Algérie 1830-1962
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Re: Algérie 1830-1962
Pour ma part, je pense qu'il y a des situations historiques où, justement, sauver l'honneur par des gestes concrets pose aussi des jalons pour l'avenir. C'est évidemment à un beaucoup plus petit niveau, mais je pense aussi que nous pouvons être fiers que le NPA ait (avec d'autres) maintenu publiquement l'appel à manifester contre les bombardements de Gaza malgré l'interdiction gouvernementale.Elx
ce n'est ni une question de courage, ni une question de "sauver l'honneur", ni quoi que ce soit du genre
Ce qui n'empêche nullement de s'adresser aux travailleurs et surtout de militer parmi eux bien entendu...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
C'estbien le massacre des Algériens, le fil?
C'est une mode qui perdureverié2 a écrit:Cette attaque est un peu hors sujet. On peut sans doute reprocher pas mal de choses à la IV, notamment son opportunisme vis à vis du stalinisme et des mouvements nationalistes, mais ses militants ont eu le courage de sauver l'honneur du mouvement ouvrier de France en procurant (avec d'autres, notamment des dissidents du PCF) une aide matérielle à la lutte de libération du peuple algérien.Ottokar
Rappelons que les tracts dont ce petit journal est le reflet étaient à l'époque la seule presse publique distribuée aux portes des entreprises, avec bien des difficultés et malgré l'opposition (physique) des staliniens. La section de IV (les ancêtres de la LCR et du NPA) se refusaient à le faire.
Au passage rappelons que cette célèbre inscription a été tracée par Jean-Michel Mension, alias Alexi Violet son nom de plume dans Rouge, qui était alors militant de la IV et "entriste" au PCF.
Ne pas savoir s'extraire du besoin compulsif de bouffer du "stal" y compris en revisitant l'histoire du mouvement ouvrier me désespère!
Je vais essayer(et j'espère la réciprocité) de m'en tenir à faire la peau à cette façon ridicule de prétendre réinventer des positionnements des uns en les opposant aux "autres" quitte à les salir inconsciemment.
(De toutes façons je ne répondrai à aucune attaque qui conduirait à transformer ce"fil" en procès visant le PC et ses militants des années de la lutte anticoloniale)
Passons sur cette affirmation qui fera rigoler ceux qui onttracté, manifesté, organisé des milliers d'initiatives au sein de laclasse ouvrière..ou sans ^tre méchant, admettons que l'influence des "héros" cités est passée inaperçue..
Mais jusqu'à leur mort, des camarades m'expliqueront que quatre courageux porteus de"valises"(la plupart n'yant jamais vu une usine) c 'est cela l'apport "communiste" à l'Algérie en Résistance...
Négligeons cette "galéjade"..es militants ont eu le courage de sauver l'honneur du mouvement ouvrier de France en procurant (avec d'autres, notamment des dissidents du PCF) une aide matérielle à la lutte de libération du peuple algérien.
Puisque c'est Trotsky (et non Lenine ou Gramsci comme l'affirment certains) qui a déclaré"LaVérité estTOUJOURS Révolutionnaire" ...quelques rappels, aussi "tétus" que les faits.
Sur la manif elle-meme(puisque c'est ce CRIME qui est en débat avec le papier que j'ai déposé):
LA fédération de Francedu FRONT -c'était son choix et il est donc respectable- refusa que la RIPOSTE à cette décision d'empêcher que l'Eat Gaulliste ne décide qu'une partie de la population (les"Arabes")soit soumise à un cessez le feu, que la démonstration du courage algérien donne lieu à une manif unitaire
Plus loin on lira qu'un dirigeant actuel duPC assure qu'il ignorait des faits.
Moi aussi....malgré mon engagement(non encarté ) dans cettepériode, je rentrais de 27 mois de"congés"...dans le Constantinois..
La CGT( je mets au défi qu'on m'apporte ici un démenti) alla jusqu'à proposer son S.O deès que des copains algéeiznsq annoncèrent que c'était pour le 17
Cette question a fait débat (vite résolu) à la direction du Front
Depuis, et j'ai participé à Alger à des débats passionnants entre historiens et militants sur cette question, certains se demandent si le souci des dirigeants français(notamment duPC) n'auraient pas du être pris en compte....
Ce qui avait été le cas quand le PCF avait averti le Front qu'étendre laguerilla urbaine,et surtout des attentats avec victimes civiles , au territoire métropolitain , serait une grâv eerreur car annihilerait des années de militantisme qui avait conduit l'"opinion" ( surtout chez les ouvriers ) , à rendre majoritaire l'exigence de PAIX en Algérie
s)
Je conseille de lire cette interview d'un dirigeant d'un PCF..auquel je n'ai jamais pardonné le vote des pouvoirs spéciaux
http://www.humanite.fr/henri-malberg-sous-estime-la-portee-du-17-octobre-1961
(malberg reconnait que vu son âge, il ignorait , comme d'ailleurs l'essentiel des militants, certains dessous concernnat des contacts FLN-PC)
Henri Malberg.
Il est de bon ton aujourd’hui, à la télévision ou dans certains journaux, de dire que le Parti communiste n’a pas fait ce qu’il fallait lors de cette journée et dans les jours qui suivirent, qu’il est coupable, que son journal l’Humanité est coupable.
C’est profondément injuste et inexact. En relisant les journaux de cette semaine cruciale, l’émotion m’étreint. Chaque fois, je suis frappé du courage, de l’intelligence politique qui s’exprime dans ces colonnes, et je peux dire, dans cette semaine là : honneur à ce journal. Ainsi, dans la seconde édition imprimée la nuit même, l’Humanité, qui n’avait pu rédiger qu’un encadré dans la une de sa première édition, consacre cette fois une page intérieure entière sous le titre : « Par milliers, les algériens ont manifesté hier dans Paris », avec une photo de la mobilisation prise sur les Grands boulevards. « Il y a des morts », écrit le journal sans pouvoir annoncer de chiffre, « certainement plus élevé » que deux comme annoncé par les dépêches d’agence. Les seuls journaux qui condamnent le gouvernement sont l’Humanité et le Libération de l’époque, celui de d'Astier de la Vigerie.
Les autres s’interrogent selon leur ligne politique sur les responsabilités. Le 19, l’Humanité publie deux articles importants. L’un porte sur les « débrayages hier dans plusieurs usines contre la répression qui frappe les Algériens », qui donne écho aux protestations des salariés de Thomson, Saviem, Renault.
L’autre est la publication de la déclaration du bureau politique du PCF, écrite au matin de la nuit tragique, et qui dénonce la « gravité des événements du 17 octobre », la « brutalité sans précédent » de la « répression contre les Algériens » et « la politique colonialiste du pouvoir gaulliste, illustrée une fois de plus par les sanglants événements d’hier ».
Le PCF parle d’un « gouvernement en train d’élargir le fossé creusé entre Français et Algériens par sept années de guerre » et qui favorise la "discrimination et la haine" et compromet « les relations futures entre la France et l’Algérie ». Il en appelle à « la solidarité indispensable des travailleurs français et algériens » pour "en finir avec la guerre d’Algérie". Le PCF conclut en insistant « sur la nécessité de développer l’action unie pour imposer une véritable négociation avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne sur la base de l’application du principe de l’autodétermination dans le respect de l’unité du peuple algérien et de l’intégrité du territoire de l’Algérie ».
Quelle force politique peut dire qu’elle a tiré dans les vingt-quatre heures un tel enseignement de cette manifestation ?
Le 20, l’Humanité rapporte l’interpellation du ministre de l’Intérieur Frey par le député communiste Jacques Duclos : « Qui a donné l’ordre de tirer ? » lui demande-t-il, tandis que le journal mène l’enquête et pose les questions qui dérangent : « Combien y a-t-il eu de morts au cours des nouvelles manifestations d’Algériens » du mercredi 18 ? « Est-il exact que 12 Algériens ont été, la semaine dernière, précipités dans la Seine ? » Toute la semaine qui suit et au-delà, le journal relate sans relâche les débrayages dans les usines, les manifestations de protestation d’Algériens, d’étudiants, de la Jeunesse communiste rassemblant « plusieurs milliers de jeunes » tenant « des meetings, des assemblées », organisant des « délégations à l’Elysée ». Et continue les révélations et les témoignages directs de violences, de brutalités, de gens morts. De cette lecture, il ressort que le 17 octobre, contrairement à ce que j’ai lu, n’a pas provoqué d’indifférence dans la partie la plus avancée du peuple français. Au contraire. Et au sein de la réaction de masse des communistes, les élus communistes se sont montrés particulièrement actifs. Lors d’une séance extraordinaire du Conseil de Paris qui suit le massacre, les élus communistes interrogent brutalement le préfet de police en lui demandant des comptes sur les noyés, les gens tués, les gens matraqués, les Algériens expulsés. C’est un moment dramatique, durant lequel le préfet accuse les Algériens de tirer sur les policiers, et prétend qu’il n’y a à déplorer que deux morts la nuit du 17. A l’Assemblée nationale, Robert Ballanger, au nom des communistes, dénonce les « brutalités sauvages » des forces de répression. -
J'en reste là.....
Cordialement
A.C
On lira cet article ..algérien
http://www.lematindz.net/news/9819-lhumanite-censure-un-ouvrage-sur.html
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
Re: Algérie 1830-1962
Excuse-moi mais j'ai un peu l'impression que tu oublies que le PCF fut un des plus zélé défenseur du stalinisme en Europe et qu'à ce titre il empruntait l'une des tares de ce régime : le double visage. Comme lors de la guerre civile espagnole où côté cour il s'habillait en révolutionnaire et côté jardin revêtait ses vrais habits contre-révolutionnaires. Pour l'Algérie, le PCUS et le PCF à sa remorque a joué rigoureusement la même partition : soutien à la politique colonialiste jusqu'en 1947 même après les massacres de Setif en mai 1945. Si tu relis attentivement l'Humanité de l'époque, ces massacres furent la conséquence d'un complot d'agents hitlériens ! Cela n'entame en rien la sincérité et la qualité de nombreux militants PCF de l'époque abusés par l'appareil. Il faut savoir distinguer l'appareil de sa base, et c'est sur cette notion là que j'ai l'impression que tu achoppes parfois.A.C33 a écrit:C'est une mode qui perdureverié2 a écrit:Cette attaque est un peu hors sujet. On peut sans doute reprocher pas mal de choses à la IV, notamment son opportunisme vis à vis du stalinisme et des mouvements nationalistes, mais ses militants ont eu le courage de sauver l'honneur du mouvement ouvrier de France en procurant (avec d'autres, notamment des dissidents du PCF) une aide matérielle à la lutte de libération du peuple algérien.Ottokar
Rappelons que les tracts dont ce petit journal est le reflet étaient à l'époque la seule presse publique distribuée aux portes des entreprises, avec bien des difficultés et malgré l'opposition (physique) des staliniens. La section de IV (les ancêtres de la LCR et du NPA) se refusaient à le faire.
Au passage rappelons que cette célèbre inscription a été tracée par Jean-Michel Mension, alias Alexi Violet son nom de plume dans Rouge, qui était alors militant de la IV et "entriste" au PCF.
Ne pas savoir s'extraire du besoin compulsif de bouffer du "stal" y compris en revisitant l'histoire du mouvement ouvrier me désespère!
Je vais essayer(et j'espère la réciprocité) de m'en tenir à faire la peau à cette façon ridicule de prétendre réinventer des positionnements des uns en les opposant aux "autres" quitte à les salir inconsciemment.
(De toutes façons je ne répondrai à aucune attaque qui conduirait à transformer ce"fil" en procès visant le PC et ses militants des années de la lutte anticoloniale)
Passons sur cette affirmation qui fera rigoler ceux qui onttracté, manifesté, organisé des milliers d'initiatives au sein de laclasse ouvrière..ou sans ^tre méchant, admettons que l'influence des "héros" cités est passée inaperçue..
Mais jusqu'à leur mort, des camarades m'expliqueront que quatre courageux porteus de"valises"(la plupart n'yant jamais vu une usine) c 'est cela l'apport "communiste" à l'Algérie en Résistance...Négligeons cette "galéjade"..es militants ont eu le courage de sauver l'honneur du mouvement ouvrier de France en procurant (avec d'autres, notamment des dissidents du PCF) une aide matérielle à la lutte de libération du peuple algérien.
Puisque c'est Trotsky (et non Lenine ou Gramsci comme l'affirment certains) qui a déclaré"LaVérité estTOUJOURS Révolutionnaire" ...quelques rappels, aussi "tétus" que les faits.
Sur la manif elle-meme(puisque c'est ce CRIME qui est en débat avec le papier que j'ai déposé):
LA fédération de Francedu FRONT -c'était son choix et il est donc respectable- refusa que la RIPOSTE à cette décision d'empêcher que l'Eat Gaulliste ne décide qu'une partie de la population (les"Arabes")soit soumise à un cessez le feu, que la démonstration du courage algérien donne lieu à une manif unitaire
Plus loin on lira qu'un dirigeant actuel duPC assure qu'il ignorait des faits.
Moi aussi....malgré mon engagement(non encarté ) dans cettepériode, je rentrais de 27 mois de"congés"...dans le Constantinois..
La CGT( je mets au défi qu'on m'apporte ici un démenti) alla jusqu'à proposer son S.O deès que des copains algéeiznsq annoncèrent que c'était pour le 17
Cette question a fait débat (vite résolu) à la direction du Front
Depuis, et j'ai participé à Alger à des débats passionnants entre historiens et militants sur cette question, certains se demandent si le souci des dirigeants français(notamment duPC) n'auraient pas du être pris en compte....
Ce qui avait été le cas quand le PCF avait averti le Front qu'étendre laguerilla urbaine,et surtout des attentats avec victimes civiles , au territoire métropolitain , serait une grâv eerreur car annihilerait des années de militantisme qui avait conduit l'"opinion" ( surtout chez les ouvriers ) , à rendre majoritaire l'exigence de PAIX en Algérie
s)
Je conseille de lire cette interview d'un dirigeant d'un PCF..auquel je n'ai jamais pardonné le vote des pouvoirs spéciaux
http://www.humanite.fr/henri-malberg-sous-estime-la-portee-du-17-octobre-1961
(malberg reconnait que vu son âge, il ignorait , comme d'ailleurs l'essentiel des militants, certains dessous concernnat des contacts FLN-PC)Henri Malberg.
Il est de bon ton aujourd’hui, à la télévision ou dans certains journaux, de dire que le Parti communiste n’a pas fait ce qu’il fallait lors de cette journée et dans les jours qui suivirent, qu’il est coupable, que son journal l’Humanité est coupable.
