donc des hommes, prophètes ou non, qui auraient décidé......
Quel est donc le sens du voile ? Pourquoi donc se cacher les cheveux, création divine ! Et les mains, les bras, les jambes...
Pas une soumission à Dieu en tout état de cause ! [...]

Babel

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Message  Invité Lun 22 Juin - 6:41

Babel a écrit:
Jesuisfred a écrit:Eux c'est pas se qu'ils ont dit, encore une foi du grand n'importe quoi ont y comprend rien!!!

Toussaint réagit à ce post-ci, qui précède le mien :

Leoni a écrit:Si on se place du point de vue des croyants, musulmans ou autres, c'est Dieu ou Allah, ou Jéhovah  qui a créé le monde, donc l'homme et la femme , avec tous leurs attributs (chevelure, prépuce, clitoris..)....Ce sont donc des hommes, prophètes ou non, qui auraient décidé......
Quel est donc le sens du voile ? Pourquoi donc se cacher les cheveux, création divine ! Et les mains, les bras, les jambes...
Pas une soumission à Dieu en tout état de cause ! [...]

Moi quant j'ai rien a dire j’interviens pas, tous qui intéresse toussaint c'est de trouvé des raciste pour satisfaire sont LO phobie!

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Message  MO2014 Lun 22 Juin - 12:02

Il faut définitivement se débarrasser des approches des classes sociales qui passent outre les considérations sur la race. Eilzabeth Esch et David Roediger présentent diverses analyses de Bourdieu, Wacquant, Adolph Reed ou encore Darder et Torres, qui font volontairement l’impasse sur la race. Les auteurs proposent à l’inverse de relire plusieurs épisodes récents en Australie, en Afrique du Sud ou au Venezuela pour apprécier l’importance théorique et militante d’un antiracisme qui prenne en compte la race.

Pour déracialiser, il faut penser la race (et la classe)
Elizabeth Esch18 juin 2014
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Peu avant la fin du régime d’apartheid en Afrique du Sud, dans le formidable bouillonnement d’activité qui agitait les organisations de lutte récemment relancées et sorties de la clandestinité, l’une des nombreuses idées en débat était la « déracialisation » (non-racialism).

Comme la construction d’une nation « non-racialisée » était depuis longtemps l’un des objectifs de l’African National Congress (ANC), le terme a infléchi les débats sur les réponses à l’inégalité raciale, parmi d’autres transformations sociales dans une Afrique du Sud libre, en particulier lorsqu’il fut envisagé d’inscrire l’action affirmative (ou « discrimination positive ») dans le projet constitutionnel. Les libéraux de gauche, tout comme certains marxistes, s’opposèrent à une focalisation sur la dimension « raciale » des analyses très avancées du capitalisme racial qui prévalaient alors. Les uns affirmaient qu’un capitalisme sans apartheid réglerait la question des inégalités raciales par le biais de la croissance économique. Les autres voyaient le dépassement du capitalisme comme la clé, et peut-être la condition de possibilité, d’une future société sans races. C’est alors que d’autres militants ont avancé une idée aussi percutante qu’audacieuse, particulièrement précise et stimulante comme point de départ à tout débat sur la race et le racisme : « La voie vers la déracialisation passe par la race » (“The way to non-racialism is through race”).

Dans la mesure où nous défendons cette approche, nous souhaitons proposer aux lecteurs du New Socialist de rompre avec les approches de la race et de la classe qui présupposent (de façon indépassable) que ces questions s’excluent mutuellement. Si les révolutionnaires ont pu apprendre quelque chose du XXe siècle, c’est que les oppressions sont multiples et que les rapports de classe ne suffisent pas à les expliquer entièrement. Dans notre critique de certains marxistes, pour le réductionnisme économiciste de leurs analyses du racisme, ou pour leur négligence du rôle crucial de la lutte antiraciste dans la construction d’une résistance anticapitaliste, nous souhaitons pourtant contribuer à l’élaboration d’une économie politique du racisme au sein de la tradition marxiste.

Les outils d’analyse marxistes
Le marxisme a produit les meilleurs outils pour comprendre la race et le racisme. Ce sont les marxistes qui ont le plus efficacement exploré l’idée que la race est une construction sociale, et la tradition d’étude critique de la blanchité (whiteness) a été entretenue par un large spectre de théoriciens matérialistes comme James Baldwin, W.E.B. Du Bois, Oliver Cox, Karen Brodkin, Michael Rogin, Theodore Allen ou Noel Ignatiev.

Le refus catégorique de considérer la race comme réalité scientifique mesurable, est un autre des apports du marxisme. Il n’est pas surprenant que les principaux démystificateurs de la science raciste, comme Stephen Gould, aient été influencés par le matérialisme historique. Entre autres brillantes contributions, Gould a montré que les tentatives de mesurer la race pour en prouver l’existence, reposaient en fait sur la présupposition de celle-ci ; ce qui a donné au matérialisme historique l’un de ses arguments les plus tranchants contre l’idée selon laquelle la réalité des différences raciales serait biologique et mesurable, bien avant les « nouvelles » preuves livrées par la découverte du génome humain.

Ces outils sont plus nécessaires que jamais. Un peu partout dans le monde, on peut encore clairement constater l’importance persistante de la race1 dans la structuration de l’oppression, dans l’élaboration de stratégies de gouvernement dans le capitalisme, et dans certaines dimensions de la résistance à celui-ci.

Au Venezuela, l’opposition à Hugo Chavez et à sa base sociale s’appuie sur des arguments racistes anti-indigènes et anti-africains tellement systématiques que le grand journaliste de gauche Tariq Ali considère l’élite de ce pays comme la force réactionnaire blanche la plus consciente du monde. Au Brésil, des mesures d’action affirmative viennent tout juste d’être mises en place, alors qu’aux États-Unis, il est très clair maintenant que de puissants courants de la droite prônent un « conservatisme racialement neutre » (colorblind conservatism) non seulement contre les politiques d’action affirmative mais aussi contre la collecte de données statistiques relatives aux inégalités raciales.

Lors de sa réélection à la présidence des États-Unis, G.W. Bush a obtenu un grand succès aussi bien chez les électeurs aux revenus annuels supérieurs à 200 000 dollars, que chez les hommes blancs. Récemment, un important politicien français2 a été critiqué pour ses attaques racistes visant de jeunes musulmans révoltés contre les violences policières à Paris et dans sa banlieue. Il a promptement réagi en organisant un voyage en Martinique censé mettre en évidence que la couleur n’a pas d’importance dans le monde colonial français. Il y était si peu le bienvenu, comme le lui avait signifié entre autres le grand poète et théoricien de la libération martiniquais Aimé Césaire, que le coup médiatique a dû être annulé.

La classe sans la race ?
Au vu de ce contexte, il est surprenant de constater que des secteurs de la gauche radicale comme de la gauche libérale tentent d’écarter la race de toute analyse de classe, et ce faisant, accordent à la classe une importance tellement plus grande qu’ils en viennent même à contester le recours à la race et au racisme comme catégories d’analyse.

Le sociologue et activiste Pierre Bourdieu et son proche collaborateur Loïc Wacquant ont ainsi présenté une partie des analyses de la dimension raciale du pouvoir dans le monde, et en particulier le développement de l’action affirmative au Brésil, comme un désastre résultant de l’investissement massif des États-Unis dans l’exportation de certaines idées, relevant de la « ruse de la raison impérialiste ». Antonia Darder et Rodolfo Torres soutiennent quant à eux que le « problème du XXIe siècle » est l’utilisation de concepts tels que la « race » et la « blanchité » (whiteness), comme en écho aux positions du socialiste étatsunien Eugene V. Debs qui déclarait un siècle plus tôt que les socialistes – blancs, supposément – n’avaient « rien de particulier » à apporter aux Afro-américains, si ce n’est une place dans la lutte des classes.

Ces observateurs considèrent toute focalisation sur la racialisation du pouvoir ou toute analyse structurelle de la blanchité comme autant d’« écrans de fumée », développés dans le seul but de « parvenir à masquer et brouiller les intérêts de classe ». Et si Darder et Torres concèdent encore que la question du « racisme » est digne d’intérêt, ce n’est même plus le cas du politiste critique Adolph Reed Jr. dans ses travaux récents. Ce dernier affirme que pour les militants, « la dénonciation du racisme est une sorte d’appendice politique : un vestige inusité d’un stade antérieur de l’évolution, le plus souvent inoffensif mais susceptible de s’enflammer dangereusement ». Pour Reed comme pour Debs, le « véritable clivage », c’est la classe.

Ce rejet sans appel de la catégorie de race provient de tout ce qui en fait une catégorie d’un type différent de la classe : la déplorable tendance générale à l’associer à des considérations biologiques, qui se maintient en dépit de preuves scientifiques décisives ; l’acceptation tacite du nettoyage ethnique comme arme de guerre, les décennies de défaites des mouvements antiracistes dans certains pays, et les difficultés à rapprocher les différents combats au niveau international contre ce que leurs acteurs nomment le « racisme ». Ce contexte n’est pourtant pas une excuse pour un tel rejet.

