Débat stratégique dans le NPA
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Re: Débat stratégique dans le NPA
Pour Mensu :
Je pense que la confusion entre parti révolutionnaire et parti réformiste, stratégie réformiste et stratégie révolutionnaire, se règle hélas toujours de la même façon du point de vue de l'adieu aux intérêts fondamentaux de la classe ouvrière. Période révolutionnaire, pré-révolutionnaire ou pas.
Il ne s'agit pas de se réfugier dans des verbiages ampoulés sur le communisme, le trotskysme, de ce point de vue. D'ailleurs les ralliés au réformisme sont friands de justifications théoriques là dessus, et des jargons les plus marqués. Les ralliements deviennent un front unique, et le marxisme révolutionnaire une fusion audacieuse unitaire avec un parti dirigé par un politicien bourgeois (les bonnes feuilles des droites du NPA, dedans ou dehors, on ne sait plus).
Les délimitations et le travail unitaire avec les travailleurs, cela ne signifie pas une confusion politique.
Pour ce qui est de la période, elle est globalement à nouveau celle de la révolution dans le monde pour moi. Du moins bien plus qu'il y a 15 ans. Je suis donc à contre-courant des semelles de plomb d'une partie du gauchisme européen de ce point de vue. La question européenne, et particulièrement française là dedans, est un cas particulier. Mais pas tant finalement.
Ca ne signifie pas qu'il n'y ait pas de risque de fascisme , nous courrons vers des affrontements qui montent en intensité, avec une classe ouvrière au sens large qui a accumulé de grandes forces dans le monde. Sans commune mesure avec les petites classes ouvrières qui existaient auparavant.
Même en France, la situation n'est pas ce qu'une partie du gauchisme dit, la situation est beaucoup plus contradictoire, avec bien plus de marques de radicalité.
Toutefois, le fond du problème d'un parti comme le NPA, c'est qu'une belle partie de celui-ci, alors que des milliers de travailleurs radicalisés sans expériences venaient à lui, a préféré leur tourné le dos pour préférer aller donner du lait à des réformistes fatigués et largement éjectés des entreprises.
Le corolaire à cela a été l'hostilité permanente aux questions d'implantation, de structuration de groupes de travailleurs révolutionnaires dans les entreprises et plus généralement des tentatives de parler directement aux travailleurs sans utiliser le canal de l'alliance avec des partis qui n'y sont plus .
Cela a été également le peu de logique dans le travail syndical. Pas de stratégie d'ensemble, etc...
Les attaques contre l'ouvrierisme, et une partie des attaques contre Besancenot, dans le parti, venaient de ce sentiment, ce raidissement, ce sectarisme vis à vis du prolétariat moderne, centre de toute stratégie.
Il fallait continuer les petites emplettes périphériques de la LCR, et tourner le dos justement aux couches de travailleurs à former, à politiser, etc, mais au désir de radicalisation évident, dont un des aspects étaient d'avoir propulser électoralement des Laguillier, des Besancenot (comme ailleurs en Europe d'ailleurs, sans phénomènes purement français de présidentiables) , c'est à dire de phénomènes ne devant que peu de chose à la personnalité éminente de ces camarades mais devant beaucoup à la recherche de radicalité dont une partie sera trompée par la geste JLM.
La dernière phase de la période a vu l'assaut des droites réformistes pour liquider le NPA comme parti indépendant du réformisme. La question de la candidature Poutou s'est faite avec un parti sérieusement détruit par les réformistes et une sainte alliance pour casser ce qui reste (même à moitié mort, ça inquiète quand même).
Les déchainements haineux internes sur une candidature d'ouvrier révolutionnaire et de lutteur des travailleurs (cela aurait été un postier que cela aurait été pareil) montrent combien le délabrement était important dans une partie des ex-LCR.
Mais la situation demeure la même, sauf que, politiquement, le chemin laissé au FdG par la direction du NPA dés les européennes, jusqu'à il y a 6 mois, permet à ce front de tenter justement de se ré-implanter dans la classe sur les couches de travailleurs radicalisés (c'est pas joué car ce ne sont pas quand même des flèches... on ne transforme pas des nomencltaturistes en pur sangs).
Enfin, des partis révolutionnaires se sont construits sans que forcement une partie de leur construction se fasse dans une période révolutionnaire. On a beau dire qu'on était dans l’ère des révolutions, mais la construction du PCI en Italie sous le fascisme, cela ne se fit pas dans une période d'offensive généralisée du prolétariat, hein... Même si le gros des troupes fut gagner dans la période de résistance de la 2e guerre mondiale. On peut objecter de l'existence de l'URSS, mais cela n'est pas aussi simple.
Et là on parle de situations de défaites avec le fascisme.
Il y a une question de facteur subjectif à prendre en compte et il ne me parait pas justifier de dire qu'il n'y a pas place pour un parti de dizaines de milliers de militants révolutionnaires . Ou du moins existe des raisonnements qui partent de l'inverse : puisqu'il n'y en a pas c'est que ce n'est pas possible, sans jamais remettre en cause la façon de s'y prendre et l'esprit de classe pour s'y prendre.
Ce débat n'est pas le premier sur ce thème .
Mais non, la classe ouvrière en France n'est pas défaite, encore moins en Europe, et beaucoup moins sur la planète.
Par contre, il est évident qu'un moteur subjectif manque et qu'une grande partie des galimatias politiciens ont failli. Y compris ceux du gauchisme.
Il nous faut une refondation stratégique qui cesse de faire l'impasse sur la question du type de parti nécessaire.
Je pense que la confusion entre parti révolutionnaire et parti réformiste, stratégie réformiste et stratégie révolutionnaire, se règle hélas toujours de la même façon du point de vue de l'adieu aux intérêts fondamentaux de la classe ouvrière. Période révolutionnaire, pré-révolutionnaire ou pas.
Il ne s'agit pas de se réfugier dans des verbiages ampoulés sur le communisme, le trotskysme, de ce point de vue. D'ailleurs les ralliés au réformisme sont friands de justifications théoriques là dessus, et des jargons les plus marqués. Les ralliements deviennent un front unique, et le marxisme révolutionnaire une fusion audacieuse unitaire avec un parti dirigé par un politicien bourgeois (les bonnes feuilles des droites du NPA, dedans ou dehors, on ne sait plus).
Les délimitations et le travail unitaire avec les travailleurs, cela ne signifie pas une confusion politique.