C’est profondément injuste et inexact. En relisant les journaux de cette semaine cruciale, l’émotion m’étreint. Chaque fois, je suis frappé du courage, de l’intelligence politique qui s’exprime dans ces colonnes, et je peux dire, dans cette semaine là : honneur à ce journal. Ainsi, dans la seconde édition imprimée la nuit même, l’Humanité, qui n’avait pu rédiger qu’un encadré dans la une de sa première édition, consacre cette fois une page intérieure entière sous le titre : « Par milliers, les algériens ont manifesté hier dans Paris », avec une photo de la mobilisation prise sur les Grands boulevards. « Il y a des morts », écrit le journal sans pouvoir annoncer de chiffre, « certainement plus élevé » que deux comme annoncé par les dépêches d’agence. Les seuls journaux qui condamnent le gouvernement sont l’Humanité et le Libération de l’époque, celui de d'Astier de la Vigerie.
Les autres s’interrogent selon leur ligne politique sur les responsabilités. Le 19, l’Humanité publie deux articles importants. L’un porte sur les « débrayages hier dans plusieurs usines contre la répression qui frappe les Algériens », qui donne écho aux protestations des salariés de Thomson, Saviem, Renault.
L’autre est la publication de la déclaration du bureau politique du PCF, écrite au matin de la nuit tragique, et qui dénonce la « gravité des événements du 17 octobre », la « brutalité sans précédent » de la « répression contre les Algériens » et « la politique colonialiste du pouvoir gaulliste, illustrée une fois de plus par les sanglants événements d’hier ».
Le PCF parle d’un « gouvernement en train d’élargir le fossé creusé entre Français et Algériens par sept années de guerre » et qui favorise la "discrimination et la haine" et compromet « les relations futures entre la France et l’Algérie ». Il en appelle à « la solidarité indispensable des travailleurs français et algériens » pour "en finir avec la guerre d’Algérie". Le PCF conclut en insistant « sur la nécessité de développer l’action unie pour imposer une véritable négociation avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne sur la base de l’application du principe de l’autodétermination dans le respect de l’unité du peuple algérien et de l’intégrité du territoire de l’Algérie ».
Quelle force politique peut dire qu’elle a tiré dans les vingt-quatre heures un tel enseignement de cette manifestation ?
Le 20, l’Humanité rapporte l’interpellation du ministre de l’Intérieur Frey par le député communiste Jacques Duclos : « Qui a donné l’ordre de tirer ? » lui demande-t-il, tandis que le journal mène l’enquête et pose les questions qui dérangent : « Combien y a-t-il eu de morts au cours des nouvelles manifestations d’Algériens » du mercredi 18 ? « Est-il exact que 12 Algériens ont été, la semaine dernière, précipités dans la Seine ? » Toute la semaine qui suit et au-delà, le journal relate sans relâche les débrayages dans les usines, les manifestations de protestation d’Algériens, d’étudiants, de la Jeunesse communiste rassemblant « plusieurs milliers de jeunes » tenant « des meetings, des assemblées », organisant des « délégations à l’Elysée ». Et continue les révélations et les témoignages directs de violences, de brutalités, de gens morts. De cette lecture, il ressort que le 17 octobre, contrairement à ce que j’ai lu, n’a pas provoqué d’indifférence dans la partie la plus avancée du peuple français. Au contraire. Et au sein de la réaction de masse des communistes, les élus communistes se sont montrés particulièrement actifs. Lors d’une séance extraordinaire du Conseil de Paris qui suit le massacre, les élus communistes interrogent brutalement le préfet de police en lui demandant des comptes sur les noyés, les gens tués, les gens matraqués, les Algériens expulsés. C’est un moment dramatique, durant lequel le préfet accuse les Algériens de tirer sur les policiers, et prétend qu’il n’y a à déplorer que deux morts la nuit du 17. A l’Assemblée nationale, Robert Ballanger, au nom des communistes, dénonce les « brutalités sauvages » des forces de répression. -
J'en reste là.....
Cordialement
A.C
On lira cet article ..algérien
http://www.lematindz.net/news/9819-lhumanite-censure-un-ouvrage-sur.html
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
verié2 a écrit:Cette attaque est un peu hors sujet. On peut sans doute reprocher pas mal de choses à la IV, notamment son opportunisme vis à vis du stalinisme et des mouvements nationalistes, mais ses militants ont eu le courage de sauver l'honneur du mouvement ouvrier de France en procurant (avec d'autres, notamment des dissidents du PCF) une aide matérielle à la lutte de libération du peuple algérien.Ottokar
Rappelons que les tracts dont ce petit journal est le reflet étaient à l'époque la seule presse publique distribuée aux portes des entreprises, avec bien des difficultés et malgré l'opposition (physique) des staliniens. La section de IV (les ancêtres de la LCR et du NPA) se refusaient à le faire.
Au passage rappelons que cette célèbre inscription a été tracée par Jean-Michel Mension, alias Alexi Violet son nom de plume dans Rouge, qui était alors militant de la IV et "entriste" au PCF.
Hors sujet. En plein dedans plutôt.
Quelles sont les tâches des trotskystes c'est à dire des communistes quand ils sont inexistants dans la classe ouvrière.
Poser la question c'est y répondre, non?
(Trotsky à ma connaissance y a répondu deux fois pour les "trotskystes" de France en 1929 et 39 sans succès pour la quasi totalité d'entre eux et ça c'est pas très honorable).
La guerre d'Algérie (et la Hongrie ) ne pouvait que rendre encore plus insupportable cette absence.
C'est ce dont je fus convaincu à l'époque et que je pense encore aujourd'hui.
L'honneur n'est-ce pas défendre ses idées, son programme, son drapeau
Vérié parle "d'honneur" pour clouer le bec et disqualifier le contradicteur et passer à la trappe la question politique.
artza- Messages : 114
Date d'inscription : 29/04/2013
Re: Algérie 1830-1962
Pour répondre à A.C33.
Quand je dis que les militants de la IV ont "sauvé l'honneur du mouvement ouvrier" en aidant le FLN, je ne veux pas dire du tout que les militants du PCF ou même le parti lui-même en tant que tel n'ait rien fait. J'en sais quelque chose puisque c'est la volonté de lutter contre la guerre d'Algérie qui m'a amené à entrer au PCF quand j'étais lycéen, malgré Budapest. Et ce sont des militants du PCF qui m'ont fait connaître et comprendre beaucoup de choses sur cette guerre. A cette époque, les bagarres contre la police, les fascistes, les paras en permission étaient quasi quotidiennes. Chaque distribution de tracts et collage d'affiches pouvait donner lieu à une arrestation et un tabassage. A peu près à l'endroit où JM Mension-Alexis Violet a tracé son inscription, nous nous sommes fait tirer dessus par des flics, je dis bien tirer, en collant des affiches du parti contre la guerre.
L'Huma paraissait tous les jours avec des colonnes voire des pages entières en blanc du fait de la censure. Il y a eu des enquêtes de journalistes de L'Huma très courageux, par exemple de Madeleine Riffaud sur les tortures dans les commissariats de Paris et les harkis. Elle fut menacée de mort.
Je trouve donc en effet que l'extrême-gauche à souvent tendance à caricaturer la politique et l'action des militants du PCF à cette époque. Il n'en reste pas moins que :
-Comme c'est développé plus haut, le PCF a voté les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet.
-Le PCF n'a soutenu que formellement les révoltes de rappelés qui bloquaient les trains pour refuser de partir.
-Le PCF ne mettait en avant que les mots d'ordre "Paix en Algérie" et "Négociations". Ce n'est qu'à la toute fin de la guerre que Thorez a évoqué l'indépendance.
-Les militants qui aidaient le FLN étaient exclus. Il faut toutefois reconnaître qu'ils n'étaient généralement pas mis à l'index ni considérés comme des rénégats. On disait seulement qu'on les excluait pour ne pas fournir de prétexte à l'interdiction du parti. L'un d'eux que j'ai bien connu, Leo Porcher, secrétaire du syndicat CGT des carreleurs, restait un camarade pour tous les militants de sa section du XVème et était même admiré par beaucoup.
Les militants qui ont vécu cette période ont eu le sentiment de déployer une énergie considérable contre la guerre d'Algérie, mais ils n'avaient pas pleinement conscience du double jeu de la direction du parti. C'était mon cas. Je reprochais seulement à la direction de ne pas organiser de grandes manifestations nationales.
(Les manifs contre la guerre d'Algérie étaient locales : quartier, ville, entreprise etc, sauf vers la fin de la guerre.) Je lui ai reproché aussi de ne pas soutenir et aider les comités de soldats qui s'étaient formés dans l'armée, toujours sous le même prétexte : "Ne rien faire d'illégal qui donnerait prise contre le parti." Mais je n'avais pas, comme l'immense majorité de mes camarades, de vision d'ensemble de la politique du parti.
Quand je dis que les militants de la IV ont "sauvé l'honneur du mouvement ouvrier" en aidant le FLN, je ne veux pas dire du tout que les militants du PCF ou même le parti lui-même en tant que tel n'ait rien fait. J'en sais quelque chose puisque c'est la volonté de lutter contre la guerre d'Algérie qui m'a amené à entrer au PCF quand j'étais lycéen, malgré Budapest. Et ce sont des militants du PCF qui m'ont fait connaître et comprendre beaucoup de choses sur cette guerre. A cette époque, les bagarres contre la police, les fascistes, les paras en permission étaient quasi quotidiennes. Chaque distribution de tracts et collage d'affiches pouvait donner lieu à une arrestation et un tabassage. A peu près à l'endroit où JM Mension-Alexis Violet a tracé son inscription, nous nous sommes fait tirer dessus par des flics, je dis bien tirer, en collant des affiches du parti contre la guerre.
L'Huma paraissait tous les jours avec des colonnes voire des pages entières en blanc du fait de la censure. Il y a eu des enquêtes de journalistes de L'Huma très courageux, par exemple de Madeleine Riffaud sur les tortures dans les commissariats de Paris et les harkis. Elle fut menacée de mort.
Je trouve donc en effet que l'extrême-gauche à souvent tendance à caricaturer la politique et l'action des militants du PCF à cette époque. Il n'en reste pas moins que :
-Comme c'est développé plus haut, le PCF a voté les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet.
-Le PCF n'a soutenu que formellement les révoltes de rappelés qui bloquaient les trains pour refuser de partir.
-Le PCF ne mettait en avant que les mots d'ordre "Paix en Algérie" et "Négociations". Ce n'est qu'à la toute fin de la guerre que Thorez a évoqué l'indépendance.
-Les militants qui aidaient le FLN étaient exclus. Il faut toutefois reconnaître qu'ils n'étaient généralement pas mis à l'index ni considérés comme des rénégats. On disait seulement qu'on les excluait pour ne pas fournir de prétexte à l'interdiction du parti. L'un d'eux que j'ai bien connu, Leo Porcher, secrétaire du syndicat CGT des carreleurs, restait un camarade pour tous les militants de sa section du XVème et était même admiré par beaucoup.
Les militants qui ont vécu cette période ont eu le sentiment de déployer une énergie considérable contre la guerre d'Algérie, mais ils n'avaient pas pleinement conscience du double jeu de la direction du parti. C'était mon cas. Je reprochais seulement à la direction de ne pas organiser de grandes manifestations nationales.
(Les manifs contre la guerre d'Algérie étaient locales : quartier, ville, entreprise etc, sauf vers la fin de la guerre.) Je lui ai reproché aussi de ne pas soutenir et aider les comités de soldats qui s'étaient formés dans l'armée, toujours sous le même prétexte : "Ne rien faire d'illégal qui donnerait prise contre le parti." Mais je n'avais pas, comme l'immense majorité de mes camarades, de vision d'ensemble de la politique du parti.
Ca, je n'en ai jamais entendu parler. As-tu des éléments ?La CGT( je mets au défi qu'on m'apporte ici un démenti) alla jusqu'à proposer son S.O dès que des copains algériens annoncèrent que c'était pour le 17
Dernière édition par verié2 le Lun 20 Oct - 9:14, édité 1 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
Nullement. VO a fait un autre choix et je ne considère pas que ce courant s'est déshonoré. Je pense seulement, je le répète, qu'il y a des circonstances où il est important de, disons pour reprendre une expression souvent employée par les trotskystes, "planter un drapeau" pour dire : il y a des militants communistes qui soutiennent les Algériens. Ce sont des choses dont les travailleurs et les peuples peuvent se souvenir. Je n'ai pas personnellement participé à un réseau de soutien. Mais, avec des camarades du parti de mon quartier, nous allions régulièrement discuter avec des Algériens pour les assurer de notre solidarité, nous nous opposions aux patrouilles de harkis en leur barrant le passage, en les insultant, aux contrôles etc. Je peux te dire que les Algériens étaient particulièrement sensibles à ces "actions", si limitées soient-elles.Artza
Vérié parle "d'honneur" pour clouer le bec et disqualifier le contradicteur et passer à la trappe la question politique.
Par ailleurs, je n'entends pas "passer à la trappe la question politique" et tu sais que je partage nombre de tes critiques à l'encontre de la IV. Mais je ne crois pas que ce travail exclue de militer au sein de la classe ouvrière, sauf peut-être pour un très petit groupe de quelques membres.
___
PS Toujours pas de réponse aux questions : y-a-t-il eu d'autres articles contemporains de VO sur le 17 octobre ? Comment se fait-il que le massacre ne soit évoqué que par ces simples mots "les rescapés de la Seine" dans un long article ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
verié2 a écrit:
Au passage rappelons que cette célèbre inscription a été tracée par Jean-Michel Mension, alias Alexi Violet son nom de plume dans Rouge, qui était alors militant de la IV et "entriste" au PCF.
A vrai dire, l'histoire de cette inscription, ou plutôt de ces inscriptions, est plus compliquée que cela. Ce fut loin d'être l'oeuvre d'une seule personne. Une enquête à ce sujet se trouve à la fin de ce document :
http://www.ina.fr/medias/webdocs/17oct/img/luc/HD/HD-2-Ici_on_noie_les_algeriens.pdf
Tu as peut-être raison, mais je ne pense pas qu'Alexi Violet était militant de la IV en 61. Il me semble aussi qu'il n'adhéra au PCF que l'année suivante.