Dans cet article, nous affirmons que la lutte contre la racialisation et contre le capitalisme passe encore par une analyse de race et de classe, ainsi que par l’action antiraciste. Les rédacteurs du New Socialist nous ont assigné la tâche d’expliquer notre méthode, mais également d’apporter un éclairage quant à la nature du racisme aujourd’hui. Nous souhaitons aborder par la même occasion plusieurs points qui nous paraissent particulièrement essentiels pour un antiracisme qui soit plus élaboré sans devenir jargonnant, et qui soit militant, tout en gardant à l’esprit que le slogan « Noirs et Blancs, unissez-vous et luttez » est, pour citer le socialiste révolutionnaire trinidadien C.L.R. James, « inattaquable en principe, mais souvent trompeur et parfois même dangereux au regard de la réalité, infiniment variée, tumultueuse, passionnée, voire meurtrière, des relations raciales ».

Il existe une forte tendance chez les marxistes à réduire les causes du racisme à la compétition sur le marché du travail. Pourtant, cette idée que le racisme n’est produit que par la compétition économique néglige cruellement le fait que les actes racistes sont parfois, peut-être même souvent, des actes de prise de pouvoir racial plutôt que de perte de pouvoir de classe (racial empowerment rather than class disempowerment). L’existence d’écoles et de quartiers exclusivement blancs s’explique moins que jamais par les discriminations structurelles à l’emploi, à l’heure où les lieux de résidence et de travail sont parfois très éloignés géographiquement. Et si l’on admet que certains des espaces les plus blancs de la société ne sont pas liés à la concurrence raciale au sein de la main d’œuvre, alors il faut comprendre que race et racisme se développent par-delà les rapports spécifiques de production et de reproduction.

À partir des idées de Lénine sur la matérialité de l’idéologie, et de Du Bois sur le salaire psychologique que la race donne aux travailleurs blancs, nous comprenons que la race – comme le genre – configure les rapports de pouvoir de multiples façons. Comprendre le racisme implique de saisir les rapports de pouvoir existant séparément et au-delà des classes. L’histoire de la peine de mort aux États-Unis montre clairement que tuer un Blanc est considéré dans cette société comme un crime plus durement punissable que tuer un Noir, ce qui souligne la nécessité de comprendre que l’État joue non seulement un rôle de supervision, mais aussi de production de règles sociales fondées sur la race.

Leçons d’Australie
Évoquons maintenant brièvement les récents déboires de la gauche et du mouvement syndical en Australie, pour illustrer la grande urgence de cet appel à continuer d’analyser les rapports de pouvoir de race, et pas seulement de classe. Au début de décembre 2005, le gouvernement du Parti libéral (droite) a fait passer en force, presque sans débat, une funeste série de lois qui ont placé le pays à l’avant-garde mondiale de la réaction. Ainsi, le gouvernement de John Howard a élaboré un nouveau code du travail draconien, dans la plus pure tradition thatchérienne, et une loi anti-terrorisme qui rivalise avec le Patriot Act en vigueur aux États-Unis.

La clé de voûte de ce triomphe du néolibéralisme, objet de l’opposition la plus significative de la part de la gauche et des syndicats, est la spectaculaire contre-réforme du droit du travail. Regroupant un très grand nombre de mesures désignées par un doux euphémisme (“WorkChoices”, choix du travail), celle-ci abolit les procédures de recours en cas de licenciement dans toutes les entreprises de moins de 100 salariés et dans les cas (évidemment très fréquents) où l’employeur déclare que les licenciements répondent à des « nécessités opérationnelles ». Elle élimine les primes pour heures supplémentaires tout en ouvrant la voie aux heures supplémentaires forcées, avec une habileté à rendre jaloux les stratèges anti-syndicaux de l’administration Bush. Elle restreint drastiquement l’accès des syndicats aux lieux de travail tout en limitant brutalement et en criminalisant de plus en plus le droit de grève. Elle permet la dénonciation unilatérale des accords collectifs par les employeurs, après leur date d’expiration. Les accords de salaire minimum sont placés entre les mains d’une commission chargée de raisonner en termes de compétitivité économique – plutôt que de salaires justes et à hauteur des besoins vitaux, dans la meilleure tradition de l’histoire des travailleurs blancs d’Australie. Au cours du processus qui a conduit à l’adoption de cette loi, ses opposants ont réuni des centaines de milliers de manifestants dans des mobilisations qui furent, avec les manifestations contre la guerre en Irak en 2003, les plus grandes de l’histoire du pays.

La loi anti-terrorisme, adoptée sans ces protestations de masse et tandis que la presse était légalement empêchée d’évoquer son contenu, autorise la détention confidentielle et sans preuves d’actes criminels. La divulgation d’informations sur ces arrestations et ces interrogatoires irréguliers est même devenu un crime, qu’elle soit le fait de journalistes ou d’autres personnes. Les autorités à la recherche de tels détenus potentiels pourront « tirer pour tuer » sans être inquiétées. Des poursuites pourront être engagées pour « incitation à la déloyauté » vis-à-vis de l’État, ce qui suscite les craintes des militants aborigènes dont les campagnes pour le droit à la terre et aux « revenus volés » reposent nécessairement sur l’analyse et la critique virulente de l’action gouvernementale.

Le grand romancier sud-africain J.M. Coetzee, qui vit actuellement en Australie, a fort bien exprimé en termes humains toute l’inhumanité de la nouvelle loi. Il a imaginé une situation où « quelqu’un appelle un journaliste et lui demande : “Allez dire au monde que des hommes sont venus cette nuit, ils ont pris mon mari, mon fils, mon père, je ne sais pas de qui il s’agissait, ils ne se sont pas identifiés, ils étaient armés” ». Puis il en a imaginé les conséquences : « Il s’ensuivrait que cette personne et le journaliste seraient mis en détention préventive pour avoir facilité les agissements d’un terroriste [et] mis en danger la sécurité de l’État. » Selon Coetzee, « Pendant l’apartheid en Afrique du Sud, tout cela [se faisait] au nom de la lutte contre le terrorisme. […] Je pensais que les créateurs du droit sud-africain, qui suspendait en fait l’état de droit, étaient moralement barbares. Je sais maintenant qu’ils étaient de simples pionniers, en avance sur leur temps ».

Tandis que le Parti travailliste a vu certains de ses éléments se battre assez durement contre les mesures anti-syndicales, son approche traditionnellement racialisée du monde du travail lui a permis de définir ses intérêts de classe séparément de ce qu’il considérait comme ses intérêts sécuritaires. Les travaillistes ont ainsi voté avec le gouvernement Howard en faveur de la nouvelle loi anti-terrorisme, alors qu’elle risquait, aux dires des Nations unies, d’encourager une escalade du racisme anti-immigrés et des discriminations contre les demandeurs d’asiles. Dans un épilogue rageur lors du passage de la loi, le Conseil des barreaux d’Australie (Law Council of Australia) déclarait : « Contrairement au Parti travailliste, nous nous sommes bien battus ».

En l’espace d’une semaine après l’adoption de la loi, de nombreux Australiens ont participé à une manifestation contestataire dans l’agglomération de Sydney, mais la mobilisation ne fut pas celle que l’on aurait pu espérer. Au moment même où la classe ouvrière et la gauche essuyaient les défaites législatives historiques que nous venons d’évoquer, les radios de débat (appelées “talkback radios” en Australie) étaient saturées de discussions politiques et d’appels à la mobilisation. Le célèbre populiste médiatique Alan Jones martelait la nécessité « d’un rassemblement, d’une marche de rue, appelez ça comme vous voulez. Une démonstration de force de la population. » Des groupes radicaux se sont joints aux préparatifs de la manifestation. Lorsque des milliers de personnes se sont rassemblées à la fin de la semaine, les hésitations de la police laissaient deviner leur sympathie générale pour les manifestants. La foule de cinq à dix-mille manifestants n’est pourtant pas demeurée dans le cadre de la légalité, et la violence a duré des heures. Les événements de décembre ont attiré absolument toute l’attention de la presse, dont les gros titres ont clairement répercuté le message de la foule.