Pour ce qui est de la période, elle est globalement à nouveau celle de la révolution dans le monde pour moi. Du moins bien plus qu'il y a 15 ans. Je suis donc à contre-courant des semelles de plomb d'une partie du gauchisme européen de ce point de vue. La question européenne, et particulièrement française là dedans, est un cas particulier. Mais pas tant finalement.
Ca ne signifie pas qu'il n'y ait pas de risque de fascisme , nous courrons vers des affrontements qui montent en intensité, avec une classe ouvrière au sens large qui a accumulé de grandes forces dans le monde. Sans commune mesure avec les petites classes ouvrières qui existaient auparavant.
Même en France, la situation n'est pas ce qu'une partie du gauchisme dit, la situation est beaucoup plus contradictoire, avec bien plus de marques de radicalité.
Toutefois, le fond du problème d'un parti comme le NPA, c'est qu'une belle partie de celui-ci, alors que des milliers de travailleurs radicalisés sans expériences venaient à lui, a préféré leur tourné le dos pour préférer aller donner du lait à des réformistes fatigués et largement éjectés des entreprises.
Le corolaire à cela a été l'hostilité permanente aux questions d'implantation, de structuration de groupes de travailleurs révolutionnaires dans les entreprises et plus généralement des tentatives de parler directement aux travailleurs sans utiliser le canal de l'alliance avec des partis qui n'y sont plus .
Cela a été également le peu de logique dans le travail syndical. Pas de stratégie d'ensemble, etc...
Les attaques contre l'ouvrierisme, et une partie des attaques contre Besancenot, dans le parti, venaient de ce sentiment, ce raidissement, ce sectarisme vis à vis du prolétariat moderne, centre de toute stratégie.
Il fallait continuer les petites emplettes périphériques de la LCR, et tourner le dos justement aux couches de travailleurs à former, à politiser, etc, mais au désir de radicalisation évident, dont un des aspects étaient d'avoir propulser électoralement des Laguillier, des Besancenot (comme ailleurs en Europe d'ailleurs, sans phénomènes purement français de présidentiables) , c'est à dire de phénomènes ne devant que peu de chose à la personnalité éminente de ces camarades mais devant beaucoup à la recherche de radicalité dont une partie sera trompée par la geste JLM.
La dernière phase de la période a vu l'assaut des droites réformistes pour liquider le NPA comme parti indépendant du réformisme. La question de la candidature Poutou s'est faite avec un parti sérieusement détruit par les réformistes et une sainte alliance pour casser ce qui reste (même à moitié mort, ça inquiète quand même).
Les déchainements haineux internes sur une candidature d'ouvrier révolutionnaire et de lutteur des travailleurs (cela aurait été un postier que cela aurait été pareil) montrent combien le délabrement était important dans une partie des ex-LCR.
Mais la situation demeure la même, sauf que, politiquement, le chemin laissé au FdG par la direction du NPA dés les européennes, jusqu'à il y a 6 mois, permet à ce front de tenter justement de se ré-implanter dans la classe sur les couches de travailleurs radicalisés (c'est pas joué car ce ne sont pas quand même des flèches... on ne transforme pas des nomencltaturistes en pur sangs).
Enfin, des partis révolutionnaires se sont construits sans que forcement une partie de leur construction se fasse dans une période révolutionnaire. On a beau dire qu'on était dans l’ère des révolutions, mais la construction du PCI en Italie sous le fascisme, cela ne se fit pas dans une période d'offensive généralisée du prolétariat, hein... Même si le gros des troupes fut gagner dans la période de résistance de la 2e guerre mondiale. On peut objecter de l'existence de l'URSS, mais cela n'est pas aussi simple.
Et là on parle de situations de défaites avec le fascisme.
Il y a une question de facteur subjectif à prendre en compte et il ne me parait pas justifier de dire qu'il n'y a pas place pour un parti de dizaines de milliers de militants révolutionnaires . Ou du moins existe des raisonnements qui partent de l'inverse : puisqu'il n'y en a pas c'est que ce n'est pas possible, sans jamais remettre en cause la façon de s'y prendre et l'esprit de classe pour s'y prendre.
Ce débat n'est pas le premier sur ce thème .
Mais non, la classe ouvrière en France n'est pas défaite, encore moins en Europe, et beaucoup moins sur la planète.
Par contre, il est évident qu'un moteur subjectif manque et qu'une grande partie des galimatias politiciens ont failli. Y compris ceux du gauchisme.
Il nous faut une refondation stratégique qui cesse de faire l'impasse sur la question du type de parti nécessaire.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Non, pas seulement "investir les organisations de base", mais surtout y intervenir politiquement. Or si effectivement pas mal d'entre nous investissent les "organisations de base", il n'y a aucune intervention "centralisée" du parti dans lesdites organisation de base. Ce qui méne au fait de se perdre dans ce basisme (et les exemples sont particuliérement nombreux)Ensuite, tu parles d'investir les organisations de base, syndicats, associations... Ouah, quelle révolution théorique... Il me semble que ça fait un bail que beaucoup le disent et essayent de le faire.
Je renvois dos a dos parce que rien ne me satisfait. Ce qui doit être la position de pas mal de camarades... La plupart de ceux qui ont quitté le npa l'ont fait (à ma connaissance) sur cette base. Seule une minorité nous a quitté pour le FDG (même si c'est d'eux qu'on parle dans la presse) Quand à la "tradition politique", c'est comme tout ; y'en a à prendre et à laisser...Ce qui vaut également pour toi. Depuis un certain temps, tu joues beaucoup à renvoyer dos à dos ce que tu appelles les zunitaires et les révolutionnaristes. D'une part, ce n'est vraiment pas ce que j'ai hérité de notre tradition politique, qui consiste toujours, sans campisme, à choisir un côté où peser, surtout, je ne t'ai pas une fois lu dire je préfèrerai ceci ou cela comme ligne, simplement dire que rien n'est bon.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
Copas a écrit:panchoa a écrit:sylvestre a écrit:sylvestre a écrit:Un article dans la revue théorique du SWP britannique, très pertinent je pense :
France: anti-capitalist politics in crisis
Article à présent traduit : http://quefaire.lautre.net/archives/article/france-l-anticapitalisme-en-crise
merci texte trés interressant panchoa
Intéressant par certains aspects mais complétement inexact par d'autres .
Par exemple ne pas se rendre compte du problème qui existait dans la LCR et croire qu'il a été provoqué par la création du NPA. Le ver du réformisme était dans une partie de la LCR, encore faut-il en reconnaitre les traits.
