Prostitution/Travail du sexe
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Re: Prostitution/Travail du sexe
Et si elle a davantage d'effets négatifs que positifs ? LO, me semble-t-il, était plus réservé que toi dans ses articles.Mykha
une petite avancée
De plus, ça ne nous interdit pas de dénoncer l'hypocrisie du gouvernement qui adopte cette loi, mais dont la politique sociale ne peut que susciter le développement de la prostitution.
Bon, tous les arguments ont été avancés de part et d'autres. Il est regrettable que certains continuent à faire semblant de croire qu'il s'agirait d'un débat entre soutiens des clients et des proxénètes d'un côté, partisans de l'abolition de la prostitution de l'autre...
Juste une remarque sur ce terme :
Cette expression est étrangère au langage et à la conception marxistes des rapports sociaux. Elle laisse en effet entendre qu'il y aurait une sorte de plus petit dénominateur commun "raisonnable" entre prolétariat et bourgeoisie, un consensus minimum sur certaines questions sociales. On pourrait écrire de la même façon : "Ce serait la moindre des choses de donner des papiers aux travailleurs qui n'en ont pas" ou "de fixer le RSA à un niveau qui permette de vivre, d'"accorder un salaire décent (1) aux travailleurs" etc. On pourrait multiplier les exemples. Ca revient à faire appel au bon sens des patrons et de leurs politiciens.la pénalisation des clients, c'est la moindre des choses
Or, dans une société divisée en classes, il n'y a pas de "moindre des choses" raisonnable, admissible par tous etc. Car les seules limites à l'exploitation et à l'injustice la plus abjecte, ce sont celles qu'imposent les travailleurs par la lutte. C'est dans ce sens, pour en revenir à la prostitution, que Kollentaï écrivait :
Il fut un temps où LO, à mon avis, face à une telle loi, aurait tenu ce langage de classe.Ce n’est pas aux résolutions maniérées des féministes que la femme en sera redevable (du recul de la prostitution - NdV), mais au parti ouvrier
Ce glissement de vocabulaire correspond à une adaptation au langage "courant", c'est à dire au langage et aux conceptions bourgeoises qui dominent dans cette société.
__
1) J'emploie volontairement ce terme "salaire décent" qui semble lui aussi raisonnable, venir du bon sens commun etc, et que Marx condamnait vigoureusement.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
LO, me semble-t-il, était plus réservé que toi dans ses articles.
Eh bien, voyons donc :
Loi sur la pénalisation des clients : on n'en a pas fini avec l'esclavage de la prostitution
Vendredi 29 novembre, les députés – plus exactement la vingtaine de députés qui avaient jugé bon de se déplacer pour l'occasion – ont entamé la discussion de la proposition de loi sur la prostitution.
Ils ont adopté l'article qui sanctionne les clients des prostituées. Si donc au terme des discussions la loi est adoptée, l'achat d'un acte sexuel, autrement dit l'achat du corps et de la dignité d'autrui, deviendra une infraction passible d'une contravention de 1 500 euros. Et, en cas de récidive, cette infraction se transformera en délit puni d'une amende de 3 750 euros. C'est bien le moins qui puisse être légalement décidé !
Les députés ont également – et c'est aussi la moindre des choses – abrogé le délit de racolage qui expose les prostituées à une double peine, ajoutant à la violence de la prostitution et à l'esclavage imposé par les proxénètes l'obligation de s'éloigner du coeur des villes, devenant ainsi plus vulnérables.
Car la prostitution est bien une violence, une des pires qui soit faite aux femmes. Il est évident que l'immense majorité, pour ne pas dire la totalité, des femmes qui se prostituent le font sous la contrainte. C'est bien la contrainte qui peut seule imposer à une femme de subir jusqu'à des dizaines de rapports sexuels quotidiens sans le moindre désir. C'est bien la violence, celle des trafiquants, celle de la misère économique, sociale et affective qui la contraint à vendre son corps comme une marchandise et lui impose cet esclavage.