Mais, comme le montraient ces titres tonitruants, le message ne comportait pas la moindre protestation contre la barbarie législative qui avait marqué la semaine. Au lieu de cela, il incitait à la « HAINE RACIALE » (dans le Herald Sun), et menaçait de déclarer la « GUERRE DES RACES » (The Australian). Jones, le présentateur de radio à l’origine de l’émeute, est de ces démagogues racistes dont regorgent les ondes radio aux États-Unis. Les militants radicaux venus grossir les rangs de la foule en colère provenaient de groupes suprémacistes blancs. Les victimes de leur activisme extrêmement sanglant et bien documenté ont été les rares jeunes arabes présents sur les plages dont les organisateurs et la foule avaient décidé qu’elles devaient en être débarrassés. Les baigneurs arabes furent assaillis verbalement et physiquement comme des terroristes en puissance, des menaces pour les femmes australiennes, et des puritains hostiles aux bikinis, à la nudité et à la bière sur la plage. A Cronulla Beach, la foule blanche se rêvait en incarnation de la combativité assiégée constitutive de la nation australienne. « Et la foule », pour reprendre une allusion journalistique à la grande chanson contre la guerre rendue célèbre par The Pogues, « la foule a chanté “Waltzing Matilda” »3 .

Sous le coup des défaites parlementaires et des émeutes sur les plages, une grande partie de la gauche radicale considère qu’il y a deux nécessités ; d’une part, construire la résistance dans des campagnes ciblées, focalisées sur les enjeux « réels » et « unifiants » des rapports de classe et du capitalisme, de façon à réorienter les énergies qui s’étaient engagées sur la voie irrationnelle qui conduisait à Cronulla Beach ; d’autre part, dégager et défendre des valeurs et des traditions nationales alternatives en Australie, qui puissent servir de base à une forte opposition aux attaques à la fois contre les travailleurs et contre les immigrés. Pourtant, suivre cette voie apparemment non-racialisée, c’est ignorer un problème bien réel et distinct des autres : le problème du racisme. Le fait que le site internet très fourni et très bien tenu de la principale fédération syndicale d’Australie n’ait jamais fait état des émeutes souligne l’importance de ce point.

Une telle réaction perpétue des pratiques déjà très récurrentes dans les campagnes contre des réformes répressives dans le monde du travail. Dans la campagne précédente, la fédération syndicale a défendu les lois en vigueur parce que « depuis plus de cent ans, l’Australie dispose d’un système de relations professionnelles qui donne aux travailleurs une part des bénéfices de la prospérité économique quand tout va bien, et qui garantit des protections satisfaisantes […] quand les temps sont durs. » Le journaliste de gauche John Pilger craint que le nouveau code du travail n’ait « mis en péril la fragile fierté de l’Australie comme “land of the fair go” »4 . Il récite alors une litanie de grandes premières justifiant une telle perception de la nation australienne par elle-même : le droit de vote des femmes, le salaire minimum, le Parti travailliste au pouvoir, la journée de huit heures, le « scrutin australien » (à bulletin secret). Et Pilger de conclure : « Dans les années 1960, à l’exception des Aborigènes, les Australiens pouvaient se prévaloir de la répartition du revenu national la plus équitable du monde. » Ces appels à la fierté nationale ignorent ou, dans le cas de Pilger, mettent littéralement entre parenthèses la décimation des peuples aborigènes, la prise des terres, le vol des revenus, l’enlèvement des enfants et l’exclusion de ces bienfaits sociaux pour lesquels la nation est glorifiée. Le même silence enveloppe le fait que la social-démocratie australienne et le droit de vote des femmes se sont fondées sans ambiguïté sur la suprématie blanche et l’exclusion des minorités originaires d’Asie et des Îles du Pacifique (Asian and Pacific Islander).

Pour comprendre les victoires de la droite, il faut les mettre en rapport avec la dynamique de la suprématie blanche mise en évidence par les émeutes sur les plages. Le gouvernement Howard se contente généralement de flirter avec le racisme ordinaire et ouvert – ainsi, en réaction aux émeutes, le Premier ministre a déclaré que l’Australie est une société sans distinctions de couleur. Cependant, sa politique est très claire : attaques contre les droits des Aborigènes sur les terres ; manœuvres dilatoires dans le processus de réconciliation, empêchant même des excuses symboliques pour la colonisation ; rétention à durée indéterminée des demandeurs d’asile dans des baraquements au large des côtes australiennes. Au moment où les émissions de radio ont conduit le débat public à changer de sujet (des questions de classe, de droit du travail et de libertés fondamentales, aux plages et aux Arabes), le gouvernement Howard annonçait la publication d’un rapport présentant les petites communautés aborigènes comme des lieux d’insalubrité et de gaspillage, pour mieux leur retirer les services et le soutien de l’État. Mais le Parti travailliste évita la question raciale, et son unique et timide réponse fut de réclamer que les petites communautés blanches soient soumises aux mêmes investigations.

L’esquive n’est pas une solution. En Australie, la droite est parvenue à gagner bien des voix en alliant le nationalisme et un individualisme viril cristallisé dans l’image du « battler » (« battant »), travailleur acharné et indomptable qui se débat dans un monde hostile et changeant. Enraciné dans la mythologie du front pionnier, la culture sportive impériale et la « mateship »5 , le battler est distinctement blanc. Aileen Moreton-Robinson, universitaire indigène australienne et importante spécialiste de la blanchité, écrivait récemment que « les représentations de la mateship, de l’égalitarisme, de l’individualisme et de la citoyenneté » suggèrent que ces valeurs n’ont aucun « lien avec la blanchité », alors qu’elles y sont liées en tous points, et participent des succès politiques de la droite.

Les drapeaux australiens brandis et noués autour de leurs têtes par les émeutiers, la volonté déclarée de défendre la féminité australienne, et les discours de respectabilité et de bon sens à la radio, avant la démonstration de force : tout cela relie Cronulla aux débats politiques ordinaires sur les questions de race et de genre. Au lendemain des sanglants événements, les caricaturistes se montrèrent bien plus affûtés que les autres éditorialistes. Le meilleur dessin, dans The Australian, montrait en très gros plan un troupeau d’hommes blancs, flasques mais féroces, brandissant des armes et portant des T-shirts où l’on pouvait lire « Les musulmans dehors !! », « Cassons du Libanais ! », « Tuons les Arabes ! »6 . Légende : « Les battlers de Howard ».

Liant efficacement la violence raciale et la politique du gouvernement Howard, la caricature fait ce que la gauche radicale devrait faire. Si les manifestants racistes eux-mêmes présentaient leurs agressions d’immigrés et d’Australiens non-blancs comme une réaction directe aux contre-réformes du gouvernement Howard, les militants de gauche doivent également réfléchir à la chronologie des événements. Le fait que la plus radicale expression de colère qui ait suivi l’adoption de la réforme du droit du travail et de la loi anti-terrorisme, ait été une manifestation de suprématie blanche (visant notamment à recruter des jeunes de la classe ouvrière, mais pas menée par eux) devrait pousser les militants de la gauche radicale à se montrer plus inventifs pour comprendre la puissance de la race dans la vie des gens aujourd’hui.

Trois enjeux pour les militants
Pour cela, il nous faut accepter l’idée complexe mais claire que la race est une création historique qui change avec le temps. Certes, cette idée est plus vraie au niveau de l’État que de l’individu, mais nous devons reconnaître que la race et le racisme, bien que structurellement organisés, sont créés et reproduits dans la vie quotidienne. Or, l’idée que la race est ainsi créée alors que la classe est censée être « réelle », est l’une des béquilles sur lesquelles la gauche s’est appuyée pour se poser moins de questions sur la façon de combattre le racisme.

Afin de contribuer à la fois à la théorie et à la pratique anti-raciste, nous voulons aborder trois questions auxquelles il nous semble que les militants doivent faire face pour construire des mouvements multiraciaux.

1. Droits et privilèges
Dans un monde où des droits sont construits comme des privilèges, il est logique de parler du racisme en termes de privilège blanc. Mais précisément parce qu’une partie des privilèges existants constituent en fait des droits, il est impératif que les militants comprennent la différence entre ce pour quoi nous combattons, et ce que nous combattons.

Comme le militant et universitaire antiraciste George Lipsitz l’a élégamment formulé, « s’opposer à la blanchité n’est pas la même chose que s’opposer aux personnes blanches de peau […] ; une façon de devenir un privilégié [blanc] est de participer à exclure les autres. Les blancs ont toujours le choix de devenir antiracistes […] nous ne choisissons pas notre couleur, mais nous choisissons bien nos engagements. Pourtant nous ne prenons pas ces décisions dans le vide ; elles se produisent dans une structure sociale qui valorise la blanchité et récompense le racisme. » Si s’opposer au racisme signifie s’opposer à l’exclusion sociale en élargissant les possibilités offertes à ceux qui ont été et sont encore exclus, il est crucial que nous nous efforcions de comprendre la différence entre droits et privilèges.

