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Front national - Page 24 Empty voix de Le pen sont rurales

Message  Babalu Mer 25 Avr - 11:28

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Message  sylvestre Jeu 26 Avr - 14:52

Je ne suis évidemment pas d'accord avec l'orientation sur le Front de Gauche, mais cette article pointe une idée intéressante : plus les organisations ouvrières sont présentes, moins le FN est fort.

http://www.placeaupeuple2012.fr/depuis-2002-l%E2%80%99extreme-droite-recule-dans-les-villes/

Depuis 2002, l’extrême droite a reculé dans les villes

Posté le 25 avril 2012 par Place au Peuple dans S'INFORMER
 

Dimanche soir nous avons pris un coup au moral. Mais passé l’effroi bien entretenu par les médias, regardons plus en détail de la percée de l’extrême droite. Par Hendrik Davi.

2007 a vu un siphonnage en règle de l’électorat FN par Sarkozy, donc pour analyser la progression des idées FN, il faut comparer 2002 et 2011. Or le succès du FN et de ses idées est plus relatif que les médias ne le disaient hier soir, au moins en pourcentage.

En effet en 2002 il y avait 2 candidats d’extrêmes droites (le Pen et Megret), nous l’avons un peu vite oublié, il y avait aussi Chasse, Pêche, Nature et Tradition qui avait capté dans certains endroits le vote FN.

Par la suite, je ne tiendrais compte que de le Pen et Megret. Regardons juste les chiffres : au niveau national en 2002, l’extrême droite fait 16.86+2.34 soit 19.2% (sans compter le 4.23% de CPNT), la gauche radicale (extrême gauche +PCF) totalisait 13.81. En 2012, le FN totalise 17.9% (soit un recul de 1.3%) et la gauche radicale 12.81 en recul seulement de 1% alors même que la droite étant au pouvoir le vote PS est mécaniquement plus fort.

Comme la participation est bien plus forte, évidemment en nombre d’électeurs le FN progresse et on ne peut que s’inquiéter de ce résultat. Mais il masque de profonds changements. En effet, le FN recule fortement dans les grandes villes et les banlieues ouvrières où il est même souvent derrière le FdG. L’extrême droite chute de plus de 5 points à Lyon, Toulouse, Montpellier et Nice et 4 points à Lille, Paris et Marseille. Sur 15 grandes villes, le FdG est devant le FN en 2012 dans 10 d’entre elles. Et sur 5 villes de banlieues aux quartiers dits chauds (Grigny, Vaux en Velin, St Denis, la Courneuve et Aubervilliers), l’extrême droite passe de 20.63% en 2002 à 11.88% en 2012. Dans ces villes le FdG fait en moyenne 20,5% soit près de 10 points devant le FN.

Front national - Page 24 Ville-FN
Front national - Page 24 Ville-FN-bis

Le FN ne progresse pas vraiment dans ces bastions de l’est qui vont du Gard à la Moselle, par contre il progresse fortement passant de 10 à 15% dans les départements ruraux de l’ouest où avant il était faible (Dordogne, Cantal, Landes, Charentes..).

Le FN régresse donc là où il existe un tissu social et militant. Loin de moi de nier le danger FN, nous sommes conscient que dans un capitalisme en crise, une course de vitesse est engagée entre la gauche de transformation sociale et le FN. Le FdG a donc eu raison d’en faire un thème de campagne. Le PS et la gauche caviar (je pense au Nouvel Obs) ont eu tort de faire de Mélenchon le perturbateur qu’il fallait décrédibiliser en en faisant un « homme du système ».

De plus, depuis 2007, l’UMP popularise et crédibilise les idées du FN. La souffrance sociale, le chômage, la baisse du pouvoir d’achat, la disparition des services publics, sont autant d’éléments qui auraient pu encore plus faire augmenter le FN. Finalement dans cette course de vitesse, il semble qu’on ait même marqué des points là où l’on a fait des meetings et une campagne dynamique : dans les grandes villes. Donc si le score élevé du FN nous rappelle les enjeux de la période, on peut se dire que la reconquête des classes populaires a commencé. Il va aussi maintenant falloir que le FdG s’intéresse à ces petites communes et ses territoires ruraux, même dans ces zones rien n’est acquis pour le FN comme le montre le bon score du FdG dans certains villages des Alpes de Haute Provence ou de la Drôme.

Cette reconquête ne pourra se poursuivre que si nous restons indépendants et autonomes vis à vis du PS (pas de soutien à un gouvernement social-libéral) et que nous développons la lutte contre l’Europe libéral en renforçant nos syndicats.

Dans la rue le premier mai, dans les urnes pour les législatives, nous devons continuer à renforcer le FdG.

On lâche rien !





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Message  ForceRouge Jeu 26 Avr - 15:29

Pour info, trouvé sur Bellaciao :

Le score du Front National en trompe l’œil
de : Nicolas Beaujouan
jeudi 26 avril 2012 - 14h56

Sarkozy court ventre à terre à la poursuite des électeurs et électrices de Marine Le Pen, Hollande de son coté n’est pas en reste, lui aussi drague les partisans de l’héritière. Le PS est certes beaucoup plus subtile, mais reste qu’un discours de fond bien désagréable transparaît. En effet, de Montebourg en passant par Royal, un malaise s’installe après leurs interventions sur le consensus national sur l’immigration ou bien le vote des résidents étrangers aux élections locales. Le concours de danse du ventre est ouvert, chacun dans son genre essaie de séduire, avec ou sans voile.

Mais cette pêche aux frontistes est-elle vraiment nécessaire ? Marine Le Pen, est-elle vraiment une faiseuse de roi comme tout les éditocrates l’affirment ? La progression de l’élue locale du Pas de Calais est-elle si importante qu’elle justifierait de brader la dignité de la démocratie ?

Répondre à ces questions nécessite de revenir sur les résultats des élections présidentielles depuis 1988. Premièrement, il appert que les résultats de 2007 sont une anomalie de l’histoire politique récente. Et que toute comparaison avec cette élection conduit à une sur-interprétation des résultats de 2012.

Ainsi, depuis 1988 le Front National est à un haut niveau, avec Le Pen père puis fille, qui atteint 14,38%, 15% en 1995 puis 16,86% en 2002, avant de redescendre à 10,44% en 2007, pour remonter enfin à 17,9% en 2012. Exception faite de 2007, on assiste donc à une progression constante, mais pour autant elle n’est pas vraiment fulgurante, puisqu’elle correspond à seulement +3,52 points en en 24 ans. Un score inquiétant certes, important pour l’extrême droite française en effet, et historique pour le Front National bien entendu. Mais revenons plus précisément sur les résultats de la droite de droite, cette droite de l’extrême et des traditions sur cette même période, pour remettre ces scores en perspective.

En 1988, Jean-Marie Le Pen, seul candidat à droite de J. Chirac et R. Barre, réussit une premier bon résultat avec 14,38% des voies et 4 376 742 électeurs-trices. En 1995, outre Jean Marie Le Pen qui convainc 4 571 138 personnes, Philippe de Villiers était aussi candidat pour ce camp, il totalise alors 4,75% et 1 443 235 voies. Soit un total de 6 014 373 voies sur les 39 992 912 électeurs et électrices appelé-e-s aux urnes et 19,75% des voies. En 2002, Jean-Marie Le Pen, une nouvelle fois candidats rassemble sur son nom 16,86% des voies, Bruno Mégret, dissident FN, trouve 2,31% d’électeurs et électrices pour voter pour un programme d’extrême droite très dure. Enfin, cette même année, Christine Boutin, la candidate catholique traditionaliste et homophobe, atteint 1,19 %. Ce qui fait pour la droite extrême un total de 20,36% des voies et donc 5 810 972 votants et votantes. En 2007, Jean Marie Le Pen et Philippe de Villiers atteignent à eux deux 12,67% des voies, et 4 652 937 électeurs-trices. Cette année, fait unique depuis 1988, la droite extrême et traditionaliste n’avait qu’une seule représentante, un événement rare que personne ne met en avant, et qui pourtant n’est pas à minimiser car il explique en partie le score de Marine Le Pen, qui s’élève à 17,9%.

Score de la droite extrême aux élections présidentielles 1988 = 14,38% ; 1995 = 19,75% ; 2002 = 20,36% ; 2007 = 12,67% ; 2012 = 17,90% ;

Ainsi, si le score de cette droite est très haut, il est tout de même en recul par rapport, non seulement à 2002, mais aussi par rapport à 1995. Le score de Marine Le Pen, ne peut donc pas être considéré comme une exception, et encore moins comme une progression dangereuse de ce courant, qui avait été en grande partie phagocyté par N. Sarkozy en 2002, et qui n’a pas été totalement perdu par ce dernier. La disparition relative du courant en 2007 fut donc artificielle, et ne peut donc pas être un point de comparaison pertinent. À mon sens, il est plus intéressant de comparer les chiffres de 2012 avec ceux de 2002. En ce cas, la baisse des scores de ce courant est de 2,46 points. Si l’on ramène cette comparaison en nombre de voies, la comparaison, perd un peu de son sens, car le taux de participation vient pervertir sa pertinence, mais pourquoi pas. Ainsi, si 5 810 972 personnes avaient voté pour ce courant en 2002, 6 421 802 l’ont fait cette année, soit 613 830 électeurs-trices supplémentaires. C’est beaucoup, cependant cette progression en voies ne peut pas devenir un argument pour accréditer une progression globale du courant, cela s’explique pour deux raisons. D’une part, par une participation en net progrès entre 2002 et 2012 (+7,51 points), mais aussi par le fait que le nombre d’inscrit-e-s sur les listes électorales s’est étoffé de 4 845 695 personnes. Ces effets cumulés, permettent même de dire que l’électorat du FN et de la droite extrême progressent moins vite que le gonflement de l’électorat français.

Un autre argument, vient aussi minorer les résultats de Marine Le Pen, celui du nombre de départements plaçant l’extrême droite en tête. En 1995 Jean-Marie Le Pen, s’imposait dans 7 départements, puis dans 34 départements en 2002, et aucun en 2007. En 2012, Marine Le Pen s’impose dans le seul département du Gard. Si l’on étudie les résultats dans ces départements, qu’on considère à tort parfois comme des « fiefs » de l’extrême droite, on remarque par exemple que si Marine le Pen fait toujours 25,51% des voies dans le Gard, son père associé à B. Mégret et Ch. Boutin en 1995 et dans ce même département, totalisaient 28,91% des voies (-3,4 points). Ce qui démontre que cette droite régresse y compris dans ses « fiefs ».

Ces éléments étant exposés, nous pouvons tenter répondre aux questions de l’introduction. On peut penser que la progression de Marine Le Pen est une illusion qui lui sert à bousculer la droite parlementaire, pour éventuellement pousser à une reconfiguration de celle-ci à son avantage. Donner trop d’importance à ce vote c’est conforter cette illusion et entrouvrir la porte à une droitisation extrême. Quand Hollande et Sarkozy cherchent à conquérir les électeurs-trices du FN sur leur terrain idéologique, ils peuvent cautionner une politique xénophobe et dangereuse comme l’avait fait Laurent Fabius en son temps (les bonnes questions mais de mauvaises réponses). Il serait plus efficace de démonter un à un les propos ineptes de MLP pour lui couper l’herbe sous le pied, en d’autres termes de faire enfin de la politique. À ce titre, la proposition d’accorder le droits de vote aux résidents étrangers extra-européens aux élections locales est une mesure on ne peut plus emblématique. Si le PS renonce ou minimise c’est qu’il aura renoncé encore une fois à mener le combats des idées, et dans ce cas, non seulement une défaite électorale sera envisageable, mais on assistera à une victoire idéologique du FN, ce qui est peut-être bien plus grave encore. Quant à Nicolas Sarkozy, en imitant Marine Le Pen, il creuse lui même sa tombe, l’original sera toujours préféré à la copie et il légitime le discours racisant et islamophobe de MLP. Doit-on regretter que Sarkosy contribue à faire imploser l’UMP ? Non peut être pas à courtes échéance. Mais qui en profitera ? La gauche, la gauche de gauche ou le FN ? Seul l’avenir nous le dira et notre combat pour une gauche radicale et unie permettra de faire gagner notre camps.

