Afrique du Sud
+15
CCR
Eleanor
gérard menvussa
Lascar Kapak
yannalan
Roseau
Toussaint
verié2
Azadi
Eugene Duhring
Rougevert
luga
Carlo Rubeo
Copas
sylvestre
19 participants
Page 2 sur 3
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Re: Afrique du Sud
Assez d'accord avec Duhring...
Toussaint- Messages : 2238
Date d'inscription : 09/07/2010
Un massacre qui marque un tournant
http://alencontre.org/afrique/afrique-du-sud/afrique-du-sud-un-massacre-qui-marque-un-tournant-dans-une-histoire.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Afrique du Sud
Radio canada
Faute d'avoir mis à bas les structures de l'ancien régime d'apatheid, les noirs sud-africains se retrouvent avec un gouvernement et une minorité bourgeoisie noires en serviteur zélé du pouvoir capitaliste afrikaner, le vrai pouvoir ! Que pouvaient révêr de mieux les afrikaners, perpétuer les relations anciennes sans l'opprobe mondiale.
Effectivement, Sylvestre avait raison, le régime d'apartheid n'est plus même dans les faits !!En Afrique du Sud, 270 mineurs de la mine Marikana ont été inculpés pour les meurtres de leurs 34 collègues tués le 16 août dernier par des policiers.
Cette décision, issue d'un tribunal de la banlieue de Pretoria, repose sur une clause du Code pénal qui stipule que toutes les personnes arrêtées sur le site d'une fusillade impliquant la police sont inculpées de meurtre.
Le juge a fixé la prochaine audience au jeudi 6 septembre, le temps de vérifier les adresses des mineurs, une tâche difficile puisque la plupart d'entre eux habitent dans les bidonvilles.
Les policiers se défendent de la fusillade en affirmant avoir agi en légitime défense, mais les journaux locaux ont rapporté des résultats d'autopsies de victimes démontrant qu'elles ont été tuées par des tirs dans le dos.
Le jeune Julius Malema, expulsé en avril de l'ANC, le parti au pouvoir, a qualifié l'audience de jeudi de « folie ». L'ancien président de la Ligue de jeunesse de l'ANC a dénoncé le fait que : « Les policiers qui ont tué ces mineurs ne sont pas en prison, pas un seul d'entre eux », a-t-il lancé.
Malema a attaqué le gouvernement la semaine dernière, appelant les grévistes à la révolution, lors d'une cérémonie en hommage aux victimes de Marikana.
Les 3000 foreurs qui s'étaient mis en grève le 10 août pour réclamer une augmentation importante de leurs salaires ont accepté de se faire représenter par les syndicats. Les pourparlers, sous l'égide du gouvernement, se poursuivaient à Rustenburg entre le groupe minier Lonmin et les syndicats.
Faute d'avoir mis à bas les structures de l'ancien régime d'apatheid, les noirs sud-africains se retrouvent avec un gouvernement et une minorité bourgeoisie noires en serviteur zélé du pouvoir capitaliste afrikaner, le vrai pouvoir ! Que pouvaient révêr de mieux les afrikaners, perpétuer les relations anciennes sans l'opprobe mondiale.
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Afrique du Sud
Lonmin n'est pas une boîte afrikaner et au niveau des dirigeants des groupes miniers, je pense que les "anglos" sont majoritaires. (c'est juste un détail)
yannalan- Messages : 2073
Date d'inscription : 25/06/2010
Re: Afrique du Sud
yannalan a écrit:Lonmin n'est pas une boîte afrikaner et au niveau des dirigeants des groupes miniers, je pense que les "anglos" sont majoritaires. (c'est juste un détail)
Lonmin n'appartient pas à des anglos sud-africains, mais à des britanniques.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Le massacre de Marikana: un tournant ?
http://alencontre.org/afrique/le-massacre-de-marikana-un-tournant.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Sommet d'oppression politique après le massacre...
Afrique du Sud : Sommet d’oppression politique après le massacre des mineurs
Jeudi 16 août, la police sud-africaine tirait à balles réelles sur les grévistes d’une mine de platine à Marikana, assassinant froidement 34 personnes. En conflit depuis plus d’un mois avec l’exploitant britannique, Lonmin, les mineurs ne réclamaient pourtant rien d’autre que l’augmentation de leurs salaires de misère (400 euros par mois). Quelques jours plus tard, 270 de leurs compagnons grévistes étaient emprisonnés par le parquet, inculpés de meurtre sur la foi d’une clause de loi anti-émeute remontant… à l’Apartheid. Ultime affront, ils ont été libérés le 2 septembre, après l’inhumation de leurs camarades.
Nous condamnons cette violence inouïe directement causée par l’attitude coupable et provocatrice du gouvernement sud-africain. Ces évènements prouvent que celui-ci mène une guerre ouverte contre les travailleurs et travailleuses, et contre les pauvres. Car c’est avec la complicité du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), et en collusion avec le syndicat NUM (National Union of Mineworkers), que des industriels tels que Lonmin exploitent à ce point leurs salarié-e-s. Ce gouvernement n’est donc pas étranger aux affrontements mortels entre syndicalistes, qui ont servi d’alibi au massacre perpétré ensuite par les forces de police.
Oppression politique, répression syndicale, police ultra-militarisée, voilà bien tous les signes d’une dictature capitaliste, corrompue et meurtrière, où tous les faux-semblants du gouvernement sud-africain n’apparaissent plus que comme une scandaleuse provocation.
Alternative libertaire condamne le massacre et l’emprisonnement des grévistes, et exprime un soutien et une solidarité sans faille aux ouvriers-ères qui se battent pour leurs conditions de travail dans le contexte sud-africain de violence et de privation de liberté.
Alternative libertaire, le 4 septembre 2012
Source : http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article4907
Lascar Kapak- Messages : 105
Date d'inscription : 11/03/2012
Appel au combat unitaire
Nous devons dénoncer ces crimes non seulement parce qu’ils sont insupportables, mais aussi parce que nous avons besoin de renforcer notre solidarité de classe au plan international, pour renverser demain une société qui produit périodiquement, et inévitablement, de tels massacres.
Nous appelons tous et toutes, les organisations associatives, syndicales, politiques attachées à la défense des intérêts de notre classe à se joindre à notre appel, à notre action.
Manifestons notre solidarité !
Rassemblement à Lyon : Samedi 8 Septembre, 15 H Place du Pont (Métro Guillotière)
Premiers signataires : Union pour le communisme, Initiative communiste-ouvrière, Fédération syndicale étudiante Lyon, Comité communiste internationaliste (trotskiste), Nouveau parti anticapitaliste, Parti communiste-ouvrier d’Iran, Marxistes révolutionnaires (Maroc)
http://unionpourlecommunisme.wordpress.com/2012/09/04/massacre-des-mineurs-de-marikana-rassemblement-samedi/
Nous appelons tous et toutes, les organisations associatives, syndicales, politiques attachées à la défense des intérêts de notre classe à se joindre à notre appel, à notre action.
Manifestons notre solidarité !
Rassemblement à Lyon : Samedi 8 Septembre, 15 H Place du Pont (Métro Guillotière)
Premiers signataires : Union pour le communisme, Initiative communiste-ouvrière, Fédération syndicale étudiante Lyon, Comité communiste internationaliste (trotskiste), Nouveau parti anticapitaliste, Parti communiste-ouvrier d’Iran, Marxistes révolutionnaires (Maroc)
http://unionpourlecommunisme.wordpress.com/2012/09/04/massacre-des-mineurs-de-marikana-rassemblement-samedi/
luga- Messages : 66
Date d'inscription : 08/07/2010
Age : 70
Re: Afrique du Sud
publié sur Algérie Presse Service
Neville Alexander, combattant de l’apartheid est mort
JOHANNESBURG - Le Sud-Africain Neville Alexander, combattant de l’apartheid, linguiste distingué et compagnon de détention de Nelson Mandela, est mort d’un cancer lundi à l’âge de 75 ans, a annoncé l’Université du Cap (UCT).
Né à Cradock (sud) en octobre 1936, il s’était engagé dans les années 1950 dans la lutte contre la ségrégation, tendance trotskiste.
Cofondateur du "Front de libération nationale", il a été arrêté en juillet 1963 et condamné pour complot de sabotage, ce qui l’a conduit à passer dix ans sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap, entre 1964 et 1974. Il y a côtoyé, entre autres, Nelson Mandela.
Neville Alexander y a enseigné l’histoire aux autres détenus, quand Mandela enseignait le droit et l’actuel porte-parole de la présidence sud-africaine, Mac Maharaj, l’économie.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Afrique du Sud
http://www.rfi.fr/afrique/20120907-afrique-sud-mine-marikana-syndicat-justice-police?ns_campaign=editorial&ns_source=FB&ns_mchannel=reseaux_sociaux&ns_fee=0&ns_linkname=20120907_afrique_sud_mine_marikana_syndicat_justice
Afrique du Sud: le conflit social se poursuit dans la mine de Marikana
REUTERS/Siphiwe Sibeko
Par RFI
La justice sud-africaine a remis en liberté tous les mineurs qui avaient été arrêtés le 16 août lors de la fusillade de Marikana et qui étaient encore en détention. Concernant le conflit social proprement dit, les grévistes de la mine de Marikana ont refusé de signer l'accord conclu entre certains syndicats et la direction.
Les 104 derniers mineurs encore en prison pour avoir été présents lors de la fusillade du 16 août ont été libérés jeudi 6 septembre. Selon le parquet, il n'y a plus personne en détention, tous ont été relâchés sauf cinq mineurs qui sont encore à l'hôpital et devront se présenter au juge pour bénéficier des mêmes conditions. Les poursuites pour meurtre et tentative de meurtre ont été retirées.
En revanche, les mineurs devront comparaitre devant la justice pour les autres chefs d'accusation, violence publique et rassemblement interdit. L'audience aura lieu le 12 février.
La semaine dernière, l'inculpation de ces hommes pour le meurtre de leurs 34 camarades abattus par la police avait suscité l'indignation. Les juges appliquaient en fait une loi anti-émeute datant de l'époque de l'apartheid.
Le parquet a donc finalement annoncé la suspension de l'inculpation et la libération des mineurs.
Pour autant, le conflit social n'est pas terminé. Les grévistes ont refusé de signer un accord conclu entre certains syndicats et la direction. L'accord prévoyait la reprise du travail et l'ouverture de négociations salariales.
Mais pour les grévistes et leur syndicat qui avait encouragé la grève sauvage au début du conflit, le point d'achoppement reste le salaire dont ils exigent l'augmentation avant de reprendre le travail.
Trois semaines après le massacre de 34 mineurs en grève par la police, le conflit social se poursuit donc.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Afrique du Sud
http://www.npa2009.org/content/afrique-du-sud-apr%C3%A8s-la-tuerie-de-marikana
Afrique du Sud : Après la tuerie de Marikana
jeudi 6 septembre 2012
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 160 (06/09/12)
Marikana-mine-workers-blood-stains-South-African-flag.jpg
La tuerie de la mine de platine de Marikana restera dans l’histoire comme l’un des épisodes les plus sanglants de la guerre de classes.