À quoi les blancs doivent-ils renoncer ? Par exemple, le privilège blanc protège les blancs d’une large part de l’action répressive quotidienne des forces de police. Faut-il en conclure qu’après l’attentat du suprémaciste blanc Timothy McVeigh contre un bâtiment fédéral à Oklahoma City, les antiracistes devaient revendiquer que les jeunes hommes blancs soient arbitrairement interrogés, arrêtés et détenus ? Évidemment, non. Mais aujourd’hui, s’agissant de terrorisme, lorsque les gens ne croient parler que de sécurité et pas du tout de race, il est utile de faire remarquer que les jeunes hommes blancs n’ont pas été pointés du doigt après l’attentat de McVeigh, contrairement aux jeunes hommes de couleur depuis le 11 septembre 2001. Devons-nous demander une pression policière plus forte sur les jeunes blancs à cause de celle qui pèse sur les jeunes immigrés et noirs ? Non, mais nous devons développer des outils, avec créativité et conviction, pour expliquer comment le privilège de couleur affecte réellement les expériences vécues, sans s’imaginer que la culpabilisation individuelle soit une solution.

Connaître la différence entre des droits, qui méritent d’être étendus, et des privilèges, qui ne doivent pas être tenus pour acquis, est une étape essentielle dans la construction d’organisations et de sociétés véritablement multiraciales.

2. Comprendre le racisme
Les textes théoriques, même lorsque leur lecture est difficile, peuvent contribuer à transformer nos pratiques. Ainsi, lorsque Lisa Lowe écrit dans Immigrant Acts que le capital extrait des profits « non par “abstraction” du travail mais en […] créant, préservant, et reproduisant le caractère particulièrement racialisé et genré de la force de travail », elle rend compte de ce qui s’est passé en Australie dans le droit du travail et sur les plages. Elle nous montre que la race n’est pas une « essence figée », mais une convergence de contradictions. Elle illustre la façon dont les idées marxistes peuvent à la fois être mises en œuvre et prolongées. Comme elle se développe à partir de tant d’intersections de toutes sortes, de tant d’interventions de l’État dans la citoyenneté, de tant de degrés de privation de liberté, la race doit constamment se trouver ancrée dans des situations spécifiques, ce qui signifie qu’il doit en aller de même pour le racisme. L’une des tâches des militants doit être de continuer à développer un nouveau langage pour comprendre la myriade d’actes et d’idées que recouvre le terme de « racisme ». Comme le mouvement de libération en Afrique du Sud nous a apporté le concept de déracialisation ; comme le Mouvement des Droits Civiques et le mouvement Black Power ont l’un et l’autre approfondi notre compréhension de la différence entre la discrimination légale et extra-légale, et de l’importance d’une analyse et d’une remise en cause des deux types de discrimination ; et comme les féministes non-blanches ont critiqué et profondément transformé les mouvements de libération nationale du point de vue des rôles de genre, les militants d’aujourd’hui doivent comprendre les systèmes d’oppression auxquels nous faisons face, et revoir leurs positions en conséquence. Si la Conférence des Nations unies sur le racisme a montré quoi que ce soit7 , c’est qu’il existe de multiples racismes dans le monde, et que de multiples stratégies de résistances sont nécessaires.

3. Que devons-nous faire ?
Nous devons soutenir toutes les initiatives, et tout particulièrement la revendication de réparations pour les populations opprimées par le racisme, qui sont susceptibles d’éduquer les blancs au sujet de la façon dont le capitalisme, la colonisation de peuplement, l’esclavage et le racisme se sont développés conjointement par le passé, et au sujet des bénéfices que nous pouvons tous tirer de mobilisations antiracistes sérieuses aujourd’hui. Nous devons étendre la participation populaire, ne rien tenir pour acquis, exiger des réformes et refuser le réformisme contrôlé par en haut. Nous devons répéter que le silence et le désespoir sont tout ce qu’il y a à attendre sans action directe de transformation sociale.

Cet article est initialement paru dans The New Socialist Magazine n° 56 (avril-juin 2006)
Traduit de l’anglais par Mathieu Bonzom.

http://revueperiode.net/pour-deracialiser-il-faut-penser-la-race-et-la-classe/

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Message  marxmarx Lun 22 Juin - 19:17

Prendre en compte la race, oui
Ne prendre que ça en compte non

marxmarx

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Message  Toussaint Mar 23 Juin - 1:49

Pour déracialiser, il faut penser la race (et la classe)

Faut lire, ça aide pour critiquer sans dire trop de conneries... Very Happy
Toussaint
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Message  Toussaint Mar 23 Juin - 5:54

Tiré du dissier de Contretemps, une réaction d'une militante israélienne. Probablement antisémite et intégriste musulmane enfin démasquée elle aussi... Very Happy

Antisionisme et philosémitisme d'État


L'article récent d'Houria Bouteldja du Parti des indigènes de la république, « Racisme(s) et philosémitisme d'État », tentait d'éclairer le récit national autour de l'antisémitisme à travers le soutien occidental à l'État d'Israël. Ce texte a suscité plusieurs réactions dans la gauche radicale et entre en écho avec un débat encore en cours autour du philosémitisme. Nous publions ici une réaction de la sociologue des discriminations Alana Lentin, qui évoque son expérience de juive antisioniste pour condamner le philosémitisme d'État.



L'équipe d'animation de BDS Sydney, un groupe actif au sein de l'université de Sydney, m'a demandé de participer à une table ronde traitant de la question « Pourquoi il n'est pas antisémite de boycotter Israël » le 14 avril 2015. Vous trouverez ci-dessous le texte correspondant à ma courte intervention.

Hannah Arendt fut descendue en flammes pour avoir parlé de l'envers de l'antisémitisme : le philosémitisme.

Mais elle était consciente du fait que l'antisémitisme repose en réalité sur l'amour apparent des juifs. Autrement dit, le philosémitisme génère de l'antisémitisme.

Arendt prenait part à un débat historique sur les conditions qui avaient mené à l'holocauste, mais le philosémitisme est également un problème actuel dans le cadre du rôle que jouent les juifs vis-à-vis de l' État d'Israël.

Il est indiscutablement antisémite de souhaiter que tous les juifs quittent la diaspora et vivent en Israël. Cela peut être une position prise par les partisans de l'État d'Israël (comme par exemple les Chrétiens sionistes) qui peuvent, au premier abord, apparaître comme tout sauf antisémites.

Pourtant, tout argument, quel qu'il soit, qui commence par « tous les gens appartenant au groupe x devraient » est ostensiblement raciste. Par exemple, « tous les demandeurs d'asile devraient attendre leur tour dans des camps de réfugiés » ou « tous les aborigènes devraient vivre en milieu urbain et non pas dans des communautés reculées ».

De la même façon, l'argument « tous les juifs devraient défendre/aimer Israël » semble dicter aux juifs ce qu'ils devraient tous faire et ne devrait pas être considéré autrement que comme les affirmations énoncées plus haut.

Si l'on adopte une position dénuée de racisme comme point de départ, ce qui revient à croire en une justice et en une liberté intrinsèques pour tous les êtres humains, on ne peut pas dans le même temps adopter comme point de départ une position qui dicte ce que tous les membres d'un groupe donné devraient penser, tout particulièrement si ce groupe a constamment été marginalisé et s'est vu refuser l'égalité des droits dans la société.

Actuellement, quand des juifs antisionistes (en Israël et à l'extérieur de ce pays) sont traités d'antisémites par des sionistes et/ou des coreligionnaires juifs, nous devons être en mesure d'affirmer que c'est antisémite en soi parce que c'est incompatible avec le principe de liberté et de justice pour tous et toutes.

En forçant tous les juifs à s'identifier au sionisme, une idéologie nationaliste, qui trouve son origine dans des idées racistes et d'exclusion qui sont apparues dans le contexte de l'Europe du XIXe siècle (l'âge d'or du racisme), on renforce l'idée qu'il n'y a qu'un seul lieu où il est acceptable que les juifs soient juifs, en d'autres termes, on soutient tacitement l'idée pleinement antisémite selon laquelle les juifs sont des étrangers dans le monde entier et que la seule solution à la « question juive » revient à les cloîtrer dans leur propre État.

C'est cette logique que la militante décoloniale Houria Bouteldja du Parti des indigènes de la république défend dans sa contribution récente intitulée « Racisme d'État et philosémitisme ».

Elle parle de la France mais je pense que les arguments qu'elle développe ne sont pas dénués d'intérêt en ce qui concerne l'Australie ou d'autres pays.

Elle démontre que malgré le philosémitisme officiel de l'État qui s'exprime par exemple dans le statut spécial accordé à l'holocauste, un statut qui n'est pas accordé aux autres génocides coloniaux, les juifs ne sont pas considérés comme des membres à part entière de la nation. Il existe encore une séparation entre les citoyens français et les juifs dans les discours officiels, même quand l'intention est d'adopter une attitude protectrice ou élogieuse à l'égard des juifs.

Cependant, la présence de juifs en France, ajoute Bouteldja, et le soutien de l'État à Israël, permettent à ce même État de semer la discorde entre les juifs et les autres groupes racialisés.

