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Algérie 1830-1962

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Re: Algérie 1830-1962

Message  Dinky Sam 25 Oct - 13:07

VOIX OUVRIERE du 23 octobre 1961
(éditorial des bulletins d'entreprise)

Pour qui sonne le glas.

Taqués, torturés, assassinés, les Algériens savent qu'ils gagneront l'indépendance pour laquelle ils se battent depuis sept années entières, et la dignité qui s'attache à l'indépendance, ils l'ont déjà gagnée dans le combat. En fait c'est eux qui le 17 octobre nous ont donné à Paris, l'exemple d'une manifestation que n'oublieront pas ceux qui l'ont vue.
Pour ceux qui aiment mieux ignorer que l'on tue, que l'on incendie, que l'on torture en Algérie, qu'en France l'on arrête et l'on torture dans nos commissariats de quartier, il était assez désagréable de se voir rappeler ouvertement une telle vérité. Désagréable d'être dérangés dans leur tranquille médiocrité quotidienne.

Pourtant spontanément, des actes de solidarité eurent lieu. Mardi soir, lorsque les agents tirèrent dans la masse des Algériens qui avançaient boulevard Bonne-Nouvelle, ce sont des passants qui s'occupèrent des bléssés ou les transportèrent à l'hôpital. Vendredi à Sainte-Anne, hôpital psychiatique où furent emmenées les Algériennes arrêtées lors des manifestations, ces dernières purent s'enfuir grâce à la complicité du personnel hospitalier. Lorsque vendredi midi, place Nationale, chez Renault, un car de police survint devant un millier d'ouvriers, des cris jaillirent "assassins" et le car entouré par les travailleurs fut sérieusement secoués. Mais il ne s'agit là que de réactions individuelles.
Alors que des travailleurs algériens sont assassinés, que 11 500 d'entre eux ont été internés à Coubertin, au Palais des sports, qu'ont fait les organisations syndicales?
FO est restée muette comme une carpe. La CFTC et la CGT se sont contentées de déclarations générales contre les violences exercées sur les Algériens. Tout au plus, dans certaines entreprises ou localités, la CGT, comme le PCF, a proposé les éternelles pétitions que l'on nous fait signer depuis sept ans que dure la guerre.
Cependant une telle incapacité ne reste pas impunie et l'on voit depuis quelques temps les flics se permettre de venir arrêter des travailleurs nord-africains à la porte des usines, quand ce n'est pas les assassiner.
Laisser la répression s'abattre sur les travailleurs algériens, c'est permettre qu'elle s'abatte par la suite sur nous tous. La politique du laisser-faire du père tranquille qui, lui, ne veut pas se mêler des affaires des autres parce qu'au fond il espère échapper à leur sort, est celle qui a permis l'installation des camps de concentration, le règne de la terreur nazie. C'est celle qui permet à la bourgeoisie de nous dominer en nous battant séparément les uns après les autres.
Nos camarades de travail, parce qu'ils sont algériens, sont aujourd'hui victimes de la répression. Laisser faire cela, c'est permettre que demain, ceux qui n'ont pas envie de crier sur ordre "vive Salan" ou "vive Ortiz" dans la rue, soient arrêtés ou assassinés. C'est maintenant qu'il faut réagir pour que de telles exactions ne soient pas possibles.Pour le 1er novembre, le FLN appelle la métropole à manifester sa volonté de paix, côte à côte avec les Algériens. Jusqu'à maintenant, aucune organisation n'a donné de réponse.
Pendant ce temps, le gouvernement s'attaque aux organisations syndicales cheminotes et leur adresse une circulaire leur stipulant le cadre dans lequel il accepte le droit de grève, brandissant indirectement la menace de réquisition pour toute manifestation qui n'aurait par l'heur de lui plaire. L es fédérations cheminotes ripostent par une journée de grève le jeudi 25 octobre, alors qu'elles auraient pu saisir l'occasion de le faire le 1er novembre.
Une grève pour le métro-bus est plus ou moins prévue pour ce jour-là. Qu'attendent les fédérations des autres secteurs?
L'atteinte au droit de grève d'une catégorie de travailleurs est un coup porté au droit de grève de tous.
Si le gouvernement peut se battre sur plusieurs fronts, mitrailler les travailleurs algériens, s'attaquer à nos salaires, s'attaquer au droit de grève, c'est parce que nous luttons séparément.

Nous sommes tous solidaires les uns des autres. C'est tous ensemble que nous vaincrons.

Dinky

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Re: Algérie 1830-1962

Message  verié2 Sam 25 Oct - 13:37

Je venais de lire cet édito de VO, sur le forum des amis de LO quand Dinky l'a publié.
On constate à nouveau qu'il ne parle pas de l'ampleur du massacre. Je ne vois qu'une explication, c'est que VO l'ignorait à ce moment-là.

Par ailleurs, j'avais posé une question. Y-a-t-il d'autres textes de VO sur le 17 octobre, dans les semaines ou les mois qui ont suivi ?

Enfin, Ottokar évoque une brochure regroupant les textes de VO de l'époque de la guerre d'Algérie. Comment se la procurer en dehors des fêtes et meetings ? Si je vois un copain que je connais, je lui demanderai, évidemment.

verié2

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Re: Algérie 1830-1962

Message  Dinky Sam 25 Oct - 14:28

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Dinky

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Cela s’est passé un 11 novembre 1916, la révolte..

Message  MO2014 Mar 11 Nov - 17:00

Cela s’est passé un 11 novembre 1916, la révolte des Aurès

nov 11, 2014

Dans la nuit du 11 au 12 novembre 1916, un groupe de villageois se révolte et prend les armes, tuant l’administrateur et blessant le sous-préfet de Batna. C’est le début de la révolte des Aurès, qui durera 5 mois.

« Des groupes armés se constituèrent, la révolte gagna le Belezma et les Aurès : 1000 à 1500 algériens du douar Aouf attaquent Aïn Touta, on signale des embuscades à Barika, des communications coupées entre N’gaous et Barika… Des insurgés tiennent les hauteurs, le djebel Bosdan, le djebel Mestaoua, le massif de Belezma. De nombreux villages furent attaqués. Les français se virent obligés de demander des renforts, de retirer du front une brigade, de faire venir des avions de Tunisie.

Ils disposaient, en janvier 1917, de près de 14 000 hommes. Ils multiplièrent les colonnes, les ratissages. La répression dut sauvage : villages brûlés, enfumades, tortures razzias, arrestations de près de 3000 personnes, 805 condamnés… Malgré la violence de cette répression, les Chaouias restèrent hostiles à la conscription », écrit Mahfoud Kaddache.

Les causes de cette insurrection sont nombreuses. D’abord le contexte : la dégradation des conditions sociales, politiques et économiques ont mené les algériens vers la famine, les épidémies et la misère, notamment à cause des lois scélérates du Code de l’indigénat.

Les populations de Aïn Touta, Merouana et Sériana, dans les Aurès, avaient subis la mise sous séquestre de leurs terres qui allaient servir pour l’établissement de centres d’implantation pour les émigrés européens et pour la création de communes mixtes, dont la commune de Belezma en 1904. Des troubles ont eu lieu dans la région, amenant la cour d’assise de Batna à prononcer des peines de prison à l’encontre des accusés. Ainsi, la colère des Chaouias commençait à devenir palpable. Il suffisait d’une étincelle pour que l’incendie éclate. Et cet incendie viendra après la promulgation de la loi sur la conscription obligatoire en 1912. Dès 1916, les pères de familles s’opposèrent systématiquement au recrutement de leurs enfants.