Et globalement ce sont une partie des ex de la LCR qui ont été terrorisés par les questions de construction d'un parti qui ne soit pas confidentiel, pour se précipiter sur une valeur sure : tourner autour du PC et de courants rompant avec le PS.
Aux masses ! aux masses ?
Mmm, pourtant je lis
une minorité qui a eu tendance à réduire le rôle de la LCR / du NPA à sa contribution à un plus large réalignement de la gauche radicale et réformiste (y compris dans certains cas, avec le PCF et le PS). Cela a conduit à une scission au moment de la formation du NPA, quand Christian Picquet, porte-parole traditionnelle de l’aile droite de la LCR, a emmené une scission, la Gauche Unitaire, au Front de Gauche.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
En ce moment je trouve essentiel de taper sur le clou que mentionne menvussa :
gérard menvussa a écrit:
Non, pas seulement "investir les organisations de base", mais surtout y intervenir politiquement. Or si effectivement pas mal d'entre nous investissent les "organisations de base", il n'y a aucune intervention "centralisée" du parti dans lesdites organisation de base. Ce qui méne au fait de se perdre dans ce basisme (et les exemples sont particuliérement nombreux)
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
C'est l'évidence même. Et c'est surmontable, car une ligne politique.
Les dirigeants droitiers du NPA, mis en minorité par leur bilan désastreux,
étaient hostiles à cette "centralisation".
A quoi bon un parti centralisé, quand ils avaient largué l'objectif du NPA,
"la révolution sociale" et "le pouvoir des travailleurs".
Les dirigeants droitiers du NPA, mis en minorité par leur bilan désastreux,
étaient hostiles à cette "centralisation".
A quoi bon un parti centralisé, quand ils avaient largué l'objectif du NPA,
"la révolution sociale" et "le pouvoir des travailleurs".
Roseau- Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Je suis parfaitement d'accord avec ce que tu entends par intervenir politiquement, c'est précisément ce que j'affirme (et ça peut évidemment être discuté et contredit) que le NPA (avant la période récente d'approfondissement de sa crise interne) tendait à refaire un peu mieux contrairement à la ligue (celle de la fin) qui s'y refusait absolument. Je disais aussi que les grandes sensibilités ne peuvent être renvoyées dos à dos sur cette affaire, parce que ce sont un peu toujours les mêmes (dans l'ensemble, avec sûrement des exceptions) qui refusent de discuter de notre implication dans les syndicats et les assos sous prétexte 1) d'indépendance syndicale et 2) de liberté des militants de faire ce qu'ils veulent en dehors du NPA.gérard menvussa a écrit:
Non, pas seulement "investir les organisations de base", mais surtout y intervenir politiquement. Or si effectivement pas mal d'entre nous investissent les "organisations de base", il n'y a aucune intervention "centralisée" du parti dans lesdites organisation de base. Ce qui méne au fait de se perdre dans ce basisme (et les exemples sont particuliérement nombreux)
Je n'en doute pas un instant, et ce n'est pas ce que je te reproche. Ce que je te reproche, c'est d'affirmer qu'aucune des deux grandes sensibilités du NPA ne répond à certaines questions, mais sans toi même en apporter. Je trouve ça dommage, et dans ces cas là on se demande toujours si la personne a réellement mieux en tête.gérard menvussa a écrit:
Je renvois dos a dos parce que rien ne me satisfait. Ce qui doit être la position de pas mal de camarades...
chejuanito- Messages : 566
Date d'inscription : 08/07/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Je n'ai pas la réponse à cette question. Sinon ceci : je pense que les révolutionnaires sont par nature "minoritaires" hors période révolutionnaire, surtout dans un pays capitaliste avancé du genre de la france, avec sa vieille "démocratie bourgeoise" qui a réussi a corrompre des générations et des générations de révolutionnaires. Reste a organiser la classe ouvriére. Soit on pense alors qu'elle est déja organisée dans un (ou plusieurs) partis, et on "travaille" avec eux, soit on pense que pas. Et soit on contribue a une organisation "non délimitée" qui est censée rassembler l'ensemble des prolos prets a se battre contre le capitalisme (et la dedans y compris des réformistes) soit on participe a un front avec d'autres organisations réformistes. Soit on met les charriots en cercle, et on attend que les indiens se fatiguent.. Mais on risque de se fatiguer avant eux. Le projet du npa, a mon sens c'était le un. Il n'est pas tenable, ou plutot il n'a pas été tenu ! . Sauf que maintenant, on se retrouve avec un front dans lequel les révolutionnaires (s'il y en a !) n'ont qu'une importance totalement marginale !affirmer qu'aucune des deux grandes sensibilités du NPA ne répond à certaines questions, mais sans toi même en apporter. Je trouve ça dommage, et dans ces cas là on se demande toujours si la personne a réellement mieux en tête.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
sylvestre a écrit:Copas a écrit:panchoa a écrit:sylvestre a écrit:sylvestre a écrit:Un article dans la revue théorique du SWP britannique, très pertinent je pense :
France: anti-capitalist politics in crisis
Article à présent traduit : http://quefaire.lautre.net/archives/article/france-l-anticapitalisme-en-crise
merci texte trés interressant panchoa
Intéressant par certains aspects mais complétement inexact par d'autres .
Par exemple ne pas se rendre compte du problème qui existait dans la LCR et croire qu'il a été provoqué par la création du NPA. Le ver du réformisme était dans une partie de la LCR, encore faut-il en reconnaitre les traits.
Et globalement ce sont une partie des ex de la LCR qui ont été terrorisés par les questions de construction d'un parti qui ne soit pas confidentiel, pour se précipiter sur une valeur sure : tourner autour du PC et de courants rompant avec le PS.
Aux masses ! aux masses ?
Mmm, pourtant je lisune minorité qui a eu tendance à réduire le rôle de la LCR / du NPA à sa contribution à un plus large réalignement de la gauche radicale et réformiste (y compris dans certains cas, avec le PCF et le PS). Cela a conduit à une scission au moment de la formation du NPA, quand Christian Picquet, porte-parole traditionnelle de l’aile droite de la LCR, a emmené une scission, la Gauche Unitaire, au Front de Gauche.
Hum, bon, je suis une pièce rapportée (je ne viens pas de la LCR dernière mouture, même si j'ai croisé cette orga il y a longtemps, d'jeune).