Le 16 août dernier, le massacre de la mine de platine de Marikana a fait 34 morts et des dizaines de blessés, de mineurs incarcérés. Comble de l’abjection : à l’issue du massacre, 270 grévistes ont été inculpés pour le meurtre de leurs collègues, en vertu d’une loi datant du régime de l’Apartheid. Face aux innombrables réactions, cette inculpation a été levée le 2 septembre. En revanche, aucun policier ne semble avoir été inquiété jusqu’ici...
Jusqu’en 2011, le groupe britannique Lonmin, propriétaire de la mine de Marikana a engrangé des profits records, à la suite du boom des matières premières consécutif au krach de 2008... Cela ne l’empêche pas d’employer ses personnels dans des conditions invraisemblables. Un rapport rendu public récemment révèle que la direction de la mine était alertée depuis 2006 sur les conditions de vie et d’emploi « abjectes » des mineurs. Elle n’en a évidemment tenu aucun compte.
Les mineurs employés par Lonmin sont payés une misère – environ 400 euros –, et voient leur pouvoir d’achat grignoté par l’inflation. Ils passent pourtant 8 à 9 heures par jour sous terre, six jours sur sept... Ces conditions de vie et de travail sont de l’esclavage moderne. Ils sont logés dans des bidonvilles sans électricité, où 30 foyers se partagent un seul point d’eau et un seul sanitaire... Les maladies professionnelles sont légion, notamment la tuberculose...
La grève a donc démarré le 10 août parmi les 3 000 mineurs, pour des augmentations de salaire. Puis le mouvement a été rejoint par le reste des 28 000 ouvriers de la mine. Mais Lonmin a refusé net de faire la moindre concession significative.
La fédération syndicale minière, la NUM (membre de la COSATU) organisait traditionnellement la masse des mineurs sud-africains. Mais elle paie au prix fort son soutien au gouvernement et sa collusion avec les patrons, et est actuellement en plein recul.
Un autre syndicat, l’ACMU, réputé plus combatif, se développe actuellement. Il accuse d’ailleurs la NUM de « partager le même lit que la direction ». À Marikana, les deux organisations se sont opposées. La NUM a estimé le mouvement « irréaliste » alors que l’ACMU en était partie prenante. Il semble bien qu’en accord avec la direction, la bureaucratie de la NUM ait tenté de liquider la grève par la force. Avant le 16 août, il y avait déjà eu déjà une dizaine de morts selon la presse.
Après le massacre, beaucoup a été dit pour masquer la responsabilité de la police du gouvernement ANC-SACP-COSATU dans cette boucherie. Mais les faits sont désormais avérés. Dans l’après-midi, la police est intervenue pour tenter de déloger les grévistes d’une colline où 3 000 d’entre eux étaient rassemblés, ce qui revenait à briser la grève. Après un simulacre de négociations, il y eut un début d’affrontements entre grévistes et police. Celle-ci a répliqué par des tirs à balle réelle.
La police a tenté de faire croire qu’elle avait agi en état de légitime défense. Des vidéos montrent pourtant que les policiers ont tiré de sang-froid. On n’a d’ailleurs retrouvé que six revolvers parmi les 259 mineurs interpellés.
La tuerie n’a pas fait fléchir le groupe Lonmin, qui s’est contenté de s’engager dans un simulacre de négociations avec ses partenaires de la NUM...
Quant au président, il s’est borné à visiter la mine quelques jours plus tard, pour annoncer la constitution d’une commission d’enquête dont personne n’attend rien.
Le bilan du gouvernement ANC-SACP-syndicats
Le massacre s’est déroulé dans un pays où le gouvernement est dit « de gauche ». Une coalition composée du parti nationaliste ANC, du PC local (SACP) et, directement, de la confédération syndicale COSATU, soutient le gouvernement actuel de Jacob Zuma.
Du point de vue des travailleurs, le bilan de Zuma et de son prédécesseur de l’ANC (M’beki) est accablant : même l’évêque Desmond Tutu constate l’échec de l’ANC à réduire un tant soit peu les énormes inégalités sociales qui existent dans le pays. Une frêle bourgeoisie noire a bien profité de la transition, s’installant dans les quartiers hier réservés aux blancs du temps de l’Apartheid, sous l’égide du « Black economic empowerement ». Mais pour la masse de la population noire, bien peu de choses ont changé.
Signe de ces contradictions, le principal dirigeant de l’organisation de jeunesse de l’ANC, Julius Malema, s’est récemment élevé contre la politique gouvernementale, ce qui a abouti à son exclusion. Malema se fait l’écho des aspirations de la population pauvre mais en la mêlant au soutien aux politiques les plus douteuses (telles celles de Mugabe, le dictateur du Zimbabwe). En tout cas, son incontestable popularité dans les bidonvilles est révélatrice des frustrations de la population laborieuse.
Un syndicaliste au conseil d’administration de la mine...
La responsabilité de la direction de la COSATU (étroitement soumise à l’ANC) est tout aussi écrasante. Concernant la fédération minière de la COSATU, la NUM, le Monde écrivait ainsi récemment que celle-ci a « délaissé ses membres les plus vulnérables en acceptant de signer des accords d’augmentation de salaire minimale, alimentant ainsi les soupçons de proximité grandissante avec le patronat. Le fossé entre ses représentants, de plus en plus souvent des cadres moyens, et ses représentés, qui passent plus de huit heures sous terre à près de 40°C, s’est aussi considérablement élargi. »
Symbole de cette « proximité grandissante » avec le patronat : la présence de Cyril Ramaphosa, l’homme fort de la NUM... au conseil d’administration de la mine Marikana !
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Afrique du Sud
Nouvelle grève chez Gold Fields
Un conflit touche la compagnie aurifère alors que, malgré la signature d’un accord avec les principaux syndicats, le travail n’a toujours pas repris dans la mine de platine de Marikana.
Les mouvements sociaux continuent d’agiter l’industrie minière en Afrique du Sud. La direction de la compagnie aurifère Gold Fields n’aura eu que peu de temps pour se réjouir de la fin du conflit qui avait paralysé la partie est de sa mine KDC. Cette fois-ci, ce sont les 15 000 travailleurs de la partie ouest – les 12 000 autres travaillent à l’est – qui ont débrayé le 9 septembre au soir, déclenchant une « grève non protégée » [Ndlr : les grévistes peuvent être licenciés]. La direction de Gold Fields, qui assure ne pas connaitre précisément les raisons du déclenchement du conflit, s’est rendue sur place pour négocier avec les syndicats et les travailleurs en grève. « La situation de la mine est calme et paisible depuis le début de la grève », a souligné Peter Turner, le vice-président de la compagnie pour l’Afrique du Sud. Le dirigeant en a appelé à tous les acteurs pour que la situation ne dégénère pas.
Pendant ce temps, le travail n’a toujours pas repris à la mine de platine de Marikana, en grève depuis quatre semaines. Alors qu’un accord de paix a été signé entre la direction de Lonmin, les principaux syndicats et les représentants du gouvernement, guère plus de 6% des 12 000 travailleurs du site se sont présentés au travail lundi 10 septembre, selon l’entreprise. Le petit syndicat AMCU et des délégués des grévistes ont refusé d’appeler à la reprise du travail tant que leur revendication d’un salaire minium de 12 500 rands (1 500 dollars) n’a pas été satisfaite. Environ 5 000 grévistes font face à la police lourdement armée qui est appuyée par des engins blindés, devant l’entrée principale du complexe minier. Les négociations sur les salaires entre syndicats et direction sont censées démarrer dès que la grève aura cessée.
http://indices.usinenouvelle.com/metaux-precieux/nouvelle-greve-chez-gold-fields.4433
Carlo Rubeo- Messages : 249
Date d'inscription : 03/06/2012
Re: Afrique du Sud
Solidarité avec les mineurs en lutte en Afrique du Sud, à bas la répression meurtrière !
Ce que nous rappelle la nouvelle horrible de la mort de trente-quatre mineurs en grève en Afrique du Sud, tombés sous les balles de la police, c’est d’abord que le capitalisme est un système meurtrier, qui peut s’appuyer sur la violence la plus brutale si besoin est. Y compris dans un cadre dit « démocratique ». L’Afrique du Sud est depuis les années 90 un État dirigé par l’ANC, le mouvement qui s’était imposé comme principale force de lutte contre l’Apartheid, le système de ségrégation raciale qui avait été mis en place dans les années 50, et qui privait de tout droit la majorité noire de la population. Victorieux électoralement à partir de 1994, l’ANC gouverne l’Afrique du Sud depuis que le droit de vote a été élargi à l’ensemble de la population.
Ce que l’histoire récente de l’Afrique du Sud nous montre, c’est que les partis qui se réclament des travailleurs sont la plupart du temps des bureaucraties avides de pouvoir. L’ANC n’a pratiquement rien changé à la situation misérable de la majorité noire de la population en presque vingt ans, comme on peut le voir dans les images terribles des hostels où vivent les mineurs de Marikana, loin de leurs familles. Les cadres de l’ANC, noirs, métis ou blancs, ont été intégrés dans le système capitaliste Sud-Africain et forment désormais une nouvelle élite, qui vit dans les mêmes quartiers, envoie ses enfants dans les mêmes écoles que l’ancienne élite blanche, et roule dans les mêmes BMW, comme on peut le voir dans les reportages du photographe Martin Parr. C’est la seule différence réelle entre avant et après la fin de l’Apartheid : certains politiciens noirs ou métis, leur familles et leurs amis sont devenus des bourgeois comme les autres, et dirigent les entreprises et les institutions d’un pays extrêmement riche en matières premières et rares. Les pauvres sont restés pauvres, et même si leur situation est enviable comparée à celles des populations des pays de la région, elle reste misérable, une bonne partie des Sud-Africains n’ayant par exemple pas l’eau courante à la maison. Les mineurs en grève de Marikana se sont mis en lutte pour des augmentations de salaires, au moment où la société qui les emploie annonce des profits records. Le massacre du 16 août, loin de les faire reculer, a au contraire étendu le mouvement à d’autres sites. S’il fallait une preuve du fait que presque rien n’a changé en Afrique du Sud depuis l’arrivée au pouvoir de l’ANC, signalons simplement que les mineurs survivants de la fusillade ont tous été arrêtés et détenus plusieurs semaines au nom d’une loi de 1956 (doctrine dite de common purpose) qui permet d’arrêter toute personne se trouvant sur les lieux d’une confrontation avec la police et de l’accuser de tous les méfaits commis. En bref, ceux qui n’ont pas été massacrés ont été accusés d’avoir tué leurs camarades abattus par les policiers grâce à une « loi » datant de l’Apartheid, que l’ANC n’a jamais abrogée.