Ce soulèvement semble marquer un nouveau tournant dans la conscience des algériens face au système colonial. Pour Gilbert Meynier, ces résistances, dont celles contre la conscription, « marquent une phase nouvelle de la lutte des hommes contre le système colonial », notamment en le bravant.

Abdelhamid Zouzou, pour sa part écrit : « Contrairement aux insurrections précédentes, la révolte de 1916 n’avait pas paris le caractère d’une guerre sainte, elle eut plutôt celui d’une « boublique », déformation du mot « République », mais qui signifiait pour les populations, depuis 1871, « Révolution » ; c’est-à-dire changement dans les attitudes et passage de la soumission au soulèvement et à la désobéissance ».

Z.M.

Sources :

Mahfoud Kaddache : « L’Algérie des Algériens, de la préhistoire à 1954 ». Algérie/France, Paris Méditerranée/ Edif 2000. 2003
Abdelhamid Zouzou : «L’Aurès au temps de la France coloniale. Evolution politique, économique et sociale (1837-1939)». Alger, Ed. Houma, 2001
Charles-Rober Ageron : «Les troubles insurrectionnels du sud Constantinois Novembre 1916. – Janvier 1917» in «L’Algérie Algérienne de Napoléon III a de Gaulle». Paris, 1980
Gilbert Meynier : «L’Algérie révélée», Genève-Paris, Lib. Droz, 1981
www.djazair50.dz
http://www.babzman.com/2014/cela-sest-passe-un-11-novembre-1916-la-revolte-des-aures/

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Re: Algérie 1830-1962

Message  Prado Mar 11 Nov - 22:07

http://www.la-breche.com/catalog/

Rencontre avec Clara et Henri Benoits pour leur ouvrage "L'Algérie au coeur - Révolutionnaires et anticolonialistes à Renault-Billancourt" en présence de Claude Poperen (chaudronnier à Renault, dirigeant CGT puis membre du BP du PCF qu'il quitte en 1991) et de Mohamed Harbi, (contact du FLN avec la SFQI, emprisonné par Boumedienne en 1965, évadé en 1973, professeur à Paris VIII ). mercredi 12 novembre dès 19h à La Brèche, 27 rue Taine, Paris 12e.

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Dossier Algérie

Message  Roseau Dim 30 Nov - 18:45

Dans Revue mensuelle L'Anticapitaliste:

En France, le soutien pratique à la révolution algérienne
Malgré les positions pro-coloniales
ou la veulerie de toutes les grandes formations politiques et syndicales,
des milliers de militants et d'intellectuels ...
http://www.npa2009.org/idees/en-france-le-soutien-pratique-la-revolution-algerienne
 
Le combat anticolonialiste à Renault-Billancourt
Entretien avec Clara et Henri Benoits.
http://www.npa2009.org/idees/le-combat-anticolonialiste-renault-billancourt

Algérie : la guerre de l'impérialisme français
L'empire colonial de la France, terme utilisé pendant toute la III° République,
fut au 20ème siècle le deuxième plus vaste du monde ...
https://www.npa2009.org/idees/algerie-la-guerre-de-limperialisme-francais

Le PCF et la question algérienne, un anticolonialisme usurpé
Jusqu'à ce jour, l'image du Parti communiste est celle d'un parti anticolonialiste,
en raison des engagements courageux de certains de ses militant, ...
http://www.npa2009.org/idees/le-pcf-et-la-question-algerienne-un-anticolonialisme-usurpe

Européens d'Algérie : Une société particulière, produit de la colonisation
http://www.npa2009.org/idees/europeens-dalgerie-une-societe-particuliere-produit-de-la-colonisation
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Message  sylvestre Mar 2 Déc - 15:38

Roseau a écrit:

Européens d'Algérie : Une société particulière, produit de la colonisation
http://www.npa2009.org/idees/europeens-dalgerie-une-societe-particuliere-produit-de-la-colonisation

Décevant sur pas mal de points :
- différenciation entre "Les Juifs" et "Les Algériens"
- manque d'analyse de la fonction d'un groupe tampon dans le contrôle social, il aurait fallu des comparaisons avec les protestants en Irlande du Nord, des trucs comme ça
- du coup essentialisme, et raccourcis à la hache ("Les Pieds-Noirs soutiennent ou sympathisent avec l'OAS et les Généraux") et encore plus fort : "Encore aujourd'hui, les Pieds-Noirs et leurs enfants brandissent le drapeau de l’Algérie française" alors là je me permets de rigoler !
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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Re: Algérie 1830-1962

Message  yannalan Mar 2 Déc - 16:07

Je partage l'analyse de Sylvestre, c'est un milieu que je connais bien, j'y ai passé mon enfance. Sur les Juifs, avec les décrets Crémieux, ils se sont retrouvés dans une fausse position d'auxiliaires de la colonisation, solidaires des pieds-noirs, avec l'aide des sionistes parfois.
Les pieds-noirs ont raté ce que les blancs sud africains ont réussi, passer le pouvoir à la majorité et devenir des algériens. Ils sont rentrés pour la plupart en France et se sont adaptés, on les retrouve dans tous les partis, demandez à Sabado...
Quant à ceux qui son restés, y compris les anciens moudjahidines, beaucoup sont aussi rentrés en France... En 65, il n'y en avait plus des masses, pour diverses raison : confiscations, nationalisations, arrestations arbitraires et autres...

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Message  Roseau Mar 2 Déc - 16:53

A ce propos, Yannalan doit connaitre Lucien Hanoun,
mais je conseille à tous les autres d'écouter ces cinq entretiens:
http://www.franceculture.fr/emission-a-voix-nue-lucien-hanoun-15-2014-11-10
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Message  yannalan Mar 2 Déc - 17:10

Oui, je vois qui c'est. Il y a eu des militants communistes ou autres qui ont milité à l'époque, se sont retrouvé en prison, en camp d'internement (à Lodi), ou expulsés vers la France. Certains tués au combat ou liquidés par le maquis... Le FLN n'aimait pas la concurrence...
Hanoun est reparti en France en 67.

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Message  Roseau Mar 2 Déc - 17:48

Entretien avec Daniel Kupferstein, réalisateur du documentaire
Les balles du 14 juillet 1953

Si les massacres du 17 octobre 1961 et de Charonne sont désormais connus,
celui du 14 juillet 1953, où six manifestants algériens et un métallo français
tombèrent sous les balles de la police, reste plongé dans l’oubli.
Cet hommage du mouvement ouvrier à la révolution française,
alors traditionnel, fut d’ailleurs ensuite supprimé.
Daniel Kupferstein a consacré à ce drame un film-enquête émouvant
qui lui a demandé quatre ans de travail.
http://npa2009.org/idees/entretien-avec-daniel-kupferstein-realisateur-du-documentaire-les-balles-du-14-juillet-1953

Sur la même période, voir aussi cet article du dossier de la revue L'Anticapitaliste,
que j'avais oublié dans la liste plus haut...
Le 1er novembre 1954 : Un dépassement de la crise du mouvement national ?
http://npa2009.org/idees/le-1er-novembre-1954-un-depassement-de-la-crise-du-mouvement-national
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Message  Roseau Mar 2 Déc - 23:28

«Son amour de la terre natale a transformé sa vie»
Hommage de Mohamed Harbi
à Fanny Colonna
http://alencontre.org/moyenorient/algerie/algerie-son-amour-de-la-terre-natale-a-transforme-sa-vie.html
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Message  Roseau Jeu 25 Déc - 2:38

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Message  sylvestre Jeu 22 Jan - 13:40

A écouter, une série de cinq émissions de France Culture sur Lucien Hanoun.

100 ans et toujours militant anticolonialiste !

