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Message  Copas Jeu 23 Juil - 20:28


Communiqué de Andalucía desde Abajo (« Andalousie par en bas »)

Solidarité inconditionnelle avec les camarades grec-que-s arrêté-e-s le 15 juillet dernier pour avoir manifesté contre l’accord de la honte entre Tsipras et la Troika

Andalucia desde Abajo demande la remise en liberté et la suspension des poursuites pour les 50 camarades grec-que-s arrêté-e-s pour avoir manifesté contre l’austérité et l’approbation au Parlement d’un troisième memorandum qui impose des nouvelles mesures s’attaquant aux travailleurs/ses, aux personnes migrantes, aux chômeur/ses, aux retraité-e-s, etc.

Plus de 15 000 personnes ont manifesté dans la rue le mercredi 15 juillet lors de ce qui fut la première journée de grève appelée, entre autres, par le principal syndicat du secteur public (ADEDY) qui revendiquait l’abolition du memorandum et l’annulation de la dette.

Le gouvernement de Syriza a répondu par la répression – comme l’avaient fait les gouvernements social-démocrate et conservateur précédents – en chargeant violemment contre les manifestants et manifestantes.

Le plan Tsipras : l’accord de la honte

Les manifestants qui ont parcouru les rues d’Athènes et qui se sont rassemblés Place Syntagma se sont mobilisés contre un nouveau mémorandum que implique des nouvelles mesures d’austérité pour le peuple grec.

Il faut relever notamment une nouvelle baisse des salaires et des retraites dans le secteur public, une augmentation importante de la TVA sur les produits de première nécessité, ainsi qu’une élévation de l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

Comme si ça ne suffisait pas, le memorandum garantit l’application de toutes les mesures des précédents plans d’austérité qui n’avaient pas encore été mises en place.

Il facilite de manière significative la confiscation des dépôts bancaires des personnes endettées avec des petits salaires, en même temps qu’il garantit que toutes les privatisations en cours seront menées à bien, tout en annonçant de nouvelles : deux des plus grands ports de Grèce (ceux du Pirée et de Thessalonique), de tous les aéroports, du chemin de fer et de la compagnie d’électricité.

Le plan proposé par le gouvernement est quasiment identique à celui proposé par la Troika et qui a été rejeté de manière massive par le peuple avec 61% des votes au référendum du 5 juillet dernier. Mais ce n’est pas tout. En plus de toutes ces mesures, l’accord du 13 juillet place la Grèce sous la tutelle de la Troika :

  • Un fonds supervisé par les institutions européennes sera chargé de privatiser 50 milliards d’actifs publics. C’est 75% de l’argent des privatisations qui ira au paiement de la dette, seuls 25% resteront disponibles pour l’investissement (les gouvernements antérieurs avaient « seulement » privatisé 5 milliards d’actifs).

    Le gouvernement grec devra soumettre ses propositions de loi sur des sujets importants à la Troika et obtenir son accord avant de pouvoir les présenter au Parlement et il devra modifier les lois votées depuis janvier qui contreviennent à l’accord du 20 février (sauf la loi sur la crise humanitaire).


Solidarité avec le peuple grec face à la Troika et au plan Tsipras

Pablo Iglesias ainsi qu’Iñigo Errejón ont déclaré ces derniers jours que l’accord conclu entre le gouvernement de Syriza et la Troika était le seul possible. Ce faisant, la direction de PODEMOS se positionne clairement du côté de l’accord du 13 juillet, et justifie ainsi les politiques austéritaires comme étant les seules possibles en Grèce.
A son tour, elle tourne le dos au peuple grec qui se mobilise contre cette politique. Iñigo Errejón a même été un peu plus loin en assurant que si PODEMOS était présent au Congrès des Députés, notre organisation voterait en faveur du sauvetage de la Grèce : « Nous soutiendrions ce qui soutient le Parlement grec et nous serions respectueux de ce qu’ils soutiennent ».

Andalousie par en bas ne partage pas ces déclarations, nous pensons qu’il est fondamental de respecter la décision prise par le peuple grec dans le référendum et que la direction de PODEMOS devrait prendre position en appuyant les revendications et les luttes de ce peuple, au lieu de soutenir les intérêts de la Troika. C’est pour cela que nous nous solidarisons avec ceux/celles qui se sont mobilisé-e-s en Grèce contre les politiques d’austérité, d’où qu’elles viennent, et nous appelons l’ensemble des militants de PODEMOS à débattre sur ce qui se passe actuellement en Grèce et à soutenir le peuple grec dans sa résistance.

Andalousie par en bas insiste sur le fait qu’une issue satisfaisante pour les classes populaires n’existe pas, ni en Grèce, ni dans l’Etat espagnol, tant qu’on n’assume pas la nécessité de rompre avec la Troika et ses institutions.

Le cas de la Grèce nous démontre qu’il ne sert à rien d’alimenter les illusions sur la possibilité de négocier avec eux des améliorations pour ceux et celles d’en bas. Dans ce sens, nous pensons qu’il est central de commencer maintenant à préparer la solidarité avec le peuple grec face à cette nouvelle attaque contre leurs vies et populariser ici l’idée qu’on ne peut en finir avec les politiques d’austérité que grâce à la mobilisation durable des travailleurs, l’auto-organisation et la rupture avec la Troika et ses diktats.

La Troika a voulu faire une démonstration de force contre la Grèce. Il n’y a pas de marge de négociation avec ceux qui pensent seulement à maintenir leurs profits et leurs intérêts. Nous aussi nous devons démontrer notre force et cela passe par la réactivation de la mobilisation de rue, et par des programmes clairs et en rupture avec la logique du système capitaliste dans les institutions.
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Message  Toussaint Jeu 23 Juil - 21:20

La sortie de l’euro est une nécessité tactique apparaissant à un moment de la bataille mais ne prend pas la dimension stratégique donnée par certains à cette question.

C'est une nécessité, point barre, et cela veut dire frapper monnaie, et vite. Alors tu as raison, lorsque tu parles du hochet, parce que le débat posé, sortir ou pas, blabla, estompe la question centrale, celle de l'expropriation, etc, que tu découpes fort bien. Mais ce n'est pas pour autant une question seulement tactique, de détail, cela fait partie précisément du pouvoir des travailleurs. L'euro n'est pas n'importe quelle monnaie, et ce n'est pas une monnaie grecque, c'est une monnaie entre les mains de la BCE. Or la monnaie est un élément de la politique économique, fût-elle celle d'un pouvoir ouvrier Dire aux gens, "rien à foutre, c'est un détail", c'est faux, cela se prépare, sinon ce détail te fout un sacré bordel.
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Message  Prado Jeu 23 Juil - 21:51

Copas a écrit:
Nous ne sommes pas ici en train de distribuer des tracts aux plus larges masses, mais en train de tenter d'essayer de tirer des leçons de ce qui est une défaite,  espérons la partielle, qui a un impact pour l'Europe entière et l'espace méditerranéen. Ces questions là sont très importantes, ne pas vouloir en discuter est dommage.
Le fond de l'affaire, c'est qu'il ne faut pas se présenter à des élections, surtout quand on a une chance de les gagner, en racontant des bobards : il était impossible d'appliquer le programme de Thessalonique sans affronter les autres Etats de l'Union européenne. Si SYRIZA avait annoncé qu'en cas de victoire il fallait se préparer à cet affrontement et qu'il serait très difficile de rester dans la zone euro, on peut douter que ce parti aurait gagné les élections.
Pour ma part, je suis toujours étonné de voir des révolutionnaires reprocher à des réformistes qui ont gagné des élections dans une période plutôt calme de ne pas prendre de mesures révolutionnaires et de manquer de "courage".

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Message  Prado Jeu 23 Juil - 22:54

Verié, tu écris dans le même message :
verié2 a écrit:Des mesures d'urgence auraient pu soulager au moins une partie de leurs difficultés : gratuité des services publics, transports, santé, logement, interdiction d'expulser, distribution de produits de première nécessité.
 et
L'UE ne lui a pas laissé la moindre marge de manoeuvre, contrairement aux espoirs de Tsipras.
Tu reconnais implicitement que ces "mesures d'urgence" ne pouvaient pas être prises d'emblée. On pourrait donc te retourner ton compliment :  "Incroyable de voir des camarades continuer à défendre ou à "excuser" Tsipras" !

Pécisons. La plupart des mesures d'urgence dont tu parles étaient contenues dans le programme de Thessalonique. Le petit problème, c'est qu'il fallait les financer. Or c'était cela ou le respect des memorandums. Ni la BCE ni les Etats de la zone euro n'ont laissé de temps au gouvernement pour tergiverser. Souvenons-nous en effet du calendrier :
* 26 janvier : entrée en fonction du gouvernement.
* dès le 4 février : la BCE décide de "couper un robinet de financement des banques grecques tant qu’un accord n'est pas trouvé entre Tsipras et les Européens" (selon G. Lefranc).
* 9 février : discours de politique générale de Tsipras. Il reprend le programme de Thessalonique de septembre 2014 mais insiste sur la nécessité de budgets équilibrés.
* 11 et 12 février : premier round des discussions avec les Etats européens : le deuxième plan d’aide se terminera le 28 février, avec à la clé un versement de 7 milliards sans lesquels la Grèce risque la banqueroute. Mais les gouvernements européens sont très clairs : pas question de verser le moindre euro sans engagement précis du gouvernement à mettre en œuvre les réformes contenues dans ce plan.
* 20 février : conclusion d'un accord qui annonce celui du mois de juillet : le gouvernement grec renonce "à toute mesure unilatérale qui aurait un impact budgétaire négatif" et "s'engage à rembourser intégralement et dans les délais impartis toute la dette que l'Etat grec doit à ses créanciers".
Faute de financement, c'en est donc fini des mesures d'urgence dont tu parles.
A moins bien sûr de rompre les engagements pris et d'engager une épreuve de force allant très loin, dont l'issue aurait reposé sur la mobilisation de la population grecque et des autres peuples européens.


Dernière édition par Prado le Ven 24 Juil - 7:33, édité 2 fois

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Message  Toussaint Jeu 23 Juil - 23:07

je suis toujours étonné de voir des révolutionnaires reprocher à des réformistes qui ont gagné des élections dans une période plutôt calme de ne pas prendre de mesures révolutionnaires et de manquer de "courage".

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une question de courage.

Maintenant que Syriza soit une coalition réformiste, bien d'accord avec toi. Et le désaccord, c'est bien de savoir quel est l'intérêt de construire une coalition ouvertement réformiste alors que l'on sait que ce qu'elle propose comme perspective, courage ou pas, est de l'illusion, au mieux, de la sottise ou du mensonge cynique.

Ensuite, la question n'est pas de courage ou pas, mais bien de choix des intérêts de classe que l'on défend. Syriza s'est fait élire en prétendant apporter des solutions aux souffrances imposées par la politique de la finance. Aujourd'hui, le gouvernement de Tsipras va provoquer et imposer des choses encore pires. C'est une trahison très classique. Et il y a une sacrée différence entre l'UP chilienne et le gouvernement conduit par Syriza, il n'y a eu nul besoin d'un coup d'état pour faire plier ce dernier, Tsipras est bien vivant, il a devant lui une belle carrière au service de la bourgeoisie dans ce parti relais des financiers européens. Ceux qui ont des vapeurs devant la crudité du réel de la lutte des classes, comme la pseudo-gauche de Syriza qui pleurniche à qui veut l'entendre des choses absolument pathétiques et niaises, tout en restant dans le giron réformiste, vont être crachés comme des noyaux de cerise.