La lutte contre l’ignoble régime de l’Apartheid a été menée par un parti, l’ANC, qui a pris soin d’avaler ou de détruire tout mouvement dissident, comme par exemple le PAC (Pan African Congress, qui n’était guère différent). La figure héroïque de Nelson Mandela ne doit pas cacher que l’ANC est, et demeure un parti séparé des masses, qui a forgé dans la lutte clandestine une hiérarchie de pouvoir, un appareil, qui ne demandait qu’à remplacer l’État de l’Apartheid, un peu comme le FLN algérien s’est assis dans les fauteuils des colons. Il a en fait été intégré à cet État alors même que l’Apartheid était défait. L’ancienne élite blanche a avalé la nouvelle élite noire et métisse, pour ne plus laisser qu’une seule et même élite « arc-en-ciel » dans laquelle on ne peut plus trop dire qui est qui, comme entre les cochons et les humains à la fin de la Ferme des animaux de George Orwell.
Ce que montre donc le massacre de Marikana, c’est que les problèmes en Afrique du Sud comme ailleurs sont bien des rapports entre des classes, et non des affaires de couleur de peau. Parmi les policiers du gouvernement « démocratique » de l’ANC qui ont tiré sur les grévistes devant les caméras du monde entier, il y avait des noirs et des blancs, comme par ailleurs à l’époque de l’Apartheid. Et une partie des travailleurs pauvres du pays sont des blancs, souvent néerlandophones, comme les habitants du quartier délabré des musiciens de Die Antwoord. En Afrique du Sud comme ailleurs, les travailleurs sont des gens qui viennent d’un peu partout, qui font face à des capitalistes qui sont tout aussi « arc-en-ciel » qu’eux, qu’ils le veuillent ou non ! Il n’y a pas de voie politique « raciale », « nationale » ou « religieuse » pour les travailleurs, qui n’ont pas de patrie, de chapelle ou de couleur, à part celle du drapeau rouge de la révolution.
Il est temps pour les travailleurs du sud de l’Afrique de s’unir dans des mouvements autonomes, à la base, indépendants des bureaucraties syndicales et politiques qui ont dominé la longue période de décolonisation. Ces mouvements nouveaux devront affirmer la centralité des questions sociales, parce que la lutte pour la démocratie est aussi la lutte pour l’égalité réelle, et non seulement formelle : le vieux slogan « One man, one vote » n’aura de réalité que par la transformation de la société, par le contrôle effectif de la population sur la production et la répartition des richesses, sur la construction de logements décents, l’accès à l’éducation et à la santé pour tous, dans ces pays ravagés par l’épidémie de sida. Et c’est bien une transformation qui dépasse les cadres « nationaux » hérités de l’époque où la région était divisée en colonies des différentes puissances européennes, car nombre de mineurs de Marikana sont issus d’autres pays du sud de l’Afrique comme le Mozambique. Comme pour les « révolutions arabes », tout reste à faire, car pour l’instant la situation est dominée par des partis-États dont le rôle est de gérer plus ou moins de la même façon l’exploitation des hommes et de la terre. Le droit de vote n’est une avancée que s’il permet de se libérer du joug des capitalistes, fussent-ils « arc-en-ciel ». Et cela ne pourra être l’œuvre que des travailleurs eux-mêmes, et non de partis qui se réclament d’eux pour ensuite envoyer leur police « démocratique » tirer sur les manifestations de grévistes.
Tract diffusé par Critique Sociale le 8 septembre près de l’ambassade d’Afrique du Sud
http://www.critique-sociale.info/664/solidarite-avec-les-mineurs-en-lutte-en-afrique-du-sud-a-bas-la-repression-meurtriere/
Du sang, de la sueur… et des balles !
A propos de la lutte héroïque des mineurs d’Afrique du Sud
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Du-sang-de-la-sueur-et-des-balles
Haine de classe. Voilà ce que l’on ressent en voyant et revoyant les images terribles du lâche et sauvage massacre de 34 mineurs grévistes à Marikana en Afrique du Sud. C’est un crime contre tous les mineurs, contre tou-te-s les travailleur-euse-s d’Afrique du Sud. L’ensemble du mouvement ouvrier mondial est concerné aussi. Mais alors que cette brutale attaque cherchait à entamer le moral et la lutte de l’un des secteurs les plus exploités et opprimés du prolétariat, elle n’a fait que renforcer leur détermination en déclenchant même des grève similaires dans d’autres mines.
Haine et mépris de classe, c’est aussi ce qu’exprime la direction de la multinationale britannique Lonmin, où travaillaient les grévistes assassinés, qui deux jours après le bain de sang envoyait des télégrammes sommant les ouvriers de reprendre le travail au risque d’être licenciés ! Le gouvernement sud-africain n’est pas en reste. En effet, même s’il a fait pression sur la direction de Lonmin, qui emploie 38000 salariés, pour qu’elle retire son « ultimatum », sa police n’a de fait pas arrêté d’intimider et de harceler les grévistes, aussi bien avant qu’après la tuerie. C’est ainsi que le 16 août dernier plus de 500 membres des forces de répression de l’Etat, équipés d’armes automatiques, avec des hélicoptères et des véhicules lance-eau à l’appui, ont été envoyés pour briser la grève de plus de 3000 mineurs, ce qui a débouché sur l’assassinat des 34 ouvriers [1].
La sinistre décision de justice qui a suivi constitue une preuve de plus de la servilité du gouvernement de l’African National Congress (ANC) vis-à-vis du capital impérialiste. Appuyée sur une loi datant du temps de l’Apartheid, elle inculpait les deux cent soixante-dix mineurs arrêtés lors de la fusillade policière à Marikana du meurtre de leurs trente-quatre camarades ! Finalement, face au scandale et aux réactions d’indignation que cela a provoqué, l’inculpation a été « suspendue ».
Ce qui est certain c’est que malgré la fin officielle de l’Apartheid en 1994, le régime de mépris, d’exploitation et de violence contre les travailleurs et les masses, dans l’écrasante majorité Noires, s’est maintenu tout au long de ces années de domination de l’ANC. L’Afrique du Sud continue essentiellement à être une semi-colonie dominée par le capital impérialiste associé à la bourgeoisie Blanche et à une naissante mais toute aussi réactionnaire bourgeoisie Noire. La lutte héroïque et déterminée des mineurs de Marikana, qui s’est soldée par la mort de 43 ouvriers au total, en est une preuve irréfutable.
Le travail dans les mines : un massacre permanent… organisé pour le profit des multinationales
Le secteur minier est stratégique pour l’économie sud-africaine, dont il représente entre 5% et 8% du PIB. Dans la dernière période, l’augmentation de la demande des matières premières au niveau mondial, notamment dans les pays industrialisés, a accéléré l’exploitation des ressources minières du pays. Ainsi, on compte autour de six cent mille travailleurs dans le secteur, les principaux groupes au niveau mondial étant implantés en Afrique du Sud. Le profit moyen des neuf compagnies minières qui y sont présentes, après le payement des salaires et des impôts et des coûts fixes, est estimé à 3,6 milliards d’euros par an !
Dans le même temps, les travailleurs du secteur sont parmi les plus exploités et ont les conditions de travail et de vie les plus dures. En effet, « les mineurs travaillent dans des mines très profondes, où la chaleur est souvent intenable, la poussière très importante – qui se fixe aux poumons – et le sol glissant. Pour huit ou neuf heures de travail par jour, ils touchent en moyenne 4 000 rands (390 euros) par mois, ce qui est insuffisant par rapport à la dureté de leur labeur. La plupart d’entre eux vivent dans des taudis, parfois sans eau courante ni électricité » [2].
Cette situation ne constitue pas, en outre, une exclusivité sud-africaine, mais la norme du secteur au niveau mondial. Ainsi, « la grande visibilité des morts à Marikana et une série d’accidents industriels survenus récemment ont mis en évidence le coût humain de l’extraction et jusqu’à quel point plusieurs secteurs de l’industrie mondiale sont dépendants du travail des ouvriers des régions pauvres du monde. (…) Par exemple, au moins 60 mineurs ont été tués après l’effondrement d’un puits dans une mine d’or au nord-est de la République Démocratique du Congo (…) Et bien sûr, les 33 mineurs chiliens bloqués sous terre pendant 69 jours en 2010 qui ont attiré l’attention au niveau mondial. (…) La géographie des endroits où ces mines sont basées est en général à haut risque » [3]. En effet, les métaux extraits dans les pays pauvres sont fondamentaux pour les pays industrialisés : par exemple le platine, dont l’Afrique du Sud assure 80% de la production mondiale, est utilisé entre autres dans l’industrie automobile et dans la production de matériel informatique.
Cependant, la crise mondiale qui est focalisée, pour le moment, dans les pays impérialistes centraux, rend ce secteur très vulnérable. Ainsi les multinationales exportatrices de platine, « avec la chute des prix dans l’industrie automobile européenne, doivent réduire la production et licencier des milliers de travailleurs pour rendre rentable leur affaire -ce qui est tout simplement impossible dans le climat politique actuel » [4]. Il s’agit sans doute de l’un des facteurs qui expliquent la ligne dure adoptée par la direction de Lonmin face à la demande d’augmentation des salaires de la part des mineurs.
Des fissures dans le régime de l’ANC
« La tension se répand dans toute l’Afrique du Sud. Marikana n’est pas simplement un conflit local, ce n’est pas une tragique aberration. On a ouvert une boîte de Pandore et ce qui est en jeu n’est ni plus ni moins que la grande et indiscutable réussite depuis la prise du pouvoir par Nelson Mandela en 1994 : la paix. Les héritiers de Mandela dans le gouvernement de l’African National Congress (ANC) perdent le contrôle et leur crédibilité ; le risque que les révoltes sociales s’étendent dans tout le pays augmente » [5]. Autrement dit, les conditions misérables et humiliantes de vie et de travail des masses d’Afrique du Sud, entretenues et approfondies depuis 18 ans par l’ANC, ces conditions mêmes qui ont poussé les mineurs à la lutte, commencent à remettre en cause le « consensus social » imposé durant la période de « transition négociée ».
En effet, vers la fin des années 1980 la lutte de la population Noire contre le régime d’apartheid se développait et risquait de devenir une révolution ouvrière et populaire. Pour désactiver cette dynamique, l’impérialisme et la minorité Blanche au pouvoir ont mis en route une transition ordonnée et négociée avec l’ANC. Celui-ci était à la tête de la lutte anti-apartheid et, avec le Parti Communiste, constituait la médiation réformiste entre les masses et le régime. C’est l’alliance de ces deux forces, dont Mandela était la figure emblématique, qui a garanti l’impunité des responsables des crimes contre les masses Noires et surtout permis que les intérêts économiques de la bourgeoisie Blanche et de l’impérialisme ne soient pas touchés. En ce sens, la fin de l’apartheid et l’obtention des droits civiques pour l’écrasante majorité Noire, c’est la forme qu’a pris la déviation de la révolution prolétarienne en Afrique du Sud, une déviation en grande partie mise en musique par l’ANC.