Lucien Hanoun est né le 19 septembre 1914 à Oued Rhiou en Algérie de parents juifs algériens. Nous l'avons rencontré chez lui, à Vitry, où il est le plus vieux militant communiste de la ville. A cent ans, Lucien Hanoun vit seul et goûte encore les joies de la vie, toujours ému par un tableau, une gourmandise, un texte de Victor Hugo ou une chanson de Piaf. Tous les jeudis, il va à pied manger un coucous au restaurant, seul ou en compagnie d'amis ou camarade avec lesquels il débat de la marche du monde.

A cent ans, Lucien Hanoun se pose toujours des questions et n'hésite pas à se remettre en question. Il continue à militer au sein de l'ACCA (Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui) dont il est membre fondateur avec Henri Alleg.

Il se souvient avec jubilation de ses années de khâgneux en 1936 et de son année d'agrégation où il n'ira jamais en cours pour lire avec passion Marx, Hegel, Lénine et même Staline ! De retour en Algérie comme professeur de français, il sera chassé de l'Education Nationale par les lois antijuives de Vichy.
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Message  sylvestre Ven 6 Fév - 16:10

Ça va au-delà de 1962, mais c'est très intéressant pour comprendre les problématiques algériennes sur le temps long :

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Message  MO2014 Jeu 12 Fév - 4:21



Cela s’est passé un 11 février 1957, exécution du patriote algérien : Fernand Iveton
fév 11, 2014

ivFernand Iveton, militant pour l’Algérie indépendante, est guillotiné.
«Dans la vie d’un homme, la mienne compte peu, ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir, et l’Algérie sera libre demain.»
Fernand Iveton est né à Alger le 12 juin 1926, et meurt guillotiné pour la cause algérienne, le 11 février 1957 . Il vécut dans un quartier populaire d’Alger, le Clos Salembier (aujourd’hui El Madania), et suivit l’exemple de son père, en devenant employé de l’usine à gaz d’El-Hamma au Ruisseau. En 1943, il adhère à la section de la redoute des jeunesses communistes et milite aux côtés d’Henri Maillot et Ahmed Akkache.
Il intègre par la suite l’Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne qui rassemblera dans ses rangs des jeunes communistes et nationalistes et d’autres patriotes. Iveton militera également au sein des syndicats d’Algérie affiliés à la CGT de France (Confédération Générale du Travail) puis à l’UGSA (Union Générale des Syndicats Algériens) organisation syndicale algérienne qui demeurera affiliée à la CGT. Il sera désigné par les travailleurs de l’usine à gaz d’El Hamma comme délégué syndical.
Iveton considérait la cause algérienne comme la sienne, et en juin 1955 il s’intègre dans les groupes armés des Combattants de la Libération au côté de Abdelkader Guerroudj, Félix Collosi, Mohamed Hachelaf, Yahia Briki, Georges Accampora et d’autres camarades communistes. Après avoir participé à plusieurs actions (sabotages de wagons sur le port, incendie des Bouchonneries Internationales) il sera chargé de placer une bombe à l’usine à gaz d’El Hamma. Elle est déposée le 14 novembre 1956 et tout prouve qu’il a pris toutes ses précautions pour que la bombe ne cause que des dommages matériels. Il sera dit à ce propos, que le militant : « Iveton ne voulait pas d’une explosion-meurtre. Il voulait une explosion témoignage. »
Arrêté le 14 novembre 1956, avant même que la bombe ne soit installée, il fut d’abord torturé pendant trois jours par des policiers : décharges électriques sur le corps, supplice de l’eau… Le 25 novembre 1956, il passe devant le tribunal militaire d’Alger, soit 11 jours seulement après son arrestation, « en application de la procédure expéditive permise par « les pouvoirs spéciaux », accordés par les députés français au gouvernement de Guy Mollet ». Le procès se passe « Dans une atmosphère de pogrom » tel que le précise l’ouvrage écrit sous la direction d’H. Alleg . Il est condamné à mort au cours d’un sombre procès « dans un prétoire où montaient des cris de haine et de mort ».
Un recours en grâce fut déposé par les avocats de F. Iveton, lequel examiné au Conseil de la magistrature fut refusé par le Garde des sceaux de l’époque, François Mitterrand qui vota en faveur de l’exécution du condamné à mort.
Albert Smadja, l’un des avocats commis d’office pour Fernand Yveton a affirmé que durant toute sa carrière au barreau, il n’avait « jamais vu un dossier d’inculpé aussi mince et comprenant peu de pièces facilitant l’instruction de l’affaire » car, à son avis, « on voulait précipiter l’exécution du militant et clore le dossier ».
Ainsi, le 11 février 1957 F. Iveton sera guillotiné en même temps que deux autres patriotes algériens. « Fernand Iveton, Mohammed Ouennouri et Ahmed Lakhnèche marchent courageusement au supplice. Les 3 hommes s’embrassent et clament « Vive l’Algérie libre ! » au pied de la guillotine tandis que, de la prison tout entière, s’élève un grand cri de solidarité, de colère, d’espérance. Les détenus politiques pleurent, entonnent des chants patriotiques, ébranlent de leurs poings les portes des cellules. »
Tous les ans, se tient une commémoration en mémoire de Fernand Iveton, le seul algérien d’origine européenne guillotiné par l’armée française, au cimetière chrétien de Bologhine, et à laquelle ne manquent d’assister nombre d’anciens combattants de l’Algérie libre, les amis de la révolution, ou encoure de jeunes algériens émus du destin glorieux de notre compatriote, mort pour l’Algérie libre et indépendante!
Mira B.G

sources
« La guerre d’Algérie », H. Alleg
Le matin du 16 /12/2011
Alger républicain du 17/02/2010


http://www.babzman.com/2014/httpwww-babzman-com2014cela-sest-passe-un-11-fevrier-1957-execution-du-patriote-algerien-fernand-iveton/

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Message  verié2 Jeu 12 Fév - 9:54

Je me souviens comme si c'était hier de l''article à la Une de L'Huma annonçant cette exécution. Pour ma part, je n'ai jamais pardonné à Mitterrand l'assassinat de notre camarade et des deux autres militants algériens.

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Message  MO2014 Ven 27 Mar - 15:59

La majorité des harkis n’a pas quitté l’Algérie

Pierre DAUM. Journaliste, auteur de Le dernier Tabou : les «harkis» restés en Algérie après l’indépendance

http://www.elwatan.com/une/la-majorite-des-harkis-n-a-pas-quitte-l-algerie-27-03-2015-290886_108.php

Algérie 1830-1962 - Page 4 Harkis-6_2602411_465x348

Deux ans et demi d’enquête, 20 000 km parcourus et des dizaines de témoignages inédits ont été nécessaires pour construire ce livre-enquête (parution le 2 avril en France chez Actes Sud). Le mot «harki» n’aura désormais plus la même résonance en France et en Algérie, où il est resté otage des discours politiciens et de l’histoire officielle

Votre enquête bouleverse beaucoup d’idées reçues, à commencer par le «massacre massif» de harkis, pierre angulaire de l’argumentaire victimaire de certains groupes mémoriaux en France et de l’extrême droite. Que s’est-il vraiment passé pour les «supplétifs musulmans» après 1962 en Algérie ?

En France, depuis 50 ans, les nostalgiques de l’Algérie française instrumentalisent de façon éhontée les souffrances (réelles) que de nombreux harkis ont vécues au moment de l’indépendance. En exagérant le nombre de morts (le chiffre de 150 000 est très souvent repris alors qu’il ne repose sur aucun fondement historique) et en parlant de «massacre», voire de «génocide» des harkis, ces nostalgiques tentent, sous couvert d’un pseudo-humanisme, de justifier le combat des ultras de l’Algérie française, notamment de l’OAS.