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Message  verié2 Jeu 26 Avr - 15:53

Le score du Front National en trompe l’œil
de : Nicolas Beaujouan
J'avais remarqué aussi que le FN n'a pas percé dans nombre de villes de traditions ouvrières et communistes. Néanmoins, cette analyse me semble un peu trop optimiste.
Car le phénomène le plus significatif de ces élections, c'est tout de même la poussée de l'extrême droite, face à Sarkozy qui reprend les mêmes thèmes, une stagnation de la gauche de la gauche et à un PS hyper modéré.

De plus, les résultats du FN ne doivent pas masquer un phénomène encore plus inquiétant: la reprise de son "programme" xénophobe, islamophobe par l'UMP, c'est à dire par la droite dite "traditionnelle" et "républicaine". Même si la barrière entre droite et FN n'a jamais été étanche, on n'avait jamais été si loin dans l'osmose. Jamais non plus on n'avait vu une telle banalisation du FN par les médias, avec des reportages sur des militant(e)s sympas du FN, des gens modestes, comme tout le monde.

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Message  yannalan Jeu 26 Avr - 17:39

Suffit de choisir ses villes ouvrières pour dire ce qu'on veut. Va voir les résultats des communes PCF des Bouches-du-Rhône ou du Pas de Calais...

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Message  Marco Pagot Jeu 26 Avr - 19:00

yannalan a écrit:Suffit de choisir ses villes ouvrières pour dire ce qu'on veut. Va voir les résultats des communes PCF des Bouches-du-Rhône ou du Pas de Calais...

Exact.

Le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs... on lui fait dire c'que l'on veut !
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Message  verié2 Jeu 26 Avr - 19:05

yannalan a écrit:Suffit de choisir ses villes ouvrières pour dire ce qu'on veut. Va voir les résultats des communes PCF des Bouches-du-Rhône ou du Pas de Calais...
Certes, mais en tout cas, le FN semble avoir été mis en échec dans les communes "ex rouges" de la banlieue parisienne.

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Message  yannalan Jeu 26 Avr - 19:27

Certes, mais il n'y a pas que ça en France... Ici à Lanester et Hennebont, les deux bastions historiques PCF, les deux sont proches (JLM et MLP).

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Message  nico37 Ven 27 Avr - 0:46

Montée du FN : " Les gens en ont vraiment marre ! " 24/04/2012

Les chiffres claquent. Sur le canton de Mennetou-sur-Cher, six des huit communes rurales ont placé Marine Le Pen en tête du vote. Tentative d’explication.

Sur le canton, la candidate frontiste frôle les 28 %. Une première.

Il pleuvait dur, hier matin sur les communes de Villefranche-sur-Cher et de Mennetou-sur-Cher. Un gros chagrin ? La veille, la candidate frontiste a raflé la mise sur six des huit communes du canton rural. Châtres-sur-Cher, Langon, Mennetou-sur-Cher, Saint-Julien-sur-Cher, Saint-Loup-sur-Cher et Villefranche-sur-Cher l'ont ainsi placée en tête (avec 27,81 % des voix pour l'ensemble du canton contre 17,09 % en 2007). Les communes de Maray et de La Chapelle-Montmartin, elles, l'ont élue en deuxième position derrière le président sortant. Vote d'adhésion ? Vote de contestation ?

Au Pupitre, le tabac-presse de Villefranche-sur-Cher, un instituteur retraité voit dans ces chiffres la trace d'un grand ras-le-bol. « Tout le monde se rend compte qu'on est dans le caca. Les gens en ont vraiment marre ! », lance-t-il en payant son journal. Quelques minutes plus tard, une femme en quête notamment de jeux de grattage poursuit : « Y'a plein de mécontents. Même s'il y a d'autres façons de le montrer… » D'autres sont moins surpris. S'attendaient même à des scores plus élevés encore, autour de 22 %. Pour ces deux hommes rencontrés sur le pas de la porte, c'est un vote de contestation.
L'un des adjoints au maire de La Chapelle-Montmartin, lui, ne comprend pas. « Je ne vois pas bien ce qui peut pousser les gens à voter ainsi. On n'a pas l'impression de découvrir ou de provoquer des situations pouvant mener à ça. »
Le maire de Villefranche, Joël Auger, « assez surpris », avance une explication. « Autrefois, on votait blanc, aujourd'hui, on vote Marine Le Pen. Il y a aussi un grand mécontentement par rapport aux candidats principaux. » Ce maire à la sensibilité écologiste revendiquée s'étonne cependant de l'homogénéité du canton dans ce vote. « Il a cette difficulté de la vie. Il nous manque de l'emploi… »
A Mennetou aussi, autour du zinc du café Le Paris, la discussion tourne autour du sujet. « En prenant le journal ce matin, je ne m'attendais pas à ça », lance une dame. Un monsieur qui prépare son tiercé est moins surpris : « C'est normal. Dans 5- 6 ans, elle sera en tête de la droite. Elle défend les couleurs de la France. J'ai voté Sarkozy mais j'ai un peu hésité ». Sur les bords du canal du Berry, le premier tour de la présidentielle a fait bouger les lignes. Plus à droite.

SAVIGNY " Le score du FN, on ne se l'explique pas ! "

Contactés hier, pas plus Michel Saulière, maire UMP de Savigny que Bernard Bonhomme, maire de Sougé et conseiller général, ne s'expliquent le très bon score de Marine Le Pen. La candidate du FN arrive en seconde position sur le canton (24,88 %) et recueille à Sougé, 88 voix contre 86 à Nicolas Sarkozy et 72 à François Hollande.
« Je suppose qu'un sentiment d'injustice y est pour beaucoup dans ce fléchissement régulier des électeurs de centre droite vers le FN déjà constaté aux cantonales. Même avec un canton avec un taux de chômage pourtant inférieur à la moyenne nationale ! », confie Michel Saulière.
Bernard Bonhomme se déclare lui « désagréablement surpris par cette première » et avance comme début d'explication « un pessimisme ambiant qui a conduit les gens à être fortement mobilisés pour un vote de protestation à l'égard du président sortant. Mais pour le second tour rien n'est joué… »

La chasse aux voix du Front national Jean-François Minot 24/04/2012

Cantons de Neung-sur-Beuvron (25,54 %), de Selles-sur-Cher (25,15 %), de Droué (25,37 %), d'Ouzouer-le-Marché (24,95 %), de Savigny-sur-Braye (24,88 %), de Mennetou (27,81 %) avec une première place devant Nicolas Sarkozy : Marine Le Pen a effectué en Loir-et-Cher une percée importante qui la propulse à 20,88 %. Des résultats obtenus en milieu rural mais pas seulement puisqu'elle enregistre une hausse dans les trois grandes villes du département : 15,70 % à Blois (9,33 % en 2007), 22,02 % à Romorantin (14,76 % en 2007) et 15,86 % à Vendôme (10,23 % en 2007).
Le Front national s'ancre donc en Loir-et-Cher avec une hausse de 8 % environ entre le père et la fille. A droite et à gauche, à la lecture des résultats, chacun s'interroge sur les raisons de ce vote et préfère y voir l'expression d'une souffrance et d'un malaise au quotidien, espoir d'un report des voix.
Pascal Usseglio, secrétaire départemental du PS analyse : « Il ne faut pas associer le vote du FN à un vote de droite. C'est un vote de désespoir et c'est en ces termes qu'il nous interpelle. L'un de nos arguments est que dans le programme de François Hollande, les politiques seront des citoyens comme les autres, justiciables comme les autres et que nous limiterons le cumul des mandats. Les électeurs qui ont glissé un bulletin Le Pen dans l'urne n'appartiennent pas tous à l'extrême droite. A ces électeurs, François Hollande fait des propositions. Parce que c'est pour ces Français-là que nous nous battons, ceux qui souffrent. »
L'appel est clair, tout comme l'est celui lancé par Patrice Martin-Lalande (UMP) dimanche soir : « Les électeurs de Marine Le Pen, tout comme ceux de l'extrême gauche manifestent une grande souffrance, des difficultés au quotidien et des craintes pour l'avenir. Et le plus apte à répondre à cette souffrance, à mieux protéger la France et à faire évoluer l'Europe face à la crise, c'est Nicolas Sarkozy. »
Gauche-droite, Alain Retsin, secrétaire FN de la circonscription de Romorantin, les renvoie dos-à-dos. « Le FN sera l'arbitre, hélas, entre une droite qui a mis la France dans une situation catastrophique et une gauche dont on a vu les conséquences sous l'ère Mitterrand avec l'attentat des finances de la France avec les 35 heures de Martine Aubry. »
Deux semaines avant le second tour, la chasse aux voix du FN ne fait que commencer. Et la traque risque d'être longue.

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Message  sylvestre Ven 27 Avr - 11:28

Une analyse de Denis Godard : Contre le danger fasciste, ni déni ni panique - mais il y a urgence.
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Message  Babel Ven 27 Avr - 12:01

sylvestre a écrit:Une analyse de Denis Godard : Contre le danger fasciste, ni déni ni panique - mais il y a urgence.
Je trouve cette analyse excellente, lucide et claire dans la définition des tâches.

Babel

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Message  verié2 Ven 27 Avr - 12:35

sylvestre a écrit:Une analyse de Denis Godard : Contre le danger fasciste, ni déni ni panique - mais il y a urgence.

Denis Godard
Lorsque le NPA a contacté toutes les forces de gauche, partis, associations et syndicats à une réunion unitaire pour organiser une riposte au meeting final du FN au Zénith de Paris avant le premier tour des présidentielles, aucune n’a même pris la peine de répondre (à l’exception - désabusée - du MRAP, du PIR et de Sud-étudiant). La mobilisation qui aura lieu finalement à l’appel du Forum social antifasciste le 17 avril [4]ne regroupera que 300 personnes quand le Zénith fait salle comble
Je ne suis pas du tout convaincu de l'opportunité de cette initiative qui a abouti à une démonstration de faiblesse. Soit on était capable d'interdire le Zenith au FN, ou au moins de cerner la salle par des foules de manifestants qui en auraient rendu difficile et honteux l'accès, soit mieux valait ignorer ce meeting.

Sinon, le problème essentiel reste d'être capable de proposer une véritable alternative en dehors et contre le système. Visiblement, Mélenchon n'est pas apparu auprès de nombre de gens modestes et d'ouvriers comme le porteur de cette alternative. Sans doute parce que c'est un ancien ministre, sénateur et que beaucoup de gens comprennent que son objectif réel est d'obtenir un compromis du PS pour qu'il lui fasse plus de place.

verié2

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Message  sylvestre Ven 27 Avr - 13:00

verié2 a écrit:
sylvestre a écrit:Une analyse de Denis Godard : Contre le danger fasciste, ni déni ni panique - mais il y a urgence.

Denis Godard
Lorsque le NPA a contacté toutes les forces de gauche, partis, associations et syndicats à une réunion unitaire pour organiser une riposte au meeting final du FN au Zénith de Paris avant le premier tour des présidentielles, aucune n’a même pris la peine de répondre (à l’exception - désabusée - du MRAP, du PIR et de Sud-étudiant). La mobilisation qui aura lieu finalement à l’appel du Forum social antifasciste le 17 avril [4]ne regroupera que 300 personnes quand le Zénith fait salle comble
Je ne suis pas du tout convaincu de l'opportunité de cette initiative qui a abouti à une démonstration de faiblesse. Soit on était capable d'interdire le Zenith au FN, ou au moins de cerner la salle par des foules de manifestants qui en auraient rendu difficile et honteux l'accès, soit mieux valait ignorer ce meeting.

La faiblesse actuelle du mouvement antifasciste n'avait pas besoin d'être démontrée.
De ce point de vue ne pas appeler, ne pas participer à cette manifestation n'apportait rien de positif. Ce qui en revanche avait besoin d'être démontré, et que cette manifestation a démontré, c'est qu'il existe au moins quelques organisations, quelques centaines de militants, qui sont prêts à protester quand un meeting fasciste rassemble des milliers de personnes beuglant "on est chez nous !" encouragés par leur führerin :"vous avez le droit de ne plus vouloir de ces franco-algeriens (comme Mohamed Merrah), de ces franco-angolais comme....".