Cependant, après presque deux décennies de politiques néolibérales et antipopulaires, de corruption, d’augmentation des inégalités et d’espérances populaires déçues, le mécontentement parmi les masses Noires commence à se faire sentir, ce qui montre le caractère purement formel des concessions faites à l’époque par les classes dominantes et l’impérialisme. Marikana n’est donc qu’un exemple paradigmatique de cette situation. Et cette fois la rage n’est pas seulement dirigée contre la bourgeoisie Blanche raciste, mais aussi contre une certaine élite Noire, dans une grande mesure liée à l’appareil d’Etat, qui a profité de la fin de l’apartheid pour s’enrichir. Plusieurs journaux citent ainsi l’exemple de Cyril Ramaphosa, fondateur du Syndicat National de Mineurs (NUM en anglais) en 1982 et principal négociateur de l’ANC « durant la période de transition à la démocratie au début des années 1990, devenu un magnat dont la fortune s’élève à des centaines de millions d’euros (…). Ramaphosa continue d’être une figure emblématique non seulement au NUM, mais un des barons les plus influents de l’ANC » [6]. Un autre exemple : le ministre de la Justice et haut dirigeant du Parti Communiste, Jeff Radebe (qui a joué un rôle central dans la répression des mineurs), est marié à Bridgette Radebe, la femme la plus riche d’Afrique du Sud, et propriétaire de la compagnie minière Mmakau Mining. Le beau-frère de Radebe est d’ailleurs l’homme le plus riche du pays.
Ce que l’on observe ici ne constitue évidemment qu’une tendance, qui en se développant pourrait approfondir la crise politique qui semble commencer à ébranler le régime « post-transition » en Afrique du Sud. En effet, « l’ANC est encore de loin le parti le plus puissant et populaire [du pays] (…) Aux dernières élections générales, en 2009, il a obtenu 66% des voix (…) contre seulement 17% pour le plus grand parti d’opposition, le libéral Democratic Alliance (DA) qui est encore perçu par la plupart des Noirs comme une organisation essentiellement dirigée par des Blancs. (…) Le DA est encore à des [kilomètres] de distance d’avoir une chance réelle de prendre le pouvoir. A long terme, l’ANC pourrait perdre le pouvoir s’il subissait une importante scission » [7]. L’exclusion en avril de cette année de l’ancien leader de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema, est peut-être l’exemple le plus visible de ces tensions qui traversent le parti au pouvoir. Malema d’ailleurs n’a pas hésité à rendre visite aux mineurs de Marikana après le massacre en les exhortant à déclencher une « révolution minière » et en demandant « la nationalisation de la mine » ainsi que « la démission du président Jacob Zuma » [8]. Cependant, « en même temps qu’il dénonce Zuma et d’autres figures ponctuellement, Malema se garde d’accuser l’ANC elle-même, cherchant à laisser la porte ouverte à une possible réintégration dans l’organisation. Se référant à l’agitation populaire, Malema a déclaré au Mail and Globe qu’« il y avait un vide politique et nous avons occupé cet espace. Si nous n’avions pas réussi à le faire, de mauvais élément auraient pris cet espace » [9].
L’exemple des grévistes de Marikana fait tâche d’huile !
La principale revendication des mineurs de Marikana consistait en la demande d’augmentation des salaires. Comme on l’a vu, la rémunération moyenne actuelle des ouvriers et ouvrières de Lonmin se situe autour de 4000 rands (environ 400 euros) et les grévistes exigent un salaire de 12500 rands (1200 euros). Le courage et la détermination de ces travailleurs qui, même après la sauvage répression, ont continué et amplifié leur mouvement gréviste, ont servi d’exemple pour les mineurs d’autres compagnies dans tout le pays, qui se sont mis en grève aux cris de « nous aussi nous voulons 12500 rands » ! Ainsi, des mineurs de la Gold Fields, de la Royal Bafokeng Platinum, de l’AngloGold Ashanti et de l’Anglo American Platinium se sont mis en grève et ont commencé à revendiquer des augmentations de salaire. La direction de l’Anglo American Platinium a dû même faire un lockout pour soi-disant « protéger les salariés qui ne sont pas en grève des intimidations extérieures ».
La plupart de ces grèves sont menées contre l’avis de la bureaucratie syndicale. Chez Lonmin comme dans d’autres mouvements antérieurs similaires s’est en effet révélé un autre élément de crise dans le régime : le discrédit de la bureaucratie syndicale parmi certains secteurs du mouvement ouvrier. Ceci est un grave problème pour le gouvernement et les classes dominantes sud-africaines car la cooptation de l’appareil syndical est un élément fondamental du pouvoir de l’ANC depuis 1994. L’alliance avec la puissante confédération syndicale COSATU (Congress of South African Trade Unions) et le Parti Communiste a ainsi été une façon de contenir, de contrôler et de dévier le mouvement ouvrier sud-africain.
A Marikana la grève a été menée par un syndicat parallèle issu d’une scission du NUM (le syndicat le plus important de la COSATU), l’AMCU (Association of Mineworkers and Construction Union). Ce n’est pas un hasard si la direction de la multinationale, le gouvernement et la bureaucratie syndicale condamnaient à l’unisson cette grève en la qualifiant « d’illégale », terme qui a été repris par tous les médias impérialistes. En effet, « la rage des mineurs (…) trouve sa source non seulement dans le fait qu’ils touchent des salaires de misère mais aussi dans cette réalité que les leaders syndicaux vivent (…) comme des rois. Le président du NUM gagne par mois 25 fois plus que les mineurs qui ont rejoint l’AMCU. Lorsqu’il est allé à la mine de Marikana après le massacre, il n’a pas pu sortir de la voiture de police qui le transportait de peur qu’on le tue » [10].
Un accord qui mettra fin aux luttes et aux grèves ?
On apprenait finalement mercredi 19 septembre qu’un accord avait été trouvé entre les grévistes et Lonmin. Celui-ci, loin de satisfaire la demande de 12500 rands exigés par les mineurs et pour laquelle 43 travailleurs ont donné leur vie, stipule une augmentation d’entre 11% et 22% selon les catégories ainsi qu’une prime unique de 2000 rands. Toute une faune réactionnaire a participé aux négociations pour faire plier les mineurs : du clergé regroupé dans le South African Council of Churches (SACC) à la bureaucratie syndicale de la NUM, en passant par les “chefs traditionnels” du Congress of Traditional Leaders (Controlesa).
Avant la grève, on l’a dit, un mineur gagnait environ 6 700 rands bruts, c’est-à-dire 4600 rands nets. Après l’augmentation offerte par Lonmin, il faut compter 1800 rands de plus. Comme on le voit, on est très loin des 12500 rands revendiqués ! En effet, l’entreprise a essayé de tromper le monde et de discréditer la lutte des salariés en présentant des chiffres en brut, qui effectivement avec l’augmentation approchent des 11000 rands pour certaines catégories. Mais il est très clair que quand les ouvriers exigent le triplement de leur rémunération ils parlent du salaire net. Appuyés sur ces chiffres magouillés de l’entreprise, les médias ont parlé de « victoire ». Le comble du cynisme a été la déclaration d’Abey Kgotle, directeur exécutif pour les affaires générales de Lonmin, qui a dédié l’accord à « tous les employés décédés qu’il a fallu enterrer » !
On pourrait alors se demander pourquoi les mineurs ont accepté l’accord. Le fait est qu’ils ont subi beaucoup de pressions, qui se sont ajoutées à un mois de grève qui commençait à peser économiquement sur des travailleurs qui connaissent des conditions d’existance très précaires. La bureaucratie syndicale a lourdement pesé en ce sens. Un jeune mineur déclarait par exemple, qu’« il a accepté l’offre, non parce que cela lui semblait satisfaisant mais parce que ses dirigeants [syndicaux] lui avaient dit que la mine pourrait fermer » [11]. En effet, « dans un caucus qui excluait l’AMCU, les syndicats officiels ont essayé d’expliquer la facilité avec laquelle les travailleurs impliqués dans une grève non protégée pourraient être licenciés, à quel point Lonmin s’en sortait mal, comment une offre supérieure pourrait impliquer la perte de postes de travail… » [12].
Un autre facteur important pour comprendre le retour au travail à Marikana est la répression des forces de police qui depuis le 14 septembre avaient imposé un couvre-feu non avoué : « un mineur qui ne voulait pas être identifié a déclaré que la police avait imposé un couvre-feu dans les campements d’Ikineng, de Marikana et de Wonderkop samedi dernier et ‘qu’aucun homme n’avait le droit de sortir, seulement les femmes’. Il a dit que la police avait empêché les travailleurs d’organiser des meetings et les a prévenu que s’ils voyaient quatre ou plus mineurs ensemble ils seraient battus (…) Brian Mongale, un autre mineur, a déclaré que les mineurs avaient peur d’être réprimés par la police et sont retournés au travail. A la question de pourquoi ils avaient accepté l’offre de l’entreprise, Mongale répond sans hésiter : à cause de l’Etat d’urgence. C’est évident… » [13].
Même si pour l’instant cet accord a réussi à faire reprendre le travail aux mineurs de Marikana, d’autres mines à travers le pays continuent leur lutte pour les augmentations de salaires. Le jour même où les mineurs de Lonmin reprenaient le travail, ceux d’AngloGold Ashanti se mettaient en grève, une propagation qui effraie la bureaucratie syndicale : « notre plus grand souci c’est que si on est rentrés dans une voie où l’on aura des demandes sporadiques dans différents secteurs de l’industrie, les négociations collectives seront sapées et ce sera le chaos » [14], déclarait Lesiba Seshoka, porte-paroles de la NUM.
Ce qui s’est passé à Marikana pose bien plus qu’une question salariale !
Il serait erroné de penser que la lutte des mineurs de Marikana peut être réduite à la revendication salariale, et même à celle concernant l’amélioration des conditions de travail. A travers la demande de 12500 rands par mois s’exprimait un ras-le-bol des conditions humiliantes de vie. A côté des sites d’extraction, de production ou des chantiers s’entassent des millions de travailleuses et de travailleurs avec leur famille, dans des bidonvilles sans eau potable ni électricité, ni infrastructures de base comme le système d’évacuation des eaux usées, entre autres. Marikana remet sur le tapis la question de la lutte pour l’égalité, mais non simplement « l’égalité civique » mais aussi l’égalité sociale. Les travailleurs et les masses populaires Noires exigent des solutions à leur situation de misère structurelle. Ce n’est pas un hasard si des centaines de mineurs reprenaient les paroles de Malema quand il évoquait la question de la nationalisation des mines.
Le niveau de sauvagerie de la répression de l’Etat est proportionnel à la peur que la bourgeoisie locale, Blanche et Noire, et l’impérialisme ressentent face au mouvement ouvrier en lutte, même lorsque celui-ci n’exige qu’une partie infime de ce à quoi les masses ont droit. A présent que la crise entre dans une phase où les pays dits « émergents » seront de plus en plus durement touchés, il faut s’attendre à ce qu’il s’y développe une conflictualité sociale toujours intense. Il faut donc que le mouvement ouvrier soit prêt à faire face à de grandes luttes.