Derrière leurs discours dénonçant le «massacre des harkis», il faut en fait entendre : «Nous n’aurions jamais dû lâcher l’Algérie, regardez ce que ces pauvres harkis ont subi !» Ce discours a été plutôt efficace puisqu’aujourd’hui, la plupart des Français pensent qu’en 1962, les harkis ont soit réussi à s’enfuir en France, soit ont été «massacrés».

Et qu’aucun harki, en tout cas, n’est resté vivre en Algérie. Ce qui est complètement faux. Mon enquête révèle qu’en réalité, la grande majorité des harkis est restée dans son pays sans y être assassinée.

La plupart d’entre eux sont retournés dans leurs villages et ont retrouvé la vie de paysans très pauvres qu’ils avaient avant la guerre. Beaucoup n’ont pas été véritablement inquiétés. D’autres sont passés par des tribunaux populaires, devant lesquels beaucoup ont réussi à s’en sortir, expliquant n’avoir «rien fait de mal», ou avoir été «forcés par les Français».

D’autres, reconnus coupables de violences à l’égard de la population civile, ont été soumis pendant quelques semaines à des travaux forcés. Certains ont passé plusieurs années en prison avant d’être libérés.

En général, seuls les plus coupables (de tortures, viols, exactions en tout genre) ont été exécutés. Mais cela n’empêcha pas, en cette période de chaos de l’été/automne 1962, qu’aient lieu de nombreux crimes aveugles, des vengeances sordides et des exécutions sommaires, sans rapport parfois avec la guerre. Il s’agissait alors de vieilles querelles de terre, d’héritage ou de femmes.
L’ALN/FLN a eu plusieurs politiques envers les harkis durant la période de la guerre, puis de l’indépendance...

Lorsqu’on étudie les mémoires des anciens moudjahidine ainsi que les quelques documents et écrits accessibles (tous les chercheurs, algériens et étrangers, aimeraient que le gouvernement algérien rende enfin accessibles toutes les archives de l’ALN/FLN), on comprend que tout au long du conflit, les deux camps se sont livrés à une véritable lutte psychologique afin de gagner à eux les masses paysannes indécises. Pour l’armée française, recruter un harki, c’était avant tout une façon (illusoire) de rallier la population algérienne.

A l’inverse, les cadres de l’ALN/FLN, conscients de la stratégie ennemie, ont toujours tenu un discours vis-à-vis des harkis du type : «Vous vous êtes trompés, vous êtes manipulés par l’oppresseur colonial, si vous nous rejoignez, on vous pardonnera vos erreurs.» De fait, un certain nombre de harkis ont quitté l’armée française et ont rejoint les rangs de l’ALN. Et inversement.

Ce genre de va-et-vient a été constant pendant toute la durée de la guerre. A l’indépendance, l’ALN n’a donné aucune consigne à suivre vis-à-vis des harkis.

Chaque officier –voire chaque djoundi– a agi selon sa conscience. Certains se sont montrés cléments –«La guerre est finie, on tourne la page, on ne va pas continuer à se tuer entre nous»–, d’autres, au contraire, ont cherché la vengeance. Il faut souligner que les violences envers les harkis ont souvent été le fait de «marsiens», ces résistants de la vingt-cinquième heure, ceux qui ont joué les héros quand la guerre était finie (après le cessez-le-feu du 19 mars, d’où ce surnom de «marsiens»).

Pour ces hommes sans courage, frapper ou tuer un harki au moment de l’indépendance ne comportait aucun risque. Alors que se battre contre l’armée française, comme l’ont fait les moudjahidine, c’était évidemment autre chose.

Quel est le nombre exact d’Algériens engagés avec la France durant la guerre d’indépendance ? Combien sont-ils encore en vie en Algérie et comment avez-vous quantifié leur présence ?

Les chiffres précis restent très difficiles à établir à cause de lacunes dans les archives de l’armée française et aussi parce que tous les Algériens qui ont travaillé en secret pour l’armée française n’apparaissent pas dans les listes. Mais les historiens sont d’accord sur les estimations suivantes : entre 1954 et 1962, au moins 250 000 Algériens (des hommes âgés entre 16 et 50 ans environ) se sont retrouvés supplétifs de l’armée française à un moment ou à un autre de la guerre.

A ces hommes, il convient d’ajouter les Algériens véritablement engagés dans l’armée française (50 000 hommes, des militaires de carrière), ainsi que ceux qui ont répondu à l’appel du service militaire (120 000 jeunes appelés). Cela fait donc environ 420 000 Algériens qui ont porté l’uniforme de l’armée française pendant la guerre.

Enfin, on estime à 30 000 hommes les civils ostensiblement pro-français : caïds, aghas, bachaghas, gardes-champêtres, gendarmes, policiers, membres du corps préfectoral, conseillers municipaux, etc. Au total, on peut évaluer à 450 000 le nombre d’Algériens (hommes adultes) qui se sont trouvés du côté de la France pendant la guerre de Libération. En considérant leurs femmes et leurs enfants, cela donne 1,5 à 2 millions d’Algériens –sur les 9 millions que comptait le pays à ce moment-là.

Sur les 450 000, seuls 30 000 au maximum sont partis en France. Il en est donc resté 420 000. Le nombre total de harkis (toutes catégories confondues) assassinés reste la grande inconnue des bilans de cette guerre. François-Xavier Hautreux, dont les travaux sur le sujet sont les plus récents, considère que «reconnaître l’impossibilité à évaluer le phénomène oblige à l’incertitude, et à évoquer des massacres de "plusieurs milliers d’Algériens" sans plus de précisions».

Donc, arithmétiquement, le nombre de harkis (toutes catégories confondues) restés en Algérie s’élève à plusieurs centaines de milliers. Quant au nombre de harkis encore en vie aujourd’hui en Algérie, il est évidemment plus réduit puisqu’en un demi-siècle, beaucoup sont morts de vieillesse. Pour évaluer le nombre des vivants aujourd’hui, j’ai utilisé deux méthodes.

La première est très empirique. Pendant mes deux années et demie d’enquête, je me suis rendu dans une soixantaine de villages répartis dans toute l’Algérie. A chaque fois, je ne disposais que d’un seul contact d’ancien harki. Je pensais d’ailleurs n’en trouver qu’un seul dans chaque village.

Or, à chaque fois, à la fin de l’entretien, je demandais à mon interlocuteur s’il connaissait d’autres harkis restés dans son village. A chaque fois, la réponse était : «Mais oui, j’en connais plein !»

Et mon témoin était alors disposé à m’en présenter cinq, huit, dix, voire quinze dans certains cas. La seconde méthode est plus scientifique. Il existe à Alger un service de l’ambassade de France destiné aux anciens combattants de l’armée française.

Ce service s’appelle l’ONAC (Office national  des anciens combattants) et ses bureaux sont situés dans le quartier du Télemly. Pendant très longtemps, ce service ne s’occupait que des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre d’Indochine  ainsi que des militaires (engagés et appelés) de la guerre d’Algérie.

Depuis 2010, la loi française a changé et les anciens supplétifs ont eu aussi le droit de demander la carte de combattant avec la retraite qui l’accompagne (668 euros par an). Les demandes ont alors explosé et les gens du quartier ont soudain vu des queues de vieux messieurs se former tous les matins devant les bureaux de l’ONAC. Jusqu’en 2010, l’ONAC avait délivré 16 500 cartes de combattant à des Algériens domiciliés en Algérie. Deux ans plus tard, l’Office enregistrait en Algérie 29 300 bénéficiaires de la retraite du combattant.