Ce noyau peut tout à fait s'adjoindre d'autres organisations et de très nombreux soutiens, surtout après que le premier tour est rappelé l'importance du danger, et que la stratégie du FdG a montré ses limites.
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Message  yannalan Ven 27 Avr - 13:15

Ce qui est délirant, c'est l'absence de militants... MLP arrive à faire faire du 15% à une candidate aux cantonales dans un quartier populaire s&ans y mettre les pieds, sans même mettre sa photo à elle et sans militants sur place ! Maintenant je pense que dans les zones de force où elle fait du 30%, elle doit commencer à en avoir.
On peut comparer la visite du père à Gardanne en 1993 où il se fait lourder avec les 27% de sa fille en tête dans cett emairie PCF.

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Message  fée clochette Ven 27 Avr - 19:56

http://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post%2F2012%2F04%2F27%2FIl-faut-cesser-de-victimiser-le-FN-et-ses-electeurs

Il faut cesser de victimiser le FN et ses électeurs

C’est un fait, avec 6,4 millions de voix Marine Le Pen vient d’obtenir presque 18 % des suffrages exprimés au 1er tour de l’élection présidentielle. Mais cela ne justifie pas qu’elle occupe le centre des commentaires de la vie politique, ni que l’on victimise ses électeurs comme beaucoup s’y emploient depuis quelques jours.
D’abord ce score n’est pas le « coup de tonnerre » que certains prétendent, montrant qu’ils ont la mémoire courte. Jean-Marie Le Pen avait fait 14% aux élections présidentielles de 1988, 15% en 1995 et presque 17% en 2002 avec 4,8 millions d’électeurs, arrivant en deuxième position de l’élection un certain 21 avril (et augmentant encore son score au deuxième tour avec près de 18% des suffrages exprimés et 5,5 millions d’électeurs). De ce point de vue, 2007 apparaît comme une exception et 2012 comme la suite d’une dynamique enclenchée depuis le milieu des années 1980. Progression, certes, mais certainement pas coup de tonnerre.

Ensuite, s’il est évident que la stratégie électorale de Marine Le Pen a consisté à tenter de « dédiaboliser » son parti, nous ne sommes pas obligés de faire nôtre cette stratégie ! Faut-il rappeler que, le 27 janvier dernier, la présidente du FN était invitée à Vienne par le FPÖ, le parti autrichien d'extrême-droite, qu’elle y a rencontré le théoricien néo-nazi Martin Graf et qu’elle y a participé au bal des corporations pangermanistes à la table du leader de ce parti, Heinz-Christian Strache ?! On conseillera à ceux qui ont là aussi la mémoire courte de se procurer le livre de Claire Checcaglini paru le 27 février dernier : Bienvenue au Front. Journal d'une infiltrée. Pour faire ce livre, la journaliste a intégré anonymement la fédération des Hauts-de-Seine du Front national pour voir comment fonctionnait ce parti. Elle montre que la xénophobie et l’islamophobie sont le ciment du militantisme FN, et que le racisme et l’antisémitisme n’y ont jamais totalement disparu. Alors de grâce ne tombons pas dans le panneau ! La façade a été repeinte, mais à l’intérieur le FN reste le FN. On comprend que l’héritage idéologique soit encombrant (le pétainisme, l’Algérie française...) et il est probable qu’une partie des électeurs l’ignorent, mais il est toujours présent dans le parti politique.

Les électeurs du FN n’ont pas le monopole de la souffrance !

Enfin, il n’y a aucune raison de victimiser les électeurs du FN pour mieux justifier de les courtiser en les caressant dans le sens du poil. Ce discours dominant dans l’espace politico-médiatique de ces derniers jours est insupportable. Les électeurs du FN n’ont pas le monopole de la souffrance ! Ce n’est du reste pas chez les chômeurs que Marine Le Pen a fait ses plus gros score mais chez les ouvriers et les artisans-commerçants. Et quand bien même elle fait 30 % chez les ouvriers, 70 % de ces derniers n’ont donc pas voté pour elle. La crise ne justifie pas que l’on devienne raciste, pas plus que le fait d’avoir été victime d’un acte de délinquance. Il faut au contraire combattre résolument ce genre d’amalgames et de pseudo-explications. Combattre sans répit et avec la plus grande détermination la stratégie du bouc-émissaire qui est celle de l’extrême droite depuis la fin du 19ème siècle. C’était autrefois la faute aux « métèques » italiens ou polonais, c’est aujourd’hui la faute « aux Arabes et aux Noirs ». Le fond du discours n’a jamais changé.

Pour conclure, il faut également dire et redire que si le discours du FN se banalise, c’est aussi parce qu’il a été servi avec une remarquable constance par celui de l’UMP et tout particulièrement par Nicolas Sarkozy et son entourage. Qui a fustigé l’Islam sans relâche, faisant voter des lois sur le voile et la burqa ? Qui a lancé le prétendu « grand débat » sur l’identité nationale, qui a servi surtout d’exutoire à l’islamophobie ? Qui nous a expliqué sans cesse, depuis un certain discours de Grenoble en juillet 2010, qu’il y avait un problème majeur en France avec la « délinquance des Roumains » ? Qui est revenu de Marseille en expliquant qu’il y avait un problème particulier de violence avec l’« immigration comorienne » ? Qui nous a expliqué que « toutes les civilisations ne se valent pas » ? On en passe et des meilleurs. Comment imaginer que ce véritable matraquage n’est pour rien dans la peur et le rejet qui s’expriment à travers un vote FN qui atteint ses plus hauts niveaux dans des villages et des petites villes où l’on ne croise quasiment aucun « immigré » ni aucune femme portant un voile ? Nicolas Sarkozy et son entourage portent une responsabilité majeure dans la réussite au moins partielle de la stratégie de dédiabolisation du FN. Face aux adeptes du bouc-émissaire immigré-musulman, tous les humanistes et tous les progressistes doivent s’unir pour dénoncer ces conceptions régressives de la nation et de la citoyenneté françaises, pour pourfendre l’hypocrisie de ces discours soi-disant devenus respectables et pour marteler que c’est d’abord et avant tout dans les mécanismes d’exclusion économique, sociale et scolaire que se trouvent les racines des principaux problèmes de la société française.

Laurent Mucchielli, sociologue
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Message  sylvestre Ven 27 Avr - 23:43

Vote FN, vote économique ?
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Message  nico37 Sam 28 Avr - 3:14

Faire Front contre Front avril 25, 2012

Le verdict des urnes est tombé. Cela nous laisse le temps de souffler mais aussi de nous attaquer à de nouveaux projets. Je commence par lancer ce nouveau blog. Il s’appelle “ligne de front”. C’est mon camarade Nathanaël Uhl qui m’a soufflé ce titre. Il me plait beaucoup. Nous vivons une période de crise sans précédent. Le monde que nous connaissons est en train de disparaitre. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Mais une chose est sûre l’avenir sera fonction de nos choix politiques, de la justesse de notre orientation. Nous sommes en course de vitesse avec l’extrême-droite à qui déterminera l’issue finale de la crise. A la fin ce sera entre eux et nous. Front de Gauche contre Front National. Je m’expliquerai plus longuement dans un prochain article sur cette question. Je dois d’abord apprendre à maitriser la création de ce blog d’un point de vue technique.

Pour commencer, je vous propose l’analyse faite à chaud des résultats du premier tour des présidentielles. Je l’ai écrite le lundi matin au réveil. Tout cela mérite d’être affiné, débattu, comparé.

Vendredi 20 avril passé minuit, les dernières affiches collées, je me suis couché avec le sentiment du devoir accompli. Nous avons mené campagne jusqu’au bout pour la répartition des richesses, pour la souveraineté populaire et pour la planification écologique. Nous avons soulevé ces derniers mois des vagues puissantes d’espoir et de fraternité. 120 000 citoyens à Bastille, 120 000 camarades à Marseille, 60 000 partisans à Versailles… Personne ni à gauche ni à droite n’a une telle capacité de mobilisation autour d’un projet politique. Nous devons en tirer un premier enseignement : le Front de Gauche est désormais l’outil politique des forces vives de ce pays. Ceux et celles qui luttent dans leurs usines, dans leurs quartiers se rassemblent pour la grande majorité derrière le beau drapeau du Front de gauche.

Dès lors le Front de Gauche est une force incontournable. Nous venons de clôturer cette séquence politique par une progression plus que conséquente. Nous avons plus que doublé notre audience. On nous donnait à 3% au début de la campagne. Nous sommes à 11, 7%. Nous sommes désormais la seconde force à gauche. C’est le second enseignement à tirer au soir du premier tour.

Aussi nous pouvons entamer les nouvelles batailles qui s’annoncent à nous avec espoir et gravité. Plus que jamais le constat révolutionnaire qu’en période de crise, l’alternative est soit à la barbarie soit au socialisme est d’actualité. La bête immonde elle aussi a progressé. Elle améliore son score de 2002 alors que le taux de participation est nettement plus conséquent. Nous avions donc eu raison de concentrer nos coups sur l’extrême-droite. Nous l’avons fait le plus rationnellement possible, argument contre argument. Nous avons mis la lumière sur ce qu’était le Front National. Mais nous avons mené la bataille politique contre l’extrême-droite seul. C’est un autre enseignement à tirer de cette campagne. Nos concurrents sociaux-démocrates et Europe-écologistes préfèrent concentrer leurs coups sur la force de gauche qui monte plutôt que de travailler à sortir le fascisme des foyers. Ils préfèrent faire monter médiatiquement Marine Le Pen plutôt que de répondre aux arguments politiques du Front de Gauche.

La progression continue de l’extrême-droite en France ne doit pas cacher l’affaiblissement des droites en France. En comparaison par rapport à 2007, celles-ci sont en reculs. C’est un signal positif. Des fractions de plus en larges de nos concitoyens sont disponibles pour mener la bataille contre l’austérité, contre les politiques autoritaires et pour la répartition des richesses. Nous devons donc clore dignement ce cycle politique en battant Nicolas Sarkozy le 6 mai. Il est plus que nécessaire de battre la droite pour faire sauter une première digue. Sans hésitation mais sans illusion, je voterai pour le candidat de la social-démocratie. De la défaite de Nicolas Sarkozy dépend tout le reste.



Le premier mai nous serons regroupés derrière nos syndicats. Le Front de gauche prône la révolution citoyenne. Un pied dans les mouvements sociaux, un autre dans le combat des urnes, nous avançons sur nos deux jambes pour la transformation radicale de la société. Nous devons dans les luttes être les militants les plus disciplinés, être les meilleurs camarades, ceux sur qui on peut toujours compter. Dans les semaines, les mois à venir, nous allons devoir mener des batailles contre la finance. Tout est déjà planifié. Les capitalistes ont déjà prévu d’attaquer notre pays. La course à l’austérité va s’accentuer. Nous devons être prêts pour résister.

Nous n’avons cessé de répéter pendant toute cette campagne que nous vivions la saison des tempêtes. Le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui est en train de s’effondrer. Nous sommes en course de vitesse avec l’extrême-droite. Qui donnera l’issue définitive à cette crise sans précédent ? Nos deux fronts sortent renforcés de cette séquence. Nous avons soulevé les vagues, les forces vives de ce pays. Le F.Haine lui s’appuie sur un solide contingent de français apeurés, repliés et parfois xénophobes. Notre tâche politique la plus immédiate est de renforcer notre bel outil politique. Nous devons serrer les rangs derrière notre drapeau. Camarades sympathisants, il est temps d’adhérer, de prendre parti, de faire Front. Camarade déjà encarté, nous devons aller encore plus loin, passer la vitesse supérieure. Nous devons passer du Front de Gauche au Front du Peuple. Nous devons élargir notre base, passer à un dispositif d’adhésion directe. Le Front de gauche doit continuer les assemblées citoyennes. Nous devons continuer d’irriguer le pays par un matériel commun.

Maintenant nous devons faire front dans la clarté. Nous n’avons rien à faire dans un gouvernement social-démocrate. Nous souhaitons la défaite de Nicolas Sarkozy. Nous allons prendre notre part à ce combat. Point barre. Notre place sera au prêt de nos syndicats, au près du peuple pour résister au politique austéritaire. Nous devons renforcer notre outil. Nous devons renforcer le Front de Gauche. Du jour au lendemain, le système peut s’effondrer. Nous sommes prêts pour prendre les rênes de la grande bifurcation qu’attend notre temps.