C'est quelque chose que j'ai souvent ressenti personnellement, en grandissant au sein de la diaspora. En tant que juif/ve, ou en effet en tant que musulman.e, qu'immigré.e, on n'est jamais un.e citoyen.ne à part entière, peu importe le niveau d'intégration qu'on a atteint.

Le philosémitisme provient clairement de la culpabilité que les Européens ressentent à propos de l'holocauste. Au lieu de le placer dans son contexte historique, en le reliant par exemple aux crimes du colonialisme et de l'impérialisme, ou à l'esclavage, qui furent tous commis contre les colonisé.es dans un premier temps avant de l'être contre les juifs dans les camps. Au lieu de parler de l'holocauste en tant que tel comme d'une politique cruelle d'annihilation qui a affecté non seulement les juifs mais aussi les rroms, les noirs, les musulmans et les homosexuels, on attribue aux juifs un statut spécifique de victimes les plus atteintes dans l'Histoire. Cela a pour effet de contraindre les juifs à adopter une position de supériorité (nous sommes l'élite des victimes) qui les met en rivalité avec ceux qui partagent leur condition de victimes. Quelle meilleure attitude à prendre pour un État, par exemple, la France, qui, dans les années 1960, torturait encore des Algériens, où l'ancien collaborateur Maurice Papon les faisait jeter dans la Seine, pour faire la preuve de son absence de racisme ?

Le philosémitisme d'État protège les États contre les accusations de racisme. En tant que juive, je ne veux pas cautionner ça.

En tant que juive, je ne veux pas être la victime chérie, la victime privilégiée. Je veux être aux côtés de ceux qui souffrent aujourd'hui et combattre avec eux.

En particulier dans le climat actuel, l'antisémitisme est caractérisé comme émanant de la population musulmane comme s'il s'agissait d'un phénomène récent illustré par des cas comme celui des meurtres à l'Hyper casher à Paris en janvier, sans qu'il n'y ait eu le moindre précédent historique. Ainsi, on oublie la complicité de l'État français avec les responsables de l'Holocauste, ou ici en Australie, le refus de l'État d'accueillir des réfugiés juifs d'Europe. On peut oublier l'exclusion des juifs de secteurs entiers du commerce ou de clubs de sport, et tant d'autres choses, objets d'une mémoire encore vivante, maintenant que les musulmans sont les uniques responsables de l'antisémitisme.

Selon Bouteldja, cela dispose les juifs à devenir des partenaires du gouvernement dans la mise en œuvre d'un racisme systémique contre la population musulmane.

Il est commode d'amalgamer l'antisionisme à de l'antisémitisme parce que cela a pour effet de relativiser ou même de faire disparaître l'antisémitisme propre à l'État, ce philosémitisme qui contraint tous les juifs à s'identifier à un État colonial raciste : Israël.

De mon côté, ce que je veux faire, c'est me servir de mon histoire, de l'héritage de mes grand-parents réfugiés (et, effectivement, sionistes) pour combattre le racisme sous toutes ses formes. Je ne laisserai pas un État raciste se servir de moi pour mener à bien ses objectifs contre les musulmans, qu'ils soient en Palestine, en Australie ou ailleurs.

Je ne me suis pas rendue dans le pays où je suis née depuis plus de dix ans car je refuse de soutenir la politique qui y est menée en mon nom. J'espère qu'un jour je pourrai emmener ma fille dans un pays gouverné par son peuple, le peuple qui vit là-bas, qui n'est pas considéré comme digne ou indigne sur la base d'un amalgame entre religion et nationalité, ce qui revient à une instrumentalisation de la Bible.

C'est seulement quand le sionisme aura été mis à bas que le combat contre le philosémitisme antisémite pourra commencer.



Traduction de l'anglais par Grégory Bekhtari.
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Message  Toussaint Mer 24 Juin - 0:16

Décidément, Houria dit des choses intéressantes.

  Islam et modernité : Peut-on être musulmans en Occident ?

Publié le 11 juin 2015 par Houria Bouteldja, membre du PIR

Indigènes de la République - Page 2 Houria10

Adapté de l’intervention d’Houria Bouteldja à l’École d’été de la pensée critique islamique : « Luttes décoloniales et théologies de la libération » (Grenade, le 18 juin 2014).

L’un des noms de Dieu est «a l-‘Adl » qui veut dire « Le Juste ». L’idée que mon père, Allah yrahmou, m’a transmise est que l’Islam est fondamentalement un idéal de justice. Aussi, à la question « Peut-on être musulman en Occident ? », sa réponse comme la mienne aurait été provocatrice : « Non ».

Le discours que je vais vous tenir ici n’est pas un discours de savant islamique, je n’en ai ni la qualification ni la prétention. Il va plutôt s’agir pour moi de proposer ici un cadre d’analyse pour comprendre les interactions entre le fait d’être et de se dire musulman et le fait de faire de la politique. Wal-‘Ilmou lillâh.

Si l’islam est bien cet idéal de justice radicale, alors notre présence en tant que musulmans au cœur de la cité impériale, au cœur de l’injustice, pose problème. Peut-être aurions-nous plus d’humilité dans ce contexte en nous voyant plutôt comme des musulmans en devenir.

Certains d’entre vous peuvent rejeter cette affirmation, parce qu’ils ou elles respectent sur le plan individuel les enseignements du livre sacré, les cinq piliers de l’Islam, la sunna et les grands principes. Ce sont effectivement les bases de la pratique islamique et ils sont fondamentaux pour qui aspire à appartenir à la Oumma el Islamiya. Mais je prétends qu’il y a une profonde contradiction, une antinomie radicale entre l’idéal de justice prôné par l’Islam et le profit matériel que nous engrangeons en vivant en grande partie de la spoliation du Sud (sous la forme des salaires, de la redistribution sociale, ou de droits politiques). Nous ne sommes certes pas les bénéficiaires principaux de la domination Nord/Sud (la bourgeoisie), nous ne sommes même pas les bénéficiaires secondaires (les classes populaires blanches). Nous sommes les bénéficiaires collatéraux et non désirés de ce système, mais nous en bénéficions malgré tout, même si c’est à la marge. Quand je dis « nous », je parle de cette catégorie intermédiaire entre les Blancs et les habitants du tiers-monde que sont les sujets post-coloniaux vivant en Occident. Les descendants de colonisés qui sont à la fois victimes du racisme structurel du Nord, méprisés, relégués, discriminés mais dont le fardeau est allégé relativement parce que bénéficiant des droits sociaux, économiques et politiques des démocraties libérales. Je parle donc des « indigènes aristocrates » comme les mouvements de la gauche blanche ont parlé de « l’aristocratie ouvrière ». Ainsi, la première chose à faire pour ne pas échapper à sa conscience est d’affronter la réalité dans toute sa laideur. La première des laideurs de ce système, c’est qu’aucun de nous n’est innocent. Mais nous ne sommes pas non plus coupables car le monde dans lequel nous vivons est un système qui nous a précédés et qui probablement nous survivra. Nous ne sommes pas coupables, mais nous sommes responsables. Nous sommes responsables en tant qu’êtres humains, nous sommes responsables en tant que tiers-peuple habitant le Nord, et nous sommes responsables en tant que « potentiels » musulmans. À mon sens, c’est à partir de cette conscience et de cette situation objective qui entre en conflit avec le principe de justice islamique que nous devons forger une politique. Je voudrais ici introduire une distinction entre musulmans sociaux et musulmans politiques. Les premiers sont les musulmans culturels au sens large (ils ont hérité de la culture islamique parce que nés dans un environnement islamique, ils pratiquent ou pas, ou sont des convertis), les seconds sont ceux qui en plus d’avoir la foi, ont cette conscience de leurs responsabilités dans un monde structurellement injuste. C’est cette catégorie qui m’intéressera dans cette intervention.

Quelle doit être la politique de ces musulmans ?

À mon sens, ils doivent dans un premier temps développer une analyse matérialiste du pouvoir. Le pouvoir dont je parle est un pouvoir global, un système : la modernité. Sadri Khiari parle de la modernité comme de « la globalité historique caractérisée par le Capital, la domination coloniale/postcoloniale, l’État moderne et le système éthique hégémonique qui leur est associé1 ». Nul ne peut y échapper, quelle que soit sa volonté individuelle ou collective. Ainsi, si l’on s’attache à une analyse matérialiste et non romantique, le monde islamique n’est pas une entité indépendante de ce système. L’Islam est contenu dans ce système monde et plus précisément, l’Islam comme toute autre tradition civilisationnelle est aujourd’hui prisonnier de la modernité. Il n’y a pas d’un côté, la modernité avec sa propre logique et de l’autre côté, l’Islam et ses valeurs. Les deux sphères sont imbriquées et interagissent. Dans la réalité matérielle, les musulmans en tant qu’individus ou communauté, ou les États à majorité musulmane sont déterminés, structurés et tributaires de l’impérialisme occidental et du système économique qui le sous-tend : le capitalisme. La conséquence du caractère structurant de la modernité occidentale c’est que l’Islam est tous les jours façonné, modelé par la modernité coloniale. Tout ce qui évolue en son sein est condamné, corrompu. L’Islam est pris dans la modernité comme un moustique dans une toile d’araignée. L’Islam, non pas comme transcendance, mais comme pratique ne peut ainsi échapper à sa propre corruption.