Puis 34 200 bénéficiaires au 31 décembre 2012 et 47 300 au 31 décembre 2013. Actuellement, 500 nouvelles demandes sont déposées chaque mois et aujourd’hui, on devrait avoir atteint les 60 000 bénéficiaires. Et encore, ce chiffre ne représente pas tous les harkis encore en vie, puisque beaucoup d’entre eux n’ont pas déposé de demande auprès de l’ONAC.


Les motivations pour rejoindre l’armée française à l’époque semblent plus complexes qu’une simple adhésion à la France coloniale ou la «trahison» pure et simple…  

Le recrutement des supplétifs s’est fait exclusivement parmi les masses paysannes écrasées par la misère. Une misère provoquée par 130 années d’oppression coloniale, accentuée par la guerre, les massacres de populations par l’armée française (bombardements, napalm) et les déplacements massifs –2,5 millions de paysans algériens ont été arrachés de leurs terres et internés dans des camps de regroupement où régnaient la famine, les maladies et la mort.

C’est essentiellement pour assurer la survie de leurs familles que des jeunes sont «allés travailler» (c’est l’expression utilisée par tous mes témoins) pour l’armée française. Une autre raison –dont a très bien parlé l’historien et ancien moudjahid Mohammed Harbi– est la violence complètement contreproductive exercée par certains moudjahidine sur la population rurale.

Finalement, depuis cinquante ans, qui ose continuer à affirmer que les harkis ont porté l’uniforme français «par amour de la patrie française» ? Les ultras de l’Algérie française et… les manuels scolaires algériens ! C’est là une proximité idéologique qui devrait faire réfléchir. Les ultras de l’Algérie française, je ne crois pas qu’on puisse un jour leur faire changer d’avis.

Par contre, en ce qui concerne les manuels scolaires algériens, je suis convaincu qu’il existe en Algérie suffisamment d’historiens capables de prendre leurs distances avec un discours historique figé dans de vieilles erreurs. Et de rectifier certaines images complètement erronées concernant les harkis.


Qu’en est-il de la phobie algérienne de la prétendue omniprésence des harkis dans les rouages de l’Etat ?


Il s’agit là d’un très vieux fantasme qui ne repose sur aucune réalité. Aucune des personnes qui colportent cette rumeur n’a jamais donné le moindre nom ni la moindre preuve. Dans mon livre, j’ai esquissé la généalogie de cette phobie du harki comme l’«ennemi intérieur». Elle est apparue dès le début de l’Algérie algérienne, dans la bouche de Ben Bella en 1964, qui accusa les maquis insurrectionnels de Kabylie (dirigés par deux héros de la Révolution, Hocine Aït Ahmed et le colonel Mohand Oulhadj) d’être composés de harkis rémunérés par la France.

Puis il y a eu l’accusation du président Liamine Zeroual qui, dans une interview à El Watan en novembre 1995, a déclaré à propos des terroristes islamistes : «La plupart des criminels et des mercenaires sont des harkis ou des fils de harkis, soutenus et financés par des puissances étrangères et qui ont choisi la destruction de leur pays.» Jamais aucune preuve n’a été apportée pour asseoir une telle assertion, mais beaucoup de gens continuent à croire à ces affabulations.

Finalement, si l’accusation de «harki» est tellement utilisée en Algérie, c’est qu’elle permet, par ricochet, de se valoriser soi-même. Si je traite l’autre de «harki», ça veut dire que moi, je suis un «vrai Algérien», que j’aime mon pays, etc. Un peu comme les «marsiens» qui, en 1962, se construisaient à bas prix une figure de héros.

Comment vivent leurs enfants dans l’Algérie d’aujourd’hui ?    
 


Au milieu de la jeunesse en mal de vivre, les enfants de harki ont encore moins de possibilité de s’en sortir que les autres. Pour la moindre demande de document, ils se font insulter par le plus petit des employés de l’APC qui peut, de façon totalement arbitraire, le leur refuser en les traitant de «ould harki !» ou de «bent harki !» Quant à trouver un emploi, c’est bien pire ! Par définition, un harki ne possède aucune relation dans l’administration ou dans l’armée afin d’aider ses enfants à obtenir un poste.

Dans le royaume de la maârifa, qui va donner un emploi à un enfant de harki ? Personne, évidemment. Résultat : tous les jours, les services du consulat français à Alger reçoivent des dizaines de lettres désespérées d’enfants de harki qui demandent à partir s’installer en France, en espérant que l’ancien statut de leur père leur ouvre le droit à un visa. Or la loi française, qui accorde de nombreux droits aux 30 000 harkis partis en France en 1962 et à leurs enfants, n’accorde strictement rien à ceux restés en Algérie.

Ces demandes de visa sont donc systématiquement refusées. Comme pour Djamel, le fils d’un harki que j’ai rencontré à Tazmalt, en Petite-Kabylie, qui m’a confié : «Pour nous, toutes les portes sont fermées. La porte pour entrer en France et la porte pour entrer en Algérie.»

Adlène Meddi

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Message  sylvestre Lun 30 Mar - 17:06

Très intéressante conférence de Benjamin Stora (vidéo ou fichier son) : Des juifs avec le FLN
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Message  MO2014 Ven 8 Mai - 17:17

70 ans de déni

Algérie 1830-1962 - Page 4 Photo-de-une_2603656_465x348

Le monde célèbre ce 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une date symbole de la victoire sur le fascisme. Un symbole qui, pourtant, prend une autre signification de ce côté-ci de la Méditerranée, théâtre d’une barbarie sans égale commise par un colonialisme abject contre des populations civiles désarmées.

Le même 8 mai 1945, alors que les populations d’Europe manifestaient et défilaient dans les rues, respirant l’air de la liberté dans la liesse et la joie, les Algériens ont eu droit à l’expression la plus brutale de la répression coloniale. Ils sont sortis par milliers, par millions, dans les rues eux aussi armés de drapeaux et de slogans pour réclamer une liberté légitime et méritée.

Le colonialisme français leur a répondu par les balles, les bombes et la matraque. Le général Raymond Duval orchestra un massacre à grande échelle. Trois grandes villes furent particulièrement marquées par la sauvage répression : Sétif, Guelma et Kherrata. Les corps de milliers de victimes algériennes gisaient dans un fleuve de sang. Les colons se joignent à la barbarie policière et militaire et font de l’Algérien une cible à abattre. Les corps de milliers de victimes sont soit brûlés ou enterrés dans des charniers et fosses communes. Les estimations du nombre de victimes ne sont pas précises tant la répression s’abattait sur tous les Algériens.

On parle de milliers de morts. Du côté algérien, le nombre de morts est estimé à 45 000, le colonisateur parle de centaines. Les historiens placent le nombre entre 10 000 et 40 000 victimes. Une sauvagerie semblable à la barbarie nazie est appliquée sur les Algériens un jour de victoire sur les nazis. Un crime contre l’humanité est exécuté avec sang-froid et à huis clos, loin des festivités européennes.

Le général Duval, qui a pris plaisir à supplicier des Algériens pendant des semaines, se réjouissait d’annoncer au gouvernement français de l’époque lui avoir «assuré la paix pour dix ans». Dans un rapport transmis au gouvernement britannique par son Consul Général à Alger, John Eric Maclean Carvel, est décrite l’ampleur de la force utilisée par l’armée française : «Les autorités françaises ont pris de fortes contre-mesures. Un bataillon sénégalais et des blindées ont été acheminés à partir d’Alger, de Sidi Bel Abbès, Biskra, Bougie et Constantine.