Cette bataille sera un combat de classe sans précédent. Il faut dès maintenant mener le combat pour l’hégémonie culturelle. Le Front de gauche a réussi à se positionner comme la force centrale pendant ces élections. A gauche comme à droite, nos formules ont été reprises. Notre vocabulaire irrigue désormais toute la société. L’UMP parle de désobéissance européenne, de rattrapage fiscal, de changer l’orientation de la BCE. Le PS se prononce contre la finance, pour taxer plus fortement les riches, pour la revalorisation du SMIC … Bien entendu, tout cela n’est que des mots. Mais ce sont des mots qui légitiment notre combat, ce sont autant de digues qui sautent à chaque fois.

Nous devons maintenant continuer de pointer du doigt ceux et celles qui sont les responsables de nos misères. Plus que jamais nous devons dénoncer, attaquer les puissants, les ultras-riches, les traders, les banquiers, les financiers. Ceux-sont eux les responsables de la pagaille ambiante. Ils s’attaquent à notre pays. Bourdieu dans son magnifique petit livre « propos sur le champ politique » expliquait que la lutte politique était une lutte des classements. Quel classement de la société est légitime ? Quelle division de la société mobilise ? Sommes-nous noirs ou blancs, français ou étrangers, ou bien salariés contre ultra-riches ? Il faut marteler que l’ennemi c’est le riche et non l’immigré. Cette question est la clé de nos succès futurs. Ce sont les ultras-riches qui mettent à sac le pays. Ils ne l’aiment pas d’ailleurs ce pays puisqu’ils préfèrent se cacher à l’étranger comme les traitres qu’ils sont pour ne pas contribuer aux deniers de l’intérêt général.

Camarades, soyons fiers de notre Front de Gauche, soyons fiers de nos combats. Nous sommes l’avenir!

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Message  nico37 Sam 28 Avr - 13:09

Après le 1er tour de l'élection présidentielle - Déclaration de V.I.S.A

Le dimanche 22 avril 2012, les électeurs se sont fortement mobilisés à l'occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Ils ont exprimé leur exaspération face à la crise du capitalisme néolibéral et à la politique de Sarkozy et de son gouvernement. La droite au pouvoir est considérablement affaiblie puisqu'elle passe de 34,5 % en 2007 à 27,2 % en 2012.
Ce premier tour a bien été un référendum anti-Sarkozy. VISA se félicite de cet échec du candidat antisocial de l’UMP qui a tant fait pour banaliser les discours racistes et xénophobes du FN et souhaite que cet échec soit confirmé et amplifié au 2ème tour.

Malheureusement, le rejet de Sarkozy a aussi bénéficié à Marine Le Pen et au Front National. Avec 17,9 % des voix, soit 6 421 773 électeurs et électrices, Marine Le Pen réalise le score le plus élevé jamais réalisé par l'extrême droite dans ce pays. Elle fait mieux que Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002. Même s’il progresse chez les femmes, son électorat reste majoritairement masculin, ancré dans la petite bourgeoisie et les classes populaires (Marine Le Pen obtient 29 % du vote des ouvriers, 22 % de celui des employés). Au plan géographique, les zones de force du vote frontiste restent le nord-est et le littoral méditerranéen mais on peut observer une montée dans des régions comme la Bretagne et les Pays de Loire, ainsi que dans les zones rurales et périurbaines.

On peut donc parler d’un succès de Marine Le Pen, même si elle n’a pas réalisé son objectif d’être au second tour. Elle le doit d’abord à la stratégie de dédiabolisation qu'elle a mise en place ces dernières années. Ce premier tour de l'élection présidentielle de 2012 montre que la dirigeante du FN a réussi en grande partie à banaliser son parti, à faire disparaître l’accusation d'antisémitisme qui pesait sur lui notamment du fait des provocations de son père. Elle est parvenue à gagner de nouveaux électeurs en apparaissant un petit peu moins fermée sur le terrain des mœurs et surtout en s’emparant de thèmes économiques et sociaux qui sont aujourd'hui au cœur des préoccupations des Français. En même temps, elle a su revenir sur le terrain habituel de l’extrême droite dans les dernières semaines de la campagne : l'immigration et l’insécurité. C'est ce qui peut expliquer qu’elle a pu attirer à elle dans les derniers jours le vote d’électeurs qui pensaient s'abstenir.

Le score de Marine Le Pen lui permet donc de se poser en arbitre du deuxième tour de l'élection présidentielle et de peser sur les thèmes qui seront en débat dans la campagne de l’entre deux tours. D’ailleurs, le président sortant continue de s’approprier les thèmes et la radicalité si chère à l’extrême droite. Plus grave, il valide la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen en déclarant que celle-ci est compatible avec la République ce qu’aucun dirigeant de la droite n’avait fait depuis que le FN pèse sur la vie politique française.
Au-delà, Marine Le Pen et son entourage préparent déjà les élections législatives de juin avec deux objectifs : pouvoir constituer un groupe parlementaire à l'Assemblée Nationale en se maintenant au deuxième tour des élections législatives et faire éclater l'UMP. D'ores et déjà, Marine Le Pen entend s'affirmer comme la principale opposante au gouvernement de François Hollande si celui-ci est élu le 6 mai.

Notre association, qui regroupe des militants syndicaux de la CFDT, de la CGT, de la FSU et de Solidaires, reste déterminée à combattre les idées du Front National. Depuis plusieurs années nous alertons le mouvement syndical sur les dangers que représente le Front National et la politique xénophobe du gouvernement pour le monde du travail ; l’appel en ce sens que nous avons lancé il y a plus d’un an a été signé, à ce jour, par plus de 2100 syndicalistes ; nous avons mis aussi à la disposition des syndicats des livres, brochures, affiches, journées de formation, comme autant d’outils pour contrer la propagande d’extrême droite.

Dans cette nouvelle situation politique, nous continuerons inlassablement notre travail de dénonciation de l'idéologie et de la stratégie politique du F-Haine de Marine Le Pen. Pour nous, cette idéologie reste marquée par le racisme, le sexisme, l’homophobie et un nationalisme autoritaire. Marine Le Pen n'a aucunement renoncé à la préférence nationale, bien au contraire. Nous continuerons aussi à expliquer que son projet reste la création d'une force politique en capacité de construire un État autoritaire visant à mettre au pas les salariés au profit des forces du capital. Nous continuerons de démonter la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen qui n'est qu'une manœuvre habile de tromperie des travailleurs.

Ce travail, nous le savons pertinemment, devra obligatoirement s'accompagner, pour être efficace, d'une remobilisation des travailleurs et de leurs organisations syndicales, pour défendre leurs intérêts de classe. Cette remobilisation devra permettre d’imposer les transformations sociales nécessaires pour endiguer la montée d'une force qui doit être qualifiée pour ce qu'elle est : un parti fasciste.

Ce travail de reconquête doit commencer dès le 1er mai 2012. Au moment où Marine Le Pen et les siens paraderont en l'honneur de Jeanne d'Arc , à l’heure où Sarkozy et l’UMP se rassembleront Place du Champ de Mars pour célébrer avec des accents pétainistes le « vrai travail », la fête des travailleurs doit être l'occasion pour que cette grande manifestation intersyndicale, populaire et de solidarité internationale puisse allier l'affirmation des revendications des salariés face à la crise à la protestation contre la montée des forces remettant en cause les idéaux de justice et d’égalité et les acquis sociaux, en France et en Europe.
C'est à cette tâche que nous nous consacrerons dans les prochains jours.

V.I.S.A. (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) 25 AVRIL 2012

assovisabis@gmail.com http://www.visa-isa.org/

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Message  sylvestre Sam 28 Avr - 15:35

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/280412/la-souffrance-du-lepeniste

La souffrance du lepéniste

28 Avril 2012

«Ce que François Hollande devrait dire, mais ne dira sans doute pas.» Par Pierre Tevanian, philosophe, co-animateur du collectif Les mots sont importants.



C’est entendu : l’électeur lepéniste souffre. De Rachida Dati à Ségolène Royal, de Hollande à Sarkozy, tout le monde le dit, partout : la France qui vote FN, c’est la France qui souffre, et il faut entendre cette souffrance. Et en un sens, c’est vrai.

Oui, les électeurs du FN sont des gens qui souffrent, et oui, leur souffrance doit être entendue. Elle doit, cela dit, être entendue pour ce qu’elle est. Car ce n’est pas du chômage, de la précarité, de la misère économique et sociale que souffrent ces électeurs –du moins pas tous (loin de là), et pas plus (bien au contraire) que les autres électorats ou que les abstentionnistes.

Toutes les enquêtes statistiques le confirment, depuis des années : ces électeurs-qui-souffrent se répartissent sur toute l’échelle sociale, des plus bas aux plus hauts revenus, dans des proportions à peu près équivalentes à celles de la société dans son ensemble, et les catégories sociales sur-représentées dans cet électorat ne sont pas tant les chômeurs ou les ouvriers que les fonctionnaires de police et les artisans-commerçants-chefs d’entreprise (les scores impressionnants du FN chez les ouvriers et les chômeurs n’étant qu’un effet d’optique trompeur lié à l’abstention : les ouvriers et les chômeurs ne votent pas plus que la moyenne pour le FN, mais ils votent moins que la moyenne pour les autres candidats, et sont sur-représentés chez les abstentionnistes et les non-inscrits).

Cet électorat-qui-souffre est aussi est un électorat masculin beaucoup plus que féminin, dans un pays où les hommes sont nettement moins exposés que les femmes à la précarité et aux bas salaires –sans parler des viols, des violences conjugales, du harcèlement sexuel, des écarts de salaire et des tâches ménagères. Cet électorat souffrant est enfin un électorat quasi-intégralement blanc, dans un pays où les Blancs sont nettement moins exposés que les Noirs et les Arabes à la précarité et aux bas salaires –sans parler des contrôles au faciès, des violences policières et de la discrimination dans l’emploi ou le logement. Tout cela, répétons-le, est attesté par d’innombrables données chiffrées.

De quoi souffrent-ils donc, ces pauvres lepénistes, si ce n’est pas de la misère ? Il se trouve que depuis des années, la question leur est posée, par sondages « sortie des urnes », et que les résultats n’ont pas varié, y compris en 2012 : riches ou pauvres, chômeurs ou patrons, hommes ou femmes, nos électeurs-qui-souffrent mettent en avant un seul et même souci, une seule et même souffrance, « l’immigration ». Ils souffrent, ces électeurs, parce qu’ils voient, dans leurs rues ou dans leurs téléviseurs, des femmes musulmanes qui portent un foulard. Ils souffrent parce qu’ils voient, dans leur rue ou dans leurs téléviseurs, des attroupements de musulmans priant sur la chaussée – mais ils souffrent plus encore à l’idée qu’une mosquée puisse être construite pour libérer ladite chaussée. Ils souffrent de voir des minarets - ou, le plus souvent, ils souffrent à l’idée qu’ils en verront un jour. Ils souffrent à l’idée qu’ils ont pu ingérer, «à l’insu de leur plein gré», de la viande dite halal. Ils souffrent de croiser des Noirs au volant d’une belle voiture, ils souffrent d’entendre des airs de rap sortir de ces voitures. Ils souffrent d’entendre des airs de raï, ils souffrent de voir un présentateur, un élu ou un écrivain noir, arabe, musulman, pénétrer l’enceinte sacrée de leur téléviseur. Ils souffrent d’entendre dire, encore rarement mais moins rarement qu’avant, que la France a été esclavagiste et colonialiste, et que cette œuvre n’a pas été positive. Ils souffrent en somme de voir la France comme elle est et non comme ils la rêvent –blanche et immaculée, catho-laïque, patriarcale, hétérosexuelle.

Ils souffrent enfin, ces pauvres électeurs, parce que même après quarante ans de fermeture des frontières et de lois Pasqua-Debré-Chevènement-Sarkozy-Hortefeux-Guéant, il subsiste quelques droits pour les étrangers –au travail, au logement, à la santé… Ils souffrent à l’idée que des étrangers puissent un jour voter. Ils souffrent en somme à l’idée de perdre leurs privilèges de Français et de Blancs. Ils souffrent d’une maladie bien connue mais dont le nom, bizarrement, n’a pas été prononcé une seule fois par les représentants du PS ou de l’UMP lors de la soirée électorale du 22 avril : le racisme.