Toutefois, rallié au projet NPA et vu le virage entrepris peu de temps après sa création pour se précipiter vers des tractations politiciennes totalement antagoniques avec l’esprit affirmé de la création du NPA, rapidement j'ai estimé que quelque chose clochait qui ne se limitait pas à quelques méchants GU picquetistes, mais bien dans une grande partie de l'ex-LCR, je pense que l'essentiel des problèmes subis par le NPA ne viennent pas du NPA mais bien de la LCR.
Et de ce point de vue le NPA fut un progrès par rapport à la LCR, mais un progrès insuffisant, sans ruptures stratégiques novatrices avec toute la trop longue période où les groupes trotskystes (ou autres, AO, DP, PDUP, LC, etc en Italie, quoiqu'il y ait eu là des tentatives originales) ne pouvaient (apparemment) n'être que des satellites de grands partis réformistes, soit en s'y ralliant, sois en se positionnant en débordement...
Nous sommes sortis de cette longue période et on voit bien que ce qui reste de partis réformistes nomenclaturisés est très faible, exsangue comme partis de travailleurs, structurant les travailleurs politiquement, organisationnellement de façon large. ca ne signifie pas qu'ils ne peuvent pas (surtout avec les bons coups de main d'une partie de l’extrême gauche qui n'a cessé de leur remettre le pied dans l'étrier pour pouvoir reconstruire une vielle relation bien connue rassurante ). Ils peuvent revenir dans la classe ouvrière mais ce n'est apparemment loin d'être si facile que cela.
La situation politique et organisationnelle du mouvement ouvrier ne peut se comparer à celle de la France de 1936, ni à rien de connu depuis 70 ans en France.
L'évolution des classes sociales en France (et dans le monde) est également saisissante.
Il y a des tas de conclusions à tirer de cela.
Notamment sur les possibilités de percées dans la classe ouvrière.
Et je rejoins chejuanito sur les freins et l’effarante difficulté à ne serait-ce que parler d'une intervention, une organisation, des réseaux de travailleurs révolutionnaires dans les entreprises et les secteurs.
S'organiser politiquement dans la classe ouvrière et dans les entreprises, développer une stratégie cohérente dans les syndicats. Toutes choses qui étaient combattues par une partie du NPA qu'on retrouve maintenant soit pour le FdG soit dans le FdG qui lui y va sans hésitation vers la classe ouvrière sans se poser de questions, mais en partant de plus loin . Ouvriérisme épouvantable quand le NPA se posait et se pose timidement la question, épouvantable démagogie ouvriériste et populiste quand c'était Besancenot, mais bon coup qaund ce sont des politiciens bourgeois qui se la jouent et manipulent des travailleurs.
Paradoxes...
Personne ne fera exactement comme LO (qui a toutes ses qualités), mais il est possible de faire.
La question que je posais sur une partie qui finalement était majoritaire dans la LCR, ne concernait pas seulement la GU mais bien plus large, l'usure légitime d'être minoritaires et le désir de se rallier.
C'est en cela que l'article de Alex Callinicos rien que l'affirmation d'indiquer que
.../...Le résultat est qu’au dernier congrès ordinaire du NPA, en Février 2011, il y avait quatre plates-formes - l’ex-majorité, ce qui est maintenant devenue la GA, et deux tendances sectaires.
...est une mesestimation des problèmes rencontrés.
La gauche du NPA a de notoires insuffisances, mais on ne peut pas dire qu'elle est sectaire.
Par contre les remarques faites sur l'organisation sont relativement valides, toutefois, la rupture dans le NPA porte loin et profond, sans trop laisser de points d'accomodements (qui ont été sources de crise permanente).
Je souscris également a :
Les désaccords endémiques sur l’attitude à adopter envers l’importante minorité musulmane en France ajoutent à la paralysie.
En vérité une partie importante des militants du NPA a une position réactionnaire islamophobe sur des questions telles que le voile. Ces militants se trouvent dans les deux principales tendances, l’ex-majorité et la GA ce qui rend les différences encore plus difficile à résoudre..
Et cette question n'est pas anodine.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Copas a écrit:
C'est en cela que l'article de Alex Callinicos rien que l'affirmation d'indiquer que.../...Le résultat est qu’au dernier congrès ordinaire du NPA, en Février 2011, il y avait quatre plates-formes - l’ex-majorité, ce qui est maintenant devenue la GA, et deux tendances sectaires.
...est une mesestimation des problèmes rencontrés.
La gauche du NPA a de notoires insuffisances, mais on ne peut pas dire qu'elle est sectaire.
Là dessus, je trouve aussi que Callinicos est trop lapidaire. La "gauche du NPA" (on désigne ici en fait l'ex-plateforme C, si mes souvenirs sont bons) contient des tendances sectaires nettes, mais pas que. Il est clair - et ce forum en est l'un des signes - qu'on y trouve aussi beaucoup de militants de grande valeur, attirés par cette orientation pour ce qui était perçu comme une plus solide base de principe révolutionnaire, une meilleure défense du marxisme.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
sylvestre a écrit:Copas a écrit:
C'est en cela que l'article de Alex Callinicos rien que l'affirmation d'indiquer que.../...Le résultat est qu’au dernier congrès ordinaire du NPA, en Février 2011, il y avait quatre plates-formes - l’ex-majorité, ce qui est maintenant devenue la GA, et deux tendances sectaires.
...est une mesestimation des problèmes rencontrés.
La gauche du NPA a de notoires insuffisances, mais on ne peut pas dire qu'elle est sectaire.
Là dessus, je trouve aussi que Callinicos est trop lapidaire. La "gauche du NPA" (on désigne ici en fait l'ex-plateforme C, si mes souvenirs sont bons) contient des tendances sectaires nettes, mais pas que. Il est clair - et ce forum en est l'un des signes - qu'on y trouve aussi beaucoup de militants de grande valeur, attirés par cette orientation pour ce qui était perçu comme une plus solide base de principe révolutionnaire, une meilleure défense du marxisme.
Et surtout le texte C, c'est un texte de Lemaitre-Cabral, un peu amendé, pour avoir un texte de campagne avec un minimum de fond politique, une recherche de mots d'ordre et une différenciation programmatique nette avec la campagne du Front de Gauche. Y'a quand même eu une évolution qualitative par rapport à la p4 (non que je la renie)
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
Re: Débat stratégique dans le NPA
Marco Pagot a écrit:sylvestre a écrit:Copas a écrit:
C'est en cela que l'article de Alex Callinicos rien que l'affirmation d'indiquer que.../...Le résultat est qu’au dernier congrès ordinaire du NPA, en Février 2011, il y avait quatre plates-formes - l’ex-majorité, ce qui est maintenant devenue la GA, et deux tendances sectaires.