Au final, la "gauche de Syriza" aura eu le seul mérite de donner une caution anticapitaliste "radicale" à une coalition réformiste qui ne vaut pas mieux que le PS de Valls et Hollande. Son travail est fini, elle peut glisser vers un oubli miséricordieux.
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Message  Toussaint Jeu 23 Juil - 23:20

Faute de financement, c'en est donc fini des mesures d'urgence dont tu parles.
A moins bien sûr de rompre les engagements pris et d'engager une épreuve de force allant très loin, dont l'issue aurait reposé sur la mobilisation de la population grecque et des autres peuples européens.

Ben oui, et c'était extrêmement prévisible. Il faut lire ce qui suit, un extrait d'un texte sorti sur Médiapart, pour avoir une idée des responsabilités du réformisme et des sottises réformistes:



Thanassis Petrakos est un élu de Kalamata (sud du Péloponnèse). Il fait partie de ces parlementaires qui se sont prononcés contre ces projets de loi. Membre de la plateforme de gauche, ce courant de Syriza hostile au maintien de la Grèce dans la zone euro, il était, jusqu'à la veille de l'accord de Bruxelles, le porte-parole de son groupe parlementaire.

Mediapart : Pourquoi avez-vous voté « non », cette nuit, aux projets de loi ?

Thanassis Petrakos : J'ai voté « non » parce qu'ils vont à l'encontre de ce que nous avons toujours plaidé : l'un rend impossible le contrôle de l'État sur les banques privées, et l'autre facilite les saisies immobilières pour les Grecs endettés. En d'autres termes, les exigences des banques passent devant l'intérêt public et celui des citoyens. Dans les précédents mémorandums d'austérité, c'est l'intérêt des employeurs qui primait, cette fois-ci ce sont les banques.

Vous avez également voté « non » le 15 juillet à la loi cadre instaurant un nouveau mémorandum d'austérité entre Athènes et ses créanciers. Pourquoi ?

J'ai voté « non » en tant que député Syriza, car cet accord va complètement à l'encontre du mandat que nous avons reçu du peuple le 25 janvier, ainsi que du résultat du référendum du 5 juillet. Dans les deux cas, les électeurs grecs ont rejeté les politiques d'austérité. Rappelez-vous qu'en janvier, Syriza avait même promis d'annuler les mesures d'austérité prises ces cinq dernières années ! Non seulement le gouvernement Tsipras n'est pas revenu en arrière, mais de plus, il a accepté un nouveau paquet de mesures extrêmement dures, qui va enfoncer encore davantage l'économie grecque, déjà complètement détruite par cinq ans d'austérité. Le nombre de chômeurs s'est accru de manière spectaculaire, les jeunes partent en masse à l'étranger, les biens publics sont bradés et le PIB a chuté de 30 %. En même temps, la dette de l’État est passée de 120 % du PIB en 2010 à 180 % fin 2014… Je n'avais pas le droit, au regard du peuple grec, d'accepter le chantage européen et d'aggraver cette situation. C'est une politique qui conduit à la faillite du pays ! Dans cet accord, on met par ailleurs en vente une large partie des biens publics. Pour moi, c'est une perte de souveraineté.


Qu'est-ce que le gouvernement Tsipras aurait pu faire pour éviter cette défaite ?

Il aurait pu mettre en place plusieurs mesures depuis fin janvier. Tout d'abord, il aurait pu instaurer un contrôle étatique sur les banques. Il aurait pu modifier la composition de leurs conseils d'administration, qui sont restés inchangés depuis la législature précédente, et qui ont joué contre le gouvernement. Il aurait pu également mettre en place des mécanismes pour limiter la fuite des capitaux à l'étranger.

Devait-il, selon vous, se préparer sérieusement à la possibilité d'un « Grexit » – une sortie de la Grèce de la zone euro ?

Dans un premier temps, il ne s'agissait pas, pour nous, de prôner le « Grexit ». Mais si le chantage des Européens prenait des allures extrêmes, alors oui, il fallait sérieusement, concrètement, s'y préparer. Le référendum aurait dû avoir lieu plus tôt, et en même temps qu'il posait la question de l'austérité, il aurait dû poser la question de la monnaie. Tsipras, lui, est fondamentalement opposé au retour à la drachme.

C'est une défaite pour le gouvernement Tsipras… C'est aussi une défaite pour Syriza, qui se veut un parti de gauche radicale. Allez-vous quitter le parti ?

Non, il n'est pas question pour l'instant de créer un nouveau parti. Il s'agit au contraire d'exercer une pression sur le gouvernement. Rappelez-vous, Syriza à l'origine était un parti qui comptait 4 % d'électeurs. Il est devenu le protagoniste de l'opposition anti-austérité et a gagné ainsi 40 % de l'électorat grec. Il n'a pas le droit de devenir maintenant un parti pro-austérité ! Moi et mes collègues qui avons voté contre l'accord, nous voulons rester dans le parti. Nous poussons à une convocation du comité central afin de prendre acte d'une décision qui obligera le gouvernement à revenir sur sa décision du 13 juillet. Déjà, plus de la moitié des membres du comité central ont envoyé une lettre au gouvernement pour contester ce compromis à Bruxelles et manifester leur accord avec notre vote négatif à l'assemblée. Il y a une divergence profonde entre le parti et le gouvernement, il faut que le gouvernement s'adapte à ce qu'il a promis aux électeurs, et non l'inverse ! Nous avons besoin d'une discussion calme, à tête reposée, sans pression ni chantage. J'espère qu'elle se fera au plus vite.

Ils pensaient "discuter", "débattre", "argumenter", etc... pour le bien du peuple grec, en montrant que, etc... Ces gens se rendent compte maintenant qu'ils avaient en face d'eux des gens qui n'avaient rien à débattre et qui, eux, menaient une guerre de classe de façon cohérente et conséquente, à bon droit et avec raison. Eux en revanche, avaient tout misé sur une incompréhension totale de toute la nature de la finance, du capitalisme, des états, de l'UE, etc, etc... Ce serait à se tordre de rire si des millions de gens et plus n'allaient pas payer leurs conneries. En plus, évidemment, ils continuent dans Syriza, l'erreur est humaine, la persévérance dans l'erreur est satanique.
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Message  Babel Ven 24 Juil - 2:43

Ce qui se prépare derrière les portes closes de l’Eurogroupe !

Posté le 12/07/2015 par kristina1963 : https://kristina1963.wordpress.com/2015/07/12/ce-qui-se-prepare-derriere-les-portes-closes-de-leurogroupe/

Par Dimitris Kazakis*

Le cadre des négociations avec la Grèce a été déterminé par le document de Shäuble, qui a été déposé le 10 juillet. Un jour après que la Grèce ait soumis sa proposition. La proposition de Schäuble a été déposée au moment où, au Parlement grec, se déroulait le coup d’état inédit aux dépens du peuple grec.

Que prévoit la contre-proposition Schäuble ?

« Dans ces propositions, il manque des réformes centrales et importantes pour moderniser le pays et pour assurer la croissance économique et le développement durable à plus long terme. Ainsi, la réforme du marché du travail, la réforme du secteur public, le secteur bancaire, les réformes structurelles sont insuffisntes.

C’est pourquoi, les conditions pour un programme d’aide totalement nouveau, tel que la Grèce a demandé, sur trois ans via le Mécanisme européen de Stabilité ne sont pas remplies. Il nous faut une solution meilleure, une solution durable, à laquelle participerait le FMI. À présent, il existe deux voies :

1) Les autorités grecques améliorent drastiquement et significativement leur proposition, avec le plein soutien de leur Parlement. Ces améliorations doivent restaurer la confiance, assurer d’avance la viabilité de la dette et la réalisation réussie du plan, de manière à assurer l’accès aux marchés financiers, une fois le plan achevé. Les améliorations incluent :

a) le transfert des éléments les plus précieux du patrimoine grec (50 milliards d’euros) vers un fonds étranger, telle que la Fondation pour le développement, à Luxembourg, afin de les privatiser au fil du temps et à réduire la dette. b) renforcer les compétences et « dépolitiser » les tâches des administrations grecques, sous l’hégide de la COM, en vue de la bonne mise en œuvre du plan. C) Coupes automatiques des dépenses si les objectifs en matière de déficit ne sont pas atteints.

En même temps, une série d’instruments financiers seront réunis afin de faire le pont entre le présent et le moment où pourra avoir lieu le premier décaissement dans le cadre du plan renforcé. Cela signifie que le risque de non-conclusion d’un nouveau plan par le MES doit être assumer par la Grèce et non pas par les pays de la zone euro.

2) Si la viabilité de lette et la perspective crédible de mise en œuvre du plan ne peuvent pas être assurées, il faudra proposer à la Grèce des négociations rapides concernant une sortie provisoire de la zone euro assortie d’une possible restructuration de la dette, le cas échéant, au Club de Paris – avec un horizon possible de 5 ans.C’est la seule solution susceptible de permettre une restructuration suffisante de la dette qui ne serait pas conforme avec la participation à une union monétaire (Art. 125 du traité sur le fonctionnement de l’UE – TFUE).

La solution de la sortie provisoire devra être accompagnée d’un soutien à la Grèce en tant que membre de l’UE et du peuple grec, avec un soutien humainitaire et technique renforçant la croissance, pour les années à venir. La solution de la sortie provisoire devra également être accompagnée de la rationalisation de tous les piliers de l’Union économique et monétaire et de mesures précises visant à renforcer la gouvernance de la zone euro. »

(L’original se trouve ici.).

Les deux alternatives de Schäuble.

1) La Grèce livre ses bijoux de famille (d’une valeur de 50 milliards d’euros) à un fond étranger, tel que l’Institut pour le développement, dont le siège se trouve à Luxembourg. Qu’est-ce qui est inclus dans ces « bijoux de famille » ? Presque tout ! Tout le patrimoine public qui est passé entre les mains du TAIPED, ainsi que les hôpitaux, les écoles, l’énegie, l’ensemble des infrastructures, etc.

Qu’est-ce que cet Institut pour le Développement dont le siège se trouve à Luxembourg ? Il est certain que la majorité des Grecs ne le connaissent pas. Il s’agit d’une société dénommée IfG créée par le gouvernement grec et la banque allemande KFW, en février 2013, dans le prétendu but de soutenir l’économie grecque et, surtout, les PME. La création a été approuvée par le ministre de l’époque, K. Hatzidakis, du gouvernement Samaras. En juillet de la même année, Schäuble s’est rendu en Grèce et a signé un « mémorandum d’entente » entre la Grèce et l’Allemagne, concernant l’opération conjointe de la société en question.

Pourquoi le siège au Luxembourg ? Pour que la société soit hors de la compétence des autorités judiciaires grecques et pour que la société puisse adopter la forme d’une « fondation » de gestion de portefeuille sous le régime de protection des sociétés off-shore. Jusqu’à ce jour, cette société n’a mis en peuvre aucun programme de financement de petites et moyennes entreprises. En revanche, sur le marché, on entend dire qu’il s’agit d’une vitrine par le biais de laquelle les Allemands rachètent le personnel politique de la Grèce.