Ils jouent à se faire peur mais cette peur, comparée aux inquiétudes et aux souffrances des sans-papiers, immigrés, musulmans, « racailles » et autres « assistés », est un délicieux frisson. Ils souffrent d’un mal qui se nomme le racisme et qui se soigne très bien –à l’aide d’une once de probité intellectuelle, d’intégrité morale, de dignité humaine. Ils souffrent d’un mal dont on ne meurt pas mais qui fait mourir les autres, non-français, non-autochtones, non-blancs, non-catholaïques –à coups de « ratonades » ou de crimes « sécuritaires », de « bavures » ou de « chasse aux sans-papiers »… De Brahim Bouaram, jeté à la Seine par des lepénistes, à Mahamadou Maréga, tué par des policiers, la liste est longue des victimes de ce mal dont « souffrent », entre autres, les lepénistes –sans parler des millions d’étrangers et de Français non-blancs, écrasés quotidiennement par une discrimination systémique, notamment à l’embauche et au logement, ou de ces millions de musulmans, quotidiennement insultés par une propagande islamophobe.

La souffrance du lepéniste doit donc être entendue, mais une fois entendue, elle n’appelle aucune réponse. Car compatir avec le racisme, c’est devenir soi-même raciste. Satisfaire une demande raciste, c’est devenir soi-même l’agent de ce racisme –ce que font au demeurant la droite, mais aussi la gauche de gouvernement, depuis près de trois décennies. « De mauvaises réponses à de bonnes questions », tranchait un Premier ministre socialiste il y a 28 ans – et l’on sait ce que cette analyse a produit en termes de banalisation, de légitimation, et de progression quasi-ininterrompue du Front national. Il est plus que temps, pour stopper cette progression, d’oser reconnaître que non, l’immigration, l’invasion ou l’islamisation ne sont pas des bonnes questions. Il est temps de dire franchement aux électeurs lepénistes qu’on ne va rien faire pour calmer leur souffrance, bien au contraire. Il est temps de faire vivre enfin les principes de notre Constitution, de combattre enfin les discriminations, et de faire par conséquent cette promesse aux électeurs lepénistes : si c’est l’égalité qui vous fait souffrir, vos tourments ne font que commencer !



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Message  nico37 Dim 29 Avr - 11:09

« Les électeurs FN ne sont pas que des ménages modestes victimes de la mondialisation » Recueilli par Charlotte Rotman

Interview Violaine Girard, maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Rouen, étudie depuis une dizaine d’années l’évolution du vote d’extrême droite dans un territoire rural du sud-est de la France :

Violaine Girard a passé le premier tour dans un bureau de vote d’une commune située à la périphérie rurale d’une grande agglomération du sud-est de la France, ancrée à droite, qu’elle étudie depuis presque dix ans. Maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Rouen, elle précise les dynamiques du vote FN des classes populaires dans ce territoire rural en recomposition. Sa monographie montre que les électeurs de Marine Le Pen ne peuvent être résumés à de simples «oubliés» du système.

Pourquoi étudier ce territoire périurbain ?

C’est intéressant parce que ce territoire rural, transformé par de grands projets d’aménagements, cumule des caractéristiques des zones périurbaines dont on parle beaucoup en ce moment. Ce territoire a connu une urbanisation diffuse, avec la construction de maisons individuelles par des ménages des classes populaires. C’est un territoire qui a connu aussi un mouvement de relocalisation industrielle facilitée par un foncier moins cher qu’en ville, et par la volonté des élites politiques et économiques de contourner les grandes forteresses ouvrières. Mais il conserve un caractère rural, avec des exploitations agricoles et des petites communes où on retrouve une sociabilité autour de l’école, de la vie au village, des associations sportives, des lotos les samedis soirs.

Quel a été le vote au premier tour de la présidentielle ?

Dans le canton, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête avec 26,6%, suivi de près par Marine Le Pen, à 24,2%, et François Hollande, à 21,9%. En 2007, Jean-Marie Le Pen était à 14,5%, Sarkozy à 31,3%. On retrouve ces mêmes ordres de grandeur dans la commune que j’étudie : sur 604 inscrits, et 529 votants, 169 ont choisi Sarkozy (soit 33%), 165 Le Pen (32%), 83 Hollande (16%).

Quelles sont les composantes de ce vote FN ?

Les profils des habitants sont divers, et cela se retrouve pour leurs votes. Ils appartiennent aux classes populaires : les femmes sont à 49% des employées, 20% des ouvrières, la moitié des hommes sont ouvriers dans le canton en 1999. Il y a des gens précarisés, mais aussi d’autres, qui ont des qualifications et se projettent dans des trajectoires d’accès à la propriété. Dans ceux qui votent FN, on retrouve par exemple un jeune ouvrier, célibataire, qui a cumulé beaucoup d’emplois précaires, CDD ou intérim, avant d’obtenir un CDI dans la distribution alimentaire. Il y a des trajectoires heurtées, comme la sienne. Le vote FN est alors dû à une précarité croissante. Avec l’éclatement des emplois dans cette zone industrielle qui compte une centaine d’entreprises de tailles diverses, il y a beaucoup moins de collectif, les travailleurs ont des statuts différents et leur sentiment d’appartenance à la condition ouvrière s’est affaibli.

Avez-vous mis à jour d’autres dynamiques ?

Oui, on ne peut pas dire que le vote FN soit seulement un vote de déclassement et de relégation. Dans ces votes, on retrouve par exemple le choix de techniciens en fin de carrière, stables, et propriétaires de leur maison. Bien sûr, les électeurs d’extrême droite sont confrontés à des difficultés sociales, mais ce serait trop généralisant et simpliste de les voir, comme certains analystes le disent parfois, uniquement comme des ménages modestes relégués dans le périurbain et victimes de la mondialisation. Pour certains, le vote FN est un vote lié à des efforts de distinction. Ils veulent se démarquer, ne pas être assimilés à ceux qui se trouvent en bas de l’échelle. Ils ne sont pas rattachés à ceux d’«en bas», sans appartenir non plus à ceux d’«en haut». Beaucoup ont d’ailleurs quitté des quartiers populaires des banlieues voisines. Ils portent un regard stigmatisant sur ceux qui vivent dans l’habitat social, sur les ménages issus de l’immigration. Et dévalorisent les plus précaires, auxquels ils ne veulent pas être reliés.

Comment expliquez-vous la progression du vote FN entre 2007 et 2012 ?

Pour cette présidentielle, je sens vraiment un contexte de défiance par rapport aux leaders politiques nationaux. Les élus locaux parlent de «ceux d’en haut» qui ne connaissent pas les «vrais» problèmes. Nicolas Sarkozy a perdu du crédit. Il y a une distance, un scepticisme, une ironie par rapport à l’action politique. Le vote FN ne vaut pas forcément adhésion à tout le programme, mais c’est aussi le signal de cette distance et la marque d’un effritement du clivage gauche-droite. Dans la commune, le vote FN reste toutefois difficile à afficher publiquement. Mais il y a aussi une tolérance, de la part de ceux qui ne votent pas pour Marine Le Pen, pour ses électeurs, et un refus de les juger.

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Message  nico37 Mar 1 Mai - 22:48

Durbec : « La dédiabolisation du FN est une façade » Albert Zennou 25/04

INTERVIEW - Conseiller régional en Paca, élu sur une liste FN, Stéphane Durbec vient de se rallier Nicolas Sarkozy.

LE FIGARO. - Vous avez milité pendant vingt-cinq ans au FN. Pourquoi, aujourd'hui, apportez-vous votre soutien à Nicolas Sarkozy ?

Stéphane DURBEC. - Il ne faut pas se leurrer: le Front national monte les Français les uns contre les autres. Le déclic s'est produit quand on m'a reproché d'avoir entamé un dialogue avec des compatriotes musulmans. Or tout mon parcours nourrit ma vision de l'intégration républicaine sans racisme ni laxisme. Mon choix est celui d'un enfant de la République. Ce discours généreux mais exigeant est porté par Nicolas Sarkozy.

Que pensez-vous de l'opération de dédiabolisation de Marine Le Pen ?

Ce n'est qu'une façade. Je n'ai pas voulu lui accorder ma signature quand elle s'est présentée à la présidentielle. Le représentant marseillais de Marine Le Pen a même cru nécessaire de qualifier mon départ de «détail de l'histoire». Ces propos insultent l'enfant de la République que je suis. Je ne souhaitais plus être dans le même «wagon de haine». Le FN ne pose pas toujours les bonnes questions et apporte toujours les mauvaises réponses. Il faut refuser de juger les citoyens en fonction de leur religion, de leur race ou de leur origine sociale.

Croyez-vous possible une alliance entre l'UMP et le FN ?

Je dis à ceux qui seraient tentés de la faire: « Ne tombez pas dans le panneau. » De toute façon, ceux qui céderaient aux sirènes de l'alliance n'y gagneront rien. C'est un piège.

Certains reprochent au candidat Sarkozy d'avoir orienté sa campagne très à droite.

Nicolas Sarkozy, c'est sa force, a compris que le peuple de France est composite. L'important, c'est de constamment avoir comme objectif de parler aux enfants de la République. Il ne cherche pas à plaire à ses adversaires mais uniquement aux électeurs.

Marine Le Pen juge que le FN est devenu "le centre de gravité politique" de la campagne

Dans un grand entretien donné au Journal du dimanche, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a évoqué la place qu'ont prises les idées de son parti dans l'entre-deux tours, et évoque une "victoire idéologique". "A près de 20 %, nous sommes le centre de gravité politique, à 30 %, ils auraient été obligés d'appliquer nos propositions", souligne-t-elle.


Elle a également insisté sur les divergences qui existent au sein de la famille UMP et qui devraient conduire, selon elle, à un éclatement du parti. "Rien ne dit que l'UMP va résister à la défaite car elle est traversée par des désaccords profonds. Il y a une absence de colonne vertébrale idéologique. Quel est le point commun entre Monsieur Luca et Monsieur Juppé ? Entre Madame Kosciusko-Morizet et Monsieur Mariani ? C'est à eux d'en tirer les conséquences. Moi, je suis un révélateur de ces divergences", a-t-elle affirmé.

Selon Mélenchon, le Front de Gauche "avance plus vite" que le FN

Devant le Conseil national de son Parti de gauche réuni à l'espace Robespierre d'Ivry-sur-Seine, Jean-Luc Mélenchon a estimé, samedi 28 avril, que Marine Le Pen avançait mais que le Front de gauche, qui n'existe que depuis trois ans, "avançait plus vite", dénonçant à nouveau "l'extrême droitisation" de Nicolas Sarkozy. Dans un long discours d'une heure et demie, il s'est félicité que le FG ait "construit quelque chose d'immense" malgré la "déception" d'être derrière Marine Le Pen et ses 17,9%.


L'ex-PS s'en est une nouvelle fois pris aux médias qui l'ont dépeint en "membre du cabinet noir de Nicolas Sarkozy" contre François Hollande, et qui "ont accepté la logique de dédiabolisation de Marine Le Pen", "jusqu'à évoquer la séduction physique" de la candidate du FN. Parlant de "haine recuite", il a fait valoir que "le problème avant-guerre ce n'est pas les Juifs c'est le grand capital, et le problème aujourd'hui ce n'est pas les musulmans c'est le grand capital". Pour lui, "la République est l'ennemi" du FN. Il a également évoqué une "opération Sarkozy dégage" le 6 mai, sans donner de blanc-seing à François Hollande.


http://www.itele.fr/video/le-fn-attendu-place-de-lopera

La vraie-fausse non-consigne de vote de Marine Le Pen 01.05 Abel Mestre et Caroline Monnot

Marine Le Pen sait qu'elle fera mouche lorsqu'elle lance, aux plusieurs milliers de personnes rassemblées pour l'écouter place de l'Opéra, à Paris, mardi 1er mai : "Quel effet cela vous fait de passer d'idiots qui votent Marine Le Pen à celui d'arbitres de l'élection présidentielle ? Quel effet cela vous fait de passer du statut de 'fachos racistes xénophobes' à celui de 'Français ayant de vraies préoccupations et à qui il faut parler' ?" Et d'enchaîner : "Voyez les mines déconfites des tenants de l'oligarchie !"