...est une mesestimation des problèmes rencontrés.
La gauche du NPA a de notoires insuffisances, mais on ne peut pas dire qu'elle est sectaire.
Là dessus, je trouve aussi que Callinicos est trop lapidaire. La "gauche du NPA" (on désigne ici en fait l'ex-plateforme C, si mes souvenirs sont bons) contient des tendances sectaires nettes, mais pas que. Il est clair - et ce forum en est l'un des signes - qu'on y trouve aussi beaucoup de militants de grande valeur, attirés par cette orientation pour ce qui était perçu comme une plus solide base de principe révolutionnaire, une meilleure défense du marxisme.
Et surtout le texte C, c'est un texte de Lemaitre-Cabral, un peu amendé, pour avoir un texte de campagne avec un minimum de fond politique, une recherche de mots d'ordre et une différenciation programmatique nette avec la campagne du Front de Gauche. Y'a quand même eu une évolution qualitative par rapport à la p4 (non que je la renie)
Moui, enfin d'une part je ne pense pas que la netteté de la différenciation programmatique avec le FdG soit une priorité (par rapport à la netteté de la différenciation méthodologique) - d'autre part le texte n'est pas l'incarnation des militants qui l'ont voté, et c'est justement heureux. (mais si quelqu'un peut redonner un lien sur ce texte, ça m'intéresse du coup)
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Le revoilou
http://collectiftrnpa.files.wordpress.com/2011/06/textec.pdf
Ben faut quand même des billes pour répondre aux gens...
http://collectiftrnpa.files.wordpress.com/2011/06/textec.pdf
la netteté de la différenciation programmatique avec le FdG soit une priorité
Ben faut quand même des billes pour répondre aux gens...
Marco Pagot- Messages : 940
Date d'inscription : 26/06/2010
Age : 36
Re: Débat stratégique dans le NPA
Mouais, en tous cas en relisant ça, je me dis que les rumeurs selon lesquelles c'est la C qui donne le "la" dans la campagne Poutou sont bien exagérées, ou alors, les camarades ont oublié leur plateforme :
Nous devons dire clairement dans notre propagande que seul un gouvernement des travailleurs issu des luttes et reposant sur leurs organismes d'auto-organisation serait à même de prendre de telles mesures remettant en cause le pouvoir politique et économique des classes dominantes pour changer réellement la société, vers
le communisme, la société sans classes et sans État.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Marco Pagot a écrit:Le revoilou
http://collectiftrnpa.files.wordpress.com/2011/06/textec.pdfla netteté de la différenciation programmatique avec le FdG soit une priorité
Ben faut quand même des billes pour répondre aux gens...
Au niveaux des "gens", je ne suis pas sur que la distinction "réforme révolution", en période de basses eaux en terme de mobilisation de la classe soit véritablement opérationnelle. Par contre, je suis sur que l'explication du processus "par en bas" est tout a fait payant... En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses...
Ce qu'il faut discuter, en terme de stratégie, c'est comment on passe de "rien" à "tout" (cf les paroles de l'inter "Nous ne sommes rien soyons tout")
Bien que je l'ai combattue la notion "d'avant garde" est opérationnelle en ce que les guerres peuvent sans doute etre gagnées (ou perdues) avec leur avant garde, mais il n'y a pas une seule guerre qui ne met en branle l'ensemble de l'armée (c'est a dire l'avant garde, la garde, l'arriére garde, etc)
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
Je ne sais pas d'où sort ce paragraphe, mais je le signe des quatre mains. Et je déplore que ça n'apparaisse pas systématiquement dans la propagande du NPA, de LO et... de L'Etincelle !Nous devons dire clairement dans notre propagande que seul un gouvernement des travailleurs issu des luttes et reposant sur leurs organismes d'auto-organisation serait à même de prendre de telles mesures remettant en cause le pouvoir politique et économique des classes dominantes pour changer réellement la société, vers
le communisme, la société sans classes et sans État.
Bon, dire que seul le gouvernement des travailleurs pourra prendre de telles mesures, en particulier l'interdiction des licenciements, me semble suffisant, sans qu'il soit indispensable d'évoquer la société sans classe. Mais je préfère être un peu trop gauchiste que droitier et crypto réformiste, en laissant croire qu'une bonne loi anti licenciements pourrait être imposée à un gouvernement bourgeois !
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
verié2 a écrit:Je ne sais pas d'où sort ce paragrapheNous devons dire clairement dans notre propagande que seul un gouvernement des travailleurs issu des luttes et reposant sur leurs organismes d'auto-organisation serait à même de prendre de telles mesures remettant en cause le pouvoir politique et économique des classes dominantes pour changer réellement la société, vers
le communisme, la société sans classes et sans État.
Du lien donné par Marco, celui de la plateforme C de la dernière CN : http://collectiftrnpa.files.wordpress.com/2011/06/textec.pdf - cela dit je m'aperçois qu'il s'agit d'une version amendée, essentiellement par des membres de la plateforme 4, alors que je cherchais plutôt le texte C initialement proposé aux ag locales.
sylvestre- Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Sauf qu'un "gouvernement des travailleurs issus des luttes" ça ne signifie rien, surtout quand y'a pas de luttes...
Le point de vue de Philippe Pignarre me semble intéressant la dessus :
Le point de vue de Philippe Pignarre me semble intéressant la dessus :
Le NPA en débat : Y a-t-il chez nous une détestation de la politique ?
PIGNARRE Philippe
5 avril 2012
Je voudrais essayer de reprendre, d’une autre manière, les raisons des difficultés gigantesques qui sont aujourd’hui celles du NPA. Je pense en effet que l’on rend très mal compte de ce qui se passe en parlant d’une perte de « substance », comme si le nouveau parti avait trop délayé son essence dans le bain de l’élargissement. Or, cette explication que je ne partage pas est en train de faire consensus. Elle est un peu trop facile.
Je voudrais commencer en mettant le doigt sur plusieurs propositions qui me semblent faire discrètement système :
– un candidat du « mouvement social », un candidat « comme vous »
– la révocabilité des élus et, éventuellement, les mandats impératifs
– les difficultés du NPA dues au reflux du mouvement social
Tout le monde dans le NPA ne défend pas l’ensemble de ces propositions, mais elles me semblent faire système. Quel système ?