C’est à cette société, IFG, c’est-à-dire, SA société, que Schäuble propose de faire passer la propriété des bijoux de famille de la Grèce, de manière à ce qu’elle soit vendue ou privatisée, afin de réduire la dette. L’usure étatique à son comble.

Bien entendu, il exige la « dépolitisation » du contrôle de l’administration de l’état, ce qui implique que la totalité de la politique économique et budgétaire passe entre les mains de mécanismes non politiques (telles que la commission budgétaire) qui ne rendent compte à aucune institution politique du pays, c’est-à-dire, ni au gouvernement, ni au Parlement. Ni, bien entendu, à la Justice, puisque, comme tous les contrôleurs étrangers arrivés avec la troïka, ils disposeront de l’immunité.

Et, bien entendu, la proposition de Varoufakis ne pouvait manquer. En fait, il s’agit d’une ancienne proposition de Schäuble : imposer un système de coupe horizontale automatique des dépenses, si les objectifs budgétaires ne sont pas atteints. Une sorte de guillottine qui sera manipulée par les mécanismes de contrôle « dépolitisés ».

La sortie provisoire de l’euro.

La 2e alternative proposée par Schäuble consiste dans la sortie provisoire de l’euro. Pour au moins 5 ans. Une sortie provisoire de l’euro mais de l’UE. Pourquoi ? Pour que l’Allemagne, mais aussi les européens, puissent encore avoir le contrôle du pays, même hors-euro.

Schäuble propose que la Grèce soit mise hors euro et négocie la restructuration de sa dette avec le Club de Paris. Cela soulève une énorme question : si la Grèce est mise hors euro, quelle sera la partie de la dette qu’elle négociera ? Le Club en question gère les dettes entre états. Sur le total de la dette publique de a Grèce, seulement 52 milliards d’euros relèvent de ce type de dette. C’est-à-dire, de l’argent que la Grèce a emprinté dans le cadre du premier mémorandum directement auprès des états membres de la zone euro. Même selon le raisonnement de Schäuble, le Club n’est autorisé de discuter avec la Grèce à propos de rien d’autre.

Schäuble invoque l’article 125 du traité sur le fonctionnement de l’UE qui dispose que « l’Union ne répond pas des engagements des administrations centrales… ». Bon, alors pourquoi le Fonds grec de stabilité financière (ΕΤΧΣ) et le MSE ? Pourquoi l’Union a assumé l’obligation de « faciliter la Grèce par le biais de prêts » alors qu’elle devait la laisser gérer seule la question de ses obligations ? Même si elle faisait faillite. Pourquoi l’Union a-t-elle aussi manifestement violé les articles 123 et 124 du traité sur le fonctionnement de l’UE ? Mais, pour sauver les banques allemandes, françaises et néerlandaises ainsi que le titre nommé « euro ».

Schäuble sait très bien que si la Grèce décide de quitter l’euro, alors elle ne sera tenue par aucun des engagements pris parmi ceux qui lui ont été imposés par la zone euro et l’UE. Aucune obligation envers la zone euro et l’UE ne sera plus en vigueur. Pour l’Etat membre qui décide de quitter le club fermé sur la base de l’article 50 TFUE, plus aucune obligation contractée au sein de l’euro et de l’UE ne tient.

Ainsi, Schäuble s’intéresse à savoir comment placer la Grèce sous sortie contrôlée, pour assurer la reconnaissance de la dette dont on l’a chargée. Sortie provisoire de l’euro mais dans l’UE, pour que la Grèce ne se serve pas de l’article 50 TFUE.

Et quelle sera la monnaie utilisée par l’économie grecque lors de sa sortie provisoire de l’euro tout en demeurant dans l’UE ? Il s’agira de la drachme de rien du tout, sous le contrôle de Francfort. C’est la seule monnaie dont peut disposer un état qui quitte provisoirement l’euro mais reste dans l’UE. Et, ce, sous régime de frontières ouvertes, des acquis communautaires -qui interdisent le développement de la production domestique-, et sous le poids des obligations de dette énormes qui seront servies en euro « pur et dur ».

C’est cela que les européens appellent Grexit. Dans ce cas, la Grèce sera pleine de soupes populaires pour la majorité de ses habitants affamés. Des souples populaires qui seront payées par des fonds européens.

La question qui vient à l’esprit de toute personne raisonnable est la suivante : Mais, pourquoi tout cela ? Pourquoi la Grèce n’invoquerait-elle pas l’article 50 TFUE pour couper tout lien et obigation avec la zone euro et l’UE et introduire sa propre monnaie selon ses propres termes ? Est-ce possible que pareille solution nette et claire soit pire que ce que Schäuble offre ?

De toute évidence, pareille solution n’arrange pas Schäuble ni les intérêts qu’il représente. Car il sait que, dans ce cas, il ne pourra d’aucune manière –pas même par la guerre- forcer la Grèce de reconnaître les dettes qui lui ont été imposées. Et, encore moins, accepter la liquidation qu’on lui impose. Par conséquent, la question rhétorique qui reste est la suivante : combien traîtres et vendus sont ceux qui discutent les alternatives avec Schäuble, sans même mettre sur la table la solution de la sortie nette de la Grèce de l’euro et de l’Union européenne ?

*(Dimitris Kazakis est économiste Grec qui depuis plusieurs années analyse les données de l’UE et de ses politiques. Il a créé le mouvement -devenu parti- EPAM qui s’efforce de réunir les Grecs sans tenir compte des orientations idéologiques « gauche » ou « droite ». Il sillonne le pays depuis quatre ans, pour informer les gens sur ce qui se passe et les implications des choix des divers gouvernements.)

Sur le même blog : Lettre de Zoé Konstantopoulou : Le Parlement vote sous le chantage et la menace

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Message  Babel Ven 24 Juil - 4:51

Toussaint a écrit:
Faute de financement, c'en est donc fini des mesures d'urgence dont tu parles.
A moins bien sûr de rompre les engagements pris et d'engager une épreuve de force allant très loin, dont l'issue aurait reposé sur la mobilisation de la population grecque et des autres peuples européens.

Ben oui, et c'était extrêmement prévisible. Il faut lire ce qui suit, un extrait d'un texte sorti sur Médiapart, pour avoir une idée des responsabilités du réformisme et des sottises réformistes: [...]

Ils pensaient "discuter", "débattre", "argumenter", etc... pour le bien du peuple grec, en montrant que, etc... Ces gens se rendent compte maintenant qu'ils avaient en face d'eux des gens qui n'avaient rien à débattre et qui, eux, menaient une guerre de classe de façon cohérente et conséquente, à bon droit et avec raison. Eux en revanche, avaient tout misé sur une incompréhension totale de toute la nature de la finance, du capitalisme, des états, de l'UE, etc, etc... Ce serait à se tordre de rire si des millions de gens et plus n'allaient pas payer leurs conneries. En plus, évidemment, ils continuent dans Syriza, l'erreur est humaine, la persévérance dans l'erreur est satanique.
Very Happy

Nos "marxistes universitaires" semblent avoir oublié la leçon de La Fontaine (le fabuliste du XVIIe s., pas l'affabulateur d'outre-Rhin) ; ou s'ils l'ignoraient (admettons-le), ils l'apprennent à leurs dépends : "la raison du plus fort est toujours la meilleure".

Quand tu as face à toi un adversaire puissant qui veut te faire la peau, ça ne sert à rien de blablater, d'étaler ta science rhétorique pour faire valoir la justesse de ton point de vue et la valeur de ton droit. Tu dois utiliser ta force ou ta ruse, ou tout autre moyen à ta disposition, pour retourner la situation en ta faveur. Ou bien accepter de crever sur place.

Le problème, avec nos beaux-parleurs, c'est qu'une semblable déconvenue risque de se produire à nouveau, cette fois dans le cadre de leur bataille interne contre la direction Tsipras.

Se prévalant d'une majorité obtenue lors d'une réunion interne (où 109 membres du CC sur 201 ont signé une motion dénonçant l'accord Tsipras-Eurogroupe), du vote non d’une trentaine députés Syriza (soit 1 sur 5) sur les deux sessions des 15 et 22 juillet, ils réclament à corps et à cris la tenue d'un CC extraordinaire pour résoudre la crise.

L'objectif de cette aile gauche, clairement affirmé par Kouvelakis dans une de ses dernières interviews, est de retourner la majorité contre l'actuelle direction, donc de prendre le pouvoir.

Mais leurs chances d'y parvenir me semblent assez minces.

Certes, un vote interne donne une majorité des 6/10e au sein des structures intermédiaires de l’organisation aux adversaires de l'accord Tsipras-créanciers. Et l’assemblée du Red Network a produit une déclaration qui condamne très explicitement cet accord.

Enfin, selon Sotiris Martalis (membre de DEA, du comité central d’ADEDY et de celui de Syriza), la grève du 15 juillet, première depuis les élections, a été convoquée par META, courant syndical combatif présent dans la Confédération syndicale du secteur public (ADEDY), où l'aile gauche de Syriza exerce une influence majeure.

Mais c'est peu dire que la Plateforme de gauche est hétérogène ; son mode de fonctionnement repose sur des arrangements entre dirigeants et sa structuration interne est assez faible, exception faite du réseau network qui esquisse la possibilité d'une structuration d'un courant oppositionnel organisé. Pourtant, là est l'enjeu.

Sur le plan de la ligne générale, l'aile gauche a constamment soufflé le chaud et le froid, faisant alterner critiques (relativement) acerbes et attitude conciliatrice. Lorsque Kouvelakis, qui est pourtant l'un des opposants actuels à la ligne Tsipras les plus audibles, s'est déplacé à Paris pour tenir une réunion-conférence, en février dernier, tout son laïus a consisté en une ode sans retenue de louanges et actions de grâces en faveur du nouveau gouvernement. "Pas de critique, c'est pas le moment". Laissons-lui sa chance, comme dirait l'autre.

De fait, pendant les 4 premiers mois du gouvernement Syriza-Anel (et en continu depuis environ un an), les critiques de l'aile gauche contre la direction se sont faites sur un mode "consensuel", sous prétexte de ne pas affaiblir le parti et le gouvernement (air connu). Au CC de janvier, sur la question des alliances, la plateforme de gauche a fait mine de ruer dans les brancards, roulant des biceps et faisant résonner haut et fort sa voix critique... pour finalement se montrer très conciliante, en échange de quelques concessions.

Ensuite, durant ces interminables négociations avec les gangsters de l'eurogroupe, l'aile gauche n'a jamais fait entendre sa voix pour dire : "bon, ça suffit comme ça, maintenant. Il y a des choses plus importantes à traiter, qui relèvent de la vie quotidienne des couches populaires, et qu'il n'est pas possible de reporter sans cesse au lendemain." Ils se sont laissé anesthésier, de la même façon que la bande Juncker-Merckel-Draghi and co anesthésiait les négociateurs grecs lors des sommets européens.

Au total, loin d'être une opposition interne à la direction Tsipras, la Plateforme apparaît comme une sorte d'aiguillon critique : de mouche du coche.