Et dans un second temps, ils doivent se méfier de la rhétorique sur la réforme de l’Islam. C’est une question de méthode. Penser qu’il faut réformer l’Islam, c’est penser que le problème, c’est l’Islam. Pour échapper à ce dilemme, hier, l’un des intervenants a tenu à faire la distinction entre la réforme moderne de l’Islam et la « vraie » réforme islamique. La première serait soumise à l’Occident. Ses promoteurs chercheraient à moderniser l’Islam. Tandis que la seconde serait une alternative à l’Occident et consisterait à islamiser la modernité. Je prétends qu’il y a ici un angle mort. Il ne faut de mon point de vue ni moderniser l’Islam, ni islamiser la modernité. Il faut tout simplement changer de paradigme. En d’autres termes s’engager dans une stratégie de combat pour mettre fin à la modernité.



C’est pourquoi, devant le défi que représente la modernité, devant la corruption à laquelle nous sommes confrontés, et devant cette confrontation modernité/Islam, Orient/Occident, s’offrent à nous trois voies :

1/ L’imitation par fascination

Il s’agit ici de militer pour l’aggiornamento de l’Islam, prôner l’Islam des Lumières, accepter les mythes de la modernité, intégrer l’idée que les crimes impérialistes depuis la découverte de l’Amérique, les génocides, les sociocides ne sont que des accidents de l’histoire de l’Occident. Dans cette vision, le caractère criminel de l’Occident est occulté. Ce qui le caractérise le plus, c’est la démocratie libérale, la Révolution française, l’État de droit, le progrès, la technologie, les découvertes scientifiques, les Droits de l’homme, la philosophie des Lumières. Pour ces musulmans, l’Occident est un soleil. Pour eux, l’Islam doit tourner autour de cet astre. Aussi, il est important pour le musulman qui adhère à cette idée de produire un discours pour faire correspondre l’Islam à cette idéologie des Lumières. Il s’agit pour lui de prouver que l’Islam est une religion moderne. Cette démarche a ses penseurs, ses zélateurs. C’est l’Islam des oncles Tom. Tout le monde en connaît autour de soi : Ayaan Hirsi Ali, Fadela Amara, Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Malek Chebel, Abdelwahab Meddeb, Hassen Chalghoumi, Djemila Benhabib… Cela dit, si les représentants de l’Islam des Lumières sont très exposés médiatiquement, ils sont dans les faits minoritaires, c’est pourquoi je ne m’attarde pas plus sur cette catégorie qui va finir dans les poubelles de l’Histoire.

2/ La résistance intégrationniste

C’est un mouvement ambivalent. Il s’agit ici de critiquer l’Occident et ses excès et même les combattre parfois jusqu’à la mort mais respecter son humanisme, ses valeurs, ses idées et même s’en inspirer. Et de proposer un modèle alternatif anti-impérialiste, anticolonialiste mais qui reste prisonnier de la matrice coloniale car l’Occident n’est pas appréhendé comme une totalité. C’est ici que l’on va retrouver la plupart des mouvements indépendantistes des années 1960 sous leur forme séculaire (panarabisme, panafricanisme, communisme, socialisme, féminisme tiers-mondiste) et religieuse (les mouvements réformistes qui donneront naissance à l’islam politique, au féminisme islamique jusqu’aux mouvements très récents de libération des homosexuels). C’est dans cette catégorie que l’on va retrouver le plus de musulmans (individuellement ou collectivement) malgré l’hétérogénéité qui la compose. Je vais donc m’attarder sur quatre exemples pour illustrer cette démarche et pour en montrer les limites. Permettez-moi de préciser que ce sont là des descriptions grossières, sûrement caricaturales car la réalité est bien sûr bien plus complexe.


1.a) L’islam politique : L’islam politique est pour moi l’une des expressions les plus pertinentes de cette catégorie. Celle qui résiste et qui négocie en même temps avec la modernité. Sa grandeur a été de proposer un modèle culturel puisant dans les référentiels culturels dominants du monde arabo-musulman. L’islam politique a proposé une alternative épistémique : rejet des valeurs occidentales et retour à sa personnalité historique pour combattre le colonialisme ou les pouvoirs despotiques. Cette démarche est justifiée, légitime et fondamentale face au rouleau compresseur de la modernité. Mais cela ne représente qu’une partie de la tâche à accomplir. En effet, la plupart des mouvements se réclamant de l’islam politique n’ont pas rompu radicalement avec le néolibéralisme et avec l’impérialisme quand ils ne sont pas carrément ses alliés. Ils échouent à proposer une alternative crédible. Comme l’a dit Hatem Bazian hier, on ne peut pas commencer un discours avec « Bismillâh », conclure avec « al-hamdoulillâh » et entre les deux faire l’éloge d’Adam Smith et de Wall Street. Encore une fois, j’ai conscience d’être ici très caricaturale car les mouvements dits « islamistes » sont extrêmement divers et souvent opposés les uns aux autres. Certains sont radicalement anti-impérialistes et mènent des combats héroïques, d’autres sont clairement des marionnettes des pouvoirs locaux ou impérialistes mais globalement, ils ne sortent pas de la matrice moderniste dans le sens où ils échouent à promouvoir d’autres modèles économiques et sociaux et à échapper à la pieuvre impérialiste.


1.b) Les gauches du monde arabo-musulman ou plus généralement du tiers-monde : c’est le contraire. Elles veulent rompre avec le capitalisme mais pas avec l’épistémologie et les valeurs de la modernité. Elles se veulent progressistes alors que le progressisme fait partie intégrante de la modernité occidentale. Cela les pousse à combattre les mouvements islamistes voire à faire alliance avec les pouvoirs dictatoriaux locaux ou impérialistes au nom du progrès et contre l’archaïsme. C’est ainsi que de nombreux progressistes tunisiens ont fait alliance avec Ben Ali pour réprimer Ennahda et c’est ainsi que nombre de progressistes en Égypte ont soutenu et légitimé le coup d’État du général Abdel Fatah al-Sisi contre Mohamed Morsi.


1.c) Le féminisme islamique et les luttes de libération sexuelles comme produits de la réforme en Islam. Commençons par une anecdote révélatrice. Les pionnières du féminisme dans le monde islamique sont… des hommes : Qasim Amine, Mohammed Abduh, Tahar Haddad, Taha Hussein… La plupart des commentatrices musulmanes de ce phénomène s’en félicitent et y voient un humanisme exceptionnel, une espèce de bonté divine. J’ai longtemps été fascinée par cette naïveté. Pour quelle raison des hommes abdiqueraient-ils volontairement de leurs privilèges, pourquoi diable anticiperaient-ils une lutte qui menacerait leur pouvoir sur les femmes ? En Europe, les premières féministes étaient naturellement des femmes. Pourquoi le monde arabe a-t-il enfanté une telle incongruité ? Je n’y vois, pour ma part, aucun mystère. Les élites de ces sociétés étaient déjà écrasées par l’idée de leur « retard » La libération des femmes, lorsqu’elle est prônée par des hommes, ne peut en aucun cas s’expliquer par un tropisme pro-femmes mais plus sûrement par le complexe de l’indigène humilié par la puissance coloniale et désireux de se hisser au niveau des supposées normes du colonisateur. Mais dans leur précipitation à vouloir moderniser leur société, les modernistes ou réformistes en ont oublié qu’ils n’étaient pas l’Occident et que les structures politiques, l’organisation des États, l’histoire et par conséquent les rapports de genre ne sont pas les mêmes. Les effets du colonialisme, puis de l’impérialisme, puis de la contre-révolution coloniale sous sa forme néolibérale sur les rapports de genre n’ont pas été suffisamment étudiés. Je soutiens que dans le Sud, les deux genres sont opprimés de manière dialectique. La racialisation de la sexualité masculine accentue la barbarie des hommes envers les femmes. Aussi, me semble-t-il, une réponse strictement féministe qui s’attacherait à combattre l’archaïsme musulman est à mon sens une erreur d’analyse. C’est pourquoi, à mon avis, les féminismes laïcs du Sud ne peuvent pas donner une réponse satisfaisante. Mais il en va de même pour le féminisme islamique qui part du postulat que les hommes musulmans font une lecture sexiste du Coran (ce qui est sûrement vrai) mais occultent les effets du néo-colonialisme dans le renforcement de cette lecture patriarcale. Ce que je veux dire ici, c’est que ce n’est pas tant le Coran et la lecture qu’on en fait qui influent sur les rapports de genre mais toujours la question de la structure du pouvoir local imbriquée aux pouvoirs transnationaux. Un exemple : le néolibéralisme qui déstructure la famille et les rapports sociaux pousse de nombreuses femmes du Sud et notamment des pays musulmans à la prostitution. Croyez-vous vraiment qu’une lecture féministe du Coran va faire cesser la prostitution ? Qui est assez naïf pour le croire ? Hier, j’ai été très agacée par la question d’un homme : est-ce que le khalifat des femmes est permis en Islam ? À cette question, un féminisme décolonial répondrait trois choses :

1/ Nous nous poserons la question quand il y aura un khalifat comme nous nous poserons la question de savoir si une femme peut devenir reine de France lorsque la monarchie sera rétablie.