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
Bien sûr, pour faire une telle inscription, il fallait nécessairement être plusieurs, ne serait-ce que pour guetter... (Je n'arrive pas à ouvrir ton fichier !) Disons que Alexi est celui qui est passé à la postérité. J'ai le souvenir qu'il était venu dans ma cellule du PCF faire une intervention... en tant que "cadre" du parti, bien cravaté comme c'était l'usage à l'époque. Il était alors déjà militant de la IV entriste, il me l'a confirmé par la suite. Il me semble que c'est à cette époque, mais, à une année près, je peux me tromper...Prado a écrit:verié2 a écrit:
Au passage rappelons que cette célèbre inscription a été tracée par Jean-Michel Mension, alias Alexi Violet son nom de plume dans Rouge, qui était alors militant de la IV et "entriste" au PCF.
A vrai dire, l'histoire de cette inscription, ou plutôt de ces inscriptions, est plus compliquée que cela. Ce fut loin d'être l'oeuvre d'une seule personne. Une enquête à ce sujet se trouve à la fin de ce document :
http://www.ina.fr/medias/webdocs/17oct/img/luc/HD/HD-2-Ici_on_noie_les_algeriens.pdf
Tu as peut-être raison, mais je ne pense pas qu'Alexi Violet était militant de la IV en 61. Il me semble aussi qu'il n'adhéra au PCF que l'année suivante.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
verié2 a écrit:
Bien sûr, pour faire une telle inscription, il fallait nécessairement être plusieurs, ne serait-ce que pour guetter... (Je n'arrive pas à ouvrir ton fichier !)
Dans ce document, on lit que la décision de peindre ces inscriptions fut prise par un groupe d'artistes et de comédiens réunis dans le "comité pour la paix en Algérie du quartier Seine-Buci", auquel participait notamment Arthur Adamov, signataire du manifeste des 121.
Alors, c'est peut-être bien à la demande du PCI qu'il a adhéré au PCF, dont faisaient partie plusieurs membres du "comité pour la paix en Algérie du quartier Seine-Buci", comme l'artiste Jean-Marie Binoche qui aurait participé à l'action (...et devint le père de la comédienne Juliette Binoche quelques années plus tard).verié2 a écrit:
Il [Alexi] était alors déjà militant de la IV entriste, il me l'a confirmé par la suite.
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
L'un n'empêchait pas forcément l'autre. Surtout si on comprenait que s'adresser "aux travailleurs en France", c'était en particulier s'adresser aux travailleurs algériens.Elx a écrit: (...) C'est très bien d'être capable d'improviser une fabrique de fusils dans le désert, mais il y avait peut-être d'autres priorités. Comment s'adresser politiquement, directement, aux travailleurs en France, dans les entreprises, dans le contexte de la guerre d'Algérie, d'une crise politique tout de même importante, avec les staliniens, le FLN et le MNA (les ancêtres du NPA ayant choisi les premiers, les ancêtres du POI les seconds...) à organiser une fraction des travailleurs algériens sur des bases nationalistes mais aussi, notamment, à s'entre-tuer, etc. ?
(...)
Henri Benoits, dessinateur chez Renault Billancourt, et militant de la IV, livre son témoignage dans un livre, écrit avec son épouse Clara, qui vient de paraître : "L'Algérie au coeur - Révolutionnaires et anticolonialistes à Renault-Billancourt" ( http://www.syllepse.net/lng_FR_srub_89_iprod_609-l-algerie-au-c-ur.html ).
Il participait en même temps au soutien au FLN (cf la video : https://www.dailymotion.com/video/xlj0nu_clara-et-henri-benoits-31-ans-et-35-ans-en-1961-salaries-chez-renault-et-militants-syndicaux_creation )
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
Voilà le genre de commentaire d'un rappel historique que j'ai fait, concernant le sujet(PAPON ET le massacre du 17Octobre_), sujet si cher à E.D..que sur un site comme le FMR c'est moi qui ai du lemettreen ligne...Eugene Duhring a écrit:
Excuse-moi mais j'ai un peu l'impression que tu oublies que le PCF fut un des plus zélé défenseur du stalinisme en Europe et qu'à ce titre il empruntait l'une des tares de ce régime : le double visage. Comme lors de la guerre civile espagnole où côté cour il s'habillait en révolutionnaire et côté jardin revêtait ses vrais habits contre-révolutionnaires. Pour l'Algérie, le PCUS et le PCF à sa remorque a joué rigoureusement la même partition : soutien à la politique colonialiste jusqu'en 1947 même après les massacres de Setif en mai 1945. Si tu relis attentivement l'Humanité de l'époque, ces massacres furent la conséquence d'un complot d'agents hitlériens ! Cela n'entame en rien la sincérité et la qualité de nombreux militants PCF de l'époque abusés par l'appareil. Il faut savoir distinguer l'appareil de sa base, et c'est sur cette notion là que j'ai l'impression que tu achoppes parfois.
......, voilà de la"bonne soupe aigre d'antan, qui me fait vérifier que ee virus anti-PC , s'il est moins meurtrier qu'eBola, est loin d'^tre éradiqué en France!
Pitoyable, ce besoin de pisser du vinaigre au nom d'un antistalinisme qui est au besoin de la confrontation militante ce que Loana et Nabila sont au féminisme...!
Pour ceux qui ne voudraient pas en rester à des approches manichéennes du rapport PC(et PCA) avec le mouvement national delibération, je conseille de lire ALLEG dont on ne connait hélas que "La Question"
Comme moi , ayant rompu avec les groucho-marxiens de la place Fabien, et ami avec lequel j'ai travaillé sur le dossier"TORTURES"(1)
il aide à mieux analyser des aspects contradictoires de la spécificité française des luttes anticoloniales:
son bouquin:
Mémoire algérienne : Souvenirs de luttes et d'espérances, Paris, Éditions Stock, 2005
Dernier round en ce qu me concerne, battu par abandon..
je rassure ceux que je dérange
Sans demander ma désinscription , je fais le constat que je risque déraper si, sur chaque sujet, je dois donner un alibi pour expliquer que malgré mes origines catalanes je ne suis pas le fils de Ramon Mercader.. .et que mon combat contre le"trotskysme" se limite à quelques insultes des plus connes, et quelques bousculade dans les années 70.., à une histoire de banderole avec tel ou tel militant alors LO, exclu par Arlette , ayant rejoint la Ligue, et que je retrouve dans les cortèges CGT ou nous avons longtemps été des responsables..
Contrairement à certains ici, vu mon âge, mon parcours, et mes contacts encore aujourd'hui avec des anciens du FLN etde l'ALN, je sais une chose: C'est grâce au Parti Communiste français-pasqu'à lui bien sur- et sur le plan syndical à la CGT-pas qu'à elle seule non plus- qu'on peut aujoud'hui, à Alger ou à Sétif , discuter les larmes aux yeux ,avec de vieux résistants anticolonialistes, des enfants et petits enfants de ceux que j'ai essayé d'aider pendant 27 mois,
Oui avec eux, en évoquantu un pan d'Histoire ou les Algériens (EUX et c'est là l'essentiel) savent ce qu'ils doivent à ceux qu'ici certains ne savent que piétiner, on se forge une mémoire qui refuse le"blanc" etle "noir" mais cherche à composer du "gris" pour les générations à venir.
Bonne journée à tous et cordial salut communiste à ceux qui débattent au lieu de dégainer quand passe un ex "stalinien"
Non, pardon!
Stalinien pour toujours, selon les classifications datant des années 24..
A.C
Communiste au double visage selon mon ami E.D
Militant Cgt et PC dans une Banque, le jour..et colleurs d'affiches la nuit, durant des décennies.
Aujourd'hui modeste militant du COMMUNISME, ayant connu les certitudes et les ukases , dans un parti demasse, et en ayant tiré enseignement -et autocritique qui futparfois assez"douloureuse
,
.....pour ne pas suppporter le révisionnisme caricatural pseudo-révolutionnaires de militants qui devraient faire preuve d'un peu plus de"modestie" au vu de ce que fut l'influence et l'ACTION dans la classe ouvrière- y compris sur la question coloniale- des"uns"..et des"autres".
Note
(1)
je fais allusion à la campagne initiée par l'Huma en 2000
Et je dédie ce commentaire-coup de gueule à la mémoire d'Henri hélas décédé en 2013..
et à tous ces communistes algériens du PCA, miltants etdirigeants du PCF , à leur courage qui n'effacera jamais le vote des pouvoirsspéciaux , mais qui méritent un peu plus de reconnaissance de la part de certains.
Charles Silvestre, ancien rédacteur en chef de L’Humanité, coordinateur de l’Appel des douze contre la torture, écrivait à la mort d'Henri
DANS LE CAMBOUIS DE L’HISTOIRE
Alger républicain en est le porte-drapeau, ne serait-ce que par deux signatures qui jalonnent son histoire : Albert Camus, le pied-noir, qui veut des Français égaux des deux côtés de la Méditerranée mais ratera la marche suivante, celle de la décolonisation ; Kateb Yacine, le Berbère, qui cultive une Algérie indépendante, multiethnique, multiculturelle, politiquement pluraliste. Cet idéal, Alleg n’hésite pas à le défendre contre l’hégémonisme du FLN quand celui-ci accapare le pouvoir, avec Ben Bella, en juillet 1962. Une nouvelle interdiction d’Alger républicain en 1965, sous Boumediene, provoque son départ pour la France.
Il signera, en 2000, l’Appel des douze « pour la reconnaissance par l’Etat français de la torture », aux côtés de Germaine Tillion, d’une idéologie pourtant sensiblement différente, parce que le texte indique bien que « la torture est fille de la colonisation ». Jusqu’au bout, il avait poursuivi sa recherche éperdue d’un monde d’hommes libres, égaux, et associés – qu’il identifiait au communisme.
Refusant de « céder du terrain à l’adversaire », il était resté longtemps, en dépit de tout, solidaire des pays socialistes. En désaccord sur ce plan avec le Parti communiste français, il n’avait pas aimé non plus les « dérives social-démocrates » qui, à ses yeux, dénaturaient le marxisme. Endurci par son combat, Henri Alleg avait mis les mains dans le cambouis de l’histoire. D’autres se flatteront d’avoir les mains pures. Mais, pour reprendre une formule de Péguy, « on peut se demander s’ils ont jamais eu des mains »…
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
Re: Algérie 1830-1962
Personne ne remet en cause le courage et l'engagement anticolonial de nombreux militants du PC et de la CGT .
Ce qui est discuté, ce sont les orientations et la politique de la direction du PC, compte tenu de sa force et de son influence à l'époque de la guerre d'Algérie.
Ce qui est discuté, ce sont les orientations et la politique de la direction du PC, compte tenu de sa force et de son influence à l'époque de la guerre d'Algérie.
Dinky- Messages : 400
Date d'inscription : 02/12/2013
Re: Algérie 1830-1962
J'ai connu Adamov à l'époque. J'ai même monté la garde avec lui à la section du VIème arrondissement. Il était membre du PCF et passait pour "oppositionnel" - il y en avait beaucoup dans cette section. C'était mieux toléré parmi les artistes, surtout ceux qui, comme lui, avaient un nom. J'ignorais qu'il avait participé à cette inscription.Prado
la décision de peindre ces inscriptions fut prise par un groupe d'artistes et de comédiens réunis dans le "comité pour la paix en Algérie du quartier Seine-Buci", auquel participait notamment Arthur Adamov, signataire du manifeste des 121
Bien souvent ces "comité de paix" - malgré leur appellation fort modérée - étaient créés à l'initiatives de militants du parti qui voulaient en faire davantage contre la guerre et revendiquaient non seulement la paix et des négociations (selon la ligne du parti) mais le droit à l'indépendance. Ils étaient observés avec une certaine méfiance par la direction. Dans le XVème arr, c'est aussi au nom d'un comité de paix que nous allions régulièrement discuter avec des Algériens, dont certains, une fois la confiance gagnée, ne dissimulaient pas leur appartenance au FLN.
Dernière édition par verié2 le Mar 21 Oct - 9:50, édité 2 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
Pas de pot, le pisse-vinaigre est au PCF et à la CGT. Ce qui ne l'empêche nullement de porter un regard lucide sur la direction de ces deux organisations. Je te parle direction d'appareil, tu me réponds outré "nous les militants" ! Mais qu'ai-je dit exactement ? "Il faut savoir distinguer l'appareil de sa base, et c'est sur cette notion là que j'ai l'impression que tu achoppes parfois." Ni plus ni moins.A.C33 a écrit:Voilà le genre de commentaire d'un rappel historique que j'ai fait, concernant le sujet(PAPON ET le massacre du 17Octobre_), sujet si cher à E.D..que sur un site comme le FMR c'est moi qui ai du lemettreen ligne...Eugene Duhring a écrit:
Excuse-moi mais j'ai un peu l'impression que tu oublies que le PCF fut un des plus zélé défenseur du stalinisme en Europe et qu'à ce titre il empruntait l'une des tares de ce régime : le double visage. Comme lors de la guerre civile espagnole où côté cour il s'habillait en révolutionnaire et côté jardin revêtait ses vrais habits contre-révolutionnaires. Pour l'Algérie, le PCUS et le PCF à sa remorque a joué rigoureusement la même partition : soutien à la politique colonialiste jusqu'en 1947 même après les massacres de Setif en mai 1945. Si tu relis attentivement l'Humanité de l'époque, ces massacres furent la conséquence d'un complot d'agents hitlériens ! Cela n'entame en rien la sincérité et la qualité de nombreux militants PCF de l'époque abusés par l'appareil. Il faut savoir distinguer l'appareil de sa base, et c'est sur cette notion là que j'ai l'impression que tu achoppes parfois.
......, voilà de la"bonne soupe aigre d'antan, qui me fait vérifier que ee virus anti-PC , s'il est moins meurtrier qu'eBola, est loin d'^tre éradiqué en France!
Pitoyable, ce besoin de pisser du vinaigre au nom d'un antistalinisme qui est au besoin de la confrontation militante ce que Loana et Nabila sont au féminisme...!
Le PCF jusqu'en 47 n'était pas dans une logique d'autodétermination des peuples à l'image du PCUS sur lequel le PCF a longtemps calqué sa logique. Laquelle logique était entièrement tournée vers la préservation des intérêts de la bureaucratie stalinienne. Que le PCF ait pris un tournant anticolonialiste après 47 est un fait comme il est un fait que ce tournant répondait là encore en partie à des impératifs liés au intérêts du PCUS. Ce qui n'enlève strictement rien au courage, au dévouement, à la qualité des militants PCF qui ont combattu le colonialisme français !! Relis donc les éditos de l'humanité de l'époque entre 1930 et 1947, cela ne devrait pas être trop difficile, non ?