Certains osent encore affirmer que les femmes se prostituent par choix. Mais, comme leur a rétorqué récemment Talisma Nasreen, « combien d'entre eux encourageraient leurs filles bien-aimées à se prostituer ? Les prostituées elles-mêmes ne le souhaitent pas à leurs filles. Elles rêvent désespérément de les scolariser pour qu'elles aient une éducation et un métier corrects. Elles n'ont pas décidé de devenir prostituée plutôt que médecin, ingénieure ou avocate. Leur « choix » est plus généralement celui de trouver suffisamment d'argent pour se nourrir et nourrir leurs enfants ». Même pour celles qui, s'affirmant « travailleuses du sexe », disent avoir choisi la prostitution, ce choix demeure dicté par la nécessité et ne justifie en rien l'esclavage subi par toutes les autres.
Reste qu'il ne suffit pas de prendre des mesures visant à dissuader les clients, il faut prévoir et dire comment les prostituées pourront alors continuer à vivre. Les parlementaires ont donc voté des « mesures d'accompagnement social et professionnel » pour les femmes qui voudront quitter la prostitution. Un « parcours de sortie » sera proposé à celles qui en feront la demande auprès d'associations agréées. Mais ils n'ont rien trouvé de plus à proposer aux femmes de nationalité étrangère qui s'engageraient dans ce parcours que la délivrance d'une autorisation provisoire de séjour de six mois, et une allocation temporaire d'attente de 336 euros par mois. Pensent-ils vraiment que cela permette à des jeunes femmes, quotidiennement violentées parce qu'esclaves de réseaux mafieux, de sortir de ceux-ci ?
Que le recours à la prostitution soit considéré comme un délit et que le délit de racolage soit aboli, c'est le moins qu'on puisse attendre de la loi d'un pays qui se dit civilisé.
Mais il faudrait bien autre chose que quelques aumônes transitoires pour que des femmes livrées à l'esclavage sexuel puissent au moins tenter d'en sortir et bien autre chose encore pour mettre en échec les réseaux mafieux vivant de la traite. Quant à faire disparaître la prostitution, il faudra d'abord construire une tout autre société, une société d'où aura disparu l'exploitation et, par voie de conséquence, l'inégalité sociale et l'inégalité des sexes.
Sophie GARGAN
Montre moi où et comment j'ai dit autre chose.
Comme je l'ai déjà dit, je suis en totalité d'accord avec cet article, aussi bien dans ce qu'il approuve clairement que dans ce qu'il considère insuffisant...et évidemment sur la nécessité de construire une société socialiste pour que disparaisse vraiment le fléau de la prostitution.
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Prostitution/Travail du sexe
Cela, c'est manifestement faux et part d'un préjugé idéologique.Car la prostitution est bien une violence, une des pires qui soit faite aux femmes. Il est évident que l'immense majorité, pour ne pas dire la totalité, des femmes qui se prostituent le font sous la contrainte. C'est bien la contrainte qui peut seule imposer à une femme de subir jusqu'à des dizaines de rapports sexuels quotidiens sans le moindre désir. C'est bien la violence, celle des trafiquants, celle de la misère économique, sociale et affective qui la contraint à vendre son corps comme une marchandise et lui impose cet esclavage.
Sinon, il me semble que, dans un autre article, plus court, LO avait évoqué les effets négatifs possible de la loi.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
Voici par exemple un extrait d'une interview de Arlette Couzon, candidate de Lutte Ouvrière aux élections législatives de juin 2012 dans la deuxième circonscription du Rhône publiée par le site Fierté Lesbian & gays. http://www.fierte.net/article.php3?id_article=466 C'est nettement plus nuancé.
On remarquera au passage que Arlette Couzon reconnait un peu hypocritement dans cette interview qu'"il a pu y avoir des préjugés homophobes au sein de LO par le passé, en particulier parmi les hommes." Bon, c'est HS sur ce fil...
Comment Lutte Ouvrière, qui combat la notion même de marché, juge-t-elle le débat en cours sur la prostitution ? Êtes-vous favorable à sa pénalisation ?
