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Ukraine - Page 37 Empty Le FMI passe en force au Parlement

Message  Roseau Mar 3 Juin - 20:21

http://cadtm.org/Ukraine-le-FMI-passe-en-force-au
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Ukraine - Page 37 Empty Re: Ukraine

Message  Gaston Lefranc Mer 4 Juin - 1:05

The Disgrace of the Maidan Leftists
http://www.fifthinternational.org/content/disgrace-maidan-leftists

‘Solidarity with the Antifascist Resistance in Ukraine’ launched in London
http://www.marxist.com/ukraine-solidarity-launched-in-london.htm

Gaston Lefranc

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Message  verié2 Mer 4 Juin - 9:50

Copas
quelqu'un qui injurie les autres en permanence, ment de façon ouverte en proférant des propos infamants
Tu as toi aussi l'injure facile, Copas ! Néanmoins, tu argumentes et ça ne me viendrait pas à l'idée de demander ton exclusion en raison de nos divergences. Pour ma part, je pense que tes positions et celles de Estirio Dogante sont presque symétriques et campistes.

Estirio représente un courant qu'on peut qualifier de "archéo maoïste" qui trimballe toutes sortes de conceptions, dont certaines héritées du stalinisme, dont il y a peu de chance qu'il parvienne à se débarrasser. Ca n'en fait pas un ennemi de classe, même s'il a tendance aussi à se montrer un peu méprisant et insultant. (Encore une fois il n'est pas le seul.) Ce courant est proche des tendances "néo staliniennes lutte de classe" du PCF, qui trimballent aussi des conceptions héritées de leur parti mais ont la volonté de combattre le capitalisme et sont parfois, par divers aspects, plus proches de nous sur le terrain que les courants "nomenklaturistes" et "petits bourgeois modernistes" du genre Ensemble et cie.

Il me semble qu'il faut accepter le dialogue avec ces camarades, même s'il est parfois difficile, et non les rejeter. De plus, sur des sujets comme l'Ukraine, la Syrie et la Libye, les positions défendues par Copas sont très, très loin de faire l'unanimité dans l'extrême-gauche...

verié2

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Message  mykha Mer 4 Juin - 18:08

Obama vient d'assurer Porochenko de son soutien inconditionnel assorti de 1 milliard "pour assurer la sécurité" et lutter contre les sombres manoeuvres russes...
Obama prix Nobel de la Paix.
mykha
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Ukraine - Page 37 Empty Re: Ukraine

Message  Roseau Mer 4 Juin - 18:24

mykha a écrit:Obama vient d'assurer Porochenko de son soutien inconditionnel assorti de 1 milliard "pour assurer la sécurité" et lutter contre les sombres manoeuvres russes...
Obama prix Nobel de la Paix.
Une camarade américaine me disait il y a quelques jours:
"L'élection d'Obama c'était un peu, comme celle de Hollande, le meilleur choix pour la bourgeoisie. Un président républicain, face à une opposition du parti démocrate, n'aurait pas pu aller aussi loin que Obama, notamment en matière de libertés publiques"
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Ukraine - Page 37 Empty Re: Ukraine

Message  Copas Mer 4 Juin - 18:38

verié2 a écrit:
Copas
quelqu'un qui injurie les autres en permanence, ment de façon ouverte en proférant des propos infamants
Tu as toi aussi l'injure facile, Copas ! Néanmoins, tu argumentes et ça ne me viendrait pas à l'idée de demander ton exclusion en raison de nos divergences. Pour ma part, je pense que tes positions et celles de Estirio Dogante sont presque symétriques et campistes.

Estirio représente un courant qu'on peut qualifier de "archéo maoïste" qui trimballe toutes sortes de conceptions, dont certaines héritées du stalinisme, dont il y a peu de chance qu'il parvienne à se débarrasser. Ca n'en fait pas un ennemi de classe, même s'il a tendance aussi à se montrer un peu méprisant et insultant. (Encore une fois il n'est pas le seul.) Ce courant est proche des tendances "néo staliniennes lutte de classe" du PCF, qui trimballent aussi des conceptions héritées de leur parti mais ont la volonté de combattre le capitalisme et sont parfois, par divers aspects, plus proches de nous sur le terrain que les courants "nomenklaturistes" et "petits bourgeois modernistes" du genre Ensemble et cie.

Il me semble qu'il faut accepter le dialogue avec ces camarades, même s'il est parfois difficile, et non les rejeter. De plus, sur des sujets comme l'Ukraine, la Syrie et la Libye, les positions défendues par Copas sont très, très loin de faire l'unanimité dans l'extrême-gauche...

Non je n'injurie pas quand je parle de quelqu'un qui soutient un régime fasciste et est par ailleurs pro-impérialiste. C'est une réalité et non une injure. Il se trouve par ailleurs qu'il couvre d'injures sous le regard placide de quelques camarades qui se déshonorent en n'étant pas intervenus bien plus tôt pour lui dire que ce n'était pas acceptable.

(Tu ne trouveras nulle part de ma part un soutien de ma part à une intervention impérialiste, à des forces fascistes ou un gouvernement fasciste. Ce fut pourtant le cas de Estirio. Faire l'équilibre entre les deux positions est assez peu juste à mon sens).

Exemple des derniers mots insupportables et orduriers de l’individu au fait que je remarquais que l'aide militaire US était bidon et les sommes dérisoire:

Copas se plains que l'impérialisme soit avare avec ses serviteurs qui assassinent les "séparatistes" (les ukrainiens qui ne veulent pas des fascistes, des réactionnaires du FMI et de l'impérialisme US).

Copas se place où il veut mais il est évident qu'il voudrait des sommes colossales afin de mater le plus rapidement possibles les ukrainiens de l'est.

Ce genre de choses balancé à chaque poste est ordurière et mensongère.
Mais bon, on ne va pas parler d'Estirio, il n'est pas là.

Mais ce qui est effrayant fut plus la lâcheté devant ces propos répétés en permanence de camarades comme Vérié (et Gaston si il suit le forum, sinon on peut comprendre).

Sur la question des points de vue d'une partie de l'extrème gauche occidentale sur ces sujets, oui, c'est inquiétant et sans le contrepoids d'un camp dans le passé vaguement "progressiste". Ca fait partie du glissement qui existe vers la réaction et des logiques niant les peuples sous-jacents.

Les voix qui se lèvent, comme des révolutionnaires du moyen orient interpellent et mettent en accusation les positions d'une partie de la gauche occidentale qui injurie les peuples soulevés, ou les nient ... :
.../...
Il s’est passé que de nombreux intellectuels et partis de gauche, de manière pédante et avec fort peu de sensibilité éthiques, ont recommandé à leurs équivalents en Syrie, persécutés pendant des années par la dynastie Al-Assad, d’accepter le « moindre mal » de la dictature et de se soumettre au pouvoir colonial interne qui était en train de les massacrer (quand ils ne les bombardaient pas virtuellement depuis de Madrid, Caracas ou Ottawa en les accusant d’être des traîtres, des impérialistes ou des mercenaires).

Il s’est passé que la droite et la gauche, au niveau des gouvernements, des partis et des médias, ont fini par converger, sauf exceptions, dans le mythe de la « lutte antiterroriste » en abandonnant, en ignorant ou en occultant la résistance héroïque et la douleur incommensurable de millions de Syriens qui veulent la paix, la liberté et la dignité. Ce sont pourtant les Syriens qui luttent contre le terrorisme, celui du régime et de Al-Qaeda, dans un silence international assourdissant, quand ce n’est pas avec la complicité directe de toutes les forces et de toutes les puissances.

Il s’est passé, enfin, que trois ans après, deux évidences s’imposent nettement : celle que les possibilités d’autodétermination pour la Syrie ont tragiquement diminué dans le guêpier géopolitique inter-impérialiste et celle que, de toute façon, toute espoir de construction nationale démocratique, de réconciliation et de dé-djihadisation passe aujourd’hui, comme en mars 2011, par le renversement de Bachar Al-Assad et de son régime criminel fasciste.
.../...

Ca c'est la face la plus grave et la plus décomposée de secteurs de gauche occidentaux qui est dénoncée là, mais on retrouve les mêmes raisonnements sur la question ukrainienne dans une situation bien plus complexe.

Vérié interroge sur le fait que Ensemble est proche des positions de solidarité avec les peuples en lutte alors que des "stals" non PCF sont plus loin, alors qu'on les côtoie dans les luttes du quotidien. Exact et je milite avec eux. Par contre je ne vois quasiment pas de FdG, ni de PC. C'est comme ça, on est d'accord sur l’objectif du pouvoir des travailleurs et la lutte des classes.