Dans le cas de l’Afrique du Sud il est clair qu’il faudra aller au-delà des limites imposées par le régime de l’ANC pour satisfaire les demandes fondamentales des travailleurs et des couches populaires. Il faut que le mouvement ouvrier et populaire s’organise indépendamment de la bourgeoisie nationale, de l’impérialisme et de la bureaucratie syndicale, pour exiger la nationalisation des mines et des richesses naturelles du pays ainsi que des secteurs stratégiques de l’économie nationale, sous contrôle et gestion des travailleurs et des masses populaires. Il faut également exproprier les grands propriétaires fonciers et partager la terre entre les paysans pauvres qui n’en possèdent pas. Cela permettrait de résoudre la question du chômage structurel (plus de 30% aujourd’hui), du développement du pays et de l’amélioration du niveau de vie de la population. Il est évident que pour mener à bien ces mesures les travailleurs doivent poser la question de la construction de leur propre pourvoir et de leur propre armement, contre le terrorisme de classe de la bourgeoisie Blanche et de ses laquais de l’ANC. Le changement bidon dirigé par l’ANC démontre que seulement le prolétariat, à la tête des masses opprimées et à travers son propre pouvoir, peut résoudre intégralement et effectivement les énormes problèmes démocratiques structurels qui pèsent sur les masses sud-africaines.
Dans l’immédiat, Il faut exiger la punition des responsables matériels et politiques du massacre de Marikana, qui jusqu’aujourd’hui jouissent d’une impunité totale, comme le montrent les intimidations qu’ils continuent à exercer sur les grévistes. La lutte des mineurs doit dépasser la sphère syndicale et prendre un caractère plus ouvertement politique. Ce serait la meilleure façon de venger nos frères de classe abattus pour avoir lutté pour leurs droits !
23/9/2012.
-----------------------------
NOTES
[1] Voir : Yann Le Bras, « Assassins » (http://www.ccr4.org/Assassins).
[2] Le Monde, « Afrique du Sud : "D’autres mines de platine pourraient connaître des violences" », 20/8/2012.
[3] BBC News, « Mining investors take stock after Marikana deaths », 20/8/2012.
[4] Financial Times, « South Africa’s seam of discontent », 20/8/2012.
[5] El País, « Sudáfrica y el fantasma mexicano », 24/8/2012.
[6] Idem.
[7] The Economist, “The rainbow nation and its ruling party are failing to live up to their ideals”, 8/9/2012.
[8] A l’heure où nous écrivons un mandat d’arrestation a été lancé contre Julius Malema pour cause de corruption, détournement de fonds de l’Etat et blanchissement d’argent.
[9] WSWS.org, « South Africa : ANC orders security clampdown against miners’ revolt », 17/9/2012.
[10] Idem.
[11] Mail Guardian, “Lonmin miners crack under pressure”, 21/9/2012.
[12] Mail Guardian, “Marikana : How the wage war was won”, 21/9/2012.
[13] Mail Guardian, “Lonmin miners crack…”, article déjà cité.
[14] Financial Times, « Workers strike at S Africa AngloGold mine », 21/9/2012.
Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/Du-sang-de-la-sueur-et-des-balles
Haine de classe. Voilà ce que l’on ressent en voyant et revoyant les images terribles du lâche et sauvage massacre de 34 mineurs grévistes à Marikana en Afrique du Sud. C’est un crime contre tous les mineurs, contre tou-te-s les travailleur-euse-s d’Afrique du Sud. L’ensemble du mouvement ouvrier mondial est concerné aussi. Mais alors que cette brutale attaque cherchait à entamer le moral et la lutte de l’un des secteurs les plus exploités et opprimés du prolétariat, elle n’a fait que renforcer leur détermination en déclenchant même des grève similaires dans d’autres mines.
Haine et mépris de classe, c’est aussi ce qu’exprime la direction de la multinationale britannique Lonmin, où travaillaient les grévistes assassinés, qui deux jours après le bain de sang envoyait des télégrammes sommant les ouvriers de reprendre le travail au risque d’être licenciés ! Le gouvernement sud-africain n’est pas en reste. En effet, même s’il a fait pression sur la direction de Lonmin, qui emploie 38000 salariés, pour qu’elle retire son « ultimatum », sa police n’a de fait pas arrêté d’intimider et de harceler les grévistes, aussi bien avant qu’après la tuerie. C’est ainsi que le 16 août dernier plus de 500 membres des forces de répression de l’Etat, équipés d’armes automatiques, avec des hélicoptères et des véhicules lance-eau à l’appui, ont été envoyés pour briser la grève de plus de 3000 mineurs, ce qui a débouché sur l’assassinat des 34 ouvriers [1].
La sinistre décision de justice qui a suivi constitue une preuve de plus de la servilité du gouvernement de l’African National Congress (ANC) vis-à-vis du capital impérialiste. Appuyée sur une loi datant du temps de l’Apartheid, elle inculpait les deux cent soixante-dix mineurs arrêtés lors de la fusillade policière à Marikana du meurtre de leurs trente-quatre camarades ! Finalement, face au scandale et aux réactions d’indignation que cela a provoqué, l’inculpation a été « suspendue ».
Ce qui est certain c’est que malgré la fin officielle de l’Apartheid en 1994, le régime de mépris, d’exploitation et de violence contre les travailleurs et les masses, dans l’écrasante majorité Noires, s’est maintenu tout au long de ces années de domination de l’ANC. L’Afrique du Sud continue essentiellement à être une semi-colonie dominée par le capital impérialiste associé à la bourgeoisie Blanche et à une naissante mais toute aussi réactionnaire bourgeoisie Noire. La lutte héroïque et déterminée des mineurs de Marikana, qui s’est soldée par la mort de 43 ouvriers au total, en est une preuve irréfutable.
Le travail dans les mines : un massacre permanent… organisé pour le profit des multinationales
Le secteur minier est stratégique pour l’économie sud-africaine, dont il représente entre 5% et 8% du PIB. Dans la dernière période, l’augmentation de la demande des matières premières au niveau mondial, notamment dans les pays industrialisés, a accéléré l’exploitation des ressources minières du pays. Ainsi, on compte autour de six cent mille travailleurs dans le secteur, les principaux groupes au niveau mondial étant implantés en Afrique du Sud. Le profit moyen des neuf compagnies minières qui y sont présentes, après le payement des salaires et des impôts et des coûts fixes, est estimé à 3,6 milliards d’euros par an !
Dans le même temps, les travailleurs du secteur sont parmi les plus exploités et ont les conditions de travail et de vie les plus dures. En effet, « les mineurs travaillent dans des mines très profondes, où la chaleur est souvent intenable, la poussière très importante – qui se fixe aux poumons – et le sol glissant. Pour huit ou neuf heures de travail par jour, ils touchent en moyenne 4 000 rands (390 euros) par mois, ce qui est insuffisant par rapport à la dureté de leur labeur. La plupart d’entre eux vivent dans des taudis, parfois sans eau courante ni électricité » [2].
Cette situation ne constitue pas, en outre, une exclusivité sud-africaine, mais la norme du secteur au niveau mondial. Ainsi, « la grande visibilité des morts à Marikana et une série d’accidents industriels survenus récemment ont mis en évidence le coût humain de l’extraction et jusqu’à quel point plusieurs secteurs de l’industrie mondiale sont dépendants du travail des ouvriers des régions pauvres du monde. (…) Par exemple, au moins 60 mineurs ont été tués après l’effondrement d’un puits dans une mine d’or au nord-est de la République Démocratique du Congo (…) Et bien sûr, les 33 mineurs chiliens bloqués sous terre pendant 69 jours en 2010 qui ont attiré l’attention au niveau mondial. (…) La géographie des endroits où ces mines sont basées est en général à haut risque » [3]. En effet, les métaux extraits dans les pays pauvres sont fondamentaux pour les pays industrialisés : par exemple le platine, dont l’Afrique du Sud assure 80% de la production mondiale, est utilisé entre autres dans l’industrie automobile et dans la production de matériel informatique.
Cependant, la crise mondiale qui est focalisée, pour le moment, dans les pays impérialistes centraux, rend ce secteur très vulnérable. Ainsi les multinationales exportatrices de platine, « avec la chute des prix dans l’industrie automobile européenne, doivent réduire la production et licencier des milliers de travailleurs pour rendre rentable leur affaire -ce qui est tout simplement impossible dans le climat politique actuel » [4]. Il s’agit sans doute de l’un des facteurs qui expliquent la ligne dure adoptée par la direction de Lonmin face à la demande d’augmentation des salaires de la part des mineurs.
Des fissures dans le régime de l’ANC
« La tension se répand dans toute l’Afrique du Sud. Marikana n’est pas simplement un conflit local, ce n’est pas une tragique aberration. On a ouvert une boîte de Pandore et ce qui est en jeu n’est ni plus ni moins que la grande et indiscutable réussite depuis la prise du pouvoir par Nelson Mandela en 1994 : la paix. Les héritiers de Mandela dans le gouvernement de l’African National Congress (ANC) perdent le contrôle et leur crédibilité ; le risque que les révoltes sociales s’étendent dans tout le pays augmente » [5]. Autrement dit, les conditions misérables et humiliantes de vie et de travail des masses d’Afrique du Sud, entretenues et approfondies depuis 18 ans par l’ANC, ces conditions mêmes qui ont poussé les mineurs à la lutte, commencent à remettre en cause le « consensus social » imposé durant la période de « transition négociée ».
En effet, vers la fin des années 1980 la lutte de la population Noire contre le régime d’apartheid se développait et risquait de devenir une révolution ouvrière et populaire. Pour désactiver cette dynamique, l’impérialisme et la minorité Blanche au pouvoir ont mis en route une transition ordonnée et négociée avec l’ANC. Celui-ci était à la tête de la lutte anti-apartheid et, avec le Parti Communiste, constituait la médiation réformiste entre les masses et le régime. C’est l’alliance de ces deux forces, dont Mandela était la figure emblématique, qui a garanti l’impunité des responsables des crimes contre les masses Noires et surtout permis que les intérêts économiques de la bourgeoisie Blanche et de l’impérialisme ne soient pas touchés. En ce sens, la fin de l’apartheid et l’obtention des droits civiques pour l’écrasante majorité Noire, c’est la forme qu’a pris la déviation de la révolution prolétarienne en Afrique du Sud, une déviation en grande partie mise en musique par l’ANC.
Cependant, après presque deux décennies de politiques néolibérales et antipopulaires, de corruption, d’augmentation des inégalités et d’espérances populaires déçues, le mécontentement parmi les masses Noires commence à se faire sentir, ce qui montre le caractère purement formel des concessions faites à l’époque par les classes dominantes et l’impérialisme. Marikana n’est donc qu’un exemple paradigmatique de cette situation. Et cette fois la rage n’est pas seulement dirigée contre la bourgeoisie Blanche raciste, mais aussi contre une certaine élite Noire, dans une grande mesure liée à l’appareil d’Etat, qui a profité de la fin de l’apartheid pour s’enrichir. Plusieurs journaux citent ainsi l’exemple de Cyril Ramaphosa, fondateur du Syndicat National de Mineurs (NUM en anglais) en 1982 et principal négociateur de l’ANC « durant la période de transition à la démocratie au début des années 1990, devenu un magnat dont la fortune s’élève à des centaines de millions d’euros (…). Ramaphosa continue d’être une figure emblématique non seulement au NUM, mais un des barons les plus influents de l’ANC » [6]. Un autre exemple : le ministre de la Justice et haut dirigeant du Parti Communiste, Jeff Radebe (qui a joué un rôle central dans la répression des mineurs), est marié à Bridgette Radebe, la femme la plus riche d’Afrique du Sud, et propriétaire de la compagnie minière Mmakau Mining. Le beau-frère de Radebe est d’ailleurs l’homme le plus riche du pays.