La prostitution est symptomatique de cette société où les rapports entre hommes et femmes ne sont pas harmonieux, où tout s’achète et tout se vend. C’est aussi un révélateur de la misère sexuelle : qu’on soit obligés de payer pour faire l’amour, cela me laisse sans voix. Ce sont souvent des filles venues d’Afrique ou des pays de l’Est qui vendent leur corps ; cela me révolte et me dégoûte. Donc, évidemment, nous sommes contre la prostitution. Personnellement, je ne crois pas beaucoup à la liberté de se prostituer : celle-ci existe peut-être pour quelques filles, mais pas pour celles que l’on voit sur les trottoirs. Mais pénaliser les clients, interdire, je ne sais pas si c’est la solution car ils se cacheront.
On remarquera au passage que Arlette Couzon reconnait un peu hypocritement dans cette interview qu'"il a pu y avoir des préjugés homophobes au sein de LO par le passé, en particulier parmi les hommes." Bon, c'est HS sur ce fil...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
J'avais lu cette interview, et notamment ce passage. "Hypocritement", je ne sais pas : Arlette Couzon, dont j'ignore l'âge, a très bien pu commencer à militer à une époque où ces faits faisaient déjà partie du passé. Je trouve même plutôt respectable sa déclaration, qui vaut toujours mieux que l'habituelle antienne "cela n'a jamais existé".verié2 a écrit:On remarquera au passage que Arlette Couzon reconnait un peu hypocritement dans cette interview qu'"il a pu y avoir des préjugés homophobes au sein de LO par le passé, en particulier parmi les hommes." Bon, c'est HS sur ce fil...
Byrrh- Messages : 1009
Date d'inscription : 12/09/2012
Re: Prostitution/Travail du sexe
Tu as raison en effet : ça dépend de son âge militant.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
Je ne milite pas contre cette loi, d'autant que c'est quasiment impossible de le faire sans être assimilé à un défenseur des clients. En revanche...
Molière, les tartuffe se portent bien...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
Tu m'obliges à me répéter.Toussaint a écrit:Je ne milite pas contre cette loi, d'autant que c'est quasiment impossible de le faire sans être assimilé à un défenseur des clients. En revanche...
Molière, les tartuffe se portent bien...
Il y a plusieurs choses que je reproche à cette loi :
-Le caractère démagogique d'une mesure destinée à satisfaire une partie de l'électorat, prise par un gouvernement dont toute la politique anti-sociale ne peut que favoriser la prostitution.
-L'inefficacité de cette mesure qui n'est pas accompagnée d'une véritable aide aux prostituées pour s'en sortir. Et comment serait-ce possible dans une période de crise et de chômage où les travailleurs licenciés ne retrouvent pas d'emploi ?
-Les éventuels effets négatifs dénoncés par un certain nombre d'associations.
Ca n'a strictement rien à voir avec une "défense des clients". Mon point de vue est qu'il convient avant tout de dénoncer l'hypocrisie du gouvernement et non se féliciter d'une quelconque "avancée". Mais toi non plus, Toussaint, tu ne t'es jamais fait remarquer par ton sens des nuances.
Dernière édition par verié2 le Sam 11 Jan - 16:01, édité 1 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
Il semble assez difficile de comprendre quelle est la position du NPA sur la loi au travers des positions exprimées ici et là.
La prostitution peut-elle être nommée "travail du sexe" et le STRASS a-t-il raison de revendiquer un statut, une reconnaissance, une institutionnalisation de la prostitution ? et logiquement la reconnaissance du droit syndical pour ces travailleuses ?
Ceci est-t-il toujours d'actualité ?
La prostitution peut-elle être nommée "travail du sexe" et le STRASS a-t-il raison de revendiquer un statut, une reconnaissance, une institutionnalisation de la prostitution ? et logiquement la reconnaissance du droit syndical pour ces travailleuses ?
http://npa2009.org/content/prostitution-contre-la-p%C3%A9nalisation-des-clients
Ceci est-t-il toujours d'actualité ?