Eugene Duhring- Messages : 1705
Date d'inscription : 22/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
Je comprends un peu la réaction de A.C33 qui se sent agressé quand on évoque l'attitude du PCF pendant la guerre d'Algérie de façon caricaturale. Il est clair que les militants de cette époque n'avaient pas une vision globale de la politique de leur parti, et encore moins une compréhension du phénomène stalinien. Moi le premier d'ailleurs... Le problème, c'est que la plupart ne les ont pas acquis depuis. Ils restent donc sur leurs souvenirs de lutte, qui sont bien réels. D'autant qu'il ne faut pas voir non plus l'appareil de façon caricaturale, bien des cadres et des dirigeants se battaient sincèrement contre cette guerre... à leur manière. Ils y croyaient et n'étaient pas des privilégiés. Ils prenaient eux aussi des coups de matraques dans les manifs, où ils étaient souvent au premier rang.
Quant aux rares militants trotskistes de l'époque, ils se faisaient casser la gueule par les "stals", exclure des syndicats etc, il est donc logique que certains aient tendance aussi à ne voir que les aspects négatifs de la politique du PCF et à simplifier...
---
A.C33, je t'ai posé une question : quelles sont tes sources à propos d'une proposition que la CGT aurait faite au FLN d'assurer le SO de la manif du 17, ce qui me semble bizarre ?
Quant aux rares militants trotskistes de l'époque, ils se faisaient casser la gueule par les "stals", exclure des syndicats etc, il est donc logique que certains aient tendance aussi à ne voir que les aspects négatifs de la politique du PCF et à simplifier...
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A.C33, je t'ai posé une question : quelles sont tes sources à propos d'une proposition que la CGT aurait faite au FLN d'assurer le SO de la manif du 17, ce qui me semble bizarre ?
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
verié2Je comprends un peu la réaction de A.C33 qui se sent agressé quand on évoque l'attitude du PCF pendant la guerre d'Algérie de façon caricaturale. Il est clair que les militants de cette époque n'avaient pas une vision globale de la politique de leur parti, et encore moins une compréhension du phénomène stalinien. Moi le premier d'ailleurs... Le problème, c'est que la plupart ne les ont pas acquis depuis. Ils restent donc sur leurs souvenirs de lutte, qui sont bien réels. D'autant qu'il ne faut pas voir non plus l'appareil de façon caricaturale, bien des cadres et des dirigeants se battaient sincèrement contre cette guerre... à leur manière. Ils y croyaient et n'étaient pas des privilégiés. Ils prenaient eux aussi des coups de matraques dans les manifs, où ils étaient souvent au premier rang.
Quant aux rares militants trotskistes de l'époque, ils se faisaient casser la gueule par les "stals", exclure des syndicats etc, il est donc logique que certains aient tendance aussi à ne voir que les aspects négatifs de la politique du PCF et à simplifier...
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A.C33, je t'ai posé une question : quelles sont tes sources à propos d'une proposition que la CGT aurait faite au FLN d'assurer le SO de la manif du 17, ce qui me semble bizarre ?
Le fil que j'ai ouvert sur le massacre du 17 Octobre relogé sous cette rubrique..?
Pourquoi pas..
Je note au passage que le camarade E.D que j'avais" taclé " me fait sourire en écrivant( pour effacer ce que je lui reprochais)?? quelque chose selon moi de faux
Tordre le bâton comporte des risques
voilà que j'apprends
Le PCF jusqu'en 47 n'était pas dans une logique d'autodétermination des peuples à l'image du PCUS sur lequel le PCF a longtemps calqué sa logique. Laquelle logique était entièrement tournée vers la préservation des intérêts de la bureaucratie stalinienne. Que le PCF ait pris un tournant anticolonialiste après 47 est un fait comme il est un fait que ce tournant répondait là encore en partie à des impératifs liés au intérêts du PCUS.
NON
.Arrêtons de voir Staline partout.
Le PCF bien au delà de 47...ne saisit pas ce que traduisent les mouvements delibération nationale
Pour plusieurs raisons selon moi, évidentes:
:
-un côté lié à une dérive qui le conduit à rester sur le shéma "Nation- "qui engloberait des peuples -aujourd'hui indépendants- recouvrant des DROITS que le colonialisme d eplusieurs siècles leur sont volés...
- Une méfiance envers ce qui nait de "nouveau" sans que le PC en soit le géniteur.
C'est en cela que les camarades vietnamiens , vu la matrice pécéienne du Viet-Minh, sera mieux "compris" que les prémices sanglants delaRevolution algérienne
Le FLN sera d'ailleurs, y compris dans des sphères trotskystes- regardé d'un oeil "louche"..de par sa composition petitebourgeoise..
Et surtout parce que communistes du PC etautres groupes d'"extrème gauche"...ont des rapports étroits avec le MNA de Messali Hadj
Qui, rappellons -le, seront massacrés par le Front àMélouza et "chahutés"(c'est un doux euphémisme) dans Paris..notamment entre 60 et fin 61
Sans compter l'anticommunisme réel de plusieurs dirigeants historiques du FLN..
j'ajoute que chez quelques communistes, l'idée de création de nouveaux ETATS...alors qu'ils affirment vouloir le dépérissement de ces formes d'organisation delasociété bourgeoise, conduit à "brouiller les cartes" .
Considérons que ce commentaire au vu dde ceux autres participants , clot pour moi lapolémique qui se développait avant que le fil ne soit revu par la modération.
Pour te répondre, Camarade Vérié:
J'ai un temps, entre deux "exploits" de dirigeant etd'élu du PC -qui avait refusé son adhèse auPCF durant des années à cause notamment des pouvoirs spéciaux (je n'ai rejointle pC que..fin mai 68 , à29 ans), et parce que mes 27mois de Constantinois(Juillet59-Septembre 61) m'ont conduit à un engagement qui aurait pu me côuter cher
.............traqué l'info concernant cette putain de sale guerre..qui a marqué ma génération..
Plus que d'autres, j'ai été choqué par le 17Octobre, bien entendu aussi par le 8 mars et Charonne.
Plus tard, je militais depuis 64 à la CGT eten 70, déjà en responsabilités auPC, j'ai eu la chance depouvoir passerr plusieurs heures passionnantes avec Kanapa, dont beaucoup d emilitantsdu PCFignorent qu'il fut, le"cerveau" pécéien de cette période (1)
J'ai donc à la POLEX(section de Politique Extérieure) recueillid es témoignages d'autan tplus facilement que petit filsd 'un desdirigeants espagnols de la M.O.I
Les copains de Renault m'ont fait comprendre que la situation à Billancourt(forte proportion d'Algériens quasiment TOUS syndiqués àla CGT) , avait conduit le Syndicat et la section du Parti à ne pas trop se préoccuper de ce que Frachon ou Duclos(qui"suivait" la forteresseouvrière, un temps) pouvaient penser..
J'ai eu en mains le tract du 12 novembre..1954
Alors que le PC , l'Huma, la CGT nationalement évoquent de tragiques évènements..et que certains avancent l'idée d'un "aventurisme qui fait le jeu des pire récationnaires", la CGT REnault, elle appelle (je vérifie mes notes)"les « travailleurs de chez Renault à se « dresser avec force contre la répression qui frappe le peuple algérien et pour l’aboutissement de ses légitimes aspirations nationales et de ses revendications"
En octobre 61, cette situation propre aux usines Renault conduit des dirigeants dela Fédération de France- par ailleurs dirigeants de la CGT..locale) a passer outr e la consigne globale de taire la date etl'heure dela manif -par craintes de"fuites"
D'ou le débat intra muros Billancourt...pour faire en sorte que le 17 soit un appel n'émanant pas du seul FLN mais de solidarité prolétarienne.
Ce que refuse d'emblée la Willaya delarégion parisienne. qui adresse des reproches aux camarades algériens deBillancourt.
Elle faitsavoir alors qu'elle "autorise" la présence d'"observateurs du PC(sic)", ce qui choquera les"cocos"..(on peutle comprendre..)
J'affirme-on peutne pas me croire, je n'ai pas "enregistré" des échanges passionnants et fraternels ...- que le syndiact CGT a cependant proposé son aide en terme de logistique et maitrise de manif( on dit S.O. non?)
Le refus des camarades algériens a évité que les copains de la Section du PC de Billancourt ne se fassent engueuler
.
J'ajoute qu'un copain présent à notre discussion rappelait que lorsque les flics, le lendemain ou surlendemain, ont voulu pénétrer à Billancourt pour interpeller des militantes algériennes réunies en AG spontanée -la Cégèt a fait débrayer rapidement les ateliers et a contribué à virer les flics et éviter des interpellations..
Plusieurs ouvrages traitent de ces liens d'ouvriers dans l'usine.
Certains comme Claude Poperen, futur memebre du BP du PC -avant de rejoindre son frangin au PS- , qui a été longtemps délégué syndical -la section syndicale était chez Renault un acquis de la Libération bien avant mai 68) ont donné des témoignages, parfois discutables
...J'en ai parlé avec lui en 1984, en octobre à la Fête deSection de Villenave d'Ornon(Gironde) Le"garçon" ne m'a pas paru des plus convaincants sur certains points.
Ceux ui pourront retrouveront un numéro de"la PENSEE d'avril 60 ou Henri Krasucki, a écrit un texte « La CGT et les travailleurs algériens. Réponse à Andrée Michel »,
Tout ceci trop longuement détaillé prouve que nous avons besoin, en permanence" de nous méfier des shémas
Mais puisque le fil s'y prête, je repasserai
..Notamment pour revenir sur la question des tortures , des "Oradours" longtemps niés..et quelques autres points d'Histoire
Cordialement
A.C
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
HENRI ALLEG, toujours vivant!
[size=30]Henri Alleg: «L’idée internationaliste était primordiale dans notre engagement»
Interview donné l'HUma,ité
Henri Alleg est mort ce mercredi. Il y a un an, l'ancien journaliste réaffirmait le combat de toute sa vie pour la reconnaissance officielle par la France de la torture et des crimes de guerre commis pendant la guerre d’Algérie. Extrait de notre hors série "50 ans d'indépendance".
Un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, pour laquelle vous avez combattu, que représente, pour vous, ce pays ?
Henri Alleg. Cela va sans dire : je suis très heureux que l’Algérie soit indépendante (rires). Je suis heureux et fier d’avoir pris part au combat pour l’indépendance. Bien sûr, j’aurais souhaité que les aspects sociaux pour lesquels nous avons combattu prennent plus d’importance. Je regrette que les batailles que nous avons menées pour l’avenir, pour le socialisme, n’aient pas pris plus de place. Mais je suis heureux que l’Algérie soit aujourd’hui ce qu’elle est, avec toutes les possibilités qui s’offrent à ce pays. Quand je pense au passé, je crois que notre combat a marqué la lutte du peuple algérien. C’est en ce sens que l’Algérie reste pour mois une référence du combat des communistes.
Lorsque vous avez écrit La Question, pensiez-vous que votre témoignage sur la torture puisse avoir un tel impact ?
Henri Alleg. Ce n’était pas seulement un livre que j’écrivais. Il fallait faire connaître ce qu’était la guerre en Algérie. Il fallait témoigner des pratiques des colonialistes français, du sort atroce réservé au peuple algérien, de la réalité de cette guerre coloniale. Je dois dire que j’ai été surpris de l’écho rencontré par ce texte, lorsqu’il est devenu un livre. Un demi-siècle plus tard, ce témoignage reste utile. Lorsque je suis invité pour des conférences aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, je peux mesurer sa résonnance. Les atrocités commises par l’armée française pendant la guerre d’Algérie ne diffèrent pas des atrocités commises par l’armée américaine en Irak, en Afghanistan et ailleurs. Le combat continue. Rétrospectivement, je suis heureux d’avoir écrit ce livre, parce qu’il conserve un sens dans le monde d’aujourd’hui, même si le contexte a changé. La Question a par exemple circulé parmi les détenus dans des prisons turques où était pratiquée la torture.
[/size]
Qui a trouvé ce titre percutant, « La Question » ?
Henri Alleg. On doit ce titre magnifique, excellent, à Jérôme Lindon, qui dirigeait les Editions de Minuit. En français, « La Question » revêt une signification qu’il n’a pas, à ma connaissance, dans d’autres langues. Depuis le moyen-âge, « mettre quelqu’un à la question », c’est le torturer. Dans les prisons mêmes, cette expression faisait sens. La parution du livre, en 1958, a déclenché la fureur des autorités françaises. D’où la décision de le saisir. À cette même période, des policiers et des CRS ont débarqué brusquement, au milieu de la nuit, à la prison de Barberousse. Ils ont commencé par une mise en demeure : « Tous à poil ! ». Il y avait dans la prison les salles, accueillant en général une centaine de détenus, et des cellules individuelles prévues pour une personne, mais où s’entassaient plusieurs détenus. Moi j’étais avec deux copains. Les policiers ont d’abord fait sortir les détenus incarcérés dans les salles. Les types sont sortis nus dans la cour, avec une couverture sur le dos. Quant aux autres détenus, ils les ont alignés sur l’allée qui bordait les cellules, les mains en l’air, appuyés contre les murs. Moi aussi, j’étais comme ça, les mains en l’air. Pendant ce temps, des équipes spéciales de CRS, en uniformes noirs, mitraillettes en bandoulière, vidaient les cellules. Ils étaient à la recherche de papiers. Chacun d’entre nous avait des lettres, adressées aux familles ou aux avocats. Ils ont tout embarqué. Nous avions peur qu’ils nous passent à tabac. Derrière moi, j’ai entendu un Algérien, qui, à mi-voix, s’interrogeait sur cette descente. Je lui ai dit qu’ils saisissaient les papiers. Il m’a répondu, en riant discrètement : « Peut-être qu’ils cherchent une deuxième Question ». Il ne savait pas qui j’étais. Cela m’a éclairé. Il avait du apprendre, par son avocat, que ce témoignage faisait un raffut du diable à l’extérieur.
Malgré la censure, les saisies, ce livre a circulé sous le manteau. Cette diffusion était-elle organisée par des militants, ou le livre est-il passé spontanément de mains en mains ?
Henri Alleg. La seule chose que je sais, c’est qu’à Alger, personne ne l’avait eu, personne ne le connaissait au moment de la parution. C’est en France que La Question a eu une répercussion immédiate et formidable. Cet élan doit sans doute beaucoup à la stupidité du gouvernement français et à sa décision de saisir le livre. Très vite, Nils Andersson, un éditeur basé en Suisse, a pris contact avec Lindon pour lui demander l’autorisation de le publier. Lindon a accepté. Le livre était minuscule, des valises passaient clandestinement la frontière. Immédiatement après sa saisie, La Question a été traduite en anglais et publiée à Londres, puis aux Etats-Unis, ce qui lui a donné un écho international.
Un demi-siècle après son enlèvement par des militaires français, on ne sait toujours pas dans quelles conditions a été assassiné votre ami et camarade Maurice Audin…
Henri Alleg. Cette bataille pour la vérité continue. Maurice Audin a été arrêté dans les mêmes conditions que moi. Très peu de temps après son enlèvement par les paras, on a annoncé à sa femme qu’il avait « disparu ». Il est invraisemblable que les autorités françaises, que les parachutistes aient pu prétendre ne rien savoir du sort de Maurice. C’est certain : il a été assassiné par ces équipes de tortionnaires couverts et tenus en main par les autorités policières et militaires. Dans cette affaire, le refus d’ouvrir une enquête, l’attachement des autorités françaises au mensonge est à la fois odieux et absurde. À Alger, à Oran, dans les petites villes, lorsque les militaires annonçaient la « disparition » d’un prisonnier, personne n’ignorait qu’il était en fait question d’assassinat. Dire et répéter, jusqu’à ce jour, que Maurice Audin a été « mal gardé », qu’il s’est évadé et qu’il a « disparu », c’est abject. La vérité, c’est qu’il a été assassiné, comme des centaines, des milliers d’autres. Personne ne peut dire autre chose.
Que changerait la reconnaissance de la torture comme crime de guerre ?
Henri Alleg. La France, les autorités françaises prétendent incarner, aux yeux du monde entier, les droits de l’homme, les libertés, les grandes idées nées de la Révolution française. C'est une façon mensongère de présenter l'histoire. Pendant la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont piétiné ces idées, ces principes. Comme ils sont encore piétinés aujourd’hui à Guantanamo et en Afghanistan. Le combat pour la vérité, qui est un combat d’aujourd’hui, doit se poursuivre sans relâche. On ne peut pas tout simplement parler de l'avenir sans respecter la vérité.
Vous avez souvent évoqué le racisme inhérent à la société coloniale. Cela vous a-t-il poussé à embrasser la cause de l'indépendance?
Henri Alleg. Il est difficile de reconstituer ce parcours qui conduit, depuis l’enfance, l'adolescence jusqu'à la prise de conscience politique. À l'école on nous apprenait que la France allait en Afrique ou en Asie, pour « le bien » des colonisés. Quand on arrivait en Algérie, on comprenait immédiatement avoir été trompé par ces fadaises. Dans les rues d’Alger, des gosses, des petits cireurs, se disputaient les chaussures de quelques passants pour gagner quelques misérables sous. Pourquoi ces gosses n’étaient-ils pas à l’école ? « Les petits Arabes », comme ils disaient, n'avaient pas leur place à l'école. Seule une toute petite minorité y avait accès. Cette réalité, les réflexions qu’elle suscitait en moi m’ont construit comme anticolonialiste.
Avez-vous été surpris, à l'automne 1954, par l'éclatement de l'insurrection?
Henri Alleg. Ceux qui disent qu'ils n'ont pas été surpris se jettent des fleurs qu'ils ne méritent probablement pas. À ce moment là, Algériens et Européens partageait la certitude que les choses ne pouvaient continuer telles qu'elles étaient, qu'il y aurait forcément des changements. De là à penser qu’une insurrection était sur le point d’éclater… Ceci dit, il nous paraissait clair que l’arrogance des autorités françaises, sûres, alors de pouvoir conserver la haute main sur tout ce qui se passait en Algérie, était trompeuse.
Vous communistes, ressentiez de la méfiance à l'égard de ces jeunes nationalistes prônant l'insurrection armée...
Henri Alleg. Cela a soulevé chez nous une certaine interrogation. Ce qui ne signifie pas que l’option de la lutte armée était absente de l’imaginaire des communistes algériens. Je me souviens que deux ou trois ans auparavant, cette question avait été évoquée à huis clos, au bureau politique, comme une possibilité, sans que cela ne suscite de scandale. Ce n'était donc pas un sujet tabou pour nous. Je dois reconnaître, toutefois, que les communistes observaient une certaine réserve vis-à-vis de ceux qui voulaient prendre les armes. Il n’y avait pas d’un côté les courageux prêts à prendre les armes, et de l’autre, les timorés acceptant le statu quo. C'était un choix complexe, difficile, qui ne pouvait souffrir l'improvisation. Si lutte armée il devait y avoir, il fallait savoir comment s'y prendre et vers où aller. Toutes ces questions se posaient.
Sur le plan idéologique, qu'est ce qui distinguait le Parti communiste algérien du FLN?
Henri Alleg. Ce qui nous différenciait, c’était peut-être l'importance que les communistes attachaient à la bataille politique. Les nationalistes portaient peu d’attention à l'idée d'unification des forces progressistes par delà leurs différences, pour rassembler les masses populaires, pour faire avancer les choses. Certaines de nos batailles, pour la liberté de la presse, pour l’augmentation des salaires, etc. apparaissaient secondaires aux yeux des nationalistes qui, pour ainsi dire, les méprisaient. Nous accordions au contraire beaucoup d’importance à ce type de batailles, pas seulement pour les changements concrets qu'elles apportaient. Pour nous ces luttes participaient à la prise de conscience des travailleurs et préparaient un combat futur plus vaste.
Le PCA était un creuset au sein duquel se retrouvaient des hommes et des femmes issus de toutes ces communautés qui vivaient séparément dans la société algérienne. On y retrouvait, ensemble, des Européens, des juifs, des musulmans... Cela influençait-il votre vision du monde, votre projet de société?
Henri Alleg. Oui. Il est certain que l'idée internationaliste était primordiale dans l'engagement des communistes. Avant d'être Arabe, Kabyle, Européen, juif, musulman, nos militants étaient des ouvriers, des travailleurs, des gens exploités. C’était cela l'essentiel à nos yeux. Peut-être cette vision des choses a-t-elle conduit certains camarades à minimiser l’expérience concrète du colonialisme propre aux Algériens dits « indigènes ». Une personne née dans une famille « indigène » avait bien plus de raisons de se lever contre le colonialisme qu’une personne d'origine européenne jamais brimée et insultée comme l'étaient les Algériens.
Quelles étaient vos relations avec le PCF? Comment les communistes algériens ont-ils accueilli, par exemple, le vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet?
Henri Alleg. A la vérité, sur le coup, nous ne nous en sommes pas beaucoup préoccupés. Même dans les prisons, je n'ai pas le souvenir de controverses sur ce sujet. Pas plus chez des communistes que chez des nationalistes. Les plus politisés pouvaient conclure que c'était une erreur fondamentale. D’autres étaient en attente d’explications. Mais les réactions virulentes sont venues bien plus tard. À la vérité, sur le coup, nous ne nous en sommes pas beaucoup préoccupés.
Comment s’est constitué ce que l’on a appelé le « maquis rouge » ?
Henri Alleg. Le parti, au démarrage de la lutte armée, s’est posé la question de son action. L’idée était d’apporter notre appui partout où l’action armée prenait un caractère de masse, partout où des paysans avaient rejoint l’insurrection. Ensuite, nous avons pris la décision de déclencher nous-mêmes la lutte armée là où nos forces le permettaient, où nous avions des chances d’entraîner les gens avec nous. C’est ainsi que des communistes ont pris le maquis. Mais au vu de la faiblesse de nos effectifs, cela ne pouvait être un mot d’ordre général. D’où la décision de négocier l’intégration de nos groupes armés, les Combattants de la liberté, dans l’ALN. À ce moment là, nous nous sommes heurtés aux positions étroites de certains dirigeants du FLN, qui estimaient que les communistes n’avaient pas à poser leurs conditions. L’intégration à l’ALN s’est donc faite à titre individuel.
Pourquoi le FLN était-il hostile à l’entrée du PCA dans le Front comme composante à part entière du mouvement de libération ?
Henri Alleg. Ils ne voulaient pas en entendre parler ! Ils voulaient rester les « patrons », imposer leurs conditions à tous ceux qui souhaitaient rejoindre l’ALN, communistes ou non. Ceci dit, nous ne nous faisions pas d’illusion. Ces nouveaux dirigeants se méfiaient particulièrement des communistes, vus comme des militants organisés, formés, capables d’exprimer leurs idées. Dès le départ, cette méfiance était bien enracinée chez certains dirigeants du FLN.
Cette méfiance vis-à-vis des communistes a-t-elle continué à prévaloir après l’indépendance ?
Henri Alleg. Dans d’autres conditions, oui. Je le pense. Parce que les choses avaient changé pendant la guerre. Dans la pratique, l’anticommunisme avait reculé, ce qui nous rendait d’autant plus dangereux aux yeux de certains.
Est-ce pour cette raison que Ben Bella a interdit le PCA en novembre 1962 ?
Henri Alleg. Il ne s’agissait pas seulement de Ben Bella. Le régime naissait ne voulait pas de communistes organisés.
Pourtant, cette interdiction n’a pas compromis la reparution d’Alger républicain à l’indépendance…
Henri Alleg. Nous nous sommes battus pour réussir à faire reparaître le journal. Au moment de la signature des accords d’Evian, j’étais à Prague. Je voulais repartir le plus vite possible à Alger, former une équipe de camarades qui sortaient de prison pour travailler à la reparution du journal. Les accords d’Evian prévoyaient le rétablissement de la liberté de la presse. Tous les journaux devaient donc pouvoir sortir librement. Mais « tous les journaux », dans l’esprit du gouvernement français, cela signifiait les journaux colonialistes. À Prague, nous avons organisé une conférence de presse, à laquelle ont assisté une soixantaine de correspondants de la presse internationale, pour annoncer notre intention de faire reparaître Alger Républicain. Peu de temps après cette conférence de presse, j’ai reçu la visite d’un émissaire, chargé de me faire part de la désapprobation des frères de Tunis, hostiles à la reparution du journal. Je lui ai répondu qu’il s’agissait d’une décision collective et qu’il était impensable d’entraver la reparution d’un journal interdit par les colonialistes depuis 1955. Les autorités françaises n’étaient pas en reste. Par voie de communiqué, le préfet d’Alger a rappelé de façon mensongère qu’Alger républicain demeurait interdit. À la vérité, la décision venait d’en haut, du gouvernement français et sans doute du général De Gaulle lui-même. Cela n’a pas entamé notre détermination. Bien au contraire. Je suis rentré à Alger vers le 10 ou le 12 juillet. Nous n’aurions pas pu faire revivre Alger républicain sans la solidarité et l'aide pratique de nos camarades, de nos amis de La Marseillaise, dont le directeur était un pied-noir de Mostaganem, parti en France assez jeune. C'est là que nous avons fait la composition. Les ouvriers du livre nous en ont fait cadeau, en travaillant gracieusement. Un problème se posait pour l'envoi des flans à Alger, ou devait être tiré le plomb. Nous avons tirés quatre ou cinq flans. Nous en avons remis un à Air France, qui n’est jamais arrivé à destination. La même mésaventure s’est reproduite avec Air Algérie. Finalement, un copain qui sortait de prison et devait rentrer à Alger a caché un flan empaqueté dans sa valise. On se faisait un sang d'encre. Arrivé à Alger, au contrôle, il est passé.
C’était le premier journal anticolonialiste à reparaître ?
Henri Alleg. Oui. Dès sa reparution, le journal a reçu un accueil extraordinaire. Il y avait aussi El Moudjahid, qui arrivait de Tunis, mais ce n’était pas encore un quotidien. Echaab (« le Peuple »), est sorti trois mois après nous.
Qui se trouvait dans l’équipe au moment de cette reparution ?
Henri Alleg. Il y avait quelques camarades revenus de France. Comme Nicolas Zannettacci, surnommé Zanett, l’ex-maire communiste d’Oran. Il avait été arrêté, expulsé pendant la guerre. Dès qu’on a lancé un appel aux anciens, il est revenu. Abdelhamid Benzine sortait des camps. Il y avait encore Marylise Benaïm qui sortait de la clandestinité. Elle avait servi d’agent de liaison entre la direction du parti et le maquis de Maillot. Le journal, c'est un grand mot. Nous avions deux pages, un simple recto verso. Pour les informations internationales, les seules sources étaient United Press et France-Presse. Ces agences ne partageaient pas nos idées, loin de là, mais d'un point de vue confraternel, ils étaient heureux de voir reparaître le journal. Ils admiraient notre engagement. À l'époque, il n'y avait que les télex, nous nous rendions dans leurs bureaux pour prendre les doubles des dépêches. Ils faisaient semblant de ne pas s'en apercevoir. On les ramenait à l'Hôtel Albert Ier, où nous étions installés. Marylise était une militante courageuse, une jeune femme pleine de vie. En pleine nuit, dans Alger livrée à l'insécurité, elle allait chercher les dépêches. Un soir, des types, voyant cette jeune femme de type européen, se sont mis à hurler, l'accusant d'appartenir à l'OAS. Ils se sont précipités sur elle, l’ont à moitié étranglée. Elle a protesté: « je suis d'Alger Républicain ! ». Entendant cela, ses agresseurs se sont excusés, l'ont escortée jusqu'à l'hôtel et lui ont même proposé de l'accompagner chaque fois que nécessaire.
Pourquoi n’avez-vous pas réinvesti les locaux du journal, de l’autre côté de l’avenue Pasteur ?
Henri Alleg. Nos locaux avaient été confisqués pendant la guerre par Le Bled, le journal des paras. Lorsque nous avions voulu nous y réinstaller, un type installé là, se disant envoyé par Tunis, nous a signifié avec un grand sourire que les lieux ne nous appartenaient plus, qu'ils étaient désormais réservés au FLN. C'était incroyable. La guerre venait de se terminer, ils n'étaient pas encore en Algérie et leur première idée, c'était d'occuper les locaux d'Alger républicain pour qu'on ne puisse pas s'y installer.
A la vérité, Je craignais beaucoup qu'on ne nous joue un mauvais tour. Lorsque j'avais annoncé le projet de reparution du journal, l'émissaire de Tunis m'avait dit : « Tu sais, Henri, on t'aime bien, alors il faut que tu saches que pendant la guerre, il y a eu beaucoup d'exécutions pour raison d'Etat et malheureusement, ça va continuer encore un peu après l'indépendance ». La menace était claire, directe. Si nous nous entêtions, ils n’excluaient pas de nous liquider. J’en étais plus conscient, me semble-t-il, qu’Abdelhamid (1). Dans un premier temps, nous étions allés, tous les deux, dormir dans un appartement appartenant à des amis. Moi, je ne m’y sentais vraiment pas à l’aise. Je n'ai pas voulu y rester, donc nous sommes allés à l'hôtel, en plein centre-ville. Là, s'il se passait quoi que ce soit, il y avait des témoins. Nous avons pris la bonne décision : le lendemain de notre départ, des types en uniforme ont enfoncé la porte et mis l’appartement sans dessus dessous. Impossible de savoir s'il s'agissait de Français ou d'Algériens. En tous cas, ils étaient venus chercher quelqu’un. Lorsque nous nous sommes installés à l’hôtel, des rafales de mitraillette ont visé nos fenêtres à plusieurs reprises. Sur le plan administratif aussi, il y a eu des entraves. Le patron de la SNEP, l’imprimerie, Bouchara, un pied noir aux ordres de Paris, un beau salaud, exigeait un papier officiel, une autorisation de reparution, alors que l’administration était complètement désorganisée. Je suis allé à la préfecture. Je suis entré dans le bureau du préfet, auquel j’ai fait signer une autorisation que j'avais moi-même écrite.
Finalement, sans en chasser le type posté là, nous nous sommes réinstallés dans nos locaux pour pouvoir faire notre journal sans avoir à traverser l'avenue Pasteur, très dangereuse. Nous restions dans le couloir, pour ne pas être exposés aux balles. C'était drôle, cette rédaction ! Nous n’avions pas de chaises, nous faisions nos réunions assis par terre en tailleur. A l’heure des repas, un des copains allait jusqu'à la rue de Tanger et revenait avec une casserole de loubia (2). Malgré cette précarité, malgré les difficultés et le danger, nous avons réussi à faire renaître le journal, qui a rencontré un écho incroyable. Nous tirions 80 à 90 000 exemplaires, ce qui rendait délicate la tâche de ceux qui espéraient nous faire taire. Mais nous avons connu bien des mésaventures, comme l'assassinat d'un chauffeur qui transportait le journal.
Quel était le climat à Alger ?
Henri Alleg. L’inquiétude dominait. Des rivalités de pouvoir opposaient des clans, des wilaya, avec un vrai risque de basculement dans la guerre civile. De notre côté, nous disions: "Assez de bagarres entre patriotes, d'abord la paix et la mise en marche du pays". Nous refusions de voir les divergences internes dégénérer en violence armée.
Lorsque ceux de la wilaya 4, militairement plus forte que la zone autonome d’Alger, ont commencé à jouer du coup de feu dans la Casbah, il s'est passé quelque chose d'extraordinaire. Les femmes sont descendues dans la rue Randon. « Tirez sur nous si vous voulez, mais cessez de vous tirer dessus ! Arrêtez le massacre ! Sept ans, barakat, ça suffit ! », criaient-elles. Ces femmes avaient un sentiment politique bien plus élevé que ceux qu’elles interpellaient.
De nombreux Algériens estiment, cinquante ans après, que les promesses de l’indépendance se sont envolées. Partagez-vous cet avis ?
Henri Alleg. Je crois qu’il est dangereux de penser ainsi. C’est le refus total de voir ce que l’indépendance a apporté à l’Algérie. On ne peut pas dire que les choses n’ont pas changé. On ne peut pas dire que l’indépendance n’a rien apporté aux Algériens. Bien sûr, la jeunesse rencontre de graves difficultés, des choses doivent êtres changées, des luttes devront encore être menées. Mais l’indépendance reste pour l’Algérie une conquête historique inestimable.
Interview donné l'HUma,ité
Henri Alleg est mort ce mercredi. Il y a un an, l'ancien journaliste réaffirmait le combat de toute sa vie pour la reconnaissance officielle par la France de la torture et des crimes de guerre commis pendant la guerre d’Algérie. Extrait de notre hors série "50 ans d'indépendance".
Un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, pour laquelle vous avez combattu, que représente, pour vous, ce pays ?
Henri Alleg. Cela va sans dire : je suis très heureux que l’Algérie soit indépendante (rires). Je suis heureux et fier d’avoir pris part au combat pour l’indépendance. Bien sûr, j’aurais souhaité que les aspects sociaux pour lesquels nous avons combattu prennent plus d’importance. Je regrette que les batailles que nous avons menées pour l’avenir, pour le socialisme, n’aient pas pris plus de place. Mais je suis heureux que l’Algérie soit aujourd’hui ce qu’elle est, avec toutes les possibilités qui s’offrent à ce pays. Quand je pense au passé, je crois que notre combat a marqué la lutte du peuple algérien. C’est en ce sens que l’Algérie reste pour mois une référence du combat des communistes.
Lorsque vous avez écrit La Question, pensiez-vous que votre témoignage sur la torture puisse avoir un tel impact ?
Henri Alleg. Ce n’était pas seulement un livre que j’écrivais. Il fallait faire connaître ce qu’était la guerre en Algérie. Il fallait témoigner des pratiques des colonialistes français, du sort atroce réservé au peuple algérien, de la réalité de cette guerre coloniale. Je dois dire que j’ai été surpris de l’écho rencontré par ce texte, lorsqu’il est devenu un livre. Un demi-siècle plus tard, ce témoignage reste utile. Lorsque je suis invité pour des conférences aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, je peux mesurer sa résonnance. Les atrocités commises par l’armée française pendant la guerre d’Algérie ne diffèrent pas des atrocités commises par l’armée américaine en Irak, en Afghanistan et ailleurs. Le combat continue. Rétrospectivement, je suis heureux d’avoir écrit ce livre, parce qu’il conserve un sens dans le monde d’aujourd’hui, même si le contexte a changé. La Question a par exemple circulé parmi les détenus dans des prisons turques où était pratiquée la torture.
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Nous avions peur qu’ils nous passent à tabac.
Qui a trouvé ce titre percutant, « La Question » ?
Henri Alleg. On doit ce titre magnifique, excellent, à Jérôme Lindon, qui dirigeait les Editions de Minuit. En français, « La Question » revêt une signification qu’il n’a pas, à ma connaissance, dans d’autres langues. Depuis le moyen-âge, « mettre quelqu’un à la question », c’est le torturer. Dans les prisons mêmes, cette expression faisait sens. La parution du livre, en 1958, a déclenché la fureur des autorités françaises. D’où la décision de le saisir. À cette même période, des policiers et des CRS ont débarqué brusquement, au milieu de la nuit, à la prison de Barberousse. Ils ont commencé par une mise en demeure : « Tous à poil ! ». Il y avait dans la prison les salles, accueillant en général une centaine de détenus, et des cellules individuelles prévues pour une personne, mais où s’entassaient plusieurs détenus. Moi j’étais avec deux copains. Les policiers ont d’abord fait sortir les détenus incarcérés dans les salles. Les types sont sortis nus dans la cour, avec une couverture sur le dos. Quant aux autres détenus, ils les ont alignés sur l’allée qui bordait les cellules, les mains en l’air, appuyés contre les murs. Moi aussi, j’étais comme ça, les mains en l’air. Pendant ce temps, des équipes spéciales de CRS, en uniformes noirs, mitraillettes en bandoulière, vidaient les cellules. Ils étaient à la recherche de papiers. Chacun d’entre nous avait des lettres, adressées aux familles ou aux avocats. Ils ont tout embarqué. Nous avions peur qu’ils nous passent à tabac. Derrière moi, j’ai entendu un Algérien, qui, à mi-voix, s’interrogeait sur cette descente. Je lui ai dit qu’ils saisissaient les papiers. Il m’a répondu, en riant discrètement : « Peut-être qu’ils cherchent une deuxième Question ». Il ne savait pas qui j’étais. Cela m’a éclairé. Il avait du apprendre, par son avocat, que ce témoignage faisait un raffut du diable à l’extérieur.
Malgré la censure, les saisies, ce livre a circulé sous le manteau. Cette diffusion était-elle organisée par des militants, ou le livre est-il passé spontanément de mains en mains ?
Henri Alleg. La seule chose que je sais, c’est qu’à Alger, personne ne l’avait eu, personne ne le connaissait au moment de la parution. C’est en France que La Question a eu une répercussion immédiate et formidable. Cet élan doit sans doute beaucoup à la stupidité du gouvernement français et à sa décision de saisir le livre. Très vite, Nils Andersson, un éditeur basé en Suisse, a pris contact avec Lindon pour lui demander l’autorisation de le publier. Lindon a accepté. Le livre était minuscule, des valises passaient clandestinement la frontière. Immédiatement après sa saisie, La Question a été traduite en anglais et publiée à Londres, puis aux Etats-Unis, ce qui lui a donné un écho international.
La bataille pour la vérité continue
Un demi-siècle après son enlèvement par des militaires français, on ne sait toujours pas dans quelles conditions a été assassiné votre ami et camarade Maurice Audin…
Henri Alleg. Cette bataille pour la vérité continue. Maurice Audin a été arrêté dans les mêmes conditions que moi. Très peu de temps après son enlèvement par les paras, on a annoncé à sa femme qu’il avait « disparu ». Il est invraisemblable que les autorités françaises, que les parachutistes aient pu prétendre ne rien savoir du sort de Maurice. C’est certain : il a été assassiné par ces équipes de tortionnaires couverts et tenus en main par les autorités policières et militaires. Dans cette affaire, le refus d’ouvrir une enquête, l’attachement des autorités françaises au mensonge est à la fois odieux et absurde. À Alger, à Oran, dans les petites villes, lorsque les militaires annonçaient la « disparition » d’un prisonnier, personne n’ignorait qu’il était en fait question d’assassinat. Dire et répéter, jusqu’à ce jour, que Maurice Audin a été « mal gardé », qu’il s’est évadé et qu’il a « disparu », c’est abject. La vérité, c’est qu’il a été assassiné, comme des centaines, des milliers d’autres. Personne ne peut dire autre chose.
Que changerait la reconnaissance de la torture comme crime de guerre ?
Henri Alleg. La France, les autorités françaises prétendent incarner, aux yeux du monde entier, les droits de l’homme, les libertés, les grandes idées nées de la Révolution française. C'est une façon mensongère de présenter l'histoire. Pendant la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont piétiné ces idées, ces principes. Comme ils sont encore piétinés aujourd’hui à Guantanamo et en Afghanistan. Le combat pour la vérité, qui est un combat d’aujourd’hui, doit se poursuivre sans relâche. On ne peut pas tout simplement parler de l'avenir sans respecter la vérité.
Vous avez souvent évoqué le racisme inhérent à la société coloniale. Cela vous a-t-il poussé à embrasser la cause de l'indépendance?
Henri Alleg. Il est difficile de reconstituer ce parcours qui conduit, depuis l’enfance, l'adolescence jusqu'à la prise de conscience politique. À l'école on nous apprenait que la France allait en Afrique ou en Asie, pour « le bien » des colonisés. Quand on arrivait en Algérie, on comprenait immédiatement avoir été trompé par ces fadaises. Dans les rues d’Alger, des gosses, des petits cireurs, se disputaient les chaussures de quelques passants pour gagner quelques misérables sous. Pourquoi ces gosses n’étaient-ils pas à l’école ? « Les petits Arabes », comme ils disaient, n'avaient pas leur place à l'école. Seule une toute petite minorité y avait accès. Cette réalité, les réflexions qu’elle suscitait en moi m’ont construit comme anticolonialiste.
L'arrogance des autorités françaises
Avez-vous été surpris, à l'automne 1954, par l'éclatement de l'insurrection?
Henri Alleg. Ceux qui disent qu'ils n'ont pas été surpris se jettent des fleurs qu'ils ne méritent probablement pas. À ce moment là, Algériens et Européens partageait la certitude que les choses ne pouvaient continuer telles qu'elles étaient, qu'il y aurait forcément des changements. De là à penser qu’une insurrection était sur le point d’éclater… Ceci dit, il nous paraissait clair que l’arrogance des autorités françaises, sûres, alors de pouvoir conserver la haute main sur tout ce qui se passait en Algérie, était trompeuse.
Vous communistes, ressentiez de la méfiance à l'égard de ces jeunes nationalistes prônant l'insurrection armée...
Henri Alleg. Cela a soulevé chez nous une certaine interrogation. Ce qui ne signifie pas que l’option de la lutte armée était absente de l’imaginaire des communistes algériens. Je me souviens que deux ou trois ans auparavant, cette question avait été évoquée à huis clos, au bureau politique, comme une possibilité, sans que cela ne suscite de scandale. Ce n'était donc pas un sujet tabou pour nous. Je dois reconnaître, toutefois, que les communistes observaient une certaine réserve vis-à-vis de ceux qui voulaient prendre les armes. Il n’y avait pas d’un côté les courageux prêts à prendre les armes, et de l’autre, les timorés acceptant le statu quo. C'était un choix complexe, difficile, qui ne pouvait souffrir l'improvisation. Si lutte armée il devait y avoir, il fallait savoir comment s'y prendre et vers où aller. Toutes ces questions se posaient.
Sur le plan idéologique, qu'est ce qui distinguait le Parti communiste algérien du FLN?
Henri Alleg. Ce qui nous différenciait, c’était peut-être l'importance que les communistes attachaient à la bataille politique. Les nationalistes portaient peu d’attention à l'idée d'unification des forces progressistes par delà leurs différences, pour rassembler les masses populaires, pour faire avancer les choses. Certaines de nos batailles, pour la liberté de la presse, pour l’augmentation des salaires, etc. apparaissaient secondaires aux yeux des nationalistes qui, pour ainsi dire, les méprisaient. Nous accordions au contraire beaucoup d’importance à ce type de batailles, pas seulement pour les changements concrets qu'elles apportaient. Pour nous ces luttes participaient à la prise de conscience des travailleurs et préparaient un combat futur plus vaste.
Nos militants étaient des ouvriers, desgens exploités
Le PCA était un creuset au sein duquel se retrouvaient des hommes et des femmes issus de toutes ces communautés qui vivaient séparément dans la société algérienne. On y retrouvait, ensemble, des Européens, des juifs, des musulmans... Cela influençait-il votre vision du monde, votre projet de société?
Henri Alleg. Oui. Il est certain que l'idée internationaliste était primordiale dans l'engagement des communistes. Avant d'être Arabe, Kabyle, Européen, juif, musulman, nos militants étaient des ouvriers, des travailleurs, des gens exploités. C’était cela l'essentiel à nos yeux. Peut-être cette vision des choses a-t-elle conduit certains camarades à minimiser l’expérience concrète du colonialisme propre aux Algériens dits « indigènes ». Une personne née dans une famille « indigène » avait bien plus de raisons de se lever contre le colonialisme qu’une personne d'origine européenne jamais brimée et insultée comme l'étaient les Algériens.
Quelles étaient vos relations avec le PCF? Comment les communistes algériens ont-ils accueilli, par exemple, le vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet?
Henri Alleg. A la vérité, sur le coup, nous ne nous en sommes pas beaucoup préoccupés. Même dans les prisons, je n'ai pas le souvenir de controverses sur ce sujet. Pas plus chez des communistes que chez des nationalistes. Les plus politisés pouvaient conclure que c'était une erreur fondamentale. D’autres étaient en attente d’explications. Mais les réactions virulentes sont venues bien plus tard. À la vérité, sur le coup, nous ne nous en sommes pas beaucoup préoccupés.
Le régime naissait et ne voulait pas de communistes organisés
Comment s’est constitué ce que l’on a appelé le « maquis rouge » ?
Henri Alleg. Le parti, au démarrage de la lutte armée, s’est posé la question de son action. L’idée était d’apporter notre appui partout où l’action armée prenait un caractère de masse, partout où des paysans avaient rejoint l’insurrection. Ensuite, nous avons pris la décision de déclencher nous-mêmes la lutte armée là où nos forces le permettaient, où nous avions des chances d’entraîner les gens avec nous. C’est ainsi que des communistes ont pris le maquis. Mais au vu de la faiblesse de nos effectifs, cela ne pouvait être un mot d’ordre général. D’où la décision de négocier l’intégration de nos groupes armés, les Combattants de la liberté, dans l’ALN. À ce moment là, nous nous sommes heurtés aux positions étroites de certains dirigeants du FLN, qui estimaient que les communistes n’avaient pas à poser leurs conditions. L’intégration à l’ALN s’est donc faite à titre individuel.
Pourquoi le FLN était-il hostile à l’entrée du PCA dans le Front comme composante à part entière du mouvement de libération ?
Henri Alleg. Ils ne voulaient pas en entendre parler ! Ils voulaient rester les « patrons », imposer leurs conditions à tous ceux qui souhaitaient rejoindre l’ALN, communistes ou non. Ceci dit, nous ne nous faisions pas d’illusion. Ces nouveaux dirigeants se méfiaient particulièrement des communistes, vus comme des militants organisés, formés, capables d’exprimer leurs idées. Dès le départ, cette méfiance était bien enracinée chez certains dirigeants du FLN.
Cette méfiance vis-à-vis des communistes a-t-elle continué à prévaloir après l’indépendance ?
Henri Alleg. Dans d’autres conditions, oui. Je le pense. Parce que les choses avaient changé pendant la guerre. Dans la pratique, l’anticommunisme avait reculé, ce qui nous rendait d’autant plus dangereux aux yeux de certains.
Est-ce pour cette raison que Ben Bella a interdit le PCA en novembre 1962 ?
Henri Alleg. Il ne s’agissait pas seulement de Ben Bella. Le régime naissait ne voulait pas de communistes organisés.
Cela n’a pas entamé notre détermination
Pourtant, cette interdiction n’a pas compromis la reparution d’Alger républicain à l’indépendance…
Henri Alleg. Nous nous sommes battus pour réussir à faire reparaître le journal. Au moment de la signature des accords d’Evian, j’étais à Prague. Je voulais repartir le plus vite possible à Alger, former une équipe de camarades qui sortaient de prison pour travailler à la reparution du journal. Les accords d’Evian prévoyaient le rétablissement de la liberté de la presse. Tous les journaux devaient donc pouvoir sortir librement. Mais « tous les journaux », dans l’esprit du gouvernement français, cela signifiait les journaux colonialistes. À Prague, nous avons organisé une conférence de presse, à laquelle ont assisté une soixantaine de correspondants de la presse internationale, pour annoncer notre intention de faire reparaître Alger Républicain. Peu de temps après cette conférence de presse, j’ai reçu la visite d’un émissaire, chargé de me faire part de la désapprobation des frères de Tunis, hostiles à la reparution du journal. Je lui ai répondu qu’il s’agissait d’une décision collective et qu’il était impensable d’entraver la reparution d’un journal interdit par les colonialistes depuis 1955. Les autorités françaises n’étaient pas en reste. Par voie de communiqué, le préfet d’Alger a rappelé de façon mensongère qu’Alger républicain demeurait interdit. À la vérité, la décision venait d’en haut, du gouvernement français et sans doute du général De Gaulle lui-même. Cela n’a pas entamé notre détermination. Bien au contraire. Je suis rentré à Alger vers le 10 ou le 12 juillet. Nous n’aurions pas pu faire revivre Alger républicain sans la solidarité et l'aide pratique de nos camarades, de nos amis de La Marseillaise, dont le directeur était un pied-noir de Mostaganem, parti en France assez jeune. C'est là que nous avons fait la composition. Les ouvriers du livre nous en ont fait cadeau, en travaillant gracieusement. Un problème se posait pour l'envoi des flans à Alger, ou devait être tiré le plomb. Nous avons tirés quatre ou cinq flans. Nous en avons remis un à Air France, qui n’est jamais arrivé à destination. La même mésaventure s’est reproduite avec Air Algérie. Finalement, un copain qui sortait de prison et devait rentrer à Alger a caché un flan empaqueté dans sa valise. On se faisait un sang d'encre. Arrivé à Alger, au contrôle, il est passé.
C’était le premier journal anticolonialiste à reparaître ?
Henri Alleg. Oui. Dès sa reparution, le journal a reçu un accueil extraordinaire. Il y avait aussi El Moudjahid, qui arrivait de Tunis, mais ce n’était pas encore un quotidien. Echaab (« le Peuple »), est sorti trois mois après nous.
Qui se trouvait dans l’équipe au moment de cette reparution ?
Henri Alleg. Il y avait quelques camarades revenus de France. Comme Nicolas Zannettacci, surnommé Zanett, l’ex-maire communiste d’Oran. Il avait été arrêté, expulsé pendant la guerre. Dès qu’on a lancé un appel aux anciens, il est revenu. Abdelhamid Benzine sortait des camps. Il y avait encore Marylise Benaïm qui sortait de la clandestinité. Elle avait servi d’agent de liaison entre la direction du parti et le maquis de Maillot. Le journal, c'est un grand mot. Nous avions deux pages, un simple recto verso. Pour les informations internationales, les seules sources étaient United Press et France-Presse. Ces agences ne partageaient pas nos idées, loin de là, mais d'un point de vue confraternel, ils étaient heureux de voir reparaître le journal. Ils admiraient notre engagement. À l'époque, il n'y avait que les télex, nous nous rendions dans leurs bureaux pour prendre les doubles des dépêches. Ils faisaient semblant de ne pas s'en apercevoir. On les ramenait à l'Hôtel Albert Ier, où nous étions installés. Marylise était une militante courageuse, une jeune femme pleine de vie. En pleine nuit, dans Alger livrée à l'insécurité, elle allait chercher les dépêches. Un soir, des types, voyant cette jeune femme de type européen, se sont mis à hurler, l'accusant d'appartenir à l'OAS. Ils se sont précipités sur elle, l’ont à moitié étranglée. Elle a protesté: « je suis d'Alger Républicain ! ». Entendant cela, ses agresseurs se sont excusés, l'ont escortée jusqu'à l'hôtel et lui ont même proposé de l'accompagner chaque fois que nécessaire.
Exécutions pour raison d'Etat
Pourquoi n’avez-vous pas réinvesti les locaux du journal, de l’autre côté de l’avenue Pasteur ?
Henri Alleg. Nos locaux avaient été confisqués pendant la guerre par Le Bled, le journal des paras. Lorsque nous avions voulu nous y réinstaller, un type installé là, se disant envoyé par Tunis, nous a signifié avec un grand sourire que les lieux ne nous appartenaient plus, qu'ils étaient désormais réservés au FLN. C'était incroyable. La guerre venait de se terminer, ils n'étaient pas encore en Algérie et leur première idée, c'était d'occuper les locaux d'Alger républicain pour qu'on ne puisse pas s'y installer.
A la vérité, Je craignais beaucoup qu'on ne nous joue un mauvais tour. Lorsque j'avais annoncé le projet de reparution du journal, l'émissaire de Tunis m'avait dit : « Tu sais, Henri, on t'aime bien, alors il faut que tu saches que pendant la guerre, il y a eu beaucoup d'exécutions pour raison d'Etat et malheureusement, ça va continuer encore un peu après l'indépendance ». La menace était claire, directe. Si nous nous entêtions, ils n’excluaient pas de nous liquider. J’en étais plus conscient, me semble-t-il, qu’Abdelhamid (1). Dans un premier temps, nous étions allés, tous les deux, dormir dans un appartement appartenant à des amis. Moi, je ne m’y sentais vraiment pas à l’aise. Je n'ai pas voulu y rester, donc nous sommes allés à l'hôtel, en plein centre-ville. Là, s'il se passait quoi que ce soit, il y avait des témoins. Nous avons pris la bonne décision : le lendemain de notre départ, des types en uniforme ont enfoncé la porte et mis l’appartement sans dessus dessous. Impossible de savoir s'il s'agissait de Français ou d'Algériens. En tous cas, ils étaient venus chercher quelqu’un. Lorsque nous nous sommes installés à l’hôtel, des rafales de mitraillette ont visé nos fenêtres à plusieurs reprises. Sur le plan administratif aussi, il y a eu des entraves. Le patron de la SNEP, l’imprimerie, Bouchara, un pied noir aux ordres de Paris, un beau salaud, exigeait un papier officiel, une autorisation de reparution, alors que l’administration était complètement désorganisée. Je suis allé à la préfecture. Je suis entré dans le bureau du préfet, auquel j’ai fait signer une autorisation que j'avais moi-même écrite.
Finalement, sans en chasser le type posté là, nous nous sommes réinstallés dans nos locaux pour pouvoir faire notre journal sans avoir à traverser l'avenue Pasteur, très dangereuse. Nous restions dans le couloir, pour ne pas être exposés aux balles. C'était drôle, cette rédaction ! Nous n’avions pas de chaises, nous faisions nos réunions assis par terre en tailleur. A l’heure des repas, un des copains allait jusqu'à la rue de Tanger et revenait avec une casserole de loubia (2). Malgré cette précarité, malgré les difficultés et le danger, nous avons réussi à faire renaître le journal, qui a rencontré un écho incroyable. Nous tirions 80 à 90 000 exemplaires, ce qui rendait délicate la tâche de ceux qui espéraient nous faire taire. Mais nous avons connu bien des mésaventures, comme l'assassinat d'un chauffeur qui transportait le journal.
Quel était le climat à Alger ?
Henri Alleg. L’inquiétude dominait. Des rivalités de pouvoir opposaient des clans, des wilaya, avec un vrai risque de basculement dans la guerre civile. De notre côté, nous disions: "Assez de bagarres entre patriotes, d'abord la paix et la mise en marche du pays". Nous refusions de voir les divergences internes dégénérer en violence armée.
Lorsque ceux de la wilaya 4, militairement plus forte que la zone autonome d’Alger, ont commencé à jouer du coup de feu dans la Casbah, il s'est passé quelque chose d'extraordinaire. Les femmes sont descendues dans la rue Randon. « Tirez sur nous si vous voulez, mais cessez de vous tirer dessus ! Arrêtez le massacre ! Sept ans, barakat, ça suffit ! », criaient-elles. Ces femmes avaient un sentiment politique bien plus élevé que ceux qu’elles interpellaient.
De nombreux Algériens estiment, cinquante ans après, que les promesses de l’indépendance se sont envolées. Partagez-vous cet avis ?
Henri Alleg. Je crois qu’il est dangereux de penser ainsi. C’est le refus total de voir ce que l’indépendance a apporté à l’Algérie. On ne peut pas dire que les choses n’ont pas changé. On ne peut pas dire que l’indépendance n’a rien apporté aux Algériens. Bien sûr, la jeunesse rencontre de graves difficultés, des choses doivent êtres changées, des luttes devront encore être menées. Mais l’indépendance reste pour l’Algérie une conquête historique inestimable.
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
Henri Alleg, un combattant delaliberté
Samedi 25 octobre 2014 de 14 h à 23 h
Source:HumanitéPhoto : Éric Cabanis/AF
Source:HumanitéPhoto : Éric Cabanis/AF
Rencontre « Huit heures avec Henri Alleg », le 25 octobre à Malakoff
-
Rencontre organisée par l'ACCA et le PADS, Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui - Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme
En présence de ses enfants, André et Jean Salem.
Accueil par Mme le Maire de Malakoff, Catherine Margaté.
Avec la participation de :
- Alain Ruscio, historien :
- Nils Andersson, éditeur de « La Question »
- Sadek Hadjérès, ancien secrétaire du PCA
- Alban Liechti, Président de l'ACCA
- Caroline Andréani, historienne
- Vincent Flament, secrétaire du Comité de Solidarité Internationaliste
- Rémy Herrera, économiste,chercheur, enseignant
- Bessa Zoheir, Directeur d'Alger Républicain
- William Sportisse
- Rosa Moussaoui, journaliste à l'Humanité
Deux tables rondes :
15 h Henri Alleg, journaliste, communiste, anticolonialiste, Contre la torture et pour la Paix ;
17 h 30 Henri Alleg, écrivain, militant communiste, internationaliste. Pour le Socialisme et contre l'exploitation capitaliste
Stand de la librairie « Envie de lire » d'Ivry sur Seine qui présentera des ouvrages d'Henri Alleg et sur Henri Alleg
20 h Couscous et animation artistique
Exposition : « Henri Alleg, un combattant de la liberté »
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
Re: Algérie 1830-1962
Ce serait donc, selon tes souvenirs, A.C33, la CGT Renault, et non la CGT nationale, qui aurait proposé au FLN d'assurer le SO de la manif du 17 ? Et cela aurait été refusé par le FLN national.
J'ai fréquenté des militants PCF-CGT de Renault à cette époque, il y en avait même un dans ma cellule, mais je n'ai jamais entendu parler de cela. Ni plus tard par les militants de LO qui, comme tu le sais sans doute, avaient une longue tradition d'intervention à Billancourt, y compris au sein de la CGT.
Je ne dis pas que tu affabules, mais c'est en quelque sorte un scoop. Es-tu certain qu'il ne s'agissait pas de l'initiative de certains militants mais pas de la direction CGT ? Car, s'il y a un point sur lequel nous pouvons tomber d'accord, c'est que le PCF était beaucoup moins monolithique à cette époque qu'on ne le croit généralement.
J'ai fréquenté des militants PCF-CGT de Renault à cette époque, il y en avait même un dans ma cellule, mais je n'ai jamais entendu parler de cela. Ni plus tard par les militants de LO qui, comme tu le sais sans doute, avaient une longue tradition d'intervention à Billancourt, y compris au sein de la CGT.
Je ne dis pas que tu affabules, mais c'est en quelque sorte un scoop. Es-tu certain qu'il ne s'agissait pas de l'initiative de certains militants mais pas de la direction CGT ? Car, s'il y a un point sur lequel nous pouvons tomber d'accord, c'est que le PCF était beaucoup moins monolithique à cette époque qu'on ne le croit généralement.
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
je maintiens ce qui m'a été rapporté..verié2 a écrit:Ce serait donc, selon tes souvenirs, A.C33, la CGT Renault, et non la CGT nationale, qui aurait proposé au FLN d'assurer le SO de la manif du 17 ? Et cela aurait été refusé par le FLN national.
J'ai fréquenté des militants PCF-CGT de Renault à cette époque, il y en avait même un dans ma cellule, mais je n'ai jamais entendu parler de cela. Ni plus tard par les militants de LO qui, comme tu le sais sans doute, avaient une longue tradition d'intervention à Billancourt, y compris au sein de la CGT.
Je ne dis pas que tu affabules, mais c'est en quelque sorte un scoop. Es-tu certain qu'il ne s'agissait pas de l'initiative de certains militants mais pas de la direction CGT ? Car, s'il y a un point sur lequel nous pouvons tomber d'accord, c'est que le PCF était beaucoup moins monolithique à cette époque qu'on ne le croit généralement.
Poperen d'ailleurs , en bon soc dem(même quand il était au BP du PC)...me confirmait ces relations.et 20 ans après me parlait des"gauchistes de sa section!"
Ont elles étaient de toute la CGT Billancourt ou d'"initiés" ces tractations, je ne peux pas le certifier.
Tu sais mieux que moi, aussi, que si LO, en 47....a eu son heure de"gloire" (limité surtout à l'atelier 47-si ma mémoire est bonne- la base militante de ce Parti, dans les années 60 était des plus fragiles et que les "durs" du P.C avaiett verrouillé les entrées du poste de"pilotage".....
Comme d'ailleurs partout...Certes quelques trotskistes réussissaient à se retrouver à la CE du syndicat..mais pas plus haut
Y compris à la direction de cette section..on faisait le tri..
Une anecdote:
en 85 à Bordeaux près de 800 militants-sans tels portables à l'époque!-.. ont bloqué en gare le train qui transportait des pièces deBillancourt..en Espagne
Cette opération ,avec la CRS14 mise en échec pendant 3 heures, .... n' a été possible que parce que nous avons manoeuvré en nous appuyant sur le noyau dur PC-CGT..
En sachant que sinon, y compris des membres du Secrétariat de Section, et bien entendu en lien avec POPEREN.;et Sainjon..., auraient fait échouer ce magistral "coup"..
Le train a rallier Bordeaux avec un retard du aux camardes"surs" des Cheminots..quil'ont dérouté plusieurs fois...
Tout ça pour dire que, oui, le pCf a toujours eu ses "francs tireurs"..
Très proches entre 80 et 90 de Marchais..
Tu dois te douter que j'en fus...
Bonne Nuit
A.C
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
Re: Algérie 1830-1962
C'était le cas d'Henri Benoits, dont j'ai parlé hier. A l'époque il était également adhérent du PCF, à moins qu'il soit déjà passé au PSU.A.C33 a écrit:Certes quelques trotskistes réussissaient à se retrouver à la CE du syndicat [CGT Billancourt]..mais pas plus haut
Son épouse, Clara Benoits, membre du PCF jusqu'en 1969, était également membre de la CE de la CGT Billancourt.
Tous deux faisaient partie des travailleurs de Billancourt à qui le FLN a demandé d'observer la manifestation du 17 octobre.
L'Humanité les a interviewés en 2001.
L'Humanité a écrit:Des syndicalistes " observateurs "
JEUDI, 18 OCTOBRE, 2001
Clara et Henri Benoits ont participé à la manifestation du 17 octobre 1961 en tant qu'observateurs. Il y en avait une dizaine ce jour-là dans le cortège. Syndiqués à la CGT, ils travaillaient à l'époque à Renault-Billancourt (lui était dessinateur industriel, elle, secrétaire) qui employait près de 4 000 travailleurs algériens.
Pour quelles raisons avez-vous été sollicités comme observateurs lors de la manifestation du 17 octobre 1961 ?
Henri Benoits. À l'époque, nous étions membres du comité exécutif du syndicat CGT Renault et nous avions des relations constantes avec les camarades algériens. Ils nous ont sollicités comme " observateurs " pour pouvoir démontrer à l'opinion publique que cette manifestation résultait d'une adhésion libre et massive de la population émigrée à la cause de l'indépendance et non de la prétendue " terreur " qu'exerçait le FLN sur les Algériens.
Clara Benoits. Ils se doutaient qu'il y avait des risques. Cette manifestation était interdite et la répression policière, à ce moment-là, était forte à l'encontre des militants FLN. Et même si les consignes étaient strictes pour que la manifestation soit pacifiste, ils craignaient des dérapages. Cela dit, je ne pense pas qu'ils pouvaient imaginer qu'un tel massacre allait avoir lieu.
Quel était, à l'époque, l'état d'esprit des Français et de la gauche en particulier ?
Henri Benoits. Il existait dans l'opinion publique une hostilité à l'égard du " bougnoule ". Le plus souvent, les Français sont restés aveugles. Les Algériens ont vraiment eu le sentiment d'être seuls à se battre pour leur liberté. Et ils ont gagné. Cette victoire explique peut-être que le racisme anti-arabe est plus fort encore aujourd'hui, en France, que le racisme envers les Noirs.
Clara Benoits. Sur cette période de l'histoire, le mouvement ouvrier, la gauche n'ont pas toujours été très brillants, même si une partie de la gauche a le mérite d'avoir organisé des manifestations anti-guerre. Au Parti communiste, où je militais à l'époque, on a préféré les mots d'ordre de liberté pour le peuple algérien ou de " paix en Algérie " à celui d'indépendance que j'avais fait mien. Il y avait à l'époque de fortes réticences à soutenir des nationalistes.
Propos recueillis par Sabrina Kassa-Bja
Clara et Henri Benoits ont adressé un témoignage au procès intenté par M. Papon contre Jean-Luc Einaudi, en 1999, au sujet de son livre, la Bataille de Paris : le 17 octobre 1961.
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
Les Benoits sont interviewés dans une des videos "La nuit oubliée" dont Sylvestre avait fourni le lien. Voici celui d'un témoignage du photographe de L'Huma :
https://www.dailymotion.com/video/xliv41_georges-azenstarck-27-ans-en-61-photojournaliste-au-quotidien-l-humanite_creation
https://www.dailymotion.com/video/xliv41_georges-azenstarck-27-ans-en-61-photojournaliste-au-quotidien-l-humanite_creation
Dernière édition par verié2 le Mar 21 Oct - 11:51, édité 1 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Algérie 1830-1962
Un témoignage impressionnant ! Il appelle notamment la question suivante : qui a fait disparaître des archives de l'Humanité les négatifs des photos prises ce soir-là, et pourquoi ?verié2 a écrit:Voici celui d'un témoignage du photographe de L'Huma :
https://www.dailymotion.com/video/xliv41_georges-azenstarck-27-ans-en-61-photojournaliste-au-quotidien-l-humanite_creation
Prado- Messages : 1274
Date d'inscription : 02/09/2011
Re: Algérie 1830-1962
Projection de " Les balles du 14 juillet 1953", un film de Daniel Kupferstein
La projection sera suivie d’un débat.
Vendredi 31 octobre 2014 à 19H00 au Centre Culturel Algérien à Paris
Il y a près de 61 ans maintenant, le 14 juillet 1953, un drame terrible s’est déroulé en plein Paris.
Au moment de la dislocation d’une manifestation en l’honneur de la Révolution Française, la police parisienne a chargé un cortège de manifestants algériens. Sept personnes (six algériens et un français) ont été tuées et une cinquantaine de manifestants ont été blessés par balles. Un vrai carnage.
Ce qui est troublant avec ce fait dramatique, c’est que cette histoire est quasiment inconnue. Pratiquement personne n’est au courant de son existence. C’est comme si une page d’histoire avait été déchirée et mise à la poubelle. En fait, ce film, est l’histoire d’une longue enquête contre l’amnésie. Enquête au jour le jour, pour retrouver des témoins, les familles des victimes, pour faire parler les historiens, pour reprendre les informations dans les journaux de l’époque, dans les archives et autres centres de documentation afin de reconstituer au mieux le déroulement de ce drame mais aussi pour comprendre comment ce mensonge d’Etat a si bien fonctionné. Avant que les derniers témoins ne disparaissent, il est temps que l’histoire de ce massacre sorte de l’oubli !
http://www.cca-paris.com/index.php?option=com_content&view=article&id=539:projection-de-qles-balles-du-14-juillet-1953q&catid=38:projectionskalila&Itemid=73
La projection sera suivie d’un débat.
Vendredi 31 octobre 2014 à 19H00 au Centre Culturel Algérien à Paris
Il y a près de 61 ans maintenant, le 14 juillet 1953, un drame terrible s’est déroulé en plein Paris.
Au moment de la dislocation d’une manifestation en l’honneur de la Révolution Française, la police parisienne a chargé un cortège de manifestants algériens. Sept personnes (six algériens et un français) ont été tuées et une cinquantaine de manifestants ont été blessés par balles. Un vrai carnage.
Ce qui est troublant avec ce fait dramatique, c’est que cette histoire est quasiment inconnue. Pratiquement personne n’est au courant de son existence. C’est comme si une page d’histoire avait été déchirée et mise à la poubelle. En fait, ce film, est l’histoire d’une longue enquête contre l’amnésie. Enquête au jour le jour, pour retrouver des témoins, les familles des victimes, pour faire parler les historiens, pour reprendre les informations dans les journaux de l’époque, dans les archives et autres centres de documentation afin de reconstituer au mieux le déroulement de ce drame mais aussi pour comprendre comment ce mensonge d’Etat a si bien fonctionné. Avant que les derniers témoins ne disparaissent, il est temps que l’histoire de ce massacre sorte de l’oubli !
http://www.cca-paris.com/index.php?option=com_content&view=article&id=539:projection-de-qles-balles-du-14-juillet-1953q&catid=38:projectionskalila&Itemid=73
MO2014- Messages : 1287
Date d'inscription : 02/09/2014
Re: Algérie 1830-1962
.IMO2014 a écrit:Projection de " Les balles du 14 juillet 1953", un film de Daniel Kupferstein
La projection sera suivie d’un débat.
Vendredi 31 octobre 2014 à 19H00 au Centre Culturel Algérien à Paris
Il y a près de 61 ans maintenant, le 14 juillet 1953, un drame terrible s’est déroulé en plein Paris.
Au moment de la dislocation d’une manifestation en l’honneur de la Révolution Française, la police parisienne a chargé un cortège de manifestants algériens. Sept personnes (six algériens et un français) ont été tuées et une cinquantaine de manifestants ont été blessés par balles. Un vrai carnage.
Ce qui est troublant avec ce fait dramatique, c’est que cette histoire est quasiment inconnue. Pratiquement personne n’est au courant de son existence. C’est comme si une page d’histoire avait été déchirée et mise à la poubelle.
Le département de ST DENIS possède des archives..à connaitre
On trouve sue leur site un papier assez"équilibré
http://archives.seine-saint-denis.fr/Un-massacre-oublie.html
Dommage de vouloir des raccourcis avec l'Histoire;Dans les jours qui suivent, l’émotion est intense ; la presse s’indigne, comme par exemplel’Humanité, ou au contraire voue aux gémonies les Algériens agresseurs des forces de l’ordre : le Figaro du 15 juillet dénonce les communistes et les Algériens respectivement responsables et initiateurs des affrontements. Le PCF, tout en taisant les revendications indépendantistes des messalistes, invite à un meeting le 21 juillet au Cirque d’Hiver qui remporte un franc succès.
Le même jour, les corps des victimes algériennes sont transportés à la mosquée de Paris pour une cérémonie religieuse tandis que rue Duhesme, au local de la section du PCF à laquelle appartenait Maurice Lurot, une chapelle ardente est dressée en hommage aux sept victimes de la répression policière. Le lendemain, leurs corps sont exposés à la Maison des Métallos avant l’enterrement de Maurice Lurot au cimetière du Père-Lachaise et le transfèrement des corps des Algériens vers l’Algérie.
EN juillet 53, Messali Hadj ..est en minorité au sein du MTLD
Et , personne en France ou en Algérie , en tant qu'orga représentativ, n'avance le mot d'ordre d'indépendance.
.
C'est seulement 20 jours avant la" Toussant Rouge" du 1 novembre 54 que les dirigeants du CRUA clandestin rédigèrent le communiqué qui appelait à e la lutte armée pour l'indépendance nationale ...
Wikipedia confirme cette division entre ALGERIENS en 53
L preuve de cette confusion, de ces divergences profondes, ce document de ..54..!
Après le Congrès de 1953, un conflit opposa Messali Hadj à la Direction du Parti. En dépit des efforts des « neutralistes » dont Amir, Benhabilès, Boulahrouf, Mahsaset Radjef et leur « Appel à la Raison », la scission entre centralistes et messalistes devint définitive en août 1954.
Les centralistes et les neutralistes rejoignirent le Front de libération nationale peu après le déclenchement de la guerre d'indépendance algérienne le 1er novembre 1954. Abandonné, Messali Hadj forma son propre parti, le Mouvement national algérien contre lequel le FLN mena une lutte sans merci. Après quelques années, le MNA disparut complètement et Messali Hadj finit sa vie en France.
http://www.fondationmessali.org/Crise%20du%20PPA-MTLD%202%20CC.html
Il faut acter que le FLN et pas mal d'historiens algériens ont tendance à gommer ce qui appartient à un passé deLUTTES..qu'il ne controlait pas..et dont les dirigeants furent par la suite liquidés par leFRONT....
.
Comme l'histoire de l'URSS, "officille" écrite par Staline a consisté à gommer , voiire à salir tout qui fut à mettre à,l'actif des"troskistes, des S.R etc..., le 14 juillet 53 a effectivement sombré dans un oubli quasi général..
Les luttes fratricides entre Algériens , la position ambigue duPCF sur les questions coloniales...ne pouvaient guère "aider" à ce que ce massacre soit de"notre" mémoire collective de militants...
Alors certes,et heureusement, l'initiative que tu signales est là pour "rectifier" un peu
Mais surtout pour que nous tirions expérience de ce que peut engendrer le fait d'oublier que la" Vérité est révolutionnaire"
Pas seulement parce qu'en russe, VERITE se traduit par......"Pravda"
A.C
A.C33- Messages : 84
Date d'inscription : 18/07/2014
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