Nous avons toujours été dans la LCR (et dans le NPA) contre les mandats impératifs pour les délégués aux congrès (et dans les élections des instances). Ils devaient pouvoir changer de position grâce au débat politique, dans la discussion politique. Sinon, pourquoi faire des congrès, avoir des instances de direction ? Pourquoi ne pas se contenter de faire des référendums dans le parti ? C’est donc bien la reconnaissance que doit se constituer un « corps politique » (le congrès – les instances de direction) qui n’est pas simplement le reflet des militants mais qui a son autonomie, sa dynamique propre.
Dans notre tradition, le congrès doit être un lieu de « fabrication » de politique. Nous avons toujours conçu ainsi toutes les instances de direction : pas de mandat impératif, pas de « révocabilité » par la base quand il y a évolution des positions. Le problème est même inverse : le fonctionnement en fraction a plutôt empêché la vocation fabricatrice de politique des instances de direction et les changements de position. Il est devenu horriblement difficile de changer de position, d’évoluer, etc. C’est une faiblesse et non pas un avantage : les instances ne jouent plus leur rôle. Le parti n’a plus de fonction ! Une idée sectaire s’est même répandu : changer de position, c’est un peu trahir. Cela a empoisonné la LCR puis le NPA. Les tendances sont devenues des instruments aux mains des dirigeants pour empêcher les militants de changer de position, pour figer les débats. On pourrait aller jusqu’à dire qu’un congrès réussi, c’est un congrès où les positions des uns et des autres ne sont pas les mêmes au début et à la fin. Un congrès où personne ne change de position est un congrès qui n’a servi à rien !
Cette nécessité d’un « corps politique » ne s’arrête pas aux portes du parti : dans le socialisme que nous voulons, il faudra aussi que les institutions permettent cette « fabrication continue » de politique. Le mandat impératif, ou la révocation des élus, la détruirait. Or, toutes les expériences historiques (révolutions française et russe) ont montré que l’on avait particulièrement besoin de « corps politiques » dans les inévitables moments de reflux ; quand les gens rentrent chez eux.
Il faut chercher-là ce qu’on pourrait appeler la « grandeur de la politique ». C’est là où elle est spécifique, où repose son caractère inventif. Elle n’est jamais un reflet du social, mais une fabrication extrêmement compliquée et spécifique. Nous avons d’autant plus besoin de cela que nous n’avons pas, par essence (ou dans notre substance), la solution à tous les problèmes : ils sont très compliqués, ils supposent un travail collectif.
Il y a plusieurs manières de supprimer la politique : en faisant simplement du « transfert de contraintes » : c’est ce que font les partis de droite et de gauche et cela se résume dans une formule bien connue : « Il n’y a pas d’autre politique possible que la mienne. » Mais il y a une autre manière de supprimer la politique : en croyant qu’elle est seulement le « reflet passif » d’une classe sociale. Dans les deux cas, la politique perd sa spécificité. Dans le cas de notre tradition, cela prend malheureusement souvent la forme du repoussant « on l’avait bien dit » qui signe l’impuissance d’agir, l’abandon de l’idée de politique. Il me semble que depuis sa création le NPA n’a su penser sa relation au Front de gauche que sous l’angle du : un jour on pourra dire « on l’avait bien dit ! ». C’est aussi de cette manière qu’il faut penser les alliances électorales.
Quelle est cette spécificité ?
Je l’ai dit : la politique doit « fabriquer ». Elle doit fabriquer quoi ? Ce qu’on pourrait appeler un « public ». Il n’existait pas préalablement, tout fait, déjà-là. En ce sens, les propositions politiques doivent créer un public. Toutes ces personnes qui étaient dispersées (des jeunes précaires, des étudiants pauvres, des paysans victimes de l’agroalimentaire, des ouvriers menacés de fermeture d’entreprise, des fonctionnaires dont les revenus baissent, des intellectuels et des artistes méprisés, des immigrés accusés tous les maux, des minorités sexuelles, etc.) à l’écoute d’une parole politique se mettent à dire : c’est bien de nous dont on parle, c’est bien à nos problèmes qu’on s’adresse. « Ces propositions-là, on peut les reprendre. » « Nous sommes représentés ! » Cet ensemble n’existe pas sans l’intervention politique.
Inutile d’avoir un débat abstrait pour savoir si un slogan comme « interdiction des licenciements » est juste ou faux dans l’abstrait, en général. Le seul critère doit être : qui le reprend ? Quel collectif a pu s’en saisir et progresser grâce à lui ? Nous revient-il, transformé, traduit d’une autre manière (qui nous ravit) ? Est-il tombé, à l’inverse, dans le vide du scepticisme au lieu de devenir une arme ?
La politique décrit donc un cercle perpétuel : nous sommes à l’écoute de ce qui se passe dans le monde du travail et dans la jeunesse (nous « sentons l’herbe pousser » disait Lénine), et nous le traduisons (c’est là qu’il faut des « corps politiques » – congrès, instances diverses du parti) dans des propositions, des slogans qui fabriquent une audience, qui nous les renvoient avec de nouvelles préoccupations, formulations, etc. Le mouvement ne s’arrête jamais. Dès qu’il s’arrête, le parti perd sa fonction et explose. Ce travail, pendant des années Olivier Besancenot a su le faire mieux que personne.
Or, on l’impression que ce que raconte le NPA et son candidat est bloqué depuis des années, que même les propositions qui ont montré leur inutilité car elles n’étaient pas reprises et transformées continuent à être lancées… tant pis si c’est dans le vide. On accusera alors la « période » d’en être responsable. Rabâchons donc jusqu’à ce que la « période » devienne favorable !
Il n’y a donc pas perte de « substance ». Il serait plus juste de dire qu’il y a perte de « subsistance » ! Nous ne savons plus traduire, traduire toujours, traduire encore, traduire à nouveau, notre anticapitalisme dans des propositions et des slogans qui font tilt, qui soient « bonnes à prendre » par tous ceux qui sont détruits par le capitalisme parce que ces propositions les aident à mieux résister, à mieux se battre, tout simplement à « exister ». Les mots politiques qui sortent de notre bouche sont morts (et dès qu’un problème est nouveau, on fait tout pour ne pas vraiment le discuter ou pour repousser la discussion, on tremble de peur – cf. le débat sur les femmes voilées dans le parti). Nous n’avons pas réussi à maintenir les propositions anticapitalistes vivantes en faisant ce travail qui est le propre d’un parti politique. C’est ce que j’ai appelé, dans plusieurs textes, la nécessité d’avoir un parti créatif et imaginatif. On m’a alors répondu que l’invention et la création n’avait pas de place dans le NPA ! Un exemple : nos réunions publiques sont d’un ennui mortel, toujours sur le même format : un ouvrier en lutte qui prend la parole, une femme, un jeune, puis le candidat… de même, notre presse est un désastre.
Le NPA fonctionne comme si on n’avait pas besoin d’un parti politique.
Évidemment, en contrepoint, Mélenchon montre chaque jour comment on fait de la politique, comment on se crée un public (« Reprenons la Bastille ! »). Il le fait avec un incroyable talent. Il n’en reste pas moins que ses propositions ne sont pas, en grande partie, les nôtres. Nous n’avons rien à voir avec la « république » et la « patrie ». Dommage qu’en sachant, lui, « fabriquer de la politique », il ait pris une place que nous aurions due occuper.
Philippe Pignarre
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
L'interdiction des licenciements, ça ne signifie rien non plus s'il n'y a pas de luttes, en raisonnant à ta manière.Gerard Menussa
un "gouvernement des travailleurs issus des luttes" ça ne signifie rien, surtout quand y'a pas de luttes...
C'est de la propagande, pas des mots d'ordre d'action, et encore moins des mots d'ordres dits "transitoires" dans la situation présente. Alors, si nous devons faire de la propagande, faisons de la propagande claire, ne laissons pas croire aux gens qu'on va imposer une loi interdisant les licenciements à un gouvernement bourgeois de gauche ou de droite et que cette loi serait applicable dans le cadre du système capitaliste.
J'ai eu récemment cette discussion avec un camarade (pourtant assez expérimenté). Celui-ci est convaincu qu'on peut imposer l'interdiction des licenciements, comme n'importe quelle autre revendication du genre 35 H ou abaissement de l'âge de la retraite. (C'est d'ailleurs le sens logique de l'article de LO mis en ligne sur le fil consacré à l'interdiction des licenciements...). Pour appuyer son point de vue, ce camarade me citait les lois qui limitaient l'arbitraire patronal en matière de licenciements dans les années 70. Sauf qu'aucune de ces lois n'a empêché la montée du chômage...
Pour ma part, ça me semble totalement absurde de croire qu'on peut imposer le partage du travail entre tous dans le cadre du système capitaliste : cela que suppose de puissante organisations ouvrières de type conseils/coordinations etc aient quasiment pris le pouvoir dans les entreprises et les quartiers et organisent elles-mêmes ce partage du travail... et des richesses, car l'un va difficilement sans l'autre.
C'est totalement différent de la vision "réformiste" ou plutôt keynésienne (style ce récent article de LO) qui considère qu'il suffit de prendre un peu de fric dans les coffres des banques qui en regorgent pour l'utiliser autrement...
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Sylvestre, le lien que Marco a donné (http://collectiftrnpa.files.wordpress.com/2011/06/textec.pdf) est bien le texte qui a été soumis aux AG locales avant la conférence nationale.
Gaston Lefranc- Messages : 777
Date d'inscription : 26/06/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
C'est de la propagande
Nous sommes bien d'accord. Et c'est pour cela que je fais remonter le point de vue de Philippe (Pignarre) qui traite précisément et entre autres sujets, de celui là ! La propagande n'a de sens que si elle peut être comprise par les larges masses ! Ce qui n'a rien a voir avec le fait d'affirmer des "principes" ou une "boussole" (par ailleurs indispensable) Et c'est pourquoi on peut discuter de "l'interdiction des licenciements" et que la discussion d'un "gouvernement ouvrier" est au mieux oiseuse...
Aprés, revenons à la question de l'interdiction des licenciements. Une chose est de ne pas trahir ce qu'on sait de la nature de cette société (et du fait que de parler de "l'interdiction des licenciements" n'est que de la démagogie si tu n'avance pas la stratégie pour l'obtenir) et autre chose qui est de ne penser comme "possible" que ce qui peut être obtenu dans une situation révolutionnaire. La question est "est ce que les révolutionnaires (autoproclamés) sont uniquement utile lors d'une révolution ?" Sauf qu'on est trés loiin d'une situation "révolutionnaire" (qui implique, lénine dixit, non seulement le fait que "notre classe" ne supporte plus, mais aussi une incapacité de la bourgeoisie qui est trés loin d'être d'actualité) Alors, le npa ne sert a rien, et il faut le dissoudre...
Ou alors on donne au npa une autre mission que d'attendre Godot, et de "politiser" un certain nombre de situation, de mobiliser par en bas, a partir de ce qui existe et pas de ce qui "pourrait" exister, et alors on cherche comment mettre la classe en mouvement, comment l'aider, comment analyser stratégiquement la situation, etc
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
Je ne comprends pas quel point de vue tu défends. Crois-tu, oui ou non, qu'on peut imposer l'interdiction des licenciements dans le cadre du système actuel, en établissement "un rapport de forces durable" (sic LO) ? Ou penses-tu que l'interdiction des licenciements ne peut être obtenu qu'en partageant le travail entre tous, dans une situation où le prolétariat n'a pas seulement établi "un rapport de forces" mais instauré un gouvernement ouvrier capable de planifier ce partage du travail, qui va d'ailleurs de pair avec une réorganisation de la production en fonction des besoins prioritaires de la population ?revenons à la question de l'interdiction des licenciements. Une chose est de ne pas trahir ce qu'on sait de la nature de cette société (et du fait que de parler de "l'interdiction des licenciements" n'est que de la démagogie si tu n'avance pas la stratégie pour l'obtenir) et autre chose qui est de ne penser comme "possible" que ce qui peut être obtenu dans une situation révolutionnaire.
Et selon toi, que devrait dire notre propagande ?
___
Quant au texte de Pignarre, désolé, je le trouve creux. Si c'est juste pour dire que Mélenchon est bon et nous mauvais, je n'en vois pas l'intérêt. D'autant que ce qui fait le succès de Mélenchon, c'est avant tout le fait qu'il tient un discours plus facile à accepter que le notre, dans lequel bien des gens de gauche se retrouvent plus facilement, parce que, fondamentalement, ils espèrent qu'on s'en tirera à moindres frais avec un "bon gouvernement de gauche", et qu'ils ne sont pas prêts à suivre des hurluberlus qui préconisent des luttes qui exigeraient beaucoup de sacrifices. Mëme si une partie d'entre eux éprouve de la sympathie pour les hurluberlus en question...
Dernière édition par verié2 le Sam 7 Avr - 14:43, édité 1 fois
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
On peut imposer l'interdiction des licenciements, si on se bat pour ça, et qu'on s'en donne véritablement les moyens.. Ce qui implique de disputer à la bourgeoisie le contrôle de la production. Mais pas comme une tache de "propagande", mais une tache d'agitation. sinon autant être dans une secte gauchiste quelquonque....Crois tu qu'on peut imposer l'interdiction des licenciements dans le cadre du système actuel, en établissement "un rapport de forces durable"
Le probléme c'est que tu ne répond pas à la question : a quoi servons nous, en dehors de taches "propagandistes" sans aucune pesée sur le réel ?
Or comme l'indique trés bien PG, nous avons du "grain à moudre" si on veut véritablement mettre en place une politique véritablement anticapitaliste. Il ne suffit pas de déplorer le fait que les gens "font plus confiance à Mélenchon". Ils lui font confiance aussi parce que lui propose des solutions...
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
Ou alors on donne au npa une autre mission que d'attendre Godot, et de "politiser" un certain nombre de situation, de mobiliser par en bas, a partir de ce qui existe et pas de ce qui "pourrait" exister, et alors on cherche comment mettre la classe en mouvement, comment l'aider, comment analyser stratégiquement la situation, etc
Exactement...
Par ailleurs, si je puis me permettre, les trotskystes cherchent trop la formule idoine millimétrée qui cassera des briques en enfer, qui sera le sésame de la politique où, en deçà, on est un vil traitre et, au delà, un gauchiste sectaire. Les mots d'ordre sont utiles quand ils sont subalternes et au service d'une stratégie. Ils ont une vibration, peuvent avoir des ébarbures, etc...
La religion du mot d'ordre central ne doit pas bouffer tout le champ politique, elle peut avoir sa nécessité dans des situations précises et aigües, mais faut-il rappeler combien de revendications avait le LKP ? Cela l'a-t-il affaibli ? Non, cela a renforcé le grand mouvement de la Guadeloupe.
(au passage , ce mouvement se réclamait des travailleurs, de la classe ouvrière, voila pour ceux qui disent que cela n'est pas possible faite de très grandes concentrations ouvrières).
L'actualité des problèmes du prolétariat c'est aussi l'actualité de la crise des organisations du camp de l'émancipation, syndicats, partis, associations, etc.
Contrairement à une grande partie du gauchisme européen qui s'en prend à l'atonie du mouvement social pour justifier les difficultés des révolutionnaires je pense que il faut renverser le diagnostic : le mouvement social en Europe à de nombreuses reprises ces dernières années à démontrer une disponibilité considérable à la bataille. Et c'est l'impasse stratégique et organisationnelle du mouvement d'émancipation qui a un problème spécifique, et dans cette impasse le courant révolutionnaire en porte une des plus grosses croix.
D'énormes forces existent, mais elles ne trouvent pas une stratégie et des formes d'organisation adéquates.
De petits partis de masse sont possibles, il faut pour cela travailler à construire et coordonner des groupes, réseaux de travailleurs révolutionnaires dans les entreprises et les secteurs, avec une orientation politique qui traite et travaille la question de la division syndicale et des différentes bureaucraties qui dirigent les factions syndicales. Une stratégie qui travaille les questions politiques dans la classe ouvrière et non seulement sur les terrains des institutions électives de l'appareil d'état.
De même la question d'un gouvernement des travailleurs ne se conçoit que quand elle est une saillie sortie de l'essentiel : un parti des travailleurs, ou, au moins, une organisation qui se bat pour cela et qui essaye d'en assumer une série de tâches .
Renforcer la bataille et la résistance sociale, comme terrain fondamental de la bataille contre le capitalisme, c'est aussi appeler les travailleurs à rejoindre, renforcer, un parti qui travaille à cela et à une issue révolutionnaire aux luttes.
Copas- Messages : 7025
Date d'inscription : 26/12/2010
Re: Débat stratégique dans le NPA
Je suis totalement d'accord avec toi la dessus. Etre "révolutionnaire", ce n'est pas une solution, mais un probléme. Pas qu'il ne faut pas l'être. Mais le "comment l'être" n'est pas résolvable facilement. Que proposer, Comment analyser toute une série de questions et de problémes.
Contrairement à une grande partie du gauchisme européen qui s'en prend à l'atonie du mouvement social pour justifier les difficultés des révolutionnaires je pense que il faut renverser le diagnostic : le mouvement social en Europe à de nombreuses reprises ces dernières années à démontrer une disponibilité considérable à la bataille. Et c'est l'impasse stratégique et organisationnelle du mouvement d'émancipation qui a un problème spécifique, et dans cette impasse le courant révolutionnaire en porte une des plus grosses croix.
gérard menvussa- Messages : 6658
Date d'inscription : 06/09/2010
Age : 67
Localisation : La terre
Re: Débat stratégique dans le NPA
Gerard Menussa
On peut imposer l'interdiction des licenciements, si on se bat pour ça, et qu'on s'en donne véritablement les moyens.. Ce qui implique de disputer à la bourgeoisie le contrôle de la production. Mais pas comme une tache de "propagande", mais une tache d'agitation. sinon autant être dans une secte gauchiste quelquonque....
Le probléme c'est que tu ne répond pas à la question : a quoi servons nous, en dehors de taches "propagandistes" sans aucune pesée sur le réel ?
Ce sont deux sujets différents !
-Ta réponse sur l'interdiction des licenciements n'est pas très claire. Si on dispute le contrôle de la production à la bourgeoisie, ça veut dire qu'on se trouve dans une situation quasi révolutionnaire où les travailleurs sont organisés en conseils, occupent les entreprises, les remettent en marche, etc et où un gouvernement ouvrier est à l'ordre du jour. Ca revient donc à dire qu'on ne peut pas imposer l'interdiction des licenciements en obtenant une loi dans une période comme celle que nous vivons pour le moment.
-Il y a des moments où nous ne pouvons servir qu'à former des militants révolutionnaires et à essayer d'élever la conscience de classe des travailleurs au travers de chaque lutte parcellaire etc. Et aussi à faire de la propagande, même si ça n'a pas d'impact immédiat. C'est comme ça et on n'y peut pas grand chose...
Il n'y a aucun mot d'ordre miracle qui déclenchera des luttes, c'est évident. Ce n'est pas nourrir cette illusion que de défendre le principe que notre propagande doit être claire ! (Quelles que soient, encore une fois, les limites de son impact.)Copas
les trotskystes cherchent trop la formule idoine millimétrée qui cassera des briques en enfer
verié2- Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010
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