Plus nombreux que l'an dernier, le public est venu pour ça. Célébrer ce qu'il estime être "l'extraordinaire réussite dans cette élection présidentielle". Leur ancienne candidate n'a eu de cesse de leur répéter : les résultats du 22 avril sont "enthousiasmants" et annoncent, pour l'avenir, "une victoire inéluctable". "Notre rôle fut et sera immense, essentiel et historique", a-t-elle notamment lancé.

Un passé simple pour Jean-Marie Le Pen, un futur pour elle. Une manière de signifier aux militants, que, depuis le premier tour, c'est elle qui écrit l'histoire du FN et qu'elle a bel et bien repris le flambeau en assumant une certaine continuité. Toute son intervention d'une heure a été émaillée de petits clins d'œil au FN des années 1990. Elle a ainsi repris, le fameux "tête haute, mains propre", slogan fétiche de son père, dont l'entrée en scène a été précédée, comme autrefois, par le Choeur des esclaves du Nabucco de Verdi.

"A 40 %, NOS IDÉES SERONT AU POUVOIR"

Dans cet exercice un brin nostalgique, l'auditoire était au diapason, scandant à plusieurs reprises "communistes assassins", à l'évocation de Jean-Luc Mélenchon. Comme jadis encore, l'allure des participants a été beaucoup moins contrôlée. On a revu lors du défilé précédant le discours, des croix celtiques, des skinheads, des hooligans, toute choses qui avaient été bannies l'an dernier. Avec son score personnel, a pour autant assuré Marine Le Pen, "rien ne sera plus comme avant". "A 15 %-20 %, ils parlent comme nous, à 30 %-35 % ou 40 %, nos idées seront au pouvoir", a-t-elle déclaré sous les clameurs.

Sur la place de l'Opéra, on veut avant tout savoir ce que Marine Le Pen va dire sur le vote du 6 mai. Ce n'est pas que l'assistance, plutôt militante, n'ait pas fait son choix qui oscille entre l'abstention et "un vote tactique" pour François Hollande. Mais c'est le message adressé aux finalistes qui est attendu. Dans les rangs, on savoure sa revanche.

"Dimanche, je voterai blanc", conclut-elle, après une longue démonstration où les coups les plus durs et les plus appuyés sont portés à Nicolas Sarkozy. Un président sortant qui, selon Mme Le Pen, "n'a pas seulement fait mal aux Français, mais qui leur a fait honte. Et qui tente aujourd'hui de se travestir maladroitement en homme du peuple (...) Il y a là une escroquerie électoraliste suprême." "Nous parlions frontières, ils hurlaient à la mort. Toutes les caricatures y sont passées. Nous voulions sortir de Schengen, ils nous répondaient 'liberté de circulation'. Nous parlions 'présomption de légitime défense pour les policiers', ils nous répondaient 'permis de tuer, bavure'", a continué Mme Le Pen, en visant, sans le dire, l'UMP.

"Nous parlions 'hommes, femmes, enfants, souffrances', ils nous répondaient 'courbes, marchés financiers et CAC40'. Et en quelques jours, tout cela aurait changé ?", a fait mine de s'interroger la présidente du FN, qui connaît son affaire et s'interrompt volontiers, pour laisser le temps à la foule, de siffler chaque mention ou allusion à M. Sarkozy. Nathalie Kosciusko-Morizet, citée deux fois par la leader frontiste, a connu le même sort.

"NI DROITE, NI GAUCHE, FRONT NATIONAL !"

Tout en renvoyant dos-à-dos les "deux candidats du système", la présidente du FN a assuré le minimum syndical s'agissant de François Hollande. Elle a fustigé "l'abandon sans vergogne" par la gauche des "petits, des retraités, des catégories populaires". "Une effroyable trahison", résume-t-elle.

Marine Le Pen a même semblé s'employer à désamorcer l'argument phare de l'UMP pour attirer les électeurs FN, à savoir, le droit de vote des étrangers aux élections locales promis par le PS. "Est-ce républicain de faire semblant de s'opposer au droit de vote des étrangers mais de fabriquer 100 000 nouveaux Français par an qui voteront [à toutes les élections]", a-t-elle attaqué. "Ni droite, ni gauche, Front national", entendait-on crier à intervalles réguliers, ainsi que "Sarko, Hollande, c'est pareil".

"Notre espoir ne se concrétisera pas dimanche prochain, au fond de vous, vous le savez pertinemment. Notre véritable combat, notre espérance, réside dans la bataille des législatives", a poursuivi Mme Le Pen. La présidente du FN votera blanc "à titre personnel". A la vérité, tout son discours a visé à dissuader son auditoire de voter pour Nicolas Sarkozy et de lui permettre la victoire. En somme, une vrai-fausse non-consigne de vote.


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Message  nico37 Mer 2 Mai - 23:12

http://www.lepoint.fr/politique/election-presidentielle-2012/gerard-longuet-voit-en-marine-le-pen-un-interlocuteur-01-05-2012-1457071_324.php


Gérard Longuet voit en Marine Le Pen "un... par BFMTV

http://www.humanite.fr/politique/gerard-longuet-roule-pour-la-droite-moderne-de-marine-le-pen-495713
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/02/vives-reactions-a-droite-apres-les-propos-de-longuet-sur-le-fn_1693913_1471069.html


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Message  gérard menvussa Jeu 3 Mai - 21:49

Contre le danger fasciste, ni déni ni panique. Mais il y a urgence
GODARD Denis
26 mars 2012

Il y a dix ans nous étions des dizaines de milliers à descendre dans la rue dès l’annonce des résultats pour nous opposer à Le Pen qui était qualifié pour le second tour des présidentielles avec 4,8 millions de voix . Puis des millions le 1er mai 2002. Au second tour Le Pen obtenait 5,5 millions de voix. Dix ans plus tard sa fille, à la tête du même parti, obtient 6,4 millions de voix. Comment cela a-t-il pu arriver ?

De 2002 à 2012

En 1998, sous la pression combinée de la remontée des luttes depuis 1995 et des mobilisations antiracistes et antifascistes, le Front national connaît une crise interne symbolisée par l’affrontement entre Le Pen et Mégret qui entraîne une scission. L’appareil militant du FN est considérablement affaibli. Au sein de la gauche l’analyse qui domine est que la menace la plus dangereuse est celle incarnée par Mégret d’une contamination de la droite par les idées du Front national [1]. Cela conduit alors à abandonner le combat direct contre le Front national. Au tapis mais pas achevé, le Front national va survivre. Lorsqu’éclate le résultat surprise de 2002 le premier sentiment est celui d’une panique complaisamment entretenue par le PS [2] qui accuse les abstentionnistes et ceux et celles qui ont voté pour d’autres listes à gauche.

Ce qui se joue alors, car personne ne peut sérieusement envisager la victoire de Le Pen au second tour, est la capacité pour le FN de retrouver une légitimité et une audience. Et pourtant l’idée qui va dominer est que l’outil antifasciste principal est le vote Chirac « contre le FN » : l’écart doit être le plus important possible pour exprimer l’ampleur du rejet. Chirac élu à plus de 80 %, Le Pen largement battu, une majorité pensera que la menace est passée. D’autant plus que le FN n’obtiendra aucun élu aux élections législatives qui suivent.

Focalisés sur le différentiel entre les deux candidats, bien peu relèveront qu’entre les deux tours de 2002 Le Pen gagne encore près d’un million de voix. Dans la réalité le FN vient paradoxalement de gagner une première bataille de légitimité car le combat mené contre lui a été une bataille pour faire plus de voix que lui, pas pour lui nier le droit à exister en tant que parti. Ce dernier clou vient fermer le cercueil du mouvement antifasciste des années 1990 qui avait fait de la rue et de la marginalisation du FN l’arène de son combat.

Les dix années qui suivent seront malgré tout difficiles pour le FN pris en tenaille entre des mobilisations de masse qui donnent de l’audience à la gauche radicale et une droite qui durcit son discours raciste et sécuritaire. Aux élections de 2007, c’est Nicolas Sarkozy qui rafle la mise dans une société de plus en plus polarisée mais où les partis institutionnels, dont le PS, se sont déportés vers la droite.
La dédiabolisation

Mais cette évolution politique va être pain béni pour le FN car cela va faire sauter le cordon sanitaire établi autour de ses thèmes de prédilection. Comment s’indigner des propos virulents de Le Pen sur les Musulmans ou les Roms, sur la préférence nationale, sur l’identité nationale, sur la supériorité du modèle occidental quand ces thèmes sont devenus monnaie courante à droite et parfois même à gauche ? L’indignation morale se tarit ou plutôt se déplace lorsque c’est l’essentiel du champ politique qui devient immoral.

Il suffit alors de quelques retouches cosmétiques autour de la figure de Marine Le Pen pour entraîner y compris des intellectuels de la gauche radicale vers la dédiabolisation du FN devenu un parti populiste, un parti d’extrême-droite, critiquable certes, dénonçable sans doute, mais un parti qui fait partie du champ de la « démocratie ». Comment prétendre empêcher les fascistes de déverser leur haine quand la majorité de la gauche mène campagne (aux côtés de Sarkozy !) pour la « liberté » de Charlie Hebdo de reproduire les caricatures publiées par un torchon raciste danois proche de l’extrême-droite ?

On assiste alors au spectacle ahurissant pendant cette campagne 2012 d’un candidat de la gauche radicale (qui aura du moins eu le mérite de « taper » sur le FN), Jean-Luc Mélanchon, qui exige à grands cris un débat avec Marine Le Pen qui n’en veut pas. Quelques années auparavant c’était ceux ou celles qui acceptaient de débattre avec Le Pen qui risquaient d’être décrédibilisés. Alors que le reste des candidatEs de gauche sont dans le déni du danger, le seul argument qui reste audible contre le FN, à nouveau, c’est d’obtenir plus de voix que lui. Dans cette logique Marine Le Pen à 16% (soit déjà plus de 5 millions de voix) ce n’aurait pas été grave si Mélanchon faisait 16,5% ? On a vu le résultat. Et cela menace de continuer. Avant le second tour des élections Sarkozy reprend les thèmes du FN, Hollande se tait sur le racisme et prétend « convaincre » les électeurs du FN. Mélanchon continue de taper sur le FN mais la seule arme qu’il met en avant est une entente aux législatives avec le PS dans les circonscriptions où le FN pourrait se maintenir. Le vote, encore le vote, la République parlementaire contre le fascisme. [3]

Lorsque le NPA a contacté toutes les forces de gauche, partis, associations et syndicats à une réunion unitaire pour organiser une riposte au meeting final du FN au Zenith de Paris avant le premier tour des présidentielles, aucune n’a même pris la peine de répondre (à l’exception – désabusée – du MRAP, du PIR et de Sud-étudiant). La mobilisation qui aura lieu finalement à l’appel du Forum social antifasciste le 17 avril [4] ne regroupera que 300 personnes quand le Zénith fait salle comble aux cris de « On est chez nous ! » ovationnant Marine Le Pen qui appelle à virer de France les « Franco-Algériens », les « Franco-Angolais » et les « Franco-Maliens » c’est-à-dire les Noirs et les Arabes. Ce discours ne fera même pas scandale. Entre les deux tours Marine Le Pen, invitée au journal de 20 heures sur France 2, commente le « Je vous ai entendus » adressé par Nicolas Sarkozy à ses électeurs et élecrices. Comparant à un célèbre « Je vous ai compris » [5], elle lâche : « on sait comment ça a fini » adressant ainsi un clin d’oeil aux nostalgiques de l’Algérie française. Fidèle à la stratégie de son père, après un succès électoral, elle durcit idéologiquement le cercle, élargi par sa campagne électorale, de ses soutiens. [6]
Comprendre ce qu’est le FN, comprendre ce qu’est le fascisme

La dédiabolisation du FN, dans son versant idéologique, trouve ses premiers éléments dans un concept qui a dominé les rangs d’une partie de la gauche dès les années 80, celui du totalitarisme. Ce concept fourre-tout qui n’explique rien a permis à la fois de gommer la spécificité du fascisme (rangé ainsi sous la même rubrique que le stalinisme ou autres dictatures militaires) [7] et d’exonérer la « démocratie » capitaliste ou la République de tous leurs crimes. C’est ce qui explique qu’il ait pu convenir à la fois à la droite, au PS et aux anciens staliniens devenus anticommunistes. Alors quand il s’avère que les partis dits « républicains » sont, face à la crise, de plus en plus racistes, amoraux, corrompus (et antidémocratiques) et, par ailleurs impuissants, quel contenu reste-t-il dans la condamnation d’un parti qui se garde bien de se revendiquer du fascisme historique ?