En son sein, DEA s'appuie sur environ 400 militants, dont il est vrai de nombreux cadres syndicaux ; chiffre à rapporter à l'échelle d'un parti qui comptabilise(rait) entre 25.000 et 30.000 membres.

Mais la majorité de l'aile gauche est sous l'influence d'un regroupement autour de Panagiotis Lafazanis (l'ex-ministre des Ressources productives, remercié par Tsipras le 17 juillet dernier), qui opte pour un plan de relance économique d'inspiration keynésienne... C'est-à-dire, une version de gauche du programme de Thessalonique défendu par l'actuelle direction.

D'ailleurs, Lafazanis, tout en votant contre l’accord, a quand même tenu à préciser qu’il continuait à soutenir le gouvernement et son Premier Ministre. Curieuse manière de s’opposer.

De sorte que, par la force des choses, il se peut que ce soit le « tournant » pro-mémorandaire de Tsipras (qui se retrouve à gouverner avec la coalition ND-PASOK-To Potami) qui favorise les rapprochements entre les groupes anticapitalistes oeuvrant dans et hors de Syriza, contre la volonté même de ses protagonistes, ou d'une bonne partie d'entre eux.

Ce serait à mon sens la meilleure chose qui pourrait leur arriver.

En effet, alors que les représentants de l’aile gauche cultivent le vain espoir d'empocher la mise, Tsipras les pousse vers la sortie, tout en cherchant à verrouiller le parti, avec l'appui de l'aile droite, où grenouillent nombre de "Pasokistes" recyclés. Ceci, après avoir réorganisé son gouvernement en se débarrassant de sa partie gauche (6 ministres et vice-ministres congédiés) et exigé la démission de la populaire présidente du Parlement : volonté et intentions sont donc clairement affichées.

Certes, rien ne dit qu’il parvienne à ses fins dans l'immédiat, tant les tensions actuelles sont fortes. Mais avec des opposants de cet acabit, il ne devrait, à terme, pas avoir trop d'efforts à faire.

Ce qui désormais semble évident, c’est que Le Programme de Thessalonique (sur lequel Syriza a emporté les élections) s’est complètement effondré. Il est caduc. Et que l’absence de programme alternatif pour le moment audible à une échelle de masse (au-delà des cercles limités de l’extrême-gauche) suscite autant la désorientation et l’inquiétude que l’attente.

Par-delà même les sections locales de ce parti, c’est l’homme et la femme de la rue qui s’interrogent et sont dans l'expectative : que faire et comment le faire ? Vers quoi allons-nous ?

Ce climat peut augmenter la réceptivité d’un programme de lutte anti-capitaliste, si une opposition à la ligne de capitulation parvient à se faire entendre. Sans verser dans un optimisme démesuré, on peut penser qu'alors la disqualification du programme réformiste rendrait plus audible le contenu d'un programme de rupture anti-capitaliste avec l’UE, sur la base de l’annulation de la dette, de la nationalisation du secteur bancaire et des secteurs clé de l'économie sous contrôle ouvrier, et du contrôle des flux financiers, par le biais du monopole étatique du commerce extérieur et de l'adoption d'une monnaie inconvertible.

Mais il faudrait pour cela que les énergies aient la volonté de se fédérer. Or, la principale inconnue me semble être celle-là.

Babel

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Message  verié2 Ven 24 Juil - 9:20

Merci Babel pour ces explications sur le fonctionnement de Syriza, qui n'a rien d'évident.
Very Happy
Toussaint,
Ensuite, la question n'est pas de courage ou pas, mais bien de choix des intérêts de classe que l'on défend. Syriza s'est fait élire en prétendant apporter des solutions aux souffrances imposées par la politique de la finance. Aujourd'hui, le gouvernement de Tsipras va provoquer et imposer des choses encore pires. C'est une trahison très classique. Et il y a une sacrée différence entre l'UP chilienne et le gouvernement conduit par Syriza, il n'y a eu nul besoin d'un coup d'état pour faire plier ce dernier

Il y a sans doute des gens courageux dans tous les camps, mais ça demande un courage et une audace exceptionnelle d'affronter les grands impérialismes européens ! Quand Tsipras a compris qu'on voulait le mettre à genoux sans lui laisser une miette, même pas pour sauver la face (car il a bien fini par le comprendre), il aurait pu faire un autre choix. Alors évidemment, il faut être porté par un mouvement, soutenu par des militants etc. Mais il aurait pu avoir un sursaut de dignité, c'est arrivé dans l'histoire...

Si on compare avec le Chili, il y avait un puissant mouvement ouvrier organisé et c'est cela qui faisait peur à la bourgeoisie, bien plus que les rodomontades de Allende. Aujourd'hui encore la bourgeoisie chilienne et une partie de la petite bourgeoisie considèrent Pinochet comme un sauveur, une sorte de De Gaulle chilien. En Grèce, personne n'a été terrorisé par l'arrivée de Tsipras. Allende cherchait à concilier la bourgeoisie, l'armée, le prolétariat, l'impérialisme, mais il avait en effet une autre trempe...

verié2

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Message  Prado Ven 24 Juil - 10:32

Toussaint a écrit: Il faut lire ce qui suit, un extrait d'un texte sorti sur Médiapart, pour avoir une idée des responsabilités du réformisme et des sottises réformistes:

Thanassis Petrakos est un élu de Kalamata (sud du Péloponnèse). Il fait partie de ces parlementaires qui se sont prononcés contre ces projets de loi. Membre de la plateforme de gauche, ce courant de Syriza hostile au maintien de la Grèce dans la zone euro, il était, jusqu'à la veille de l'accord de Bruxelles, le porte-parole de son groupe parlementaire.
(...)
Ils pensaient "discuter", "débattre", "argumenter", etc... pour le bien du peuple grec, en montrant que, etc... Ces gens se rendent compte maintenant qu'ils avaient en face d'eux des gens qui n'avaient rien à débattre et qui, eux, menaient une guerre de classe de façon cohérente et conséquente, à bon droit et avec raison. Eux en revanche, avaient tout misé sur une incompréhension totale de toute la nature de la finance, du capitalisme, des états, de l'UE, etc, etc... Ce serait à se tordre de rire si des millions de gens et plus n'allaient pas payer leurs conneries. En plus, évidemment, ils continuent dans Syriza, l'erreur est humaine, la persévérance dans l'erreur est satanique.
Dans l'extrait que tu donnes, je ne vois aucune "sottise réformiste". C'est dans la partie de l'interview que tu as supprimée, et que je reproduis ci-dessous, qu'on trouve une description d'illusions qui étaient largement partagées.
Mediapart : D'après vous, pourquoi le premier ministre Alexis Tsipras et ses collaborateurs ont-ils accepté cet accord à Bruxelles ?

Thanassis Petrakos : Il n'y a eu aucune préparation ces cinq derniers mois. Or le gouvernement était censé se préparer ! Je n'ai cessé de le répéter, à chaque réunion de notre groupe parlementaire : nous ne pouvions pas aborder cette négociation sans un solide argumentaire, l'affrontement allait être très violent. Sinon, le résultat ne pouvait être qu'un compromis signé le couteau sous la gorge… Et c'est cela qui s'est passé.

Mediapart : À quoi attribuez-vous cette impréparation du gouvernement grec ?

Thanassis Petrakos : Le gouvernement pensait que l'échec patent des programmes d'austérité depuis cinq ans était un argument à lui tout seul. Il croyait qu'à force de répéter ce constat, il convaincrait ses partenaires. Mais il a complètement sous-estimé les positions et l'influence de gens comme Wolfgang Schäuble [le ministre allemand des finances – ndlr]. Ces gens-là ne voulaient pas d'une amélioration de la situation en Grèce, ils voulaient au contraire faire plier le peuple grec, briser un gouvernement de gauche. Ils n'avaient aucune intention de trouver un compromis puisqu'ils voulaient au contraire empêcher toute possibilité d'un gouvernement de gauche en Europe. Le problème, c'est que nous n'avions pas compris quel était leur but. Le résultat, c'est une défaite immense. Nous vivons désormais une guerre monétaire.

Prado

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Message  Prado Ven 24 Juil - 10:51

Babel a écrit:Se prévalant d'une majorité obtenue lors d'une réunion interne (où 109 membres du CC sur 201 ont signé une motion dénonçant l'accord Tsipras-Eurogroupe), du vote non d’une trentaine députés Syriza (soit 1 sur 5) sur les deux sessions des 15 et 22 juillet, ils réclament à corps et à cris la tenue d'un CC extraordinaire pour résoudre la crise.
L'objectif de cette aile gauche, clairement affirmé par Kouvelakis dans une de ses dernières interviews, est de retourner la majorité contre l'actuelle direction, donc de prendre le pouvoir.
Mais leurs chances d'y parvenir me semblent assez minces.
Certes, un vote interne donne une majorité des 6/10e au sein des structures intermédiaires de l’organisation aux adversaires de l'accord Tsipras-créanciers.

Je ne crois pas qu'une majorité ait été "obtenue lors d'une réunion interne". D'après ce que j'ai compris, les signatures ont en partie été collectées lors d'une réunion informelle, mais d'autres l'ont été par téléphone et par correspondance. C'est pourquoi la tenue d'un CC est urgente.
Dans ce qui apparait aujourd'hui comme une aile gauche de Syriza, il n'y a pas que la Plateforme de gauche. Il faut notamment compter avec le KOE (Organisation communiste de Grèce), qui fait partie d'un regroupement international au côté de l'OCML-Voix prolétarienne (Partisan). Le KOE, qui est depuis 8 ans dans Syiza, a 5 députés. Il disposait d'un membre au secrétariat politique de Syriza. Il a donné sa démission il y a quelques jours.

Prado

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Message  verié2 Ven 24 Juil - 12:22

Mediapart : D'après vous, pourquoi le premier ministre Alexis Tsipras et ses collaborateurs ont-ils accepté cet accord à Bruxelles ?

Thanassis Petrakos : Il n'y a eu aucune préparation ces cinq derniers mois. Or le gouvernement était censé se préparer ! (...) nous ne pouvions pas aborder cette négociation sans un solide argumentaire
Cette "explication" est absurde. On ne capitule pas ainsi pour des raisons techniques. D'une part "l'impréparation" est liée à des conceptions politiques, d'autre part les gens de la troika se moquent bien des "argumentaires", comme l'a déjà souligné Copas. C'est comme si on voulait convaincre des fachos armés de gourdins que le racisme est une erreur...

Mais, encore une fois, même avec ses conceptions politiques bisounours/petites bourgeoises, Tsipras aurait pu avoir un sursaut de dignité. Entre se fâcher avec la bourgeoisie, une partie de son entourage et se fâcher avec son aile gauche et le peuple grec, il a fait un choix, et pas pour des raisons "techniques"...

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Message  verié2 Ven 24 Juil - 16:23

Accords sans précédents entre la Grèce et Israël. Tsipras/Syriza, c'est ça aussi :

http://www.info-palestine.net/spip.php?article15512

verié2

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Message  Toussaint Ven 24 Juil - 18:04


Le peuple est concerné, car c’est lui qui paye

17 juillet 2015 par Françoise WASSERVOGEL

En juillet 2013, lors d’une rencontre internationale des militants du CADTM (Comité pour l’Annulation du Tiers Monde), le Togolais Samir Abi a prononcé une phrase qui a résonné longtemps aux oreilles de chacun. « Je suis désolé de me réjouir que les populations du Nord comprennent enfin ce que nous, populations du Sud, subissons depuis des décennies ». Il parlait de la Grèce qui était dans l’œil du cyclone depuis 3 ans. Il parlait de l’impact socio-économique de la dette publique. Il parlait des plans d’ajustement structurel. Il parlait des services publics qui disparaissaient les uns après les autres en Grèce. Il parlait de la dette illégitime qui accable tant de pays africains.

Aujourd’hui, tous les yeux sont rivés sur la Grèce. Le gouvernement Tsipras a opté pour le referendum. Il a demandé son avis au peuple. Répondre oui ou non à un referendum n’est pas chose aisée. Il faut souvent beaucoup de réflexion pour comprendre et se décider. Celui qui pose la question au peuple lui demande son aval pour agir. La dernière fois que le peuple français a été consulté par voie référendaire remonte à 2005, sous Jacques Chirac. Le peuple devait autoriser ou non la ratification du projet de Constitution européenne. Le texte de ce projet était long et difficile. 70% des Français se sont pourtant exprimés. 54,68% des votants ont rejeté le traité. En 2008, le parlement a voté un projet de loi qui modifiait la constitution française et permettait de passer outre le résultat du vote populaire.

Dans la foulée, le Traité européen simplifié a été ratifié par Nicolas Sarkozy et son gouvernement. La voix du peuple venait d’être bafouée. Demander aux gens concernés de donner leur avis signifie fonctionner de façon démocratique. Au niveau le plus simple, quand les gens d’un groupe ont une décision à prendre, ils en discutent et optent pour ce qui convient au plus grand nombre. À un niveau plus complexe, souvent il y a un chef qui a été choisi pour prendre seul les décisions qui concernent tout le monde. Quand le chef n’en fait plus qu’à sa tête, oubliant que sa mission première est de s’occuper au mieux des intérêts de son groupe, ses gens peuvent d’abord le rappeler à l’ordre. S’il persiste, ils sont en droit de le démettre de ses fonctions.

Dans un régime politique démocratique, un individu est investi des pouvoirs par une majorité d’électeurs convaincus qu’il saura leur assurer le meilleur. Les parlementaires, élus par le peuple pour agir en son nom, ont pour mission de veiller à ce qu’il n’y ait aucune dérive. Le Premier ministre leur présente sa Déclaration de Politique générale, les parlementaires décident alors de lui accorder ou non leur confiance. Le peuple est concerné par tout ce qui est décidé par ses élus car il y va de son bien-être socio-économique. Le peuple est concerné par les dépenses décidées par ses élus, car c’est lui qui paye. Le peuple est concerné quand ses élus décident de faire un emprunt, car c’est lui qui paye. Le peuple est concerné quand sa dette publique augmente, car ce sont ses enfants qui paieront.

Si les emprunts servent à construire des hôpitaux publics, des écoles publiques, si les emprunts servent à amener le goudron, l’eau et l’électricité dans chaque maison, jusque dans le plus petit village, alors le peuple est d’accord, il rembourse ses dettes. Elles sont légitimes puisque ses conditions de vie sont améliorées. Si par contre, des emprunts sont contractés en son nom pour n’améliorer la vie que d’une poignée de gens, là le peuple doit refuser, car cette dette est illégitime. Si un père et une mère empruntaient de l’argent pour construire et meubler une belle maison où eux seuls auraient le droit d’habiter, laissant leur petit coucher dehors sur une natte sans moustiquaire, leurs enfants trouveraient-ils légitime de rembourser l’emprunt qui a servi à construire la maison ? Non, cette dette n’est pas la leur.

On nous apprend, quelle que soit notre culture, qu’il faut rembourser nos dettes. Nous le faisons tous le plus vite possible quand nous avons décidé nous-mêmes de nous endetter, car nous savions alors que c’était nécessaire pour nous-mêmes et nos proches. Pourquoi le peuple devrait-il accepter le poids de la dette publique quand il n’a bénéficié de rien ? Pourquoi devrait-il le faire quand il a souffert et souffre encore de l’austérité imposée afin de rembourser cette dette pour le seul bénéfice des autres ? Ces autres, ce sont les élus et décideurs locaux, les FMI et Banque mondiale, les multinationales, les anciennes puissances coloniales qui continuent à percevoir le remboursement de la dette imposée aux jeunes Etats au moment des indépendances.

Pourquoi le peuple n’est-il pas plus vigilant lorsqu’il dépose son bulletin de vote dans l’urne ? Pourquoi le peuple n’est-il pas plus vigilant quand ses élus lui annoncent avec fierté que telle institution financière internationale accorde un « don » au pays, ou que tel partenaire lui « offre » un nouveau complexe industriel ? Qui peut-être assez naïf pour croire que quiconque fait de tels cadeaux pour rien ? C’est au peuple de vérifier ce que ces « dons » et « cadeaux » vont lui coûter à lui et à ses enfants. C’est au peuple d’accepter ou non le poids qu’ils ajouteront à la dette publique. C’est au peuple de vérifier si ces « dons » et « cadeaux » ont bien pour objectif d’améliorer le bien-être de tous. S’il en est sûr, alors le peuple acceptera de payer et ses enfants seront fiers de lui.

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Message  Toussaint Ven 24 Juil - 18:17


La Grèce, la gôche, la gauche (I)


Par : Jacques Sapir
Publié le : 24/07/15


Le diktat arraché à la Grèce par l’Eurogroupe et la Commission européenne est une tragédie pour la Grèce. Cet accord ne réglera rien et va même empirer la crise que la Grèce connaît.

La dette de la Grèce n’était pas soutenable en 2010. Elle ne l’était pas en 2012. Elle ne l’est toujours pas après ce diktat. La solvabilité du pays n’est nullement assurée car la viabilité de l’économie n’est pas assurée. Ici se trouve une évidence, niée par les négociateurs de Bruxelles, qu’un pays ne peut rembourser que ce que son économie lui permet. En fait, c’est même l’inverse qui apparaît le plus évident, car les mesures imposées dans ce diktat, combinées avec les conséquences de la politique de la Banque Centrale Européenne, vont aggraver la crise économique en Grèce. Mais, les conditions qui ont entouré ce désastre ont des conséquences qui dépassent la Grèce. Nous assistons aujourd’hui au naufrage de la social-démocratie européenne et à un moment charnière pour ce que l’on appelle la « gauche radicale ».

Le naufrage de la Social-Démocratie européenne

La social-démocratie européenne, avec son grand rêve d’une Union européenne réformée, d’un Euro dit « de gauche », a sombré entre les derniers jours de juin et les premiers de juillet[1]. La social-démocratie européenne s’est révélée être une force d’imposition de l’austérité, une force qui a contribué à écraser une tentative pour construire un autre chemin économique en Europe. Ce naufrage n’a qu’un précédent : celui d’août 1914, ou mieux encore 1918. Comme à cette époque, la social-démocratie allemande est bien entendu la première à sombrer. Le fantôme de Ebert, et de sa collaboration avec Noske, est revenu hanter les couloirs de la chancellerie à Berlin[2]. La collusion entre le SPD et la droite allemande à propos de la Grèce a été évidente[3]. Que l’on se souvienne des déclarations d’un Martin Schulz, appelant au renversement d’un gouvernement, le gouvernement grec, démocratiquement élu, ou les déclarations tout aussi calamiteuses d’un Sigmar Gabriel, le dirigeant du SPD, allié d’Angela Merkel au sein du gouvernement allemand. Mais ce phénomène dépasse, et de loin, le cas de l’Allemagne. En Grande-Bretagne, les événements de ces derniers jours ont aggravé la crise latente au sein du Labour déjà mal remis de l’épisode Tony Blair[4]. Ces événements vont aussi aggraver la crise interne du PD en Italie, parti rassemblant depuis une partie des anciens « eurocommunistes » jusqu’au centre-gauche issue de la démocratie chrétienne. On pourrait multiplier les exemples.

En France, on voit dans la manière dont la majorité du Parti dit « socialiste » s’est rangé autour du diktat, dans la manière et dans les mots dont le Premier ministre, Manuel Valls, a usé pour faire voter le Parlement, que cette logique de collaboration avec l’ennemi est allée jusqu’aux tréfonds de sa logique. Il est d’ailleurs significatif que les « frondeurs » du Parti dit « socialiste » aient, dans leur majorité, voté avec le reste du Parti. Même le PCF, qui est le seul parti du Front de gauche représenté au Parlement, a hésité. Rappelons que le lundi matin Pierre Laurent appelait à voter le soutien à ce diktat avant que le Président du groupe, André Chassaigne, tenant compte des réactions de la base et de nombreuses fédérations locales[5], fasse voter contre. Ce pas de clerc de Pierre Laurent est en réalité très révélateur non seulement d’une politique réduite aux intérêts électoraux et financiers, mais aussi du poids de l’idéologie européiste au sein du PCF. Il faut comprendre comment cette idéologie s’est constituée, et pourquoi les événements de ces derniers jours la mettent aussi violemment en crise.

L’Europe comme seule horizon ?

L’Union européenne, rebaptisée « Europe » au prix d’une supercherie évidente, était devenue le cœur du projet de la social-démocratie depuis les années 1980. L’effondrement de l’Union soviétique avait même donné une certaine urgence au « rêve » européen de la social-démocratie. En fait, cette dernière voyait, dans un projet de type « fédéral » la possibilité d’imposer à ce qu’elle appelait les « forces de la réaction », et dans les années 1980 celles-ci étaient bien identifiées en Grande-Bretagne avec le Thatchérisme, des mesures sociales. La défaite de la social-démocratie traditionnelle en Grande-Bretagne face à Margaret Thatcher validait en un sens ce projet. Convaincue, surtout en France et en Italie, de l’impossibilité de faire « un autre politique économique » dans le cadre national, elle reportait ses espoirs sur une politique à l’échelle de l’Europe. L’absence d’analyse sérieuse des raisons de l’échec de la politique d’Union de la Gauche en 1981-1983, a certainement été un facteur important dans le tournant pris par la gauche française, de fait l’une des moins « sociale-démocrates » en Europe. D’autres facteurs jouèrent leur rôle, comme l’impact des « années de plomb » en Italie.

Mais, le ralliement à l’idée européenne était en fait ancien. Dès les années 1950 s’est imposée au sein de la social-démocratie l’idée que seule une organisation fortement intégrée de l’Europe occidentale pouvait empêcher le retour des guerres sur le continent européen. Il faut aussi signaler le très fort anticommunisme du SPD en Allemagne de l’Ouest, ce qui le conduisit à accepter le cadre du Traité de Rome (et de l’OTAN) comme seul cadre susceptible de garantir le système social ouest-européen qu’il s’agissait alors non pas de changer mais de faire évoluer. Notons aussi le fait que nombre de social-démocraties du sud de l’Europe (en Espagne et au Portugal en particulier) subirent l’influence du SPD.

Pourtant, le tournant des années 1980 va bien au-delà. Il y a une transformation qualitative qui fait passer « l’Europe » d’élément important dans l’idéologie des partis de l’Internationale Socialiste à un élément dominant et central. C’est une idéologie de substitution, qui allie le vieux fond internationaliste (ou plus précisément des formulations internationalistes car quant à la réalité de l’internationalisme de la social-démocratie, il y aurait beaucoup à dire) avec un « grand projet », s’étendant sur plusieurs générations. Les différentes social-démocraties européennes, puis ce qui survivait du mouvement communiste institutionnel, ont donc fait de la « construction européenne » l’alpha et l’oméga de leur projet politique[6]. Ceci a eu des effets importants dans le mouvement syndical, et la CFDT a commencé son involution qui l’a transformé en un syndicat de collaboration de classe, évolution qui s’est accélérée à partir de 1995. Mais, même au sein de la CGT, on peut ressentir cette évolution avec une montée en puissance du tropisme « européen ». Ce tropisme a déjà été mis à mal, du moins en France, par l’échec du référendum de 2005. Le résultat, qui n’avait pu être obtenu que parce qu’une frange des électeurs du Parti dit « socialiste » avait voté « non » a été vécu comme un véritable drame au sein de ce Parti. Au lieu d’en tirer les leçons, et de comprendre que ce tropisme « européen » ne pouvait qu’entraîner de nouvelles catastrophes, les dirigeants de ce Parti ont décidé de persévérer.

Encore fallait-il que, dans sa réalité, l’Union européenne permette d’accorder à ce dit projet quelques créances. C’est cela qui vient de sombrer avec la crise grecque.

Le principe de réalité

En effet, l’Union européenne s’est révélée sous un jour hideux. Ou, plus exactement, certaines de ses institutions ont montré qu’elles n’étaient nullement « neutres », mais qu’elles avaient ce que l’on peut appeler un « contenu de classe » ou, si l’on veut utiliser un langage moins marqué, qu’elles étaient consubstantiellement au service des nantis. Cela concerne, évidemment, au premier chef les institutions monétaires, c’est à dire la zone Euro. Les institutions de l’Union Economique et Monétaire, et surtout le fait que certaines d’entre elles soient des « institutions de fait » sans existence juridique (comme l’Eurogroupe) assurent la prédominance non seulement d’une certaine politique économique au sein de l’UEM, mais aussi la domination de la financiarisation sur les pays de l’UEM. Le fait que ces institutions soient aujourd’hui consolidées dans l’UE, même si de nombreux pays de l’UE ne font pas partie de la zone Euro, aggrave cette situation. On a clairement vu non seulement l’impossibilité de faire une autre politique que l’austérité dans le cadre de la zone Euro, mais surtout que ce cadre était politique et entendait imposer sa loi à tous les pays. Enfin, on a eu la confirmation que, loin de constituer un cadre apaisant les tensions entre pays, la zone Euro avait pour effet de les exacerber.

On voit bien qu’aucune politique alternative n’est possible dans le cadre de la zone Euro. On pourrait en dire sans doute de même avec l’UE telle qu’elle existe aujourd’hui. Les conditions de négociation du TTIP/TAFTA montrent que ce traité que l’on veut conclure dans le dos des peuples ne fonctionnera qu’au profit des grandes sociétés multinationales. L’UE ne protège nullement de ce marché mondial. Elle contribue au contraire à l’accoucher. La compréhension de ces faits pénètre désormais de plus en plus profondément au sein de l’électorat mais aussi au sein de certaines fractions de l’appareil social-démocrate. C’est le cas en France au sein du Parti dit « socialiste ».

La social-démocratie est donc confrontée à la réalité. Elle a rêvé un processus de construction européenne et se réveille aujourd’hui avec un monstre. Qui plus est, elle se retrouve dans la peau de l’un des deux parents de ce monstre. On comprend, alors, la gueule de bois historique qui a saisi la social-démocratie européenne. Mais, peut-elle renier ce qui résulte de près de trente années de ses compromissions multiples et répétées ?

L’Union européenne, et bien entendu la zone Euro, vont se révéler la Némésis de la social-démocratie européenne. Mais, dans le même temps ceci confronte les différents partis de la « gauche radicale » à un moment charnière. Car, de leur réaction rapide, dépend leur capacité à prendre pied dans l’électorat de cette social-démocraties ou au contraire de voir d’autres forces s’en emparer. En politique aussi, la nature a horreur du vide.

Notes

[1] Evans-Pritchard A., « EMU brutality in Greece has destroyed the trust of Europe’s Left », The Telegraph, 15 juillet 2015, http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/EMU-brutality-in-Greece-has-destroyed-the-trust-of-Europes-Left.html

[2] F. Ebert, dirigeant du SPD, écrasa dans le sang avec la complicité de la Reichswehr et des corps francs la révolte de la gauche socialiste autour de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

[3] Mounk Y., « Germany’s Social Democrats Are Colluding in Greece’s Destruction—And I’m Leaving The Party », The Nation, 16 juillet 2015, http://www.thenation.com/article/germanys-social-democrats-are-colluding-in-greeces-destruction-and-im-leaving-the-party/

[4] Jones O., « The left must put Britain’s EU withdrawal on the agenda”, The Guardian, 14 juillet 2015, http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jul/14/left-reject-eu-greece-eurosceptic

[5] Je peux en témoigner compte tenu du nombre de commentaires provenant de responsables de sections locales et départementales du PCF arrivés sur le carnet RussEurope entre le lundi 13 et le mardi 14 juillet.

[6] Voir « Quand la mauvaise foi remplace l’économie: le PCF et le mythe de “l’autre euro” », 16 juin 2013, note sur RussEurope, http://russeurope.hypotheses.org/1381

Jacques Sapir

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Message  Copas Ven 24 Juil - 19:42

Beppe Grillo double sur sa gauche Tsipras (et le soufflette au passage), triste période où des populistes de droite donnent des leçons à des partis de gauche


Il #PianoB dell’Italia per uscire dall'euro
http://www.beppegrillo.it/2015/07/il_pianob_dellitalia_per_uscire_dalleuro.html
http://francais.rt.com/international/4745-beppe-grillo-appelle-litalie-nationaliser-banques-sortir-euro

"Il était difficile de défendre les intérêts du peuple grec de pire façon que Tspiras. Seule une myopie économique profonde combinée avec une stratégie politique opaque pouvait transformer le soutien électoral qui avait amené à la victoire en Janvier à la victoire des pays créanciers six mois  seulement plus tard, en dépit d'un référendum remporté entretemps."

Comparant les négociations en vue de sauver la Grèce à du «nazisme explicite», le leader italien du Mouvement 5 étoiles appelle son pays à nationaliser ses banques et à sortir de l'Euro.
.../...
L'ex-comédien, qui dirige désormais le deuxième parti d'Italie, déclare ainsi qu'il est nécessaire de tenir compte de l'exemple grec. Comparant les négociations autour du plan de sauvetage à du «nazisme explicite», Beppe Grillo affirme avoir «préparé un Plan B pour l'Italie afin que le pays soit prêt lorsque les créanciers viendront rôder [du côté italien]». Invitant Rome à adopter «une position anti-euro claire»

Beppe Grillo estime qu'il faudrait nationaliser les banques et passer à une autre devise.

«Voilà comment ne pas perdre la première bataille lorsque le temps viendra de rompre avec l'Union européenne et la Banque centrale» écrit-il. Beppe Grillo vise ici particulièrement l'Allemagne.
Selon lui, l'Italie devrait utiliser son énorme dette, évaluée à 2 000 milliards d'euros, pour «faire pression sur l'Allemagne» - qui craint plus que tout un défaut de paiement italien - et empêcher ainsi Berlin «d'interférer avec le droit légitime de Rome de convertir sa dette dans une autre devise».

Enfin, Beppe Grillo égratigne le leader du mouvement d'extrême-gauche grecque, Alexis Tsipras. «Il aurait été très difficile de faire pire que ce qu'Alexis Tsipras a fait pour défendre les intérêts des Grecs» conclut-il. En effet, pour éviter un défaut de paiement et maintenir son pays dans la zone euro, le chef du gouvernement grec a été forcé de céder à l'ensemble des demandes formulées par les créanciers -notamment l'Allemagne - ouvrant la voie à une nouvelle ère d'austérité drastique pour le peuple grec
.
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Message  Toussaint Sam 25 Juil - 18:06

Synthèse bourgeoise intéressante.

La déroute d'Alexis Tsipras
Jean Quatremer 24 juillet 2015
(mise à jour : 25 juillet 2015)

Un Waterloo européen, un désastre économique, mais une victoire politique intérieure. Voici, en quelques mots, le bilan des six premiers mois de pouvoir d’Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, dont le parti de gauche radicale, Syriza, a gagné les élections législatives anticipées du 25 janvier dernier, il y a six mois.

Pour mesurer l’ampleur exacte de ce qui ne peut être que qualifié de catastrophe, il faut se rappeler qu’il y a un an, la Grèce semblait tirée d’affaire : après deux plans d’aide financière successifs à 225 milliards d’euros (contre un seul pour l’Irlande, le Portugal et Chypre) et deux restructurations de dettes (1), le pays semblait tout prêt de pouvoir à nouveau accéder aux marchés financiers. Les taux d’intérêt exigés diminuaient rapidement et plusieurs émissions de dettes à court terme avaient été des succès. Les banques grecques, après leur recapitalisation financée par la zone euro, étaient de nouveau d’aplomb et le budget de l’État était en excédent primaire (hors charge de la dette). Surtout le pays avait enfin renoué avec la croissance (+ 0,8 %), ce qui commençait à se traduire par une réduction du chômage. Pour 2015, les institutions grecques, européennes et internationales misaient sur une croissance comprise entre 2,5 % et 3 % du PIB, le plus fort taux de la zone euro.

Un an plus tard, l’économie grecque est à genoux. Le pays est de nouveau en récession : elle sera comprise entre 2,5 et 3 % en 2015 selon la Commission européenne, soit une perte de croissance comprise entre 4,5 et 6 %... Pour rappel, le PIB grec a reculé de 4,5 % en 2010, année du début de la crise de la dette publique et de 6,8 % l’année suivante. Mécaniquement, le ratio de la dette s’envole (vu l’effondrement du PIB) et devrait rapidement passer de 177 % à 200 % du PIB… Les banques, quasiment en faillite à la suite du « slow bank run » qui a commencé en décembre 2014, et le contrôle des capitaux instauré le 29 juin ont paralysé l’économie : des centaines d’entreprises (on n’a pas encore de chiffres précis) ont dû mettre la clef sous la porte faute de pouvoir se financer ou tout simplement effectuer des opérations avec l’étranger. Les investisseurs, qui n’aiment pas l’incertitude, ont massivement fui le pays. Après un tel marasme, la reprise ne sera pas là en 2016, puisqu’il faut du temps pour qu’une économie redémarre.