Ce que l’on observe ici ne constitue évidemment qu’une tendance, qui en se développant pourrait approfondir la crise politique qui semble commencer à ébranler le régime « post-transition » en Afrique du Sud. En effet, « l’ANC est encore de loin le parti le plus puissant et populaire [du pays] (…) Aux dernières élections générales, en 2009, il a obtenu 66% des voix (…) contre seulement 17% pour le plus grand parti d’opposition, le libéral Democratic Alliance (DA) qui est encore perçu par la plupart des Noirs comme une organisation essentiellement dirigée par des Blancs. (…) Le DA est encore à des [kilomètres] de distance d’avoir une chance réelle de prendre le pouvoir. A long terme, l’ANC pourrait perdre le pouvoir s’il subissait une importante scission » [7]. L’exclusion en avril de cette année de l’ancien leader de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema, est peut-être l’exemple le plus visible de ces tensions qui traversent le parti au pouvoir. Malema d’ailleurs n’a pas hésité à rendre visite aux mineurs de Marikana après le massacre en les exhortant à déclencher une « révolution minière » et en demandant « la nationalisation de la mine » ainsi que « la démission du président Jacob Zuma » [8]. Cependant, « en même temps qu’il dénonce Zuma et d’autres figures ponctuellement, Malema se garde d’accuser l’ANC elle-même, cherchant à laisser la porte ouverte à une possible réintégration dans l’organisation. Se référant à l’agitation populaire, Malema a déclaré au Mail and Globe qu’« il y avait un vide politique et nous avons occupé cet espace. Si nous n’avions pas réussi à le faire, de mauvais élément auraient pris cet espace » [9].
L’exemple des grévistes de Marikana fait tâche d’huile !
La principale revendication des mineurs de Marikana consistait en la demande d’augmentation des salaires. Comme on l’a vu, la rémunération moyenne actuelle des ouvriers et ouvrières de Lonmin se situe autour de 4000 rands (environ 400 euros) et les grévistes exigent un salaire de 12500 rands (1200 euros). Le courage et la détermination de ces travailleurs qui, même après la sauvage répression, ont continué et amplifié leur mouvement gréviste, ont servi d’exemple pour les mineurs d’autres compagnies dans tout le pays, qui se sont mis en grève aux cris de « nous aussi nous voulons 12500 rands » ! Ainsi, des mineurs de la Gold Fields, de la Royal Bafokeng Platinum, de l’AngloGold Ashanti et de l’Anglo American Platinium se sont mis en grève et ont commencé à revendiquer des augmentations de salaire. La direction de l’Anglo American Platinium a dû même faire un lockout pour soi-disant « protéger les salariés qui ne sont pas en grève des intimidations extérieures ».
La plupart de ces grèves sont menées contre l’avis de la bureaucratie syndicale. Chez Lonmin comme dans d’autres mouvements antérieurs similaires s’est en effet révélé un autre élément de crise dans le régime : le discrédit de la bureaucratie syndicale parmi certains secteurs du mouvement ouvrier. Ceci est un grave problème pour le gouvernement et les classes dominantes sud-africaines car la cooptation de l’appareil syndical est un élément fondamental du pouvoir de l’ANC depuis 1994. L’alliance avec la puissante confédération syndicale COSATU (Congress of South African Trade Unions) et le Parti Communiste a ainsi été une façon de contenir, de contrôler et de dévier le mouvement ouvrier sud-africain.
A Marikana la grève a été menée par un syndicat parallèle issu d’une scission du NUM (le syndicat le plus important de la COSATU), l’AMCU (Association of Mineworkers and Construction Union). Ce n’est pas un hasard si la direction de la multinationale, le gouvernement et la bureaucratie syndicale condamnaient à l’unisson cette grève en la qualifiant « d’illégale », terme qui a été repris par tous les médias impérialistes. En effet, « la rage des mineurs (…) trouve sa source non seulement dans le fait qu’ils touchent des salaires de misère mais aussi dans cette réalité que les leaders syndicaux vivent (…) comme des rois. Le président du NUM gagne par mois 25 fois plus que les mineurs qui ont rejoint l’AMCU. Lorsqu’il est allé à la mine de Marikana après le massacre, il n’a pas pu sortir de la voiture de police qui le transportait de peur qu’on le tue » [10].
Un accord qui mettra fin aux luttes et aux grèves ?
On apprenait finalement mercredi 19 septembre qu’un accord avait été trouvé entre les grévistes et Lonmin. Celui-ci, loin de satisfaire la demande de 12500 rands exigés par les mineurs et pour laquelle 43 travailleurs ont donné leur vie, stipule une augmentation d’entre 11% et 22% selon les catégories ainsi qu’une prime unique de 2000 rands. Toute une faune réactionnaire a participé aux négociations pour faire plier les mineurs : du clergé regroupé dans le South African Council of Churches (SACC) à la bureaucratie syndicale de la NUM, en passant par les “chefs traditionnels” du Congress of Traditional Leaders (Controlesa).
Avant la grève, on l’a dit, un mineur gagnait environ 6 700 rands bruts, c’est-à-dire 4600 rands nets. Après l’augmentation offerte par Lonmin, il faut compter 1800 rands de plus. Comme on le voit, on est très loin des 12500 rands revendiqués ! En effet, l’entreprise a essayé de tromper le monde et de discréditer la lutte des salariés en présentant des chiffres en brut, qui effectivement avec l’augmentation approchent des 11000 rands pour certaines catégories. Mais il est très clair que quand les ouvriers exigent le triplement de leur rémunération ils parlent du salaire net. Appuyés sur ces chiffres magouillés de l’entreprise, les médias ont parlé de « victoire ». Le comble du cynisme a été la déclaration d’Abey Kgotle, directeur exécutif pour les affaires générales de Lonmin, qui a dédié l’accord à « tous les employés décédés qu’il a fallu enterrer » !
On pourrait alors se demander pourquoi les mineurs ont accepté l’accord. Le fait est qu’ils ont subi beaucoup de pressions, qui se sont ajoutées à un mois de grève qui commençait à peser économiquement sur des travailleurs qui connaissent des conditions d’existance très précaires. La bureaucratie syndicale a lourdement pesé en ce sens. Un jeune mineur déclarait par exemple, qu’« il a accepté l’offre, non parce que cela lui semblait satisfaisant mais parce que ses dirigeants [syndicaux] lui avaient dit que la mine pourrait fermer » [11]. En effet, « dans un caucus qui excluait l’AMCU, les syndicats officiels ont essayé d’expliquer la facilité avec laquelle les travailleurs impliqués dans une grève non protégée pourraient être licenciés, à quel point Lonmin s’en sortait mal, comment une offre supérieure pourrait impliquer la perte de postes de travail… » [12].
Un autre facteur important pour comprendre le retour au travail à Marikana est la répression des forces de police qui depuis le 14 septembre avaient imposé un couvre-feu non avoué : « un mineur qui ne voulait pas être identifié a déclaré que la police avait imposé un couvre-feu dans les campements d’Ikineng, de Marikana et de Wonderkop samedi dernier et ‘qu’aucun homme n’avait le droit de sortir, seulement les femmes’. Il a dit que la police avait empêché les travailleurs d’organiser des meetings et les a prévenu que s’ils voyaient quatre ou plus mineurs ensemble ils seraient battus (…) Brian Mongale, un autre mineur, a déclaré que les mineurs avaient peur d’être réprimés par la police et sont retournés au travail. A la question de pourquoi ils avaient accepté l’offre de l’entreprise, Mongale répond sans hésiter : à cause de l’Etat d’urgence. C’est évident… » [13].
Même si pour l’instant cet accord a réussi à faire reprendre le travail aux mineurs de Marikana, d’autres mines à travers le pays continuent leur lutte pour les augmentations de salaires. Le jour même où les mineurs de Lonmin reprenaient le travail, ceux d’AngloGold Ashanti se mettaient en grève, une propagation qui effraie la bureaucratie syndicale : « notre plus grand souci c’est que si on est rentrés dans une voie où l’on aura des demandes sporadiques dans différents secteurs de l’industrie, les négociations collectives seront sapées et ce sera le chaos » [14], déclarait Lesiba Seshoka, porte-paroles de la NUM.
Ce qui s’est passé à Marikana pose bien plus qu’une question salariale !
Il serait erroné de penser que la lutte des mineurs de Marikana peut être réduite à la revendication salariale, et même à celle concernant l’amélioration des conditions de travail. A travers la demande de 12500 rands par mois s’exprimait un ras-le-bol des conditions humiliantes de vie. A côté des sites d’extraction, de production ou des chantiers s’entassent des millions de travailleuses et de travailleurs avec leur famille, dans des bidonvilles sans eau potable ni électricité, ni infrastructures de base comme le système d’évacuation des eaux usées, entre autres. Marikana remet sur le tapis la question de la lutte pour l’égalité, mais non simplement « l’égalité civique » mais aussi l’égalité sociale. Les travailleurs et les masses populaires Noires exigent des solutions à leur situation de misère structurelle. Ce n’est pas un hasard si des centaines de mineurs reprenaient les paroles de Malema quand il évoquait la question de la nationalisation des mines.
Le niveau de sauvagerie de la répression de l’Etat est proportionnel à la peur que la bourgeoisie locale, Blanche et Noire, et l’impérialisme ressentent face au mouvement ouvrier en lutte, même lorsque celui-ci n’exige qu’une partie infime de ce à quoi les masses ont droit. A présent que la crise entre dans une phase où les pays dits « émergents » seront de plus en plus durement touchés, il faut s’attendre à ce qu’il s’y développe une conflictualité sociale toujours intense. Il faut donc que le mouvement ouvrier soit prêt à faire face à de grandes luttes.
Dans le cas de l’Afrique du Sud il est clair qu’il faudra aller au-delà des limites imposées par le régime de l’ANC pour satisfaire les demandes fondamentales des travailleurs et des couches populaires. Il faut que le mouvement ouvrier et populaire s’organise indépendamment de la bourgeoisie nationale, de l’impérialisme et de la bureaucratie syndicale, pour exiger la nationalisation des mines et des richesses naturelles du pays ainsi que des secteurs stratégiques de l’économie nationale, sous contrôle et gestion des travailleurs et des masses populaires. Il faut également exproprier les grands propriétaires fonciers et partager la terre entre les paysans pauvres qui n’en possèdent pas. Cela permettrait de résoudre la question du chômage structurel (plus de 30% aujourd’hui), du développement du pays et de l’amélioration du niveau de vie de la population. Il est évident que pour mener à bien ces mesures les travailleurs doivent poser la question de la construction de leur propre pourvoir et de leur propre armement, contre le terrorisme de classe de la bourgeoisie Blanche et de ses laquais de l’ANC. Le changement bidon dirigé par l’ANC démontre que seulement le prolétariat, à la tête des masses opprimées et à travers son propre pouvoir, peut résoudre intégralement et effectivement les énormes problèmes démocratiques structurels qui pèsent sur les masses sud-africaines.