Un détachement de 75 hommes de la légion étrangère fut transporté par avion vers Constantine. Des navires de guerre furent envoyés à Bougie pour y débarquer des soldats à Souk El Tnine. 1200 hommes du 13e régiment d’infanterie entièrement composé d’anciens membres de la ‘‘Force Française de l’Intérieur’’ arrivent par les airs en provenance de la Dordogne et de la Creuse. Pas moins de 300 sorties d’avions ont été recensées entre le 8 et le 14 mai, ce qui dénote de la dense activité militaire aérienne.

On pense que l’action s’est déclinée la plupart du temps par des mitraillages et les bombardements. Les rapports des observateurs aériens indiquent que des villages entiers ont été détruits…». Un déploiement de guerre contre des populations civiles désarmées. L’image est effroyable, et même 70 ans après l’émoi est intact. Le colonialisme est une négation de la dignité humaine et un crime contre l’humanité tout comme le nazisme et doit être dénoncé en tant que tel.

Aujourd’hui, et même si du temps s’est écoulé, et pour que toutes les blessures se referment, il est important de dire ce qui fut et de reconnaître le caractère fasciste et inhumain de la colonisation. Depuis 1830 jusqu’à 1962 en passant par mai 1945, le colonialisme a tout fait pour nier l’humanité et la dignité des Algériens. 70 ans après les faits horribles de mai 1945, la France n’ose pas faire le pas de la reconnaissance, ni des excuses. De petits pas sont entrepris depuis 2005 par des représentants de l’Etat français, mais des pas qui peinent à toucher de ce côté-ci de la Méditerranée.

L’ambassadeur Hubert Colin de Verdière avait, en 2005 qualifié à Sétif les massacres de «tragédie inexcusable», son successeur, Bernard Bajolet, en 2008 à Guelma, a parlé pour sa part de «déchaînement meurtrier qui a fait des milliers de victimes». Sept ans plus tard, le Secrétaire d’Etat français aux anciens combattants, Jean Marc Todeschini, reprend les mêmes gestes des ambassadeurs en se rendant à Sétif pour déposer une gerbe de fleurs devant la stèle de la première victime algérienne, Saal Bouzid, et qualifie aussi les massacres de 1945 de «déchaînement meurtrier». Est-il donc si difficile de parler de «crime d’Etat» et de «massacres» qu’il est du devoir d’un Etat de reconnaître et de dénoncer ?

Au lieu d’évoquer «des aspects positifs de la colonisation», la France est en devoir de regarder le vrai visage de ce que fut son empire colonial, et en balayant toute démagogie agir, tout comme l’a fait l’Allemagne en s’excusant de ses actes. Ces actes n’ont pas été que le fait d’individus, mais une politique d’Etat qu’il faut officiellement dénoncer. Comment la France peut-elle jouir totalement de ce jour de victoire sur le nazisme si elle réfute son propre passé de colonisateur ayant commis des crimes contre l’humanité ?

Il est de bon ton de dénoncer le génocide arménien au nom des valeurs universelles de respect des droits humains, il serait aussi de bon ton d’en finir avec les petits gestes symboliques et dénoncer avec fermeté les massacres de mai 1945 qui s’apparentent aussi à un véritable génocide puisqu’il y a eu des exécutions systématiques et par milliers d’Algériens. La reconnaissance sera plus bénéfique aux Français qu’aux algériens qui ont eu la grande satisfaction d’arracher leur indépendance. Il reste toutefois à gratifier les milliers de victimes du 8 mai 1945 du statut mérité de martyrs.

http://www.elwatan.com/une/70-ans-de-deni-07-05-2015-294178_108.php

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Message  yannalan Ven 8 Mai - 18:29

On n'est pas obligé de parler de génocide pour n'importe quel massacre. Je ne sais pas où il a trouvé" la participation des FFI de la Dordogne,la plupart étaient sur la poche de Royan à ce moment, ou en Allemagne...
Que les algériens soient sortis dans les rues par milliers, c'est clair. Par millions;, faut pas pousser...Ou on fait du lyrisme ou on fait de l'histoire.

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Message  hadrien Ven 19 Juin - 11:49

Il y a 59 ans, le 19 juin 1956 à 4 heures du matin, le couperet de la guillotine, qui avait auparavant «refusé» par deux fois d'aller jusqu'au bout de la sale besogne qui lui avait été assignée, trancha la tête d'Ahmed Zahana dit Zabana, un des moudjahidine de la première heure et responsable du FLN-ALN de la zone Ouest d'Oran. Cinq minutes plus tard, le temps de mettre le corps de Zabana dans la nacelle prévue à cet effet, un autre Algérien, déserteur de l'armée coloniale pour rejoindre le FLN-ALN, Abdelkader Ferradj, subit le même sort. Ils seront les premiers d'une liste de 300 martyrs de l'indépendance à subir ce sort barbare. François Mitterrand alors ministre de la "justice" est directement responsable de ces crimes.

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Message  Leoni Ven 19 Juin - 17:18

le 8 mai 1945, massacres ordonnés par les gaullistes, les staliniens, les sociaux-démocrates ....main dans la main au gouvernement!

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Message  MO2014 Dim 27 Sep - 9:22

L’affaire Maurice Audin au tribunal à Marseille
26 septembre 2015 | Par Gilles Manceron

Le 22 septembre, la poursuite en diffamation du général Maurice Schmitt contre un ancien combattant en Algérie devenu militant anticolonialiste a eu pour effet que, 58 ans après les faits, un tribunal s’est enfin penché sur l’affaire Audin, cet assassinat en 1957 par l'armée française d'un militant du Parti communiste algérien.

Alors que, depuis 1957, tous les pouvoirs politiques ont fait en sorte que l’affaire Audin ne parvienne jamais devant la justice, la plainte en diffamation du général Maurice Schmitt – ancien chef d’état-major des armées de 1987 à 1991 –, contre Henri Pouillot – ancien appelé en Algérie, affecté en 1961 à l’intendance d’un centre de torture à Alger, aujourd’hui président du réseau « Sortir du colonialisme » –, a conduit à ce que, le 22 septembre 2015, le tribunal correctionnel de Marseille se penche longuement sur un assassinat qui, pendant 57 ans, a fait l’objet d’un mensonge d’Etat. On peut s’étonner qu’à l’exception de deux quotidiens, L’Humanité et La Marseillaise et du site de la Ligue des droits de l’homme de Toulon, ce fait n’a pas été signalé par les médias.

On sait que, durant la guerre d’Algérie, Maurice Audin, brillant professeur et chercheur en mathématiques âgé de 25 ans, militant du Parti communiste algérien, a été arrêté le 10 juin 1957 à son domicile à Alger par les parachutistes du général Massu, commandant la 10e DP. Depuis le mois de janvier, ils avaient la charge des pouvoirs de police à Alger et pratiquaient massivement arrestations et interrogatoires sous la torture en tenant à l’écart la justice. Henri Alleg, ancien directeur d’Alger républicain, arrêté peu après, l’a retrouvé au centre de détention d’El Biar et a témoigné de ce que, comme lui, il y avait été torturé.
Parcours Maurice Audin, Alger 2003 © Ernest Pignon ErnestParcours Maurice Audin, Alger 2003 © Ernest Pignon Ernest

Le 22 juin, la jeune femme de Maurice Audin, Josette, enseignante en mathématiques elle aussi, issue d’une famille européenne d’Algérie, restée seule avec trois enfants dont le dernier avait juste un mois, a commencé à comprendre quand elle a reçu la visite de deux parachutistes qui lui ont dit « Vous croyez le revoir un jour, votre mari… Espérez, vous pouvez toujours espérer… » et parlaient de lui au passé. Le 1er juillet, elle a été reçue par le lieutenant-colonel Roger Trinquier, collaborateur direct du général Massu, qui lui a dit que Maurice Audin s’était évadé le 21 juin, au cours d’un transfert où il n’était pas menotté. Sachant qu’une telle version est la couverture habituelle d’exécutions sommaires, elle a accusé les parachutistes de l’avoir tué et déposé aussitôt plainte pour homicide volontaire.

Pendant 57 ans, cette fable de l’évasion suivie d’une disparition n’a jamais été démentie, ni par la « Grande Muette » ni par les autorités civiles de la République. C’est incontestablement le plus long mensonge d’Etat de l’histoire contemporaine de la France (lire ici sur Mediapart). Or l’audience qui a occupé tout l’après-midi du mardi 22 septembre à la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Marseille a été l’occasion de demander que la vérité soit enfin dite sur cet assassinat, ne serait-ce que pour que Josette Audin et ses enfants, Pierre et Michèle, puissent faire enfin leur deuil.

L’objet de ce procès ? Un passage d’une lettre d’Henri Pouillot – signataire de l’Appel des 171 – au général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, publiée par le journal Le Combattant, dans lequel le général Maurice Schmitt a vu une diffamation à son égard.

Le rôle du lieutenant Schmitt en 1957 précisé au tribunal

L’un des aspects de cette audience est d’avoir apporté un élément important sur l’activité du lieutenant Maurice Schmitt durant la bataille d’Alger. En effet, a été signalé au tribunal le témoignage écrit d’une personne détenue par les parachutistes du 3e RPC durant la bataille d’Alger et décrivant de manière précise son rôle personnel dans les tortures infligées aux personnes raflées. Ce n’est pas la première fois qu’un témoignage est présenté sur ce point. Comme le général Schmitt l’écrit dans son livre Alger - été 1957. Une victoire sur le terrorisme (L’Harmattan, 2002), les parachutistes du 3e RPC parmi lesquels il servait comme lieutenant entre le 20 juillet et le 4 septembre 1957, ont détenu et « interrogé durement » plus de 80 personnes soupçonnées d’aider le FLN à l’« école Montpensier » – l’école Serrouy, rue Montpensier – à Alger. Et plusieurs détenus de cette époque ont témoigné des tortures qu’il a dirigées ou pratiquées.

Le 27 juin 2001, sur France 3, dans le magazine « Pièces à conviction », Malika Koriche, ainsi que les 29 juin et 10 juillet 2001 dans le quotidien Le Monde, Ali Moulaï et Rachid Ferrahi (l'article en PDF à télécharger ici) l’ont désigné comme ayant ordonné ou effectué les tortures qu’ils y ont subies. Le 19 mars 2005,dans Le Monde, Rachid Ferrahi a même complété son témoignage en décrivant les tortures endurées par son père, Farid, auxquelles il avait assisté (l'article en PDF à télécharger là).

Le général Schmitt a répondu dans son livre qu’Ali Moulaï, « terrorisé », a parlé sans être torturé, et il a traité d’« affabulations » les témoignages de Malika Koriche et de Rachid Ferrahi. S’est ajouté aussi le témoignage d’un ancien parachutiste du 3e RPC, Raymond Cloarec, lors du procès en appel consécutif aux poursuites en diffamation intentées contre Schmitt par Louisette Ighilariz, à cette époque jeune agent de liaison du FLN, elle aussi détenue et torturée, qu’il avait accusée – ainsi qu’Henri Pouillot – de mensonge lors du débat suivant la diffusion sur France 3, le 6 mars 2002, du documentaire de Patrick Rotman, L’Ennemi intime.

Le témoignage de Raymond Cloarec, confié auparavant à la journaliste du Monde Florence Beaugé, a confirmé sur plusieurs points celui de Louisette Ighilahriz. En outre, cet ancien parachutiste a fait état des multiples tentatives du général Schmitt pour le faire revenir avant l’audience sur ses déclarations – comme le relate Florence Beaugé dans son livre Algérie, une guerre sans gloire. Histoire d’une enquête (Calmann Lévy, 2005) (lire ici).

Mais ce procès de Marseille le 22 septembre 2015 a été l’occasion d’ajouter à ces témoignages un document accablant. Il a été fait état pour la première fois devant la justice de la mention du lieutenant Schmitt dans le récit écrit à l’époque par une jeune algéroise de famille juive, Huguette Akkache, relatant sa détention dans cette école pour avoir soigné un militant du FLN. Ses 42 pages dactylographiées envoyées en février 1959 au quotidien La Croix ont, en effet, été publiées intégralement en 2012, par le journaliste Jacques Duquesne, dans son livre Carnets secrets de la guerre d’Algérie chez l’éditeur Bayard. Ce récit avait déjà fait l’objet de publications partielles : des extraits en décembre 1959 par l’hebdomadaire Témoignage Chrétien et le quotidien Le Monde ; puis, en 2004, une édition (signalée par Le Monde du 28 octobre 2004 et du 18 mars 2005 – à télécharger ici en PDF) signée du pseudonyme de « H. G. Esméralda » sous le titre d’Un été en enfer. Barbarie à la française. Alger 1957, par les éditions Exils à Paris, où les noms des tortionnaires n’apparaissent qu’en abréviations.

Mais Jacques Duquesne a publié pour la première fois le nom de l’auteur de ce récit et les noms entiers des tortionnaires, dont celui du lieutenant Schmitt (orthographié Schmidt), cité à treize reprises. Avant sa longue carrière de journaliste qui l’a conduit jusqu’à présider l’association qui supervise le groupe Ouest-France, Jacques Duquesne avait fait ses débuts comme reporter pour La Croix en Algérie à la fin de 1957. En 2012, dans le Préambule de ses Carnets, il écrit: « A 82 ans, mes années d’Algérie me reviennent. […] Cette guerre que j’avais couverte pour La Croix s’est imposée dans ma mémoire au moment où j’ai rouvert les cartons que j’avais soigneusement ficelés et rangés au fond d'un grenier en Corrèze il y a 50 ans ». Et il présente ainsi ce témoignage : « Sur 42 pages dactylographiées, une jeune femme algéroise, mère d’une petite fille, raconte, en termes simples et précis, les 43 jours de détention et de torture qu’elle a subies, à l’école Serrouy, rue Montpensier, près de la Casbah, un établissement transformé par les paras en “centre d’interrogatoire” durant la bataille d’Alger. […] Je ne me souviens pas d’avoir jamais publié l’histoire de Huguette Akkache. Je suis heureux de pouvoir le faire aujourd’hui ». Le lieutenant Schmitt y est décrit comme dirigeant les interrogatoires, ordonnant aux bourreaux de poursuivre ou de stopper les tortures, et actionnant parfois lui-même la magnéto tout en lançant de violentes diatribes anti-communistes.

Est-ce la gêne qu’éprouve Maurice Schmitt quand il se rappelle son propre rôle à Alger en 1957 qui l’a fait réagir ainsi, en jugeant diffamatoire cette lettre d’Henri Pouillot suggérant simplement, en septembre 2014, au chef d’état-major des armées qu’on l’interroge sur ce qu’il pourrait savoir des conditions de la mort de Maurice Audin ? Une telle suggestion – qui ne portait pas sur son rôle personnel – paraît pourtant fondée. Schmitt est certes arrivé à Alger un mois après la mort de Maurice Audin mais il a rencontré fréquemment ensuite – il en fait état dans son livre – des officiers de l’état-major de la 10e DP, dont le lieutenant-colonel Roger Trinquier, collaborateur direct de Massu, et le capitaine Alain Léger. C’est son régiment, le 3e RCP qui – comme le rapporte le colonel Yves Godard, commandant alors la zone Alger-Sahel, dans son livre, Les paras dans la ville (Fayard, 1972) – a démantelé entre le 28 janvier et le 19 février 1957 le réseau FLN à l’origine d’une première série d’attentats. Il peut donc avoir eu des informations sur les circonstances de la mort de Maurice Audin, même s’il n’était pas à Alger le 21 juin 1957.

Dans son livre Alger - été 1957. Une victoire sur le terrorisme, il montre qu’il a une connaissance très précise des évènements intervenus à Alger pendant toute l’année 1957 : il relate ce qui s’est passé avant son arrivée le 20 juillet et consacre tout un chapitre à la suite de la bataille d’Alger, après le 4 septembre, quand lui-même et ses parachutistes du 3e RCP ont été remplacés par ceux du 1er REP. Il nomme même une fois Maurice Audin, dans la phrase suivante : « Il est clair que Boumendjel, Maurice Audin et Larbi Ben M’Hidi auraient dû être traduits devant un tribunal… ». Or — on le sait aujourd’hui avec certitude — Ali Boumendjel et Larbi Ben M’Hidi ont été tués, sur ordre, durant leur détention. Cette phrase de Maurice Schmitt semble donc indiquer que Maurice Audin a, lui aussi, été l’objet d’une décision de mise à mort. Dans ces conditions, il est logique de lui demander s’il peut le confirmer et s’il peut apporter des précisions sur ce point.

Maurice Audin a-t-il été assassiné sur ordre ?

D’autant que les choses ont bougé ces dernières années sur la question de la mort de Maurice Audin. En mars 2012, une journaliste du Nouvel Observateur, Nathalie Funès, a révélé que le colonel Yves Godard a écrit dans des carnets déposés à l’Université de Stanford (Californie) qu’Audin a été tué, sur ordre, par le sous-lieutenant du 6e RPC Gérard Garcet – qui était au début de 1957 l’officier d’ordonnance du général Massu. Puis, le général Paul Aussaresses – commandant, à l’époque, au sein du 1er RCP et chargé par le général Massu de l’« action », c’est-à-dire notamment des exécutions extrajudiciaires – a confié, peu avant sa mort le 3 décembre 2013, au journaliste Jean-Charles Deniau – qui l’a rapporté dans son livre La vérité sur la mort de Maurice Audin, paru en janvier 2014 aux éditions Equateurs – que l’ordre de tuer Audin est venu du général Massu et que le sous-lieutenant Gérard Garcet est bien celui qui l’a mis en œuvre. Il est clair pour les historiens que, si – comme l’a affirmé Aussaresses – il y a eu alors un ordre du général Massu, il a forcément été partagé par le ministre résidant, Robert Lacoste.

La déclaration d’Aussaresses a conduit le Président de la République à mettre fin à la version qui a été la thèse officielle pendant 57 ans, celle de l’évasion. Il a reçu le 17 juin 2014 à l’Elysée Josette et Pierre Audin, l’un des fils du disparu, et rendu public le 18 juin un message à l’occasion de la remise du Prix Maurice Audin de mathématiques. Dans ce message, pour la première fois, un président de la République a reconnu que « les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé, il est mort durant sa détention ». Cela revient à reconnaître que, pendant 57 ans, les autorités de l’armée et de la République ont fait d’un mensonge leur vérité officielle.

Mais de quoi Maurice Audin est-il mort alors qu’il était détenu par les parachutistes ? Le Président de la République a écrit dans son message qu’il avait ordonné « que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. Audin en juin 1957. Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. Audin, que la justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser ». Dans ces conditions, il parait légitime de suggérer au chef d’état major des armées de demander aux officiers encore vivants ayant participé à la bataille d’Alger ce qu’ils savent sur cette mort. Le général Schmitt n’est pas un témoin direct de l’assassinat de Maurice Audin, mais il fait partie de ceux qui peuvent permettre d’établir la vérité. Si l’armée française, aujourd’hui, veut faire la lumière, elle le peut.

Sur la question sur laquelle le tribunal correctionnel de Marseille était saisi, la poursuite en diffamation introduite par Maurice Schmitt, il fera connaître son délibéré le 3 novembre 2015. Fera-t-il référence à l’affaire Audin ? Dans la ville où Pierre Vidal-Naquet, le fondateur du Comité Maurice Audin, était collégien quand ses parents ont été arrêtés avant de disparaître en déportation, on ne peut qu’attendre de la justice qu’elle fasse un pas dans le sens de l’exigence de vérité.
http://blogs.mediapart.fr/blog/gilles-manceron/260915/l-affaire-maurice-audin-au-tribunal-marseille

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Algérie 1830-1962 - Page 4 Empty Re: Algérie 1830-1962

Message  MO2014 Lun 9 Nov - 11:40

"Retour à Montluc"
Youssef Boussoumah

Chères soeurs, frères, camarades et amis ne loupez sous aucun prétexte l'admirable documentaire consacré aux chahids du FLN algérien guillotinés en France pendant la lutte d'indépendance, du réalisateur algérien Mohamed Zaoui. Merci à lui.

"Retour à Montluc" mardi soir 10 novembre à 23h sur la chaîne Algérie 3 ( gratuit sur freebox chaîne 482) ! A faire tourner au max.

C'est l'histoire de Moustapha Boudina, ancien condamné à mort du FLN sauvé in extremis par les accords d'Evian qui a survécu 4 ans s'attendant chaque matin à être exécuté. Il revient à la prison de Montluc près de Lyon où 11 de ses compagnons, militants du FLN n'eurent pas sa chance et furent guillotinés, sous de Gaulle.
La même prison où 20 ans plus tôt Jean Moulin fut détenu et torturé est devenue un musée. Elle se souvient des résistants français mais curieusement ignore les condamnés à mort algériens exécutés dans sa cour.
C'est un très beau film, magnifiquement réalisé et bouleversant, sur l'un des crimes de guerre méconnus de l'impérialisme française, la condamnation à mort en France des prisonniers du FLN pendant la guerre d'Algérie.
-"Mention spéciale du jury" dans la sélection "Droits de la personne", festival de Montréal.
-"Poignard d'Or", à Mascate sultanat d'Oman
-Classé parmi les trois meilleurs films au 9e Festival international du film documentaire Al Jazeera, organisé au mois d'avril 2013 à Doha (Qatar).
-Meilleur film documentaire à Alger au 4eme panorama du cinéma en novembre 2013 et au festival du cinéma de Mostaganem en décembre 2013.
Publié dans Algérie Presse Service le 10 - 05 - 2014
"Ce documentaire de 62 minutes, est construit sur le récit poignant de Mustapha Boudina, président de l'Association des anciens condamnés à mort, qui revient sur l'épreuve inhumaine qu'il a subie avec ses compagnons de lutte dans les couloirs de la mort de la prison de Montluc (Lyon), où ils étaient détenus, attendant d'être guillotinés".
"Prison de Montluc pendant la guerre d'Algérie, dans le couloir de la mort. Le militaire chargé d'accompagner Feroudj Ahmed à la guillotine lui offre une dernière cigarette. Feroudj refuse et dit : "C'est le FLN qui m'offre mes cigarettes jusqu'à la dernière minute". Il sort son paquet, allume une cigarette, tire quelques bouffées et la jette. Il s'avance vers l'échafaud et dit : "Bourreau, fait ton travail".
Ce dernier lui dit de faire sa dernière prière. Il répond : "J'ai déjà fait ma chahada. Je suis un combattant, un musulman qui offre sa vie à son pays".
Au total 222 Algériens exécutés au mépris des conventions internationales qui auraient dû leur garantir un traitement de prisonniers de guerre, en tant que combattants.Les gouvernements français du socialiste Guy Mollet à ceux de de Gaulle les considéraient comme des délinquants ce qui permettait de les torturer et de les exécuter.
A ne manquer sous aucun prétexte !


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