C'est comme ça. Mais si ils pensent que le problème principal en Ukraine et en Syrie c'est l'impérialisme US, pas un ne m'attaquerait comme l'individu dont on parle l'a fait (ni ne s'y risquerait d'ailleurs).

Retour à l'Ukraine :

La Russie n'acceptera pas le marché sur l'adoption d'une résolution sur des couloirs humanitaires dans l'Est de l'Ukraine en échange de l'accord d'adopter une résolution sur la Syrie renfermant la menace de recours à la force,
a déclaré l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine au cours d'une conférence de presse donnée au siège des Nations Unies.

Il a démenti les affirmations d'après lesquelles la position de la Russie lors des négociations sur la Syrie et l'Iran aurait durci à cause du soutien accordé par l'Occident aux autorités de Kiev, ayant noté que ces questions n'avaient « aucune influence » l'une sur l'autre.

La veille, la Russie a remis au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur le cessez-le-feu et la création de couloirs humanitaires dans l'Est de l'Ukraine en vue d'accorder une assistance à la population.
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Ukraine - Page 37 Empty Point sur la politique ukrainienne (en mai 2014)

Message  Roseau Mer 4 Juin - 23:26

http://www.les-crises.fr/politique-ukrainienne-mai-2014/
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Ukraine - Page 37 Empty Slavyansk

Message  Ermolay Jeu 5 Juin - 20:34

La moitie de la population semble avoir quitte la ville. Les videos de Delovoy Slavyansk montrent des maisons endommagees par les tirs d'obus, y compris une ecole maternelle et un hopital.

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Ukraine - Page 37 Empty Les sanctions : en voilà un bon plan !

Message  Resistance-politique Ven 6 Juin - 0:14

Ukraine - Page 37 Hollande-Russie



Donc « l’Occident », fort mécontent de la Russie, lui impose des sanctions. Non mais ! Non seulement cette Russie se permet de soutenir la Syrie, qui sort victorieuse de l’agression fomentée contre elle, mais voilà que cette même Russie se mêle de râler contre la manœuvre ukrainienne ! Pourtant, les Étasuniens avaient pris l’habitude, tranquilles, de grignoter les pays composant l’ex-URSS pour les enrôler dans l’OTAN.

Et en plus la Crimée, russe depuis toujours, se hâte de rejoindre la mère patrie, et une grande partie de l’Ukraine souhaite, a minima, son autonomie, peut-être son indépendance…voire son rattachement à la Russie (là, ça va certainement être plus difficile !).

Donc, « l’Occident » sanctionne : ça va faire mal ! Alors voilà, quelques responsables russes ont leurs avoirs bancaires gelés, et ils ne pourront même plus obtenir de visa pour aller faire leurs emplettes à New-York ! Vont-ils survivre ? Peut-être même que l’Europe ne va plus acheter de gaz (encore que, le gaz, c’est bien utile …) et que la France ne va pas livrer les deux vedettes Mistral (encore que, le commerce, c’est bien utile …). Et ils réfléchissent à faire pire !

Remarquons que Vladimir Poutine se garde toujours de faire des déclarations tonitruantes, mais il prend des mesures dans l’air du temps. Simplement, la question se pose : faut-il vraiment garder les services bancaires américains pour les paiements par carte bleue en Russie ? L’instauration d’un propre système de paiement ne s’imposait-il pas ? Le parlement russe a tranché en mai. Exit les cartes Visa, exit les cartes Mastercard ! Avec la Chine et d’autres pays asiatiques, ça fait un volume suffisant pour rentabiliser l’affaire.

Justement, la Chine a reçu avec les honneurs le président russe fin mai. Des contrats ont été signés pour des centaines de milliards de dollars. En particulier pour la vente de gaz russe à la Chine. Les négociations traînaient depuis une dizaine d’années, et brusquement, tout se débloque ! Coup dur à l’Ouest !

Et puis, Airbus est embarrassé, parce que le titane, indispensable pour faire des avions, est acheté à la Russie. Allô Obama, t’en as du titane ? Euh, non, pas vraiment, faudrait qu’une bonne grosse météorite tombe chez nous !

Enfin, les producteurs de porc bretons sont plutôt réservés sur les sanctions, parce que la Russie est justement un gros acheteur ! Les Russes ont décrété un embargo sur le porc européen parce que ceux en provenance de Lituanie étaient infectés par la peste porcine !

Et je ne vous parle pas de la CICA (Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie). Créée dans les années 90 après la chute de l’URSS, cette organisation n’avait jamais très bien fonctionné. Mais la session qui s’est tenue fin mai à Shanghai semble avoir sérieusement ressoudé les liens entre les pays membres !

Il n’y a pas de doute, le vent tourne !

D.R.

http://www.resistance-politique.fr/article-les-sanctions-en-voila-un-bon-plan-123829306.html
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Ukraine - Page 37 Empty Khodorkovski en Ukraine

Message  Ermolay Ven 6 Juin - 19:50

Interessante interview de Mikhail Khodorkovski (celebre oligarque sortant de 10 ans de prison en Russie) dans Le Monde. Il y raconte ses rencontres en Ukraine, et dit notamment :

"Je suis ensuite allé à Donetsk pour rencontrer les séparatistes dans le bâtiment de l'administration qu'ils avaient saisi. L'idée défendue publiquement d'une « république de Donetsk » indépendante est un mensonge total. Il s'agit de préserver une bande d'instabilité tout le long de la frontière orientale de l'Ukraine, grâce à l'argent russe. Parmi les séparatistes, il y a beaucoup de gens ordinaires avec des idées socialistes classiques et des rêves d'URSS, ou bien d'un autre système qui serait plus juste, dans leur imagination. Ils sont prêts à écouter et à entendre, mais on travaille peu et mal avec eux."

Il se confirme donc qu'un oligarque eprouve un peu de mal a travailler avec des "gens ordinaires avec des idées socialistes classiques et des rêves d'URSS, ou bien d'un autre système qui serait plus juste, dans leur imagination".

Ermolay

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Ukraine - Page 37 Empty Re: Ukraine

Message  verié2 Ven 6 Juin - 19:58

Il se confirme donc qu'un oligarque éprouve un peu de mal a travailler avec des "gens ordinaires avec des idées socialistes classiques et des rêves d'URSS
Ca semble dans l'ordre des choses. Very Happy 
Mais Khodorkovski étant, plus ou moins légitimement, plein de haine contre Poutine, il faut nécessairement décoder son discours et prendre ses "informations" avec des pincettes...

verié2

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Ukraine - Page 37 Empty Re: Ukraine

Message  Prado Ven 6 Juin - 22:16

A PROPOS D'UN AUTRE OLIGARQUE RUSSE

Un article intéressant (en anglais) dans le Guardian sur le bizarre bataillon VOSTOK, qui a de facto pris le pouvoir à Donetsk et joue un rôle essentiel dans les combats. Quels liens a-t-il avec Poutine ou avec Yanukovitch ? Qui le finance ?

Une révélation : le "premier ministre" et le "ministre de la Défense" (tous deux russes) de la Rép. pop. de Donesk travaillaient auparavant pour l'oligarque russe Konstantin Malofeyev "connu pour son soutien à l'expansionnisme russe", d'après le Guardian.

Konstantin Malofeyev (40ans) a fondé le fonds d'investissement international Marshall Capital Partners. Mais c'est aussi un généreux philanthrope.
Il est très actif. Ainsi c'est Konstantin Malofeyev et sa Fondation Saint-Basile qui viennent d'accueillir à Vienne une réunion de personnalités d'extrême-droite et eurasistes, européennes et russes, dont Alexander Douguine et Aymeric Chauprade (député européen FN)  (voir : http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/ ). Marion Maréchal Le Pen s'est  contentée de passer au dîner.

Prado

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Message  Copas Sam 7 Juin - 10:41

Prado a écrit:A PROPOS D'UN AUTRE OLIGARQUE RUSSE

Un article intéressant (en anglais) dans le Guardian sur le bizarre bataillon VOSTOK, qui a de facto pris le pouvoir à Donetsk et joue un rôle essentiel dans les combats. Quels liens a-t-il avec Poutine ou avec Yanukovitch ? Qui le finance ?

Une révélation : le "premier ministre" et le "ministre de la Défense" (tous deux russes) de la Rép. pop. de Donesk travaillaient auparavant pour l'oligarque russe Konstantin Malofeyev "connu pour son soutien à l'expansionnisme russe", d'après le Guardian.