C’est pourquoi le NPA s’engage contre cette pénalisation du client et s’associe aux mobilisations qui s’y opposent.
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Prostitution/Travail du sexe
Deux camionnettes de prostituées incendiées en forêt de Balleroy
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Pénalisation des clients/abuseurs
Il semblerait que ça avance et que les clients/abuseurs des prostituées commencent à être de plus en plus reconnus comme des délinquants.
Une petite avancée progressiste dans cette époque pourrie.
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/civilisation/3459-prostitution-le-parlement-europeen-soutient-le-modele-nordique
Une petite avancée progressiste dans cette époque pourrie.
le Parlement européen estime que les États membres doivent adopter le "modèle nordique", appliqué en Suède, Islande et Norvège, « où l'achat de services sexuels constitue un acte criminel, mais pas les services des personnes prostituées ».
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/civilisation/3459-prostitution-le-parlement-europeen-soutient-le-modele-nordique
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Prostitution/Travail du sexe
Pour ceux qui, comme Mykha, croient que la prostitution ne peut s'effectuer que sous la contrainte, voire la violence, je conseille de voir le film Paradis amour de Ulrich Seidl qui passe en ce moment sur les chaînes câblées. C'est sans doute assez dérangeant par son côté sordide, mais le constat sur le tourisme sexuel des Européennes en Afrique est accablant. On y voit un groupe de petites bourgeoises autrichiennes, même pas riches, se comporter au Kenya comme de vulgaires beaufs masculins pour s'envoyer de la chair fraiche. Entre les jeunes hommes qui se livrent à la prostitution, la concurrence est rude pour s'accaparer cette clientèle. Et nul besoin d'une mafia pour les y contraindre, la misère et l'appât du gain suffisent. On découvre dans ce film un aspect de l'égalité hommes-femmes qui n'a rien de réjouissant, quand les femmes rejoignent les hommes dans la consommation sexuelle tarifée.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
Oui j'ai vu ce film qui donnera entre autres une bonne conscience à pas chère pour les clients de prostitués contraintes puisque "les femmes elles aussi... c'est vrai je l'ai vu dans un film"
Par ailleurs il faut rappeler que les clients prostitueurs se foutent totalement de savoir si la personne prostituée est contrainte ou non. Ils viennent acheter et exercer une violence dont ils jouissent, point final.
Par ailleurs il faut rappeler que les clients prostitueurs se foutent totalement de savoir si la personne prostituée est contrainte ou non. Ils viennent acheter et exercer une violence dont ils jouissent, point final.
Achille- Messages : 2738
Date d'inscription : 24/12/2011
Re: Prostitution/Travail du sexe
Je ne vois pas en quoi ce film pourrait donner bonne conscience à qui que ce soit ! Il met au contraire très mal à l'aise et montre le caractère répugnant de la prostitution et de la domination sexuelle par le fric. Le fait que les femmes aussi aient recours à la prostitution ne la valorise pas du tout. Ce film devrait au contraire dégoûter une partie des consommateurs de sexe tarifé, hommes ou femmes, sauf évidemment les plus cyniques et insensibles...Achille
j'ai vu ce film qui donnera entre autres une bonne conscience à pas chère pour les clients de prostitués contraintes puisque "les femmes elles aussi... c'est vrai je l'ai vu dans un film" Rolling Eyes
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
Tout à fait juste, et la question de ce fil c'est surtout la pénalisation de ces clients/abuseurs qui profitent d'un système prostitueur ou simplement d'un rapport financier qui leur est favorable pour consommer du sexe tarifé.Par ailleurs il faut rappeler que les clients prostitueurs se foutent totalement de savoir si la personne prostituée est contrainte ou non. Ils viennent acheter et exercer une violence dont ils jouissent, point final.
Et pour répondre à Vérié, même si par exemple des mineurs (ou majeurs) de pays pauvres se prostituent sans contrainte directe et violence des proxénètes, ce n'est pas eux qu'il faut "punir" mais les salopards qui abusent de leur position pour acheter des rapports sexuels en position de prédateurs.