Le retour sur les marchés, lui, est reporté sine die : un troisième plan d’aide financière va être négocié. Il va falloir recapitaliser une nouvelle fois les banques sur fonds européens (15 ou 20 milliards, on connaitra le montant à la rentrée), voire en fermer une ou deux, et essayer de faire revenir en Grèce les 90 milliards d’euros qui ont fui le pays depuis 2010… Last but not least, de nouvelles mesures d’austérité infiniment plus rudes que celles rejetées par référendum le 5 juillet ont été imposées par les créanciers de la Grèce, ce qui va freiner l’activité. Enfin, le pays, à la suite du référendum qui a braqué les partenaires d’Athènes, passe sous tutelle de la zone euro et du FMI qui devront approuver tous les projets de loi mettant en œuvre les mesures prévues par le programme imposé à la Grèce lors du Conseil européen des 12 et 13 juillet.

Une mauvaise évaluation du rapport de force européen

Quelques éclaircies, malgré tout, dans ce sombre tableau : les Européens ont accepté de lui accorder un nouveau plan d’aide de 83 milliards d’euros, ce qui mettra la Grèce à l’abri des marchés pour quelques années ; l’excédent budgétaire primaire a été préservé, mais au prix d’une baisse des dépenses publiques (23,2 milliards au premier semestre 2015 contre 26 milliards sur la même période en 2014) ; un plan d’investissement européen de 31 milliards d’euros sur quatre ans va être débloqué, mais sera géré directement par la Commission (en grande partie des fonds déjà prévus dans le budget européen, mais sans les conditionnalités de co-financement qui sont normalement exigées) ; enfin, la restructuration de la dette grecque détenue par les Européens est à l’ordre du jour (pas sous forme de haircut, c’est-à-dire d’abandon de créances, mais sous forme de baisse des taux d’intérêt et d’allongement des maturités –date de remboursement-, ce qui revient au même).

Mais ça n’est même pas une victoire d’Alexis Tsipras : la soutenabilité de la dette était déjà au programme de la zone euro depuis novembre 2012 (et cela a été répété à plusieurs reprises depuis cette date), tout comme le plan d’investissement. Autant dire que la stratégie suivie par Syriza depuis janvier dernier relève d’une erreur majeure d’appréciation : le parti était persuadé que ses partenaires, effrayés par la perspective d’un Grexit, lui accorderaient des conditions infiniment plus favorables que celles qu’avaient obtenues les gouvernements précédents. Il a donc mené le pays au bord du précipice en espérant qu’au dernier moment les partenaires européens craqueraient. Comme je l’ai écrit depuis six mois sur ce blog, c’était méconnaître les autres pays européens : Alexis Tsipras a sous-évalué l’agacement des capitales européennes à l’égard d’un pays qui n’arrive pas à sortir de la crise et d’un gouvernement de gauche radicale qui a cru malin de passer six mois à les insulter (le mot « assassin » est resté en travers de la gorge de nombreux ministres des finances).

La responsabilité d’Antonis Samaras

Mais il serait inexact de faire porter l’entière responsabilité de cette séquence hallucinante sur le seul Tsipras. Antonis Samaras, son prédécesseur conservateur (Nouvelle Démocratie), a joué un rôle non négligeable dans la dégradation de la situation de son pays. À la fin du printemps 2014, il a cru que être tiré d’affaires: en déclarant que la Troïka serait partie dès la fin de l’année et que la Grèce n’avait plus besoin de financement, il a paniqué les marchés. À la suite de la victoire de Syriza aux Européennes de mai 2014, Samaras a viré cinq de ses ministres les plus réformateurs pour les remplacer par des populistes, obtenu la peau de Harry Theoharis, le secrétaire général chargé des recettes fiscales, et renoncé à présenter un programme de réformes comme il s’y était engagé en mai. En particulier, il s’est opposé aux demandes du FMI et de la zone euro qui, avant de verser la dernière tranche d’aide du second plan (7,2 milliards d’euros), voulaient obtenir une réforme d’un régime de retraite insoutenable au regard de la natalité et des moyens du pays (16 % du PIB), une augmentation de la TVA et une réforme du marché du travail, toutes choses qui aujourd’hui apparaissent bénignes… En clair, il a donné le signal que le temps des réformes était terminé et que tout allait redevenir comme avant, clientélisme, populisme, dépenses non financées compris. À partir du mois de novembre, les taux d’intérêt grecs ont à nouveau flambé sur le marché secondaire et la bourse s’est effondrée, les marchés estimant que le pays n’était pas prêt à voler de ses propres ailes.

Dans une manœuvre désespérée, Samaras a alors anticipé l’élection présidentielle de quelques mois : faute d’une majorité suffisante au Parlement, il ne pouvait la gagner, sauf accord de Syriza pour un candidat de compromis. Et c’est là où Tsipras a commis une erreur. Au lieu d’attendre son heure (2016), il a préféré jouer les législatives anticipées en refusant de donner une majorité au candidat conservateur (la dissolution du Parlement est alors automatique,) alors que la situation de la Grèce n’était absolument pas stabilisée. A-t-il cru qu’il ferait mieux que Samaras ? Sans aucun doute. Quant au Premier ministre conservateur, il espérait, en cas d’échec, que Tsipras serait obligé d’accepter ce qu’il avait lui-même refusé, ce qui signerait sa perte…

Un pari perdu sur la peur

La séquence suivante s’est ouverte au lendemain du 25 janvier, avec un Yanis Varoufakis, nouveau ministre des Finances, qui, dès sa prise de fonction, clame, le 29 janvier, dans le New York Times que « les 7 milliards d’euros, nous n’en voulons pas, ce que nous voulons c’est repenser totalement le programme ». S’ensuit alors un mois de négociations serrées qui aboutissent finalement à un premier accord le 24 février : il permet la prolongation du programme d’assistance financière jusqu’au 30 juin. Syriza a obtenu, comme il l’avait lui-même demandé, qu’environ 30 % du programme de réformes soit revu pour tenir compte de ses priorités. Mais au lieu de le mettre rapidement en musique, le gouvernement grec fait le mort jusqu’au mois de juin en espérant, manifestement, qu’à l’approche de l’échéance du 30 juin, la zone euro, effrayée par les conséquences d’un « Grexit », reverrait ses exigences à la baisse. C’est l’exact contraire qui s’est passé : de l’agacement, les partenaires d’Athènes sont passés à l’énervement puis à la colère contre un partenaire qui ne comprenait pas la gravité de sa situation. Mais, entre le 18 et le 25 juin, après un sommet de la zone euro et plusieurs Eurogroupes, Tsipras a enfin semblé revenir à la raison: son équipe de négociation a été remaniée et Varoufakis mis sur la touche. Tout le monde a même pensé qu’un paquet comprenant un programme de réformes, un plan d’investissement, une nouvelle aide financière de quelques milliards d’euros et une discussion en vue d’une restructuration de la dette serait conclu le 27 juin. Mais dans la nuit du 26 au 27, le Premier ministre grec a pris tout le monde par surprise en annonçant un référendum pour la semaine suivante portant sur le texte de compromis du 25 juin et non celui, plus favorable, du 26.

Ce coup de poker (aux limites de la démocratie puisque le délai a interdit toute campagne) reste totalement incompréhensible sur le plan européen : soit le oui l’emportait, et un texte moins favorable que celui du 26 juin aurait dû être appliqué, soit le non l’emportait et la Grèce serait en position de faiblesse face à ses créanciers.En effet, pour ceux-ci, le « non » ne pouvait être interprété que comme un signal que les Grecs voulaient quitter la zone euro, comme ils lui ont expliqué. Surtout, avec cette annonce, Tsipras a immédiatement fait plonger l’économie de son pays, déjà fortement atteinte par cinq mois d’incertitudes politiques : pour que la Banque centrale européenne continue à fournir des liquidités aux banques grecques, il n’a eu d’autres choix que de fermer les banques d’établir un contrôle des capitaux dès le 29 juin pour éviter que les Grecs vident leurs comptes. À défaut, les Européens auraient financé le bank run grec alors qu’ils sont déjà exposés à plus de 110 milliards d’euros (totalité des prêts aux banques grecques). Les entreprises ont été immédiatement asphyxiées (plus de crédit, plus de possibilité de payer les importations) et le tourisme, la première ressource du pays, a commencé à souffrir de multiples annulations, la Grèce devenant un pays « à risques ». En réalité, entre le 29 juin et le 20 juillet, date de réouverture des banques, les Grecs ont eu un petit avant-goût de ce qu’aurait été un Grexit.

Un plébiscite personnel

Le référendum s’est finalement soldé par un plébiscite personnel pour Tsipras, le non l’emportant parplus de 61 %, à sa grande surprise d’ailleurs : l’appel à voter oui des leaders ND et PASOK, totalement décrédibilisés, a joué en sa faveur. Cette victoire lui permet, dans la foulée, de se débarrasser de l’encombrant Varoufakis qui commet la faute impardonnable de revendiquer la victoire avant le Premier ministre. Surtout, il continue à plaider pour l’épreuve de force quitte à risquer le Grexit. Or, comme l’expliquera Tsipras à la télévision le 14 juillet suivant, il a demandé en mars une étude sur les conséquences pour son pays d’une sortie de la zone euro : cela l’a convaincu que ce n’était pas une option, sauf à prendre le risque d’un soulèvement du peuple qui ne l’a pas élu pour ça. Et les fantasmes, entretenus par l’aile gauche de Syriza, d’une aide russe, chinoise ou vénézuélienne se sont dissipés : personne, en dehors de la zone euro, n’a les moyens financiers de sauver la Grèce…

Tsipras croit néanmoins que le «non» lui a redonné une marge de négociation. Autant dire qu’il persiste dans l’erreur. Le sommet de la zone euro, qui se réunit le 7 juillet, lui signifie brutalement que, faute de nouvelles propositions sérieuses pour la fin de la semaine, ce sera le Grexit de fait. En cas d’échec, un sommet à 28 est même convoqué pour le 12 juillet afin de dégager une aide humanitaire pour la Grèce. C’est la fin de partie pour Athènes. Faute de plan B sérieux, Tsipras comprend enfin qu’il est déjà au-dessus du précipice et il décide donc de préparer dans l’urgence, avec l’aide de la Commission et de la France, un programme de réformes qui ressemble comme deux gouttes d’eau au compromis du 26 juin, programme qu’il fait adopter par son Parlement lors d’une séance dramatique le vendredi 10 juillet, la veille d’un nouvel Eurogroupe.

Un Waterloo européen

Mais ses partenaires ne veulent pas qu’il s’en sorte à si bon compte : si la Grèce veut rester dans la zone euro, ce sera à leur prix, pas au sien. En clair, les compromis du 25 et du 26 juin ne sont plus d’actualité. Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, propose même une sortie, soi-disant temporaire de cinq ans. L’Allemagne est loin d’être seule sur cette ligne : la Finlande est encore plus dure, tout comme les Pays-Bas ou la Belgique. Comme le reconnaitra Tsipras, seuls la France, l’Italie, le Luxembourg et l’Autriche l’ont soutenu. À l’issue d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro dramatique, le 13 juillet au matin, le Premier ministre grec doit capituler en rase campagne : ce qu’il accepte fait ressembler le compromis du 25 juin rejeté par référendum à une aimable promenade de campagne. En particulier, avant même de commencer à négocier le troisième plan d’aide, la zone euro lui exige que son Parlement adopte une série de réformes : hausse de la TVA et des cotisations sociales, transposition de la directive sur la résolution des crises bancaires, nouveau code de procédure civile, réforme des retraites… Ce qui est fait les 16 et 22 juillet. De même, les privatisations que Tsipras voulait stopper vont reprendre de plus belle.