Dans l’immédiat, Il faut exiger la punition des responsables matériels et politiques du massacre de Marikana, qui jusqu’aujourd’hui jouissent d’une impunité totale, comme le montrent les intimidations qu’ils continuent à exercer sur les grévistes. La lutte des mineurs doit dépasser la sphère syndicale et prendre un caractère plus ouvertement politique. Ce serait la meilleure façon de venger nos frères de classe abattus pour avoir lutté pour leurs droits !
23/9/2012.
-----------------------------
NOTES
[1] Voir : Yann Le Bras, « Assassins » (http://www.ccr4.org/Assassins).
[2] Le Monde, « Afrique du Sud : "D’autres mines de platine pourraient connaître des violences" », 20/8/2012.
[3] BBC News, « Mining investors take stock after Marikana deaths », 20/8/2012.
[4] Financial Times, « South Africa’s seam of discontent », 20/8/2012.
[5] El País, « Sudáfrica y el fantasma mexicano », 24/8/2012.
[6] Idem.
[7] The Economist, “The rainbow nation and its ruling party are failing to live up to their ideals”, 8/9/2012.
[8] A l’heure où nous écrivons un mandat d’arrestation a été lancé contre Julius Malema pour cause de corruption, détournement de fonds de l’Etat et blanchissement d’argent.
[9] WSWS.org, « South Africa : ANC orders security clampdown against miners’ revolt », 17/9/2012.
[10] Idem.
[11] Mail Guardian, “Lonmin miners crack under pressure”, 21/9/2012.
[12] Mail Guardian, “Marikana : How the wage war was won”, 21/9/2012.
[13] Mail Guardian, “Lonmin miners crack…”, article déjà cité.
[14] Financial Times, « Workers strike at S Africa AngloGold mine », 21/9/2012.
CCR- Messages : 168
Date d'inscription : 12/05/2011
Re: Afrique du Sud
http://www.npa2009.org/content/gr%C3%A8ve-victorieuse-des-mineurs-de-marikana
Grève victorieuse des mineurs de Marikana
vendredi 28 septembre 2012
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 163 (27/09/12)
Les mineurs de Marikana en Afrique du Sud ont gagné une importante augmentation de salaire après six semaines de grève contre la compagnie Lonmin sans soutien du syndicat. Après dix jours de grève en août, la police est intervenue pour briser la grève en attaquant l'assemblée quotidienne des grévistes, massacrant 34 d'entre eux. Claire Cerruti, membre de Keep Left et du Front démocratique de la gauche en Afrique du Sud en explique les enjeux.
Quelle est l'importance de cette victoire des mineurs ? D'où vient-elle ?
La grève a montré que l'on peut s'organiser par nous-mêmes, y compris en dehors des syndicats, et gagner. Et que tu peux gagner plus ainsi que dans les négociations réglementaires. Avant même l'accord, le massacre qui a eu lieu le 16 août a déclenché des grèves dans d'autres mines.
Des travailleurs d'Anglo-Platinium et de Gold Fields sont toujours en grève. Les mineurs d'Anglo exigent même plus que ceux de Lonmin.
La grève a été organisée en dehors des structures syndicales avec un comité de grève et des assemblées quotidiennes sur la colline où le massacre a ensuite eu lieu.
Ces grèves sauvages ont eu tendance à se développer ces dernières années. Il y avait donc un groupe de travailleurs parmi les mineurs de sous-sol avec ce type de pratique d'auto-organisation. Ces travailleurs sont souvent précaires, allant de mine en mine.
Après le massacre, les enjeux étaient devenus trop élevés pour que les mineurs abandonnent facilement. La grève est devenue totale avec seulement 2 % de non-grévistes.
Les intimidations policières ont continué mais les mineurs ont obligé la direction à négocier directement avec eux. Ils ont finalement accepté moins que la revendication pour laquelle certains sont morts, et beaucoup moins que ce qui ne serait que justice en comparaison des profits faits dans ce secteur ces dernières années. Mais l'augmentation qui va de 10 à 22 % est du jamais vu.
Et cette augmentation ne fait pas qu'élever les exigences pour les mineurs d'autres compagnies et pour tous les travailleurs, elle donne aussi l'exemple qu'un groupe de travailleurs qui s'est dressé pendant six semaines malgré la répression policière, qui s'est levé pour des revendications offensives et pas seulement pour un combat défensif, a gagné.
Quel a été l'impact du massacre sur la société sud-africaine post-apartheid ? Est-ce que ça a ouvert une nouvelle situation ?
Le massacre a polarisé l'Afrique du Sud. Pour beaucoup de ceux qui étaient choqué s, cela a cristallisé le sentiment que quelque chose ne marche pas avec le nouveau gouvernement. Pour certains la question était simplement celle de la brutalité de la police. Mais le massacre a aussi démontré les racines de cette violence. Il a montré que ce gouvernement est prêt à massacrer des travailleurs pour développer la production. Il démontre à quel point ce gouvernement est impliqué dans une classe dirigeante internationale liée aux compagnies. Cela l'entraîne de plus en plus dans une confrontation avec le peuple qui a voté pour lui.
La grève dépassait la question de l'argent. Il s'agissait pour les grévistes de prendre eux-mêmes les choses en main pour obtenir la « vie meilleure » que l'ANC au pouvoir avait promise mais n'a pas réalisée.
Les grévistes étaient conscients qu'ils travaillent pour une des industries les plus riches du monde mais qu'ils vivent en enfer, logeant notamment dans des cabanes en tôle parce que la mine ne fournit pas de logements. Ce sont majoritairement des migrants d'autres parties du pays. Les communautés locales sont détruites par ce système des mines.
Les profits des mines étaient auparavant une clef pour le maintien du système d'apartheid. Aujourd'hui les profits des mines, comme dans le cas de Lonmin, quittent le pays.
Comment la gauche radicale s'est-elle reliée à ce mouvement et à la situation générale ?
La gauche radicale indépendante en Afrique du Sud n'est pas forte mais nous avons construit rapidement une campagne de solidarité et sommes allés au contact des mineurs. Néanmoins l'audience politique générale créée par le massacre et la grève se dirigera sans doute d'abord vers des forces plus larges comme le dirigeant militant populiste Julius Malema. Malema était le leader de la ligue de jeunesse de l'ANC jsuqu'à ce qu'il soit exclu l'an dernier par la direction de l'ANC. Ses appels à la nationalisation des mines comme élément d'un projet de libération économique a trouvé un écho dans la crise actuelle. Vu l'exportation des profits des mines, il est difficile de discuter sur ce point. Mais la gauche radicale devra se relier à ces mouvements plus larges pour mettre en avant une vision des nationalisations qui ne se contente pas de transférer les leviers de commande économique à des Noirs mais qui construise un mouvement ouvrier indépendant.
Il existe une autre gauche radicale dont la taille et la forme ne sont pas encore claires mais qui se développe à l'intérieur des organisations traditionnelles comme la Cosatu, la principale fédération syndicale et même dans le parti communiste sud-africain (SACP).
Cela peut sembler étrange alors que certains disent que le syndicat est fini et qu'il a démontré sa complicité avec le gouvernement. Les communiqués de la Cosatu sur le massacre ont été scandaleusement ambigus. Il a défendu sa plus grosse section, le syndicat des mines totalement discrédité. Et le résultat de la grève à Lonmin a fait émerger le spectre de l'inutilité des bureaucrates syndicaux. Cependant, sous la surface la polarisation après le massacre va continuer, et il faut voir comment elle s'exprime. Le syndicat de la métallurgie a été une exception importante, condamnant le massacre et le replaçant dans le contexte d'une accumulation du capital en Afrique du Sud ces dernières années. Beaucoup de syndicalistes à la base relient le massacre aux 16 dernières années d'alliance avec le gouvernement, sans résultats probants. La gauche radicale indépendante devra aussi prêter attention à ces développements.
Propos recueillis par Denis Godard
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Afrique du Sud
Nelson Mandela : l'homme de la lutte contre l'apartheid... et l'instrument de la transition pour la bourgeoisie sud-africaineNelson Mandela, ancien dirigeant de l'ANC, l'African National Congress, le parti nationaliste noir d'Afrique du Sud et premier président noir du pays entre 1994 et 1999, gravement malade, pourrait ne pas atteindre son 95e anniversaire. Pour beaucoup, il reste le symbole de la lutte contre le régime d'apartheid qui, pendant plus de quarante ans, a été imposé, par la bourgeoisie blanche, à la majorité noire de la population d'Afrique du Sud.Mis en place en 1948, après la victoire électorale du Parti national, regroupant exclusivement des Afrikaaners, l'apartheid exprimait, par la ségrégation et la violence, la détermination de la minorité blanche qui concentrait déjà toutes les richesses économiques du pays à tenir à distance la majorité noire, c'est-à-dire les pauvres et les prolétaires.Pendant quarante ans, parqués dans les bantoustans les réserves et les townships, ghettos à la périphérie des grandes villes, les Noirs et les métis devaient être munis d'un laisser-passer pour aller travailler en zone blanche. L'oppression, le mépris, la matraque, la prison et la torture furent, des années durant, érigées en méthode de gouvernement. La révolte contre cette insupportable discrimination légale à grande échelle ne cessa pas de se manifester. La jeunesse scolarisée affronta le pouvoir, en 1976, à Soweto. Puis ce furent les luttes massives de 1984 à 1986, dont la grève des mineurs, qui inquiétèrent le pouvoir au point de le pousser à chercher, parallèlement à la répression féroce qu'il exerçait contre les opposants à l'apartheid, une solution négociée. Ils voulaient éviter que les révoltes, les grèves, se transforment en un mouvement de fond de la population – et surtout de la classe ouvrière – mettant en danger la domination de la bourgeoisie et les immenses profits qu'elle et ses alliés impérialistes tiraient de l'exploitation des travailleurs.Cette solution négociée, c'est l'ANC et ses dirigeants, dont Nelson Mandela, qui en furent les acteurs aux côtés du parti nationaliste blanc au pouvoir. Longtemps fer de lance de la lutte anti-apartheid, le parti nationaliste noir orienta la révolte et les luttes ouvrières vers un « apaisement » qui tenait des millions de travailleurs à distance du pouvoir. De loi raciste abrogée en légalisation des partis politiques, le gouvernement remisa la ségrégation officielle et organisa dès mars 1990 des négociations ouvertes avec l'ANC. L'apartheid fut aboli dans les textes en juin 1991.En fait, tout en prenant en compte la colère de la population noire, la bourgeoisie sud-africaine préservait ainsi sa domination. Un référendum organisé l'année suivante parmi la population blanche montra que celle-ci approuvait à 69 % les décisions du président blanc de Klerk. Signe de reconnaissance de la bourgeoisie mondiale, Nelson Mandela fut couronné du prix Nobel de la paix, en même temps que le président de Klerk. Des élections, en avril 1994, le portèrent à la présidence. L'ANC organisa alors le gouvernement, en commun avec le Parti national et le parti nationaliste zoulou.La misère, elle, n'avait pas disparu. Mais, dans le pays le plus riche d'Afrique, il y avait la place pour qu'une petite bourgeoisie et une bourgeoisie noires se développent. Loin d'être des révolutionnaires, Mandela et les autres dirigeants de l'ANC collaborèrent à la direction de l'État bourgeois et permettaient aux couches dirigeantes de la population noire d'occuper des postes et de s'enrichir. Mais il n'en était pas de même de la population pauvre, en grande majorité noire, qui continua à subir sinon l'apartheid légal, du moins l'apartheid social. Et cet État avait toujours les mêmes ennemis, les travailleurs qui relèvent la tête.Dernièrement en août 2012, lors de la grève dans les mines de platine Lonmin à Marikana, trente-quatre grévistes ont été tués par des policiers noirs, défendant les profits des capitalistes. Ce sont ensuite des ministres noirs, membres de l'ANC, qui ont défendu l'action de la police et condamné celle des mineurs. Ainsi malheureusement la politique de Mandela et de l'ANC, si elle a conduit à la fin de l'apartheid, a maintenu une exploitation tout aussi féroce, tout au plus ayant changé de couleur.Viviane LAFONT (LUTTE OUVRIÈRE)
Vals- Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: Afrique du Sud
Bal d’hypocrites pour Mandela : quand l’Occident soutenait Pretoria
La fille de Mandela dénonce les "vautours" des médias étrangers
La fille de Mandela dénonce les "vautours" des médias étrangers
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Renouveau de la résistance ?