Konstantin Malofeyev (40ans) a fondé le fonds d'investissement international Marshall Capital Partners. Mais c'est aussi un généreux philanthrope.
Il est très actif. Ainsi c'est Konstantin Malofeyev et sa Fondation Saint-Basile qui viennent d'accueillir à Vienne une réunion de personnalités d'extrême-droite et eurasistes, européennes et russes, dont Alexander Douguine et Aymeric Chauprade (député européen FN)  (voir : http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/ ). Marion Maréchal Le Pen s'est  contentée de passer au dîner.

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Message  CCR Lun 9 Juin - 17:50

L’impérialisme essaye de légitimer le pouvoir de ses alliés en Ukraine


Philippe Alcoy
Source: http://www.ccr4.org/L-imperialisme-essaye-de-legitimer-le-pouvoir-de-ses-allies-en-Ukraine

Trois mois après la chute de Viktor Ianoukovitch, trois mois marqués par la montée des tensions à l’Est d’un pays au bord du gouffre, l’élection présidentielle a finalement eu lieu dimanche 25 mai dernier en Ukraine. C’est l’oligarque pro-impérialiste Petro Porochenko qui l’a emporté dès le premier tour avec 56% des voix. Malgré le fait que dans les régions de l’Est la participation a été très faible, l’impérialisme cherche à légitimer le pouvoir de ses alliés sur l’ensemble du pays. La Russie, de son côté, tout en essayant de garder ses positions, essaye de se montrer « coopérative », une attitude qui semble indiquer une volonté de la part aussi bien de cette dernière que de l’impérialisme d’œuvrer à une certaine « stabilisation » de la situation. Cependant, la situation tendue à l’Est, la crise politique et économique profonde du pays, les contradictions avec la Russie et entre les puissances impérialistes encore non résolues laissent planer beaucoup de doutes sur cette perspective.


A peine élu président, Petro Porochenko déclarait que ses trois objectifs centraux étaient : en finir avec la guerre dans l’Est du pays, réintégrer la Crimée au sein de l’Ukraine et avancer dans le rapprochement avec l’Union Européenne. Des objectifs qui, en plus d’être difficilement réalisables, constituent une déclaration d’opposition frontale avec la Russie. Cependant, ce discours n’est que de la rhétorique. Le vrai objectif pour les oligarques « pro-occidentaux » et l’impérialisme est de poser les bases de la reconstitution d’un pouvoir légitime, au moins sur la partie du territoire qui n’est pas sous contrôle des rebelles « pro-russes ».

Un tel pouvoir aurait des conséquences sur le terrain militaire et par conséquent sur celui des négociations avec la Russie. En effet, comme l’affirme un intellectuel pro-Kiev dans une interview : « Je crois que le nouveau président va adopter une approche plus agressive contre les terroristes que celle que le gouvernement actuel est capable d’avoir. Un président élu en aura l’autorité nécessaire » [1]. Ce n’est pas un hasard si dès le lendemain de l’élection de Porochenko et avant même que celui-ci assume ses fonctions, l’Armée ukrainienne a intensifié ses attaques contre les pro-russes, notamment à Donetsk où il y a eu plus de 40 morts lors des affrontements à proximité de l’aéroport de la ville.

Poutine et son gouvernement sont conscients du fait que ce n’est pas la même chose de négocier avec un gouvernement légitimé par des élections, et soutenu par l’impérialisme, que de le faire avec un gouvernement plus faible. C’est pour cela que les déclarations du ministre des affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, condamnant l’intensification des opérations de l’arméeukrainienne, prennent l’air d’un avertissement : « Si le calcul est (...) d’écraser la résistance dans le Sud-Est avant l’entrée en fonction de Petro Porochenko pour pouvoir aller dans le Donbass en vainqueur, cela ne créera sans doute pas de bonnes conditions pour un accueil hospitalier dans la région de Donetsk ».

Cette situation cependant ne préjuge pas du succès de Porochenko et ses alliés. Il doit faire face à beaucoup de défis et surtout appliquer de dures attaques contre les masses. En ce sens, rien ne peut garantir que son image ne sera pas elle-même dégradée très rapidement. En effet, même si à la différence d’autres personnages politiques comme Ioulia Timoshenko et les représentants de l’opposition libérale qui ont participé de Maïdan, Porochenko était plus discret, il a déjà exercé des responsabilités au plus haut niveau de l’Etat. Et cela d’un côté comme de l’autre : sous la présidence de Viktor Iouchtchenko, après la « révolution Orange », il a été responsable des affaires étrangères, puis sous celle de Viktor Ianoukovitch il a été à la tête du ministère du développement économique. A tout cela il faut ajouter que « Petro Porochenko, le « roi du chocolat », personnifie des traits typiques de la politique ukrainienne, où les intérêts publics et privés sont indissociables. Le nouveau président fait partie de la caste des oligarques, ce petit groupe de milliardaires qui utilisent leurs relais politiques et médiatiques pour accroître leur puissance. Difficile, dès lors, de l’imaginer en nettoyeur des mœurs dissolues des élites et de la corruption » [2].

Un tournant dans l’attitude de la Russie ?

Depuis la chute de Viktor Ianoukovitch l’attitude de Poutine a été d’attiser tous les mouvements susceptibles de déstabiliser l’Ukraine, notamment dans le Sud-est du pays. L’un de ses objectifs était justement d’empêcher la tenue des élections du 25 mai dans des conditions qui ne lui soient pas favorables. La formation de groupes armées « séparatistespro-russes » et, après l’annexion de la Crimée, l’annonce de l’organisation de référendums dans l’Est ukrainien semblaient indiquer une tendance à la « balkanisation de l’Ukraine », une perspective que l’on ne peut pas encore exclure.

Or, alors que le 11 mai se sont tenus des référendums sur le statut des régions de Donetsk et de Lougansk, le gouvernement russe en a surpris plus d’un en demandant aux « séparatistes », quelques jours avant la tenue de ces échéances électorales, de suspendre la votation. Même si finalement les référendums ont eu lieu, cela a permis à Poutine d’apparaitre comme un « dirigeant responsable » cherchant à faire baisser les tensions dans la région. On peut imaginer que derrière ces déclarations se cachait aussi la volonté d’essayer de ne pas perdre le contrôle de la situation à l’Est qui devenait très explosive.

L’attitude de la Russie vis-à-vis des élections présidentielles du 25 mai a aussi connu une certaine modification. Alors qu’à un moment Poutine les considérait comme complètement illégitimes étant donné le contexte d’agitation sociale, les déclarations de S. Lavrov après les résultats connus laissent entrevoir la possibilité d’une reconnaissance des nouvelles autorités de Kiev. En effet, Lavrov se déclarait prêt à soutenir l’action du nouveau président si celui-ci agissait pour « le bien de tous les ukrainiens ». Les déclarations depuis la Russie du président déchu V. Ianoukovitch disant « accepter les décisions du peuple » vont dans le même sens.

L’arme du gaz russe

Cependant, il ne faut pas croire que la Russie a abandonné la partie et renoncé à garder son influence sur, au moins, une partie de l’Ukraine. Poutine est seulement en train de changer de tactique en s’appuyant cette fois-ci davantage sur le « chantage du gaz ». En effet, ces derniers jours la Russie, sachant la situation économique désastreuse de l’Ukraine, a augmenté la pression sur celle-ci (et à travers elle sur l’UE) en la menaçant d’un arrêt de l’approvisionnement de gaz. La Russie exige de l’Ukraine le payement de ses dettes gazières depuis novembre 2013, c’est-à-dire près de 1,5 milliards d’euros, ce que le gouvernement actuel refuse de faire arguant un prix trop élevé. La date limite était le 2 juin pour empêcher la coupure de la livraison du gaz, mais finalement Kiev a payé une partie de sa dette, ce qui lui permet de gagner du temps.

Mais il ne faut pas se tromper, « ni les Ukrainiens ni les Russes ni les Européens n’ont intérêt à une « guerre du gaz » comme celles de 2006 et 2009. L’Europe importe le quart de son gaz de Russie (dont près de la moitié transite encore par l’Ukraine), et certains pays d’Europe centrale et orientale (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, pays baltes...) sont très dépendants des approvisionnements russes (…) Sur le long terme, Gazprom n’a aucun intérêt à une dégradation des relations avec les pays de l’UE, qui lui assurent l’essentiel de ses profits » [3]. On peut dire que ce qui pousse la Russie à employer cette « arme » c’est sa propre situation économique qui se trouve affectée par la crise ukrainienne. Selon des estimations la croissance russe pour cette année ne serait que de 0,5% du PIB et la banque la plus importante du pays, la Sberbank, annonce une chute de 18% de ses profits trimestriels par rapport à l’année dernière.

Pourtant, ce contexte de crise a également eu comme conséquence un rapprochement entre la Russie et la Chine, ce qui a abouti à la signature d’un « méga-contrat » qui était en négociations depuis ni plus ni moins que 15 ans ! Celui-ci porte sur l’approvisionnement en gaz de la Chine sur 30 ans et on estime qu’il rapportera près de 300 milliards d’euros à la Russie. Ainsi, « ce méga-contrat est donc l’opportunité pour la Russie de moins dépendre des commandes de l’Europe, son premier client. Côté UE, ce contrat est une menace de plus pour les approvisionnements. Si la France dépend à 16% du gaz russe (et à 42% du gaz norvégien ou à 16% du gaz algérien), d’autres pays comme la Slovaquie ou la Bulgarie en dépendent à 100% » [4].

Combats, décomposition sociale et division des rebelles à l’Est de l’Ukraine

Le « réajustement » de la politique de la Russie en Ukraine demande également un réajustement de l’attitude de ses alliés sur place. Cela est d’autant plus nécessaire pour Moscou que la situation commence à devenir chaotique à l’Est et le comportement de certains combattants relève plutôt de la décomposition sociale. Ainsi : « ‘Plusieurs fourgons blindés transportant des fonds bancaires ont été saisis par les pro-russes. De nombreuses banques ont cessé d’envoyer des fonds à Donetsk, jugeant que c’est trop risqué. C’est pourquoi il est de plus en plus difficile de trouver de l’argent en ville’, indique encore un retraité qui vient de trouver porte close à la DeltaBank » [5]. Ou encore, au moment même où l’Armée ukrainienne attaquait l’aéroport de Donetsk, « les combattants les plus sérieux restaient à l’aéroport pour combattre les forces de Kiev [mais] certains des civils séparatistes profitaient du chaos pour s’embarquer dans une frénésie de pillage massif dans un des plus grands hypermarchés de la ville » [6].

Dans ce contexte, les fractions des rebelles les plus liées et contrôlées par Moscou comme le Bataillon Vostok, dirigé par un ancien combattant de la Tchétchénie Igor Strelkov, sont en train de se débarrasser des rebelles les moins disciplinés. C’est ainsi que les nouvelles autorités de la « République populaire » de Donetsk ont évacué le quartier général des rebelles. Selon les dirigeants il s’agissait de transformer ce QG en un lieu d’exercice du pouvoir et non plus une sorte de « dortoir ». Elles ont également démantelé les barricades aussi bien des pro-Maïdan que des pro-russes. Certains parlent même d’un « coup d’Etat interne ». En effet, il pourrait s’agir justement d’une « adaptation » du comportement des rebelles à la nouvelle posture de Poutine mais en même temps d’une meilleure préparation des autorités de la ville pour faire face à une offensive des forces de Kiev.

Quoi qu’il en soit, la dégradation de la situation sociale à l’Est exprime également les difficultés économiques de la population. Des difficultés auxquelles les nouvelles autorités de Kiev devront d’une façon ou d’une autre répondre au risque de voir de nouvelles explosions sociales se développer. Pour le moment la seule réponse des dirigeants pro-impérialistes a été d’annoncer des mesures d’austérité et des attaques contre les conditions de vie des classes populaires. La dernière annonce, c’est la privatisation, voire la fermeture, de près de 30% des mines appartenant à l’Etat et jugées « non rentables ». Du côté des dirigeants « pro-russes » leurs agissements à la tête des villes qu’ils contrôlent ne présagent rien de bon pour les travailleurs. Il devient de plus en plus urgent pour les exploités et les opprimés de trouver une issue indépendante des différents camps capitalistes avant qu’ils ne leur imposent encore plus de misère et des souffrances supplémentaires.

2/6/2014.

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NOTES

[1] Spiegle, “Europe’s New Status Quo : ’Ukraine Is Fighting Our Battle’”, 23/5/2014.

[2] Le Monde, « Petro Porochenko, un oligarque rusé et opportuniste à la tête de l’Ukraine », 26/5/2014.

[3] Le Monde, « Crise du gaz : l’Europe, la Russie et l’Ukraine cherchent un terrain d’entente », 20/5/2014.

[4] Le Parisien, « Energie : la Russie et la Chine signent un méga-contrat gazier », 21/5/2014.

[5] Le Monde, « A Donetsk, l’anarchie rampante entre groupes séparatistes », 29/5/2014.

[6] Financial Times, « Ukraine crisis : Paramilitaries seize Donetsk rebels’ HQ », 29/5/2014.

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Ukraine - Page 37 Empty Bolcheviks et révolution nationale ukrainienne

Message  Antonio Valledor Lun 9 Juin - 19:29

Les dramatiques événements en Ukraine suscitent d’intenses polémiques à gauche et illustrent à nouveau pour les marxistes toute l’importance de la « question nationale » et de son articulation avec l’analyse de l’impérialisme. La question clé de l’indépendance et de l’unité de l’Ukraine face aux différents impérialismes – et en premier lieu face à l’impérialisme russe - constitue en effet une constante dans son histoire. Ecrit en 1989, le texte de Zbigniew Kowalewski que nous publions ici dans sa quasi intégralité apporte un éclairage historique de très grande valeur pour comprendre certains de ces éléments dans la situation actuelle en Ukraine. Il montre notamment que la complexité de cette situation n’est nullement une nouveauté. Il offre aussi - à l’encontre d’une certaine « légende dorée » bien ancrée dans les courants marxistes révolutionnaires - un exemple saisissant sur les errements et les contradictions de la politique des bolcheviques sur la question nationale. Nous y reviendrons plus en détail dans une prochaine publication. (Avanti4.be)

http://www.avanti4.be/debats-theorie-histoire/article/ukraine-le-bolchevisme-devant-une-revolution

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Message  Roseau Lun 9 Juin - 19:35

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Message  Ermolay Lun 9 Juin - 20:17

Roseau a écrit:Ukraine - Page 37 Propagande-afp1-578x500

... et a l'heure ou ces lignes sont ecrites, Le Monde n'a toujours pas corrige...

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Ukraine - Page 37 Empty Les volontaires russes pour le Donbass

Message  Ermolay Lun 9 Juin - 21:27

Deux articles interessants sur le sujet. Un dans le New York Times et un dans Kommersant (traduit par Le Courrier de Russie).

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Message  gérard menvussa Lun 9 Juin - 21:36

Dans le journal "goooosh" du luxembourg, "david" aka Murray Smith (il a milité à la lcr trés longtemps dans les années 80) a écrit un billet tout a fait clair et documenté.


Ukraine: vérités et contre-vérités





Dans chaque guerre, un des fronts est celui de l’information et de la désinformation. Dans la crise que vit l’Ukraine actuellement, il y a un discours de l’Etat russe, exprimé par le ministère des affaires étrangères, relayé par le monde politique, diffusé par des médias qui sont de plus en plus aux ordres de l’Etat, ainsi que par les milices prorusses de l’Est de l’Ukraine. Son but est de délégitimer le gouvernement et l’Etat ukrainiens et de légitimer l’ingérence russe dans les affaires du pays. Ce discours a un impact sur des secteurs importants des populations de l’Est, méfiants à l’égard de Kiev et influencés par les médias russes. Il rencontre parfois même un certain écho dans les médias occidentaux et, ce qui est beaucoup plus grave, dans une partie de la gauche en Europe. Il semble important de contester la version russe des événements en Ukraine.

Résumons cette vision des événements. Victor Ianoukovitch était/est le président légitime d’Ukraine. Le mouvement de masse qui l’a renversé est réduit à des groupes manipulés et financés (le chiffre de 5 milliards de dollars est avancé) par l’Occident. Qui plus est, ces groupes étaient et sont toujours fascistes, néo-nazis, antisémites. Le renversement de Ianoukovitch relevait d’un coup d’Etat. Le gouvernement ukrainien actuel, caractérisé comme une junte fasciste/nazi est non-élu, illégitime et le produit de ce coup d’Etat.

Les forces armées ukrainiennes mènent dans l’Est du pays une guerre contre leur propre peuple. La Russie est, comme il y a 70 ans, un barrage contre le fascisme. Le but de la Russie est de combattre le fascisme et de favoriser une solution par la négociation, en protégeant les populations russophones supposées être discriminées. Ce discours est globalement faux. Il ne sert qu’à déstabiliser et affaiblir le gouvernement ukrainien pour maximiser l’influence russe sur le pays. Le discours, arme de l’Etat, est bien sûr modulable, il peut être durci ou adouci suivant les circonstances. Il convient de le décortiquer pour le combattre.

La Russie, rempart contre le fascisme?

Moscou propose une dialogue d’égal à égal entre le gouvernement et les insurgés de l’Est, avec comme préalable l’arrêt des opérations de l’armée ukrainienne. De son côté, le gouvernement ukrainien sera prêt à arrêter les opérations à condition que les rebelles se désarment et quittent les lieux qu’ils occupent. La différence entre les deux démarches est de taille. Car toute négociation est menée sur fond de rapports de forces, et ils ne seront pas les mêmes dans les deux cas.

Moscou veut une Ukraine fédérale. Mais les mots comme fédéral, fédéralisme, fédéralisation peuvent signifier des choses différentes. Les partisans d’une centralisation accrue de l’Union européenne se font appeler fédéralistes. Et puis des pays dits fédéraux recouvrent des réalités tout à fait différentes – Etats-Unis, Allemagne, Russie, Yougoslavie, URSS… Dans le cas ukrainien, ce que veut le gouvernement russe est une forme de fédéralisation/confédéralisation très poussée, avec le droit pour les régions de mener leur propre politique économique et de conclure des accords internationaux. Il veut en effet démembrer le pays pour pouvoir se tailler une sphère d’influence à l’Est et en même temps affaiblir le pouvoir central.

Nous allons considérer:

- la version russe des événements ;

- la réalité des insurgés à l’Est ;

- la prétention de la Russie d’être un bastion contre le fascisme ;

- les liens de Moscou avec l’extrême droite en Europe.

Commençons par la moindre des choses. Le gouvernement actuel de Kiev est décrit comme étant « non-élu » et illégitime. Mais qui élit un gouvernement ? Pas les citoyens directement, mais le Parlement, lequel est élu par les citoyens. Après la fuite de Ianoukovitch, le parlement ukrainien a nommé un président par intérim et un gouvernement. Ce Parlement avait été élu en 2012 : il est donc aussi « légitime » que le président déchu, qui avait été élu en 2010. En attendant de nouvelles élections, ce Parlement est la seule instance légitime, car issue du suffrage universel, au niveau national.

Le parlement élu en 2012 avait 450 membres, dont 33 étaient absents le jour de la nomination du gouvernement, le 27 février ; un certain nombre d’entre eux étaient sans doute en fuite avec Ianoukovitch. La nomination de Yatseniouk comme premier ministre a obtenu 371 voix, la composition du gouvernement 331. Ni putsch ni coup d’Etat, donc, et le vote n’a pas eu lieu sous la menace d’hommes armés, contrairement à ce qui s’est passé le lendemain en Crimée. En revanche, la composition du gouvernement avait été soumise la veille à l’approbation de l’assemblée sur le Maidan. La même assemblée qui avait rejeté au soir du 21 février le misérable « compromis » négocié et imposé par les ministres des affaires étrangères occidentaux, et qui aurait laissé Ianoukovitch au pouvoir jusqu’en décembre; c’est ce rejet qui a précipité la fuite de celui-ci dans la nuit qui suivait.

Ni putsch, ni coup d’Etat

Constater ces faits n’implique évidemment aucune approbation du gouvernement actuel, ni de sa politique. Comme l’écrit un militant de la gauche ukrainienne, Zakhar Popovych, dans cet article, « Nous n’avons jamais soutenu ce gouvernement. Nous pouvons le supporter temporairement mais pas le soutenir ». Il s’agit simplement de ne pas tomber dans le panier de ceux qui veulent à tout prix délégitimer le gouvernement, sans d’ailleurs proposer une alternative, dans le seul but de déstabiliser le pays. Cela n’implique pas non plus de banaliser la présence de ministres d’extrême droite, simplement de la mettre en perspective.

Ensuite, il y aurait à Kiev un « gouvernement/junte fasciste » (ou parfois nazi). Passons sur le terme « junte » qui est simplement utilisé pour faire plus sinistre et pour mieux coller au concept de « coup d’Etat ». Le parti qui domine très largement ce gouvernement est Batkivshchina, le parti de Ioulia Timochenko. Un parti qu’on peut caractériser comme étant de droite, nationaliste, libéral, mais ni fasciste ni nazi. Reste le parti Svoboda. Qu’on peut certainement caractériser comme parti fasciste, en attendant une analyse plus fine. Quel est le rôle de Svoboda dans le gouvernement? Il a l’un des trois vice-premiers ministres et dirige deux ministères, ceux de l’Ecologie et de l’Agriculture. En plus, le Procureur général par intérim est un membre de Svoboda.

Le poids de l’extrême droite est moins lourd qu’en Autriche en 2000, où le FPÖ avait la Justice, les Finances et la Défense. La présence de Svoboda au gouvernement est une réalité qu’il faut constater, mais sans l’exagérer. L’influence de l’extrême droite est nuisible et doit être combattue, mais c’est au peuple ukrainien de la faire. Sans recevoir de leçons d’une gauche occidentale dont la vision de la réalité ukrainienne est parfois superficielle et caricaturale. Et surtout pas avec « l’aide » de la Russie.

Une extrême-droite russophile

La réalité est que ce gouvernement est néolibéral, largement composé de vieux routiers de la classe politique, fortement lié aux oligarques. Et qu’il est prêt à appliquer tout ce qu’on (le FMI, l’Union européenne) lui demande en matière de mesures d’austérité et de réformes structurelles. C’est à partir de cette réalité qu’il doit être combattu, pas en se lançant contre les moulins d’une soi-disant junte fasciste. Or, il ne manque pas de méfiance à l’égard de ce gouvernement parmi ceux qui ont fait le mouvement qu’on appelle maintenant Maïdan. Quand un journaliste du Financial Times demandait récemment pourquoi les Maïdan étaient encore là, il a reçu la réponse : « Pour s’assurer que le nouveau gouvernement ne vole pas l’argent qui vient du FMI ». Ce que le journaliste trouvait « assez raisonnable ». C’est un sentiment qui pourrait être partagé par ceux de l’Est qui ont été majoritairement – mais pas unanimement – extérieurs à ce mouvement.

Car eux aussi sont contre la corruption et le régime des oligarques. Seulement, pour les partisans d’une Ukraine unie, il est difficile de se mobiliser contre le seul gouvernement qui existe quand le pays est confronté au danger d’une intervention russe et à la réalité des agissements des milices paramilitaires à l’Est. Et pour les populations de l’Est, il est aussi difficile de se mobiliser, prise entre les milices et la campagne « anti-terroriste » du gouvernement. C’est une des raisons pour lesquelles il faut démilitariser le conflit, laisser le champ libre à l’action politique, syndicale, associative. Une deuxième raison est qu’un tel conflit civil, au-delà des victimes immédiates, laisse toujours des traces longtemps après.

Place à la politique et aux travailleurs!

On entend aussi que le pays en général, et Kiev en particulier, serait sous le règne d’une terreur fasciste, nazi, antisémite. Pourtant, les premiers à réfuter cette caricature sont les organisations juives. Elles sont si nombreuses qu’il devient fastidieux de les énumérer, la dernière déclaration datant du 16 mai. La réaction de l’oligarque juif et gouverneur de Dnipropetrovsk, Ihor Kolomoïsky, fut assez succincte : «It’s bullshit». Et puis, il y a plein de témoignages de ceux et celles qui ont été à Kiev. Dont, notamment, Nadia Tolokonnikova des Pussy Riot.

Evidemment qu’il y a de l’antisémitisme en Ukraine. Il y en a partout en Europe. Evidemment qu’il y a des actes antisémites en Ukraine. Mais pas plus que les actes racistes et antisémites en Russie, et avec beaucoup moins de morts [1].

Un rôle de choix dans cette supposé vague d’antisémitisme est attribué au Pravy Sektor (Secteur de droite) qui est par ailleurs rendu responsable par les médias russes de tout méfait en Ukraine, à tel point que s’il n’existait pas il faudrait bien l’inventer. Comme l’a demandé l’écrivain russe Dimitri Glukovsky, « Qui a transformé le “Secteur de droite” d’une bande de désaxés de la rue, qui n’avait même pas un vrai nom auparavant, en force centrale du nationalisme ukrainien ? ». C’est surtout le gouvernement et les médias russes. Comme le dit Zakhar Popovych, « Le Pravy Sektor est un parti très petit qui existe principalement sur des chaînes de télé russes ». Pour chiffrer, pour le mois d’avril, le Secteur de droite a été cité dans les médias russes 18.895 fois, presque autant que la Russie unie, le parti de Poutine (19.050 fois), et presque quatre fois plus que Batkivshchina, le parti qui dirige le gouvernement à Kiev. Svoboda n’arrive même pas dans les sept premiers, donc avec moins de 2.700 mentions. Etrange pour la composante vraiment fasciste d’un gouvernement qui est censé l’être.

Pravy Sektor, une fabrication?

Au-delà de sa taille, quel est le caractère du Secteur de droite ? Presque inconnu jusque-là, il est monté en première ligne à partir de la mi-janvier quand le régime a fait le choix de la répression et que la question de l’auto-défense du Maïdan est devenue centrale. Il semble pourtant qu’il y a de nombreuses zones d’ombre concernant ses liens avec le régime Ianoukovitch, y compris dans les derniers jours avant sa chute. Il n’est pas impossible que le régime ait essayé de les utiliser comme provocateurs mais qu’ils s’en soient affranchis. Aujourd’hui, ils sont censés être partout, sans qu’on puisse toujours faire la différence entre leurs agissements réels et leur utilité comme épouvantail. Le Secteur de droite est habituellement décrit comme étant néo-nazi.

A l’origine, il s’agissait d’une fédération dont la colonne vertébrale était l’organisation VO Tryzub dont le dirigeant est Dimitri Yarosh. Parmi ceux qui s’y sont agrégés, il y avait en effet quelques groupuscules néo-nazis. Maintenant que le Secteur de droite est devenu un parti, la situation n’est pas claire. Mais il semble bien que Yarosh et Tryzub sont avant tout des nationalistes de la tendance la plus dure, tout à fait prêts à utiliser la violence dans la poursuite de leur révolution nationale. Mais pas forcément néo-nazi ou antisémite.

On a entend Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, expliquer qu’il n’est pas normal de tenir les élections avec les combats qui se déroulent dans l’Est. Certes, on peut douter de l’efficacité du déploiement de l’armée contre les milices pro-russes, déploiement qui peut aliéner davantage les populations dans les zones de combats. Il s’agit quand même d’une réponse à des actions armées qui ont été soutenues et encouragées par le gouvernement auquel Lavrov appartient. En appelant l’Ukraine à retirer ses forces armées de l’Est, le Russie insiste beaucoup sur la notion de « guerre contre son propre peuple ». On aurait donc l’impression que les forces ukrainiennes tirent contre des civils.

« Guerre contre son propre peuple »

Il y a en effet eu quelques morts de civils. Mais on ne peut pas qualifier de civils des hommes en treillis militaire armés de Kalachnikov, de lance-roquettes et d’armes lourdes. Un des problèmes pour les forces ukrainiennes est précisément qu’elles essaient d’éviter au maximum des victimes civiles. Si elles n’avaient pas cette contrainte, elles auraient déjà pris Sloviansk, mais en faisant beaucoup de pertes parmi la population. De la même façon que les Russes quand ils ont pris Grozny.

Qu’est-ce qui se passe à l’Est ? D’après le gouvernement, il s’agit d’actions de terroristes et de séparatistes. Le gouvernement russe les caractérise comme fédéralistes et les prises de bâtiments comme étant le fait de simples citoyens qui refusent l’autorité d’un gouvernement de Kiev qu’ils jugent illégitime.

Parmi les insurgés, il y a le noyau dur qu’il n’est pas faux de caractériser comme terroriste, des nationalistes russes – qu’ils soient de nationalité russe ou ukrainienne – qui sont partisans du rattachement de ces régions à la Russie. Ce sont eux qui mènent la danse. Là dedans il y a des gens qui sont venus de Russie. On peut spéculer sur leur statut exact ; il y a certainement des agents des services russes, mais aussi des ex-militaires franc-tireurs et des mercenaires. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une aide de la Russie. Financier sans doute, mais aussi militaire. On ne trouve pas des armes lourdes dans les caves des commissariats occupés. Et ceux qui descendent des hélicoptères avec des missiles sont des professionnels. Il ne faut d’ailleurs pas un grand nombre d’agents russes : un certain nombre pour encadrer, des saboteurs, des provocateurs.

Lourdement armés

Au-delà du noyau dur, la plupart des miliciens sont des hommes de la région, souvent avec une certaine expérience militaire. Et puis il y a la partie de la population qui les soutient, ou qui a pour le moins de la sympathie pour eux. Les assimiler aux terroristes et décrire l’intervention de l’armée comme « Opération anti-terroriste » est pour le moins une maladresse.

La façon d’agir des milices paramilitaires semble très bien planifiée. Ils commencent, au moins dans les villes importantes, par ce qu’il faut bien appeler des actions de commando, des prises de mairies, de sièges régionaux, de commissariats, menées d’une manière très professionnelle. Une fois installés, ils s’autoproclament maires et gouverneurs « populaires ». Ensuite, là où il y a des émetteurs de télévision, ils cherchent à les prendre. S’ils réussissent, ils coupent tout de suite les chaînes ukrainiennes et branchent celles de la Russie, comme ce fut déjà le cas en Crimée. Ensuite, ils mènent une campagne d’intimidation, d’enlèvements, de tortures et d’assassinats dont les cibles sont les partisans d’une Ukraine unifiée, mais aussi des journalistes, de là-bas ou d’ailleurs, qui n’acceptent pas de censurer leurs reportages.

Un de leurs derniers faits d’armes était d’interpeller devant ses élèves et d’emmener menottée une directrice d’école qui avait refusé que son établissement soit utilisé pour leur référendum du 11 mai. Ils s’en sont pris aux fonctionnaires chargés d’organiser les élections du 25 mai, avec violences, menaces, saisies des listes électorales et de bulletins de vote. Les méthodes utilisées sont les mêmes partout – pour l’instant, après la Crimée, dans les oblasts de Donetsk et Louhansk. Ils aimeraient bien étendre leurs actions aux autres régions du Sud et de l’Est, mais ils y rencontrent davantage de résistance.

Mini-coups d’Etat

La propagande russe parle de coup d’Etat à Kiev. Mais ce que nous venons de décrire, c’est le déroulement de mini-coups d’Etat, ville par ville. Ecoutons encore Zakhar Popovych : « La junte n’est pas à Kiev, mais à Sloviansk. A Kiev, vous pouvez facilement manifester avec des drapeaux rouges et diffuser toutes sortes de tracts. Ceci a été montré clairement à l’occasion des manifestations du 1er mai. Toutes les libertés libérales existent à Kiev, mais pas dans la République populaire de Donetsk ». A Donetsk, le 28 avril, un millier de manifestants défilaient pour l’unité de l’Ukraine, pacifiquement, sans service d’ordre (ce qui était, par ailleurs, imprudent). Ils ont été attaqués et battus à terre par 300 miliciens armés de matraques et de barres de fer.

Ces méthodes rappellent celles des milices, serbes surtout, qui se formaient au début des années 1990 en Yougoslavie. Ou celles des milices protestantes en Irlande du Nord. Y compris dans le type de personnel dirigeant, un mélange d’aventuriers, de marginaux, de criminels, d’anciens militaires, de militants d’extrême droite et d’agents de l’Etat. Le personnage de Vyacheslav Ponomaryov, « maire populaire » de Sloviansk, est particulièrement intéressant. A la lecture de cette interview, il émerge comme un véritable psychopathe. Même le journaliste est manifestement interloqué. Quant à son comparse Strelkov/Girkin, ancien (ou pas…) militaire russe et chef militaire des milices de Donetsk, il serait, d’après Popovych, monarchiste et grand admirateur du général blanc Denikine.

Un soutien populaire difficile à juger

Il est difficile de juger du degré de soutien populaires pour le rattachement à la Russie ou pour les « républiques indépendantes ». Quant aux référendums du 11 mai, on ne peut pas prendre au sérieux les chiffres de participation dans les deux oblasts (81% et 75%). Le gouvernement et des observateurs russes indépendants avancent des chiffres nettement moins élevés. Mais ce sont des estimations, sans base empirique. En revanche, tous les sondages qui ont été menés depuis trois mois, de sources ukrainiens ou étrangers, donne une majorité nette pour l’unité ukrainienne, y compris dans les oblasts de Donetsk et Louhansk (autour de 70%).

On est frappé par le caractère squelettique des manifestations de soutien « populaire » aux milices. Il s’agit de manifestations d’un ou de deux milliers de personnes dans une ville comme Donetsk avec une population d’un million. Le 1er mai, ils étaient un millier de personnes à défiler dans cette ville en criant « Russie, Russie », « le Donbass avec la Russie », dans un faible écho des dizaines de milliers qui défilaient à Moscou sous des mots d’ordre chauvins. Une honte pour la fête internationale des travailleurs. A Donetsk, les syndicats de la ville ont boycotté la manifestation. Par ailleurs, le mouvement ouvrier organisé du Donbass (notamment les mineurs et les sidérurgistes) est assez peu intervenu en tant que tel. Il y a des exemples d’opposition aux séparatistes et de défense de l’unité ukrainienne et quelques-uns qui vont dans l’autre sens. Mais les choses ne sont pas encore claires. Sans doute, comme le reste de la population, les ouvriers sont en tout état de cause assez hostiles au gouvernement à Kiev.

Ouvriers hostiles à Kiev

Quant à l’idéologie et la composition du mouvement prorusse, c’est un mélange de tout ce qu’il y a de réactionnaire. « Admirateurs de Staline et fans du Tsar-père, nazis russes et cosaques ruritaniens, fanatiques orthodoxes et vielles dames nostalgiques du temps de Brejnev – plus ceux qui sont contre la justice pour enfants, le mariage gay et les vaccinations contre la grippe ». C’est ainsi que Sergueï, un militant de gauche qui a fait un des meilleurs comptes-rendu des événements du 2 mai à Odessa, les décrit.

Dans le monde que décrivent les partisans de la Russie, les partisans du gouvernement sont antisémites et sèment la terreur à Kiev. Dans le monde réel, le mémorial à l’Holocauste à Novomoskovsk a été profané pour la deuxième fois en six semaines, avec une inscription « Mort aux Juifs-Bandéristes » [2] et des grossièretés à l’égard du gouverneur juif Kolomoïsky. Et la terreur est à Donetsk et Louhansk et surtout à Sloviansk. On pensera au mot de Winston Churchill : « Les fascistes de l’avenir s’appelleront antifascistes ».

Au-delà de l’Ukraine, il y a la Russie. Poutine et ses acolytes et les médias à leur service dénoncent à volonté la « junte fasciste » et les néo-nazis en Ukraine, tout en utilisant en Ukraine des mercenaires qui viennent souvent des milieux d’extrême droite. Et en Russie, même l’extrême droite se porte bien. Passons sur l’idéologie eurasienne de Dougine. Et même sur le passé de certains membres du gouvernement. En Russie, les groupes néo-nazis agissent en plein jour et apparemment sans être inquiétés, comme le montrent ces photos du 1er mai à Moscou. De telles manifestations ont également eu lieu à Saint-Pétersbourg et dans une vingtaine d’autres villes.

Soutien de l’extrême-droite

Et ce n’est pas seulement en Russie et en Ukraine que l’extrême droite sert les intérêts de la Grande Russie. Car voici une chose intéressante. Vu que l’Ukraine est censée avoir un gouvernement fasciste et/ou est terrorisée par des bandes fascistes ou nazies, on aurait pu s’attendre à ce que l’extrême droite ukrainienne reçoit le soutien de ses pairs ailleurs en Europe. Mais pas du tout. Déjà au moment du référendum en Crimée, les résultats ont été vérifiés par des observateurs dont l’essentiel venait de l’extrême droite. Il y avait notamment des représentants du Front National (France), du FPÖ et BZ (Autriche), de Jobbik (Hongrie), du Vlaams Belang (Flandre), de la Ligue du Nord et de Fiamma Tricolore (Italie) et d’Ataka (Bulgarie) : le tout coordonné par le néo-nazi belge Luc Michiel. Il va sans dire que leur vérification ne vérifiait rien. En fait, il y a nombre d’analyses de la réalité de ce référendum, qui contestent les chiffres invraisemblables de participation (83,1%) et de « oui » (96,77%).

Le chiffre sans doute le plus impressionnant vient du très officiel Conseil pour les droits humains en Russie, qui estime que si dans la ville de Sébastopol la majorité écrasante de votants était pour rejoindre la Russie (avec un taux de participation d’entre 50 et 80%), en Crimée propre, le taux de participation était entre 30 et 50% et seulement entre 50 et 60% ont voté pour. Ces chiffres ont été rapidement enlevés du site du Conseil.

Mais les liens entre le régime russe et l’extrême droite européenne vont bien au-delà de tels services ponctuels. Ce sont des liens réguliers et structurés. Marine Le Pen, qui vient de se féliciter des « valeurs communes » défendues par Poutine est elle-même un visiteur régulier à Moscou. Elle y était en août 2013 et avril 2014 et a été reçue par le vice-premier ministre Dimitri Rogozine (ancien du parti d’extrême droite Rodina) et par le président de la Douma, Sergueï Narychkine. Un rôle clé dans les rapports entre le FN et le régime russe est joué par Aymeric Chauprade, conseiller auprès de Marine Le Pen sur les questions géopolitiques et tête de liste pour le FN en Île-de France aux élections européennes venant d’être élu au parlement européen.

Le dirigeant de Jobbik, Gabor Vona, a tenu une conférence à l’Université d’Etat e Moscou, à l’invitation de l’idéologue d’extrême droite Aleksandr Dougine. Le leader du parti d’extrême droite bulgare Ataka, Volen Sidorov, a lancé la campagne européenne de son parti à Moscou. Beaucoup plus de détails concernant les liens entre l’extrême droite européenne et Moscou sont donnés par cet article en anglais. Dans ce dernier texte, on trouve une liste des partis d’extrême droite en Europe. Parmi eux, 13 sont considérés comme « engagés » avec Moscou (dont, à part ceux déjà cités, Aube dorée de Grèce, le BNP britannique et le NPD allemand), quatre comme « ouverts » (dont le PVV de Wilders aux Pays-Bas), deux comme « neutres » et trois comme « hostiles ». Ces derniers sont des partis finlandais, letton et roumain.

Ethniquement russe

Le soutien de l’extrême droite en Europe à Poutine n’a en fait rien de surprenant. D’abord, sur le plan idéologique, qu’est-ce qu’il y a à ne pas aimer ? Il y a le culte de la nation, et pas n’importe quelle nation : il s’agit clairement d’un nationalisme ethnique, de sang. En langue russe, il y a deux mots pour russe. Rossiyane qui signifie citoyen ou sujet russe. Russkiye signifie “ethniquement russe”. On peut par exemple être citoyen de la Fédération russe, mais pas russkiye, et se faire massacrer en Tchétchénie ou lyncher par une meute raciste à Moscou. On peut être résident d’Ukraine, de Lettonie ou du Kazakhstan et même citoyen de ces pays et être considéré come russkiye, donc susceptible d’être « protégé » par Poutine, ou plutôt instrumentalisés pour ses projets géopolitiques. Le parti néo-nazi hongrois Jobbik apprécie particulièrement cette vision de la nation.

Car en Hongrie aussi, le gouvernement Orban donne volontiers des passeports aux Hongrois des pays voisins, qui peuvent maintenant même voter en Hongrie. Derrière cette générosité se profile l’ombre de la Grande Hongrie d’avant 1920. Jobbik dit clairement d’ailleurs que la Crimée est russe et la Carpatho-Ukraine hongroise, comme avant 1920 et de 1939 à 1945. Jobbik se réclame ouvertement de cette Grande Hongrie et ce que Jobbik dit tout haut, Orban pense tout bas. Au fait, pas si bas que ça. Lui, il exige maintenant que l’Ukraine autorise la double nationalité et accorde des « droits communautaires » et le « droit à l’auto-administration » à la minorité hongroise d’Ukraine. De manière prévisible, cette « doctrine Poutine » commence déjà à faire des émules. C’est une vraie boîte de Pandore que Poutine a ouverte.

La famille, la nation, le divin

A la conception ethnique de la nation on peut ajouter la sacralisation de l’autorité de l’Etat, la notion d’une idéologie nationale imposée, la répression de toute dissidence, le contrôle des média, le culte du leader autoritaire, le droit des pays forts à dominer les faibles et une idéologie globalement réactionnaire qui vante les valeurs chrétiennes et le rôle central de l’Eglise orthodoxe, les lois homophobes. Cela fait penser au « Travail, famille, patrie »du régime de Vichy. Ou comme le dit Aymeric Chauprade, « la famille, la nation et le divin ». Le régime russe et ses amis de l’extrême droite en Europe partagent beaucoup de ces idées. Ils ont même pu s’indigner ensemble après la victoire de Conchita Wurst à l’Eurovision.

En plus de l’idéologie, il y a un aspect géopolitique. De manière générale, l’extrême droite européenne est anti-américaine et anti-UE. Il faut une alternative autre que l’autarcie. La notion d’un axe Paris-Berlin-Moscou n’est pas exclusive à l’extrême droite, mais elle y est très présente. Marine Le Pen s’en réclame notamment.

On ne peut évidemment pas exclure un soutien financier de la Russie, sans qu’il y en ait des preuves pour l’instant. Mais les autorités hongroises commencent une enquête concernant le financement de Jobbik. Elles ont par ailleurs demandé la levée de l’immunité parlementaire du député européenne de Jobbik, Béla Kovacs, soupçonné d’espionnage au profit de la Russie.

Du côté russe, les avantages sont évidents. Contrairement à son antifascisme affirmé, Poutine n’a absolument aucun problème à travailler avec des partis d’extrême droite, à partir du moment où ils qui sont prêts à défendre sa politique. Ce qu’ils font, très activement pour certains, sur la question ukrainienne et plus largement, en défense de son projet d’Union eurasienne. Et comme nous le savons, l’extrême droite dispose d’un bloc désormais plus important au parlement européen. C’est une bonne nouvelle pour Poutine.

[1] D’après l’ONG russe SOVA, il y a eu entre 2004 et 2012 en Russie, 509 morts à la suite d’agressions à caractère raciste.
[2] Du nom de Stepan Bandera, personnage controversé du nationalisme ukrainien, qui avait à un moment collaboré avec les Nazis. Les prorusses ont tendance à libeller tous les partisans de l’Ukraine unie de « Bandéristes ».
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Message  Gaston Lefranc Lun 9 Juin - 23:50

C'est du même tonneau que l'AFP, merci pour la propagande

Gaston Lefranc

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Message  Copas Mar 10 Juin - 8:12

Gaston Lefranc a écrit:C'est du même tonneau que l'AFP, merci pour la propagande

Un peu cours.

Sans emprunter beaucoup à l'AFP d'ailleurs... Ca change du problème d'une partie de la gauche française pro-impérialiste russe qui a repris goulument à un niveau terrifiant les communiqués de RIA-Novosty voir des officines fascistes.

Sur la question de la légitimité démocrate-bourgeoise du régime de Kiev, il  a raison.
Sur l'intervention russe il a raison.

Ce qui manque à ses propos c'est l'analyse macro, c'est à dire la question de la dette et la question du gaz.  Et l'analyse des manœuvres des claques impérialistes "occidentales" ...

Sur la question de l'Est ukrainien il a raison sur l'essentiel sur la nature des petits groupes qui tiennent maintenant quelques centre-villes et le niveau de terreur qu'ils font régner.  Il a raison également sur la façon dont l'armée ukrainienne intervient : elle ne le fait pas comme la Russie l'a fait en Tchetchénie ou l'armée syrienne ou comme le firent des régimes fascistes dans des villes, ou les USA sur certaines villes irakiennes, et sur tout le Vietnam . Pour l'instant du moins. Reconnaitre cela n'est pas s'en satisfaire, mais sort des délires puisés dans les officines de l'impérialisme russe.

C'est exact que cela tranche avec ceux qui lisent la situation au travers des fourgons de la propagande impérialiste du régime russe. Et constater ces choses ne ressort pas de l'AFP. Ce n'est pas parce qu'on ne puise pas dans la propagande impérialiste russe que l'on sort de l'"AFP".

La question des relations privilégiées entre le FN et le parti de Poutine, la question du soutien à l'impérialisme de presque tout ce qu'il y a de plus facho possible en Europe est une réalité. La position au pas cadencé par exemple de Aube Dorée ne permet pas d’ambiguïté. L’extrême droite facho européenne s'est distribuée en soutien à la droite extrème au pouvoir en Russie et en soutien au régime russe, sas actes.

La question du délabrement d'une partie de la gauche européenne pose problème en se rapprochant de plus d'un campisme l'alignant de plus en plus sur des forces d'extrème droite européenne. Nous ne sommes plus à l'époque d'un camp  soviétique et il n'y a plus le moindre contre-poids plus ou moins de classe aux dérives doriotistes.

Quand j'indiquais que le site le plus important  de la gauche de gauche française publiait jusqu'à 25 articles en première page d'officines russes (en général RIA Novosti), il y a un redoutable problème . Même du temps du stalinisme, l'huma ne passait pas tant de choses de l'agence Tass en première page comme si c'était du bon pain.

Nous avons été amenés à polémiquer beaucoup en insistant sur la dimension de guerre impérialiste menée par la Russie contre l'Ukraine parce qu'une partie du gauchisme occidental nous amenait sur ce genre de terrain et que les positions les plus inouïes surgissaient comme l'acceptation du brigandage impérialiste consistant à se saisir d’un morceau de territoire d'un pays, se taire méthodiquement sur les persécutions contre les Tatars, se taire sur la possession de la dette ukrainienne, le gaz, et la domination politico-économique d'un état sur un autre, et reprendre goulument tous les délires les plus grossiers sur les faits.

La polémique continue, car les campistes et ceux qui sont plus ou moins poreux à cette conception anti-ouvrière, continuent avec jamais aucun retour sérieux  sur les indications de junte nazie, de régime fasciste en parlant du gouvernement ukrainien.

Retour donc à la question ukrainienne.

Les questions non posées de l'article traitent sur le chemin difficile qui existe en se battant pour le droit à l'auto-détermination de toutes les populations (y compris tatares) et les auto-déterminations relevant de pressions amicales d'un état proche sur-puissant.

Les questions posées par la situation actuelle qui s'ouvre n'apparaissent là (mais était-ce l'objet de l'article ?) pas assez sérieusement.
Les questions posées par les agressions anti-sociales ne sont pas assez traitées et sont les bases d'une résistance de demain d'un camp de classe.
Elles doivent traiter également de façon fouillée de la dette et des pressions de toutes les claques impérialistes avec leurs serviteurs, oligarques locaux , d'hier et d'aujourd'hui, pour appliquer une politique bourgeoise.
Les défis des organisations ouvrières, malgré leur petite taille, en Ukraine traitent de ces questions qui vont être centrales, comme elles ont été centrales dans le déroulement de la crise ukrainienne.
Le danger fasciste interviendrait d'une absence de réactions de résistance de la classe ouvrière aux agressions qui vont s'accentuer.

Et pour cela, l'arrêt de l'intervention militaire de l'armée ukrainienne dans quelques villes de l'Est est important. Dans un climat de guerre civile entre des factions bourgeoises ce sont bien les libertés ouvrières qui sont malmenées.
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Message  verié2 Mar 10 Juin - 10:04

Une fois de plus Copas est plus indulgent vis à vis de la propagande occidentale que vis à vis de la propagande russe...

Il y a dans le numéro de cette semaine de L'Anti k hebdo un article nuancé qui me semble correct et se garde bien de reprendre l'une ou l'autre de ces propagandes.

verié2

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Message  Prado Mar 10 Juin - 10:59

Maxim Petruhin, l'assistant de Pushilin (président du conseil supprême de la Rép pop de Donetsk) a été abattu le 7 juin, alors qu'il sortait avec lui d'un restaurant.

===========================================

Sur anarkismo.net un bon article écrit il y a quelques semaines :
Ukraine: L'anarchisme dans un contexte de guerre civile
Il décrit notamment les 3 positions qui sont apparues au sein du mouvement anarchiste russe et ukrainien.
Un des extraits les plus intéressants :
Quelques partisan-e-s de l'organisation ukrainienne Borotba (qui veut dire Struggle) et le Front de Gauche Russe prétendent qu'illes essaient de faire actuellement la même chose que ce que les anarchistes ont fait à Maidan, c'est-à-dire diriger les manifestations vers des revendications sociales. Mais le mouvement AntiMaidan n'a pas de structures de démocratie directe, pas même déformées. Il a rapidement adopté un modèle hiérarchique hérité des organisations militaires. Les leaders d'AntiMaidan sont en réalité d'anciens officiers de police et de l'armée de réserve.

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Message  verié2 Mar 10 Juin - 11:29

le mouvement AntiMaidan n'a pas de structures de démocratie directe, pas même déformées
Je crains bien qu'il n'y ait de "démocratie directe" nulle part en Ukraine en ce moment, ou que cette "démocratie" soit bien formelle. Elle ne régnait pas non plus en tout cas à Maidan, c'est le moins qu'on puisse dire.

Mais, quand ces anars parlent de "mouvement anti Maidan", ils désignent quoi ? Les pro russes de l'Est ? Des organisations agissant à Kiev ?

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Message  verié2 Mar 10 Juin - 11:35

un bon article
 Shocked Cet article n'envisage pas d'intervenir en direction des travailleurs, dans les entreprises, au travers des syndicats etc. Il ne prend en compte que les manifs et bagarres "militaires" et la tactique à adopter à leur égard.

verié2

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