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Prostitution/Travail du sexe
Je ne suis pas certain que tous les clients soient indifférents au fait de savoir si les prostitués des deux sexes sont contraints par la violence ou non. Certains préfèrent entretenir l'illusion d'une sorte d'échange voire d'une séduction comme le montre le film cité. Enfin je ne suis pas dans leur tête...
Ce sur quoi je voulais insister, c'est sur le fait que la prostitution est avant tout liée à la misère et à l'inégalité sociale et à l'inégalité Nord-Sud en ce qui concerne le tourisme sexuel, et non à une contrainte violente. Sans doute la domination par le fric se combine avec les traditions machistes patriarcales, mais celles-ci n'en sont pas le fondement. Ce film - quasi documentaire - le montre bien : la progression de l'égalité homme-femme, surtout dans les classes aisées ou même petites bourgeoises modestes des pays riches conduit les femmes à se conduire exactement comme les hommes sur ce plan. Ce qui ne rend en aucune façon la prostitution plus acceptable, faut-il le souligner ?
Sur la question des sanctions de justice contre les clients, tout a été dit. On ne va pas reprendre la discussion. En ce qui concerne les Etats pauvres, dont le tourisme est une des ressources essentielles, tel le Kenya du film, il est évident que les autorités ne vont pas sanctionner leurs vaches à lait, sauf à la rigueur en cas d'abus, genre pédophilie ou violences, et encore. Donc les clients réprimés (avec plus ou moins d'énergie ?) dans les pays riches auront toujours tout loisir d'aller consommer de la chair fraiche dans les pays pauvres...
Ce sur quoi je voulais insister, c'est sur le fait que la prostitution est avant tout liée à la misère et à l'inégalité sociale et à l'inégalité Nord-Sud en ce qui concerne le tourisme sexuel, et non à une contrainte violente. Sans doute la domination par le fric se combine avec les traditions machistes patriarcales, mais celles-ci n'en sont pas le fondement. Ce film - quasi documentaire - le montre bien : la progression de l'égalité homme-femme, surtout dans les classes aisées ou même petites bourgeoises modestes des pays riches conduit les femmes à se conduire exactement comme les hommes sur ce plan. Ce qui ne rend en aucune façon la prostitution plus acceptable, faut-il le souligner ?
Sur la question des sanctions de justice contre les clients, tout a été dit. On ne va pas reprendre la discussion. En ce qui concerne les Etats pauvres, dont le tourisme est une des ressources essentielles, tel le Kenya du film, il est évident que les autorités ne vont pas sanctionner leurs vaches à lait, sauf à la rigueur en cas d'abus, genre pédophilie ou violences, et encore. Donc les clients réprimés (avec plus ou moins d'énergie ?) dans les pays riches auront toujours tout loisir d'aller consommer de la chair fraiche dans les pays pauvres...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Prostitution/Travail du sexe
à lire absolument, quelques paroles de clients prostitueurs témoignant non pas de l'achat d'un service, mais bien de l'exercice d'une violence contre les victimes du système protitutionnel :
http://prostitueurs.tumblr.com/
http://prostitueurs.tumblr.com/
Achille- Messages : 2738
Date d'inscription : 24/12/2011
Re: Prostitution/Travail du sexe
http://www.prostitutionetsociete.fr/societe/air-du-temps-medias/payer-pour-ca-un-retour
Loin des mythes, une réalité criminelle qui n’intéresse pas les "clients" prostitueurs
Que devient l’argent dépensé par Julien dans les bordels ? L’essentiel de l’argent récolté abonde l’économie clandestine : trafics d’êtres humains, drogues et d’armes... sont les crimes ordinairement "découverts" lors d’une descente de police dans un puticlub. De toute évidence, les bordels n’empêchent pas la traite, mais la large dépénalisation du proxénétisme (seule est délictueuse la "contrainte" à la prostitution, qu’il faut pouvoir prouver) voue à l’échec la lutte contre les trafics. Dès que nous démantelons un réseau nous savons que nous créons un vide. Il y aura toujours des clients et par conséquent ce vide sera très vite occupé par une organisation criminelle.
Quelques « affaires » sont citées : des puticlubs où sévissent les viols et les violences, la prostitution de mineures, le trafic de drogues... les "propriétaires" écopent de trois mois de prison, tandis que leur établissement reste ouvert. Et les médias continuent de promouvoir le proxénétisme nouvelle manière : des gérants avisés, soucieux d’hygiène et de sécurité, qui ne font que louer des chambres à des femmes majeures et consentantes.
D’ailleurs, Julien, quant à lui, se satisfait du cliché de la prostituée heureuse de l’être, la femme experte : Elles sont très très ouvertes à “ça” ce sont des expertes en la matière. Il semble tout de même lucide sur les raisons réelles de cette fameuse ouverture : quand on a des fantasmes (...) je ne pense pas qu’elles disent non, tant qu’on a de l’argent.
Et tant qu’ils ont de l’argent, les hommes comme Julien obtiennent tout ce que leurs femmes ne veulent pas faire, selon les mots d’une personne prostituée interrogée, avec une de ses amies, par la reporter. Elle explique préférer la rue aux bordels, car dans un club il faut faire beaucoup de choses pour pouvoir travailler. D’abord il faut boire de l’alcool. (...) Les clients (...) demandaient beaucoup beaucoup de choses que je ne voulais pas faire. Du coup ma patronne m’a demandé de faire plaisir aux clients. J’ai refusé (...) donc je suis retournée dans la rue. Son amie approuve, elle a connu la même situation.
Une autre personne prostituée, dans un puticlub cette fois, fait le même constat. Les jeunes veulent se sentir de vrais hommes, ils ont beaucoup d’exigences, en fait ils regardent beaucoup trop de films porno. Ils veulent faire la même chose. Une autre : J’ai envie d’arrêter, parfois quand je rentre dans la chambre je suis écoeurée, j’ai envie que personne me touche. Parce que tu dois te laisser toucher embrasser par tous, par toutes sortes de personnes, c’est dégoûtant.
Julien n’est pas insensible à leur détresse : c’est pas cool, commente t-il.
Mais le client est roi, il n’a pas à se soucier des états d’âme de la marchandise : Quand nous français allons consommer des filles à la Jonquère, on ne pense pas du tout à ça, on est des clients quoi. On va bien acheter des œufs de poules qui sont, dans des conditions de vie, bon... on s’en fout, c’est des poules, on les mange quand même. Voilà ! C’est la société de consommation qui est comme ça. Les prostituées c’est la même chose.
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
le calvaire prostitutionnel.
http://beyourownwomon.wordpress.com/2013/09/10/feminicide-rachel-moran-denonce-le-calvaire-prostitutionnel/
Rachel Moran, survivante de la prostitution, est journaliste et l’auteure de l’ouvrage intitulé Paid for : My journey through prostitution. Dans cet essai, l’écrivaine met en lumière les rouages du système prostitutionnel, et fustige par là-même la promotion médiatique, libérale, voire même socialiste de la prostitution. Brisant les mythes patriarcalistes autour de cette pratique féminicidaire, Rachel Moran nous offre un texte riche, honnête, politique et plein d’espoir pour lutter en faveur de l’abolition du servage sexuel, afin que cesse l’avilissement et l’assujettissement de la moitié féminine de l’humanité.
MM : D’accord. Alors, que répondriez-vous à ceux qui avancent que la légalisation de la prostitution, des bordels, permettraient de protéger davantage les femmes prostituées ?
R.M : Disons que je n’arrive même pas à exprimer à quel point cela me dégoûte. Car cela revient à dire que si on légalisait la violence conjugale, ça la rendrait plus ‘sûre’. Ou encore, si la loi autorisait le viol-pour des raisons obscures-, ça le rendrait moins dangereux pour les femmes. C’est l’idée la plus épouvantable qui soit sur Terre. Je me souviens alors que j’avais entre seize, dix-sept ans, durant mes premières années dans la prostitution, les femmes prostituées discutaient de la légalisation du système prostitueur. Et cela me donnait la nausée. Je me disais : « Mon Dieu, non, pas ça ! », j’étais contre toute syndicalisation et règlementation. L’idée qu’on pouvait rendre ce qui se passe dans ce milieu socialement acceptable, m’était insupportable. Cela m’a toujours paru funeste, tellement affreux. D’ailleurs, je savais que ça l’était, ça n’était pas juste un sentiment.
Des pays comme l’Allemagne et des villes comme Victoria en Australie, le Nevada aux Etats-Unis, et bien d’autres régions dans le monde où la prostitution est légalisée, devraient être tenus coupables pour violation des droits humains des femmes.
MM : Il y a une certaine position commune, surtout dans les rangs des féministes dites de la ‘ Troisième Vague’ ou ‘pro-sexe’, suggérant qu’on ne devrait pas diaboliser les prostitueurs, ou qu’on ne devrait pas cataloguer les hommes qui vont voir les femmes prostituées, comme des personnes immondes et misogynes. Quant à vous, vous affirmez que les hommes violent constamment les femmes prostituées. Qu’est-ce que ça veut dire alors ? Existerait –il des prostitueurs sympathiques ?
R.M : Tout dépend de votre définition d’un homme gentil ! Y-a-il des prostitueurs sympas … Déjà, toute la rhétorique ‘pro-sexe’, je dois vous dire, me met hors de moi. Elle me tape sur les nerfs. Je dois le dire franchement. Car si vous êtes ‘pro sexe’, alors vous ne pouvez pas être pour l’exploitation sexuelle. Si vous êtes ‘pro sexe’, alors vous devez être pour la réciprocité, le respect, et ça, ça n’arrive jamais dans la prostitution. C’est impossible. La prostitution est un domaine où règne l’unilatéralité, et c’est plus que dégoûtant. C’est tout simplement mal. Ce qui m’énerve, c’est quand on prétend que la morale ne devrait pas entrer en ligne de compte dans la prostitution. Or, moi je soutiens que la morale doit absolument entrer en ligne de compte. Et je le dis haut et fort : la prostitution est immorale. Pour la simple et bonne raison qu’elle porte atteinte à l’intégrité physique et psychique des femmes. Voilà tout ce qui fait de la prostitution une pratique contraire à la morale. Si les gens disent que cet aspect moral n’a rien à faire là, et bien c’est du grand n’importe quoi ! Et s’ils continuent à prétendre cela, qu’ils aillent dans un bordel trouver leur fille de seize ans, et qu’ils me disent droit dans les yeux, que la morale n’a précisément rien à faire là.
MM : Vous dites dans votre livre que, « lorsque l’on se prostitue, on sanctionne et on accepte un paiement pour le viol de notre propre corps ». Encore une fois, on n’a pas l’habitude de ramener la prostitution au viol ou à des abus sexuels. Mais on a plutôt coutume de dire qu’il s’agit d’un choix, d’un acte libre, ou d’un travail comme les autres. Selon vous, pourquoi tant de femmes qui s’identifient comme des ‘travailleuses du sexe’ refusent-elles de reconnaître la prostitution comme une agression sexuelle ?
R.M : C’est très simple. Si les femmes qui s’identifient comme des ‘travailleuses du sexe’ – terme qui ne veut rien dire d’ailleurs-, affrontaient chaque jour la réalité de la prostitution, vous imaginez les dégâts. Elles iraient contre leur croyance illusoire d’indépendance. Or c’est très important pour les femmes prostituées, comme ça l’était pour moi, de prétendre avoir le contrôle. Vous devez vous accrochez à cette idée, mais vous savez que vous ne contrôlez rien du tout. Vous le savez très bien. Mais vous devez tenir le coup psychologiquement. Vous devez vous dire qu’il ne s’agit pas de viol, mais de ‘service’. Or le problème aujourd’hui, c’est que nous vivons dans une ère où le capitalisme est très puissant. Alors, les gens se disent qu’il ne peut y avoir de ‘viol moyennant finance’. En somme, selon cette perspective, dès que l’argent entre en ligne de compte, peu importe ce qui se passe, ça ne peut pas être de la domination. Surtout lorsque cela implique le ‘sexe’. C’est assez étrange. Alors que si une personne, femme ou homme, vit dans un milieu oppressant et dénigrant, c’est reconnu comme tel. Mais quand il s’agit de prostitution, tout d’un coup, le viol laisse place à la libre transaction entre parties prétendument égales. Les gens doivent vraiment s’interroger là-dessus. Parce qu’il n’y a aucun prix au monde qui puisse justifier la subordination et l’aliénation, fussent-elles sexuelles.
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Prostitution/Travail du sexe
Je crois que la théorisation de la prostitution comme "viol moyennant finance" est une pente très dangereuse, qui amène à une certaine banalisation du viol et à une déshumanisation des prostituées.Mais vous devez tenir le coup psychologiquement. Vous devez vous dire qu’il ne s’agit pas de viol, mais de ‘service’. Or le problème aujourd’hui, c’est que nous vivons dans une ère où le capitalisme est très puissant. Alors, les gens se disent qu’il ne peut y avoir de ‘viol moyennant finance’.
C'est comme ça que lorsqu'une prostituée se fait violer, on aboutit à ne plus considérer ça comme un viol (comme pour n'importe quelle autre femme), mais simplement à un vol (sans I), qui peut donc se résoudre en forçant le violeur ...... à "régler la passe".
Je ne suis pas pour considérer la prostitution comme un travail, mais attention à ne pas tomber dans l'excès inverse!
Duzgun- Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010
survivantes de la prostitution
http://television.telerama.fr/tele/programmes-tv/survivantes-de-la-prostitution,73578851.php
Un document édifiant sur LCP
Un document édifiant sur LCP
Des années durant, Laurence Noëlle et Rosen Hicher ont vendu leur corps. Toutes deux ont réussi à sortir de la prostitution, et, aujourd'hui, en dénoncent les outrages, loin de l'image d'Epinal de la « fille de joie » à l'ancienne. Ouvertement partisan, le film ne cherche pas à ouvrir un débat contradictoire. S'il contextualise son propos, il accompagne clairement et franchement le combat abolitionniste de ces militantes, fondatrices de la branche française de l'association des Survivantes.
Le réalisateur les a suivies plusieurs mois durant (jusqu'au vote par l'Assemblée nationale de la proposition de loi pénalisant les clients, le 4 décembre 2013), et, d'interventions publiques en confidences, filme leur quotidien. Décidées à porter la voix de toutes celles qui se taisent, ces deux battantes témoignent sans fausse pudeur, analysent leur propre expérience, aident aussi d'autres femmes à se reconstruire.
Ce que capture le mieux ce film, c'est la sincérité crue de leur parole, qui raconte les enfances bousillées par les violences familiales, les mauvaises rencontres, les sévices, les humiliations, le dédoublement presque schizophrène entre le corps et l'esprit... Les expériences sont dramatiques, et la douleur est encore présente. Etayé par de nombreuses interventions (anciennes prostituées, mais aussi la députée Maud Olivier ou Danielle Bousquet, présidente du Haut Conseil à l'égalité hommes-femmes), ce document révèle la part la plus obscure, indéfendable, de tout un système. — Hélène Marzolf
En savoir plus sur http://television.telerama.fr/tele/programmes-tv/survivantes-de-la-prostitution,73578851.php#u5VyDIUzRhR547Qy.99
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
Re: Prostitution/Travail du sexe
Mikha qui prend ses référence chez les "catho de gauche" (de Télérama) : amusant (et révélateur)
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Prostitution/Travail du sexe
gérard menvussa a écrit:Mikha qui prend ses référence chez les "catho de gauche" (de Télérama) : amusant (et révélateur)
Damned!!! Il m'a démasqué, le bougre!
Quelle sagacité sous une apparente niaiserie!
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
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