http://www.avanti4.be/analyses/article/afrique-du-sud-renouveau-de-la-resistance
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Renouveau de la résistance ?
http://www.avanti4.be/analyses/article/afrique-du-sud-renouveau-de-la-resistance
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Afrique du Sud
Mandela, un symbole de la lutte mais pas un représentant des exploités
Depuis une semaine, Nelson Mandela est entre la vie et la mort. Les hommages affluent du monde entier, des pauvres, des puissants, des Noirs, des Blancs. Mais le consensus n’est que de façade. À travers Mandela, les Noirs d’Afrique du Sud et les opprimés du monde entier veulent saluer le combat d’un peuple contre la ségrégation raciale et pour la liberté et l’égalité.
Les dirigeants impérialistes saluent, eux, la politique de Mandela qui a consisté à limiter et à arrêter ce combat. Ils voient en Mandela, l’homme de la « réconciliation » et de la « paix ». Mais la paix dont il s’agit est la paix sociale de la bourgeoisie et de l’impérialisme qui fait qu’au sommet de la société, on continue de s’enrichir quand, à la base, on s’appauvrit toujours et encore !
Le simple fait qu’Obama, le dirigeant de la première puissance impérialiste, puisse se reconnaître dans Mandela montre que ce dernier n’était pas un représentant des exploités.
Le combat contre l’apartheid fut le combat de tout un peuple, levé contre un régime infâme qui avait érigé la matraque, la torture et la prison en méthode de gouvernement. Cette lutte a signifié autant de souffrances et de déchirements que de courage et de fierté.
À travers Mandela, c’est donc au peuple sud- africain, aux opprimés révoltés, à ceux de Sharpeville, de Soweto, aux mineurs, aux ouvriers massacrés, que les opprimés du monde entier peuvent rendre hommage.
Mais le combat contre l’apartheid est inachevé, justement du fait de la politique de Mandela et de son parti, l’ANC. À la fin des années 1980, les dirigeants blancs à la tête du régime sud-africain, confrontés aux révoltes et aux grèves incessantes, durent se résoudre à mettre fin au système d’oppression raciale. Ils choisirent de s’allier à Mandela et à l’ANC qui avaient du crédit auprès des masses noires pour négocier une sortie de l’apartheid en douceur.
Il s’agissait de mettre fin aux lois consacrant l’oppression raciale, sans pour autant toucher à la mainmise des propriétaires blancs sur l’économie, sans remettre en cause les profits des multinationales, sans remettre en cause les intérêts des impérialistes, en particulier dans les mines.
Mandela était l’homme de la situation. Son long emprisonnement par le régime de l’apartheid avait fait de lui le symbole du combat contre l’oppression raciale. Mais il n’avait rien contre la propriété privée des terres et des mines, rien contre l’exploitation, rien contre le capitalisme, rien contre l’existence d’une élite… à condition que certains Noirs puissent s’y faire une place.
Les prolétaires et les pauvres qui attendaient de la fin de l’apartheid une redistribution des terres et l’accès à un emploi, à des logements décents, à la santé, à l’eau courante et à des écoles de qualité, furent priés d’attendre au nom de la « réconciliation nationale ».
Ce sont ces choix-là que saluent aujourd’hui tous les hommes d’État qui se précipitent à son chevet. De Klerk, le dernier président blanc de l’apartheid, doit en effet à Mandela un fier service !
La fin de l’apartheid changea la vie de la classe privilégiée noire. Elle put, enfin !, accéder aux affaires et surtout à la mangeoire de l’appareil d’État et de la corruption. Une minorité noire est ainsi devenue riche et même très riche, à l’instar de ceux surnommés les « diamants noirs ». Certains habitent dans les quartiers luxueux de la bourgeoisie blanche, protégés par des murs surmontés de grillages électrifiés et par des milices privées armées jusqu’aux dents.
Mais la fin de l’apartheid ne changea pas la vie des masses pauvres. Les ghettos noirs n’ont pas disparu car la grande masse des Noirs reste misérable, confrontés à des conditions de travail, de vie et de logement indignes.
Les inégalités, l’exploitation sont tout aussi féroces qu’elles l’étaient sous l’apartheid comme l’a montré la grève des mineurs de Marikana, l’été dernier. Et les ouvriers comme les Noirs pauvres sont aujourd’hui matraqués, emprisonnés ou assassinés …par des policiers noirs !
Les lois raciales ont disparu, mais l’apartheid racial existe toujours de fait parce que les Noirs sont restés les exploités et les pauvres, parce que l’exploitation et la division de la société en classes sont tout aussi efficaces pour diviser la population.
L’hommage populaire rendu à Mandela par les Noirs sud-africains atteste de leur soif de liberté et de leur aspiration à une vie meilleure. Mais celle-ci ne sera conquise, là-bas comme ici, que dans un combat contre l’ordre social capitaliste de sorte qu’il n’y ait plus de privilèges ni de privilégiés, qu’ils soient noirs ou blancs.
Lutte Ouvriére 1er Juillet 2013
mykha- Messages : 1079
Date d'inscription : 19/06/2013
COSATU’s history: coming full circle
http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article3034
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Toute l'automobile en grève
http://www.npa-auto-critique.org/article-toute-l-industrie-automobile-en-greve-en-afrique-du-sud-119677982.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
160 000 en grève la semaine qui vient
AFPPlus de 160.000 travailleurs seront en grève la semaine prochaine en Afrique du Sud, les pompistes et les employés d’entreprises liées à l’automobile venant s’ajouter à partir de lundi aux ouvriers du BTP en arrêt depuis douze jours.
Des grèves massives frappent depuis août l’économie sud-africaine, la première d’Afrique: des dizaines de milliers de salariés ont cessé le travail dans les mines d’or, le BTP et le secteur automobile pour réclamer des hausses de salaire.
Les grèves sont désormais terminées dans le secteur de l’or, qui emploie 140.000 personnes et représente 3% du PIB, après la reprise du travail dimanche dans les mines d’Harmony Gold.
Les mineurs grévistes «ont accepté la même offre (une hausse salariale de 7,5 à 8%, ndlr) que celle qui a été faite par les autres producteurs du secteur, et ont repris le travail», a déclaré Harmony Gold, troisième producteur d’Afrique du Sud et cinquième producteur mondial d’or, dans un communiqué.
Mais environ 73.000 employés des stations-service ou d’entreprises liées à l’automobile vont cesser le travail lundi, pour obtenir une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail, après l’échec de négociations cette semaine avec le patronat, a annoncé le Syndicat national des employés de la métallurgie (Numsa).
Ils devraient manifester au Cap et à Johannesburg en début de semaine puis dans d’autres villes. Leur mouvement de grève pourrait fortement perturber les transports.
«Nous voulons un accord à deux chiffres. Nous voulons fondamentalement améliorer les conditions des travailleurs», a déclaré à l’AFP le secrétaire général du Numsa, Irvin Jim.
Les pompistes gagnent entre 14 et 17 rands (de 1,40 dollar à 1,70 dollar - soit entre 1 et 1,30 euro) de l’heure, selon le syndicat.
Ce nouveau mouvement de grève intervient alors qu’environ 90.000 travailleurs du BTP sont en grève depuis douze jours, selon le syndicat NUM (National Union of Mineworkers).
«La grève continue», a déclaré à l’AFP le représentant du NUM aux négociations, Bhekani Ngcobo.
Les ouvriers du bâtiment gagnent un salaire de base de 4.000 rands (300 euros) et réclament une hausse de 800 rands, selon le syndicat. Le patronat du secteur propose une augmentation de 400 rands, a précisé Bhekani Ngcobo.
La situation devrait en revanche redevenir normale dans le secteur automobile, les négociations patronat-syndicat ayant abouti à un accord après trois semaines de grève.
La plupart des 30.000 grévistes ont accepté l’offre patronale --une augmentation de 11,5% cette année et de 10% tous les ans jusqu’à 2015--, a indiqué le Numsa.
«Les adhérents du Numsa dans cinq des sept usines automobiles ont approuvé» le protocole d’accord, a-t-il précisé.
Les discussions se poursuivent avec les salariés de l’usine BMW de Pretoria et de l’usine Toyota près de Durban (est).
Au plus fort de la grève, le mouvement a coûté 60 millions de dollars par jour aux entreprises. L’industrie automobile représente 6% du PIB et environ 12% des exportations du pays.
Les mouvements de grèves ont été jusqu’à présent relativement calmes par rapport à l’année dernière. Une fusillade policière à la mine de platine de Lonmin à Marikana (nord) avait fait 34 morts et 78 blessés en août 2012.
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
BINGO ! VICTOIRE POUR LES CAMARADES !
Plus de 30% d'augmentation de salaires dans l'automobile
Après plus de trois semaines de grève,
les ouvriers de l'industrie automobile viennent d'arracher des augmentations de salaires :
11,5 % pour cette année, 10 % en 2014 et 10 % en 2015.
Volkswagen AG, Ford Motor Co. et Toyota Motor Corp les ont acceptées.
http://www.npa-auto-critique.org/article-plus-de-30-d-augmentation-de-salaires-dans-l-automobile-en-afrique-du-sud-119959792.html
Après plus de trois semaines de grève,
les ouvriers de l'industrie automobile viennent d'arracher des augmentations de salaires :
11,5 % pour cette année, 10 % en 2014 et 10 % en 2015.
Volkswagen AG, Ford Motor Co. et Toyota Motor Corp les ont acceptées.
http://www.npa-auto-critique.org/article-plus-de-30-d-augmentation-de-salaires-dans-l-automobile-en-afrique-du-sud-119959792.html
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Page 2 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum