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A propos de la "classe moyenne"

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A propos de la "classe moyenne" Empty A propos de la "classe moyenne"

Message  Invité Dim 8 Juil - 10:11

Classe ou non-classe que cette notion fourre-tout ("classe moyenne") ? Ennemie ou amie ? Ses rôles, ses fonctions ? ...

Si vous connaissez quelques textes "de références" sur ce sujet si flou, ou des synthèses susceptibles d'éclairer "le commun des mortels", n'hésitez pas à les citer.
Mieux encore si vous exprimez votre point de vue Smile

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Message  sylvestre Dim 8 Juil - 13:35

Je trouve ce texte de Gérard Filoche excellent : http://www.filoche.net/2012/06/16/il-n%E2%80%99y-a-pas-de-classe-moyenne-ni-%C2%AB-des-%C2%BB-classes-moyennes-ni-des-classes-populaires/
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Message  Achille Dim 8 Juil - 14:08

sylvestre a écrit:Je trouve ce texte de Gérard Filoche excellent : http://www.filoche.net/2012/06/16/il-n%E2%80%99y-a-pas-de-classe-moyenne-ni-%C2%AB-des-%C2%BB-classes-moyennes-ni-des-classes-populaires/

+1 en effet excellent. à lire !

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Message  dug et klin Lun 9 Juil - 17:50

Les"sociologues" ne mettent pas tous la meme chose derriere cette appellation,je ne vois pour ma part qu'une classification possible il y a:

-D'une part la classe bourgeoise,qui possede la quasi totalité des moyens de production ce qui lui assure d'énormes revenus sans fournir le moindre travail utile a la société.

-De l'autre le prolétariat qui ne possede rien et vit de la vente de sa force de travail.

-Et entre les deux,les couches moyennes(artisans,commercants,pécheurs,paysans...etc...)qui ont un petit point commun avec la bourgeoisie,c'est de posséder leurs outils de travail(encore que...)Et un gros point commun avec la classe ouvriere car ils sont obligés de travailler pour vivre de l'utilisation de leurs outils.
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Message  Roseau Mar 10 Juil - 0:29

dug et klin a écrit:

-Et entre les deux,les couches moyennes(artisans,commercants,pécheurs,paysans...etc...)qui ont un petit point commun avec la bourgeoisie,c'est de posséder leurs outils de travail(encore que...)Et un gros point commun avec la classe ouvriere car ils sont obligés de travailler pour vivre de l'utilisation de leurs outils.

Justement, lis l'article et tu conviendras comme tout marxiste qu'il ne faut pas parler de classes moyennes,
qui est un concept destiné à brouiller la compréhension des rapports de classe.

Il faut lire cet article, excellent!

Il met notamment en évidence la diminution du poids de la petite bourgeoisie,
dont Filoche ne perd même pas son temps pour l'évoquer,
sinon pour railler le concept de "nouvelle petite bourgeoisie"!

Si on doit en retenir deux chiffres, ce sont :

- le salariat représente 93% de la population active
- 97% des salariés gagnent moins de 3200 Euros par mois
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Message  Invité Mer 11 Juil - 15:38

Merci pour cet article particulièrement " bien tapé ". Et je suis plutôt d'accord avec ça :

Appeler le « salariat » « classe moyenne » n’a plus aucune autre fonction conceptuelle et descriptive, c’est une manipulation idéologique. C’est contribuer à l’empêcher de prendre conscience de son immense force collective et de ses revendications légitimes communes.

Rien de nouveau sous le soleil. L'idéologie dominante domine les dominés, qu'ils en ait conscience ou non.

Néanmoins prendre conscience d'être dominé par l'idéologie n'engage pas systématiquement à la lutte. Certains la refoule par dépit, ou selon leur condition sociale fragilisée. D'autres s'en font les chantres pour conserver divers intérêts (principalement économique). En ce sens la sociologie bourdivine fait comprendre les comportements que ces " couches sociales supérieures " ont adopté, et qui légitiment consciemment ou non l'ordre social, ses conflits d'intérêts selon les positions hiérarchiques.

Une note de lecture à propos d'un ouvrage qui semble intéressant, Sociologie des classes moyennes de Serge Bosc :

http://lectures.revues.org/661

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Message  Gaston Lefranc Lun 16 Juil - 16:02

Je suis assez surpris des commentaires élogieux de cet article de Filoche. Certes, il est important de déconstruire les discours autour de l'existence d'une "classe moyenne" pléthorique, qui a une fonction idéologique d'occulter l'antagonisme de classe entre le prolétariat et les capitalistes.

Il n'en demeure pas moins que c'est grossièrement faux de considérer que le "salariat" est une classe. Salarié, c'est un statut juridique. Et on ne définit pas une classe sociale à partir d'un niveau de salaire. L'analyse de Filoche est proche des analyses "PCF" qui opposaient les "classes populaires" (c'est-à-dire quasiment toute la population) à une poignée de grands capitalistes monopoleurs. Il est quand même assez estomaquant de considérer que "les fonctions d’encadrement ont diminué considérablement au profit des tâches de production".

L'encadrement capitaliste n'est pas marginal : il exerce la fonction du capital dans l'entreprise ou l'administration qui est d'extorquer un maximum de surtravail. Cette fraction de la classe dominante s'est développée avec le développement du capitalisme.

Dans l'administration où je travaille, et dans le syndicat où je milite, je refuse de considérer que l'ensemble des agents font partie d'une même classe, le "salariat". Nous sommes certes tous salariés, mais il y a aussi une partie non négligeable d'agents dont la fonction principale est d'encadrer le travail des autres et de faire en sorte de les pressurer un maximum. Ils sont d'ailleurs formés pour cela. Les dirigeants réformistes refusent évidemment de voir cette réalité, car bien souvent ces hauts cadres occupent des fonctions de direction dans les syndicats, et reproduisent d'ailleurs la division du travail capitaliste, à l'intérieur du syndicat.

Gaston Lefranc

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Message  verié2 Lun 16 Juil - 16:23

Entièrement d'accord avec les remarques de Gaston Lefranc.
Dug et Klin
Et entre les deux,les couches moyennes(artisans,commercants,pécheurs,paysans...etc...)qui ont un petit point commun avec la bourgeoisie,c'est de posséder leurs outils de travail(encore que...)Et un gros point commun avec la classe ouvriere car ils sont obligés de travailler pour vivre de l'utilisation de leurs outils.
C'est une erreur de définir aujourd'hui les classes sociales à partir de la seule propriété juridique des moyens de production. Les classes sociales se forment dans la division sociale du travail qui peut ou non se cristalliser en propriété privée.

Nous en avions déjà discuté sur un autre fil, mais une petite bourgeoisie salariée a largement remplacé la petite bourgeoisie traditionnelle des commerçants, artisans, paysans. Par leur position dans le processus de production, ou à l'écart de ce processus, ces nouveaux petits bourgeois occupent comme leurs prédécesseurs une situation intermédiaire entre prolétariat et bourgeoisie. Leur idéologie est évidemment sensiblement différente de celle des petits bourgeois traditionnels.

Si le niveau de rémunération joue un rôle, il ne permet pas non plus de définir l'appartenance de classe de ces couches sociales. D'ailleurs, on peut noter qu'une grande partie de la petite bourgeoisie traditionnelle gagne elle aussi moins de 3200 euros par mois. Un journaliste précaire, un intermittent du spectacle, même payés au lance-pierre, ne sont pas des prolétaires et leur idéologie s'en ressent bien entendu. Un gardien de prison payé à peine au dessus du SMIC n'est pas davantage un prolétaire, alors qu'on peut considérer qu'un ouvrier ou un technicien hautement qualifié en est un, s'il n'exerce pas de fonction dans l'encadrement et l'organisation du travail.

On pourrait multiplier les exemples.

Croire que tous les "salariés" auraient les mêmes intérêts est donc une erreur. Le capitalisme s'est constitué une base sociale parmi certaines catégories de salariés, dont une partie aujourd'hui n'est d'ailleurs pas ou peu touchée par la crise, du moins en France.

Après, on peut évidemment discuter sur des pages et des pages du statut de telle ou telle catégorie litigieuse...

verié2

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Message  Vals Lun 16 Juil - 17:28

Un gardien de prison payé à peine au dessus du SMIC n'est pas davantage un prolétaire, alors qu'on peut considérer qu'un ouvrier ou un technicien hautement qualifié en est un, s'il n'exerce pas de fonction dans l'encadrement et l'organisation du travail.

Vive l'anarchie, nom de dieu !
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Message  verié2 Lun 16 Juil - 18:31

Vals a écrit:
Un gardien de prison payé à peine au dessus du SMIC n'est pas davantage un prolétaire, alors qu'on peut considérer qu'un ouvrier ou un technicien hautement qualifié en est un, s'il n'exerce pas de fonction dans l'encadrement et l'organisation du travail.

Vive l'anarchie, nom de dieu !
Et peux tu nous expliquer en quoi considérer qu'un cadre improductif ou partiellement improductif n'est pas exactement un prolétaire serait une position anarchiste ? Rolling Eyes
Ce qui caractérise les anarchistes, ou une partie des anarchistes, c'est qu'ils substituent la notion de direction à la notion d'exploitation au sens marxiste. Tout chef est plus ou moins à leurs yeux un exploiteur.

Mais l'erreur des anarchiste ne justifie pas celle, inverse, qui considère que tout salarié est un prolétaire et un exploité ! Désolé, mais les agents de répression de l'Etat, tels les gardiens de prison ou les policiers, ne sont pas des prolétaires.

Quant aux cadres, il faut distinguer diverses situations. Mais tout travailleur du rang sait que les patrons emploient des quantités de cadres dont la seule fonction est d'accroître le taux d'exploitation. Evidemment, le "petit chef", souvent lui-même ancien ouvrier, n'est pas à mettre dans le même sac, bien qu'il choisisse parfois le camp du patron pour de très maigres privilèges.

Tout cela est sans aucun doute à nuancer. Mais croire que la classe bourgeoise n'est composée que des fameuses "deux cent familles", dont Mamie Bettencourt est l'archétype, est tout à fait faux. Il y a certainement en France plusieurs millions de bourgeois et petits bourgeois aisés, qu'ils soient propriétaires de leurs moyens de production ou non, qui constituent une solide base sociale pour la grande bourgeoisie.
Sans compter les petits bourgeois pauvres qui, idéologiquement, la soutiennent aussi à leur manière. Sinon, il y a longtemps que le système se serait effondré ou transformé en dictature sanglante...

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Message  Eugene Duhring Lun 16 Juil - 19:19

Gaston Lefranc a écrit:Je suis assez surpris des commentaires élogieux de cet article de Filoche. Certes, il est important de déconstruire les discours autour de l'existence d'une "classe moyenne" pléthorique, qui a une fonction idéologique d'occulter l'antagonisme de classe entre le prolétariat et les capitalistes.

Il n'en demeure pas moins que c'est grossièrement faux de considérer que le "salariat" est une classe. Salarié, c'est un statut juridique. Et on ne définit pas une classe sociale à partir d'un niveau de salaire. L'analyse de Filoche est proche des analyses "PCF" qui opposaient les "classes populaires" (c'est-à-dire quasiment toute la population) à une poignée de grands capitalistes monopoleurs. Il est quand même assez estomaquant de considérer que "les fonctions d’encadrement ont diminué considérablement au profit des tâches de production".

L'encadrement capitaliste n'est pas marginal : il exerce la fonction du capital dans l'entreprise ou l'administration qui est d'extorquer un maximum de surtravail. Cette fraction de la classe dominante s'est développée avec le développement du capitalisme.

Dans l'administration où je travaille, et dans le syndicat où je milite, je refuse de considérer que l'ensemble des agents font partie d'une même classe, le "salariat". Nous sommes certes tous salariés, mais il y a aussi une partie non négligeable d'agents dont la fonction principale est d'encadrer le travail des autres et de faire en sorte de les pressurer un maximum. Ils sont d'ailleurs formés pour cela. Les dirigeants réformistes refusent évidemment de voir cette réalité, car bien souvent ces hauts cadres occupent des fonctions de direction dans les syndicats, et reproduisent d'ailleurs la division du travail capitaliste, à l'intérieur du syndicat.
Il faudrait peut-être que tu mettes ton nez un peu dans les boites notamment de production. Ton analyse respire l'ignorance.
Il y a toute une frange de prolo CAP, BAC à moins de 2000€ par mois qui encadre les ouvriers de production, maniant les indicateurs de productivité, de qualité, etc .. Ils forment une des courroie de transmission pour faire suer de la plus-value pour le capitaliste. C'est le cas dans ma boite. Imaginer un instant que cela en fait des bourgeois, des suppots capitalistes, une fraction de la classe dominante, des non-prolétaires est risible, inconcevable. A trop vouloir tirer le fil de l'encadrement pour différencier les prolétaire des autres, on finit par tomber dans le grand guignol !
Pour exemple, le taux d'encadrement n'a jamais été aussi élevé depuis l'introduction de nouvelles méthodes d'organisation du travail ; 20% dans ma boite soit 1/5ème de l'effectif avec des tâches partielles ou totales d'encadrement.

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Message  verié2 Lun 16 Juil - 20:24


Eugène Duhring
Il y a toute une frange de prolo CAP, BAC à moins de 2000€ par mois qui encadre les ouvriers de production, maniant les indicateurs de productivité, de qualité, etc .. Ils forment une des courroie de transmission pour faire suer de la plus-value pour le capitaliste. C'est le cas dans ma boite. Imaginer un instant que cela en fait des bourgeois, des suppots capitalistes, une fraction de la classe dominante, des non-prolétaires est risible, inconcevable.
Il est clair que pour analyser de façon précise les classes sociales en France aujourd'hui, il faudrait faire un travail précis, en particulier sur le terrain. On ne peut pas se contenter de généralités. Le développement considérable de la division du travail rend le sujet complexe. Ce n'est pas comme quand il y avait un patron, une poignée de "collaborateurs" en blouses et une masse d'ouvriers.

Mais il n'en reste pas moins que la propriété privée des moyens de production est un critère tout à fait insuffisant. On ne peut pas dire salarié = prolétaire. Beaucoup de gens ont un intérêt objectif à maintenir une certaine division sociale du travail et en ont conscience.


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Message  Gaston Lefranc Lun 16 Juil - 22:11

Duhring, avant d'attaquer billes en tête, essaie de faire l'effort de lire. Je parlais en l'occurrence de ce que je connais : des cadres supérieurs, A+, de la fonction publique dont la fonction principale est d'encadrer, extorquer du surtravail. Et bien oui, ces gens là ne font pas partie du prolétariat.

Quant à ce que tu décris de ta boîte, cela va justement dans le sens que je dis, avec le développement des tâches d'encadrement. Il y a les cadres supérieurs dont j'ai parlé qui sont à mon avis une fraction de classe dominante. Et puis il y a d'autres agents, subordonnés à ces cadres supérieurs, qui exercent un encadrement de proximité tout en continuant eux-mêmes à travailler. Ils sont dans une position contradictoire, et ce n'est pas en affirmant de façon péremptoire qu'il est "inconcevable" de ne pas les considérer comme de purs prolétaires que tu convaincras quiconque. Ces travailleurs là sont dans une position contradictoire, exerçant à la fois la fonction du travail et la fonction du capital dans l'entreprise.

Tu es toi aussi omnubilé par la question du niveau des salaires. Mais un paysans qui gagne moins que le Smic (et il y en a beaucoup) n'est pas un prolétaire ; par contre, un ingénieur qui fait un travail productif sans encadrer personne et qui gagne 3000 euros est un prolétaire ; en revanche, un contremaître est dans une position intermédiaire, ni prolétaire, ni capitaliste.


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Message  Eugene Duhring Lun 16 Juil - 23:47

Gaston Lefranc a écrit:Duhring, avant d'attaquer billes en tête, essaie de faire l'effort de lire. Je parlais en l'occurrence de ce que je connais : des cadres supérieurs, A+, de la fonction publique dont la fonction principale est d'encadrer, extorquer du surtravail. Et bien oui, ces gens là ne font pas partie du prolétariat.

Quant à ce que tu décris de ta boîte, cela va justement dans le sens que je dis, avec le développement des tâches d'encadrement. Il y a les cadres supérieurs dont j'ai parlé qui sont à mon avis une fraction de classe dominante. Et puis il y a d'autres agents, subordonnés à ces cadres supérieurs, qui exercent un encadrement de proximité tout en continuant eux-mêmes à travailler. Ils sont dans une position contradictoire, et ce n'est pas en affirmant de façon péremptoire qu'il est "inconcevable" de ne pas les considérer comme de purs prolétaires que tu convaincras quiconque. Ces travailleurs là sont dans une position contradictoire, exerçant à la fois la fonction du travail et la fonction du capital dans l'entreprise.

Tu es toi aussi omnubilé par la question du niveau des salaires. Mais un paysans qui gagne moins que le Smic (et il y en a beaucoup) n'est pas un prolétaire ; par contre, un ingénieur qui fait un travail productif sans encadrer personne et qui gagne 3000 euros est un prolétaire ; en revanche, un contremaître est dans une position intermédiaire, ni prolétaire, ni capitaliste.

les
Pour moi les choses sont on ne peut plus simple : ne sont plus prolétaires les salariés qui ont suffisamment de pouvoir pour virer un autre salarié ces deux catégories concernant les 2/3 des travailleurs dans nos sociétés capitalistes. Après on peut dégoiser sur la crème ouvrière, l'élite ouvrière en pensant avoir fait un bond dans l'étude des classes sociales sans avoir bougé d'un pouce. J'ai fait quelques boites et cette règle s'appliquait à toutes et s'imposait à chacun des travailleurs dans ces boites de manière instinctive. Il n'y a que des prétendants à la couronne de laurier marxiste pour pousser la réflexion au delà de ce simple bon sens. D'ailleurs cette volonté masturbatoire à distinguer le prolo du reste au point de les étudier individuellement, de les passer au tamis de cette réflexion, puis le reste du tamis de les balancer dans une centrifugeuse intellectuelle, puis ce qui reste encore de les analyser au miscroscope, n'a strictement rien de marxiste !

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Message  Gaston Lefranc Lun 16 Juil - 23:53

Oui, bien sur, la bonne attitude marxiste, c'est de se fier à son "bon sens" et à son "instinct", tout le reste n'est que divagation d'intellectuels petits bourgeois... Je te laisse à tes certitudes de terrain.

Gaston Lefranc

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Message  Eugene Duhring Mar 17 Juil - 0:08

Gaston Lefranc a écrit:Oui, bien sur, la bonne attitude marxiste, c'est de se fier à son "bon sens" et à son "instinct", tout le reste n'est que divagation d'intellectuels petits bourgeois... Je te laisse à tes certitudes de terrain.
Ben oui parfois le bon sens ou l'instinct de classe sont plus surs que des divagations pseudo-intellectuelles. Sur ce sujet en tout cas !! Je te conseillerai un petit tour dans les boites, je pense que ton analyse sur prolo pas prolo fonderait comme neige au soleil !

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Message  verié2 Mar 17 Juil - 9:12

Le "bon sens" prend en considération le comportement au travail de certains salariés "intermédiaires" dont les fonctions, comme l'explique Gaston Lefranc, sont contradictoires ou partiellement contradictoires. Comportement qui dépend de très nombreux facteurs subjectifs et objectifs. Si un petit chef ou un petit cadre se considère comme un prolétaire ou considère qu'il est dans le camp des prolétaires et, concrètement, participe aux grèves, ou au moins fait preuve d'une certaine sympathie vis à vis des grévistes, on ne va pas le rejeter au nom d'une analyse théorique.

Il y a ainsi pas mal de gens qui ont choisi leur camp ou le choisiront dans la lutte.

Il n'en reste pas moins qu'une démarche purement empirique ne suffit pas pour analyser les classes sociales aujourd'hui. Une analyse sérieuse doit s'appuyer sur la place de chaque catégorie dans la division sociale du travail. Le salaire peut être un élément car, si un salarié improductif perçoit un salaire élevé, cela signifie qu'il bénéficie d'une certaine façon de l'exploitation des salariés productifs. Toute une partie des salariés "supérieurs" des activités parasitaires peuvent ainsi à mon avis être assimilés à une nouvelle petite bourgeoisie. Ils en ont d'ailleurs généralement la psychologie sociale et le comportement.
Et ces attitudes reposent bien sur des bases objectives : leur place dans le processus de production ou à l'écart de ce processus.

Ensuite, on peut aussi discuter de qui est "productif" et de qui ne l'est pas, vieux débat quasiment insoluble...

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Message  Achille Mar 17 Juil - 9:20

Ha les beaux donneurs de leçons sur la méthode sur la démarche qui sont incapables de faire le 1/10ème du travail en recherche, étude, analyse... fourni par Filoche dans son article. Twisted Evil

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Message  verié2 Mar 17 Juil - 11:08

Achille a écrit:Ha les beaux donneurs de leçons sur la méthode sur la démarche qui sont incapables de faire le 1/10ème du travail en recherche, étude, analyse... fourni par Filoche dans son article. Twisted Evil
Je ne vois pas "un travail de recherche" sur les classes sociales dans la mini compilation que représente l'article de Filoche...

Filoche a le mérite de tordre le cou à la notion médiatique de "classes moyennes", qui ne signifie rien, ce sur quoi nous serons ici tous d'accord. Mais, si c'est pour en arriver à la conclusion qu'il y a en France 93 % de prolétaires, c'est tout simplement ridicule et a-marxiste...

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Message  sylvestre Mar 17 Juil - 11:14

verié2 a écrit:

Il n'en reste pas moins qu'une démarche purement empirique ne suffit pas pour analyser les classes sociales aujourd'hui. Une analyse sérieuse doit s'appuyer sur la place de chaque catégorie dans la division sociale du travail. Le salaire peut être un élément car, si un salarié improductif perçoit un salaire élevé, cela signifie qu'il bénéficie d'une certaine façon de l'exploitation des salariés productifs. Toute une partie des salariés "supérieurs" des activités parasitaires peuvent ainsi à mon avis être assimilés à une nouvelle petite bourgeoisie. Ils en ont d'ailleurs généralement la psychologie sociale et le comportement.
Et ces attitudes reposent bien sur des bases objectives : leur place dans le processus de production ou à l'écart de ce processus.


Il me semble que pour avancer dans ce débat il est d'abord nécessaire de faire une distinction nette entre la considération de la "classe en soi" (place dans la société - acquisition des moyens de subsistance par vente de la force de travail ou non) et "classe pour soi" (conscience de classe, à quelque degré que ce soit).

Ensuite, on peut aussi discuter de qui est "productif" et de qui ne l'est pas, vieux débat quasiment insoluble...

Pas vraiment insoluble, mais surtout débat pas très pertinent à mon avis. Les caissières de supermarché sont clairement des prolétaires, et pourtant leur fonction est tout à fait improductive, puisqu'elle consiste à vérifier des transactions commerciales.
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Message  Babel Mar 17 Juil - 11:44

verié2 a écrit:Le "bon sens" prend en considération le comportement au travail de certains salariés "intermédiaires" dont les fonctions, comme l'explique Gaston Lefranc, sont contradictoires ou partiellement contradictoires. (...)
Il n'en reste pas moins qu'une démarche purement empirique ne suffit pas pour analyser les classes sociales aujourd'hui. Une analyse sérieuse doit s'appuyer sur la place de chaque catégorie dans la division sociale du travail. Le salaire peut être un élément car, si un salarié improductif perçoit un salaire élevé, cela signifie qu'il bénéficie d'une certaine façon de l'exploitation des salariés productifs. Toute une partie des salariés "supérieurs" des activités parasitaires peuvent ainsi à mon avis être assimilés à une nouvelle petite bourgeoisie. Ils en ont d'ailleurs généralement la psychologie sociale et le comportement.
Et ces attitudes reposent bien sur des bases objectives : leur place dans le processus de production ou à l'écart de ce processus.
Absolument.

De manière plus générale, l'affirmation assénée par Duhring paraît curieuse de la part de quelqu'un qui se revendique de la pensée de Marx. Curieuse, mais significative au fond : accorder le primat à la connaissance née de l'expérience sur tout autre type de savoir (qualifié pour l'occasion de "divagation d'intellectuels petits bourgeois"...) est symptomatique d'une attitude proprement réactionnaire --et je pèse mes mots. Quand bien même l’expérience dont celui-ci se prévaut procèderait d’un savoir "instinctif" né de son appartenance de classe...

On sait par ailleurs combien d'âneries cette fameuse dictature du "bon sens" et du "savoir empirique" est capable d'énoncer : si l'on s'en tient à sa seule apparence phénoménale, la terre est un disque plat autour duquel le soleil accomplit sa course.

Dans le domaine de l'observation des réalités sociales, s'en remettre à sa seule expérience, sous prétexte qu'"étant sur le terrain, on sait de quoi on parle", revient à accorder une confiance aveugle à un savoir lui-même contingent, subjectif et aliéné.

Ce qui est tout à l'opposé d'une démarche scientifiquement rigoureuse, selon laquelle la connaissance ne se présente jamais "spontanément" à notre conscience. C'est pourquoi la lecture des faits, des processus et des évènements qui marquent la société doit toujours procéder d'un examen rigoureux de la réalité sociale : son but étant de déceler, derrière l'apparence des choses, derrière leur réalité phénoménale, leur essence même.

L'économie politique vulgaire se borne, en fait à transposer sur le plan, doctrinal, à systématiser les représentations des agents de la production, prisonniers des rapports de production bourgeois, et à faire l’apologie de ces idées. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elle se sente tout à fait à l’aise précisément dans cette apparence aliénée des rapports économiques, phénomène évidemment absurde et parfaitement contradictoire --d’ailleurs, toute science serait superflue, si l’apparence et l’essence des choses se confondaient ; il n’y pas à s’étonner que l’économie politique vulgaire se sente ici parfaitement dans son élément et que ces rapports lui paraissent d’autant plus évidents que leurs liens internes restent dissimulés, tandis que ces rapports sont courants dans la représentation qu’on s’en fait ordinairement.
Karl Marx, Le Capital, livre III, chapitre XLVIII, « La formule trinitaire », section 3.

Achille a écrit :Ha les beaux donneurs de leçons sur la méthode sur la démarche qui sont incapables de faire le 1/10ème du travail en recherche, étude, analyse... fourni par Filoche dans son article.
Qu'est-ce que tu en sais ? Marrant ça, chez toi, cette manie de parler à tort et à travers de ce que tu ignores !



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Message  Babel Mar 17 Juil - 15:18

A propos de la catégorie de classe sociale chez Marx.

Autant il est aisé de citer des textes faisant référence à cette notion, autant il est difficile d'en trouver une définition précise et encore moins une typologie. Partant de ce constat, Bensaïd consacre le 4e chapitre de la deuxième partie de Marx l'intempestif à examiner la question des classes sociales chez Marx.

Résumer l'ensemble serait pour moi d'autant plus fastidieux... qu'une recension de l'ouvrage établie par Stavros Tombazos y pourvoit assez fidèlement. Le texte est mis en ligne sur essf : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article24071
J'en reproduis un large extrait, me permettant, afin d'en faciliter la lecture, d'en supprimer les passages qui m'ont paru inutiles, de mettre en gras quelques phrases et d'en modifier la disposition en §.

La lutte des classes contre la sociologie

En effet, il n’y pas de sociologie conforme aux critères académiques de la discipline dans l’œuvre de Marx. (...) Marx ne définit même pas la notion de classe, il n’offre pas de critères de classification des individus définitifs. Mais est-ce que Marx procède par définitions et classifications ? En fait, qu’est-ce la classification, la taxinomie, sinon l’arbitraire subjectif plaqué sur des réalités dynamiques qui se trouvent ainsi artificiellement bloquées par l’immobilisme de leurs noms ? (...)

Le concret est l’unité de multiples déterminations. Ainsi, plus le développement du concept avance, plus l’abstrait se concrétise dans un mouvement où la fin est la vérité du commencement, plus les classes sociales se déterminent. Mais ce qui intéresse véritablement Marx, ce n’est pas d’aboutir, ne serait-ce qu’en dernière analyse, à une série de critères de classement habituels permettant la classification exacte des individus. Peu importe en fait, si le contremaître appartient plutôt à la classe ouvrière. Ce qui compte c’est de déterminer, à différents niveaux d’analyse, les termes de la lutte et non de tracer une ligne claire de démarcation.

Dans le premier livre du Capital, les termes de la lutte se déterminent à partir de la notion centrale du taux d’exploitation : lutte sur la durée de la journée de travail, lutte sur les parties constitutives de cette journée (salaire, plus-value), lutte sur le contenu du travail (parcellisations des tâches productives) et sur son intensité. La classe ouvrière y est déterminée comme celle qui, privée de moyens de productions, aliène son travail au capital et produit la plus-value comme la valeur de sa propre force de travail. Du premier livre du Capital surgit une question importante. Comment le travailleur moderne, humilié, méprisé, morcelé, réifié dans et par son travail industriel peut-il rompre le cercle vicieux du fétichisme, de la fausse conscience, de l’aliénation ? « Comment de rien devenir tout ? » (p.125).

Dans le second livre du Capital, la notion de classe se charge de nouvelles déterminations. Le capital industriel est l’unité en mouvement du procès de production et du procès de circulation au sens stricte. Ce dernier ne produit ni valeur, ni plus-value. Certaines fonctions du capital (achat et vente des marchandises par exemple) impliquent un travail non productif ou indirectement productif. La classe ouvrière s’élargit donc maintenant à partir des déterminations indirectement liées au taux d’exploitation et au procès de production. Les cycles du capital impliquent un travail productif et un travail non productif car leur finalité, la réalisation d’un profit, ne présuppose pas seulement la production de valeur et de plus-value mais aussi leur circulation. Ainsi, la notion de classe chez Marx n’a jamais impliqué l’homogénéité plus ou moins grande des catégories socio-professionnelles. La classe ouvrière n’a jamais été homogène de manière empirique (ni d’ailleurs la bourgeoisie).

Dans le troisième livre du Capital, certains actes du capital industriel se dédoublent de sorte qu’à côté du premier apparaissent le capital commercial, le capital financier etc., et donc le commerçant, le banquier, le gestionnaire. De cette manière, comme la classe capitaliste se différencie sans perdre son identité fondamentale, les travailleurs de la sphère de la circulation (commerce, crédit, publicité, assurances, gestion etc.) n’appartiennent pas à une troisième classe, même si leurs revenus constituent une partie de la plus-value sociale, à la production de laquelle ils contribuent indirectement. Les deux classes principales de la société moderne s’y déterminent et se délimitent réciproquement selon leurs fonctions antagonistes dans le processus de la reproduction d’ensemble. Ce qui unit nécessairement la classe capitaliste d’un côté, la classe ouvrière de l’autre côté, est leur opposition économique réciproque non seulement au niveau du rapport d’exploitation de la production mais au niveau de la distribution des rôles et des revenus dans le processus d’ensemble.

Contrairement donc à la sociologie positive, qui d’ailleurs s’est historiquement développée comme « entreprise de dépolitisation » et « antidote à la lutte des classes » (p. 120, en note) dans une période post-révolutionnaire, Marx « suit la logique de ses multiples déterminations. Il ne « définit » pas une classe. Il appréhende des relations de conflits entre classes. Il ne photographie pas un fait social étiqueté classe. Il vise le rapport de classe dans sa dynamique conflictuelle. Une classe isolée n’est pas un objet théorique, mais un non-sens » (p. 132).

Bien sûr, Marx n’a pas pu achever sa théorie des classes sociales. Le Capital finit brusquement au milieu d’une page laissant ainsi inachevé le chapitre spécifique consacré aux classes sociales. Mais de quoi s’agirait-il en fait dans ce chapitre, si Marx avait eu le temps de le finir ? Permettons-nous une spéculation : ce chapitre « final » serait une organisation des déterminations antérieures et en même temps une introduction à la théorie de l’Etat. Car il est impossible d’achever une théorie des classes sans une théorie de l’Etat, pas plus traitée dans Le Capital que cette première. L’Etat capitaliste - comme d’ailleurs le marché mondial - participe au procès de la reproduction d’ensemble, il fait partie des rapports de production capitalistes. Son analyse est donc essentielle - tout autant que celle du marché mondial - à l’approfondissement de l’analyse des termes de la lutte.

La politique n’est pas réductible à l’antagonisme bipolaire des classes, tout en étant organiquement liée à celui-ci. La représentation politique n’est pas un miroir simple dans lequel se reflète une nature sociale conflictuelle, mais plutôt un miroir à la fois déformant et multiforme. La lutte politique a quelque parenté avec le sujet en psychanalyse. « Articulée comme un langage, elle opère par déplacements et condensations des contradictions sociales. Elle a ses rêves, ses cauchemars et ses lapsus » (p. 133). (...)

Babel

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Message  Eugene Duhring Mar 17 Juil - 18:50

Babel a écrit:
verié2 a écrit:Le "bon sens" prend en considération le comportement au travail de certains salariés "intermédiaires" dont les fonctions, comme l'explique Gaston Lefranc, sont contradictoires ou partiellement contradictoires. (...)
Il n'en reste pas moins qu'une démarche purement empirique ne suffit pas pour analyser les classes sociales aujourd'hui. Une analyse sérieuse doit s'appuyer sur la place de chaque catégorie dans la division sociale du travail. Le salaire peut être un élément car, si un salarié improductif perçoit un salaire élevé, cela signifie qu'il bénéficie d'une certaine façon de l'exploitation des salariés productifs. Toute une partie des salariés "supérieurs" des activités parasitaires peuvent ainsi à mon avis être assimilés à une nouvelle petite bourgeoisie. Ils en ont d'ailleurs généralement la psychologie sociale et le comportement.
Et ces attitudes reposent bien sur des bases objectives : leur place dans le processus de production ou à l'écart de ce processus.
Absolument.

De manière plus générale, l'affirmation assénée par Duhring paraît curieuse de la part de quelqu'un qui se revendique de la pensée de Marx. Curieuse, mais significative au fond : accorder le primat à la connaissance née de l'expérience sur tout autre type de savoir (qualifié pour l'occasion de "divagation d'intellectuels petits bourgeois"...) est symptomatique d'une attitude proprement réactionnaire --et je pèse mes mots. Quand bien même l’expérience dont celui-ci se prévaut procèderait d’un savoir "instinctif" né de son appartenance de classe...

On sait par ailleurs combien d'âneries cette fameuse dictature du "bon sens" et du "savoir empirique" est capable d'énoncer : si l'on s'en tient à sa seule apparence phénoménale, la terre est un disque plat autour duquel le soleil accomplit sa course.

Dans le domaine de l'observation des réalités sociales, s'en remettre à sa seule expérience, sous prétexte qu'"étant sur le terrain, on sait de quoi on parle", revient à accorder une confiance aveugle à un savoir lui-même contingent, subjectif et aliéné.

Ce qui est tout à l'opposé d'une démarche scientifiquement rigoureuse, selon laquelle la connaissance ne se présente jamais "spontanément" à notre conscience. C'est pourquoi la lecture des faits, des processus et des évènements qui marquent la société doit toujours procéder d'un examen rigoureux de la réalité sociale : son but étant de déceler, derrière l'apparence des choses, derrière leur réalité phénoménale, leur essence même.

L'économie politique vulgaire se borne, en fait à transposer sur le plan, doctrinal, à systématiser les représentations des agents de la production, prisonniers des rapports de production bourgeois, et à faire l’apologie de ces idées. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elle se sente tout à fait à l’aise précisément dans cette apparence aliénée des rapports économiques, phénomène évidemment absurde et parfaitement contradictoire --d’ailleurs, toute science serait superflue, si l’apparence et l’essence des choses se confondaient ; il n’y pas à s’étonner que l’économie politique vulgaire se sente ici parfaitement dans son élément et que ces rapports lui paraissent d’autant plus évidents que leurs liens internes restent dissimulés, tandis que ces rapports sont courants dans la représentation qu’on s’en fait ordinairement.
Karl Marx, Le Capital, livre III, chapitre XLVIII, « La formule trinitaire », section 3.

Achille a écrit :Ha les beaux donneurs de leçons sur la méthode sur la démarche qui sont incapables de faire le 1/10ème du travail en recherche, étude, analyse... fourni par Filoche dans son article.
Qu'est-ce que tu en sais ? Marrant ça, chez toi, cette manie de parler à tort et à travers de ce que tu ignores !


Il y a des moments, des sujets où il n'y a pas besoin de conceptualiser ce que l'instinct ou le bon sens inspire naturellement. Je n'ai jamais prétendu que la théorie devait s'effacer à tout moment, ça c'est un mauvais procès qui m'est fait d'ailleurs une spécialité de l'ami Babel. Sur le sujet qui nous préoccupe, je vois bien un Gaston jouer les enthomologistes dans les boites, et tenter de distinguer le prolo du pas prolo alors que la plupart du temps, cette conceptualisation n'a pas lieu d'être : dans les boites n'est pas prolo celui qui a la possibilité de te virer, c'est à dire ces non prolos indépendamment de leur salaire (mais curieusement on s'aperçoit que le salaire va avec Sad ) agissent en fondé de pouvoir du capitaliste. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de compliqué dans cette réflexion. N'importe quel travailleur dans une boite sait faire la différence entre un licencieur en puissance et un salarié lambda fusse t'il muni du titre de manager, chef, contremaître, etc. N'importe quel travailleur sait faire la différence entre un prolo et un non prolo dans une boite. Faut vraiment être complètement déconnecté de la vie ouvrière pour ne pas le saisir.
Mais bon si ça vous plait de conceptualiser un pet de mouche, je vous lirais avec convoitise ... et un léger ricanement aux lèvres !

Eugene Duhring

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Message  Carlo Rubeo Lun 23 Juil - 11:55

C'était un livre intéressant mais il demanderait à être actualisé :

A propos de la "classe moyenne" Couv_1225

La sociologie bourgeoise a fait disparaître une partie du prolétariat occidental dans le triangle des Bermudes fourre-tout "classes moyennes",
tandis que la classe ouvrière est en expansion permanente dans le monde c'est également un fait.

De la triste utilisation de la sociologie bourgeoise par des anticapitalistes :
http://www.gauche-anticapitaliste.org/content/reorganisation-operationnelle-du-capital-et-eclatement-du-salariat-0
Tout cela pour faire de la révolution une histoire de minorité ou majorité sociologique :
Finalement, à moins de croire que l’on peut briser les liens entre l’une des premières puissances économiques et le capitalisme par la seule volonté d’une minorité de la population… le problème est sous nos yeux : la conviction de cette rupture doit être transmise bien au-delà des catégories les plus populaires.
Mais c'est un autre débat ....
Carlo Rubeo
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Message  sylvestre Lun 23 Juil - 14:50

Carlo Rubeo a écrit:

De la triste utilisation de la sociologie bourgeoise par des anticapitalistes :
http://www.gauche-anticapitaliste.org/content/reorganisation-operationnelle-du-capital-et-eclatement-du-salariat-0
Tout cela pour faire de la révolution une histoire de minorité ou majorité sociologique :
Finalement, à moins de croire que l’on peut briser les liens entre l’une des premières puissances économiques et le capitalisme par la seule volonté d’une minorité de la population… le problème est sous nos yeux : la conviction de cette rupture doit être transmise bien au-delà des catégories les plus populaires.
Mais c'est un autre débat ....

Peux-tu être plus précis dans ta critique ? L'article référencé apporte des éléments ou au moins des questions intéressantes, tout en partant sur un certain nombre de fausses pistes. Un problème méthodologique est qu'il ne nomme ni ne cite précisément ceux à qui il répond. Du coup l'"ouvrièrisme" dont il est question est une cible mouvante. Il me semble qu'un des ouvriérismes qui existe de manière plus ou moins cohérente à l'extrême-gauche consiste à dire : "les ouvriers de l'industrie, voilà le sujet politique central". Mais les ouvriers de l'industrie, ça ne coincide pas préciséement avec "les catégories les plus populaires" - beaucoup d'ouvriers de l'industrie ont des CDI, des salaires au-dessus de la médiane, tandis que les "catégories les plus populaires" (les plus pauvres) contiennent précisément énormément de travailleurs dit "des services" (supermarchés, nettoiement, garde d'enfants, etc.).
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