2/ La deuxième réponse est : Est-il possible qu’une femme soit présidente de la France ou des États-Unis ? La réponse est : Oui, mais il n’y en a jamais eu. Pourtant ces deux pays, phares de la civilisation, échappent curieusement à l’assignation sexiste.

3/ Le khalifat féminin est-il une revendication des femmes musulmanes ? Personnellement, je n’en ai jamais entendu parler. Et je trouve suspect que dans nos démocraties occidentales, l’accent soit toujours mis sur des problèmes fantasmatiques (le khalifat des femmes !) et jamais sur les principaux problèmes susceptibles de remettre en cause les potentats locaux et leurs tuteurs occidentaux.


1.d) En parallèle du féminisme, certains réformistes ont intégré l’idée de l’universalité de l’homophobie qui appellerait le développement d’une interprétation coranique en faveur de la « libération » des homosexuels alors que les pratiques homosexuelles dans nos pays ont une réalité et une historicité propres[1]. Une lecture décoloniale de la sexualité ne peut accepter cette idée simpliste. D’abord parce que l’homosexualité comme phénomène identitaire est nouveau. Il n’a qu’un siècle et il est né en Occident. De ce point de vue et pour le respect de la diversité des pratiques, je pense qu’il est fondamental de s’opposer à ce que Joseph Massad appelle l’International Gay. Ensuite, parce que l’impérialisme créée ou renforce l’oppression des homosexuels dans les pays du Sud. Comme les peuples appréhendent les nouvelles normes occidentales de la sexualité en tant qu’agression, ils se mettent à opprimer les homosexuels de leur pays attirés par ces normes[2] . Ce qui est une violence nouvelle qu’on ne combattra pas avec des pétitions de principes mais en démontant ses mécanismes oppressives exogènes [3] et aussi en envisageant peut-être des modèles politiques où les libertés ne sont pas forcément garanties par l’État mais par le corps social (ce qui a longtemps été le cas des sociétés au Maghreb concernant par exemple la sexualité ou les pratiques religieuses). Le réformisme ici, qu’il milite en faveur de la libération des femmes ou des homosexuels et en adhérant à l’humanisme blanc, joue le rôle de civilisateur et ce n’est pas en se cachant derrière une lecture libérale du Coran qu’elle en sera moins un cheval de Troie de la « civilisation ».



Pour finir sur cette catégorie que j’ai nommé « résistance et intégrationnisme », et où se trouvent les gauches tiers-mondistes, l’islam politique, le féminisme islamique ou les mouvements de libération sexuelle, je tiens à préciser que je ne m’autorise pas à qualifier ses promoteurs de traîtres. Nous sommes tous à un degré ou à un autre dans cette catégorie. Moi-même qui appartiens politiquement à la troisième catégorie que je vais vous présenter maintenant, je suis socialement entre les deux pour une raison que tout le monde comprendra ici. Nous les sujets coloniaux, les non-Blancs, nous avons perdu « notre personnalité historique ». Et je ne suis pas de ceux qui pensent de manière romantique que nous pouvons retrouver une quelconque authenticité. Je le répète : nous sommes pris dans ses filets comme des moustiques dans une toile d’araignée. La seule manière d’y échapper en partie est de devenir des musulmans au sens où nous ne pouvons pas tolérer l’injustice, surtout lorsque nous en sommes objectivement complices. Reste donc la troisième voie.

3/ La rupture avec la Modernité
(ou civilisation occidentale)

Il s’agit ici d’une critique radicale de la colonialité du pouvoir. C’est l’espace de l’islam révolutionnaire. Ici, il ne sera pas question de réformisme car l’Islam et les musulmans ne seront jamais le problème. Je n’adhère pas à cette vision orientaliste selon laquelle ce serait la fermeture de la porte de l’ijtihad qui expliquerait la « décadence » du monde musulman. Je n’adhère pas non plus au concept malheureux de « colonisabilité » cher à Malek Bennabi (pour lequel j’ai beaucoup de respect par ailleurs). Il s’agit ici de s’attaquer aux structures de l’empire tant sur le plan économique, militaire, que sur le plan de la colonialité du pouvoir, ce que la plupart des mouvements anticolonialistes n’ont pas fait. Il s’agit de prolonger la lutte et lui donner une dimension globale. C’est toute une civilisation qu’il faut remettre en cause. Une civilisation qui poursuit son projet meurtrier dans les pays du Sud sous la forme de la contre-révolution coloniale, du néolibéralisme mais qui atteint ses limites à l’intérieur même de ses frontières puisque les pays les plus vulnérables d’Europe sont en voie de tiers-mondisation. La barbarie est aux portes de la civilisation. Nous pouvons évidemment faire le choix plus confortable de la seconde voie (résistance/intégration), de composer avec la modernité. Mais notre responsabilité sera toujours engagée. Nous ne pourrons jamais fuir notre conscience ou l’apaiser avec quelques hassanettes. Car cette civilisation n’a jamais cessé de semer la mort autour d’elle, elle poursuit son œuvre implacable : voyez le Congo, l’Irak, l’Afghanistan, le Mali, voyez la destruction de la planète, voyez la déshumanisation des rapports sociaux, voyez les crises économiques, voyez la montée du fascisme. Voyez notre culpabilité lorsque nous sommes passifs ou complaisants. Voyez notre honneur lorsque nous agissons pour le combattre. Pour ma part, entre composer et rompre, le choix est fait !



Houria Bouteldja, membre du PIR



Notes

[1] Lire à ce propos, cette excellente interview de Patrick Awondo : http://76crimes.com/2002/05/08/en-afrique-lhomosexualite-est-traditionnelle-mais/

[2] Lire à ce propos « Universalisme gay, homoracialisme et « mariage pour tous », Houria Bouteldja : http://indigenes-republique.fr/universalisme-gay-homoracialisme-et-mariage-pour-tous-2/

[3] Il est à noter que dispositifs répressifs des états post-coloniaux contre les homosexuels sont en partie une survivance de l’époque coloniale.
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Message  Toussaint Mer 24 Juin - 0:54

https://www.youtube.com/watch?v=HwdgZUiwiRg
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Message  MO2014 Mer 24 Juin - 20:59

le PIR soutient les militants de BDS poursuivis par la LDH
Publié le 24 juin 2015 par PIR

C’est avec consternation que le PIR a pris connaissance des poursuites que la LDH a décidé d’engager contre deux militants de BDS 34, un comité populaire, dynamique, connu pour le sérieux de ses membres. Et ce, pour avoir par mégarde, il y a 8 mois, relayé un post problématique sur Facebook. Une erreur réparée dès qu’ils en eurent connaissance.

Alors que, plus que jamais le peuple palestinien assiégé et meurtri par la cruelle agression de l’été 2014 appelle à l’action tous ceux qui ont à cœur le triomphe de ses droits inaliénables, au moment où en France les partisans de l’apartheid israélien tentent de criminaliser les actions BDS qui au plan mondial connaissent un succès croissant, comment expliquer un tel acharnement, contre nature, contre ceux qui justement donnent leur temps et leur énergie pour que triomphe la justice en Palestine ?

Qu’est-ce que la LDH veut faire payer à Husein et Chadia avec ce procès maintenu en dépit des explications claires fournies par les intéressés ? Car ni la lutte contre l’antisémitisme, encore moins le soutien à la lutte du peuple palestinien, ne sortiront grandis et renforcés d’une telle opération. Le PIR, lui, en tout cas ne se trompe pas d’ennemi et exprime toute sa solidarité à ses frères et sœur de lutte pour lesquels il demande l’abandon pur et simple de poursuites autant injustes qu’infondées.

PIR

Le 24 juin 2015
http://indigenes-republique.fr/le-pir-soutient-les-militants-de-bds-poursuivis-par-la-ldh/

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Message  Eugene Duhring Lun 29 Juin - 23:08

Toussaint a écrit:Décidément, Houria dit des choses intéressantes.

  Islam et modernité : Peut-on être musulmans en Occident ?