Au final, quoi qu’on pense de la viabilité de ce plan adopté dans la douleur, la défaite est lourde pour Syriza qui s’est fait élire sur un programme anti-austérité. Par ses erreurs de manœuvre, il a démultiplié l’austérité en paralysant l’économie de la Grèce et en acceptant un plan dont les plus durs parmi ses partenaires n’auraient même pas osé rêver quelques semaines plus tôt. Par quelque bout que l’on prenne ce qui s’est passé au cours de ces six mois, on ne peut que conclure à l’échec de Tsipras.

Vers des élections anticipées

Ce qui aurait dû aboutir à sa démission et à de nouvelles élections. Mais, sa défaite européenne est, sur le plan intérieur, une victoire, aussi curieux que cela puisse paraître : il a réussi à réunir autour de lui 61 % des Grecs qui ne lui en veulent pas d’avoir dû capituler tant le rapport de forces lui était défavorable, il a obtenu des super-majorités au Parlement, l’opposition de la Nouvelle Démocratie, du PASOK (socialiste) et de To Potami (centre gauche) le soutenant, et, enfin, il a marginalisé son opposition de gauche.

Reste qu’en dépit de la fidélité de son partenaire de coalition (ANEL, droite radicale, 13 députés, qui est récompensé en obtenant un second portefeuille), il n’a plus de majorité, entre 31 et 39 députés de son groupe (sur 149 ayant) ayant voté contre lui : au mieux, il ne dispose plus que de 131 sièges sur 300. Cela devrait se traduire par de nouvelles élections, sans doute à l’automne prochain, ce qui lui permettra de faire le ménage au sein de Syriza, son autorité étant incontestable. Et il est presque certain de les remporter (actuellement, Syriza compte 20 points d’avance sur la ND, dont Samaras s’est enfin décidé à abandonner la présidence). Sa chance, si l’on peut dire, est que l’opposition ND-PASOK est tellement assimilée à la corruption et au clientélisme que les Grecs ne veulent pas les voir revenir au pouvoir : l’austérité, d’accord, mais avec Tsipras. Le jeune Premier ministre, qui n’aura à affronter aucun scrutin local jusqu’en 2019, a désormais le temps de démontrer qu’il a la volonté de réformer l’État grec et de redresser son économie. Un sacré défi.

(1) Au printemps 2012, le secteur privé a pris une paume de 115 milliards d’euros. Puis, fin 2012, la zone euro restructuré la dette de 200 milliards d’euros qu’elle détient : elle a diminué ses taux d’intérêt, allongé les maturités à 30 ans en moyenne et décrété un moratoire jusqu’en 2023 sur le paiement des intérêts.
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Message  Richard Heiville Mer 29 Juil - 0:44

Article de l'humanité:

L’ex-ministre des Finances a constitué un groupe de travail chargé d’imaginer un « plan B » en cas d’échec des négociations. La démarche, révélée par la diffusion partiale, dans la presse conservatrice, des propos tenus lors d’une téléconférence, scandalise la droite grecque.

Un escroc de haut vol manigançant un plan rocambolesque pour pirater sa propre administration fiscale et mettre en place un système bancaire parallèle en Grèce… Si vous pensiez que Yanis Varoufakis avait été ministre des Finances jusqu’à sa démission le 6 juillet dernier au lendemain de la victoire retentissante du « non » au référendum et qu’à ce titre il avait cherché à déjouer le coup d’État financier visant à contraindre la Grèce à avaler une nouvelle potion austéritaire, la presse « de référence » va vous ouvrir les yeux ! Depuis la révélation par le quotidien conservateur grec Kathimerini de quelques extraits d’une téléconférence au cours de laquelle, le 16 juillet, l’ex-ministre a livré des indications sur le « plan B » élaboré pour le compte du gouvernement Tsipras, c’est la curée dans les médias européens : de personnage fantasque administrant des leçons d’économie à ses homologues médusés lors des réunions de l’Eurogroupe, Varoufakis est transformé en magouilleur de bas étage. Une caricature grossière à partir d’extraits tronqués.


Cela devait permettre de déjouer 
le piège de l’asphyxie financière

Au cours de cette téléconférence dont l’intégralité a été mise en ligne avec son autorisation, après sa divulgation partielle et partiale, l’ex-ministre des Finances raconte comment, après avoir reçu le feu vert d’Alexis Tsipras avant même la victoire de Syriza aux législatives du 25 janvier, il a constitué un petit groupe de travail très discret chargé d’imaginer un plan B en cas d’échec des négociations avec la troïka. Selon lui, le travail « était plus ou moins terminé », mais « la difficulté était de passer des cinq personnes qui l’avaient élaboré aux 1 000 qui allaient devoir le mettre en œuvre ». Tout devait être préparé dans la plus grande discrétion. C’est là l’élément le moins souligné par la presse « de référence » mais le plus choquant pourtant, le ministère grec des Finances n’a pas la main sur l’administration fiscale. « Le secrétariat général aux Recettes publiques est contrôlé directement par la troïka », explique-t-il. D’après Varoufakis, il s’agissait de « créer sans le dire à personne des comptes secrets liés au numéro fiscal » attribué à chaque contribuable. Cela devait permettre de déjouer le piège de l’asphyxie financière en mettant en place une « espèce de mécanisme de paiement parallèle par lequel les citoyens peuvent verser de l’argent à ceux à qui ils en doivent ou payer leurs taxes à l’État ». Selon Varoufakis, ce « système bancaire parallèle » destiné à répondre à « l’action agressive de la BCE » ayant conduit à la fermeture des banques, et rendu possible par le piratage du logiciel utilisé par l’administration fiscale grecque sous le contrôle direct de la troïka, devait « donner un peu d’air » au gouvernement Tsipras.

La révélation de ce plan B attise encore la hargne de la droite grecque et indigne à Bruxelles. Mais derrière le caractère spectaculaire de l’opération, Yanis Varoufakis livre une série d’autres éléments dans cette téléconférence, et ceux-ci ont été largement passés sous silence dans les médias dominants. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, et le FMI ont, comme l’avait déjà pointé Yanis Varoufakis, un « intérêt commun » dans l’échec programmé du plan imposé à la Grèce qui la poussera hors de la zone euro. Mais, ajoute-t-il, et c’est ce qui devrait nous éclairer dans notre pays, « les Français sont terrifiés car ils savent que s’ils devaient réduire leur déficit budgétaire aux niveaux exigés par Berlin, le gouvernement français tomberait certainement. (…) Schäuble m’a dit explicitement qu’un grexit lui octroierait un pouvoir de négociation suffisant pour terroriser Paris et imposer à la France un nouveau transfert des compétences budgétaires de Paris à Bruxelles ». De quoi voir que, si le plan B de Yanis Varoufakis ressemble à un « roman noir », celui de Wolfgang Schäuble tient du cauchemar, et hélas, ça n’est pas de la science-fiction.
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Message  Toussaint Mer 29 Juil - 2:12

Schäuble m’a dit explicitement qu’un grexit lui octroierait un pouvoir de négociation suffisant pour terroriser Paris et imposer à la France un nouveau transfert des compétences budgétaires de Paris à Bruxelles ». De quoi voir que, si le plan B de Yanis Varoufakis ressemble à un « roman noir », celui de Wolfgang Schäuble tient du cauchemar, et hélas, ça n’est pas de la science-fiction.

Pauvre Varoufakis. Deux choses à remarquer, cependant, la France n'est pas la Grèce et rien ne vient indiquer que Hollande et Merkel aient le moindre désaccord sur le fond. Ce n'est pas Schaüble qui fera peur à Hollande, en revanche on essaie en effet de monter un récit "national" opposant les vilains et cruels allemands aux gentils français, pour terrifier les travailleurs et les couches populaires, et présenter les dirigeants d'aujourd'hui ou ceux de demain comme des remparts contre la méchanceté teutonne. Les salauds sont les capitalistes, quelle que soit leur étiquette, ils ont le même drapeau.
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Message  Richard Heiville Mer 29 Juil - 10:01

Toussaint:
Je pense que ton fantasme de voir de la germanophobie partout te fait oublier la situation économique de la France.
Même si Hollande n'est pas opposé à la politique allemande par principe je pense qu'il ne peut ignorer que la Troïka veut nous infliger un traitement similaire à celui infligé à la Grèce. La France est endettée à un niveau important, la Commission européenne a déjà obtenu un droit de regard sur le budget de l'Etat français, la pression ne peut aller qu'en s'accentuant.


Dernière édition par Richard Heiville le Mer 29 Juil - 13:04, édité 1 fois
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Message  Richard Heiville Mer 29 Juil - 10:27

et présenter les dirigeants d'aujourd'hui ou ceux de demain comme des remparts contre la méchanceté teutonne.

Qu'à fait Hollande pour sauver la Grèce?

Rien du tout, ou plutôt si, il s'est rangé de fait dans le camp des bourreaux de la Grèce.
Pour les germanophobes, Hollande est un allié de l'Allemagne.
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Message  Roseau Mer 29 Juil - 17:53

Les germanophobes, que l'on retrouve dans tout le marais cocoriquesque,
du FN aux réformistes impuissants du FdG, avec à la tête le cacique JLM, sont très utiles au capital.
Depuis plus d'un siècle, ils font du peuple allemand une essence dominatrice,
qu'il suffirait de mettre au pas, comme si nous allions ainsi surmonter la barbarie du capital.
Proposez leur de remettre les pieds sur terre
en lisant quelques uns de 250 articles de formation sur le K disponibles ici:
http://www.anti-k.org/category/analyse-du-capitalisme/
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Message  Richard Heiville Mer 29 Juil - 18:47

La germanophobie existe, d'autres essaient de l'utiliser comme tactique pour réveiller les consciences (avec le danger que cela comporte)
mais je ne vois pas en quoi cela invalide ce que Varoufakis dit.
Richard Heiville
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Message  verié2 Mer 29 Juil - 19:22

Richard Heiville a écrit:La germanophobie existe, d'autres essaient de l'utiliser comme tactique pour réveiller les consciences (avec le danger que cela comporte)
mais je ne vois pas en quoi cela invalide ce que Varoufakis dit.
Ce qui invalide tout ce que peut raconter Varoufakis, c'est qu'il a voté pour le second train de mesures d'austérité, y compris des dispositions particulièrement dégueulasses facilitant la saisie par les banques des logements de leurs débiteurs. Après un vote pareil, il peut raconter n'importe quoi, on ne le prendra pas au sérieux, du moins comme défenseur des intérêts de la population laborieuse...

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Message  Roseau Mer 29 Juil - 20:05

Richard Heiville a écrit:La germanophobie existe, d'autres essaient de l'utiliser comme tactique pour réveiller les consciences (avec le danger que cela comporte)
La xénophobie ne sert qu'une seule conscience: la soumission au capital, jusqu'à se ranger derrière la pire des dictatures fascistes. C'est bien pourquoi ceux qui "essaient de l'utiliser", alors qu'ils le savent, comme par exemple les dirigeants du FdG, ne sont que politiciens bourgeois qu'il faut combattre sur ce terrain là aussi.
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