Le fascisme a une spécificité qui ne se réduit pas au contenu réactionnaire, raciste, nationaliste et sexiste de son programme ou des discours de ses dirigeants. Et la défense morale de la démocratie parlementaire ou de la République ne sont pas l’obstacle à son développement.

L’histoire a montré qu’il existe différents types de régimes qui peuvent assurer la domination capitaliste. La démocratie parlementaire (et la République) et la dictature en font partie. Tout comme le fascisme. La classe dirigeante, elle, n’a pas de morale vis-à-vis de cela.

Si, en général, la classe dirigeante préfère la démocratie parlementaire c’est parce que c’est le régime historiquement le plus stable de sa domination combinant force et consentement, masquant l’exercice de la force derrière le consentement de la majorité.

Ce consentement de la majorité de la population à la domination capitaliste nécessite à la fois des marges de manœuvre économiques (acheter la « paix sociale ») et des relais dans toute la société (hégémonie culturelle). Les formes d’organisation de la société civile (des élections aux médias en passant par les associations, les partis et les syndicats) peuvent exister « démocratiquement » parce qu’elles expriment, en même temps qu’elles les contiennent, les contradictions de classe qui la traversent.

Lorque ces formes d’organisation de la société ne permettent plus de contenir les contradictions de classe, alors la domination capitaliste exige d’autres formes de régimes.

La crise d’hégémonie du capitalisme se traduit déjà par une évolution vers un Etat de plus en plus pénal [8] et sécuritaire, de moins en moins démocratique. On voit bien aujourd’hui à quel point la polarisation de la société pousse un parti de la classe dirigeante comme l’UMP à accélérer l’évolution de l’appareil d’Etat vers des formes toujours plus autoritaires.

La dictature militaire et policière est la forme de régime la plus instable, reposant essentiellement sur la force d’une minorité (police, armée). Si elle interdit ou contrôle largement les formes d’organisation de la société civile, elle ne peut les contenir très longtemps surtout dans les sociétés développées. Pour cette raison c’est une option très peu probable pour un pays comme la France ou les autres pays européens. Le fascisme, tel qu’il s’est développé historiquement au XXe siècle, est un type de domination spécifique dont l’élément de force s’appuie sur des couches sociales qui dépassent largement l’appareil directement policier et militaire de l’Etat, couches sociales qu’il organise pratiquement mais aussi idéologiquement. Le fascisme ne peut s’imposer définitivement qu’en substituant à toutes les formes d’organisation « démocratiques » de la société civile qu’il vise à détruire des formes « corporatives » et « militarisées ». Il est donc le produit d’un double-mouvement, la construction d’une adhésion de masse et, dès qu’il en a la capacité, l’organisation de cette masse contre les formes démocratiques organisées. [9]
Rien n’est joué : la dialectique de la période

On ne peut comprendre une période donnée et les phénomènes qui s’y succèdent en dehors des contradictions qui la travaillent. La période d’exacerbation des contradictions de classe que nous traversons comporte, dans le même temps, une tendance au fascisme - la résolution de la contradiction par l’écrasement du mouvement de la classe des exploités et des opprimés - et une tendance au socialisme - la résolution de cette contradiction par la prise du pouvoir collective par cette classe.

Le rapport entre les deux tendances n’est pas figé, il évolue constamment. Plus, la dynamique réelle de la période, le mouvement d’évolution de cette totalité est le produit de l’affrontement, souvent masqué, entre ces tendances. Selon les moments l’une des tendances peut dominer, l’autre tendance continue pourtant à se développer. Hier nous avons fait l’erreur « d’oublier le FN », c’était le déni. Aujourd’hui nous pourrions oublier que nos forces organisées restent largement supérieures à celles des fascistes. Ce serait la panique.

La résolution définitive du conflit passe par la victoire de l’un des termes sur l’autre en une qualité supérieure : socialisme ou fascisme. La lutte contre le fascisme, la lutte contre le FN doit donc être aussi une lutte pour l’émancipation, elle ne peut être contradictoire avec celle-ci, elle ne peut se mener en alliance avec des forces qui partagent des perspectives communes avec les fascistes même quand aujourd’hui elles se proclament « républicaines ». Elle ne peut se mener avec des moyens qui paralysent notre camp, lui interdisant les grèves ou les manifestations de masse.
La dynamique de construction d’un parti fasciste

Pour construire une adhésion de masse le parti fasciste s’adresse d’abord à des couches de la population qui sont écrasées par la crise et l’exacerbation des contradictions de classe. D’où son slogan « Ni droite, ni gauche ». Dans la première moitié du XXe siècle les partis fascistes se sont ainsi construits d’abord sur la base de la petite bourgeoisie traditionnelle hostile à la fois au « Grand capital » et au mouvement ouvrier organisé. Ils ont ensuite trouvé leur base de masse dans les sections les plus marginalisées et atomisées du prolétariat, en premier lieu les chômeurs.

Aujourd’hui le Front national construit ses bases dans les couches intermédiaires de la société, petits entrepeneurs, professions libérales mais aussi dans les sections de la classe ouvrière aux statuts et aux positions déclassés par la désindustrialisation et le chômage. C’est dans les petites villes et dans les quartiers en périphérie des grandes concentrations urbaines que le Front national fait ses meilleurs scores. Cette base sociale explique les grandes lignes idéologiques d’un parti fasciste dans une phase de dévelopement où l’enjeu est celui de son enracinement dans la société : le retour à un passé présenté comme l’âge d’or, à la Nation, à la famille, à l’ordre, au rayonnement de la France, aux valeurs occidentales, et l’opposition à tout ce qui dissout une identité fantasmée, aux migrations, à la mondialisation etc... Ce type de marqueurs idéologiques qui tranchent avec le mouvement de la société trouve un écho dans les catégories de la population les plus atomisées socialement, celles dont les repères hérités du passé correspondent de moins en moins à une situation qui change à leur désavantage.

On peut toujours dire qu’en définitive, le rôle historique du fascisme est de sauver le capitalisme. Mais cela n’épuise pas les ressorts de son développement, parce que ce rôle historique est en grande partie inconscient pour la base sociale à laquelle il s’adresse. Dans son processus de construction, un parti fasciste doit, au moins oralement, s’opposer aux représentants de la classe dirigeante, à leur partis « démocrates » et même au "Grand Capital’ et construire une force autonome de ces partis. Pour se relier à de plus larges masses, il doit aussi recruter et organiser des cadres dirigeants qui proviennent des couches subalternes de la société et nourrissent un fort ressentiement contre les élites traditionnelles. Pour les fascistes, la construction d’un mouvement de masse attisant l’énergie populaire est une condition pour imposer aux représentants de la classe dirigeante des alliances à leur avantage.

Ne pas comprendre cette contradiction interne au fascisme, cette autonomie, relative du fascisme vis-à-vis du capital c’est se condamner à taper au mauvais endroit. Une partie de la gauche a ainsi pensé que l’enjeu né du soit-disant « tournant social » de Marine Le Pen était de démasquer, programme contre programme, le fait que ce parti n’était qu’un parti du capital. Ou, pire, le débusquer comme un ennemi inconséquent du système.

Face à la dénonciation de l’UMPS par Marine Le Pen cette stratégie est vouée à l’échec : elle ne convainc pas ceux et celles que le FN attire qui prennent au mot ses discours et, cherchant par des arguments à s’adresser à eux et elles, elle empêche le développement d’une stratégie de confrontation directe avec les fascistes.

La dénonciation, sans ambiguités, de la nature fasciste du projet du FN et la détermination à ne pas lui laisser le moindre espace n’ont pas comme but immédiat de convaincre tous ceux et toutes celles qu’il attire et qui ne sont pas encore des fascistes convaincus de ne plus être racistes ou réactionnaires. C’est une stratégie qui vise à les séparer du noyau réellement fasciste du FN et d’empêcher ainsi le dévelopement d’un parti fasciste de masse. Hitler écrivait : « Les manifestations de masse [nazies NDLA]doivent faire brûler dans l’âme des petites gens la conviction que, bien que petites larves, ils font corps avec un grand dragon. » Et après son arrivée au pouvoir, en 1933, il expliquait ce qui aurait pu briser le nazisme : « Un seul danger pouvait briser notre développement : si l’adversaire en avait compris le principe et si, dès le premier jour, avec la plus extreme brutalité, il avait brisé le noyau de notre nouveau mouvement. »
Quelques axiomes sur lesquels baser la lutte contre le FN

1 - Il existe un danger fasciste aujourd’hui.

2- Ce danger passe aujourd’hui concrètement par la construction et le développement du FN.

3- Ce n’est pas tant Le Pen qui lepénise la droite, elle n’a pas besoin du FN pour cela. Mais cette lepénisation de la droite, le développement du racisme, du nationalisme comme les abdications de la gauche font le jeu du FN.

4- Pour le FN les élections sont un moyen pour construire sa légitimité et son audience et pour pénétrer l’appareil d’Etat. Elle sont un outil pour construire un soutien de masse dans la population, condition pour devenir un recours pour la classe dirigeante. Mais pour réellement construire cet outil le FN devra passer des urnes à la rue, démontrer sa capacité à développer ses organisations dans les quartiers, à démoraliser notre classe et à attaquer nos organisations.

5- Pour mettre définitivement fin au danger fasciste il faut à la fois chasser les rats et nettoyer les égouts dans lesquels ils se reproduisent : pratiquement briser l’outil qui se développe (le parti fasciste) et lutter contre le système (le capitalisme en crise) qui lui donne naissance.
Quelques conclusions :

1- Marine Le Pen a obtenu plus de 6 millions de voix aux élections. Il faut arrêter le déni. Il y a urgence à construire une réponse spécifique pour empêcher la construction d’un parti fasciste à partir de l’audience gagnée aux élections ET proposer une alternative anticapitaliste. Le 26 avril, le FN a annoncé qu’il « croulait sous les demandes d’adhésion » et qu’il avait passé la barre des 50 000 membres à jour de cotisations là où il n’en avait « plus que » 10 000 il y a deux ans.

2- L’audience électorale de Marine Le Pen est aujourdhui de la poussière humaine. Ce n’est pas - encore - une force de masse organisée. Les manifestations du 1er mai montreront que les forces organisées sont bien plus de notre côté. Il ne s’agit pas de céder à la panique mais il faut - aussi - mobiliser ces forces pour empêcher le FN de se construire.

3- Ces élections montrent cependant que nous avons perdu trop de temps et de terrain et que les directions actuelles de la gauche entraînent dans une mauvaise direction. Il faut commencer à rediaboliser le FN, reconstruire une tradition antifasciste à gauche, et empêcher le FN d’utiliser la dynamique de cette campagne électorale pour reconstruire une organisation militante.

Quelles sont les tâches qui en découlent ?

Il y a urgence à reconstruire une compréhension du fascisme au sein de notre camp au travers d’articles, de textes, de débats. Il faut que de plus en plus de militantEs mènent ce travail de conviction dans leurs milieux, les organisent sur cette base, en nourrissent les mobilisations.

Cette compréhension doit se traduire par une agitation qui « parle » simplement pour dénoncer ce qu’est le fascisme : un poison mortel pour touTEs les oppriméEs et les exploitéEs.

Parce que le reflux idéologique dans notre camp à ce sujet est important mais qu’il existe un sentiment du danger, il faudra participer à toutes les initiatives même inconséquentes qui exprimeront la volonté de lutter contre le FN. Mais cela doit s’accompagner d’une propagande publique et intransigeante contre les illusions de type Front républicain, les alliances avec ceux qui préfèreront demain « l’ordre fasciste » au « désordre » des grèves et des occupations.