Publié le 11 juin 2015 par Houria Bouteldja, membre du PIR

Indigènes de la République - Page 2 Houria10

Adapté de l’intervention d’Houria Bouteldja à l’École d’été de la pensée critique islamique : « Luttes décoloniales et théologies de la libération » (Grenade, le 18 juin 2014).

Au lieu de t'extasier comme une nonne devant un christ en croix, peut-être devrais-tu nous éclairer sur certains points de ces "choses intéressantes".
1) Que doit-on comprendre de cette modernité occidentale contre laquelle l'Islam politique devrait lutter ? Qu'est-ce que cela englobe : les arts, la science, etc. ?
2) "Certains (mouvement dits "islamistes") sont radicalement anti-impérialistes et mènent des combats héroïques" : Quels sont ces mouvements aujourd'hui : al quaïda, EIL, Daesch ? Je ne vois pas mais tu peux probablement m'éclairer sur le sujet "intéressant" ?
3) L'homosexualité est consubstantielle à l'Humanité. Jusqu"à l'apparition des principales religions monothéistes, elle était relativement répandue sur la plupart des continents - Europe, Afrique, etc. La religions monothéistes l'ont réprimé ensuite - Islam compris. HB a sur le sujet un discours des plus ambigu notamment en l'associant avec l'apparition d'une homosexualité politiquement revendiqué en occident. Le capitalisme a mis à bas les anciens rapports sociaux permettant à des "communautés" opprimées avant le XIXème siècle de revendiquer le droit à l'égalité, premier pas vers un regroupement plus politique sur l'homosexualité ou le féminisme qui apparut au début du XXème siècle. Doit-on comprendre que la recherche de l'égalité des droits et les groupes politiques qui les portent ne peuvent être qu'une création (satanique) de l'occident ? Doit-on comprendre qu'HB ne tolère le féminisme ou l'homosexualité uniquement dans le cadre des rapports privés ?
4) Où sont les rapports de classes dans l'Islam politique revendiquée par HB et dans l'intervention verbeuse et alambiquée de HB ?

Marrant comme tu peux être pointilleux (non sans raison parfois) sur certains sujets et aveugle dès lors qu'il s'agit du PIR !

HB est égale à elle-même : un vernis de classe de plus en plus inexistant jetant une lumière plus crûe sur ses positions pseudo-antisionnistes en particulier et une position interclassiste cherchant des appuis dans l'Islam de plus en plus prononcés. Beurk !!

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Message  Toussaint Mar 30 Juin - 20:57

t'extasier comme une nonne devant un christ en croix

:DAvant de parler de Houria, tu devrais analyser ce que tu écris...

Que doit-on comprendre de cette modernité occidentale contre laquelle l'Islam politique devrait lutter ? Qu'est-ce que cela englobe : les arts, la science, etc. ?

Very Happy Very Happy  C'est détaillé, tu poses des questions dont la réponse est dans le texte et ce que tu insinues ne s'y trouve pas. C'est parfois bien de lire vraiment au lieu d'extraire trois mots et les relier à tes fantasmes par ailleurs révélateurs.

"Certains (mouvement dits "islamistes") sont radicalement anti-impérialistes et mènent des combats héroïques" : Quels sont ces mouvements aujourd'hui : al quaïda, EIL, Daesch ? Je ne vois pas mais tu peux probablement m'éclairer sur le sujet "intéressant" ?

Tu ne l'as sans doute pas remarqué, mais Daech et Al Qaida ne sont pas les seuls mouvements s'inspirant de l'islam, certains mouvements s'inspirant de l'Islam sont aujourd'hui au front contre Daech, pas seulement le Hezbollah, qui a chassé Israël du Sud-Liban, et se bat aujourd'hui contre Daech en Syrie. Non, et parmi les orgas islamistes, citons aussi l'OPMI, pas non plus ma tasse de thé, mais dont nul ne peut nier le courage de ses militants.

Doit-on comprendre que la recherche de l'égalité des droits et les groupes politiques qui les portent ne peuvent être qu'une création (satanique) de l'occident ? Doit-on comprendre qu'HB ne tolère le féminisme ou l'homosexualité uniquement dans le cadre des rapports privés ?

La première partie, et notamment le "satanisme" est ridicule, je n'y réponds pas, si cela t'amuse, gratte la chose, et notamment le passé associatif d'Houria. Ensuite, elle parle dans un contexte précis et particulier, dans lequel les droits des femmes et des LGBT sont convoqués comme des armes de guerre comme on l'a souvent vu, ce qui a en son temps, celui de l'invasion de l'Afghanistan, été dénoncé par Delphy. Où les "garçons arabes" sont devenus la cible, sauvageons pour Chevènement, lumpenprolétariat pour d'autres. Je ne vais pas revenir sur des analyses et des débats déjà bien fournis, pas le temps.

Où sont les rapports de classes dans l'Islam politique revendiquée par HB et dans l'intervention verbeuse et alambiquée de HB ?

Houria ne se réclame pas de l'Islam Politique, mais du décolonialisme, ce qui n'est pas la même chose. Du tout. Le jour d'ailleurs où Houria se réclamera de l'Islam Politique, ce ne sera plus en tant que porte-parole du PIR... mais tu le sais, n'Est-ce-pas? Quant aux références anti-impérialistes, elles ne manquent pas, pas plus que l'appel à une perspective matérialiste. Et elle s'exprime en tant que musulmane dans un définition de ce qu'est un musulman que récuserait, assez violemment je le crains, tout partisan de l'Islam Politique.
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Message  marxmarx Mar 30 Juin - 21:49

Houria ne se réclame pas de l'Islam Politique, mais du décolonialisme, ce qui n'est pas la même chose. Du tout.

lol
Faudra en parler à Sadri Khiari qui a dit récemment sur le site du PIr : "l'Islam est décolonial." What a Face Cool
Et c'est bouteldja elle meme qui revendique un islam politique.

Tu es en fait dans la meme position qu'un militant de riposte laique ne voyant pas que ce mouvement va vers l'extreme droite.

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Message  Toussaint Mer 1 Juil - 20:56

Oui, c'est exact, l'Islam est décolonial, je renvoie à l'histoire de votre guerre en Algérie, en particulier, mais on pourrait citer des tas de textes, de faits à l'appui de cette phrase très juste.

Comme les cultures et religions des Indiens d'Amérique et des Bushinengué le sont aussi, oui, évidemment. Ce n'est pas là une nouveauté.

Cela ne veut pas dire que tout parti musulman, islamiste, noir marron ou amérindien soit nécessairement anticapitaliste et anticolonialiste. C'est d'ailleurs ce que dit Houria. Il devrait l'être, en cohérence, il ne l'est souvent pas.

Le fait colonial est un fait multiforme, historique, politique, économique, culturel, religieux, etc. Et l'attachement des peuples colonisés à leurs cultures est une résistance au colonialisme. Oui, évidemment, et depuis la nuit des temps.

Tu l'ignores? C'est dommage mais cela aussi s'explique facilement, d'un point de vue matérialiste. Marxiste-révolutionnaire.

Les indigènes vont vers l'extrême droite? Dommage pour plusieurs raisons. D'abord, la place est prise, avec Soral et Dieudonné, et le PIR est une de leurs cibles, et réciproquement, ensuite il faudrait savoir ce qu'en un pays capitaliste comme la France "extrême droite" veut dire. Very Happy

A moins d'une conception policière de l'Histoire, évidemment, mais là on est loin du matérialisme.
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Message  hadrien Mer 1 Juil - 21:44

Oui, c'est exact, l'Islam est décolonial, je renvoie à l'histoire de votre guerre en Algérie, en particulier, mais on pourrait citer des tas de textes, de faits à l'appui de cette phrase très juste.

D'abord, le petit blanc, prof surpayé pour véhiculer l’idéologie bourgeoise en Guyane, à des gens qui ne lui ont rien demandé pour propager sa merde coloniale, se permet de renvoyer "à votre guerre coloniale" (celle qui continue de le faire bouffer grassement...).
Ce petit colon se permet en plus de prétendre que c'est l'islam qui serait "décolonial".

Evidemment, sous le soleil des tropiques, un petit prof de gauche peut s'exciter en soutenant un islamisme qui n'a aucune place dans son monde, dans le résidu d'empire colonial où il est allé planquer, avec un sursalaire confortable, sa petite personne qui peut tranquillement vociférer à bonne distance de conflits gênants.

Ça paye combien, prof en Guyane, qui vit d'un sale boulot choisi au service de l'état colonial français, et qui en toute impunité "républicaine" peut faire le mariole pro-islamiste pour amuser la galerie ? Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy

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Message  Roseau Mer 1 Juil - 22:36

Péter les plombs en calomnies et attaques personnelles est une information: la démonstration de l'absence d'argument.
Mais c'est le type d'éruction qui est effacée, avant bannissement,
sur tout site de discussion, sans parler d'un site MR.
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