Même si, dans un premier temps cela sera minoritaire voire même dénoncé par une partie de la gauche au nom de la “démocratie” (sans parler des médias et des partis de droite) il faut prôner, favoriser et populariser toutes les initiatives de rue qui s’opposeront aux apparitions du FN et de ses alliés pour reconstruire une tradition de confrontation avec les fascistes.

Dans l’activité antifasciste, la construction d’une alternative socialiste anticapitaliste ne sera pas secondaire. Elle sera une condition pour convaincre au sein du mouvement d’une stratégie antifasciste conséquente. Elle sera aussi une condition pour éviter que les abdications de la gauche reconstruisent en permanence le terreau de désespoir dont se nourrit le FN.

Denis Godard, 26 avril 2012
GODARD Denis
Notes

[1] Voir Denis Godard, La crise d’un parti fasciste, janvier 1999 http://quefaire.lautre.net/archives...

[2] Bon exemple à la fois de l’inconséquence politique du PS et de son mépris envers ceux et celles qu’il prétend représenter et défendre. Après des années d’abdication devant les forces du marché, de concession au racisme, le PS n’était pas responsable de la désaffection à son égard ! Rappel de cette proposition ironique de Brecht selon laquelle si le peuple vote contre le gouvernement il faut dissoudre le peuple...

[3] En 1936, Daniel Guérin avertissait : « Mais telle n’est pas l’optique des « fronts populaires ». Leurs bonimenteurs se cramponnent à la planche pourrie de la « démocratie » bourgeoise et font risette aux groupes capitalistes les moins réactionnaires pour se préserver des plus réactionnaires. Ils attendent leur salut d’un Giolitti ou d’un Brüning qui, finalement, les livrera, pieds et poings liés, à un Mussolini ou à un Hitler. S’ils ont le gout du suicide, c’est leur affaire. Entre fascisme et socialisme, les autres, ceux qui veulent vivre, ont fait leur choix. » Daniel Guérin, Fascisme et Grand Capital.

[4] Principalement Alternative Libertaire, le NPA, la CNT, la CGT éduc 93, Sud culture et Sud étudiant et les réseaux antifascistes radicaux.

[5] Discours de De Gaulle à Alger en 1958 adressé aux Français d’Algérie.

[6] « Toute l’histoire du Front national va être marquée par un double-jeu : l’orientation vers tout ce qui respectabilise Ie FN (la stratégie parlementaire, la présence dans les médias, l’alliance avec des fractions de la droite) pour élargir l’audience du FN et se construire une base de masse et les déclarations et actions ouvertement racistes voire fascistes pour fidéliser et développer numériquement un noyau idéologiquement de plus en plus proche du fascisme. » Voir la partie « Le double jeu » dans http://quefaire.lautre.net/archives....

[7] Dans les années 1990 cela amène à une offensive pour assimiler fascisme et stalinisme (Le passé d’une illusion de François Furet est publié en 1995 et Le livre noir du communisme en 1997) deux formes pourtant historiquement distinctes de contre-révolution. Pas étonnant de trouver dans les propagateurs de cette thèse des anciens staliniens devenus des anticommunistes.

[8] Voir par exemple les analyses de Loïc Wacquant, Les prisons de la misère, Raisons d’agir, 1999 ou Punir les pauvres, Agone, 2004.

[9] Comme l’ont montré les exemples historiques du fascisme en Italie et du nazisme en Allemagne ce n’est que lorsqu’il accède au pouvoir, et donc à la direction de l’appareil d’Etat, que le fascisme peut détruire réellement toutes les formes organisées, syndicats, associations, etc. Faut-il attendre d’en être là ?
gérard menvussa
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Message  nico37 Jeu 3 Mai - 22:05

Le casse-tête de Marine Le Pen

Parvenir à faire battre Nicolas Sarkozy sans pour autant donner l'impression d'avoir aidé François Hollande... Telle est l'équation difficile que doit résoudre la présidente du Front national. Reste à savoir si ses électeurs se prêteront à ses calculs.

Quand Nicolas Sarkozy fait son apparition dimanche soir à la Mutualité et s'adresse directement aux électeurs du Front national dont il dit comprendre le vote de crise, Marine Le Pen, pas dupe, se marre. Elle sort immédiatement un archet imaginaire et joue du violon. Ses proches, qui l'entourent dans ce grand salon où elle a trouvé refuge pour fuir la presse qui la harcèle depuis le début de la soirée, sont au spectacle. Quelques minutes plus tôt, suivant d'un oeil distrait la prestation de François Hollande, elle avait raillé le «melon géant» du candidat socialiste qui s'y voit déjà. Assurément, Marine Le Pen est en forme. Elle jubile même.

Avec presque 18% des voix, elle a gagné son pari et fait mentir les sondages qui la condamnaient à être derrière Jean-Luc Mélenchon. Certes, elle ne s'est pas qualifiée pour le second tour de la présidentielle. Mais juste avant de quitter l'Équinoxe au bras de sa mère Pierrette, elle confie, assise dans un canapé en rotin, une dernière coupe de champagne à la main, que c'était peut-être la meilleure chose qui avait pu lui arriver. Le scénario idéal. Comme si la présidente du Front national ne voulait pas seulement être la gagnante d'un soir. Comme si Marine Le Pen avait intégré l'idée que si elle était parvenue à se hisser au second tour, en même temps qu'elle aurait pu s'enivrer de cette consécration précoce, elle aurait dû, à 43 ans à peine, tirer un trait sur ses ambitions politiques. Sa défaite inéluctable, à peu de chose près semblable à celle de son père en 2002, aurait mis fin aux rêves de ceux qui pensent possible une arrivée du Front national un jour aux commandes de l'État. Elle ne voulait pas de cela. Elle ne voulait pas devenir la perpétuation d'une illusion politique brillante, mais stérile. Marine contre Le Pen père, en quelque sorte.

Au contraire, avec cette troisième place, la présidente du Front national n'hypothèque pas son avenir. Mieux, elle voit sa stratégie validée par les urnes sans que descendent dans les rues des millions de lycéens contre elle. «C'est tout bénéf», assure un de ses lieutenants. Avec 6.421.773 voix, Marine Le Pen fait davantage que son père et Bruno Mégret réunis en 2002, et fait taire ceux qui lui reprochaient de vouloir dédiaboliser à tout prix le FN au risque de le voir perdre son âme et son électorat traditionnel. Elle a bien enregistré le départ de quelques-uns, «des nazebroques», comme elle les appelle, qui n'entendaient pas épouser la nouvelle ligne télégénique du parti, mais Marine Le Pen a su surtout accroître son audience médiatique et électorale. La voici désormais dans une position inespérée d'arbitre de la présidentielle. Mais pour quoi faire? Pour quel profit politique? C'est bien tout l'enjeu de ce second tour pour le Front national. Avec en ligne de mire, les prochaines législatives.

«Le Pen ne veut pas être prise le couteau à la main.»

Steeve Briois, le secrétaire national du FN, parie déjà, euphorique, sur une trentaine de députés frontistes à l'Assemblée nationale à la faveur d'une explosion de la droite. Une hypothèse qui relève pour l'heure de l'hallucination psychotique. Plus prudente, Marine Le Pen se contente d'avancer ses pions l'un après l'autre. Elle se sait observée. Ce qui se joue, c'est une partie d'échecs. Si dans les premières heures qui ont suivi l'annonce de son résultat surprise, elle s'en est tenue à la ligne qu'elle avait déjà évoquée pendant la campagne, renvoyant dos à dos et sans distinction, les candidats de l'UMP et du PS, Marine Le Pen sait aussi maintenant que les jeux sont faits, qu'il s'agit pour elle, dans les jours qui viennent, de faire dans la dentelle. De faire passer des messages. De faire dans le subliminal. Pour le coup d'après. L'exercice est délicat. Son père, avant elle, s'y est essayé pendant plus de trente ans, avec des succès divers (voir ci-dessous).

Marine Le Pen connaît la musique de l'entre-deux-tours et sait combien il est difficile d'être entendu de son électorat. Surtout, la présidente du Front national ne veut pas être tenue pour responsable de l'élection de François Hollande ni comptable de la défaite de Nicolas Sarkozy. Elle y a pourtant objectivement intérêt. Ce serait l'occasion, pense-t-elle, de prendre la tête de l'opposition au PS. Mais comme le confie Nicolas Bay, un de ses conseillers politiques, «Marine ne veut pas être prise le couteau à la main». Nombreux sont ses électeurs qui ne lui pardonneraient pas. Alors, à défaut de pouvoir politiquement appeler à voter Hollande, Marine Le Pen, en réponse à la campagne de «racolage actif» du Président, devrait se livrer à un réquisitoire sans concession contre Nicolas Sarkozy tout en mettant en cause la «gauche laxiste et libertaire». Chacun y trouvera matière à conforter ses certitudes, dans un parti qui a vu sa sociologie considérablement évoluer depuis le début des années 2000 et dont il convient désormais de ménager les sensibilités éclatées de ses militants.

«Il lui faut surtout, admet Florian Philippot, le directeur stratégique de sa campagne, inverser la charge de la culpabilité.» Si Nicolas Sarkozy devait perdre le 6 mai, il faut préparer le terrain et les esprits, imputer la faute et la responsabilité morale de cet échec à l'UMP, qui depuis toujours a maintenu le FN à l'écart. Dès lors, si la droite devait perdre, c'est parce qu'elle est restée résolument sous l'hégémonie culturelle de la gauche. Philippot s'y emploie résolument. Pendant la campagne, c'est lui, le premier, qui a mis NKM, la porte-parole de Nicolas Sarkozy, face ses responsabilités en lui demandant le choix qu'elle ferait si jamais Marine Le Pen devait être présente au second tour face à François Hollande. La réponse sans équivoque de Nathalie Kosciusko-Morizet allait provoquer la colère du Président. De la même manière, pour les législatives qui se préparent, les porte-parole de Marine Le Pen ne vont pas cesser désormais de poser la question qui fâche aux cadres de l'UMP qu'ils vont croiser sur les plateaux de télévision. L'argumentaire est déjà prêt. Les questions, ciselées. «Quelle sera l'attitude de l'UMP en juin quand Marine Le Pen arrivera en tête à Hénin-Beaumont? L'UMP préférera-t-elle appeler à voter contre la présidente du FN et soutenir la crapulerie locale du PS, les partouzeurs...?» égrène, amusé, un proche de Marine Le Pen.

L'objectif est clair pour le Front national mais sa mise en oeuvre est compliquée. D'abord, contenir les tentatives de Nicolas Sarkozy de faire revenir à lui pendant l'entre-deux-tours les électeurs du Front national. Et mettre en évidence les ambiguïtés de la droite pour accélérer sa décomposition. C'est la stratégie délicate de Marine Le Pen et de ses lieutenants. En 2007, François Bayrou s'y était essayé, en pariant sur l'explosion du PS. Cinq ans plus tard, l'ex-troisième homme a été relégué sous la barre des 10%. Le pari du splendide isolement est toujours risqué.

Quand le père jouait les faux arbitres

•1974: Jean-Marie Le Pen appelle à voter Giscard pour barrer la route aux «socialo-communistes».
•1981: déçu que Valéry Giscard d'Éstaing ne l'ait pas aidé à obtenir ses parrainages, le président du FN donne pour consigne à ses électeurs, privés de candidat, de «voter Jeanne d'Arc».
•1988: «Ce qui est le plus important pour la France, c'est d'éviter Mitterrand et le socialisme. Ceux-là voteront pour le candidat résiduel sans donner d'autre signification à leur geste que d'éviter le pire.»
•1995:«Chirac, c'est Jospin en pire.»
•2007: déçu de son score, Jean-Marie Le Pen appelle ses électeurs «à n'accorder leur suffrage ni à Mme Royal ni à M.Sarkozy, et s'abstenir massivement».

nico37

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Front national - Page 24 Empty Face au danger, ni déni ni panique, mais urgence

Message  Roseau Ven 4 Mai - 1:00

A lire !

par Denis Godard
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25078

Désolé ,Gégé, l'a déjà mis en intégral un peu plus haut.


Dernière édition par Roseau le Ven 4 Mai - 15:43, édité 1 fois
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